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Face B

Le cinéma d'animation, avec Raphaël Jouzeau

Le cinéma d'animation, avec Raphaël Jouzeau

52min |15/04/2025
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52min |15/04/2025
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Description

Nommé à Cannes l'année dernière pour "Les belles cicatrices", Raphaël Jouzeau est le premier invité de Face B. Ensemble, nous avons échangé sur le cinéma d'animation, les courts-métrages et leur place dans le cinéma aujourd'hui. Il m'a aussi raconté comment s'est déroulée l'aventure "Les belles cicatrices", de l'écriture jusqu'à Cannes en passant par la construction du projet et le buzz sur les réseaux.

Retrouvez Raphaël Jouzeau sur Instagram : https://www.instagram.com/raphaeljouzeau/?hl=fr


Merci à Raphaël d'avoir honoré mon invitation. Merci à Maxence Gibault pour son aide à l'écriture de ce podcast.

Cet épisode a été enregistré le vendredi 11 avril à Paris.


Tous les épisodes de Face B sont à retrouver en audio sur les plateformes d'écoutes et en vidéo sur YouTube : https://youtube.com/@benjamin.terrie?si=hcu7e2BJOuXIUx3l


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bon,

  • Speaker #1

    euh... C'est n'importe quoi.

  • Speaker #0

    Je t'en fous ! C'est pour ça que c'est cool le cinéma ! Ça sert à rien ! Ok ?

  • Speaker #1

    C'est le scénario qui détanche tout.

  • Speaker #0

    Pas tout,

  • Speaker #1

    mais enfin beaucoup de choses.

  • Speaker #0

    Oui, parce que je trouve que c'est la chose sur laquelle on doit être le plus exigeant.

  • Speaker #1

    C'est l'histoire. Bonjour à tous et bienvenue dans Phase B, votre nouveau podcast sur le cinéma. Et pour ce premier épisode, je reçois un réalisateur, un jeune réalisateur, qui a notamment été nommé à Cannes l'année dernière. Bonjour Raphaël Jouzot.

  • Speaker #0

    Bonjour.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir accepté d'être mon premier invité.

  • Speaker #0

    Merci de m'avoir invité.

  • Speaker #1

    Pour préparer ce podcast, je me suis donc renseigné un peu sur d'où tu venais, ce que tu as fait. Et dans une biographie d'un festival qui a fait ta biographie, ils ont écrit que tu es né en mars 1993. Jusque là, ils ne se trompent pas. C'est tout bon. Dans le 12e arrondissement de Paris.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Et... pas loin du périphérique pour ne jamais être loin de la route de l'aventure. Est-ce que tu te considères comme un aventurier ?

  • Speaker #0

    Alors, cette biographie, c'est moi qui l'ai. Parce que souvent, on demande une biographie ou un truc comme ça et du coup, c'est mes prods qui m'ont dit, t'as pas une biographie à leur envoyer. Du coup, souvent, c'est les réals qui écrivent leur propre...

  • Speaker #1

    C'est toujours un peu gênant. T'as écrit à la troisième personne, c'est marrant.

  • Speaker #0

    Bah oui parce que du coup on fait comme si c'était pas moi qui l'avais.

  • Speaker #1

    Et du coup t'as grandi à Paris ?

  • Speaker #0

    J'ai grandi dans le 12ème jusqu'à la moitié de l'école primaire je crois et ensuite on est parti à Fontenay-sous-Bois en banlieue.

  • Speaker #1

    Ok et du coup t'as baigné un peu depuis tout petit dans ce milieu artistique parisien culturel un peu ?

  • Speaker #0

    Ouais bah mes parents ils m'emmenaient... presque tous les week-ends, ils nous emmenaient voir des expos, au cinéma, tout ça. Ma grand-mère m'emmenait à la cinémathèque voir des vieux films. Donc oui, j'ai eu de la chance. Je ne me plains pas là-dessus. J'ai été bien. Même si à la fin, j'en avais un peu marre quand j'étais ado. J'avais la flemme de voir les expos et tout. Je préférais jouer aux jeux vidéo.

  • Speaker #1

    Et du coup, le cinéma, ça a été le... La chose qui t'a le plus marqué dans cette vie culturelle ? Parce qu'il y a les expos, donc il peut y avoir la peinture, etc.

  • Speaker #0

    Non, au tout départ, je crois que je voulais plutôt... Quand j'étais au collège, je voulais plutôt être designer ou architecte. Parce que mon papa, il redessinait souvent des maisons qu'il aimait bien, du corbusier, de tout ça. Et moi, je trouvais ça joli, ces dessins, donc je voulais faire pareil. Et ensuite, qu'est-ce qui s'est passé ? Mon père travaille beaucoup avec des illustrateurs aussi, donc souvent il me montrait plein de bouquins, d'illustrations, de BD et tout. Donc il y a eu un moment où j'hésitais à faire ça. Ensuite j'ai vu une collection de films qui s'appelle Peur du Noir, qui avait été faite il y a 20 ans, tout comme ça.

  • Speaker #1

    C'est quand tu étais ado que tu l'as vu du coup ?

  • Speaker #0

    Je l'ai vu ado, ouais, dans une projection spéciale, je crois que c'était au McVal en banlieue parisienne. Et j'avais trouvé ça super. Donc j'hésitais un peu entre les deux, j'ai passé mon bac RICRAC, et mes parents ont bien voulu me suivre pour me payer une prépa. privé parce que j'avais été pris dans les manas et tout ça, dans les prépas publics du coup pour aller aux grandes écoles d'art donc j'ai fait ça, là j'ai passé des concours, j'avais eu l'MK Angoulême et les arts déco de Strasbourg je crois que j'avais envie, en fait je suis arrivé au concours des arts déco et j'ai vu tous les ateliers, tous les trucs qui étaient à disposition des élèves et je me suis dit Non, en fait, je n'ai pas envie de faire du cinéma d'animation tout de suite. Je veux d'abord bricoler des trucs, avoir plein de petites expériences un peu marrantes où je touche un peu à tout. Voilà. Après, j'ai été aux arts déco pendant trois ans. J'ai, pour des raisons personnelles, j'ai dû partir des arts déco. OK. Et du coup, je me suis re... rebifurquer vers l'animation donc j'ai refait une prépa pour trouver une école et ensuite j'ai été dans la première promo de l'atelier de Sèvres qui s'appelait, l'école s'appelait l'atelier supérieur d'animation mais elle a changé de nom maintenant Et voilà, ça c'était super.

  • Speaker #1

    Et de 2016 à 2019, tu es donc à l'atelier supérieur d'animation. C'est quoi en fait ?

  • Speaker #0

    L'école, en gros, du coup, elle était toute nouvelle. Et le but, c'était de faire une école un peu entre la poudrière à Valence et les Gobelins. Donc une école de... d'auteur-réalisateur, mais avec quand même pas mal de cours techniques pour apprendre à savoir utiliser pas mal de logiciels, maîtriser assez l'animation. Et le but c'était de faire aussi pas mal de workshops où on pouvait tester plein de choses. Donc je sais pas, on a fait six ou sept petits films avant la troisième année où on a fait notre film de fin d'études tout seul.

  • Speaker #1

    Et en écoutant un podcast que tu avais fait il y a quelques mois, il y a un mot que tu as utilisé là et que tu avais beaucoup utilisé dans le podcast, c'était workshop. Et en fait, je n'ai pas compris du tout ce que c'était.

  • Speaker #0

    Ok. Un workshop, c'est en gros pendant un temps donné. Donc nous, en général, c'était deux semaines, deux, trois semaines. Ok. On a un sujet. Donc là, je ne saurais pas dire quoi, mais on avait un sujet, une phrase, un truc. Une phrase. Et une technique imposée, en général. Donc ça pouvait être du sable animé, de la peinture animée, de la 2D, etc. Et des intervenants qui connaissaient en particulier ces techniques-là. Donc, je sais plus, pour peinture animée, on avait eu Agnès Patron, on avait eu Hugo Bienvenu et Kevin Manac en 2D. Enfin voilà, on avait des gens stylés. Donc c'était chouette. Et en gros, on se met... par équipe, je ne sais pas, trois, quatre, et on faisait un petit film. Je ne crois pas que la durée, il n'y avait pas de durée imposée, mais en général, c'était quoi, une, deux minutes, un truc comme ça. Et du coup, ça nous a aussi permis de faire plein de tests, d'essayer plein de choses, de narration, et de s'éclater quand même, parce qu'on était quand même assez libre pour voir à quel point le sujet pouvait être... On pouvait... dépasser les règles ou pas.

  • Speaker #1

    Et à la fin de ton cursus, du coup en 2019, ton film de fin d'études, Dès tout petit rien, sort. Et déjà je voulais savoir ce que c'est, ce qu'il y a de différent entre un film que tu fais durant ton cursus et le film de fin d'études.

  • Speaker #0

    Bah le film de fin d'études là ça devient déjà beaucoup plus personnel parce que nous on le faisait tout seul, enfin la plupart, on faisait ça tout seul. Et du coup, forcément, quand tu fais un film tout seul, et que tu ne sais pas si ça va être ton seul film tout seul dans ta vie, parce qu'on ne se destinait pas forcément tous à être réalisateur ou réalisatrice, du coup, forcément, la plupart d'entre nous, on a parlé de sujets très personnels. Et moi, j'avais une rupture assez douloureuse, peut-être un an et demi avant. Et ça me restait toujours et je crois que j'avais des trucs à faire sortir. Donc c'était une bonne occasion.

  • Speaker #1

    Du coup c'est un peu comme l'artiste qui ressort tout son mal-être dans son œuvre.

  • Speaker #0

    Oui, mal-être, bon après il n'y a pas que des choses mal dans une rupture. Mais oui je crois que j'avais juste des trucs à faire sortir quoi. Et des personnages, j'avais envie de montrer un certain type de personnages.

  • Speaker #1

    Du coup tu te considères comme un artiste aujourd'hui ? Parce que en fait tu mélanges plusieurs arts, en fait tu mélanges le 7ème art qui est le cinéma et tu mélanges aussi le dessin, du coup c'est hyper riche, en fait tout s'assemble, est-ce que du coup tu te considères un double artiste en plus ?

  • Speaker #0

    Bah je sais pas, artiste ça me paraît, enfin moi artiste j'ai l'impression de voir... des gens qui font des performances et qui sont capables de parler extrêmement longtemps de concepts, d'artistique, de trucs... Enfin en fait je suis incapable de faire ça et je respecte beaucoup ça, mais moi je sais pas faire ça, je pense que je me vois plus comme un espèce d'auteur artisan qui fabrique des images et des films. en écrivant des histoires.

  • Speaker #1

    Et du coup, moi je voulais revenir un peu sur ce que c'était le cinéma d'animation et ce que c'était les courts-métrages. Parce qu'en fait, dans l'imaginaire collectif, le cinéma c'est un peu un long-métrage en prise de vue réelle, j'ai l'impression. Et toi tu viens casser cette norme de l'imaginaire collectif avec un, des courts-métrages et deux, du cinéma d'animation. Du coup, tu viens casser cette... Cette norme et cet imaginaire collectif ? Parce que peut-être ce n'est pas le cas à Paris, parce qu'il y a énormément de films différents, mais en province, quand on va au cinéma, c'est pour voir 1h30 de films et de prises de vue réelles.

  • Speaker #0

    Oui, je pense qu'en vrai, il y a énormément... Je ne me considère pas d'avoir cassé quoi que ce soit, mais il y a énormément de courts-métrages qui sortent chaque année en animation et encore plus. plus en prise de vue réelle c'est juste que en effet pour les voir il faut soit aller dans les festivals et il y en a quand même beaucoup parce que j'en fais pas mal cette année donc je vois tout ce qu'il y a et il y en a vraiment partout mais après il faut évidemment faire le chemin vers le festival et se tenir au courant de tout ça et avoir envie d'aller voir des courts métrages moi c'est sûr que avant dans de faire du court-métrage j'allais pas forcément dans les festivals voir des courts-métrages je regardais un peu sur Arte je regardais sur Arte sur France Télé des courts-métrages mais c'est tout et

  • Speaker #1

    je sais plus ce que je disais que les courts-métrages du coup en fait pour expliquer un peu moi Quand on regarde un peu la biographie de certains grands réalisateurs ou juste des personnes qui travaillent sur des grands films, c'est des personnes qui ont commencé avec des courts-métrages et du coup ils les ont un peu utilisés comme des tremplins. Aujourd'hui, est-ce que tu dirais que c'est ça la principale place dans le milieu du cinéma des courts-métrages ? C'est juste d'être un tremplin quoi ?

  • Speaker #0

    Alors je pense peut-être plus en prise de vue réelle qu'en animation. que premièrement ça met beaucoup moins de temps prise de vue réelle de faire un court métrage qu'en anime je sais pas je pense bon je vais peut-être dire n'importe quoi mais je pense un ou deux ans pour un film en prise de vue réelle le temps de le financer le faire ça en anime nous par exemple on a mis quatre ans et il ya beaucoup de gens et donc un long métrage c'est plus long et c'est plus compliqué à faire financer un film d'animation oui surtout en ce moment en plus je pense que oui si ça découle pas d'une franchise ou d'un truc comme ça si c'est une histoire originale si c'est pas une adaptation je pense que c'est un peu chaud il faut se battre un peu il faut se battre un peu mais il y a toujours moyen et après ça coûte cher l'animation donc il faut trouver des sous, des partenaires mais bon si l'histoire est assez bonne j'espère que ça marche

  • Speaker #1

    Est-ce que tu penses que des personnes qui ont réussi dans les longs métrages peuvent revenir à faire des courts métrages ?

  • Speaker #0

    Oui je crois qu'il y en a pas mal qui font ça mais c'est vrai qu'en animation la plupart du temps ça nous va très bien de faire que des courts métrages Parce que du coup, ça prend déjà tellement de temps. Et en soi, j'ai l'impression qu'en animation, comme on sait qu'on ne fera peut-être pas de longs métrages, on fait vraiment des histoires qui ont des débuts et des fins. Alors que des fois, dans le court métrage, ça peut faire un peu...

  • Speaker #1

    Des mini-séries ?

  • Speaker #0

    Un peu teaser pour un long, où c'est une scène qu'on va réutiliser pour un long plus tard, pour espérer avoir des financements et tout ça. Bon après je dis ça, j'en sais rien mais... Mais j'ai l'impression qu'en court métrage en tout cas il y a plus de réals qui font vraiment que du court et qui vont pas forcément aller faire du long après, surtout qu'il y a beaucoup de courts métrages qui sont beaucoup dans de l'abstraction en animation aussi, de la transformation Des films presque qui ressemblent un peu à de la prise de vue réelle En termes de mise en scène, il y en a un peu, mais il n'y en a pas tant que ça non plus, j'ai l'impression.

  • Speaker #1

    Et pour revenir un peu plus sur ton actualité, quand je t'ai demandé si tu avais des actualités en ce moment, tu m'as dit que tu écrivais un long métrage.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Ça prend combien de temps ? Depuis combien de temps entier ? Parce que j'imagine que tu ne vas pas nous dévoiler...

  • Speaker #0

    Non, et puis je n'en sais rien surtout. Moi, je commence à écrire... je sais pas depuis décembre mais en fait c'est plus des petites idées de scènes de personnages de choses comme ça que là je compile et que ensuite avec le co scénariste on va on va essayer de voir si ça fait un film est aussi de pousser certaines choses ou non et de et voilà mais là ouais c'est assez Je peux dire un truc, mais ça se trouve, dans deux ans, ça sera autre chose.

  • Speaker #1

    Mais du coup, c'est un long métrage d'animation ?

  • Speaker #0

    Oui, je ne sais pas faire autre chose.

  • Speaker #1

    Toi, tu te vois rester pour le moment dans l'animation, parce que c'est ce que tu as appris, c'est ce que ton cursus t'a appris ?

  • Speaker #0

    Oui, et puis je crois que ça m'angoisse un peu un plateau de tournage et tout ça, où tout doit aller vite, où on doit tout faire. beaucoup moins de temps que l'animation, où on fait 2-3 secondes par jour. Donc j'ai le temps de réfléchir à mes scènes et de changer d'avis surtout. Alors qu'en prise de vue réelle, je pense que c'est trop tard. Il faut aller beaucoup plus vite. Et il y a beaucoup de gens qui demandent des choses quand même en même temps. Et moi je suis un peu angoissé.

  • Speaker #1

    Mais surtout si tu dois diriger, si tu as une personnalité qui n'ose pas donner des ordres, Ça peut être un peu compliqué sur un plateau de tournage.

  • Speaker #0

    Oui, surtout je ne suis pas sûr de moi, donc il faudra faire semblant tout le temps que je suis sûr de moi, et après regretter d'avoir dit un truc. Donc je préfère faire de l'animation où j'ai un peu plus de temps pour réfléchir.

  • Speaker #1

    Et justement pour revenir sur le cinéma d'animation, dernièrement il y a quand même pas mal de longs métrages ou de courts métrages qui sont faits pour les grands. Alors qu'on pourrait croire que l'animation, c'est juste les dessins animés. Alors que toi-même, tu le montres, tes films, il faut quand même une certaine maturité pour les comprendre et pour les voir. Et puis, je pense notamment au cinéma. Dernièrement, il y a eu plein de films d'animation qui sont faits pour adultes, justement. Du coup, tu considères que l'animation, c'est aussi un truc de grand.

  • Speaker #0

    Ah bah oui, moi, j'ai envie que ce soit un truc de grand aussi, en tout cas. Enfin, moi, le long que j'écris, le prochain cours que je suis en train de faire, oui, c'est pour les grands. Je n'ai pas d'enfants, donc peut-être quand j'aurai des enfants, j'aurai envie de faire des films pour eux. Mais pour l'instant, j'ai envie de faire des films pour mes copains et pour les gens, enfin pour les grands, quoi. Parce que je trouve qu'il n'y en a pas assez encore et il y a encore du boulot à faire. Et surtout, je trouve que... Comme la génération qui arrive d'adultes, on les a nourris de beaucoup de dessins animés, et je pense qu'en fait la génération qui arrive est prête aussi à se dire « je peux encore aller voir un film d'animation, c'est pas pour les enfants » . Et voilà, je pense qu'il y a un public qui s'ouvre à ça, qui va arriver, en tout cas j'espère.

  • Speaker #1

    C'est intéressant parce que tu me dis que tu as envie de faire des films pour tes copains, c'est trop cool je trouve comme démarche, ça veut dire que tu ne te poses pas de questions de est-ce que ça va plaire à d'autres gens, etc. Pour moi tu as juste envie de te faire kiffer.

  • Speaker #0

    Oui après je pars toujours du principe que je ne vais pas faire un film de manière égoïste juste pour moi, donc il faut que les gens y ressortent en ayant été touchés, en ayant ressenti des choses. donc je pense enfin quand je dis les copains c'est les copains et puis tout enfin le public quoi moi j'ai pas envie de faire un truc hyper niche où personne va rien comprendre et juste j'aurais fait un truc que

  • Speaker #1

    juste pour moi ou ça ça m'intéresse pas trop et toi tu as de ta vu devenir réalisateur pour des copains fin pour justement pour faire partager ce truc là c'est pour ça que tu as voulu devenir réalisateur ben je pense

  • Speaker #0

    que je voulais raconter des histoires donc j'écrivais déjà un peu des histoires et j'aime bien quand même toucher à plein de choses à plein d'étapes, je pense que ça ça vient aussi des arts déco et d'avoir touché à plein de matières et tout et j'ai peur toujours de m'ennuyer un peu par exemple si j'étais juste si je faisais que l'animation dans les films j'aurais trop peur de que ça ne me suffise pas et que je m'ennuie, parce que ça peut être des étapes un peu répétitives des fois. Et en fait, je crois que j'ai besoin d'être stimulé par pas mal de trucs différents. C'est pour ça que j'aime bien participer un peu à toutes les étapes. Et voilà, c'est hyper intéressant. On parle de son, d'image, de mouvement. C'est sans fin, quoi.

  • Speaker #1

    Et c'est quoi tes inspirations dans le cinéma aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Moi, je... Je pense que je me suis dit que j'avais le droit de faire des films quand j'ai vu les clips ou les films de Michel Gondry. C'est des effets spéciaux un peu bricolés. On a l'impression que tout le monde peut le faire chez soi. Il faut juste avoir pas mal d'imagination et une petite caméra. On faisait ça avec mes frères et soeurs quand j'étais ado. J'avais demandé à un appareil photo numérique pour se filmer. Et on refaisait des films genre Indiana Jones, James Bond, tout ça. Donc c'était plutôt chouette. Et voilà, du coup, je ne sais pas, on a fait une vingtaine des films comme ça, les étés et pendant les vacances.

  • Speaker #1

    C'est ça qui t'a lancé dans le cinéma, vraiment ?

  • Speaker #0

    Lancé dans le cinéma, je ne sais pas, mais...

  • Speaker #1

    T'as lancé cette passion ?

  • Speaker #0

    Ouais, faire du montage sur iMovie, sur le Mac à la maison. En fait, on touchait déjà un peu à tout. On allait chercher de la musique sur des CD à la bibliothèque, des musiques de films. On ramenait à la maison, on mettait sur l'ordi, on essayait des choses. Ouais, je pense que c'était un peu apprendre des petites bases de cinéma. Mais après l'animation, il y a encore d'autres trucs à apprendre. Genre dessiner par exemple.

  • Speaker #1

    Justement, ça a été naturel. Quand tu étais ado, tu dessinais déjà un peu ou tu as vraiment dû apprendre ?

  • Speaker #0

    Je pense que je dessinais comme tout le monde dans les marges de mes cahiers en maths ou quand je m'ennuyais un peu. C'est-à-dire un peu tout le temps, je pensais à l'école. Et après, au lycée, j'ai commencé à prendre des cours de modèle vivant parce que je savais que je voudrais faire une école d'art. Donc, il fallait se préparer parce qu'il y aurait des concours et tout. Donc, il fallait quand même avoir un tout petit niveau. Donc, j'avais commencé à faire ça. Et en fait, après, en école d'art, tu continues à faire du modèle vivant, de la perspective, des trucs comme ça. Mais je ne me considère pas comme un grand dessinateur non plus. Je ne suis pas hyper bon techniquement.

  • Speaker #1

    Comme une réalité nommée à Cannes.

  • Speaker #0

    Oui, mais là, je parle vraiment de technicité de dessin et de morpho. Et puis, je ne suis pas tout seul à avoir fait le film. On m'a bien aidé. Justement, j'ai pris des gens qui décident mieux que moi.

  • Speaker #1

    Tu as peut-être un peu devancé ma question qui était qu'est-ce que c'est ta Madeleine de Proust dans le cinéma aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Moi, j'adore Indiana Jones. Donc vraiment, je peux regarder ça. Même les derniers, je m'en fous. Tout le monde crache dessus. Moi j'aime bien.

  • Speaker #1

    Du coup tu les regardes une fois par an ?

  • Speaker #0

    Je sais pas, souvent le soir je me mets un petit film comme ça, comme pour s'endormir, comme si on me racontait une histoire, ça m'arrive de mettre un petit film et je m'endors devant Indiana Jones, on est tous comme ça. Sinon je regarde souvent, là c'est une autre ambiance, des films de David Fincher, Zodiac. Seven, j'arrive quand même à m'endormir devant.

  • Speaker #1

    C'est vrai ? Non, c'est pas facile, j'imagine.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est des serial killers, c'est pas très...

  • Speaker #1

    Les films sont hyper prenants, donc ça donne pas envie de... Même si on connaît la fin, parce qu'on l'a vue plein de fois, on a envie de revoir.

  • Speaker #0

    Mais voilà, d'autres films comme ça...

  • Speaker #1

    Donc maintenant, on va passer à la partie un peu plus actuelle. On a un peu balayé ton passé sur d'où tu viens et ce que tu as fait, tes inspirations. Et l'année dernière, tu as été nommé à Cannes dans la catégorie des meilleurs courts-métrages.

  • Speaker #0

    Oui, compétition officielle.

  • Speaker #1

    Pour Les Belles Cicatrices, est-ce que tu peux déjà rappeler un peu le pitch du film ?

  • Speaker #0

    Le pitch du film, c'est Gaspard et Laila qui se retrouvent après l'été dans un bar bondé. Et en gros... Ils se sont séparés il y a deux mois et Gaspard vient voir s'il y a toujours moyen de se remettre ensemble et elle vient vérifier qu'il a bien compris que c'était fini. Donc voilà, il se passe des choses après.

  • Speaker #1

    Et dans ce court métrage, on entend donc les voix des deux personnages qui sont incarnés par deux acteurs, Fanny Sidney et Quentin Dolmer, qu'on peut voir à l'écran dans de nombreux films et séries. Comment est-ce que tu les as rencontrés et choisis ?

  • Speaker #0

    Moi, comme c'est mon premier film, je ne savais pas trop quel comédien ou acteur on pouvait contacter. Donc c'est plutôt mes productrices qui m'ont proposé des gens. et elles m'ont proposé, en fait c'était les premiers choix, donc elles m'ont proposé Quentin parce que c'est des gens avec qui elles avaient travaillé de près ou de loin, et Quentin je crois a un peu une voix qui peut me ressembler, donc je pense que voilà, et il a une voix un peu fragile tout ça, et ça correspondait bien au personnage, et Fanny, et bah... Fanny a une voix plus assurée, mais en même temps elle est capable de sortir des choses très profondes, très sensibles. Et c'est ça que j'avais bien aimé quand on me les a proposés. Et ça s'est révélé être des très bons choix. En tout cas, moi je suis bien content d'avoir bossé avec eux. Et normalement je vais...

  • Speaker #1

    re-bosser avec eux là dans un mois pour enregistrer les prochaines voix pour un autre film pour un autre film totalement pas une suite c'est une suite sans être une suite à moitié mais justement ce qui est intéressant c'est que c'est des acteurs qu'on peut voir dans des films c'est pas du tout des comédiens de doublage donc moi j'étais surpris quand j'ai vu que justement moi pour le coup j'avais pas du tout reconnu la voix de Fanny Sidney alors qu'on l'a vu notamment dans 10% par exemple, et je ne l'avais pas du tout reconnu, j'étais étonné de voir que ce n'était pas des comédiens de doublage, c'était des vrais acteurs.

  • Speaker #0

    Ouais, bah... En fait, on n'est pas forcément allé voir des comédiens de doublage, parce que déjà mes productrices, elles ne bossaient pas dans l'animation au départ, donc elles bossent souvent en prise de vue réelle, donc avec des comédiens, tout ça, donc elles avaient plutôt un carnet de... contact comme ça. Et aussi, nous, ça nous allait très bien de prendre des comédiens en pas de doublage parce que de toute façon, en fait, on enregistre les voix avant de fabriquer le film, donc pour le mettre sur un storyboard animé qu'on appelle animatique, et pour qu'ensuite, les animateurs, animatrices puissent refaire le lip-sync sur les voix directement, pour que ça corresponde bien au niveau mouvement des lèvres. Alors que les doubleurs souvent ils peuvent arriver aussi après pour quand le film est fini et en fait ils doivent juste parler. C'est eux qui doivent s'adapter au mouvement des lèvres donc c'est un peu l'inverse. Et moi j'avais pas envie qu'on, enfin j'avais envie que les comédiens ils soient quand même libres de leur interprétation. Donc qu'ils aient pas forcément à suivre un truc très précis. Parce que moi, je ne suis pas infaillible sur... C'était genre mes voix, moi et ma sœur pour les voix témoins. Et on n'est pas comédien, donc se caler là-dessus, c'était peut-être pas une bonne idée. Donc je préférais laisser faire Fanny et Quentin qui sont des professionnels finalement.

  • Speaker #1

    Et justement, tu en as un peu parlé, le processus de construction de ce court-métrage qui s'est fait à l'envers parce que, pour expliquer un peu... C'est une vidéo sur Arte, je crois, qui a été faite, où on voit qu'ils sont filmés comme là, maintenant, et en train de lire le texte. Et donc, vous avez dessiné avec le mouvement des lèvres.

  • Speaker #0

    En gros, ça, c'est pour tous les films d'animation. On fait le montage avant de fabriquer le film, parce que ça coûte tellement cher qu'on ne peut pas se permettre de faire des secondes en trop tous les jours. Donc, en fait, le montage est déjà fini. Caler les voix aussi avant de tout animer.

  • Speaker #1

    Du coup, ça t'a permis de te rendre compte, justement, s'il y avait des trucs qui étaient en trop ou pas, quand c'était dit, quoi.

  • Speaker #0

    C'est ça, ouais. En fait, le film, en gros, il est en brouillon. Il est fini avant de faire vraiment les choses. Et en fait, on a déjà un petit film en soi. Et on les a filmés. C'était... pas tant pour le mouvement des lèvres parce que ça on peut le refaire assez facilement enfin on sait que comment les lèvres font quand il y a un O, un A, un E, tout ça. Mais c'était plus pour les mouvements des corps, des mains, je ne sais pas, un œil qui est un peu fragile, qui vacille comme ça. Plus pour choper des intentions d'acting que nous, en animation, on n'a pas toujours l'idée de mettre. Donc ça, c'était plus des références visuelles pour les animateurs. Et ensuite, ils avaient aussi des références de films où moi j'avais sélectionné des scènes dans des films où il y avait des acteurs qui étaient un peu dans le même état émotionnel que certaines scènes des belles cicatrices. Du coup, je leur montrais ça pour qu'ils aient aussi ces références-là en termes d'acting. Et c'était un mix de tout ça qui faisait qu'ensuite, ils ont fait leur propre acting à eux d'animateurs.

  • Speaker #1

    En tout, il y a combien de personnes qui ont travaillé sur les belles cicatrices ?

  • Speaker #0

    C'est une bonne question. À chaque fois, on me demande. Je pense qu'on est... Si on compte vraiment tous les postes, on doit être 20 à 25, un truc comme ça.

  • Speaker #1

    OK.

  • Speaker #0

    Mais, par exemple, on était cinq animateurs pour animer tout le film. Donc, animer, c'est vraiment juste dessiner le mouvement des personnages et les personnages bouger. Et on a fait ça pendant 4 mois en résidence avant Dôme. Et on faisait 2-3 ondes par jour. Et ça, je participais aussi. Mais j'avais un chef anime, du coup, j'étais à la fois le réal et le technicien. Je pouvais me faire gronder des fois parce que je n'avais pas bien animé. Mais il était gentil, donc tout va bien.

  • Speaker #1

    Et du début de l'écriture du court-métrage jusqu'à la finalité, il y a eu combien de temps ?

  • Speaker #0

    En gros, à partir du moment où j'ai signé avec les productrices, ça a mis 4 ans, je crois. Donc un an et demi à peu près pour écrire. Pas en continu, en intermittence, parce qu'il fallait que je bosse aussi à côté. Et ensuite, un an, un an et demi pour chercher l'argent. Et un an et demi à peu près pour vraiment fabriquer le film. Du moment où... Je compte à partir du moment où je fais le storyboard.

  • Speaker #1

    Alors pour parler un peu plus de la personnalité des personnages en profondeur, moi en voyant le court-métrage, il y a une phrase de Necfeu qui m'est venue, qui dit dans son documentaire, il dit les trucs les plus universels, c'est des trucs super précis et personnels. Les belles cicatrices, c'est à la fois hyper personnel, parce que c'est une rupture et que chaque rupture est unique. et nous on se reconnaît dedans ou alors on a reconnu quelqu'un en tant que spectateur mais du coup cette proximité elle est intervenue chez une énorme majorité des spectateurs donc il y a aussi ce côté universel donc en fait ma question c'est pour qu'on soit aussi proche des personnages il y a combien d'intimes dedans et à quel point ?

  • Speaker #0

    Bah oui le deal j'ai co-écrit avec Pierre Le Gall qui est scénariste Il m'a bien expliqué au début que le deal c'est que pour que ça soit universel, il fallait raconter des choses extrêmement précises. C'était comme ça que les gens allaient s'identifier. Et oui, on s'est beaucoup raconté nos histoires d'amour tous les deux, nos ruptures, les moments chouettes, tout ça. en étant extrêmement sincères l'un envers l'autre, en se racontant presque tout. Un peu comme une séance de psy. Ensuite, Pierre écrivait tout ça dans un document. Et ensuite, les missions qu'on se donnait, c'était de s'écrire toute une backstory des personnages, du moment où ils se sont connus, rencontrés, au moment où ils se sont mis ensemble. tous les souvenirs qu'ils ont eu ensemble jusqu'au moment où ils se retrouvent dans ce bar tous les deux. Donc en ce moment en fait il y a déjà tout eu, on pourrait faire d'autres films là-dessus. On a déjà tout plein de souvenirs et ensuite nous on a choisi quelques souvenirs en particulier qu'on avait écrit qui nous semblaient les plus marquants, les plus payants pour ensuite raconter le film et les personnages aussi, leurs relations entre eux.

  • Speaker #1

    Et moi j'adore ce film parce que ça mélange à la fois du fantastique, à la fois du réalisme dans le sens où il se retrouve dans un bar. Mais d'un coup, il plonge sous la nappe sans spoiler. Et là, il y a ce côté fantastique que j'adore. C'est un peu... Tu as mélangé plein de genres. Enfin, deux genres.

  • Speaker #0

    Oui, j'aime bien ce qu'on peut appeler... C'est des images mentales, en fait. Où on ne sait pas bien ce qui est vrai, ce qui n'est pas vrai. Et j'aime bien être sur... Cette espèce de crête où on marche sur la crête et il y a un côté c'est le fantastique, l'autre le réalisme. On ne sait jamais trop ce qui est dans la tête du personnage ou non. Et surtout, ce qui est important quand on fait ça, je trouve, c'est de ne pas que les personnages disent eux-mêmes « Ah, c'est bizarre ce qui se passe » ou des trucs comme ça, sinon là on n'y croit plus. Parce qu'on sait que c'est faux et que c'est dans la tête. Et je pense que c'est pas mal de garder le mystère de qu'est-ce qui est vrai ou pas. Et surtout, on s'en fout, c'est juste... Je pense que c'est une manière de voir le monde et on voit tous les choses un peu comme ça, où on s'imagine des choses. Par exemple, si moi je me balade dans la ville, dans Paris, il y a un coin de mur, pour moi ça va vouloir dire beaucoup de choses, parce que j'ai un souvenir là ou un truc comme ça. Alors que toi, si tu te balades devant ce coin de mur, ça ne va rien te dire, mais peut-être le banc après, ça voudra dire beaucoup de choses. Et moi, rien du tout. Donc il y a un peu ce truc de comment être dans l'intériorité des personnages et le mettre en image.

  • Speaker #1

    Tu as aussi mélangé des techniques, je pense notamment à la mer. Est-ce que tu peux expliquer un peu comment ça se passe, comment tu as construit cette image ?

  • Speaker #0

    Oui, donc la mer, c'est des prises de vue réelles. Donc je prends un appareil photo numérique pour filmer et je vais à la mer chez ma grand-mère en reprenant à peu près les axes de caméra dont j'avais besoin. Et je fais ça parce que moi, ça me rappelle un peu des vieux effets spéciaux dans les films où on superposait un peu des espèces de calques. Et en fait, on voit que c'est faux, mais moi j'aime bien ce côté-là, parce qu'il y a un côté un peu artisanal, où on se dit, ok, il y a quelqu'un derrière qui est en train de bricoler quelque chose, qui a fabriqué quelque chose. Il y avait un peu ça aussi au tout début de l'animation, je crois, dans la lanterne magique, toutes ces choses-là, où on superposait aussi des images. Et il y a aussi un truc tout bête, c'est que ça permet de ne pas animer la mer. Donc on gagne quand même beaucoup de temps comme ça. Et je ne sais pas, moi ça me plaît bien de mélanger des choses comme ça. J'avais déjà fait un peu des tests avant sur d'autres petits films. Et l'effet me plaît bien, outre le fait que ça soit économique en termes de temps et d'animation. C'est un bon équilibre, je trouve.

  • Speaker #1

    Et sur les lieux de... Déjà, la mer que tu as filmée, est-ce qu'elle a une signification ? C'était où que tu as filmé ?

  • Speaker #0

    J'ai filmé à côté de chez ma grand-mère où j'allais en vacances très souvent. Mais il s'est passé, j'ai eu aucune rupture amoureuse sur cette plage. C'est la question.

  • Speaker #1

    Et la plage qui est présente dans le court-métrage, c'est la plage de chez toi ?

  • Speaker #0

    Non, la plage... plage, au départ c'est un espèce de désert dans le film donc en fait c'était plus trouver un lieu comme ça un peu vierge où on pouvait faire intervenir des souvenirs, des choses un peu étranges comme au tout début il y a un immeuble dans le désert après ils marchent, ils avancent et là ils arrivent devant la mer en fait dans ce désert tout peut il y a plein de trucs qui peuvent apparaître et je crois que aussi je trouve ça juste joli ... les paysages de dunes et tout ça il y a un côté le petit prince qui me plait bien et pour le bar tu t'es inspiré d'un bar en particulier ? non pour moi c'est un mélange de bars en fait je voulais que ce soit un bar assez classique un bar restaurant assez classique où tout le monde puisse se projeter et surtout un bar un peu froid Ouais, pas hyper chaleureux.

  • Speaker #1

    Il n'y a que deux personnes qui sont colorées.

  • Speaker #0

    Oui, voilà, les autres, c'est des ombres. Et il y a quelques tableaux au mur, mais c'est que des tableaux de plage. donc les plages de plein d'autres gens qui sont venus avant et le titre les belles cicatrices tu l'as choisi comment ? ça c'est vraiment la chose qui n'a jamais changé il était là depuis le début et je l'ai choisi comment ? j'aime bien quand dans les titres il y a des choses qui ne vont pas ensemble donc belles et cicatrices et... J'ai choisi comment... C'est qu'au départ ça devait être... l'idée c'était d'avoir un... c'était vraiment autre chose le concept visuel c'était une morgue avec deux médecins légistes qui dissèquent un corps du coup ce corps avait plein de cicatrices à la fin parce qu'ils avaient ouvert un peu partout et en fait ce corps c'était... C'était le symbole de leur histoire d'amour qui disséquait au fur et à mesure. Et je pensais pour ça qu'il y avait cicatrices. Et après, c'est resté parce que les cicatrices, c'est les tâches qu'il y a sur la nappe qu'on voit vraiment très bien à la fin du film parce qu'il y a un plan, un top shot dessus. C'est la cicatrice de Gaspard, c'est les cicatrices intérieures des deux personnages. C'est plein de choses.

  • Speaker #1

    Et une fois donc... que le film est fini, il est sélectionné à Cannes. Comment est-ce que tu as appris que le film était sélectionné à Cannes et comment tu as réagi ?

  • Speaker #0

    Comment j'ai appris ? Déjà, on l'envoie à Cannes. Après, je ne sais pas, un peu début avril, je crois qu'on sait un peu qu'on est toujours dans la course, mais on ne sait pas encore si on est sélectionné ou pas. Et ensuite, on nous avait dit que toutes les semaines, ils enlevaient des films au fur et à mesure de leur présélection. Ils enlèvent, ils enlèvent. Il y a l'annonce des longs-métrages à Cannes. Du coup, moi, je m'étais dit, OK, on va savoir là. En fait, on ne savait pas du tout là. Donc, on attend encore, on attend encore. Moi, j'avoue, je n'ai jamais été aussi angoissé de ma vie qu'à ce moment-là. Je ne dormais pas beaucoup. Parce que je savais qu'on y était toujours. Et moi, j'avoue que c'était quand même un rêve d'aller à Cannes. Je ne m'étais jamais dit que c'était possible. Et là, ce n'était plus très loin. Donc je me disais, putain, c'est trop chiant si on n'y va pas. Et en même temps, j'essayais de rester cool. Et je ne sais plus, au bout de deux ou trois semaines après l'annonce officielle des longs métrages, je me suis dit, ok... je savais qu'il y a tel jour on allait savoir donc je passe toute la journée hyper stressé à attendre qu'on m'appelle sur mon portable évidemment il y a des gens qui m'appellent c'est de la pub et tu y crois à chaque fois et je me dis putain ça y est je vais savoir et tout finalement je rentre chez moi en me disant bon ok c'est mort demain ils annoncent les films donc je suis pas dedans et là on m'appelle Et du coup, c'est un des sélectionneurs des films de Cannes qui m'appelle et qui me dit « Raphaël, tu vas à Cannes » . Et voilà, je raccroche et là, je pleure pendant, je ne sais pas, une ou deux heures. J'appelle tout le monde. À chaque fois que j'arrive à me calmer, je rappelle les gens et puis je finis par replorer. Mes parents, quand je les ai appelés, je leur ai dit à tous de... Toute la famille doit se mettre devant le téléphone. Et puis je me mets à chialer. Et du coup, il pense qu'en fait, il m'arrive un truc hyper grave, que j'ai une maladie ou quoi. Parce que je n'arrive pas à dire ce qui se passe. Et du coup, je finis par dire que je vais à Cannes. Et tout le monde est rassuré. Et voilà, c'était beaucoup d'émotions. Et le soir même, j'allais chez une copine qui avait animé sur le film. On avait une petite soirée prévue. du coup elle j'avais gardé la surprise et j'avais ramené une bouteille de champagne du coup j'ai dit au fait j'ai un petit truc à te dire et voilà et après c'était trop bien d'aller à Cannes surtout il y a une grosse partie de l'équipe du film qui avait pu venir et c'est beaucoup des copains donc j'étais trop content de partager ça avec eux et qu'ils puissent me soutenir et profiter aussi de ce moment parce que c'est un moment ils avaient bien bossé sur le film, donc c'était normal qu'ils profitent aussi.

  • Speaker #1

    Et du coup cette sélection à Cannes, ça a été quoi son impact sur la com du film ?

  • Speaker #0

    Je pense que ça a bien servi pour qu'il soit repéré par les festivals et tout ça après. Donc ça a bien aidé pour être sélectionné dans pas mal de festivals. Et non, après, c'est surtout de la fierté d'avoir été à Cannes. Et peut-être aussi ça a aidé le film quand il est sorti sur Arte, pour qu'il ait un peu plus de visibilité, tout ça quoi.

  • Speaker #1

    Justement, en parlant de Arte, quel est le rapport entre le film et Arte ? Est-ce qu'ils interviennent dans la production ? Est-ce qu'ils sont juste diffuseurs ?

  • Speaker #0

    Là, ils étaient diffuseurs seulement. Ils avaient pré-acheté le film sur Scenario. Je crois qu'il peut y avoir différents modes d'achat d'Arte. Je crois qu'ils peuvent être coprod aussi, ou acheter le film une fois qu'il est fini. et du coup c'est pas forcément les mêmes sommes qui va pour faire le film après et c'était la première fois que il t'a acheté un film comme ça ? j'avais fait un petit film dans une collection de films qui s'appelle Shortcuts qui sont produits par Caïman Productions où en fait on doit résumer en une minute un long métrage qui va passer sur Arte ensuite mais mais on se... ça c'est pas Arte qui me l'a acheté c'est plus Caïman qui a un deal avec Arte où ils font ce programme là donc non là c'était la première fois que j'avais en face de moi Hélène Vessière qui choisit les courts-métrages d'Arte et on a eu de la chance, elle a bien aimé donc elle nous a pris et elle a aussi pris mon prochain cours là ok et qui sortira quand ? oula

  • Speaker #1

    mais il sera fini fin 2026 début 2027 ok bon bah on va attendre un peu en tout cas quand les belles cicatrices sont le film est sorti sur Arte Arte a fait une com sur les réseaux et ça a fait un buzz surtout sur TikTok avec des extraits repris des milliers de fois et en tant que jeune réalisateur un buzz de cette ampleur ça t'a effrayé ou ça t'a fait du bien ...

  • Speaker #0

    Les deux, je pense. Parce qu'en animation, on n'a quand même pas l'habitude d'avoir, surtout en court métrage, enfin moi je ne m'étais jamais dit qu'il allait se passer ça. Pour moi, on allait faire 50 000 vues sur le YouTube d'Arte et c'était déjà pas mal. Et en plus, on avait lancé les paris avec mes productrices. Moi j'avais dit 100 000, elles m'avaient dit non, je pense, enfin on verra, mais déjà 50 000, ça serait super. Et à la fin, on était à 1 500 000. Non, TikTok, moi, je n'ai même pas TikTok. Donc, c'est ma petite sœur qui m'a dit qu'il y avait le film. Mais d'abord, ce n'était pas Arte qui avait mis sur TikTok. C'était quelqu'un qui avait téléchargé le film sur YouTube directement, qui avait mis des tout petits extraits. Et il y en avait qui avaient bien marché, donc nous après on a prévenu Arte qu'il se passait quelque chose, donc ils ont repris le flambeau. Mais non, c'est impossible de prévoir ça, et bah oui ça fait un peu peur, et en même temps c'est trop chouette parce que ça veut dire que ça parle à plein de gens et qu'on a bien travaillé, donc c'est cool.

  • Speaker #1

    Et t'as eu beaucoup de messages sur les réseaux de gens qui t'ont fait des retours du film ?

  • Speaker #0

    Ouais, j'avais beaucoup de messages tous les jours. Là, ça s'est calmé, mais oui, pendant un mois, j'ai eu mon téléphone qui vibrait pas mal. Et c'était super. En même temps, je voulais prendre le temps de répondre à tout le monde pour remercier à chaque fois, mais voilà, ça prend un peu de temps.

  • Speaker #1

    Et pour... Pour finir un petit peu sur la discussion, toi, tu es encore au début de ta carrière. Donc, je n'ai pas trop envie de te demander qu'est-ce qu'on peut retenir de toi parce qu'il te reste encore plein de choses à faire. Du coup, je vais te demander plutôt quels sont tes projets d'avenir, etc. Même si on l'a évoqué tout à l'heure un petit peu.

  • Speaker #0

    Du coup, un court-métrage que je fais avec la cellule production. et qui sera sur Arte. Un long métrage que je produis avec, que je ferai sûrement avec Balade Sauvage et qu'en tout cas je coécris avec Pierre Le Gall qui avait écrit avec moi Les Belles cicatrices. Mais ça, on verra. Je ne sais pas si ça existera un jour, j'espère qu'on trouvera l'argent pour le faire. Et sinon... Déjà on fait ça, ce sera pas mal. Après je développe aussi une série avec plus cartoon ado adulte donc rien à voir avec ce que je fais tout seul. Du coup plus rigolo avec des copains. On verra ce que ça donne. En tout cas j'espère que ça sortira un jour. Et voilà c'est déjà pas mal. Après j'aimerais bien faire un peu des clips, des projets. plus court où je pourrais essayer des choses et même faire de la d a pour quelqu'un d'autre par exemple ça me plairait bien parce que c'est assez lourd de porter des projets personnels donc juste entre guillemets être être sur de la d a sur pas un projet à moi ça me libère un peu d'espace mental on va dire du coup plutôt des projets courts pour le moment et pour le live

  • Speaker #1

    l'avenir, les longs ?

  • Speaker #0

    Après, la série, par exemple, ça c'est un projet qui peut durer assez longtemps. Le long, aussi longtemps qu'il faudra pour trouver des sous. J'espère donc le moins longtemps possible. Mais il faut déjà qu'on écrive quelque chose. Et voilà.

  • Speaker #1

    Mais du coup, une fois qu'on a été à Cannes, sans rentrer dans le cliché, mais financer des films, c'est un peu plus facile ou pas ?

  • Speaker #0

    Sûrement qu'on fait plus confiance mais après je saurais pas dire si c'est plus facile. Oui c'est plus facile dans le sens où il y a un tampon, un label Cannes si on veut. Donc on va plus me prendre au sérieux. Mais ça veut pas dire que je suis assuré de faire ce que je veux plus tard non plus. donc faut pas que je fasse n'importe quoi faut que je continue à bien faire des films, à être sérieux

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Raphaël Jouzot, c'était la fin de cet épisode je remercie aussi Maxence qui m'a aidé à écrire à rédiger cet épisode et vous pouvez retrouver donc cet épisode sur toutes les plateformes d'écoute de podcast et sur Youtube en version vidéo et Raphaël on peut te suivre sur les réseaux sur Instagram ok bon bah on va suivre Raphaël Jouzeau sur Instagram et merci encore de merci beaucoup d'avoir été mon invité pour ce premier épisode à bientôt au revoir

Chapters

  • Comment a-t-il grandi et ses études

    00:00

  • Le cinéma d'animation / les courts métrages

    09:46

  • Les belles cicatrices

    24:02

Description

Nommé à Cannes l'année dernière pour "Les belles cicatrices", Raphaël Jouzeau est le premier invité de Face B. Ensemble, nous avons échangé sur le cinéma d'animation, les courts-métrages et leur place dans le cinéma aujourd'hui. Il m'a aussi raconté comment s'est déroulée l'aventure "Les belles cicatrices", de l'écriture jusqu'à Cannes en passant par la construction du projet et le buzz sur les réseaux.

Retrouvez Raphaël Jouzeau sur Instagram : https://www.instagram.com/raphaeljouzeau/?hl=fr


Merci à Raphaël d'avoir honoré mon invitation. Merci à Maxence Gibault pour son aide à l'écriture de ce podcast.

Cet épisode a été enregistré le vendredi 11 avril à Paris.


Tous les épisodes de Face B sont à retrouver en audio sur les plateformes d'écoutes et en vidéo sur YouTube : https://youtube.com/@benjamin.terrie?si=hcu7e2BJOuXIUx3l


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bon,

  • Speaker #1

    euh... C'est n'importe quoi.

  • Speaker #0

    Je t'en fous ! C'est pour ça que c'est cool le cinéma ! Ça sert à rien ! Ok ?

  • Speaker #1

    C'est le scénario qui détanche tout.

  • Speaker #0

    Pas tout,

  • Speaker #1

    mais enfin beaucoup de choses.

  • Speaker #0

    Oui, parce que je trouve que c'est la chose sur laquelle on doit être le plus exigeant.

  • Speaker #1

    C'est l'histoire. Bonjour à tous et bienvenue dans Phase B, votre nouveau podcast sur le cinéma. Et pour ce premier épisode, je reçois un réalisateur, un jeune réalisateur, qui a notamment été nommé à Cannes l'année dernière. Bonjour Raphaël Jouzot.

  • Speaker #0

    Bonjour.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir accepté d'être mon premier invité.

  • Speaker #0

    Merci de m'avoir invité.

  • Speaker #1

    Pour préparer ce podcast, je me suis donc renseigné un peu sur d'où tu venais, ce que tu as fait. Et dans une biographie d'un festival qui a fait ta biographie, ils ont écrit que tu es né en mars 1993. Jusque là, ils ne se trompent pas. C'est tout bon. Dans le 12e arrondissement de Paris.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Et... pas loin du périphérique pour ne jamais être loin de la route de l'aventure. Est-ce que tu te considères comme un aventurier ?

  • Speaker #0

    Alors, cette biographie, c'est moi qui l'ai. Parce que souvent, on demande une biographie ou un truc comme ça et du coup, c'est mes prods qui m'ont dit, t'as pas une biographie à leur envoyer. Du coup, souvent, c'est les réals qui écrivent leur propre...

  • Speaker #1

    C'est toujours un peu gênant. T'as écrit à la troisième personne, c'est marrant.

  • Speaker #0

    Bah oui parce que du coup on fait comme si c'était pas moi qui l'avais.

  • Speaker #1

    Et du coup t'as grandi à Paris ?

  • Speaker #0

    J'ai grandi dans le 12ème jusqu'à la moitié de l'école primaire je crois et ensuite on est parti à Fontenay-sous-Bois en banlieue.

  • Speaker #1

    Ok et du coup t'as baigné un peu depuis tout petit dans ce milieu artistique parisien culturel un peu ?

  • Speaker #0

    Ouais bah mes parents ils m'emmenaient... presque tous les week-ends, ils nous emmenaient voir des expos, au cinéma, tout ça. Ma grand-mère m'emmenait à la cinémathèque voir des vieux films. Donc oui, j'ai eu de la chance. Je ne me plains pas là-dessus. J'ai été bien. Même si à la fin, j'en avais un peu marre quand j'étais ado. J'avais la flemme de voir les expos et tout. Je préférais jouer aux jeux vidéo.

  • Speaker #1

    Et du coup, le cinéma, ça a été le... La chose qui t'a le plus marqué dans cette vie culturelle ? Parce qu'il y a les expos, donc il peut y avoir la peinture, etc.

  • Speaker #0

    Non, au tout départ, je crois que je voulais plutôt... Quand j'étais au collège, je voulais plutôt être designer ou architecte. Parce que mon papa, il redessinait souvent des maisons qu'il aimait bien, du corbusier, de tout ça. Et moi, je trouvais ça joli, ces dessins, donc je voulais faire pareil. Et ensuite, qu'est-ce qui s'est passé ? Mon père travaille beaucoup avec des illustrateurs aussi, donc souvent il me montrait plein de bouquins, d'illustrations, de BD et tout. Donc il y a eu un moment où j'hésitais à faire ça. Ensuite j'ai vu une collection de films qui s'appelle Peur du Noir, qui avait été faite il y a 20 ans, tout comme ça.

  • Speaker #1

    C'est quand tu étais ado que tu l'as vu du coup ?

  • Speaker #0

    Je l'ai vu ado, ouais, dans une projection spéciale, je crois que c'était au McVal en banlieue parisienne. Et j'avais trouvé ça super. Donc j'hésitais un peu entre les deux, j'ai passé mon bac RICRAC, et mes parents ont bien voulu me suivre pour me payer une prépa. privé parce que j'avais été pris dans les manas et tout ça, dans les prépas publics du coup pour aller aux grandes écoles d'art donc j'ai fait ça, là j'ai passé des concours, j'avais eu l'MK Angoulême et les arts déco de Strasbourg je crois que j'avais envie, en fait je suis arrivé au concours des arts déco et j'ai vu tous les ateliers, tous les trucs qui étaient à disposition des élèves et je me suis dit Non, en fait, je n'ai pas envie de faire du cinéma d'animation tout de suite. Je veux d'abord bricoler des trucs, avoir plein de petites expériences un peu marrantes où je touche un peu à tout. Voilà. Après, j'ai été aux arts déco pendant trois ans. J'ai, pour des raisons personnelles, j'ai dû partir des arts déco. OK. Et du coup, je me suis re... rebifurquer vers l'animation donc j'ai refait une prépa pour trouver une école et ensuite j'ai été dans la première promo de l'atelier de Sèvres qui s'appelait, l'école s'appelait l'atelier supérieur d'animation mais elle a changé de nom maintenant Et voilà, ça c'était super.

  • Speaker #1

    Et de 2016 à 2019, tu es donc à l'atelier supérieur d'animation. C'est quoi en fait ?

  • Speaker #0

    L'école, en gros, du coup, elle était toute nouvelle. Et le but, c'était de faire une école un peu entre la poudrière à Valence et les Gobelins. Donc une école de... d'auteur-réalisateur, mais avec quand même pas mal de cours techniques pour apprendre à savoir utiliser pas mal de logiciels, maîtriser assez l'animation. Et le but c'était de faire aussi pas mal de workshops où on pouvait tester plein de choses. Donc je sais pas, on a fait six ou sept petits films avant la troisième année où on a fait notre film de fin d'études tout seul.

  • Speaker #1

    Et en écoutant un podcast que tu avais fait il y a quelques mois, il y a un mot que tu as utilisé là et que tu avais beaucoup utilisé dans le podcast, c'était workshop. Et en fait, je n'ai pas compris du tout ce que c'était.

  • Speaker #0

    Ok. Un workshop, c'est en gros pendant un temps donné. Donc nous, en général, c'était deux semaines, deux, trois semaines. Ok. On a un sujet. Donc là, je ne saurais pas dire quoi, mais on avait un sujet, une phrase, un truc. Une phrase. Et une technique imposée, en général. Donc ça pouvait être du sable animé, de la peinture animée, de la 2D, etc. Et des intervenants qui connaissaient en particulier ces techniques-là. Donc, je sais plus, pour peinture animée, on avait eu Agnès Patron, on avait eu Hugo Bienvenu et Kevin Manac en 2D. Enfin voilà, on avait des gens stylés. Donc c'était chouette. Et en gros, on se met... par équipe, je ne sais pas, trois, quatre, et on faisait un petit film. Je ne crois pas que la durée, il n'y avait pas de durée imposée, mais en général, c'était quoi, une, deux minutes, un truc comme ça. Et du coup, ça nous a aussi permis de faire plein de tests, d'essayer plein de choses, de narration, et de s'éclater quand même, parce qu'on était quand même assez libre pour voir à quel point le sujet pouvait être... On pouvait... dépasser les règles ou pas.

  • Speaker #1

    Et à la fin de ton cursus, du coup en 2019, ton film de fin d'études, Dès tout petit rien, sort. Et déjà je voulais savoir ce que c'est, ce qu'il y a de différent entre un film que tu fais durant ton cursus et le film de fin d'études.

  • Speaker #0

    Bah le film de fin d'études là ça devient déjà beaucoup plus personnel parce que nous on le faisait tout seul, enfin la plupart, on faisait ça tout seul. Et du coup, forcément, quand tu fais un film tout seul, et que tu ne sais pas si ça va être ton seul film tout seul dans ta vie, parce qu'on ne se destinait pas forcément tous à être réalisateur ou réalisatrice, du coup, forcément, la plupart d'entre nous, on a parlé de sujets très personnels. Et moi, j'avais une rupture assez douloureuse, peut-être un an et demi avant. Et ça me restait toujours et je crois que j'avais des trucs à faire sortir. Donc c'était une bonne occasion.

  • Speaker #1

    Du coup c'est un peu comme l'artiste qui ressort tout son mal-être dans son œuvre.

  • Speaker #0

    Oui, mal-être, bon après il n'y a pas que des choses mal dans une rupture. Mais oui je crois que j'avais juste des trucs à faire sortir quoi. Et des personnages, j'avais envie de montrer un certain type de personnages.

  • Speaker #1

    Du coup tu te considères comme un artiste aujourd'hui ? Parce que en fait tu mélanges plusieurs arts, en fait tu mélanges le 7ème art qui est le cinéma et tu mélanges aussi le dessin, du coup c'est hyper riche, en fait tout s'assemble, est-ce que du coup tu te considères un double artiste en plus ?

  • Speaker #0

    Bah je sais pas, artiste ça me paraît, enfin moi artiste j'ai l'impression de voir... des gens qui font des performances et qui sont capables de parler extrêmement longtemps de concepts, d'artistique, de trucs... Enfin en fait je suis incapable de faire ça et je respecte beaucoup ça, mais moi je sais pas faire ça, je pense que je me vois plus comme un espèce d'auteur artisan qui fabrique des images et des films. en écrivant des histoires.

  • Speaker #1

    Et du coup, moi je voulais revenir un peu sur ce que c'était le cinéma d'animation et ce que c'était les courts-métrages. Parce qu'en fait, dans l'imaginaire collectif, le cinéma c'est un peu un long-métrage en prise de vue réelle, j'ai l'impression. Et toi tu viens casser cette norme de l'imaginaire collectif avec un, des courts-métrages et deux, du cinéma d'animation. Du coup, tu viens casser cette... Cette norme et cet imaginaire collectif ? Parce que peut-être ce n'est pas le cas à Paris, parce qu'il y a énormément de films différents, mais en province, quand on va au cinéma, c'est pour voir 1h30 de films et de prises de vue réelles.

  • Speaker #0

    Oui, je pense qu'en vrai, il y a énormément... Je ne me considère pas d'avoir cassé quoi que ce soit, mais il y a énormément de courts-métrages qui sortent chaque année en animation et encore plus. plus en prise de vue réelle c'est juste que en effet pour les voir il faut soit aller dans les festivals et il y en a quand même beaucoup parce que j'en fais pas mal cette année donc je vois tout ce qu'il y a et il y en a vraiment partout mais après il faut évidemment faire le chemin vers le festival et se tenir au courant de tout ça et avoir envie d'aller voir des courts métrages moi c'est sûr que avant dans de faire du court-métrage j'allais pas forcément dans les festivals voir des courts-métrages je regardais un peu sur Arte je regardais sur Arte sur France Télé des courts-métrages mais c'est tout et

  • Speaker #1

    je sais plus ce que je disais que les courts-métrages du coup en fait pour expliquer un peu moi Quand on regarde un peu la biographie de certains grands réalisateurs ou juste des personnes qui travaillent sur des grands films, c'est des personnes qui ont commencé avec des courts-métrages et du coup ils les ont un peu utilisés comme des tremplins. Aujourd'hui, est-ce que tu dirais que c'est ça la principale place dans le milieu du cinéma des courts-métrages ? C'est juste d'être un tremplin quoi ?

  • Speaker #0

    Alors je pense peut-être plus en prise de vue réelle qu'en animation. que premièrement ça met beaucoup moins de temps prise de vue réelle de faire un court métrage qu'en anime je sais pas je pense bon je vais peut-être dire n'importe quoi mais je pense un ou deux ans pour un film en prise de vue réelle le temps de le financer le faire ça en anime nous par exemple on a mis quatre ans et il ya beaucoup de gens et donc un long métrage c'est plus long et c'est plus compliqué à faire financer un film d'animation oui surtout en ce moment en plus je pense que oui si ça découle pas d'une franchise ou d'un truc comme ça si c'est une histoire originale si c'est pas une adaptation je pense que c'est un peu chaud il faut se battre un peu il faut se battre un peu mais il y a toujours moyen et après ça coûte cher l'animation donc il faut trouver des sous, des partenaires mais bon si l'histoire est assez bonne j'espère que ça marche

  • Speaker #1

    Est-ce que tu penses que des personnes qui ont réussi dans les longs métrages peuvent revenir à faire des courts métrages ?

  • Speaker #0

    Oui je crois qu'il y en a pas mal qui font ça mais c'est vrai qu'en animation la plupart du temps ça nous va très bien de faire que des courts métrages Parce que du coup, ça prend déjà tellement de temps. Et en soi, j'ai l'impression qu'en animation, comme on sait qu'on ne fera peut-être pas de longs métrages, on fait vraiment des histoires qui ont des débuts et des fins. Alors que des fois, dans le court métrage, ça peut faire un peu...

  • Speaker #1

    Des mini-séries ?

  • Speaker #0

    Un peu teaser pour un long, où c'est une scène qu'on va réutiliser pour un long plus tard, pour espérer avoir des financements et tout ça. Bon après je dis ça, j'en sais rien mais... Mais j'ai l'impression qu'en court métrage en tout cas il y a plus de réals qui font vraiment que du court et qui vont pas forcément aller faire du long après, surtout qu'il y a beaucoup de courts métrages qui sont beaucoup dans de l'abstraction en animation aussi, de la transformation Des films presque qui ressemblent un peu à de la prise de vue réelle En termes de mise en scène, il y en a un peu, mais il n'y en a pas tant que ça non plus, j'ai l'impression.

  • Speaker #1

    Et pour revenir un peu plus sur ton actualité, quand je t'ai demandé si tu avais des actualités en ce moment, tu m'as dit que tu écrivais un long métrage.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Ça prend combien de temps ? Depuis combien de temps entier ? Parce que j'imagine que tu ne vas pas nous dévoiler...

  • Speaker #0

    Non, et puis je n'en sais rien surtout. Moi, je commence à écrire... je sais pas depuis décembre mais en fait c'est plus des petites idées de scènes de personnages de choses comme ça que là je compile et que ensuite avec le co scénariste on va on va essayer de voir si ça fait un film est aussi de pousser certaines choses ou non et de et voilà mais là ouais c'est assez Je peux dire un truc, mais ça se trouve, dans deux ans, ça sera autre chose.

  • Speaker #1

    Mais du coup, c'est un long métrage d'animation ?

  • Speaker #0

    Oui, je ne sais pas faire autre chose.

  • Speaker #1

    Toi, tu te vois rester pour le moment dans l'animation, parce que c'est ce que tu as appris, c'est ce que ton cursus t'a appris ?

  • Speaker #0

    Oui, et puis je crois que ça m'angoisse un peu un plateau de tournage et tout ça, où tout doit aller vite, où on doit tout faire. beaucoup moins de temps que l'animation, où on fait 2-3 secondes par jour. Donc j'ai le temps de réfléchir à mes scènes et de changer d'avis surtout. Alors qu'en prise de vue réelle, je pense que c'est trop tard. Il faut aller beaucoup plus vite. Et il y a beaucoup de gens qui demandent des choses quand même en même temps. Et moi je suis un peu angoissé.

  • Speaker #1

    Mais surtout si tu dois diriger, si tu as une personnalité qui n'ose pas donner des ordres, Ça peut être un peu compliqué sur un plateau de tournage.

  • Speaker #0

    Oui, surtout je ne suis pas sûr de moi, donc il faudra faire semblant tout le temps que je suis sûr de moi, et après regretter d'avoir dit un truc. Donc je préfère faire de l'animation où j'ai un peu plus de temps pour réfléchir.

  • Speaker #1

    Et justement pour revenir sur le cinéma d'animation, dernièrement il y a quand même pas mal de longs métrages ou de courts métrages qui sont faits pour les grands. Alors qu'on pourrait croire que l'animation, c'est juste les dessins animés. Alors que toi-même, tu le montres, tes films, il faut quand même une certaine maturité pour les comprendre et pour les voir. Et puis, je pense notamment au cinéma. Dernièrement, il y a eu plein de films d'animation qui sont faits pour adultes, justement. Du coup, tu considères que l'animation, c'est aussi un truc de grand.

  • Speaker #0

    Ah bah oui, moi, j'ai envie que ce soit un truc de grand aussi, en tout cas. Enfin, moi, le long que j'écris, le prochain cours que je suis en train de faire, oui, c'est pour les grands. Je n'ai pas d'enfants, donc peut-être quand j'aurai des enfants, j'aurai envie de faire des films pour eux. Mais pour l'instant, j'ai envie de faire des films pour mes copains et pour les gens, enfin pour les grands, quoi. Parce que je trouve qu'il n'y en a pas assez encore et il y a encore du boulot à faire. Et surtout, je trouve que... Comme la génération qui arrive d'adultes, on les a nourris de beaucoup de dessins animés, et je pense qu'en fait la génération qui arrive est prête aussi à se dire « je peux encore aller voir un film d'animation, c'est pas pour les enfants » . Et voilà, je pense qu'il y a un public qui s'ouvre à ça, qui va arriver, en tout cas j'espère.

  • Speaker #1

    C'est intéressant parce que tu me dis que tu as envie de faire des films pour tes copains, c'est trop cool je trouve comme démarche, ça veut dire que tu ne te poses pas de questions de est-ce que ça va plaire à d'autres gens, etc. Pour moi tu as juste envie de te faire kiffer.

  • Speaker #0

    Oui après je pars toujours du principe que je ne vais pas faire un film de manière égoïste juste pour moi, donc il faut que les gens y ressortent en ayant été touchés, en ayant ressenti des choses. donc je pense enfin quand je dis les copains c'est les copains et puis tout enfin le public quoi moi j'ai pas envie de faire un truc hyper niche où personne va rien comprendre et juste j'aurais fait un truc que

  • Speaker #1

    juste pour moi ou ça ça m'intéresse pas trop et toi tu as de ta vu devenir réalisateur pour des copains fin pour justement pour faire partager ce truc là c'est pour ça que tu as voulu devenir réalisateur ben je pense

  • Speaker #0

    que je voulais raconter des histoires donc j'écrivais déjà un peu des histoires et j'aime bien quand même toucher à plein de choses à plein d'étapes, je pense que ça ça vient aussi des arts déco et d'avoir touché à plein de matières et tout et j'ai peur toujours de m'ennuyer un peu par exemple si j'étais juste si je faisais que l'animation dans les films j'aurais trop peur de que ça ne me suffise pas et que je m'ennuie, parce que ça peut être des étapes un peu répétitives des fois. Et en fait, je crois que j'ai besoin d'être stimulé par pas mal de trucs différents. C'est pour ça que j'aime bien participer un peu à toutes les étapes. Et voilà, c'est hyper intéressant. On parle de son, d'image, de mouvement. C'est sans fin, quoi.

  • Speaker #1

    Et c'est quoi tes inspirations dans le cinéma aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Moi, je... Je pense que je me suis dit que j'avais le droit de faire des films quand j'ai vu les clips ou les films de Michel Gondry. C'est des effets spéciaux un peu bricolés. On a l'impression que tout le monde peut le faire chez soi. Il faut juste avoir pas mal d'imagination et une petite caméra. On faisait ça avec mes frères et soeurs quand j'étais ado. J'avais demandé à un appareil photo numérique pour se filmer. Et on refaisait des films genre Indiana Jones, James Bond, tout ça. Donc c'était plutôt chouette. Et voilà, du coup, je ne sais pas, on a fait une vingtaine des films comme ça, les étés et pendant les vacances.

  • Speaker #1

    C'est ça qui t'a lancé dans le cinéma, vraiment ?

  • Speaker #0

    Lancé dans le cinéma, je ne sais pas, mais...

  • Speaker #1

    T'as lancé cette passion ?

  • Speaker #0

    Ouais, faire du montage sur iMovie, sur le Mac à la maison. En fait, on touchait déjà un peu à tout. On allait chercher de la musique sur des CD à la bibliothèque, des musiques de films. On ramenait à la maison, on mettait sur l'ordi, on essayait des choses. Ouais, je pense que c'était un peu apprendre des petites bases de cinéma. Mais après l'animation, il y a encore d'autres trucs à apprendre. Genre dessiner par exemple.

  • Speaker #1

    Justement, ça a été naturel. Quand tu étais ado, tu dessinais déjà un peu ou tu as vraiment dû apprendre ?

  • Speaker #0

    Je pense que je dessinais comme tout le monde dans les marges de mes cahiers en maths ou quand je m'ennuyais un peu. C'est-à-dire un peu tout le temps, je pensais à l'école. Et après, au lycée, j'ai commencé à prendre des cours de modèle vivant parce que je savais que je voudrais faire une école d'art. Donc, il fallait se préparer parce qu'il y aurait des concours et tout. Donc, il fallait quand même avoir un tout petit niveau. Donc, j'avais commencé à faire ça. Et en fait, après, en école d'art, tu continues à faire du modèle vivant, de la perspective, des trucs comme ça. Mais je ne me considère pas comme un grand dessinateur non plus. Je ne suis pas hyper bon techniquement.

  • Speaker #1

    Comme une réalité nommée à Cannes.

  • Speaker #0

    Oui, mais là, je parle vraiment de technicité de dessin et de morpho. Et puis, je ne suis pas tout seul à avoir fait le film. On m'a bien aidé. Justement, j'ai pris des gens qui décident mieux que moi.

  • Speaker #1

    Tu as peut-être un peu devancé ma question qui était qu'est-ce que c'est ta Madeleine de Proust dans le cinéma aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Moi, j'adore Indiana Jones. Donc vraiment, je peux regarder ça. Même les derniers, je m'en fous. Tout le monde crache dessus. Moi j'aime bien.

  • Speaker #1

    Du coup tu les regardes une fois par an ?

  • Speaker #0

    Je sais pas, souvent le soir je me mets un petit film comme ça, comme pour s'endormir, comme si on me racontait une histoire, ça m'arrive de mettre un petit film et je m'endors devant Indiana Jones, on est tous comme ça. Sinon je regarde souvent, là c'est une autre ambiance, des films de David Fincher, Zodiac. Seven, j'arrive quand même à m'endormir devant.

  • Speaker #1

    C'est vrai ? Non, c'est pas facile, j'imagine.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est des serial killers, c'est pas très...

  • Speaker #1

    Les films sont hyper prenants, donc ça donne pas envie de... Même si on connaît la fin, parce qu'on l'a vue plein de fois, on a envie de revoir.

  • Speaker #0

    Mais voilà, d'autres films comme ça...

  • Speaker #1

    Donc maintenant, on va passer à la partie un peu plus actuelle. On a un peu balayé ton passé sur d'où tu viens et ce que tu as fait, tes inspirations. Et l'année dernière, tu as été nommé à Cannes dans la catégorie des meilleurs courts-métrages.

  • Speaker #0

    Oui, compétition officielle.

  • Speaker #1

    Pour Les Belles Cicatrices, est-ce que tu peux déjà rappeler un peu le pitch du film ?

  • Speaker #0

    Le pitch du film, c'est Gaspard et Laila qui se retrouvent après l'été dans un bar bondé. Et en gros... Ils se sont séparés il y a deux mois et Gaspard vient voir s'il y a toujours moyen de se remettre ensemble et elle vient vérifier qu'il a bien compris que c'était fini. Donc voilà, il se passe des choses après.

  • Speaker #1

    Et dans ce court métrage, on entend donc les voix des deux personnages qui sont incarnés par deux acteurs, Fanny Sidney et Quentin Dolmer, qu'on peut voir à l'écran dans de nombreux films et séries. Comment est-ce que tu les as rencontrés et choisis ?

  • Speaker #0

    Moi, comme c'est mon premier film, je ne savais pas trop quel comédien ou acteur on pouvait contacter. Donc c'est plutôt mes productrices qui m'ont proposé des gens. et elles m'ont proposé, en fait c'était les premiers choix, donc elles m'ont proposé Quentin parce que c'est des gens avec qui elles avaient travaillé de près ou de loin, et Quentin je crois a un peu une voix qui peut me ressembler, donc je pense que voilà, et il a une voix un peu fragile tout ça, et ça correspondait bien au personnage, et Fanny, et bah... Fanny a une voix plus assurée, mais en même temps elle est capable de sortir des choses très profondes, très sensibles. Et c'est ça que j'avais bien aimé quand on me les a proposés. Et ça s'est révélé être des très bons choix. En tout cas, moi je suis bien content d'avoir bossé avec eux. Et normalement je vais...

  • Speaker #1

    re-bosser avec eux là dans un mois pour enregistrer les prochaines voix pour un autre film pour un autre film totalement pas une suite c'est une suite sans être une suite à moitié mais justement ce qui est intéressant c'est que c'est des acteurs qu'on peut voir dans des films c'est pas du tout des comédiens de doublage donc moi j'étais surpris quand j'ai vu que justement moi pour le coup j'avais pas du tout reconnu la voix de Fanny Sidney alors qu'on l'a vu notamment dans 10% par exemple, et je ne l'avais pas du tout reconnu, j'étais étonné de voir que ce n'était pas des comédiens de doublage, c'était des vrais acteurs.

  • Speaker #0

    Ouais, bah... En fait, on n'est pas forcément allé voir des comédiens de doublage, parce que déjà mes productrices, elles ne bossaient pas dans l'animation au départ, donc elles bossent souvent en prise de vue réelle, donc avec des comédiens, tout ça, donc elles avaient plutôt un carnet de... contact comme ça. Et aussi, nous, ça nous allait très bien de prendre des comédiens en pas de doublage parce que de toute façon, en fait, on enregistre les voix avant de fabriquer le film, donc pour le mettre sur un storyboard animé qu'on appelle animatique, et pour qu'ensuite, les animateurs, animatrices puissent refaire le lip-sync sur les voix directement, pour que ça corresponde bien au niveau mouvement des lèvres. Alors que les doubleurs souvent ils peuvent arriver aussi après pour quand le film est fini et en fait ils doivent juste parler. C'est eux qui doivent s'adapter au mouvement des lèvres donc c'est un peu l'inverse. Et moi j'avais pas envie qu'on, enfin j'avais envie que les comédiens ils soient quand même libres de leur interprétation. Donc qu'ils aient pas forcément à suivre un truc très précis. Parce que moi, je ne suis pas infaillible sur... C'était genre mes voix, moi et ma sœur pour les voix témoins. Et on n'est pas comédien, donc se caler là-dessus, c'était peut-être pas une bonne idée. Donc je préférais laisser faire Fanny et Quentin qui sont des professionnels finalement.

  • Speaker #1

    Et justement, tu en as un peu parlé, le processus de construction de ce court-métrage qui s'est fait à l'envers parce que, pour expliquer un peu... C'est une vidéo sur Arte, je crois, qui a été faite, où on voit qu'ils sont filmés comme là, maintenant, et en train de lire le texte. Et donc, vous avez dessiné avec le mouvement des lèvres.

  • Speaker #0

    En gros, ça, c'est pour tous les films d'animation. On fait le montage avant de fabriquer le film, parce que ça coûte tellement cher qu'on ne peut pas se permettre de faire des secondes en trop tous les jours. Donc, en fait, le montage est déjà fini. Caler les voix aussi avant de tout animer.

  • Speaker #1

    Du coup, ça t'a permis de te rendre compte, justement, s'il y avait des trucs qui étaient en trop ou pas, quand c'était dit, quoi.

  • Speaker #0

    C'est ça, ouais. En fait, le film, en gros, il est en brouillon. Il est fini avant de faire vraiment les choses. Et en fait, on a déjà un petit film en soi. Et on les a filmés. C'était... pas tant pour le mouvement des lèvres parce que ça on peut le refaire assez facilement enfin on sait que comment les lèvres font quand il y a un O, un A, un E, tout ça. Mais c'était plus pour les mouvements des corps, des mains, je ne sais pas, un œil qui est un peu fragile, qui vacille comme ça. Plus pour choper des intentions d'acting que nous, en animation, on n'a pas toujours l'idée de mettre. Donc ça, c'était plus des références visuelles pour les animateurs. Et ensuite, ils avaient aussi des références de films où moi j'avais sélectionné des scènes dans des films où il y avait des acteurs qui étaient un peu dans le même état émotionnel que certaines scènes des belles cicatrices. Du coup, je leur montrais ça pour qu'ils aient aussi ces références-là en termes d'acting. Et c'était un mix de tout ça qui faisait qu'ensuite, ils ont fait leur propre acting à eux d'animateurs.

  • Speaker #1

    En tout, il y a combien de personnes qui ont travaillé sur les belles cicatrices ?

  • Speaker #0

    C'est une bonne question. À chaque fois, on me demande. Je pense qu'on est... Si on compte vraiment tous les postes, on doit être 20 à 25, un truc comme ça.

  • Speaker #1

    OK.

  • Speaker #0

    Mais, par exemple, on était cinq animateurs pour animer tout le film. Donc, animer, c'est vraiment juste dessiner le mouvement des personnages et les personnages bouger. Et on a fait ça pendant 4 mois en résidence avant Dôme. Et on faisait 2-3 ondes par jour. Et ça, je participais aussi. Mais j'avais un chef anime, du coup, j'étais à la fois le réal et le technicien. Je pouvais me faire gronder des fois parce que je n'avais pas bien animé. Mais il était gentil, donc tout va bien.

  • Speaker #1

    Et du début de l'écriture du court-métrage jusqu'à la finalité, il y a eu combien de temps ?

  • Speaker #0

    En gros, à partir du moment où j'ai signé avec les productrices, ça a mis 4 ans, je crois. Donc un an et demi à peu près pour écrire. Pas en continu, en intermittence, parce qu'il fallait que je bosse aussi à côté. Et ensuite, un an, un an et demi pour chercher l'argent. Et un an et demi à peu près pour vraiment fabriquer le film. Du moment où... Je compte à partir du moment où je fais le storyboard.

  • Speaker #1

    Alors pour parler un peu plus de la personnalité des personnages en profondeur, moi en voyant le court-métrage, il y a une phrase de Necfeu qui m'est venue, qui dit dans son documentaire, il dit les trucs les plus universels, c'est des trucs super précis et personnels. Les belles cicatrices, c'est à la fois hyper personnel, parce que c'est une rupture et que chaque rupture est unique. et nous on se reconnaît dedans ou alors on a reconnu quelqu'un en tant que spectateur mais du coup cette proximité elle est intervenue chez une énorme majorité des spectateurs donc il y a aussi ce côté universel donc en fait ma question c'est pour qu'on soit aussi proche des personnages il y a combien d'intimes dedans et à quel point ?

  • Speaker #0

    Bah oui le deal j'ai co-écrit avec Pierre Le Gall qui est scénariste Il m'a bien expliqué au début que le deal c'est que pour que ça soit universel, il fallait raconter des choses extrêmement précises. C'était comme ça que les gens allaient s'identifier. Et oui, on s'est beaucoup raconté nos histoires d'amour tous les deux, nos ruptures, les moments chouettes, tout ça. en étant extrêmement sincères l'un envers l'autre, en se racontant presque tout. Un peu comme une séance de psy. Ensuite, Pierre écrivait tout ça dans un document. Et ensuite, les missions qu'on se donnait, c'était de s'écrire toute une backstory des personnages, du moment où ils se sont connus, rencontrés, au moment où ils se sont mis ensemble. tous les souvenirs qu'ils ont eu ensemble jusqu'au moment où ils se retrouvent dans ce bar tous les deux. Donc en ce moment en fait il y a déjà tout eu, on pourrait faire d'autres films là-dessus. On a déjà tout plein de souvenirs et ensuite nous on a choisi quelques souvenirs en particulier qu'on avait écrit qui nous semblaient les plus marquants, les plus payants pour ensuite raconter le film et les personnages aussi, leurs relations entre eux.

  • Speaker #1

    Et moi j'adore ce film parce que ça mélange à la fois du fantastique, à la fois du réalisme dans le sens où il se retrouve dans un bar. Mais d'un coup, il plonge sous la nappe sans spoiler. Et là, il y a ce côté fantastique que j'adore. C'est un peu... Tu as mélangé plein de genres. Enfin, deux genres.

  • Speaker #0

    Oui, j'aime bien ce qu'on peut appeler... C'est des images mentales, en fait. Où on ne sait pas bien ce qui est vrai, ce qui n'est pas vrai. Et j'aime bien être sur... Cette espèce de crête où on marche sur la crête et il y a un côté c'est le fantastique, l'autre le réalisme. On ne sait jamais trop ce qui est dans la tête du personnage ou non. Et surtout, ce qui est important quand on fait ça, je trouve, c'est de ne pas que les personnages disent eux-mêmes « Ah, c'est bizarre ce qui se passe » ou des trucs comme ça, sinon là on n'y croit plus. Parce qu'on sait que c'est faux et que c'est dans la tête. Et je pense que c'est pas mal de garder le mystère de qu'est-ce qui est vrai ou pas. Et surtout, on s'en fout, c'est juste... Je pense que c'est une manière de voir le monde et on voit tous les choses un peu comme ça, où on s'imagine des choses. Par exemple, si moi je me balade dans la ville, dans Paris, il y a un coin de mur, pour moi ça va vouloir dire beaucoup de choses, parce que j'ai un souvenir là ou un truc comme ça. Alors que toi, si tu te balades devant ce coin de mur, ça ne va rien te dire, mais peut-être le banc après, ça voudra dire beaucoup de choses. Et moi, rien du tout. Donc il y a un peu ce truc de comment être dans l'intériorité des personnages et le mettre en image.

  • Speaker #1

    Tu as aussi mélangé des techniques, je pense notamment à la mer. Est-ce que tu peux expliquer un peu comment ça se passe, comment tu as construit cette image ?

  • Speaker #0

    Oui, donc la mer, c'est des prises de vue réelles. Donc je prends un appareil photo numérique pour filmer et je vais à la mer chez ma grand-mère en reprenant à peu près les axes de caméra dont j'avais besoin. Et je fais ça parce que moi, ça me rappelle un peu des vieux effets spéciaux dans les films où on superposait un peu des espèces de calques. Et en fait, on voit que c'est faux, mais moi j'aime bien ce côté-là, parce qu'il y a un côté un peu artisanal, où on se dit, ok, il y a quelqu'un derrière qui est en train de bricoler quelque chose, qui a fabriqué quelque chose. Il y avait un peu ça aussi au tout début de l'animation, je crois, dans la lanterne magique, toutes ces choses-là, où on superposait aussi des images. Et il y a aussi un truc tout bête, c'est que ça permet de ne pas animer la mer. Donc on gagne quand même beaucoup de temps comme ça. Et je ne sais pas, moi ça me plaît bien de mélanger des choses comme ça. J'avais déjà fait un peu des tests avant sur d'autres petits films. Et l'effet me plaît bien, outre le fait que ça soit économique en termes de temps et d'animation. C'est un bon équilibre, je trouve.

  • Speaker #1

    Et sur les lieux de... Déjà, la mer que tu as filmée, est-ce qu'elle a une signification ? C'était où que tu as filmé ?

  • Speaker #0

    J'ai filmé à côté de chez ma grand-mère où j'allais en vacances très souvent. Mais il s'est passé, j'ai eu aucune rupture amoureuse sur cette plage. C'est la question.

  • Speaker #1

    Et la plage qui est présente dans le court-métrage, c'est la plage de chez toi ?

  • Speaker #0

    Non, la plage... plage, au départ c'est un espèce de désert dans le film donc en fait c'était plus trouver un lieu comme ça un peu vierge où on pouvait faire intervenir des souvenirs, des choses un peu étranges comme au tout début il y a un immeuble dans le désert après ils marchent, ils avancent et là ils arrivent devant la mer en fait dans ce désert tout peut il y a plein de trucs qui peuvent apparaître et je crois que aussi je trouve ça juste joli ... les paysages de dunes et tout ça il y a un côté le petit prince qui me plait bien et pour le bar tu t'es inspiré d'un bar en particulier ? non pour moi c'est un mélange de bars en fait je voulais que ce soit un bar assez classique un bar restaurant assez classique où tout le monde puisse se projeter et surtout un bar un peu froid Ouais, pas hyper chaleureux.

  • Speaker #1

    Il n'y a que deux personnes qui sont colorées.

  • Speaker #0

    Oui, voilà, les autres, c'est des ombres. Et il y a quelques tableaux au mur, mais c'est que des tableaux de plage. donc les plages de plein d'autres gens qui sont venus avant et le titre les belles cicatrices tu l'as choisi comment ? ça c'est vraiment la chose qui n'a jamais changé il était là depuis le début et je l'ai choisi comment ? j'aime bien quand dans les titres il y a des choses qui ne vont pas ensemble donc belles et cicatrices et... J'ai choisi comment... C'est qu'au départ ça devait être... l'idée c'était d'avoir un... c'était vraiment autre chose le concept visuel c'était une morgue avec deux médecins légistes qui dissèquent un corps du coup ce corps avait plein de cicatrices à la fin parce qu'ils avaient ouvert un peu partout et en fait ce corps c'était... C'était le symbole de leur histoire d'amour qui disséquait au fur et à mesure. Et je pensais pour ça qu'il y avait cicatrices. Et après, c'est resté parce que les cicatrices, c'est les tâches qu'il y a sur la nappe qu'on voit vraiment très bien à la fin du film parce qu'il y a un plan, un top shot dessus. C'est la cicatrice de Gaspard, c'est les cicatrices intérieures des deux personnages. C'est plein de choses.

  • Speaker #1

    Et une fois donc... que le film est fini, il est sélectionné à Cannes. Comment est-ce que tu as appris que le film était sélectionné à Cannes et comment tu as réagi ?

  • Speaker #0

    Comment j'ai appris ? Déjà, on l'envoie à Cannes. Après, je ne sais pas, un peu début avril, je crois qu'on sait un peu qu'on est toujours dans la course, mais on ne sait pas encore si on est sélectionné ou pas. Et ensuite, on nous avait dit que toutes les semaines, ils enlevaient des films au fur et à mesure de leur présélection. Ils enlèvent, ils enlèvent. Il y a l'annonce des longs-métrages à Cannes. Du coup, moi, je m'étais dit, OK, on va savoir là. En fait, on ne savait pas du tout là. Donc, on attend encore, on attend encore. Moi, j'avoue, je n'ai jamais été aussi angoissé de ma vie qu'à ce moment-là. Je ne dormais pas beaucoup. Parce que je savais qu'on y était toujours. Et moi, j'avoue que c'était quand même un rêve d'aller à Cannes. Je ne m'étais jamais dit que c'était possible. Et là, ce n'était plus très loin. Donc je me disais, putain, c'est trop chiant si on n'y va pas. Et en même temps, j'essayais de rester cool. Et je ne sais plus, au bout de deux ou trois semaines après l'annonce officielle des longs métrages, je me suis dit, ok... je savais qu'il y a tel jour on allait savoir donc je passe toute la journée hyper stressé à attendre qu'on m'appelle sur mon portable évidemment il y a des gens qui m'appellent c'est de la pub et tu y crois à chaque fois et je me dis putain ça y est je vais savoir et tout finalement je rentre chez moi en me disant bon ok c'est mort demain ils annoncent les films donc je suis pas dedans et là on m'appelle Et du coup, c'est un des sélectionneurs des films de Cannes qui m'appelle et qui me dit « Raphaël, tu vas à Cannes » . Et voilà, je raccroche et là, je pleure pendant, je ne sais pas, une ou deux heures. J'appelle tout le monde. À chaque fois que j'arrive à me calmer, je rappelle les gens et puis je finis par replorer. Mes parents, quand je les ai appelés, je leur ai dit à tous de... Toute la famille doit se mettre devant le téléphone. Et puis je me mets à chialer. Et du coup, il pense qu'en fait, il m'arrive un truc hyper grave, que j'ai une maladie ou quoi. Parce que je n'arrive pas à dire ce qui se passe. Et du coup, je finis par dire que je vais à Cannes. Et tout le monde est rassuré. Et voilà, c'était beaucoup d'émotions. Et le soir même, j'allais chez une copine qui avait animé sur le film. On avait une petite soirée prévue. du coup elle j'avais gardé la surprise et j'avais ramené une bouteille de champagne du coup j'ai dit au fait j'ai un petit truc à te dire et voilà et après c'était trop bien d'aller à Cannes surtout il y a une grosse partie de l'équipe du film qui avait pu venir et c'est beaucoup des copains donc j'étais trop content de partager ça avec eux et qu'ils puissent me soutenir et profiter aussi de ce moment parce que c'est un moment ils avaient bien bossé sur le film, donc c'était normal qu'ils profitent aussi.

  • Speaker #1

    Et du coup cette sélection à Cannes, ça a été quoi son impact sur la com du film ?

  • Speaker #0

    Je pense que ça a bien servi pour qu'il soit repéré par les festivals et tout ça après. Donc ça a bien aidé pour être sélectionné dans pas mal de festivals. Et non, après, c'est surtout de la fierté d'avoir été à Cannes. Et peut-être aussi ça a aidé le film quand il est sorti sur Arte, pour qu'il ait un peu plus de visibilité, tout ça quoi.

  • Speaker #1

    Justement, en parlant de Arte, quel est le rapport entre le film et Arte ? Est-ce qu'ils interviennent dans la production ? Est-ce qu'ils sont juste diffuseurs ?

  • Speaker #0

    Là, ils étaient diffuseurs seulement. Ils avaient pré-acheté le film sur Scenario. Je crois qu'il peut y avoir différents modes d'achat d'Arte. Je crois qu'ils peuvent être coprod aussi, ou acheter le film une fois qu'il est fini. et du coup c'est pas forcément les mêmes sommes qui va pour faire le film après et c'était la première fois que il t'a acheté un film comme ça ? j'avais fait un petit film dans une collection de films qui s'appelle Shortcuts qui sont produits par Caïman Productions où en fait on doit résumer en une minute un long métrage qui va passer sur Arte ensuite mais mais on se... ça c'est pas Arte qui me l'a acheté c'est plus Caïman qui a un deal avec Arte où ils font ce programme là donc non là c'était la première fois que j'avais en face de moi Hélène Vessière qui choisit les courts-métrages d'Arte et on a eu de la chance, elle a bien aimé donc elle nous a pris et elle a aussi pris mon prochain cours là ok et qui sortira quand ? oula

  • Speaker #1

    mais il sera fini fin 2026 début 2027 ok bon bah on va attendre un peu en tout cas quand les belles cicatrices sont le film est sorti sur Arte Arte a fait une com sur les réseaux et ça a fait un buzz surtout sur TikTok avec des extraits repris des milliers de fois et en tant que jeune réalisateur un buzz de cette ampleur ça t'a effrayé ou ça t'a fait du bien ...

  • Speaker #0

    Les deux, je pense. Parce qu'en animation, on n'a quand même pas l'habitude d'avoir, surtout en court métrage, enfin moi je ne m'étais jamais dit qu'il allait se passer ça. Pour moi, on allait faire 50 000 vues sur le YouTube d'Arte et c'était déjà pas mal. Et en plus, on avait lancé les paris avec mes productrices. Moi j'avais dit 100 000, elles m'avaient dit non, je pense, enfin on verra, mais déjà 50 000, ça serait super. Et à la fin, on était à 1 500 000. Non, TikTok, moi, je n'ai même pas TikTok. Donc, c'est ma petite sœur qui m'a dit qu'il y avait le film. Mais d'abord, ce n'était pas Arte qui avait mis sur TikTok. C'était quelqu'un qui avait téléchargé le film sur YouTube directement, qui avait mis des tout petits extraits. Et il y en avait qui avaient bien marché, donc nous après on a prévenu Arte qu'il se passait quelque chose, donc ils ont repris le flambeau. Mais non, c'est impossible de prévoir ça, et bah oui ça fait un peu peur, et en même temps c'est trop chouette parce que ça veut dire que ça parle à plein de gens et qu'on a bien travaillé, donc c'est cool.

  • Speaker #1

    Et t'as eu beaucoup de messages sur les réseaux de gens qui t'ont fait des retours du film ?

  • Speaker #0

    Ouais, j'avais beaucoup de messages tous les jours. Là, ça s'est calmé, mais oui, pendant un mois, j'ai eu mon téléphone qui vibrait pas mal. Et c'était super. En même temps, je voulais prendre le temps de répondre à tout le monde pour remercier à chaque fois, mais voilà, ça prend un peu de temps.

  • Speaker #1

    Et pour... Pour finir un petit peu sur la discussion, toi, tu es encore au début de ta carrière. Donc, je n'ai pas trop envie de te demander qu'est-ce qu'on peut retenir de toi parce qu'il te reste encore plein de choses à faire. Du coup, je vais te demander plutôt quels sont tes projets d'avenir, etc. Même si on l'a évoqué tout à l'heure un petit peu.

  • Speaker #0

    Du coup, un court-métrage que je fais avec la cellule production. et qui sera sur Arte. Un long métrage que je produis avec, que je ferai sûrement avec Balade Sauvage et qu'en tout cas je coécris avec Pierre Le Gall qui avait écrit avec moi Les Belles cicatrices. Mais ça, on verra. Je ne sais pas si ça existera un jour, j'espère qu'on trouvera l'argent pour le faire. Et sinon... Déjà on fait ça, ce sera pas mal. Après je développe aussi une série avec plus cartoon ado adulte donc rien à voir avec ce que je fais tout seul. Du coup plus rigolo avec des copains. On verra ce que ça donne. En tout cas j'espère que ça sortira un jour. Et voilà c'est déjà pas mal. Après j'aimerais bien faire un peu des clips, des projets. plus court où je pourrais essayer des choses et même faire de la d a pour quelqu'un d'autre par exemple ça me plairait bien parce que c'est assez lourd de porter des projets personnels donc juste entre guillemets être être sur de la d a sur pas un projet à moi ça me libère un peu d'espace mental on va dire du coup plutôt des projets courts pour le moment et pour le live

  • Speaker #1

    l'avenir, les longs ?

  • Speaker #0

    Après, la série, par exemple, ça c'est un projet qui peut durer assez longtemps. Le long, aussi longtemps qu'il faudra pour trouver des sous. J'espère donc le moins longtemps possible. Mais il faut déjà qu'on écrive quelque chose. Et voilà.

  • Speaker #1

    Mais du coup, une fois qu'on a été à Cannes, sans rentrer dans le cliché, mais financer des films, c'est un peu plus facile ou pas ?

  • Speaker #0

    Sûrement qu'on fait plus confiance mais après je saurais pas dire si c'est plus facile. Oui c'est plus facile dans le sens où il y a un tampon, un label Cannes si on veut. Donc on va plus me prendre au sérieux. Mais ça veut pas dire que je suis assuré de faire ce que je veux plus tard non plus. donc faut pas que je fasse n'importe quoi faut que je continue à bien faire des films, à être sérieux

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Raphaël Jouzot, c'était la fin de cet épisode je remercie aussi Maxence qui m'a aidé à écrire à rédiger cet épisode et vous pouvez retrouver donc cet épisode sur toutes les plateformes d'écoute de podcast et sur Youtube en version vidéo et Raphaël on peut te suivre sur les réseaux sur Instagram ok bon bah on va suivre Raphaël Jouzeau sur Instagram et merci encore de merci beaucoup d'avoir été mon invité pour ce premier épisode à bientôt au revoir

Chapters

  • Comment a-t-il grandi et ses études

    00:00

  • Le cinéma d'animation / les courts métrages

    09:46

  • Les belles cicatrices

    24:02

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Description

Nommé à Cannes l'année dernière pour "Les belles cicatrices", Raphaël Jouzeau est le premier invité de Face B. Ensemble, nous avons échangé sur le cinéma d'animation, les courts-métrages et leur place dans le cinéma aujourd'hui. Il m'a aussi raconté comment s'est déroulée l'aventure "Les belles cicatrices", de l'écriture jusqu'à Cannes en passant par la construction du projet et le buzz sur les réseaux.

Retrouvez Raphaël Jouzeau sur Instagram : https://www.instagram.com/raphaeljouzeau/?hl=fr


Merci à Raphaël d'avoir honoré mon invitation. Merci à Maxence Gibault pour son aide à l'écriture de ce podcast.

Cet épisode a été enregistré le vendredi 11 avril à Paris.


Tous les épisodes de Face B sont à retrouver en audio sur les plateformes d'écoutes et en vidéo sur YouTube : https://youtube.com/@benjamin.terrie?si=hcu7e2BJOuXIUx3l


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bon,

  • Speaker #1

    euh... C'est n'importe quoi.

  • Speaker #0

    Je t'en fous ! C'est pour ça que c'est cool le cinéma ! Ça sert à rien ! Ok ?

  • Speaker #1

    C'est le scénario qui détanche tout.

  • Speaker #0

    Pas tout,

  • Speaker #1

    mais enfin beaucoup de choses.

  • Speaker #0

    Oui, parce que je trouve que c'est la chose sur laquelle on doit être le plus exigeant.

  • Speaker #1

    C'est l'histoire. Bonjour à tous et bienvenue dans Phase B, votre nouveau podcast sur le cinéma. Et pour ce premier épisode, je reçois un réalisateur, un jeune réalisateur, qui a notamment été nommé à Cannes l'année dernière. Bonjour Raphaël Jouzot.

  • Speaker #0

    Bonjour.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir accepté d'être mon premier invité.

  • Speaker #0

    Merci de m'avoir invité.

  • Speaker #1

    Pour préparer ce podcast, je me suis donc renseigné un peu sur d'où tu venais, ce que tu as fait. Et dans une biographie d'un festival qui a fait ta biographie, ils ont écrit que tu es né en mars 1993. Jusque là, ils ne se trompent pas. C'est tout bon. Dans le 12e arrondissement de Paris.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Et... pas loin du périphérique pour ne jamais être loin de la route de l'aventure. Est-ce que tu te considères comme un aventurier ?

  • Speaker #0

    Alors, cette biographie, c'est moi qui l'ai. Parce que souvent, on demande une biographie ou un truc comme ça et du coup, c'est mes prods qui m'ont dit, t'as pas une biographie à leur envoyer. Du coup, souvent, c'est les réals qui écrivent leur propre...

  • Speaker #1

    C'est toujours un peu gênant. T'as écrit à la troisième personne, c'est marrant.

  • Speaker #0

    Bah oui parce que du coup on fait comme si c'était pas moi qui l'avais.

  • Speaker #1

    Et du coup t'as grandi à Paris ?

  • Speaker #0

    J'ai grandi dans le 12ème jusqu'à la moitié de l'école primaire je crois et ensuite on est parti à Fontenay-sous-Bois en banlieue.

  • Speaker #1

    Ok et du coup t'as baigné un peu depuis tout petit dans ce milieu artistique parisien culturel un peu ?

  • Speaker #0

    Ouais bah mes parents ils m'emmenaient... presque tous les week-ends, ils nous emmenaient voir des expos, au cinéma, tout ça. Ma grand-mère m'emmenait à la cinémathèque voir des vieux films. Donc oui, j'ai eu de la chance. Je ne me plains pas là-dessus. J'ai été bien. Même si à la fin, j'en avais un peu marre quand j'étais ado. J'avais la flemme de voir les expos et tout. Je préférais jouer aux jeux vidéo.

  • Speaker #1

    Et du coup, le cinéma, ça a été le... La chose qui t'a le plus marqué dans cette vie culturelle ? Parce qu'il y a les expos, donc il peut y avoir la peinture, etc.

  • Speaker #0

    Non, au tout départ, je crois que je voulais plutôt... Quand j'étais au collège, je voulais plutôt être designer ou architecte. Parce que mon papa, il redessinait souvent des maisons qu'il aimait bien, du corbusier, de tout ça. Et moi, je trouvais ça joli, ces dessins, donc je voulais faire pareil. Et ensuite, qu'est-ce qui s'est passé ? Mon père travaille beaucoup avec des illustrateurs aussi, donc souvent il me montrait plein de bouquins, d'illustrations, de BD et tout. Donc il y a eu un moment où j'hésitais à faire ça. Ensuite j'ai vu une collection de films qui s'appelle Peur du Noir, qui avait été faite il y a 20 ans, tout comme ça.

  • Speaker #1

    C'est quand tu étais ado que tu l'as vu du coup ?

  • Speaker #0

    Je l'ai vu ado, ouais, dans une projection spéciale, je crois que c'était au McVal en banlieue parisienne. Et j'avais trouvé ça super. Donc j'hésitais un peu entre les deux, j'ai passé mon bac RICRAC, et mes parents ont bien voulu me suivre pour me payer une prépa. privé parce que j'avais été pris dans les manas et tout ça, dans les prépas publics du coup pour aller aux grandes écoles d'art donc j'ai fait ça, là j'ai passé des concours, j'avais eu l'MK Angoulême et les arts déco de Strasbourg je crois que j'avais envie, en fait je suis arrivé au concours des arts déco et j'ai vu tous les ateliers, tous les trucs qui étaient à disposition des élèves et je me suis dit Non, en fait, je n'ai pas envie de faire du cinéma d'animation tout de suite. Je veux d'abord bricoler des trucs, avoir plein de petites expériences un peu marrantes où je touche un peu à tout. Voilà. Après, j'ai été aux arts déco pendant trois ans. J'ai, pour des raisons personnelles, j'ai dû partir des arts déco. OK. Et du coup, je me suis re... rebifurquer vers l'animation donc j'ai refait une prépa pour trouver une école et ensuite j'ai été dans la première promo de l'atelier de Sèvres qui s'appelait, l'école s'appelait l'atelier supérieur d'animation mais elle a changé de nom maintenant Et voilà, ça c'était super.

  • Speaker #1

    Et de 2016 à 2019, tu es donc à l'atelier supérieur d'animation. C'est quoi en fait ?

  • Speaker #0

    L'école, en gros, du coup, elle était toute nouvelle. Et le but, c'était de faire une école un peu entre la poudrière à Valence et les Gobelins. Donc une école de... d'auteur-réalisateur, mais avec quand même pas mal de cours techniques pour apprendre à savoir utiliser pas mal de logiciels, maîtriser assez l'animation. Et le but c'était de faire aussi pas mal de workshops où on pouvait tester plein de choses. Donc je sais pas, on a fait six ou sept petits films avant la troisième année où on a fait notre film de fin d'études tout seul.

  • Speaker #1

    Et en écoutant un podcast que tu avais fait il y a quelques mois, il y a un mot que tu as utilisé là et que tu avais beaucoup utilisé dans le podcast, c'était workshop. Et en fait, je n'ai pas compris du tout ce que c'était.

  • Speaker #0

    Ok. Un workshop, c'est en gros pendant un temps donné. Donc nous, en général, c'était deux semaines, deux, trois semaines. Ok. On a un sujet. Donc là, je ne saurais pas dire quoi, mais on avait un sujet, une phrase, un truc. Une phrase. Et une technique imposée, en général. Donc ça pouvait être du sable animé, de la peinture animée, de la 2D, etc. Et des intervenants qui connaissaient en particulier ces techniques-là. Donc, je sais plus, pour peinture animée, on avait eu Agnès Patron, on avait eu Hugo Bienvenu et Kevin Manac en 2D. Enfin voilà, on avait des gens stylés. Donc c'était chouette. Et en gros, on se met... par équipe, je ne sais pas, trois, quatre, et on faisait un petit film. Je ne crois pas que la durée, il n'y avait pas de durée imposée, mais en général, c'était quoi, une, deux minutes, un truc comme ça. Et du coup, ça nous a aussi permis de faire plein de tests, d'essayer plein de choses, de narration, et de s'éclater quand même, parce qu'on était quand même assez libre pour voir à quel point le sujet pouvait être... On pouvait... dépasser les règles ou pas.

  • Speaker #1

    Et à la fin de ton cursus, du coup en 2019, ton film de fin d'études, Dès tout petit rien, sort. Et déjà je voulais savoir ce que c'est, ce qu'il y a de différent entre un film que tu fais durant ton cursus et le film de fin d'études.

  • Speaker #0

    Bah le film de fin d'études là ça devient déjà beaucoup plus personnel parce que nous on le faisait tout seul, enfin la plupart, on faisait ça tout seul. Et du coup, forcément, quand tu fais un film tout seul, et que tu ne sais pas si ça va être ton seul film tout seul dans ta vie, parce qu'on ne se destinait pas forcément tous à être réalisateur ou réalisatrice, du coup, forcément, la plupart d'entre nous, on a parlé de sujets très personnels. Et moi, j'avais une rupture assez douloureuse, peut-être un an et demi avant. Et ça me restait toujours et je crois que j'avais des trucs à faire sortir. Donc c'était une bonne occasion.

  • Speaker #1

    Du coup c'est un peu comme l'artiste qui ressort tout son mal-être dans son œuvre.

  • Speaker #0

    Oui, mal-être, bon après il n'y a pas que des choses mal dans une rupture. Mais oui je crois que j'avais juste des trucs à faire sortir quoi. Et des personnages, j'avais envie de montrer un certain type de personnages.

  • Speaker #1

    Du coup tu te considères comme un artiste aujourd'hui ? Parce que en fait tu mélanges plusieurs arts, en fait tu mélanges le 7ème art qui est le cinéma et tu mélanges aussi le dessin, du coup c'est hyper riche, en fait tout s'assemble, est-ce que du coup tu te considères un double artiste en plus ?

  • Speaker #0

    Bah je sais pas, artiste ça me paraît, enfin moi artiste j'ai l'impression de voir... des gens qui font des performances et qui sont capables de parler extrêmement longtemps de concepts, d'artistique, de trucs... Enfin en fait je suis incapable de faire ça et je respecte beaucoup ça, mais moi je sais pas faire ça, je pense que je me vois plus comme un espèce d'auteur artisan qui fabrique des images et des films. en écrivant des histoires.

  • Speaker #1

    Et du coup, moi je voulais revenir un peu sur ce que c'était le cinéma d'animation et ce que c'était les courts-métrages. Parce qu'en fait, dans l'imaginaire collectif, le cinéma c'est un peu un long-métrage en prise de vue réelle, j'ai l'impression. Et toi tu viens casser cette norme de l'imaginaire collectif avec un, des courts-métrages et deux, du cinéma d'animation. Du coup, tu viens casser cette... Cette norme et cet imaginaire collectif ? Parce que peut-être ce n'est pas le cas à Paris, parce qu'il y a énormément de films différents, mais en province, quand on va au cinéma, c'est pour voir 1h30 de films et de prises de vue réelles.

  • Speaker #0

    Oui, je pense qu'en vrai, il y a énormément... Je ne me considère pas d'avoir cassé quoi que ce soit, mais il y a énormément de courts-métrages qui sortent chaque année en animation et encore plus. plus en prise de vue réelle c'est juste que en effet pour les voir il faut soit aller dans les festivals et il y en a quand même beaucoup parce que j'en fais pas mal cette année donc je vois tout ce qu'il y a et il y en a vraiment partout mais après il faut évidemment faire le chemin vers le festival et se tenir au courant de tout ça et avoir envie d'aller voir des courts métrages moi c'est sûr que avant dans de faire du court-métrage j'allais pas forcément dans les festivals voir des courts-métrages je regardais un peu sur Arte je regardais sur Arte sur France Télé des courts-métrages mais c'est tout et

  • Speaker #1

    je sais plus ce que je disais que les courts-métrages du coup en fait pour expliquer un peu moi Quand on regarde un peu la biographie de certains grands réalisateurs ou juste des personnes qui travaillent sur des grands films, c'est des personnes qui ont commencé avec des courts-métrages et du coup ils les ont un peu utilisés comme des tremplins. Aujourd'hui, est-ce que tu dirais que c'est ça la principale place dans le milieu du cinéma des courts-métrages ? C'est juste d'être un tremplin quoi ?

  • Speaker #0

    Alors je pense peut-être plus en prise de vue réelle qu'en animation. que premièrement ça met beaucoup moins de temps prise de vue réelle de faire un court métrage qu'en anime je sais pas je pense bon je vais peut-être dire n'importe quoi mais je pense un ou deux ans pour un film en prise de vue réelle le temps de le financer le faire ça en anime nous par exemple on a mis quatre ans et il ya beaucoup de gens et donc un long métrage c'est plus long et c'est plus compliqué à faire financer un film d'animation oui surtout en ce moment en plus je pense que oui si ça découle pas d'une franchise ou d'un truc comme ça si c'est une histoire originale si c'est pas une adaptation je pense que c'est un peu chaud il faut se battre un peu il faut se battre un peu mais il y a toujours moyen et après ça coûte cher l'animation donc il faut trouver des sous, des partenaires mais bon si l'histoire est assez bonne j'espère que ça marche

  • Speaker #1

    Est-ce que tu penses que des personnes qui ont réussi dans les longs métrages peuvent revenir à faire des courts métrages ?

  • Speaker #0

    Oui je crois qu'il y en a pas mal qui font ça mais c'est vrai qu'en animation la plupart du temps ça nous va très bien de faire que des courts métrages Parce que du coup, ça prend déjà tellement de temps. Et en soi, j'ai l'impression qu'en animation, comme on sait qu'on ne fera peut-être pas de longs métrages, on fait vraiment des histoires qui ont des débuts et des fins. Alors que des fois, dans le court métrage, ça peut faire un peu...

  • Speaker #1

    Des mini-séries ?

  • Speaker #0

    Un peu teaser pour un long, où c'est une scène qu'on va réutiliser pour un long plus tard, pour espérer avoir des financements et tout ça. Bon après je dis ça, j'en sais rien mais... Mais j'ai l'impression qu'en court métrage en tout cas il y a plus de réals qui font vraiment que du court et qui vont pas forcément aller faire du long après, surtout qu'il y a beaucoup de courts métrages qui sont beaucoup dans de l'abstraction en animation aussi, de la transformation Des films presque qui ressemblent un peu à de la prise de vue réelle En termes de mise en scène, il y en a un peu, mais il n'y en a pas tant que ça non plus, j'ai l'impression.

  • Speaker #1

    Et pour revenir un peu plus sur ton actualité, quand je t'ai demandé si tu avais des actualités en ce moment, tu m'as dit que tu écrivais un long métrage.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Ça prend combien de temps ? Depuis combien de temps entier ? Parce que j'imagine que tu ne vas pas nous dévoiler...

  • Speaker #0

    Non, et puis je n'en sais rien surtout. Moi, je commence à écrire... je sais pas depuis décembre mais en fait c'est plus des petites idées de scènes de personnages de choses comme ça que là je compile et que ensuite avec le co scénariste on va on va essayer de voir si ça fait un film est aussi de pousser certaines choses ou non et de et voilà mais là ouais c'est assez Je peux dire un truc, mais ça se trouve, dans deux ans, ça sera autre chose.

  • Speaker #1

    Mais du coup, c'est un long métrage d'animation ?

  • Speaker #0

    Oui, je ne sais pas faire autre chose.

  • Speaker #1

    Toi, tu te vois rester pour le moment dans l'animation, parce que c'est ce que tu as appris, c'est ce que ton cursus t'a appris ?

  • Speaker #0

    Oui, et puis je crois que ça m'angoisse un peu un plateau de tournage et tout ça, où tout doit aller vite, où on doit tout faire. beaucoup moins de temps que l'animation, où on fait 2-3 secondes par jour. Donc j'ai le temps de réfléchir à mes scènes et de changer d'avis surtout. Alors qu'en prise de vue réelle, je pense que c'est trop tard. Il faut aller beaucoup plus vite. Et il y a beaucoup de gens qui demandent des choses quand même en même temps. Et moi je suis un peu angoissé.

  • Speaker #1

    Mais surtout si tu dois diriger, si tu as une personnalité qui n'ose pas donner des ordres, Ça peut être un peu compliqué sur un plateau de tournage.

  • Speaker #0

    Oui, surtout je ne suis pas sûr de moi, donc il faudra faire semblant tout le temps que je suis sûr de moi, et après regretter d'avoir dit un truc. Donc je préfère faire de l'animation où j'ai un peu plus de temps pour réfléchir.

  • Speaker #1

    Et justement pour revenir sur le cinéma d'animation, dernièrement il y a quand même pas mal de longs métrages ou de courts métrages qui sont faits pour les grands. Alors qu'on pourrait croire que l'animation, c'est juste les dessins animés. Alors que toi-même, tu le montres, tes films, il faut quand même une certaine maturité pour les comprendre et pour les voir. Et puis, je pense notamment au cinéma. Dernièrement, il y a eu plein de films d'animation qui sont faits pour adultes, justement. Du coup, tu considères que l'animation, c'est aussi un truc de grand.

  • Speaker #0

    Ah bah oui, moi, j'ai envie que ce soit un truc de grand aussi, en tout cas. Enfin, moi, le long que j'écris, le prochain cours que je suis en train de faire, oui, c'est pour les grands. Je n'ai pas d'enfants, donc peut-être quand j'aurai des enfants, j'aurai envie de faire des films pour eux. Mais pour l'instant, j'ai envie de faire des films pour mes copains et pour les gens, enfin pour les grands, quoi. Parce que je trouve qu'il n'y en a pas assez encore et il y a encore du boulot à faire. Et surtout, je trouve que... Comme la génération qui arrive d'adultes, on les a nourris de beaucoup de dessins animés, et je pense qu'en fait la génération qui arrive est prête aussi à se dire « je peux encore aller voir un film d'animation, c'est pas pour les enfants » . Et voilà, je pense qu'il y a un public qui s'ouvre à ça, qui va arriver, en tout cas j'espère.

  • Speaker #1

    C'est intéressant parce que tu me dis que tu as envie de faire des films pour tes copains, c'est trop cool je trouve comme démarche, ça veut dire que tu ne te poses pas de questions de est-ce que ça va plaire à d'autres gens, etc. Pour moi tu as juste envie de te faire kiffer.

  • Speaker #0

    Oui après je pars toujours du principe que je ne vais pas faire un film de manière égoïste juste pour moi, donc il faut que les gens y ressortent en ayant été touchés, en ayant ressenti des choses. donc je pense enfin quand je dis les copains c'est les copains et puis tout enfin le public quoi moi j'ai pas envie de faire un truc hyper niche où personne va rien comprendre et juste j'aurais fait un truc que

  • Speaker #1

    juste pour moi ou ça ça m'intéresse pas trop et toi tu as de ta vu devenir réalisateur pour des copains fin pour justement pour faire partager ce truc là c'est pour ça que tu as voulu devenir réalisateur ben je pense

  • Speaker #0

    que je voulais raconter des histoires donc j'écrivais déjà un peu des histoires et j'aime bien quand même toucher à plein de choses à plein d'étapes, je pense que ça ça vient aussi des arts déco et d'avoir touché à plein de matières et tout et j'ai peur toujours de m'ennuyer un peu par exemple si j'étais juste si je faisais que l'animation dans les films j'aurais trop peur de que ça ne me suffise pas et que je m'ennuie, parce que ça peut être des étapes un peu répétitives des fois. Et en fait, je crois que j'ai besoin d'être stimulé par pas mal de trucs différents. C'est pour ça que j'aime bien participer un peu à toutes les étapes. Et voilà, c'est hyper intéressant. On parle de son, d'image, de mouvement. C'est sans fin, quoi.

  • Speaker #1

    Et c'est quoi tes inspirations dans le cinéma aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Moi, je... Je pense que je me suis dit que j'avais le droit de faire des films quand j'ai vu les clips ou les films de Michel Gondry. C'est des effets spéciaux un peu bricolés. On a l'impression que tout le monde peut le faire chez soi. Il faut juste avoir pas mal d'imagination et une petite caméra. On faisait ça avec mes frères et soeurs quand j'étais ado. J'avais demandé à un appareil photo numérique pour se filmer. Et on refaisait des films genre Indiana Jones, James Bond, tout ça. Donc c'était plutôt chouette. Et voilà, du coup, je ne sais pas, on a fait une vingtaine des films comme ça, les étés et pendant les vacances.

  • Speaker #1

    C'est ça qui t'a lancé dans le cinéma, vraiment ?

  • Speaker #0

    Lancé dans le cinéma, je ne sais pas, mais...

  • Speaker #1

    T'as lancé cette passion ?

  • Speaker #0

    Ouais, faire du montage sur iMovie, sur le Mac à la maison. En fait, on touchait déjà un peu à tout. On allait chercher de la musique sur des CD à la bibliothèque, des musiques de films. On ramenait à la maison, on mettait sur l'ordi, on essayait des choses. Ouais, je pense que c'était un peu apprendre des petites bases de cinéma. Mais après l'animation, il y a encore d'autres trucs à apprendre. Genre dessiner par exemple.

  • Speaker #1

    Justement, ça a été naturel. Quand tu étais ado, tu dessinais déjà un peu ou tu as vraiment dû apprendre ?

  • Speaker #0

    Je pense que je dessinais comme tout le monde dans les marges de mes cahiers en maths ou quand je m'ennuyais un peu. C'est-à-dire un peu tout le temps, je pensais à l'école. Et après, au lycée, j'ai commencé à prendre des cours de modèle vivant parce que je savais que je voudrais faire une école d'art. Donc, il fallait se préparer parce qu'il y aurait des concours et tout. Donc, il fallait quand même avoir un tout petit niveau. Donc, j'avais commencé à faire ça. Et en fait, après, en école d'art, tu continues à faire du modèle vivant, de la perspective, des trucs comme ça. Mais je ne me considère pas comme un grand dessinateur non plus. Je ne suis pas hyper bon techniquement.

  • Speaker #1

    Comme une réalité nommée à Cannes.

  • Speaker #0

    Oui, mais là, je parle vraiment de technicité de dessin et de morpho. Et puis, je ne suis pas tout seul à avoir fait le film. On m'a bien aidé. Justement, j'ai pris des gens qui décident mieux que moi.

  • Speaker #1

    Tu as peut-être un peu devancé ma question qui était qu'est-ce que c'est ta Madeleine de Proust dans le cinéma aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Moi, j'adore Indiana Jones. Donc vraiment, je peux regarder ça. Même les derniers, je m'en fous. Tout le monde crache dessus. Moi j'aime bien.

  • Speaker #1

    Du coup tu les regardes une fois par an ?

  • Speaker #0

    Je sais pas, souvent le soir je me mets un petit film comme ça, comme pour s'endormir, comme si on me racontait une histoire, ça m'arrive de mettre un petit film et je m'endors devant Indiana Jones, on est tous comme ça. Sinon je regarde souvent, là c'est une autre ambiance, des films de David Fincher, Zodiac. Seven, j'arrive quand même à m'endormir devant.

  • Speaker #1

    C'est vrai ? Non, c'est pas facile, j'imagine.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est des serial killers, c'est pas très...

  • Speaker #1

    Les films sont hyper prenants, donc ça donne pas envie de... Même si on connaît la fin, parce qu'on l'a vue plein de fois, on a envie de revoir.

  • Speaker #0

    Mais voilà, d'autres films comme ça...

  • Speaker #1

    Donc maintenant, on va passer à la partie un peu plus actuelle. On a un peu balayé ton passé sur d'où tu viens et ce que tu as fait, tes inspirations. Et l'année dernière, tu as été nommé à Cannes dans la catégorie des meilleurs courts-métrages.

  • Speaker #0

    Oui, compétition officielle.

  • Speaker #1

    Pour Les Belles Cicatrices, est-ce que tu peux déjà rappeler un peu le pitch du film ?

  • Speaker #0

    Le pitch du film, c'est Gaspard et Laila qui se retrouvent après l'été dans un bar bondé. Et en gros... Ils se sont séparés il y a deux mois et Gaspard vient voir s'il y a toujours moyen de se remettre ensemble et elle vient vérifier qu'il a bien compris que c'était fini. Donc voilà, il se passe des choses après.

  • Speaker #1

    Et dans ce court métrage, on entend donc les voix des deux personnages qui sont incarnés par deux acteurs, Fanny Sidney et Quentin Dolmer, qu'on peut voir à l'écran dans de nombreux films et séries. Comment est-ce que tu les as rencontrés et choisis ?

  • Speaker #0

    Moi, comme c'est mon premier film, je ne savais pas trop quel comédien ou acteur on pouvait contacter. Donc c'est plutôt mes productrices qui m'ont proposé des gens. et elles m'ont proposé, en fait c'était les premiers choix, donc elles m'ont proposé Quentin parce que c'est des gens avec qui elles avaient travaillé de près ou de loin, et Quentin je crois a un peu une voix qui peut me ressembler, donc je pense que voilà, et il a une voix un peu fragile tout ça, et ça correspondait bien au personnage, et Fanny, et bah... Fanny a une voix plus assurée, mais en même temps elle est capable de sortir des choses très profondes, très sensibles. Et c'est ça que j'avais bien aimé quand on me les a proposés. Et ça s'est révélé être des très bons choix. En tout cas, moi je suis bien content d'avoir bossé avec eux. Et normalement je vais...

  • Speaker #1

    re-bosser avec eux là dans un mois pour enregistrer les prochaines voix pour un autre film pour un autre film totalement pas une suite c'est une suite sans être une suite à moitié mais justement ce qui est intéressant c'est que c'est des acteurs qu'on peut voir dans des films c'est pas du tout des comédiens de doublage donc moi j'étais surpris quand j'ai vu que justement moi pour le coup j'avais pas du tout reconnu la voix de Fanny Sidney alors qu'on l'a vu notamment dans 10% par exemple, et je ne l'avais pas du tout reconnu, j'étais étonné de voir que ce n'était pas des comédiens de doublage, c'était des vrais acteurs.

  • Speaker #0

    Ouais, bah... En fait, on n'est pas forcément allé voir des comédiens de doublage, parce que déjà mes productrices, elles ne bossaient pas dans l'animation au départ, donc elles bossent souvent en prise de vue réelle, donc avec des comédiens, tout ça, donc elles avaient plutôt un carnet de... contact comme ça. Et aussi, nous, ça nous allait très bien de prendre des comédiens en pas de doublage parce que de toute façon, en fait, on enregistre les voix avant de fabriquer le film, donc pour le mettre sur un storyboard animé qu'on appelle animatique, et pour qu'ensuite, les animateurs, animatrices puissent refaire le lip-sync sur les voix directement, pour que ça corresponde bien au niveau mouvement des lèvres. Alors que les doubleurs souvent ils peuvent arriver aussi après pour quand le film est fini et en fait ils doivent juste parler. C'est eux qui doivent s'adapter au mouvement des lèvres donc c'est un peu l'inverse. Et moi j'avais pas envie qu'on, enfin j'avais envie que les comédiens ils soient quand même libres de leur interprétation. Donc qu'ils aient pas forcément à suivre un truc très précis. Parce que moi, je ne suis pas infaillible sur... C'était genre mes voix, moi et ma sœur pour les voix témoins. Et on n'est pas comédien, donc se caler là-dessus, c'était peut-être pas une bonne idée. Donc je préférais laisser faire Fanny et Quentin qui sont des professionnels finalement.

  • Speaker #1

    Et justement, tu en as un peu parlé, le processus de construction de ce court-métrage qui s'est fait à l'envers parce que, pour expliquer un peu... C'est une vidéo sur Arte, je crois, qui a été faite, où on voit qu'ils sont filmés comme là, maintenant, et en train de lire le texte. Et donc, vous avez dessiné avec le mouvement des lèvres.

  • Speaker #0

    En gros, ça, c'est pour tous les films d'animation. On fait le montage avant de fabriquer le film, parce que ça coûte tellement cher qu'on ne peut pas se permettre de faire des secondes en trop tous les jours. Donc, en fait, le montage est déjà fini. Caler les voix aussi avant de tout animer.

  • Speaker #1

    Du coup, ça t'a permis de te rendre compte, justement, s'il y avait des trucs qui étaient en trop ou pas, quand c'était dit, quoi.

  • Speaker #0

    C'est ça, ouais. En fait, le film, en gros, il est en brouillon. Il est fini avant de faire vraiment les choses. Et en fait, on a déjà un petit film en soi. Et on les a filmés. C'était... pas tant pour le mouvement des lèvres parce que ça on peut le refaire assez facilement enfin on sait que comment les lèvres font quand il y a un O, un A, un E, tout ça. Mais c'était plus pour les mouvements des corps, des mains, je ne sais pas, un œil qui est un peu fragile, qui vacille comme ça. Plus pour choper des intentions d'acting que nous, en animation, on n'a pas toujours l'idée de mettre. Donc ça, c'était plus des références visuelles pour les animateurs. Et ensuite, ils avaient aussi des références de films où moi j'avais sélectionné des scènes dans des films où il y avait des acteurs qui étaient un peu dans le même état émotionnel que certaines scènes des belles cicatrices. Du coup, je leur montrais ça pour qu'ils aient aussi ces références-là en termes d'acting. Et c'était un mix de tout ça qui faisait qu'ensuite, ils ont fait leur propre acting à eux d'animateurs.

  • Speaker #1

    En tout, il y a combien de personnes qui ont travaillé sur les belles cicatrices ?

  • Speaker #0

    C'est une bonne question. À chaque fois, on me demande. Je pense qu'on est... Si on compte vraiment tous les postes, on doit être 20 à 25, un truc comme ça.

  • Speaker #1

    OK.

  • Speaker #0

    Mais, par exemple, on était cinq animateurs pour animer tout le film. Donc, animer, c'est vraiment juste dessiner le mouvement des personnages et les personnages bouger. Et on a fait ça pendant 4 mois en résidence avant Dôme. Et on faisait 2-3 ondes par jour. Et ça, je participais aussi. Mais j'avais un chef anime, du coup, j'étais à la fois le réal et le technicien. Je pouvais me faire gronder des fois parce que je n'avais pas bien animé. Mais il était gentil, donc tout va bien.

  • Speaker #1

    Et du début de l'écriture du court-métrage jusqu'à la finalité, il y a eu combien de temps ?

  • Speaker #0

    En gros, à partir du moment où j'ai signé avec les productrices, ça a mis 4 ans, je crois. Donc un an et demi à peu près pour écrire. Pas en continu, en intermittence, parce qu'il fallait que je bosse aussi à côté. Et ensuite, un an, un an et demi pour chercher l'argent. Et un an et demi à peu près pour vraiment fabriquer le film. Du moment où... Je compte à partir du moment où je fais le storyboard.

  • Speaker #1

    Alors pour parler un peu plus de la personnalité des personnages en profondeur, moi en voyant le court-métrage, il y a une phrase de Necfeu qui m'est venue, qui dit dans son documentaire, il dit les trucs les plus universels, c'est des trucs super précis et personnels. Les belles cicatrices, c'est à la fois hyper personnel, parce que c'est une rupture et que chaque rupture est unique. et nous on se reconnaît dedans ou alors on a reconnu quelqu'un en tant que spectateur mais du coup cette proximité elle est intervenue chez une énorme majorité des spectateurs donc il y a aussi ce côté universel donc en fait ma question c'est pour qu'on soit aussi proche des personnages il y a combien d'intimes dedans et à quel point ?

  • Speaker #0

    Bah oui le deal j'ai co-écrit avec Pierre Le Gall qui est scénariste Il m'a bien expliqué au début que le deal c'est que pour que ça soit universel, il fallait raconter des choses extrêmement précises. C'était comme ça que les gens allaient s'identifier. Et oui, on s'est beaucoup raconté nos histoires d'amour tous les deux, nos ruptures, les moments chouettes, tout ça. en étant extrêmement sincères l'un envers l'autre, en se racontant presque tout. Un peu comme une séance de psy. Ensuite, Pierre écrivait tout ça dans un document. Et ensuite, les missions qu'on se donnait, c'était de s'écrire toute une backstory des personnages, du moment où ils se sont connus, rencontrés, au moment où ils se sont mis ensemble. tous les souvenirs qu'ils ont eu ensemble jusqu'au moment où ils se retrouvent dans ce bar tous les deux. Donc en ce moment en fait il y a déjà tout eu, on pourrait faire d'autres films là-dessus. On a déjà tout plein de souvenirs et ensuite nous on a choisi quelques souvenirs en particulier qu'on avait écrit qui nous semblaient les plus marquants, les plus payants pour ensuite raconter le film et les personnages aussi, leurs relations entre eux.

  • Speaker #1

    Et moi j'adore ce film parce que ça mélange à la fois du fantastique, à la fois du réalisme dans le sens où il se retrouve dans un bar. Mais d'un coup, il plonge sous la nappe sans spoiler. Et là, il y a ce côté fantastique que j'adore. C'est un peu... Tu as mélangé plein de genres. Enfin, deux genres.

  • Speaker #0

    Oui, j'aime bien ce qu'on peut appeler... C'est des images mentales, en fait. Où on ne sait pas bien ce qui est vrai, ce qui n'est pas vrai. Et j'aime bien être sur... Cette espèce de crête où on marche sur la crête et il y a un côté c'est le fantastique, l'autre le réalisme. On ne sait jamais trop ce qui est dans la tête du personnage ou non. Et surtout, ce qui est important quand on fait ça, je trouve, c'est de ne pas que les personnages disent eux-mêmes « Ah, c'est bizarre ce qui se passe » ou des trucs comme ça, sinon là on n'y croit plus. Parce qu'on sait que c'est faux et que c'est dans la tête. Et je pense que c'est pas mal de garder le mystère de qu'est-ce qui est vrai ou pas. Et surtout, on s'en fout, c'est juste... Je pense que c'est une manière de voir le monde et on voit tous les choses un peu comme ça, où on s'imagine des choses. Par exemple, si moi je me balade dans la ville, dans Paris, il y a un coin de mur, pour moi ça va vouloir dire beaucoup de choses, parce que j'ai un souvenir là ou un truc comme ça. Alors que toi, si tu te balades devant ce coin de mur, ça ne va rien te dire, mais peut-être le banc après, ça voudra dire beaucoup de choses. Et moi, rien du tout. Donc il y a un peu ce truc de comment être dans l'intériorité des personnages et le mettre en image.

  • Speaker #1

    Tu as aussi mélangé des techniques, je pense notamment à la mer. Est-ce que tu peux expliquer un peu comment ça se passe, comment tu as construit cette image ?

  • Speaker #0

    Oui, donc la mer, c'est des prises de vue réelles. Donc je prends un appareil photo numérique pour filmer et je vais à la mer chez ma grand-mère en reprenant à peu près les axes de caméra dont j'avais besoin. Et je fais ça parce que moi, ça me rappelle un peu des vieux effets spéciaux dans les films où on superposait un peu des espèces de calques. Et en fait, on voit que c'est faux, mais moi j'aime bien ce côté-là, parce qu'il y a un côté un peu artisanal, où on se dit, ok, il y a quelqu'un derrière qui est en train de bricoler quelque chose, qui a fabriqué quelque chose. Il y avait un peu ça aussi au tout début de l'animation, je crois, dans la lanterne magique, toutes ces choses-là, où on superposait aussi des images. Et il y a aussi un truc tout bête, c'est que ça permet de ne pas animer la mer. Donc on gagne quand même beaucoup de temps comme ça. Et je ne sais pas, moi ça me plaît bien de mélanger des choses comme ça. J'avais déjà fait un peu des tests avant sur d'autres petits films. Et l'effet me plaît bien, outre le fait que ça soit économique en termes de temps et d'animation. C'est un bon équilibre, je trouve.

  • Speaker #1

    Et sur les lieux de... Déjà, la mer que tu as filmée, est-ce qu'elle a une signification ? C'était où que tu as filmé ?

  • Speaker #0

    J'ai filmé à côté de chez ma grand-mère où j'allais en vacances très souvent. Mais il s'est passé, j'ai eu aucune rupture amoureuse sur cette plage. C'est la question.

  • Speaker #1

    Et la plage qui est présente dans le court-métrage, c'est la plage de chez toi ?

  • Speaker #0

    Non, la plage... plage, au départ c'est un espèce de désert dans le film donc en fait c'était plus trouver un lieu comme ça un peu vierge où on pouvait faire intervenir des souvenirs, des choses un peu étranges comme au tout début il y a un immeuble dans le désert après ils marchent, ils avancent et là ils arrivent devant la mer en fait dans ce désert tout peut il y a plein de trucs qui peuvent apparaître et je crois que aussi je trouve ça juste joli ... les paysages de dunes et tout ça il y a un côté le petit prince qui me plait bien et pour le bar tu t'es inspiré d'un bar en particulier ? non pour moi c'est un mélange de bars en fait je voulais que ce soit un bar assez classique un bar restaurant assez classique où tout le monde puisse se projeter et surtout un bar un peu froid Ouais, pas hyper chaleureux.

  • Speaker #1

    Il n'y a que deux personnes qui sont colorées.

  • Speaker #0

    Oui, voilà, les autres, c'est des ombres. Et il y a quelques tableaux au mur, mais c'est que des tableaux de plage. donc les plages de plein d'autres gens qui sont venus avant et le titre les belles cicatrices tu l'as choisi comment ? ça c'est vraiment la chose qui n'a jamais changé il était là depuis le début et je l'ai choisi comment ? j'aime bien quand dans les titres il y a des choses qui ne vont pas ensemble donc belles et cicatrices et... J'ai choisi comment... C'est qu'au départ ça devait être... l'idée c'était d'avoir un... c'était vraiment autre chose le concept visuel c'était une morgue avec deux médecins légistes qui dissèquent un corps du coup ce corps avait plein de cicatrices à la fin parce qu'ils avaient ouvert un peu partout et en fait ce corps c'était... C'était le symbole de leur histoire d'amour qui disséquait au fur et à mesure. Et je pensais pour ça qu'il y avait cicatrices. Et après, c'est resté parce que les cicatrices, c'est les tâches qu'il y a sur la nappe qu'on voit vraiment très bien à la fin du film parce qu'il y a un plan, un top shot dessus. C'est la cicatrice de Gaspard, c'est les cicatrices intérieures des deux personnages. C'est plein de choses.

  • Speaker #1

    Et une fois donc... que le film est fini, il est sélectionné à Cannes. Comment est-ce que tu as appris que le film était sélectionné à Cannes et comment tu as réagi ?

  • Speaker #0

    Comment j'ai appris ? Déjà, on l'envoie à Cannes. Après, je ne sais pas, un peu début avril, je crois qu'on sait un peu qu'on est toujours dans la course, mais on ne sait pas encore si on est sélectionné ou pas. Et ensuite, on nous avait dit que toutes les semaines, ils enlevaient des films au fur et à mesure de leur présélection. Ils enlèvent, ils enlèvent. Il y a l'annonce des longs-métrages à Cannes. Du coup, moi, je m'étais dit, OK, on va savoir là. En fait, on ne savait pas du tout là. Donc, on attend encore, on attend encore. Moi, j'avoue, je n'ai jamais été aussi angoissé de ma vie qu'à ce moment-là. Je ne dormais pas beaucoup. Parce que je savais qu'on y était toujours. Et moi, j'avoue que c'était quand même un rêve d'aller à Cannes. Je ne m'étais jamais dit que c'était possible. Et là, ce n'était plus très loin. Donc je me disais, putain, c'est trop chiant si on n'y va pas. Et en même temps, j'essayais de rester cool. Et je ne sais plus, au bout de deux ou trois semaines après l'annonce officielle des longs métrages, je me suis dit, ok... je savais qu'il y a tel jour on allait savoir donc je passe toute la journée hyper stressé à attendre qu'on m'appelle sur mon portable évidemment il y a des gens qui m'appellent c'est de la pub et tu y crois à chaque fois et je me dis putain ça y est je vais savoir et tout finalement je rentre chez moi en me disant bon ok c'est mort demain ils annoncent les films donc je suis pas dedans et là on m'appelle Et du coup, c'est un des sélectionneurs des films de Cannes qui m'appelle et qui me dit « Raphaël, tu vas à Cannes » . Et voilà, je raccroche et là, je pleure pendant, je ne sais pas, une ou deux heures. J'appelle tout le monde. À chaque fois que j'arrive à me calmer, je rappelle les gens et puis je finis par replorer. Mes parents, quand je les ai appelés, je leur ai dit à tous de... Toute la famille doit se mettre devant le téléphone. Et puis je me mets à chialer. Et du coup, il pense qu'en fait, il m'arrive un truc hyper grave, que j'ai une maladie ou quoi. Parce que je n'arrive pas à dire ce qui se passe. Et du coup, je finis par dire que je vais à Cannes. Et tout le monde est rassuré. Et voilà, c'était beaucoup d'émotions. Et le soir même, j'allais chez une copine qui avait animé sur le film. On avait une petite soirée prévue. du coup elle j'avais gardé la surprise et j'avais ramené une bouteille de champagne du coup j'ai dit au fait j'ai un petit truc à te dire et voilà et après c'était trop bien d'aller à Cannes surtout il y a une grosse partie de l'équipe du film qui avait pu venir et c'est beaucoup des copains donc j'étais trop content de partager ça avec eux et qu'ils puissent me soutenir et profiter aussi de ce moment parce que c'est un moment ils avaient bien bossé sur le film, donc c'était normal qu'ils profitent aussi.

  • Speaker #1

    Et du coup cette sélection à Cannes, ça a été quoi son impact sur la com du film ?

  • Speaker #0

    Je pense que ça a bien servi pour qu'il soit repéré par les festivals et tout ça après. Donc ça a bien aidé pour être sélectionné dans pas mal de festivals. Et non, après, c'est surtout de la fierté d'avoir été à Cannes. Et peut-être aussi ça a aidé le film quand il est sorti sur Arte, pour qu'il ait un peu plus de visibilité, tout ça quoi.

  • Speaker #1

    Justement, en parlant de Arte, quel est le rapport entre le film et Arte ? Est-ce qu'ils interviennent dans la production ? Est-ce qu'ils sont juste diffuseurs ?

  • Speaker #0

    Là, ils étaient diffuseurs seulement. Ils avaient pré-acheté le film sur Scenario. Je crois qu'il peut y avoir différents modes d'achat d'Arte. Je crois qu'ils peuvent être coprod aussi, ou acheter le film une fois qu'il est fini. et du coup c'est pas forcément les mêmes sommes qui va pour faire le film après et c'était la première fois que il t'a acheté un film comme ça ? j'avais fait un petit film dans une collection de films qui s'appelle Shortcuts qui sont produits par Caïman Productions où en fait on doit résumer en une minute un long métrage qui va passer sur Arte ensuite mais mais on se... ça c'est pas Arte qui me l'a acheté c'est plus Caïman qui a un deal avec Arte où ils font ce programme là donc non là c'était la première fois que j'avais en face de moi Hélène Vessière qui choisit les courts-métrages d'Arte et on a eu de la chance, elle a bien aimé donc elle nous a pris et elle a aussi pris mon prochain cours là ok et qui sortira quand ? oula

  • Speaker #1

    mais il sera fini fin 2026 début 2027 ok bon bah on va attendre un peu en tout cas quand les belles cicatrices sont le film est sorti sur Arte Arte a fait une com sur les réseaux et ça a fait un buzz surtout sur TikTok avec des extraits repris des milliers de fois et en tant que jeune réalisateur un buzz de cette ampleur ça t'a effrayé ou ça t'a fait du bien ...

  • Speaker #0

    Les deux, je pense. Parce qu'en animation, on n'a quand même pas l'habitude d'avoir, surtout en court métrage, enfin moi je ne m'étais jamais dit qu'il allait se passer ça. Pour moi, on allait faire 50 000 vues sur le YouTube d'Arte et c'était déjà pas mal. Et en plus, on avait lancé les paris avec mes productrices. Moi j'avais dit 100 000, elles m'avaient dit non, je pense, enfin on verra, mais déjà 50 000, ça serait super. Et à la fin, on était à 1 500 000. Non, TikTok, moi, je n'ai même pas TikTok. Donc, c'est ma petite sœur qui m'a dit qu'il y avait le film. Mais d'abord, ce n'était pas Arte qui avait mis sur TikTok. C'était quelqu'un qui avait téléchargé le film sur YouTube directement, qui avait mis des tout petits extraits. Et il y en avait qui avaient bien marché, donc nous après on a prévenu Arte qu'il se passait quelque chose, donc ils ont repris le flambeau. Mais non, c'est impossible de prévoir ça, et bah oui ça fait un peu peur, et en même temps c'est trop chouette parce que ça veut dire que ça parle à plein de gens et qu'on a bien travaillé, donc c'est cool.

  • Speaker #1

    Et t'as eu beaucoup de messages sur les réseaux de gens qui t'ont fait des retours du film ?

  • Speaker #0

    Ouais, j'avais beaucoup de messages tous les jours. Là, ça s'est calmé, mais oui, pendant un mois, j'ai eu mon téléphone qui vibrait pas mal. Et c'était super. En même temps, je voulais prendre le temps de répondre à tout le monde pour remercier à chaque fois, mais voilà, ça prend un peu de temps.

  • Speaker #1

    Et pour... Pour finir un petit peu sur la discussion, toi, tu es encore au début de ta carrière. Donc, je n'ai pas trop envie de te demander qu'est-ce qu'on peut retenir de toi parce qu'il te reste encore plein de choses à faire. Du coup, je vais te demander plutôt quels sont tes projets d'avenir, etc. Même si on l'a évoqué tout à l'heure un petit peu.

  • Speaker #0

    Du coup, un court-métrage que je fais avec la cellule production. et qui sera sur Arte. Un long métrage que je produis avec, que je ferai sûrement avec Balade Sauvage et qu'en tout cas je coécris avec Pierre Le Gall qui avait écrit avec moi Les Belles cicatrices. Mais ça, on verra. Je ne sais pas si ça existera un jour, j'espère qu'on trouvera l'argent pour le faire. Et sinon... Déjà on fait ça, ce sera pas mal. Après je développe aussi une série avec plus cartoon ado adulte donc rien à voir avec ce que je fais tout seul. Du coup plus rigolo avec des copains. On verra ce que ça donne. En tout cas j'espère que ça sortira un jour. Et voilà c'est déjà pas mal. Après j'aimerais bien faire un peu des clips, des projets. plus court où je pourrais essayer des choses et même faire de la d a pour quelqu'un d'autre par exemple ça me plairait bien parce que c'est assez lourd de porter des projets personnels donc juste entre guillemets être être sur de la d a sur pas un projet à moi ça me libère un peu d'espace mental on va dire du coup plutôt des projets courts pour le moment et pour le live

  • Speaker #1

    l'avenir, les longs ?

  • Speaker #0

    Après, la série, par exemple, ça c'est un projet qui peut durer assez longtemps. Le long, aussi longtemps qu'il faudra pour trouver des sous. J'espère donc le moins longtemps possible. Mais il faut déjà qu'on écrive quelque chose. Et voilà.

  • Speaker #1

    Mais du coup, une fois qu'on a été à Cannes, sans rentrer dans le cliché, mais financer des films, c'est un peu plus facile ou pas ?

  • Speaker #0

    Sûrement qu'on fait plus confiance mais après je saurais pas dire si c'est plus facile. Oui c'est plus facile dans le sens où il y a un tampon, un label Cannes si on veut. Donc on va plus me prendre au sérieux. Mais ça veut pas dire que je suis assuré de faire ce que je veux plus tard non plus. donc faut pas que je fasse n'importe quoi faut que je continue à bien faire des films, à être sérieux

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Raphaël Jouzot, c'était la fin de cet épisode je remercie aussi Maxence qui m'a aidé à écrire à rédiger cet épisode et vous pouvez retrouver donc cet épisode sur toutes les plateformes d'écoute de podcast et sur Youtube en version vidéo et Raphaël on peut te suivre sur les réseaux sur Instagram ok bon bah on va suivre Raphaël Jouzeau sur Instagram et merci encore de merci beaucoup d'avoir été mon invité pour ce premier épisode à bientôt au revoir

Chapters

  • Comment a-t-il grandi et ses études

    00:00

  • Le cinéma d'animation / les courts métrages

    09:46

  • Les belles cicatrices

    24:02

Description

Nommé à Cannes l'année dernière pour "Les belles cicatrices", Raphaël Jouzeau est le premier invité de Face B. Ensemble, nous avons échangé sur le cinéma d'animation, les courts-métrages et leur place dans le cinéma aujourd'hui. Il m'a aussi raconté comment s'est déroulée l'aventure "Les belles cicatrices", de l'écriture jusqu'à Cannes en passant par la construction du projet et le buzz sur les réseaux.

Retrouvez Raphaël Jouzeau sur Instagram : https://www.instagram.com/raphaeljouzeau/?hl=fr


Merci à Raphaël d'avoir honoré mon invitation. Merci à Maxence Gibault pour son aide à l'écriture de ce podcast.

Cet épisode a été enregistré le vendredi 11 avril à Paris.


Tous les épisodes de Face B sont à retrouver en audio sur les plateformes d'écoutes et en vidéo sur YouTube : https://youtube.com/@benjamin.terrie?si=hcu7e2BJOuXIUx3l


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bon,

  • Speaker #1

    euh... C'est n'importe quoi.

  • Speaker #0

    Je t'en fous ! C'est pour ça que c'est cool le cinéma ! Ça sert à rien ! Ok ?

  • Speaker #1

    C'est le scénario qui détanche tout.

  • Speaker #0

    Pas tout,

  • Speaker #1

    mais enfin beaucoup de choses.

  • Speaker #0

    Oui, parce que je trouve que c'est la chose sur laquelle on doit être le plus exigeant.

  • Speaker #1

    C'est l'histoire. Bonjour à tous et bienvenue dans Phase B, votre nouveau podcast sur le cinéma. Et pour ce premier épisode, je reçois un réalisateur, un jeune réalisateur, qui a notamment été nommé à Cannes l'année dernière. Bonjour Raphaël Jouzot.

  • Speaker #0

    Bonjour.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir accepté d'être mon premier invité.

  • Speaker #0

    Merci de m'avoir invité.

  • Speaker #1

    Pour préparer ce podcast, je me suis donc renseigné un peu sur d'où tu venais, ce que tu as fait. Et dans une biographie d'un festival qui a fait ta biographie, ils ont écrit que tu es né en mars 1993. Jusque là, ils ne se trompent pas. C'est tout bon. Dans le 12e arrondissement de Paris.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Et... pas loin du périphérique pour ne jamais être loin de la route de l'aventure. Est-ce que tu te considères comme un aventurier ?

  • Speaker #0

    Alors, cette biographie, c'est moi qui l'ai. Parce que souvent, on demande une biographie ou un truc comme ça et du coup, c'est mes prods qui m'ont dit, t'as pas une biographie à leur envoyer. Du coup, souvent, c'est les réals qui écrivent leur propre...

  • Speaker #1

    C'est toujours un peu gênant. T'as écrit à la troisième personne, c'est marrant.

  • Speaker #0

    Bah oui parce que du coup on fait comme si c'était pas moi qui l'avais.

  • Speaker #1

    Et du coup t'as grandi à Paris ?

  • Speaker #0

    J'ai grandi dans le 12ème jusqu'à la moitié de l'école primaire je crois et ensuite on est parti à Fontenay-sous-Bois en banlieue.

  • Speaker #1

    Ok et du coup t'as baigné un peu depuis tout petit dans ce milieu artistique parisien culturel un peu ?

  • Speaker #0

    Ouais bah mes parents ils m'emmenaient... presque tous les week-ends, ils nous emmenaient voir des expos, au cinéma, tout ça. Ma grand-mère m'emmenait à la cinémathèque voir des vieux films. Donc oui, j'ai eu de la chance. Je ne me plains pas là-dessus. J'ai été bien. Même si à la fin, j'en avais un peu marre quand j'étais ado. J'avais la flemme de voir les expos et tout. Je préférais jouer aux jeux vidéo.

  • Speaker #1

    Et du coup, le cinéma, ça a été le... La chose qui t'a le plus marqué dans cette vie culturelle ? Parce qu'il y a les expos, donc il peut y avoir la peinture, etc.

  • Speaker #0

    Non, au tout départ, je crois que je voulais plutôt... Quand j'étais au collège, je voulais plutôt être designer ou architecte. Parce que mon papa, il redessinait souvent des maisons qu'il aimait bien, du corbusier, de tout ça. Et moi, je trouvais ça joli, ces dessins, donc je voulais faire pareil. Et ensuite, qu'est-ce qui s'est passé ? Mon père travaille beaucoup avec des illustrateurs aussi, donc souvent il me montrait plein de bouquins, d'illustrations, de BD et tout. Donc il y a eu un moment où j'hésitais à faire ça. Ensuite j'ai vu une collection de films qui s'appelle Peur du Noir, qui avait été faite il y a 20 ans, tout comme ça.

  • Speaker #1

    C'est quand tu étais ado que tu l'as vu du coup ?

  • Speaker #0

    Je l'ai vu ado, ouais, dans une projection spéciale, je crois que c'était au McVal en banlieue parisienne. Et j'avais trouvé ça super. Donc j'hésitais un peu entre les deux, j'ai passé mon bac RICRAC, et mes parents ont bien voulu me suivre pour me payer une prépa. privé parce que j'avais été pris dans les manas et tout ça, dans les prépas publics du coup pour aller aux grandes écoles d'art donc j'ai fait ça, là j'ai passé des concours, j'avais eu l'MK Angoulême et les arts déco de Strasbourg je crois que j'avais envie, en fait je suis arrivé au concours des arts déco et j'ai vu tous les ateliers, tous les trucs qui étaient à disposition des élèves et je me suis dit Non, en fait, je n'ai pas envie de faire du cinéma d'animation tout de suite. Je veux d'abord bricoler des trucs, avoir plein de petites expériences un peu marrantes où je touche un peu à tout. Voilà. Après, j'ai été aux arts déco pendant trois ans. J'ai, pour des raisons personnelles, j'ai dû partir des arts déco. OK. Et du coup, je me suis re... rebifurquer vers l'animation donc j'ai refait une prépa pour trouver une école et ensuite j'ai été dans la première promo de l'atelier de Sèvres qui s'appelait, l'école s'appelait l'atelier supérieur d'animation mais elle a changé de nom maintenant Et voilà, ça c'était super.

  • Speaker #1

    Et de 2016 à 2019, tu es donc à l'atelier supérieur d'animation. C'est quoi en fait ?

  • Speaker #0

    L'école, en gros, du coup, elle était toute nouvelle. Et le but, c'était de faire une école un peu entre la poudrière à Valence et les Gobelins. Donc une école de... d'auteur-réalisateur, mais avec quand même pas mal de cours techniques pour apprendre à savoir utiliser pas mal de logiciels, maîtriser assez l'animation. Et le but c'était de faire aussi pas mal de workshops où on pouvait tester plein de choses. Donc je sais pas, on a fait six ou sept petits films avant la troisième année où on a fait notre film de fin d'études tout seul.

  • Speaker #1

    Et en écoutant un podcast que tu avais fait il y a quelques mois, il y a un mot que tu as utilisé là et que tu avais beaucoup utilisé dans le podcast, c'était workshop. Et en fait, je n'ai pas compris du tout ce que c'était.

  • Speaker #0

    Ok. Un workshop, c'est en gros pendant un temps donné. Donc nous, en général, c'était deux semaines, deux, trois semaines. Ok. On a un sujet. Donc là, je ne saurais pas dire quoi, mais on avait un sujet, une phrase, un truc. Une phrase. Et une technique imposée, en général. Donc ça pouvait être du sable animé, de la peinture animée, de la 2D, etc. Et des intervenants qui connaissaient en particulier ces techniques-là. Donc, je sais plus, pour peinture animée, on avait eu Agnès Patron, on avait eu Hugo Bienvenu et Kevin Manac en 2D. Enfin voilà, on avait des gens stylés. Donc c'était chouette. Et en gros, on se met... par équipe, je ne sais pas, trois, quatre, et on faisait un petit film. Je ne crois pas que la durée, il n'y avait pas de durée imposée, mais en général, c'était quoi, une, deux minutes, un truc comme ça. Et du coup, ça nous a aussi permis de faire plein de tests, d'essayer plein de choses, de narration, et de s'éclater quand même, parce qu'on était quand même assez libre pour voir à quel point le sujet pouvait être... On pouvait... dépasser les règles ou pas.

  • Speaker #1

    Et à la fin de ton cursus, du coup en 2019, ton film de fin d'études, Dès tout petit rien, sort. Et déjà je voulais savoir ce que c'est, ce qu'il y a de différent entre un film que tu fais durant ton cursus et le film de fin d'études.

  • Speaker #0

    Bah le film de fin d'études là ça devient déjà beaucoup plus personnel parce que nous on le faisait tout seul, enfin la plupart, on faisait ça tout seul. Et du coup, forcément, quand tu fais un film tout seul, et que tu ne sais pas si ça va être ton seul film tout seul dans ta vie, parce qu'on ne se destinait pas forcément tous à être réalisateur ou réalisatrice, du coup, forcément, la plupart d'entre nous, on a parlé de sujets très personnels. Et moi, j'avais une rupture assez douloureuse, peut-être un an et demi avant. Et ça me restait toujours et je crois que j'avais des trucs à faire sortir. Donc c'était une bonne occasion.

  • Speaker #1

    Du coup c'est un peu comme l'artiste qui ressort tout son mal-être dans son œuvre.

  • Speaker #0

    Oui, mal-être, bon après il n'y a pas que des choses mal dans une rupture. Mais oui je crois que j'avais juste des trucs à faire sortir quoi. Et des personnages, j'avais envie de montrer un certain type de personnages.

  • Speaker #1

    Du coup tu te considères comme un artiste aujourd'hui ? Parce que en fait tu mélanges plusieurs arts, en fait tu mélanges le 7ème art qui est le cinéma et tu mélanges aussi le dessin, du coup c'est hyper riche, en fait tout s'assemble, est-ce que du coup tu te considères un double artiste en plus ?

  • Speaker #0

    Bah je sais pas, artiste ça me paraît, enfin moi artiste j'ai l'impression de voir... des gens qui font des performances et qui sont capables de parler extrêmement longtemps de concepts, d'artistique, de trucs... Enfin en fait je suis incapable de faire ça et je respecte beaucoup ça, mais moi je sais pas faire ça, je pense que je me vois plus comme un espèce d'auteur artisan qui fabrique des images et des films. en écrivant des histoires.

  • Speaker #1

    Et du coup, moi je voulais revenir un peu sur ce que c'était le cinéma d'animation et ce que c'était les courts-métrages. Parce qu'en fait, dans l'imaginaire collectif, le cinéma c'est un peu un long-métrage en prise de vue réelle, j'ai l'impression. Et toi tu viens casser cette norme de l'imaginaire collectif avec un, des courts-métrages et deux, du cinéma d'animation. Du coup, tu viens casser cette... Cette norme et cet imaginaire collectif ? Parce que peut-être ce n'est pas le cas à Paris, parce qu'il y a énormément de films différents, mais en province, quand on va au cinéma, c'est pour voir 1h30 de films et de prises de vue réelles.

  • Speaker #0

    Oui, je pense qu'en vrai, il y a énormément... Je ne me considère pas d'avoir cassé quoi que ce soit, mais il y a énormément de courts-métrages qui sortent chaque année en animation et encore plus. plus en prise de vue réelle c'est juste que en effet pour les voir il faut soit aller dans les festivals et il y en a quand même beaucoup parce que j'en fais pas mal cette année donc je vois tout ce qu'il y a et il y en a vraiment partout mais après il faut évidemment faire le chemin vers le festival et se tenir au courant de tout ça et avoir envie d'aller voir des courts métrages moi c'est sûr que avant dans de faire du court-métrage j'allais pas forcément dans les festivals voir des courts-métrages je regardais un peu sur Arte je regardais sur Arte sur France Télé des courts-métrages mais c'est tout et

  • Speaker #1

    je sais plus ce que je disais que les courts-métrages du coup en fait pour expliquer un peu moi Quand on regarde un peu la biographie de certains grands réalisateurs ou juste des personnes qui travaillent sur des grands films, c'est des personnes qui ont commencé avec des courts-métrages et du coup ils les ont un peu utilisés comme des tremplins. Aujourd'hui, est-ce que tu dirais que c'est ça la principale place dans le milieu du cinéma des courts-métrages ? C'est juste d'être un tremplin quoi ?

  • Speaker #0

    Alors je pense peut-être plus en prise de vue réelle qu'en animation. que premièrement ça met beaucoup moins de temps prise de vue réelle de faire un court métrage qu'en anime je sais pas je pense bon je vais peut-être dire n'importe quoi mais je pense un ou deux ans pour un film en prise de vue réelle le temps de le financer le faire ça en anime nous par exemple on a mis quatre ans et il ya beaucoup de gens et donc un long métrage c'est plus long et c'est plus compliqué à faire financer un film d'animation oui surtout en ce moment en plus je pense que oui si ça découle pas d'une franchise ou d'un truc comme ça si c'est une histoire originale si c'est pas une adaptation je pense que c'est un peu chaud il faut se battre un peu il faut se battre un peu mais il y a toujours moyen et après ça coûte cher l'animation donc il faut trouver des sous, des partenaires mais bon si l'histoire est assez bonne j'espère que ça marche

  • Speaker #1

    Est-ce que tu penses que des personnes qui ont réussi dans les longs métrages peuvent revenir à faire des courts métrages ?

  • Speaker #0

    Oui je crois qu'il y en a pas mal qui font ça mais c'est vrai qu'en animation la plupart du temps ça nous va très bien de faire que des courts métrages Parce que du coup, ça prend déjà tellement de temps. Et en soi, j'ai l'impression qu'en animation, comme on sait qu'on ne fera peut-être pas de longs métrages, on fait vraiment des histoires qui ont des débuts et des fins. Alors que des fois, dans le court métrage, ça peut faire un peu...

  • Speaker #1

    Des mini-séries ?

  • Speaker #0

    Un peu teaser pour un long, où c'est une scène qu'on va réutiliser pour un long plus tard, pour espérer avoir des financements et tout ça. Bon après je dis ça, j'en sais rien mais... Mais j'ai l'impression qu'en court métrage en tout cas il y a plus de réals qui font vraiment que du court et qui vont pas forcément aller faire du long après, surtout qu'il y a beaucoup de courts métrages qui sont beaucoup dans de l'abstraction en animation aussi, de la transformation Des films presque qui ressemblent un peu à de la prise de vue réelle En termes de mise en scène, il y en a un peu, mais il n'y en a pas tant que ça non plus, j'ai l'impression.

  • Speaker #1

    Et pour revenir un peu plus sur ton actualité, quand je t'ai demandé si tu avais des actualités en ce moment, tu m'as dit que tu écrivais un long métrage.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Ça prend combien de temps ? Depuis combien de temps entier ? Parce que j'imagine que tu ne vas pas nous dévoiler...

  • Speaker #0

    Non, et puis je n'en sais rien surtout. Moi, je commence à écrire... je sais pas depuis décembre mais en fait c'est plus des petites idées de scènes de personnages de choses comme ça que là je compile et que ensuite avec le co scénariste on va on va essayer de voir si ça fait un film est aussi de pousser certaines choses ou non et de et voilà mais là ouais c'est assez Je peux dire un truc, mais ça se trouve, dans deux ans, ça sera autre chose.

  • Speaker #1

    Mais du coup, c'est un long métrage d'animation ?

  • Speaker #0

    Oui, je ne sais pas faire autre chose.

  • Speaker #1

    Toi, tu te vois rester pour le moment dans l'animation, parce que c'est ce que tu as appris, c'est ce que ton cursus t'a appris ?

  • Speaker #0

    Oui, et puis je crois que ça m'angoisse un peu un plateau de tournage et tout ça, où tout doit aller vite, où on doit tout faire. beaucoup moins de temps que l'animation, où on fait 2-3 secondes par jour. Donc j'ai le temps de réfléchir à mes scènes et de changer d'avis surtout. Alors qu'en prise de vue réelle, je pense que c'est trop tard. Il faut aller beaucoup plus vite. Et il y a beaucoup de gens qui demandent des choses quand même en même temps. Et moi je suis un peu angoissé.

  • Speaker #1

    Mais surtout si tu dois diriger, si tu as une personnalité qui n'ose pas donner des ordres, Ça peut être un peu compliqué sur un plateau de tournage.

  • Speaker #0

    Oui, surtout je ne suis pas sûr de moi, donc il faudra faire semblant tout le temps que je suis sûr de moi, et après regretter d'avoir dit un truc. Donc je préfère faire de l'animation où j'ai un peu plus de temps pour réfléchir.

  • Speaker #1

    Et justement pour revenir sur le cinéma d'animation, dernièrement il y a quand même pas mal de longs métrages ou de courts métrages qui sont faits pour les grands. Alors qu'on pourrait croire que l'animation, c'est juste les dessins animés. Alors que toi-même, tu le montres, tes films, il faut quand même une certaine maturité pour les comprendre et pour les voir. Et puis, je pense notamment au cinéma. Dernièrement, il y a eu plein de films d'animation qui sont faits pour adultes, justement. Du coup, tu considères que l'animation, c'est aussi un truc de grand.

  • Speaker #0

    Ah bah oui, moi, j'ai envie que ce soit un truc de grand aussi, en tout cas. Enfin, moi, le long que j'écris, le prochain cours que je suis en train de faire, oui, c'est pour les grands. Je n'ai pas d'enfants, donc peut-être quand j'aurai des enfants, j'aurai envie de faire des films pour eux. Mais pour l'instant, j'ai envie de faire des films pour mes copains et pour les gens, enfin pour les grands, quoi. Parce que je trouve qu'il n'y en a pas assez encore et il y a encore du boulot à faire. Et surtout, je trouve que... Comme la génération qui arrive d'adultes, on les a nourris de beaucoup de dessins animés, et je pense qu'en fait la génération qui arrive est prête aussi à se dire « je peux encore aller voir un film d'animation, c'est pas pour les enfants » . Et voilà, je pense qu'il y a un public qui s'ouvre à ça, qui va arriver, en tout cas j'espère.

  • Speaker #1

    C'est intéressant parce que tu me dis que tu as envie de faire des films pour tes copains, c'est trop cool je trouve comme démarche, ça veut dire que tu ne te poses pas de questions de est-ce que ça va plaire à d'autres gens, etc. Pour moi tu as juste envie de te faire kiffer.

  • Speaker #0

    Oui après je pars toujours du principe que je ne vais pas faire un film de manière égoïste juste pour moi, donc il faut que les gens y ressortent en ayant été touchés, en ayant ressenti des choses. donc je pense enfin quand je dis les copains c'est les copains et puis tout enfin le public quoi moi j'ai pas envie de faire un truc hyper niche où personne va rien comprendre et juste j'aurais fait un truc que

  • Speaker #1

    juste pour moi ou ça ça m'intéresse pas trop et toi tu as de ta vu devenir réalisateur pour des copains fin pour justement pour faire partager ce truc là c'est pour ça que tu as voulu devenir réalisateur ben je pense

  • Speaker #0

    que je voulais raconter des histoires donc j'écrivais déjà un peu des histoires et j'aime bien quand même toucher à plein de choses à plein d'étapes, je pense que ça ça vient aussi des arts déco et d'avoir touché à plein de matières et tout et j'ai peur toujours de m'ennuyer un peu par exemple si j'étais juste si je faisais que l'animation dans les films j'aurais trop peur de que ça ne me suffise pas et que je m'ennuie, parce que ça peut être des étapes un peu répétitives des fois. Et en fait, je crois que j'ai besoin d'être stimulé par pas mal de trucs différents. C'est pour ça que j'aime bien participer un peu à toutes les étapes. Et voilà, c'est hyper intéressant. On parle de son, d'image, de mouvement. C'est sans fin, quoi.

  • Speaker #1

    Et c'est quoi tes inspirations dans le cinéma aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Moi, je... Je pense que je me suis dit que j'avais le droit de faire des films quand j'ai vu les clips ou les films de Michel Gondry. C'est des effets spéciaux un peu bricolés. On a l'impression que tout le monde peut le faire chez soi. Il faut juste avoir pas mal d'imagination et une petite caméra. On faisait ça avec mes frères et soeurs quand j'étais ado. J'avais demandé à un appareil photo numérique pour se filmer. Et on refaisait des films genre Indiana Jones, James Bond, tout ça. Donc c'était plutôt chouette. Et voilà, du coup, je ne sais pas, on a fait une vingtaine des films comme ça, les étés et pendant les vacances.

  • Speaker #1

    C'est ça qui t'a lancé dans le cinéma, vraiment ?

  • Speaker #0

    Lancé dans le cinéma, je ne sais pas, mais...

  • Speaker #1

    T'as lancé cette passion ?

  • Speaker #0

    Ouais, faire du montage sur iMovie, sur le Mac à la maison. En fait, on touchait déjà un peu à tout. On allait chercher de la musique sur des CD à la bibliothèque, des musiques de films. On ramenait à la maison, on mettait sur l'ordi, on essayait des choses. Ouais, je pense que c'était un peu apprendre des petites bases de cinéma. Mais après l'animation, il y a encore d'autres trucs à apprendre. Genre dessiner par exemple.

  • Speaker #1

    Justement, ça a été naturel. Quand tu étais ado, tu dessinais déjà un peu ou tu as vraiment dû apprendre ?

  • Speaker #0

    Je pense que je dessinais comme tout le monde dans les marges de mes cahiers en maths ou quand je m'ennuyais un peu. C'est-à-dire un peu tout le temps, je pensais à l'école. Et après, au lycée, j'ai commencé à prendre des cours de modèle vivant parce que je savais que je voudrais faire une école d'art. Donc, il fallait se préparer parce qu'il y aurait des concours et tout. Donc, il fallait quand même avoir un tout petit niveau. Donc, j'avais commencé à faire ça. Et en fait, après, en école d'art, tu continues à faire du modèle vivant, de la perspective, des trucs comme ça. Mais je ne me considère pas comme un grand dessinateur non plus. Je ne suis pas hyper bon techniquement.

  • Speaker #1

    Comme une réalité nommée à Cannes.

  • Speaker #0

    Oui, mais là, je parle vraiment de technicité de dessin et de morpho. Et puis, je ne suis pas tout seul à avoir fait le film. On m'a bien aidé. Justement, j'ai pris des gens qui décident mieux que moi.

  • Speaker #1

    Tu as peut-être un peu devancé ma question qui était qu'est-ce que c'est ta Madeleine de Proust dans le cinéma aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Moi, j'adore Indiana Jones. Donc vraiment, je peux regarder ça. Même les derniers, je m'en fous. Tout le monde crache dessus. Moi j'aime bien.

  • Speaker #1

    Du coup tu les regardes une fois par an ?

  • Speaker #0

    Je sais pas, souvent le soir je me mets un petit film comme ça, comme pour s'endormir, comme si on me racontait une histoire, ça m'arrive de mettre un petit film et je m'endors devant Indiana Jones, on est tous comme ça. Sinon je regarde souvent, là c'est une autre ambiance, des films de David Fincher, Zodiac. Seven, j'arrive quand même à m'endormir devant.

  • Speaker #1

    C'est vrai ? Non, c'est pas facile, j'imagine.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est des serial killers, c'est pas très...

  • Speaker #1

    Les films sont hyper prenants, donc ça donne pas envie de... Même si on connaît la fin, parce qu'on l'a vue plein de fois, on a envie de revoir.

  • Speaker #0

    Mais voilà, d'autres films comme ça...

  • Speaker #1

    Donc maintenant, on va passer à la partie un peu plus actuelle. On a un peu balayé ton passé sur d'où tu viens et ce que tu as fait, tes inspirations. Et l'année dernière, tu as été nommé à Cannes dans la catégorie des meilleurs courts-métrages.

  • Speaker #0

    Oui, compétition officielle.

  • Speaker #1

    Pour Les Belles Cicatrices, est-ce que tu peux déjà rappeler un peu le pitch du film ?

  • Speaker #0

    Le pitch du film, c'est Gaspard et Laila qui se retrouvent après l'été dans un bar bondé. Et en gros... Ils se sont séparés il y a deux mois et Gaspard vient voir s'il y a toujours moyen de se remettre ensemble et elle vient vérifier qu'il a bien compris que c'était fini. Donc voilà, il se passe des choses après.

  • Speaker #1

    Et dans ce court métrage, on entend donc les voix des deux personnages qui sont incarnés par deux acteurs, Fanny Sidney et Quentin Dolmer, qu'on peut voir à l'écran dans de nombreux films et séries. Comment est-ce que tu les as rencontrés et choisis ?

  • Speaker #0

    Moi, comme c'est mon premier film, je ne savais pas trop quel comédien ou acteur on pouvait contacter. Donc c'est plutôt mes productrices qui m'ont proposé des gens. et elles m'ont proposé, en fait c'était les premiers choix, donc elles m'ont proposé Quentin parce que c'est des gens avec qui elles avaient travaillé de près ou de loin, et Quentin je crois a un peu une voix qui peut me ressembler, donc je pense que voilà, et il a une voix un peu fragile tout ça, et ça correspondait bien au personnage, et Fanny, et bah... Fanny a une voix plus assurée, mais en même temps elle est capable de sortir des choses très profondes, très sensibles. Et c'est ça que j'avais bien aimé quand on me les a proposés. Et ça s'est révélé être des très bons choix. En tout cas, moi je suis bien content d'avoir bossé avec eux. Et normalement je vais...

  • Speaker #1

    re-bosser avec eux là dans un mois pour enregistrer les prochaines voix pour un autre film pour un autre film totalement pas une suite c'est une suite sans être une suite à moitié mais justement ce qui est intéressant c'est que c'est des acteurs qu'on peut voir dans des films c'est pas du tout des comédiens de doublage donc moi j'étais surpris quand j'ai vu que justement moi pour le coup j'avais pas du tout reconnu la voix de Fanny Sidney alors qu'on l'a vu notamment dans 10% par exemple, et je ne l'avais pas du tout reconnu, j'étais étonné de voir que ce n'était pas des comédiens de doublage, c'était des vrais acteurs.

  • Speaker #0

    Ouais, bah... En fait, on n'est pas forcément allé voir des comédiens de doublage, parce que déjà mes productrices, elles ne bossaient pas dans l'animation au départ, donc elles bossent souvent en prise de vue réelle, donc avec des comédiens, tout ça, donc elles avaient plutôt un carnet de... contact comme ça. Et aussi, nous, ça nous allait très bien de prendre des comédiens en pas de doublage parce que de toute façon, en fait, on enregistre les voix avant de fabriquer le film, donc pour le mettre sur un storyboard animé qu'on appelle animatique, et pour qu'ensuite, les animateurs, animatrices puissent refaire le lip-sync sur les voix directement, pour que ça corresponde bien au niveau mouvement des lèvres. Alors que les doubleurs souvent ils peuvent arriver aussi après pour quand le film est fini et en fait ils doivent juste parler. C'est eux qui doivent s'adapter au mouvement des lèvres donc c'est un peu l'inverse. Et moi j'avais pas envie qu'on, enfin j'avais envie que les comédiens ils soient quand même libres de leur interprétation. Donc qu'ils aient pas forcément à suivre un truc très précis. Parce que moi, je ne suis pas infaillible sur... C'était genre mes voix, moi et ma sœur pour les voix témoins. Et on n'est pas comédien, donc se caler là-dessus, c'était peut-être pas une bonne idée. Donc je préférais laisser faire Fanny et Quentin qui sont des professionnels finalement.

  • Speaker #1

    Et justement, tu en as un peu parlé, le processus de construction de ce court-métrage qui s'est fait à l'envers parce que, pour expliquer un peu... C'est une vidéo sur Arte, je crois, qui a été faite, où on voit qu'ils sont filmés comme là, maintenant, et en train de lire le texte. Et donc, vous avez dessiné avec le mouvement des lèvres.

  • Speaker #0

    En gros, ça, c'est pour tous les films d'animation. On fait le montage avant de fabriquer le film, parce que ça coûte tellement cher qu'on ne peut pas se permettre de faire des secondes en trop tous les jours. Donc, en fait, le montage est déjà fini. Caler les voix aussi avant de tout animer.

  • Speaker #1

    Du coup, ça t'a permis de te rendre compte, justement, s'il y avait des trucs qui étaient en trop ou pas, quand c'était dit, quoi.

  • Speaker #0

    C'est ça, ouais. En fait, le film, en gros, il est en brouillon. Il est fini avant de faire vraiment les choses. Et en fait, on a déjà un petit film en soi. Et on les a filmés. C'était... pas tant pour le mouvement des lèvres parce que ça on peut le refaire assez facilement enfin on sait que comment les lèvres font quand il y a un O, un A, un E, tout ça. Mais c'était plus pour les mouvements des corps, des mains, je ne sais pas, un œil qui est un peu fragile, qui vacille comme ça. Plus pour choper des intentions d'acting que nous, en animation, on n'a pas toujours l'idée de mettre. Donc ça, c'était plus des références visuelles pour les animateurs. Et ensuite, ils avaient aussi des références de films où moi j'avais sélectionné des scènes dans des films où il y avait des acteurs qui étaient un peu dans le même état émotionnel que certaines scènes des belles cicatrices. Du coup, je leur montrais ça pour qu'ils aient aussi ces références-là en termes d'acting. Et c'était un mix de tout ça qui faisait qu'ensuite, ils ont fait leur propre acting à eux d'animateurs.

  • Speaker #1

    En tout, il y a combien de personnes qui ont travaillé sur les belles cicatrices ?

  • Speaker #0

    C'est une bonne question. À chaque fois, on me demande. Je pense qu'on est... Si on compte vraiment tous les postes, on doit être 20 à 25, un truc comme ça.

  • Speaker #1

    OK.

  • Speaker #0

    Mais, par exemple, on était cinq animateurs pour animer tout le film. Donc, animer, c'est vraiment juste dessiner le mouvement des personnages et les personnages bouger. Et on a fait ça pendant 4 mois en résidence avant Dôme. Et on faisait 2-3 ondes par jour. Et ça, je participais aussi. Mais j'avais un chef anime, du coup, j'étais à la fois le réal et le technicien. Je pouvais me faire gronder des fois parce que je n'avais pas bien animé. Mais il était gentil, donc tout va bien.

  • Speaker #1

    Et du début de l'écriture du court-métrage jusqu'à la finalité, il y a eu combien de temps ?

  • Speaker #0

    En gros, à partir du moment où j'ai signé avec les productrices, ça a mis 4 ans, je crois. Donc un an et demi à peu près pour écrire. Pas en continu, en intermittence, parce qu'il fallait que je bosse aussi à côté. Et ensuite, un an, un an et demi pour chercher l'argent. Et un an et demi à peu près pour vraiment fabriquer le film. Du moment où... Je compte à partir du moment où je fais le storyboard.

  • Speaker #1

    Alors pour parler un peu plus de la personnalité des personnages en profondeur, moi en voyant le court-métrage, il y a une phrase de Necfeu qui m'est venue, qui dit dans son documentaire, il dit les trucs les plus universels, c'est des trucs super précis et personnels. Les belles cicatrices, c'est à la fois hyper personnel, parce que c'est une rupture et que chaque rupture est unique. et nous on se reconnaît dedans ou alors on a reconnu quelqu'un en tant que spectateur mais du coup cette proximité elle est intervenue chez une énorme majorité des spectateurs donc il y a aussi ce côté universel donc en fait ma question c'est pour qu'on soit aussi proche des personnages il y a combien d'intimes dedans et à quel point ?

  • Speaker #0

    Bah oui le deal j'ai co-écrit avec Pierre Le Gall qui est scénariste Il m'a bien expliqué au début que le deal c'est que pour que ça soit universel, il fallait raconter des choses extrêmement précises. C'était comme ça que les gens allaient s'identifier. Et oui, on s'est beaucoup raconté nos histoires d'amour tous les deux, nos ruptures, les moments chouettes, tout ça. en étant extrêmement sincères l'un envers l'autre, en se racontant presque tout. Un peu comme une séance de psy. Ensuite, Pierre écrivait tout ça dans un document. Et ensuite, les missions qu'on se donnait, c'était de s'écrire toute une backstory des personnages, du moment où ils se sont connus, rencontrés, au moment où ils se sont mis ensemble. tous les souvenirs qu'ils ont eu ensemble jusqu'au moment où ils se retrouvent dans ce bar tous les deux. Donc en ce moment en fait il y a déjà tout eu, on pourrait faire d'autres films là-dessus. On a déjà tout plein de souvenirs et ensuite nous on a choisi quelques souvenirs en particulier qu'on avait écrit qui nous semblaient les plus marquants, les plus payants pour ensuite raconter le film et les personnages aussi, leurs relations entre eux.

  • Speaker #1

    Et moi j'adore ce film parce que ça mélange à la fois du fantastique, à la fois du réalisme dans le sens où il se retrouve dans un bar. Mais d'un coup, il plonge sous la nappe sans spoiler. Et là, il y a ce côté fantastique que j'adore. C'est un peu... Tu as mélangé plein de genres. Enfin, deux genres.

  • Speaker #0

    Oui, j'aime bien ce qu'on peut appeler... C'est des images mentales, en fait. Où on ne sait pas bien ce qui est vrai, ce qui n'est pas vrai. Et j'aime bien être sur... Cette espèce de crête où on marche sur la crête et il y a un côté c'est le fantastique, l'autre le réalisme. On ne sait jamais trop ce qui est dans la tête du personnage ou non. Et surtout, ce qui est important quand on fait ça, je trouve, c'est de ne pas que les personnages disent eux-mêmes « Ah, c'est bizarre ce qui se passe » ou des trucs comme ça, sinon là on n'y croit plus. Parce qu'on sait que c'est faux et que c'est dans la tête. Et je pense que c'est pas mal de garder le mystère de qu'est-ce qui est vrai ou pas. Et surtout, on s'en fout, c'est juste... Je pense que c'est une manière de voir le monde et on voit tous les choses un peu comme ça, où on s'imagine des choses. Par exemple, si moi je me balade dans la ville, dans Paris, il y a un coin de mur, pour moi ça va vouloir dire beaucoup de choses, parce que j'ai un souvenir là ou un truc comme ça. Alors que toi, si tu te balades devant ce coin de mur, ça ne va rien te dire, mais peut-être le banc après, ça voudra dire beaucoup de choses. Et moi, rien du tout. Donc il y a un peu ce truc de comment être dans l'intériorité des personnages et le mettre en image.

  • Speaker #1

    Tu as aussi mélangé des techniques, je pense notamment à la mer. Est-ce que tu peux expliquer un peu comment ça se passe, comment tu as construit cette image ?

  • Speaker #0

    Oui, donc la mer, c'est des prises de vue réelles. Donc je prends un appareil photo numérique pour filmer et je vais à la mer chez ma grand-mère en reprenant à peu près les axes de caméra dont j'avais besoin. Et je fais ça parce que moi, ça me rappelle un peu des vieux effets spéciaux dans les films où on superposait un peu des espèces de calques. Et en fait, on voit que c'est faux, mais moi j'aime bien ce côté-là, parce qu'il y a un côté un peu artisanal, où on se dit, ok, il y a quelqu'un derrière qui est en train de bricoler quelque chose, qui a fabriqué quelque chose. Il y avait un peu ça aussi au tout début de l'animation, je crois, dans la lanterne magique, toutes ces choses-là, où on superposait aussi des images. Et il y a aussi un truc tout bête, c'est que ça permet de ne pas animer la mer. Donc on gagne quand même beaucoup de temps comme ça. Et je ne sais pas, moi ça me plaît bien de mélanger des choses comme ça. J'avais déjà fait un peu des tests avant sur d'autres petits films. Et l'effet me plaît bien, outre le fait que ça soit économique en termes de temps et d'animation. C'est un bon équilibre, je trouve.

  • Speaker #1

    Et sur les lieux de... Déjà, la mer que tu as filmée, est-ce qu'elle a une signification ? C'était où que tu as filmé ?

  • Speaker #0

    J'ai filmé à côté de chez ma grand-mère où j'allais en vacances très souvent. Mais il s'est passé, j'ai eu aucune rupture amoureuse sur cette plage. C'est la question.

  • Speaker #1

    Et la plage qui est présente dans le court-métrage, c'est la plage de chez toi ?

  • Speaker #0

    Non, la plage... plage, au départ c'est un espèce de désert dans le film donc en fait c'était plus trouver un lieu comme ça un peu vierge où on pouvait faire intervenir des souvenirs, des choses un peu étranges comme au tout début il y a un immeuble dans le désert après ils marchent, ils avancent et là ils arrivent devant la mer en fait dans ce désert tout peut il y a plein de trucs qui peuvent apparaître et je crois que aussi je trouve ça juste joli ... les paysages de dunes et tout ça il y a un côté le petit prince qui me plait bien et pour le bar tu t'es inspiré d'un bar en particulier ? non pour moi c'est un mélange de bars en fait je voulais que ce soit un bar assez classique un bar restaurant assez classique où tout le monde puisse se projeter et surtout un bar un peu froid Ouais, pas hyper chaleureux.

  • Speaker #1

    Il n'y a que deux personnes qui sont colorées.

  • Speaker #0

    Oui, voilà, les autres, c'est des ombres. Et il y a quelques tableaux au mur, mais c'est que des tableaux de plage. donc les plages de plein d'autres gens qui sont venus avant et le titre les belles cicatrices tu l'as choisi comment ? ça c'est vraiment la chose qui n'a jamais changé il était là depuis le début et je l'ai choisi comment ? j'aime bien quand dans les titres il y a des choses qui ne vont pas ensemble donc belles et cicatrices et... J'ai choisi comment... C'est qu'au départ ça devait être... l'idée c'était d'avoir un... c'était vraiment autre chose le concept visuel c'était une morgue avec deux médecins légistes qui dissèquent un corps du coup ce corps avait plein de cicatrices à la fin parce qu'ils avaient ouvert un peu partout et en fait ce corps c'était... C'était le symbole de leur histoire d'amour qui disséquait au fur et à mesure. Et je pensais pour ça qu'il y avait cicatrices. Et après, c'est resté parce que les cicatrices, c'est les tâches qu'il y a sur la nappe qu'on voit vraiment très bien à la fin du film parce qu'il y a un plan, un top shot dessus. C'est la cicatrice de Gaspard, c'est les cicatrices intérieures des deux personnages. C'est plein de choses.

  • Speaker #1

    Et une fois donc... que le film est fini, il est sélectionné à Cannes. Comment est-ce que tu as appris que le film était sélectionné à Cannes et comment tu as réagi ?

  • Speaker #0

    Comment j'ai appris ? Déjà, on l'envoie à Cannes. Après, je ne sais pas, un peu début avril, je crois qu'on sait un peu qu'on est toujours dans la course, mais on ne sait pas encore si on est sélectionné ou pas. Et ensuite, on nous avait dit que toutes les semaines, ils enlevaient des films au fur et à mesure de leur présélection. Ils enlèvent, ils enlèvent. Il y a l'annonce des longs-métrages à Cannes. Du coup, moi, je m'étais dit, OK, on va savoir là. En fait, on ne savait pas du tout là. Donc, on attend encore, on attend encore. Moi, j'avoue, je n'ai jamais été aussi angoissé de ma vie qu'à ce moment-là. Je ne dormais pas beaucoup. Parce que je savais qu'on y était toujours. Et moi, j'avoue que c'était quand même un rêve d'aller à Cannes. Je ne m'étais jamais dit que c'était possible. Et là, ce n'était plus très loin. Donc je me disais, putain, c'est trop chiant si on n'y va pas. Et en même temps, j'essayais de rester cool. Et je ne sais plus, au bout de deux ou trois semaines après l'annonce officielle des longs métrages, je me suis dit, ok... je savais qu'il y a tel jour on allait savoir donc je passe toute la journée hyper stressé à attendre qu'on m'appelle sur mon portable évidemment il y a des gens qui m'appellent c'est de la pub et tu y crois à chaque fois et je me dis putain ça y est je vais savoir et tout finalement je rentre chez moi en me disant bon ok c'est mort demain ils annoncent les films donc je suis pas dedans et là on m'appelle Et du coup, c'est un des sélectionneurs des films de Cannes qui m'appelle et qui me dit « Raphaël, tu vas à Cannes » . Et voilà, je raccroche et là, je pleure pendant, je ne sais pas, une ou deux heures. J'appelle tout le monde. À chaque fois que j'arrive à me calmer, je rappelle les gens et puis je finis par replorer. Mes parents, quand je les ai appelés, je leur ai dit à tous de... Toute la famille doit se mettre devant le téléphone. Et puis je me mets à chialer. Et du coup, il pense qu'en fait, il m'arrive un truc hyper grave, que j'ai une maladie ou quoi. Parce que je n'arrive pas à dire ce qui se passe. Et du coup, je finis par dire que je vais à Cannes. Et tout le monde est rassuré. Et voilà, c'était beaucoup d'émotions. Et le soir même, j'allais chez une copine qui avait animé sur le film. On avait une petite soirée prévue. du coup elle j'avais gardé la surprise et j'avais ramené une bouteille de champagne du coup j'ai dit au fait j'ai un petit truc à te dire et voilà et après c'était trop bien d'aller à Cannes surtout il y a une grosse partie de l'équipe du film qui avait pu venir et c'est beaucoup des copains donc j'étais trop content de partager ça avec eux et qu'ils puissent me soutenir et profiter aussi de ce moment parce que c'est un moment ils avaient bien bossé sur le film, donc c'était normal qu'ils profitent aussi.

  • Speaker #1

    Et du coup cette sélection à Cannes, ça a été quoi son impact sur la com du film ?

  • Speaker #0

    Je pense que ça a bien servi pour qu'il soit repéré par les festivals et tout ça après. Donc ça a bien aidé pour être sélectionné dans pas mal de festivals. Et non, après, c'est surtout de la fierté d'avoir été à Cannes. Et peut-être aussi ça a aidé le film quand il est sorti sur Arte, pour qu'il ait un peu plus de visibilité, tout ça quoi.

  • Speaker #1

    Justement, en parlant de Arte, quel est le rapport entre le film et Arte ? Est-ce qu'ils interviennent dans la production ? Est-ce qu'ils sont juste diffuseurs ?

  • Speaker #0

    Là, ils étaient diffuseurs seulement. Ils avaient pré-acheté le film sur Scenario. Je crois qu'il peut y avoir différents modes d'achat d'Arte. Je crois qu'ils peuvent être coprod aussi, ou acheter le film une fois qu'il est fini. et du coup c'est pas forcément les mêmes sommes qui va pour faire le film après et c'était la première fois que il t'a acheté un film comme ça ? j'avais fait un petit film dans une collection de films qui s'appelle Shortcuts qui sont produits par Caïman Productions où en fait on doit résumer en une minute un long métrage qui va passer sur Arte ensuite mais mais on se... ça c'est pas Arte qui me l'a acheté c'est plus Caïman qui a un deal avec Arte où ils font ce programme là donc non là c'était la première fois que j'avais en face de moi Hélène Vessière qui choisit les courts-métrages d'Arte et on a eu de la chance, elle a bien aimé donc elle nous a pris et elle a aussi pris mon prochain cours là ok et qui sortira quand ? oula

  • Speaker #1

    mais il sera fini fin 2026 début 2027 ok bon bah on va attendre un peu en tout cas quand les belles cicatrices sont le film est sorti sur Arte Arte a fait une com sur les réseaux et ça a fait un buzz surtout sur TikTok avec des extraits repris des milliers de fois et en tant que jeune réalisateur un buzz de cette ampleur ça t'a effrayé ou ça t'a fait du bien ...

  • Speaker #0

    Les deux, je pense. Parce qu'en animation, on n'a quand même pas l'habitude d'avoir, surtout en court métrage, enfin moi je ne m'étais jamais dit qu'il allait se passer ça. Pour moi, on allait faire 50 000 vues sur le YouTube d'Arte et c'était déjà pas mal. Et en plus, on avait lancé les paris avec mes productrices. Moi j'avais dit 100 000, elles m'avaient dit non, je pense, enfin on verra, mais déjà 50 000, ça serait super. Et à la fin, on était à 1 500 000. Non, TikTok, moi, je n'ai même pas TikTok. Donc, c'est ma petite sœur qui m'a dit qu'il y avait le film. Mais d'abord, ce n'était pas Arte qui avait mis sur TikTok. C'était quelqu'un qui avait téléchargé le film sur YouTube directement, qui avait mis des tout petits extraits. Et il y en avait qui avaient bien marché, donc nous après on a prévenu Arte qu'il se passait quelque chose, donc ils ont repris le flambeau. Mais non, c'est impossible de prévoir ça, et bah oui ça fait un peu peur, et en même temps c'est trop chouette parce que ça veut dire que ça parle à plein de gens et qu'on a bien travaillé, donc c'est cool.

  • Speaker #1

    Et t'as eu beaucoup de messages sur les réseaux de gens qui t'ont fait des retours du film ?

  • Speaker #0

    Ouais, j'avais beaucoup de messages tous les jours. Là, ça s'est calmé, mais oui, pendant un mois, j'ai eu mon téléphone qui vibrait pas mal. Et c'était super. En même temps, je voulais prendre le temps de répondre à tout le monde pour remercier à chaque fois, mais voilà, ça prend un peu de temps.

  • Speaker #1

    Et pour... Pour finir un petit peu sur la discussion, toi, tu es encore au début de ta carrière. Donc, je n'ai pas trop envie de te demander qu'est-ce qu'on peut retenir de toi parce qu'il te reste encore plein de choses à faire. Du coup, je vais te demander plutôt quels sont tes projets d'avenir, etc. Même si on l'a évoqué tout à l'heure un petit peu.

  • Speaker #0

    Du coup, un court-métrage que je fais avec la cellule production. et qui sera sur Arte. Un long métrage que je produis avec, que je ferai sûrement avec Balade Sauvage et qu'en tout cas je coécris avec Pierre Le Gall qui avait écrit avec moi Les Belles cicatrices. Mais ça, on verra. Je ne sais pas si ça existera un jour, j'espère qu'on trouvera l'argent pour le faire. Et sinon... Déjà on fait ça, ce sera pas mal. Après je développe aussi une série avec plus cartoon ado adulte donc rien à voir avec ce que je fais tout seul. Du coup plus rigolo avec des copains. On verra ce que ça donne. En tout cas j'espère que ça sortira un jour. Et voilà c'est déjà pas mal. Après j'aimerais bien faire un peu des clips, des projets. plus court où je pourrais essayer des choses et même faire de la d a pour quelqu'un d'autre par exemple ça me plairait bien parce que c'est assez lourd de porter des projets personnels donc juste entre guillemets être être sur de la d a sur pas un projet à moi ça me libère un peu d'espace mental on va dire du coup plutôt des projets courts pour le moment et pour le live

  • Speaker #1

    l'avenir, les longs ?

  • Speaker #0

    Après, la série, par exemple, ça c'est un projet qui peut durer assez longtemps. Le long, aussi longtemps qu'il faudra pour trouver des sous. J'espère donc le moins longtemps possible. Mais il faut déjà qu'on écrive quelque chose. Et voilà.

  • Speaker #1

    Mais du coup, une fois qu'on a été à Cannes, sans rentrer dans le cliché, mais financer des films, c'est un peu plus facile ou pas ?

  • Speaker #0

    Sûrement qu'on fait plus confiance mais après je saurais pas dire si c'est plus facile. Oui c'est plus facile dans le sens où il y a un tampon, un label Cannes si on veut. Donc on va plus me prendre au sérieux. Mais ça veut pas dire que je suis assuré de faire ce que je veux plus tard non plus. donc faut pas que je fasse n'importe quoi faut que je continue à bien faire des films, à être sérieux

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Raphaël Jouzot, c'était la fin de cet épisode je remercie aussi Maxence qui m'a aidé à écrire à rédiger cet épisode et vous pouvez retrouver donc cet épisode sur toutes les plateformes d'écoute de podcast et sur Youtube en version vidéo et Raphaël on peut te suivre sur les réseaux sur Instagram ok bon bah on va suivre Raphaël Jouzeau sur Instagram et merci encore de merci beaucoup d'avoir été mon invité pour ce premier épisode à bientôt au revoir

Chapters

  • Comment a-t-il grandi et ses études

    00:00

  • Le cinéma d'animation / les courts métrages

    09:46

  • Les belles cicatrices

    24:02

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