- Speaker #0
Bonjour, alors on se retrouve toujours avec Gabrielle pour notre troisième capsule qui parle de sexualité. Donc, Gabrielle, tu veux te représenter un petit peu pour les auditeurs et auditrices qui ne t'ont pas encore entendu, parce qu'on fait des spéciales sexe tout le mois d'août, avec toi.
- Speaker #1
Oui, je suis ravie de me présenter. Merci Sarah de m'avoir invitée. Trop contente de faire ces capsules avec toi. Moi, je suis Gabrielle et je suis sexologue et thérapeute de couple.
- Speaker #0
Et on va parler de quoi cette semaine ?
- Speaker #1
Et cette semaine, on parle... d'essayer en tout cas de faire en sorte que notre sexualité ne soit pas forcément dans une case et qu'on puisse réussir à en sortir de temps en temps pour déconstruire une forme de norme et sans culpabiliser.
- Speaker #0
Donc moi j'ai une question. Alors c'est quoi en fait, quand on parle de case, on parle de quelle case exactement en fait ?
- Speaker #1
Je pense qu'on a un peu tous et toutes grandi en ayant un modèle, un modèle sexuel. Il y a un scénario sexuel dominant qui est surtout vu par le prisme masculin, qui est très pénétratif, régulier, hétéro, avec une injonction à l'orgasme, avec une injonction à la performance. Et je pense que même les personnes queenies, même les personnes religieuses, même les personnes... célibataires, même les personnes introverties, même les personnes asexuelles grandissent finalement avec ce scénario-là, alors que c'est un scénario qui ne convient pas à la majorité des gens. Et pour autant, on continue de se sentir parfois anormaux si on n'applique pas ce modèle-là, en tout cas si on en sort.
- Speaker #0
Et c'est intéressant ce que tu dis parce que souvent ce modèle-là c'est qu'il n'y a que nous qui les mettons dans notre tête parce qu'en fait on va avoir des injonctions de certaines conversations ou de choses qu'on va entendre et nous on va se faire notre scénario dans notre tête et on va se dire ah mais en fait je ne suis pas normale ou je suis dans cette case là mais en fait si j'avais une sexualité épanouie elle serait comme on m'a dit qu'elle devait être alors
- Speaker #1
comment on fait à s'en sortir parce que c'est compliqué tout de même comment on fait à s'en sortir en tout cas pour sortir de ça déjà je pense que ça demande une certaine forme de volonté C'est-à-dire que je pense qu'il faut avoir une envie de déjà se rééduquer ou s'éduquer un peu tout court. C'est-à-dire qu'en fait, les modèles et les représentations qu'on a de la sexualité, un peu ce que je te disais à un moment sur une autre capsule, c'est qu'il n'y a pas forcément une invitation à l'exploration. C'est, tu vois, en tant que femme, les étiquettes. Alors, je parle de ça parce que c'est l'éducation que moi j'ai reçue, mais c'est ce que moi j'ai entendu, donc je te parle de ma propre expérience, mais aussi celle que j'entends de mes patientes. Mais c'est en fait, en tant que femme, si tu aimes le sexe, tu es une salope ou tu es une mensomane. Mais si tu n'es pas assez active, si tu n'aimes pas le sexe, tu es une étoile de mer ou tu es frivite. En fait, on a toujours eu une espèce d'étiquette un peu collée à notre peau sur ce qu'on doit faire, ce qu'on doit être dans la sexualité. Mais tout ça par un prisme assez masculin de la sexualité. Toujours un côté très binaire, actif, passif, pénétrant, pénétré. etc. etc. toujours dans un côté ultra-binaire et en fait il n'y a pas d'invitation à l'exploration, il n'y a pas d'invitation à se dire, oula attendez les gars merci beaucoup pour me voir, enfin merci beaucoup pour ce que vous me montrez, vous me proposez la sexualité mais j'ai envie de me faire mon propre avis j'ai envie de savoir ce qui me fait plaisir à moi j'ai envie de savoir comment moi j'ai envie de vivre ma sexualité tu vois ça on l'a pas, tout comme c'est comme si en fait demain on nous disait voilà le meilleur endroit pour partir en vacances c'est le Brésil et que la planète entière partait au Brésil et toi tu as envie de te dire bah non moi je préfère la montagne, peut-être que je préfère tel environnement, peut-être que je préfère tel climat, peut-être que je préfère telle autre partie du monde donc en fait sur un peu tout on est invité à explorer, faire un avis, avoir une opinion et sur la sexualité c'est comme si on avait un modèle préécrit et il fallait tous et toutes qu'on soit dedans Bah non, tu vois, ça marche pas. Donc c'est intéressant de pouvoir se dire « Ok, ouais, je m'informe, je m'éduque, je regarde des choses qui, peut-être, vont plus dans le sens de ce que j'aime, ce qui me plaît, ce qui me correspond. Et je peux commencer à me faire mon avis à moi sur ma manière de vivre la sexualité. »
- Speaker #0
Mais c'est marrant ce que tu dis parce que souvent, bah oui, évidemment, il y a toujours le prisme masculin, mais je pense également que des fois, même entre femmes, on a des prismes qui sont différents, et c'est comme des croyances en fait, c'est-à-dire que si on commence à parler de sexualité, même entre copines, des fois il y a des croyances d'autres personnes qui vont être sur nous, et en fait des fois tu sors de ces conversations et tu te dis, mais en fait je suis peut-être pas normale, ou ça c'est pas ce que j'aime bien faire, et en fait, des fois cette ouverture qu'on a, nous les femmes, à parler de sexualité, n'est pas forcément toujours bénéfique par... pour nous aussi, il y a des fois où on va être dans la comparaison, on va se dire, mais elle, elle a fait ça, ou tu vois, ces femmes maintenant qui sont très féministes et très libérées sur certaines choses, peut-être que ça ne va pas forcément nous convenir, donc on va se dire, mais c'est ce qu'il faut être aujourd'hui. Il y a plein de choses aussi entre femmes qui ne sont pas forcément... C'est important d'en parler aussi, parce que ce n'est pas que l'homme qui a ses injonctions, nous aussi, entre nous, je trouve qu'on en fait... Je ne sais pas ce que tu en penses, c'est pour ça que j'avais envie de poser la question.
- Speaker #1
Je pense que cette question de la comparaison, c'est bien que tu le soulèves parce que c'est vrai que... Et même cette question de la normalité, elle revient tout le temps. Tiens, ma copine, elle me dit que ça fait 10 ans qu'ils sont ensemble et qu'ils font encore la mort deux fois par semaine. Oula, alors nous, tu vois, on est trois ans qu'on est ensemble et on fait la mort une fois par mois. C'est pas normal. Ça veut dire que ça marche pas, que potentiellement, on sait pas ce que ça deviendra dans 10 ans, etc. Tout nous fait un peu flipper, en fait. justement parce qu'on compare etc. Et tu vois, pour revenir un peu, si vous n'avez pas écouté la première capsule sur la personnalité sexuelle, j'ai vraiment envie de ramener toute l'expérience sexuelle à quelque chose d'assez unique, justement. C'est-à-dire que votre timing à vous, c'est votre timing à vous, votre manière de vivre, votre désir, c'est votre désir, il n'y a pas de normes. Alors, je sais que c'est très facile à dire, ce côté-là, il n'y a pas de normes, c'est peut-être quelque chose justement qu'on vous dit tout le temps. alors que vous, vous avez plus de mal justement à vous ouvrir à tout ça. Mais il n'y a pas une bonne manière de faire, ou il n'y a pas une seule manière. Et tu vois, ça me fait penser un peu au livre qui est aussi sur ma page de ressources, un livre d'un auteur qui s'appelle Alexandre Lacroix, qui est un philosophe et qui a écrit ce livre qui s'appelle « Apprendre à faire l'amour » . Alors, il est intéressant ce livre parce que c'est une forme forcément de critique de... la manière dont on apprend à faire l'amour, alors qu'en réalité il y a je ne sais pas combien de scénarios possibles et inimaginables. D'ailleurs dans son livre il y a un extrait qui est assez drôle, je ne vais peut-être pas te tunéliser là-dessus parce que je pense qu'on a d'autres choses à dire, mais un jour je te raconterai un petit passage de ce livre qui est assez marrant sur une proposition que fait justement un homme à une femme, alors qu'elle, elle s'attend au script. habituel et lui lui propose autre chose et en fait elle flippe et elle s'en va et c'est là qu'on se dit ah ouais on est quand même bien on est quand même bien enfermé dans dans un seul type de de sexualité ou de caresses et tout le reste en fait peut nous sembler bizarre
- Speaker #0
ou en dehors de la norme ou des gens surtout mais en même temps je rebondis sur des fois quand on a des copines qui vont nous raconter des choses qui sont peut-être un peu déviante ou un peu dont on n'a pas l'habitude tu vois On peut aussi avoir un espèce de rapport à ça en se disant « Mais moi, je n'arriverai jamais à faire ça. » Ou alors du coup, « Moi, je me sens hyper dévalorisée parce que ce n'est pas du tout mon truc. » Et du coup, c'est peut-être ça que les gens aiment. Et du coup, il y a toujours ce rapport un peu de surenchère, j'ai l'impression, dans la sexualité aussi. Moi, je suis quelqu'un de très sexuel, j'arrive à faire ça. Et puis moi, j'ai besoin de personne. Et en fait, des fois, tu écoutes et tu te dis « Waouh ! » En fait, tu te mets en compétition. Et c'est là où des fois, de parler de la sexualité entre amis sur des choses, ça peut être aussi un peu perturbant. Je pense que... Dès un moment donné, je pense qu'on a chacun notre jardin secret, comme tu l'as très bien expliqué. Chacun nos choses à nous. Et on n'est pas mieux que... C'est un peu comme les gens qui gagnent beaucoup d'argent et qui sont censés être méga heureux et qui disent, alors moi, j'ai le yacht, le truc, l'avion et tout. Toi, t'es là, moi, je n'ai pas grand-chose. J'ai juste mon petit tabac. Et tu as l'impression d'être un peu une merde, entre guillemets. Tu vois ce que je veux dire ? C'est un peu comme avoir de ce qu'on cher à la sexualité aussi qu'on peut avoir dans les médias ou dans même ces émissions de podcast. enfin pas de podcast mais certainement mais tu vois des trucs de ... La sexualité,
- Speaker #1
c'est ça,
- Speaker #0
c'est ça. Et en fait, des fois, tu es là, waouh, putain, en fait, je n'y suis pas. Tu vois ce que je veux dire ? On peut avoir ce sentiment-là aussi un peu de... On se dévalorise aussi, des fois, je le sens dans ces rapports-là. Tu as souvent des patientes qui te disent des choses comme ça, peut-être ?
- Speaker #1
Oui, en fait, tu vois, je pense que les ressentis principaux qui ressortent, c'est anxiété, honte, du coup, déconnexion, du coup, silence. Du coup, on se fait un peu toupie ou toupite sur ce sujet. J'ai pas mal de personnes en consultation qui me disent « Ah ouais, mais en fait, j'ose pas en parler parce que déjà que… » déjà que c'est toujours moi qui dis non, si en plus de ça c'est moi qui mets le sujet sur la table, j'ai un peu l'impression du coup de ne pas être à ma place d'aborder ce sujet là. Et en fait je trouve que du coup ce qui ressort c'est que souvent on essaye de matcher ou de correspondre à un modèle qui ne ressemble pas. C'est comme si on devait tous porter qu'une seule couleur. bah non en fait on porte la couleur qui va bien avec notre couleur de peau, qui va bien avec notre couleur de cheveux, qui peut-être représente une personnalité et on cherche pas en fait à être forcément comme tout le monde ou donc c'est assez spécial en fait que pour la sexualité spécifiquement il faut qu'on ait tous le même rythme, il faut qu'on ait toutes les mêmes manières de faire Il faut qu'on ait toutes la même manière de voir les choses. Il faut qu'on soit tous, qu'on rentre tous dans les mêmes cases. C'est ultra curieux, en fait, de voir les choses comme ça. Et en fait, quand on y pense de manière rationnelle, on se dit, mais ouais, en fait, c'est fou. Pourquoi est-ce qu'on ne s'autorise pas à penser différemment ? Outside the box, comme on dit.
- Speaker #0
Et est-ce que, par exemple, pour les gens qui n'ont pas de libido ou qui se disent ne pas aimer le sexe, est-ce que ce n'est pas aussi un enfermement quand tu te mets cette étiquette-là ? est-ce qu'au bout d'un moment tu te dis pas c'est mon étiquette et du coup tu t'enfermes aussi comme l'étiquette de la nana qui aime beaucoup le sexe elle s'enferme là-dedans sauf que c'est mouvant j'ai l'impression ça peut dépendre aussi donc à un moment donné on a tous ces étiquettes et puis on les garde bien précieusement donc peut-être ça nous arrange aussi ou pas mais en tout cas on peut être dans des extrêmes aussi différents alors que réécouter nos capsules depuis le début mais il y a quand même une mouvance j'ai l'impression par rapport à ça c'est important comme on est sur justement ce thème là Qu'est-ce que tu peux en dire de ça ? Justement, on a parlé de, pour ceux qui se disent ne pas avoir de libido ou ne pas l'aimer, qu'est-ce qu'on pourrait leur donner comme petit tips ?
- Speaker #1
C'est que ce n'est pas linéaire. Rien n'est linéaire. En fait, tu vois, on nous apprend beaucoup que la sexualité, déjà c'est le baromètre 1 de la santé d'un couple, mais c'est aussi un peu le baromètre aussi de notre manière de vivre notre sexualité. Si on a beaucoup de sexe, c'est bien. Si on n'a pas de sexe, ce n'est pas bien. Encore une fois, cette manière ultra-binaire de voir les choses, alors que ce n'est pas linéaire, c'est un peu comme tout. On va passer par des hauts, par des bas, des moments où on a envie, des moments où on n'en a pas envie, des moments où on n'en a pas envie du tout, des moments où on en a vachement envie. Et je pense que plus, finalement, on est dans l'acceptation de ces phases, et moins on s'en veut. Tu vois, la dernière fois, j'avais une patiente en consultation, c'était vendredi dernier. qui me disait, qui s'inquiétait en fait de ne pas forcément ressentir du désir ces temps-ci. Et quand je lui ai demandé depuis combien de temps ça a duré, elle m'a dit deux mois. Et c'est rien deux mois, parce qu'en fait, regardez le temps qu'il nous faut, entre guillemets, pour désirer les choses. Le temps qu'il nous faut pour désirer parfois les émotions, quand on se sent triste, quand au boulot ça ne va pas, quand on a une baisse de morale. Quand on a une amitié dans laquelle c'est plus difficile, le temps qu'il nous faut pour digérer les choses, parfois notre corps répond moins parce que notre tête est moins dispo. Et ce n'est pas grave. Acceptons aussi que les choses ne sont pas linéaires. On n'a pas besoin d'être toujours dans… On a besoin de trouver d'excuses. Juste cette excuse de dire « en ce moment, je ne suis pas trop dedans » .
- Speaker #0
Après, j'ai une autre question. Comment est-ce qu'on peut aider quelqu'un à s'autoriser à être sexuellement hors cadre ? C'est-à-dire que ce n'est pas forcément évident de se dire « Ah, j'ai envie d'être hors cadre, mais comment je m'autorise à le faire ? » Surtout si on a une relation depuis longtemps, ou même si on est célibataire et qu'on a envie d'être hors cadre et d'aller vivre des expériences. On a fait plein d'émissions là-dessus, sur le BDSM, plein de techniques, plein de choses qu'on peut pratiquer seul, ou aller dans des... dans des endroits et tout, mais comment est-ce qu'on s'autorise à un moment donné à se dire « Ok, j'y vais, j'ai envie, est-ce que j'en ai vraiment envie parce que c'est mon envie ou est-ce que je me dis que je dois le faire ? » Tu vois, il y a aussi tout ça.
- Speaker #1
En sexothérapie, il y a un exercice que j'adore qui s'appelle l'exercice du mood board. Alors, il y a des gens qui adhèrent, des gens qui n'adhèrent pas, mais je demande souvent aux personnes qui me consultent, entre deux consultations, d'écrire. D'écrire ce qui leur vient. Parce que je pense qu'une fois ouvert ce sujet, on va avoir des pensées, des émotions, etc. qui vont revenir. Et moi, j'aime bien le regard, mais notez ça pour qu'on parte de ce qui a été ressenti entre ces deux séances la prochaine fois. Et donc, cet exercice du mood board, c'est finalement de poser sur papier, à quoi ressemble ma sexualité aujourd'hui et à quoi est-ce que j'aimerais qu'elle ressemble demain. En fait, ça permet finalement déjà de poser les choses. Voilà, ma sexualité aujourd'hui, c'est ça. C'est, j'en sais rien, poser à quoi ressemble la sexualité aujourd'hui. Et se dire, tiens, vraiment, je dois imaginer ma sexualité demain. Est-ce que... Et ça peut être plein de manières différentes de le faire. C'est-à-dire que ce n'est pas forcément des mots, mais ça peut passer par des couleurs. Ça peut passer par des formes, ça peut passer par de l'émotionnel, ça peut passer par des ambiances, ça peut passer par plein de choses. Mais dans ma tête, qu'est-ce que j'imagine pour ma sexualité de demain ? Et donc, c'est un peu une manière de réécrire finalement sa propre histoire et d'aller explorer finalement qu'est-ce qui me touche, qu'est-ce qui m'émeut, qu'est-ce qui m'excite, à quel moment je peux finalement imaginer le sexe. en sortant de l'aspect devoir. Ce n'est plus « je dois, il faut » , mais c'est « j'aimerais, je voudrais, ce qui me ferait plaisir, c'est, ce qui me ferait du bien, c'est, ce qui m'apaiserait, c'est » . Tu vois ce que je veux dire ? C'est d'autres manières de… de voir et même déjà juste de commencer ses phrases sur la sexualité. Parce qu'il y a beaucoup de « je dois » et « il faut » .
- Speaker #0
Ce que je trouve intéressant dans ce que tu proposes, c'est aussi, même si on ne sait pas, le fait d'avoir une couleur, par exemple aujourd'hui c'est bleu, et puis je voudrais que ça devienne rouge. Mine de rien, ça veut dire quoi être bleu ? Et ça veut dire quoi devenir rouge ? C'est-à-dire qu'à un moment donné, quand tu dis « moonboard » au début, je me suis dit « oulala, il faut faire un moonboard » . Tout le monde peut se dire, j'étais en train d'imaginer des trucs de position. Tu te dis « oulala, ça va être… » Moi. Un truc à faire. En fait, non, c'est vraiment se reconnecter avec ses sens et avec des petites choses. En se disant, j'aimerais ça. Et puis, les changements, c'est pas à pas. C'est pas juste, genre, ça va devenir... C'est bleu et ça va devenir rouge en une seconde. Mais comment est-ce que je peux avoir des choses petit à petit qui peuvent faire en sorte que je... J'écoute moins aussi ce qu'on a dit. J'écoute moins les autres, je me compare moins. Mais moi, qu'est-ce que j'aimerais et où j'aimerais arriver ? Et c'est vachement bien comme exercice, je trouve.
- Speaker #1
C'est intéressant. Et tu vois, sur ce côté des couleurs que tu mentionnes, quand on dit voilà je veux passer du bleu au rouge, ok mais le rouge c'est quoi pour moi ? Le rouge c'est le côté peut-être sexy, c'est la couleur de l'interdit, peut-être que c'est la couleur, tu vois moi j'imagine de la moquette, je peux imaginer un resto à la bougie, le rouge je peux aussi imaginer les lueurs d'un coucher de soleil, donc plus associé au soir, j'en sais rien en fait on peut imaginer plein de choses. Il y a plein de gens qui vont avoir des... Ça peut être associé à la chaleur, au feu. Ça peut être associé à plein de choses. Mais l'idée, ce n'est pas forcément de rester enfermée. Encore une fois, quand je dis faire un moudbain, ce n'est pas rester enfermée forcément sur la sexualité. C'est justement ouvrir un peu cet espace. Tu vois, quand la sexualité, c'est les caresses, les zones génitales, la pénétration, la langue. Enfin, je n'en sais rien. Tu vois... avoir des mots clés très directs, qu'est-ce que finalement dans une attitude, dans une émotion, dans une couleur, dans une scène, dans nos sens, qu'est-ce que ça amène ? Donc ouais, c'est réfléchir un petit peu plus loin en fait.
- Speaker #0
Et c'est vraiment parce que depuis tout à l'heure, on dit que par exemple, mais moi la première, on veut passer du bleu au rouge. En fait, on part toujours de l'archétype de on a une sexualité qui n'est pas non plus ouf et on a envie d'avoir une sexualité meilleure. Mais il y a peut-être aussi des gens... tu vois il y a peut-être des couples comme on dit l'exemple des gens qui ça fait 15 ans qu'ils sont ensemble mais ils ont une sexualité de 3 fois par semaine mais des fois c'est des couples qui vont pas forcément bien en fait c'est aussi important de le suggérer c'est aussi peut-être leur seul moyen de communiquer dans une sexualité qui est pas forcément adaptée non plus parce que sinon le couple irait mieux donc c'est aussi cette course comme tu l'as dit tout à l'heure elle elle fait l'amour 2 fois par semaine et en fait nous on le fait 2 fois par mois mais aussi j'ai envie de rassurer les auditeurs auditrices peut-être que votre couple il va peut-être mieux et peut-être que Merci. Des fois, les moyens de communication, les moyens de sexualité, même si c'est énormément et si c'est de la consommation, ce n'est pas forcément de la qualité, ce n'est pas forcément une vraie connexion. C'est important aussi de le dire, parce que souvent, on est dans cette comparaison où on pense que c'est toujours plus beau ailleurs, mais pas forcément. Je ne sais pas si ça me fait penser à ça, en fait, parce qu'on parle toujours dans ce sens-là, mais peut-être qu'au final, quelqu'un qui a un couple qui a une sexualité très charnelle, peut-être, pendant les vacances, avoir une sexualité plus calme, plus douce, de se reconnecter à d'autres sens, peut-être que ça peut faire une autre communication dans le couple. Moi j'adore aller en contre-courant, je fais des questions dans tous les sens, mais je trouve que c'est intéressant aussi d'aller dans ce sens-là. Je ne sais pas ce que tu en penses en tant que sexologue.
- Speaker #1
Tu parlais de quantité, et je pense que la quantité effectivement ne fait pas la qualité, et ce n'est pas plus on fait l'amour, plus ça va bien. En fait, la quantité dans la sexualité n'est pas un baromètre de la santé du couple. Déjà, ça c'est une chose. La deuxième chose, c'est que la sexualité, et effectivement c'est ma vision de sexologue qui parle, mais la sexualité n'est pas un... piliers dans le couple. Je pense que le pilier du couple, c'est beaucoup plus l'intimité émotionnelle. Et l'intimité émotionnelle, qu'est-ce que c'est ? C'est cette liberté de se montrer vulnérable, d'oser dire et de partager nos doutes, nos peurs, nos joies, nos peines. Et en fait, c'est souvent cette intimité émotionnelle qui amène un rapprochement avec l'autre, qui amène à une complicité, qui amène du coup à un partage, qui amène du coup à un moment qui peut devenir du sexe. Et donc en fait, c'est intéressant. Mais ça me fait penser à cette vision en médecine traditionnelle chinoise. J'aime beaucoup la vision de la médecine traditionnelle chinoise sur la sexualité parce qu'ils ont des manières de vulgariser et de parler de la sexualité qui est assez intéressante. Et ils disent, pareil sur le côté homme-femme, là je suis sur le côté un peu plus hétérosexuel, mais que les femmes, pour avoir une sexualité, pour qu'elle s'ouvre, il faut d'abord passer par leur cœur et ensuite... elles autorisent la descente dans le sexe, alors que pour les hommes on passe plus par le sexe et après ça remonte dans le cœur. Donc en fait, il y a un peu ce côté où l'intimité émotionnelle, finalement, c'est quand même un des piliers beaucoup plus forts, qui peut emmener au sexe. Mais la sexualité pour moi n'est pas un pilier, c'est important, c'est la cerise sur le gâteau. C'est un nice to have, c'est clair, mais je pense que c'est beaucoup plus fort de réussir à se connecter émotionnellement à quelqu'un. Et ce n'est pas le nombre de rapports sexuels qui font la qualité du couple. Je veux vraiment faire attention à ça.
- Speaker #0
On arrive déjà à la fin de notre troisième capsule. Du coup, qu'est-ce qu'on pourrait dire pour conclure justement sur le sexe ne rentre pas dans des normes ? Est-ce que tu as une petite phrase de conclusion ou quelque chose que tu as envie de rajouter ?
- Speaker #1
Oui, bien sûr. Donc pour conclure, que ce soit au niveau de la pénétration, que ce soit au niveau de l'orgasme, que ce soit au niveau de la fréquence, que ce soit au niveau des positions, que ce soit au niveau de l'humeur, de la spontanéité, etc., on a tous et toutes en tête un scénario très normé, et on pense que du coup c'est ça la vraie sexualité, et non, c'est pas ça. La sexualité, en tout cas la bonne sexualité, c'est la vôtre, c'est votre manière de ressentir, votre manière de vibrer, votre manière d'être touchée, de toucher, de recevoir. et c'est la meilleure, et c'est celle qui mérite d'être entendue, et c'est celle qui mérite d'être vécue.
- Speaker #0
J'adore, je n'ai rien à rajouter, en tout cas c'était génial. En tout cas c'était une trop belle capsule, moi j'ai beaucoup aimé. Et on se retrouve la semaine prochaine pour notre dernière capsule, donc petit spoiler, allez, pour que les auditeurs et auditrices aient envie de nous écouter la semaine prochaine, on parle de quoi la semaine prochaine ?
- Speaker #1
Quand on a un désir ou une envie d'expérimenter en dehors du couple, qu'est-ce que ça veut dire ? Est-ce que c'est un danger ? Est-ce que souvent on a peur de ça ? on a peur de se dire que... potentiellement le désir va s'émousser. Ça fait des années qu'on est en couple que potentiellement le désir peut s'émousser ou va s'émousser et que potentiellement, l'autre pourrait désirer quelqu'un d'autre ou avoir envie d'autre chose. Comment on gère ça et qu'est-ce que ça veut dire ? C'était juste pour ouvrir un peu des perspectives aussi là-dessus.
- Speaker #0
Si vous voulez ouvrir des perspectives avec nous la semaine prochaine, nous serons là. Nous, on vous dit à la semaine prochaine pour un beau programme quand même.
- Speaker #1
À la semaine prochaine.