undefined cover
undefined cover
Expatriation & multilinguisme : Domitilla Delaporte partage des conseils pour aider les adolescents à s'adapter cover
Expatriation & multilinguisme : Domitilla Delaporte partage des conseils pour aider les adolescents à s'adapter cover
FrancaisDansLeMonde.fr présente "10 minutes, le podcast des Français dans le monde"

Expatriation & multilinguisme : Domitilla Delaporte partage des conseils pour aider les adolescents à s'adapter

Expatriation & multilinguisme : Domitilla Delaporte partage des conseils pour aider les adolescents à s'adapter

15min |14/01/2025
Play
undefined cover
undefined cover
Expatriation & multilinguisme : Domitilla Delaporte partage des conseils pour aider les adolescents à s'adapter cover
Expatriation & multilinguisme : Domitilla Delaporte partage des conseils pour aider les adolescents à s'adapter cover
FrancaisDansLeMonde.fr présente "10 minutes, le podcast des Français dans le monde"

Expatriation & multilinguisme : Domitilla Delaporte partage des conseils pour aider les adolescents à s'adapter

Expatriation & multilinguisme : Domitilla Delaporte partage des conseils pour aider les adolescents à s'adapter

15min |14/01/2025
Play

Description

.

Êtes-vous conscient que le multilinguisme peut être une véritable clé de réussite pour les adolescents expatriés ? Dans le cadre du dossier spécial « Les Ados & l’Expatriation » proposé par Francaisdanslemonde.fr avec le soutien des experts d’Expat Pro et le parrainage d’Expat Student, le Spécialiste des candidatures pour les universités au Royaume-Uni, en Europe et au Canada, Gauthier Seys s'entretient avec Domitilla Delaporte, orthophoniste en ligne spécialisée dans l'accompagnement des jeunes en situation de mobilité internationale. Ensemble, ils explorent les nuances du multilinguisme chez les adolescents expatriés, un sujet d'une importance cruciale pour les familles vivant à l'étranger.


Domitilla, forte de son expérience, partage avec nous comment l'expatriation est souvent une décision prise par les parents, plaçant les enfants dans un rôle de suiveurs. Elle met en lumière les avantages indéniables du multilinguisme, tout en n'oubliant pas de mentionner les défis qui l'accompagnent. En effet, selon la situation de chaque adolescent, il peut devenir bilingue ou même plurilingue, mais cela ne se fait pas sans un environnement émotionnel et social propice à l'apprentissage des langues.


Au fil de la conversation, Domitilla aborde également les différences d'âge et de développement qui influencent l'adaptation des adolescents expatriés. Le stress parental peut avoir un impact significatif sur cette transition, et elle propose des conseils précieux aux parents pour aider leurs enfants à naviguer dans ce monde complexe. L'équilibre entre la langue maternelle et la nouvelle langue du pays d'accueil est essentiel, et Domitilla nous guide sur la meilleure façon d'y parvenir.


Cet épisode est une véritable mine d'informations pour tous les Français de l'étranger, qu'ils soient en pleine expatriation, en retour en France, ou simplement curieux d'en savoir plus sur la vie d'expatriée. Que vous soyez un parent, un ado expatrié, ou que vous envisagiez d'étudier à l'étranger, vous trouverez des ressources précieuses et des conseils pratiques pour mieux appréhender cette expérience unique.


Ne manquez pas cette interview enrichissante qui met en avant la richesse des expériences vécues par les adolescents expatriés. Malgré les défis d'identité et d'adaptation, il existe des moyens de transformer ces obstacles en opportunités d'apprentissage et de croissance. Rejoignez-nous pour découvrir comment le multilinguisme peut être un atout majeur dans la vie d'un expat et comment vous pouvez soutenir vos adolescents dans cette aventure passionnante. Écoutez dès maintenant cet épisode de 10 minutes, le podcast des Français dans le monde et plongez dans l'univers fascinant du multilinguisme et de la mobilité internationale !

.

https://www.domidelaporte.com/

.

Podcast n°2390 (janvier 2025) produit par Francaisdanslemonde.fr: Radios & podcasts pour les Francophones qui se préparent ou qui vivent la mobilité internationale. Appli mobile gratuite disponible pour Android & Apple, recherchez FRANCAIS DANS LE MONDE.

.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • La radio des Français dans le monde

    La radio des français dans le monde présente le dossier spécial Les ados et l'expatriation, parrainé par Expat Students, le spécialiste des candidatures pour les universités au Royaume-Uni, en Europe et au Canada.

  • Gauthier Seys

    Et je profite du réseau des experts d'Expat Pro pour pouvoir, sur différents thèmes, aborder ce fabuleux dossier sur les ados et l'expatriation. Direction Munich, on part en Allemagne, retrouver Domitia Delaporte. 25 ans d'expérience à son rôle d'orthophoniste, aujourd'hui orthophoniste en ligne où que vous soyez, elle est à votre disposition et elle est à la mienne pendant 10 minutes. Bonjour Domi !

  • Domitilla Delaporte

    Bonjour Gauthier !

  • Gauthier Seys

    Content de te retrouver, est-ce que tu vas bien ?

  • Domitilla Delaporte

    Eh bien écoute, je commence 2025 en beauté avec toi.

  • Gauthier Seys

    Ah bah c'est gentil ! C'est chouette ! On va parler de ce sujet du multilinguisme. Alors en quoi, dans cette thématique avec les ados, le multilinguisme ? a des atouts et en quoi ça peut être gênant ?

  • Domitilla Delaporte

    Alors j'ai envie de te dire, les atouts et est-ce que c'est gênant, ce n'est pas tellement comme ça que moi je verrais la question. C'est-à-dire qu'en fait, quand on part en expatriation, très souvent, c'est les parents qui décident de l'expatriation professionnelle, la plupart du temps, ou parce qu'ils ont une envie de découvrir le monde, et l'enfant est un suiveur. Donc l'expatriation, le multilinguisme est une conséquence de l'expatriation. Sauf si on s'expatrie dans un pays francophone, je pense à ceux qui s'expatrient en Belgique, en Suisse, etc., il n'y a pas cette problématique de langue. Mais si on s'expatrie dans un pays dont la langue n'est pas la même que le français, du coup, on ne choisit pas, on le subit. On décide que c'est une expérience, un challenge familial qu'on va dépasser, qu'on va surmonter. Je pense que l'adolescent, si c'est pour répondre à ta question, très souvent, il est suiveur dans ce parcours de multilinguisme. Soit il est déjà multilingue avant de partir, ce qui est l'idéal parce que du coup, c'est plus simple. Soit il est franco-français et puis il devient bilingue ou plurilingue au cours de son parcours d'expatriation et scolaire et au fil de sa vie, en fait, simplement.

  • Gauthier Seys

    Est-ce qu'on est tous égaux ? Et donc, est-ce que les ados sont tous égaux face au multilinguisme ?

  • Domitilla Delaporte

    Oui et non. Oui et non, je te dirais oui parce que... à QI équivalent on va dire, tous les cerveaux sont capables d'être connectés à des langues mais on sait bien qu'il n'y a pas qu'une question d'intelligence cognitive on va dire, il y a aussi l'intelligence émotionnelle, il y a aussi un ado qui est bien de ses baskets, qui a envie de communiquer, qui est bien soutenu par l'école, qui a des copains etc. aura le besoin et l'envie de s'exprimer beaucoup plus rapidement qu'un ado qui ne va pas super bien et qui n'est pas forcément qui trouve pas sa place dans la fratrie ou qui est en opposition avec ses parents. Il y a tout un tas de facteurs, on ne peut pas parler de tout ça en 10 minutes, mais je dirais qu'a priori tous les cerveaux, même, il y a des études qui ont été faites sur des enfants porteurs de trisomie 21, par exemple des enfants handicapés mentaux, tout enfant est capable de devenir plurilingue à hauteur de ses possibilités langagières. Donc ça c'est pas un souci.

  • Gauthier Seys

    Alors dans le créneau qu'on a fixé les 10-18 ans, tu as identifié plutôt... Une première partie, 13, 16, et ensuite il y a la puberté, et donc les ados qui sont plus proches de l'âge adulte. Tu sens une différence avec ces deux publics ?

  • Domitilla Delaporte

    Oui, je te dirais, là on est sur des grandes généralités, si tu veux. Si on prend les adolescents, les teenagers, comme on dit en anglais, c'est une période qui s'étale entre 13 et 19 ans. Alors c'est sûr qu'entre 13 et 15, 16 ans, très souvent c'est encore des grands, grands enfants. La puberté n'est pas au même âge pour tout le monde, entre les filles et les garçons, et puis même intersexe, ce n'est pas toujours au même âge. Et puis à partir de 18 ans, légalement en tout cas en France, on est considéré comme adulte. Je dirais que l'expatriation, en fait, on ne choisit pas toujours, parce que très souvent, à moins d'avoir un enfant unique, quand on a une fratrie, très souvent la famille s'expatrie quand le moment professionnel est arrivé. propositions, ce profil on va dire et puis on fait un peu au fil de l'eau en fonction de comment ça va. Mais je te dirais qu'entre 13 et 16 ans ça peut être parfois un peu plus compliqué parce que l'enfant est encore dans une période un peu charnière où son identité n'est pas encore très construite, il est encore très dépendant de ses parents, la communication ce n'est pas forcément leur forme, notamment dans l'expression des émotions, donc il y a plus volontiers des portes qui claquent que des grands dialogues. Et très souvent, chez un enfant, quand la puberté vient passer et est mise en place, je dirais après 16, 17, 18 ans, là, on arrive plus sur une discussion de grands à adultes. Et ils sont un peu moins adoléchants et ils deviennent un peu plus adorables.

  • Gauthier Seys

    Ils vont adorer. Voilà.

  • Domitilla Delaporte

    C'est ce que je dis souvent.

  • Gauthier Seys

    Tu constates qu'avec le public expat que tu as, que les parents sont plus stressés que les autres.

  • Domitilla Delaporte

    Alors, j'ai du mal à te dire, je te dirais que les parents de nos jours sont assez stressés parce qu'il y a toutes les injonctions sociales, des réseaux sociaux, il faudrait être le parent parfait, bien cuisiner, faire du sport, etc. Et en éducation plurilingue, il y a tout un tas d'informations. Donc, moi, ce que je vois en accompagnement parental, alors ceux qui viennent me voir, très souvent, sont un peu stressés parce que soit ils sont envoyés par l'école et donc ils disent qu'il y a un problème. qui a déjà été pré-diagnostiquée, on va dire. Soit ils sont stressés parce qu'en fait, ils sont isolés, ils sont loin. Il n'y a pas toujours le cercle social de la famille, la belle famille, les copains, le médecin traitant qui vous connaît depuis longtemps. Quand on vient d'arriver, on est un peu submergé par plein de choses. Et puis, parfois, il y a des mamans qui se retrouvent un peu seules aussi parce qu'on joue un voyage. Enfin, je dis des mamans, mais des papas aussi. Donc, voilà. Moi, je ressens beaucoup de... de stress et parfois d'angoisse même chez les parents. Et c'est avec ça que j'ai envie de travailler, parce que je pense que quand l'angoisse et le stress du parent descend, tout de suite, à l'adolescent, il y a une force d'un dialogue, ça c'est sûr et certain.

  • Gauthier Seys

    Alors justement, on a peut-être quelques conseils à prodiguer à ses parents pour qu'ils se détendent un peu sur le sujet. Tout va bien se passer.

  • Domitilla Delaporte

    Tout devrait bien se passer, on ne peut pas être prédictif. Évidemment, il peut y avoir des problèmes, on ne va pas leur vendre des coups de baguette magiques, mais... Je pense que face à chaque problème de langage, il y a très souvent une solution. Je ne fais pas de la pub pour mes séances d'orthophonie, mais je veux dire, il y a des cours de français, il y a des psychologues, il y a des cours de sport, enfin, il y a très souvent des solutions. Et un enfant qui s'isole et qui ne parle pas, il y a quand même des clés et des choses à mettre en place pour pouvoir le sortir de son trou, entre guillemets. Et en fait, pour en revenir au sujet du multilinguisme, c'est vrai qu'on parle toujours des langues qui sont vivantes. Donc, quand un enfant arrive à l'étranger, tout l'art, entre guillemets, c'est d'avoir suffisamment d'activités et de temps passé dans sa langue dite maternelle, donc dans sa langue de cœur, sa langue de confort. Ça peut être des contacts téléphoniques qu'il maintient avec ses copains d'avant, etc. Mais transitionner gentiment vers la nouvelle langue du pays d'expatriation, ça peut être via des activités sportives, ça peut être via la télé, pourquoi pas les réseaux sociaux, ou passer à la télé. Voilà, tout l'art c'est de maintenir un équilibre et de nourrir ses langues en fait, parce qu'une langue n'évolue et ne progresse que quand on la nourrit. C'est pour ça qu'on parle de langue vivante.

  • Gauthier Seys

    Est-ce que toi, quand tu débutes l'aventure avec un nouvel ado, ton premier métier c'est déjà de voir pourquoi ça coince ? Il y a souvent une raison précise qui fait qu'il ne veuille pas parler, il y a un truc.

  • Domitilla Delaporte

    Alors j'adore travailler avec les ados, il faut le savoir, enfin j'adore travailler avec tout âge on va dire. même les mères n'osent du langage chez les petits et tout mais vraiment les ados c'est un âge qui m'intéresse beaucoup parce qu'en fait quand un ado arrive on fait comme avec chaque patient on fait ce qu'on appelle une consultation d'anamnèse c'est à dire qu'on voit depuis combien de temps ce trouble existe, qui irait faire l'enfant sa place dans la patrie plein d'autres éléments qui peuvent aussi nous donner une grille de lecture sur comment l'enfant vit est-ce qu'il dort bien, est-ce qu'il mange bien quelle est sa personnalité au sein de la famille comment... comment il se développe socialement avec les copains, est-ce qu'il fait du sport ? Voilà, tout un tas de questions. Et en général, l'ado est bien évidemment présent pendant la session, sauf si les parents ne le souhaitent pas. Et ça arrive dans certains cas, parce qu'il y a des ados parfois qui ont des pensées suicidaires ou des choses que les parents voudraient évoquer, pas devant l'ado en question. Et ça, je le respecte et je le comprends bien évidemment. Mais très souvent, l'ado est présent dans la consultation. Et puis, ça arrive parfois que... que l'ado et ou le parent se mettent à pleurer parce que justement, on peut poser la question de savoir comment s'est passé l'arrivée dans le pays, par exemple. Et pour certains, ça a été très difficile parce qu'il y en a qui ont perdu leur copine au passage. Il y en a qui ont dû arrêter une activité sportive parce qu'elle ne se pratique pas dans la ville où ils habitent. Il y en a qui détestent la nourriture de leur nouveau pays d'accueil. Et puis les ados ne sont pas toujours très rationnels. C'est-à-dire que parfois, il y a quelque chose qui paraît petit aux yeux d'un adulte et qui en fait est très grand aux yeux d'un ado. je pense à une adolescente qui n'avait jamais réussi à naître à sa mère, que ce qui était insupportable pour elle, c'est d'avoir laissé leur chien chez la grand-mère, parce que le chien n'avait pas pu faire la quarantaine et venir dans leur pays d'expatriation, c'était trop compliqué et trop cher. Et en fait, elle avait du mal à s'intégrer parce qu'on avait laissé le chien chez la mamie. Et en fait, elle ne l'avait jamais dit, sauf devant moi, parce que la question avait arrivé dans son tapis. Et en fait, c'était une belle séance parce qu'elle a pleuré, et du coup, la mère a pris confiance, la mère a pleuré aussi. Et elles se sont rejointes sur un terrain qui était tout simple. mais qui a permis d'ouvrir beaucoup de portes derrière. Donc moi, je travaille vraiment main dans la main avec les parents, avec l'accord évidemment et le consentement des ados, parce que c'est sûr qu'après 18 ans, on ne peut le faire qu'avec le consentement de l'adulte. Mais voilà, c'est très rare que les enfants me disent Non, non, tu ne parles pas avec ma maman ou avec mon papa. Ça arrive assez peu quand même.

  • Gauthier Seys

    Domine, tu voulais faire une différence entre le plurilinguisme actif et le plurilinguisme passif.

  • Domitilla Delaporte

    Mais oui, parce que ça, c'est un peu du jargon orthophonique, mais en fait, il y a une différence entre comprendre une langue et s'exprimer dans cette langue. Et parfois, j'ai des parents qui me disent, après six mois ou un an dans un nouveau pays, Ah, ben mon enfant, il ne parle pas encore l'anglais ou l'allemand, ou n'importe quelle langue. Et je leur dis, Mais OK, il ne parle peut-être pas encore parce qu'il ne s'exprime pas. Mais qu'est-ce qu'il en comprend, en fait ? Parce que parfois, et là, je prends mon cas personnel, j'habite en Allemagne depuis quelques années, je parle très mal allemand, mais pour autant, je comprends quasiment tout. Et en fait, quand on me parle, du coup, je réponds en anglais, ce qui est imparfait, mais ce qui est fonctionnel. Et je pense que finalement, il y a des ados qui, peut-être à cause de leur personnalité, parce qu'ils sont très perfectionnistes, ils n'osent peut-être pas trop parler tant qu'ils vont faire des erreurs grammaticales ou qu'ils ne sont pas sûrs d'avoir le bon mot de vocabulaire, etc. Mais pour autant, ils comprennent. Et je réalise que dans l'imaginaire des parents, en fait, un enfant qui est vilain, c'est un enfant qui parle. Et bon, il y a aussi des vilains déjà passifs, c'est-à-dire un enfant qui comprend, et qui ensuite arrivent à baragouiner, soit en anglais, soit dans sa langue native ou avec des gestes et tout. Et du coup, ça ne brise pas la communication. Et ça, c'est important de comprendre la différence.

  • Gauthier Seys

    J'ai toujours été très nul dans les langues étrangères, mais c'est toujours moi qui ai mené les groupes parce que facilement, on parle avec les mains, on fait un mélange de français, d'anglais, d'allemand, on fait ce qu'on veut. L'essentiel, c'est de se faire comprendre au final.

  • Domitilla Delaporte

    Exactement, mais tu le dis très bien et moi j'ai la chance de te voir puisqu'on est en visio tous les deux, mais tu parles avec les mains et c'est beau les gens qui parlent avec les mains. Moi aussi je parle beaucoup avec les mains d'habitude et comme tu dis, tu m'aides en groupe, mais qu'est-ce qui fait en fait le langage ? Ce n'est pas juste les mots qui sortent de la bouche, c'est l'énergie de quelqu'un, ça passe par le regard, ça passe par le sourire, c'est ce que je dis souvent. Moi j'ai énormément de rides pour mon âge et finalement je me dis, mais c'est parce que je souris énormément, je suis très expressive et comme ça fait 25 ans que je vis à l'étranger, J'ai besoin, pour désamorcer des malaises et des malentendus et des situations, j'ai besoin d'être très expressive. Et donc, je montre mon étonnement, je montre ma joie, je montre vraiment. Et du coup, quelque part, ça me permet de vivre bien avec mes rides, parce qu'elles ont une histoire.

  • Gauthier Seys

    Au final, par rapport à ce que tu m'expliques, c'est soit un caillou qui vient se mettre dans la machine. Est-ce que ton rôle, toi, c'est pas de trouver justement où se trouve ce caillou pour que tout se remette en marche ?

  • Domitilla Delaporte

    Oui. Alors, moi, je ne suis pas psychologue. Donc, je ne cherche pas forcément. Alors, je pose beaucoup de questions sur l'enfance de l'enfant, l'expatriation, sa vie quotidienne, etc. pour bien se connaître, en fait, tout simplement. Et comme je suis en visio, je suis chez les gens. Donc, en fait, contrairement aux idées reçues, j'ai accès à beaucoup plus de choses. Déjà, très souvent, je vois les deux parents, parce que c'est plus à la maison. Je vois sa chambre, je vois sa cuisine. Enfin, parfois, quand ça fait plusieurs séances que je travaille avec un enfant, je le connais bien quand même. Et je ne cherche pas spécialement d'où vient le trouble, d'où vient le problème, même si ça nous donne des indications. Je suis plus dans une démarche de ok, le problème il est là, mais qu'est-ce qu'on fait maintenant ? Et qu'est-ce qu'on fait pour le futur ? Ça c'est certainement ma personnalité aussi. Et en ce sens, je suis peut-être un peu plus coach, je n'en sais rien, mais ça m'intéresse de voir où est le problème et quel est le plan d'action, qu'est-ce qu'on met en place, qu'est-ce qui va être mesurable aussi dans le temps. Et comment on va faire pour que ça soit un peu moins un problème ou que ça reste un problème, mais un peu plus léger. Plus léger pour l'enfant, l'adolescent et pour sa famille et du coup pour tout le monde autour. Parce qu'un problème qui devient plus léger, c'est plus léger pour les profs aussi. Tout le monde en ressent les bénéfices, ça c'est certain.

  • Gauthier Seys

    Et ma dernière question, avec tes 25 ans d'expérience, est-ce qu'in fine, on se rend compte que les enfants qui vivent ce plurilinguisme sortent de là avec des bagages bien plus riches, bien plus lourds, bien plus étoffés, bien plus utiles pour le reste de leur vie ?

  • Domitilla Delaporte

    Écoute, moi, je ne classifie pas les ados, les enfants et les gens de manière générale. Je pense que chaque vie est très riche. Mais ce que je constate, parce que c'est ma vie à moi, c'est que ça fait 25 ans qu'on est expatriés, on est riches des rencontres, on est riches des conversations, on est riches des plats qu'on a goûtés, on est riches des paysages qu'on a vus, on est riches de stress sensoriel, en fait, tout ce qu'on vit en expatriation. Je crois qu'il y a un proverbe qui dit On ne visite bien un pays qu'en le goûtant, en le voyant, en le touchant, en le humant. Et en fait, quand on vit quelque part, on ne voyage pas, en fait. On n'est pas en vacances. On est en train de vivre une vie. Donc, c'est ça, en fait. Un ado expatrié, il change souvent d'école, il change souvent de copain. Si ce n'est pas lui qui part, c'est les autres qui partent autour. Donc, en fait, c'est ça la richesse et en même temps la vulnérabilité parce que du coup, parfois, il manque de racines. Mais bon, voilà. Ça, c'est l'épisode 2, peut-être.

  • Gauthier Seys

    En tout cas, si vous avez besoin d'un orthophoniste pour votre ado, alors que vous êtes en expatriation, le lien pour contacter Domitia est présent dans ce podcast. Pour arriver sur ton site domidelaporte.com, merci pour cet éclairage. Et je te souhaite un bon début d'année en Allemagne. Du coup, on dit comment bonne année en allemand ?

  • Domitilla Delaporte

    Je devrais savoir. Je ne sais même pas, je vais te dire. Je n'étais pas en Allemagne en plus pour les fêtes. Moi, je fais la bise à tout le monde, des hugs dans tous les sens. Et ça vaut pour... ça vaut.

  • Gauthier Seys

    Eh bien, Gutenart alors maintenant.

  • Domitilla Delaporte

    Gutenart, ja, Gutenart.

  • La radio des Français dans le monde

    Les ados et l'expatriation en partenariat avec les experts du réseau ExpatPro. Dossier parrainé par ExpatTudents, le spécialiste des candidatures pour les universités au Royaume-Uni, en Europe et au Canada.

Chapters

  • Introduction au sujet des ados et l'expatriation

    00:02

  • Le rôle du multilinguisme dans l'expatriation

    00:26

  • Les atouts et défis du multilinguisme chez les adolescents

    00:51

  • Les différences d'âge et d'identité chez les adolescents expatriés

    02:13

  • Le stress parental et son impact sur les adolescents

    05:05

  • Conseils pour aider les parents à gérer l'expatriation

    06:24

  • Comprendre le plurilinguisme actif et passif

    07:44

  • Les bénéfices du plurilinguisme pour les adolescents expatriés

    13:55

Description

.

Êtes-vous conscient que le multilinguisme peut être une véritable clé de réussite pour les adolescents expatriés ? Dans le cadre du dossier spécial « Les Ados & l’Expatriation » proposé par Francaisdanslemonde.fr avec le soutien des experts d’Expat Pro et le parrainage d’Expat Student, le Spécialiste des candidatures pour les universités au Royaume-Uni, en Europe et au Canada, Gauthier Seys s'entretient avec Domitilla Delaporte, orthophoniste en ligne spécialisée dans l'accompagnement des jeunes en situation de mobilité internationale. Ensemble, ils explorent les nuances du multilinguisme chez les adolescents expatriés, un sujet d'une importance cruciale pour les familles vivant à l'étranger.


Domitilla, forte de son expérience, partage avec nous comment l'expatriation est souvent une décision prise par les parents, plaçant les enfants dans un rôle de suiveurs. Elle met en lumière les avantages indéniables du multilinguisme, tout en n'oubliant pas de mentionner les défis qui l'accompagnent. En effet, selon la situation de chaque adolescent, il peut devenir bilingue ou même plurilingue, mais cela ne se fait pas sans un environnement émotionnel et social propice à l'apprentissage des langues.


Au fil de la conversation, Domitilla aborde également les différences d'âge et de développement qui influencent l'adaptation des adolescents expatriés. Le stress parental peut avoir un impact significatif sur cette transition, et elle propose des conseils précieux aux parents pour aider leurs enfants à naviguer dans ce monde complexe. L'équilibre entre la langue maternelle et la nouvelle langue du pays d'accueil est essentiel, et Domitilla nous guide sur la meilleure façon d'y parvenir.


Cet épisode est une véritable mine d'informations pour tous les Français de l'étranger, qu'ils soient en pleine expatriation, en retour en France, ou simplement curieux d'en savoir plus sur la vie d'expatriée. Que vous soyez un parent, un ado expatrié, ou que vous envisagiez d'étudier à l'étranger, vous trouverez des ressources précieuses et des conseils pratiques pour mieux appréhender cette expérience unique.


Ne manquez pas cette interview enrichissante qui met en avant la richesse des expériences vécues par les adolescents expatriés. Malgré les défis d'identité et d'adaptation, il existe des moyens de transformer ces obstacles en opportunités d'apprentissage et de croissance. Rejoignez-nous pour découvrir comment le multilinguisme peut être un atout majeur dans la vie d'un expat et comment vous pouvez soutenir vos adolescents dans cette aventure passionnante. Écoutez dès maintenant cet épisode de 10 minutes, le podcast des Français dans le monde et plongez dans l'univers fascinant du multilinguisme et de la mobilité internationale !

.

https://www.domidelaporte.com/

.

Podcast n°2390 (janvier 2025) produit par Francaisdanslemonde.fr: Radios & podcasts pour les Francophones qui se préparent ou qui vivent la mobilité internationale. Appli mobile gratuite disponible pour Android & Apple, recherchez FRANCAIS DANS LE MONDE.

.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • La radio des Français dans le monde

    La radio des français dans le monde présente le dossier spécial Les ados et l'expatriation, parrainé par Expat Students, le spécialiste des candidatures pour les universités au Royaume-Uni, en Europe et au Canada.

  • Gauthier Seys

    Et je profite du réseau des experts d'Expat Pro pour pouvoir, sur différents thèmes, aborder ce fabuleux dossier sur les ados et l'expatriation. Direction Munich, on part en Allemagne, retrouver Domitia Delaporte. 25 ans d'expérience à son rôle d'orthophoniste, aujourd'hui orthophoniste en ligne où que vous soyez, elle est à votre disposition et elle est à la mienne pendant 10 minutes. Bonjour Domi !

  • Domitilla Delaporte

    Bonjour Gauthier !

  • Gauthier Seys

    Content de te retrouver, est-ce que tu vas bien ?

  • Domitilla Delaporte

    Eh bien écoute, je commence 2025 en beauté avec toi.

  • Gauthier Seys

    Ah bah c'est gentil ! C'est chouette ! On va parler de ce sujet du multilinguisme. Alors en quoi, dans cette thématique avec les ados, le multilinguisme ? a des atouts et en quoi ça peut être gênant ?

  • Domitilla Delaporte

    Alors j'ai envie de te dire, les atouts et est-ce que c'est gênant, ce n'est pas tellement comme ça que moi je verrais la question. C'est-à-dire qu'en fait, quand on part en expatriation, très souvent, c'est les parents qui décident de l'expatriation professionnelle, la plupart du temps, ou parce qu'ils ont une envie de découvrir le monde, et l'enfant est un suiveur. Donc l'expatriation, le multilinguisme est une conséquence de l'expatriation. Sauf si on s'expatrie dans un pays francophone, je pense à ceux qui s'expatrient en Belgique, en Suisse, etc., il n'y a pas cette problématique de langue. Mais si on s'expatrie dans un pays dont la langue n'est pas la même que le français, du coup, on ne choisit pas, on le subit. On décide que c'est une expérience, un challenge familial qu'on va dépasser, qu'on va surmonter. Je pense que l'adolescent, si c'est pour répondre à ta question, très souvent, il est suiveur dans ce parcours de multilinguisme. Soit il est déjà multilingue avant de partir, ce qui est l'idéal parce que du coup, c'est plus simple. Soit il est franco-français et puis il devient bilingue ou plurilingue au cours de son parcours d'expatriation et scolaire et au fil de sa vie, en fait, simplement.

  • Gauthier Seys

    Est-ce qu'on est tous égaux ? Et donc, est-ce que les ados sont tous égaux face au multilinguisme ?

  • Domitilla Delaporte

    Oui et non. Oui et non, je te dirais oui parce que... à QI équivalent on va dire, tous les cerveaux sont capables d'être connectés à des langues mais on sait bien qu'il n'y a pas qu'une question d'intelligence cognitive on va dire, il y a aussi l'intelligence émotionnelle, il y a aussi un ado qui est bien de ses baskets, qui a envie de communiquer, qui est bien soutenu par l'école, qui a des copains etc. aura le besoin et l'envie de s'exprimer beaucoup plus rapidement qu'un ado qui ne va pas super bien et qui n'est pas forcément qui trouve pas sa place dans la fratrie ou qui est en opposition avec ses parents. Il y a tout un tas de facteurs, on ne peut pas parler de tout ça en 10 minutes, mais je dirais qu'a priori tous les cerveaux, même, il y a des études qui ont été faites sur des enfants porteurs de trisomie 21, par exemple des enfants handicapés mentaux, tout enfant est capable de devenir plurilingue à hauteur de ses possibilités langagières. Donc ça c'est pas un souci.

  • Gauthier Seys

    Alors dans le créneau qu'on a fixé les 10-18 ans, tu as identifié plutôt... Une première partie, 13, 16, et ensuite il y a la puberté, et donc les ados qui sont plus proches de l'âge adulte. Tu sens une différence avec ces deux publics ?

  • Domitilla Delaporte

    Oui, je te dirais, là on est sur des grandes généralités, si tu veux. Si on prend les adolescents, les teenagers, comme on dit en anglais, c'est une période qui s'étale entre 13 et 19 ans. Alors c'est sûr qu'entre 13 et 15, 16 ans, très souvent c'est encore des grands, grands enfants. La puberté n'est pas au même âge pour tout le monde, entre les filles et les garçons, et puis même intersexe, ce n'est pas toujours au même âge. Et puis à partir de 18 ans, légalement en tout cas en France, on est considéré comme adulte. Je dirais que l'expatriation, en fait, on ne choisit pas toujours, parce que très souvent, à moins d'avoir un enfant unique, quand on a une fratrie, très souvent la famille s'expatrie quand le moment professionnel est arrivé. propositions, ce profil on va dire et puis on fait un peu au fil de l'eau en fonction de comment ça va. Mais je te dirais qu'entre 13 et 16 ans ça peut être parfois un peu plus compliqué parce que l'enfant est encore dans une période un peu charnière où son identité n'est pas encore très construite, il est encore très dépendant de ses parents, la communication ce n'est pas forcément leur forme, notamment dans l'expression des émotions, donc il y a plus volontiers des portes qui claquent que des grands dialogues. Et très souvent, chez un enfant, quand la puberté vient passer et est mise en place, je dirais après 16, 17, 18 ans, là, on arrive plus sur une discussion de grands à adultes. Et ils sont un peu moins adoléchants et ils deviennent un peu plus adorables.

  • Gauthier Seys

    Ils vont adorer. Voilà.

  • Domitilla Delaporte

    C'est ce que je dis souvent.

  • Gauthier Seys

    Tu constates qu'avec le public expat que tu as, que les parents sont plus stressés que les autres.

  • Domitilla Delaporte

    Alors, j'ai du mal à te dire, je te dirais que les parents de nos jours sont assez stressés parce qu'il y a toutes les injonctions sociales, des réseaux sociaux, il faudrait être le parent parfait, bien cuisiner, faire du sport, etc. Et en éducation plurilingue, il y a tout un tas d'informations. Donc, moi, ce que je vois en accompagnement parental, alors ceux qui viennent me voir, très souvent, sont un peu stressés parce que soit ils sont envoyés par l'école et donc ils disent qu'il y a un problème. qui a déjà été pré-diagnostiquée, on va dire. Soit ils sont stressés parce qu'en fait, ils sont isolés, ils sont loin. Il n'y a pas toujours le cercle social de la famille, la belle famille, les copains, le médecin traitant qui vous connaît depuis longtemps. Quand on vient d'arriver, on est un peu submergé par plein de choses. Et puis, parfois, il y a des mamans qui se retrouvent un peu seules aussi parce qu'on joue un voyage. Enfin, je dis des mamans, mais des papas aussi. Donc, voilà. Moi, je ressens beaucoup de... de stress et parfois d'angoisse même chez les parents. Et c'est avec ça que j'ai envie de travailler, parce que je pense que quand l'angoisse et le stress du parent descend, tout de suite, à l'adolescent, il y a une force d'un dialogue, ça c'est sûr et certain.

  • Gauthier Seys

    Alors justement, on a peut-être quelques conseils à prodiguer à ses parents pour qu'ils se détendent un peu sur le sujet. Tout va bien se passer.

  • Domitilla Delaporte

    Tout devrait bien se passer, on ne peut pas être prédictif. Évidemment, il peut y avoir des problèmes, on ne va pas leur vendre des coups de baguette magiques, mais... Je pense que face à chaque problème de langage, il y a très souvent une solution. Je ne fais pas de la pub pour mes séances d'orthophonie, mais je veux dire, il y a des cours de français, il y a des psychologues, il y a des cours de sport, enfin, il y a très souvent des solutions. Et un enfant qui s'isole et qui ne parle pas, il y a quand même des clés et des choses à mettre en place pour pouvoir le sortir de son trou, entre guillemets. Et en fait, pour en revenir au sujet du multilinguisme, c'est vrai qu'on parle toujours des langues qui sont vivantes. Donc, quand un enfant arrive à l'étranger, tout l'art, entre guillemets, c'est d'avoir suffisamment d'activités et de temps passé dans sa langue dite maternelle, donc dans sa langue de cœur, sa langue de confort. Ça peut être des contacts téléphoniques qu'il maintient avec ses copains d'avant, etc. Mais transitionner gentiment vers la nouvelle langue du pays d'expatriation, ça peut être via des activités sportives, ça peut être via la télé, pourquoi pas les réseaux sociaux, ou passer à la télé. Voilà, tout l'art c'est de maintenir un équilibre et de nourrir ses langues en fait, parce qu'une langue n'évolue et ne progresse que quand on la nourrit. C'est pour ça qu'on parle de langue vivante.

  • Gauthier Seys

    Est-ce que toi, quand tu débutes l'aventure avec un nouvel ado, ton premier métier c'est déjà de voir pourquoi ça coince ? Il y a souvent une raison précise qui fait qu'il ne veuille pas parler, il y a un truc.

  • Domitilla Delaporte

    Alors j'adore travailler avec les ados, il faut le savoir, enfin j'adore travailler avec tout âge on va dire. même les mères n'osent du langage chez les petits et tout mais vraiment les ados c'est un âge qui m'intéresse beaucoup parce qu'en fait quand un ado arrive on fait comme avec chaque patient on fait ce qu'on appelle une consultation d'anamnèse c'est à dire qu'on voit depuis combien de temps ce trouble existe, qui irait faire l'enfant sa place dans la patrie plein d'autres éléments qui peuvent aussi nous donner une grille de lecture sur comment l'enfant vit est-ce qu'il dort bien, est-ce qu'il mange bien quelle est sa personnalité au sein de la famille comment... comment il se développe socialement avec les copains, est-ce qu'il fait du sport ? Voilà, tout un tas de questions. Et en général, l'ado est bien évidemment présent pendant la session, sauf si les parents ne le souhaitent pas. Et ça arrive dans certains cas, parce qu'il y a des ados parfois qui ont des pensées suicidaires ou des choses que les parents voudraient évoquer, pas devant l'ado en question. Et ça, je le respecte et je le comprends bien évidemment. Mais très souvent, l'ado est présent dans la consultation. Et puis, ça arrive parfois que... que l'ado et ou le parent se mettent à pleurer parce que justement, on peut poser la question de savoir comment s'est passé l'arrivée dans le pays, par exemple. Et pour certains, ça a été très difficile parce qu'il y en a qui ont perdu leur copine au passage. Il y en a qui ont dû arrêter une activité sportive parce qu'elle ne se pratique pas dans la ville où ils habitent. Il y en a qui détestent la nourriture de leur nouveau pays d'accueil. Et puis les ados ne sont pas toujours très rationnels. C'est-à-dire que parfois, il y a quelque chose qui paraît petit aux yeux d'un adulte et qui en fait est très grand aux yeux d'un ado. je pense à une adolescente qui n'avait jamais réussi à naître à sa mère, que ce qui était insupportable pour elle, c'est d'avoir laissé leur chien chez la grand-mère, parce que le chien n'avait pas pu faire la quarantaine et venir dans leur pays d'expatriation, c'était trop compliqué et trop cher. Et en fait, elle avait du mal à s'intégrer parce qu'on avait laissé le chien chez la mamie. Et en fait, elle ne l'avait jamais dit, sauf devant moi, parce que la question avait arrivé dans son tapis. Et en fait, c'était une belle séance parce qu'elle a pleuré, et du coup, la mère a pris confiance, la mère a pleuré aussi. Et elles se sont rejointes sur un terrain qui était tout simple. mais qui a permis d'ouvrir beaucoup de portes derrière. Donc moi, je travaille vraiment main dans la main avec les parents, avec l'accord évidemment et le consentement des ados, parce que c'est sûr qu'après 18 ans, on ne peut le faire qu'avec le consentement de l'adulte. Mais voilà, c'est très rare que les enfants me disent Non, non, tu ne parles pas avec ma maman ou avec mon papa. Ça arrive assez peu quand même.

  • Gauthier Seys

    Domine, tu voulais faire une différence entre le plurilinguisme actif et le plurilinguisme passif.

  • Domitilla Delaporte

    Mais oui, parce que ça, c'est un peu du jargon orthophonique, mais en fait, il y a une différence entre comprendre une langue et s'exprimer dans cette langue. Et parfois, j'ai des parents qui me disent, après six mois ou un an dans un nouveau pays, Ah, ben mon enfant, il ne parle pas encore l'anglais ou l'allemand, ou n'importe quelle langue. Et je leur dis, Mais OK, il ne parle peut-être pas encore parce qu'il ne s'exprime pas. Mais qu'est-ce qu'il en comprend, en fait ? Parce que parfois, et là, je prends mon cas personnel, j'habite en Allemagne depuis quelques années, je parle très mal allemand, mais pour autant, je comprends quasiment tout. Et en fait, quand on me parle, du coup, je réponds en anglais, ce qui est imparfait, mais ce qui est fonctionnel. Et je pense que finalement, il y a des ados qui, peut-être à cause de leur personnalité, parce qu'ils sont très perfectionnistes, ils n'osent peut-être pas trop parler tant qu'ils vont faire des erreurs grammaticales ou qu'ils ne sont pas sûrs d'avoir le bon mot de vocabulaire, etc. Mais pour autant, ils comprennent. Et je réalise que dans l'imaginaire des parents, en fait, un enfant qui est vilain, c'est un enfant qui parle. Et bon, il y a aussi des vilains déjà passifs, c'est-à-dire un enfant qui comprend, et qui ensuite arrivent à baragouiner, soit en anglais, soit dans sa langue native ou avec des gestes et tout. Et du coup, ça ne brise pas la communication. Et ça, c'est important de comprendre la différence.

  • Gauthier Seys

    J'ai toujours été très nul dans les langues étrangères, mais c'est toujours moi qui ai mené les groupes parce que facilement, on parle avec les mains, on fait un mélange de français, d'anglais, d'allemand, on fait ce qu'on veut. L'essentiel, c'est de se faire comprendre au final.

  • Domitilla Delaporte

    Exactement, mais tu le dis très bien et moi j'ai la chance de te voir puisqu'on est en visio tous les deux, mais tu parles avec les mains et c'est beau les gens qui parlent avec les mains. Moi aussi je parle beaucoup avec les mains d'habitude et comme tu dis, tu m'aides en groupe, mais qu'est-ce qui fait en fait le langage ? Ce n'est pas juste les mots qui sortent de la bouche, c'est l'énergie de quelqu'un, ça passe par le regard, ça passe par le sourire, c'est ce que je dis souvent. Moi j'ai énormément de rides pour mon âge et finalement je me dis, mais c'est parce que je souris énormément, je suis très expressive et comme ça fait 25 ans que je vis à l'étranger, J'ai besoin, pour désamorcer des malaises et des malentendus et des situations, j'ai besoin d'être très expressive. Et donc, je montre mon étonnement, je montre ma joie, je montre vraiment. Et du coup, quelque part, ça me permet de vivre bien avec mes rides, parce qu'elles ont une histoire.

  • Gauthier Seys

    Au final, par rapport à ce que tu m'expliques, c'est soit un caillou qui vient se mettre dans la machine. Est-ce que ton rôle, toi, c'est pas de trouver justement où se trouve ce caillou pour que tout se remette en marche ?

  • Domitilla Delaporte

    Oui. Alors, moi, je ne suis pas psychologue. Donc, je ne cherche pas forcément. Alors, je pose beaucoup de questions sur l'enfance de l'enfant, l'expatriation, sa vie quotidienne, etc. pour bien se connaître, en fait, tout simplement. Et comme je suis en visio, je suis chez les gens. Donc, en fait, contrairement aux idées reçues, j'ai accès à beaucoup plus de choses. Déjà, très souvent, je vois les deux parents, parce que c'est plus à la maison. Je vois sa chambre, je vois sa cuisine. Enfin, parfois, quand ça fait plusieurs séances que je travaille avec un enfant, je le connais bien quand même. Et je ne cherche pas spécialement d'où vient le trouble, d'où vient le problème, même si ça nous donne des indications. Je suis plus dans une démarche de ok, le problème il est là, mais qu'est-ce qu'on fait maintenant ? Et qu'est-ce qu'on fait pour le futur ? Ça c'est certainement ma personnalité aussi. Et en ce sens, je suis peut-être un peu plus coach, je n'en sais rien, mais ça m'intéresse de voir où est le problème et quel est le plan d'action, qu'est-ce qu'on met en place, qu'est-ce qui va être mesurable aussi dans le temps. Et comment on va faire pour que ça soit un peu moins un problème ou que ça reste un problème, mais un peu plus léger. Plus léger pour l'enfant, l'adolescent et pour sa famille et du coup pour tout le monde autour. Parce qu'un problème qui devient plus léger, c'est plus léger pour les profs aussi. Tout le monde en ressent les bénéfices, ça c'est certain.

  • Gauthier Seys

    Et ma dernière question, avec tes 25 ans d'expérience, est-ce qu'in fine, on se rend compte que les enfants qui vivent ce plurilinguisme sortent de là avec des bagages bien plus riches, bien plus lourds, bien plus étoffés, bien plus utiles pour le reste de leur vie ?

  • Domitilla Delaporte

    Écoute, moi, je ne classifie pas les ados, les enfants et les gens de manière générale. Je pense que chaque vie est très riche. Mais ce que je constate, parce que c'est ma vie à moi, c'est que ça fait 25 ans qu'on est expatriés, on est riches des rencontres, on est riches des conversations, on est riches des plats qu'on a goûtés, on est riches des paysages qu'on a vus, on est riches de stress sensoriel, en fait, tout ce qu'on vit en expatriation. Je crois qu'il y a un proverbe qui dit On ne visite bien un pays qu'en le goûtant, en le voyant, en le touchant, en le humant. Et en fait, quand on vit quelque part, on ne voyage pas, en fait. On n'est pas en vacances. On est en train de vivre une vie. Donc, c'est ça, en fait. Un ado expatrié, il change souvent d'école, il change souvent de copain. Si ce n'est pas lui qui part, c'est les autres qui partent autour. Donc, en fait, c'est ça la richesse et en même temps la vulnérabilité parce que du coup, parfois, il manque de racines. Mais bon, voilà. Ça, c'est l'épisode 2, peut-être.

  • Gauthier Seys

    En tout cas, si vous avez besoin d'un orthophoniste pour votre ado, alors que vous êtes en expatriation, le lien pour contacter Domitia est présent dans ce podcast. Pour arriver sur ton site domidelaporte.com, merci pour cet éclairage. Et je te souhaite un bon début d'année en Allemagne. Du coup, on dit comment bonne année en allemand ?

  • Domitilla Delaporte

    Je devrais savoir. Je ne sais même pas, je vais te dire. Je n'étais pas en Allemagne en plus pour les fêtes. Moi, je fais la bise à tout le monde, des hugs dans tous les sens. Et ça vaut pour... ça vaut.

  • Gauthier Seys

    Eh bien, Gutenart alors maintenant.

  • Domitilla Delaporte

    Gutenart, ja, Gutenart.

  • La radio des Français dans le monde

    Les ados et l'expatriation en partenariat avec les experts du réseau ExpatPro. Dossier parrainé par ExpatTudents, le spécialiste des candidatures pour les universités au Royaume-Uni, en Europe et au Canada.

Chapters

  • Introduction au sujet des ados et l'expatriation

    00:02

  • Le rôle du multilinguisme dans l'expatriation

    00:26

  • Les atouts et défis du multilinguisme chez les adolescents

    00:51

  • Les différences d'âge et d'identité chez les adolescents expatriés

    02:13

  • Le stress parental et son impact sur les adolescents

    05:05

  • Conseils pour aider les parents à gérer l'expatriation

    06:24

  • Comprendre le plurilinguisme actif et passif

    07:44

  • Les bénéfices du plurilinguisme pour les adolescents expatriés

    13:55

Share

Embed

You may also like

Description

.

Êtes-vous conscient que le multilinguisme peut être une véritable clé de réussite pour les adolescents expatriés ? Dans le cadre du dossier spécial « Les Ados & l’Expatriation » proposé par Francaisdanslemonde.fr avec le soutien des experts d’Expat Pro et le parrainage d’Expat Student, le Spécialiste des candidatures pour les universités au Royaume-Uni, en Europe et au Canada, Gauthier Seys s'entretient avec Domitilla Delaporte, orthophoniste en ligne spécialisée dans l'accompagnement des jeunes en situation de mobilité internationale. Ensemble, ils explorent les nuances du multilinguisme chez les adolescents expatriés, un sujet d'une importance cruciale pour les familles vivant à l'étranger.


Domitilla, forte de son expérience, partage avec nous comment l'expatriation est souvent une décision prise par les parents, plaçant les enfants dans un rôle de suiveurs. Elle met en lumière les avantages indéniables du multilinguisme, tout en n'oubliant pas de mentionner les défis qui l'accompagnent. En effet, selon la situation de chaque adolescent, il peut devenir bilingue ou même plurilingue, mais cela ne se fait pas sans un environnement émotionnel et social propice à l'apprentissage des langues.


Au fil de la conversation, Domitilla aborde également les différences d'âge et de développement qui influencent l'adaptation des adolescents expatriés. Le stress parental peut avoir un impact significatif sur cette transition, et elle propose des conseils précieux aux parents pour aider leurs enfants à naviguer dans ce monde complexe. L'équilibre entre la langue maternelle et la nouvelle langue du pays d'accueil est essentiel, et Domitilla nous guide sur la meilleure façon d'y parvenir.


Cet épisode est une véritable mine d'informations pour tous les Français de l'étranger, qu'ils soient en pleine expatriation, en retour en France, ou simplement curieux d'en savoir plus sur la vie d'expatriée. Que vous soyez un parent, un ado expatrié, ou que vous envisagiez d'étudier à l'étranger, vous trouverez des ressources précieuses et des conseils pratiques pour mieux appréhender cette expérience unique.


Ne manquez pas cette interview enrichissante qui met en avant la richesse des expériences vécues par les adolescents expatriés. Malgré les défis d'identité et d'adaptation, il existe des moyens de transformer ces obstacles en opportunités d'apprentissage et de croissance. Rejoignez-nous pour découvrir comment le multilinguisme peut être un atout majeur dans la vie d'un expat et comment vous pouvez soutenir vos adolescents dans cette aventure passionnante. Écoutez dès maintenant cet épisode de 10 minutes, le podcast des Français dans le monde et plongez dans l'univers fascinant du multilinguisme et de la mobilité internationale !

.

https://www.domidelaporte.com/

.

Podcast n°2390 (janvier 2025) produit par Francaisdanslemonde.fr: Radios & podcasts pour les Francophones qui se préparent ou qui vivent la mobilité internationale. Appli mobile gratuite disponible pour Android & Apple, recherchez FRANCAIS DANS LE MONDE.

.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • La radio des Français dans le monde

    La radio des français dans le monde présente le dossier spécial Les ados et l'expatriation, parrainé par Expat Students, le spécialiste des candidatures pour les universités au Royaume-Uni, en Europe et au Canada.

  • Gauthier Seys

    Et je profite du réseau des experts d'Expat Pro pour pouvoir, sur différents thèmes, aborder ce fabuleux dossier sur les ados et l'expatriation. Direction Munich, on part en Allemagne, retrouver Domitia Delaporte. 25 ans d'expérience à son rôle d'orthophoniste, aujourd'hui orthophoniste en ligne où que vous soyez, elle est à votre disposition et elle est à la mienne pendant 10 minutes. Bonjour Domi !

  • Domitilla Delaporte

    Bonjour Gauthier !

  • Gauthier Seys

    Content de te retrouver, est-ce que tu vas bien ?

  • Domitilla Delaporte

    Eh bien écoute, je commence 2025 en beauté avec toi.

  • Gauthier Seys

    Ah bah c'est gentil ! C'est chouette ! On va parler de ce sujet du multilinguisme. Alors en quoi, dans cette thématique avec les ados, le multilinguisme ? a des atouts et en quoi ça peut être gênant ?

  • Domitilla Delaporte

    Alors j'ai envie de te dire, les atouts et est-ce que c'est gênant, ce n'est pas tellement comme ça que moi je verrais la question. C'est-à-dire qu'en fait, quand on part en expatriation, très souvent, c'est les parents qui décident de l'expatriation professionnelle, la plupart du temps, ou parce qu'ils ont une envie de découvrir le monde, et l'enfant est un suiveur. Donc l'expatriation, le multilinguisme est une conséquence de l'expatriation. Sauf si on s'expatrie dans un pays francophone, je pense à ceux qui s'expatrient en Belgique, en Suisse, etc., il n'y a pas cette problématique de langue. Mais si on s'expatrie dans un pays dont la langue n'est pas la même que le français, du coup, on ne choisit pas, on le subit. On décide que c'est une expérience, un challenge familial qu'on va dépasser, qu'on va surmonter. Je pense que l'adolescent, si c'est pour répondre à ta question, très souvent, il est suiveur dans ce parcours de multilinguisme. Soit il est déjà multilingue avant de partir, ce qui est l'idéal parce que du coup, c'est plus simple. Soit il est franco-français et puis il devient bilingue ou plurilingue au cours de son parcours d'expatriation et scolaire et au fil de sa vie, en fait, simplement.

  • Gauthier Seys

    Est-ce qu'on est tous égaux ? Et donc, est-ce que les ados sont tous égaux face au multilinguisme ?

  • Domitilla Delaporte

    Oui et non. Oui et non, je te dirais oui parce que... à QI équivalent on va dire, tous les cerveaux sont capables d'être connectés à des langues mais on sait bien qu'il n'y a pas qu'une question d'intelligence cognitive on va dire, il y a aussi l'intelligence émotionnelle, il y a aussi un ado qui est bien de ses baskets, qui a envie de communiquer, qui est bien soutenu par l'école, qui a des copains etc. aura le besoin et l'envie de s'exprimer beaucoup plus rapidement qu'un ado qui ne va pas super bien et qui n'est pas forcément qui trouve pas sa place dans la fratrie ou qui est en opposition avec ses parents. Il y a tout un tas de facteurs, on ne peut pas parler de tout ça en 10 minutes, mais je dirais qu'a priori tous les cerveaux, même, il y a des études qui ont été faites sur des enfants porteurs de trisomie 21, par exemple des enfants handicapés mentaux, tout enfant est capable de devenir plurilingue à hauteur de ses possibilités langagières. Donc ça c'est pas un souci.

  • Gauthier Seys

    Alors dans le créneau qu'on a fixé les 10-18 ans, tu as identifié plutôt... Une première partie, 13, 16, et ensuite il y a la puberté, et donc les ados qui sont plus proches de l'âge adulte. Tu sens une différence avec ces deux publics ?

  • Domitilla Delaporte

    Oui, je te dirais, là on est sur des grandes généralités, si tu veux. Si on prend les adolescents, les teenagers, comme on dit en anglais, c'est une période qui s'étale entre 13 et 19 ans. Alors c'est sûr qu'entre 13 et 15, 16 ans, très souvent c'est encore des grands, grands enfants. La puberté n'est pas au même âge pour tout le monde, entre les filles et les garçons, et puis même intersexe, ce n'est pas toujours au même âge. Et puis à partir de 18 ans, légalement en tout cas en France, on est considéré comme adulte. Je dirais que l'expatriation, en fait, on ne choisit pas toujours, parce que très souvent, à moins d'avoir un enfant unique, quand on a une fratrie, très souvent la famille s'expatrie quand le moment professionnel est arrivé. propositions, ce profil on va dire et puis on fait un peu au fil de l'eau en fonction de comment ça va. Mais je te dirais qu'entre 13 et 16 ans ça peut être parfois un peu plus compliqué parce que l'enfant est encore dans une période un peu charnière où son identité n'est pas encore très construite, il est encore très dépendant de ses parents, la communication ce n'est pas forcément leur forme, notamment dans l'expression des émotions, donc il y a plus volontiers des portes qui claquent que des grands dialogues. Et très souvent, chez un enfant, quand la puberté vient passer et est mise en place, je dirais après 16, 17, 18 ans, là, on arrive plus sur une discussion de grands à adultes. Et ils sont un peu moins adoléchants et ils deviennent un peu plus adorables.

  • Gauthier Seys

    Ils vont adorer. Voilà.

  • Domitilla Delaporte

    C'est ce que je dis souvent.

  • Gauthier Seys

    Tu constates qu'avec le public expat que tu as, que les parents sont plus stressés que les autres.

  • Domitilla Delaporte

    Alors, j'ai du mal à te dire, je te dirais que les parents de nos jours sont assez stressés parce qu'il y a toutes les injonctions sociales, des réseaux sociaux, il faudrait être le parent parfait, bien cuisiner, faire du sport, etc. Et en éducation plurilingue, il y a tout un tas d'informations. Donc, moi, ce que je vois en accompagnement parental, alors ceux qui viennent me voir, très souvent, sont un peu stressés parce que soit ils sont envoyés par l'école et donc ils disent qu'il y a un problème. qui a déjà été pré-diagnostiquée, on va dire. Soit ils sont stressés parce qu'en fait, ils sont isolés, ils sont loin. Il n'y a pas toujours le cercle social de la famille, la belle famille, les copains, le médecin traitant qui vous connaît depuis longtemps. Quand on vient d'arriver, on est un peu submergé par plein de choses. Et puis, parfois, il y a des mamans qui se retrouvent un peu seules aussi parce qu'on joue un voyage. Enfin, je dis des mamans, mais des papas aussi. Donc, voilà. Moi, je ressens beaucoup de... de stress et parfois d'angoisse même chez les parents. Et c'est avec ça que j'ai envie de travailler, parce que je pense que quand l'angoisse et le stress du parent descend, tout de suite, à l'adolescent, il y a une force d'un dialogue, ça c'est sûr et certain.

  • Gauthier Seys

    Alors justement, on a peut-être quelques conseils à prodiguer à ses parents pour qu'ils se détendent un peu sur le sujet. Tout va bien se passer.

  • Domitilla Delaporte

    Tout devrait bien se passer, on ne peut pas être prédictif. Évidemment, il peut y avoir des problèmes, on ne va pas leur vendre des coups de baguette magiques, mais... Je pense que face à chaque problème de langage, il y a très souvent une solution. Je ne fais pas de la pub pour mes séances d'orthophonie, mais je veux dire, il y a des cours de français, il y a des psychologues, il y a des cours de sport, enfin, il y a très souvent des solutions. Et un enfant qui s'isole et qui ne parle pas, il y a quand même des clés et des choses à mettre en place pour pouvoir le sortir de son trou, entre guillemets. Et en fait, pour en revenir au sujet du multilinguisme, c'est vrai qu'on parle toujours des langues qui sont vivantes. Donc, quand un enfant arrive à l'étranger, tout l'art, entre guillemets, c'est d'avoir suffisamment d'activités et de temps passé dans sa langue dite maternelle, donc dans sa langue de cœur, sa langue de confort. Ça peut être des contacts téléphoniques qu'il maintient avec ses copains d'avant, etc. Mais transitionner gentiment vers la nouvelle langue du pays d'expatriation, ça peut être via des activités sportives, ça peut être via la télé, pourquoi pas les réseaux sociaux, ou passer à la télé. Voilà, tout l'art c'est de maintenir un équilibre et de nourrir ses langues en fait, parce qu'une langue n'évolue et ne progresse que quand on la nourrit. C'est pour ça qu'on parle de langue vivante.

  • Gauthier Seys

    Est-ce que toi, quand tu débutes l'aventure avec un nouvel ado, ton premier métier c'est déjà de voir pourquoi ça coince ? Il y a souvent une raison précise qui fait qu'il ne veuille pas parler, il y a un truc.

  • Domitilla Delaporte

    Alors j'adore travailler avec les ados, il faut le savoir, enfin j'adore travailler avec tout âge on va dire. même les mères n'osent du langage chez les petits et tout mais vraiment les ados c'est un âge qui m'intéresse beaucoup parce qu'en fait quand un ado arrive on fait comme avec chaque patient on fait ce qu'on appelle une consultation d'anamnèse c'est à dire qu'on voit depuis combien de temps ce trouble existe, qui irait faire l'enfant sa place dans la patrie plein d'autres éléments qui peuvent aussi nous donner une grille de lecture sur comment l'enfant vit est-ce qu'il dort bien, est-ce qu'il mange bien quelle est sa personnalité au sein de la famille comment... comment il se développe socialement avec les copains, est-ce qu'il fait du sport ? Voilà, tout un tas de questions. Et en général, l'ado est bien évidemment présent pendant la session, sauf si les parents ne le souhaitent pas. Et ça arrive dans certains cas, parce qu'il y a des ados parfois qui ont des pensées suicidaires ou des choses que les parents voudraient évoquer, pas devant l'ado en question. Et ça, je le respecte et je le comprends bien évidemment. Mais très souvent, l'ado est présent dans la consultation. Et puis, ça arrive parfois que... que l'ado et ou le parent se mettent à pleurer parce que justement, on peut poser la question de savoir comment s'est passé l'arrivée dans le pays, par exemple. Et pour certains, ça a été très difficile parce qu'il y en a qui ont perdu leur copine au passage. Il y en a qui ont dû arrêter une activité sportive parce qu'elle ne se pratique pas dans la ville où ils habitent. Il y en a qui détestent la nourriture de leur nouveau pays d'accueil. Et puis les ados ne sont pas toujours très rationnels. C'est-à-dire que parfois, il y a quelque chose qui paraît petit aux yeux d'un adulte et qui en fait est très grand aux yeux d'un ado. je pense à une adolescente qui n'avait jamais réussi à naître à sa mère, que ce qui était insupportable pour elle, c'est d'avoir laissé leur chien chez la grand-mère, parce que le chien n'avait pas pu faire la quarantaine et venir dans leur pays d'expatriation, c'était trop compliqué et trop cher. Et en fait, elle avait du mal à s'intégrer parce qu'on avait laissé le chien chez la mamie. Et en fait, elle ne l'avait jamais dit, sauf devant moi, parce que la question avait arrivé dans son tapis. Et en fait, c'était une belle séance parce qu'elle a pleuré, et du coup, la mère a pris confiance, la mère a pleuré aussi. Et elles se sont rejointes sur un terrain qui était tout simple. mais qui a permis d'ouvrir beaucoup de portes derrière. Donc moi, je travaille vraiment main dans la main avec les parents, avec l'accord évidemment et le consentement des ados, parce que c'est sûr qu'après 18 ans, on ne peut le faire qu'avec le consentement de l'adulte. Mais voilà, c'est très rare que les enfants me disent Non, non, tu ne parles pas avec ma maman ou avec mon papa. Ça arrive assez peu quand même.

  • Gauthier Seys

    Domine, tu voulais faire une différence entre le plurilinguisme actif et le plurilinguisme passif.

  • Domitilla Delaporte

    Mais oui, parce que ça, c'est un peu du jargon orthophonique, mais en fait, il y a une différence entre comprendre une langue et s'exprimer dans cette langue. Et parfois, j'ai des parents qui me disent, après six mois ou un an dans un nouveau pays, Ah, ben mon enfant, il ne parle pas encore l'anglais ou l'allemand, ou n'importe quelle langue. Et je leur dis, Mais OK, il ne parle peut-être pas encore parce qu'il ne s'exprime pas. Mais qu'est-ce qu'il en comprend, en fait ? Parce que parfois, et là, je prends mon cas personnel, j'habite en Allemagne depuis quelques années, je parle très mal allemand, mais pour autant, je comprends quasiment tout. Et en fait, quand on me parle, du coup, je réponds en anglais, ce qui est imparfait, mais ce qui est fonctionnel. Et je pense que finalement, il y a des ados qui, peut-être à cause de leur personnalité, parce qu'ils sont très perfectionnistes, ils n'osent peut-être pas trop parler tant qu'ils vont faire des erreurs grammaticales ou qu'ils ne sont pas sûrs d'avoir le bon mot de vocabulaire, etc. Mais pour autant, ils comprennent. Et je réalise que dans l'imaginaire des parents, en fait, un enfant qui est vilain, c'est un enfant qui parle. Et bon, il y a aussi des vilains déjà passifs, c'est-à-dire un enfant qui comprend, et qui ensuite arrivent à baragouiner, soit en anglais, soit dans sa langue native ou avec des gestes et tout. Et du coup, ça ne brise pas la communication. Et ça, c'est important de comprendre la différence.

  • Gauthier Seys

    J'ai toujours été très nul dans les langues étrangères, mais c'est toujours moi qui ai mené les groupes parce que facilement, on parle avec les mains, on fait un mélange de français, d'anglais, d'allemand, on fait ce qu'on veut. L'essentiel, c'est de se faire comprendre au final.

  • Domitilla Delaporte

    Exactement, mais tu le dis très bien et moi j'ai la chance de te voir puisqu'on est en visio tous les deux, mais tu parles avec les mains et c'est beau les gens qui parlent avec les mains. Moi aussi je parle beaucoup avec les mains d'habitude et comme tu dis, tu m'aides en groupe, mais qu'est-ce qui fait en fait le langage ? Ce n'est pas juste les mots qui sortent de la bouche, c'est l'énergie de quelqu'un, ça passe par le regard, ça passe par le sourire, c'est ce que je dis souvent. Moi j'ai énormément de rides pour mon âge et finalement je me dis, mais c'est parce que je souris énormément, je suis très expressive et comme ça fait 25 ans que je vis à l'étranger, J'ai besoin, pour désamorcer des malaises et des malentendus et des situations, j'ai besoin d'être très expressive. Et donc, je montre mon étonnement, je montre ma joie, je montre vraiment. Et du coup, quelque part, ça me permet de vivre bien avec mes rides, parce qu'elles ont une histoire.

  • Gauthier Seys

    Au final, par rapport à ce que tu m'expliques, c'est soit un caillou qui vient se mettre dans la machine. Est-ce que ton rôle, toi, c'est pas de trouver justement où se trouve ce caillou pour que tout se remette en marche ?

  • Domitilla Delaporte

    Oui. Alors, moi, je ne suis pas psychologue. Donc, je ne cherche pas forcément. Alors, je pose beaucoup de questions sur l'enfance de l'enfant, l'expatriation, sa vie quotidienne, etc. pour bien se connaître, en fait, tout simplement. Et comme je suis en visio, je suis chez les gens. Donc, en fait, contrairement aux idées reçues, j'ai accès à beaucoup plus de choses. Déjà, très souvent, je vois les deux parents, parce que c'est plus à la maison. Je vois sa chambre, je vois sa cuisine. Enfin, parfois, quand ça fait plusieurs séances que je travaille avec un enfant, je le connais bien quand même. Et je ne cherche pas spécialement d'où vient le trouble, d'où vient le problème, même si ça nous donne des indications. Je suis plus dans une démarche de ok, le problème il est là, mais qu'est-ce qu'on fait maintenant ? Et qu'est-ce qu'on fait pour le futur ? Ça c'est certainement ma personnalité aussi. Et en ce sens, je suis peut-être un peu plus coach, je n'en sais rien, mais ça m'intéresse de voir où est le problème et quel est le plan d'action, qu'est-ce qu'on met en place, qu'est-ce qui va être mesurable aussi dans le temps. Et comment on va faire pour que ça soit un peu moins un problème ou que ça reste un problème, mais un peu plus léger. Plus léger pour l'enfant, l'adolescent et pour sa famille et du coup pour tout le monde autour. Parce qu'un problème qui devient plus léger, c'est plus léger pour les profs aussi. Tout le monde en ressent les bénéfices, ça c'est certain.

  • Gauthier Seys

    Et ma dernière question, avec tes 25 ans d'expérience, est-ce qu'in fine, on se rend compte que les enfants qui vivent ce plurilinguisme sortent de là avec des bagages bien plus riches, bien plus lourds, bien plus étoffés, bien plus utiles pour le reste de leur vie ?

  • Domitilla Delaporte

    Écoute, moi, je ne classifie pas les ados, les enfants et les gens de manière générale. Je pense que chaque vie est très riche. Mais ce que je constate, parce que c'est ma vie à moi, c'est que ça fait 25 ans qu'on est expatriés, on est riches des rencontres, on est riches des conversations, on est riches des plats qu'on a goûtés, on est riches des paysages qu'on a vus, on est riches de stress sensoriel, en fait, tout ce qu'on vit en expatriation. Je crois qu'il y a un proverbe qui dit On ne visite bien un pays qu'en le goûtant, en le voyant, en le touchant, en le humant. Et en fait, quand on vit quelque part, on ne voyage pas, en fait. On n'est pas en vacances. On est en train de vivre une vie. Donc, c'est ça, en fait. Un ado expatrié, il change souvent d'école, il change souvent de copain. Si ce n'est pas lui qui part, c'est les autres qui partent autour. Donc, en fait, c'est ça la richesse et en même temps la vulnérabilité parce que du coup, parfois, il manque de racines. Mais bon, voilà. Ça, c'est l'épisode 2, peut-être.

  • Gauthier Seys

    En tout cas, si vous avez besoin d'un orthophoniste pour votre ado, alors que vous êtes en expatriation, le lien pour contacter Domitia est présent dans ce podcast. Pour arriver sur ton site domidelaporte.com, merci pour cet éclairage. Et je te souhaite un bon début d'année en Allemagne. Du coup, on dit comment bonne année en allemand ?

  • Domitilla Delaporte

    Je devrais savoir. Je ne sais même pas, je vais te dire. Je n'étais pas en Allemagne en plus pour les fêtes. Moi, je fais la bise à tout le monde, des hugs dans tous les sens. Et ça vaut pour... ça vaut.

  • Gauthier Seys

    Eh bien, Gutenart alors maintenant.

  • Domitilla Delaporte

    Gutenart, ja, Gutenart.

  • La radio des Français dans le monde

    Les ados et l'expatriation en partenariat avec les experts du réseau ExpatPro. Dossier parrainé par ExpatTudents, le spécialiste des candidatures pour les universités au Royaume-Uni, en Europe et au Canada.

Chapters

  • Introduction au sujet des ados et l'expatriation

    00:02

  • Le rôle du multilinguisme dans l'expatriation

    00:26

  • Les atouts et défis du multilinguisme chez les adolescents

    00:51

  • Les différences d'âge et d'identité chez les adolescents expatriés

    02:13

  • Le stress parental et son impact sur les adolescents

    05:05

  • Conseils pour aider les parents à gérer l'expatriation

    06:24

  • Comprendre le plurilinguisme actif et passif

    07:44

  • Les bénéfices du plurilinguisme pour les adolescents expatriés

    13:55

Description

.

Êtes-vous conscient que le multilinguisme peut être une véritable clé de réussite pour les adolescents expatriés ? Dans le cadre du dossier spécial « Les Ados & l’Expatriation » proposé par Francaisdanslemonde.fr avec le soutien des experts d’Expat Pro et le parrainage d’Expat Student, le Spécialiste des candidatures pour les universités au Royaume-Uni, en Europe et au Canada, Gauthier Seys s'entretient avec Domitilla Delaporte, orthophoniste en ligne spécialisée dans l'accompagnement des jeunes en situation de mobilité internationale. Ensemble, ils explorent les nuances du multilinguisme chez les adolescents expatriés, un sujet d'une importance cruciale pour les familles vivant à l'étranger.


Domitilla, forte de son expérience, partage avec nous comment l'expatriation est souvent une décision prise par les parents, plaçant les enfants dans un rôle de suiveurs. Elle met en lumière les avantages indéniables du multilinguisme, tout en n'oubliant pas de mentionner les défis qui l'accompagnent. En effet, selon la situation de chaque adolescent, il peut devenir bilingue ou même plurilingue, mais cela ne se fait pas sans un environnement émotionnel et social propice à l'apprentissage des langues.


Au fil de la conversation, Domitilla aborde également les différences d'âge et de développement qui influencent l'adaptation des adolescents expatriés. Le stress parental peut avoir un impact significatif sur cette transition, et elle propose des conseils précieux aux parents pour aider leurs enfants à naviguer dans ce monde complexe. L'équilibre entre la langue maternelle et la nouvelle langue du pays d'accueil est essentiel, et Domitilla nous guide sur la meilleure façon d'y parvenir.


Cet épisode est une véritable mine d'informations pour tous les Français de l'étranger, qu'ils soient en pleine expatriation, en retour en France, ou simplement curieux d'en savoir plus sur la vie d'expatriée. Que vous soyez un parent, un ado expatrié, ou que vous envisagiez d'étudier à l'étranger, vous trouverez des ressources précieuses et des conseils pratiques pour mieux appréhender cette expérience unique.


Ne manquez pas cette interview enrichissante qui met en avant la richesse des expériences vécues par les adolescents expatriés. Malgré les défis d'identité et d'adaptation, il existe des moyens de transformer ces obstacles en opportunités d'apprentissage et de croissance. Rejoignez-nous pour découvrir comment le multilinguisme peut être un atout majeur dans la vie d'un expat et comment vous pouvez soutenir vos adolescents dans cette aventure passionnante. Écoutez dès maintenant cet épisode de 10 minutes, le podcast des Français dans le monde et plongez dans l'univers fascinant du multilinguisme et de la mobilité internationale !

.

https://www.domidelaporte.com/

.

Podcast n°2390 (janvier 2025) produit par Francaisdanslemonde.fr: Radios & podcasts pour les Francophones qui se préparent ou qui vivent la mobilité internationale. Appli mobile gratuite disponible pour Android & Apple, recherchez FRANCAIS DANS LE MONDE.

.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • La radio des Français dans le monde

    La radio des français dans le monde présente le dossier spécial Les ados et l'expatriation, parrainé par Expat Students, le spécialiste des candidatures pour les universités au Royaume-Uni, en Europe et au Canada.

  • Gauthier Seys

    Et je profite du réseau des experts d'Expat Pro pour pouvoir, sur différents thèmes, aborder ce fabuleux dossier sur les ados et l'expatriation. Direction Munich, on part en Allemagne, retrouver Domitia Delaporte. 25 ans d'expérience à son rôle d'orthophoniste, aujourd'hui orthophoniste en ligne où que vous soyez, elle est à votre disposition et elle est à la mienne pendant 10 minutes. Bonjour Domi !

  • Domitilla Delaporte

    Bonjour Gauthier !

  • Gauthier Seys

    Content de te retrouver, est-ce que tu vas bien ?

  • Domitilla Delaporte

    Eh bien écoute, je commence 2025 en beauté avec toi.

  • Gauthier Seys

    Ah bah c'est gentil ! C'est chouette ! On va parler de ce sujet du multilinguisme. Alors en quoi, dans cette thématique avec les ados, le multilinguisme ? a des atouts et en quoi ça peut être gênant ?

  • Domitilla Delaporte

    Alors j'ai envie de te dire, les atouts et est-ce que c'est gênant, ce n'est pas tellement comme ça que moi je verrais la question. C'est-à-dire qu'en fait, quand on part en expatriation, très souvent, c'est les parents qui décident de l'expatriation professionnelle, la plupart du temps, ou parce qu'ils ont une envie de découvrir le monde, et l'enfant est un suiveur. Donc l'expatriation, le multilinguisme est une conséquence de l'expatriation. Sauf si on s'expatrie dans un pays francophone, je pense à ceux qui s'expatrient en Belgique, en Suisse, etc., il n'y a pas cette problématique de langue. Mais si on s'expatrie dans un pays dont la langue n'est pas la même que le français, du coup, on ne choisit pas, on le subit. On décide que c'est une expérience, un challenge familial qu'on va dépasser, qu'on va surmonter. Je pense que l'adolescent, si c'est pour répondre à ta question, très souvent, il est suiveur dans ce parcours de multilinguisme. Soit il est déjà multilingue avant de partir, ce qui est l'idéal parce que du coup, c'est plus simple. Soit il est franco-français et puis il devient bilingue ou plurilingue au cours de son parcours d'expatriation et scolaire et au fil de sa vie, en fait, simplement.

  • Gauthier Seys

    Est-ce qu'on est tous égaux ? Et donc, est-ce que les ados sont tous égaux face au multilinguisme ?

  • Domitilla Delaporte

    Oui et non. Oui et non, je te dirais oui parce que... à QI équivalent on va dire, tous les cerveaux sont capables d'être connectés à des langues mais on sait bien qu'il n'y a pas qu'une question d'intelligence cognitive on va dire, il y a aussi l'intelligence émotionnelle, il y a aussi un ado qui est bien de ses baskets, qui a envie de communiquer, qui est bien soutenu par l'école, qui a des copains etc. aura le besoin et l'envie de s'exprimer beaucoup plus rapidement qu'un ado qui ne va pas super bien et qui n'est pas forcément qui trouve pas sa place dans la fratrie ou qui est en opposition avec ses parents. Il y a tout un tas de facteurs, on ne peut pas parler de tout ça en 10 minutes, mais je dirais qu'a priori tous les cerveaux, même, il y a des études qui ont été faites sur des enfants porteurs de trisomie 21, par exemple des enfants handicapés mentaux, tout enfant est capable de devenir plurilingue à hauteur de ses possibilités langagières. Donc ça c'est pas un souci.

  • Gauthier Seys

    Alors dans le créneau qu'on a fixé les 10-18 ans, tu as identifié plutôt... Une première partie, 13, 16, et ensuite il y a la puberté, et donc les ados qui sont plus proches de l'âge adulte. Tu sens une différence avec ces deux publics ?

  • Domitilla Delaporte

    Oui, je te dirais, là on est sur des grandes généralités, si tu veux. Si on prend les adolescents, les teenagers, comme on dit en anglais, c'est une période qui s'étale entre 13 et 19 ans. Alors c'est sûr qu'entre 13 et 15, 16 ans, très souvent c'est encore des grands, grands enfants. La puberté n'est pas au même âge pour tout le monde, entre les filles et les garçons, et puis même intersexe, ce n'est pas toujours au même âge. Et puis à partir de 18 ans, légalement en tout cas en France, on est considéré comme adulte. Je dirais que l'expatriation, en fait, on ne choisit pas toujours, parce que très souvent, à moins d'avoir un enfant unique, quand on a une fratrie, très souvent la famille s'expatrie quand le moment professionnel est arrivé. propositions, ce profil on va dire et puis on fait un peu au fil de l'eau en fonction de comment ça va. Mais je te dirais qu'entre 13 et 16 ans ça peut être parfois un peu plus compliqué parce que l'enfant est encore dans une période un peu charnière où son identité n'est pas encore très construite, il est encore très dépendant de ses parents, la communication ce n'est pas forcément leur forme, notamment dans l'expression des émotions, donc il y a plus volontiers des portes qui claquent que des grands dialogues. Et très souvent, chez un enfant, quand la puberté vient passer et est mise en place, je dirais après 16, 17, 18 ans, là, on arrive plus sur une discussion de grands à adultes. Et ils sont un peu moins adoléchants et ils deviennent un peu plus adorables.

  • Gauthier Seys

    Ils vont adorer. Voilà.

  • Domitilla Delaporte

    C'est ce que je dis souvent.

  • Gauthier Seys

    Tu constates qu'avec le public expat que tu as, que les parents sont plus stressés que les autres.

  • Domitilla Delaporte

    Alors, j'ai du mal à te dire, je te dirais que les parents de nos jours sont assez stressés parce qu'il y a toutes les injonctions sociales, des réseaux sociaux, il faudrait être le parent parfait, bien cuisiner, faire du sport, etc. Et en éducation plurilingue, il y a tout un tas d'informations. Donc, moi, ce que je vois en accompagnement parental, alors ceux qui viennent me voir, très souvent, sont un peu stressés parce que soit ils sont envoyés par l'école et donc ils disent qu'il y a un problème. qui a déjà été pré-diagnostiquée, on va dire. Soit ils sont stressés parce qu'en fait, ils sont isolés, ils sont loin. Il n'y a pas toujours le cercle social de la famille, la belle famille, les copains, le médecin traitant qui vous connaît depuis longtemps. Quand on vient d'arriver, on est un peu submergé par plein de choses. Et puis, parfois, il y a des mamans qui se retrouvent un peu seules aussi parce qu'on joue un voyage. Enfin, je dis des mamans, mais des papas aussi. Donc, voilà. Moi, je ressens beaucoup de... de stress et parfois d'angoisse même chez les parents. Et c'est avec ça que j'ai envie de travailler, parce que je pense que quand l'angoisse et le stress du parent descend, tout de suite, à l'adolescent, il y a une force d'un dialogue, ça c'est sûr et certain.

  • Gauthier Seys

    Alors justement, on a peut-être quelques conseils à prodiguer à ses parents pour qu'ils se détendent un peu sur le sujet. Tout va bien se passer.

  • Domitilla Delaporte

    Tout devrait bien se passer, on ne peut pas être prédictif. Évidemment, il peut y avoir des problèmes, on ne va pas leur vendre des coups de baguette magiques, mais... Je pense que face à chaque problème de langage, il y a très souvent une solution. Je ne fais pas de la pub pour mes séances d'orthophonie, mais je veux dire, il y a des cours de français, il y a des psychologues, il y a des cours de sport, enfin, il y a très souvent des solutions. Et un enfant qui s'isole et qui ne parle pas, il y a quand même des clés et des choses à mettre en place pour pouvoir le sortir de son trou, entre guillemets. Et en fait, pour en revenir au sujet du multilinguisme, c'est vrai qu'on parle toujours des langues qui sont vivantes. Donc, quand un enfant arrive à l'étranger, tout l'art, entre guillemets, c'est d'avoir suffisamment d'activités et de temps passé dans sa langue dite maternelle, donc dans sa langue de cœur, sa langue de confort. Ça peut être des contacts téléphoniques qu'il maintient avec ses copains d'avant, etc. Mais transitionner gentiment vers la nouvelle langue du pays d'expatriation, ça peut être via des activités sportives, ça peut être via la télé, pourquoi pas les réseaux sociaux, ou passer à la télé. Voilà, tout l'art c'est de maintenir un équilibre et de nourrir ses langues en fait, parce qu'une langue n'évolue et ne progresse que quand on la nourrit. C'est pour ça qu'on parle de langue vivante.

  • Gauthier Seys

    Est-ce que toi, quand tu débutes l'aventure avec un nouvel ado, ton premier métier c'est déjà de voir pourquoi ça coince ? Il y a souvent une raison précise qui fait qu'il ne veuille pas parler, il y a un truc.

  • Domitilla Delaporte

    Alors j'adore travailler avec les ados, il faut le savoir, enfin j'adore travailler avec tout âge on va dire. même les mères n'osent du langage chez les petits et tout mais vraiment les ados c'est un âge qui m'intéresse beaucoup parce qu'en fait quand un ado arrive on fait comme avec chaque patient on fait ce qu'on appelle une consultation d'anamnèse c'est à dire qu'on voit depuis combien de temps ce trouble existe, qui irait faire l'enfant sa place dans la patrie plein d'autres éléments qui peuvent aussi nous donner une grille de lecture sur comment l'enfant vit est-ce qu'il dort bien, est-ce qu'il mange bien quelle est sa personnalité au sein de la famille comment... comment il se développe socialement avec les copains, est-ce qu'il fait du sport ? Voilà, tout un tas de questions. Et en général, l'ado est bien évidemment présent pendant la session, sauf si les parents ne le souhaitent pas. Et ça arrive dans certains cas, parce qu'il y a des ados parfois qui ont des pensées suicidaires ou des choses que les parents voudraient évoquer, pas devant l'ado en question. Et ça, je le respecte et je le comprends bien évidemment. Mais très souvent, l'ado est présent dans la consultation. Et puis, ça arrive parfois que... que l'ado et ou le parent se mettent à pleurer parce que justement, on peut poser la question de savoir comment s'est passé l'arrivée dans le pays, par exemple. Et pour certains, ça a été très difficile parce qu'il y en a qui ont perdu leur copine au passage. Il y en a qui ont dû arrêter une activité sportive parce qu'elle ne se pratique pas dans la ville où ils habitent. Il y en a qui détestent la nourriture de leur nouveau pays d'accueil. Et puis les ados ne sont pas toujours très rationnels. C'est-à-dire que parfois, il y a quelque chose qui paraît petit aux yeux d'un adulte et qui en fait est très grand aux yeux d'un ado. je pense à une adolescente qui n'avait jamais réussi à naître à sa mère, que ce qui était insupportable pour elle, c'est d'avoir laissé leur chien chez la grand-mère, parce que le chien n'avait pas pu faire la quarantaine et venir dans leur pays d'expatriation, c'était trop compliqué et trop cher. Et en fait, elle avait du mal à s'intégrer parce qu'on avait laissé le chien chez la mamie. Et en fait, elle ne l'avait jamais dit, sauf devant moi, parce que la question avait arrivé dans son tapis. Et en fait, c'était une belle séance parce qu'elle a pleuré, et du coup, la mère a pris confiance, la mère a pleuré aussi. Et elles se sont rejointes sur un terrain qui était tout simple. mais qui a permis d'ouvrir beaucoup de portes derrière. Donc moi, je travaille vraiment main dans la main avec les parents, avec l'accord évidemment et le consentement des ados, parce que c'est sûr qu'après 18 ans, on ne peut le faire qu'avec le consentement de l'adulte. Mais voilà, c'est très rare que les enfants me disent Non, non, tu ne parles pas avec ma maman ou avec mon papa. Ça arrive assez peu quand même.

  • Gauthier Seys

    Domine, tu voulais faire une différence entre le plurilinguisme actif et le plurilinguisme passif.

  • Domitilla Delaporte

    Mais oui, parce que ça, c'est un peu du jargon orthophonique, mais en fait, il y a une différence entre comprendre une langue et s'exprimer dans cette langue. Et parfois, j'ai des parents qui me disent, après six mois ou un an dans un nouveau pays, Ah, ben mon enfant, il ne parle pas encore l'anglais ou l'allemand, ou n'importe quelle langue. Et je leur dis, Mais OK, il ne parle peut-être pas encore parce qu'il ne s'exprime pas. Mais qu'est-ce qu'il en comprend, en fait ? Parce que parfois, et là, je prends mon cas personnel, j'habite en Allemagne depuis quelques années, je parle très mal allemand, mais pour autant, je comprends quasiment tout. Et en fait, quand on me parle, du coup, je réponds en anglais, ce qui est imparfait, mais ce qui est fonctionnel. Et je pense que finalement, il y a des ados qui, peut-être à cause de leur personnalité, parce qu'ils sont très perfectionnistes, ils n'osent peut-être pas trop parler tant qu'ils vont faire des erreurs grammaticales ou qu'ils ne sont pas sûrs d'avoir le bon mot de vocabulaire, etc. Mais pour autant, ils comprennent. Et je réalise que dans l'imaginaire des parents, en fait, un enfant qui est vilain, c'est un enfant qui parle. Et bon, il y a aussi des vilains déjà passifs, c'est-à-dire un enfant qui comprend, et qui ensuite arrivent à baragouiner, soit en anglais, soit dans sa langue native ou avec des gestes et tout. Et du coup, ça ne brise pas la communication. Et ça, c'est important de comprendre la différence.

  • Gauthier Seys

    J'ai toujours été très nul dans les langues étrangères, mais c'est toujours moi qui ai mené les groupes parce que facilement, on parle avec les mains, on fait un mélange de français, d'anglais, d'allemand, on fait ce qu'on veut. L'essentiel, c'est de se faire comprendre au final.

  • Domitilla Delaporte

    Exactement, mais tu le dis très bien et moi j'ai la chance de te voir puisqu'on est en visio tous les deux, mais tu parles avec les mains et c'est beau les gens qui parlent avec les mains. Moi aussi je parle beaucoup avec les mains d'habitude et comme tu dis, tu m'aides en groupe, mais qu'est-ce qui fait en fait le langage ? Ce n'est pas juste les mots qui sortent de la bouche, c'est l'énergie de quelqu'un, ça passe par le regard, ça passe par le sourire, c'est ce que je dis souvent. Moi j'ai énormément de rides pour mon âge et finalement je me dis, mais c'est parce que je souris énormément, je suis très expressive et comme ça fait 25 ans que je vis à l'étranger, J'ai besoin, pour désamorcer des malaises et des malentendus et des situations, j'ai besoin d'être très expressive. Et donc, je montre mon étonnement, je montre ma joie, je montre vraiment. Et du coup, quelque part, ça me permet de vivre bien avec mes rides, parce qu'elles ont une histoire.

  • Gauthier Seys

    Au final, par rapport à ce que tu m'expliques, c'est soit un caillou qui vient se mettre dans la machine. Est-ce que ton rôle, toi, c'est pas de trouver justement où se trouve ce caillou pour que tout se remette en marche ?

  • Domitilla Delaporte

    Oui. Alors, moi, je ne suis pas psychologue. Donc, je ne cherche pas forcément. Alors, je pose beaucoup de questions sur l'enfance de l'enfant, l'expatriation, sa vie quotidienne, etc. pour bien se connaître, en fait, tout simplement. Et comme je suis en visio, je suis chez les gens. Donc, en fait, contrairement aux idées reçues, j'ai accès à beaucoup plus de choses. Déjà, très souvent, je vois les deux parents, parce que c'est plus à la maison. Je vois sa chambre, je vois sa cuisine. Enfin, parfois, quand ça fait plusieurs séances que je travaille avec un enfant, je le connais bien quand même. Et je ne cherche pas spécialement d'où vient le trouble, d'où vient le problème, même si ça nous donne des indications. Je suis plus dans une démarche de ok, le problème il est là, mais qu'est-ce qu'on fait maintenant ? Et qu'est-ce qu'on fait pour le futur ? Ça c'est certainement ma personnalité aussi. Et en ce sens, je suis peut-être un peu plus coach, je n'en sais rien, mais ça m'intéresse de voir où est le problème et quel est le plan d'action, qu'est-ce qu'on met en place, qu'est-ce qui va être mesurable aussi dans le temps. Et comment on va faire pour que ça soit un peu moins un problème ou que ça reste un problème, mais un peu plus léger. Plus léger pour l'enfant, l'adolescent et pour sa famille et du coup pour tout le monde autour. Parce qu'un problème qui devient plus léger, c'est plus léger pour les profs aussi. Tout le monde en ressent les bénéfices, ça c'est certain.

  • Gauthier Seys

    Et ma dernière question, avec tes 25 ans d'expérience, est-ce qu'in fine, on se rend compte que les enfants qui vivent ce plurilinguisme sortent de là avec des bagages bien plus riches, bien plus lourds, bien plus étoffés, bien plus utiles pour le reste de leur vie ?

  • Domitilla Delaporte

    Écoute, moi, je ne classifie pas les ados, les enfants et les gens de manière générale. Je pense que chaque vie est très riche. Mais ce que je constate, parce que c'est ma vie à moi, c'est que ça fait 25 ans qu'on est expatriés, on est riches des rencontres, on est riches des conversations, on est riches des plats qu'on a goûtés, on est riches des paysages qu'on a vus, on est riches de stress sensoriel, en fait, tout ce qu'on vit en expatriation. Je crois qu'il y a un proverbe qui dit On ne visite bien un pays qu'en le goûtant, en le voyant, en le touchant, en le humant. Et en fait, quand on vit quelque part, on ne voyage pas, en fait. On n'est pas en vacances. On est en train de vivre une vie. Donc, c'est ça, en fait. Un ado expatrié, il change souvent d'école, il change souvent de copain. Si ce n'est pas lui qui part, c'est les autres qui partent autour. Donc, en fait, c'est ça la richesse et en même temps la vulnérabilité parce que du coup, parfois, il manque de racines. Mais bon, voilà. Ça, c'est l'épisode 2, peut-être.

  • Gauthier Seys

    En tout cas, si vous avez besoin d'un orthophoniste pour votre ado, alors que vous êtes en expatriation, le lien pour contacter Domitia est présent dans ce podcast. Pour arriver sur ton site domidelaporte.com, merci pour cet éclairage. Et je te souhaite un bon début d'année en Allemagne. Du coup, on dit comment bonne année en allemand ?

  • Domitilla Delaporte

    Je devrais savoir. Je ne sais même pas, je vais te dire. Je n'étais pas en Allemagne en plus pour les fêtes. Moi, je fais la bise à tout le monde, des hugs dans tous les sens. Et ça vaut pour... ça vaut.

  • Gauthier Seys

    Eh bien, Gutenart alors maintenant.

  • Domitilla Delaporte

    Gutenart, ja, Gutenart.

  • La radio des Français dans le monde

    Les ados et l'expatriation en partenariat avec les experts du réseau ExpatPro. Dossier parrainé par ExpatTudents, le spécialiste des candidatures pour les universités au Royaume-Uni, en Europe et au Canada.

Chapters

  • Introduction au sujet des ados et l'expatriation

    00:02

  • Le rôle du multilinguisme dans l'expatriation

    00:26

  • Les atouts et défis du multilinguisme chez les adolescents

    00:51

  • Les différences d'âge et d'identité chez les adolescents expatriés

    02:13

  • Le stress parental et son impact sur les adolescents

    05:05

  • Conseils pour aider les parents à gérer l'expatriation

    06:24

  • Comprendre le plurilinguisme actif et passif

    07:44

  • Les bénéfices du plurilinguisme pour les adolescents expatriés

    13:55

Share

Embed

You may also like