- La radio des Français dans le monde
Flash influence. Voici 60 secondes dans le monde.
- Gauthier Seys
Direction Los Angeles. Nous sommes le 10 janvier. Il est 19h30 en France. Et bien à Los Angeles, il est un peu plus tôt. C'est l'heure du café. Caroline, bonjour, bienvenue.
- Caroline Ruszkowski
Oui, bonjour Gauthier. Oui, il est 10h30 du matin.
- Gauthier Seys
On a eu l'occasion d'échanger ensemble. Tu as créé une société qui s'appelle LENI. Tu t'occupes du design intérieur. à la française sur Los Angeles où tu vis en famille depuis 8 ans. On a échangé tout à l'heure, je t'ai demandé si tu étais d'accord pour réagir. En l'occurrence, tu as accepté et tu as même annoncé il y a quelques instants que vous aviez pris la décision de faire les bagages et de quitter la maison parce que les feux se rapprochent.
- Caroline Ruszkowski
En fait, nos valises sont déjà prêtes depuis mardi pour tout te dire. Mardi soir, la nuit. Elle était assez terrifiante et on était prêts à, comme on n'est pas loin du feu de palissade, palissade fire, qui s'est étendu énormément, on est en limite des zones d'évacuation et du coup on a prévu de partir à deux heures d'ici pour le week-end.
- Gauthier Seys
Vous avez eu des messages, notamment du consulat, pour vous annoncer un petit peu, vous avez reçu des informations ?
- Caroline Ruszkowski
Oui, le consulat a été hyper actif. Connaissant quelques personnes, ils contactent les gens pour essayer de mettre en relation les gens qui ont pu perdre leur maison. Ils sont très, très, très proactifs. Et puis, tous les systèmes d'information, notamment il y a plusieurs applications dont Watch Duty, qui dès mardi a fonctionné et montrait bien les progressions des feux, les zones d'évacuation. Donc on est en alerte depuis mardi. L'école a fermé depuis mardi après-midi. On a beaucoup d'amis qui sont touchés, qui ont perdu leur maison, notamment du feu de Palisade et du feu d'Altadena-Pasadena. C'est terrifiant.
- Gauthier Seys
Concrètement, on parle beaucoup de l'air qui est assez irrespirable. Là, quand tu sors, tu t'en rends compte. Même le décor est un peu partout. particulier, chaotique ?
- Caroline Ruszkowski
Ça dépend vraiment de, je dirais même de minute en minute. La première nuit, encore une fois, c'était la plus terrible parce qu'il y avait un vent à décorner les bœufs. Nous, on est en haut d'une colline et tout s'envolait. On sortait, on avait les cheveux en bourrasque. C'était vraiment effrayant. Et là, on sentait énormément la fumée, même dans notre maison. Et maintenant, ça dépend des moments. Il y a des moments où on ne sent pas, on est dehors, on ne se rend pas compte. et d'autres où le vent vient vers nous et là on sent. Donc c'est hyper changeant. On nous dit que c'est très dangereux et qu'il ne faut pas rester dehors, mais on ne le sent pas forcément.
- Gauthier Seys
Vous avez des masques ? Vous avez été équipés ? Ou vous êtes un peu livrés à vous-même ?
- Caroline Ruszkowski
Non, non, non. Ils ont autre chose à faire que de délivrer des masques. On voit des armées d'avions, d'hélicoptères qui risquent leur vie en déposant des... En essayant d'éteindre, de déposer ces espèces de poudres roses, les repellents de feu, ils risquent leur vie. Je pense qu'ils ont autre chose à faire que de nous équiper de masques, et tant mieux.
- Gauthier Seys
Le comble, c'est d'être dans la capitale du cinéma et qu'aujourd'hui, un véritable film catastrophe a lieu autour de vous. Les gens, les humains, aujourd'hui, en 2025, ne sont pas capables d'arrêter le feu. Tu es surprise que ça prenne... de telle proportion aujourd'hui, qui n'ait pas eu un peu plus de préparation, un peu plus de moyens, et que ce feu se développe à tellement grande vitesse sans qu'on puisse rien faire ?
- Caroline Ruszkowski
C'est vrai qu'on est des petites choses. Apparemment, il y a eu des cailloux ou des problèmes dans l'organisation, notamment à Pacific Palisade, il n'y avait pas d'eau dans les espèces de bouches où les pompiers peuvent se brancher. Quand on voit les images, c'est comme après une bombe. Il n'y a plus rien. Donc, je pense qu'après, il va sûrement y avoir des explications, etc. Il y a eu quand même un feu qui a été aussi criminel. Hier, qui s'est déclaré, hier après-midi, pas loin de chez nous. Ils ont arrêté celui qui a fait ça. Mais oui, on était en sécheresse depuis, je crois, octobre. notamment dans des canyons, et on a l'impression qu'il n'a pas eu les moyens de la ville pour propulser sur ça. Après, honnêtement, les batailles politiques se développent dès le lendemain des catastrophes. Il faut rester concentré sur le soutien aux pompiers, donner de l'argent aux pompiers pour qu'ils puissent agir, qu'ils aient des kits de survie. Je sais que le Canada, on va aider Canadair. C'est ça sur lequel il faut se concentrer.
- Gauthier Seys
Ça fait une dizaine d'années que vous êtes installé en famille dans la région de Los Angeles. Tu connais beaucoup d'autres Français, je suppose, aujourd'hui. Il y a un petit réseau qui s'est organisé, un groupe WhatsApp, vous échangez entre vous, vous soutenez, vous entraidez, vous informez ?
- Caroline Ruszkowski
Il y a beaucoup d'entraide, on a plein de WhatsApp, je pense que c'est le sketch du WhatsApp, tout le monde a des WhatsApp de partout. Oui, on communique beaucoup, soit par quartier, puis il y a la communauté de l'école, nous c'est le LILA, c'est l'école internationale, dont notamment le collège et lycée est à Burbank, et il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de familles. qui sont à Altadena, Passadena, et il y a une collecte qui s'est mise en place. On va déposer des vêtements, de tout ce qu'on peut donner. Je suis désolée, je suis un peu émue pour ces amis qui ont tout perdu. Mais oui, il y a beaucoup de... Je pense qu'il y a de la solidarité. Après, on ne sait même pas comment on va pouvoir les aider, parce qu'ils repartent de zéro.
- Gauthier Seys
Vous êtes alerté qu'il peut y avoir des tremblements de terre. Finalement, c'est le feu qui vous surprend. Je te vois choquée un peu par la situation.
- Caroline Ruszkowski
Les feux, ça fait partie du lot. Donc, ça fait neuf ans, le 15 janvier, qu'on sera arrivés. Pas plus, je crois, depuis huit mois de manière conséquente. Donc, ça fait partie quand même intégrante. Mais là, c'est du jamais vu. La ville, il y a des villes qui disparaissent. Ils vont mettre, je ne sais pas combien de temps à vos consultations. Je ne sais pas comment les gens... vont pouvoir se réinstaller dans leur quartier et quand ça va l'être. Et c'est épouvantable.
- Gauthier Seys
Donc là, vous allez partir, vos bagages sont prêts. Et avec ce stress de se dire, on pourrait ne pas retrouver d'autres maisons, ça fait partie des scénarios ?
- Caroline Ruszkowski
Ça fait partie des scénarios. Maintenant, on essaie de ne pas trop se le dire. Hier, on a eu une petite panique, hier après-midi, puisque c'était très stressant. Et donc, on était là, qu'est-ce qu'on prend ? Bon, on va prendre, moi, je prends quelques objets que mes parents, mon père ou mes grands-mères m'ont donnés. Et puis voilà, et puis Inch'Allah, et non, on ne pense pas à ça. On se dit que ça va aller parce que, encore une fois, nous, on n'est pas dans la zone, on est dans la grande zone red flag et pas loin des zones d'évacuation de Palisade. Mais on se dit, en effet, ça peut arriver, mais… On ne part pas comme ça. Là, on va partir sereinement, un peu stressé, en se disant que ça peut arriver. Mais je pense plutôt à ceux qui sont dedans ou qui ont été évacués déjà.
- Gauthier Seys
Merci en tout cas, Caroline, d'avoir réagi rapidement. C'est vrai qu'entre le moment où on s'est parlé maintenant, tu m'as dit finalement, on va partir. Vous devez prendre des décisions un petit peu à chaque instant. Du coup, le travail s'est mis de côté, l'école s'est mise de côté, la vie est chamboulée.
- Caroline Ruszkowski
C'est comme un peu le début du Covid où on était obsédé par le sujet. C'est assez effrayant, terrifiant. Notamment, mon mari travaille avec la France. Il a des calls qui continuent à 7h du matin. Mais il est aussi très chamboulé et c'est difficile de tout faire. Mais bon, là, ça va être le week-end et on va pouvoir un peu se ressourcer en famille.
- Gauthier Seys
En tout cas, je vous souhaite de vous mettre... à l'abri et on garde contact dans les prochains jours en espérant quand même que ce vent va tomber et que ces incendies puissent être stoppés. Merci d'avoir réagi sur la radio des Français dans le Monde.
- Caroline Ruszkowski
Merci Gauthier.
- La radio des Français dans le monde
L'info des expats sur la première radio des Français dans le Monde.