Speaker #1Hello, hello, on se retrouve pour une nouvelle chronique qui va plonger dans le grand feuilleton du béton. On va parler de la manière dont on pourrait arrêter de tout recouvrir de grès. Parce que d'ici quelques années, la seule nature qu'on verra, ce sera en fond d'écran de nous-mêmes. On va déconstruire tout ça, du moins, on va essayer, à travers l'angle de l'artificialisation. Ouf, j'ai réussi parce qu'avant, j'ai fait plusieurs essais. L'artificialisation des sols. Et vous allez voir que c'est une catastrophe silencieuse qui a été émise pendant des années. C'est un peu comme une addition. Au début, on construit une route, un petit lotissement, un centre commercial pour dynamiser le territoire. Et hop, sans s'en rendre compte, on a bétonné un pays entier. Quelques chiffres qui piquent. Chaque année en France, près de 20 000 écoles... L'hôpital disparaît sous le béton, soit l'équivalent de 30 000 terrains de foot. Pourtant, la population n'augmente pas autant. Vous avez vu, de toute façon, on nous a assignés à faire des bébés, donc ça veut dire que la population n'existe, n'augmente pas tant que ça. En clair, on artificialise plus vite qu'on ne fait des bébés. Dédicace à notre président. Pourquoi c'est un problème ? Inondations beaucoup plus fréquentes, donc un sol bétonné c'est un sol qui n'absorbe plus d'eau. Dès qu'il pleut un peu trop fort, ça finit en piscine municipale sans les toboggans, vous avez vu Mayon's. Il y a une perte de biodiversité également, les animaux ne traversent plus les forêts comme avant, parce qu'il y a une route qui les trace au milieu. Il y a aussi une dépendance alimentaire, moins de terres agricoles, plus d'importations. ce qui fait des tomates hors de clé. Bref, on saccage nos sols et à ce rythme-là, bientôt, on n'aura plus que du bitume à cultiver. On ne fait plus attention. On est dans une grande reine de toujours plus, toujours plus d'argent et on oublie la nature. Donc, qu'est-ce qu'on fait avec tout ça ? Je vous embarque. encore une fois à travers un livre qui est assez provocateur. Le béton, est-ce que le béton ne serait pas l'arme de construction massive du capitalisme ? J'ai acheté un livre il y a quatre ans et il faut dire que les choses n'ont pas vraiment changé. Je vais vous lire l'introduction. Il s'agit du livre de Anselm Japp, j'espère que je dis bien son prénom. Le titre c'est « Béton, arme de construction massive du capitalisme » . Je vais vous lire le prologue. L'élément déclencheur de cet essai a été l'écroulement du viaduc Morandi à Gênes en août 2018. Je m'étais vite convaincue que la cause de cet effondrement, que beaucoup jugeaient incompréhensible, résidait dans le fait même que ce pont était en béton armé, un matériau ayant une durée de vie très limitée. Cela représentait donc un cas d'école de l'obsolescence programmée si vitale au capitalisme. Cependant, en me documentant sur les méfaits du béton armé, j'ai pris connaissance des griefs importants qui avaient déjà été formulés contre lui, même si leur diffusion restait plutôt limite. Anselm Japp se définit comme un théoricien de la critique de la valeur. Ça fait quelques années qu'il y pense, ça fait quelques années qu'il critique le béton, et pourtant ça ne fait toujours pas écho. Le business du béton, c'est un business juteux. Pourtant, c'est assez simple de faire du béton. C'est du sable, des graviers... Du ciment et de l'eau. Rien de bien méchant. Sauf que, il faut beaucoup de sable et les plages ne suffisent plus. Beaucoup ont et sont pillés. La production de ciment est l'une des industries les plus polluantes au monde. 8% des émissions de CO2 mondiales. Les grandes entreprises du BTP n'ont aucun... intérêt à ralentir cette cadence plus on construit plus elles encaissent on va partir au cap vert pas pour les sables chauds pas pour le soleil sur la peau on va partir au cap vert pour vous parler parler des pilleuses. Les pilleuses du Cap-Vert, ce sont des femmes qui se lèvent très tôt le matin pour aller récolter du sable et ce sable, elles le revendent. Ce sable est fait pour faire du béton. Sauf qu'une loi a été promulguée en 2010 pour arrêter ce pillage local. Jusqu'en 2018, il ne s'était pas du tout arrêté. Mais maintenant, à force de discussions, ces femmes ont compris qu'elles étaient en train d'abîmer leur propre terre, leur propre pays. C'était un véritable trafic. Il y en a beaucoup moins, je ne vous dirais pas que ça n'existe plus, mais ça a quand même drastiquement changé. Parce que, à force de piller le sable, certaines plages ont même été rayées de la géographie du Cap Vert. Donc vous voyez bien, ce n'est pas juste une affaire locale. On peut retrouver ce système en Floride. En Inde, au Groenland, en Ile-de-France, on le retrouve souvent. Et pourtant, les mentalités peinent à changer. Quand on sait qu'en plus on construit des immeubles qui vont durer 50 ans, au grand maximum qu'il faudra les refonder, les retravailler, mais qu'on se... qu'on s'obstine à continuer à construire de la même manière, ça devient vite très très très frustrant. Ça devient très vite frustrant et il va falloir qu'on trouve des solutions. Les solutions commencent petit à petit. à les trouver, ça reste quand même difficile de les appliquer. Des alternatives plus intelligentes. Est-ce que c'est vraiment les alternatives qui doivent être plus intelligentes ou c'est l'être humain qui doit reconsidérer ? considérer ce qu'il est en train de faire. Si vous avez la réponse, envoyez-la moi. Donc, qu'est-ce qu'on pourrait faire ? Rénover plutôt que détruire ? On a énormément de bâtiments, on a vu que la population n'augmente pas tant que ça, pourquoi pas rénover plutôt que détruire ? À quoi bon raser des bâtiments quand on peut les réutiliser ? Je dis bien quand on peut les réutiliser, je me rends bien compte que les bâtiments d'un siècle... des bâtiments qui sont dans l'insalubrité, on ne va pas les garder, mais on peut aussi recycler ce qu'on détruit. En Allemagne, par exemple, on impose la rénovation avant toute nouvelle construction. Mais chez nous, on préfère encore sortir les bulldozers. Exploiter, réutiliser les espaces sous-exploités. On l'a vu avec le Covid, il y a énormément de bâtiments, de bureaux surtout, qui sont vides. Donc transformons-les. en logement. Je vois souvent des bureaux qui sont transformés en logement, qui sont réutilisés. Ça apporte de la valeur, une valeur vraiment à ajouter. Des parkings aussi qui sont abandonnés, parce qu'il y a des bureaux, des parkings. On peut en faire des jardins urbains, les ouvrir à la population locale. On doit densifier différemment. Plutôt que d'étendre les villes à l'horizontale, tout... toujours en s'agrandissant, c'est ce qu'on appelle l'étalement urbain. Pourquoi ne pas construire en hauteur ? Donc ça, ça a fait beaucoup de débats, parce que quand on dit hauteur, on pense toujours aux cités, aux grands ensembles, on pense à la violence, à la décadence, alors que non, construire en hauteur, permettre aussi des permis de construire sur une surélévation, permettrait dans une mesure retravailler, travailler avec la localité. avec les habitants, avec la municipalité, ça permettrait vraiment d'avoir une perception de la vie qui soit différente. Et il faut aussi sortir du schéma de hauteur est égal banlieue, banlieue est égal insécurité et insécurité est égal violence. Parce que c'est ça en fait le problème. Je vais vous parler d'un projet qui s'appelle Ilo Fertile. C'est dans le 19e et ce projet, c'est un projet test pour une ville verte et durable. Je pense que vous allez savoir, on utilise déjà du bois. Donc le bois, attention, le bois c'est pas mal. Mais si c'est pour faire du Ikea et qu'on fait finalement, on remplace le béton par le bois dans le schéma de densification, etc. Ça reprendra exactement le même schéma qu'annonce ou que dit Anselme Jabbéton dans le sens où ça deviendra lui-même un matériau du capitalisme. de remplacer un matériau par un autre, c'est d'en avoir plusieurs. Mais pour ce projet-là, on a utilisé le bois qui reste quand même très peu utilisé en France, contrairement à nos amis canadiens. Une autonomie énergétique, donc avec des panneaux solaires et des solutions de récupération d'eau, ça c'est quelque chose d'important qu'il va falloir vraiment assimiler. On ne peut plus juste tirer la chasse d'eau et ne plus savoir où va partir notre eau. Bientôt, la ressource, elle sera rare. Je sais que nous ici, on a, quand je dis nous ici, en Occident, on n'a pas de problème par rapport à ça. Mais moi qui ai voyagé au Mexique, en Chine, en Afrique, dans certains pays en Afrique, c'est un vrai problème. L'eau c'est un vrai problème, c'est une ressource rare. Donc savoir où part l'eau et la recycler. Ce serait vraiment quelque chose de salvateur, je dirais. Et pour finir, le projet de l'îlot fertile travaille sur un équilibre entre espace de travail et espace de vie. C'est quelque chose qui devient de plus en plus important. Donner du sens à ce qu'on fait, à ce qu'on est. Pourquoi est-ce qu'on fait les choses ? Donc avoir un équilibre entre espace de vie et espace de travail, c'est très recherché. Les employeurs le mettent en avant. L'humain est mis en avant. Donc c'est aussi pour éviter les immeubles fantômes la nuit. Au tout début de la construction de la défense, il y avait des gens le jour et la nuit, il n'y avait personne. On a mis très longtemps à mener des logements en sa périphérie. On a mis vraiment beaucoup de temps. Je ne parle pas des villes comme Surin qui étaient... à quelques minutes en transport. Je parle vraiment de minutes à pied, à 2 minutes, 5 minutes, 10 minutes. Il n'y avait vraiment que des bureaux. Et c'était très glauque le soir. Moi, je me suis promenée, je me suis amusée à me promener à la Défense. C'était vraiment très glauque. Donc là, ce côté-là, il a un peu changé. On l'a remanié. Bref, avec ce projet, on a une preuve qu'on peut faire autrement. Il y en a plein. Je vous ai cité celui-là, mais il y en a vraiment plein. Il faut surtout, surtout en France, c'est arrêter de faire que du béton. Le béton, ce n'est pas une religion. Ça a été un atout pendant un moment, justement pour la Seconde Guerre mondiale, pour retravailler les logements, pour les fabriquer en masse, etc. Mais on peut cesser cette artificialisation parce qu'il y a le réchauffement climatique qui arrive et ça devient essentiel, ça devient vraiment vital. Alors, on fait quoi maintenant ? Est-ce qu'on continue de bétonner ? Jusqu'à ce que les arbres soient implantés sur les toits des centres commerciaux, ça fait un peu bizarre quand même. D'ajouter du verre alors que le verre est déjà là, il existe déjà. Ça fait un peu patchwork. Donc il est temps de repenser notre manière de construire. On peut optimiser l'existant, rénover plutôt que détruire et utiliser des matériaux plus respectueux. Vraiment plus respectueux. Et donc, si cet épisode vous a permis de cogiter, parlez-en, faites un commentaire, revenez vers moi, revenez vers Solène, revenez vers moi, et ce sera avec plaisir qu'on pourra... en discuter. Et la prochaine fois, j'espère que vous aurez petit à petit, grâce à cet épisode et aux autres aussi, pu changer un petit peu votre fusil d'épaule ou voir l'architecture et l'urbanisme aussi. Parce que je pense que l'un ne va pas sans l'autre différemment pour retravailler la maison individuelle, les logements collectifs, la ville, le territoire, plein d'autres choses. Parce que... L'architecture n'est pas tout. On dit souvent que tout est politique et moi je dirais que tout est architecture. Voilà, voilà, c'était la fin de cet épisode. Je vous dis à très vite. J'étais ravie d'être avec vous. C'était Yankoso. Ciao, ciao.