Speaker #1L'architecture invisible, ce qu'on ne voit jamais à la télévision. Directement pour faire simple, est-ce que vous voyez ce tuyau dans votre salon ? Non ? Tant mieux. Est-ce que vous sentez l'humidité sous la peinture ? Toujours pas ? Parfait. Et est-ce que vous entendez votre voisin ronfler ? Si oui, là, on a un souci. Donc aujourd'hui, on va parler de l'architecture invisible, intangible, introspective, celle qui ne s'affiche... pas sur Pinterest, qu'on ne voit pas sur les émissions de télé de déco, pour ne pas nommer une chaîne bien précise, vous aurez compris, mais qui fait tout le sel ou plutôt la sueur de votre quotidien. Donc bienvenue dans ce monde parallèle de la technique et du confort, là où tout se joue hors champ. Pour faire les choses bien, on va le voir en quatre points. Ce qu'on ne voit pas mais qu'on subit. L'architecture sensorielle, on commence par l'invisible. En trois, comment aborder ça avec son... l'architecte parce que je sais que des fois vous êtes timide, et en 4, le prix de l'ignorance. C'est parti pour le 1. Ce qu'on ne voit pas mais qu'on subit. L'isolation, la ventilation, les réseaux. On les oublie tant que tout va bien, mais quand ça va mal, que ça chauffe, hiver-été, là ça devient un peu plus compliqué, on court comme on pourrait courir après une clim en plein mois d'août. Selon l'ADEME, l'agence de la transition écologique, Il y a jusqu'à 30% des pertes de chaleur d'un logement qui passe par une mauvaise isolation. Durant tout le déroulé, je vais vous donner quelques petits chiffres, quelques sources. Ne vous inquiétez pas, vous pourrez les retrouver dans la légende. Malgré ce chiffre, les particuliers en général, parce que quand on est dans un appel d'offres public, on y pense, en tout cas, j'espère, mais là, on va se concentrer sur les particuliers, maisons individuelles, appartements passeux. c'est ce qui nous intéresse. On va davantage parler d'escalier en chaîne, de verrière, mais pas de VMC double flux ou de coupe-feu sur le réseau électrique. On n'y pense pas parce qu'on veut voir du beau. La technique, on la repousse et pourtant c'est essentiel. Il faut y penser. Mais je sais que ce n'est pas ce qu'on montre encore une fois à la télé et si on le montrait plus peut-être que vous auriez plus envie de regarder ce qui se passe derrière un mur ou en dessous d'un plancher. Ce qui me permet d'arriver à l'architecture sensorielle, qui commence par l'invisible. Vous vous souvenez de ces maisons, de ces hôtels, de magnifiques vacances, mais dans lesquelles vous aviez un peu froid aux pieds, vous aviez mal dormi, et un mal de tête croissant à cause de l'humidité ou à cause d'une pièce trop chauffée. C'est ça le drame de l'architecture mal ventilée. Le confort thermique, acoustique, olfactique, visuel même, ce sont des dimensions sensibles, pas des gadgets. Vraiment, il faut y penser en amont. Et ce confort dépend de ce choix qui nous paraît obsolète, qui nous paraît être non opportun au moment où on va penser le projet. Et pourtant, il faut y penser dès le départ. Par exemple, l'orientation du bâtiment. Comment la maison se place par rapport au soleil. On va chercher à capter la lumière et la chaleur en hiver et s'en protéger en été. Ce qui permettra peut-être de mettre des stores, de mettre des baies vitrées. Pas des grandes baies vitrées parce que je sais que c'est... Pendant un moment, c'était la mode du Los Angeles 80s, etc. Donc je pense qu'on est en train de repartir sur des bases, mais quand même, il faut en parler, il faut continuer d'en parler. L'inertie des matériaux, donc si vous ne savez pas ce que c'est, c'est la capacité d'un matériau à stocker la chaleur ou la fraîcheur et à la restituer plus tard. Un mur en pierre ou en terre, par exemple, agit comme une bouteille d'eau chaude. Il garde la chaleur et la restitue lentement pour éviter les coups de chaud ou de froid. Ça, c'est l'idéal. Donc, l'inertie des matériaux. Il y a aussi la gestion de l'humidité. Éviter que la maison transpire ou moisisse. Oui, la maison, c'est un corps qui vit, c'est une structure qui vit. On ne la construit pas et puis tout d'un coup, elle va rester figée. J'espère pour vous, non. C'est comme les ponts, par exemple. Peut-être que vous savez que lorsque vous marchez sur un pont, ça bouge. Certaines personnes n'aiment pas. Ça tangue un petit peu. Mais heureusement que ça tangue un petit peu parce que ça veut dire que le matériau, il respire, il travaille. Et s'il travaille, il ne se casse pas. C'est comme un plancher bois. Donc une maison doit respirer. S'il y a trop d'humidité, ça va abîmer les murs et ça va nuire à la chanter. Nature des isolants aussi. Un point qui est de plus en plus crucial. Ce avec quoi on garde la chaleur dedans et le froid dehors. Ou l'inverse en été. Donc on garde la chaleur dedans et le froid dehors. Il existe plusieurs laines de bois, de mouton, de chanvre, de liège. Vous avez une panoplie. En ce moment, en plus, on est dans une ère de recherche. On recherche des matériaux bas carbone. On recherche à aller au-delà de ce qu'on a connu. Et c'est tant mieux. Je dirais un dernier point, la performance du système de ventilation. Est-ce que l'air circule bien dans la maison sans gaspiller de la chaleur ? À un moment, dans l'épisode 7 où je parlais du bien-être, je parlais de la circulation ou quelque chose que vous pouvez faire de manière basique, ouvrir les fenêtres chaque matin, les assiettes de grand-mère. Mais là, on parle d'une performance de système de ventilation mécanique. Donc, il faut que ce soit une bonne ventilation qui évite l'air vicié, les odeurs et l'humidité. Et certains systèmes récupèrent même la chaleur de l'air sortant. pour chauffer les rentrances, ça c'est l'idéal. Mais bon, après, chaque projet, chaque budget, ça dépend. Donc tous ces points, il faut vraiment les inclure dans votre projet parce que ça permettra non seulement de travailler le volume, la passabilité du projet, mais pas que. Et ne pas rendre votre projet, entre guillemets, instagramable. Avant de penser, ou j'irais même... Évitons de penser au fait qu'un projet puisse être Instagramable. Le but, c'est que vous vous sentiez bien. C'est d'amener chaque élément point par point, ensuite de les imbriquer, ce qui permettra de faire un projet systémique finalement. C'est vraiment ça. Comment aborder ça avec son architecte ? Comme je disais, je sais que vous êtes timide. Je sors d'un rendez-vous, des clients m'ont dit pour une étude de faisabilité que je leur ai proposée. On veut faire l'étude, mais on ne sait pas encore si on veut faire le projet. Rien que ça, je leur ai dit, mais ne vous inquiétez pas. On va y aller doucement. Après, si je le fais, si c'est oui, si c'est non, le permis de construire. Tant mieux, si je ne le fais pas, ce n'est pas grave. Le but, c'est que vous ayez au moins les cartes en main et que vous ayez des repères concrets. Et pour que vous ayez des repères concrets, ne soyez pas timide. Il faut poser des questions, même si vous pensez que les questions, elles sont reloues. Mais il n'y a pas de questions reloues. Merci. que des bonnes questions. Et si vous avez compris, on répète. En tout cas, moi, je répète à chaque fois. Donc, même si vous avez un architecte qui est passionné par la façade sud, l'orientation bioclimatique du projet ou les matières naturelles, challengez. Challengez, posez des questions. N'hésitez pas à aller chercher aussi des références pour pouvoir lui montrer. C'est vraiment intéressant et c'est comme ça que le projet va pouvoir se déposséder de l'existant et vivre. de manière autonome. Voici quelques questions utiles que vous pouvez poser. Questions que vous pouvez remanier, retravailler, comme vous voulez. Donc, quel est le coefficient thermique du mur proposé ? Est-ce qu'on est aux normes RE20-20 ou au-delà ? C'est quoi une ventilation ? Mécanique ou pas mécanique ? Lors de la construction, on prévoit comment l'entretien des gaines est réseau parce que oui, on va construire, vous allez vivre là. Un an, deux ans, en général, il faut entretenir la maison. Comment ça va se passer ? Et est-ce que le bruit va se propager entre les pièces, entre le rez-de-chaussée et le premier étage, entre le couloir et la salle de bain ? Voilà, c'est des petites questions comme ça, pas très sexy, mais n'hésitez pas à les poser. L'objectif, avoir des bases. Je sais qu'il y a certaines questions que vous n'avez pas forcément bien compris, n'hésitez pas à revenir vers moi. Mais l'objectif, c'est qu'on vous apporte des réponses concrètes, parce que c'est vous qui allez... habiter dans le bien, dans la maison, dans l'appartement pendant 10, 20 ans. Donc encore une fois, posez vos questions et l'architecte saura vous guider. Vulgarisez les informations et priorisez ce qui est le plus important. Et si on vous parle que de Carl H. Terradzo, mais là je ne parle pas que de l'architecte, rechallengez avec les questions que je vous ai posées en âme. C'est vraiment, vraiment important. Dernier point, le prix de l'ignorance. On parle ici du cauchemar post-chantier, 6 mois, 1 an après la réception. Donc on va imaginer que la salle de bain a moisi, que le plancher bio « grince » à chaque pas et que la chambre d'enfant se transforme en étuve. Selon l'agence qualité construction, l'AQC. Près de 25% des sinistres en construction neuve concernent des désordres techniques invisibles et on les voit après le chantier. Donc c'est humidité, ventilation, réseau mal conçu. Et là, c'est trop tard. D'où l'importance de poser les questions en amont, de vous poser avec l'architecte et de tout mettre à plat. Vraiment tout mettre à plat. Des études, pensez études, pensez sites. avant de faire le permis de construire. On ne fait pas de permis de construire, on ne fait pas de DP, on travaille sur son projet et pour ça, il faut du temps, de la patience et vous allez y arriver. Parce que vous n'avez pas envie de refaire les gaines, parce qu'il faut tout casser. Parce que vous n'aurez pas envie de changer l'isolation, parce qu'il faut démonter les cloisons ou le plancher haut, plancher bas. Et parce que vous n'avez pas envie de modifier une pente d'évacuation pour la salle de bain, par exemple, qui a été mal faite. La pente n'est pas correcte. Quand vous prenez votre douche, l'eau remonte. L'eau remonte souvent et vous n'avez pas envie de ça. Donc, vous avez envie d'économiser. Je sais. Et quand je dis économiser, ce n'est pas juste de l'argent. C'est en temps, en énergie, en émotion. Ne négligez pas l'invisible. Parce qu'on le paye deux fois, trois fois plus. Il vaut mieux avoir un confort et ce confort, il se pense en amont. Voilà, voilà pour cette chronique. Donc l'architecture invisible, c'est indispensable. Il faut s'y intéresser. Comme un souffle, je dirais discret mais vital, comme un squelette silencieux mais porteur. Parce que quand c'est fait, on n'y pense pas, mais quand c'est raté, on ne pense qu'à ça. Je vous dis à très vite pour une nouvelle chronique. A bientôt !