- Speaker #0
Bonjour à toutes et à tous, vous êtes sur le podcast fin, le podcast qui décrypte les aliments de vos assiettes. L'épisode que vous allez écouter est en hors-série. Dans le cadre du pop-up organisé le 6 septembre dernier, nous avons eu le plaisir d'accueillir Nora Boisouni pour répondre à la grande question, à qui profite la faim ? Pour préparer cette discussion, je me suis beaucoup appuyée sur ma lecture récente de l'ouvrage de Nora. Manger les riches, que j'ai trouvé fort intéressant. Sachez également qu'en mai 2025, un nouvel ouvrage a été publié par Nora Boisonni aux éditions Stock. Il s'agit de Violence en cuisine, une omerta à la française. Je vous invite à filer en librairie pour vous le procurer. Aussi, je tenais à remercier toutes les personnes qui ont participé de près ou de loin à ce pop-up. Ça a été un plaisir de vous rencontrer et cette journée a été riche en échanges et en rencontres. Maintenant, je vous laisse avec l'épisode.
- Speaker #1
Bonne écoute ! Et bien bonjour à tous, merci beaucoup à tous d'être venus, ça me fait très plaisir. Aujourd'hui a donc lieu le pop-up du podcast Femmes, et qui raconte l'histoire des aliments, puisque la plupart des aliments qu'on a dans nos assiettes aujourd'hui ne viennent pas du tout d'Occident, et donc pour un peu rendre à César ce qui est à César, l'expression est mal choisie puisque voilà. Mais dans cette perspective, Femmes retrace l'histoire des aliments. Aujourd'hui, on a... La chance d'avoir Nora Boisouni qui vient discuter avec nous du grand sujet à qui profite la faim. Globalement, dans nos assiettes se rejouent les rapports de classe, de race et de genre. Et donc ce qu'on mange, comment on le mange, comment c'est cuisiné, tout ça c'est politique. Il faut garder ça en tête, c'est très important. Nora est l'autrice de plusieurs livres. Elle est autrice, traductrice, journaliste. Plein de casquettes.
- Speaker #2
Ouais, vu qu'il y en a un qui paye vraiment bien, je suis obligée d'en faire beaucoup, quoi.
- Speaker #1
Vous voyez ce qu'on est obligé de faire dans la Macronie ?
- Speaker #2
J'ai même pas dit bonjour. Bonjour, merci beaucoup pour ton invitation, Naïs, et merci à tous d'être là.
- Speaker #1
Du coup, on va disséquer nos assiettes tous ensemble et parler de « À qui profite la faim ? » , cette grande question. Pour pouvoir poser le contexte, on va parler d'abord du système alimentaire dans sa grande globalité et de qui tient la fourchette. Nora, dans « Manger les riches » , tu démontres comment la bouffe révèle les rapports de domination. Est-ce que tu peux nous expliquer comment le système alimentaire actuel est un reflet du capitalisme ?
- Speaker #2
Vous avez deux heures. Il y a plein de paramètres à prendre en compte. En fait, moi, ce que je trouve passionnant dans l'alimentation, et tu l'as bien mieux dit déjà, donc je ne vais pas le répéter ou te répéter, mais c'est la dimension politique, mais c'est aussi la dimension identitaire. Dans le vrai sens du mot, identitaire, pas dans celui qu'on aborde. Mais voilà, donc le sens intime, ça touche tout le monde, la bouffe, en fait, tout le monde mange. à sa faim ou pas. Ceux qui ont le plus de chance mangent à leur faim et choisissent ce qu'ils et elles mangent. Mais bon, tout le monde a un truc à raconter sur la bouffe. Moi, c'est ça que je trouve génial, c'est que tout le monde a un truc à dire, quoi que ce soit. On peut bouffer pour vivre, vivre pour bouffer, on a toujours une anecdote, on a nos goûts personnels. Donc, en France, hexagonal, c'est quand même très, très, très sensible comme sujet. Voilà, il y a des relents nationalistes et xénophobes quand on parle de nourriture, on instrumentalise. certains produits, certaines régions, ce qu'on appelle le terroir, qui est quand même une invention politique. Et on parle de gastronomie tout le temps. Alors, c'est un mot qui est galvaudé. Gastronomie, ça ne veut pas dire restaurant étoilé. Ça veut dire l'ensemble des pratiques, habitudes alimentaires et le fait de manger. C'est important de le dire parce que le mot gastronomie, il a été récupéré totalement par les classes dominantes. Mais on pratique tous et toutes la gastronomie tous les jours. On en parle aussi. Mais en France, on préfère parler de ce qu'on appellerait, avec des guillemets très classistes là. haute cuisine plutôt que de parler alimentation. Parce qu'en France, c'est vu un peu comme vulgaire, comme trivial. Oh là là, on ne parle pas de bouffe. Mais on m'a déjà reproché de mettre journaliste bouffe parfois. Ah non, la bouffe, c'est le délire. Pas la bouffe, la bouffe, c'est vulgaire, etc. Oui,
- Speaker #1
parce qu'on a vraiment le truc français de la haute cuisine, la gastronomie avec les étoiles, etc.
- Speaker #2
En fait, c'est la bouffe, on ne peut pas. La France est au-dessus de ça. Donc, en France, on a 693 ou 14 restos étoilés. et 8 millions de personnes qui sont en insécurité alimentaire.
- Speaker #1
Voilà, très grave.
- Speaker #2
Donc moi, ce qui m'intéresse, c'est de montrer les systèmes. C'est ça qui m'anime dans mon travail de journaliste aussi. Et en tant qu'autrice sur les sujets alimentation, c'est montrer les systèmes globaux. C'est-à-dire, dans Manger les riches, c'est compliqué parce que je n'ai pas pu faire 400 pages. Mais bon, tant mieux parce que le bouquin est moins cher et plus digeste, sans mauvais jeu de mots, et plus accessible. Donc moi, j'essaie de faire un état des lieux. En fait, je vois un peu mes bouquins et mon travail comme des boîtes à outils. Moi, j'apprends énormément en travaillant, en faisant des recherches, en écrivant. Mon travail de journaliste, c'est ça, c'est rendre accessible et apprendre et digérer. Encore une fois, c'est un mauvais jeu de mots, je vais parler beaucoup de digestion. Merci. ma vie intérieure. Mais du coup, c'est ça qui m'intéresse. Chacun, chacune pioche dans les bouquins que j'écris, ce qu'ils et elles veulent, des choses qu'on sait déjà, des choses dont on n'avait pas pris à la proportion, des choses qu'on découvre, comme moi je les ai découvertes en faisant des recherches. Et donc, dans Manger les riches, parce que je faisais un petit contexte, pardon, mais attention, je suis très bavarde, il va falloir me cadrer, il y a des amis qui le savent ici. Donc, dans Manger les riches, ce qui m'intéressait, c'était de partir de ce qu'on appellerait la vision macro, donc vraiment globale, du marché, et... économie, finance, donc la financiarisation de l'alimentation qui donc aujourd'hui est considérée comme un produit, un objet comme les autres donc au même titre que du pétrole, au même titre que du bois, on a les farines, les céréales, etc. le lait, donc c'est devenu un produit, c'est vraiment un objet, on s'échange, on se vend, on se revend, on spécule sur des matières premières considérées comme n'importe quelle autre matière première, sauf qu'en fait, cette spéculation et ce système il rend dépendant de nombreux pays, voire des continents entiers. Et il peut provoquer. D'habitude, sur les marchés, dans les supermarchés, tu vas devoir t'adapter. Mais peut-être que si tu vois une épicerie qui vend du chou-fleur, des patates et du pot de farine, tu seras content parce que tu sauras le cuisiner. Et ça fait partie de ton identité. Et c'est du plaisir aussi. Et en fait, je vois qu'il réfléchit. Il dit, ah oui, effectivement. Et il dit, je vois en quoi c'est stigmatisant que je dise ça. Donc, le locavorisme, c'est important d'en parler. La saisonnalité aussi, mais l'espèce de pureté sans penser en dehors de soi. Donc, ce n'est pas une remarque agressive ou quoi, mais en fait, parce qu'il n'a pas pensé en dehors de lui. Lui, il est blanc, il a grandi en France. Deux parents en français, l'hexagone blanc. Donc, pour lui, c'est normal, naturel d'avoir chou-fleur, carotte, poireau, machin. Donc, lui, dans son assiette, il n'y a pas de produit, sauf... Ce qu'ils ne conscientisent pas comme des produits exotiques, parce que je pense qu'ils mangent de la banane comme beaucoup de gens, et que là, ils ne se disent pas « Ouh là là, l'empreinte carbone de ma banane ! » Bien sûr. Il y a plein de trucs qu'ils mangent. Si tu manges de la mangue, c'est la même chose. La mangue à viande, les avocats ne viennent pas tous d'Italie. Bon, bref. Donc, se dire que manger des coloniales, ce serait manger local, ça ne veut rien dire, au final. Parce qu'au contraire, si on te force à manger local... On annihile une partie de notre identité et on veut que justement, tu n'aies plus cette identité-là et te forcer à t'intégrer, comme on dit. Donc, c'est hyper violent de dire à quelqu'un, non, tu vas arrêter. Et une fois, pareil, j'étais en rencontre autour de ces questions-là. Et il y a une femme qui est venue me voir après, qui, elle, est colombienne. Elle habite en France depuis 10 ans, un truc comme ça. Et donc, elle a une quarantaine d'années. Donc, elle a quand même vécu 30 ans en Colombie et tout, et de parents colombiens, tout ça. Et en fait, elle a une recette dont elle me parlait, une recette que sa mère faisait. Donc, c'est un vrai truc, voilà, un truc made in France. Et donc, c'est un goût spécifique, des épices spécifiques, des produits spécifiques et tout. Et donc, elle arrive en France et tout, bon. Et elle a dit, j'ai essayé de refaire ce plat. Mais, elle dit, ayant une volonté politique, moi-même, avec mes moyens d'essayer de manger local, de saison et tout, j'ai essayé de reproduire ce plat avec des produits que je pouvais trouver. Donc, elle habite vers Annecy, que je pouvais trouver là-bas. Et elle dit, j'essaie de faire comme je peux. Il y a aussi des produits, les épices, on les trouve en supermarché, donc pas besoin de les faire venir nous-mêmes. Et elle me dit, j'ai fait ce plat-là, ça ressemblait à l'original, mais elle dit, quand j'ai goûté, ça n'avait rien à voir. Elle m'a dit, mais le goût, mais genre, rien à voir. Et elle s'est dit, ok, est-ce qu'au nom de mes idéaux, de mes valeurs, politiques, environnementales, humaines et tout, je dois pour autant renoncer à mes racines ? et au plaisir aussi de retrouver un plat de mon enfance, de ma mère, etc. Et en fait, elle s'est dit, ben non, je ne sais pas pourquoi moi, je ferais un sacrifice comme ça. Et donc, elle a trouvé une association aussi. Elle a lancé un appel sur Facebook et tout. Elle a trouvé des femmes qui viennent aussi d'Amérique du Sud et plusieurs femmes de Colombie, où il y a des cultures et des plats qui se regroupent, des ingrédients qui sont les mêmes et tout. Pour justement en se disant, bon, comment on fait pour faire venir ces ingrédients, ces produits ? le moins polluant possible. Donc, elles se sont dit, on va commander en groupe. Et donc, elles ont fait un petit groupe unofficial, c'est-à-dire coopérative ou quoi, où en fait, elles commandent en groupe pour ne pas faire venir les trucs par des petits colis et machin et tout. Et donc, pour pouvoir retrouver le goût de leur culture, le goût de leur identité, le goût des plats que leur mère faisait. Donc oui, pour finir ta question, décolonial, pour moi, ce serait un minima de conscientiser, comme on le disait tout à l'heure. de conscientiser ce qu'on mange, à qui ça profite, qui ça dessert, etc.
- Speaker #1
Petite digression en rapport avec ce que tu viens de dire, mais en ce moment, on veut fermer les salons afro à partir de 20h parce que ça fait trop de bruit et que ça pue apparemment. Et ça me fait penser à ça, en fait. C'est écarter une culture. Et c'est la même chose pour là où on va trouver les épiceries exotiques. En général, on ne va pas en trouver dans le 9e, dans des beaux quartiers, etc. Si, mais elles coûtent une place extrêmement chère. C'est brandé avec des étiquettes toutes ninnies, etc. Mais les épices, en gros, moi, j'adore acheter des épices, en gros, dans la boutique qui est à côté de chez moi et qui n'est du coup pas du tout dans Paris, qui coûtent beaucoup moins cher. Et avec même les marques que je vais trouver en Guadeloupe, par exemple. Et pareil, aussi... pour rebondir, mais sur le fait d'amener des produits en essayant le moins possible de soutenir le système tel qu'il est, il y a énormément de gens qui, par exemple, quand ils vont partir en Guadeloupe, ils vont revenir avec une valise remplie de tous leurs produits qu'ils ne peuvent pas trouver ici parce que c'est un sacrifice. Et que quand tu as le moment où tu sais que tu vas aller en Guadeloupe et qu'il te faut une deuxième valise que tu vas bien charger pour revenir, parce qu'en fait, ici, c'est compliqué, mais tu ne peux pas renoncer à tout ce que ça t'apporte.
- Speaker #2
Et d'ailleurs, même partons plus loin. Renoncer à prendre l'avion. Pardon, mais quand ta famille, elle n'est pas ici.
- Speaker #1
Comment tu fais ?
- Speaker #2
Pourquoi toi, tu devrais renoncer à voir ta famille une fois ou deux fois par an ? Pourquoi ce n'est pas d'autres qui renonceraient à faire des réunions à Los Angeles qui peuvent faire en visio en fait ?
- Speaker #1
Absolument.
- Speaker #2
Donc, il y a aussi ce truc-là de se dire, de penser en dehors de soi, de se dire, moi, ma famille, elle est peut-être en France hexagonale. Dans ce cas-là, pareil, c'est les mêmes qui vont encore sacrifier des choses. Donc, il y a aussi cette question à se poser. Donc c'est aussi... réfléchir en dehors de soi, arrêter de se dire que notre mode de vie, notre point de vue, il est universaliste. C'est le mot qu'on déteste. Et donc, sur ce que tu disais, sur ramener les valises, il y a plein de gens qui font ça. Quand tu repars en Algérie, tu reviens avec de la harissa que tu ne trouves pas ici, l'huile d'olive, du bled, parce que tu ne trouves pas l'huile d'olive, du bled,
- Speaker #1
ici.
- Speaker #2
Et quand je dis du bled, c'est vraiment du bled. Oui, il est mis dans les bouteilles de l'ossieur. Je veux dire, c'est la commercialiser. donc c'est C'est aussi une manière de se dire, je reviens avec encore quelque chose, et puis j'ai cette chose-là dans les placards, parce que je ne retrouverai pas le même goût ici, ni les mêmes marques. Et il y a aussi une forme de confiance. Ces marques-là, je les connais depuis que je suis petite. Ma famille cuisine avec depuis que je suis petite, donc j'ai confiance en cette marque, je la connais, tout le monde la connaît. C'est bon, arrêtez de vouloir me vendre votre truc. Ça se trouve, c'est très bien, mais en fait, juste... Donc pareil, pas d'injonction, on va dire. Mais on l'a vu avec la pâte à tartiner, la fameuse algérienne, quoi. le truc de... Enfin, je veux dire, la méfiance qu'il y a eu de base... Mais elle a été interdite.
- Speaker #1
Elle a été interdite, non ? Elle était le dessus interdite.
- Speaker #2
Ça n'a pas le droit de la vendre en France.
- Speaker #1
C'est fou,
- Speaker #2
quand même. Non, mais c'est un délire. Elle allait me dire que Nutella, c'est... Enfin, je veux dire... À quel point ? Pardon, mais à quel moment ? Est-ce que parce que c'est une pâte à tartiner qui vient d'Algérie, tout de suite, il y a une méfiance a priori sur un produit qui est aussi gras, sucré que la pâte tartinée Nutella, quoi ? Donc cette méfiance-là aussi. Et donc, c'est aussi interdire à des gens de se procurer ce produit-là, qui leur rappelle leur enfance, qu'ils aiment, qui a un goût construit et qui a un truc qui fait plaisir, en fait. Ça fait plaisir. En revanche, les Blancs, ils vont aller crier quand les Etats-Unis interdisent le foie gras et le camembert. Alors là, ça fait la une du monde.
- Speaker #1
Mais c'est toujours deux salles de zambé en sein. Il y a les pauvres et puis...
- Speaker #2
Le foie gras. Et là, on parle comme de maltraité dans son animal, donc il y a quand même un autre truc au-dessus. Et puis, les laits pasteurisés ou non, donc c'est vraiment... Ah là là, on interdit le camembert aux Etats-Unis, branle-bas de combat, on interdit le pâté tartiné algérien en France, mais il faut arrêter, votre truc, il y a sûrement des trucs dégueux dedans, c'est pas trop comment vous faites dans votre pays, on sait très bien que la loi, c'est pas la loi, il y a des billets qui passent. Bonjour Nestlé, bonjour Nestlé Waters, bonjour, c'était en France ? D'accord, ok, non, mais c'est juste pour plus tard, pour me souvenir de vos arguments.
- Speaker #1
Et bien si on bascule un petit peu... du sujet décolonial et qu'on va plus vers le féminisme et la place des femmes globalement dans la cuisine, il y a quelque chose qui m'a toujours interpellée, même si je sais pourquoi c'est comme ça, mais j'aimerais bien quand même en parler, le fait que la plupart des grands chefs cuisiniers sont des chefs sans eux, alors que dans les foyers, ce sont les femmes qui cuisinent, ce sont les femmes qui connaissent les recettes, c'est les recettes des grands-mères, des mères, etc. Quelle est la place des femmes globalement dans l'économie de l'alimentation ? Et est-ce que tu penses qu'il peut y avoir une forme de vrai empowerment ? C'est pas juste un truc qui est vendu féminisme washer.
- Speaker #2
J'aime pas trop le mot empowerment, en fait.
- Speaker #1
Je comprends.
- Speaker #2
Moi, je vois vraiment du capitalisme, du féminisme bourgeois blanc, capitaliste, en mode, soyez des girlboss, quoi. En fait, non, si t'es prégnée d'être une girlboss, t'es pas une... Enfin, je veux dire, ça veut dire quoi ? Si c'est pour exploiter les autres et refaire les mêmes... Si c'est pour refaire le capitalisme avec des femmes, ça marche bien d'intérêt, en fait. C'est le système qui ne marche pas. Sur cette question, c'est simple. En France, dans les écoles, formation, auturie, restauration... En moyenne, j'ai dit en moyenne parce qu'il y a parfois des grands écarts, en moyenne, c'est 55 ans, donc il y a autant de garçons ou de filles ou de femmes ou d'hommes qui font ces formations-là. En revanche, quand on regarde dans la restauration traditionnelle, donc ça veut dire pas la restauration collective et tout, on a 28% de cuisinières et 19% de chefs. C'est tout. C'est très très peu. Donc la question d'abord, c'est pourquoi elles se barrent ? Bon, je pense qu'on peut comprendre. Je ne vais vraiment pas refaire toutes les... On comprend pourquoi elles se cassent. Obstacles, systémiques, misogynie, agression, violence. Tout le monde prend cher dans le reste de l'organisation, mais on sait très bien qu'intersectionnalité, et alors vraiment, ça s'accumule. Vous êtes une femme, une femme racisée, une femme queer, une femme handi, etc. Ça commence à faire beaucoup pour eux. Donc voilà, on sait pourquoi elles partent. Et aussi parce qu'il y a aussi des problèmes en France au niveau systémique pour les mères. les mères de la ville, les mères et les mamans de garde, etc. que les hommes ne prennent pas leurs responsabilités là-dessus non plus. Donc, on voit bien, celles qui sacrifient leur carrière, on sait que c'est les femmes. C'est plus les femmes qui sont à mi-temps, etc. C'est le plus petit salaire qui se sacrifie et c'est souvent les femmes. Donc, il y a ça. Mais ce qui est intéressant, c'est que d'un autre côté, dans les couples hétérosexuels, les ménages hétérosexuels en France, c'est à plus de 80% les femmes qui font le repas du quotidien. Donc, il y a d'un côté la cuisine domestique qui est... gratuite, qui n'est pas valorisante ni valorisée, et de l'autre côté, la cuisine professionnelle, qui elle, va être valorisante valorisée. Et à partir du moment où c'est des hommes qui vont faire la cuisine, ça va devenir valorisant et valorisé. Quand c'est des femmes, on va dire, bah, c'est normal. Donc il y a tout ce truc de, c'est inné. Donc déjà, il y a aussi l'argument de une femme qui fait la cuisine, elle n'a pas trop de mérite. C'est dans ses gènes, quoi. C'est normal. C'est l'orio des choses. Ça, c'est naturel. toutes en sachant faire la cuisine, comme on est toutes en sachant s'occuper d'un enfant, l'instinct maternel. Donc, pas de mérite. Pourquoi on dirait que c'est bien ? T'as aucun mérite à le faire. Alors qu'un homme, vu qu'un homme ne sait pas cuisiner de base, il doit apprendre, il doit faire des efforts. Et donc, bravo ! Et donc, déjà, il y a ce truc-là. Quand un mec dans un couple hétéro fait à manger, uniquement quand il y a des invités, Il choisit son moment. Et tout le monde dit, mais c'est hyper bon Sébastien. C'est ouf. Toi, t'es là genre, attends, je fais la cuisine 362 jours par an. Y'a personne pour me dire, c'est de mieux, c'est de mieux. Mais là, c'est bon Sébastien et tout. Le barbec, typique. Donc, ce qu'on apprend, c'est la cuisine d'exception, dans le sens exceptionnel. Pas genre, c'est super jus, ça fait exception au quotidien. Et c'est pareil. Donc, c'est, oh mon Dieu, c'est super ce que t'as fait. C'est génial et touche pas quoi. Il m'a dit, tu connais cette anecdote, Victoria. Un jour, mon père a eu deux filles et il est toujours avec ma mère. Et donc, c'est le seul homme de la maison. Ouh là, le pauvre, le pauvre. Et donc, mon père ne cuisine absolument pas. Il ne sait pas cuisiner du tout. Donc, il se fait nourrir quand même par la mère depuis très longtemps. Mais il fait le barbecue. Et un jour, j'étais chez mes parents. Je reviens chez mes parents et je dis, il faisait beau. Et donc, je dis à mon père, est-ce que tu vas faire un barbecue demain, dimanche et tout ? Et il me dit, bah non, non, parce que demain, je fais des travaux, voilà, chez monsieur machin et tout. Je dis, ah zut, c'est dommage. Et là, il ose nous regarder toutes les trois et dire, mais comment vous allez faire si je ne suis pas là ou quand je ne serai pas là ?
- Speaker #1
Ah oui !
- Speaker #2
Et comment on va faire quoi ? Se nourrir ? Bah, je crois qu'en fait, tu n'as pas besoin de t'inquiéter. C'est plutôt toi, comment tu vas faire pour te nourrir ? Globalement, la question, c'est ça. Donc, on a éclaté de rire. Il s'est senti trop vexé. Bon, c'est pas la peine de vous moquer, je m'accroche. Bah si, globalement. Et j'étais là, tu veux dire, comment on va pour faire ce qu'on fait tous les jours, en fait ? On n'a pas besoin de ça pour faire... Déjà, le barbecue, pardon, mais en fait, c'est pas difficile. On n'est pas... Non mais... Ça va, je crois. Et avant, ils ont un truc de... Le feu, c'est dangereux, c'est difficile. Je vais allumer le sarbon. Ah, bon, on m'a déjà dit. Ah bon, mais tu sais allumer un barbecue ? J'étais là. Mais je pense qu'un enfant de 11 ans, tu lui apprends... Enfin, je veux dire, n'importe quoi. Comment on fait des pattes déjà ? Al dente, ça veut dire... quoi, ouh il y a du maître bref, et donc il dit ça donc il y a ce truc là de ouh là là moi je suis le maître du feu et compagnie, et donc il y a aussi en restauration rémunérée ce truc là de ouh attention moi je maîtrise et dans mes livres et notamment dans le dernier, violence en cuisine qui sortit au mois de mai sur les violences dans la restauration tout type de violences, il y a un chapitre évidemment sur la misogynie et le sexisme et donc il y a eu toujours l'argument de donc les femmes ont toujours été dans les cuisines pro, je tiens à le dire parce qu'on dit la blase des femmes mais les femmes ont toujours été Merci. embauchés pour cuisiner. Avant que les restos existent, c'était chez les particuliers. Vous savez, quand on parle d'un resto-gastron, on dit les grandes maisons. Parce qu'à la base, ils ont parlé des vraies maisons. C'est pour ça que ça s'appelle comme ça. La grande maison, genre quand tu cuisinais pour les Rothschilds. C'était dans une grande maison. Donc, il y a toujours eu des cuisinières, sauf que les chefs, c'était des hommes, toujours. C'était beaucoup plus valorisant, quand tu étais riche, d'avoir dans tes cuisines un homme qui dirige toutes les femmes ou les autres hommes. Bref, donc les cuisinières, je ne sais plus ce que je voulais dire. Si, les cuisinières, il y a toujours eu professionnels, mais dans les propos que j'ai pu lire, dans tous ces mecs qui écrivaient au début des restaurants, ou même jusqu'à il n'y a pas très longtemps, il y avait cette idée, ce stéréotype que les femmes... Elles sont tout à fait capables de reproduire un plat, mais elles n'ont aucune créativité. Donc, tout ce truc du génie, vous voyez, c'est dans tous les secteurs, notamment dans l'art. Et la cuisine étant considérée comme un art, eh bien, il y a ça. Les femmes peuvent reproduire. Il y a des mecs très connus qui disaient, oui, les femmes peuvent faire. Elles sont derrière les fourneaux. Oui, bon, elles vont faire la blanquette et tout, mais ne leur demandez pas de créer un plat. Et même, il y en a qui disaient, ok, elles peuvent peut-être créer un plat sophistiqué, mais elles n'ont pas la précision nécessaire et le palais assez affûté, donc ce sera un peu bâclé. Et c'est intéressant parce qu'en fait, tout est contradictoire. D'une part, on dit, allez, fais-moi un sandwich, je retourne dans la cuisine, alors que les chefs et tout, c'est des mecs. Et d'autre part, on va dire, elles ne sont pas assez précises et minutieuses, alors que justement, le stéréotype de gens, c'est les femmes sont minutieuses, sont précises, c'est pour ça que c'est elles qui sont les petites mains péjoratives de la haute couture pareil la haute couture Je veux dire, les couturiers, si je te dis couturier, tu penses...
- Speaker #1
Grand créateur.
- Speaker #2
Les hommes, surtout. Il y a des femmes, les premiers noms qui viennent en France, notamment. Alors, Chanel, c'est une termine. Oui, il y a Chanel. Oui, mais alors, pardon. Après Chanel, il y a qui ? Il y a la Gerfeld. Donc, en fait, c'est aussi ça. Même là, elles n'existent plus. Donc, voilà, on a Saint-Laurent, Dior et compagnie. Quand on pense couturière, rien que le mot, on ne pense pas à une grande couturière. Les coiffeurs et coiffeuses. Je veux dire, qui lance ses marques avec leur nom dessus ? Qui lance les salons de coiffure ? C'est des hommes. Donc coiffeur, coiffeuse, c'est pareil. Et cuisinière, je rappelle, c'est aussi ce qui désigne l'objet dans votre cuis... La cuisinière, quoi. Intéressant quand même de se dire ça. Mais donc, voilà, il y a ce truc-là de... Les femmes seraient comme si... Mais pas ça. Mais en fait, l'argument, il se retourne complètement dans notre domaine. Donc en fait, rien n'est cohérent. Il n'y a aucune rationalité là-dedans, quoi. C'est quand ça les arrange. Mais donc c'est vous, pour disqualifier les femmes... Il y a toujours eu ce truc de « oui, non mais d'accord, elles font la cuisine, mais comme disait Bocuse, il y a cuisine et cuisine » . Il disait « il y a cuisine de gonzesse, en gros, et il y a cuisine de bonhomme » .
- Speaker #1
Parce que ça ne vaut pas la grande cuisine, le grand génie, etc. Ça a un nombre à temps,
- Speaker #2
excuse-moi. Mais c'est aussi pour ça qu'on le voit bien aujourd'hui encore, avec les créateuristes de contenus qui font à manger, il y a beaucoup de mecs, notamment issus de Top Chef. qui ont des TikTok, des Insta, des YouTube où ils sont très suivis et ils font toutes sortes de bouffe, même des trucs hyper comfort food. Et les femmes, on va leur dire, oui, il faudra que tu fais de la cuisine. C'est clair. Ou alors elles-mêmes vont se dire, je vais faire peut-être de la pâtisserie parce que c'est un truc de meuf. Et on se fout de celles qui vont faire autre chose ou une prétention à vouloir égaler les hommes. Donc, il y a toujours ce truc-là qui est là. Et on parle toujours dans le Top Chef encore, c'est fou, 2025, de cuisine de femmes, cuisine féminine, dans le chiffre, il y a ça. Ça ne veut rien dire avec une féminine. On ne peut pas savoir qui a fait le plat. C'est impossible. Ça n'a pas de sens. Non.
- Speaker #1
Et sur les créatoristes de contenu, récemment, j'avais un commentaire, je pense que c'était sur une vidéo de Lulu Kitchen. Elle avait fait sa recette qui avait l'air très bonne. Ces recettes ont toujours l'air très bonnes et très chouettes. Et quelqu'un avait commenté quelque chose du type « T'as juste fait cuire une burrata, t'as juste fait cuire de la pêche avec une burrata et genre t'as rien inventé. » Tu fais des vidéos cuisine, mais en gros... T'es pas créatif. Ouais, c'est ça. C'est nul ce que tu fais, quoi. Le même mec,
- Speaker #2
il vous fait, en mode, mon TikTok a 8 millions d'abonnés, je suis un ancien top chef. Ah, en plus, ça écoutait très bien. Allez, aujourd'hui, on va faire un plat pimenté pour tes potes. Et donc, il met des nachos, de la harissa, du fromage fondu, des jalapenos et tout, dans un plat gratin. Il le met au fond. Tout le monde est là, genre, mais c'est énorme. Personne ne va lui dire, ouais, t'as juste mis des nachos, de la harissa dans un plat. Personne ne va lui dire ça quoi en fait. Mais là que ça a l'air très bon. Ah ouais, je l'ai fait avec mes potes, vas-y, je suis en main. Tu vois, il y a vraiment ce truc de, non, non, les meufs ne sont pas créatifs, ça, juste fais ça. Mais il y a même, il y a une amie à moi qui est cuisinière, qui est passée par des étoilés, elle cuisine dans des restos qu'on dit bistronomiques et tout. Et dans mon livre, elle témoigne et elle dit que, ça l'a pris plein la gueule, violence, etc. dans les restos, mais elle dit qu'en fait, son but, c'était d'arriver au chaud, donc au cuisson. Qui sont un truc très masculin. Et on voit bien le barbecue, je veux dire, avec le feu, les cuissons, le chaud, etc. Et elle dit, elle-même, elle a intégré des stéréotypes de genre sexistes et misogynes, où elle dit, je lui dis, mais pourquoi est-ce que pour toi, c'est un peu le Graal ? Elle dit, parce qu'en fait, j'ai pas envie qu'on dise que je fais de la cuisine de filles. C'est-à-dire juste de l'assemblage. On met de petites tranches de thon dans un truc, des petites fleurs, des petites tomates cerises, un petit vinaigre à la fleur de sureau, et voilà. Genre, c'est mignon.
- Speaker #1
Mais c'est pas très créatif.
- Speaker #2
Je ne sais même pas où est le... Mais en revanche, juste faire cuire de la viande... Wow ! Donc même au sein de la restauration du système, des brigades et tout, il y a ce truc-là. Le chaud, en soi. Alors que, et je ne dénigre pas le savoir-faire, évidemment, on le... On ne le donne pas à quelqu'un qui débarque en restauration à la cuisson. Parce qu'on n'est pas sûr qu'on cuit un truc. Il faut y aller vers la cuisson. Tu dois servir une table de 6. Bon courage, quoi. Mais il y a ce truc encore de cuire une viande ou un poisson. Waouh. Et là, personne ne va te dire, mais tu n'es pas créatif. Tu as juste fait cuire un truc. Alors qu'une nana qui fait des machins, on va lui dire, ça va, tu as mis trois petites fleurs, tu as mis un truc d'oxalis dans ton truc avec un sorbet au machin. Voilà. Bon, donc il y a aussi ce truc-là encore de, quand c'est un homme qui va être très minutieux, ça va être super. C'est super, c'est domestiqué, c'est une œuvre d'art dans l'assiette, magnifique. Et quand c'est une meuf, il y a toujours ce côté, oui, enfin bon, c'est mignon ce qu'elle fait.
- Speaker #1
Oui, on a toujours un double standard, mais ça ne vaut pas que dans la cuisine, malheureusement.
- Speaker #2
Par exemple, Alain Passard passe au végétal entièrement à l'arpège. Tout le monde est en mode pionnier, pionnier. Mais ce n'est pas vrai, non. Il y a des meufs qui sont pionnières du végétal avant les hommes, en fait.
- Speaker #1
Mais c'était nul quand c'était les femmes.
- Speaker #2
Mais quand c'était les femmes, c'était militant. Donc c'est pas bien Et donc, c'est forcément pas ouf. Essayez de pas être gourmand et tout. Là, les riches, ils vont aller se précipiter pour payer 500 balles un repas chez Alain Passard. Et il peut leur servir un demi poireau brûlé avec rien. Et ils vont être là genre, mais il a revisité le produit, vraiment. Mais vraiment, c'est la quintessence du poireau. Il va peut-être l'appeler comme ça, quintessence de poireau. Enfin, je veux dire, c'est possible en vrai. Donc, en fait, il y a ça aussi. C'est-à-dire que si vous, dans votre resto de quartier, vous faites ce qu'Alain Passard, il va faire comme escroquerie ou... C'est un mot escroquiste. Merci la diffamation. Non mais si vous faites ça, on va dire oui, t'as juste mis un truc là. Et non, à l'impassar, c'est parce qu'on mange pas juste... Pensez magique. On mange dû à l'impassar. Donc on mange autre chose. On mange un truc d'art, on mange une figure. C'est important, c'est pour ça que les gens vont prendre en photo sur Insta des trucs où ils payent 20 euros pour un truc. Il y a trois petits pois dans ton assiette. Tu te fais un peu arnaque. Ils sont là, ouais mais j'ai mangé chez machin. En gros, j'ai coché la case, j'ai mangé tel truc. Comme on dit, tu portes qui ? Et donc, c'est, je porte machin. Machin, il est mort. Tu portes Dior et... Dior, il est mort, pardon, mais donc tu portes... Mais tu portes du Dior, même si c'est pas Dior qui l'a fait. Donc là, c'est pareil, tu manges... Tu manges... J'ai mangé chez Passard. Alors, Passard, il te trouve, vu son resto à Tokyo, il a jamais mis les pieds. Enfin bon. Donc, il y a ça, j'ai mangé chez machin, du machin, du truc, quoi. quand on achète les trucs de gros lait là le fameux voilà voilà je vais toujours pas finir ma phrase en fait ce que tout le monde sait, vous avez compris ceux qui savent, savent et donc voilà c'est qu'il y a aussi une pensée magique de ce côté là et donc pour les femmes ça va être dénigrant la cuisine végétale parce que effectivement c'est associé au féminin le végétal la viande c'est les hommes et donc Alain Passart il a quand même été connu pour oui certes il a commencé aussi en faisant des trucs végétaux machin sauf que le mec il a fait des horreurs avec des animaux qui sont des hybrides où il coupe en deux un canard et il coupe en deux un poulet Et il les recoue ensemble, il le rôtit.
- Speaker #1
Mais pardon !
- Speaker #2
Ouais. Et en fait, Passard, il est connu pour... En Seine-sur-Aide. Il est très connu et réputé pour son aspect rôtisseur. C'est un mec qui est très connu pour cette cuisson-là. Et aujourd'hui, on le met en mode pionnier du végétal. Et donc, on invisibilise toutes les personnes avant, notamment les femmes qui ont eu des restos ou qui ont toujours des restos là-dessus. Sur tous les papiers qui parlent de Passard, végétal, machin, depuis un mois... Tout le monde oublie qu'il y a la première femme qui a eu une étoile Michelin pour un resto vegan. Personne ne la cite, Claire. Personne ne la cite. C'est ouf, quoi. Il faut le rappeler tout le temps, tout le temps, tout le temps. Donc les hommes sont des pionniers, les femmes sont des suiveuses, les hommes sont des génies, les femmes sont militantes. Donc il y a toujours... En fait, on est toujours présentes en vrai, on le sait. Et pour finir sur cette question, parce que sur le végétal, c'est intéressant, pareil, quand on parle du véganisme, on dit il y a un truc de blanc et tout. hello l'afro-véganisme quoi donc il y a plein plein de femmes, des créateurrices de contenu des créatrices de contenu, des blogueuses et tout, des femmes qui ont des comptes qui rappellent aussi les origines du véganisme et aussi pour qu'on arrête de dire c'est un truc de blanc et c'est aussi un niveau politique de dire non en fait ça veut rien dire déjà, c'est un truc de blanc non, mais en fait les origines du véganisme elles sont mondiales et elles sont à aller chercher aussi sur tout le continent africain sur le continent asiatique
- Speaker #0
Donc, manger des collènes, ce serait ça aussi, c'est-à-dire les tendances comme ça, ou bien les mots, ou bien les régimes, d'où ils viennent.
- Speaker #1
Oui, finalement, on revient toujours à l'information. Il faut connaître l'histoire.
- Speaker #0
Connaître l'histoire, savoir pourquoi, pour qui, machin. Mais donc oui, sur la cuisine, il y a ça qui est quand même terrible. Il y a toujours cet aspect, le sachant, c'est l'homme. La femme, elle apprend de l'homme. Bien sûr. Pardon, mais en cuisine, à la maison, si les mecs avaient plus appris, pas trop ça. Ce ne sera pas 80% des femmes qui font la cuisine. Les mecs sauraient au moins se faire cuire un oeuf sur le plat sans faire cuire le jaune avec.
- Speaker #1
Ça va être la dernière question puisque malheureusement, on arrive à la fin du talk. C'était moult intéressant. Je vous conclurai après.
- Speaker #0
Je vous remercie pour vos questions et vos réflexions très intéressantes.
- Speaker #1
Merci beaucoup. Pour ma dernière question, j'aimerais conclure sur, selon toi, quels seraient des loisirs concrets pour pouvoir changer le système alimentaire ? Qu'est-ce qu'on peut faire, nous, à notre échelle, pour... C'est que ça soit un peu moins pire ?
- Speaker #0
C'est compliqué parce que les injonctions individuelles, justement, il faut aller contre ça. C'est le système qu'il faut, non pas réformer, mais complètement renverser. On s'informe. On s'informe comme on peut, quand on peut. Et on essaie d'avoir un esprit critique sur des choses qui peuvent nous paraître évidentes. Notamment sur les stigmatisations. On peut se dire, par exemple, cette anecdote sur acheter des trucs dans les épiceries exotiques, bilan carbone, machin. Il faut aller au-delà de ça. Et c'est de parler entre nous, justement. C'est comme ça qu'on se défait aussi de stéréotypes, qu'on parle à d'autres gens. Donc, ce n'est pas juste moi, l'expérience, mon point de vue et tout. Et vraiment se méfier des injonctions individuelles. Ne pas se dire que, ah bah oui, ça a une frais-légume par jour. Bah oui, évidemment, ça a une frais-légume par jour. Bah, qui peut manger ça a une frais-légume par jour ? De se dire, qui a les moyens, qui peut ? Enfin, ce n'est pas que des moyens financiers. La question de bien manger, ça ne coûte pas cher. moi c'est un truc que je débunk depuis des années bien sûr que ça coûte cher et c'est pas qu'une question pécuniaire en fait. Qui a le temps, les endroits où aller, qui peut se déplacer, qui est assez valide pour cuisiner, qui peut avoir le temps de s'informer sur comment on cuisine un topinambour, un artichaut, comment on fait tel truc, qui a les moyens de payer les factures d'électricité pour faire cuire un plat pendant 1h30 dans le four. Qui dispose d'une plaie de cuisson, qui a des ustensiles, qui a un frigo, qui a un congélateur, parce que le batch cooking c'est gentil, mais quand ton frigo est comme ça, tu batch cook quoi en fait ? Donc, c'est pour ça, les injonctions individuelles, se dire, voilà les solutions pour... Mais à qui s'adressent ces sommets ? Et donc, je dirais, pour conclure, si ça vous tente, vous renseigner sur la sécurité sociale alimentaire. Donc, ça fait pas mal d'années que cette expérimentation-là, le principe est simple. La sécu sociale de santé qu'on connaît, mise en place après la Seconde Guerre mondiale. À l'époque, tout le monde disait, mais n'importe quoi, cotiser pour tous, ça ne marchera jamais au niveau national, ça ne restera qu'au niveau local, n'importe quoi. Preuve que ça existe. Et la sécu sociale, donc ta SSA, ça marcherait de la même manière. C'est-à-dire que tout le monde cotise selon ses moyens. On aurait une forme de carte vitale alimentaire et on reçoit chaque mois de la thune pour acheter à manger. Comme ça, il y a ce qu'on appelle un budget sanctuarisé. C'est-à-dire qu'en fait, tout ce que nous, on gagne, on fait d'autres choses avec, mais on sait que chaque mois, on a 150 euros. pour acheter à manger. Et l'idée aussi, c'est donc évidemment de changer le système avec ça. Donc, les réflexions en cours. En ce moment, en France, il y a environ 80 expérimentations. Il y en a une dans le 20e à Paris. Il y en aura bientôt une dans le 18e et bientôt une dans le 14e aussi. Donc, les personnes qui s'y habitaient là-bas. Il y a aussi en Seine-Saint-Denis, dans tout le département, il y a des réflexions autour de ça. Il y a pas mal de départements d'Ile-de-France qui sont en train d'y réfléchir, des mairies d'Ile-de-France qui sont en train d'y réfléchir ou de mettre des choses en place. Ça, vous pouvez aussi aller voir sur le site SSA. Il y a plein d'initiatives répertoriées, etc. Mais vous pouvez aussi aller demander à votre mairie, plein d'assos sur place. Et le principe, c'est quand même de ne pas... L'idée, en gros, vu que c'est changer le système, c'est aussi réfléchir à comment on dépense cet argent. Donc, c'est se dire, est-ce qu'on veut continuer à filer du pognon à Leclerc, Intermarché, Lidl, etc. Donc, rien n'est parfait. C'est pour ça que c'est des expérimentations, des expériments. Il y a des territoires où c'est possible. ce qu'on appellerait conventionné, comme vous savez, les médecins conventionnés et tout, de conventionner des commerces de proximité, en disant, genre, cet argent-là, vous ne pouvez le dépenser que dans ces endroits-là, parce qu'en fait, c'est des endroits qui reversent la thune aux paysans, il n'y a pas d'intermédiaire dégueulasse qui se fait des marges horribles dessus, c'est pas le système agroalimentaire et tout. Donc, on a un circuit qui est quand même vertueux pour tout le monde, mais il y a des endroits où tu ne peux pas, en fait, où il n'y a plus aucun commerce de proximité, et il y a juste le clair du coin. Tu ne vas pas forcer les gens à faire 50 bandes pour aller acheter des fruits et légumes bio à la Biocop parce qu'elle est conventionnée. Donc, c'est pour ça que c'est quelque chose qui est par territoire, par ville vraiment, ou par territoire un peu étendu. Mais par exemple, à Montpellier, c'est dans les pionniers de la SSA, donc ils ont une caisse alimentaire. Et à Montpellier, ils vont là, à cette rentrée-là, je crois que maintenant, il va y avoir 300 ou 200 ménages qui vont pouvoir en profiter. Et le truc important de la SSA, c'est que c'est un comité citoyen qui décide. C'est de la démocratie alimentaire. Ce ne sont pas des gens qui disent aux autres, voilà comment vous allez dépenser votre argent, voilà ce que vous allez manger. C'est des comités citoyens, des gens concernés, des gens adhérents, qui décident de combien on doit mettre minimum par mois. Parce que là, pour l'instant, vu que ce n'est pas national, les gens décident de ce qu'ils mettent. C'est-à-dire que tout le monde reçoit la même somme et tout le monde met ce qu'il peut. Donc il y a des caisses qui vont dire que le minimum, c'est 1 euro, mais vous recevez 80 euros à la fin du mois. Le minimum, c'est 2 euros. Là, il n'y a pas de minimum. Donc les gens qui ont les moyens, ils vont mettre 80 balles et récupèrent la même somme, mais ils savent que les 80 vont servir à la caisse pour les gens qui payent 1 euro, sur le principe. Mais le but, c'est justement d'avoir des gens concernés. parlent, qui discutent, qui décident. Donc, ce n'est pas du tout un truc descendant. Ce n'est pas du tout un truc de sachant qui vient dire aux autres « Salut les pauvres, moi, je vais vous dire où acheter vos fruits et légumes. » Fruits et légumes, perdure, n'oubliez pas. Et donc, il y a plein de questions différentes qui se posent selon les territoires, selon les gens qui sont là, selon la région, selon tout. Franchement, moi, j'en ai rencontré plusieurs. C'est passionnant d'aller parler avec tout le monde, de voir les différences de territoire, les différences. Par exemple, il y a des questions qui sont soulevées du genre quel genre de produit on autorise à l'achat, c'est-à-dire qu'on ne va pas dire aux gens quoi acheter. Mais est-ce qu'on peut dire aux gens, par contre, l'alcool, c'est pas dans les 150 euros que vous recevez à la fin du mois. Le chocolat non plus, les chips. Mais dans ce cas-là, tu commences à polisser aussi l'alimentation des gens. Dans ce cas-là, quoi ? Tu vas dire aux gens, vous n'avez pas envie d'acheter des chips ? Mais de quel droit tu me dis de ne pas pouvoir acheter des chips, en fait ? C'était qui ? Si j'ai envie de bouffer des chips devant une série, ou bien si je n'ai pas le temps de cuisiner, que j'ai envie de me remplir le bide avant de partir au taf, j'ai le droit de bouffer des chips et du pain, en fait ? Donc voilà, plein de questions comme ça, mais en tout cas, c'est un projet démocratique qui vise à un droit à l'alimentation. donc je dirais qu'il y a ce projet là qui est très concret qui existe depuis pas mal d'années et donc ça c'est pour moi une des solutions les plus concrètes on sait que ça marche c'est expérimenter des façons de faire et donc au fur et à mesure ah tiens ça ne marchait pas donc on va faire comme ci comme ça mais ça fonctionne il y a des gens qui disent c'est hyper émouvant quand tu vas parler avec des gens qui sont adhérents adhérents ils te disent ça m'a sauvé la vie c'est faux vraiment je ne cuisinais plus j'ai plus les moyens mon enfant je le nourrissais et moi je mangeais plus qu'eux. Deux tranches de jambon, je me sacrifiais pour mon enfant et ça m'a sauvé la vie. Ou bien j'étais hospitalisée pour des maladies chroniques, ça fait un an et demi, je suis en très bonne santé. Donc ça sauve des vies. Donc ça, c'est un levier très très très concret.
- Speaker #1
Et bien on va tous se renseigner sur la SS1. On va faire ça. Je te remercie beaucoup Nora, c'est la pointe de ce talk. Et bien je vous remercie tous. Merci beaucoup, c'était très intéressant. Merci d'être venue sur ce podcast. Merci à tous d'être venus au pop-up. Il y a plein de choses à voir, à déguster. Et puis bonne journée.
- Speaker #0
Salut. Salut.