#38 Arnaud Viala : qui y a-t-il derrière le président du Département ? cover
#38 Arnaud Viala : qui y a-t-il derrière le président du Département ? cover
Finta! L'Aveyron par ses voix

#38 Arnaud Viala : qui y a-t-il derrière le président du Département ?

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47min |02/11/2024
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Finta! L'Aveyron par ses voix

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#38 Arnaud Viala : qui y a-t-il derrière le président du Département ?

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Description

Il est de ces visages que l’on semble connaître, tant ils font partie du paysage. Arnaud Viala est de ceux-là.

Maire, élu départemental, député et désormais Président du Département, Arnaud Viala maîtrise les rouages d’une vie politique locale qu’il a intégré à l’aube des années 2000, alors qu’il avait tout juste 25 ans.


Dans quelques semaines, il fêtera ses 50 ans. Et si l’échéance invite à l’introspection, Arnaud Viala se dit enfin apaisé face au temps qui passe, après s’être senti vieillir trop vite dans ses jeunes années. A travers les jalons importants de sa vie, la famille dans laquelle il a grandi, les modèles qui l’ont aiguillé, le Vézinois a accepté l’exercice, parfois douloureux, de sortir de ses rails politiques, de creuser en lui la sève de son engagement pour le territoire qui l’a vu naître. Et pourtant, c’est entre les lignes, dans les mots qu’il retient, dans ceux qu’il ne prononce pas et dans ses silences, qu’Arnaud Viala semble dire le plus de lui.


C’est dans son bureau de l’hôtel du Département, en plein cœur de Rodez, que nous nous retrouvons. Bonne écoute !

 

Cet épisode a été enregistré le 24 mai 2024.


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Voilà un chemin pour ce nouvel épisode qui me donne du fil à retordre depuis quelques mois, c'est peu de le dire. J'ai rendez-vous à l'hôtel du département et je sais déjà que ce cadre n'est pas le plus propice au laissé-aller. Mais bon, ça encore, je peux peut-être le gérer. Je sais aussi que la politique n'est pas un sujet des plus faciles à aborder, parce qu'il crispe assez spontanément. Et pourtant, dans la ligne éditoriale de Finta, qui donne la parole à celles et ceux qui façonnent et bousculent l'Aveyron, Je crois qu'il était temps d'entendre sa voix à lui en sa qualité de président du département. Je sais que sa parole sera maîtrisée parce qu'en étant en responsabilité, il se sait attendu par ses électeurs. Alors voilà pour le cadre qui n'est pas le plus chaleureux. J'espère simplement qu'à travers cet échange, on pourra entendre sa vision de l'Aveyron, non pas son programme politique, mais quelque chose qui sort de ses tripes, quelque chose qui donne à comprendre vraiment ce qu'il y a de lui dans son rôle de président. C'est parti. Je suis Lola Cross et j'arpente ce bout de campagne depuis dix ans comme journaliste. Avec Finta, je vous invite à croiser des regards, à Finter de plus près. Et ça commence tout de suite. Il est de ces visages que l'on semble connaître tant ils font partie du paysage. Arnaud Vialla est de ceux-là. Maire, élu départemental, député et désormais président du département, Arnaud Vialla maîtrise les rouages d'une vie politique locale qu'il a intégrée à l'aube des années 2000, alors qu'il avait tout juste 25 ans. Dans quelques semaines, il fêtera ses 50 ans. Et si l'échéance invite à l'introspection, Arnaud Vialla se dit enfin apaisé face au temps qui passe après s'être senti vieillir trop vite dans ses plus jeunes années. À travers les jalons importants de sa vie, la famille dans laquelle il a grandi, les modèles qui l'ont aiguillé, le Vésinon a accepté l'exercice parfois douloureux de sortir de ses rails politiques, de creuser en lui la sève de son engagement pour le territoire qu'il a vu naître. Et pourtant, c'est entre les lignes, dans les mots qu'il retient, Dans ce qu'il ne prononce pas, et dans ses silences aussi, Carnoviala semble dire le plus de lui. C'est dans son bureau de l'hôtel du département, en plein cœur de Vaudès, que nous nous retrouvons.

  • Speaker #1

    Alors ça, pour être tout à fait honnête, c'est plutôt un non-choix, parce que ma volonté initiale, c'était qu'on se voit dans un lieu qui m'incarne beaucoup plus, qui me représente beaucoup plus, qui est... Un environnement où je vis et où j'ai toujours vécu d'ailleurs. Et puis c'est les hasards de l'agenda aujourd'hui qui n'ont pas permis qu'on le fasse. Sinon ça aurait été vraiment sur mon lévesou.

  • Speaker #0

    Cette année, en 2024, Arnaud Vialla, vous fâtrez vos 50 ans. Comment vous l'appréhendez ce cap des 50 ans ?

  • Speaker #1

    Alors déjà c'est en décembre. Et moi je dis de plus en plus maintenant que j'avance dans l'âge et que je suis né en décembre. Avant de dire l'année. Je l'appréhende, moi j'ai un rapport au temps qui a beaucoup évolué dans ma vie. Jusqu'à mes 30 ans, mes 35 ans, je faisais des refus d'obstacles. Donc à une période où j'étais très jeune, j'avais l'impression que je vieillissais beaucoup et j'avais du mal à parler de mon âge, à fêter mes anniversaires, à accepter que mes enfants me parlent de ça. Et puis maintenant j'ai un rapport différent, j'ai probablement gagné en maturité et c'est quelque chose qui me laisse indifférent. Je suis... plus apaisée que je ne l'étais lorsque j'étais plus jeune. Et du coup, je n'ai plus cette inquiétude. Et là, par exemple, la perspective de cet anniversaire, qui est quand même symbolique, parce que c'est un gant, c'est pas rien. D'abord, ne me fait rien. Et si elle me fait quelque chose, c'est plutôt un sentiment de réjouissance. Par exemple, j'ai envie de faire quelque chose, de fêter ça avec quelques-uns de mes proches. Pas pour me mettre au centre des attentions, mais parce que j'ai envie de faire plaisir à... à quelques personnes qui me soutiennent, qui m'accompagnent dans cette vie particulière que j'ai, et donc je le ferai, en fin d'année du coup.

  • Speaker #0

    Comment vous vous êtes libéré de cette peur du temps qui passe alors ?

  • Speaker #1

    Ça s'est fait tout seul, il y a des événements aussi... malheureux et heureux de l'existence qui m'ont permis d'intégrer le fait que l'important c'est de vivre chaque instant avec la plus grande intensité possible et surtout pas de se préoccuper du chronomètre donc c'est vraiment quelque chose qui maintenant pour moi est complètement acquis et j'ai même parfois du mal à comprendre pourquoi je réagissais différemment avant et ça s'est fait progressivement c'est vraiment dans la... Les 20 ans, depuis que j'ai 30 ans, que les choses ont beaucoup changé. Une des dernières fois où j'ai un peu tiqué à l'approche de mon anniversaire, ça devait être quand j'ai eu 32 ou 33 ans. Et depuis, chaque année, ça devient plus facile.

  • Speaker #0

    Si elles étaient à refaire, ces 50 années, comment vous les referiez ? De la même manière ?

  • Speaker #1

    Alors moi, il y a des choses que je referais évidemment de la même manière. J'ai des immenses bonheurs dans ma vie. J'ai deux enfants. qui vont très bien, qui deviennent petit à petit des adultes, ou un grand ado et une presque adulte. Et les voir éclore comme ils le font actuellement, c'est le plus grand bonheur de la vie. Avoir la chance... qu'avec leur maman on soit toujours au diapason longtemps après notre rencontre, c'est aussi pour moi un bonheur. Et puis moi, la vie m'a procuré la chance de vivre des expériences très différentes les unes des autres. J'avais démarré avec un sentiment un peu mitigé parce que j'ai un métier, ça on en parle peu parce que je l'ai... exercé mais il y a longtemps que je ne l'exerce plus. Ce métier c'était d'abord le métier d'enseignant, puis ça a été le métier de responsable universitaire. Et mon métier initial qui était celui d'enseignant m'a tout de suite inspiré une crainte parce que je me suis rendu compte que j'avais fait une erreur d'orientation et que c'était sûrement pas ça qui allait me permettre de m'épanouir et de m'accomplir. La vie m'a permis de faire autre chose et j'ai fait beaucoup de choses et donc ça aussi c'est une richesse. Et puis moi, on me fait parfois la remarque, y compris ma famille me dit que c'est sûrement mon principal défaut, mais j'ai vécu à 100 à l'heure, à 200 à l'heure tout le long. Je n'aime pas être ralenti et je suis content de ça parce que j'ai jamais eu le sentiment de perdre une seconde. de mon existence et ça me donne tous les jours envie d'aller encore un peu plus vite.

  • Speaker #0

    Si vous repensez à l'enfant que vous étiez, quels étaient ses rêves d'être président ?

  • Speaker #1

    Alors, ce n'était pas du tout, mais pas du tout, du tout le rêve d'être ni président du département, ni engagé en politique spécialement, même si du plus loin que je puisse me souvenir... la chose publique était vraiment quelque chose qui me préoccupait, dont je me posais des questions tous les jours sur la façon dont ça s'organisait, et puis dont je me suis vraiment intéressé, inquiété dès le plus jeune âge. Moi j'ai des souvenirs de discussions avec mon grand-père maternel, qui était très branché politique, qui date probablement de mes 5 ans, 6 ans. Mais en revanche, j'avais des rêves tout autres. Moi, j'étais passionné d'agriculture, de la campagne où j'ai grandi. J'aimais beaucoup la nature, les animaux, le travail des champs. J'ai beaucoup travaillé dans les champs quand j'étais jeune. Et ça, ça m'a suivi et ça me suit encore. Et quant au choix d'un métier, c'est quelque chose qui, d'ailleurs, je viens de le dire... m'a conduit probablement à une erreur d'aiguillage, mais n'a pas été pour moi consciemment une prise de décision très éclairée. Quand j'avais 17-18 ans, j'étais plutôt bon élève, j'étais bon élève, j'étais plutôt avec des facilités, et pour autant je n'avais pas vraiment un parcours très établi dans ma tête. Et j'avais des possibles, j'en ai choisi. pour des raisons qui n'étaient pas très bien étayées. Et ensuite, c'est la vie qui m'a canalisé dans le reste du déroulement.

  • Speaker #0

    Dans quelle famille est-ce que vous avez grandi ?

  • Speaker #1

    Moi, j'ai vécu dans une famille d'agriculteurs, de mère et de père en fils. où on vivait modestement, une famille où le travail a été la valeur cardinale et la valeur cardinale. Et une famille... Alors moi je suis l'aîné d'une famille de quatre enfants. C'était aussi une famille nombreuse, où on a eu beaucoup de chance de vivre aussi auprès des grands-parents. Moi, mes grands-parents maternels ont beaucoup compté dans ma vie, parce qu'ils vivaient à 20 mètres de nous, ou que nous vivions à 20 mètres d'eux, et qu'ils étaient très impliqués dans notre enfance, avec des parents qui, par contre, avaient énormément de travail, et donc avaient parfois moins de temps pour nous. On était aussi dans une famille où il y avait de l'entraide. Et globalement, moi, j'ai vécu une enfance, je dirais, ordinaire, faite de petits plaisirs, mais dans une famille qui était à la fois travailleuse et modeste.

  • Speaker #0

    Vous parlez de vos grands-parents. Quels ont été peut-être les autres modèles qui ont été marquants autour de vous ?

  • Speaker #1

    C'est pareil, vous me posez la question alors que je vais avoir 50 ans. Ma réponse n'est pas tout à fait la même aujourd'hui que celle que je vous aurais formulée peut-être il y a 15 ans. Mes grands-parents ont été des modèles parce qu'ils ont incarné l'affection, le soin dont on a besoin quand on est jeune. Ma grand-mère maternelle était quelqu'un de très très... attentif et attentionné envers moi et envers mes frères et ma sœur. Mes parents, à ce moment-là, étaient des figures dont j'ai possiblement longtemps dans ma vie minoré l'importance, qui m'ont transmis, sans que je m'en rende compte, beaucoup des valeurs qui m'ont guidé tout au long de ma vie. Ma maman est décédée il y a deux ans, subitement. fauchée alors qu'elle était en pleine forme par un problème cardiaque. C'est une épreuve lourde, très lourde. Alors que je n'étais pas en phase avec elle sur beaucoup de choses. Mais son absence aujourd'hui m'a fait prendre conscience aussi de la place qu'elle a tenue dans ma vie et qu'elle tient dans ma vie. Et du coup, me permet de vivre une relation avec mon père que je n'avais pas vécue jusque-là. Parce que ma mère avait un caractère très très fort et qu'elle faisait filtre entre mon père et moi. Et j'ai aujourd'hui avec mon père une relation que je n'avais pas eue et que je n'aurais pas eue si cet événement malheureux n'était pas survenu maintenant.

  • Speaker #0

    Rester sur le lévezou et en avérant, c'était une évidence pour vous ?

  • Speaker #1

    Alors, consciemment, ce n'était pas une évidence. Et d'ailleurs, j'en suis parti par épisode puisque moi, je suis agrégé d'anglais. Donc, pour parler anglais, il m'a quand même fallu aller ailleurs que sur le Lévesou. Honnêtement, on le parle quand même relativement peu. Donc, j'ai passé du temps en Grande-Bretagne, en Angleterre. Pendant mes études, j'ai fait des études assez longues. J'ai fait des études à Montpellier, mais je faisais le trajet toutes les semaines. Je revenais le week-end. Donc, consciemment... Peut-être, si à 20 ans, on m'avait demandé si j'allais rester sur les vaisseaux, j'aurais répondu plutôt non. Et en réalité, quand on regarde les choses a posteriori, quand je regarde les choses a posteriori, ça a été une constante de ma vie. Je ne suis jamais parti affectivement et je ne suis jamais parti réellement du lévesou et au-delà du lévesou de l'avérum. A telle enseigne d'ailleurs que quand j'ai rencontré celle qui est devenue mon épouse par la suite, elle a compris bien avant moi. Que si nous devions fonder une famille ensemble, ça serait là et que c'était à elle de se déplacer puisqu'elle est de Vichy, d'un côté de Vichy. Elle l'a compris et elle le dit d'ailleurs, alors que moi, à ce moment-là, je ne faisais pas du tout une exigence, mais c'était une évidence.

  • Speaker #0

    Pourquoi ? Qu'est-ce qui se joue dans le lien aux racines ?

  • Speaker #1

    Pourquoi ? Parce que ce sont mes racines. Alors, je vous ai donné à voir mes racines familiales. Il y a aussi une racine... terrestre au sens premier du terme. Moi, je suis enraciné dans ce vécu d'une famille d'agriculteurs. Je suis enraciné dans un terroir. Je suis enraciné dans ce lieu, dans ce département, dans ce lévesou, où finalement, quand j'y réfléchis, je suis bien et qui est le lieu où je me suis vraiment bien comparativement à partout ailleurs. Chaque fois que je pars, j'ai plaisir à revenir. Parce que le sentiment de plénitude pour moi, il est là.

  • Speaker #0

    Vous entrez dans votre premier mandat électif avant même vos 30 ans.

  • Speaker #1

    Vous aviez 29 ans. L'histoire de l'engagement, elle est très ancienne. Moi, j'ai été engagé dans le milieu associatif de ma commune, puis des communes autour qui sont toujours très liées les unes aux autres. Et ça aussi, je m'en suis rendu compte. Bien après, avec toujours une tentation d'aller dans cet engagement associatif, m'occuper précisément de ceux qui étaient aux confins de l'engagement associatif et de la frontière avec les responsables publics, donc les élus locaux. C'est-à-dire que quand j'étais dans le comité des fêtes, c'est moi qui allais voir le maire ou le... ou l'adjoint pour parler des installations, de comment on pourrait mieux les utiliser, etc. Et j'étais toujours avec un regard assez acerbe, parfois critique, sur un certain nombre de manières de faire, etc. Ce qui m'a amené tout naturellement, avant mes 25 ans, à vouloir être membre de l'équipe municipale. Ce qui a été une première expérience, alors je suis devenu conseiller municipal dans une équipe où j'avais un peu forcé le passage, j'avais souhaité qu'on me prenne dans la liste du maire sortant. Peut-être, alors c'est pas que j'étais pas le bienvenu, mais je faisais probablement un peu hésiter, un peu peur, parce que j'étais beaucoup plus jeune que les élus de l'époque, et que j'arrivais avec un peu d'antrisme, un peu de détermination forte. Et dans cette équipe, j'ai appris ce qu'était la gestion d'une commune, et je l'ai appris en condensé, puisque... Trois ans après, j'ai pris une autre décision. Alors celle-là a plus lourde de conséquences, c'est que j'ai voulu être candidat aux élections cantonales, sur le canton dont faisait partie la commune de Vosins de l'Évésou à ce moment-là. Et lorsque j'ai pris cette décision, je n'étais pas trentenaire encore. Nous étions en train de fonder notre famille. Ma fille aînée était tout bébé. Et surtout, il y avait un élu sortant, bien sûr, qui était lui-même adjoint de l'équipe municipale. Ce qui a été un moment relativement difficile. Et cette élection, elle a été fondatrice d'autre chose, parce que cette élection a été naturellement tendue. Elle a été aussi très ténue. J'ai été élu de 25 voix. Et je ne l'ai jamais oublié. Et je sais très bien que mes concitoyens m'avaient quand même majoritairement accordé leur confiance, mais avaient aussi pour une presque moitié d'entre eux émis un doute. Et ce doute, c'était le doute sur mon âge. sur ma capacité à ce stade-là de ma vie de tenir la distance, d'être à la hauteur de l'enjeu. Et moi, dès l'instant où le scrutin s'est révélé m'être favorable et me permettre de venir siéger ici au Conseil Général de l'Aveyron, je me suis dit que mon combat devait être celui de démontrer à tous ceux qui ne m'avaient pas accordé leur confiance de prime abord que je la méritais quand même. Et ça s'est resté ancré en moi. à chaque scrutin qui s'est succédé après. Et je le vis encore comme ça aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Et avec quelle envie vous y allez alors ? Qu'est-ce qui fait que vous vous dites...

  • Speaker #1

    Alors mon envie à ce moment-là, elle se traduisait d'une manière simple. Je voulais qu'on imprime une dynamique. Je pensais déjà à ce moment-là que l'Aveyron était un territoire plein d'atouts, plein de ressources. et qu'il fallait que certains se retroussent les manches pour faire en sorte qu'on les valorise le mieux possible et qu'on permette à ce département dont les atouts et les ressources sont parfois ancrés dans ses traditions de se tourner vers une très très grande modernité. Je le crois toujours. À ce moment-là, il y avait un autre élément, c'est que moi j'avais, du haut de mes 28 ou 29 ans, le sentiment qu'on laissait trop la décision publique à des gens qui étaient plutôt dans la deuxième partie de leur existence, souvent des retraités, parce que je voyais bien que c'était très exigeant et très consommateur en temps. Et moi je considérais que c'était pas bien que les générations pour lesquelles on décide ne soient pas aussi à la manœuvre de la décision. Et... Ayant fait ce constat, ayant ce goût prononcé à ce stade-là quand même de ma vie pour tout ce qui touchait aux institutions, à la chose publique, je me suis dit qu'il fallait que j'y aille. J'étais soutenu aussi. J'avais déjà autour de moi des gens qui m'ont accompagné et qui m'accompagnent encore. Et donc ça a été une belle aventure.

  • Speaker #0

    Ce que vous racontez là, ça fait un peu écho à votre élection en tant que président du Conseil départemental en 2021. L'image que vous pouvez renvoyer d'avoir voulu renverser la table ?

  • Speaker #1

    Alors, renverser la table, je ne sais pas. Mais en tout cas, ce qui est certain, c'est que moi, chaque élection où j'ai été candidat, je l'ai fait avec une réelle envie d'apporter quelque chose. Et j'ai toujours ce souci. Et d'ailleurs, c'est vrai pour l'élection, mais c'est vrai pour le quotidien, mon quotidien d'élu. Je me demande tous les jours à quoi je peux servir dans le mandat qu'on me confie. Et je pense vraiment que cet engagement qui aura consommé, là ça fait plus de 20 ans, et il aura consommé en tout cas ce qu'on appelle les plus belles années de ma vie, c'est sûr, il n'aurait pas pu durer si je n'avais pas eu cette étincelle qui fait que j'ai envie de faire pour les autres. Alors évidemment, on ne peut pas nier qu'il y a aussi une dimension... personnel dans un engagement aussi lourd et moi je suis enthousiaste aussi parce que j'aime ce que je fais et que j'apprends beaucoup, j'ai beaucoup appris mais très sincèrement au fond de moi, ce qui me pousse c'est l'envie de servir les autres et l'envie d'apporter ma pierre à un édifice dont je mesure pleinement qu'il me dépasse énormément.

  • Speaker #0

    Et c'est peut-être là qu'il y a un point que j'aimerais comprendre, c'est quand, comment et pourquoi un jour on se dit... qu'on doit y aller, que ça retombe sur nous, que ça repose sur nous, cette volonté d'être président. Est-ce que vous vous êtes levé un matin en vous disant Je serai président du département

  • Speaker #1

    Pas du tout. Enfin, je m'étais levé une première fois en me disant que je pourrais l'être en 2008. Parce qu'en 2008, quand j'étais donc élu ici depuis 4 ans, puisque je suis arrivé au Conseil Général de l'Aveyron en 2004, En 2008, il y a eu un événement politique majeur en Aveyron, c'est que Jean Puech a annoncé son retrait. Et donc, le camp majoritaire de la droite et du centre-droite s'est retrouvé un peu groggy. Et il y a eu à ce moment-là une primaire interne. Et moi, étant depuis peu à l'Assemblée départementale, parce qu'il y avait ici des ténors qui avaient... 25 ou 30 ans de mandat dans l'EHPAD, je me suis retrouvé dans la situation où un groupe d'élus autour de moi souhaitait, on souhaitait, et moi avec, que nous proposions une alternative de modernisation peut-être plus rapide et de passage de plusieurs étapes à la fois, en faisant en sorte que je sois candidat à la primaire. Et à ce moment-là, effectivement, j'ai commencé à me dire que cette collectivité était très très importante dans le quotidien des Aveyronnés et que sa destinée, la manière dont elle était gérée, les choix politiques qu'on y faisait étaient déterminants et donc j'ai été candidat à cette primaire que naturellement j'ai perdue puisque je ne suis pas devenu président du Conseil Général mais en tout cas ça avait été une occasion de réfléchir vraiment à la portée du projet départemental à la portée des actions du Conseil Général... Mais je n'en ai pas fait une obsession du tout et que personne ne s'imagine qu'entre 2008 et 2021, ça a été quelque chose qui m'a traversé l'esprit. D'ailleurs, très honnêtement, pour moi, l'épisode de 2008 était rangé dès le lendemain et je n'y avais pas repensé jusqu'à bien plus tard, jusqu'à 2020. Et le moment où les élections départementales ici se sont profilées et où la question est venue sur la table, elle n'est même pas revenue puisque c'était déconnecté de l'épisode précédent.

  • Speaker #0

    Donc justement en 2021, vous êtes élu président du département. Parmi les compétences majeures du département, il y a la solidarité, il y a les collèges et les routes pour faire vraiment dans les grandes lignes. Il y a aussi 1700 agents qui assurent la continuité des services par-delà les roulements politiques. Quel épanouissement vous trouvez-vous dans cette échelle départementale après avoir été maire de Vezing et aussi député du Sud-Aveyron ?

  • Speaker #1

    Alors, il y a deux dimensions. Moi, la première que je trouve absolument passionnante, même si elle est très prenante, on fait l'expérience de la gestion d'une très grande équipe. C'est une famille, vous l'avez dit, de 1700 collaborateurs, c'est 46 élus. qui ont des profils différents, qui ont des attentes différentes, qui ont des contraintes différentes, qui ont aussi une base électorale, celle de chaque canton, qui les tire plutôt dans un sens que dans l'autre. Il y a un jeu d'équilibre à trouver avec cet écosystème politique. Et puis les collaborateurs sont des gens qui sont engagés dans des métiers très variés. Il y a 160 métiers dans notre collectivité. et qui ont eux-mêmes, bien sûr, des impératifs, qui remontent jusque dans ce bureau pour que des décisions soient prises, et qui orientent finalement la manière dont ont conduit les affaires du département. Donc ce premier volet, c'est un volet de gestion à grande échelle, avec des enjeux énormes, que je n'avais pas vécu jusque-là. Et donc d'ailleurs, pour revenir à votre question sur mon âge, je pense que c'était le bon moment maintenant pour le vivre. et que ça n'aurait pas été du tout le bon moment en 2008, parce que ça demande de la tempérance, de la maturité, du recul, une forme de capacité à mettre les choses en abîme, que franchement, sans vouloir paraître trop vieux, on a davantage quand on a mon âge maintenant que quand on a... 15 ou 17 ans de moins, je le crois très sincèrement. Même si bien sûr il y a des talents partout et que des très jeunes gens exercent des très grandes responsabilités, là je parle vraiment pour moi. Et ce volet qui peut paraître pesant, lourd, etc., moi je le trouve extrêmement enrichissant, parce que dans tout ça il y a de l'humain et que tous les jours on doit se confronter à l'autre. aux autres, essayer de se mettre à la place des autres, beaucoup plus que dans tous les autres mandats que j'ai exercés jusque-là, en particulier celui de député, qui finalement est aussi une fonction qui parfois peut confiner à l'auto-entrepreneuriat. On a une toute petite équipe. Et puis la deuxième dimension qui est très stimulante, c'est celle du projet qu'on est en capacité d'imprimer. Vous avez souligné le fait qu'un département a des compétences qui lui sont fixées par la loi. Ne serait-ce que dans l'exercice de ses compétences, la place du choix politique est quand même importante. On peut décider de faire des choses de cette manière plutôt que de celle-ci. Et c'est ce que nous avons fait en écrivant un projet départemental. Ça donne aussi une charge de responsabilité très lourde parce qu'on choisit pour les autres. On doit choisir le plus possible avec les autres. Nous, depuis 2021, nous avons fait beaucoup de choix. On a essayé de les faire dans le respect de ce que nos concitoyens nous avaient exprimé en 2021. Moi, j'essaie de les faire aussi dans le respect des valeurs qui m'animent et de tout ce qu'on est en train d'essayer de faire comprendre des sources de mon engagement. Et pour le dire simplement, moi, je suis raccord avec moi-même ici.

  • Speaker #0

    Quel bilan vous faites à mi-mandat, là, si vous... personnellement, sans parler de...

  • Speaker #1

    Personnellement, je... Alors d'abord, c'est une question qui m'est souvent posée, parce que j'ai fait un choix difficile, j'ai démissionné de l'Assemblée nationale, qui a surpris et qui parfois a été mal compris et mal interprété, et moi j'ai compris qu'il puisse être mal compris. Je l'ai fait parce que j'avais la conviction que je pourrais être davantage utile à mes concitoyens et à mon département, à la place que j'occupe aujourd'hui, qu'à l'Assemblée nationale. Et ce que je voulais dire, c'est qu'à aucun moment, pas une seconde, pas une fraction de seconde, je n'ai eu un regret de ce choix. Jamais, jamais. Parce que je l'ai fait en l'ayant réfléchi et parce que depuis qu'il est fait, je n'ai trouvé ici que des raisons qui le confortent. Et donc, personnellement, puisque vous me posez la question comme ça, j'ai un sentiment d'utilité, de satisfaction d'être utile.

  • Speaker #0

    Vous parliez de Jean Puech, qui a été élu à 34 ans président du département. Il y est resté 32 ans à cette présidence, avec d'autres mandats. En plus, on était encore à l'époque où le cumul était possible sur des mandats exécutifs. Est-ce qu'on peut vous souhaiter un destin à l'agent Puech, 32 ans à la tête du département ?

  • Speaker #1

    Non, non, non, non. Ne me souhaitez pas ça. Et ce n'est surtout pas mon souhait à moi. Moi, j'ai une conviction sur... La démocratie, alors d'abord, je veux dire que Jean-Pierre Chahé-Théon, un grand président de cette maison, et que je pense qu'il a marqué son passage dans la vie des Aveyronnés d'une manière que peut-être on n'appréhende pas toujours complètement, mais je fais confiance à l'histoire pour que ce soit le cas un jour. Il l'a fait aussi dans une période où, vous le dites, les paramètres de la vie démocratique n'étaient pas les mêmes, et des gens pouvaient s'inscrire comme ça dans un bail très long. avec en plus un cumul de responsabilités qui était souvent d'ailleurs consubstantiel de ces mandats très longs, c'est terminé. C'est terminé de par la loi, mais c'est terminé aussi parce que je pense que notre société vit plus vite, vit différemment et que notre démocratie doit s'adapter à ça. Et moi j'ai donc une conviction, mais que j'ai depuis le début, c'est qu'aujourd'hui, lorsqu'on est engagé comme moi sur un talon, parce que déjà 20 ans c'est long, quand on en a un peu 50, c'est un peu plus de 20 ans quand on en a presque 50, c'est long. Il faut que cet engagement se matérialise par des fonctions différentes, sur des durées plus courtes. Et moi, quand je siégeais à l'Assemblée nationale, j'avais déposé une proposition de loi pour qu'on limite à deux le nombre de mandats consécutifs dans la même fonction. Je continue de croire que c'est la bonne jauge. C'était très mal vécu par certains de mes collègues à l'Assemblée qui trouvaient que j'étais fou. Mais je pense que c'est la bonne jauge et moi en tout cas je me la suis appliquée jusque là, dans toutes les fonctions que j'ai pu exercer. Et je n'entends pas idérogé dans ma tête. Et je pense que c'est vraiment aujourd'hui nécessaire de pouvoir faire les choses avec la plus grande envie possible, tant qu'on peut les faire avec cette envie. Et considérer quand même qu'au bout de deux mandats, c'est 10-12 ans selon la durée des mandats, c'est déjà beaucoup. Et il y a d'autres manières de s'engager. Les institutions françaises ont cette richesse de proposer des étages différents, etc. Et donc on peut poursuivre un engagement politique et un engagement d'élus en allant se confronter à d'autres types de mandats.

  • Speaker #0

    Il ne vous restera que le Sénat ?

  • Speaker #1

    Non, franchement, je n'ai aucune trajectoire. Je n'en ai jamais eu d'ailleurs. Alors, je sais que mon parcours porte à croire à l'inverse et que certains ont l'impression que ce sont des briques qui ont été savamment empilées avec des calculs, etc. Pas du tout. Moi, la vraie envie que j'ai eue en 2004, c'est d'être élu au Conseil général à l'époque. Ce qui a été vraiment pour moi, et je le dis en sincérité, inattendu, c'est le fait de devenir député en 2015, parce que Alain Marc, auquel j'ai succédé, n'avait aucune raison objective de mettre un terme à ses fonctions à ce moment-là. Et donc, je n'avais pas prémédité cette étape. J'en suis très heureux, parce que l'Assemblée nationale, je pense, dans un parcours politique... et probablement une étape très fondatrice d'un savoir-faire, d'une compréhension des rouages institutionnels français, d'une constitution d'un réseau aussi, dont on a besoin quand on veut pouvoir peser sur des décisions. Donc ça n'était pas prémédité, ça m'a beaucoup apporté dans ce que je fais actuellement aussi. Et en partir... en 2021, ça n'était absolument pas prémédité non plus. Donc, il n'y a pas de jalon et je n'en ai pas plus pour la suite.

  • Speaker #0

    Si on fait juste l'exercice, la petite gymnastique mentale, si vous étiez président pour 32 ans, on arrive en 2053. Il ressemble à quoi l'Aveyron en 2053 ?

  • Speaker #1

    Si je peux poser cette question, j'espère que l'Aveyron sera toujours un département dont l'identité... Et la notoriété positive seront celles qu'elles sont aujourd'hui. Parce que je pense que quand on est avéronné, on n'en a pas toujours conscience. Mais c'est une chance de pouvoir dire qu'on est avéronné, puisque partout où on exprime ça, on reçoit un sourire envieux. Et puis vraiment, moi mon combat, il ne m'amènera pas à 2053, mais j'espère qu'il constituera une étape vers 2053, c'est de faire en sorte que l'Aveyron soit pleinement... Dans la modernité du monde dans lequel nous vivons et dans lequel nous vivrons demain, en ayant conservé ses ressources, et notamment naturelles, donc aujourd'hui on est à la croisée des chemins, le département a tout un tas de cartes en main, il a aussi besoin de se doter d'équipements, d'infrastructures, de moyens de satisfaire les aspirations de la population. de 2024 que nous n'avons pas complètement et il faut qu'on se batte parce que personne ne le fera à notre place pour que ce soit le cas et j'espère qu'en 2053 ce sera accompli.

  • Speaker #0

    Justement, comment est-ce que vous nourrissez vos réflexions pour savoir ce dont ont besoin, envie, les avéronner à un moment où il y a un autre peut-être carrefour qui est celui de faire cohabiter des populations puisqu'on a besoin d'accueillir des nouvelles populations, on a besoin d'entendre celles qui sont toujours là, qui ont grandi ici, qui n'en ont pas bougé peut-être, comment on fait pour... Comment vous nourrissez vos réflexions, vous, pour savoir ce dont l'Aveyron a besoin finalement ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'une des clés de l'engagement, c'est le contact avec les autres. Et donc moi, dans toutes les fonctions que j'ai eues et dans celles que j'ai aujourd'hui, j'essaie de laisser la part la plus large au contact de terrain. Et ici, en tant que président, ce n'est pas le même dilemme. Le dilemme, c'est de savoir le temps qu'on consacre à la gestion interne de cette grande maison. et le temps qu'on passe à aller à l'écoute et au contact des gens. Et là aussi, l'équilibre, il se trouve. Et moi, je suis très soucieux de ça, pour deux raisons. Parce que, comme vous le dites, c'est la seule manière de rester en phase avec les attentes des gens. Et deuxième raison, on est dans une période où la démocratie est malade, abîmée. Elle a beaucoup de souffrances et elle exprime maintenant aussi... une forme de fragilité. Et je pense que quand on est élu, et a fortiori élu local, il faut en prendre le plus grand soin parce qu'on reste un des derniers remparts contre tout un tas de choses dont on ne veut pas, dont moi je ne veux pas.

  • Speaker #0

    Vous la comprenez, cette défiance ?

  • Speaker #1

    Oui, je la comprends. Je la comprends complètement. Je la comprends parce que je pense qu'on vit une période d'abord de détresse à plusieurs niveaux, détresse sociale, détresse économique, détresse sécuritaire, détresse environnementale. Et cette détresse, elle se vit à plusieurs échelles, elle se vit collectivement, mais elle se vit individuellement aussi. Et selon que l'on est jeune ou moins jeune, selon que l'on est favorisé ou moins favorisé par la vie, on a des impacts plus ou moins forts de cette détresse dans son quotidien, mais quoi qu'il en soit, tout le monde en a. Et face à ça, la réponse publique ou la perception de la réponse publique qui est apportée n'est pas à la hauteur. Et ce n'est pas un jugement de valeur sur les gouvernants ni sur qui que ce soit, mais en tout cas, il y a une forme de déconnexion qui s'est installée. En plus, on vit dans un monde suradministré, complexe, techno. Les gens sont perdus dans les méandres d'une incompréhension de comment fonctionne l'administration, comment ils doivent répondre à un certain nombre d'injonctions qui sont parfois contradictoires, etc. Et donc ça se traduit par une énorme défiance. Et si on ajoute, troisième ingrédient du cocktail explosif, l'échec d'un camp politique, puis de l'autre, puis de l'autre, puis on en arrive à ce sentiment que Puréneva... et qu'il faut casser le jouet pour repartir à zéro. Et je pense qu'il ne faut pas laisser prospérer cette idée. Et qu'on a tous une responsabilité pour faire en sorte que, à défaut de rétablir une confiance, on enraye ce cercle vicieux de la défiance.

  • Speaker #0

    Vous parliez de la modernité, l'attractivité fait partie des leviers largement mis en avant par le conseil départemental. Quels mots vous mettez sur l'attractivité ? Comment vous définissez-vous l'attractivité dont doit faire preuve l'Aveyron ? Je crois qu'on est d'accord sur le fait qu'être fier d'être avéronné ne suffit pas.

  • Speaker #1

    Être fier d'être avéronné ne suffit pas, dire qu'on mange bien en Aveyron ne suffit pas non plus, avoir des beaux paysages n'est toujours pas suffisant, avoir un patrimoine bâti exceptionnel. pas davantage. Et je crois qu'aujourd'hui, il y a deux angles de réponse qu'on essaie d'explorer. C'est d'abord, qui on veut attirer ? Parce que l'attractivité, c'est un concept, mais il faut savoir qui on veut attirer. Le constat, là, il est implacable. Notre population, elle est vieillissante. Tous les gens qui sont nés en Aveyron, qui y ont vécu, veulent y rester jusqu'à la fin de leur jour. Et donc on a un devoir territorial à leur permettre de le faire, donc à avoir les moyens nécessaires pour que chacun vieillisse dignement là où il a vécu et là où il veut vieillir, ce qui n'est pas une mince affaire. Et si nous ne nous contentions que de cela, petit à petit la population diminuerait d'une manière inexorable. Et donc, nous avons le devoir d'attirer des jeunes, de conserver des jeunes avéronnés et d'attirer des jeunes qui ne sont pas des natifs avéronnés. Et pour ce faire, il y a beaucoup de leviers à activer. Il y a celui de l'économie, de l'emploi, du travail. C'est le cas parce que nos entreprises sont dynamiques et ont besoin de main-d'oeuvre. Et puis, il y a celui de magnifier un cadre de vie qui a tout pour plaire, mais qui a besoin aussi de... tous les éléments périphériques, donc la capacité à se déplacer, la capacité à communiquer, la capacité à être connecté au monde d'aujourd'hui, même si on est à 600 km de la capitale de la France, même si on n'est pas à côté d'un CHU, etc. Et ça, c'est tout ça, l'attractivité.

  • Speaker #0

    Qu'aimeriez-vous que l'on retienne de vous ?

  • Speaker #1

    Je n'ai pas l'ambition que mon passage à cette fonction soit associé à une réalisation particulière. Moi, si on me pose la question comme vous me la posez, ce que j'aimerais qu'on retienne, c'est que je m'y consacre avec tout. tout ce que j'ai dans mon cœur. Et que ce n'est pas pour moi quelque chose qui n'a pour fonction que de m'apporter une satisfaction personnelle. C'est vraiment un engagement vécu pleinement et de toutes mes forces.

  • Speaker #0

    Et donc si on reprend deux mandats, donc 2033, vous quittez l'hôtel du département.

  • Speaker #1

    J'ai même pas encore regardé. Alors le mandat actuel se termine en 2028.

  • Speaker #0

    Il est décalé dedans.

  • Speaker #1

    Il est exceptionnellement long, donc plus 6, ça serait 34. Je ne fais aucune déclaration de candidature.

  • Speaker #0

    T'as parlé de ça mais...

  • Speaker #1

    Mais en 2034, je serai à la... proche de mes 60 ans. Donc ça me paraît bien.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce qui fera que vous partirez avec le sentiment du devoir accompli ?

  • Speaker #1

    Je pense que la tâche qu'il y a à accomplir ici n'est jamais finie. Donc je ne sais pas si j'aurai ce sentiment un jour. Mais en tout cas, parce que ce sont mes valeurs et c'est ma certitude et ma conviction. Quand j'aurai décidé que c'est le tour d'autres personnes que moi d'être là, je le ferai en sérénité. Je n'ai jamais eu aucune amertume des fonctions pour lesquelles je me suis passionné, que j'ai exercées et que j'ai quittées. Aucune. Je pense que quand on est engagé au service des autres, il faut regarder devant et pas derrière.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous observez du sang neuf en politique localement ? Est-ce que vous êtes optimiste sur cette question ?

  • Speaker #1

    Insuffisamment, et ça c'est vraiment quelque chose qui m'a toujours animé. Je pense qu'effectivement, je vous l'ai dit, un des fondements de mon engagement à un jeune âge dans la vie, ça a été la certitude que quand on est jeune et qu'on veut se préoccuper de l'avenir, il faut retrousser les manches et y aller. Depuis, j'ai aussi considéré que souvent la politique est aride pour les jeunes. Parce que les plus vieux ne veulent pas se laisser passer et essaient de décapiter les jeunes dont la tête pointe trop haut. Et moi j'ai toujours eu à cœur... de m'entourer de jeunes. Alors ici, par exemple, le cabinet du département de l'Aveyron est un cabinet de bébés. Et j'en suis très très heureux parce qu'on travaille avec des jeunes d'une manière différente et ça a toujours été pour moi une source d'inspiration et de bonheur et de fraîcheur dans le quotidien. Et puis au-delà de ce choix des collaborateurs... que j'ai fait d'ailleurs de la même manière quand j'étais à l'Assemblée nationale. J'anime depuis plusieurs années, depuis plus de dix ans, un groupe de jeunes gens qu'on réunit de temps en temps, non pas pour les évangéliser sur une posture politique plus que sur une autre, mais pour les associer et les inviter à se préoccuper de la chose publique et peut-être un jour à s'engager. Et ça, je ne suis pas à même de le dire, mais je commence à voir que ça permet à certains de passer à l'acte et d'être candidats à des élections. Et je pense que c'est vraiment quelque chose qu'il faut qu'on cultive en France parce qu'à tous les niveaux, alors il y a eu un rajeunissement de l'Assemblée nationale en 2017 et c'était heureux. Mais à tous les niveaux, les assemblées d'élus sont des assemblées souvent grisonnantes et on a besoin que toutes les générations soient représentées et en particulier la jeunesse.

  • Speaker #0

    Quelle forme il prend ce groupe dont vous parlez, que vous animez ?

  • Speaker #1

    Tout à fait informel. Et pour vous illustrer ce qu'il prend comme tournure, c'est que nous faisons de temps en temps une soirée, comme les Folles et Jeunes, dans un bar, en partageant quelque chose à grignoter et quelque chose à boire. Et on passe en revue des sujets qui sont des sujets d'actualité. Moi, j'apporte quelques éléments de... de réflexion et surtout j'essaie de me mettre à l'écoute des jeunes et de ce qu'ils ont à dire. Et c'est toujours une source de très très grand enrichissement mutuel.

  • Speaker #0

    Ça permet de rester jeune ?

  • Speaker #1

    C'est pas le but, mais je pense que ça permet de rester jeune. Moi je suis aussi, je vous l'ai dit, je suis père de deux enfants qui ont 21 et 17 ans, donc eux me maintiennent alors pour le coup au quotidien. dans les préoccupations de la jeunesse, et j'apporte un soin tout à fait particulier à être très attentif à eux. Je le dis aussi avec ça par contre, un grand regret, beaucoup plus attentif à eux maintenant que je ne l'ai été dans leurs jeunes années. Et si je devais, vous ne m'avez pas demandé si je devais changer quelque chose dans ce que j'ai fait, ce serait ça. Parce que je pense que mon engagement m'a dévoré, et que quand eux étaient petits... J'avais moins de lucidité sur le degré de dévoration de mon engagement par rapport à eux. Et ça, je me le reproche et je me le reprocherai toujours. Donc aujourd'hui, j'essaie de rattraper le temps.

  • Speaker #0

    La dernière question, monsieur Vialla, du podcast à laquelle on doit tous les inviter. En quoi est-ce que vous croyez ?

  • Speaker #1

    En quoi est-ce que je crois ? Moi, je crois en la capacité des hommes et des femmes, des humains, à soulever des montagnes. quand ils en ont envie. Et donc j'ai une foi de plus en plus forte à l'avenir, à supposer qu'on le veuille. Et je pense que c'est vraiment ça qui doit nous tenir dans une forme d'optimisme, même comme c'est le cas actuellement. Beaucoup de choses sont plus difficiles. Donc je crois en l'homme avec un H, avec un grand H.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup.

  • Speaker #1

    Merci à vous. Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci d'être arrivé au bout de ce nouvel épisode de Finta. Si vous voulez continuer l'expérience et vous faufiler dans les coulisses de cet enregistrement, retrouvons-nous dès à présent sur Facebook et Instagram. J'y partagerai les photos du talentueux Mathieu Lacou, qui, vous le savez désormais, m'accompagne sur de nombreux enregistrements de Finta. Merci d'avoir écouté ce nouvel épisode de Finta jusqu'au bout. J'espère qu'il vous a plu, inspiré, questionné et fait voyager peut-être. Si vous souhaitez continuer la discussion, je suis toujours curieuse de vous lire et d'échanger. Je vous propose que l'on se retrouve sur Facebook, sur Instagram ou sur le site fintapodcast.fr. Vous pouvez retrouver tous les précédents épisodes de Finta gratuitement sur les applications de podcast. Et pour recevoir chaque nouvel épisode directement dans votre boîte mail, vous pouvez aussi vous abonner à la newsletter. Et pour que Finta vive, si vous appréciez le podcast et que vous souhaitez soutenir ce travail indépendant, partagez-le autour de vous. Consphérez-le à vos amis, parlez-en, c'est le meilleur soutien que vous puissiez nous apporter. A très bientôt.

Description

Il est de ces visages que l’on semble connaître, tant ils font partie du paysage. Arnaud Viala est de ceux-là.

Maire, élu départemental, député et désormais Président du Département, Arnaud Viala maîtrise les rouages d’une vie politique locale qu’il a intégré à l’aube des années 2000, alors qu’il avait tout juste 25 ans.


Dans quelques semaines, il fêtera ses 50 ans. Et si l’échéance invite à l’introspection, Arnaud Viala se dit enfin apaisé face au temps qui passe, après s’être senti vieillir trop vite dans ses jeunes années. A travers les jalons importants de sa vie, la famille dans laquelle il a grandi, les modèles qui l’ont aiguillé, le Vézinois a accepté l’exercice, parfois douloureux, de sortir de ses rails politiques, de creuser en lui la sève de son engagement pour le territoire qui l’a vu naître. Et pourtant, c’est entre les lignes, dans les mots qu’il retient, dans ceux qu’il ne prononce pas et dans ses silences, qu’Arnaud Viala semble dire le plus de lui.


C’est dans son bureau de l’hôtel du Département, en plein cœur de Rodez, que nous nous retrouvons. Bonne écoute !

 

Cet épisode a été enregistré le 24 mai 2024.


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Transcription

  • Speaker #0

    Voilà un chemin pour ce nouvel épisode qui me donne du fil à retordre depuis quelques mois, c'est peu de le dire. J'ai rendez-vous à l'hôtel du département et je sais déjà que ce cadre n'est pas le plus propice au laissé-aller. Mais bon, ça encore, je peux peut-être le gérer. Je sais aussi que la politique n'est pas un sujet des plus faciles à aborder, parce qu'il crispe assez spontanément. Et pourtant, dans la ligne éditoriale de Finta, qui donne la parole à celles et ceux qui façonnent et bousculent l'Aveyron, Je crois qu'il était temps d'entendre sa voix à lui en sa qualité de président du département. Je sais que sa parole sera maîtrisée parce qu'en étant en responsabilité, il se sait attendu par ses électeurs. Alors voilà pour le cadre qui n'est pas le plus chaleureux. J'espère simplement qu'à travers cet échange, on pourra entendre sa vision de l'Aveyron, non pas son programme politique, mais quelque chose qui sort de ses tripes, quelque chose qui donne à comprendre vraiment ce qu'il y a de lui dans son rôle de président. C'est parti. Je suis Lola Cross et j'arpente ce bout de campagne depuis dix ans comme journaliste. Avec Finta, je vous invite à croiser des regards, à Finter de plus près. Et ça commence tout de suite. Il est de ces visages que l'on semble connaître tant ils font partie du paysage. Arnaud Vialla est de ceux-là. Maire, élu départemental, député et désormais président du département, Arnaud Vialla maîtrise les rouages d'une vie politique locale qu'il a intégrée à l'aube des années 2000, alors qu'il avait tout juste 25 ans. Dans quelques semaines, il fêtera ses 50 ans. Et si l'échéance invite à l'introspection, Arnaud Vialla se dit enfin apaisé face au temps qui passe après s'être senti vieillir trop vite dans ses plus jeunes années. À travers les jalons importants de sa vie, la famille dans laquelle il a grandi, les modèles qui l'ont aiguillé, le Vésinon a accepté l'exercice parfois douloureux de sortir de ses rails politiques, de creuser en lui la sève de son engagement pour le territoire qu'il a vu naître. Et pourtant, c'est entre les lignes, dans les mots qu'il retient, Dans ce qu'il ne prononce pas, et dans ses silences aussi, Carnoviala semble dire le plus de lui. C'est dans son bureau de l'hôtel du département, en plein cœur de Vaudès, que nous nous retrouvons.

  • Speaker #1

    Alors ça, pour être tout à fait honnête, c'est plutôt un non-choix, parce que ma volonté initiale, c'était qu'on se voit dans un lieu qui m'incarne beaucoup plus, qui me représente beaucoup plus, qui est... Un environnement où je vis et où j'ai toujours vécu d'ailleurs. Et puis c'est les hasards de l'agenda aujourd'hui qui n'ont pas permis qu'on le fasse. Sinon ça aurait été vraiment sur mon lévesou.

  • Speaker #0

    Cette année, en 2024, Arnaud Vialla, vous fâtrez vos 50 ans. Comment vous l'appréhendez ce cap des 50 ans ?

  • Speaker #1

    Alors déjà c'est en décembre. Et moi je dis de plus en plus maintenant que j'avance dans l'âge et que je suis né en décembre. Avant de dire l'année. Je l'appréhende, moi j'ai un rapport au temps qui a beaucoup évolué dans ma vie. Jusqu'à mes 30 ans, mes 35 ans, je faisais des refus d'obstacles. Donc à une période où j'étais très jeune, j'avais l'impression que je vieillissais beaucoup et j'avais du mal à parler de mon âge, à fêter mes anniversaires, à accepter que mes enfants me parlent de ça. Et puis maintenant j'ai un rapport différent, j'ai probablement gagné en maturité et c'est quelque chose qui me laisse indifférent. Je suis... plus apaisée que je ne l'étais lorsque j'étais plus jeune. Et du coup, je n'ai plus cette inquiétude. Et là, par exemple, la perspective de cet anniversaire, qui est quand même symbolique, parce que c'est un gant, c'est pas rien. D'abord, ne me fait rien. Et si elle me fait quelque chose, c'est plutôt un sentiment de réjouissance. Par exemple, j'ai envie de faire quelque chose, de fêter ça avec quelques-uns de mes proches. Pas pour me mettre au centre des attentions, mais parce que j'ai envie de faire plaisir à... à quelques personnes qui me soutiennent, qui m'accompagnent dans cette vie particulière que j'ai, et donc je le ferai, en fin d'année du coup.

  • Speaker #0

    Comment vous vous êtes libéré de cette peur du temps qui passe alors ?

  • Speaker #1

    Ça s'est fait tout seul, il y a des événements aussi... malheureux et heureux de l'existence qui m'ont permis d'intégrer le fait que l'important c'est de vivre chaque instant avec la plus grande intensité possible et surtout pas de se préoccuper du chronomètre donc c'est vraiment quelque chose qui maintenant pour moi est complètement acquis et j'ai même parfois du mal à comprendre pourquoi je réagissais différemment avant et ça s'est fait progressivement c'est vraiment dans la... Les 20 ans, depuis que j'ai 30 ans, que les choses ont beaucoup changé. Une des dernières fois où j'ai un peu tiqué à l'approche de mon anniversaire, ça devait être quand j'ai eu 32 ou 33 ans. Et depuis, chaque année, ça devient plus facile.

  • Speaker #0

    Si elles étaient à refaire, ces 50 années, comment vous les referiez ? De la même manière ?

  • Speaker #1

    Alors moi, il y a des choses que je referais évidemment de la même manière. J'ai des immenses bonheurs dans ma vie. J'ai deux enfants. qui vont très bien, qui deviennent petit à petit des adultes, ou un grand ado et une presque adulte. Et les voir éclore comme ils le font actuellement, c'est le plus grand bonheur de la vie. Avoir la chance... qu'avec leur maman on soit toujours au diapason longtemps après notre rencontre, c'est aussi pour moi un bonheur. Et puis moi, la vie m'a procuré la chance de vivre des expériences très différentes les unes des autres. J'avais démarré avec un sentiment un peu mitigé parce que j'ai un métier, ça on en parle peu parce que je l'ai... exercé mais il y a longtemps que je ne l'exerce plus. Ce métier c'était d'abord le métier d'enseignant, puis ça a été le métier de responsable universitaire. Et mon métier initial qui était celui d'enseignant m'a tout de suite inspiré une crainte parce que je me suis rendu compte que j'avais fait une erreur d'orientation et que c'était sûrement pas ça qui allait me permettre de m'épanouir et de m'accomplir. La vie m'a permis de faire autre chose et j'ai fait beaucoup de choses et donc ça aussi c'est une richesse. Et puis moi, on me fait parfois la remarque, y compris ma famille me dit que c'est sûrement mon principal défaut, mais j'ai vécu à 100 à l'heure, à 200 à l'heure tout le long. Je n'aime pas être ralenti et je suis content de ça parce que j'ai jamais eu le sentiment de perdre une seconde. de mon existence et ça me donne tous les jours envie d'aller encore un peu plus vite.

  • Speaker #0

    Si vous repensez à l'enfant que vous étiez, quels étaient ses rêves d'être président ?

  • Speaker #1

    Alors, ce n'était pas du tout, mais pas du tout, du tout le rêve d'être ni président du département, ni engagé en politique spécialement, même si du plus loin que je puisse me souvenir... la chose publique était vraiment quelque chose qui me préoccupait, dont je me posais des questions tous les jours sur la façon dont ça s'organisait, et puis dont je me suis vraiment intéressé, inquiété dès le plus jeune âge. Moi j'ai des souvenirs de discussions avec mon grand-père maternel, qui était très branché politique, qui date probablement de mes 5 ans, 6 ans. Mais en revanche, j'avais des rêves tout autres. Moi, j'étais passionné d'agriculture, de la campagne où j'ai grandi. J'aimais beaucoup la nature, les animaux, le travail des champs. J'ai beaucoup travaillé dans les champs quand j'étais jeune. Et ça, ça m'a suivi et ça me suit encore. Et quant au choix d'un métier, c'est quelque chose qui, d'ailleurs, je viens de le dire... m'a conduit probablement à une erreur d'aiguillage, mais n'a pas été pour moi consciemment une prise de décision très éclairée. Quand j'avais 17-18 ans, j'étais plutôt bon élève, j'étais bon élève, j'étais plutôt avec des facilités, et pour autant je n'avais pas vraiment un parcours très établi dans ma tête. Et j'avais des possibles, j'en ai choisi. pour des raisons qui n'étaient pas très bien étayées. Et ensuite, c'est la vie qui m'a canalisé dans le reste du déroulement.

  • Speaker #0

    Dans quelle famille est-ce que vous avez grandi ?

  • Speaker #1

    Moi, j'ai vécu dans une famille d'agriculteurs, de mère et de père en fils. où on vivait modestement, une famille où le travail a été la valeur cardinale et la valeur cardinale. Et une famille... Alors moi je suis l'aîné d'une famille de quatre enfants. C'était aussi une famille nombreuse, où on a eu beaucoup de chance de vivre aussi auprès des grands-parents. Moi, mes grands-parents maternels ont beaucoup compté dans ma vie, parce qu'ils vivaient à 20 mètres de nous, ou que nous vivions à 20 mètres d'eux, et qu'ils étaient très impliqués dans notre enfance, avec des parents qui, par contre, avaient énormément de travail, et donc avaient parfois moins de temps pour nous. On était aussi dans une famille où il y avait de l'entraide. Et globalement, moi, j'ai vécu une enfance, je dirais, ordinaire, faite de petits plaisirs, mais dans une famille qui était à la fois travailleuse et modeste.

  • Speaker #0

    Vous parlez de vos grands-parents. Quels ont été peut-être les autres modèles qui ont été marquants autour de vous ?

  • Speaker #1

    C'est pareil, vous me posez la question alors que je vais avoir 50 ans. Ma réponse n'est pas tout à fait la même aujourd'hui que celle que je vous aurais formulée peut-être il y a 15 ans. Mes grands-parents ont été des modèles parce qu'ils ont incarné l'affection, le soin dont on a besoin quand on est jeune. Ma grand-mère maternelle était quelqu'un de très très... attentif et attentionné envers moi et envers mes frères et ma sœur. Mes parents, à ce moment-là, étaient des figures dont j'ai possiblement longtemps dans ma vie minoré l'importance, qui m'ont transmis, sans que je m'en rende compte, beaucoup des valeurs qui m'ont guidé tout au long de ma vie. Ma maman est décédée il y a deux ans, subitement. fauchée alors qu'elle était en pleine forme par un problème cardiaque. C'est une épreuve lourde, très lourde. Alors que je n'étais pas en phase avec elle sur beaucoup de choses. Mais son absence aujourd'hui m'a fait prendre conscience aussi de la place qu'elle a tenue dans ma vie et qu'elle tient dans ma vie. Et du coup, me permet de vivre une relation avec mon père que je n'avais pas vécue jusque-là. Parce que ma mère avait un caractère très très fort et qu'elle faisait filtre entre mon père et moi. Et j'ai aujourd'hui avec mon père une relation que je n'avais pas eue et que je n'aurais pas eue si cet événement malheureux n'était pas survenu maintenant.

  • Speaker #0

    Rester sur le lévezou et en avérant, c'était une évidence pour vous ?

  • Speaker #1

    Alors, consciemment, ce n'était pas une évidence. Et d'ailleurs, j'en suis parti par épisode puisque moi, je suis agrégé d'anglais. Donc, pour parler anglais, il m'a quand même fallu aller ailleurs que sur le Lévesou. Honnêtement, on le parle quand même relativement peu. Donc, j'ai passé du temps en Grande-Bretagne, en Angleterre. Pendant mes études, j'ai fait des études assez longues. J'ai fait des études à Montpellier, mais je faisais le trajet toutes les semaines. Je revenais le week-end. Donc, consciemment... Peut-être, si à 20 ans, on m'avait demandé si j'allais rester sur les vaisseaux, j'aurais répondu plutôt non. Et en réalité, quand on regarde les choses a posteriori, quand je regarde les choses a posteriori, ça a été une constante de ma vie. Je ne suis jamais parti affectivement et je ne suis jamais parti réellement du lévesou et au-delà du lévesou de l'avérum. A telle enseigne d'ailleurs que quand j'ai rencontré celle qui est devenue mon épouse par la suite, elle a compris bien avant moi. Que si nous devions fonder une famille ensemble, ça serait là et que c'était à elle de se déplacer puisqu'elle est de Vichy, d'un côté de Vichy. Elle l'a compris et elle le dit d'ailleurs, alors que moi, à ce moment-là, je ne faisais pas du tout une exigence, mais c'était une évidence.

  • Speaker #0

    Pourquoi ? Qu'est-ce qui se joue dans le lien aux racines ?

  • Speaker #1

    Pourquoi ? Parce que ce sont mes racines. Alors, je vous ai donné à voir mes racines familiales. Il y a aussi une racine... terrestre au sens premier du terme. Moi, je suis enraciné dans ce vécu d'une famille d'agriculteurs. Je suis enraciné dans un terroir. Je suis enraciné dans ce lieu, dans ce département, dans ce lévesou, où finalement, quand j'y réfléchis, je suis bien et qui est le lieu où je me suis vraiment bien comparativement à partout ailleurs. Chaque fois que je pars, j'ai plaisir à revenir. Parce que le sentiment de plénitude pour moi, il est là.

  • Speaker #0

    Vous entrez dans votre premier mandat électif avant même vos 30 ans.

  • Speaker #1

    Vous aviez 29 ans. L'histoire de l'engagement, elle est très ancienne. Moi, j'ai été engagé dans le milieu associatif de ma commune, puis des communes autour qui sont toujours très liées les unes aux autres. Et ça aussi, je m'en suis rendu compte. Bien après, avec toujours une tentation d'aller dans cet engagement associatif, m'occuper précisément de ceux qui étaient aux confins de l'engagement associatif et de la frontière avec les responsables publics, donc les élus locaux. C'est-à-dire que quand j'étais dans le comité des fêtes, c'est moi qui allais voir le maire ou le... ou l'adjoint pour parler des installations, de comment on pourrait mieux les utiliser, etc. Et j'étais toujours avec un regard assez acerbe, parfois critique, sur un certain nombre de manières de faire, etc. Ce qui m'a amené tout naturellement, avant mes 25 ans, à vouloir être membre de l'équipe municipale. Ce qui a été une première expérience, alors je suis devenu conseiller municipal dans une équipe où j'avais un peu forcé le passage, j'avais souhaité qu'on me prenne dans la liste du maire sortant. Peut-être, alors c'est pas que j'étais pas le bienvenu, mais je faisais probablement un peu hésiter, un peu peur, parce que j'étais beaucoup plus jeune que les élus de l'époque, et que j'arrivais avec un peu d'antrisme, un peu de détermination forte. Et dans cette équipe, j'ai appris ce qu'était la gestion d'une commune, et je l'ai appris en condensé, puisque... Trois ans après, j'ai pris une autre décision. Alors celle-là a plus lourde de conséquences, c'est que j'ai voulu être candidat aux élections cantonales, sur le canton dont faisait partie la commune de Vosins de l'Évésou à ce moment-là. Et lorsque j'ai pris cette décision, je n'étais pas trentenaire encore. Nous étions en train de fonder notre famille. Ma fille aînée était tout bébé. Et surtout, il y avait un élu sortant, bien sûr, qui était lui-même adjoint de l'équipe municipale. Ce qui a été un moment relativement difficile. Et cette élection, elle a été fondatrice d'autre chose, parce que cette élection a été naturellement tendue. Elle a été aussi très ténue. J'ai été élu de 25 voix. Et je ne l'ai jamais oublié. Et je sais très bien que mes concitoyens m'avaient quand même majoritairement accordé leur confiance, mais avaient aussi pour une presque moitié d'entre eux émis un doute. Et ce doute, c'était le doute sur mon âge. sur ma capacité à ce stade-là de ma vie de tenir la distance, d'être à la hauteur de l'enjeu. Et moi, dès l'instant où le scrutin s'est révélé m'être favorable et me permettre de venir siéger ici au Conseil Général de l'Aveyron, je me suis dit que mon combat devait être celui de démontrer à tous ceux qui ne m'avaient pas accordé leur confiance de prime abord que je la méritais quand même. Et ça s'est resté ancré en moi. à chaque scrutin qui s'est succédé après. Et je le vis encore comme ça aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Et avec quelle envie vous y allez alors ? Qu'est-ce qui fait que vous vous dites...

  • Speaker #1

    Alors mon envie à ce moment-là, elle se traduisait d'une manière simple. Je voulais qu'on imprime une dynamique. Je pensais déjà à ce moment-là que l'Aveyron était un territoire plein d'atouts, plein de ressources. et qu'il fallait que certains se retroussent les manches pour faire en sorte qu'on les valorise le mieux possible et qu'on permette à ce département dont les atouts et les ressources sont parfois ancrés dans ses traditions de se tourner vers une très très grande modernité. Je le crois toujours. À ce moment-là, il y avait un autre élément, c'est que moi j'avais, du haut de mes 28 ou 29 ans, le sentiment qu'on laissait trop la décision publique à des gens qui étaient plutôt dans la deuxième partie de leur existence, souvent des retraités, parce que je voyais bien que c'était très exigeant et très consommateur en temps. Et moi je considérais que c'était pas bien que les générations pour lesquelles on décide ne soient pas aussi à la manœuvre de la décision. Et... Ayant fait ce constat, ayant ce goût prononcé à ce stade-là quand même de ma vie pour tout ce qui touchait aux institutions, à la chose publique, je me suis dit qu'il fallait que j'y aille. J'étais soutenu aussi. J'avais déjà autour de moi des gens qui m'ont accompagné et qui m'accompagnent encore. Et donc ça a été une belle aventure.

  • Speaker #0

    Ce que vous racontez là, ça fait un peu écho à votre élection en tant que président du Conseil départemental en 2021. L'image que vous pouvez renvoyer d'avoir voulu renverser la table ?

  • Speaker #1

    Alors, renverser la table, je ne sais pas. Mais en tout cas, ce qui est certain, c'est que moi, chaque élection où j'ai été candidat, je l'ai fait avec une réelle envie d'apporter quelque chose. Et j'ai toujours ce souci. Et d'ailleurs, c'est vrai pour l'élection, mais c'est vrai pour le quotidien, mon quotidien d'élu. Je me demande tous les jours à quoi je peux servir dans le mandat qu'on me confie. Et je pense vraiment que cet engagement qui aura consommé, là ça fait plus de 20 ans, et il aura consommé en tout cas ce qu'on appelle les plus belles années de ma vie, c'est sûr, il n'aurait pas pu durer si je n'avais pas eu cette étincelle qui fait que j'ai envie de faire pour les autres. Alors évidemment, on ne peut pas nier qu'il y a aussi une dimension... personnel dans un engagement aussi lourd et moi je suis enthousiaste aussi parce que j'aime ce que je fais et que j'apprends beaucoup, j'ai beaucoup appris mais très sincèrement au fond de moi, ce qui me pousse c'est l'envie de servir les autres et l'envie d'apporter ma pierre à un édifice dont je mesure pleinement qu'il me dépasse énormément.

  • Speaker #0

    Et c'est peut-être là qu'il y a un point que j'aimerais comprendre, c'est quand, comment et pourquoi un jour on se dit... qu'on doit y aller, que ça retombe sur nous, que ça repose sur nous, cette volonté d'être président. Est-ce que vous vous êtes levé un matin en vous disant Je serai président du département

  • Speaker #1

    Pas du tout. Enfin, je m'étais levé une première fois en me disant que je pourrais l'être en 2008. Parce qu'en 2008, quand j'étais donc élu ici depuis 4 ans, puisque je suis arrivé au Conseil Général de l'Aveyron en 2004, En 2008, il y a eu un événement politique majeur en Aveyron, c'est que Jean Puech a annoncé son retrait. Et donc, le camp majoritaire de la droite et du centre-droite s'est retrouvé un peu groggy. Et il y a eu à ce moment-là une primaire interne. Et moi, étant depuis peu à l'Assemblée départementale, parce qu'il y avait ici des ténors qui avaient... 25 ou 30 ans de mandat dans l'EHPAD, je me suis retrouvé dans la situation où un groupe d'élus autour de moi souhaitait, on souhaitait, et moi avec, que nous proposions une alternative de modernisation peut-être plus rapide et de passage de plusieurs étapes à la fois, en faisant en sorte que je sois candidat à la primaire. Et à ce moment-là, effectivement, j'ai commencé à me dire que cette collectivité était très très importante dans le quotidien des Aveyronnés et que sa destinée, la manière dont elle était gérée, les choix politiques qu'on y faisait étaient déterminants et donc j'ai été candidat à cette primaire que naturellement j'ai perdue puisque je ne suis pas devenu président du Conseil Général mais en tout cas ça avait été une occasion de réfléchir vraiment à la portée du projet départemental à la portée des actions du Conseil Général... Mais je n'en ai pas fait une obsession du tout et que personne ne s'imagine qu'entre 2008 et 2021, ça a été quelque chose qui m'a traversé l'esprit. D'ailleurs, très honnêtement, pour moi, l'épisode de 2008 était rangé dès le lendemain et je n'y avais pas repensé jusqu'à bien plus tard, jusqu'à 2020. Et le moment où les élections départementales ici se sont profilées et où la question est venue sur la table, elle n'est même pas revenue puisque c'était déconnecté de l'épisode précédent.

  • Speaker #0

    Donc justement en 2021, vous êtes élu président du département. Parmi les compétences majeures du département, il y a la solidarité, il y a les collèges et les routes pour faire vraiment dans les grandes lignes. Il y a aussi 1700 agents qui assurent la continuité des services par-delà les roulements politiques. Quel épanouissement vous trouvez-vous dans cette échelle départementale après avoir été maire de Vezing et aussi député du Sud-Aveyron ?

  • Speaker #1

    Alors, il y a deux dimensions. Moi, la première que je trouve absolument passionnante, même si elle est très prenante, on fait l'expérience de la gestion d'une très grande équipe. C'est une famille, vous l'avez dit, de 1700 collaborateurs, c'est 46 élus. qui ont des profils différents, qui ont des attentes différentes, qui ont des contraintes différentes, qui ont aussi une base électorale, celle de chaque canton, qui les tire plutôt dans un sens que dans l'autre. Il y a un jeu d'équilibre à trouver avec cet écosystème politique. Et puis les collaborateurs sont des gens qui sont engagés dans des métiers très variés. Il y a 160 métiers dans notre collectivité. et qui ont eux-mêmes, bien sûr, des impératifs, qui remontent jusque dans ce bureau pour que des décisions soient prises, et qui orientent finalement la manière dont ont conduit les affaires du département. Donc ce premier volet, c'est un volet de gestion à grande échelle, avec des enjeux énormes, que je n'avais pas vécu jusque-là. Et donc d'ailleurs, pour revenir à votre question sur mon âge, je pense que c'était le bon moment maintenant pour le vivre. et que ça n'aurait pas été du tout le bon moment en 2008, parce que ça demande de la tempérance, de la maturité, du recul, une forme de capacité à mettre les choses en abîme, que franchement, sans vouloir paraître trop vieux, on a davantage quand on a mon âge maintenant que quand on a... 15 ou 17 ans de moins, je le crois très sincèrement. Même si bien sûr il y a des talents partout et que des très jeunes gens exercent des très grandes responsabilités, là je parle vraiment pour moi. Et ce volet qui peut paraître pesant, lourd, etc., moi je le trouve extrêmement enrichissant, parce que dans tout ça il y a de l'humain et que tous les jours on doit se confronter à l'autre. aux autres, essayer de se mettre à la place des autres, beaucoup plus que dans tous les autres mandats que j'ai exercés jusque-là, en particulier celui de député, qui finalement est aussi une fonction qui parfois peut confiner à l'auto-entrepreneuriat. On a une toute petite équipe. Et puis la deuxième dimension qui est très stimulante, c'est celle du projet qu'on est en capacité d'imprimer. Vous avez souligné le fait qu'un département a des compétences qui lui sont fixées par la loi. Ne serait-ce que dans l'exercice de ses compétences, la place du choix politique est quand même importante. On peut décider de faire des choses de cette manière plutôt que de celle-ci. Et c'est ce que nous avons fait en écrivant un projet départemental. Ça donne aussi une charge de responsabilité très lourde parce qu'on choisit pour les autres. On doit choisir le plus possible avec les autres. Nous, depuis 2021, nous avons fait beaucoup de choix. On a essayé de les faire dans le respect de ce que nos concitoyens nous avaient exprimé en 2021. Moi, j'essaie de les faire aussi dans le respect des valeurs qui m'animent et de tout ce qu'on est en train d'essayer de faire comprendre des sources de mon engagement. Et pour le dire simplement, moi, je suis raccord avec moi-même ici.

  • Speaker #0

    Quel bilan vous faites à mi-mandat, là, si vous... personnellement, sans parler de...

  • Speaker #1

    Personnellement, je... Alors d'abord, c'est une question qui m'est souvent posée, parce que j'ai fait un choix difficile, j'ai démissionné de l'Assemblée nationale, qui a surpris et qui parfois a été mal compris et mal interprété, et moi j'ai compris qu'il puisse être mal compris. Je l'ai fait parce que j'avais la conviction que je pourrais être davantage utile à mes concitoyens et à mon département, à la place que j'occupe aujourd'hui, qu'à l'Assemblée nationale. Et ce que je voulais dire, c'est qu'à aucun moment, pas une seconde, pas une fraction de seconde, je n'ai eu un regret de ce choix. Jamais, jamais. Parce que je l'ai fait en l'ayant réfléchi et parce que depuis qu'il est fait, je n'ai trouvé ici que des raisons qui le confortent. Et donc, personnellement, puisque vous me posez la question comme ça, j'ai un sentiment d'utilité, de satisfaction d'être utile.

  • Speaker #0

    Vous parliez de Jean Puech, qui a été élu à 34 ans président du département. Il y est resté 32 ans à cette présidence, avec d'autres mandats. En plus, on était encore à l'époque où le cumul était possible sur des mandats exécutifs. Est-ce qu'on peut vous souhaiter un destin à l'agent Puech, 32 ans à la tête du département ?

  • Speaker #1

    Non, non, non, non. Ne me souhaitez pas ça. Et ce n'est surtout pas mon souhait à moi. Moi, j'ai une conviction sur... La démocratie, alors d'abord, je veux dire que Jean-Pierre Chahé-Théon, un grand président de cette maison, et que je pense qu'il a marqué son passage dans la vie des Aveyronnés d'une manière que peut-être on n'appréhende pas toujours complètement, mais je fais confiance à l'histoire pour que ce soit le cas un jour. Il l'a fait aussi dans une période où, vous le dites, les paramètres de la vie démocratique n'étaient pas les mêmes, et des gens pouvaient s'inscrire comme ça dans un bail très long. avec en plus un cumul de responsabilités qui était souvent d'ailleurs consubstantiel de ces mandats très longs, c'est terminé. C'est terminé de par la loi, mais c'est terminé aussi parce que je pense que notre société vit plus vite, vit différemment et que notre démocratie doit s'adapter à ça. Et moi j'ai donc une conviction, mais que j'ai depuis le début, c'est qu'aujourd'hui, lorsqu'on est engagé comme moi sur un talon, parce que déjà 20 ans c'est long, quand on en a un peu 50, c'est un peu plus de 20 ans quand on en a presque 50, c'est long. Il faut que cet engagement se matérialise par des fonctions différentes, sur des durées plus courtes. Et moi, quand je siégeais à l'Assemblée nationale, j'avais déposé une proposition de loi pour qu'on limite à deux le nombre de mandats consécutifs dans la même fonction. Je continue de croire que c'est la bonne jauge. C'était très mal vécu par certains de mes collègues à l'Assemblée qui trouvaient que j'étais fou. Mais je pense que c'est la bonne jauge et moi en tout cas je me la suis appliquée jusque là, dans toutes les fonctions que j'ai pu exercer. Et je n'entends pas idérogé dans ma tête. Et je pense que c'est vraiment aujourd'hui nécessaire de pouvoir faire les choses avec la plus grande envie possible, tant qu'on peut les faire avec cette envie. Et considérer quand même qu'au bout de deux mandats, c'est 10-12 ans selon la durée des mandats, c'est déjà beaucoup. Et il y a d'autres manières de s'engager. Les institutions françaises ont cette richesse de proposer des étages différents, etc. Et donc on peut poursuivre un engagement politique et un engagement d'élus en allant se confronter à d'autres types de mandats.

  • Speaker #0

    Il ne vous restera que le Sénat ?

  • Speaker #1

    Non, franchement, je n'ai aucune trajectoire. Je n'en ai jamais eu d'ailleurs. Alors, je sais que mon parcours porte à croire à l'inverse et que certains ont l'impression que ce sont des briques qui ont été savamment empilées avec des calculs, etc. Pas du tout. Moi, la vraie envie que j'ai eue en 2004, c'est d'être élu au Conseil général à l'époque. Ce qui a été vraiment pour moi, et je le dis en sincérité, inattendu, c'est le fait de devenir député en 2015, parce que Alain Marc, auquel j'ai succédé, n'avait aucune raison objective de mettre un terme à ses fonctions à ce moment-là. Et donc, je n'avais pas prémédité cette étape. J'en suis très heureux, parce que l'Assemblée nationale, je pense, dans un parcours politique... et probablement une étape très fondatrice d'un savoir-faire, d'une compréhension des rouages institutionnels français, d'une constitution d'un réseau aussi, dont on a besoin quand on veut pouvoir peser sur des décisions. Donc ça n'était pas prémédité, ça m'a beaucoup apporté dans ce que je fais actuellement aussi. Et en partir... en 2021, ça n'était absolument pas prémédité non plus. Donc, il n'y a pas de jalon et je n'en ai pas plus pour la suite.

  • Speaker #0

    Si on fait juste l'exercice, la petite gymnastique mentale, si vous étiez président pour 32 ans, on arrive en 2053. Il ressemble à quoi l'Aveyron en 2053 ?

  • Speaker #1

    Si je peux poser cette question, j'espère que l'Aveyron sera toujours un département dont l'identité... Et la notoriété positive seront celles qu'elles sont aujourd'hui. Parce que je pense que quand on est avéronné, on n'en a pas toujours conscience. Mais c'est une chance de pouvoir dire qu'on est avéronné, puisque partout où on exprime ça, on reçoit un sourire envieux. Et puis vraiment, moi mon combat, il ne m'amènera pas à 2053, mais j'espère qu'il constituera une étape vers 2053, c'est de faire en sorte que l'Aveyron soit pleinement... Dans la modernité du monde dans lequel nous vivons et dans lequel nous vivrons demain, en ayant conservé ses ressources, et notamment naturelles, donc aujourd'hui on est à la croisée des chemins, le département a tout un tas de cartes en main, il a aussi besoin de se doter d'équipements, d'infrastructures, de moyens de satisfaire les aspirations de la population. de 2024 que nous n'avons pas complètement et il faut qu'on se batte parce que personne ne le fera à notre place pour que ce soit le cas et j'espère qu'en 2053 ce sera accompli.

  • Speaker #0

    Justement, comment est-ce que vous nourrissez vos réflexions pour savoir ce dont ont besoin, envie, les avéronner à un moment où il y a un autre peut-être carrefour qui est celui de faire cohabiter des populations puisqu'on a besoin d'accueillir des nouvelles populations, on a besoin d'entendre celles qui sont toujours là, qui ont grandi ici, qui n'en ont pas bougé peut-être, comment on fait pour... Comment vous nourrissez vos réflexions, vous, pour savoir ce dont l'Aveyron a besoin finalement ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'une des clés de l'engagement, c'est le contact avec les autres. Et donc moi, dans toutes les fonctions que j'ai eues et dans celles que j'ai aujourd'hui, j'essaie de laisser la part la plus large au contact de terrain. Et ici, en tant que président, ce n'est pas le même dilemme. Le dilemme, c'est de savoir le temps qu'on consacre à la gestion interne de cette grande maison. et le temps qu'on passe à aller à l'écoute et au contact des gens. Et là aussi, l'équilibre, il se trouve. Et moi, je suis très soucieux de ça, pour deux raisons. Parce que, comme vous le dites, c'est la seule manière de rester en phase avec les attentes des gens. Et deuxième raison, on est dans une période où la démocratie est malade, abîmée. Elle a beaucoup de souffrances et elle exprime maintenant aussi... une forme de fragilité. Et je pense que quand on est élu, et a fortiori élu local, il faut en prendre le plus grand soin parce qu'on reste un des derniers remparts contre tout un tas de choses dont on ne veut pas, dont moi je ne veux pas.

  • Speaker #0

    Vous la comprenez, cette défiance ?

  • Speaker #1

    Oui, je la comprends. Je la comprends complètement. Je la comprends parce que je pense qu'on vit une période d'abord de détresse à plusieurs niveaux, détresse sociale, détresse économique, détresse sécuritaire, détresse environnementale. Et cette détresse, elle se vit à plusieurs échelles, elle se vit collectivement, mais elle se vit individuellement aussi. Et selon que l'on est jeune ou moins jeune, selon que l'on est favorisé ou moins favorisé par la vie, on a des impacts plus ou moins forts de cette détresse dans son quotidien, mais quoi qu'il en soit, tout le monde en a. Et face à ça, la réponse publique ou la perception de la réponse publique qui est apportée n'est pas à la hauteur. Et ce n'est pas un jugement de valeur sur les gouvernants ni sur qui que ce soit, mais en tout cas, il y a une forme de déconnexion qui s'est installée. En plus, on vit dans un monde suradministré, complexe, techno. Les gens sont perdus dans les méandres d'une incompréhension de comment fonctionne l'administration, comment ils doivent répondre à un certain nombre d'injonctions qui sont parfois contradictoires, etc. Et donc ça se traduit par une énorme défiance. Et si on ajoute, troisième ingrédient du cocktail explosif, l'échec d'un camp politique, puis de l'autre, puis de l'autre, puis on en arrive à ce sentiment que Puréneva... et qu'il faut casser le jouet pour repartir à zéro. Et je pense qu'il ne faut pas laisser prospérer cette idée. Et qu'on a tous une responsabilité pour faire en sorte que, à défaut de rétablir une confiance, on enraye ce cercle vicieux de la défiance.

  • Speaker #0

    Vous parliez de la modernité, l'attractivité fait partie des leviers largement mis en avant par le conseil départemental. Quels mots vous mettez sur l'attractivité ? Comment vous définissez-vous l'attractivité dont doit faire preuve l'Aveyron ? Je crois qu'on est d'accord sur le fait qu'être fier d'être avéronné ne suffit pas.

  • Speaker #1

    Être fier d'être avéronné ne suffit pas, dire qu'on mange bien en Aveyron ne suffit pas non plus, avoir des beaux paysages n'est toujours pas suffisant, avoir un patrimoine bâti exceptionnel. pas davantage. Et je crois qu'aujourd'hui, il y a deux angles de réponse qu'on essaie d'explorer. C'est d'abord, qui on veut attirer ? Parce que l'attractivité, c'est un concept, mais il faut savoir qui on veut attirer. Le constat, là, il est implacable. Notre population, elle est vieillissante. Tous les gens qui sont nés en Aveyron, qui y ont vécu, veulent y rester jusqu'à la fin de leur jour. Et donc on a un devoir territorial à leur permettre de le faire, donc à avoir les moyens nécessaires pour que chacun vieillisse dignement là où il a vécu et là où il veut vieillir, ce qui n'est pas une mince affaire. Et si nous ne nous contentions que de cela, petit à petit la population diminuerait d'une manière inexorable. Et donc, nous avons le devoir d'attirer des jeunes, de conserver des jeunes avéronnés et d'attirer des jeunes qui ne sont pas des natifs avéronnés. Et pour ce faire, il y a beaucoup de leviers à activer. Il y a celui de l'économie, de l'emploi, du travail. C'est le cas parce que nos entreprises sont dynamiques et ont besoin de main-d'oeuvre. Et puis, il y a celui de magnifier un cadre de vie qui a tout pour plaire, mais qui a besoin aussi de... tous les éléments périphériques, donc la capacité à se déplacer, la capacité à communiquer, la capacité à être connecté au monde d'aujourd'hui, même si on est à 600 km de la capitale de la France, même si on n'est pas à côté d'un CHU, etc. Et ça, c'est tout ça, l'attractivité.

  • Speaker #0

    Qu'aimeriez-vous que l'on retienne de vous ?

  • Speaker #1

    Je n'ai pas l'ambition que mon passage à cette fonction soit associé à une réalisation particulière. Moi, si on me pose la question comme vous me la posez, ce que j'aimerais qu'on retienne, c'est que je m'y consacre avec tout. tout ce que j'ai dans mon cœur. Et que ce n'est pas pour moi quelque chose qui n'a pour fonction que de m'apporter une satisfaction personnelle. C'est vraiment un engagement vécu pleinement et de toutes mes forces.

  • Speaker #0

    Et donc si on reprend deux mandats, donc 2033, vous quittez l'hôtel du département.

  • Speaker #1

    J'ai même pas encore regardé. Alors le mandat actuel se termine en 2028.

  • Speaker #0

    Il est décalé dedans.

  • Speaker #1

    Il est exceptionnellement long, donc plus 6, ça serait 34. Je ne fais aucune déclaration de candidature.

  • Speaker #0

    T'as parlé de ça mais...

  • Speaker #1

    Mais en 2034, je serai à la... proche de mes 60 ans. Donc ça me paraît bien.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce qui fera que vous partirez avec le sentiment du devoir accompli ?

  • Speaker #1

    Je pense que la tâche qu'il y a à accomplir ici n'est jamais finie. Donc je ne sais pas si j'aurai ce sentiment un jour. Mais en tout cas, parce que ce sont mes valeurs et c'est ma certitude et ma conviction. Quand j'aurai décidé que c'est le tour d'autres personnes que moi d'être là, je le ferai en sérénité. Je n'ai jamais eu aucune amertume des fonctions pour lesquelles je me suis passionné, que j'ai exercées et que j'ai quittées. Aucune. Je pense que quand on est engagé au service des autres, il faut regarder devant et pas derrière.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous observez du sang neuf en politique localement ? Est-ce que vous êtes optimiste sur cette question ?

  • Speaker #1

    Insuffisamment, et ça c'est vraiment quelque chose qui m'a toujours animé. Je pense qu'effectivement, je vous l'ai dit, un des fondements de mon engagement à un jeune âge dans la vie, ça a été la certitude que quand on est jeune et qu'on veut se préoccuper de l'avenir, il faut retrousser les manches et y aller. Depuis, j'ai aussi considéré que souvent la politique est aride pour les jeunes. Parce que les plus vieux ne veulent pas se laisser passer et essaient de décapiter les jeunes dont la tête pointe trop haut. Et moi j'ai toujours eu à cœur... de m'entourer de jeunes. Alors ici, par exemple, le cabinet du département de l'Aveyron est un cabinet de bébés. Et j'en suis très très heureux parce qu'on travaille avec des jeunes d'une manière différente et ça a toujours été pour moi une source d'inspiration et de bonheur et de fraîcheur dans le quotidien. Et puis au-delà de ce choix des collaborateurs... que j'ai fait d'ailleurs de la même manière quand j'étais à l'Assemblée nationale. J'anime depuis plusieurs années, depuis plus de dix ans, un groupe de jeunes gens qu'on réunit de temps en temps, non pas pour les évangéliser sur une posture politique plus que sur une autre, mais pour les associer et les inviter à se préoccuper de la chose publique et peut-être un jour à s'engager. Et ça, je ne suis pas à même de le dire, mais je commence à voir que ça permet à certains de passer à l'acte et d'être candidats à des élections. Et je pense que c'est vraiment quelque chose qu'il faut qu'on cultive en France parce qu'à tous les niveaux, alors il y a eu un rajeunissement de l'Assemblée nationale en 2017 et c'était heureux. Mais à tous les niveaux, les assemblées d'élus sont des assemblées souvent grisonnantes et on a besoin que toutes les générations soient représentées et en particulier la jeunesse.

  • Speaker #0

    Quelle forme il prend ce groupe dont vous parlez, que vous animez ?

  • Speaker #1

    Tout à fait informel. Et pour vous illustrer ce qu'il prend comme tournure, c'est que nous faisons de temps en temps une soirée, comme les Folles et Jeunes, dans un bar, en partageant quelque chose à grignoter et quelque chose à boire. Et on passe en revue des sujets qui sont des sujets d'actualité. Moi, j'apporte quelques éléments de... de réflexion et surtout j'essaie de me mettre à l'écoute des jeunes et de ce qu'ils ont à dire. Et c'est toujours une source de très très grand enrichissement mutuel.

  • Speaker #0

    Ça permet de rester jeune ?

  • Speaker #1

    C'est pas le but, mais je pense que ça permet de rester jeune. Moi je suis aussi, je vous l'ai dit, je suis père de deux enfants qui ont 21 et 17 ans, donc eux me maintiennent alors pour le coup au quotidien. dans les préoccupations de la jeunesse, et j'apporte un soin tout à fait particulier à être très attentif à eux. Je le dis aussi avec ça par contre, un grand regret, beaucoup plus attentif à eux maintenant que je ne l'ai été dans leurs jeunes années. Et si je devais, vous ne m'avez pas demandé si je devais changer quelque chose dans ce que j'ai fait, ce serait ça. Parce que je pense que mon engagement m'a dévoré, et que quand eux étaient petits... J'avais moins de lucidité sur le degré de dévoration de mon engagement par rapport à eux. Et ça, je me le reproche et je me le reprocherai toujours. Donc aujourd'hui, j'essaie de rattraper le temps.

  • Speaker #0

    La dernière question, monsieur Vialla, du podcast à laquelle on doit tous les inviter. En quoi est-ce que vous croyez ?

  • Speaker #1

    En quoi est-ce que je crois ? Moi, je crois en la capacité des hommes et des femmes, des humains, à soulever des montagnes. quand ils en ont envie. Et donc j'ai une foi de plus en plus forte à l'avenir, à supposer qu'on le veuille. Et je pense que c'est vraiment ça qui doit nous tenir dans une forme d'optimisme, même comme c'est le cas actuellement. Beaucoup de choses sont plus difficiles. Donc je crois en l'homme avec un H, avec un grand H.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup.

  • Speaker #1

    Merci à vous. Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci d'être arrivé au bout de ce nouvel épisode de Finta. Si vous voulez continuer l'expérience et vous faufiler dans les coulisses de cet enregistrement, retrouvons-nous dès à présent sur Facebook et Instagram. J'y partagerai les photos du talentueux Mathieu Lacou, qui, vous le savez désormais, m'accompagne sur de nombreux enregistrements de Finta. Merci d'avoir écouté ce nouvel épisode de Finta jusqu'au bout. J'espère qu'il vous a plu, inspiré, questionné et fait voyager peut-être. Si vous souhaitez continuer la discussion, je suis toujours curieuse de vous lire et d'échanger. Je vous propose que l'on se retrouve sur Facebook, sur Instagram ou sur le site fintapodcast.fr. Vous pouvez retrouver tous les précédents épisodes de Finta gratuitement sur les applications de podcast. Et pour recevoir chaque nouvel épisode directement dans votre boîte mail, vous pouvez aussi vous abonner à la newsletter. Et pour que Finta vive, si vous appréciez le podcast et que vous souhaitez soutenir ce travail indépendant, partagez-le autour de vous. Consphérez-le à vos amis, parlez-en, c'est le meilleur soutien que vous puissiez nous apporter. A très bientôt.

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Description

Il est de ces visages que l’on semble connaître, tant ils font partie du paysage. Arnaud Viala est de ceux-là.

Maire, élu départemental, député et désormais Président du Département, Arnaud Viala maîtrise les rouages d’une vie politique locale qu’il a intégré à l’aube des années 2000, alors qu’il avait tout juste 25 ans.


Dans quelques semaines, il fêtera ses 50 ans. Et si l’échéance invite à l’introspection, Arnaud Viala se dit enfin apaisé face au temps qui passe, après s’être senti vieillir trop vite dans ses jeunes années. A travers les jalons importants de sa vie, la famille dans laquelle il a grandi, les modèles qui l’ont aiguillé, le Vézinois a accepté l’exercice, parfois douloureux, de sortir de ses rails politiques, de creuser en lui la sève de son engagement pour le territoire qui l’a vu naître. Et pourtant, c’est entre les lignes, dans les mots qu’il retient, dans ceux qu’il ne prononce pas et dans ses silences, qu’Arnaud Viala semble dire le plus de lui.


C’est dans son bureau de l’hôtel du Département, en plein cœur de Rodez, que nous nous retrouvons. Bonne écoute !

 

Cet épisode a été enregistré le 24 mai 2024.


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Transcription

  • Speaker #0

    Voilà un chemin pour ce nouvel épisode qui me donne du fil à retordre depuis quelques mois, c'est peu de le dire. J'ai rendez-vous à l'hôtel du département et je sais déjà que ce cadre n'est pas le plus propice au laissé-aller. Mais bon, ça encore, je peux peut-être le gérer. Je sais aussi que la politique n'est pas un sujet des plus faciles à aborder, parce qu'il crispe assez spontanément. Et pourtant, dans la ligne éditoriale de Finta, qui donne la parole à celles et ceux qui façonnent et bousculent l'Aveyron, Je crois qu'il était temps d'entendre sa voix à lui en sa qualité de président du département. Je sais que sa parole sera maîtrisée parce qu'en étant en responsabilité, il se sait attendu par ses électeurs. Alors voilà pour le cadre qui n'est pas le plus chaleureux. J'espère simplement qu'à travers cet échange, on pourra entendre sa vision de l'Aveyron, non pas son programme politique, mais quelque chose qui sort de ses tripes, quelque chose qui donne à comprendre vraiment ce qu'il y a de lui dans son rôle de président. C'est parti. Je suis Lola Cross et j'arpente ce bout de campagne depuis dix ans comme journaliste. Avec Finta, je vous invite à croiser des regards, à Finter de plus près. Et ça commence tout de suite. Il est de ces visages que l'on semble connaître tant ils font partie du paysage. Arnaud Vialla est de ceux-là. Maire, élu départemental, député et désormais président du département, Arnaud Vialla maîtrise les rouages d'une vie politique locale qu'il a intégrée à l'aube des années 2000, alors qu'il avait tout juste 25 ans. Dans quelques semaines, il fêtera ses 50 ans. Et si l'échéance invite à l'introspection, Arnaud Vialla se dit enfin apaisé face au temps qui passe après s'être senti vieillir trop vite dans ses plus jeunes années. À travers les jalons importants de sa vie, la famille dans laquelle il a grandi, les modèles qui l'ont aiguillé, le Vésinon a accepté l'exercice parfois douloureux de sortir de ses rails politiques, de creuser en lui la sève de son engagement pour le territoire qu'il a vu naître. Et pourtant, c'est entre les lignes, dans les mots qu'il retient, Dans ce qu'il ne prononce pas, et dans ses silences aussi, Carnoviala semble dire le plus de lui. C'est dans son bureau de l'hôtel du département, en plein cœur de Vaudès, que nous nous retrouvons.

  • Speaker #1

    Alors ça, pour être tout à fait honnête, c'est plutôt un non-choix, parce que ma volonté initiale, c'était qu'on se voit dans un lieu qui m'incarne beaucoup plus, qui me représente beaucoup plus, qui est... Un environnement où je vis et où j'ai toujours vécu d'ailleurs. Et puis c'est les hasards de l'agenda aujourd'hui qui n'ont pas permis qu'on le fasse. Sinon ça aurait été vraiment sur mon lévesou.

  • Speaker #0

    Cette année, en 2024, Arnaud Vialla, vous fâtrez vos 50 ans. Comment vous l'appréhendez ce cap des 50 ans ?

  • Speaker #1

    Alors déjà c'est en décembre. Et moi je dis de plus en plus maintenant que j'avance dans l'âge et que je suis né en décembre. Avant de dire l'année. Je l'appréhende, moi j'ai un rapport au temps qui a beaucoup évolué dans ma vie. Jusqu'à mes 30 ans, mes 35 ans, je faisais des refus d'obstacles. Donc à une période où j'étais très jeune, j'avais l'impression que je vieillissais beaucoup et j'avais du mal à parler de mon âge, à fêter mes anniversaires, à accepter que mes enfants me parlent de ça. Et puis maintenant j'ai un rapport différent, j'ai probablement gagné en maturité et c'est quelque chose qui me laisse indifférent. Je suis... plus apaisée que je ne l'étais lorsque j'étais plus jeune. Et du coup, je n'ai plus cette inquiétude. Et là, par exemple, la perspective de cet anniversaire, qui est quand même symbolique, parce que c'est un gant, c'est pas rien. D'abord, ne me fait rien. Et si elle me fait quelque chose, c'est plutôt un sentiment de réjouissance. Par exemple, j'ai envie de faire quelque chose, de fêter ça avec quelques-uns de mes proches. Pas pour me mettre au centre des attentions, mais parce que j'ai envie de faire plaisir à... à quelques personnes qui me soutiennent, qui m'accompagnent dans cette vie particulière que j'ai, et donc je le ferai, en fin d'année du coup.

  • Speaker #0

    Comment vous vous êtes libéré de cette peur du temps qui passe alors ?

  • Speaker #1

    Ça s'est fait tout seul, il y a des événements aussi... malheureux et heureux de l'existence qui m'ont permis d'intégrer le fait que l'important c'est de vivre chaque instant avec la plus grande intensité possible et surtout pas de se préoccuper du chronomètre donc c'est vraiment quelque chose qui maintenant pour moi est complètement acquis et j'ai même parfois du mal à comprendre pourquoi je réagissais différemment avant et ça s'est fait progressivement c'est vraiment dans la... Les 20 ans, depuis que j'ai 30 ans, que les choses ont beaucoup changé. Une des dernières fois où j'ai un peu tiqué à l'approche de mon anniversaire, ça devait être quand j'ai eu 32 ou 33 ans. Et depuis, chaque année, ça devient plus facile.

  • Speaker #0

    Si elles étaient à refaire, ces 50 années, comment vous les referiez ? De la même manière ?

  • Speaker #1

    Alors moi, il y a des choses que je referais évidemment de la même manière. J'ai des immenses bonheurs dans ma vie. J'ai deux enfants. qui vont très bien, qui deviennent petit à petit des adultes, ou un grand ado et une presque adulte. Et les voir éclore comme ils le font actuellement, c'est le plus grand bonheur de la vie. Avoir la chance... qu'avec leur maman on soit toujours au diapason longtemps après notre rencontre, c'est aussi pour moi un bonheur. Et puis moi, la vie m'a procuré la chance de vivre des expériences très différentes les unes des autres. J'avais démarré avec un sentiment un peu mitigé parce que j'ai un métier, ça on en parle peu parce que je l'ai... exercé mais il y a longtemps que je ne l'exerce plus. Ce métier c'était d'abord le métier d'enseignant, puis ça a été le métier de responsable universitaire. Et mon métier initial qui était celui d'enseignant m'a tout de suite inspiré une crainte parce que je me suis rendu compte que j'avais fait une erreur d'orientation et que c'était sûrement pas ça qui allait me permettre de m'épanouir et de m'accomplir. La vie m'a permis de faire autre chose et j'ai fait beaucoup de choses et donc ça aussi c'est une richesse. Et puis moi, on me fait parfois la remarque, y compris ma famille me dit que c'est sûrement mon principal défaut, mais j'ai vécu à 100 à l'heure, à 200 à l'heure tout le long. Je n'aime pas être ralenti et je suis content de ça parce que j'ai jamais eu le sentiment de perdre une seconde. de mon existence et ça me donne tous les jours envie d'aller encore un peu plus vite.

  • Speaker #0

    Si vous repensez à l'enfant que vous étiez, quels étaient ses rêves d'être président ?

  • Speaker #1

    Alors, ce n'était pas du tout, mais pas du tout, du tout le rêve d'être ni président du département, ni engagé en politique spécialement, même si du plus loin que je puisse me souvenir... la chose publique était vraiment quelque chose qui me préoccupait, dont je me posais des questions tous les jours sur la façon dont ça s'organisait, et puis dont je me suis vraiment intéressé, inquiété dès le plus jeune âge. Moi j'ai des souvenirs de discussions avec mon grand-père maternel, qui était très branché politique, qui date probablement de mes 5 ans, 6 ans. Mais en revanche, j'avais des rêves tout autres. Moi, j'étais passionné d'agriculture, de la campagne où j'ai grandi. J'aimais beaucoup la nature, les animaux, le travail des champs. J'ai beaucoup travaillé dans les champs quand j'étais jeune. Et ça, ça m'a suivi et ça me suit encore. Et quant au choix d'un métier, c'est quelque chose qui, d'ailleurs, je viens de le dire... m'a conduit probablement à une erreur d'aiguillage, mais n'a pas été pour moi consciemment une prise de décision très éclairée. Quand j'avais 17-18 ans, j'étais plutôt bon élève, j'étais bon élève, j'étais plutôt avec des facilités, et pour autant je n'avais pas vraiment un parcours très établi dans ma tête. Et j'avais des possibles, j'en ai choisi. pour des raisons qui n'étaient pas très bien étayées. Et ensuite, c'est la vie qui m'a canalisé dans le reste du déroulement.

  • Speaker #0

    Dans quelle famille est-ce que vous avez grandi ?

  • Speaker #1

    Moi, j'ai vécu dans une famille d'agriculteurs, de mère et de père en fils. où on vivait modestement, une famille où le travail a été la valeur cardinale et la valeur cardinale. Et une famille... Alors moi je suis l'aîné d'une famille de quatre enfants. C'était aussi une famille nombreuse, où on a eu beaucoup de chance de vivre aussi auprès des grands-parents. Moi, mes grands-parents maternels ont beaucoup compté dans ma vie, parce qu'ils vivaient à 20 mètres de nous, ou que nous vivions à 20 mètres d'eux, et qu'ils étaient très impliqués dans notre enfance, avec des parents qui, par contre, avaient énormément de travail, et donc avaient parfois moins de temps pour nous. On était aussi dans une famille où il y avait de l'entraide. Et globalement, moi, j'ai vécu une enfance, je dirais, ordinaire, faite de petits plaisirs, mais dans une famille qui était à la fois travailleuse et modeste.

  • Speaker #0

    Vous parlez de vos grands-parents. Quels ont été peut-être les autres modèles qui ont été marquants autour de vous ?

  • Speaker #1

    C'est pareil, vous me posez la question alors que je vais avoir 50 ans. Ma réponse n'est pas tout à fait la même aujourd'hui que celle que je vous aurais formulée peut-être il y a 15 ans. Mes grands-parents ont été des modèles parce qu'ils ont incarné l'affection, le soin dont on a besoin quand on est jeune. Ma grand-mère maternelle était quelqu'un de très très... attentif et attentionné envers moi et envers mes frères et ma sœur. Mes parents, à ce moment-là, étaient des figures dont j'ai possiblement longtemps dans ma vie minoré l'importance, qui m'ont transmis, sans que je m'en rende compte, beaucoup des valeurs qui m'ont guidé tout au long de ma vie. Ma maman est décédée il y a deux ans, subitement. fauchée alors qu'elle était en pleine forme par un problème cardiaque. C'est une épreuve lourde, très lourde. Alors que je n'étais pas en phase avec elle sur beaucoup de choses. Mais son absence aujourd'hui m'a fait prendre conscience aussi de la place qu'elle a tenue dans ma vie et qu'elle tient dans ma vie. Et du coup, me permet de vivre une relation avec mon père que je n'avais pas vécue jusque-là. Parce que ma mère avait un caractère très très fort et qu'elle faisait filtre entre mon père et moi. Et j'ai aujourd'hui avec mon père une relation que je n'avais pas eue et que je n'aurais pas eue si cet événement malheureux n'était pas survenu maintenant.

  • Speaker #0

    Rester sur le lévezou et en avérant, c'était une évidence pour vous ?

  • Speaker #1

    Alors, consciemment, ce n'était pas une évidence. Et d'ailleurs, j'en suis parti par épisode puisque moi, je suis agrégé d'anglais. Donc, pour parler anglais, il m'a quand même fallu aller ailleurs que sur le Lévesou. Honnêtement, on le parle quand même relativement peu. Donc, j'ai passé du temps en Grande-Bretagne, en Angleterre. Pendant mes études, j'ai fait des études assez longues. J'ai fait des études à Montpellier, mais je faisais le trajet toutes les semaines. Je revenais le week-end. Donc, consciemment... Peut-être, si à 20 ans, on m'avait demandé si j'allais rester sur les vaisseaux, j'aurais répondu plutôt non. Et en réalité, quand on regarde les choses a posteriori, quand je regarde les choses a posteriori, ça a été une constante de ma vie. Je ne suis jamais parti affectivement et je ne suis jamais parti réellement du lévesou et au-delà du lévesou de l'avérum. A telle enseigne d'ailleurs que quand j'ai rencontré celle qui est devenue mon épouse par la suite, elle a compris bien avant moi. Que si nous devions fonder une famille ensemble, ça serait là et que c'était à elle de se déplacer puisqu'elle est de Vichy, d'un côté de Vichy. Elle l'a compris et elle le dit d'ailleurs, alors que moi, à ce moment-là, je ne faisais pas du tout une exigence, mais c'était une évidence.

  • Speaker #0

    Pourquoi ? Qu'est-ce qui se joue dans le lien aux racines ?

  • Speaker #1

    Pourquoi ? Parce que ce sont mes racines. Alors, je vous ai donné à voir mes racines familiales. Il y a aussi une racine... terrestre au sens premier du terme. Moi, je suis enraciné dans ce vécu d'une famille d'agriculteurs. Je suis enraciné dans un terroir. Je suis enraciné dans ce lieu, dans ce département, dans ce lévesou, où finalement, quand j'y réfléchis, je suis bien et qui est le lieu où je me suis vraiment bien comparativement à partout ailleurs. Chaque fois que je pars, j'ai plaisir à revenir. Parce que le sentiment de plénitude pour moi, il est là.

  • Speaker #0

    Vous entrez dans votre premier mandat électif avant même vos 30 ans.

  • Speaker #1

    Vous aviez 29 ans. L'histoire de l'engagement, elle est très ancienne. Moi, j'ai été engagé dans le milieu associatif de ma commune, puis des communes autour qui sont toujours très liées les unes aux autres. Et ça aussi, je m'en suis rendu compte. Bien après, avec toujours une tentation d'aller dans cet engagement associatif, m'occuper précisément de ceux qui étaient aux confins de l'engagement associatif et de la frontière avec les responsables publics, donc les élus locaux. C'est-à-dire que quand j'étais dans le comité des fêtes, c'est moi qui allais voir le maire ou le... ou l'adjoint pour parler des installations, de comment on pourrait mieux les utiliser, etc. Et j'étais toujours avec un regard assez acerbe, parfois critique, sur un certain nombre de manières de faire, etc. Ce qui m'a amené tout naturellement, avant mes 25 ans, à vouloir être membre de l'équipe municipale. Ce qui a été une première expérience, alors je suis devenu conseiller municipal dans une équipe où j'avais un peu forcé le passage, j'avais souhaité qu'on me prenne dans la liste du maire sortant. Peut-être, alors c'est pas que j'étais pas le bienvenu, mais je faisais probablement un peu hésiter, un peu peur, parce que j'étais beaucoup plus jeune que les élus de l'époque, et que j'arrivais avec un peu d'antrisme, un peu de détermination forte. Et dans cette équipe, j'ai appris ce qu'était la gestion d'une commune, et je l'ai appris en condensé, puisque... Trois ans après, j'ai pris une autre décision. Alors celle-là a plus lourde de conséquences, c'est que j'ai voulu être candidat aux élections cantonales, sur le canton dont faisait partie la commune de Vosins de l'Évésou à ce moment-là. Et lorsque j'ai pris cette décision, je n'étais pas trentenaire encore. Nous étions en train de fonder notre famille. Ma fille aînée était tout bébé. Et surtout, il y avait un élu sortant, bien sûr, qui était lui-même adjoint de l'équipe municipale. Ce qui a été un moment relativement difficile. Et cette élection, elle a été fondatrice d'autre chose, parce que cette élection a été naturellement tendue. Elle a été aussi très ténue. J'ai été élu de 25 voix. Et je ne l'ai jamais oublié. Et je sais très bien que mes concitoyens m'avaient quand même majoritairement accordé leur confiance, mais avaient aussi pour une presque moitié d'entre eux émis un doute. Et ce doute, c'était le doute sur mon âge. sur ma capacité à ce stade-là de ma vie de tenir la distance, d'être à la hauteur de l'enjeu. Et moi, dès l'instant où le scrutin s'est révélé m'être favorable et me permettre de venir siéger ici au Conseil Général de l'Aveyron, je me suis dit que mon combat devait être celui de démontrer à tous ceux qui ne m'avaient pas accordé leur confiance de prime abord que je la méritais quand même. Et ça s'est resté ancré en moi. à chaque scrutin qui s'est succédé après. Et je le vis encore comme ça aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Et avec quelle envie vous y allez alors ? Qu'est-ce qui fait que vous vous dites...

  • Speaker #1

    Alors mon envie à ce moment-là, elle se traduisait d'une manière simple. Je voulais qu'on imprime une dynamique. Je pensais déjà à ce moment-là que l'Aveyron était un territoire plein d'atouts, plein de ressources. et qu'il fallait que certains se retroussent les manches pour faire en sorte qu'on les valorise le mieux possible et qu'on permette à ce département dont les atouts et les ressources sont parfois ancrés dans ses traditions de se tourner vers une très très grande modernité. Je le crois toujours. À ce moment-là, il y avait un autre élément, c'est que moi j'avais, du haut de mes 28 ou 29 ans, le sentiment qu'on laissait trop la décision publique à des gens qui étaient plutôt dans la deuxième partie de leur existence, souvent des retraités, parce que je voyais bien que c'était très exigeant et très consommateur en temps. Et moi je considérais que c'était pas bien que les générations pour lesquelles on décide ne soient pas aussi à la manœuvre de la décision. Et... Ayant fait ce constat, ayant ce goût prononcé à ce stade-là quand même de ma vie pour tout ce qui touchait aux institutions, à la chose publique, je me suis dit qu'il fallait que j'y aille. J'étais soutenu aussi. J'avais déjà autour de moi des gens qui m'ont accompagné et qui m'accompagnent encore. Et donc ça a été une belle aventure.

  • Speaker #0

    Ce que vous racontez là, ça fait un peu écho à votre élection en tant que président du Conseil départemental en 2021. L'image que vous pouvez renvoyer d'avoir voulu renverser la table ?

  • Speaker #1

    Alors, renverser la table, je ne sais pas. Mais en tout cas, ce qui est certain, c'est que moi, chaque élection où j'ai été candidat, je l'ai fait avec une réelle envie d'apporter quelque chose. Et j'ai toujours ce souci. Et d'ailleurs, c'est vrai pour l'élection, mais c'est vrai pour le quotidien, mon quotidien d'élu. Je me demande tous les jours à quoi je peux servir dans le mandat qu'on me confie. Et je pense vraiment que cet engagement qui aura consommé, là ça fait plus de 20 ans, et il aura consommé en tout cas ce qu'on appelle les plus belles années de ma vie, c'est sûr, il n'aurait pas pu durer si je n'avais pas eu cette étincelle qui fait que j'ai envie de faire pour les autres. Alors évidemment, on ne peut pas nier qu'il y a aussi une dimension... personnel dans un engagement aussi lourd et moi je suis enthousiaste aussi parce que j'aime ce que je fais et que j'apprends beaucoup, j'ai beaucoup appris mais très sincèrement au fond de moi, ce qui me pousse c'est l'envie de servir les autres et l'envie d'apporter ma pierre à un édifice dont je mesure pleinement qu'il me dépasse énormément.

  • Speaker #0

    Et c'est peut-être là qu'il y a un point que j'aimerais comprendre, c'est quand, comment et pourquoi un jour on se dit... qu'on doit y aller, que ça retombe sur nous, que ça repose sur nous, cette volonté d'être président. Est-ce que vous vous êtes levé un matin en vous disant Je serai président du département

  • Speaker #1

    Pas du tout. Enfin, je m'étais levé une première fois en me disant que je pourrais l'être en 2008. Parce qu'en 2008, quand j'étais donc élu ici depuis 4 ans, puisque je suis arrivé au Conseil Général de l'Aveyron en 2004, En 2008, il y a eu un événement politique majeur en Aveyron, c'est que Jean Puech a annoncé son retrait. Et donc, le camp majoritaire de la droite et du centre-droite s'est retrouvé un peu groggy. Et il y a eu à ce moment-là une primaire interne. Et moi, étant depuis peu à l'Assemblée départementale, parce qu'il y avait ici des ténors qui avaient... 25 ou 30 ans de mandat dans l'EHPAD, je me suis retrouvé dans la situation où un groupe d'élus autour de moi souhaitait, on souhaitait, et moi avec, que nous proposions une alternative de modernisation peut-être plus rapide et de passage de plusieurs étapes à la fois, en faisant en sorte que je sois candidat à la primaire. Et à ce moment-là, effectivement, j'ai commencé à me dire que cette collectivité était très très importante dans le quotidien des Aveyronnés et que sa destinée, la manière dont elle était gérée, les choix politiques qu'on y faisait étaient déterminants et donc j'ai été candidat à cette primaire que naturellement j'ai perdue puisque je ne suis pas devenu président du Conseil Général mais en tout cas ça avait été une occasion de réfléchir vraiment à la portée du projet départemental à la portée des actions du Conseil Général... Mais je n'en ai pas fait une obsession du tout et que personne ne s'imagine qu'entre 2008 et 2021, ça a été quelque chose qui m'a traversé l'esprit. D'ailleurs, très honnêtement, pour moi, l'épisode de 2008 était rangé dès le lendemain et je n'y avais pas repensé jusqu'à bien plus tard, jusqu'à 2020. Et le moment où les élections départementales ici se sont profilées et où la question est venue sur la table, elle n'est même pas revenue puisque c'était déconnecté de l'épisode précédent.

  • Speaker #0

    Donc justement en 2021, vous êtes élu président du département. Parmi les compétences majeures du département, il y a la solidarité, il y a les collèges et les routes pour faire vraiment dans les grandes lignes. Il y a aussi 1700 agents qui assurent la continuité des services par-delà les roulements politiques. Quel épanouissement vous trouvez-vous dans cette échelle départementale après avoir été maire de Vezing et aussi député du Sud-Aveyron ?

  • Speaker #1

    Alors, il y a deux dimensions. Moi, la première que je trouve absolument passionnante, même si elle est très prenante, on fait l'expérience de la gestion d'une très grande équipe. C'est une famille, vous l'avez dit, de 1700 collaborateurs, c'est 46 élus. qui ont des profils différents, qui ont des attentes différentes, qui ont des contraintes différentes, qui ont aussi une base électorale, celle de chaque canton, qui les tire plutôt dans un sens que dans l'autre. Il y a un jeu d'équilibre à trouver avec cet écosystème politique. Et puis les collaborateurs sont des gens qui sont engagés dans des métiers très variés. Il y a 160 métiers dans notre collectivité. et qui ont eux-mêmes, bien sûr, des impératifs, qui remontent jusque dans ce bureau pour que des décisions soient prises, et qui orientent finalement la manière dont ont conduit les affaires du département. Donc ce premier volet, c'est un volet de gestion à grande échelle, avec des enjeux énormes, que je n'avais pas vécu jusque-là. Et donc d'ailleurs, pour revenir à votre question sur mon âge, je pense que c'était le bon moment maintenant pour le vivre. et que ça n'aurait pas été du tout le bon moment en 2008, parce que ça demande de la tempérance, de la maturité, du recul, une forme de capacité à mettre les choses en abîme, que franchement, sans vouloir paraître trop vieux, on a davantage quand on a mon âge maintenant que quand on a... 15 ou 17 ans de moins, je le crois très sincèrement. Même si bien sûr il y a des talents partout et que des très jeunes gens exercent des très grandes responsabilités, là je parle vraiment pour moi. Et ce volet qui peut paraître pesant, lourd, etc., moi je le trouve extrêmement enrichissant, parce que dans tout ça il y a de l'humain et que tous les jours on doit se confronter à l'autre. aux autres, essayer de se mettre à la place des autres, beaucoup plus que dans tous les autres mandats que j'ai exercés jusque-là, en particulier celui de député, qui finalement est aussi une fonction qui parfois peut confiner à l'auto-entrepreneuriat. On a une toute petite équipe. Et puis la deuxième dimension qui est très stimulante, c'est celle du projet qu'on est en capacité d'imprimer. Vous avez souligné le fait qu'un département a des compétences qui lui sont fixées par la loi. Ne serait-ce que dans l'exercice de ses compétences, la place du choix politique est quand même importante. On peut décider de faire des choses de cette manière plutôt que de celle-ci. Et c'est ce que nous avons fait en écrivant un projet départemental. Ça donne aussi une charge de responsabilité très lourde parce qu'on choisit pour les autres. On doit choisir le plus possible avec les autres. Nous, depuis 2021, nous avons fait beaucoup de choix. On a essayé de les faire dans le respect de ce que nos concitoyens nous avaient exprimé en 2021. Moi, j'essaie de les faire aussi dans le respect des valeurs qui m'animent et de tout ce qu'on est en train d'essayer de faire comprendre des sources de mon engagement. Et pour le dire simplement, moi, je suis raccord avec moi-même ici.

  • Speaker #0

    Quel bilan vous faites à mi-mandat, là, si vous... personnellement, sans parler de...

  • Speaker #1

    Personnellement, je... Alors d'abord, c'est une question qui m'est souvent posée, parce que j'ai fait un choix difficile, j'ai démissionné de l'Assemblée nationale, qui a surpris et qui parfois a été mal compris et mal interprété, et moi j'ai compris qu'il puisse être mal compris. Je l'ai fait parce que j'avais la conviction que je pourrais être davantage utile à mes concitoyens et à mon département, à la place que j'occupe aujourd'hui, qu'à l'Assemblée nationale. Et ce que je voulais dire, c'est qu'à aucun moment, pas une seconde, pas une fraction de seconde, je n'ai eu un regret de ce choix. Jamais, jamais. Parce que je l'ai fait en l'ayant réfléchi et parce que depuis qu'il est fait, je n'ai trouvé ici que des raisons qui le confortent. Et donc, personnellement, puisque vous me posez la question comme ça, j'ai un sentiment d'utilité, de satisfaction d'être utile.

  • Speaker #0

    Vous parliez de Jean Puech, qui a été élu à 34 ans président du département. Il y est resté 32 ans à cette présidence, avec d'autres mandats. En plus, on était encore à l'époque où le cumul était possible sur des mandats exécutifs. Est-ce qu'on peut vous souhaiter un destin à l'agent Puech, 32 ans à la tête du département ?

  • Speaker #1

    Non, non, non, non. Ne me souhaitez pas ça. Et ce n'est surtout pas mon souhait à moi. Moi, j'ai une conviction sur... La démocratie, alors d'abord, je veux dire que Jean-Pierre Chahé-Théon, un grand président de cette maison, et que je pense qu'il a marqué son passage dans la vie des Aveyronnés d'une manière que peut-être on n'appréhende pas toujours complètement, mais je fais confiance à l'histoire pour que ce soit le cas un jour. Il l'a fait aussi dans une période où, vous le dites, les paramètres de la vie démocratique n'étaient pas les mêmes, et des gens pouvaient s'inscrire comme ça dans un bail très long. avec en plus un cumul de responsabilités qui était souvent d'ailleurs consubstantiel de ces mandats très longs, c'est terminé. C'est terminé de par la loi, mais c'est terminé aussi parce que je pense que notre société vit plus vite, vit différemment et que notre démocratie doit s'adapter à ça. Et moi j'ai donc une conviction, mais que j'ai depuis le début, c'est qu'aujourd'hui, lorsqu'on est engagé comme moi sur un talon, parce que déjà 20 ans c'est long, quand on en a un peu 50, c'est un peu plus de 20 ans quand on en a presque 50, c'est long. Il faut que cet engagement se matérialise par des fonctions différentes, sur des durées plus courtes. Et moi, quand je siégeais à l'Assemblée nationale, j'avais déposé une proposition de loi pour qu'on limite à deux le nombre de mandats consécutifs dans la même fonction. Je continue de croire que c'est la bonne jauge. C'était très mal vécu par certains de mes collègues à l'Assemblée qui trouvaient que j'étais fou. Mais je pense que c'est la bonne jauge et moi en tout cas je me la suis appliquée jusque là, dans toutes les fonctions que j'ai pu exercer. Et je n'entends pas idérogé dans ma tête. Et je pense que c'est vraiment aujourd'hui nécessaire de pouvoir faire les choses avec la plus grande envie possible, tant qu'on peut les faire avec cette envie. Et considérer quand même qu'au bout de deux mandats, c'est 10-12 ans selon la durée des mandats, c'est déjà beaucoup. Et il y a d'autres manières de s'engager. Les institutions françaises ont cette richesse de proposer des étages différents, etc. Et donc on peut poursuivre un engagement politique et un engagement d'élus en allant se confronter à d'autres types de mandats.

  • Speaker #0

    Il ne vous restera que le Sénat ?

  • Speaker #1

    Non, franchement, je n'ai aucune trajectoire. Je n'en ai jamais eu d'ailleurs. Alors, je sais que mon parcours porte à croire à l'inverse et que certains ont l'impression que ce sont des briques qui ont été savamment empilées avec des calculs, etc. Pas du tout. Moi, la vraie envie que j'ai eue en 2004, c'est d'être élu au Conseil général à l'époque. Ce qui a été vraiment pour moi, et je le dis en sincérité, inattendu, c'est le fait de devenir député en 2015, parce que Alain Marc, auquel j'ai succédé, n'avait aucune raison objective de mettre un terme à ses fonctions à ce moment-là. Et donc, je n'avais pas prémédité cette étape. J'en suis très heureux, parce que l'Assemblée nationale, je pense, dans un parcours politique... et probablement une étape très fondatrice d'un savoir-faire, d'une compréhension des rouages institutionnels français, d'une constitution d'un réseau aussi, dont on a besoin quand on veut pouvoir peser sur des décisions. Donc ça n'était pas prémédité, ça m'a beaucoup apporté dans ce que je fais actuellement aussi. Et en partir... en 2021, ça n'était absolument pas prémédité non plus. Donc, il n'y a pas de jalon et je n'en ai pas plus pour la suite.

  • Speaker #0

    Si on fait juste l'exercice, la petite gymnastique mentale, si vous étiez président pour 32 ans, on arrive en 2053. Il ressemble à quoi l'Aveyron en 2053 ?

  • Speaker #1

    Si je peux poser cette question, j'espère que l'Aveyron sera toujours un département dont l'identité... Et la notoriété positive seront celles qu'elles sont aujourd'hui. Parce que je pense que quand on est avéronné, on n'en a pas toujours conscience. Mais c'est une chance de pouvoir dire qu'on est avéronné, puisque partout où on exprime ça, on reçoit un sourire envieux. Et puis vraiment, moi mon combat, il ne m'amènera pas à 2053, mais j'espère qu'il constituera une étape vers 2053, c'est de faire en sorte que l'Aveyron soit pleinement... Dans la modernité du monde dans lequel nous vivons et dans lequel nous vivrons demain, en ayant conservé ses ressources, et notamment naturelles, donc aujourd'hui on est à la croisée des chemins, le département a tout un tas de cartes en main, il a aussi besoin de se doter d'équipements, d'infrastructures, de moyens de satisfaire les aspirations de la population. de 2024 que nous n'avons pas complètement et il faut qu'on se batte parce que personne ne le fera à notre place pour que ce soit le cas et j'espère qu'en 2053 ce sera accompli.

  • Speaker #0

    Justement, comment est-ce que vous nourrissez vos réflexions pour savoir ce dont ont besoin, envie, les avéronner à un moment où il y a un autre peut-être carrefour qui est celui de faire cohabiter des populations puisqu'on a besoin d'accueillir des nouvelles populations, on a besoin d'entendre celles qui sont toujours là, qui ont grandi ici, qui n'en ont pas bougé peut-être, comment on fait pour... Comment vous nourrissez vos réflexions, vous, pour savoir ce dont l'Aveyron a besoin finalement ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'une des clés de l'engagement, c'est le contact avec les autres. Et donc moi, dans toutes les fonctions que j'ai eues et dans celles que j'ai aujourd'hui, j'essaie de laisser la part la plus large au contact de terrain. Et ici, en tant que président, ce n'est pas le même dilemme. Le dilemme, c'est de savoir le temps qu'on consacre à la gestion interne de cette grande maison. et le temps qu'on passe à aller à l'écoute et au contact des gens. Et là aussi, l'équilibre, il se trouve. Et moi, je suis très soucieux de ça, pour deux raisons. Parce que, comme vous le dites, c'est la seule manière de rester en phase avec les attentes des gens. Et deuxième raison, on est dans une période où la démocratie est malade, abîmée. Elle a beaucoup de souffrances et elle exprime maintenant aussi... une forme de fragilité. Et je pense que quand on est élu, et a fortiori élu local, il faut en prendre le plus grand soin parce qu'on reste un des derniers remparts contre tout un tas de choses dont on ne veut pas, dont moi je ne veux pas.

  • Speaker #0

    Vous la comprenez, cette défiance ?

  • Speaker #1

    Oui, je la comprends. Je la comprends complètement. Je la comprends parce que je pense qu'on vit une période d'abord de détresse à plusieurs niveaux, détresse sociale, détresse économique, détresse sécuritaire, détresse environnementale. Et cette détresse, elle se vit à plusieurs échelles, elle se vit collectivement, mais elle se vit individuellement aussi. Et selon que l'on est jeune ou moins jeune, selon que l'on est favorisé ou moins favorisé par la vie, on a des impacts plus ou moins forts de cette détresse dans son quotidien, mais quoi qu'il en soit, tout le monde en a. Et face à ça, la réponse publique ou la perception de la réponse publique qui est apportée n'est pas à la hauteur. Et ce n'est pas un jugement de valeur sur les gouvernants ni sur qui que ce soit, mais en tout cas, il y a une forme de déconnexion qui s'est installée. En plus, on vit dans un monde suradministré, complexe, techno. Les gens sont perdus dans les méandres d'une incompréhension de comment fonctionne l'administration, comment ils doivent répondre à un certain nombre d'injonctions qui sont parfois contradictoires, etc. Et donc ça se traduit par une énorme défiance. Et si on ajoute, troisième ingrédient du cocktail explosif, l'échec d'un camp politique, puis de l'autre, puis de l'autre, puis on en arrive à ce sentiment que Puréneva... et qu'il faut casser le jouet pour repartir à zéro. Et je pense qu'il ne faut pas laisser prospérer cette idée. Et qu'on a tous une responsabilité pour faire en sorte que, à défaut de rétablir une confiance, on enraye ce cercle vicieux de la défiance.

  • Speaker #0

    Vous parliez de la modernité, l'attractivité fait partie des leviers largement mis en avant par le conseil départemental. Quels mots vous mettez sur l'attractivité ? Comment vous définissez-vous l'attractivité dont doit faire preuve l'Aveyron ? Je crois qu'on est d'accord sur le fait qu'être fier d'être avéronné ne suffit pas.

  • Speaker #1

    Être fier d'être avéronné ne suffit pas, dire qu'on mange bien en Aveyron ne suffit pas non plus, avoir des beaux paysages n'est toujours pas suffisant, avoir un patrimoine bâti exceptionnel. pas davantage. Et je crois qu'aujourd'hui, il y a deux angles de réponse qu'on essaie d'explorer. C'est d'abord, qui on veut attirer ? Parce que l'attractivité, c'est un concept, mais il faut savoir qui on veut attirer. Le constat, là, il est implacable. Notre population, elle est vieillissante. Tous les gens qui sont nés en Aveyron, qui y ont vécu, veulent y rester jusqu'à la fin de leur jour. Et donc on a un devoir territorial à leur permettre de le faire, donc à avoir les moyens nécessaires pour que chacun vieillisse dignement là où il a vécu et là où il veut vieillir, ce qui n'est pas une mince affaire. Et si nous ne nous contentions que de cela, petit à petit la population diminuerait d'une manière inexorable. Et donc, nous avons le devoir d'attirer des jeunes, de conserver des jeunes avéronnés et d'attirer des jeunes qui ne sont pas des natifs avéronnés. Et pour ce faire, il y a beaucoup de leviers à activer. Il y a celui de l'économie, de l'emploi, du travail. C'est le cas parce que nos entreprises sont dynamiques et ont besoin de main-d'oeuvre. Et puis, il y a celui de magnifier un cadre de vie qui a tout pour plaire, mais qui a besoin aussi de... tous les éléments périphériques, donc la capacité à se déplacer, la capacité à communiquer, la capacité à être connecté au monde d'aujourd'hui, même si on est à 600 km de la capitale de la France, même si on n'est pas à côté d'un CHU, etc. Et ça, c'est tout ça, l'attractivité.

  • Speaker #0

    Qu'aimeriez-vous que l'on retienne de vous ?

  • Speaker #1

    Je n'ai pas l'ambition que mon passage à cette fonction soit associé à une réalisation particulière. Moi, si on me pose la question comme vous me la posez, ce que j'aimerais qu'on retienne, c'est que je m'y consacre avec tout. tout ce que j'ai dans mon cœur. Et que ce n'est pas pour moi quelque chose qui n'a pour fonction que de m'apporter une satisfaction personnelle. C'est vraiment un engagement vécu pleinement et de toutes mes forces.

  • Speaker #0

    Et donc si on reprend deux mandats, donc 2033, vous quittez l'hôtel du département.

  • Speaker #1

    J'ai même pas encore regardé. Alors le mandat actuel se termine en 2028.

  • Speaker #0

    Il est décalé dedans.

  • Speaker #1

    Il est exceptionnellement long, donc plus 6, ça serait 34. Je ne fais aucune déclaration de candidature.

  • Speaker #0

    T'as parlé de ça mais...

  • Speaker #1

    Mais en 2034, je serai à la... proche de mes 60 ans. Donc ça me paraît bien.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce qui fera que vous partirez avec le sentiment du devoir accompli ?

  • Speaker #1

    Je pense que la tâche qu'il y a à accomplir ici n'est jamais finie. Donc je ne sais pas si j'aurai ce sentiment un jour. Mais en tout cas, parce que ce sont mes valeurs et c'est ma certitude et ma conviction. Quand j'aurai décidé que c'est le tour d'autres personnes que moi d'être là, je le ferai en sérénité. Je n'ai jamais eu aucune amertume des fonctions pour lesquelles je me suis passionné, que j'ai exercées et que j'ai quittées. Aucune. Je pense que quand on est engagé au service des autres, il faut regarder devant et pas derrière.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous observez du sang neuf en politique localement ? Est-ce que vous êtes optimiste sur cette question ?

  • Speaker #1

    Insuffisamment, et ça c'est vraiment quelque chose qui m'a toujours animé. Je pense qu'effectivement, je vous l'ai dit, un des fondements de mon engagement à un jeune âge dans la vie, ça a été la certitude que quand on est jeune et qu'on veut se préoccuper de l'avenir, il faut retrousser les manches et y aller. Depuis, j'ai aussi considéré que souvent la politique est aride pour les jeunes. Parce que les plus vieux ne veulent pas se laisser passer et essaient de décapiter les jeunes dont la tête pointe trop haut. Et moi j'ai toujours eu à cœur... de m'entourer de jeunes. Alors ici, par exemple, le cabinet du département de l'Aveyron est un cabinet de bébés. Et j'en suis très très heureux parce qu'on travaille avec des jeunes d'une manière différente et ça a toujours été pour moi une source d'inspiration et de bonheur et de fraîcheur dans le quotidien. Et puis au-delà de ce choix des collaborateurs... que j'ai fait d'ailleurs de la même manière quand j'étais à l'Assemblée nationale. J'anime depuis plusieurs années, depuis plus de dix ans, un groupe de jeunes gens qu'on réunit de temps en temps, non pas pour les évangéliser sur une posture politique plus que sur une autre, mais pour les associer et les inviter à se préoccuper de la chose publique et peut-être un jour à s'engager. Et ça, je ne suis pas à même de le dire, mais je commence à voir que ça permet à certains de passer à l'acte et d'être candidats à des élections. Et je pense que c'est vraiment quelque chose qu'il faut qu'on cultive en France parce qu'à tous les niveaux, alors il y a eu un rajeunissement de l'Assemblée nationale en 2017 et c'était heureux. Mais à tous les niveaux, les assemblées d'élus sont des assemblées souvent grisonnantes et on a besoin que toutes les générations soient représentées et en particulier la jeunesse.

  • Speaker #0

    Quelle forme il prend ce groupe dont vous parlez, que vous animez ?

  • Speaker #1

    Tout à fait informel. Et pour vous illustrer ce qu'il prend comme tournure, c'est que nous faisons de temps en temps une soirée, comme les Folles et Jeunes, dans un bar, en partageant quelque chose à grignoter et quelque chose à boire. Et on passe en revue des sujets qui sont des sujets d'actualité. Moi, j'apporte quelques éléments de... de réflexion et surtout j'essaie de me mettre à l'écoute des jeunes et de ce qu'ils ont à dire. Et c'est toujours une source de très très grand enrichissement mutuel.

  • Speaker #0

    Ça permet de rester jeune ?

  • Speaker #1

    C'est pas le but, mais je pense que ça permet de rester jeune. Moi je suis aussi, je vous l'ai dit, je suis père de deux enfants qui ont 21 et 17 ans, donc eux me maintiennent alors pour le coup au quotidien. dans les préoccupations de la jeunesse, et j'apporte un soin tout à fait particulier à être très attentif à eux. Je le dis aussi avec ça par contre, un grand regret, beaucoup plus attentif à eux maintenant que je ne l'ai été dans leurs jeunes années. Et si je devais, vous ne m'avez pas demandé si je devais changer quelque chose dans ce que j'ai fait, ce serait ça. Parce que je pense que mon engagement m'a dévoré, et que quand eux étaient petits... J'avais moins de lucidité sur le degré de dévoration de mon engagement par rapport à eux. Et ça, je me le reproche et je me le reprocherai toujours. Donc aujourd'hui, j'essaie de rattraper le temps.

  • Speaker #0

    La dernière question, monsieur Vialla, du podcast à laquelle on doit tous les inviter. En quoi est-ce que vous croyez ?

  • Speaker #1

    En quoi est-ce que je crois ? Moi, je crois en la capacité des hommes et des femmes, des humains, à soulever des montagnes. quand ils en ont envie. Et donc j'ai une foi de plus en plus forte à l'avenir, à supposer qu'on le veuille. Et je pense que c'est vraiment ça qui doit nous tenir dans une forme d'optimisme, même comme c'est le cas actuellement. Beaucoup de choses sont plus difficiles. Donc je crois en l'homme avec un H, avec un grand H.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup.

  • Speaker #1

    Merci à vous. Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci d'être arrivé au bout de ce nouvel épisode de Finta. Si vous voulez continuer l'expérience et vous faufiler dans les coulisses de cet enregistrement, retrouvons-nous dès à présent sur Facebook et Instagram. J'y partagerai les photos du talentueux Mathieu Lacou, qui, vous le savez désormais, m'accompagne sur de nombreux enregistrements de Finta. Merci d'avoir écouté ce nouvel épisode de Finta jusqu'au bout. J'espère qu'il vous a plu, inspiré, questionné et fait voyager peut-être. Si vous souhaitez continuer la discussion, je suis toujours curieuse de vous lire et d'échanger. Je vous propose que l'on se retrouve sur Facebook, sur Instagram ou sur le site fintapodcast.fr. Vous pouvez retrouver tous les précédents épisodes de Finta gratuitement sur les applications de podcast. Et pour recevoir chaque nouvel épisode directement dans votre boîte mail, vous pouvez aussi vous abonner à la newsletter. Et pour que Finta vive, si vous appréciez le podcast et que vous souhaitez soutenir ce travail indépendant, partagez-le autour de vous. Consphérez-le à vos amis, parlez-en, c'est le meilleur soutien que vous puissiez nous apporter. A très bientôt.

Description

Il est de ces visages que l’on semble connaître, tant ils font partie du paysage. Arnaud Viala est de ceux-là.

Maire, élu départemental, député et désormais Président du Département, Arnaud Viala maîtrise les rouages d’une vie politique locale qu’il a intégré à l’aube des années 2000, alors qu’il avait tout juste 25 ans.


Dans quelques semaines, il fêtera ses 50 ans. Et si l’échéance invite à l’introspection, Arnaud Viala se dit enfin apaisé face au temps qui passe, après s’être senti vieillir trop vite dans ses jeunes années. A travers les jalons importants de sa vie, la famille dans laquelle il a grandi, les modèles qui l’ont aiguillé, le Vézinois a accepté l’exercice, parfois douloureux, de sortir de ses rails politiques, de creuser en lui la sève de son engagement pour le territoire qui l’a vu naître. Et pourtant, c’est entre les lignes, dans les mots qu’il retient, dans ceux qu’il ne prononce pas et dans ses silences, qu’Arnaud Viala semble dire le plus de lui.


C’est dans son bureau de l’hôtel du Département, en plein cœur de Rodez, que nous nous retrouvons. Bonne écoute !

 

Cet épisode a été enregistré le 24 mai 2024.


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Transcription

  • Speaker #0

    Voilà un chemin pour ce nouvel épisode qui me donne du fil à retordre depuis quelques mois, c'est peu de le dire. J'ai rendez-vous à l'hôtel du département et je sais déjà que ce cadre n'est pas le plus propice au laissé-aller. Mais bon, ça encore, je peux peut-être le gérer. Je sais aussi que la politique n'est pas un sujet des plus faciles à aborder, parce qu'il crispe assez spontanément. Et pourtant, dans la ligne éditoriale de Finta, qui donne la parole à celles et ceux qui façonnent et bousculent l'Aveyron, Je crois qu'il était temps d'entendre sa voix à lui en sa qualité de président du département. Je sais que sa parole sera maîtrisée parce qu'en étant en responsabilité, il se sait attendu par ses électeurs. Alors voilà pour le cadre qui n'est pas le plus chaleureux. J'espère simplement qu'à travers cet échange, on pourra entendre sa vision de l'Aveyron, non pas son programme politique, mais quelque chose qui sort de ses tripes, quelque chose qui donne à comprendre vraiment ce qu'il y a de lui dans son rôle de président. C'est parti. Je suis Lola Cross et j'arpente ce bout de campagne depuis dix ans comme journaliste. Avec Finta, je vous invite à croiser des regards, à Finter de plus près. Et ça commence tout de suite. Il est de ces visages que l'on semble connaître tant ils font partie du paysage. Arnaud Vialla est de ceux-là. Maire, élu départemental, député et désormais président du département, Arnaud Vialla maîtrise les rouages d'une vie politique locale qu'il a intégrée à l'aube des années 2000, alors qu'il avait tout juste 25 ans. Dans quelques semaines, il fêtera ses 50 ans. Et si l'échéance invite à l'introspection, Arnaud Vialla se dit enfin apaisé face au temps qui passe après s'être senti vieillir trop vite dans ses plus jeunes années. À travers les jalons importants de sa vie, la famille dans laquelle il a grandi, les modèles qui l'ont aiguillé, le Vésinon a accepté l'exercice parfois douloureux de sortir de ses rails politiques, de creuser en lui la sève de son engagement pour le territoire qu'il a vu naître. Et pourtant, c'est entre les lignes, dans les mots qu'il retient, Dans ce qu'il ne prononce pas, et dans ses silences aussi, Carnoviala semble dire le plus de lui. C'est dans son bureau de l'hôtel du département, en plein cœur de Vaudès, que nous nous retrouvons.

  • Speaker #1

    Alors ça, pour être tout à fait honnête, c'est plutôt un non-choix, parce que ma volonté initiale, c'était qu'on se voit dans un lieu qui m'incarne beaucoup plus, qui me représente beaucoup plus, qui est... Un environnement où je vis et où j'ai toujours vécu d'ailleurs. Et puis c'est les hasards de l'agenda aujourd'hui qui n'ont pas permis qu'on le fasse. Sinon ça aurait été vraiment sur mon lévesou.

  • Speaker #0

    Cette année, en 2024, Arnaud Vialla, vous fâtrez vos 50 ans. Comment vous l'appréhendez ce cap des 50 ans ?

  • Speaker #1

    Alors déjà c'est en décembre. Et moi je dis de plus en plus maintenant que j'avance dans l'âge et que je suis né en décembre. Avant de dire l'année. Je l'appréhende, moi j'ai un rapport au temps qui a beaucoup évolué dans ma vie. Jusqu'à mes 30 ans, mes 35 ans, je faisais des refus d'obstacles. Donc à une période où j'étais très jeune, j'avais l'impression que je vieillissais beaucoup et j'avais du mal à parler de mon âge, à fêter mes anniversaires, à accepter que mes enfants me parlent de ça. Et puis maintenant j'ai un rapport différent, j'ai probablement gagné en maturité et c'est quelque chose qui me laisse indifférent. Je suis... plus apaisée que je ne l'étais lorsque j'étais plus jeune. Et du coup, je n'ai plus cette inquiétude. Et là, par exemple, la perspective de cet anniversaire, qui est quand même symbolique, parce que c'est un gant, c'est pas rien. D'abord, ne me fait rien. Et si elle me fait quelque chose, c'est plutôt un sentiment de réjouissance. Par exemple, j'ai envie de faire quelque chose, de fêter ça avec quelques-uns de mes proches. Pas pour me mettre au centre des attentions, mais parce que j'ai envie de faire plaisir à... à quelques personnes qui me soutiennent, qui m'accompagnent dans cette vie particulière que j'ai, et donc je le ferai, en fin d'année du coup.

  • Speaker #0

    Comment vous vous êtes libéré de cette peur du temps qui passe alors ?

  • Speaker #1

    Ça s'est fait tout seul, il y a des événements aussi... malheureux et heureux de l'existence qui m'ont permis d'intégrer le fait que l'important c'est de vivre chaque instant avec la plus grande intensité possible et surtout pas de se préoccuper du chronomètre donc c'est vraiment quelque chose qui maintenant pour moi est complètement acquis et j'ai même parfois du mal à comprendre pourquoi je réagissais différemment avant et ça s'est fait progressivement c'est vraiment dans la... Les 20 ans, depuis que j'ai 30 ans, que les choses ont beaucoup changé. Une des dernières fois où j'ai un peu tiqué à l'approche de mon anniversaire, ça devait être quand j'ai eu 32 ou 33 ans. Et depuis, chaque année, ça devient plus facile.

  • Speaker #0

    Si elles étaient à refaire, ces 50 années, comment vous les referiez ? De la même manière ?

  • Speaker #1

    Alors moi, il y a des choses que je referais évidemment de la même manière. J'ai des immenses bonheurs dans ma vie. J'ai deux enfants. qui vont très bien, qui deviennent petit à petit des adultes, ou un grand ado et une presque adulte. Et les voir éclore comme ils le font actuellement, c'est le plus grand bonheur de la vie. Avoir la chance... qu'avec leur maman on soit toujours au diapason longtemps après notre rencontre, c'est aussi pour moi un bonheur. Et puis moi, la vie m'a procuré la chance de vivre des expériences très différentes les unes des autres. J'avais démarré avec un sentiment un peu mitigé parce que j'ai un métier, ça on en parle peu parce que je l'ai... exercé mais il y a longtemps que je ne l'exerce plus. Ce métier c'était d'abord le métier d'enseignant, puis ça a été le métier de responsable universitaire. Et mon métier initial qui était celui d'enseignant m'a tout de suite inspiré une crainte parce que je me suis rendu compte que j'avais fait une erreur d'orientation et que c'était sûrement pas ça qui allait me permettre de m'épanouir et de m'accomplir. La vie m'a permis de faire autre chose et j'ai fait beaucoup de choses et donc ça aussi c'est une richesse. Et puis moi, on me fait parfois la remarque, y compris ma famille me dit que c'est sûrement mon principal défaut, mais j'ai vécu à 100 à l'heure, à 200 à l'heure tout le long. Je n'aime pas être ralenti et je suis content de ça parce que j'ai jamais eu le sentiment de perdre une seconde. de mon existence et ça me donne tous les jours envie d'aller encore un peu plus vite.

  • Speaker #0

    Si vous repensez à l'enfant que vous étiez, quels étaient ses rêves d'être président ?

  • Speaker #1

    Alors, ce n'était pas du tout, mais pas du tout, du tout le rêve d'être ni président du département, ni engagé en politique spécialement, même si du plus loin que je puisse me souvenir... la chose publique était vraiment quelque chose qui me préoccupait, dont je me posais des questions tous les jours sur la façon dont ça s'organisait, et puis dont je me suis vraiment intéressé, inquiété dès le plus jeune âge. Moi j'ai des souvenirs de discussions avec mon grand-père maternel, qui était très branché politique, qui date probablement de mes 5 ans, 6 ans. Mais en revanche, j'avais des rêves tout autres. Moi, j'étais passionné d'agriculture, de la campagne où j'ai grandi. J'aimais beaucoup la nature, les animaux, le travail des champs. J'ai beaucoup travaillé dans les champs quand j'étais jeune. Et ça, ça m'a suivi et ça me suit encore. Et quant au choix d'un métier, c'est quelque chose qui, d'ailleurs, je viens de le dire... m'a conduit probablement à une erreur d'aiguillage, mais n'a pas été pour moi consciemment une prise de décision très éclairée. Quand j'avais 17-18 ans, j'étais plutôt bon élève, j'étais bon élève, j'étais plutôt avec des facilités, et pour autant je n'avais pas vraiment un parcours très établi dans ma tête. Et j'avais des possibles, j'en ai choisi. pour des raisons qui n'étaient pas très bien étayées. Et ensuite, c'est la vie qui m'a canalisé dans le reste du déroulement.

  • Speaker #0

    Dans quelle famille est-ce que vous avez grandi ?

  • Speaker #1

    Moi, j'ai vécu dans une famille d'agriculteurs, de mère et de père en fils. où on vivait modestement, une famille où le travail a été la valeur cardinale et la valeur cardinale. Et une famille... Alors moi je suis l'aîné d'une famille de quatre enfants. C'était aussi une famille nombreuse, où on a eu beaucoup de chance de vivre aussi auprès des grands-parents. Moi, mes grands-parents maternels ont beaucoup compté dans ma vie, parce qu'ils vivaient à 20 mètres de nous, ou que nous vivions à 20 mètres d'eux, et qu'ils étaient très impliqués dans notre enfance, avec des parents qui, par contre, avaient énormément de travail, et donc avaient parfois moins de temps pour nous. On était aussi dans une famille où il y avait de l'entraide. Et globalement, moi, j'ai vécu une enfance, je dirais, ordinaire, faite de petits plaisirs, mais dans une famille qui était à la fois travailleuse et modeste.

  • Speaker #0

    Vous parlez de vos grands-parents. Quels ont été peut-être les autres modèles qui ont été marquants autour de vous ?

  • Speaker #1

    C'est pareil, vous me posez la question alors que je vais avoir 50 ans. Ma réponse n'est pas tout à fait la même aujourd'hui que celle que je vous aurais formulée peut-être il y a 15 ans. Mes grands-parents ont été des modèles parce qu'ils ont incarné l'affection, le soin dont on a besoin quand on est jeune. Ma grand-mère maternelle était quelqu'un de très très... attentif et attentionné envers moi et envers mes frères et ma sœur. Mes parents, à ce moment-là, étaient des figures dont j'ai possiblement longtemps dans ma vie minoré l'importance, qui m'ont transmis, sans que je m'en rende compte, beaucoup des valeurs qui m'ont guidé tout au long de ma vie. Ma maman est décédée il y a deux ans, subitement. fauchée alors qu'elle était en pleine forme par un problème cardiaque. C'est une épreuve lourde, très lourde. Alors que je n'étais pas en phase avec elle sur beaucoup de choses. Mais son absence aujourd'hui m'a fait prendre conscience aussi de la place qu'elle a tenue dans ma vie et qu'elle tient dans ma vie. Et du coup, me permet de vivre une relation avec mon père que je n'avais pas vécue jusque-là. Parce que ma mère avait un caractère très très fort et qu'elle faisait filtre entre mon père et moi. Et j'ai aujourd'hui avec mon père une relation que je n'avais pas eue et que je n'aurais pas eue si cet événement malheureux n'était pas survenu maintenant.

  • Speaker #0

    Rester sur le lévezou et en avérant, c'était une évidence pour vous ?

  • Speaker #1

    Alors, consciemment, ce n'était pas une évidence. Et d'ailleurs, j'en suis parti par épisode puisque moi, je suis agrégé d'anglais. Donc, pour parler anglais, il m'a quand même fallu aller ailleurs que sur le Lévesou. Honnêtement, on le parle quand même relativement peu. Donc, j'ai passé du temps en Grande-Bretagne, en Angleterre. Pendant mes études, j'ai fait des études assez longues. J'ai fait des études à Montpellier, mais je faisais le trajet toutes les semaines. Je revenais le week-end. Donc, consciemment... Peut-être, si à 20 ans, on m'avait demandé si j'allais rester sur les vaisseaux, j'aurais répondu plutôt non. Et en réalité, quand on regarde les choses a posteriori, quand je regarde les choses a posteriori, ça a été une constante de ma vie. Je ne suis jamais parti affectivement et je ne suis jamais parti réellement du lévesou et au-delà du lévesou de l'avérum. A telle enseigne d'ailleurs que quand j'ai rencontré celle qui est devenue mon épouse par la suite, elle a compris bien avant moi. Que si nous devions fonder une famille ensemble, ça serait là et que c'était à elle de se déplacer puisqu'elle est de Vichy, d'un côté de Vichy. Elle l'a compris et elle le dit d'ailleurs, alors que moi, à ce moment-là, je ne faisais pas du tout une exigence, mais c'était une évidence.

  • Speaker #0

    Pourquoi ? Qu'est-ce qui se joue dans le lien aux racines ?

  • Speaker #1

    Pourquoi ? Parce que ce sont mes racines. Alors, je vous ai donné à voir mes racines familiales. Il y a aussi une racine... terrestre au sens premier du terme. Moi, je suis enraciné dans ce vécu d'une famille d'agriculteurs. Je suis enraciné dans un terroir. Je suis enraciné dans ce lieu, dans ce département, dans ce lévesou, où finalement, quand j'y réfléchis, je suis bien et qui est le lieu où je me suis vraiment bien comparativement à partout ailleurs. Chaque fois que je pars, j'ai plaisir à revenir. Parce que le sentiment de plénitude pour moi, il est là.

  • Speaker #0

    Vous entrez dans votre premier mandat électif avant même vos 30 ans.

  • Speaker #1

    Vous aviez 29 ans. L'histoire de l'engagement, elle est très ancienne. Moi, j'ai été engagé dans le milieu associatif de ma commune, puis des communes autour qui sont toujours très liées les unes aux autres. Et ça aussi, je m'en suis rendu compte. Bien après, avec toujours une tentation d'aller dans cet engagement associatif, m'occuper précisément de ceux qui étaient aux confins de l'engagement associatif et de la frontière avec les responsables publics, donc les élus locaux. C'est-à-dire que quand j'étais dans le comité des fêtes, c'est moi qui allais voir le maire ou le... ou l'adjoint pour parler des installations, de comment on pourrait mieux les utiliser, etc. Et j'étais toujours avec un regard assez acerbe, parfois critique, sur un certain nombre de manières de faire, etc. Ce qui m'a amené tout naturellement, avant mes 25 ans, à vouloir être membre de l'équipe municipale. Ce qui a été une première expérience, alors je suis devenu conseiller municipal dans une équipe où j'avais un peu forcé le passage, j'avais souhaité qu'on me prenne dans la liste du maire sortant. Peut-être, alors c'est pas que j'étais pas le bienvenu, mais je faisais probablement un peu hésiter, un peu peur, parce que j'étais beaucoup plus jeune que les élus de l'époque, et que j'arrivais avec un peu d'antrisme, un peu de détermination forte. Et dans cette équipe, j'ai appris ce qu'était la gestion d'une commune, et je l'ai appris en condensé, puisque... Trois ans après, j'ai pris une autre décision. Alors celle-là a plus lourde de conséquences, c'est que j'ai voulu être candidat aux élections cantonales, sur le canton dont faisait partie la commune de Vosins de l'Évésou à ce moment-là. Et lorsque j'ai pris cette décision, je n'étais pas trentenaire encore. Nous étions en train de fonder notre famille. Ma fille aînée était tout bébé. Et surtout, il y avait un élu sortant, bien sûr, qui était lui-même adjoint de l'équipe municipale. Ce qui a été un moment relativement difficile. Et cette élection, elle a été fondatrice d'autre chose, parce que cette élection a été naturellement tendue. Elle a été aussi très ténue. J'ai été élu de 25 voix. Et je ne l'ai jamais oublié. Et je sais très bien que mes concitoyens m'avaient quand même majoritairement accordé leur confiance, mais avaient aussi pour une presque moitié d'entre eux émis un doute. Et ce doute, c'était le doute sur mon âge. sur ma capacité à ce stade-là de ma vie de tenir la distance, d'être à la hauteur de l'enjeu. Et moi, dès l'instant où le scrutin s'est révélé m'être favorable et me permettre de venir siéger ici au Conseil Général de l'Aveyron, je me suis dit que mon combat devait être celui de démontrer à tous ceux qui ne m'avaient pas accordé leur confiance de prime abord que je la méritais quand même. Et ça s'est resté ancré en moi. à chaque scrutin qui s'est succédé après. Et je le vis encore comme ça aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Et avec quelle envie vous y allez alors ? Qu'est-ce qui fait que vous vous dites...

  • Speaker #1

    Alors mon envie à ce moment-là, elle se traduisait d'une manière simple. Je voulais qu'on imprime une dynamique. Je pensais déjà à ce moment-là que l'Aveyron était un territoire plein d'atouts, plein de ressources. et qu'il fallait que certains se retroussent les manches pour faire en sorte qu'on les valorise le mieux possible et qu'on permette à ce département dont les atouts et les ressources sont parfois ancrés dans ses traditions de se tourner vers une très très grande modernité. Je le crois toujours. À ce moment-là, il y avait un autre élément, c'est que moi j'avais, du haut de mes 28 ou 29 ans, le sentiment qu'on laissait trop la décision publique à des gens qui étaient plutôt dans la deuxième partie de leur existence, souvent des retraités, parce que je voyais bien que c'était très exigeant et très consommateur en temps. Et moi je considérais que c'était pas bien que les générations pour lesquelles on décide ne soient pas aussi à la manœuvre de la décision. Et... Ayant fait ce constat, ayant ce goût prononcé à ce stade-là quand même de ma vie pour tout ce qui touchait aux institutions, à la chose publique, je me suis dit qu'il fallait que j'y aille. J'étais soutenu aussi. J'avais déjà autour de moi des gens qui m'ont accompagné et qui m'accompagnent encore. Et donc ça a été une belle aventure.

  • Speaker #0

    Ce que vous racontez là, ça fait un peu écho à votre élection en tant que président du Conseil départemental en 2021. L'image que vous pouvez renvoyer d'avoir voulu renverser la table ?

  • Speaker #1

    Alors, renverser la table, je ne sais pas. Mais en tout cas, ce qui est certain, c'est que moi, chaque élection où j'ai été candidat, je l'ai fait avec une réelle envie d'apporter quelque chose. Et j'ai toujours ce souci. Et d'ailleurs, c'est vrai pour l'élection, mais c'est vrai pour le quotidien, mon quotidien d'élu. Je me demande tous les jours à quoi je peux servir dans le mandat qu'on me confie. Et je pense vraiment que cet engagement qui aura consommé, là ça fait plus de 20 ans, et il aura consommé en tout cas ce qu'on appelle les plus belles années de ma vie, c'est sûr, il n'aurait pas pu durer si je n'avais pas eu cette étincelle qui fait que j'ai envie de faire pour les autres. Alors évidemment, on ne peut pas nier qu'il y a aussi une dimension... personnel dans un engagement aussi lourd et moi je suis enthousiaste aussi parce que j'aime ce que je fais et que j'apprends beaucoup, j'ai beaucoup appris mais très sincèrement au fond de moi, ce qui me pousse c'est l'envie de servir les autres et l'envie d'apporter ma pierre à un édifice dont je mesure pleinement qu'il me dépasse énormément.

  • Speaker #0

    Et c'est peut-être là qu'il y a un point que j'aimerais comprendre, c'est quand, comment et pourquoi un jour on se dit... qu'on doit y aller, que ça retombe sur nous, que ça repose sur nous, cette volonté d'être président. Est-ce que vous vous êtes levé un matin en vous disant Je serai président du département

  • Speaker #1

    Pas du tout. Enfin, je m'étais levé une première fois en me disant que je pourrais l'être en 2008. Parce qu'en 2008, quand j'étais donc élu ici depuis 4 ans, puisque je suis arrivé au Conseil Général de l'Aveyron en 2004, En 2008, il y a eu un événement politique majeur en Aveyron, c'est que Jean Puech a annoncé son retrait. Et donc, le camp majoritaire de la droite et du centre-droite s'est retrouvé un peu groggy. Et il y a eu à ce moment-là une primaire interne. Et moi, étant depuis peu à l'Assemblée départementale, parce qu'il y avait ici des ténors qui avaient... 25 ou 30 ans de mandat dans l'EHPAD, je me suis retrouvé dans la situation où un groupe d'élus autour de moi souhaitait, on souhaitait, et moi avec, que nous proposions une alternative de modernisation peut-être plus rapide et de passage de plusieurs étapes à la fois, en faisant en sorte que je sois candidat à la primaire. Et à ce moment-là, effectivement, j'ai commencé à me dire que cette collectivité était très très importante dans le quotidien des Aveyronnés et que sa destinée, la manière dont elle était gérée, les choix politiques qu'on y faisait étaient déterminants et donc j'ai été candidat à cette primaire que naturellement j'ai perdue puisque je ne suis pas devenu président du Conseil Général mais en tout cas ça avait été une occasion de réfléchir vraiment à la portée du projet départemental à la portée des actions du Conseil Général... Mais je n'en ai pas fait une obsession du tout et que personne ne s'imagine qu'entre 2008 et 2021, ça a été quelque chose qui m'a traversé l'esprit. D'ailleurs, très honnêtement, pour moi, l'épisode de 2008 était rangé dès le lendemain et je n'y avais pas repensé jusqu'à bien plus tard, jusqu'à 2020. Et le moment où les élections départementales ici se sont profilées et où la question est venue sur la table, elle n'est même pas revenue puisque c'était déconnecté de l'épisode précédent.

  • Speaker #0

    Donc justement en 2021, vous êtes élu président du département. Parmi les compétences majeures du département, il y a la solidarité, il y a les collèges et les routes pour faire vraiment dans les grandes lignes. Il y a aussi 1700 agents qui assurent la continuité des services par-delà les roulements politiques. Quel épanouissement vous trouvez-vous dans cette échelle départementale après avoir été maire de Vezing et aussi député du Sud-Aveyron ?

  • Speaker #1

    Alors, il y a deux dimensions. Moi, la première que je trouve absolument passionnante, même si elle est très prenante, on fait l'expérience de la gestion d'une très grande équipe. C'est une famille, vous l'avez dit, de 1700 collaborateurs, c'est 46 élus. qui ont des profils différents, qui ont des attentes différentes, qui ont des contraintes différentes, qui ont aussi une base électorale, celle de chaque canton, qui les tire plutôt dans un sens que dans l'autre. Il y a un jeu d'équilibre à trouver avec cet écosystème politique. Et puis les collaborateurs sont des gens qui sont engagés dans des métiers très variés. Il y a 160 métiers dans notre collectivité. et qui ont eux-mêmes, bien sûr, des impératifs, qui remontent jusque dans ce bureau pour que des décisions soient prises, et qui orientent finalement la manière dont ont conduit les affaires du département. Donc ce premier volet, c'est un volet de gestion à grande échelle, avec des enjeux énormes, que je n'avais pas vécu jusque-là. Et donc d'ailleurs, pour revenir à votre question sur mon âge, je pense que c'était le bon moment maintenant pour le vivre. et que ça n'aurait pas été du tout le bon moment en 2008, parce que ça demande de la tempérance, de la maturité, du recul, une forme de capacité à mettre les choses en abîme, que franchement, sans vouloir paraître trop vieux, on a davantage quand on a mon âge maintenant que quand on a... 15 ou 17 ans de moins, je le crois très sincèrement. Même si bien sûr il y a des talents partout et que des très jeunes gens exercent des très grandes responsabilités, là je parle vraiment pour moi. Et ce volet qui peut paraître pesant, lourd, etc., moi je le trouve extrêmement enrichissant, parce que dans tout ça il y a de l'humain et que tous les jours on doit se confronter à l'autre. aux autres, essayer de se mettre à la place des autres, beaucoup plus que dans tous les autres mandats que j'ai exercés jusque-là, en particulier celui de député, qui finalement est aussi une fonction qui parfois peut confiner à l'auto-entrepreneuriat. On a une toute petite équipe. Et puis la deuxième dimension qui est très stimulante, c'est celle du projet qu'on est en capacité d'imprimer. Vous avez souligné le fait qu'un département a des compétences qui lui sont fixées par la loi. Ne serait-ce que dans l'exercice de ses compétences, la place du choix politique est quand même importante. On peut décider de faire des choses de cette manière plutôt que de celle-ci. Et c'est ce que nous avons fait en écrivant un projet départemental. Ça donne aussi une charge de responsabilité très lourde parce qu'on choisit pour les autres. On doit choisir le plus possible avec les autres. Nous, depuis 2021, nous avons fait beaucoup de choix. On a essayé de les faire dans le respect de ce que nos concitoyens nous avaient exprimé en 2021. Moi, j'essaie de les faire aussi dans le respect des valeurs qui m'animent et de tout ce qu'on est en train d'essayer de faire comprendre des sources de mon engagement. Et pour le dire simplement, moi, je suis raccord avec moi-même ici.

  • Speaker #0

    Quel bilan vous faites à mi-mandat, là, si vous... personnellement, sans parler de...

  • Speaker #1

    Personnellement, je... Alors d'abord, c'est une question qui m'est souvent posée, parce que j'ai fait un choix difficile, j'ai démissionné de l'Assemblée nationale, qui a surpris et qui parfois a été mal compris et mal interprété, et moi j'ai compris qu'il puisse être mal compris. Je l'ai fait parce que j'avais la conviction que je pourrais être davantage utile à mes concitoyens et à mon département, à la place que j'occupe aujourd'hui, qu'à l'Assemblée nationale. Et ce que je voulais dire, c'est qu'à aucun moment, pas une seconde, pas une fraction de seconde, je n'ai eu un regret de ce choix. Jamais, jamais. Parce que je l'ai fait en l'ayant réfléchi et parce que depuis qu'il est fait, je n'ai trouvé ici que des raisons qui le confortent. Et donc, personnellement, puisque vous me posez la question comme ça, j'ai un sentiment d'utilité, de satisfaction d'être utile.

  • Speaker #0

    Vous parliez de Jean Puech, qui a été élu à 34 ans président du département. Il y est resté 32 ans à cette présidence, avec d'autres mandats. En plus, on était encore à l'époque où le cumul était possible sur des mandats exécutifs. Est-ce qu'on peut vous souhaiter un destin à l'agent Puech, 32 ans à la tête du département ?

  • Speaker #1

    Non, non, non, non. Ne me souhaitez pas ça. Et ce n'est surtout pas mon souhait à moi. Moi, j'ai une conviction sur... La démocratie, alors d'abord, je veux dire que Jean-Pierre Chahé-Théon, un grand président de cette maison, et que je pense qu'il a marqué son passage dans la vie des Aveyronnés d'une manière que peut-être on n'appréhende pas toujours complètement, mais je fais confiance à l'histoire pour que ce soit le cas un jour. Il l'a fait aussi dans une période où, vous le dites, les paramètres de la vie démocratique n'étaient pas les mêmes, et des gens pouvaient s'inscrire comme ça dans un bail très long. avec en plus un cumul de responsabilités qui était souvent d'ailleurs consubstantiel de ces mandats très longs, c'est terminé. C'est terminé de par la loi, mais c'est terminé aussi parce que je pense que notre société vit plus vite, vit différemment et que notre démocratie doit s'adapter à ça. Et moi j'ai donc une conviction, mais que j'ai depuis le début, c'est qu'aujourd'hui, lorsqu'on est engagé comme moi sur un talon, parce que déjà 20 ans c'est long, quand on en a un peu 50, c'est un peu plus de 20 ans quand on en a presque 50, c'est long. Il faut que cet engagement se matérialise par des fonctions différentes, sur des durées plus courtes. Et moi, quand je siégeais à l'Assemblée nationale, j'avais déposé une proposition de loi pour qu'on limite à deux le nombre de mandats consécutifs dans la même fonction. Je continue de croire que c'est la bonne jauge. C'était très mal vécu par certains de mes collègues à l'Assemblée qui trouvaient que j'étais fou. Mais je pense que c'est la bonne jauge et moi en tout cas je me la suis appliquée jusque là, dans toutes les fonctions que j'ai pu exercer. Et je n'entends pas idérogé dans ma tête. Et je pense que c'est vraiment aujourd'hui nécessaire de pouvoir faire les choses avec la plus grande envie possible, tant qu'on peut les faire avec cette envie. Et considérer quand même qu'au bout de deux mandats, c'est 10-12 ans selon la durée des mandats, c'est déjà beaucoup. Et il y a d'autres manières de s'engager. Les institutions françaises ont cette richesse de proposer des étages différents, etc. Et donc on peut poursuivre un engagement politique et un engagement d'élus en allant se confronter à d'autres types de mandats.

  • Speaker #0

    Il ne vous restera que le Sénat ?

  • Speaker #1

    Non, franchement, je n'ai aucune trajectoire. Je n'en ai jamais eu d'ailleurs. Alors, je sais que mon parcours porte à croire à l'inverse et que certains ont l'impression que ce sont des briques qui ont été savamment empilées avec des calculs, etc. Pas du tout. Moi, la vraie envie que j'ai eue en 2004, c'est d'être élu au Conseil général à l'époque. Ce qui a été vraiment pour moi, et je le dis en sincérité, inattendu, c'est le fait de devenir député en 2015, parce que Alain Marc, auquel j'ai succédé, n'avait aucune raison objective de mettre un terme à ses fonctions à ce moment-là. Et donc, je n'avais pas prémédité cette étape. J'en suis très heureux, parce que l'Assemblée nationale, je pense, dans un parcours politique... et probablement une étape très fondatrice d'un savoir-faire, d'une compréhension des rouages institutionnels français, d'une constitution d'un réseau aussi, dont on a besoin quand on veut pouvoir peser sur des décisions. Donc ça n'était pas prémédité, ça m'a beaucoup apporté dans ce que je fais actuellement aussi. Et en partir... en 2021, ça n'était absolument pas prémédité non plus. Donc, il n'y a pas de jalon et je n'en ai pas plus pour la suite.

  • Speaker #0

    Si on fait juste l'exercice, la petite gymnastique mentale, si vous étiez président pour 32 ans, on arrive en 2053. Il ressemble à quoi l'Aveyron en 2053 ?

  • Speaker #1

    Si je peux poser cette question, j'espère que l'Aveyron sera toujours un département dont l'identité... Et la notoriété positive seront celles qu'elles sont aujourd'hui. Parce que je pense que quand on est avéronné, on n'en a pas toujours conscience. Mais c'est une chance de pouvoir dire qu'on est avéronné, puisque partout où on exprime ça, on reçoit un sourire envieux. Et puis vraiment, moi mon combat, il ne m'amènera pas à 2053, mais j'espère qu'il constituera une étape vers 2053, c'est de faire en sorte que l'Aveyron soit pleinement... Dans la modernité du monde dans lequel nous vivons et dans lequel nous vivrons demain, en ayant conservé ses ressources, et notamment naturelles, donc aujourd'hui on est à la croisée des chemins, le département a tout un tas de cartes en main, il a aussi besoin de se doter d'équipements, d'infrastructures, de moyens de satisfaire les aspirations de la population. de 2024 que nous n'avons pas complètement et il faut qu'on se batte parce que personne ne le fera à notre place pour que ce soit le cas et j'espère qu'en 2053 ce sera accompli.

  • Speaker #0

    Justement, comment est-ce que vous nourrissez vos réflexions pour savoir ce dont ont besoin, envie, les avéronner à un moment où il y a un autre peut-être carrefour qui est celui de faire cohabiter des populations puisqu'on a besoin d'accueillir des nouvelles populations, on a besoin d'entendre celles qui sont toujours là, qui ont grandi ici, qui n'en ont pas bougé peut-être, comment on fait pour... Comment vous nourrissez vos réflexions, vous, pour savoir ce dont l'Aveyron a besoin finalement ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'une des clés de l'engagement, c'est le contact avec les autres. Et donc moi, dans toutes les fonctions que j'ai eues et dans celles que j'ai aujourd'hui, j'essaie de laisser la part la plus large au contact de terrain. Et ici, en tant que président, ce n'est pas le même dilemme. Le dilemme, c'est de savoir le temps qu'on consacre à la gestion interne de cette grande maison. et le temps qu'on passe à aller à l'écoute et au contact des gens. Et là aussi, l'équilibre, il se trouve. Et moi, je suis très soucieux de ça, pour deux raisons. Parce que, comme vous le dites, c'est la seule manière de rester en phase avec les attentes des gens. Et deuxième raison, on est dans une période où la démocratie est malade, abîmée. Elle a beaucoup de souffrances et elle exprime maintenant aussi... une forme de fragilité. Et je pense que quand on est élu, et a fortiori élu local, il faut en prendre le plus grand soin parce qu'on reste un des derniers remparts contre tout un tas de choses dont on ne veut pas, dont moi je ne veux pas.

  • Speaker #0

    Vous la comprenez, cette défiance ?

  • Speaker #1

    Oui, je la comprends. Je la comprends complètement. Je la comprends parce que je pense qu'on vit une période d'abord de détresse à plusieurs niveaux, détresse sociale, détresse économique, détresse sécuritaire, détresse environnementale. Et cette détresse, elle se vit à plusieurs échelles, elle se vit collectivement, mais elle se vit individuellement aussi. Et selon que l'on est jeune ou moins jeune, selon que l'on est favorisé ou moins favorisé par la vie, on a des impacts plus ou moins forts de cette détresse dans son quotidien, mais quoi qu'il en soit, tout le monde en a. Et face à ça, la réponse publique ou la perception de la réponse publique qui est apportée n'est pas à la hauteur. Et ce n'est pas un jugement de valeur sur les gouvernants ni sur qui que ce soit, mais en tout cas, il y a une forme de déconnexion qui s'est installée. En plus, on vit dans un monde suradministré, complexe, techno. Les gens sont perdus dans les méandres d'une incompréhension de comment fonctionne l'administration, comment ils doivent répondre à un certain nombre d'injonctions qui sont parfois contradictoires, etc. Et donc ça se traduit par une énorme défiance. Et si on ajoute, troisième ingrédient du cocktail explosif, l'échec d'un camp politique, puis de l'autre, puis de l'autre, puis on en arrive à ce sentiment que Puréneva... et qu'il faut casser le jouet pour repartir à zéro. Et je pense qu'il ne faut pas laisser prospérer cette idée. Et qu'on a tous une responsabilité pour faire en sorte que, à défaut de rétablir une confiance, on enraye ce cercle vicieux de la défiance.

  • Speaker #0

    Vous parliez de la modernité, l'attractivité fait partie des leviers largement mis en avant par le conseil départemental. Quels mots vous mettez sur l'attractivité ? Comment vous définissez-vous l'attractivité dont doit faire preuve l'Aveyron ? Je crois qu'on est d'accord sur le fait qu'être fier d'être avéronné ne suffit pas.

  • Speaker #1

    Être fier d'être avéronné ne suffit pas, dire qu'on mange bien en Aveyron ne suffit pas non plus, avoir des beaux paysages n'est toujours pas suffisant, avoir un patrimoine bâti exceptionnel. pas davantage. Et je crois qu'aujourd'hui, il y a deux angles de réponse qu'on essaie d'explorer. C'est d'abord, qui on veut attirer ? Parce que l'attractivité, c'est un concept, mais il faut savoir qui on veut attirer. Le constat, là, il est implacable. Notre population, elle est vieillissante. Tous les gens qui sont nés en Aveyron, qui y ont vécu, veulent y rester jusqu'à la fin de leur jour. Et donc on a un devoir territorial à leur permettre de le faire, donc à avoir les moyens nécessaires pour que chacun vieillisse dignement là où il a vécu et là où il veut vieillir, ce qui n'est pas une mince affaire. Et si nous ne nous contentions que de cela, petit à petit la population diminuerait d'une manière inexorable. Et donc, nous avons le devoir d'attirer des jeunes, de conserver des jeunes avéronnés et d'attirer des jeunes qui ne sont pas des natifs avéronnés. Et pour ce faire, il y a beaucoup de leviers à activer. Il y a celui de l'économie, de l'emploi, du travail. C'est le cas parce que nos entreprises sont dynamiques et ont besoin de main-d'oeuvre. Et puis, il y a celui de magnifier un cadre de vie qui a tout pour plaire, mais qui a besoin aussi de... tous les éléments périphériques, donc la capacité à se déplacer, la capacité à communiquer, la capacité à être connecté au monde d'aujourd'hui, même si on est à 600 km de la capitale de la France, même si on n'est pas à côté d'un CHU, etc. Et ça, c'est tout ça, l'attractivité.

  • Speaker #0

    Qu'aimeriez-vous que l'on retienne de vous ?

  • Speaker #1

    Je n'ai pas l'ambition que mon passage à cette fonction soit associé à une réalisation particulière. Moi, si on me pose la question comme vous me la posez, ce que j'aimerais qu'on retienne, c'est que je m'y consacre avec tout. tout ce que j'ai dans mon cœur. Et que ce n'est pas pour moi quelque chose qui n'a pour fonction que de m'apporter une satisfaction personnelle. C'est vraiment un engagement vécu pleinement et de toutes mes forces.

  • Speaker #0

    Et donc si on reprend deux mandats, donc 2033, vous quittez l'hôtel du département.

  • Speaker #1

    J'ai même pas encore regardé. Alors le mandat actuel se termine en 2028.

  • Speaker #0

    Il est décalé dedans.

  • Speaker #1

    Il est exceptionnellement long, donc plus 6, ça serait 34. Je ne fais aucune déclaration de candidature.

  • Speaker #0

    T'as parlé de ça mais...

  • Speaker #1

    Mais en 2034, je serai à la... proche de mes 60 ans. Donc ça me paraît bien.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce qui fera que vous partirez avec le sentiment du devoir accompli ?

  • Speaker #1

    Je pense que la tâche qu'il y a à accomplir ici n'est jamais finie. Donc je ne sais pas si j'aurai ce sentiment un jour. Mais en tout cas, parce que ce sont mes valeurs et c'est ma certitude et ma conviction. Quand j'aurai décidé que c'est le tour d'autres personnes que moi d'être là, je le ferai en sérénité. Je n'ai jamais eu aucune amertume des fonctions pour lesquelles je me suis passionné, que j'ai exercées et que j'ai quittées. Aucune. Je pense que quand on est engagé au service des autres, il faut regarder devant et pas derrière.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous observez du sang neuf en politique localement ? Est-ce que vous êtes optimiste sur cette question ?

  • Speaker #1

    Insuffisamment, et ça c'est vraiment quelque chose qui m'a toujours animé. Je pense qu'effectivement, je vous l'ai dit, un des fondements de mon engagement à un jeune âge dans la vie, ça a été la certitude que quand on est jeune et qu'on veut se préoccuper de l'avenir, il faut retrousser les manches et y aller. Depuis, j'ai aussi considéré que souvent la politique est aride pour les jeunes. Parce que les plus vieux ne veulent pas se laisser passer et essaient de décapiter les jeunes dont la tête pointe trop haut. Et moi j'ai toujours eu à cœur... de m'entourer de jeunes. Alors ici, par exemple, le cabinet du département de l'Aveyron est un cabinet de bébés. Et j'en suis très très heureux parce qu'on travaille avec des jeunes d'une manière différente et ça a toujours été pour moi une source d'inspiration et de bonheur et de fraîcheur dans le quotidien. Et puis au-delà de ce choix des collaborateurs... que j'ai fait d'ailleurs de la même manière quand j'étais à l'Assemblée nationale. J'anime depuis plusieurs années, depuis plus de dix ans, un groupe de jeunes gens qu'on réunit de temps en temps, non pas pour les évangéliser sur une posture politique plus que sur une autre, mais pour les associer et les inviter à se préoccuper de la chose publique et peut-être un jour à s'engager. Et ça, je ne suis pas à même de le dire, mais je commence à voir que ça permet à certains de passer à l'acte et d'être candidats à des élections. Et je pense que c'est vraiment quelque chose qu'il faut qu'on cultive en France parce qu'à tous les niveaux, alors il y a eu un rajeunissement de l'Assemblée nationale en 2017 et c'était heureux. Mais à tous les niveaux, les assemblées d'élus sont des assemblées souvent grisonnantes et on a besoin que toutes les générations soient représentées et en particulier la jeunesse.

  • Speaker #0

    Quelle forme il prend ce groupe dont vous parlez, que vous animez ?

  • Speaker #1

    Tout à fait informel. Et pour vous illustrer ce qu'il prend comme tournure, c'est que nous faisons de temps en temps une soirée, comme les Folles et Jeunes, dans un bar, en partageant quelque chose à grignoter et quelque chose à boire. Et on passe en revue des sujets qui sont des sujets d'actualité. Moi, j'apporte quelques éléments de... de réflexion et surtout j'essaie de me mettre à l'écoute des jeunes et de ce qu'ils ont à dire. Et c'est toujours une source de très très grand enrichissement mutuel.

  • Speaker #0

    Ça permet de rester jeune ?

  • Speaker #1

    C'est pas le but, mais je pense que ça permet de rester jeune. Moi je suis aussi, je vous l'ai dit, je suis père de deux enfants qui ont 21 et 17 ans, donc eux me maintiennent alors pour le coup au quotidien. dans les préoccupations de la jeunesse, et j'apporte un soin tout à fait particulier à être très attentif à eux. Je le dis aussi avec ça par contre, un grand regret, beaucoup plus attentif à eux maintenant que je ne l'ai été dans leurs jeunes années. Et si je devais, vous ne m'avez pas demandé si je devais changer quelque chose dans ce que j'ai fait, ce serait ça. Parce que je pense que mon engagement m'a dévoré, et que quand eux étaient petits... J'avais moins de lucidité sur le degré de dévoration de mon engagement par rapport à eux. Et ça, je me le reproche et je me le reprocherai toujours. Donc aujourd'hui, j'essaie de rattraper le temps.

  • Speaker #0

    La dernière question, monsieur Vialla, du podcast à laquelle on doit tous les inviter. En quoi est-ce que vous croyez ?

  • Speaker #1

    En quoi est-ce que je crois ? Moi, je crois en la capacité des hommes et des femmes, des humains, à soulever des montagnes. quand ils en ont envie. Et donc j'ai une foi de plus en plus forte à l'avenir, à supposer qu'on le veuille. Et je pense que c'est vraiment ça qui doit nous tenir dans une forme d'optimisme, même comme c'est le cas actuellement. Beaucoup de choses sont plus difficiles. Donc je crois en l'homme avec un H, avec un grand H.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup.

  • Speaker #1

    Merci à vous. Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci d'être arrivé au bout de ce nouvel épisode de Finta. Si vous voulez continuer l'expérience et vous faufiler dans les coulisses de cet enregistrement, retrouvons-nous dès à présent sur Facebook et Instagram. J'y partagerai les photos du talentueux Mathieu Lacou, qui, vous le savez désormais, m'accompagne sur de nombreux enregistrements de Finta. Merci d'avoir écouté ce nouvel épisode de Finta jusqu'au bout. J'espère qu'il vous a plu, inspiré, questionné et fait voyager peut-être. Si vous souhaitez continuer la discussion, je suis toujours curieuse de vous lire et d'échanger. Je vous propose que l'on se retrouve sur Facebook, sur Instagram ou sur le site fintapodcast.fr. Vous pouvez retrouver tous les précédents épisodes de Finta gratuitement sur les applications de podcast. Et pour recevoir chaque nouvel épisode directement dans votre boîte mail, vous pouvez aussi vous abonner à la newsletter. Et pour que Finta vive, si vous appréciez le podcast et que vous souhaitez soutenir ce travail indépendant, partagez-le autour de vous. Consphérez-le à vos amis, parlez-en, c'est le meilleur soutien que vous puissiez nous apporter. A très bientôt.

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