Speaker #1Bonjour à tous, ravie de vous retrouver pour ce deuxième épisode et j'espère que le premier vous a plu. Comme vous a dit Solène, je suis architecte HM1P et dans cet épisode, on va mettre les pieds dans le plein. Donc, parlons argent. Combien coûte vraiment un ou une architecte ? À cette question, je n'ai pas pu m'empêcher d'en inclure des sous-jacentes. Faire appel à un ou une architecte, est-ce que c'est cher ? Est-ce que ça vaut vraiment le coup ? Alors avant de parler chiffres, creusons un peu plus loin. Pourquoi tant de méfiance envers les architectes ? Parce que oui, il y a de la méfiance envers les architectes. Pourquoi les particuliers hésitent-ils encore à pousser la porte ? Depuis dix ans d'activité, j'ai remarqué quelque chose d'important. Beaucoup de particuliers voient les architectes comme inaccessibles. À vrai dire, entre l'image de l'architecte star des magazines et le jargon technique qu'on utilise parfois, sans se rendre compte, il y a un vrai fossé. Donc peut-être que là, je dois faire un petit mea culpa, donc mea culpa. Et afin d'aborder ce sujet, il m'a semblé important de mettre en évidence des témoignages de particuliers qui ont leur propre vision et de venir faire part de mon ressenti en tant qu'architecte. Et pour ça, je vais reprendre quelques bouts de conversation que j'ai eus avec certaines personnes de mon Instagram. Et d'ailleurs, pour ça, je leur remercie parce qu'à chaque fois, on a des petites pépites quand on commence à interagir ensemble. Ces témoignages montrent à quel point l'architecture peut parfois être perçue différemment et comment on peut surmonter. ces blocages psychologiques. Pour ces témoignages, il y en aura trois. Deux de particuliers et un d'architectes, plus un de moi, bien sûr, donc ça fait deux-deux. On va commencer par le témoignage de Carole. Carole indique Je ne me serais jamais tournée vers un architecte, beaucoup par mes connaissances et aussi parce que j'avais beaucoup d'a priori. Entre parenthèses, il fallait un certain pouvoir d'achat. ou pour qui tu te prends, fermez la parenthèse. Mais depuis que je te suis, j'ai vraiment compris ton utilité. Je sais que j'en consulterai un quand mon tour viendra et que je n'aurai pas peur de poser mes questions, même les pubettes, entre guillemets, parce que j'ai bien compris qu'il travaillera au service de mon projet, de ma vision. Donc là, on aborde un petit peu des choses un peu de type, pas le même vocabulaire. C'est même pas une question de prix, déjà, pour commencer. Il y a une appréhension qui empêche d'aller vers l'architecte. Et ça, à chaque fois, je me dis que mon ami avait un petit peu raison. J'ai eu une conversation il y a quelques années avec un ami. Il me disait, mais vous, les architectes, vous n'êtes pas utiles. C'est-à-dire, le médecin est utile, le banquier est utile. On peut pousser la porte. On sait où il se trouve. Mais vous, les architectes, on ne sait pas où vous vous trouvez. Et c'est vrai que ce témoignage... de Carole, ça me rappelle à chaque fois, parce que Carole, c'est le témoignage d'aujourd'hui, mais il fait référence aussi à d'autres témoignages que j'ai déjà eus et avec lesquels je travaille depuis des années. Et à chaque fois qu'il y a un petit commentaire du type Carole, je me rappelle à chaque fois la conversation de mon amie. Et la deuxième chose que ce témoignage me rappelle, c'est qu'il y a quand même... de la part de l'Ordre des Architectes, un travail qui est fait. Je le vois, je le ressens, mais encore une fois, moi je suis architecte. Avant que je sois architecte, je pense que je ne le voyais pas. Et le avant, c'était la petite étudiante, la lycéenne, la collégienne, la jeune femme qui commençait à travailler, qui travaillait dans sa vingtaine en tant que serveuse, en tant que vendeuse. Maintenant que je suis architecte, je pense que j'ai toujours ce côté ancré dans la populace. Mais il faut dire quand même que je suis architecte et petit à petit, peut-être qu'il y a des choses que je ne vois pas. Donc c'est toujours intéressant de pouvoir aborder certaines questions avec des particuliers qui, eux, sont toujours dans leur monde. Et c'est vrai, je dois l'admettre que parfois les architectes on est un peu rêveurs. Donc le côté pas le même vocabulaire ça revient assez constamment. Et la psychologie, et donc ça revient également à la psychologie, la relation entre le particulier et l'architecte, il est assez délicat. Pour moi non, mais je me rends compte que les gens appréhendent et qu'ils ont peur de faire appel à un architecte, de parler à un architecte. Donc on va aborder le deuxième témoignage et c'est celui de Fanta. Fanta dit Donc là, on voit que le prix arrive. On n'a pas le même vocabulaire. D'ailleurs, je reviens à la notion de prix, parce que normalement, les architectes doivent quand même indiquer une petite fiche comme quand on est chez le boulanger. La visite conseil, le conseil de départ, un minimum si on fait une mission complète ou une mission partielle. Donc je rappelle, la mission complète, c'est le dessin, conception jusqu'à la réalisation. La mission partielle, c'est le dessin jusqu'au permis de construire, pour grosso modo. Ça inclut potentiellement la déclaration préalable. Mais le prix quand même, il doit un minimum être affiché et je vois parfois des confrères ou des confrères. consoeurs qui ne mettent pas de prix. Donc ça, ça perpétue le côté c'est trop cher. Un peu comme quand on va dans une boutique de luxe et qu'on ne voit pas de prix, on se dit bon, c'est pas la peine que je rentre. Donc c'est une impression et en même temps, parfois elle peut être corroborée par un manque d'éclaircissement, par un manque de prix indiqué de la part de certains professionnels, de certains architectes qui ne mettent pas le petit tarifs basiques, comme chez le boulanger. Et là, ça crée un malentendu. Et c'est cette barrière psychologique qu'il faut briser. Il faut absolument briser cette barrière psychologique. Et là, je reviens à mon ami dans le sens où l'architecte devrait être quelqu'un d'utile ou du moins qu'on pense à lui et que ce ne soit pas une option. Une option de se dire pour le cas de la France, on... On a l'obligation de travailler avec un architecte à part de 150 m². Mais cette option qui devient parfois un carcan pour certains particuliers ne devrait pas être une option, ne devrait pas se dire Oh mince, il faut que je fasse appel à un architecte Et malheureusement, c'est ce que je ressens. Et ce n'est pas juste un ressenti. Parfois, vraiment, on vient voir l'archi parce qu'on n'a pas le choix. Donc, il y a la question qui ressort dans le témoignage de Fanta de la communication. Trop souvent, entre guillemets, il y a la question à ce que... Ma question est bête et on va faire que les clients pensent que leur projet n'est pas sérieux, au pire qu'ils ne sont moins capables, moins capables qu'une certaine personne qui a un gros portefeuille. Et je vais dire ici qu'il n'y a pas de question bête. On le répète depuis des années quand on est petit avec les profs qui nous disent il faut poser ta question, il n'y a pas de question bête. Mais il y a ce côté où on se dit, je vais poser ma question, mais je suis sûre qu'après elle va dire, ma question elle était bête. Donc, il y a vraiment une question de communication à revoir, une question de relation client, parce qu'au final, client particulier à réajuster, à mettre des prix. Je considère que parfois, avec certains projets, on ne peut pas mettre des prix, mais afficher... Le prix, je veux dire, basique d'une consultation, d'un rendez-vous en cabinet ou en déplacement, aide aussi à avoir une certaine visibilité sur notre tarif et donc participe aussi à la confiance qu'on peut avoir envers l'architecte et ne pas se dire... Je vais me faire avoir. Donc c'est vrai que l'architecte, c'est aussi un vieux métier avec de vieux codes. Et c'est pas aisé de les connaître. Donc je pense que mettre des petites balises, petit à petit, aide justement à créer un ancrage et toujours à avoir une certaine confiance. Un autre retour, cette fois, c'est le retour de Sibyl. Sibyl, c'est ma consoeur. Sibyl dit, en tant qu'architecte, entre parenthèses avis perso, on voudrait tellement avoir tout type de client pour tout type et taille de projet. On essaye de temps en temps de démarcher des clients, peut-être devrait-on nous former aux relations humaines, aux négociations diplomates, etc. Pourtant, ce n'est pas l'envie de l'architecte qui manque. Mais comment sortir de notre monde auto-centré ? Rien qu'avoir la presse spécialisée, son mini-rayonnement. Donc Sibyl, elle indique qu'il y a un problème d'image. Et on revient aussi au vieux code, au fait qu'on a cette image de l'architecte star. Et en tant qu'architecte, il y a tout type d'architecte. Mais on est tout aussi perdu, surtout quand on sort de l'école. Et qu'on commence à travailler face à un monde réel que nous ne connaissons pas du tout. La première fois que j'ai dû faire un devis, c'était hyper compliqué. Je ne savais pas comment démarrer, comment faire. Et ce qui est bien avec le commentaire de Sybille, c'est qu'elle parle d'un phénomène très réel dans cette profession. C'est, on sort de l'école, on est des diplômés. Mais pourtant, on n'est pas expert. On va apprendre progressivement avec les années à être architecte. Et si certaines écoles commençaient à mener certaines matières, comme les négociations diplomates, les relations... humaines, comment faire un devis, comment négocier face à un autre être humain, parce que le particulier c'est un autre être humain, le rapport serait peut-être finalement beaucoup plus terre-à-terre, beaucoup plus humain. Et donc il y a une certaine réserve, presque amur invisible, entre l'architecte et l'équilibrant potentiel, qui est alimentée des deux côtés par des idées préconçues et une peur mutuelle. On ne se rend pas compte, mais les architectes aussi. si on perd quand ils commencent leur carrière. Et on doit constamment avoir cette notion et être accessible. On doit aussi avoir notre place, mettre notre place en évidence, mais se mettre à la place des clients. et comprendre leurs besoins. Donc c'est un travail vraiment mutuel qui est difficile à surmonter du côté des architectes quand ils débutent, et de l'autre côté par le particulier qui ne connaît pas du tout le monde de l'architecture et pas du tout l'architecte qui sera en face de lui. Et je dirais qu'à travers ces trois témoignages, il y a un phénomène de brouhaha. Parce que ce brouhaha, cette méconnaissance incite des personnes à faire des travaux sans permis de construire et de ne pas suivre les règles d'urbanisme. Elles se disent que cela ne pose pas de problème, que la mairie va oublier. Mais croyez-moi, pour avoir des clients qui viennent souvent me voir, ce n'est jamais le cas. Un ou deux ans plus tard, c'est la mairie qui frappe à la porte. Et là, ça va faire mal. Ce que je remarque, c'est que dans les différents dossiers, que ce soit des malfaçons, par rapidité d'exécution ou par refus de suivre la réglementation, il s'agit du même point de départ, faire des économies, notamment pour le permis de construire. Les particuliers, vous, je vais aller directement dans le vif du sujet, vous voulez faire des économies, notamment en squeezant la partie de l'architecte. Ce que je dois dire, je peux comprendre, surtout actuellement, tout coûte cher, le matériau coûte cher. On se dit que faire appel à une personne en plus, ça va nous coûter. et cher, qu'on veut tout faire soi-même, mais au final, ça ramène quand même beaucoup de désordre, beaucoup de problèmes. Et dans ma réflexion, je me dis que c'est l'une des raisons pour lesquelles je prône tant l'importance de la planification et du respect des normes dès le départ avec un socle majeur, le conseil. C'est-à-dire conseiller, parler, échanger. On n'est pas obligé de faire un projet tout de suite. Mais il faut connaître où l'architecte est et ce qu'il propose. C'est-à-dire que moi aussi, je dois faire un travail sur combien je coûte. Combien coûte vraiment une architecte ? Je vais donner une fourchette de prix, mais vous allez voir que vous auriez très bien pu les avoir vous aussi. On va commencer avec une visite conseil. Selon les architectes, elle peut varier entre 150 euros et 350 euros. Cette visite va inclure une recherche préalable, la visite sur place, des réponses à toutes les questions. Si il y a une question que l'architecte ne peut pas répondre, en général, il revient vers vous avec un appel téléphonique ou un mail et il répondra à la question. Ensuite, si vous allez jusqu'au permis de construire. D'ailleurs, j'aime davantage parler d'un processus du PC, du permis de construire, parce que ce n'est pas juste un dessin sur le compte de la table. Il y a vraiment une recherche derrière. Donc, on parle de 3500 euros à 10000 euros selon la taille du projet. Bien sûr, ça peut très bien... dépasser 10 000 euros. Donc là, l'architecte va travailler sur plusieurs mois, colléter des documents, discuter avec la mairie, les entreprises, le service urbaniste, parler parfois même à un avocat pour régler certains points. Donc quand il s'agit de la phase chantier, certains architectes prennent, eux, entre 7 et 15 du montant total des travaux. Mais je dois dire que de plus en plus optent pour un tarif horaire ou un forfait par phase de projet. Donc vous voyez que les tarifs, c'est facile à voir. Je pense qu'avec quelques recherches sur un certain moteur de recherche, vous aurez pu les trouver. Donc ce qui pose problème, ce n'est pas vraiment la recherche d'informations sur combien coûte un ou une architecte, c'est la psychologie qu'il y a derrière. Est-ce que je peux aller voir ce professionnel et me dire qu'il pourra travailler sur ce projet ? Voilà, j'espère que ces témoignages et ces échanges vous permettront de mieux comprendre les défis que rencontrent les architectes dans leur relation avec leurs clients, mais aussi comment cette profession est vue par les particuliers et vue par vous-même. Donc n'hésitez pas à m'envoyer vos commentaires pour me dire ce que vous avez entendu, si vous avez apprécié et aussi on peut toujours échanger après le podcast. Il ne s'agit pas d'un... En one shot, il s'agit vraiment d'avoir une interaction et de poursuivre les réflexions puisqu'elles ne s'arrêtent pas à un seul épisode. Elles continuent et c'est toute ma démarche de pouvoir continuer, de comprendre ce qu'il y a dans les têtes de chacun pour qu'on puisse... puissent construire quelque chose de meilleur pour nous tous. Je vais vous dire merci d'avoir été avec moi. J'espère que vous avez une meilleure idée de ce que j'entreprends ici, notamment avec Solène à travers cette chronique. Et à très bientôt pour un nouvel épisode. C'était Yankoso.