Description
Lettres de Jean Eudes
Lettre 54
Adressée à : prêtres du Séminaire de Caen
À propos : Il rapporte ce qu'il dit à la Reine-Mère, dans un sermon prêché chez les Bénédictines du très Saint-Sacrement à Paris, le 8 février 1661, jour où elles faisaient la fête du saint Coeur de Marie
Date : Paaris, 17 février 1661
Tiré de : OC 10, 248-249
Lu par Jeanne-Élisabeth Bréda , associée eudiste de France
Texte : La Reine arriva à la fin de mon sermon, à laquelle je dis bien des choses sur le sujet du feu qui a brûlé une partie du Louvre. Je commençai à lui parler ainsi: Madame, je n'ai rien à dire à votre Majesté, sinon de la supplier très humblement, puisque la divine Majesté l'a amenée en ce lieu, de n'oublier jamais la puissante prédication, que Dieu lui a faite, et au Roi, par le feu qui a brûlé une partie du Louvre. Vous êtes persuadée que, parmi les chrétiens, il n'y a point de hasard, mais que tout se fait par la Providence et l'ordre de Dieu. Ce feu est donc un effet de son ordre, et il veut dire plusieurs choses:
1. Qu'il ne fallait point travailler aux dimanches et fêtes;
Il veut dire 2. qu'il était permis aux rois de bâtir des Louvres; mais que Dieu leur commandait
de soulager leurs sujets, d'avoir compassion de tant de veuves, de tant d'orphelins et de tant de peuples accablés de misères;
3. Qu'il était permis aux princes et aux rois de prendre quelques honnêtes divertissements;
mais que d'y employer tous les jours, toutes les semaines, tous les mois, toutes les années et toute la vie, n'était point le chemin du Paradis;
4. Que Paris était plein d'athées qui mettent Dieu sous leurs pieds, et qui font des actions dont
les diables ont horreur; et que, si leurs Majestés le savaient et qu'elles n'employassent pas leur
puissance royale pour châtier des crimes si horribles, elles s'en rendraient responsables devant Dieu et attireraient ses vengeances et ses malédictions sur leurs têtes;
5. Que, si le feu temporel n'avait pas pardonné à la maison royale, le feu éternel ne
pardonnerait ni à princes, ni à princesses, ni à rois, ni à reines, s'ils ne vivaient en chrétiens, et
s'ils n'avaient pitié de leurs sujets; et que, si ce feu matériel n'avait pas eu de respect pour les
portraits et les figures des rois, qui étaient dans le lieu qu'il avait brûlé, le feu de l'ire de Dieu
n'épargnerait pas les originaux, s'ils n'employaient leur autorité pour détruire la tyrannie du diable et du péché, et pour établir le règne de Dieu dans les âmes de leurs sujets;
6. Que je n'avais point d'autre intérêt, en disant ces choses, que celui de mon Maître et de mon Dieu, et celui du salut de mon Roi et de ma Reine pour lesquels je voudrais donner mille vies;
7. Que c'était une grande pitié que de voir que les grands de ce monde étaient assiégés d'une
troupe de flatteurs, qui les empoisonnaient par leurs flatteries et les perdaient, en sorte qu'on ne leur disait presque jamais la vérité, que les prédicateurs étaient très criminels devant Dieu de la tenir captive en injustice, et que je me tiendrais très condamnable, si je ne disais toutes ces choses à sa Majesté;
Enfin, que je la suppliais de les recevoir, non comme de la part d'un homme, mais comme de la
part de Dieu; que je n'étais qu'un chétif homme et un misérable pécheur, mais qu'au lieu où j'étais, et tenant la place de Dieu, je pouvais dire, après saint Paul et avec tous ceux qui ont l'honneur d'annoncer la sainte parole de Dieu: Pro Christo legatione fungimur : Je fais ici l'office d'ambassadeur de Jésus-Christ, pour porter la parole du Roi des rois à une grande Reine, et que je la suppliais de la prendre en cette façon. ...
(texte incomplet - limitation du logiciel)
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