- Speaker #0
Flash Influence, voici 60 secondes dans le monde.
- Speaker #1
Nous repartons dans le sud de l'Espagne pour retrouver Paul Pierrot-Taranto, rédacteur en chef le petit journal Valence. Paul qui va nous donner quelques informations alors qu'au moment où on enregistre, il est 20h30 ce dimanche, une nouvelle alerte rouge aux pluies a été annoncée. Il y a un peu de panique par rapport à cette situation. Les médias annoncent plus de 200 morts. La réalité est sans doute bien plus loin. Paul, bonjour.
- Speaker #2
Bonjour Gauthier, bonsoir.
- Speaker #1
Alors au moment où on enregistre une nouvelle alerte rouge, tu dis qu'il y a une certaine panique depuis que l'annonce a été faite.
- Speaker #2
Oui, totalement. Il y a eu un vent de panique dans le village de Paille-Porta, où j'étais il y a environ deux heures. Les habitants qui sont livrés eux-mêmes, évidemment, étaient très inquiets d'apprendre cette alerte, cette vigilance rouge. La pluie a recommencé à tomber. Donc c'était vraiment un vent de panique, on peut dire ça.
- Speaker #1
On parle justement de Paiporta, puisque tu y étais tout à l'heure. La ville est dévastée, c'est un peu comme tu disais l'épicentre de ce drame. L'armée n'est rentrée qu'aujourd'hui, au bout de cinq jours. Mais où était-elle ?
- Speaker #2
Écoute, c'est la grande question que se posent tous les habitants. Je pense que là, c'est vraiment unanime. Les gens se sont excédés, très en colère. Après l'accélération, maintenant, il y a la colère. Le rejet, ils ont accueilli avec de la boue le roi d'Espagne, le président du gouvernement et aussi du gouvernement autonomique, Masson. Toutes les personnalités politiques ont été reçues vraiment avec des insultes et de la boue. Et les gens ne comprennent pas cette situation, ils se sentent complètement livrés eux-mêmes. Voilà, et en effet, je peux confirmer que l'armée n'est arrivée qu'aujourd'hui, ce matin, à Paille-Port-de-Lune. Et pendant cinq jours, elle n'était pas là, les militaires.
- Speaker #1
On annonce plus de 200 morts. Tu me disais, il y a quelques instants, qu'à Paille-Porta, tu pouvais constater encore que des ponts arrachés, des maisons détruites, faisaient qu'il y avait encore des corps qui étaient dans la rue. Donc, on va être loin du compte sur le bilan. Écoute,
- Speaker #2
je crains. Aujourd'hui, j'ai interviewé une personne qui disait qu'il y a sans doute des milliers et des milliers de personnes encore, de cadavres, de personnes disparues. Et je... Je crois en effet que c'est malheureusement vrai. Rien qu'à Paiporta, sous les ponts, j'ai vu, je peux le confirmer, des cadavres. Les ambulanciers, les pompiers étaient aussi en train d'entrer dans des garages, dans des caves, etc. Donc en effet, je pense qu'il y a beaucoup plus de cadavres. Et d'ailleurs, c'est assez surprenant parce que depuis à peu près deux jours, le bilan humain n'a pas... vraiment évolué, en tout cas pas beaucoup. Donc je pense qu'on est loin du point, malheureusement.
- Speaker #1
En parlant sur la radio des Français dans le monde, des Français qui vivent dans la zone, on a entendu parler de Français disparus.
- Speaker #2
Oui, oui, tout à fait, il y a des Français disparus. Alors, à ma connaissance, il n'y a pas de morts. En tout cas, oui, il y a des Français disparus.
- Speaker #1
Au moment où on se parle, on se voit en visio. Tu m'as envoyé quelques photos aussi. On voit que tu es fatigué, il y a une certaine lassitude qui s'est installée. Comment se passe le quotidien, sachant que beaucoup d'infrastructures ont été détruites ? Comment est-ce que ça fonctionne, les magasins, manger, boire, etc. ?
- Speaker #2
Il y a eu là aussi un vent de panique. En tout cas, les premiers jours, les gens se sont rués vers des magasins, etc. pour acheter vraiment de l'eau, de la nourriture. peu en train de revenir à la normale, heureusement. Mais oui, ce que je peux te dire, c'est que moi, je suis un peu fatigué, je ne te cache pas, parce que ça fait 5 jours que je couvre tout ça. Et donc, c'est assez émouvant, et surtout aujourd'hui, je crois que c'est un peu un effet de saturation. J'ai pris conscience, parce que je vis à Valence, et comme je te le disais lors du dernier épisode, à Valence, on a l'impression d'être dans une bulle, en fait, sous une cloche. On a l'impression de... de ne pas avoir été vraiment, et c'est vrai d'ailleurs, touché par tout ce qui se passe. Mais en revanche, dès qu'on sort de Valence, c'est un paysage d'apocalypse. Et donc là, par exemple, je m'abride parce qu'il y a de l'orage et de la pluie dans un hôtel où il y a des touristes qui prêtent de la sangria. Et ce n'est pas un reproche, mais ils sont là et ils sont en vacances. Moi, j'ai les pieds pleins de boue. Je suis en train de te parler, j'ai les pieds pleins de boue parce qu'à deux heures, on était dans ce charnier. Il n'y a pas d'autre mot. Et voilà, donc c'est un peu en effet, l'effet de contraste est dur à... assimilés, on va dire.
- Speaker #1
Alors justement, c'est ma dernière question. C'est une région extrêmement touristique. Tu parlais à l'instant de touristes qui sont actuellement présents. Ceux qui ont prévu d'y venir, comment c'est en fait dans la région ? Parce qu'on a toujours du mal avec les médias de savoir faire le tri dans les informations. C'est toute la zone, toute la région qui est sinistrée. Comment ça se passe ?
- Speaker #2
Écoute, c'est surtout, c'est principalement la partie sud de la province de Valence, donc de la région valencienne. en dehors de la ville, c'est-à-dire intramuros, la ville est intacte. Aujourd'hui, si tu veux, les seules séquelles entre guillemets, ce qui peut nous donner, nous faire penser qu'il y a en effet quelque chose qui n'est pas normal, c'est que le débit d'eau dans les robinets etc. ou les douches est très très faible. D'ailleurs, pour anecdote, je n'ai pas pu me doucher ce matin parce qu'il n'y avait pas d'eau. Mais voilà, mais à part ça, ici on a l'impression, oui et maintenant il pleut, d'accord, mais on a l'impression que tout va bien entre guillemets. Mais dès qu'on s'aventure un peu en dehors de... de la ville et dans la partie sud principalement. Alors là, c'est évidemment encore une fois un paysage de dévastation.
- Speaker #1
On a tous cette sensation qu'il y a quelques jours il s'est passé un événement énorme mais quand on voit les dernières informations avec le retour de la pluie, est-ce que tu crains qu'une deuxième vague se mette en place ?
- Speaker #2
Je suis quelqu'un d'optimiste et j'ai parlé ce matin à un expert qui semblait relettre relativement nuancé dans son propos, qui disait qu'a priori, s'il ne pleut pas trop, ça ne devrait pas avoir lieu. Une réplique, en tout cas, ne devrait pas avoir lieu. Mais en effet, je peux t'assurer qu'à Paiporta, même quand j'étais tout à l'heure à Paiporta, il y a deux heures, j'étais vraiment inquiet. J'étais vraiment inquiet et surtout la peur. La peur se lisait sur les visages des habitants qui nous disaient, qui nous criaient dessus presque, ils disaient rentrez, rentrez, dépêchez-vous, prenez une voiture, ou alors ils étaient prêts à nous accueillir chez eux parce qu'ils avaient vraiment l'impression que la vague allait déferler.
- Speaker #1
C'est peur et colère.
- Speaker #2
Peur et colère, exactement. Peur, je dirais scilération, mais maintenant on est plus dans le registre de la peur et surtout de la colère.
- Speaker #1
Bon courage en tout cas à toi et à tous ceux que tu connais, à tous ceux qui nous écoutent et qui sont également sur cette zone du sud de l'Espagne. Merci pour ton témoignage. Reviens quand tu veux.
- Speaker #2
Merci Gauthier, merci.
- Speaker #0
60 secondes info sur la radio des français dans le monde.