- Gauthier Seys
Vous allez plonger au cœur d'une nouvelle histoire inspirante. Bienvenue dans 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde. Je suis Gauthier Saïs et j'ai le plaisir de passer 10 minutes avec Alix Chartier qui rentre de Suède et qui va nous parler de son projet qui mélange le design et le culinaire. 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde. françaisdanslemonde.fr J'ai eu la maman, j'ai eu une autre sœur, j'ai naturellement Alix aujourd'hui, puisque Chartier, ça doit vous dire quelque chose, Cécile Lazartic-Chartier est régulièrement sur notre antenne, chroniqueuse de l'interculturel. Elle m'envoie aujourd'hui, eh bien sa fille. Bonjour et bienvenue Alix !
- Alix Chartier
Bonjour Gauthier, merci de m'avoir invité.
- Gauthier Seys
Je suis très content de faire ta connaissance. C'est vrai que j'avais parlé à ta sœur qui à l'époque était dans les Pays Nordiques, qui est retournée... au Canada. Vous êtes une famille qui avait beaucoup de points sur vos cartes miles d'avion.
- Alix Chartier
En effet. Je pense qu'on a eu une éducation où on a appris à voyager assez jeune et on a eu clairement la piqûre du voyage très rapidement. Et donc, on est un peu écarté aux quatre coins du monde.
- Gauthier Seys
Les réunions de famille, ça ne doit pas être simple.
- Alix Chartier
Non, vraiment pas simple. Mais on fait l'effort. C'est important.
- Gauthier Seys
Alors toi, tu es née à Montréal. Donc, tes parents sont français. Ils sont d'Occitanie, Nîmes et Montpellier. Tu vas faire ta scolarité à Montréal, grandir là-bas et passer une grande partie de ta vie. Si on se reprojette un peu dans cette période d'adolescence, tu te sentais française ou canadienne ?
- Alix Chartier
Très bonne question. Je crois que je me sentais un peu le mouton noir. J'ai... toujours senti que je n'avais pas exactement les mêmes références que tout le monde. Donc, je me sentais un peu plus française. Mais quand j'allais en France, c'était la même chose qui arrivait. Donc, je me sentais plus québécoise. Mais plus j'ai grandi, plus je pense que mon identité, ma double nationalité s'est quand même implantée. Je me sens en fait le meilleur des deux mondes.
- Gauthier Seys
C'est bien. Bonne réponse. Le petit accent qu'on entend fait que quand même, tu es plus facilement classée comme québécoise.
- Alix Chartier
Oui, je pense que j'ai un accent qui... qui s'adapte seulement à qui je parle. Donc, c'est un peu les deux.
- Gauthier Seys
Tu arrives à le gommer si tu as un rendez-vous dans une réunion à Paris ? Tu arrives à gommer l'accent complètement ?
- Alix Chartier
Je pense pas complètement. Je pense que les gens essayent de comprendre des fois, ils me disent belge Je dis non, pas tout à fait Et je pense que le québécois, ça revient. Que je le veuille ou non.
- Gauthier Seys
Mais bon, c'est normal aussi. Tu as eu une grande période de ta vie là-bas. Alors, tu voulais être chef cuisine. Mais voilà, Alix est végétarienne. Et on ne peut pas faire des études, je viens d'apprendre ça et ça m'a stupéfait, on ne peut pas faire des études dans la cuisine si on est végétarien.
- Alix Chartier
À l'époque, c'était très, très fermé. Je pense qu'être végétarien, c'était sorti de l'ordinaire. Moi, j'ai grandi végétarienne, on ne voulait jamais manger de viande. Et j'avais ce rêve de devenir chef. Et en visitant l'UTHQ, l'école de cuisine à Montréal, il n'était pas possible d'être végétarien. Et ça a peu évolué depuis, malheureusement. Donc, ma voie s'est un peu déplacée, mon parcours. Et j'ai fait des études d'art et après de design.
- Gauthier Seys
Et ouais, donc du coup, le design à Concordia, ça c'est à Montréal. Et les Beaux-Arts de Lyon, pareil, il a déjà deux continents différents, pour faire simple. Quel souvenir de cette période. Alors, quand on étudie avec ces deux systèmes, on sent qu'il y a une différence d'éducation. Tout à fait. Oui,
- Alix Chartier
je pense. Je pense qu'en sortant d'une éducation plus dans une université, c'est beaucoup plus sur la recherche, sur amener du contenu dans ton milieu. Donc, c'est vraiment plus sur la recherche. Après, les Beaux-Arts de Lyon, c'était une super école, mais c'est beaucoup plus sur le développement de qui tu es en tant qu'artiste. Donc, je pense que c'était bien d'avoir les deux côtés de la médaille. J'ai un peu pris des informations des deux côtés, mais je pense que profondément, ce que je préfère, c'est la recherche. Donc, un peu plus. l'université, qu'on peut dire.
- Gauthier Seys
Tu veux vraiment toujours prendre le meilleur des mondes dans lesquels tu te trouves.
- Alix Chartier
Exactement.
- Gauthier Seys
Alors, pour être sûre de bien connaître le monde, il y a un an et demi, tu as quitté Montréal et tu vas décider de te promener en Europe pour apprendre un peu plus sur tes envies futures. Tu vas avoir une expérience aux Pays-Bas. Là, c'est Amsterdam. Tu fais quoi ?
- Alix Chartier
Donc, je suis partie de Montréal pour déménager un peu dans le plan. de travailler pendant deux ans, de voyager d'opportunité en opportunité, et puis pour aller voir des designers, des artistes ou des artisans différents. Et puis, j'ai découvert les Pays-Bas, j'ai adoré la culture et j'ai commencé une opportunité de quatre mois à travailler pour un designer qui s'appelle Tépé Valenti, qui vient de Barcelone et est basé à Amsterdam. Donc, c'était découvrir tout un monde sous la pluie.
- Gauthier Seys
C'est vrai qu'il pleut. Puis, Paris.
- Alix Chartier
Oui, en fait, chronologiquement, j'ai plutôt commencé à Paris. J'ai eu la chance de travailler pour une exposition qui s'appelle Amour vivant, qui était la première biennale d'écologie culturelle en France pour la Paris Design Week en 2023. Et puis, j'ai pu faire partie de l'équipe, monter la scénographie, faire de la médiation culturelle et on présentait une quarantaine d'artistes et d'artisans utilisant aucune source de pétrochine dans leur pratique. Donc, c'était un super concept. Je les ai gardés contact, j'ai fait du freelance pour faire du graphisme pour eux, de la recherche, leur site internet, etc. Et puis donc ça, c'était une super opportunité pour me faire un carnet d'adresses, pour m'être plantée un peu plus dans ce monde en Europe que je connaissais un peu.
- Gauthier Seys
Après, tu es allée comme ta maman quand elle était jeune en Italie.
- Alix Chartier
Je pense que ça, c'est vraiment un point qui m'a toujours intéressée. C'est une culture qui m'a attirée. Donc, j'y suis un peu plus allée en tant que touriste. Mais j'ai un rêve de peut-être un jour d'implanté. Ah oui,
- Gauthier Seys
clairement. Et puis, comme ta sœur, un petit passage au pays du froid, la Suède. Tu viens de rentrer de trois mois d'expérience là-bas. Sarah, le temps t'a un peu rodé en étant québécoise.
- Alix Chartier
Oui, c'est quand même assez similaire pour le climat que le Québec, un peu moins froid. Mais je dois dire que tout aussi magnifique. Et puis, je suis tombée dans cette ferme. En fait, c'est un Canadien qui a déménagé en Suède et qui a parti une ferme culinaire, fermaculture, en Scania. Donc, ce n'est pas si loin de Copenhague comme région. Et une super ferme à petite échelle. Donc, j'ai découvert le maraîchage pendant trois mois.
- Gauthier Seys
Et aujourd'hui, l'idée, c'est de devenir une bio-designer, utiliser ce qu'on jette d'habitude, essayer d'innover, de créer de nouveaux matériaux. On est à un moment un peu charnière dans le monde. On sait que le pétrole, le plastique, tout ça, c'est pas terrible. Que ce qu'on a dans nos assiettes, tout ça, c'est pas terrible. Tu veux réinventer un peu cet univers, ce circuit ?
- Alix Chartier
Oui, je pense que de travailler dans cette ferme a ouvert l'esprit, ouvert les yeux. On a beaucoup travaillé en collaboration avec des chefs de la région, ou un peu des acteurs de changement. Et je pense que j'ai vraiment envie, dans le futur, d'ouvrir mon propre studio de design culinaire, pour un peu, avec la même méthodologie qu'un designer que je faisais en tant que designer. Donc, c'est vraiment ancré dans la recherche, essayer de voir un peu les lacunes, ou du moins les sources de matières premières. et un peu essayer de créer des expériences pour reconnecter l'humain à ce qu'on mange, parce que je crois qu'on est complètement déconnectés, et de comprendre qui le produit derrière, combien il énergise sa demande, tout en créant une expérience autour du beau, parce que la nature, pour moi, c'est une source d'inspiration incroyable.
- Gauthier Seys
Toi, tu es une citoyenne du monde, on l'a dit. Quand tu regardes ce monde aujourd'hui, qui est en train d'évoluer, est-ce que tu as l'impression qu'il évolue dans le bon sens ?
- Alix Chartier
C'est tellement une bonne question. Je pense qu'on peut être pessimiste ou optimiste, mais j'ai définitivement choisi le côté optimiste. Je pense qu'à travers tous ces voyages, surtout cette dernière année et demie, j'ai tellement rencontré d'acteurs de changement, des gens qui ont énormément d'énergie de changer les choses dans leur propre milieu. Et moi, ça m'a donné des ailes et j'ai juste envie de les suivre. Et je crois qu'on peut faire énormément en se reconnectant, en créant des communautés soudées avec des valeurs semblables. Et c'est vraiment ce que j'ai envie de participer à ces mouvements.
- Gauthier Seys
Et puis pour terminer, entre la France, l'Europe et le Canada, la partie nord-américaine, ce sont deux cultures qui sont très différentes. La culture, je pense que c'est un sujet que vous devez avoir à table de temps en temps. On prend lequel de ces deux mondes ? Deux façons de voir quand même les choses. Tu me disais tout à l'heure, peut-être un peu plus artistique en Europe, peut-être... plus terre-à-terre dans le fonctionnement nord-américain. Comment tu fais le tri avec tout ça ?
- Alix Chartier
Je vais répondre. De la même façon, j'ai déjà répondu, mais je pense vraiment que c'est essayer de prendre le plus beau de ce que tu vois de toutes ces cultures différentes et en faire une culture que tu aimes. Je pense qu'au bout du compte, c'est un peu une réponse un peu doute faite, mais on est juste humain. Et on fait face un peu aux mêmes choses. Donc, si tu essaies de connecter avec des valeurs similaires, je pense que toutes les cultures, en fait, tu peux te les adapter. Donc, c'est aussi trouver l'endroit. En fait, c'est ça, je pensais tomber en amour avec un endroit et vouloir y déménager pour de bon. Ce n'est pas encore arrivé parce qu'en fait, c'est les gens que tu rencontres qui te font que tu as envie de déménager quelque part et créer ta vie. Donc, je suis encore à la recherche de ce coup de foudre ou du moins de juste créer des communautés de gens.
- Gauthier Seys
Et tu es encore à la recherche d'un endroit où tu vas... Poser tes valises aussi, du coup ?
- Alix Chartier
Oui, je suis un peu plus en recherche d'opportunités ou de collaborations pour enrichir un peu mes compétences pour mon plus grand projet, donc ouvrir un studio de design culinaire. Donc voilà, à la recherche de prochaines opportunités.
- Gauthier Seys
Eh bien, Alix, merci beaucoup d'avoir répondu à nos questions. Je te souhaite le meilleur dans tes études et tes recherches. Et puis, à bientôt sur Antenne de la radio.
- Alix Chartier
Merci beaucoup de m'avoir accueillie.
- Gauthier Seys
À la prochaine.