- Speaker #0
Bienvenue sur la Freediving Family, le podcast 100% apnée, 100% francophone. La Freediving Family, ce sont des interviews pour explorer les motivations, les peurs, les déclics et découvrir les parcours inspirants de nos femmes et nos hommes dauphins. Je suis Julien Moreau, membre de l'équipe de France d'apnée AIDA 2024 ainsi qu'AIDA Master Instructeur. Mais je suis avant tout comme vous, un amoureux de l'océan et de la communauté apnée. Depuis 2021, je parcours le monde de Bora Bora au Blue Hole égyptien. Sur ma route, je tends le micro aux freedivers vivant leurs rêves de grand bleu. Installez-vous confortablement et bonne écoute à vous. Mais avant, n'oubliez pas de vous abonner à la Freediving Family, le podcast 100% apnée. Cet épisode est aussi soutenu par l'école d'apnée Blue Addictions. Elle est basée dans le sud de la France, à l'Allon-les-Morts et Born-les-Bimosa. Depuis 2011, Blue Addictions propose des formations AIDA et FFESSN. Vous pouvez vous y former comme MEF1, passer votre RIFA ou encore faire votre AIDAKA. Que vous soyez. Soyez un club, un débutant curieux ou un apnéiste confirmé, Blue Addictions vous propose des stages variés, des masterclass avec des grands noms de l'apnée, des ateliers sur la compensation avec Federico Mano. Blue Addictions dispose de deux semi-rigides équipés de potences amovibles et de deux centres pour vous recevoir avec confort. Blue Addictions, c'est aussi une équipe d'apnéistes compétiteurs au niveau international avec la Blue Addictions Pro Team. Merci à l'équipe Blue Addictions de soutenir le podcast Free Diving Family. Culte ! mythique incontournable mémorable puissant les adjectifs me manque pour qualifier le grand bleu une oeuvre cinématographique réalisée par luc besson sorti dans les salles en 1988 avec plus de 11 millions d'entrées la vague du grand bleu se déverse sur la france personne ne s'attendait à ce que ce cette fable sur Jacques Mayol devienne pour des générations entières une référence, influençant des milliers de personnes, le monde du Grand Bleu, le monde de l'apnée et de la plongée bouteille s'ouvre au grand public. L'acteur principal de ce conte n'est autre que Jacques Jean-Marc Barre, interprétant le français Jacques Mayol. Mayol est le premier homme à atteindre les 100 mètres de profondeur en apnée grâce à une gueuse. C'était en 1976 alors qu'il avait 49 ans. Dans cette course au record du monde de profondeur, un italien charismatique lui fait face. Enzo Maiorca, joué par Jean Reno. Dans le film, il est appelé Enzo Molinari, car le vrai Enzo n'est pas en accord avec Luc Besson. D'ailleurs, le film a été interdit pendant 14 ans en Italie, avant qu'il ne sorte avec des sc��nes retirées. Surtout sur la mama italienne. Le Grand Bleu, c'est une fable, loin de ressembler à la réalité. Il n'y a jamais eu de championnat du monde en gueuse, en haut limite. C'est une invention narrative de Luc Besson. Jacques Mayol est à l'opposé total du rôle qu'a joué Jean-Marc Barre. Mayol était un homme à femme, un séducteur, un showman, un aventurier nomade inépuisable ayant eu de multiples vies, loin du côté innocent interprété par Jean-Marc. Dans cet épisode exceptionnel, Jean-Marc se livre à cœur ouvert sur son expérience dans le Grand Bleu, sur sa relation avec Jacques Mayol, sur son entraînement avec Luc Besson et Jean Reno, sur sa vision du rôle de l'artiste dans la société, sur sa relation avec son père militaire abéricain et le fameux complexe de supériorité « Made in USA » . Il dénonce aussi l'illusion et les mensonges de notre société. Et d'ailleurs, il se qualifie lui-même de clown. Jean-Marc exprime son inquiétude face aux conflits armés émergents qui le répugnent, sur son rôle de jeune papa malgré ses 65 ans. Et bien entendu, on revient sur l'impact du Grand Bleu dans sa vie pro, perso et dans la nôtre. Car le Grand Bleu, c'est au public qu'il appartient, et il aime à le rappeler. Je tiens à dédicacer cet épisode à mon père, Jacques Moreau, qui m'a fait découvrir le Grand Bleu lorsque j'avais 4 ans et demi, juste avant de subitement... quitter ce monde dans les mêmes circonstances tragiques que Jacques Mayol. Je dédicace cet épisode à mon petit enfant intérieur qui a regardé 47 fois Le Grand Bleu. Et oui, je fais partie de cette espèce de gens qui ont regardé de nombreuses fois Le Grand Bleu mais je pense que je ne suis pas tout seul si vous êtes sur cet épisode. Donc je le dédicace à cet enfant qui a pleuré devant la scène de la disparition de Jacques, qui a explosé de rire dans la scène de la Fiat 500 après le sauvetage du scaphandrier sur l'île d'Amorgos, qui a rêvé en regardant Jean-Marc nager accroché à l'aileron des dauphins, qui a retenu son souffle dans la scène du champagne de l'hôtel à Taormina, qui était un peu gêné aussi durant les scènes d'amour avec Johanna Arquette, et qui répétait à longueur de temps sur les plages l'été « Roberto, mi opa almo » . Encore merci Jean-Marc pour ton temps. Pouvoir échanger deux heures avec son héros d'enfance, c'est une chance. Donc merci Pierre Frolla pour la mise en relation. J'espère que vous allez apprécier cette rencontre audio-yodée. qui vient fêter les 1 an du podcast et oui déjà 1 an et 53 épisodes j'ai pas chômé si tu aimes le podcast dis le avec 5 étoiles et abonne toi s'il te plaît invite tes copains de club, invite ta grand mère, invite tout le monde tu peux aussi devenir tipeur et m'aider à partir de 1 euro, 1 euro par mois tu trouveras le lien dans la description de l'épisode j'ai besoin de vous pour que la FF continue de se développer bref Je dédie cet épisode exceptionnel à tous les amoureux, de près ou de loin, à la grande famille du Grand Bleu, la Freediving Family. Jean-Marc Barre, le Grand Bleu n'est qu'une fable, une illusion, jouée par un clown. C'est un épisode de la FF, et ça commence maintenant. Bonjour Jean-Marc. Ciao. Bienvenue sur la Freediving Family, on est super heureux de te recevoir. Tu fais partie des visages emblématiques... de l'apnée en France, grâce notamment au film Le Grand Bleu, sorti en 88, qui est devenu un énorme phénomène. Merci d'avoir accepté l'invitation.
- Speaker #1
Ce n'était pas voulu, mais quand c'est arrivé, c'était voulu. Tu ne peux pas t'attendre à ça dans la vie. C'est vraiment l'histoire de Pygmalion. Je ne sais pas si tu connais cette histoire, où l'artiste fait son art. C'est un statut, mais la statue prend vie, elle fait son propre destin. Pour moi, c'était la bonne fortune d'être dans le bon endroit au bon moment et d'être avec Besson qui, à cette époque-là, voulait communiquer ce rapport qu'il a avec la mer à travers le personnage de Jacques Mayol. Mais je me rends compte avec le temps, c'est que quand Luc a fait un tel beau film, qu'il a eu une transparence à travers lequel c'est le spectateur qui remplit, qui est Jacques et qui est cet amour pour la mer. Donc c'est quelque chose, le succès du Grand Bleu, c'est un énorme cadeau, en sachant aussi que, oui, tu n'es qu'une image dont le spectateur la remplit.
- Speaker #0
et bien C'est marrant que tu dises ça, parce que j'ai regardé pas mal d'interviews que tu as donnés sur ta carrière, et tu parles souvent de l'illusion. Le Grand Bleu, ça reste un film, le Grand Bleu, ça reste une fable, et après, c'est ce qu'on en fait, nous, qui est important.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
Toi, t'es simplement un vecteur.
- Speaker #1
Les grands films, peut-être, nous permettent de se questionner, d'être face à des choses qu'on ne connaît pas. elle nous laisse rentrer et nous fait évoluer comme être humain. L'illusion aussi, on peut l'apprendre à comment... Oui, peut-être les années post-guerre, l'illusion qu'on a de qui on est comme un État, qui on est comme humain, qui a été formé justement par le cinéma et la télé, les livres, et de savoir que c'est une illusion. C'est important de le rappeler. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, il y a 30-40 ans, je croyais dans l'illusion. Et aujourd'hui, l'illusion qui m'est donnée révèle qu'il était une illusion. Et c'est important de savoir ça.
- Speaker #0
Et cette illusion a quand même eu un impact énorme sur la société française, parce que ça a fait plus de 9 millions d'entrées. C'est principalement en France que le film a rencontré un succès, la vague du Grand Bleu. Ça a eu un impact énorme sur ta vie professionnelle, tant que personnelle ?
- Speaker #1
Bien sûr. J'habitais en Angleterre quand on m'avait pris pour le grand bleu. Le film, on me disait, avait un succès en Angleterre. Il avait duré une semaine. Aussi, parce que moi, je suis anglophone d'origine. Je suis né sur une base militaire en Allemagne. Papa américain, maman française. A sa sortie aux États-Unis, les Américains, étant qu'on est un pays libre, on l'a payé parce que Gaumont a produit le film, 15 millions, et ils ont trouvé que c'était une bonne idée d'enlever 20 minutes, changer la fin et enlever la musique. Donc, dans les pays anglophones, le film n'était pas du tout connu. Moi, j'ai su que c'était un succès par rapport à une pièce de théâtre que je faisais à l'époque là-bas à Londres. Et à la fin du spectacle, il y avait des fans qui m'envoyaient des fleurs. C'est quand Besson m'a demandé de venir pour le 1 millionième au Grand Rex, que là, j'ai témoigné, oui, que tout d'un coup, j'étais élevé un peu au rock star. et ayant que j'ai vécu ce que j'ai vécu en Angleterre, j'ai pu avoir une bonne distance avec ça.
- Speaker #0
Est-ce que tu dirais que ça t'a protégé ? Parce qu'au final, devenir du jour au lendemain une star, une icône, même un fantasme pour beaucoup de femmes, est-ce qu'au final c'est…
- Speaker #1
J'éprouve ça pour un effet de marketing. Il faut vraiment, c'est impossible que du jour au lendemain je sois un acteur reconnu pour son talent. Je voyais que c'était quelque chose de monté et j'ai laissé faire. Pour moi, la raison pour laquelle je suis acteur, c'était une révolte un peu contre mon passé. C'était une choix de cœur. Le succès du Grand Bleu me permettait peut-être de prendre un chemin de célébrité, de choses comme ça. Mais mon objectif, c'était d'apprendre ce métier. Ça pourrait peut-être devenir difficile si tout d'un coup, le grand bleu devenait un peu Disney et moi, je devenais Mickey.
- Speaker #0
C'est ce que tu dis dans une interview, tu deviens un peu le Mickey français.
- Speaker #1
C'est-à-dire que si je l'assumais tout d'un coup comme acteur, je ne sais pas quel genre de rôle on me demanderait de faire. Et aussi, il y avait la chose que je suis un produit un peu gringo et que ma culture... Je suis pas vraiment... J'ai du sang français, mais je suis né en Allemagne, j'ai grandi aux States, et de devenir un héros français allait être un énorme challenge. Et donc, heureusement que... Oui, je fais partie quand même de peut-être des bonnes choses que les Américains, ils ont fait dans leur occupation de l'Europe. c'est que Luc à tourner le Grand Bleu en anglais. C'est à cause de Rosanna.
- Speaker #0
Voilà, c'était une de mes questions aussi.
- Speaker #1
Oui, mais c'est surtout que je suis un produit de guerre. Je suis un produit qui a pu profiter ou exploiter pour la première fois sur le continent européen. Il y avait un langue commun sans barrière de classe, qui était l'anglais. Et donc tout d'un coup, au lieu de peut-être participer dans un cinéma français traditionnel, moi j'ai pu emmener ma carrière dans un cinéma européen, en anglais. Par exemple, la collaboration que j'ai eue avec un Danois qui s'appelle Lars von Trier. Je ne sais pas si tu connais.
- Speaker #0
Bien sûr, c'est celui avec qui tu as tourné. Europa,
- Speaker #1
Breaking Waves, en tout cas pour moi, la raison pour laquelle je suis venu en Europe, il faut me voir un peu comme l'opposé de Jean-Claude Van Damme. Moi, je viens de la Californie et je suis venu pour apprendre la culture européenne, complètement idéaliste, à une innocence. Jean-Claude, il est allé à Hollywood pour le rêve américain et il a trouvé le bon moment. Moi aussi, j'ai trouvé ce bon moment, mais j'ai pu le concentrer sur tout. Le Grand Bleu, bien sûr, est un énorme succès dans les salles et dans les VHS à cette époque-là. Mais le cinéma qui m'a fait venir en Europe, c'était le cinéma de Fassbinder, c'était le cinéma de Godard, c'était le cinéma de De Sica. Donc, j'étais très heureux quand... après le Grand Bleu j'ai pu être en collaboration avec Lars von Trier car là tout d'un coup j'étais dans ma langue mais aussi en train de aborder un cinéma qui est pour moi le cinéma quand tu vas dans une salle c'est une église et on peut faire ce que j'adore du Grand Bleu c'est que ça réveille le spirituel envers la nature et ça c'est un message très important Mais des fois, on va des films, c'est du divertissement, il n'y a rien de mal, tu manges ton pop-corn et tu l'oublies. Mais pour moi, la raison pour laquelle je voulais faire acteur, c'était à cause de Shakespeare et aussi de ce qu'est la culture, ce qu'est l'évolution de la culture depuis les temps. Et donc, j'ai vraiment pu participer avec ça, à faire mes propres films éventuellement. fin 90, on en a fait 7 après.
- Speaker #0
Avec Pascal Arnold,
- Speaker #1
principalement en Corée. Voilà, et pour moi, ce métier, j'ai quitté la Californie quand Ronald Reagan a été élu. Parce que je me dis, là, où est-ce qu'on va quand un acteur va devenir le président des États-Unis ? Et donc je suis allé en Europe et je suis devenu un acteur.
- Speaker #0
Donc aujourd'hui, tu as la nationalité américaine et française ?
- Speaker #1
J'ai eu la nationalité américaine. Et puis quand je suis venu en France à cette époque-là, étant que ma maman est française, on m'a imposé le passeport.
- Speaker #0
Et du coup, tu es de quelle région de France ? Est-ce que tu as des origines bretonnes, basques, corses ?
- Speaker #1
Non, ma grand-mère était de Souches. Paysanne de Haute-Savoie, les Italiens qui habitaient là, et mon grand-père venait de Bretagne. Ah,
- Speaker #0
t'as un grand-père breton, c'est trop drôle, j'ai le drapeau breton juste derrière.
- Speaker #1
Et puis mon papa est Irlandais d'origine.
- Speaker #0
D'accord. Un beau mélange.
- Speaker #1
Je suis, en tout cas, c'est difficile parce qu'on m'a souvent critiqué que je n'ai pas vraiment fait des trucs français et tout ça. Oui, je me retrouve à être quand même un immigré ici. J'ai le passeport français, mais... Oui, je suis un être humain avec deux passeports. C'est ça que j'ai appris avec la nationalité.
- Speaker #0
Tu as le cœur deux fois plus gros là.
- Speaker #1
Non, mais en ce moment, on est en train de vivre une chose d'identité. Avec tout ce qui s'est passé, c'est impossible qu'on ne soit pas tous frères. Donc, avec toute la politique qui nous dit le contraire, oui, l'époque est lourde.
- Speaker #0
L'époque est très lourde, effectivement. Là, tu vois, je suis à Dahab. Je suis sur les bords de la Mer Rouge et je suis à 400 km de Gaza.
- Speaker #1
Tu connais Eric May ?
- Speaker #0
Eric May, non.
- Speaker #1
Eric Demay ?
- Speaker #0
Non, je ne connais pas.
- Speaker #1
Lui, il m'a invité. J'ai fait quelque chose pour lui dans les années 90. Mais lui, il fait les rencontres avec les dauphins sur la Mer Rouge.
- Speaker #0
Moi, je suis plus au nord-est de la Mer Rouge dans le golfe d'Aqaba. Je suis en face de la radio. Moi, c'est mon métier l'apnée. Je suis instructeur d'apnée et puis athlète. J'étais en équipe de France l'année dernière, donc j'essaie de revenir dans les hauts niveaux.
- Speaker #1
Il y a vraiment un monde d'apnée. Moi, je l'ai témoigné avec Guillaume Nery et Pierre. Il y a le film, je ne sais pas si tu as vu, de Génération Grand Bleu. Il y a aussi un très beau film d'un... d'un grec qui s'appelle l'homme dauphin oui magnifique c'est le meilleur documentaire sur Jacques Mayol je pense ouais je pense qu'il est pas mal c'est le meilleur et le plus complet et donc tu arrives à faire un business avec ça bah ouais c'est génial,
- Speaker #0
tu vois j'ai le podcast donc ça m'aide un peu à payer le loyer et puis sinon moi je fais venir les français plonger à Dab d'ailleurs t'es le bienvenu si tu veux venir plonger et découvrir le Blue Hole alors moi je voudrais venir un jour
- Speaker #1
La chose, c'est que j'ai... Le plus beau cadeau que le Grand Bleu m'a fait, c'est l'apnée. Et cet acte qui devient très spirituel pour moi, qui me met en contact avec mon propre insignifiance, c'est vraiment un cadeau que j'utilise. Maintenant, quand je vais en Italie du Sud, il y a de l'eau claire, je fais des... petits apnées avec mon fils à 5-10 mètres, c'est à peu près gériatrique. Non, mais... Parce que je ne le fais pas assez pour le pratiquer. Tu comprends ? Et je suis acteur. Il n'y a pas longtemps, pendant la Covid, on m'avait demandé de faire un court-métrage sur les plongeurs de grottes, le spédiologue. Oui. Et j'étais en train d'expliquer au metteur en scène, moi j'ai fait les bouteilles peut-être 20-25 fois, j'ai le brevet, mais...
- Speaker #0
C'est pas passé à Tétouan, je crois, aux Etats-Unis ?
- Speaker #1
Oui, c'était au nord de la Californie, c'était encore tout nouveau tout ça, ça venait de s'exposer aux gens. Je dis au metteur en scène, je ne suis pas plongeur, tu vois, et plonger dans les grottes. Mais c'était le Covid est tombé, tout d'un coup, on était bloqué. Donc, j'ai dit, écoute, faisons ça parce que ça me donne une bonne manière de s'échapper de Paris. Et la concentration qu'il faut avoir quand tu rentres dans ces grottes, j'ai dû m'entraîner 5-6 semaines. Ce n'est pas facile du tout. Mais ce que ça m'a fait renaître avec une puissance double, c'est le calme. C'est-à-dire l'apnée m'a appris le calme, à relativiser dans la vie où je suis, qui je suis. Et en relativisant, tout d'un coup, je trouve ma respiration. Je trouve le calme nécessaire pour commencer la machine et être... opérationnel et je pense que cette calme c'est quelque chose qu'on découvre à travers l'apnée quelque chose qui encore qui m'aide oui j'étais terrifié quand je faisais les grottes donc vraiment le travail de calme était un énorme effort, ok on va aller encore 50 mètres on va voir mais savoir qu'il y a encore 50 mètres de loin si jamais t'as un problème Et aussi, la chose que je voudrais dire, c'est que la communauté que j'ai retrouvée autour de l'apnée, Pierre, Guillaume, Aïda, la FESEM, c'est quelque chose d'assez rare dans le monde. Je ne sais pas si on a ça aux États-Unis. Les Français ont quand même une...
- Speaker #0
On est une nation d'apnée, effectivement.
- Speaker #1
De la mer. Et aussi, il y a les tribus de plongeurs de mer. Il y a les tribus de plongeurs de grottes. C'est vraiment ça. Je dirais que c'est un petit trésor national parce qu'il y a une énorme évolution chaque an avec ce qui se passe dans les grottes, ce qui se passe aussi dans l'apnée. Et oui, je suis content que je suis témoin de ça.
- Speaker #0
Et je voulais te demander donc, avec Luc Besson, Jean Reynaud et toi, vous vous êtes préparé pendant un mois et demi pour le Grand Bleu, donc pour devenir quand même des freedivers. Tu racontes qu'au début, tu plongeais sur 30, 35 et vous avez fini jusqu'à 40 mètres. C'était qui votre coach à l'époque pour préparer le Grand Bleu ?
- Speaker #1
C'était Luc, c'est-à-dire qu'on avait un Zodiac, on a commencé avec 5 et pendant ces mois et demi, on descendait jusqu'à 30, 35, 40, c'était plus tard parce qu'il y avait des nécessités pour ça. Mais c'était vraiment Luc qui nous a montré la facilité de, dans le calme, retrouver l'esprit nécessaire pour tenir la gueuse. Et les après-midi, on faisait des apnées dans les piscines.
- Speaker #0
Ok.
- Speaker #1
Et donc ça a créé justement le... La solidarité nécessaire pour faire quelque chose comme ça, parce que c'est quand même dangereux, il n'y a pas de communication en bas. Mais Luc, vraiment, il a abordé ça comme un vrai roi. Il avait les dimensions pour aborder les problèmes que ce film pouvait provoquer. Ok. Du coup,
- Speaker #0
c'est Luc qui vous a appris à compenser, c'est Luc qui vous a donné la technique pour...
- Speaker #1
Ben oui, on a appris à juste hyperventiler.
- Speaker #0
Ah oui, à l'époque, vous étiez déjà en hyperventilation à fond.
- Speaker #1
C'est-à-dire, j'essayais de répéter ce que Jacques présentait dans ses films à cette époque-là. Mais c'était surtout le travail de vider la tête, d'apprendre à toucher ce calme et à que le corps suive. Mais tu le sais très bien si tu le fais tous les jours et tu es face à ça tous les jours. Pour moi, c'est une belle discipline. Mais bon, j'habite à Paris. Des fois, la Méditerranée est trop froide pour un vieux monsieur.
- Speaker #0
C'est pour ça qu'il faut venir en Marseille. Oui,
- Speaker #1
oui, je sais, je sais. Mais je suis en Californie aussi. Et là, la mer, elle est trop grande.
- Speaker #0
elle n'est pas pour ça donc du coup c'était Luc le réalisateur qui vous a coaché avec la gueuse donc vous ne faisiez pas forcément de poids constant mais vous faisiez ça où ? alors vous n'étiez pas à Taormina ?
- Speaker #1
non on était au Lavandou ah oui oui on était au Lavandou et à un hôtel je me souviens Black Alain qu'elle s'appelait peut-être et le matin on partait et puis l'après-midi on est On était libre jusqu'à 2-3 heures et ensuite la piscine. Non, c'était un entraînement et après 4 semaines, on a commencé à tourner. Lui, il commençait à préparer les caméras. C'était vraiment... Je pense que je ne sais pas si aujourd'hui, les productions laisseraient faire tout ça. Parce que c'était quand même un peu macho... Un peu dangereux,
- Speaker #0
non ? À se tirer la bourre avec la gueule. On va dire que les assurances n'auraient pas suivi ou auraient mis des contrats.
- Speaker #1
Les assurances n'étaient pas énormes.
- Speaker #0
Ah, c'est trop drôle. Du coup, Luc, Jean-Renaud et vous, vous vous entraîniez comme ça, au Lavandou. Et à l'époque, c'était quoi du coup, nous, dans le milieu de la pnée moderne, on dit les PB, les personal best, du coup, en statique, en dynamique, en profondeur. Ça donnait quoi en termes de chiffres et de performances ?
- Speaker #1
Je pense qu'on passait deux minutes et demie, trois minutes. Normalement, c'était 30, 35 mètres. Une fois, je ne sais pas pourquoi, mais j'ai fait la... qui est dans le... version longue moi qui est dans un rêve et on me revoit monter vers la surface nue ça c'était dans une mer d'octobre et c'était 40 mètres ça c'était le mon best descendu en gueuse à 40 mètres et après tu étais remonté nu comme ça voilà voilà C'était vraiment quelque chose qui était... Tout le tournage était viril. Tu le sens dans le film, c'est un truc... Il y a même entre Enzo et Jacques un bromance. C'est quelque chose qui est très dans cette... Les femmes ne sont pas très présentes, disons.
- Speaker #0
Est-ce que tu as nourri un peu un... Une concurrence, une compétition avec Jean Reynaud, même dans l'apnée, pendant les stages de préparation ?
- Speaker #1
Non, je ne pense pas. La concurrence, non. Parce que, oui, c'était que 30 mètres, donc 32, 33. Quand il y a Jack qui faisait 100, c'était vraiment... Nous, on jouait les couilles. Déjà, pour jouer les couilles, c'était bien. Et Luc a eu le... La bonne idée que oui, la caméra est placée sur la gueuse et tout d'un coup, la première fois que tu le vois, tu es avec Jacques en train de faire cette première descente et ça marche à mort.
- Speaker #0
D'ailleurs, tu interprètes, on le rappelle, le rôle de Jacques Mayol qui a un rôle fantasmé, qui ne représente pas la vraie vie de Jacques Mayol. Est-ce que Jacques vous a coaché un peu à côté et vous a donné un peu sa philosophie avant le film ? Il vous a donné des techniques précises ?
- Speaker #1
Non, non, tu sais, c'était difficile un peu pour lui parce que Luc a eu le génie, parce que ça l'a ouvert à beaucoup de monde, à prendre leur histoire et le transformer en fable. Et je pense que pour Jacques, c'était un énorme égo. C'était quelqu'un, il vivait, Jacques Mayol, c'était un super héros. Et donc, de le voir un peu présenté, un peu comme un homme un peu autiste, pas prêt pour ce monde, complètement sécure avec lui, il n'a rien dit. Donc, il est venu une ou deux fois, mais il ne s'impliquait pas là-dedans. C'est-à-dire, moi, j'avais déjà préparé, en voyant ses films, Je savais les images que je devais donner, mais je pense que si on avait pris le vrai Enzo et le vrai Jacques, ça aurait été un autre film.
- Speaker #0
Oh my God ! Ça aurait été Testosterone 100% là.
- Speaker #1
Oui. Et beaucoup de gens, peut-être, n'auraient pas été intéressés par ça. Moi, la critique que j'ai eue de Time Out à Londres pour Le Grand Bleu, et des fois, je fais référence à ça, c'était, oui, Jean-Marc Barr est un bon morceau de eye candy.
- Speaker #0
C'est quoi le eye candy ? Eye, eye, candy. Ah,
- Speaker #1
OK. Bonbon pour les yeux.
- Speaker #0
Bonbon pour les yeux.
- Speaker #1
On était un peu en train de vendre ça et ça a marché à mort.
- Speaker #0
OK. Et d'ailleurs, comment ça s'est déroulé ton casting pour Le Grand Bleu ? Est-ce qu'il fallait être à l'aise à la base dans l'eau avant ?
- Speaker #1
Non, alors Luc a été placé dans une situation un peu difficile. Christophe Lambert devait jouer le rôle et trois mois avant, il a dit qu'il n'avait plus envie. Donc Luc avait déjà commencé le moteur de la machine, donc il a dit qu'il faut qu'on le remplace. Il est allé à Los Angeles, il y a eu un truc avec Mel Gibson, je ne sais pas ce qui s'est passé, mais Gaumont a dû racheter le scénario. Il est allé à Londres où j'habitais à l'époque. Ce qui est marrant, c'est que le jour où on m'avait téléphoné pour le rencontrer, quelqu'un est rentré dans la porte de ma voiture. Donc j'étais en train de penser à comment j'allais sortir avec les assurances. Et on me dit d'aller rencontrer un metteur en scène, Bresson. Moi, j'avais entendu Bresson.
- Speaker #0
Ah, pas Bresson, ok. Pas Bresson.
- Speaker #1
Parce que je connaissais Bresson. Et je vais au Blake's Hotel à Londres. Et je frappe à la porte et il y a un type un peu grand. qui répond à la porte, qui me fait rentrer. Je croyais que c'était un autre acteur, qu'on était dans l'antichambre pour rencontrer M. Bresson. Et donc je m'assois, je commence à regarder les magazines et je ne me rends pas compte que c'est Luc. Donc il a été un peu déstabilisé par ça. Je parlais français, je parlais l'anglais, j'avais une belle gueule, je n'étais pas trop cher et je connaissais la mer un peu. Donc on a fait des essais et il a passé un peu ma photo autour de femmes autour de lui pour voir les réactions et les réactions étaient positives. Donc il a, comme chaque bon businessman, il a fait un bon pari.
- Speaker #0
Ça aurait pu être joué par Christophe Lambert. Ouais,
- Speaker #1
il y a aussi Mel Gibson, Gérard. L'an 20. Gérard Laman. Ouais.
- Speaker #0
OK. Et si ce n'est pas trop indiscret, le cachet pour jouer dans le Grand Bleu, ça représente quoi ? Parce que je crois que le budget, c'était 12 millions 100 000 en euros.
- Speaker #1
C'était 15 millions. 15 millions. Et à l'époque, on payait 75 000 pounds. Donc, c'était à peu près 100 000 euros, tu vois. Mais c'était neuf mois.
- Speaker #0
Ah ouais.
- Speaker #1
c'était deux fois ce que mon père a été payé pour aller à la guerre au Vietnam. Donc c'était très bien payé.
- Speaker #0
Surtout quand on compare à la vie de...
- Speaker #1
Surtout quand t'as rien en plus. J'avais rien avant, donc tout d'un coup, j'avais une légitimité.
- Speaker #0
T'as été marqué par le fait que ton père soit allé à la guerre au Vietnam ? Ça a changé quelque chose en toi, sur ton rapport à l'humain ?
- Speaker #1
Là, on rentre sur une autre discussion. C'est autre chose. Je fais partie de l'Empire. Mon père a fait trois guerres pour les États-Unis. J'ai vécu ce délire de supériorité américaine toute ma jeunesse. J'étais face à ça. Ma mère, qui avait 20 ans de moins, par exemple, s'est mariée avec un Américain. Elle était contre cette guerre de Vietnam. Donc ma conscience politique s'est évoluée en les regardant se disputer là-dessus. Je voyais que mon père, qui quand même était un fermier d'Illinois et qui a été pris pour la Deuxième Guerre mondiale, qui est revenu et qui a été pris pour la Deuxième Guerre mondiale, pour le Corée, n'a pas eu la chance de choisir son destin. Et à la fin aussi, il n'avait pas le choix d'avoir son opinion. Son opinion devait être pro-américain. Donc une des raisons pour lesquelles je suis acteur, c'est que je ne voulais pas être dans cette situation où quelqu'un pouvait me fermer la gueule. Même aujourd'hui. Et une des raisons pour lesquelles je suis venu en Europe, c'est que j'ai retrouvé une liberté quant à la sexualité, quant à la culture. qui n'existent pas là-bas. Je me suis marié avec une Yougoslave où j'ai découvert l'Europe de l'Est et pendant 17 ans, j'ai complètement vu le... L'horreur qu'on a dit sur ce que étaient ces gens parce qu'ils étaient communistes, et j'ai compris que tout, et l'illusion qu'on m'avait donnée ne fonctionnait plus. Et justement aujourd'hui on est face à un monde où oui, cette illusion, étant qu'on la révèle comme illusion, elle est en train de s'imposer à travers l'autoritaire. Et toi tu ne le vois pas, mais ça devient... 1984 devient une comédie maintenant.
- Speaker #0
Du coup, le fait d'être acteur, c'est pour rester libre de penser, libre d'influencer positivement les spectateurs, pour les ouvrir à nouveau ?
- Speaker #1
Je ne sais plus maintenant, parce que toutes les choses qui m'ont formé, j'ai vu que c'était des illusions, c'était une partie de l'histoire que la première génération qui a grandi avec la télévision a été. facilement mutanisé. Parce qu'il n'y a plus de questions, maintenant on est à travers l'ordinateur, ça ouvre parce qu'on peut avoir beaucoup plus de possibilités. Mais oui, que l'État nous a tenus d'une certaine manière, avec un pistolet à la tête, on était complètement divertis par les images qu'on nous donne, mais à la fin c'est ça. Et donc un acteur, je pense, ne doit pas être politique. Mais comme le fou dans Le Roi Lire, il doit avoir la possibilité dans son rôle de faire rire le roi, le faire pleurer, mais aussi d'entendre la vérité. Il se fait taper, mais aujourd'hui on n'a plus ce droit. Surtout en France, parce qu'en France, ce n'est pas vraiment le côté protestant et un peu faible. Mais la France a du mal à se regarder. Et donc, son cinéma est vraiment juste un cinéma de...
- Speaker #0
Un cinéma comment ? Faible en position politique ?
- Speaker #1
Faible en position... Oui, elle est socio-catholique, cadrée par la télé. Là, je viens de voir un film énorme, un film israélien sur l'Israël, un truc qui s'appelle Oui, Ken. waouh, là il aborde le drame tout de suite là et nous je pense qu'on est dans une société aujourd'hui où on représente les choses on ne va plus pour le drame parce que si on créait du vrai drame les gens se rendraient compte du désastre dans lequel on vit en ce moment ok,
- Speaker #0
merci en tout cas Jean-Marc pour ce retour Si on revient sur le Grand Bleu, j'avais une question très simple. Quelle est la scène que tu as préféré tourner ? Est-ce que c'est la scène d'amour avec Rosanna Arquette ou c'est les pasta parties avec Jean Reno ?
- Speaker #1
Je dirais que c'est le travail dans l'eau. L'apnée, cette concentration-là, la chose de... Oui, je n'avais pas de masque, donc d'essayer de communiquer dans cet espace différent qui est l'eau.
- Speaker #0
Et la scène au lac de Ting, la scène sous la glace, t'en gardes un bon souvenir ou quand même des petites gelures sont encore présentes ?
- Speaker #1
Oui, c'est-à-dire qu'on était dans l'inconnu. Donc c'était assez marrant. Quand j'ai fait la scène où je devais rentrer dans le lac, je me suis habillé avec l'équipe de réanimation qui allait me chercher si je ne revenais pas. On m'avait mis plein de graisse parce que la combine était, le rouge là était choisi pour la couleur.
- Speaker #0
C'était une 3 mm je crois que c'est ça.
- Speaker #1
C'était n'importe quoi, ouvert derrière. Quand arrive la scène, j'ai dit à Luc, je voudrais faire ça qu'une fois. Et donc on le fait et je descends et on ne m'avait pas dit qu'il n'y avait que... 80 cm d'eau et que le reste je rentrais dans le vase directement et donc tout d'un coup la première chose que je vois si je suis couvert de vases donc je peux pas ressortir donc la première chose dans ce truc là c'est que je me suis lavé je commençais à sentir les les contractions Et puis je suis monté j'ai fait la scène Mais tu vois, il y a des choses inattendues. Quand on a fait le mois en dessous de la glace, c'était vraiment, il y avait un trou. À 25 mètres, il y avait un autre trou. Je savais qu'il y avait des gens en bas, si jamais il y avait un problème. Donc, je l'ai fait. Je l'ai fait deux fois. Et j'avais le visage gonflé à cause du froid. J'ai eu des herpès, tu sais. Ah ouais ? Et là,
- Speaker #0
c'était 25 mètres de profondeur ? On est d'accord ?
- Speaker #1
Non, non, tu sais, quand je...
- Speaker #0
Ah oui, quand tu plais, quand tu joues sur la glace avec les pebbles.
- Speaker #1
Donc, tu vois, je pense qu'aujourd'hui, peut-être qu'on ne pourrait pas permettre à un acteur de faire ça. À l'époque, c'était normal. C'était encore une époque... Oui, très... J'ai adoré le Grand Bleu parce que j'ai joué au football américain, je suis lutteur, j'adore le sport. Donc, pour moi, ça nourrissait vraiment mon côté macho. Mais j'ai eu le bonheur de jouer aussi quelqu'un qui est entre Superman et Peter Pan. Et je pense aussi que le rapport entre Enzo et Jacques dans cette version-là, pas les réels, c'est qu'il y avait une amitié et il y avait un genre de bromance aussi. Tu sais, la chose qui est venue avec le Grand Bleu, c'est que l'image de la mer, là j'ai fait un truc pour One Ocean Science Congress à Nice, je suis membre d'un groupe qui essaye de créer un sanctuaire. pour les mammifères blessés sur la côte atlantique, qui s'appelle Cetacy. Cette image me suit. J'essaie de la défendre, sans me prendre trop au sérieux, car c'est pour sauver la mer, c'est pour la préservation de la nature. Mais je ne suis qu'un acteur. Un acteur qui est vraiment en connexion avec son insignifiance. Et ça me donne la possibilité de m'ouvrir à tant de choses.
- Speaker #0
Tu t'es jamais pris... En tout cas, ce qui est sûr, c'est que tu ne te prends pas au sérieux. Enfin, tu ne te prends pas au sérieux. Tu as conscience que...
- Speaker #1
Je suis un clown. Le problème, c'est que quand Charlie Chaplin est retourné en Angleterre après dix ans à Hollywood, et il est allé avec un rencontre à Hyde Park, Il y a cinq fois plus de monde qui sont allés le voir que pour aller voir le roi. La position de l'acteur, il remplace ce qui se passait dans les tableaux, dans les églises auparavant. Et donc, il doit être contrôlable, cette image. Charlie n'était pas très contrôlable, on l'a fait partir à la fin. Mais moi, je suis né pendant les années 60-70, j'ai vécu... Paul Newman, Jane Fonda, Brando, c'était aussi des gens civiques dans leur approche à la responsabilité de l'image qu'ils donnaient. Ils ne voulaient pas être juste un marionnette pour emmener la propagande normale. Donc pour moi, l'acteur aujourd'hui, c'est dans... Si tu te prends au sérieux, si tu te mets en avant, surtout pour des causes politiques, tu n'es plus acteur, tu es politicien. J'essaie d'apprendre mon métier, d'avoir l'interprétation dans la vérité quand la caméra est devant moi ou quand je suis sur un plateau. Mais je sais que l'image que je porte, si je garde une intégrité avec moi-même, elle vaut quelque chose.
- Speaker #0
Intégrité,
- Speaker #1
c'est important. Moi, j'ai eu un père qui était quand même un mec honnête, même s'il a tué les Vietnamiens, il a tué les Coréens, il a fait partie de la Deuxième Guerre mondiale, il fait partie de l'Empire. Moi, je suis face à être Américain aujourd'hui, avec tout ce qui se passe dans le monde, en Ukraine, et que s'il y avait les films de propagande qui avaient nourri ma conscience pendant que j'étais jeune, c'est qu'aujourd'hui, c'est nous les mauvais.
- Speaker #0
et que qu'est ce que je fais au niveau de la culture américaine il ya quelque chose qui me choque énormément c'est ce qu'ils ont fait du grand bleu et surtout la fin du grand bleu donc dans la version française bien entendu tu tu es à tuer en face du monastère sur l'île d'amorgos il ya joanna arquette qui te dit go and see my love et toi tu pars dans les profondeurs et ensuite tu disparaît avec un dauphin qu'on pourrait interpréter de manière différente, peut-être sous une forme de suicide, ou pas. En tout cas, on est libre de penser. Mais la version américaine, c'est beaucoup plus simple. Happy Ending, on te voit remonter à la surface, nager avec le dauphin. Je voulais te demander, quelle fin tu préfères, la version américaine, le Happy Ending, ou la version française ?
- Speaker #1
Est-ce qu'on peut être fier d'être dans un pays qui est aussi libre que ça ? Moi j'avais fait un autre film qui s'appelle Europa avec Lars von Trier qui a été changé à Zentropack, donc qui change un peu le sens des choses. Les Américains, c'est un show. Si tu essaies de trouver un message, t'es con. C'est un show. Et donc, Gaumont, le Grand Bleu, a été un super entreprise parce que les Américains leur ont donné ce que cela a coûté. C'est un super deal. La version américaine, je ne l'ai même pas vue, je pense. J'ai vu des extraits, des trucs comme ça, mais tu sais, j'ai compris où ça allait quand j'étais dans Central Park pour faire la promotion du film à l'époque. Et j'étais avec Jean et on était à Central Park avec des filles habillées en maillot de bain, avec le Big Blue sur la poitrine, avec des pistolets à l'eau. Oh my God. Et qui disaient « Go and see the Big Blue ! » tu vois. Oh my God.
- Speaker #0
Ça n'a rien à voir avec l'esprit de Jacques Mayol, quoi. C'est à l'opposé.
- Speaker #1
Oui, mais je savais... Ça me montrait un peu le niveau vers lequel je devais essayer de provoquer une réaction. Et c'est exactement ça que j'échappais des États-Unis quand je suis venu en Europe. Oui, c'est-à-dire que c'est une autre chose, ça. Je pense que je viens de faire un... Un rôle avec Johnny Depp, il est vraiment bien comme type, mais il a dû suivre ce genre de monde où il ne peut même pas marcher dans la rue. La chose la plus belle de ce qui est dans l'existence, ou prendre le métro, il ne peut pas. Moi, je ne voulais pas ça. Je me méfiais de ce que c'était la célébrité parce que ce que j'avais fait dans le Grand Bleu était bien. Mais comme acteur, j'avais encore beaucoup à apprendre. Et donc, c'est surtout aussi que je n'ai pas pris une distance. Mais aux États-Unis, on a la culture de si tu fais un succès, tu le démystifies. Tu vois, si tu es le plus grand quarterback, tu ne le joues pas, tu le démystifies. Tu essayes de ne pas... encore nourrir l'image bénie. Et moi, quand j'ai décidé de venir vivre en France, on m'arrêtait tout le temps. Et puis j'ai eu grand plaisir à signer les autographes et tout ça. Mais un soir, j'étais invité à la télé. Et quelqu'un dans les spectateurs à la fin m'avait demandé c'est quoi la fin du Grand Bleu. Et comme tu as dit, tu vois, c'est très ambivalent. Ça peut être un fable, il part avec les dauphins, ou c'est peut-être un film sur le suicide et c'est assez grave. Ou c'est peut-être le pauvre Jacques, il a confus et transféré son homosexualité latente sur un poisson. Tu vois, juste pour avoir un peu d'humour. Et ça, c'était... Besson n'a pas bien pris ça. C'est-à-dire, pour me libérer un peu, pour essayer de ne pas être obligé de marcher avec des palmes toute ma vie, surtout comme acteur, j'ai dû prendre aussi une distance.
- Speaker #0
Oui, parce qu'on voit derrière que tu n'as jamais retourné avec Luc Besson et même que tu... que tu évitais un peu le cinéma, on va dire, commercial.
- Speaker #1
Non, ce n'était pas que j'évitais, c'est juste qu'il y a une arène. Et dans cette arène, il y a une crédibilité à maintenir. Pour qu'un drame fonctionne, pour moi, il faut que ça soit crédible. Si la crédibilité n'est seulement possible que si tu es un adolescent, il n'y a rien de mal. Mais ce n'est pas la même chose que Stanley Kubrick ou ce n'est pas la même chose que Billy Wilder. C'est-à-dire, il y a des films commerciaux qui sont là pour le divertissement. Mais il y a aussi, je ne sais pas si tu as vu Breaking the Waves. Non. Wow. C'est un film sur Dieu et l'amour. Ils n'existent pas, il n'y a que des preuves. Et donc, pour le spectateur, c'est un vrai mouvement, un challenge pour qui il est comme individu. Et des fois, pour Luc, je critiquais, je dis oui, c'est bien, mais... Mais ça reste pour les adolescents.
- Speaker #0
C'est pas assez profond ?
- Speaker #1
Pour moi, c'est du divertissement. Mais quand tu as vu des films qui t'ont fait apprendre des choses incroyables, des leçons d'humanité et cette poursuite-là, le divertissement pour moi est OK. Tu comprends ? Mais ça, c'est pour ça que je le fais, ce métier. C'est pour ça que je le fais, parce qu'il y a des moments où tout d'un coup, oui, t'es sur un film où tout le monde est sur les mêmes accords et que le drame que t'es en train de montrer là, eh ben, elle va secouer les gens. Quand tu lis un grand roman, ça peut te changer la vie. Le Grand Bleu, pour moi, était une possibilité Parce qu'à cette époque-là, la mer était prohibée. Et tout d'un coup, on voit un personnage avec lequel on peut l'identifier et la mer est accessible. C'est ça vraiment le grand message du Grand Bleu. J'étais invité à une compétition de plongée sur l'île de Robinson-Cruzoé cette année. Et Mars, et cette île qui s'appelle l'île Juan Fernandez à 400 kilomètres à l'ouest. de Santiago de Chili. Il y a 10 ans, elle a été victime d'un énorme tsunami qui a tué la moitié de la population. Eux, ils m'ont invité parce que dans les années 90, il y a une VHS du Grand Bleu qui est arrivée sur cette île et ils se sont aperçus qu'ils avaient le paradis devant eux. Ils ont commencé à faire l'apnée, à même maintenant avoir une compétition.
- Speaker #0
Ça a ouvert de nouveaux horizons. En fait, le film offre aussi de nouvelles libertés, de nouvelles expressions.
- Speaker #1
Pour moi, c'est un des films de Luc qui a... Il y a quelque chose de plus profond qui est poursuivi. Et je pense que c'est le rapport de l'être humain avec la mer. Une chose qui est indéfinissable, mais qui l'a provoqué et que tout le monde a reconnu.
- Speaker #0
Et d'ailleurs, dans ses rapports à l'océan, il y a aussi les rapports... aux animaux et notamment dans l'histoire de Jacques Mayol, les dauphins. Donc le vrai Jacques Mayol est tombé en amour, en amitié avec Clune, qui est d'ailleurs la maman du flipper, du dauphin qui est très connu. Oui,
- Speaker #1
je pense que je savais ça.
- Speaker #0
Donc il s'était à Miami et là il travaillait avec les dauphins. Et donc dans le grand jeu...
- Speaker #1
Je pense que... Sa vie, sa décision, surtout dans L'Homme Dauphin, ça explique bien ça. Cette passion qu'il a eue à 40 ans pour tout lâcher et suivre, cette chose sur l'apnée et le rapport avec les dauphins, Jacques a touché une liberté qui ne le permettait plus de lâcher.
- Speaker #0
Mais c'était aussi un peu une liberté forcée, parce que en 1957, il se sépare de sa femme, Vicky. Le juge donne une réponse où il n'a plus le droit de voir ses enfants et là il se retrouve à être complètement libre. Oui,
- Speaker #1
et il l'a pris. Il l'a pris et tu sais, il s'est suicidé à la fin. Et j'ai connu quelques hommes comme ça. Parce qu'ils vivaient comme un jeune homme encore à 70 ans. En tout cas, il avait des jeunes copines, il était en train de plonger. Et à 75, il commençait à avoir des problèmes.
- Speaker #0
À 75.
- Speaker #1
Il était seul. Et il était seul. Et au lieu de vivre dans un compromis, c'était plus facile de se terminer. Et j'ai connu plein d'hommes comme ça parce qu'ils ont connu ce que c'était, cette euphorie. Moi, j'ai eu un moment avec les dauphins quand on tournait en... à Saint-Jean, pour avoir quelques plans avec moi et les dauphins. Donc, j'avais une semaine où je jouais avec les dauphins dans un baie. On a fait la fête une nuit et je suis descendu à 10 mètres à 2 heures du matin, juste pour faire une apnée. Il y a un dauphin qui est apparu, qui est venu me frotter contre le corps et il m'a donné son aileron et il m'a fait le tour de tout le baie. Et donc, la sensation que tu as quand tu sens Cet aileron et cette force en train de t'emmener. Moi, j'ai fait du ski nautique, j'ai fait des trucs comme ça, mais tu sens cette force, c'est comme la drogue qui t'a emmené trop loin.
- Speaker #0
Et d'ailleurs, pour ces scènes-là, c'était des dauphins en captivité. Est-ce que vous aviez mis des filets autour pour qu'ils ne repartent pas dans la nature ? Non,
- Speaker #1
il y avait trois dauphins d'un Manny Rodriguez qui venait du Keys de Floride, qui avait un endroit où les dauphins étaient demi-sauvages. Ils travaillaient avec eux, surtout avec les... les enfants avec Down syndrome. Et donc, on les a emmenés là. Ils sont restés. Et puis, on les a ramenés à... aux Keys dans les Florides mais ils pouvaient partir quand ils veulent ils voulaient mais ils étaient domestiqués d'une certaine manière et donc cette scène ce sont des dauphins américains qui ont pris l'avion pour être tournés en France non à Saint-Jean dans
- Speaker #0
les Caraïbes c'était déjà quelque chose de les bouger quelle aventure des dauphins qui prennent l'avion je pense que ça ferait Le Grand Bien en 2025, ça passerait plus.
- Speaker #1
Mais tu vois, où Luc est quelqu'un d'unique, c'est qu'à part peut-être Jean-Jacques Hannault, leur dimension de ce genre de film, il y en a peu qui peuvent le faire en France. Et Luc avait vraiment cette génie jeune.
- Speaker #0
Parce que oui, on le rappelle, Luc Besson, il avait la trentaine à l'époque. C'était encore un tout petit jeune.
- Speaker #1
Il avait 30, moi j'avais 29, 28. Mais pour moi, c'était... Quelque chose de proche de son cœur, et il s'est donné à mort. Et il a eu le succès inattendu, parce que le film a été rejeté par l'establishment.
- Speaker #0
Le vide bleu que les critiques avaient dit à la sortie du film. Oui. Le vide bleu, et après,
- Speaker #1
ça a été un raz-de-marée. C'est les spectateurs. Je pense que c'est vraiment eux qui ont fait ce film. Eux qui l'ont rendu, parce que... C'était inattendu de la France, surtout un film comme ça.
- Speaker #0
Je l'ai regardé 47 fois, Le Grand Bleu.
- Speaker #1
Aïe, aïe, aïe.
- Speaker #0
47 fois. Je fais partie de ces gens-là.
- Speaker #1
Aïe, aïe, aïe, aïe. Depuis que tu sais. J'étais à un hôtel l'année dernière, je faisais le check-out et il y a une femme qui sort en appelant mon nom de la salle à manger. Oh, j'ai vu le film 45 fois, je peux avoir une photo ? J'ai dit oui, oui. J'ai signé le truc, j'ai signé le truc. Et après, elle me regarde et elle dit, alors, plus de cinéma ? J'ai dit non, non, c'était tellement bien. Du jour au lendemain, j'étais star. J'ai dit, comment ça peut être mieux ? Donc, j'ai décidé de faire la retraite. Ah, vous avez fait la retraite jeune ? J'ai dit oui, oui, à 30 ans. Mais comment vous viviez ? Et je dis, ben, gigolo quand il le faut.
- Speaker #0
Et d'ailleurs, c'est une question que j'ai après, mais après le Grand Bleu, je sais que tu es retourné en Angleterre faire du théâtre. Mais avant, j'avais une question sur pourquoi Luc Besson a décidé de créer un personnage qui est complètement à l'opposé de la personnalité du vrai Jacques Mayol. Parce que Jacques Mayol, c'est un séducteur, il est loin d'être timide, c'est un showman, il a quitté sa famille.
- Speaker #1
Je pense que la seule manière dont le plus de gens peuvent s'identifier à quelqu'un, c'est que si tu mets quelqu'un qui parle trop, qui ne parle pas trop, qui est beau, Et tout d'un coup, l'innocence peut être nécessaire de se laisser aller dans cette quête dans la nature et dans la vie de cet homme. C'est dans un cadre beaucoup plus innocent. Moi, j'ai pu jouer que l'innocence. Je ne sais pas si j'aurais laissé Rosana, tu vois. C'est un fable. Un fable qui est ambivalent à la fin. C'est ça qui le rend... qui le fait marcher. Parce que tout le monde peut mettre leur propre idée. Ce n'est pas imposé par les Américains.
- Speaker #0
Les gens peuvent se projeter, s'identifier. Oui,
- Speaker #1
et si tu veux qu'une idée passe bien, si à la mort, à la fin, les gens, je pense, le cultivent mieux. Et la liberté, c'est la mort. Pourquoi tu dis que la liberté,
- Speaker #0
c'est la mort ?
- Speaker #1
C'est-à-dire que tu joues avec la mort, avec la liberté. Et elle devient plus apparente. Elle est magnifique, mais elle a un prix. Je te dis, quand j'ai senti cette force du dauphin, moi-même, j'étais sous cette euphorie de ce que peut être la vie maintenant. Et tu oublies tout après. Et je pense que chaque être humain recherche cette contiguïté, cette harmonie, cette disparition de soi dans la nature. Pour moi, je suis en rapport avec ma mort quand je fais ces petits apnées pré-gériatriques. Je tiens mon souffle et je suis là et je suis avec la nature et je ne suis pas là.
- Speaker #0
L'apnée pré-gériatrique, mais attends, t'es encore super jeune ! Oui, mais tu vas voir, quand tu vieillis, il y a des moments où tu dois regarder des gradins au lieu de jouer dans l'arène.
- Speaker #1
Alors, je vais faire la transition par une autre question. Donc, la semaine dernière, enfin, il y a quelques semaines, à Mitikas, en Grèce, il y avait les championnats du monde CIMAS, donc de la Confédération Mondiale des Activités Subaquatiques, la même fédération qui était présente dans le Grand Bleu. Et donc, chez les CIMAS, il y a des catégories master. Ça commence jusqu'à 50 et ça va jusqu'à 100 ans si tu veux. Et donc c'était trois français sur les podiums master 3 et il y avait notamment Sauveur le Coco qui te passe le bonjour, Sauveur le Coco qui a 71 ans et qui plonge à 84 mètres de profondeur. Et j'ai une élève par exemple qui s'appelle Régine, c'est une super, c'était ma première élève Régine, c'est un phénomène. Elle a 70 ans bien passé et elle plonge quand même à 25 mètres de profondeur donc tu vois Les gradins ?
- Speaker #0
Avec les palmes ?
- Speaker #1
Oui, avec les palmes et en descendant, en mangeant le câble. Donc, il n'y a pas vraiment d'âge pour atteindre des grandes profondeurs.
- Speaker #0
Non, je sais, je sais, mais là, j'ai 65. Et il y a des ajustements. Il y a des ajustements, tu as plus peur, tu as moins l'envie. Je suis acteur, je suis en train de chercher mon prochain job. Je suis dans un dynamique de clown. Et c'est là où je me retrouve, c'est là où est ma profession. Et donc, si j'habitais à côté de la mer, c'est sûr, c'est sûr. Mais moi, je vis dans les aéroports et les hôtels.
- Speaker #1
Et parfois, tu n'as pas envie de faire un stop, de dire stop. Et puis, je passe plus de temps dans la nature, plus de temps avec ma famille.
- Speaker #0
Oui, on est très égoïste. Les acteurs sont très égoïstes. Je ne sais pas comment le dire. J'ai un fils de 10 ans et il voit comment je suis égoïste. Je partage, c'est ma vie personnelle, lui. Mais oui, on est des énormes égoïstes, les acteurs. Et donc, on est sur nous-mêmes. Je peux le faire. Mais en ce moment, notre métier est en train de vivre. un horrible moment, il y a trop de contenu, il n'y a plus de valeur à cet contenu, donc ce qu'on fait ne vaut plus rien, et comment maintenant faire rallumer l'intérêt ? Il me semble que tout le monde est un peu miné aujourd'hui dans notre société, surtout dans l'Ouest, parce qu'on consomme, mais on ne sent plus rien.
- Speaker #1
C'est un peu dur de dire ça.
- Speaker #0
C'est ce que je sens. On est en train de vivre de guerre en ce moment. On est en train de vivre quand même une réalisation de qui on est. Moi, j'avais une illusion de qui on était, mais là, depuis 15, 20, 30 ans, c'est sûr que ça ne marche plus. Et donc, moi, comme artiste, qu'est-ce que je fais ? Bien sûr que je peux faire des trucs à la télé qui, heureusement, vont payer à vivre, mais comme artiste, on est... Et je suis un peu vieux aussi. Est-ce que je vais arriver à le faire ? Moi, j'ai encore l'envie de provoquer. Je ne sais pas si tu as vu mes films comme le réalisateur Lovers, Too Much Flesh, Being Light.
- Speaker #1
Avec Romain Duris.
- Speaker #0
Avec Romain Duris, Being Light.
- Speaker #1
Il a vu celui-là, oui.
- Speaker #0
Being Light, c'était... En Inde, complètement loufoque, j'adore. Oui, mais on a pris des risques avec ça. Et tout d'un coup... On était les premiers à tourner avec des petites caméras vidéo et de faire ça sur trois continents. Et on a fait un autre qui était assez provoquant, c'était Chronique sexuelle d'une famille ordinaire. Et là, les acteurs faisaient l'amour vraiment et le film est sorti ouvert à tous les âges au-dessus de 12 ans. Donc tout d'un coup, une communication sur la sexualité dans sa solarité. dans son côté bénin. Et pour moi, comme je te dis, j'ai vu ce film israélien et enfin, quelqu'un est en train de parler. Mais les premiers dix minutes, c'est une fête. Ce qu'ils ont essayé de recréer dans Babylone, le film hollywoodien qui est sorti avec l'Australienne, ça n'arrive même pas proche. C'est-à-dire, là, il nous met dans une dégoût de ce que c'est la société dans laquelle on vit. Et donc, tu vois, là, t'es fier d'être humain. T'es fier d'être humain. C'est pas seulement le divertissement. Regarde Breaking the Waves. C'est un beau film sur... Une petite, une fille, une femme dans un petit village en Écosse qui est un peu simplet, mais qui parle avec Dieu et qui croit à mort et qui se fait marier avec quelqu'un qui travaille sur une plateforme pétrolière et il a un accident, il est handicapé pour toujours, elle le visite, il lui dit d'aller baiser autre part parce qu'ils se sont, tu vois, pour rien. Elle le fait. et il commence à aller mieux. Donc, tu vois, tout d'un coup, tu es face à un truc qui est... Tu vas voir. En tout cas, pour moi, le cinéma, c'est ça.
- Speaker #1
C'est d'avoir des messages puissants.
- Speaker #0
Non, c'est d'être fier d'être humain parce que tu vois, tu as vu... Est-ce que tu regardes Netflix ?
- Speaker #1
Un petit peu, oui.
- Speaker #0
Tu as vu Adolescence ?
- Speaker #1
Oh là là, oui, oui, j'ai vu, oui.
- Speaker #0
Là, tu es fier d'être humain par un travail comme ça. Là, tu abordes un sujet, il y a un rituel parce que c'est qu'un plan. Et le travail, tout d'un coup, cette intensité, oui, tu es fier d'être humain, tu comprends ? Et je suis fier d'être humain avec le Grand Bleu. C'est un très beau travail.
- Speaker #1
D'ailleurs, les gens se sont plus identifiés à toi en tant que Jacques Mayol que le vrai Jacques Mayol. Est-ce que tu penses que le vrai Jacques Maillol a pu ressentir un peu de la jalousie par rapport à cette notoriété ? Non,
- Speaker #0
ce n'était pas la jalousie. Son identité a été kidnappée. Donc tout ce qu'il a créé lui-même pendant les 30 ans, quand il est mort, le jour après, j'ai reçu un coup de téléphone de Raoul Ruiz, un amateur en scène chilien. Et il a dit, je ne comprends pas, il y a ta photo là, en disant que Jacques Mayol est mort, tu n'es pas mort. Donc tu comprends ?
- Speaker #1
Pour illustrer la mort de Jacques Mayol, ils ont pris ta photo ?
- Speaker #0
Non, ils n'avaient même pas pensé.
- Speaker #1
C'est fou.
- Speaker #0
Donc pour lui, c'était grave. Et je dirais que peut-être j'étais le seul à reconnaître ça. et c'est pour ça qu'on s'est vu plusieurs fois après et on est devenu un peu proche il m'avait téléphoné deux semaines avant sa mort et je voyais ce que j'avais fait c'était juste une image c'est pour ça que je t'ai dit je ne suis qu'une image là-dessus ça apporte plein d'autres choses mais les conséquences étaient quelque chose et qu'est-ce que tu as confié Jacques avant de mettre fin à ses jours ? Non, il déprimait. Quand tu ne peux pas aider quelqu'un qui déprime, je ne sais pas si tu as fait face à ça, mais c'est assez souvent.
- Speaker #1
Là, c'est un peu trop, parce que personnellement, j'ai été extrêmement triste d'apprendre ce suicide-là, parce qu'en fait, Le Grand Bleu, ça a un impact énorme sur ma vie, parce que c'est le dernier film que j'ai vu avec mon père. J'avais 4 ans et demi, et il m'a mis devant Le Grand Bleu. Et en fait, il s'est suicidé après. Et donc, en fait, toute ma jeunesse, j'ai regardé Le Grand Bleu, et j'avais... Pour repères, Jacques Mayol et Enzo, je voyais un peu comme des pères spirituels. C'est pour ça que je les regardais autant.
- Speaker #0
J'ai un compliment à cette histoire. C'est que quand je faisais cette spédiologie, le film dans les grottes, un des plongeurs avec moi était un jeune homme, il s'appelle Arthur Establi. Et super plongeur et tout ça. Et j'avais un autre qui s'appelait Didou. Et ce type était sacré, tout cette chose. Et quand il avait 5, 6, 7 ans, quelque chose comme ça, il est allé dans un plongée avec son père, et il y avait Didou et tout le monde, et lui, il ne pouvait pas plonger encore à cette époque-là. Et le père n'est pas revenu. Il a eu un accident. Et là, il ne vit que... pour être dans cet espace. Tu comprends ?
- Speaker #1
Je comprends complètement parce que quand je suis allé au championnat du monde d'apnée, j'étais en larmes parce que j'avais vraiment réalisé mon rêve d'enfant. Je t'en parle, ça me fait quelque chose. Mais j'ai aussi conscience que tout ça, c'est un peu du rêve, c'est une illusion, mais que ça donne aussi parfois des bonnes directions pour être heureux dans la vie.
- Speaker #0
Attends, tu as trouvé ta profession avec, tu as l'air d'être pas trop mécontent de la vie. Donc, tu as trouvé ta voie. Tu es en plus dans une voie qui ne va pas trop être mangée par AI. Ah non,
- Speaker #1
c'est quelque chose qui te fait peur, toi, Léa ? Hein ? Il y a quelque chose qui te fait peur, l'IA, surtout dans ton métier ? Je suis trop vieux.
- Speaker #0
Pour moi, c'est-à-dire, je suis un clown. Donc, il y a toujours le théâtre. Et AI ne va pas pouvoir faire ça. Reprendre mon image, pourquoi pas ? Mais l'AI, pour moi, n'est qu'un outil. Oui, malheureusement, je pense que je suis plus un monstre du XXe siècle. Ça va être où je suis encore une valeur. Comme une vieille bagnole, tu vois.
- Speaker #1
Une voiture de collection, Jean-Marc. Une Fiat 500 dorée.
- Speaker #0
Non, c'est plutôt un Buick Electra décapotable 1970. Comme les vieux Buick, ils étaient... belle et arrogante. Ce qui est intéressant, c'est que j'ai un personnage ici qui est respecté à cause du trajet que j'ai fait. Le Grand Bleu, bien sûr, mais j'étais beaucoup influencé par des philosophes américains comme Henry Thoreau, peut-être tu ne connais pas, ou Ralph Waldo Emerson, qui étaient les premiers qui ont peut-être inspiré les écrivains beatniks des années 50, comme William Burroughs ou Jack Kerouac ou Allen Ginsberg. Ma formation, c'était les années 70, la Californie du Sud. Donc, j'étais formé dans ce complexe de supériorité incroyable où on croyait qu'on était libre. Et ça a créé une superbe musique. Et je trouve que oui. Le temps que j'ai sur cette planète, étant que je suis soi-disant artiste, m'a permis de me remplir. Je n'ai pas besoin d'une religion.
- Speaker #1
Je voulais te proposer, Jean-Marc, qu'on passe sur des questions un peu loufoques. Si demain, tu pouvais voyager dans le temps et dans l'espace, où irais-tu et que ferais-tu ?
- Speaker #0
Dans le temps et les espaces ?
- Speaker #1
Oui. Tu peux aller où tu veux.
- Speaker #0
N'importe quelle époque ?
- Speaker #1
Passé, présent, futur, où tu veux. Totale liberté.
- Speaker #0
Là, il y a une photo que j'ai faite à Tahiti.
- Speaker #1
C'est l'abbé de Mouria, ça.
- Speaker #0
Oui. Et pour moi, Tahiti, c'était un autre niveau de vie. Bien sûr que je ne pourrais pas vivre là toute ma vie, mais c'est là où j'ai vu mes premiers bleus, mes premiers rouges, mes premiers jaunes.
- Speaker #1
C'est quoi tes premiers bleus ?
- Speaker #0
tes premiers rouges les couleurs étaient tellement c'est comme quand tu goûtes un fruit pour la première fois j'ai compris et c'est peut-être l'ionisation de l'air c'est magnifique là-bas pour avoir vécu un an et demi à Bora Bora les courants moi c'est dur parce que ma philosophie c'est que Dieu est maintenant donc j'essaye de trouver Dieu dans le maintenant où je suis Parce que le passé, c'est le passé et le futur, je ne connais pas. Mon fils qui a 10 ans... Moi, j'étais au séminaire, j'étais élevé très catholique, mais j'ai retrouvé cette spiritualité dans mon boulot. Mais la seule chose que je peux lui dire, c'est que personne n'est mieux que toi et tu n'es mieux que personne. Et c'est maintenant. parce que là peut-être je ne suis pas là demain et il vaut mieux décider là-dessus et n'aie confiance en personne même dans ce que tu vois maintenant n'aie pas confiance avant j'ai pu vivre moi un peu à la californienne stupid and beautiful je ne prends pas trop le poids du monde sur les épaules Aujourd'hui, c'est autre chose. Et je pense aussi, oui, si on veut bien agir dans tout ce qui se passe, si on est sous un dogme ou une idéologie, on est déjà baisé.
- Speaker #1
Donc, du coup, quand même, tu irais profiter de l'instant présent en pollinisant.
- Speaker #0
God is now. Tu profiterais de l'instant présent. C'est la seule chose dont je suis sûr. Et on est tellement en train de nous faire bouffer. Oui, la propagande, là, maintenant, ça ne marche plus. Donc, tout d'un coup, ton espace de liberté, il est réduit. Mais moi, il est à toi.
- Speaker #1
Et tu fais référence à quelle propagande, si je m'étais précis ? Au capitalisme, à l'extrême droite qui gagne du terrain ?
- Speaker #0
C'est-à-dire que les Américains, notre pays a été créé sur la violence, en tuant les Indiens, en ayant les esclaves. Le capitalisme, c'est l'exploitation. Et aujourd'hui... tout en disant, après la Deuxième Guerre mondiale, qu'on est pour les droits humains, et on est pour la charité, on est pour Dieu, et tout ça. Et là, depuis que je suis en France, depuis les années 90, c'est guerre sur guerre, où il n'y a qu'une vente d'armes. On doit accepter la... La décimation des Japonais qu'on a envoyé des armes nucléaires dessus, les 2-3 millions de Vietnamiens qu'on a tués, sans développer une conscience. Donc cette conscience, surtout aussi, il y a eu 200 films sur l'Holocauste à Hollywood fait, où tout le monde se sent coupable de cette atrocité-là, même s'il y en a eu plein d'autres. Et là, avec ce qui se passe à Gaza, On continue à laisser les choses y aller en disant qu'on va reconnaître, mais on ne fait rien. Donc à la fin, on est que l'État est là pour sa préservation à travers des guerres et la colonisation. Donc est-ce que je vais être attaché à ça ? Moi, je n'ai aucune allégeance pour ça. Et la propagande que je vois à travers la télévision américaine ou le mainstream français, c'est que pro-israélien. donc je suis face à à être un ennemi à travers mes propres autorités ici. Donc tu dis, il y a un problème. Moi, si la seule manière dont ils m'ont contrôlé pendant tout ce temps, c'est parce qu'ils contrôlaient le narratif, eh bien, ils ne contrôlent plus le narratif. Donc tout d'un coup, c'est quoi l'État ? C'était une manière de contrôler les gens après l'Église. Là, s'ils veulent nous emmener en guerre en Russie, quand il n'y a aucune menace, quand la seule chose, c'est d'endetter mes petits-enfants pour payer à réarmer l'Europe, tu dis « wow, wow, wow, wow, wow, wow, wow, wow, wow, wow, wow,
- Speaker #1
wow, wow, stop » . J'avais une autre question loufoque, Jean-Marc, pour toi. Si demain, tu devenais un multimilliardaire, un peu à la Elon Musk, et que tu avais un pouvoir financier extrême, qu'est-ce que tu ferais avec ce pouvoir financier ?
- Speaker #0
Je l'emmènerais à la mort.
- Speaker #1
C'est-à-dire ?
- Speaker #0
Vraiment, je ne sais pas. C'est-à-dire que je n'ai pas beaucoup d'argent en ce moment. J'ai eu beaucoup de chance. Je n'ai vraiment pas souffert. J'étais American middle class. J'ai pu trouver un succès. Je n'ai pas d'appartement, je n'ai pas d'investissement. Je vis vraiment autour de cette spiritualité qui s'émane autour de Shakespeare et rien.
- Speaker #1
Oui, tu en parles souvent de la notion de rien. On va en revenir d'ailleurs.
- Speaker #0
Oui, mais pour moi, c'est la seule chose que je comprends. Disons que le changement de classe que j'ai eu quand j'étais un succès, ne m'a rien vraiment apporté, des connaissances, des choses comme ça. Mais j'ai vu que l'argent aussi peut être un... Ça t'éloigne du but, ça m'éloigne de mon but. Il y avait un super acteur, Omar Sharif, qui vivait un peu comme ça. Il vivait dans les hôtels jusqu'à la fin de sa vie, il jouait aux cartes. C'était un très très bon acteur et à la fin de sa vie, on a frappé sur la porte de son frère et on lui a laissé les deux valises qu'Omar avait laissées à l'hôtel. Et sa vie, c'était ça. Mais je trouve ça très beau. Pour moi, c'est un nomade. Je m'identifie plus avec le nomade qu'avec l'homme réussi.
- Speaker #1
Le fait de ne rien posséder.
- Speaker #0
J'ai eu trop de chance. Mon père, après les trois guerres, a acheté une maison à San Diego quand j'avais 14 ans. J'ai vécu le top là. Une maison à côté de la mer, la Californie. Pour moi, de retrouver ça à cause d'avoir fait des films, ce n'était pas le but. Pour moi, le but, j'ai pu être en Yougoslavie. pendant les films d'Emile Kusturica et de voir comment tout ça opérait dans un autre genre de moralité que de Hollywood ou même du cinéma français. Et donc, j'ai vu qu'il y avait des autres horizons qui étaient mystérieux et qui me gardaient le sens riche. Moi, je suis riche.
- Speaker #1
Tu te sens libre.
- Speaker #0
Là, je me sens libre et j'essaie de communiquer ça. à mon fils, c'est-à-dire on va essayer de te manipuler, de te baiser, tu vas arriver à être humain et pas péché à leur manière.
- Speaker #1
Est-ce que dans ton milieu d'acteur, t'as été violenté ou t'as subi des pressions, des choses qui t'ont dégoûté ou qui te disent que de toute façon, on va essayer de te baiser, il faut que tu te protèges, reste libre ?
- Speaker #0
Non, c'est-à-dire que tu es face à des égaux et il y en a qui sont plus forts que les autres. J'ai pu travailler avec des grands artistes et j'ai vu que les plus grands étaient les plus simples, étaient les plus sages.
- Speaker #1
C'est ce que j'ai aussi compris du milieu de l'apnée. Les grands champions sont souvent les plus simples, les plus bienveillants et les plus partageurs.
- Speaker #0
Il y a des moments où tu rencontres des humains et il y a des moments où tu rencontres malheureusement des mutants. Ils n'ont pas eu la même chance. Et tu dois être dans une compassion, de savoir aussi que tu n'es en train de faire que des illusions. Moi, le seul moment où je peux être violent, c'est quand il y a un manque de respect. C'est tout. Mais si je suis numéro 1 ou 2, si je me retrouve à numéro 7, 10, non, ce n'est pas ma place. Mais je l'ai fait ça déjà et je suis fier de ça.
- Speaker #1
De t'être énervé pour protéger...
- Speaker #0
Oui, de juste corriger quelqu'un avant qu'il prenne de l'élan.
- Speaker #1
Tu vois, quand j'ai discuté autour de moi, de la communauté, « Tiens, je vais interviewer Jean-Marc Barre, c'est trop ouf ! » Tout le monde m'a dit « Tu vas voir, il est trop cool, il est simple. » Et par exemple, avant de t'appeler, je ne me suis même pas posé la question « Est-ce que je te vois ? » Je me suis dit « Je vais le tutoyer, il va être bienveillant et tout va bien se passer. » Et je me suis dit « Tiens, c'est un humain ! »
- Speaker #0
Non, c'est aussi qu'en Amérique, on n'a pas tu. Tout le monde est tu. You.
- Speaker #1
Jean-Marc, je vais oser te faire une blague. Parce que j'adore... J'ai fait plein de blagues sur l'apnée. Et là, j'en ai créé une rien que pour toi. Sais-tu pourquoi Luc Besson a choisi Jean-Marc Barre pour jouer Jacques Mayol ?
- Speaker #0
Non.
- Speaker #1
Car Jean-Marc Barre résiste à la pression.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Est-ce qu'on te l'avait déjà fait, celle-là ?
- Speaker #0
Oui, j'en ai entendu un peu comme ça aussi, mais il y avait aussi bar pour le, tu sais, la mesure des barres.
- Speaker #1
Oui, c'est ça, c'est les pressions en barres, oui. Oui,
- Speaker #0
oui, oui.
- Speaker #1
Et d'ailleurs, bar, ça veut dire la mer en arabe.
- Speaker #0
Ah oui ?
- Speaker #1
Oui, donc tu vois.
- Speaker #0
B-A-R ?
- Speaker #1
Je ne connaîtrais pas l'orthographe, mais des fois quand je suis au restaurant Fresh Fish, là où je travaille...
- Speaker #0
Ça fait combien d'années que tu es là maintenant ?
- Speaker #1
ça va faire un an et avant j'étais à Bora Bora mais je suis beaucoup plus heureux en Égypte et en Mer Rouge qu'en Polynésie française le problème c'est que Fiou est vraiment une sensation et oui mais c'est
- Speaker #0
l'endroit où j'aimerais aller pendant 4, 5, 6 mois avec mon fils où ça,
- Speaker #1
sur quelle île ?
- Speaker #0
je sais pas encore j'étais à Morea, bien sûr c'est bien mais je connais pas assez, c'était dans les années 90
- Speaker #1
Ça a changé, tu vas voir, c'est autre chose.
- Speaker #0
Oui, je sais, j'étais à La Réunion, je n'étais pas très content. Tu ne peux pas te baigner ?
- Speaker #1
Ah bah si, en Polynésie, il n'y a aucun souci, là tu peux.
- Speaker #0
Je sais, mais en La Réunion...
- Speaker #1
En Réunion, oui, là c'est compliqué, avec les attaques de requins.
- Speaker #0
Oui, mais tout d'un coup, c'est comme un château en plein milieu de nulle part. Oh là là !
- Speaker #1
Je te propose maintenant le jeu des questions rapides. En fait, l'idée, c'est que tu te proposes deux choses et tu dois essayer de répondre instinctivement. Et souvent après derrière on peut diverger. Est-ce que tu préfères un deuxième César du meilleur acteur, comme tu as pu recevoir en 1989 après Le Grand Bleu, ou un voyage entre vieux copains dans un refuge de montagne ?
- Speaker #0
Le refuge de montagne.
- Speaker #1
Tu irais sur quelle montagne ?
- Speaker #0
Dans les Alpes, les Dandoches. Ah non, peut-être non, j'irais à Kalamata en Grèce. J'ai découvert. Ah oui ? Ok. Les montagnes derrière cette ville sont très mystérieuses. où tu peux imaginer des temples grecs. Donc, je ne connaissais pas cette géographie. Et là, ce serait pour ça.
- Speaker #1
Les montagnes de Kalamata. OK.
- Speaker #0
Voilà.
- Speaker #1
Si tu devais choisir que deux films, Europa ou Le Grand Bleu ?
- Speaker #0
Non, je pense que c'est Le Grand Bleu parce qu'il a plus affecté les gens. Tandis que dans les deux, c'est des idéalistes qui sont noyés.
- Speaker #1
Droite ou gauche ?
- Speaker #0
Gauche.
- Speaker #1
Doutes ou certitudes ?
- Speaker #0
Doutes.
- Speaker #1
Cinéma engagé ou cinéma profitable ?
- Speaker #0
Engagé.
- Speaker #1
TikTok ou Instagram ?
- Speaker #0
Écoute, je viens de me mettre sur Instagram, donc TikTok maintenant, c'est acheté. Là, j'en ai créé un parce qu'il y a mon neveu qui m'a dit qu'il veut que je me mette sur un site qui s'appelle Cameo, où tu fais des vidéos aussi pour des gens qui veulent des messages. Ah, mais oui ! Oui.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
Donc voilà, le nomade commence à faire le clown, vraiment là.
- Speaker #1
Tu vas me souhaiter un bon anniversaire bientôt. Oui. Théâtre pour jouer Molière, ou plutôt plateau de cinéma avec Rosana Arquette ?
- Speaker #0
Molière. J'adore Rosana, mais je n'ai pas encore eu le bonheur de le faire, ça.
- Speaker #1
Molière, tu ne l'as pas joué en Angleterre ?
- Speaker #0
Non, j'ai joué Tennessee Williams, Shakespeare, Bernard Shaw, mais... Je n'ai jamais pu jouer Molière. C'est une pièce de lui qui m'a inspiré d'être acteur.
- Speaker #1
Bipalme ou monopalme ?
- Speaker #0
Bipalme, tu as dit ?
- Speaker #1
Bipalme, c'est les palmes normales.
- Speaker #0
Bipalme ou monopalme ? Bipalme.
- Speaker #1
Pourquoi ?
- Speaker #0
J'aime bien avoir la flexibilité d'avoir les deux jambes. Des fois, avec les deux attachés, je me sens moins libre. mais j'ai vu que là maintenant ils font des cours les hommes baraqués à la vingt dames là sont en train de prendre des cours de sirène oui d'ailleurs j'ai interviewé des sirènes des danseuses subaquatiques mais là c'est des mecs ouais ouais bien sûr j'aurais jamais pensé voir ça c'est
- Speaker #1
trop bien alors là est-ce que tu vas avoir la référence alors lure of the triangle ... Ou Le Grand Bleu ?
- Speaker #0
Say it again, ou quoi ?
- Speaker #1
Lure of the Triangle. Est-ce que ça te parle ? Lure ? Oui, L-U-R-E of the Triangle.
- Speaker #0
Lure of the what ?
- Speaker #1
Le Triangle. C'est le film érotique...
- Speaker #0
Le Lure of the Triangle. Non,
- Speaker #1
je ne connais pas ce film. C'est le film érotique que Jacques Mayol a tourné.
- Speaker #0
Ah oui.
- Speaker #1
Le premier film pornographique en suivant Quentin. Oui,
- Speaker #0
oui, oui. Je ne l'ai pas vu. Non, Le Grand Bleu, je pense. Parce que... Quand même, je pense que... J'ai vu quelques images sur l'homme dauphin, et ça avait l'air très libre.
- Speaker #1
Très, très libre. Mais c'est ça qui est dingue, c'est que souvent, l'image qu'on a donnée de Jack Mayol dans le film de Luc Besson est complètement enfantin, alors que dans la réalité, le mec, il fait des films porno en scuba diving, avec des belles blondes. Et il filme, mais il fait du porno, quoi. Et ça, les gens, ils n'en ont pas forcément conscience.
- Speaker #0
C'est-à-dire que, pour moi, c'est un personnage 100 fois plus intéressant. heureusement que le type il a fait l'homme dauphin non non le vrai Jacques Mayol est beaucoup plus il est fou oui mais c'était un vrai super héros à la hauteur de Cousteau il y avait j'en ai vu il y en avait un là aussi sur l'île de Pâques un type qui était sur le Le Calypso, qui a commencé sa vie sur l'île de Pâques, a fait quelques enfants, mais il vivait comme un aventurier. Au fond, il était avec des jeunes femmes jusqu'à 60, 62 ans. Et à 65 ans, il a eu des problèmes et il s'est tiré une balle dans la tête. Il y a des gens qui font le commitment. Ils s'engagent totalement. Mais cet engagement a un prix. La liberté, elle a un prix.
- Speaker #1
C'est toujours quand même terrible de finir en se suicidant.
- Speaker #0
Oui, mais à la fin aussi, je trouve ça, les dauphins aussi, ils font ça, ils s'écartent, ils s'en occupent eux-mêmes, les indiens, américains, c'est-à-dire, c'est aussi, ça fait partie de la vie. Je trouve ça, je comprends en tout cas, je comprends.
- Speaker #1
Mais c'est un geste que toi, tu devrais faire ?
- Speaker #0
Je ne sais pas, je ne pense pas que j'ai les couilles. Moi, j'ai joué les couilles. L'illusion. Baleine ou dauphin ?
- Speaker #1
Dauphin.
- Speaker #0
Mensonge agréable ou vérité blessante ?
- Speaker #1
Vérité blessante.
- Speaker #0
L'avarice ou l'orgueil ?
- Speaker #1
L'orgueil.
- Speaker #0
La colère ou la paresse ?
- Speaker #1
La colère.
- Speaker #0
Pourquoi la colère ?
- Speaker #1
Parce que maintenant, c'est la seule émotion qui me semble juste. Depuis, oui, depuis Covid. Nos vies sont devenues lourdes, on nous pousse contre l'autre, on nous pousse à haïr. Et c'est des manipulations faciles. Et que des gens qui sont dans cette manipulation osent faire ça, là, maintenant, je ne sais pas. Je suis quelqu'un de très calme, mais je sais que... Cette gentillesse ne marche pas.
- Speaker #0
USA ou France ?
- Speaker #1
USA ou France ?
- Speaker #0
USA ou
- Speaker #1
France ? Non, je suis un être humain avec deux passeports. Une bonne fortune. Voilà.
- Speaker #0
Beaucoup. Écologie ou Donald Trump ?
- Speaker #1
Bien sûr, écologie. Peut-être la phase Donald Trump est nécessaire. C'est un peu, je ne sais pas si tu connais le portrait de Dorian Gray de Oscar Wilde.
- Speaker #0
Je l'ai lu il y a longtemps ça.
- Speaker #1
Tu sais l'histoire, c'est-à-dire que le type il reste jeune et le tableau change. Là, je ne vois que le tableau en ce moment et vraiment, oui, c'est disillusionnement, peut-être c'est normal, mais ça ne peut pas continuer maintenant. C'est-à-dire que quand tu n'as plus l'adhérence... et le cœur de ton peuple, comment tu peux continuer, tu vois ? Est-ce qu'il y a une idée qui va tenir le monde entier en paix ? Parce que les États, maintenant, n'arrivent plus.
- Speaker #0
Déjà, c'est à nous d'incarner la paix, ça, c'est sûr. Mais bon, vaste sujet, vaste... La vraie question, c'est comment résister ?
- Speaker #1
On est face à juste une bagarre entre oligarques et mondialistes, là. petite partie de la population qui sont en train de baiser le monde entier. Donc, ça doit se régler quand même.
- Speaker #0
La luxure ou la jalousie ?
- Speaker #1
Moi, je ne suis pas jaloux, donc la luxure pourrait être fun.
- Speaker #0
La luxure. Mayol ou Mallorca ?
- Speaker #1
Je n'ai pas connu Mallorca assez. Les deux sont incroyables, mais Mayol parce que oui. Tout ce qu'on a parlé là.
- Speaker #0
Virilité ou féminité ?
- Speaker #1
Moi, je suis un homme. Virilité.
- Speaker #0
La Grèce ou le lac de Thigne ?
- Speaker #1
La Grèce.
- Speaker #0
Luc Besson ou Lars von Trier ? Lars. Révolution non-violente ou révolution armée ?
- Speaker #1
Non-violente, si possible.
- Speaker #0
Eric Serra ou Snoop Dogg ?
- Speaker #1
Eric.
- Speaker #0
Bien entendu, pour la magnifique musique du Grand Bleu. T'écoutes un peu du rap américain ?
- Speaker #1
J'écoutais vraiment au début Cool Mody, Gangstar, Jungle Brothers, quand c'était joyeux. Non, je n'écoute pas les trucs depuis que c'est devenu gang. Celui qui a gagné, Kendrick Lamar, je trouve bien. Mais là, depuis au moins deux, trois ans, je n'écoute plus de musique. Je regarde quelques films. Je suis dans un over-burnout. Il y a trop de trucs. Donc tout d'un coup, je n'arrive plus à canaliser comme auparavant. Je ne sais pas ce qui se passe. Non, mais je pense qu'on a vécu des traumas de société et qu'on est en train de voir l'autre souffrir beaucoup. On est en train aussi de se dire, oui, c'était quoi ces 500 années de domination mondiale ? À la fin, qu'est-ce que ça a créé ? Ça, c'est des trucs qui me passent par la tête toute la journée, parce qu'on est en crise.
- Speaker #0
Oui, ça te travaille.
- Speaker #1
Je ne pense pas qu'en Égypte, tu vois ça, mais...
- Speaker #0
En Égypte, on est proche du conflit, enfin, j'aime pas le terme conflit, de Gaza, du génocide. J'ai une amie qui crée une thèse sur le sujet. Il n'y a pas longtemps, j'ai organisé une soirée en soutien à la communauté ukrainienne à la maison. En fait, si, on est très proche de ces sujets-là à Dahab, parce que la communauté freediving est très solidaire. Et on parle profondément, on parle sérieusement.
- Speaker #1
Le problème, c'est que ça dépasse. Ça dépasse, là, maintenant. Ça dépasse. Le problème peut déclencher un truc mondial et la fin du monde. Et c'était prédit. Et là, par exemple, avec le flottis là, ils sont en train de tout faire pour vraiment être les mauvais mauvais.
- Speaker #0
Donc Flotilla, on le rappelle pour les éditeurs, ce sont les bateaux voiliers qui sont partis naviguer en direction de Gaza pour protester contre la colonisation et le génocide qu'il y a eu actuellement.
- Speaker #1
Pour moi, c'est... Oui, c'est les Américains et les Anglais et les Français qui permettent ça. Il y a un truc qui va... Aux États-Unis, je pense que c'est déjà baisé. C'est-à-dire que 30% de la jeunesse, ce n'est plus du tout le soutien à Israël que c'était auparavant. C'est le problème pour lequel il n'y a pas beaucoup de boulot, pour lequel on est encore face à un non-gouvernement ici en France. J'étais aux États-Unis et il y avait des moments où je pensais que ça ressemblait au pays de l'Est dans les années 80. C'est la pauvreté. elle est Et il n'y a pas de sécurité sociale là-bas. C'est-à-dire que ça...
- Speaker #0
Et puis de toute façon, les extrêmes sont toujours nourris des crises économiques et des crises sociales. Plonger bouteille pour exploration de grottes ou apnée verticale en gueuse ?
- Speaker #1
L'apnée, toujours.
- Speaker #0
Acteur ou réalisateur ?
- Speaker #1
Acteur.
- Speaker #0
Liberté sexuelle ou liberté de penser ?
- Speaker #1
Liberté... Ouf ! Et tant que je suis vieux, je vais dire liberté de penser. On est forcé.
- Speaker #0
Je me remarque de regarder récemment une interview que tu as faite il y a six ans avec Alice Modolo, qui a le record de France depuis quelques temps.
- Speaker #1
Elle, comme Guillaume, comme Pierre, ont pu faire un métier de ça, parce qu'elle était dentiste avant.
- Speaker #0
Et là, elle a fait 102 mètres en mer Rouge il y a quelques semaines, et donc elle a le record de France de la femme la plus profonde, la femme française la plus profonde. Et donc c'est ça qu'elle cherchait à faire quand elle t'avait interviewée. Et dans une de ses interviews, quelque chose que tu dis qui m'interpelle, c'est « Dès que tu connais zéro, la vie devient magique » . Et ça me fait penser à la citation d'Antoine de Saint-Exupéry que je chéris quand je vis des choses pas faciles, c'est « Nous sommes aussi riches » . de nos misères. Donc je voulais te demander Jean-Marc, quelle est ta définition du bonheur et est-ce que tu penses qu'il faut qu'on touche du doigt les problèmes, la merde, l'obscurité pour vraiment connaître le bonheur ?
- Speaker #1
Il faut savoir qu'on va mourir. Il y a des moments où j'endors mon fils sur le lit et je dis là tout va bien. Là, je peux mourir, cette sensation, peut-être demain il est mort, il a un accident, mais là, tout va bien. J'essaie de chérir le moment maintenant, de rester humain, parce que j'ai vu dans mon passé comment on pouvait me manipuler pour être, de faire partie de choses dont je ne voulais pas faire partie. Le rôle de l'artiste me permet quand même, et aussi d'être reconnu, d'assumer mon humanité. Donc pour moi, c'est de vivre maintenant.
- Speaker #0
L'instant présent, toujours.
- Speaker #1
Oui, mais tu vois, là, j'ai fait pendant un an, j'ai tourné en Afrique du Nord. En Égypte, j'étais trois mois. La générosité de ces gens, la manière dont ils vivent pour moi était l'opposé total du stéréotype qu'on m'enfonce chaque jour. Tu comprends ? Donc c'est d'être heureusement, ma vie m'a permis de voir à travers cette manipulation.
- Speaker #0
Mais est-ce que tu n'es pas un peu pollué par la vie parisienne ?
- Speaker #1
Tu sais, il y a une fameuse chanson « How are you gonna keep them down on the farm after they've seen Paris ? » comment tu vas les laisser rester sur leur ferme après qu'ils ont vu Paris ? Et c'était les soldats de la Première Guerre mondiale. Paris, pour un Américain, il y a Mark Twain, grand, grand, grand philosophe écrivain américain, qui disait que les Français sont... sont le lien manquant entre homme et gorille. Parce qu'ils se permettent de mettre leurs mains dans tout. Une chose que les protestants, les anglos et tout ça ne se permettent pas. Paris, si tu es un acteur, te permet de mettre tes mains partout.
- Speaker #0
C'est-à-dire de toucher à tout au niveau de l'art ?
- Speaker #1
De toucher à tout, il y a tout, il y a tout ici. À New York aussi peut-être, mais à Paris d'une autre manière. Les Français sont très bons à apprécier l'art. C'est dur la création pour eux. Je pense que l'ambiguïté de ce qui s'est passé pendant la Deuxième Guerre mondiale a laissé cette... Ils ne savent pas comment s'identifier, ce qui n'est pas le cas des Italiens qui ont fait part de leurs échecs pendant la guerre et leurs pertes. Les Français n'ont pas... Ils ont du mal à regarder dans le miroir. C'est surtout une société qui se promouvoit dans la culture. Et des fois, c'est bien. Des fois, ce n'est pas bien. Ce n'est pas bien. Mais moi, ici, je me suis permis d'être un acteur. Et peut-être à Berlin, je ne sais pas s'il aurait été le cas. Surtout pas à Londres.
- Speaker #0
Pourquoi surtout pas à Londres et pas à Berlin ? Pourquoi Paris te permet de faire ton métier, alors ?
- Speaker #1
Les Anglais, à la fin, ils sont... Ils sont attachés à un passé où ils doivent maintenir leur position mondiale. Et là, tu vois qu'ils sont en train d'arrêter des journalistes. Tu peux aller en prison maintenant si tu mets une chemise pro-palestinien. C'est devenu... Les Anglais, si tu grattes un peu, avec tous les problèmes qu'on a aujourd'hui, tu peux les trouver au... à l'origine de ces problèmes.
- Speaker #0
Les conséquences du coup.
- Speaker #1
L'Ukraine, ce qui se passe à Gaza. Non, non, je viens de ça. Je suis une création de ça. C'est pour ça que je me sens impliqué. Ce que mon père m'a appris, même si on venait d'un village où il y avait le Klugexplan et il est guerrier et qu'on a fait plein de crimes, Oui, on fait un peu des représentants de comment la philosophie européenne s'est étendue et comment elle a essayé d'expliquer qui on est. Et surtout pendant l'époque où j'ai vécu, on avait le droit d'être vraiment avec des complexes de supériorité incroyables. Mon père, il était chef sécurité sur Air Force One pendant le temps de Nixon. J'avais rencontré les trois astronautes d'Hopalo. Tu vois, je vivais un peu vraiment ce moment.
- Speaker #0
Ah oui, tu as vraiment vécu dans la haute société américaine.
- Speaker #1
Mon père, c'était pour parler avec le Vietnam. Donc, Nixon et Kissinger faisaient beaucoup le vol Paris. Washington et quand il était vide nous on avait le droit de faire le voyage ouais ouais donc tu voyages et dans l'air force one dans l'amérique à la maman maman était elle était moi anti vietnam non
- Speaker #0
mais c'est un délire ce que tu me racontes donc jean-marc par voyage et dans l'air force one des états unis ben oui à 7 à 9 ans 8 9 ans parce que ton père du coup était responsable de la sécurité faisait quoi exactement
- Speaker #1
Quand je suis né, mon père était responsable de la sécurité des premiers armes nucléaires qui venaient en Allemagne. Ensuite, il était à la Pentagone. Ensuite, il était chargé en 67-68, chef sécurité des bases aériennes en Vietnam du Sud, donc pendant l'offensive de Tête. Et après, en 68, il a été nommé chef sécurité sur la Force One.
- Speaker #0
Je comprends beaucoup mieux ta position critique. Tu as vécu l'histoire, tu as vécu une partie de l'histoire à travers ton père.
- Speaker #1
Oui, et mon père était quelqu'un de bien en plus. Tu vois, simple. Donc, le côté Mark Twain, je ne sais pas si tu connais, mais si tu as l'occasion, c'est quelque chose de pas du tout... C'est quelqu'un de bien. Il a un vrai sens d'humour qui n'est pas européen, qui est vraiment à l'américaine.
- Speaker #0
Et donc toute l'histoire avec ton père aussi, du coup maintenant t'es anti-impérialiste, anti-colonisation, t'as un sentiment de responsabilité par rapport à ce qui se passe dans le monde, que t'as envie de dénoncer ce qui se passe. Et qu'on révèle plus notre côté humain, si je comprends bien tout ça.
- Speaker #1
Oui, c'est-à-dire, je pense que le rôle du clown, il est là pour divertir, mais il est aussi pour partager les doutes.
- Speaker #0
Partager les doutes. Il faut toujours douter. Les certitudes sont dangereuses.
- Speaker #1
Ah oui, regarde 30.
- Speaker #0
Alors, j'avais une question sur l'illusion. Tu es un grand acteur, tu maîtrises l'art de l'illusion. On est tous d'ailleurs victimes ou enrichis grâce à l'illusion. Je crois que la religion a failli être la tienne, parce qu'à tes 20 ans, tu rejoins le séminaire pour peut-être devenir un jour prêtre.
- Speaker #1
Non, j'avais 16 ans.
- Speaker #0
Tu avais 16 ans ? Ah ok. Donc c'est à 20 ans que tu t'engages dans l'Air Force Academy. Donc je pense que c'est ce que tu as fait.
- Speaker #1
Non, c'est-à-dire, tu sais, quand tu as 16-17 ans, tu commences à partir pour l'université. Et donc à cette époque-là, à 16 ans, j'étais au séminaire une été.
- Speaker #0
Ok. et...
- Speaker #1
J'ai essayé de rentrer dans l'académie de l'Air Force. Donc, j'avais fait toutes mes applications. Mais le gouverneur doit t'approuver et il ne m'a pas approuvé.
- Speaker #0
Tu as vécu des moments de vie qui sont très forts. Est-ce que tu as la sensation que le meilleur reste à venir ou qu'il est derrière toi ?
- Speaker #1
Je suis le papa de Jude. Depuis que j'ai mon fils... Vraiment, c'est la première fois où je ne pense pas à moi. J'ai un grand bonheur à le voir grandir. C'est vraiment un trésor pour moi. Il est fier, un peu de moi aussi. Il m'a vu au théâtre. Il n'a pas encore vu des films. Mais j'ai eu un très bon père. Et donc, le rapport qui... qui s'est engagé entre moi et Jude et très fort. Voilà où je trouve mon bonheur.
- Speaker #0
Dans ton fils et dans ta paternité.
- Speaker #1
Et du coup, Jude n'a pas vu le grand-mère ? Non, pas encore. Mais il ne s'intéresse pas et je ne vais pas le forcer. Il est fier que les gens me reconnaissent et déjà ça, c'est quelque chose. Et je lui dis que tu vois... Il ne faut pas le prendre au sérieux. Je suis un clown. Les gens m'aiment. Et donc, c'est ça qui est bien. Mais oui, je n'ai pas pu avoir un fils ou un enfant avec la femme que j'avais mariée. En plus, elle est partie parce que je n'étais non seulement pas un bon mari, mais on bombardait son pays. Et donc, elle a un peu perdu son sens d'humour.
- Speaker #0
C'était la pianiste yougoslave.
- Speaker #1
Oui, voilà, c'est ça, Irina. Et par destin, il est venu, vraiment par destin. Et je le prends comme ça. C'est-à-dire, pour moi, je célèbre ma contribution aux piscines de Gênes.
- Speaker #0
Aux piscines de Gênes ?
- Speaker #1
Jean Poole.
- Speaker #0
OK.
- Speaker #1
Et je fais partie de l'évolution, voilà. Je n'ai pas raté tout d'un coup que le DNA barre, continue.
- Speaker #0
Est-ce que tu connais Kylie Gibran, le prophète ?
- Speaker #1
Oui, je connais quelques-uns de ses textes.
- Speaker #0
J'adore quand... Je ne suis pas papa, j'aurais pu l'être, mais bon. La vie en a décidé autrement.
- Speaker #1
Elle était encore jeune.
- Speaker #0
Ah ben oui, je suis encore jeune, 36 ans, là je vais sur mes 37, tu vois.
- Speaker #1
Et moi j'arrive, je l'ai eu à 55.
- Speaker #0
À 55, et tu me donnes de l'espoir là. Dans le prophète de Kian Gebran, sorti en 1923, il dit « Vos enfants ne sont pas vos enfants, ils appartiennent au désir de la vie. Les enfants viennent à travers vous, mais ne sont pas de vous. Vous pouvez leur donner votre amour, mais non vos pensées. »
- Speaker #1
Non, mais c'est de voir aussi la continuation de la génération. Je suis heureux que je n'ai pas loupé ma contribution à l'évolution de l'espèce.
- Speaker #0
Ah, d'accord.
- Speaker #1
Tu comprends ? Jean-Paul.
- Speaker #0
Jean-Paul. Alors, il me reste trois questions, mais je vois qu'on a trois minutes. Est-ce qu'on va réussir à y répondre ? C'est des questions que je pose à tout le monde. Je suis un grand fan de citations. Quelle est ta citation préférée, Jean-Marc ? Est-ce qu'il y a une citation qui te donne de la force ?
- Speaker #1
qui te donne de l'énergie quand t'es au fond ou une qui résonne même quand t'es heureux non je chante always look at the bright side of life tu connais cette chanson ? non je suis pas trop quali en musique c'est ce qui est chanté à la fin de life of brian life of brian ? Tu connais ce film ?
- Speaker #0
I just know where is Brian, and Brian is in the kitchen.
- Speaker #1
No, no, Life of Brian, c'est Monty Python.
- Speaker #0
Ah, les Monty Python, ok. Non, non. Tu vois,
- Speaker #1
la vie de Brian, je pense que c'est... En tout cas, ça finit avec lui, Jésus, en train de chanter avec d'autres mecs crucifiés. Always look on the bright side of life.
- Speaker #0
Toujours regarder le côté lumineux de la vie, c'est bien ça ?
- Speaker #1
Voilà. tu dois voir la scène tu dois voir le film ça a changé le monde
- Speaker #0
Jean-Marc si demain tu devais disparaître je sais pas n'importe quoi mais demain t'es plus là qu'aimerais-tu que l'on retienne de toi et quel message aimerais-tu laisser je suis heureux dans l'insignifiance voilà si on retient mon
- Speaker #1
beau sourire voilà c'est assez
- Speaker #0
Retenir ton bon sourire et ton insignifiance
- Speaker #1
C'est à dire quand tu crois à rien je pense que ma disparition ça va pas être grand chose je suis heureux dans l'insignifiance C'est une question que j'ai posée à Pierre Frolla c'est une question que j'ai posée à
- Speaker #0
Loïc Villemin, le champion suisse, parce qu'ils ont des enfants si t'enregistrais une capsule audio qu'ils pouvaient écouter dans 20 ans Imagine, Jude qui a 30 ans et il peut écouter ce message, cette capsule audio. Qu'est-ce que tu aimerais lui dire à ton fils ?
- Speaker #1
Have fun.
- Speaker #0
Have fun.
- Speaker #1
Have fun.
- Speaker #0
Ok. Deux mots, mais qui en disent beaucoup.
- Speaker #1
Have fun. J'espère que vous avez passé un beau moment avec nous. Voilà. À bientôt. Ciao.