Description
Lettres de Jean Eudes
Lettre 31
Adressée à : prêtres du Séminaire de Lisieux
À propos : Sur leur refus de recevoir M. Bernard pour Supérieur.
Date : Janvier ou février 1659
Tiré de : OC 10, 236-237
Lu par Claudine Bainard , associée eudiste de France
Texte : MES TRES CHERS, TRES AIMÉS FRERES,
Vous savez que tous les prêtres, spécialement les missionnaires, sont obligés à pratiquer
toutes les vertus avec tant de perfection qu'ils soient des modèles de sainteté pour tous les fidèles.
Vous savez par conséquent qu'ils doivent avoir une obéissance aveugle pour tous les ordres de leurs Supérieurs.
Si vous l'aviez pratiquée de cette façon, vous auriez fait une chose très agréable à Notre-
Seigneur et à sa très sainte Mère, très avantageuse à vos âmes, et pleine de consolation pour moi.
Mais si vous n'aviez pas assez de vertu pour cela, vous devriez au moins vous contenter de m'exposer vos sentiments en esprit d'humilité et de soumission.
Si je vous avais envoyé le dernier de nos frères domestiques pour vous gouverner, vous auriez dû vous y soumettre, puisque Notre-Seigneur s'est soumis pour l'amour de vous à Hérode, à Pilate, aux bourreaux qui l'ont crucifié, et à la puissance des ténèbres. Je vous ai envoyé un homme qui est un des plus anciens de notre Congrégation, fort sage, fort vertueux et fort charitable: et vous le méprisez, vous le rebutez, et, par conséquent, vous condamnez le Supérieur de la Congrégation dans le choix qu'il a fait, et vous préférez votre jugement au sien. Mais, ce qui est pire, l'un d'entre vous m'écrit de la part des autres, que c'est pousser les gens à bout, qu'il quitte l'économie, et que les autres menacent d'abandonner et de sortir de la Congrégation. Quel langage est cela? Est-ce parler en prêtres et en prêtres missionnaires? Où est l'humilité, la soumission, l'abnégation de soi-même, de son propre sens et de sa propre volonté? Où est le fruit de tant de méditations, de tant de lectures spirituelles et de tant de messes?
Ouvrez-les yeux, mes très chers frères, et voyez les fautes que vous avez faites.
1. Vous avez résisté à la très sainte volonté de Dieu, qui vous a été déclarée par celui qui vous
tient sa place;
2. Vous avez contristé et affligé votre pauvre père, qui vous aime plus que ses entrailles;
3. Vous avec méprisé votre frère et lui avez fait une injure très notable; car pour qui
passera-t-il désormais dans la Congrégation ? Si je suivais vos inclinations, ce serait un homme tout à fait discrédité et confisqué; et cela serait capable de le faire sortir de la Congrégation;
4. Vous avez fait un très grand mal à la Congrégation par le très pernicieux exemple que vous
avec donné, dont les suites sont très dangereuses. Car quand le Supérieur de la Congrégation enverra dans une maison un Supérieur qui ne sera pas au goût d'un économe ou de quelque autre, il n'y aura qu'à dire qu'on quitte l'économie et à menacer de vouloir sortir. Enfin, mes très chers frères, c'est me mettre le poignard sur la gorge, pour me forcer de suivre vos inclinations; c'est me le plonger jusque dans le coeur, car cela me cause une douleur, très sensible de voir si peu de vertu parmi vous, vu principalement que je vous ai écrit que
ce n'est que pour un peu de temps.
Que toutes ces considérations vous portent à reconnaître vos fautes, à vous en humilier, à en
demander pardon à Dieu, à ne faire jamais de pareilles choses et à vous soumettre de tout votre coeur à la très adorable volonté de Dieu qui vous est manifestée par celui qui vous tient sa place.
Je suis, de tout mon coeur, mes très aimés frères, tout votre,
JEAN EUDES, prêtre missionnaire.
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