Speaker #1J'ai mes voisins. Oui, on commence comme ça aujourd'hui. J'ai mes voisins. J'ai mes voisins. J'ai mes voisins. J'aurais presque pu être une parolière hors pair et finir numéro 1 au top 50. Je ne sais même plus si le top 50 existe encore. Bref. Aujourd'hui, on parle du voisin, ce co-maître d'ouvrage autoproclamé. Et j'espère que vous êtes prêts, prêtes pour cette chronique. Avant ça, je vous parle de mes voisins. samedi dernier Attika a débarqué chez moi pour qu'on configure son whatsapp c'est ma voisine du 6e deux heures plus tard c'était persil ma voisine de palier coincé hors de chez elle elle avait coincé la porte elle avait laissé la clé derrière bon comme d'habitude dans tous les trois mois environ elle fait ça la dernière fois c'était deux fois dans le mois donc ça c'était exceptionnel et puis mon voisin karim qui m'a aidé avec le déménagement d'un ami bref Mes voisins font partie de mon quotidien, ils sont super, c'est un peu une petite famille, je me sens bien ici, dans l'immeuble avec eux. Mais dans cette chronique, je vais vous parler d'autres voisins, ceux qu'on ne connaît pas ou à peine, ceux qui signent des courriers recommandés quand on dépose un permis de construire, ceux qui, sans qu'on leur ait rien demandé, deviennent un co-maître d'ouvrage autoproclamé. Parce qu'ils ne construisent pas, eux, malgré tout ça. Ils sont là, ils sont présents depuis des années, donc ils pensent que tout leur est dû, qu'on doit leur indiquer ce qui se passe. J'espère que vous n'êtes pas en train d'entendre la sirène qui passe derrière moi. Si vous l'entendez, je ne vais pas m'arrêter parce que c'est la cinquième introduction que je fais. Et tant pis, je continue quand même. Donc, on va parler de ces voisins co-maîtres d'ouvrage autoproclamés. Et ils ont un pouvoir réel. Sur ce que vous allez construire, sur ce que tu vas construire, sur ce que tu veux construire. J'ai laissé le titre au masculin. Et c'est pas un oubli. Ça arrive souvent avec le genre opposé. Plus souvent en tout cas. L'illusion du terrain à soi. Quand on achète un bien, on pense que l'histoire commence par là. Alors, j'ai envie de m'amuser aujourd'hui. Il était une fois un terrain, des plans, une vision. On pensait que tout allait bien, qu'on allait avoir une vie de famille agréable, qu'on allait faire les enfants et que tout allait se passer bien. Sauf que vous savez que les contes de fées n'existent pas. C'est une illusion. Car en fait, quand on achète un morceau de ville, un bout d'un tout, parce que c'est un bout d'un tout, Il est traversé par des règles visibles et invisibles. Avant même le premier coup de crayon, il y a les murs mitoyens, les vues directes, les servitudes de passage, de lumière, d'écoulement des eaux. Tout ça, c'est une architecture qu'on ne voit pas ou on n'a pas envie de penser à ça. C'est des contraintes humaines, c'est des contraintes qui s'écrivent dans le langage du droit. Et ça, à chaque fois que je commence à faire un permis de construire, je regarde déjà cette perception-là. Je regarde les voisins, comment ils ont construit, qui ils sont. Je fais attention aussi au réseau. Je vais à la mairie, je pose des questions, je me présente. C'est des choses qu'on ne fait pas très souvent. En général, une personne dépose un permis de construire sans aller. Sans être allé voir la ville, ça ne va pas forcément bien se passer. Donc il y a des choses qu'on ne dit pas sur Internet. Par exemple, on va regarder les cinq piliers du permis de construire, etc. Mais ça ne marche pas comme ça. Il y a aussi des relations humaines derrière. Ce n'est pas que de l'administratif sur de l'administratif. Dans l'idéal, le permis de construire est là pour jouer les médiateurs. On a plein de règles. On va les regarder. On va les assimiler. Et à partir de là, on va faire un projet. Et il faut respecter le PLU. Mais aussi... Votre projet doit respecter les autres et les autres sont les voisins. Une fenêtre mal placée, un toit trop haut, une extension trop proche. Et voilà un avis défavorable. La mairie ne va pas aller plus loin. Avis défavorable, stop. Et puis vous refaites un autre projet. Donc, ce n'est pas pour l'idée en soi. C'est parce qu'il y a un impact derrière l'idée. Et ça, c'est un hic. Même avec un permis en... poche, rien n'est garanti. D'accord ? Il peut y avoir un avis défavorable avant, mais une fois que vous obtenez le permis de construire ou la déclaration préalable, il peut y avoir un hic, parce que les voisins, eux, peuvent faire un recours. C'est ce qu'on appelle le recours des tiers. Ils ont deux mois. N'oubliez pas d'apposer l'avis favorable. Certaines personnes ne l'apposent pas, elles ont peur, elles se disent Je ne vais pas déposer parce que sinon les voisins vont voir ce que je fais, etc. Ce n'est pas ça. Vous êtes hors la loi dès que vous faites ça. C'est un gros mot hors la loi, mais c'est le cas. Quand vous avez le permis accepté, vous déposez l'avis favorable pendant deux mois. Parce que ne pas le mettre, ça prolonge la capacité des voisins à venir faire des reproches à la mairie et à venir parler de manière plus longue. Respectez la loi. C'est l'idéal. pour le côté administratif c'est vraiment ce qui est important ne lésinez pas là dessus n'ayez pas peur ce n'est que de du bon sens si vous avez un voisin vous lui avez caché quelque chose c'est un peu comme si vous cachiez quelque chose à votre frère je sais que vous allez vous dire votre voisin c'est pas mon frère mais dans ce cas de figure là ça l'est votre voisin de droite votre voisin de gauche votre voisin de côté votre voisin de l'arrière ce sont vos frères et soeurs. Ne leur cachez rien. Je ne vous dis pas de montrer les plans intérieurs. Ce n'est pas ça. Attention. Juste communiquer de manière normale. Un jour, j'ai travaillé sur un projet où le permis avait été obtenu. Donc, sourire, signature, champagne, tout semblait bien enclenché. Et puis, le client, après, parce que je me suis arrêtée au permis de construire, je l'ai laissé faire le reste. Le client a légèrement modifié les ouvertures. et là. augmenté le mur de clôture donc il devait faire de mètres il l'a fait à 2 mètres 50 il a fait aussi un mur de clôture à l'arrière ne respectait pas je ne sais pas si les fondations sont bonnes etc donc il est repassé sans les il a fait les travaux mais il n'a pas respecté le terme résultat Le voisin a fait un signalement, la mairie a envoyé un courrier avec des astreintes, la construction a eu lieu avant, mais là on lui demande de défaire ce qu'il a fait. Donc le climat s'est tendu. Donc là c'est pas un coup de crayon de trop, là c'est les travaux de trop. C'est une relation de voisinage qui s'est effondrée. Une autre histoire, un conduit d'aération à refaire dans un immeuble pour un restaurant. Il s'avère que bon, c'est un immeuble parisien. Le restaurant est au rez-de-chaussée. Le conduit se trouve non pas sur le mur de l'immeuble concerné, mais sur le mur mitoyen. C'était durant les années 60. Donc tout Paris, les restaurants, etc. avec des codes qui ne sont pas encore aux normes. Le permis, les travaux ont été faits sans accord. Mais ça, ça remonte à plus de 60 ans maintenant. Le conduit doit être fait. Au départ, le client était pressé, il était motivé. Mais moi, j'arrive dans l'histoire, il faut quand même que ce soit engagé, engageant, que les gens s'accordent et il me faut des accords écrits. Au départ, tout le monde disait, ok, il n'y a pas de souci. Nous, on veut faire les travaux parce que ça nous fait du bruit. La nuit, on n'arrive plus, ça résonne dans l'immeuble, etc. Dès que j'ai demandé des accords écrits, ça a été un problème. Silence radio. Donc là, on commence à travailler un peu sur les diplomaties. Le client, il n'y arrive pas. Ça prend plus de temps, il n'est pas content, mais c'est comme ça. Il va falloir prendre sur soi. Donc, ce qu'on construit dépend de ceux qui vivent juste à côté. Ça, c'est quelque chose qu'on n'arrive pas à assimiler en France parce que la question de la propriété est tellement énorme. On se dit, non, c'est chez moi, je fais ce que je veux. Non, vous avez acheté un bout de la ville. Ce bout de la ville, il appartient à la mairie, il appartient à l'État. Et il faut faire attention à ce que vous construisez. Ce qui est à l'intérieur, pas de souci. Ce qu'on voit depuis l'extérieur, il faut faire attention, il faut respecter les règles, les codes. Et pensez aussi à la relation de voisinage. Et c'est dans ce sens-là que votre voisin va s'autoproclamer qu'au maître d'ouvrage. Avec ce que je viens de vous dire, comment est-ce qu'on anticipe tout ça ? Informer, communiquer, impliquer sans imposer. Oui, l'architecte devient parfois médiateur, presque psychologue. Il ne faut vraiment, vraiment pas avoir peur avec un petit soupçon de diplomatie. J'ai mis du temps à être diplomate, peut-être parce que je n'ai pas baigné dans ce type d'environnement. C'est un peu cash pour moi, on dit les choses et puis c'est bon, sans rien cacher quand même. être honnête jusqu'au bout. Une dorée assez rare de ce que je vois par rapport à mon expertise de la construction. Parfois, il y a des gens qui revendent en sachant qu'il y a des malfaçons, des aléas. Ils ne disent rien, mais vraiment, jouer la transparence. Encore une fois, je ne vous dis pas de montrer ce qu'il y a à l'intérieur de l'appart, de la maison. Juste dire les choses concrètement. Prenez un café. au salon, si vous avez un jardin, n'hésitez pas à parler à votre voisin. C'est des choses vraiment, c'est des choses sommaires, des choses simples, mais c'est comme si ça devenait trop difficile maintenant de parler à quelqu'un d'autre. On est tellement apeuré, on a tellement de choses en tête, on se dit non, il est jaloux, etc. Alors que parfois, juste un petit déclic, juste une discussion, on peut. tout changer, je vous assure que ça peut vraiment tout changer. C'est pas pour leur demander la permission, mais pour qu'ils comprennent ce que vous faites. Parce que justement, en ne disant pas les choses, le voisin il va se dire, ah mais en fait il est en train de faire ça, pour ça, etc. Donc non justement, c'est pas demander la permission, mais c'est pour qu'ils comprennent réellement. Parce que souvent, ce qu'ils redoutent ce n'est pas le projet. C'est la surprise. Et la surprise, elle va être négative dans leur tête. Donc, encore une fois, ce n'est pas le projet qui redoute, c'est la surprise. On trouve des compromis. Des compromis magnifiques parfois. Donc une fenêtre déplacée d'un mètre. On reconfigure l'intérieur. Une haie qui est conservée. Un matériau changé. Ce n'est pas parce que le permis a été accepté administrativement, parce qu'entre moi et la mairie, ça va être que de l'administratif. Oui, bien sûr, je vais aller communiquer sur votre projet, je vais parler, mais globalement, le premier lien que j'ai avec la mairie, c'est de l'administratif. Maintenant, il y a un deuxième lien qui doit se créer entre vous et vos voisins. Et c'est là que parfois, de nombreuses personnes pêchent. Donc, ne faites pas la même erreur. Une fois qu'il y a cette parole, cette prise de parole, cette conversation, là tout d'un coup, le projet devient acceptable. C'est tellement simple. Parfois, il suffit juste d'un mot et puis tout change. Donc, ça devient même du soutien. Et le projet, il est soutenu. Je vous assure, ça change vraiment, vraiment les choses. L'architecture, c'est une possibilité de changer les choses. C'est un art de la relation. Ne le prenez pas uniquement comme je dessine. Je dépose et puis basta. Non, construire, réhabiliter, rénover, ce n'est jamais un acte solitaire. C'est un dialogue, parfois un bras de fer, souvent un jeu d'équilibriste. Et si vous voulez faire de l'architecture vraiment durable, commencez par écouter autour de vous. Commencez par voir autour de vous. N'oubliez pas. Ce que je disais au tout début, j'aime mes voisins, j'aime mes voisins, j'aime mes voisins. Car les murs que vous dressez vivent dans un tissu de relation, il y a des gens autour de vous. Il y a une atmosphère autour de vous, il y a une histoire qui s'est créée. Quand vous arrivez et que vous changez tout, ça peut fausser justement quelque chose d'intéressant. Et d'où l'importance de jouer sur l'équilibre. Et parfois, ce sont les voisins... qui tissent ces fondations invisibles. Parfois, ce sont ces voisins qui vont venir vous aider, qui vont venir vous triturer, qui vont venir vous donner des pistes, des idées, parce qu'ils sont là depuis 10, 20 ans, etc. N'oubliez pas ça. J'aime mes voisins. J'aime mes voisins. J'aime mes voisins. Je me serai bien amusée avec vous. Je vous dis à bientôt pour une nouvelle chronique. À bientôt. Ciao, ciao.
