Description
Lettres de Jean Eudes
Lettre 72
Adressée à : prêtres de la Congrégation de Jésus et Marie
À propos : Sur l'établissement de la fête du divin Coeur de Jésus
Date : Paris, 29 juillet 1672
Tiré de : OC 10, 258-260
Lu par Jeanne-Élisabeth Bréda , associée eudiste de France
Texte : MES TRÈS CHERS ET TRÈS AIMÉS FRERES
C'est une grâce inexplicable que notre très aimable Sauveur nous a faite de nous avoir donné
dans notre Congrégation le Coeur admirable de sa très sainte Mère; mais sa bonté qui est sans bornes, ne s'arrêtant pas là, a passé bien plus outre, en nous donnant son propre Coeur pour être, avec le Coeur de sa glorieuse Mère, le fondateur et le supérieur, le principe et la fin, le coeur et la vie de cette Congrégation. Il nous a fait ce grand don dès la naissance de la même Congrégation; car, quoique jusques-ici nous n'ayons pas célébré une fête propre et particulière du Coeur adorable de Jésus, nous n'avons pourtant jamais eu intention de séparer deux choses que Dieu a unies si étroitement ensemble, comme sont le Coeur très auguste du Fils de Dieu et celui de sa bénite Mère: au contraire, notre dessein a toujours été, dès les commencements de notre Congrégation, de regarder et honorer ces deux aimables Coeurs comme un même Coeur en unité d'esprit, de sentiment et d'affection ainsi qu'il paraît manifestement en la Salutation que nous disons tous les jours au divin Coeur de Jésus et de Marie, comme aussi en l'oraison et en plusieurs endroits de l'Office et de la Messe que nous célébrons en la fête du Coeur sacré de la même Vierge.
Mais la divine Providence qui conduit toutes choses avec une merveilleuse sagesse, a voulu
faire marcher la fête du Coeur de la Mère avant la fête du Coeur de Jésus, pour préparer les voies dans les coeurs des fidèles à la vénération de ce Coeur adorable, et pour les disposer à obtenir du ciel la grâce de cette seconde fête, par la grande dévotion avec laquelle ils ont célébré la première. Car, encore que celle-ci ait été combattue d'abord par l'esprit du monde, qui ne manque jamais de s'opposer à tout ce qui procède de l'esprit de Dieu, aussitôt, néanmoins, qu'elle commença à paraître aux yeux de ceux qui font profession d'honorer particulièrement la très sainte Mère de Dieu, ils la regardèrent avec joie, l'embrassèrent avec ardeur, et l'ont célébrée depuis plusieurs années avec beaucoup de ferveur; et aujourd'hui elle est solennisée par toute la France, et en plusieurs Ordres et Congrégations religieuses, avec tant de bénédictions, qu'il y a sujet d'espérer qu'elle se célébrera un jour très solennellement par tout l'univers.
C'est cette ardente dévotion des vrais enfants du Coeur de la Mère d'amour, qui l'a obligée
d'obtenir de son Fils bien-aimé cette faveur très signalée qu'il fait à son Église, de lui donner la fête de son Coeur royal, qui sera une nouvelle source d'une infinité de bénédictions pour ceux qui se disposeront à la célébrer saintement.
Mais qui est-ce qui ne le ferait pas ? Quelle solennité plus digne, plus sainte, plus excellente
que celle-ci qui est le principe de tout ce qu'il y a de grand, de saint et de vénérable dans toutes les autres solennités? Quel coeur plus adorable, plus admirable et plus aimable que le Coeur de cet Homme-Dieu qui s'appelle Jésus? Quel honneur mérite ce Coeur divin qui a toujours rendu et rendra éternellement à Dieu plus de gloire et d'amour, en chaque moment, que tous les coeurs des hommes et des Anges ne lui en pourront rendre en toute l'éternité? Quel zèle devons-nous avoir pour honorer ce Coeur auguste qui est la source de notre salut, qui est l'origine de toutes les félicités du ciel et de la terre, qui est une fournaise immense d'amour vers nous, et qui ne songe, nuit et jour, qu'à nous faire une infinité de biens, et qui enfin est crevé de douleur, pour nous en la croix, ainsi que le Fils de Dieu et sa très sainte Mère l'ont déclaré à sainte Brigitte, au rapport d'un excellent docteur, M. Bail. ...
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