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Génération ISC

Hors Série - Bianca Lauret : 30 ans d’ISC, une vie de transmission

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56min |10/12/2025
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Génération ISC

Hors Série - Bianca Lauret : 30 ans d’ISC, une vie de transmission

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56min |10/12/2025
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Description

Bianca Lauret, c’est bien plus qu’une prof de droit. C’est une légende vivante de l’ISC Paris.


Dans cet épisode hors-série exceptionnel, elle revient sur ses 30 ans d’engagement passionné au service des étudiants : de ses débuts comme vacataire en 1986 à la direction du Programme Grande École, en passant par la création de la spécialisation Expertise Juridique et Fiscale.


On parle de pédagogie exigeante, de transmission, de standing ovation au Cirque d’Hiver, de conseils de discipline mémorables… mais aussi du RAID au Groenland, de faux en écriture, et de ce "train" qu’on choisit de prendre dans la vie.


Un épisode empreint d’humanité, de rigueur, d’engagement et d’amour sincère pour l’ISC. À écouter d’urgence si vous avez croisé Bianca à l’école, ou si vous voulez comprendre ce qui fait l’âme d’une grande institution.


🎙️ Génération ISC, le podcast des alumni de l’ISC Paris.
Chaque semaine, des parcours inspirants, des chemin de carrière et des histoires qui donnent envie d’oser.
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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Pierre

    Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouvel épisode de Génération ISC, un épisode hors série, on pourrait le qualifier comme ça, exceptionnel sans nul doute, incroyable j'en suis persuadé, parce qu'aujourd'hui on a le plaisir de recevoir au micro Bianca Loré. Bonjour Bianca.

  • Bianca Lauret

    Bonjour Pierre.

  • Pierre

    Alors c'est un grand grand grand grand grand plaisir de t'avoir à ce micro. un parce que Tu as été pendant des années la directrice du programme Grande École de l'ISC. Il y a plein d'alumni qui t'ont cité d'ailleurs dans ce podcast en disant que tu les avais marqués. Alors il se trouve que moi tu m'as marqué aussi parce que tu as été ma prof de droit en 1993. Et puis après en arrivant et en bossant à l'ISC, tu m'as marqué aussi parce que... Tu gérais le programme Grande École avec Maestria Engagement. Je ne vais pas te faire un panégyrique ici, etc. Mais juste pour que nos auditeurs se rendent compte de l'impact que tu avais sur tous les jeunes gens qui passaient à l'ISC, je me souviens de ta dernière remise de diplôme qui se tenait au Cirque d'Hiver.

  • Bianca Lauret

    Tout à fait.

  • Pierre

    Et là, donc... Tout le monde savait que c'était ta dernière remise de diplôme. Tu es annoncé au centre de la piste du Cirque d'Hiver. Et c'est le Cirque d'Hiver en entier qui se lève et qui t'applaudit.

  • Bianca Lauret

    Beaucoup d'émotions.

  • Pierre

    Ce n'est pas tous les jours qu'on prend une standing ovation de 2000 personnes. Tu vois ? Et même en en reparlant, là, tu vois, ça me met encore un peu les frissons. Donc voilà, tout ça pour dire que tu es aussi une mémoire de l'ISC. Et donc, je trouvais ça super intéressant de t'avoir à ce micro. Alors, tu as un défaut, c'est que tu n'es pas une alumnie de l'ISC, mais on s'en fout, franchement. Parce que je pense que tu as contribué énormément à la cause. Enfin, voilà, tout ça pour dire, c'est une très longue introduction, peut-être trop longue. Mais Bianca, en quelques mots, est-ce que tu veux bien te présenter ?

  • Bianca Lauret

    Oui, en quelques mots. Donc, Bianca Lauré, j'ai presque 70 ans.

  • Pierre

    Et elle ne les fait pas.

  • Bianca Lauret

    Donc... Retraitée maintenant depuis quelques années. J'ai deux enfants, trois petits-fils. Et comme beaucoup de retraités, je reste quand même très active. Je ne suis pas dans mon canapé à attendre que la journée se passe.

  • Pierre

    Preuve en est, c'est qu'on enregistre ici physiquement sur le campus d'Orléans. Tu es venue, tu as pris le train, on a fait la visite du campus. Va à fond, toujours à fond.

  • Bianca Lauret

    Ah oui, et j'ai été emballée. par la visite de ce campus que je trouve absolument merveilleux. Donc vous avez beaucoup de chance.

  • Pierre

    Donc message à tous les alumniens, si vous voulez passer nous faire une petite visite, on vous fera la tournée des grands ducs, si vous voulez à Orléans, vous êtes les bienvenus tous. Alors Bianca, raconte-nous un peu ton histoire avec l'ISC, elle commence quand exactement ?

  • Bianca Lauret

    Alors elle commence vraiment en 1986, où je suis rentrée comme professeure de droit pénal des affaires. dans la spécialisation Expertise Audite et Contrôle qui a été dirigée par Patrick Mariel.

  • Pierre

    Mais alors, qu'est-ce qui te donnait...

  • Bianca Lauret

    Alors pourquoi ?

  • Pierre

    Pourquoi ?

  • Bianca Lauret

    Alors en fait, j'ai été avocat très jeune, 21 ans. Au client donc ? En tout cas, pas eu de problème de santé. Donc, dès que j'allais au palais plaider, j'étais tétanisée. Et là-dessus...

  • Pierre

    C'était quoi ta spécialisation ?

  • Bianca Lauret

    Alors, j'avais fait un débat de droit privé. Donc c'était plutôt le droit des obligations, le droit des contrats, tu vois, des choses, le droit de la responsabilité. Du tout, le droit pénal des affaires qui va devenir après vraiment mon fer de lance. Et je vais à un dîner et un copain de mon mari dit « Tiens, moi j'enseigne le droit pénal des affaires, mais je suis nommé directeur des services juridiques à la SACEM, j'arrête. » Et je m'entends dire... Tiens, ça me plairait peut-être d'enseigner, ça me donnerait peut-être un peu plus confiance quand je serai dans les magistrats. Et je me suis dit, je vais me présenter, et puis où ils me prennent, où ils ne me prennent pas. Ils me prennent, mais ils prennent un deuxième enseignant pour ce cours de droit pénal des affaires, un homme, et qui a le même profil, ou une fois, qui a les mêmes diplômes que moi. Et le responsable de la spécialisation juridique me dit, moi c'est très simple, à la fin de l'année, comité pédagogique, on vous note. Et je garde le mieux noté.

  • Pierre

    C'est violent, c'est un game ce truc.

  • Bianca Lauret

    Je reste. Je reste et surtout je suis emballée par cette activité de professeur. D'abord parce que j'avais fait le droit pénalisé, donc j'avais un professeur exceptionnel, donc la matière me passionnait, j'ai beaucoup travaillé pour être à la hauteur, parce que comme ça me plaisait j'avais envie de rester. Et puis j'ai donné des cours du soir pour des personnes qui voulaient devenir experts comptables. Et dans mes élèves, j'ai eu Patrick Mariel. qui était donc le responsable de cette spécialisation audite, et puis après qui a été directeur des études à l'ISC. Et qui m'appelle un jour en me disant, Bianca, j'aimerais bien, j'adorais ton cours, j'aimerais bien que tu viennes faire la même chose à l'ISC. Et me voilà débarquée en ISC. Mais j'ai été petite vacataire, donc j'étais encore avocat. Oui,

  • Pierre

    tu avais d'autres activités à connaître.

  • Bianca Lauret

    Tu avais rencontré Riaï ? J'avais rencontré Riaï, j'avais été très impressionnée par M. Riaï. Il rencontrait tous ses profs.

  • Pierre

    Ceux qui ne le voient pas, mais Claude Riaï a été le directeur général de l'ISC, je ne sais même pas de quelle année à quelle année. Je ne sais pas. Il a marqué l'ISC de manière hyper forte. Effectivement, au-delà du fondateur, c'est vraiment lui qui a fait grandir l'ISC jusqu'au début des années 2000.

  • Bianca Lauret

    Donc on est en 86 et il s'avère qu'en 89, il m'appelle en me disant j'aimerais vous rencontrer et j'aimerais vous confier, trois ans après, donc j'étais quand même encore toute jeune, j'avais 33 ans, j'aimerais vous confier le département juridique et fiscal. Il n'y a pas de département de ce type à l'école, il y a un département économie, mais il n'y a pas de département juridique et fiscal. Est-ce que vous voudriez bien le prendre en main et puis surtout repenser sur les trois années ? le parcours dans ces deux domaines. Et je lui ai dit, écoutez, oui, moi, je peux vous aider, parce que c'est vrai qu'il y a beaucoup à faire.

  • Pierre

    Mais ça veut dire que tu dois abandonner ? Non, non,

  • Bianca Lauret

    non, surtout pas. Non, non, là, pour le coup, c'était vraiment repenser le programme. Il y avait beaucoup de professeurs qui étaient proches de la retraite. Donc, c'était recruter des enseignants dans ces domaines-là et puis créer des nouvelles, de nouveaux cours. Donc, j'ai carte blanche avec Claude Riailly. Ça a toujours été un vrai bonheur. Carte blanche, Madame Loré, je vous fais confiance. Donc, en 89, je suis toujours avocat, pas de problème. Et puis, très heureuse en étant un peu prof et beaucoup avocat. Et puis, en 2002, M. Rien reconvoque et il me dit « Madame Loré, j'aimerais que vous rentriez dans le comité de direction. » Je lui dis « Là, monsieur, ce n'est pas tout à fait la même chose. » Parce que là, je ne pourrais pas garder mon métier d'avocat. Donc, d'abord, je ne vais pas vous dire oui tout de suite, mais pourquoi faire ? Et il voulait vraiment que je vienne, mais peut-être les MBA. J'ai dit, écoutez, les MBA, quand même, M. Marielle est très attachée, donc moi, je ne veux pas avoir de problème. Non, non, ce n'était pas dans mon idée. Et il m'a dit, qu'est-ce que vous aimez à l'école ? Je lui ai dit, moi, ce que j'adore, ce sont les étudiants du programme Grande École. parce que j'avais un cours avec les MBA. Et il me dit, écoutez, je sais que M. Marial, lui, il est débordé avec les MBA, vous allez plutôt vous consacrer aux étudiants et on va vous donner le titre de directeur des réactions pédagogiques, qui est un titre qui existait à l'époque, vraiment très focalisé sur les étudiants. Et là, j'ai dit, écoutez, laissez-moi réfléchir. Mais il trouvait que je réfléchissais et que c'était un peu long. C'était une décision difficile ? C'était une décision difficile. Moi, j'avais quand même mes dossiers qui n'étaient pas terminés. Alors, en fait, c'est mon mari qui m'a aidé. Il m'a dit... D'abord, lui était avocat, donc il pouvait récupérer mes dossiers. Et il m'a dit, Bianca, tu préfères qui ? Tes étudiants ou tes clients ? Et là, ça a été le cri du cœur.

  • Pierre

    Ce n'est pas sympa pour tes clients de l'époque.

  • Bianca Lauret

    Non, non, non. Mais parce que... Alors, je vais te dire, pourquoi est-ce que j'étais très attachée à mes étudiants de l'ISC ? Parce que j'étais aussi, je faisais quelques vacations, entre autres fin août, dans d'autres écoles. Et c'était pour moi des étudiants lambda, pas les étudiants de l'ISC. Parce qu'à la fin de chaque cours, j'avais un étudiant, presque à la fin de chaque cours, qui venait me voir en me disant « Madame, est-ce que vous ne pouvez pas nous aider ? On a un contrat signé dans le cadre de nos assos. » Je lui dis « Mais attendez, vous me parlez de quoi ? C'est quoi vos assos ? » Et c'est là où j'ai découvert le système associatif de l'école. Et j'ai été Pierre. bluffé. Et ça a été...

  • Pierre

    Ce qui est dans ta bouche, c'est fort.

  • Bianca Lauret

    Ça a été déterminant pour moi pour dire oui à M. Riey. Et ce qui m'y a aidé aussi, cette année-là, il y avait un BDE absolument fabuleux. À la tête, il y avait un dénommé Vergeau, Rodolphe Vergeau, qui a fait une belle carrière dans la finance derrière. Il y avait un BDE.

  • Pierre

    Tu te souviens du nom du BDE ?

  • Bianca Lauret

    Non, non, non. Mais on pourrait le retrouver parce que je veux dire Rodolphe Vergeau. Je crois qu'il y a un bouquin sur les anciens BDE. Il y en a de quelque part dans vos bureaux. Et eux ne savaient pas qu'on m'avait fait cette proposition. mais Cette année-là, il m'avait pas mal sollicité, il m'avait tellement de gentillesse, tellement de compétences, que je me suis dit, oui, allez, hop, vraiment, ils sont intéressants, plus intéressants que ceux que je pouvais avoir par ailleurs. Donc, je fonce et je vais voir M. Rillet, je lui dis, banco. Et là, je pars pour une longue aventure.

  • Pierre

    Oui.

  • Bianca Lauret

    Très longue aventure. Il me dit, écoutez, Mme Loray, j'aimerais bien que vous enseignez un peu moins. Alors, je lui dis, écoutez, M. Rillet, là, ce n'est pas négociable. J'aime trop mon métier de prof. je vais bien abandonner les premières années Mais je veux garder les deuxièmes années et puis les troisièmes années. Donc, en 2002, je te rappelle que déjà, j'ai créé la spécialisation expertise juridique et fiscale qui est née en 93.

  • Pierre

    Oui, toute seule avec des petits bras musclés quand même.

  • Bianca Lauret

    Toute seule avec des petits bras musclés. Alors, cette spécialisation aussi, ça a été quelque chose de totalement imprévu. J'ai un jour une étudiante qui vient me voir en me disant, HEC, il y a une spécialisation juridique. Pourquoi il n'y a pas l'IAC ? J'ai dit, écoutez, c'est une bonne question que vous posez, mais vous savez, moi je ne suis pas à la direction, puisque je n'y étais qu'en 2002, donc peut-être on peut en parler au directeur des études ou au directeur général. Ce qu'elle fait, en disant, écoutez, voilà, on est plusieurs, et M. Riaï me reconvoque en me disant...

  • Pierre

    Tu as été convoqué souvent !

  • Bianca Lauret

    Mais que pour des choses, pas si souvent que ça, mais que pour des choses importantes. parce qu'il perdait sa vie perdait pas son temps et et il me dit écoutez qu'est ce que vous en pensez j'ai écouté effectivement une étudiante on a parlé pourquoi pas il me dit vous avez carte blanche et si vous avez 20 étudiants j'ouvre et j'en ai beaucoup plus que 20 final dès la première oui donc donc on ouvre on ouvre et et en fait je suis très inquiète 93, c'est pas bon au niveau économique. Non. Et je me dis, je crée une nouvelle spécialisation, et est-ce que je ne vais pas créer des chômeurs ? Donc si tu veux, j'ai vraiment... Je me dis, est-ce que c'était vraiment le moment ? Alors, j'avais un peu anticipé, et je n'avais pas fait une spécialisation que dans le domaine juridique. J'avais ouvert. En droit, je savais que je ne pourrais pas les amener au même niveau que quelqu'un qui a 4 ans de droit. En fiscalité, à la fac, c'est pas génial, l'enseignement. un peu light, un peu théorique. Donc je me suis dit, on va vraiment mettre le... on va s'appuyer vraiment sur ce domaine-là. Et puis, gestion de patrimoine. Puisqu'en fait, la gestion de patrimoine, c'est du droit et de la fiscale. Je me suis dit, s'il y a un problème dans un domaine, ils vont pouvoir toujours s'échapper dans un autre. Ce qui a été... vraiment, c'est vraiment ce qui s'est passé dans la vraie vie.

  • Pierre

    Ils étaient multi-compétents.

  • Bianca Lauret

    Ils étaient multi... Et alors, je me suis appuyée. Alors, carte blanche pour choisir les propres. Ça, c'est un bonheur total. Parce que j'ai pu choisir des personnes ultra compétentes que je connaissais, qui n'étaient pas des amis. Mais surtout, à chaque fois que je recrutais quelqu'un dont je connaissais la compétence, je voulais qu'il y ait une cohésion d'équipe. Première chose que je leur disais, ce terme cohésion pour moi c'était essentiel. S'il y en a un qui critique un enseignant de la spécialisation, je serais intraitable. Je ne veux pas que devant les étudiants, on fait front. Peut-être qu'il y en a un qui, par exemple, n'aura pas vu un texte qui est passé ou une décision d'utilisation. Ça peut arriver à tout le monde dans notre domaine. Mais vous l'appelez, mais pas devant les étudiants. Et ça, pour le coup, il y a toujours eu cette cohésion. Je faisais une réunion de rentrée, une réunion de sortie, pour que justement les nouveaux puissent connaître l'équipe. Il y avait une vraie équipe. Et puis vraiment des figures incroyables dans leur domaine de compétences.

  • Pierre

    Oui, et puis on voit... Bianca a vraiment préparé l'entretien. Elle m'a communiqué une liste d'alumni qui sont passés par cette spécialisation. Quand tu regardes les parcours de certains...

  • Bianca Lauret

    Mais c'est incroyable. Incroyable. Incroyable. Alors, je vais te dire, justement, dans toutes les responsabilités que j'ai pu avoir, cette responsabilité d'être à la tête d'une spécialisation, c'est une richesse pour le responsable. Incroyable. parce que tu peux détecter vraiment des potentiels. Et on n'est pas là que pour enseigner, on n'est pas là que pour distribuer du cours. Et à la fin de l'année, pouvoir dire à tel, tel, tel étudiant, écoutez, moi, je trouve que vous avez un potentiel, que vous savez une vraie compétence dans tel domaine. Il faut approfondir. Vous devez vraiment ne rester pas. Et souvent, il me disait, mais vous êtes sûr ? Mais oui, je suis sûr.

  • Pierre

    Je pense que c'est pour ça que tu as marqué énormément de gens. parce que Pour certains, en tout cas, tu leur as permis de se révéler. Et justement, tu es allé au-delà peut-être de la mission première. Et ce qui fait qu'ils t'en sont redevables éternellement, parce que finalement, tu as marqué leur chemin.

  • Bianca Lauret

    Oui, mais je pense que c'est le rôle de tout professeur. Pour moi, ça fait partie de la mission du professeur. Si c'est rentrer dans une salle de cours et puis partir dès que ça sonne, non. En plus,

  • Pierre

    il n'y a même plus de sonnerie maintenant. Oui,

  • Bianca Lauret

    il n'y a même plus de sonnerie. Donc on est là. Et je serais passée à côté de l'ISC si je n'étais pas restée après mes cours pour écouter les étudiants qui me sollicitaient en tant qu'avocat dans le cadre de leur association.

  • Pierre

    C'est vrai qu'en même temps, tu avais cette position-là où tu étais une... ressource précieuse pour toutes les assos, toutes les entreprises étudiantes, parce que forcément, il y a des problèmes de droits. Ah oui,

  • Bianca Lauret

    inévitable. C'est très important pour eux de maîtriser un certain nombre de choses.

  • Pierre

    Donc là, tu as les années EJF, on va les appeler comme ça. À un moment, tu as dû être convoqué, encore. Pour le programme Grande École ?

  • Bianca Lauret

    Alors oui. Le programme Grande École, en 2002. Donc, c'est là où je dois arrêter mon métier d'avocat. Donc, c'est là où... C'est vraiment là, à ce moment-là. Voilà. 2002. Et puis, après, on va avoir le départ de Claude Riailly. Alors déjà, là, moi, je suis au comité de direction et au COMEX. Et on est tous un peu inquiets de savoir qui... C'était une telle personnalité. Et on a quelqu'un qui est très différent. mais quelqu'un que moi j'ai beaucoup aimé, Andrés Attenza, qui au niveau humain a été un homme extraordinaire, et très philosophe, mais moi ça ne me déplaisait pas, et surtout très différent. Donc moi je l'accompagnais vraiment avec une très bonne transition, avec beaucoup de bonheur. Mais je faisais confiance à Claude Riailly, je savais qu'il allait nous prendre quelqu'un d'intelligent, quelqu'un de bien. Et puis il y a eu le départ de Patrick Mariel. Et c'est là, alors là pour le coup, c'est Bruno Nel qui était à la direction et qui m'a dit, bien au cas, naturellement, j'aimerais que tu reprennes la direction du programme Grande École.

  • Pierre

    Oui, donc c'est un chemin finalement assez naturel. Après,

  • Bianca Lauret

    au sein de l'école, c'est un chemin en fait assez naturel.

  • Pierre

    Sachant que dans ces années-là, il y a pas mal de changements. Il y a le bachelor. qui arrivent au lycée, il y a les premières accréditations.

  • Bianca Lauret

    Oui, alors le bachelor, je l'ai vu arriver, c'était compliqué pour moi puisque dans les classes préparatoires, les bachelors n'étaient pas forcément vus, pas bonne presse et puis j'allais beaucoup en visiter. Mais on se rendait bien compte que toutes les écoles passaient par là et que c'était indispensable pour l'école de créer son propre bachelor. Alors, il y a une date importante. J'ai oublié de te citer. 2010. 2010, il y a une rentrée exceptionnelle à l'école. Tant au niveau des classes préparatoires que des admissions parallèles. Et je me retrouve avec un nombre d'étudiants beaucoup trop important pour être toute seule à la tête des premières, des deuxièmes et des troisièmes années. Donc, là, je dis ça ne passe pas. Donc, j'appelle au secours Claude Riey, qui était encore le directeur général. Et je lui dis, il faut absolument quelqu'un, vraiment d'une belle pointure, pour venir.

  • Pierre

    Tu dis année exceptionnelle, c'est combien d'étudiants en première année, par exemple ?

  • Bianca Lauret

    On est à plus de 600. Tu es en première année du programme en école. Oui, c'est phénoménal. Donc là, c'est plus gérable pour une seule personne. Immédiatement, à chaque fois que je l'appelais au secours, il m'a tout de suite, tout de suite dit, pas de problème, je trouve des solutions. Il me fallait des locaux. Je n'ai pas des locaux assez grands. Et puis, il me fallait quelqu'un de grande qualité. Et on a recruté Corinne Rougeau-Mogé, qui a été vraiment un recrutement pour moi exceptionnel.

  • Pierre

    OK.

  • Bianca Lauret

    Qui a pris en...

  • Pierre

    Corinne, si tu nous entends.

  • Bianca Lauret

    Corinne. Donc... Je peux te dire. Et... Je ne la connaissais pas, ce n'était pas une amie, mais on est devenus amis. Et elle a été opérationnelle tout de suite, donc elle a pris en main...

  • Pierre

    C'était une avocate elle aussi ?

  • Bianca Lauret

    Non, c'était une prof de droit. Une juriste ? Elle était à l'EM Normandie, une juriste, un docteur en droit. Un docteur en droit ? Non, non, ce n'était pas n'importe qui. C'était du lourd ! Donc elle était prof à l'EM Normandie, et j'en avais entendu que du bien. Et on s'est tout de suite bien entendus, donc elle a pris les premières années. Elle a récupéré un certain nombre de cours en première année. Enfin bref, elle a été enseignée aussi dans ma SP. Elle a été intégrée immédiatement dans le département juridique. Tout le monde l'a appréciée, ça a été un vrai bonheur.

  • Pierre

    C'est aussi à ce moment-là où l'ISC a pris des locaux dans le Valois. Voilà, un peu plus loin,

  • Bianca Lauret

    ben oui, parce qu'il fallait les caser, nos étudiants. On ne tenait plus.

  • Pierre

    Oui, parce qu'on regardait un petit peu, justement, tu montrais les chiffres tout à l'heure, c'était quasiment... On était quasiment à 1 700 étudiants, rien que sur les trois années du programme de l'école.

  • Bianca Lauret

    Alors il n'y avait pas de bachelors à l'époque et il n'y avait pas de... Non mais même...

  • Pierre

    Ah oui c'est colossal. C'était énorme.

  • Bianca Lauret

    Alors il y en avait pas mal qui partaient heureusement un semestre. Donc en deuxième année, je ne les avais jamais tous en même temps. Il y en avait beaucoup qui partaient au premier ou au second semestre à l'international faire un échange.

  • Pierre

    C'était quoi une journée type pour toi ?

  • Bianca Lauret

    Ah elle était longue. Elle était longue mais je ne me suis jamais levée en me disant « Oh là là, il faut que j'aille travailler » . Donc ça c'est quand même, ça je le souhaite à tout.

  • Pierre

    C'est du luxe.

  • Bianca Lauret

    Oui, ça c'est un vrai luxe. Donc j'y allais très tôt parce que c'était le moment, j'avais toujours un nombre de mails absolument invraisemblable et je savais que jusqu'à 9h, je ne serais pas dérangée. Donc je n'aurais pas de téléphone, personne qui frapperait à ma porte et je pourrais donc... avancer et ne pas avoir de retard et je crois que les étudiants ont beaucoup apprécié justement d'avoir une réponse immédiate à des demandes qui parfois étaient ils avaient besoin d'une réponse rapide donc alors après suivant les jours où j'avais cours ou j'avais pas cours il y a beaucoup d'administratifs surtout quand on a commencé à préparer les accréditations j'ai passé beaucoup de temps à préparer des documents ça a dû être un peu Euh...

  • Pierre

    Un peu particulier parce qu'en fait, à ce moment-là, finalement, l'ISC rentre dans une logique accréditation internationale. Ça chaîne beaucoup de contraintes. Tu sais que tu vas être audité sur tout ce que tu fais. Enfin, tu vois, culturellement, c'est un changement majeur.

  • Bianca Lauret

    Un changement majeur. D'abord, il y a des tas de choses. Ça a beaucoup amélioré certaines pratiques. Par exemple, pour recruter un enseignant, on n'avait pas une méthodologie qui était conforme. à ce que souhaitaient les Américains. Donc ça nous a amenés à modifier un certain nombre de procédures, ce qui était très bien pour l'école. Mais derrière, ça impliquait...

  • Pierre

    Il faut que l'organisation suive.

  • Bianca Lauret

    ...un travail énorme. Et puis, une culture qu'on appelait assurance of learning, ce qu'on appelait les AOL, tout ça, c'était complètement étranger à notre système français. Donc il a fallu d'abord comprendre... ce qu'ils voulaient. Et ça a mis un certain temps. Heureusement, on avait une première équipe qui était venue nous voir pour nous aider, pour nous donner quand même des pistes. Des pistes de travail. Mais après, quand la date est arrivée, j'ai eu quelques nuits sans sommeil, d'inquiétude, de me disant, tu ne peux pas trater parce que les MBA n'étaient pas très nombreux, les bachelors étaient naissants. Donc il fallait que le programme Grande École, tout...

  • Pierre

    Il fallait que ça rayonne.

  • Bianca Lauret

    Il fallait que ça rayonne et que tout allait être audité. Donc toi, tu étais en place, la partie associative, pour le coup... Heureusement, il y a des tas de choses que j'ai pu déléguer en sachant que derrière, il y avait des gens solides et qui faisaient le travail. Mais...

  • Pierre

    En total, c'est un procès sur combien de temps ?

  • Bianca Lauret

    Écoute, je pense qu'on a dû mettre, je ne sais pas, 4 ans. On a dû l'initier. On a dû mettre 4 ans au moins.

  • Pierre

    Parce que moi, je suis arrivé juste à la fin.

  • Bianca Lauret

    Oui, tu es arrivé à la fin. Oui, oui. C'était super.

  • Pierre

    Le gros du boulot était fait.

  • Bianca Lauret

    Mais tu étais là pour l'audit. C'est un exercice particulier,

  • Pierre

    les audits.

  • Bianca Lauret

    Et puis, tu te dis, est-ce qu'on te pose une question ? Qu'est-ce qu'ils veulent comme réponse ? Où est le piège ? Où est le piège ? Est-ce que... Si tu veux, je suis partie du principe de dire la vérité. Et je pense qu'en tout cas, avec les auditeurs, c'est ce qu'ils attendaient.

  • Pierre

    Sinon, ils... C'est comme les chiens, ils le sentent.

  • Bianca Lauret

    Ils le sentent. Et ils vont fouiller. Et oui, et ils ont raison. Donc, l'audit, on a le sentiment qu'il s'est bien passé, mais je pense qu'on a eu tous une frayeur. Rappelle-toi, épouvantable, le jour où on doit nous donner la réponse, notre responsable, qui était une femme, Linda, non, il me semble souvenir, arrive avec une tête d'enterrement. On se regarde tous en se disant, avec une tête d'enterrement comme ça, c'était la première accréditation pour nous, c'était tellement important, c'est que c'est non. Et elle commence vraiment avec un ton aussi, on se regarde, moi je suis... tétanisé, tétanisé, j'en garde un souvenir de cauchemar, et elle vient dire...

  • Pierre

    Et en plus avec des circonvolutions de langage.

  • Bianca Lauret

    Ah là là ! Finalement, ça fait tout. Mais alors, quelle libération ! Libération, parce que c'était un travail de 4 ans.

  • Pierre

    C'est 4 ans de boulot, et surtout, ça veut dire que tu... Comment dire ? Tu rentres dans un... Un jeu qui est complètement différent parce que tu as une accréditation internationale. Alors, on peut se dire, oui, OK, c'est une accréditation, sauf que c'est la première.

  • Bianca Lauret

    La première.

  • Pierre

    Et c'est le premier pas d'un chemin vers une reconnaissance internationale. D'autant que c'est totalement indispensable aujourd'hui pour la reconnaissance dans les classements, etc. Alors,

  • Bianca Lauret

    la reconnaissance dans les classements, mais pire, Pierre, moi, j'avais aussi la crainte. J'avais de nombreux partenaires à l'international, des universités partenaires, qui m'avaient dit clairement, si vous n'êtes pas accrédité, on arrête. Donc je savais que pour les étudiants, il y avait des conséquences vraiment terribles.

  • Pierre

    L'ISC est quand même venu tard aux accréditations par rapport à d'autres. Oui.

  • Bianca Lauret

    Pourquoi ?

  • Pierre

    Si tu en as une idée.

  • Bianca Lauret

    Non, non, non, non, non. Je pense qu'on savait à l'avance que ça allait donner un travail monstrueux. et qu'on avait déjà tous beaucoup de travail. Donc, c'était peut-être la peur, la peur de se lancer dans cette aventure. Mais oui, on n'a pas été dans les premiers. Mais là, on savait que si on ne le faisait pas, c'était très inquiétant pour l'école.

  • Pierre

    Je pense qu'on ne serait pas là à se parler si effectivement l'ISC n'était pas passé par ce chemin-là. Dans les années qui ont suivi, il y a encore eu des grands challenges. À l'égard des accréditations, ou comme les accréditations, c'est plutôt ça que je veux dire.

  • Bianca Lauret

    Non, non, aussi fort que ça, très honnêtement, non.

  • Pierre

    Comment tu as vécu, vu, le désamour des prépas ? Parce que toi, tu t'en es collé quand même des visites dans les prépas, à gauche, à droite.

  • Bianca Lauret

    Ah oui, j'ai beaucoup circulé.

  • Pierre

    Est, ouest, nord, sud ?

  • Bianca Lauret

    De toute façon, les classements, c'était difficile pour nous à cause des classements. Quand tu allais dans une dite bonne prépa, tu n'étais pas leur premier choix. Mais on arrivait quand même à en avoir un grand nombre. Mais ce qui est important, c'est de multiplier les villes. qui pouvaient, susceptibles de... Mais je crois que si tu veux, il était indispensable d'aller au contact des responsables des classes préparatoires et de leur montrer ce que faisait l'école. Et généralement, j'acceptais toujours. Souvent, ils me disaient, est-ce que vous ne pouvez pas nous donner les débouchés, nous donner, faire une petite conférence avant, même dans des lycées et autres. J'ai toujours accepté. Et en fait, je me rendais compte que souvent, même les responsables des classes préparatoires connaissaient peu les débouchés des écoles de commerce et qu'ils avaient un vrai besoin d'information. Donc...

  • Pierre

    Là aussi, tu étais dans un rôle pédagogique, finalement.

  • Bianca Lauret

    Un rôle complètement pédagogique. Et puis, je connaissais bien, du fait de mes fonctions, je ne vendais pas que ma spécialisation. J'étais capable de parler de toutes les autres spécialisations. Puisque quand j'allais dans les salons, j'étais là pour toutes les... Il fallait que je la connaisse bien, quoi.

  • Pierre

    Alors, tu l'as dit, les assos de l'ISC, les entreprises étudiantes de l'ISC, ont eu une part importante. un don. des choix.

  • Bianca Lauret

    Ah bah oui, essentiels.

  • Pierre

    Et deux, après, dans ta vie, à l'ISC. Et en préparant un petit peu cet entretien, tu m'as dit, il y en a une dont il faut absolument que je parle.

  • Bianca Lauret

    Ah oui, il y en a une qui a eu une activité quand même, sur de longues années, parce que quand moi je suis arrivée, elle existait déjà, elle s'appelle le RAID. Et alors l'idée du RAID, c'était de partir un bon mois, ... Avec un projet d'aventure.

  • Pierre

    hors normes. Et j'ai toujours été voir, il réalisait toujours un film sur ce qu'il faisait, après qu'il montrait ce qu'il souhaitait à l'école dans le Grand Amphi. Et j'ai toujours été émerveillée d'abord par la réalisation de ce qu'ils avaient fait sur le plan sportif, sur le plan humain.

  • Bianca Lauret

    Tu as quelques exemples qui deviennent en tête ?

  • Pierre

    Alors il y a le Groenland qui a été incroyable. Partir au Groenland. On a traversé du Groenland, 730 kilomètres. À pied ? À pied, en traînant. Oui, alors c'est un nom spécifique, mais un traîneau. Les uns derrière les autres, moins 40. Donc, il faut une force mentale exceptionnelle. Et derrière, je voyais que toutes ces équipes du RAID, il y avait une cohésion. Toujours ce terme que j'adore. Mais incroyable. Mais je le voyais à vie. Et j'en ai recroisé après de nombreux participants.

  • Bianca Lauret

    C'était des figures marquantes de l'école aussi.

  • Pierre

    Des figures marquantes.

  • Bianca Lauret

    David Couillard, si tu nous entends.

  • Pierre

    Ah oui, oui. Florent de Chanterac, si tu m'entends. Pareil, mais plein, plein, plein, plein, plein, plein de personnalités. Je me souviens aussi d'une Marie, je ne me souviens plus de son nom, pardonne-moi Marie. Un petit bout de femme qui, elle, était à la tête de l'association et qui... te les emmenait toutes les semaines à la piscine ses garçons, parce qu'elle était entourée que de garçons pour aller nager, pour s'entraîner parce qu'il fallait être au top physiquement dans son projet moi j'ai été séduite par ces étudiants et puis cette solidarité qui

  • Bianca Lauret

    s'est dégagée de ces groupes tu vois là aussi où c'est marquant c'est que ça... Ce sont des épreuves. Dans mes années à moi, je me souviens, il y a une traversée de la Cordillère des Andes. Je me souviens très bien. En vélo couché. Des projets de faux furieux. De faux furieux. Et ça en faisait aussi une équipe à part parce qu'ils allaient, un, ils se préparaient toute l'année pour ça. Au-delà du financement, de l'organisation, etc. Mais ils se préparaient aussi physiquement à ça. Je me souviens, ça devait être... Sur l'année de David Couillard, justement, eux, ils étaient partis dans le Grand Nord, là aussi, une expédition, où ils étaient allés apprendre à tirer au fusil. Parce qu'il y a des ours.

  • Pierre

    Il y a des ours.

  • Bianca Lauret

    Et comme tu ne tires pas au fusil tous les jours, quand tu n'es pas chasseur, ils étaient allés spécialement dans un stand de tir, apprendre à tirer avec le fusil qu'ils allaient avoir, etc.

  • Pierre

    Une dépréparation, mais tous, vraiment des préparations de professionnels et s'entourer de professionnels. avait conscience du danger et donc voulait avoir un enseignement technique, pratique, pour réaliser au mieux l'opération.

  • Bianca Lauret

    T'imagines comme c'est marquant dans une vie de faire cela à 20 ans, 22 ans. Non, mais c'est incroyable.

  • Pierre

    Alors avec moi, après, quand j'avais ma fonction de direction, toujours l'inquiétude que tout se passe bien. Alors, ils avaient des téléphones satellites, mais c'était quand même compliqué. Donc, on n'avait pas beaucoup de nouvelles. Donc j'étais...

  • Bianca Lauret

    C'est pas WhatsApp ce truc-là. Non, non, non,

  • Pierre

    non, non. Mais des belles, des très beaux projets.

  • Bianca Lauret

    C'est quoi la plus grosse galère que tu aies eue à l'ISC ?

  • Pierre

    Alors, je vais te dire, j'ai eu une immense tristesse. Je n'appellerais pas ça une galère, mais une grande tristesse. J'ai un jour un appel d'une maman, d'une mère, qui me dit, ma fille est dans le coma. Et je viens de voir le professeur, je sors de l'hôpital, et le professeur aimerait que des personnes que ma fille appréciait viennent lui parler. Et ma fille me parlait tout le temps de vous et de sa professeure de russe, Mme Tranou. Est-ce que vous accepteriez de venir auprès de ma fille ? Tu ne peux pas dire non, Pierre. Devant une telle détresse, tu ne peux pas dire non, sauf que tu n'es pas préparé à ça.

  • Bianca Lauret

    C'est pas dans ta fiche de mission. Pourquoi la fiche de mission a été longue ?

  • Pierre

    Et l'il y a trois noirs, la professeure de russe me dit Bianca, je ne te laisse pas toute seule. On y va toutes les deux. Donc on va à l'hôpital. On rentre dans la chambre. On lui parle l'une après l'autre. Et malheureusement, dix jours après, la maman m'appelle en me disant qu'elle est décédée. Donc on est allés toutes les deux à l'enterrement de cette étudiante. Ça, tu vois, c'est pour moi un des souvenirs les plus tristes. Parce que mourir à cet âge-là, c'est vraiment terrible. Donc ça, c'est vraiment... Autrement, si tu veux, j'ai eu une galère, mais tu vois, j'en souris aujourd'hui. J'ai eu un étudiant qui est parti en conseil de discipline à ma demande, un seul.

  • Bianca Lauret

    Vous n'avez jamais vu Bianca en conseil de discipline, mais c'est... Même moi j'avais peur. Et pourtant j'étais pourri hein ! Mais oh, c'était violent !

  • Pierre

    Surtout quand on me mentait. À partir du moment où l'étudiant reconnaissait avoir triché, avoir été... J'ai dit abandonorable. Amandonorable. Là pour le coup je craquais. Mais à partir du moment où il mentait, alors là pour le coup j'étais pas gentil du tout. Et celui, il s'appelle Sébastien, j'ai pas donné son nom de famille, mais il va se reconnaître. Mais il arrive un jour dans mon amphi, avec trois quarts d'heure de retard, il claque la porte. Et je lui dis, attendez, qu'est-ce que vous faites ? Le cours a commencé il y a un moment, donc je ne vous prends pas. Ah, il me dit, madame, ce n'est pas possible, je veux venir à votre cours. Je lui dis, non, non, moi j'arrête le cours tant que vous n'êtes pas sorti de mon amphi. Et je le vois avancer vers l'amphi, vers le bureau. Il ne va quand même pas me taper. Mais j'ai... Je me suis dit, là, c'est la première fois qu'on me dit non. Je prends un journal et j'arrête le cours. Et j'entends tous les étudiants dire, « Allez, Sébastien, pars, t'es infect. » Donc, il part, il me fait un bras d'honneur, il claque la porte et il crie, « Je vais me plaindre auprès de la direction. » Sauf qu'il ne savait pas, c'est que 15 jours avant, M. Reyé, il m'avait demandé de rentrer au comité de direction. Je ne dis rien. Et évidemment, il ne va pas se plaindre. Il a été voulu dire qu'il ne va pas se plaindre. Mais moi, je me dis quand même, je ne peux pas laisser passer ça vis-à-vis des autres étudiants. Donc, conseil de discipline présidé par M. Riaï. Parce que moi, je ne suis pas la direction normale. On donne la parole. Je décris les faits. Et on donne la parole à l'étudiant en lui disant, écoutez, est-ce que la version de Mme Leray vous convient ? Non, elle a été gentille. Elle a été gentille. Elle ne nous a pas dit. Mais j'ai vu que potentiellement, je lui avais fait peur. Et ça, je me le reproche, ce n'est pas possible. Et il a été mais adorable, adorable en disant, je voulais assister à son cours, c'était son dernier cours. Donc, quand est arrivée la sanction, on me demande quelle sanction, j'ai écouté, on va faire huit jours d'exploit. Un monsieur, il me dit, non, non, vous, qu'on vous touche vous, non, non. Là, vraiment, il faut une sanction beaucoup plus lourde. Finalement, il m'a dit, bon, c'est vous qui demandez une sanction si faible, je vais vous suivre, mais moi, j'aurais demandé beaucoup plus lourd. voilà donc Donc, c'est pour ça que ce n'est pas un cauchemar. Mais c'est vrai que c'est très désagréable de te dire, j'ai initié un conseil de discipline qui peut déboucher potentiellement sur une exclusion.

  • Bianca Lauret

    Tu as eu cette expérience-là d'avoir vu évoluer les générations d'étudiants. C'est quoi les grands changements, alors positifs ou négatifs, que tu as pu voir justement d'une génération à l'autre ?

  • Pierre

    Alors déjà, peut-être un peu l'éducation. Mes premiers étudiants, quand ils rentraient dans l'amphi et qu'ils passaient devant mon bureau, toujours me regardaient. Bonjour maître. Et oui. Et oui. Donc bonjour, simplement bonjour. C'est un exemple révélateur. Ensuite, ils passaient devant mon bureau, j'avais plutôt bjour. Déjà, j'étais contente. J'étais contente qu'ils me disent bonjour. Et puis après, ils passaient devant mon bureau.

  • Bianca Lauret

    Ils ne disaient plus rien.

  • Pierre

    Ils ne disaient plus rien. Je ne peux pas dire que j'ai eu des problèmes de discipline, parce que j'étais très sévère au premier cours. Donc le premier qui bougeait ses oreilles, je l'allumais, parce que je voulais pouvoir après faire un cours en toute tranquillité. Et donc je n'ai jamais eu à me plaindre d'indiscipline. J'ai eu justement un incident, je ne sais pas combien d'années, donc c'est rien. mais justement plus d'étudiants moins respectueux de l'heure. Donc des étudiants qui pouvaient en cours, évidemment avec les ordinateurs, ce que je n'avais pas au début, faire autre chose. Donc moi il m'est arrivé d'aller derrière une jeune fille, dans son dos, en lui disant « Vous m'en commanderez deux, votre petite robe là, elle est très mignonne. » Donc j'allais plutôt que gueuler, je trouvais que ça ne s'était pas forcément... Pas très productif. Pas très productif. J'essayais de faire rire les autres. Et que du coup, la personne se rende compte que, bon, c'était pas... Elle était là quand même pour apprendre.

  • Bianca Lauret

    On sent dans toutes tes histoires, etc., que t'as eu un... C'est au-delà d'un attachement, t'as un vrai affect à cette école.

  • Pierre

    Ah oui, j'ai un vrai affect. Je déteste les réseaux sociaux, mais je me suis mis sur LinkedIn. pour pouvoir les suivre et pour voir ce qu'ils deviennent. Donc ça, j'ai un vrai affect.

  • Bianca Lauret

    En gros, si on veut te faire plaisir, pour tous les alumnis qui nous écoutent, allez vous connecter au compte de Bianca Loray. Elle dira oui si elle voit que vous êtes un alumni de l'ISC. Et lâchez-lui un mot sympa. Parce que si vous avez été face à elle en conseil de discipline, ce n'est peut-être pas la peine. Non. Tu vois, ça peut être des leçons de vie aussi.

  • Pierre

    Oui, oui, oui. Écoute, je ne sais pas si tu te souviens, mais je convoquais toujours à mi-parcours tous ceux qui n'avaient pas la moyenne. Et donc, ce n'était pas pour leur dire des choses gentilles. C'était essayer de comprendre pourquoi ça n'avait pas marché. Et il y en a qui, des années après, m'ont dit, vous savez, madame, c'est ce qui m'a permis de redresser la barre. Vous m'avez secoué les puces et ça m'a beaucoup aidé. Donc, je pense que notre rôle n'est pas non plus d'être tout le temps béni. Oui, il faut aussi, de temps en temps, bousculer un petit peu.

  • Bianca Lauret

    Aujourd'hui, quand tu vois l'évolution des écoles, l'évolution l'arrivée de l'IA, etc. Comment tu vois, toi, l'avenir de ce que doit être une école de management, une institution comme l'ISI ?

  • Pierre

    Alors d'abord, je pense qu'on ne peut pas l'ignorer. On ne peut pas l'ignorer. Moi, ça me fait un petit peu peur pour les stages des bachelors, des premières années, où je pense...

  • Bianca Lauret

    Au niveau junior.

  • Pierre

    Oui, au niveau junior. Donc, j'ai cette crainte pour les juniors. Ensuite, pour le domaine que je connais bien, l'humain pour le moment est irremplaçable. Donc pour le métier d'avocat, ça peut t'aider pour faire des recherches, certes, mais ça ne peut pas remplacer l'humain. Donc je ne suis pas trop inquiète pour ce domaine. Mais tu vois, même dans mon domaine, je me rends compte que l'IA peut faciliter, va faciliter et facilite déjà. Des choses pas belles. Je te donne un exemple. J'enseignais, tu le sais, le délit de faux, faux en écriture. Je sais que par l'IA, tu peux fabriquer facilement beaucoup de faux documents et qu'une fausse note de frais, par exemple, et puis tu la présentes à ton patron qui va avoir beaucoup de difficultés parce que ça va lui demander beaucoup de temps de vérifier si oui ou non c'est un document vrai ou un document faux. Ça va être compliqué, parce que ça veut dire que la confiance reste un élément essentiel. Et tu vois, c'est une chose vraiment que je ne le remercierai jamais assez. Claude Riailly, quand il te faisait confiance, c'était total. Il n'y avait pas de contrôle. Il savait que ce que je proposais, moi, pour l'école, c'était pour l'école. Ce n'était pas pour me faire plaisir. C'était vraiment parce qu'il y avait un intérêt derrière. Je crois que c'est très important après dans la vie, quand tu recrutes des personnes, d'avoir quelqu'un de compétent, mais aussi quelqu'un en qui tu puisses avoir confiance. Parce que sinon, c'est chronophage, c'est ingérable, ingérable.

  • Bianca Lauret

    Je vais profiter du fait d'avoir une prof émérite de droit. Maître Loray, c'est quoi le sujet le moins bien compris par les étudiants quand on parle de droit ? Sur toutes les années, c'est quoi le truc qui ne percutait pas du tout ?

  • Pierre

    J'avais deux matières. J'avais le droit pénal des affaires et le droit des sociétés. Le droit des sociétés est un droit qui est beaucoup plus difficile à enseigner parce que c'est constitution, fonctionnement des sociétés. Donc, ça implique vraiment, pour le professeur, d'être dynamique pour ne pas ennuyer son auditoire. Mais alors il faut trouver des exemples, il faut... Mais j'ai jamais...

  • Bianca Lauret

    Tu vois un point de droit où tu savais que là il fallait qu'il enfonce le clou, que ça allait être difficile à comprendre ?

  • Pierre

    Un point qui est très important en droit pénal, qui est le problème de la prescription. Et c'est pas simple. Donc je leur donnais des exemples, je leur faisais faire des cas pratiques, même en amphi, pour qu'ils arrivent à comprendre, mais même, je faisais jamais de politique, mais par exemple dans l'affaire Fillon, c'était un point essentiel, la prescription. Donc pour qu'ils comprennent pourquoi là on peut, là on peut pas. Et c'est très complexe. Et pourtant, c'est important, en droit pénal des affaires, de connaître ce mécanisme.

  • Bianca Lauret

    Oui, ça peut nous sauver la vie, des fois, dans la construction. Ok, ok. En fait, c'est une histoire incroyablement riche, tout ça. Tout ce que tu nous racontes.

  • Pierre

    Oui, je n'ai pas parlé de la partie aussi... édition qui m'a occupé aussi. Oui,

  • Bianca Lauret

    parce que tu en as sorti des bouquins, madame.

  • Pierre

    Et je pense que ça aussi était très positif pour l'école, si tu veux, d'avoir un professeur qui, entre guillemets, écrit un ou des manuels, parce qu'il y en a eu plusieurs. Et que j'ai eu quand même une chance folle, parce que... C'est M. Riehi qui est venu me chercher. Toutes les belles choses qui me sont arrivées dans la vie, je ne les ai jamais demandées. Et en fait, un jour, on vient me voir en me disant « Economica cherche un auteur en droit pénal des affaires » et on aimerait vous proposer...

  • Bianca Lauret

    C'est la classe.

  • Pierre

    Non mais ça, c'est quand même la classe. Je n'ai pas 30 ans, donc je suis toute jeune. C'est quelqu'un qui connaissait mon cours. Donc, il savait comment j'enseignais. Et donc, je suis devant M. Pavleski, qui est aussi un monument, le grand patron d'Economica, et qui va, à partir des années ensemble, il va me faire confiance. Je n'aurai personne pour me relire. Je vais avoir une claviste, parce qu'à l'époque, il y avait quelqu'un qui... Une claviste ? Oui, j'avais une claviste qui s'appelle Madame Lhomme. Une femme extraordinaire qui tapait tous les bouquins dans le domaine juridique. Je ne savais même pas que ça existait à ce métier. Et qui a tapé mon premier jet. Après, tout a été numérisé à la huitième édition. C'était évidemment différent. Mais ça a été une aventure incroyable. Il y a une chose que je disais toujours le jour de la rentrée à mes étudiants. Je leur disais, vous savez, dans la vie, vous allez voir. Il y a un train qui va passer, vous aurez peut-être même deux trains qui vont passer. Soit vous restez sur le quai, soit vous montez dans le train. Et je pense que moi, ce premier, parce que ça a été le premier bouquin que j'ai écrit, le Repéter les affaires, ça a été véritablement déclencheur de beaucoup de choses. D'abord, ce que je leur dis, je leur dis, vous montez dans le train, mais vous pouvez monter dans le train et que ça vous donne beaucoup de travail. Ça demande des efforts, c'est pas simplement... se gargariser. Donc, ça a été un travail fou. Moi, en 86, j'ai quand même deux petits-enfants. Donc, j'en ai une née en 81, un petit garçon née en 82. Donc, en 86, ils ne sont quand même pas très vieux. Et donc, le bouquin est sorti en 86. J'ai mis deux ans à l'écrire. Donc...

  • Bianca Lauret

    Il faut jongler avec les différents aspects de sa vie.

  • Pierre

    Il faut jongler avec ta vie, ta vie, ta vie personnelle. Donc, mais ça a été vraiment une expérience formidable. Formidable.

  • Bianca Lauret

    Alors, il y a une... Question rituelle à la fin de Génération ISC, qui est, est-ce que tu as des alumnis à nous recommander pour passer au micro ? Alors, tu m'as fait...

  • Pierre

    Alors, je l'ai fait.

  • Bianca Lauret

    Tu as bien préparé. C'est une superbe bosseuse pion-carvel. C'est ça qui est agréable. Tu vois, moi, c'est ça que j'ai découvert en bossant avec toi. C'est que, tu es une bosseuse de fou furieux. Et donc, elle m'a fait une liste. Une liste. Une multi-promos, etc. Donc ça va être une partie hyper intéressante finalement. C'est quoi les noms qui te viennent ?

  • Pierre

    Alors, je les ai vraiment dans des domaines différents. Alors déjà, je vais citer quand même, dans ceux qui sont devenus avocats, j'ai des anciens qui ont eu des carrières, mais je n'aurais jamais imaginé une seconde quand j'ai créé cette spécialisation. Alors je vais citer Stéphanie Ancinas. Et attention, élue membre du conseil de l'ordre cette année.

  • Bianca Lauret

    Ah oui ?

  • Pierre

    C'est quand même... pas...

  • Bianca Lauret

    Ça pèse.

  • Pierre

    Ça pèse. Parce qu'à Paris, être élu membre du Conseil de l'Ordre, il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de candidats. D'accord. Et il n'y a pas beaucoup d'élus. Donc, en plus, elle a un profil atypique, puisqu'elle travaille principalement dans le domaine de l'immobilier. Donc, elle a un très beau cabinet dans le domaine de l'immobilier. Très, très compétente dans son domaine. Mais, c'est parfois éloigné des candidats qui font du pénal, qui font du civil. Donc, c'était pas... évident du tout, du tout, du tout pour elle. Donc, vraiment, je suis très heureuse.

  • Bianca Lauret

    Elle est issue d'une école de commerce, quelque part. C'est un conflit un peu atypique.

  • Pierre

    Elle est très fière. Donc, elle, je ne peux pas ne pas la citer. Parce que je l'ai soutenue.

  • Bianca Lauret

    Elle est sur LinkedIn, je peux la trouver sur LinkedIn.

  • Pierre

    Ah oui, tu peux la trouver sur LinkedIn. Alors, tous ceux qui sont nombreux sur la liste, ils sont tous sur LinkedIn. Alors, il y en a un certain nombre que j'ai engagé comme enseignant dans la spécialisation. Eh oui, en 93. Tu es dans l'économie circulaire, tu te vois du nid-clin. Et avec bonheur. Par exemple, Anne Caron, qui fait, elle, de la gestion de patrimoine à Genève, une magnifique légende de fortune. C'est vraiment du solide. Ça a été un professeur formidable, formidable pour moi. J'étais triste quand elle est partie à Genève. Mais ce qui est fou, c'est que j'en ai aussi dans le domaine de la finance. Je regarde aussi Marc Hulin qui travaille au Canada. Il a aussi des fonctions, mais incroyables. Alors, je ne veux pas parler que de mes anciens UJF. Il y a aussi des anciens... D'une manière générale, je ne sais pas si tu as déjà interviewé Karine Raguin.

  • Bianca Lauret

    Ah oui, mais sur un autre podcast.

  • Pierre

    Oui, mais elle, il ne faut pas la rater, parce que c'est quand même une personnalité. Ça a été une présidente du bureau des élèves qui vraiment a toujours répondu oui à toutes mes demandes après, au moment des accréditations. Alors, dès qu'elle pouvait, qu'elle était présente, elle a toujours, toujours, toujours été fidèle. Il y a eu beaucoup de fidèles. l'armée dans la liste bon Nicolas Leblanc aussi ça a été aussi vraiment j'ai tellement de noms à donner je serais triste parce que je veux pas je vais tellement en oublier je peux vous dire que dans sa liste il y en a au moins allez une cinquantaine fastoche donc dites vous que vous êtes dans la liste je peux pas non plus ne pas citer Julien Durand c'est qui Julien Durand ? c'est quelqu'un d'incroyable et d'incroyable qu'a fait... qui a poursuivi ses études après l'EJF, qui a fait Centrale de mémoire, là qui est chez Sanofi, qui est le patron de la conformité chez Sanofi. C'est incroyable. Il a eu un parcours incroyable et adorable toujours.

  • Bianca Lauret

    Qu'est-ce qui fait, à ton avis, la différence parce que tu en as vu passer quelques-uns, entre ceux qui vont avoir des parcours extraordinaires dans le sens, pas forcément en termes de succès, mais tu vois... qui sortent de l'ordinaire ? Tu vois, en prenant un peu de recul, tu les vois maintenant à 20 ans après. Qu'est-ce qui fait où tu te dis, tiens, là, je l'avais vu, celui-là ?

  • Pierre

    Il y a un élément. Je n'en ai pas un qui a vraiment un parcours extraordinaire, qui ne s'est pas investi dans le système associatif. Donc ça, déjà, j'aimerais citer Jérémy Berton. Et pourtant, Jérémy Berton, il n'a pas fait ma spécialisation. j'étais fidèle de ses conférences. Donc, il est à la Junior Entreprise. J'ai tout de suite vu que Jérémy, il allait avoir une carrière incroyable. Tu vois, quand même.

  • Bianca Lauret

    Épisode de génération ISC cherché. Oui, cherché, parce que c'est...

  • Pierre

    Il est chez AXA aujourd'hui. C'est très, très bel. Un très beau parcours. AXA Banque. Mais, on pouvait quand même dépister. vraiment des potentiels. Parce que sur le plan intellectuel, ça fonctionnait, et sur le plan humain, ça fonctionnait. Moi, je dis toujours, quand il n'y a pas les deux, il y a un petit manque qui va faire que j'ai eu des anciens excessivement forts au niveau technique, mais qui n'avaient pas justement ce côté humain, qui pour moi est essentiel.

  • Bianca Lauret

    L'avenir de l'ISC, c'est quoi, à ton avis ?

  • Pierre

    Je pense qu'il faut rester comme nous on l'était, très ouvert à toutes les évolutions. Pas forcément se laisser manger par les évolutions, savoir être au contact. Moi, j'appelais toujours mes principales recruteurs en disant « Est-ce que vous avez besoin de nouveau dans les matières que j'enseigne ? Est-ce que vous envoyez une supplémentaire qui pourrait être importante pour vous ? » Et j'ai fait évoluer mon programme.

  • Bianca Lauret

    Collé au marché.

  • Pierre

    Collé au marché. Mais ça, c'est essentiel. On est là pour qu'il trouve un travail à la sortie. C'était mon obsession.

  • Bianca Lauret

    OK. Il y a eu un moment dans ta vie où tu as dû prendre la décision de quitter la robe. Si tu pouvais revenir à ce moment-là, qu'est-ce que tu te susurrerais à l'oreille ?

  • Pierre

    C'est difficile parce que tu as tous tes copains avocats et tes copines qui m'ont appelé en me disant « mais regarde, qu'est-ce que tu fais ? »

  • Bianca Lauret

    « Qu'est-ce que c'est que cette connerie ? »

  • Pierre

    « Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? » Sans le soutien de mon mari, je pense que ça aurait été presque impossible. Parce que lui, c'était un spécialiste de droit bancaire. Donc lui, le droit pénal des affaires, qui était la plupart de mes dossiers, ce n'était pas son domaine. Il a accepté de récupérer. Alors, on a travaillé en collaboration le temps que je termine les dossiers. Et puis derrière, en fait, il a trouvé que c'était passionnant et il est devenu très bon. Ça a impacté sa vie pour lui aussi. Ça a impacté sa vie professionnelle aussi. Donc, ça, ça a été un vrai tournant.

  • Bianca Lauret

    OK. Mais tu te dirais quoi à ce moment-là, à toi ?

  • Pierre

    Fais ce que tu sens. C'est pour ça que je te dis le... Suis ton instinct. Je me souviens, M. Riaïm m'a dit, vous allez être salarié. Oui, je lui ai dit, vous allez être mon patron. Vous savez, je n'ai jamais eu de patron, sauf... La première année de stage, quand tu démarres ton métier d'avocat, mon patron était un homme extraordinaire mais pas très présent. Donc je lui ai dit, vous savez, je ne sais pas comment ça va se passer. Et j'étais inquiète d'avoir un patron, parce que je ne savais pas ce que c'était d'avoir un patron. Et c'est faux. Et c'est faux. Et je pense qu'il a compris que j'avais aussi besoin de liberté.

  • Bianca Lauret

    Avant de conclure, Bianca, est-ce qu'il y a un sujet que tu voulais aborder qu'on n'a pas abordé ?

  • Pierre

    On a fait un bon tour quand même.

  • Bianca Lauret

    Alors, moi, j'ai un message pour vous tous qui nous écoutez. Si à un moment ou un autre dans votre vie à l'ISC, vous avez été impacté en positif ou en négatif par Bianca Loray, je vous le redis, allez vous connecter à Bianca sur LinkedIn et lâchez-lui un petit mot. un, je pense que ça lui fera plaisir et deux ce sera une démonstration supplémentaire de la puissance du réseau du réseau Alumi. Un grand merci Bianca d'avoir partagé tout ça.

  • Pierre

    C'était une grande joie pour moi en plus de visiter, de connaître enfin Orléans.

  • Bianca Lauret

    Et puis vous savez pas tout mais parce qu'en off elle m'a partagé des trucs alors qu'on peut pas partager ici mais maintenant je sais des trucs je ne parlerai que sous la torture un grand merci Bianca de cet échange vraiment incroyable

  • Pierre

    Merci à toi,

  • Bianca Lauret

    Pierre.

  • Pierre

    Bye bye.

Description

Bianca Lauret, c’est bien plus qu’une prof de droit. C’est une légende vivante de l’ISC Paris.


Dans cet épisode hors-série exceptionnel, elle revient sur ses 30 ans d’engagement passionné au service des étudiants : de ses débuts comme vacataire en 1986 à la direction du Programme Grande École, en passant par la création de la spécialisation Expertise Juridique et Fiscale.


On parle de pédagogie exigeante, de transmission, de standing ovation au Cirque d’Hiver, de conseils de discipline mémorables… mais aussi du RAID au Groenland, de faux en écriture, et de ce "train" qu’on choisit de prendre dans la vie.


Un épisode empreint d’humanité, de rigueur, d’engagement et d’amour sincère pour l’ISC. À écouter d’urgence si vous avez croisé Bianca à l’école, ou si vous voulez comprendre ce qui fait l’âme d’une grande institution.


🎙️ Génération ISC, le podcast des alumni de l’ISC Paris.
Chaque semaine, des parcours inspirants, des chemin de carrière et des histoires qui donnent envie d’oser.
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Transcription

  • Pierre

    Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouvel épisode de Génération ISC, un épisode hors série, on pourrait le qualifier comme ça, exceptionnel sans nul doute, incroyable j'en suis persuadé, parce qu'aujourd'hui on a le plaisir de recevoir au micro Bianca Loré. Bonjour Bianca.

  • Bianca Lauret

    Bonjour Pierre.

  • Pierre

    Alors c'est un grand grand grand grand grand plaisir de t'avoir à ce micro. un parce que Tu as été pendant des années la directrice du programme Grande École de l'ISC. Il y a plein d'alumni qui t'ont cité d'ailleurs dans ce podcast en disant que tu les avais marqués. Alors il se trouve que moi tu m'as marqué aussi parce que tu as été ma prof de droit en 1993. Et puis après en arrivant et en bossant à l'ISC, tu m'as marqué aussi parce que... Tu gérais le programme Grande École avec Maestria Engagement. Je ne vais pas te faire un panégyrique ici, etc. Mais juste pour que nos auditeurs se rendent compte de l'impact que tu avais sur tous les jeunes gens qui passaient à l'ISC, je me souviens de ta dernière remise de diplôme qui se tenait au Cirque d'Hiver.

  • Bianca Lauret

    Tout à fait.

  • Pierre

    Et là, donc... Tout le monde savait que c'était ta dernière remise de diplôme. Tu es annoncé au centre de la piste du Cirque d'Hiver. Et c'est le Cirque d'Hiver en entier qui se lève et qui t'applaudit.

  • Bianca Lauret

    Beaucoup d'émotions.

  • Pierre

    Ce n'est pas tous les jours qu'on prend une standing ovation de 2000 personnes. Tu vois ? Et même en en reparlant, là, tu vois, ça me met encore un peu les frissons. Donc voilà, tout ça pour dire que tu es aussi une mémoire de l'ISC. Et donc, je trouvais ça super intéressant de t'avoir à ce micro. Alors, tu as un défaut, c'est que tu n'es pas une alumnie de l'ISC, mais on s'en fout, franchement. Parce que je pense que tu as contribué énormément à la cause. Enfin, voilà, tout ça pour dire, c'est une très longue introduction, peut-être trop longue. Mais Bianca, en quelques mots, est-ce que tu veux bien te présenter ?

  • Bianca Lauret

    Oui, en quelques mots. Donc, Bianca Lauré, j'ai presque 70 ans.

  • Pierre

    Et elle ne les fait pas.

  • Bianca Lauret

    Donc... Retraitée maintenant depuis quelques années. J'ai deux enfants, trois petits-fils. Et comme beaucoup de retraités, je reste quand même très active. Je ne suis pas dans mon canapé à attendre que la journée se passe.

  • Pierre

    Preuve en est, c'est qu'on enregistre ici physiquement sur le campus d'Orléans. Tu es venue, tu as pris le train, on a fait la visite du campus. Va à fond, toujours à fond.

  • Bianca Lauret

    Ah oui, et j'ai été emballée. par la visite de ce campus que je trouve absolument merveilleux. Donc vous avez beaucoup de chance.

  • Pierre

    Donc message à tous les alumniens, si vous voulez passer nous faire une petite visite, on vous fera la tournée des grands ducs, si vous voulez à Orléans, vous êtes les bienvenus tous. Alors Bianca, raconte-nous un peu ton histoire avec l'ISC, elle commence quand exactement ?

  • Bianca Lauret

    Alors elle commence vraiment en 1986, où je suis rentrée comme professeure de droit pénal des affaires. dans la spécialisation Expertise Audite et Contrôle qui a été dirigée par Patrick Mariel.

  • Pierre

    Mais alors, qu'est-ce qui te donnait...

  • Bianca Lauret

    Alors pourquoi ?

  • Pierre

    Pourquoi ?

  • Bianca Lauret

    Alors en fait, j'ai été avocat très jeune, 21 ans. Au client donc ? En tout cas, pas eu de problème de santé. Donc, dès que j'allais au palais plaider, j'étais tétanisée. Et là-dessus...

  • Pierre

    C'était quoi ta spécialisation ?

  • Bianca Lauret

    Alors, j'avais fait un débat de droit privé. Donc c'était plutôt le droit des obligations, le droit des contrats, tu vois, des choses, le droit de la responsabilité. Du tout, le droit pénal des affaires qui va devenir après vraiment mon fer de lance. Et je vais à un dîner et un copain de mon mari dit « Tiens, moi j'enseigne le droit pénal des affaires, mais je suis nommé directeur des services juridiques à la SACEM, j'arrête. » Et je m'entends dire... Tiens, ça me plairait peut-être d'enseigner, ça me donnerait peut-être un peu plus confiance quand je serai dans les magistrats. Et je me suis dit, je vais me présenter, et puis où ils me prennent, où ils ne me prennent pas. Ils me prennent, mais ils prennent un deuxième enseignant pour ce cours de droit pénal des affaires, un homme, et qui a le même profil, ou une fois, qui a les mêmes diplômes que moi. Et le responsable de la spécialisation juridique me dit, moi c'est très simple, à la fin de l'année, comité pédagogique, on vous note. Et je garde le mieux noté.

  • Pierre

    C'est violent, c'est un game ce truc.

  • Bianca Lauret

    Je reste. Je reste et surtout je suis emballée par cette activité de professeur. D'abord parce que j'avais fait le droit pénalisé, donc j'avais un professeur exceptionnel, donc la matière me passionnait, j'ai beaucoup travaillé pour être à la hauteur, parce que comme ça me plaisait j'avais envie de rester. Et puis j'ai donné des cours du soir pour des personnes qui voulaient devenir experts comptables. Et dans mes élèves, j'ai eu Patrick Mariel. qui était donc le responsable de cette spécialisation audite, et puis après qui a été directeur des études à l'ISC. Et qui m'appelle un jour en me disant, Bianca, j'aimerais bien, j'adorais ton cours, j'aimerais bien que tu viennes faire la même chose à l'ISC. Et me voilà débarquée en ISC. Mais j'ai été petite vacataire, donc j'étais encore avocat. Oui,

  • Pierre

    tu avais d'autres activités à connaître.

  • Bianca Lauret

    Tu avais rencontré Riaï ? J'avais rencontré Riaï, j'avais été très impressionnée par M. Riaï. Il rencontrait tous ses profs.

  • Pierre

    Ceux qui ne le voient pas, mais Claude Riaï a été le directeur général de l'ISC, je ne sais même pas de quelle année à quelle année. Je ne sais pas. Il a marqué l'ISC de manière hyper forte. Effectivement, au-delà du fondateur, c'est vraiment lui qui a fait grandir l'ISC jusqu'au début des années 2000.

  • Bianca Lauret

    Donc on est en 86 et il s'avère qu'en 89, il m'appelle en me disant j'aimerais vous rencontrer et j'aimerais vous confier, trois ans après, donc j'étais quand même encore toute jeune, j'avais 33 ans, j'aimerais vous confier le département juridique et fiscal. Il n'y a pas de département de ce type à l'école, il y a un département économie, mais il n'y a pas de département juridique et fiscal. Est-ce que vous voudriez bien le prendre en main et puis surtout repenser sur les trois années ? le parcours dans ces deux domaines. Et je lui ai dit, écoutez, oui, moi, je peux vous aider, parce que c'est vrai qu'il y a beaucoup à faire.

  • Pierre

    Mais ça veut dire que tu dois abandonner ? Non, non,

  • Bianca Lauret

    non, surtout pas. Non, non, là, pour le coup, c'était vraiment repenser le programme. Il y avait beaucoup de professeurs qui étaient proches de la retraite. Donc, c'était recruter des enseignants dans ces domaines-là et puis créer des nouvelles, de nouveaux cours. Donc, j'ai carte blanche avec Claude Riailly. Ça a toujours été un vrai bonheur. Carte blanche, Madame Loré, je vous fais confiance. Donc, en 89, je suis toujours avocat, pas de problème. Et puis, très heureuse en étant un peu prof et beaucoup avocat. Et puis, en 2002, M. Rien reconvoque et il me dit « Madame Loré, j'aimerais que vous rentriez dans le comité de direction. » Je lui dis « Là, monsieur, ce n'est pas tout à fait la même chose. » Parce que là, je ne pourrais pas garder mon métier d'avocat. Donc, d'abord, je ne vais pas vous dire oui tout de suite, mais pourquoi faire ? Et il voulait vraiment que je vienne, mais peut-être les MBA. J'ai dit, écoutez, les MBA, quand même, M. Marielle est très attachée, donc moi, je ne veux pas avoir de problème. Non, non, ce n'était pas dans mon idée. Et il m'a dit, qu'est-ce que vous aimez à l'école ? Je lui ai dit, moi, ce que j'adore, ce sont les étudiants du programme Grande École. parce que j'avais un cours avec les MBA. Et il me dit, écoutez, je sais que M. Marial, lui, il est débordé avec les MBA, vous allez plutôt vous consacrer aux étudiants et on va vous donner le titre de directeur des réactions pédagogiques, qui est un titre qui existait à l'époque, vraiment très focalisé sur les étudiants. Et là, j'ai dit, écoutez, laissez-moi réfléchir. Mais il trouvait que je réfléchissais et que c'était un peu long. C'était une décision difficile ? C'était une décision difficile. Moi, j'avais quand même mes dossiers qui n'étaient pas terminés. Alors, en fait, c'est mon mari qui m'a aidé. Il m'a dit... D'abord, lui était avocat, donc il pouvait récupérer mes dossiers. Et il m'a dit, Bianca, tu préfères qui ? Tes étudiants ou tes clients ? Et là, ça a été le cri du cœur.

  • Pierre

    Ce n'est pas sympa pour tes clients de l'époque.

  • Bianca Lauret

    Non, non, non. Mais parce que... Alors, je vais te dire, pourquoi est-ce que j'étais très attachée à mes étudiants de l'ISC ? Parce que j'étais aussi, je faisais quelques vacations, entre autres fin août, dans d'autres écoles. Et c'était pour moi des étudiants lambda, pas les étudiants de l'ISC. Parce qu'à la fin de chaque cours, j'avais un étudiant, presque à la fin de chaque cours, qui venait me voir en me disant « Madame, est-ce que vous ne pouvez pas nous aider ? On a un contrat signé dans le cadre de nos assos. » Je lui dis « Mais attendez, vous me parlez de quoi ? C'est quoi vos assos ? » Et c'est là où j'ai découvert le système associatif de l'école. Et j'ai été Pierre. bluffé. Et ça a été...

  • Pierre

    Ce qui est dans ta bouche, c'est fort.

  • Bianca Lauret

    Ça a été déterminant pour moi pour dire oui à M. Riey. Et ce qui m'y a aidé aussi, cette année-là, il y avait un BDE absolument fabuleux. À la tête, il y avait un dénommé Vergeau, Rodolphe Vergeau, qui a fait une belle carrière dans la finance derrière. Il y avait un BDE.

  • Pierre

    Tu te souviens du nom du BDE ?

  • Bianca Lauret

    Non, non, non. Mais on pourrait le retrouver parce que je veux dire Rodolphe Vergeau. Je crois qu'il y a un bouquin sur les anciens BDE. Il y en a de quelque part dans vos bureaux. Et eux ne savaient pas qu'on m'avait fait cette proposition. mais Cette année-là, il m'avait pas mal sollicité, il m'avait tellement de gentillesse, tellement de compétences, que je me suis dit, oui, allez, hop, vraiment, ils sont intéressants, plus intéressants que ceux que je pouvais avoir par ailleurs. Donc, je fonce et je vais voir M. Rillet, je lui dis, banco. Et là, je pars pour une longue aventure.

  • Pierre

    Oui.

  • Bianca Lauret

    Très longue aventure. Il me dit, écoutez, Mme Loray, j'aimerais bien que vous enseignez un peu moins. Alors, je lui dis, écoutez, M. Rillet, là, ce n'est pas négociable. J'aime trop mon métier de prof. je vais bien abandonner les premières années Mais je veux garder les deuxièmes années et puis les troisièmes années. Donc, en 2002, je te rappelle que déjà, j'ai créé la spécialisation expertise juridique et fiscale qui est née en 93.

  • Pierre

    Oui, toute seule avec des petits bras musclés quand même.

  • Bianca Lauret

    Toute seule avec des petits bras musclés. Alors, cette spécialisation aussi, ça a été quelque chose de totalement imprévu. J'ai un jour une étudiante qui vient me voir en me disant, HEC, il y a une spécialisation juridique. Pourquoi il n'y a pas l'IAC ? J'ai dit, écoutez, c'est une bonne question que vous posez, mais vous savez, moi je ne suis pas à la direction, puisque je n'y étais qu'en 2002, donc peut-être on peut en parler au directeur des études ou au directeur général. Ce qu'elle fait, en disant, écoutez, voilà, on est plusieurs, et M. Riaï me reconvoque en me disant...

  • Pierre

    Tu as été convoqué souvent !

  • Bianca Lauret

    Mais que pour des choses, pas si souvent que ça, mais que pour des choses importantes. parce qu'il perdait sa vie perdait pas son temps et et il me dit écoutez qu'est ce que vous en pensez j'ai écouté effectivement une étudiante on a parlé pourquoi pas il me dit vous avez carte blanche et si vous avez 20 étudiants j'ouvre et j'en ai beaucoup plus que 20 final dès la première oui donc donc on ouvre on ouvre et et en fait je suis très inquiète 93, c'est pas bon au niveau économique. Non. Et je me dis, je crée une nouvelle spécialisation, et est-ce que je ne vais pas créer des chômeurs ? Donc si tu veux, j'ai vraiment... Je me dis, est-ce que c'était vraiment le moment ? Alors, j'avais un peu anticipé, et je n'avais pas fait une spécialisation que dans le domaine juridique. J'avais ouvert. En droit, je savais que je ne pourrais pas les amener au même niveau que quelqu'un qui a 4 ans de droit. En fiscalité, à la fac, c'est pas génial, l'enseignement. un peu light, un peu théorique. Donc je me suis dit, on va vraiment mettre le... on va s'appuyer vraiment sur ce domaine-là. Et puis, gestion de patrimoine. Puisqu'en fait, la gestion de patrimoine, c'est du droit et de la fiscale. Je me suis dit, s'il y a un problème dans un domaine, ils vont pouvoir toujours s'échapper dans un autre. Ce qui a été... vraiment, c'est vraiment ce qui s'est passé dans la vraie vie.

  • Pierre

    Ils étaient multi-compétents.

  • Bianca Lauret

    Ils étaient multi... Et alors, je me suis appuyée. Alors, carte blanche pour choisir les propres. Ça, c'est un bonheur total. Parce que j'ai pu choisir des personnes ultra compétentes que je connaissais, qui n'étaient pas des amis. Mais surtout, à chaque fois que je recrutais quelqu'un dont je connaissais la compétence, je voulais qu'il y ait une cohésion d'équipe. Première chose que je leur disais, ce terme cohésion pour moi c'était essentiel. S'il y en a un qui critique un enseignant de la spécialisation, je serais intraitable. Je ne veux pas que devant les étudiants, on fait front. Peut-être qu'il y en a un qui, par exemple, n'aura pas vu un texte qui est passé ou une décision d'utilisation. Ça peut arriver à tout le monde dans notre domaine. Mais vous l'appelez, mais pas devant les étudiants. Et ça, pour le coup, il y a toujours eu cette cohésion. Je faisais une réunion de rentrée, une réunion de sortie, pour que justement les nouveaux puissent connaître l'équipe. Il y avait une vraie équipe. Et puis vraiment des figures incroyables dans leur domaine de compétences.

  • Pierre

    Oui, et puis on voit... Bianca a vraiment préparé l'entretien. Elle m'a communiqué une liste d'alumni qui sont passés par cette spécialisation. Quand tu regardes les parcours de certains...

  • Bianca Lauret

    Mais c'est incroyable. Incroyable. Incroyable. Alors, je vais te dire, justement, dans toutes les responsabilités que j'ai pu avoir, cette responsabilité d'être à la tête d'une spécialisation, c'est une richesse pour le responsable. Incroyable. parce que tu peux détecter vraiment des potentiels. Et on n'est pas là que pour enseigner, on n'est pas là que pour distribuer du cours. Et à la fin de l'année, pouvoir dire à tel, tel, tel étudiant, écoutez, moi, je trouve que vous avez un potentiel, que vous savez une vraie compétence dans tel domaine. Il faut approfondir. Vous devez vraiment ne rester pas. Et souvent, il me disait, mais vous êtes sûr ? Mais oui, je suis sûr.

  • Pierre

    Je pense que c'est pour ça que tu as marqué énormément de gens. parce que Pour certains, en tout cas, tu leur as permis de se révéler. Et justement, tu es allé au-delà peut-être de la mission première. Et ce qui fait qu'ils t'en sont redevables éternellement, parce que finalement, tu as marqué leur chemin.

  • Bianca Lauret

    Oui, mais je pense que c'est le rôle de tout professeur. Pour moi, ça fait partie de la mission du professeur. Si c'est rentrer dans une salle de cours et puis partir dès que ça sonne, non. En plus,

  • Pierre

    il n'y a même plus de sonnerie maintenant. Oui,

  • Bianca Lauret

    il n'y a même plus de sonnerie. Donc on est là. Et je serais passée à côté de l'ISC si je n'étais pas restée après mes cours pour écouter les étudiants qui me sollicitaient en tant qu'avocat dans le cadre de leur association.

  • Pierre

    C'est vrai qu'en même temps, tu avais cette position-là où tu étais une... ressource précieuse pour toutes les assos, toutes les entreprises étudiantes, parce que forcément, il y a des problèmes de droits. Ah oui,

  • Bianca Lauret

    inévitable. C'est très important pour eux de maîtriser un certain nombre de choses.

  • Pierre

    Donc là, tu as les années EJF, on va les appeler comme ça. À un moment, tu as dû être convoqué, encore. Pour le programme Grande École ?

  • Bianca Lauret

    Alors oui. Le programme Grande École, en 2002. Donc, c'est là où je dois arrêter mon métier d'avocat. Donc, c'est là où... C'est vraiment là, à ce moment-là. Voilà. 2002. Et puis, après, on va avoir le départ de Claude Riailly. Alors déjà, là, moi, je suis au comité de direction et au COMEX. Et on est tous un peu inquiets de savoir qui... C'était une telle personnalité. Et on a quelqu'un qui est très différent. mais quelqu'un que moi j'ai beaucoup aimé, Andrés Attenza, qui au niveau humain a été un homme extraordinaire, et très philosophe, mais moi ça ne me déplaisait pas, et surtout très différent. Donc moi je l'accompagnais vraiment avec une très bonne transition, avec beaucoup de bonheur. Mais je faisais confiance à Claude Riailly, je savais qu'il allait nous prendre quelqu'un d'intelligent, quelqu'un de bien. Et puis il y a eu le départ de Patrick Mariel. Et c'est là, alors là pour le coup, c'est Bruno Nel qui était à la direction et qui m'a dit, bien au cas, naturellement, j'aimerais que tu reprennes la direction du programme Grande École.

  • Pierre

    Oui, donc c'est un chemin finalement assez naturel. Après,

  • Bianca Lauret

    au sein de l'école, c'est un chemin en fait assez naturel.

  • Pierre

    Sachant que dans ces années-là, il y a pas mal de changements. Il y a le bachelor. qui arrivent au lycée, il y a les premières accréditations.

  • Bianca Lauret

    Oui, alors le bachelor, je l'ai vu arriver, c'était compliqué pour moi puisque dans les classes préparatoires, les bachelors n'étaient pas forcément vus, pas bonne presse et puis j'allais beaucoup en visiter. Mais on se rendait bien compte que toutes les écoles passaient par là et que c'était indispensable pour l'école de créer son propre bachelor. Alors, il y a une date importante. J'ai oublié de te citer. 2010. 2010, il y a une rentrée exceptionnelle à l'école. Tant au niveau des classes préparatoires que des admissions parallèles. Et je me retrouve avec un nombre d'étudiants beaucoup trop important pour être toute seule à la tête des premières, des deuxièmes et des troisièmes années. Donc, là, je dis ça ne passe pas. Donc, j'appelle au secours Claude Riey, qui était encore le directeur général. Et je lui dis, il faut absolument quelqu'un, vraiment d'une belle pointure, pour venir.

  • Pierre

    Tu dis année exceptionnelle, c'est combien d'étudiants en première année, par exemple ?

  • Bianca Lauret

    On est à plus de 600. Tu es en première année du programme en école. Oui, c'est phénoménal. Donc là, c'est plus gérable pour une seule personne. Immédiatement, à chaque fois que je l'appelais au secours, il m'a tout de suite, tout de suite dit, pas de problème, je trouve des solutions. Il me fallait des locaux. Je n'ai pas des locaux assez grands. Et puis, il me fallait quelqu'un de grande qualité. Et on a recruté Corinne Rougeau-Mogé, qui a été vraiment un recrutement pour moi exceptionnel.

  • Pierre

    OK.

  • Bianca Lauret

    Qui a pris en...

  • Pierre

    Corinne, si tu nous entends.

  • Bianca Lauret

    Corinne. Donc... Je peux te dire. Et... Je ne la connaissais pas, ce n'était pas une amie, mais on est devenus amis. Et elle a été opérationnelle tout de suite, donc elle a pris en main...

  • Pierre

    C'était une avocate elle aussi ?

  • Bianca Lauret

    Non, c'était une prof de droit. Une juriste ? Elle était à l'EM Normandie, une juriste, un docteur en droit. Un docteur en droit ? Non, non, ce n'était pas n'importe qui. C'était du lourd ! Donc elle était prof à l'EM Normandie, et j'en avais entendu que du bien. Et on s'est tout de suite bien entendus, donc elle a pris les premières années. Elle a récupéré un certain nombre de cours en première année. Enfin bref, elle a été enseignée aussi dans ma SP. Elle a été intégrée immédiatement dans le département juridique. Tout le monde l'a appréciée, ça a été un vrai bonheur.

  • Pierre

    C'est aussi à ce moment-là où l'ISC a pris des locaux dans le Valois. Voilà, un peu plus loin,

  • Bianca Lauret

    ben oui, parce qu'il fallait les caser, nos étudiants. On ne tenait plus.

  • Pierre

    Oui, parce qu'on regardait un petit peu, justement, tu montrais les chiffres tout à l'heure, c'était quasiment... On était quasiment à 1 700 étudiants, rien que sur les trois années du programme de l'école.

  • Bianca Lauret

    Alors il n'y avait pas de bachelors à l'époque et il n'y avait pas de... Non mais même...

  • Pierre

    Ah oui c'est colossal. C'était énorme.

  • Bianca Lauret

    Alors il y en avait pas mal qui partaient heureusement un semestre. Donc en deuxième année, je ne les avais jamais tous en même temps. Il y en avait beaucoup qui partaient au premier ou au second semestre à l'international faire un échange.

  • Pierre

    C'était quoi une journée type pour toi ?

  • Bianca Lauret

    Ah elle était longue. Elle était longue mais je ne me suis jamais levée en me disant « Oh là là, il faut que j'aille travailler » . Donc ça c'est quand même, ça je le souhaite à tout.

  • Pierre

    C'est du luxe.

  • Bianca Lauret

    Oui, ça c'est un vrai luxe. Donc j'y allais très tôt parce que c'était le moment, j'avais toujours un nombre de mails absolument invraisemblable et je savais que jusqu'à 9h, je ne serais pas dérangée. Donc je n'aurais pas de téléphone, personne qui frapperait à ma porte et je pourrais donc... avancer et ne pas avoir de retard et je crois que les étudiants ont beaucoup apprécié justement d'avoir une réponse immédiate à des demandes qui parfois étaient ils avaient besoin d'une réponse rapide donc alors après suivant les jours où j'avais cours ou j'avais pas cours il y a beaucoup d'administratifs surtout quand on a commencé à préparer les accréditations j'ai passé beaucoup de temps à préparer des documents ça a dû être un peu Euh...

  • Pierre

    Un peu particulier parce qu'en fait, à ce moment-là, finalement, l'ISC rentre dans une logique accréditation internationale. Ça chaîne beaucoup de contraintes. Tu sais que tu vas être audité sur tout ce que tu fais. Enfin, tu vois, culturellement, c'est un changement majeur.

  • Bianca Lauret

    Un changement majeur. D'abord, il y a des tas de choses. Ça a beaucoup amélioré certaines pratiques. Par exemple, pour recruter un enseignant, on n'avait pas une méthodologie qui était conforme. à ce que souhaitaient les Américains. Donc ça nous a amenés à modifier un certain nombre de procédures, ce qui était très bien pour l'école. Mais derrière, ça impliquait...

  • Pierre

    Il faut que l'organisation suive.

  • Bianca Lauret

    ...un travail énorme. Et puis, une culture qu'on appelait assurance of learning, ce qu'on appelait les AOL, tout ça, c'était complètement étranger à notre système français. Donc il a fallu d'abord comprendre... ce qu'ils voulaient. Et ça a mis un certain temps. Heureusement, on avait une première équipe qui était venue nous voir pour nous aider, pour nous donner quand même des pistes. Des pistes de travail. Mais après, quand la date est arrivée, j'ai eu quelques nuits sans sommeil, d'inquiétude, de me disant, tu ne peux pas trater parce que les MBA n'étaient pas très nombreux, les bachelors étaient naissants. Donc il fallait que le programme Grande École, tout...

  • Pierre

    Il fallait que ça rayonne.

  • Bianca Lauret

    Il fallait que ça rayonne et que tout allait être audité. Donc toi, tu étais en place, la partie associative, pour le coup... Heureusement, il y a des tas de choses que j'ai pu déléguer en sachant que derrière, il y avait des gens solides et qui faisaient le travail. Mais...

  • Pierre

    En total, c'est un procès sur combien de temps ?

  • Bianca Lauret

    Écoute, je pense qu'on a dû mettre, je ne sais pas, 4 ans. On a dû l'initier. On a dû mettre 4 ans au moins.

  • Pierre

    Parce que moi, je suis arrivé juste à la fin.

  • Bianca Lauret

    Oui, tu es arrivé à la fin. Oui, oui. C'était super.

  • Pierre

    Le gros du boulot était fait.

  • Bianca Lauret

    Mais tu étais là pour l'audit. C'est un exercice particulier,

  • Pierre

    les audits.

  • Bianca Lauret

    Et puis, tu te dis, est-ce qu'on te pose une question ? Qu'est-ce qu'ils veulent comme réponse ? Où est le piège ? Où est le piège ? Est-ce que... Si tu veux, je suis partie du principe de dire la vérité. Et je pense qu'en tout cas, avec les auditeurs, c'est ce qu'ils attendaient.

  • Pierre

    Sinon, ils... C'est comme les chiens, ils le sentent.

  • Bianca Lauret

    Ils le sentent. Et ils vont fouiller. Et oui, et ils ont raison. Donc, l'audit, on a le sentiment qu'il s'est bien passé, mais je pense qu'on a eu tous une frayeur. Rappelle-toi, épouvantable, le jour où on doit nous donner la réponse, notre responsable, qui était une femme, Linda, non, il me semble souvenir, arrive avec une tête d'enterrement. On se regarde tous en se disant, avec une tête d'enterrement comme ça, c'était la première accréditation pour nous, c'était tellement important, c'est que c'est non. Et elle commence vraiment avec un ton aussi, on se regarde, moi je suis... tétanisé, tétanisé, j'en garde un souvenir de cauchemar, et elle vient dire...

  • Pierre

    Et en plus avec des circonvolutions de langage.

  • Bianca Lauret

    Ah là là ! Finalement, ça fait tout. Mais alors, quelle libération ! Libération, parce que c'était un travail de 4 ans.

  • Pierre

    C'est 4 ans de boulot, et surtout, ça veut dire que tu... Comment dire ? Tu rentres dans un... Un jeu qui est complètement différent parce que tu as une accréditation internationale. Alors, on peut se dire, oui, OK, c'est une accréditation, sauf que c'est la première.

  • Bianca Lauret

    La première.

  • Pierre

    Et c'est le premier pas d'un chemin vers une reconnaissance internationale. D'autant que c'est totalement indispensable aujourd'hui pour la reconnaissance dans les classements, etc. Alors,

  • Bianca Lauret

    la reconnaissance dans les classements, mais pire, Pierre, moi, j'avais aussi la crainte. J'avais de nombreux partenaires à l'international, des universités partenaires, qui m'avaient dit clairement, si vous n'êtes pas accrédité, on arrête. Donc je savais que pour les étudiants, il y avait des conséquences vraiment terribles.

  • Pierre

    L'ISC est quand même venu tard aux accréditations par rapport à d'autres. Oui.

  • Bianca Lauret

    Pourquoi ?

  • Pierre

    Si tu en as une idée.

  • Bianca Lauret

    Non, non, non, non, non. Je pense qu'on savait à l'avance que ça allait donner un travail monstrueux. et qu'on avait déjà tous beaucoup de travail. Donc, c'était peut-être la peur, la peur de se lancer dans cette aventure. Mais oui, on n'a pas été dans les premiers. Mais là, on savait que si on ne le faisait pas, c'était très inquiétant pour l'école.

  • Pierre

    Je pense qu'on ne serait pas là à se parler si effectivement l'ISC n'était pas passé par ce chemin-là. Dans les années qui ont suivi, il y a encore eu des grands challenges. À l'égard des accréditations, ou comme les accréditations, c'est plutôt ça que je veux dire.

  • Bianca Lauret

    Non, non, aussi fort que ça, très honnêtement, non.

  • Pierre

    Comment tu as vécu, vu, le désamour des prépas ? Parce que toi, tu t'en es collé quand même des visites dans les prépas, à gauche, à droite.

  • Bianca Lauret

    Ah oui, j'ai beaucoup circulé.

  • Pierre

    Est, ouest, nord, sud ?

  • Bianca Lauret

    De toute façon, les classements, c'était difficile pour nous à cause des classements. Quand tu allais dans une dite bonne prépa, tu n'étais pas leur premier choix. Mais on arrivait quand même à en avoir un grand nombre. Mais ce qui est important, c'est de multiplier les villes. qui pouvaient, susceptibles de... Mais je crois que si tu veux, il était indispensable d'aller au contact des responsables des classes préparatoires et de leur montrer ce que faisait l'école. Et généralement, j'acceptais toujours. Souvent, ils me disaient, est-ce que vous ne pouvez pas nous donner les débouchés, nous donner, faire une petite conférence avant, même dans des lycées et autres. J'ai toujours accepté. Et en fait, je me rendais compte que souvent, même les responsables des classes préparatoires connaissaient peu les débouchés des écoles de commerce et qu'ils avaient un vrai besoin d'information. Donc...

  • Pierre

    Là aussi, tu étais dans un rôle pédagogique, finalement.

  • Bianca Lauret

    Un rôle complètement pédagogique. Et puis, je connaissais bien, du fait de mes fonctions, je ne vendais pas que ma spécialisation. J'étais capable de parler de toutes les autres spécialisations. Puisque quand j'allais dans les salons, j'étais là pour toutes les... Il fallait que je la connaisse bien, quoi.

  • Pierre

    Alors, tu l'as dit, les assos de l'ISC, les entreprises étudiantes de l'ISC, ont eu une part importante. un don. des choix.

  • Bianca Lauret

    Ah bah oui, essentiels.

  • Pierre

    Et deux, après, dans ta vie, à l'ISC. Et en préparant un petit peu cet entretien, tu m'as dit, il y en a une dont il faut absolument que je parle.

  • Bianca Lauret

    Ah oui, il y en a une qui a eu une activité quand même, sur de longues années, parce que quand moi je suis arrivée, elle existait déjà, elle s'appelle le RAID. Et alors l'idée du RAID, c'était de partir un bon mois, ... Avec un projet d'aventure.

  • Pierre

    hors normes. Et j'ai toujours été voir, il réalisait toujours un film sur ce qu'il faisait, après qu'il montrait ce qu'il souhaitait à l'école dans le Grand Amphi. Et j'ai toujours été émerveillée d'abord par la réalisation de ce qu'ils avaient fait sur le plan sportif, sur le plan humain.

  • Bianca Lauret

    Tu as quelques exemples qui deviennent en tête ?

  • Pierre

    Alors il y a le Groenland qui a été incroyable. Partir au Groenland. On a traversé du Groenland, 730 kilomètres. À pied ? À pied, en traînant. Oui, alors c'est un nom spécifique, mais un traîneau. Les uns derrière les autres, moins 40. Donc, il faut une force mentale exceptionnelle. Et derrière, je voyais que toutes ces équipes du RAID, il y avait une cohésion. Toujours ce terme que j'adore. Mais incroyable. Mais je le voyais à vie. Et j'en ai recroisé après de nombreux participants.

  • Bianca Lauret

    C'était des figures marquantes de l'école aussi.

  • Pierre

    Des figures marquantes.

  • Bianca Lauret

    David Couillard, si tu nous entends.

  • Pierre

    Ah oui, oui. Florent de Chanterac, si tu m'entends. Pareil, mais plein, plein, plein, plein, plein, plein de personnalités. Je me souviens aussi d'une Marie, je ne me souviens plus de son nom, pardonne-moi Marie. Un petit bout de femme qui, elle, était à la tête de l'association et qui... te les emmenait toutes les semaines à la piscine ses garçons, parce qu'elle était entourée que de garçons pour aller nager, pour s'entraîner parce qu'il fallait être au top physiquement dans son projet moi j'ai été séduite par ces étudiants et puis cette solidarité qui

  • Bianca Lauret

    s'est dégagée de ces groupes tu vois là aussi où c'est marquant c'est que ça... Ce sont des épreuves. Dans mes années à moi, je me souviens, il y a une traversée de la Cordillère des Andes. Je me souviens très bien. En vélo couché. Des projets de faux furieux. De faux furieux. Et ça en faisait aussi une équipe à part parce qu'ils allaient, un, ils se préparaient toute l'année pour ça. Au-delà du financement, de l'organisation, etc. Mais ils se préparaient aussi physiquement à ça. Je me souviens, ça devait être... Sur l'année de David Couillard, justement, eux, ils étaient partis dans le Grand Nord, là aussi, une expédition, où ils étaient allés apprendre à tirer au fusil. Parce qu'il y a des ours.

  • Pierre

    Il y a des ours.

  • Bianca Lauret

    Et comme tu ne tires pas au fusil tous les jours, quand tu n'es pas chasseur, ils étaient allés spécialement dans un stand de tir, apprendre à tirer avec le fusil qu'ils allaient avoir, etc.

  • Pierre

    Une dépréparation, mais tous, vraiment des préparations de professionnels et s'entourer de professionnels. avait conscience du danger et donc voulait avoir un enseignement technique, pratique, pour réaliser au mieux l'opération.

  • Bianca Lauret

    T'imagines comme c'est marquant dans une vie de faire cela à 20 ans, 22 ans. Non, mais c'est incroyable.

  • Pierre

    Alors avec moi, après, quand j'avais ma fonction de direction, toujours l'inquiétude que tout se passe bien. Alors, ils avaient des téléphones satellites, mais c'était quand même compliqué. Donc, on n'avait pas beaucoup de nouvelles. Donc j'étais...

  • Bianca Lauret

    C'est pas WhatsApp ce truc-là. Non, non, non,

  • Pierre

    non, non. Mais des belles, des très beaux projets.

  • Bianca Lauret

    C'est quoi la plus grosse galère que tu aies eue à l'ISC ?

  • Pierre

    Alors, je vais te dire, j'ai eu une immense tristesse. Je n'appellerais pas ça une galère, mais une grande tristesse. J'ai un jour un appel d'une maman, d'une mère, qui me dit, ma fille est dans le coma. Et je viens de voir le professeur, je sors de l'hôpital, et le professeur aimerait que des personnes que ma fille appréciait viennent lui parler. Et ma fille me parlait tout le temps de vous et de sa professeure de russe, Mme Tranou. Est-ce que vous accepteriez de venir auprès de ma fille ? Tu ne peux pas dire non, Pierre. Devant une telle détresse, tu ne peux pas dire non, sauf que tu n'es pas préparé à ça.

  • Bianca Lauret

    C'est pas dans ta fiche de mission. Pourquoi la fiche de mission a été longue ?

  • Pierre

    Et l'il y a trois noirs, la professeure de russe me dit Bianca, je ne te laisse pas toute seule. On y va toutes les deux. Donc on va à l'hôpital. On rentre dans la chambre. On lui parle l'une après l'autre. Et malheureusement, dix jours après, la maman m'appelle en me disant qu'elle est décédée. Donc on est allés toutes les deux à l'enterrement de cette étudiante. Ça, tu vois, c'est pour moi un des souvenirs les plus tristes. Parce que mourir à cet âge-là, c'est vraiment terrible. Donc ça, c'est vraiment... Autrement, si tu veux, j'ai eu une galère, mais tu vois, j'en souris aujourd'hui. J'ai eu un étudiant qui est parti en conseil de discipline à ma demande, un seul.

  • Bianca Lauret

    Vous n'avez jamais vu Bianca en conseil de discipline, mais c'est... Même moi j'avais peur. Et pourtant j'étais pourri hein ! Mais oh, c'était violent !

  • Pierre

    Surtout quand on me mentait. À partir du moment où l'étudiant reconnaissait avoir triché, avoir été... J'ai dit abandonorable. Amandonorable. Là pour le coup je craquais. Mais à partir du moment où il mentait, alors là pour le coup j'étais pas gentil du tout. Et celui, il s'appelle Sébastien, j'ai pas donné son nom de famille, mais il va se reconnaître. Mais il arrive un jour dans mon amphi, avec trois quarts d'heure de retard, il claque la porte. Et je lui dis, attendez, qu'est-ce que vous faites ? Le cours a commencé il y a un moment, donc je ne vous prends pas. Ah, il me dit, madame, ce n'est pas possible, je veux venir à votre cours. Je lui dis, non, non, moi j'arrête le cours tant que vous n'êtes pas sorti de mon amphi. Et je le vois avancer vers l'amphi, vers le bureau. Il ne va quand même pas me taper. Mais j'ai... Je me suis dit, là, c'est la première fois qu'on me dit non. Je prends un journal et j'arrête le cours. Et j'entends tous les étudiants dire, « Allez, Sébastien, pars, t'es infect. » Donc, il part, il me fait un bras d'honneur, il claque la porte et il crie, « Je vais me plaindre auprès de la direction. » Sauf qu'il ne savait pas, c'est que 15 jours avant, M. Reyé, il m'avait demandé de rentrer au comité de direction. Je ne dis rien. Et évidemment, il ne va pas se plaindre. Il a été voulu dire qu'il ne va pas se plaindre. Mais moi, je me dis quand même, je ne peux pas laisser passer ça vis-à-vis des autres étudiants. Donc, conseil de discipline présidé par M. Riaï. Parce que moi, je ne suis pas la direction normale. On donne la parole. Je décris les faits. Et on donne la parole à l'étudiant en lui disant, écoutez, est-ce que la version de Mme Leray vous convient ? Non, elle a été gentille. Elle a été gentille. Elle ne nous a pas dit. Mais j'ai vu que potentiellement, je lui avais fait peur. Et ça, je me le reproche, ce n'est pas possible. Et il a été mais adorable, adorable en disant, je voulais assister à son cours, c'était son dernier cours. Donc, quand est arrivée la sanction, on me demande quelle sanction, j'ai écouté, on va faire huit jours d'exploit. Un monsieur, il me dit, non, non, vous, qu'on vous touche vous, non, non. Là, vraiment, il faut une sanction beaucoup plus lourde. Finalement, il m'a dit, bon, c'est vous qui demandez une sanction si faible, je vais vous suivre, mais moi, j'aurais demandé beaucoup plus lourd. voilà donc Donc, c'est pour ça que ce n'est pas un cauchemar. Mais c'est vrai que c'est très désagréable de te dire, j'ai initié un conseil de discipline qui peut déboucher potentiellement sur une exclusion.

  • Bianca Lauret

    Tu as eu cette expérience-là d'avoir vu évoluer les générations d'étudiants. C'est quoi les grands changements, alors positifs ou négatifs, que tu as pu voir justement d'une génération à l'autre ?

  • Pierre

    Alors déjà, peut-être un peu l'éducation. Mes premiers étudiants, quand ils rentraient dans l'amphi et qu'ils passaient devant mon bureau, toujours me regardaient. Bonjour maître. Et oui. Et oui. Donc bonjour, simplement bonjour. C'est un exemple révélateur. Ensuite, ils passaient devant mon bureau, j'avais plutôt bjour. Déjà, j'étais contente. J'étais contente qu'ils me disent bonjour. Et puis après, ils passaient devant mon bureau.

  • Bianca Lauret

    Ils ne disaient plus rien.

  • Pierre

    Ils ne disaient plus rien. Je ne peux pas dire que j'ai eu des problèmes de discipline, parce que j'étais très sévère au premier cours. Donc le premier qui bougeait ses oreilles, je l'allumais, parce que je voulais pouvoir après faire un cours en toute tranquillité. Et donc je n'ai jamais eu à me plaindre d'indiscipline. J'ai eu justement un incident, je ne sais pas combien d'années, donc c'est rien. mais justement plus d'étudiants moins respectueux de l'heure. Donc des étudiants qui pouvaient en cours, évidemment avec les ordinateurs, ce que je n'avais pas au début, faire autre chose. Donc moi il m'est arrivé d'aller derrière une jeune fille, dans son dos, en lui disant « Vous m'en commanderez deux, votre petite robe là, elle est très mignonne. » Donc j'allais plutôt que gueuler, je trouvais que ça ne s'était pas forcément... Pas très productif. Pas très productif. J'essayais de faire rire les autres. Et que du coup, la personne se rende compte que, bon, c'était pas... Elle était là quand même pour apprendre.

  • Bianca Lauret

    On sent dans toutes tes histoires, etc., que t'as eu un... C'est au-delà d'un attachement, t'as un vrai affect à cette école.

  • Pierre

    Ah oui, j'ai un vrai affect. Je déteste les réseaux sociaux, mais je me suis mis sur LinkedIn. pour pouvoir les suivre et pour voir ce qu'ils deviennent. Donc ça, j'ai un vrai affect.

  • Bianca Lauret

    En gros, si on veut te faire plaisir, pour tous les alumnis qui nous écoutent, allez vous connecter au compte de Bianca Loray. Elle dira oui si elle voit que vous êtes un alumni de l'ISC. Et lâchez-lui un mot sympa. Parce que si vous avez été face à elle en conseil de discipline, ce n'est peut-être pas la peine. Non. Tu vois, ça peut être des leçons de vie aussi.

  • Pierre

    Oui, oui, oui. Écoute, je ne sais pas si tu te souviens, mais je convoquais toujours à mi-parcours tous ceux qui n'avaient pas la moyenne. Et donc, ce n'était pas pour leur dire des choses gentilles. C'était essayer de comprendre pourquoi ça n'avait pas marché. Et il y en a qui, des années après, m'ont dit, vous savez, madame, c'est ce qui m'a permis de redresser la barre. Vous m'avez secoué les puces et ça m'a beaucoup aidé. Donc, je pense que notre rôle n'est pas non plus d'être tout le temps béni. Oui, il faut aussi, de temps en temps, bousculer un petit peu.

  • Bianca Lauret

    Aujourd'hui, quand tu vois l'évolution des écoles, l'évolution l'arrivée de l'IA, etc. Comment tu vois, toi, l'avenir de ce que doit être une école de management, une institution comme l'ISI ?

  • Pierre

    Alors d'abord, je pense qu'on ne peut pas l'ignorer. On ne peut pas l'ignorer. Moi, ça me fait un petit peu peur pour les stages des bachelors, des premières années, où je pense...

  • Bianca Lauret

    Au niveau junior.

  • Pierre

    Oui, au niveau junior. Donc, j'ai cette crainte pour les juniors. Ensuite, pour le domaine que je connais bien, l'humain pour le moment est irremplaçable. Donc pour le métier d'avocat, ça peut t'aider pour faire des recherches, certes, mais ça ne peut pas remplacer l'humain. Donc je ne suis pas trop inquiète pour ce domaine. Mais tu vois, même dans mon domaine, je me rends compte que l'IA peut faciliter, va faciliter et facilite déjà. Des choses pas belles. Je te donne un exemple. J'enseignais, tu le sais, le délit de faux, faux en écriture. Je sais que par l'IA, tu peux fabriquer facilement beaucoup de faux documents et qu'une fausse note de frais, par exemple, et puis tu la présentes à ton patron qui va avoir beaucoup de difficultés parce que ça va lui demander beaucoup de temps de vérifier si oui ou non c'est un document vrai ou un document faux. Ça va être compliqué, parce que ça veut dire que la confiance reste un élément essentiel. Et tu vois, c'est une chose vraiment que je ne le remercierai jamais assez. Claude Riailly, quand il te faisait confiance, c'était total. Il n'y avait pas de contrôle. Il savait que ce que je proposais, moi, pour l'école, c'était pour l'école. Ce n'était pas pour me faire plaisir. C'était vraiment parce qu'il y avait un intérêt derrière. Je crois que c'est très important après dans la vie, quand tu recrutes des personnes, d'avoir quelqu'un de compétent, mais aussi quelqu'un en qui tu puisses avoir confiance. Parce que sinon, c'est chronophage, c'est ingérable, ingérable.

  • Bianca Lauret

    Je vais profiter du fait d'avoir une prof émérite de droit. Maître Loray, c'est quoi le sujet le moins bien compris par les étudiants quand on parle de droit ? Sur toutes les années, c'est quoi le truc qui ne percutait pas du tout ?

  • Pierre

    J'avais deux matières. J'avais le droit pénal des affaires et le droit des sociétés. Le droit des sociétés est un droit qui est beaucoup plus difficile à enseigner parce que c'est constitution, fonctionnement des sociétés. Donc, ça implique vraiment, pour le professeur, d'être dynamique pour ne pas ennuyer son auditoire. Mais alors il faut trouver des exemples, il faut... Mais j'ai jamais...

  • Bianca Lauret

    Tu vois un point de droit où tu savais que là il fallait qu'il enfonce le clou, que ça allait être difficile à comprendre ?

  • Pierre

    Un point qui est très important en droit pénal, qui est le problème de la prescription. Et c'est pas simple. Donc je leur donnais des exemples, je leur faisais faire des cas pratiques, même en amphi, pour qu'ils arrivent à comprendre, mais même, je faisais jamais de politique, mais par exemple dans l'affaire Fillon, c'était un point essentiel, la prescription. Donc pour qu'ils comprennent pourquoi là on peut, là on peut pas. Et c'est très complexe. Et pourtant, c'est important, en droit pénal des affaires, de connaître ce mécanisme.

  • Bianca Lauret

    Oui, ça peut nous sauver la vie, des fois, dans la construction. Ok, ok. En fait, c'est une histoire incroyablement riche, tout ça. Tout ce que tu nous racontes.

  • Pierre

    Oui, je n'ai pas parlé de la partie aussi... édition qui m'a occupé aussi. Oui,

  • Bianca Lauret

    parce que tu en as sorti des bouquins, madame.

  • Pierre

    Et je pense que ça aussi était très positif pour l'école, si tu veux, d'avoir un professeur qui, entre guillemets, écrit un ou des manuels, parce qu'il y en a eu plusieurs. Et que j'ai eu quand même une chance folle, parce que... C'est M. Riehi qui est venu me chercher. Toutes les belles choses qui me sont arrivées dans la vie, je ne les ai jamais demandées. Et en fait, un jour, on vient me voir en me disant « Economica cherche un auteur en droit pénal des affaires » et on aimerait vous proposer...

  • Bianca Lauret

    C'est la classe.

  • Pierre

    Non mais ça, c'est quand même la classe. Je n'ai pas 30 ans, donc je suis toute jeune. C'est quelqu'un qui connaissait mon cours. Donc, il savait comment j'enseignais. Et donc, je suis devant M. Pavleski, qui est aussi un monument, le grand patron d'Economica, et qui va, à partir des années ensemble, il va me faire confiance. Je n'aurai personne pour me relire. Je vais avoir une claviste, parce qu'à l'époque, il y avait quelqu'un qui... Une claviste ? Oui, j'avais une claviste qui s'appelle Madame Lhomme. Une femme extraordinaire qui tapait tous les bouquins dans le domaine juridique. Je ne savais même pas que ça existait à ce métier. Et qui a tapé mon premier jet. Après, tout a été numérisé à la huitième édition. C'était évidemment différent. Mais ça a été une aventure incroyable. Il y a une chose que je disais toujours le jour de la rentrée à mes étudiants. Je leur disais, vous savez, dans la vie, vous allez voir. Il y a un train qui va passer, vous aurez peut-être même deux trains qui vont passer. Soit vous restez sur le quai, soit vous montez dans le train. Et je pense que moi, ce premier, parce que ça a été le premier bouquin que j'ai écrit, le Repéter les affaires, ça a été véritablement déclencheur de beaucoup de choses. D'abord, ce que je leur dis, je leur dis, vous montez dans le train, mais vous pouvez monter dans le train et que ça vous donne beaucoup de travail. Ça demande des efforts, c'est pas simplement... se gargariser. Donc, ça a été un travail fou. Moi, en 86, j'ai quand même deux petits-enfants. Donc, j'en ai une née en 81, un petit garçon née en 82. Donc, en 86, ils ne sont quand même pas très vieux. Et donc, le bouquin est sorti en 86. J'ai mis deux ans à l'écrire. Donc...

  • Bianca Lauret

    Il faut jongler avec les différents aspects de sa vie.

  • Pierre

    Il faut jongler avec ta vie, ta vie, ta vie personnelle. Donc, mais ça a été vraiment une expérience formidable. Formidable.

  • Bianca Lauret

    Alors, il y a une... Question rituelle à la fin de Génération ISC, qui est, est-ce que tu as des alumnis à nous recommander pour passer au micro ? Alors, tu m'as fait...

  • Pierre

    Alors, je l'ai fait.

  • Bianca Lauret

    Tu as bien préparé. C'est une superbe bosseuse pion-carvel. C'est ça qui est agréable. Tu vois, moi, c'est ça que j'ai découvert en bossant avec toi. C'est que, tu es une bosseuse de fou furieux. Et donc, elle m'a fait une liste. Une liste. Une multi-promos, etc. Donc ça va être une partie hyper intéressante finalement. C'est quoi les noms qui te viennent ?

  • Pierre

    Alors, je les ai vraiment dans des domaines différents. Alors déjà, je vais citer quand même, dans ceux qui sont devenus avocats, j'ai des anciens qui ont eu des carrières, mais je n'aurais jamais imaginé une seconde quand j'ai créé cette spécialisation. Alors je vais citer Stéphanie Ancinas. Et attention, élue membre du conseil de l'ordre cette année.

  • Bianca Lauret

    Ah oui ?

  • Pierre

    C'est quand même... pas...

  • Bianca Lauret

    Ça pèse.

  • Pierre

    Ça pèse. Parce qu'à Paris, être élu membre du Conseil de l'Ordre, il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de candidats. D'accord. Et il n'y a pas beaucoup d'élus. Donc, en plus, elle a un profil atypique, puisqu'elle travaille principalement dans le domaine de l'immobilier. Donc, elle a un très beau cabinet dans le domaine de l'immobilier. Très, très compétente dans son domaine. Mais, c'est parfois éloigné des candidats qui font du pénal, qui font du civil. Donc, c'était pas... évident du tout, du tout, du tout pour elle. Donc, vraiment, je suis très heureuse.

  • Bianca Lauret

    Elle est issue d'une école de commerce, quelque part. C'est un conflit un peu atypique.

  • Pierre

    Elle est très fière. Donc, elle, je ne peux pas ne pas la citer. Parce que je l'ai soutenue.

  • Bianca Lauret

    Elle est sur LinkedIn, je peux la trouver sur LinkedIn.

  • Pierre

    Ah oui, tu peux la trouver sur LinkedIn. Alors, tous ceux qui sont nombreux sur la liste, ils sont tous sur LinkedIn. Alors, il y en a un certain nombre que j'ai engagé comme enseignant dans la spécialisation. Eh oui, en 93. Tu es dans l'économie circulaire, tu te vois du nid-clin. Et avec bonheur. Par exemple, Anne Caron, qui fait, elle, de la gestion de patrimoine à Genève, une magnifique légende de fortune. C'est vraiment du solide. Ça a été un professeur formidable, formidable pour moi. J'étais triste quand elle est partie à Genève. Mais ce qui est fou, c'est que j'en ai aussi dans le domaine de la finance. Je regarde aussi Marc Hulin qui travaille au Canada. Il a aussi des fonctions, mais incroyables. Alors, je ne veux pas parler que de mes anciens UJF. Il y a aussi des anciens... D'une manière générale, je ne sais pas si tu as déjà interviewé Karine Raguin.

  • Bianca Lauret

    Ah oui, mais sur un autre podcast.

  • Pierre

    Oui, mais elle, il ne faut pas la rater, parce que c'est quand même une personnalité. Ça a été une présidente du bureau des élèves qui vraiment a toujours répondu oui à toutes mes demandes après, au moment des accréditations. Alors, dès qu'elle pouvait, qu'elle était présente, elle a toujours, toujours, toujours été fidèle. Il y a eu beaucoup de fidèles. l'armée dans la liste bon Nicolas Leblanc aussi ça a été aussi vraiment j'ai tellement de noms à donner je serais triste parce que je veux pas je vais tellement en oublier je peux vous dire que dans sa liste il y en a au moins allez une cinquantaine fastoche donc dites vous que vous êtes dans la liste je peux pas non plus ne pas citer Julien Durand c'est qui Julien Durand ? c'est quelqu'un d'incroyable et d'incroyable qu'a fait... qui a poursuivi ses études après l'EJF, qui a fait Centrale de mémoire, là qui est chez Sanofi, qui est le patron de la conformité chez Sanofi. C'est incroyable. Il a eu un parcours incroyable et adorable toujours.

  • Bianca Lauret

    Qu'est-ce qui fait, à ton avis, la différence parce que tu en as vu passer quelques-uns, entre ceux qui vont avoir des parcours extraordinaires dans le sens, pas forcément en termes de succès, mais tu vois... qui sortent de l'ordinaire ? Tu vois, en prenant un peu de recul, tu les vois maintenant à 20 ans après. Qu'est-ce qui fait où tu te dis, tiens, là, je l'avais vu, celui-là ?

  • Pierre

    Il y a un élément. Je n'en ai pas un qui a vraiment un parcours extraordinaire, qui ne s'est pas investi dans le système associatif. Donc ça, déjà, j'aimerais citer Jérémy Berton. Et pourtant, Jérémy Berton, il n'a pas fait ma spécialisation. j'étais fidèle de ses conférences. Donc, il est à la Junior Entreprise. J'ai tout de suite vu que Jérémy, il allait avoir une carrière incroyable. Tu vois, quand même.

  • Bianca Lauret

    Épisode de génération ISC cherché. Oui, cherché, parce que c'est...

  • Pierre

    Il est chez AXA aujourd'hui. C'est très, très bel. Un très beau parcours. AXA Banque. Mais, on pouvait quand même dépister. vraiment des potentiels. Parce que sur le plan intellectuel, ça fonctionnait, et sur le plan humain, ça fonctionnait. Moi, je dis toujours, quand il n'y a pas les deux, il y a un petit manque qui va faire que j'ai eu des anciens excessivement forts au niveau technique, mais qui n'avaient pas justement ce côté humain, qui pour moi est essentiel.

  • Bianca Lauret

    L'avenir de l'ISC, c'est quoi, à ton avis ?

  • Pierre

    Je pense qu'il faut rester comme nous on l'était, très ouvert à toutes les évolutions. Pas forcément se laisser manger par les évolutions, savoir être au contact. Moi, j'appelais toujours mes principales recruteurs en disant « Est-ce que vous avez besoin de nouveau dans les matières que j'enseigne ? Est-ce que vous envoyez une supplémentaire qui pourrait être importante pour vous ? » Et j'ai fait évoluer mon programme.

  • Bianca Lauret

    Collé au marché.

  • Pierre

    Collé au marché. Mais ça, c'est essentiel. On est là pour qu'il trouve un travail à la sortie. C'était mon obsession.

  • Bianca Lauret

    OK. Il y a eu un moment dans ta vie où tu as dû prendre la décision de quitter la robe. Si tu pouvais revenir à ce moment-là, qu'est-ce que tu te susurrerais à l'oreille ?

  • Pierre

    C'est difficile parce que tu as tous tes copains avocats et tes copines qui m'ont appelé en me disant « mais regarde, qu'est-ce que tu fais ? »

  • Bianca Lauret

    « Qu'est-ce que c'est que cette connerie ? »

  • Pierre

    « Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? » Sans le soutien de mon mari, je pense que ça aurait été presque impossible. Parce que lui, c'était un spécialiste de droit bancaire. Donc lui, le droit pénal des affaires, qui était la plupart de mes dossiers, ce n'était pas son domaine. Il a accepté de récupérer. Alors, on a travaillé en collaboration le temps que je termine les dossiers. Et puis derrière, en fait, il a trouvé que c'était passionnant et il est devenu très bon. Ça a impacté sa vie pour lui aussi. Ça a impacté sa vie professionnelle aussi. Donc, ça, ça a été un vrai tournant.

  • Bianca Lauret

    OK. Mais tu te dirais quoi à ce moment-là, à toi ?

  • Pierre

    Fais ce que tu sens. C'est pour ça que je te dis le... Suis ton instinct. Je me souviens, M. Riaïm m'a dit, vous allez être salarié. Oui, je lui ai dit, vous allez être mon patron. Vous savez, je n'ai jamais eu de patron, sauf... La première année de stage, quand tu démarres ton métier d'avocat, mon patron était un homme extraordinaire mais pas très présent. Donc je lui ai dit, vous savez, je ne sais pas comment ça va se passer. Et j'étais inquiète d'avoir un patron, parce que je ne savais pas ce que c'était d'avoir un patron. Et c'est faux. Et c'est faux. Et je pense qu'il a compris que j'avais aussi besoin de liberté.

  • Bianca Lauret

    Avant de conclure, Bianca, est-ce qu'il y a un sujet que tu voulais aborder qu'on n'a pas abordé ?

  • Pierre

    On a fait un bon tour quand même.

  • Bianca Lauret

    Alors, moi, j'ai un message pour vous tous qui nous écoutez. Si à un moment ou un autre dans votre vie à l'ISC, vous avez été impacté en positif ou en négatif par Bianca Loray, je vous le redis, allez vous connecter à Bianca sur LinkedIn et lâchez-lui un petit mot. un, je pense que ça lui fera plaisir et deux ce sera une démonstration supplémentaire de la puissance du réseau du réseau Alumi. Un grand merci Bianca d'avoir partagé tout ça.

  • Pierre

    C'était une grande joie pour moi en plus de visiter, de connaître enfin Orléans.

  • Bianca Lauret

    Et puis vous savez pas tout mais parce qu'en off elle m'a partagé des trucs alors qu'on peut pas partager ici mais maintenant je sais des trucs je ne parlerai que sous la torture un grand merci Bianca de cet échange vraiment incroyable

  • Pierre

    Merci à toi,

  • Bianca Lauret

    Pierre.

  • Pierre

    Bye bye.

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Description

Bianca Lauret, c’est bien plus qu’une prof de droit. C’est une légende vivante de l’ISC Paris.


Dans cet épisode hors-série exceptionnel, elle revient sur ses 30 ans d’engagement passionné au service des étudiants : de ses débuts comme vacataire en 1986 à la direction du Programme Grande École, en passant par la création de la spécialisation Expertise Juridique et Fiscale.


On parle de pédagogie exigeante, de transmission, de standing ovation au Cirque d’Hiver, de conseils de discipline mémorables… mais aussi du RAID au Groenland, de faux en écriture, et de ce "train" qu’on choisit de prendre dans la vie.


Un épisode empreint d’humanité, de rigueur, d’engagement et d’amour sincère pour l’ISC. À écouter d’urgence si vous avez croisé Bianca à l’école, ou si vous voulez comprendre ce qui fait l’âme d’une grande institution.


🎙️ Génération ISC, le podcast des alumni de l’ISC Paris.
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Transcription

  • Pierre

    Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouvel épisode de Génération ISC, un épisode hors série, on pourrait le qualifier comme ça, exceptionnel sans nul doute, incroyable j'en suis persuadé, parce qu'aujourd'hui on a le plaisir de recevoir au micro Bianca Loré. Bonjour Bianca.

  • Bianca Lauret

    Bonjour Pierre.

  • Pierre

    Alors c'est un grand grand grand grand grand plaisir de t'avoir à ce micro. un parce que Tu as été pendant des années la directrice du programme Grande École de l'ISC. Il y a plein d'alumni qui t'ont cité d'ailleurs dans ce podcast en disant que tu les avais marqués. Alors il se trouve que moi tu m'as marqué aussi parce que tu as été ma prof de droit en 1993. Et puis après en arrivant et en bossant à l'ISC, tu m'as marqué aussi parce que... Tu gérais le programme Grande École avec Maestria Engagement. Je ne vais pas te faire un panégyrique ici, etc. Mais juste pour que nos auditeurs se rendent compte de l'impact que tu avais sur tous les jeunes gens qui passaient à l'ISC, je me souviens de ta dernière remise de diplôme qui se tenait au Cirque d'Hiver.

  • Bianca Lauret

    Tout à fait.

  • Pierre

    Et là, donc... Tout le monde savait que c'était ta dernière remise de diplôme. Tu es annoncé au centre de la piste du Cirque d'Hiver. Et c'est le Cirque d'Hiver en entier qui se lève et qui t'applaudit.

  • Bianca Lauret

    Beaucoup d'émotions.

  • Pierre

    Ce n'est pas tous les jours qu'on prend une standing ovation de 2000 personnes. Tu vois ? Et même en en reparlant, là, tu vois, ça me met encore un peu les frissons. Donc voilà, tout ça pour dire que tu es aussi une mémoire de l'ISC. Et donc, je trouvais ça super intéressant de t'avoir à ce micro. Alors, tu as un défaut, c'est que tu n'es pas une alumnie de l'ISC, mais on s'en fout, franchement. Parce que je pense que tu as contribué énormément à la cause. Enfin, voilà, tout ça pour dire, c'est une très longue introduction, peut-être trop longue. Mais Bianca, en quelques mots, est-ce que tu veux bien te présenter ?

  • Bianca Lauret

    Oui, en quelques mots. Donc, Bianca Lauré, j'ai presque 70 ans.

  • Pierre

    Et elle ne les fait pas.

  • Bianca Lauret

    Donc... Retraitée maintenant depuis quelques années. J'ai deux enfants, trois petits-fils. Et comme beaucoup de retraités, je reste quand même très active. Je ne suis pas dans mon canapé à attendre que la journée se passe.

  • Pierre

    Preuve en est, c'est qu'on enregistre ici physiquement sur le campus d'Orléans. Tu es venue, tu as pris le train, on a fait la visite du campus. Va à fond, toujours à fond.

  • Bianca Lauret

    Ah oui, et j'ai été emballée. par la visite de ce campus que je trouve absolument merveilleux. Donc vous avez beaucoup de chance.

  • Pierre

    Donc message à tous les alumniens, si vous voulez passer nous faire une petite visite, on vous fera la tournée des grands ducs, si vous voulez à Orléans, vous êtes les bienvenus tous. Alors Bianca, raconte-nous un peu ton histoire avec l'ISC, elle commence quand exactement ?

  • Bianca Lauret

    Alors elle commence vraiment en 1986, où je suis rentrée comme professeure de droit pénal des affaires. dans la spécialisation Expertise Audite et Contrôle qui a été dirigée par Patrick Mariel.

  • Pierre

    Mais alors, qu'est-ce qui te donnait...

  • Bianca Lauret

    Alors pourquoi ?

  • Pierre

    Pourquoi ?

  • Bianca Lauret

    Alors en fait, j'ai été avocat très jeune, 21 ans. Au client donc ? En tout cas, pas eu de problème de santé. Donc, dès que j'allais au palais plaider, j'étais tétanisée. Et là-dessus...

  • Pierre

    C'était quoi ta spécialisation ?

  • Bianca Lauret

    Alors, j'avais fait un débat de droit privé. Donc c'était plutôt le droit des obligations, le droit des contrats, tu vois, des choses, le droit de la responsabilité. Du tout, le droit pénal des affaires qui va devenir après vraiment mon fer de lance. Et je vais à un dîner et un copain de mon mari dit « Tiens, moi j'enseigne le droit pénal des affaires, mais je suis nommé directeur des services juridiques à la SACEM, j'arrête. » Et je m'entends dire... Tiens, ça me plairait peut-être d'enseigner, ça me donnerait peut-être un peu plus confiance quand je serai dans les magistrats. Et je me suis dit, je vais me présenter, et puis où ils me prennent, où ils ne me prennent pas. Ils me prennent, mais ils prennent un deuxième enseignant pour ce cours de droit pénal des affaires, un homme, et qui a le même profil, ou une fois, qui a les mêmes diplômes que moi. Et le responsable de la spécialisation juridique me dit, moi c'est très simple, à la fin de l'année, comité pédagogique, on vous note. Et je garde le mieux noté.

  • Pierre

    C'est violent, c'est un game ce truc.

  • Bianca Lauret

    Je reste. Je reste et surtout je suis emballée par cette activité de professeur. D'abord parce que j'avais fait le droit pénalisé, donc j'avais un professeur exceptionnel, donc la matière me passionnait, j'ai beaucoup travaillé pour être à la hauteur, parce que comme ça me plaisait j'avais envie de rester. Et puis j'ai donné des cours du soir pour des personnes qui voulaient devenir experts comptables. Et dans mes élèves, j'ai eu Patrick Mariel. qui était donc le responsable de cette spécialisation audite, et puis après qui a été directeur des études à l'ISC. Et qui m'appelle un jour en me disant, Bianca, j'aimerais bien, j'adorais ton cours, j'aimerais bien que tu viennes faire la même chose à l'ISC. Et me voilà débarquée en ISC. Mais j'ai été petite vacataire, donc j'étais encore avocat. Oui,

  • Pierre

    tu avais d'autres activités à connaître.

  • Bianca Lauret

    Tu avais rencontré Riaï ? J'avais rencontré Riaï, j'avais été très impressionnée par M. Riaï. Il rencontrait tous ses profs.

  • Pierre

    Ceux qui ne le voient pas, mais Claude Riaï a été le directeur général de l'ISC, je ne sais même pas de quelle année à quelle année. Je ne sais pas. Il a marqué l'ISC de manière hyper forte. Effectivement, au-delà du fondateur, c'est vraiment lui qui a fait grandir l'ISC jusqu'au début des années 2000.

  • Bianca Lauret

    Donc on est en 86 et il s'avère qu'en 89, il m'appelle en me disant j'aimerais vous rencontrer et j'aimerais vous confier, trois ans après, donc j'étais quand même encore toute jeune, j'avais 33 ans, j'aimerais vous confier le département juridique et fiscal. Il n'y a pas de département de ce type à l'école, il y a un département économie, mais il n'y a pas de département juridique et fiscal. Est-ce que vous voudriez bien le prendre en main et puis surtout repenser sur les trois années ? le parcours dans ces deux domaines. Et je lui ai dit, écoutez, oui, moi, je peux vous aider, parce que c'est vrai qu'il y a beaucoup à faire.

  • Pierre

    Mais ça veut dire que tu dois abandonner ? Non, non,

  • Bianca Lauret

    non, surtout pas. Non, non, là, pour le coup, c'était vraiment repenser le programme. Il y avait beaucoup de professeurs qui étaient proches de la retraite. Donc, c'était recruter des enseignants dans ces domaines-là et puis créer des nouvelles, de nouveaux cours. Donc, j'ai carte blanche avec Claude Riailly. Ça a toujours été un vrai bonheur. Carte blanche, Madame Loré, je vous fais confiance. Donc, en 89, je suis toujours avocat, pas de problème. Et puis, très heureuse en étant un peu prof et beaucoup avocat. Et puis, en 2002, M. Rien reconvoque et il me dit « Madame Loré, j'aimerais que vous rentriez dans le comité de direction. » Je lui dis « Là, monsieur, ce n'est pas tout à fait la même chose. » Parce que là, je ne pourrais pas garder mon métier d'avocat. Donc, d'abord, je ne vais pas vous dire oui tout de suite, mais pourquoi faire ? Et il voulait vraiment que je vienne, mais peut-être les MBA. J'ai dit, écoutez, les MBA, quand même, M. Marielle est très attachée, donc moi, je ne veux pas avoir de problème. Non, non, ce n'était pas dans mon idée. Et il m'a dit, qu'est-ce que vous aimez à l'école ? Je lui ai dit, moi, ce que j'adore, ce sont les étudiants du programme Grande École. parce que j'avais un cours avec les MBA. Et il me dit, écoutez, je sais que M. Marial, lui, il est débordé avec les MBA, vous allez plutôt vous consacrer aux étudiants et on va vous donner le titre de directeur des réactions pédagogiques, qui est un titre qui existait à l'époque, vraiment très focalisé sur les étudiants. Et là, j'ai dit, écoutez, laissez-moi réfléchir. Mais il trouvait que je réfléchissais et que c'était un peu long. C'était une décision difficile ? C'était une décision difficile. Moi, j'avais quand même mes dossiers qui n'étaient pas terminés. Alors, en fait, c'est mon mari qui m'a aidé. Il m'a dit... D'abord, lui était avocat, donc il pouvait récupérer mes dossiers. Et il m'a dit, Bianca, tu préfères qui ? Tes étudiants ou tes clients ? Et là, ça a été le cri du cœur.

  • Pierre

    Ce n'est pas sympa pour tes clients de l'époque.

  • Bianca Lauret

    Non, non, non. Mais parce que... Alors, je vais te dire, pourquoi est-ce que j'étais très attachée à mes étudiants de l'ISC ? Parce que j'étais aussi, je faisais quelques vacations, entre autres fin août, dans d'autres écoles. Et c'était pour moi des étudiants lambda, pas les étudiants de l'ISC. Parce qu'à la fin de chaque cours, j'avais un étudiant, presque à la fin de chaque cours, qui venait me voir en me disant « Madame, est-ce que vous ne pouvez pas nous aider ? On a un contrat signé dans le cadre de nos assos. » Je lui dis « Mais attendez, vous me parlez de quoi ? C'est quoi vos assos ? » Et c'est là où j'ai découvert le système associatif de l'école. Et j'ai été Pierre. bluffé. Et ça a été...

  • Pierre

    Ce qui est dans ta bouche, c'est fort.

  • Bianca Lauret

    Ça a été déterminant pour moi pour dire oui à M. Riey. Et ce qui m'y a aidé aussi, cette année-là, il y avait un BDE absolument fabuleux. À la tête, il y avait un dénommé Vergeau, Rodolphe Vergeau, qui a fait une belle carrière dans la finance derrière. Il y avait un BDE.

  • Pierre

    Tu te souviens du nom du BDE ?

  • Bianca Lauret

    Non, non, non. Mais on pourrait le retrouver parce que je veux dire Rodolphe Vergeau. Je crois qu'il y a un bouquin sur les anciens BDE. Il y en a de quelque part dans vos bureaux. Et eux ne savaient pas qu'on m'avait fait cette proposition. mais Cette année-là, il m'avait pas mal sollicité, il m'avait tellement de gentillesse, tellement de compétences, que je me suis dit, oui, allez, hop, vraiment, ils sont intéressants, plus intéressants que ceux que je pouvais avoir par ailleurs. Donc, je fonce et je vais voir M. Rillet, je lui dis, banco. Et là, je pars pour une longue aventure.

  • Pierre

    Oui.

  • Bianca Lauret

    Très longue aventure. Il me dit, écoutez, Mme Loray, j'aimerais bien que vous enseignez un peu moins. Alors, je lui dis, écoutez, M. Rillet, là, ce n'est pas négociable. J'aime trop mon métier de prof. je vais bien abandonner les premières années Mais je veux garder les deuxièmes années et puis les troisièmes années. Donc, en 2002, je te rappelle que déjà, j'ai créé la spécialisation expertise juridique et fiscale qui est née en 93.

  • Pierre

    Oui, toute seule avec des petits bras musclés quand même.

  • Bianca Lauret

    Toute seule avec des petits bras musclés. Alors, cette spécialisation aussi, ça a été quelque chose de totalement imprévu. J'ai un jour une étudiante qui vient me voir en me disant, HEC, il y a une spécialisation juridique. Pourquoi il n'y a pas l'IAC ? J'ai dit, écoutez, c'est une bonne question que vous posez, mais vous savez, moi je ne suis pas à la direction, puisque je n'y étais qu'en 2002, donc peut-être on peut en parler au directeur des études ou au directeur général. Ce qu'elle fait, en disant, écoutez, voilà, on est plusieurs, et M. Riaï me reconvoque en me disant...

  • Pierre

    Tu as été convoqué souvent !

  • Bianca Lauret

    Mais que pour des choses, pas si souvent que ça, mais que pour des choses importantes. parce qu'il perdait sa vie perdait pas son temps et et il me dit écoutez qu'est ce que vous en pensez j'ai écouté effectivement une étudiante on a parlé pourquoi pas il me dit vous avez carte blanche et si vous avez 20 étudiants j'ouvre et j'en ai beaucoup plus que 20 final dès la première oui donc donc on ouvre on ouvre et et en fait je suis très inquiète 93, c'est pas bon au niveau économique. Non. Et je me dis, je crée une nouvelle spécialisation, et est-ce que je ne vais pas créer des chômeurs ? Donc si tu veux, j'ai vraiment... Je me dis, est-ce que c'était vraiment le moment ? Alors, j'avais un peu anticipé, et je n'avais pas fait une spécialisation que dans le domaine juridique. J'avais ouvert. En droit, je savais que je ne pourrais pas les amener au même niveau que quelqu'un qui a 4 ans de droit. En fiscalité, à la fac, c'est pas génial, l'enseignement. un peu light, un peu théorique. Donc je me suis dit, on va vraiment mettre le... on va s'appuyer vraiment sur ce domaine-là. Et puis, gestion de patrimoine. Puisqu'en fait, la gestion de patrimoine, c'est du droit et de la fiscale. Je me suis dit, s'il y a un problème dans un domaine, ils vont pouvoir toujours s'échapper dans un autre. Ce qui a été... vraiment, c'est vraiment ce qui s'est passé dans la vraie vie.

  • Pierre

    Ils étaient multi-compétents.

  • Bianca Lauret

    Ils étaient multi... Et alors, je me suis appuyée. Alors, carte blanche pour choisir les propres. Ça, c'est un bonheur total. Parce que j'ai pu choisir des personnes ultra compétentes que je connaissais, qui n'étaient pas des amis. Mais surtout, à chaque fois que je recrutais quelqu'un dont je connaissais la compétence, je voulais qu'il y ait une cohésion d'équipe. Première chose que je leur disais, ce terme cohésion pour moi c'était essentiel. S'il y en a un qui critique un enseignant de la spécialisation, je serais intraitable. Je ne veux pas que devant les étudiants, on fait front. Peut-être qu'il y en a un qui, par exemple, n'aura pas vu un texte qui est passé ou une décision d'utilisation. Ça peut arriver à tout le monde dans notre domaine. Mais vous l'appelez, mais pas devant les étudiants. Et ça, pour le coup, il y a toujours eu cette cohésion. Je faisais une réunion de rentrée, une réunion de sortie, pour que justement les nouveaux puissent connaître l'équipe. Il y avait une vraie équipe. Et puis vraiment des figures incroyables dans leur domaine de compétences.

  • Pierre

    Oui, et puis on voit... Bianca a vraiment préparé l'entretien. Elle m'a communiqué une liste d'alumni qui sont passés par cette spécialisation. Quand tu regardes les parcours de certains...

  • Bianca Lauret

    Mais c'est incroyable. Incroyable. Incroyable. Alors, je vais te dire, justement, dans toutes les responsabilités que j'ai pu avoir, cette responsabilité d'être à la tête d'une spécialisation, c'est une richesse pour le responsable. Incroyable. parce que tu peux détecter vraiment des potentiels. Et on n'est pas là que pour enseigner, on n'est pas là que pour distribuer du cours. Et à la fin de l'année, pouvoir dire à tel, tel, tel étudiant, écoutez, moi, je trouve que vous avez un potentiel, que vous savez une vraie compétence dans tel domaine. Il faut approfondir. Vous devez vraiment ne rester pas. Et souvent, il me disait, mais vous êtes sûr ? Mais oui, je suis sûr.

  • Pierre

    Je pense que c'est pour ça que tu as marqué énormément de gens. parce que Pour certains, en tout cas, tu leur as permis de se révéler. Et justement, tu es allé au-delà peut-être de la mission première. Et ce qui fait qu'ils t'en sont redevables éternellement, parce que finalement, tu as marqué leur chemin.

  • Bianca Lauret

    Oui, mais je pense que c'est le rôle de tout professeur. Pour moi, ça fait partie de la mission du professeur. Si c'est rentrer dans une salle de cours et puis partir dès que ça sonne, non. En plus,

  • Pierre

    il n'y a même plus de sonnerie maintenant. Oui,

  • Bianca Lauret

    il n'y a même plus de sonnerie. Donc on est là. Et je serais passée à côté de l'ISC si je n'étais pas restée après mes cours pour écouter les étudiants qui me sollicitaient en tant qu'avocat dans le cadre de leur association.

  • Pierre

    C'est vrai qu'en même temps, tu avais cette position-là où tu étais une... ressource précieuse pour toutes les assos, toutes les entreprises étudiantes, parce que forcément, il y a des problèmes de droits. Ah oui,

  • Bianca Lauret

    inévitable. C'est très important pour eux de maîtriser un certain nombre de choses.

  • Pierre

    Donc là, tu as les années EJF, on va les appeler comme ça. À un moment, tu as dû être convoqué, encore. Pour le programme Grande École ?

  • Bianca Lauret

    Alors oui. Le programme Grande École, en 2002. Donc, c'est là où je dois arrêter mon métier d'avocat. Donc, c'est là où... C'est vraiment là, à ce moment-là. Voilà. 2002. Et puis, après, on va avoir le départ de Claude Riailly. Alors déjà, là, moi, je suis au comité de direction et au COMEX. Et on est tous un peu inquiets de savoir qui... C'était une telle personnalité. Et on a quelqu'un qui est très différent. mais quelqu'un que moi j'ai beaucoup aimé, Andrés Attenza, qui au niveau humain a été un homme extraordinaire, et très philosophe, mais moi ça ne me déplaisait pas, et surtout très différent. Donc moi je l'accompagnais vraiment avec une très bonne transition, avec beaucoup de bonheur. Mais je faisais confiance à Claude Riailly, je savais qu'il allait nous prendre quelqu'un d'intelligent, quelqu'un de bien. Et puis il y a eu le départ de Patrick Mariel. Et c'est là, alors là pour le coup, c'est Bruno Nel qui était à la direction et qui m'a dit, bien au cas, naturellement, j'aimerais que tu reprennes la direction du programme Grande École.

  • Pierre

    Oui, donc c'est un chemin finalement assez naturel. Après,

  • Bianca Lauret

    au sein de l'école, c'est un chemin en fait assez naturel.

  • Pierre

    Sachant que dans ces années-là, il y a pas mal de changements. Il y a le bachelor. qui arrivent au lycée, il y a les premières accréditations.

  • Bianca Lauret

    Oui, alors le bachelor, je l'ai vu arriver, c'était compliqué pour moi puisque dans les classes préparatoires, les bachelors n'étaient pas forcément vus, pas bonne presse et puis j'allais beaucoup en visiter. Mais on se rendait bien compte que toutes les écoles passaient par là et que c'était indispensable pour l'école de créer son propre bachelor. Alors, il y a une date importante. J'ai oublié de te citer. 2010. 2010, il y a une rentrée exceptionnelle à l'école. Tant au niveau des classes préparatoires que des admissions parallèles. Et je me retrouve avec un nombre d'étudiants beaucoup trop important pour être toute seule à la tête des premières, des deuxièmes et des troisièmes années. Donc, là, je dis ça ne passe pas. Donc, j'appelle au secours Claude Riey, qui était encore le directeur général. Et je lui dis, il faut absolument quelqu'un, vraiment d'une belle pointure, pour venir.

  • Pierre

    Tu dis année exceptionnelle, c'est combien d'étudiants en première année, par exemple ?

  • Bianca Lauret

    On est à plus de 600. Tu es en première année du programme en école. Oui, c'est phénoménal. Donc là, c'est plus gérable pour une seule personne. Immédiatement, à chaque fois que je l'appelais au secours, il m'a tout de suite, tout de suite dit, pas de problème, je trouve des solutions. Il me fallait des locaux. Je n'ai pas des locaux assez grands. Et puis, il me fallait quelqu'un de grande qualité. Et on a recruté Corinne Rougeau-Mogé, qui a été vraiment un recrutement pour moi exceptionnel.

  • Pierre

    OK.

  • Bianca Lauret

    Qui a pris en...

  • Pierre

    Corinne, si tu nous entends.

  • Bianca Lauret

    Corinne. Donc... Je peux te dire. Et... Je ne la connaissais pas, ce n'était pas une amie, mais on est devenus amis. Et elle a été opérationnelle tout de suite, donc elle a pris en main...

  • Pierre

    C'était une avocate elle aussi ?

  • Bianca Lauret

    Non, c'était une prof de droit. Une juriste ? Elle était à l'EM Normandie, une juriste, un docteur en droit. Un docteur en droit ? Non, non, ce n'était pas n'importe qui. C'était du lourd ! Donc elle était prof à l'EM Normandie, et j'en avais entendu que du bien. Et on s'est tout de suite bien entendus, donc elle a pris les premières années. Elle a récupéré un certain nombre de cours en première année. Enfin bref, elle a été enseignée aussi dans ma SP. Elle a été intégrée immédiatement dans le département juridique. Tout le monde l'a appréciée, ça a été un vrai bonheur.

  • Pierre

    C'est aussi à ce moment-là où l'ISC a pris des locaux dans le Valois. Voilà, un peu plus loin,

  • Bianca Lauret

    ben oui, parce qu'il fallait les caser, nos étudiants. On ne tenait plus.

  • Pierre

    Oui, parce qu'on regardait un petit peu, justement, tu montrais les chiffres tout à l'heure, c'était quasiment... On était quasiment à 1 700 étudiants, rien que sur les trois années du programme de l'école.

  • Bianca Lauret

    Alors il n'y avait pas de bachelors à l'époque et il n'y avait pas de... Non mais même...

  • Pierre

    Ah oui c'est colossal. C'était énorme.

  • Bianca Lauret

    Alors il y en avait pas mal qui partaient heureusement un semestre. Donc en deuxième année, je ne les avais jamais tous en même temps. Il y en avait beaucoup qui partaient au premier ou au second semestre à l'international faire un échange.

  • Pierre

    C'était quoi une journée type pour toi ?

  • Bianca Lauret

    Ah elle était longue. Elle était longue mais je ne me suis jamais levée en me disant « Oh là là, il faut que j'aille travailler » . Donc ça c'est quand même, ça je le souhaite à tout.

  • Pierre

    C'est du luxe.

  • Bianca Lauret

    Oui, ça c'est un vrai luxe. Donc j'y allais très tôt parce que c'était le moment, j'avais toujours un nombre de mails absolument invraisemblable et je savais que jusqu'à 9h, je ne serais pas dérangée. Donc je n'aurais pas de téléphone, personne qui frapperait à ma porte et je pourrais donc... avancer et ne pas avoir de retard et je crois que les étudiants ont beaucoup apprécié justement d'avoir une réponse immédiate à des demandes qui parfois étaient ils avaient besoin d'une réponse rapide donc alors après suivant les jours où j'avais cours ou j'avais pas cours il y a beaucoup d'administratifs surtout quand on a commencé à préparer les accréditations j'ai passé beaucoup de temps à préparer des documents ça a dû être un peu Euh...

  • Pierre

    Un peu particulier parce qu'en fait, à ce moment-là, finalement, l'ISC rentre dans une logique accréditation internationale. Ça chaîne beaucoup de contraintes. Tu sais que tu vas être audité sur tout ce que tu fais. Enfin, tu vois, culturellement, c'est un changement majeur.

  • Bianca Lauret

    Un changement majeur. D'abord, il y a des tas de choses. Ça a beaucoup amélioré certaines pratiques. Par exemple, pour recruter un enseignant, on n'avait pas une méthodologie qui était conforme. à ce que souhaitaient les Américains. Donc ça nous a amenés à modifier un certain nombre de procédures, ce qui était très bien pour l'école. Mais derrière, ça impliquait...

  • Pierre

    Il faut que l'organisation suive.

  • Bianca Lauret

    ...un travail énorme. Et puis, une culture qu'on appelait assurance of learning, ce qu'on appelait les AOL, tout ça, c'était complètement étranger à notre système français. Donc il a fallu d'abord comprendre... ce qu'ils voulaient. Et ça a mis un certain temps. Heureusement, on avait une première équipe qui était venue nous voir pour nous aider, pour nous donner quand même des pistes. Des pistes de travail. Mais après, quand la date est arrivée, j'ai eu quelques nuits sans sommeil, d'inquiétude, de me disant, tu ne peux pas trater parce que les MBA n'étaient pas très nombreux, les bachelors étaient naissants. Donc il fallait que le programme Grande École, tout...

  • Pierre

    Il fallait que ça rayonne.

  • Bianca Lauret

    Il fallait que ça rayonne et que tout allait être audité. Donc toi, tu étais en place, la partie associative, pour le coup... Heureusement, il y a des tas de choses que j'ai pu déléguer en sachant que derrière, il y avait des gens solides et qui faisaient le travail. Mais...

  • Pierre

    En total, c'est un procès sur combien de temps ?

  • Bianca Lauret

    Écoute, je pense qu'on a dû mettre, je ne sais pas, 4 ans. On a dû l'initier. On a dû mettre 4 ans au moins.

  • Pierre

    Parce que moi, je suis arrivé juste à la fin.

  • Bianca Lauret

    Oui, tu es arrivé à la fin. Oui, oui. C'était super.

  • Pierre

    Le gros du boulot était fait.

  • Bianca Lauret

    Mais tu étais là pour l'audit. C'est un exercice particulier,

  • Pierre

    les audits.

  • Bianca Lauret

    Et puis, tu te dis, est-ce qu'on te pose une question ? Qu'est-ce qu'ils veulent comme réponse ? Où est le piège ? Où est le piège ? Est-ce que... Si tu veux, je suis partie du principe de dire la vérité. Et je pense qu'en tout cas, avec les auditeurs, c'est ce qu'ils attendaient.

  • Pierre

    Sinon, ils... C'est comme les chiens, ils le sentent.

  • Bianca Lauret

    Ils le sentent. Et ils vont fouiller. Et oui, et ils ont raison. Donc, l'audit, on a le sentiment qu'il s'est bien passé, mais je pense qu'on a eu tous une frayeur. Rappelle-toi, épouvantable, le jour où on doit nous donner la réponse, notre responsable, qui était une femme, Linda, non, il me semble souvenir, arrive avec une tête d'enterrement. On se regarde tous en se disant, avec une tête d'enterrement comme ça, c'était la première accréditation pour nous, c'était tellement important, c'est que c'est non. Et elle commence vraiment avec un ton aussi, on se regarde, moi je suis... tétanisé, tétanisé, j'en garde un souvenir de cauchemar, et elle vient dire...

  • Pierre

    Et en plus avec des circonvolutions de langage.

  • Bianca Lauret

    Ah là là ! Finalement, ça fait tout. Mais alors, quelle libération ! Libération, parce que c'était un travail de 4 ans.

  • Pierre

    C'est 4 ans de boulot, et surtout, ça veut dire que tu... Comment dire ? Tu rentres dans un... Un jeu qui est complètement différent parce que tu as une accréditation internationale. Alors, on peut se dire, oui, OK, c'est une accréditation, sauf que c'est la première.

  • Bianca Lauret

    La première.

  • Pierre

    Et c'est le premier pas d'un chemin vers une reconnaissance internationale. D'autant que c'est totalement indispensable aujourd'hui pour la reconnaissance dans les classements, etc. Alors,

  • Bianca Lauret

    la reconnaissance dans les classements, mais pire, Pierre, moi, j'avais aussi la crainte. J'avais de nombreux partenaires à l'international, des universités partenaires, qui m'avaient dit clairement, si vous n'êtes pas accrédité, on arrête. Donc je savais que pour les étudiants, il y avait des conséquences vraiment terribles.

  • Pierre

    L'ISC est quand même venu tard aux accréditations par rapport à d'autres. Oui.

  • Bianca Lauret

    Pourquoi ?

  • Pierre

    Si tu en as une idée.

  • Bianca Lauret

    Non, non, non, non, non. Je pense qu'on savait à l'avance que ça allait donner un travail monstrueux. et qu'on avait déjà tous beaucoup de travail. Donc, c'était peut-être la peur, la peur de se lancer dans cette aventure. Mais oui, on n'a pas été dans les premiers. Mais là, on savait que si on ne le faisait pas, c'était très inquiétant pour l'école.

  • Pierre

    Je pense qu'on ne serait pas là à se parler si effectivement l'ISC n'était pas passé par ce chemin-là. Dans les années qui ont suivi, il y a encore eu des grands challenges. À l'égard des accréditations, ou comme les accréditations, c'est plutôt ça que je veux dire.

  • Bianca Lauret

    Non, non, aussi fort que ça, très honnêtement, non.

  • Pierre

    Comment tu as vécu, vu, le désamour des prépas ? Parce que toi, tu t'en es collé quand même des visites dans les prépas, à gauche, à droite.

  • Bianca Lauret

    Ah oui, j'ai beaucoup circulé.

  • Pierre

    Est, ouest, nord, sud ?

  • Bianca Lauret

    De toute façon, les classements, c'était difficile pour nous à cause des classements. Quand tu allais dans une dite bonne prépa, tu n'étais pas leur premier choix. Mais on arrivait quand même à en avoir un grand nombre. Mais ce qui est important, c'est de multiplier les villes. qui pouvaient, susceptibles de... Mais je crois que si tu veux, il était indispensable d'aller au contact des responsables des classes préparatoires et de leur montrer ce que faisait l'école. Et généralement, j'acceptais toujours. Souvent, ils me disaient, est-ce que vous ne pouvez pas nous donner les débouchés, nous donner, faire une petite conférence avant, même dans des lycées et autres. J'ai toujours accepté. Et en fait, je me rendais compte que souvent, même les responsables des classes préparatoires connaissaient peu les débouchés des écoles de commerce et qu'ils avaient un vrai besoin d'information. Donc...

  • Pierre

    Là aussi, tu étais dans un rôle pédagogique, finalement.

  • Bianca Lauret

    Un rôle complètement pédagogique. Et puis, je connaissais bien, du fait de mes fonctions, je ne vendais pas que ma spécialisation. J'étais capable de parler de toutes les autres spécialisations. Puisque quand j'allais dans les salons, j'étais là pour toutes les... Il fallait que je la connaisse bien, quoi.

  • Pierre

    Alors, tu l'as dit, les assos de l'ISC, les entreprises étudiantes de l'ISC, ont eu une part importante. un don. des choix.

  • Bianca Lauret

    Ah bah oui, essentiels.

  • Pierre

    Et deux, après, dans ta vie, à l'ISC. Et en préparant un petit peu cet entretien, tu m'as dit, il y en a une dont il faut absolument que je parle.

  • Bianca Lauret

    Ah oui, il y en a une qui a eu une activité quand même, sur de longues années, parce que quand moi je suis arrivée, elle existait déjà, elle s'appelle le RAID. Et alors l'idée du RAID, c'était de partir un bon mois, ... Avec un projet d'aventure.

  • Pierre

    hors normes. Et j'ai toujours été voir, il réalisait toujours un film sur ce qu'il faisait, après qu'il montrait ce qu'il souhaitait à l'école dans le Grand Amphi. Et j'ai toujours été émerveillée d'abord par la réalisation de ce qu'ils avaient fait sur le plan sportif, sur le plan humain.

  • Bianca Lauret

    Tu as quelques exemples qui deviennent en tête ?

  • Pierre

    Alors il y a le Groenland qui a été incroyable. Partir au Groenland. On a traversé du Groenland, 730 kilomètres. À pied ? À pied, en traînant. Oui, alors c'est un nom spécifique, mais un traîneau. Les uns derrière les autres, moins 40. Donc, il faut une force mentale exceptionnelle. Et derrière, je voyais que toutes ces équipes du RAID, il y avait une cohésion. Toujours ce terme que j'adore. Mais incroyable. Mais je le voyais à vie. Et j'en ai recroisé après de nombreux participants.

  • Bianca Lauret

    C'était des figures marquantes de l'école aussi.

  • Pierre

    Des figures marquantes.

  • Bianca Lauret

    David Couillard, si tu nous entends.

  • Pierre

    Ah oui, oui. Florent de Chanterac, si tu m'entends. Pareil, mais plein, plein, plein, plein, plein, plein de personnalités. Je me souviens aussi d'une Marie, je ne me souviens plus de son nom, pardonne-moi Marie. Un petit bout de femme qui, elle, était à la tête de l'association et qui... te les emmenait toutes les semaines à la piscine ses garçons, parce qu'elle était entourée que de garçons pour aller nager, pour s'entraîner parce qu'il fallait être au top physiquement dans son projet moi j'ai été séduite par ces étudiants et puis cette solidarité qui

  • Bianca Lauret

    s'est dégagée de ces groupes tu vois là aussi où c'est marquant c'est que ça... Ce sont des épreuves. Dans mes années à moi, je me souviens, il y a une traversée de la Cordillère des Andes. Je me souviens très bien. En vélo couché. Des projets de faux furieux. De faux furieux. Et ça en faisait aussi une équipe à part parce qu'ils allaient, un, ils se préparaient toute l'année pour ça. Au-delà du financement, de l'organisation, etc. Mais ils se préparaient aussi physiquement à ça. Je me souviens, ça devait être... Sur l'année de David Couillard, justement, eux, ils étaient partis dans le Grand Nord, là aussi, une expédition, où ils étaient allés apprendre à tirer au fusil. Parce qu'il y a des ours.

  • Pierre

    Il y a des ours.

  • Bianca Lauret

    Et comme tu ne tires pas au fusil tous les jours, quand tu n'es pas chasseur, ils étaient allés spécialement dans un stand de tir, apprendre à tirer avec le fusil qu'ils allaient avoir, etc.

  • Pierre

    Une dépréparation, mais tous, vraiment des préparations de professionnels et s'entourer de professionnels. avait conscience du danger et donc voulait avoir un enseignement technique, pratique, pour réaliser au mieux l'opération.

  • Bianca Lauret

    T'imagines comme c'est marquant dans une vie de faire cela à 20 ans, 22 ans. Non, mais c'est incroyable.

  • Pierre

    Alors avec moi, après, quand j'avais ma fonction de direction, toujours l'inquiétude que tout se passe bien. Alors, ils avaient des téléphones satellites, mais c'était quand même compliqué. Donc, on n'avait pas beaucoup de nouvelles. Donc j'étais...

  • Bianca Lauret

    C'est pas WhatsApp ce truc-là. Non, non, non,

  • Pierre

    non, non. Mais des belles, des très beaux projets.

  • Bianca Lauret

    C'est quoi la plus grosse galère que tu aies eue à l'ISC ?

  • Pierre

    Alors, je vais te dire, j'ai eu une immense tristesse. Je n'appellerais pas ça une galère, mais une grande tristesse. J'ai un jour un appel d'une maman, d'une mère, qui me dit, ma fille est dans le coma. Et je viens de voir le professeur, je sors de l'hôpital, et le professeur aimerait que des personnes que ma fille appréciait viennent lui parler. Et ma fille me parlait tout le temps de vous et de sa professeure de russe, Mme Tranou. Est-ce que vous accepteriez de venir auprès de ma fille ? Tu ne peux pas dire non, Pierre. Devant une telle détresse, tu ne peux pas dire non, sauf que tu n'es pas préparé à ça.

  • Bianca Lauret

    C'est pas dans ta fiche de mission. Pourquoi la fiche de mission a été longue ?

  • Pierre

    Et l'il y a trois noirs, la professeure de russe me dit Bianca, je ne te laisse pas toute seule. On y va toutes les deux. Donc on va à l'hôpital. On rentre dans la chambre. On lui parle l'une après l'autre. Et malheureusement, dix jours après, la maman m'appelle en me disant qu'elle est décédée. Donc on est allés toutes les deux à l'enterrement de cette étudiante. Ça, tu vois, c'est pour moi un des souvenirs les plus tristes. Parce que mourir à cet âge-là, c'est vraiment terrible. Donc ça, c'est vraiment... Autrement, si tu veux, j'ai eu une galère, mais tu vois, j'en souris aujourd'hui. J'ai eu un étudiant qui est parti en conseil de discipline à ma demande, un seul.

  • Bianca Lauret

    Vous n'avez jamais vu Bianca en conseil de discipline, mais c'est... Même moi j'avais peur. Et pourtant j'étais pourri hein ! Mais oh, c'était violent !

  • Pierre

    Surtout quand on me mentait. À partir du moment où l'étudiant reconnaissait avoir triché, avoir été... J'ai dit abandonorable. Amandonorable. Là pour le coup je craquais. Mais à partir du moment où il mentait, alors là pour le coup j'étais pas gentil du tout. Et celui, il s'appelle Sébastien, j'ai pas donné son nom de famille, mais il va se reconnaître. Mais il arrive un jour dans mon amphi, avec trois quarts d'heure de retard, il claque la porte. Et je lui dis, attendez, qu'est-ce que vous faites ? Le cours a commencé il y a un moment, donc je ne vous prends pas. Ah, il me dit, madame, ce n'est pas possible, je veux venir à votre cours. Je lui dis, non, non, moi j'arrête le cours tant que vous n'êtes pas sorti de mon amphi. Et je le vois avancer vers l'amphi, vers le bureau. Il ne va quand même pas me taper. Mais j'ai... Je me suis dit, là, c'est la première fois qu'on me dit non. Je prends un journal et j'arrête le cours. Et j'entends tous les étudiants dire, « Allez, Sébastien, pars, t'es infect. » Donc, il part, il me fait un bras d'honneur, il claque la porte et il crie, « Je vais me plaindre auprès de la direction. » Sauf qu'il ne savait pas, c'est que 15 jours avant, M. Reyé, il m'avait demandé de rentrer au comité de direction. Je ne dis rien. Et évidemment, il ne va pas se plaindre. Il a été voulu dire qu'il ne va pas se plaindre. Mais moi, je me dis quand même, je ne peux pas laisser passer ça vis-à-vis des autres étudiants. Donc, conseil de discipline présidé par M. Riaï. Parce que moi, je ne suis pas la direction normale. On donne la parole. Je décris les faits. Et on donne la parole à l'étudiant en lui disant, écoutez, est-ce que la version de Mme Leray vous convient ? Non, elle a été gentille. Elle a été gentille. Elle ne nous a pas dit. Mais j'ai vu que potentiellement, je lui avais fait peur. Et ça, je me le reproche, ce n'est pas possible. Et il a été mais adorable, adorable en disant, je voulais assister à son cours, c'était son dernier cours. Donc, quand est arrivée la sanction, on me demande quelle sanction, j'ai écouté, on va faire huit jours d'exploit. Un monsieur, il me dit, non, non, vous, qu'on vous touche vous, non, non. Là, vraiment, il faut une sanction beaucoup plus lourde. Finalement, il m'a dit, bon, c'est vous qui demandez une sanction si faible, je vais vous suivre, mais moi, j'aurais demandé beaucoup plus lourd. voilà donc Donc, c'est pour ça que ce n'est pas un cauchemar. Mais c'est vrai que c'est très désagréable de te dire, j'ai initié un conseil de discipline qui peut déboucher potentiellement sur une exclusion.

  • Bianca Lauret

    Tu as eu cette expérience-là d'avoir vu évoluer les générations d'étudiants. C'est quoi les grands changements, alors positifs ou négatifs, que tu as pu voir justement d'une génération à l'autre ?

  • Pierre

    Alors déjà, peut-être un peu l'éducation. Mes premiers étudiants, quand ils rentraient dans l'amphi et qu'ils passaient devant mon bureau, toujours me regardaient. Bonjour maître. Et oui. Et oui. Donc bonjour, simplement bonjour. C'est un exemple révélateur. Ensuite, ils passaient devant mon bureau, j'avais plutôt bjour. Déjà, j'étais contente. J'étais contente qu'ils me disent bonjour. Et puis après, ils passaient devant mon bureau.

  • Bianca Lauret

    Ils ne disaient plus rien.

  • Pierre

    Ils ne disaient plus rien. Je ne peux pas dire que j'ai eu des problèmes de discipline, parce que j'étais très sévère au premier cours. Donc le premier qui bougeait ses oreilles, je l'allumais, parce que je voulais pouvoir après faire un cours en toute tranquillité. Et donc je n'ai jamais eu à me plaindre d'indiscipline. J'ai eu justement un incident, je ne sais pas combien d'années, donc c'est rien. mais justement plus d'étudiants moins respectueux de l'heure. Donc des étudiants qui pouvaient en cours, évidemment avec les ordinateurs, ce que je n'avais pas au début, faire autre chose. Donc moi il m'est arrivé d'aller derrière une jeune fille, dans son dos, en lui disant « Vous m'en commanderez deux, votre petite robe là, elle est très mignonne. » Donc j'allais plutôt que gueuler, je trouvais que ça ne s'était pas forcément... Pas très productif. Pas très productif. J'essayais de faire rire les autres. Et que du coup, la personne se rende compte que, bon, c'était pas... Elle était là quand même pour apprendre.

  • Bianca Lauret

    On sent dans toutes tes histoires, etc., que t'as eu un... C'est au-delà d'un attachement, t'as un vrai affect à cette école.

  • Pierre

    Ah oui, j'ai un vrai affect. Je déteste les réseaux sociaux, mais je me suis mis sur LinkedIn. pour pouvoir les suivre et pour voir ce qu'ils deviennent. Donc ça, j'ai un vrai affect.

  • Bianca Lauret

    En gros, si on veut te faire plaisir, pour tous les alumnis qui nous écoutent, allez vous connecter au compte de Bianca Loray. Elle dira oui si elle voit que vous êtes un alumni de l'ISC. Et lâchez-lui un mot sympa. Parce que si vous avez été face à elle en conseil de discipline, ce n'est peut-être pas la peine. Non. Tu vois, ça peut être des leçons de vie aussi.

  • Pierre

    Oui, oui, oui. Écoute, je ne sais pas si tu te souviens, mais je convoquais toujours à mi-parcours tous ceux qui n'avaient pas la moyenne. Et donc, ce n'était pas pour leur dire des choses gentilles. C'était essayer de comprendre pourquoi ça n'avait pas marché. Et il y en a qui, des années après, m'ont dit, vous savez, madame, c'est ce qui m'a permis de redresser la barre. Vous m'avez secoué les puces et ça m'a beaucoup aidé. Donc, je pense que notre rôle n'est pas non plus d'être tout le temps béni. Oui, il faut aussi, de temps en temps, bousculer un petit peu.

  • Bianca Lauret

    Aujourd'hui, quand tu vois l'évolution des écoles, l'évolution l'arrivée de l'IA, etc. Comment tu vois, toi, l'avenir de ce que doit être une école de management, une institution comme l'ISI ?

  • Pierre

    Alors d'abord, je pense qu'on ne peut pas l'ignorer. On ne peut pas l'ignorer. Moi, ça me fait un petit peu peur pour les stages des bachelors, des premières années, où je pense...

  • Bianca Lauret

    Au niveau junior.

  • Pierre

    Oui, au niveau junior. Donc, j'ai cette crainte pour les juniors. Ensuite, pour le domaine que je connais bien, l'humain pour le moment est irremplaçable. Donc pour le métier d'avocat, ça peut t'aider pour faire des recherches, certes, mais ça ne peut pas remplacer l'humain. Donc je ne suis pas trop inquiète pour ce domaine. Mais tu vois, même dans mon domaine, je me rends compte que l'IA peut faciliter, va faciliter et facilite déjà. Des choses pas belles. Je te donne un exemple. J'enseignais, tu le sais, le délit de faux, faux en écriture. Je sais que par l'IA, tu peux fabriquer facilement beaucoup de faux documents et qu'une fausse note de frais, par exemple, et puis tu la présentes à ton patron qui va avoir beaucoup de difficultés parce que ça va lui demander beaucoup de temps de vérifier si oui ou non c'est un document vrai ou un document faux. Ça va être compliqué, parce que ça veut dire que la confiance reste un élément essentiel. Et tu vois, c'est une chose vraiment que je ne le remercierai jamais assez. Claude Riailly, quand il te faisait confiance, c'était total. Il n'y avait pas de contrôle. Il savait que ce que je proposais, moi, pour l'école, c'était pour l'école. Ce n'était pas pour me faire plaisir. C'était vraiment parce qu'il y avait un intérêt derrière. Je crois que c'est très important après dans la vie, quand tu recrutes des personnes, d'avoir quelqu'un de compétent, mais aussi quelqu'un en qui tu puisses avoir confiance. Parce que sinon, c'est chronophage, c'est ingérable, ingérable.

  • Bianca Lauret

    Je vais profiter du fait d'avoir une prof émérite de droit. Maître Loray, c'est quoi le sujet le moins bien compris par les étudiants quand on parle de droit ? Sur toutes les années, c'est quoi le truc qui ne percutait pas du tout ?

  • Pierre

    J'avais deux matières. J'avais le droit pénal des affaires et le droit des sociétés. Le droit des sociétés est un droit qui est beaucoup plus difficile à enseigner parce que c'est constitution, fonctionnement des sociétés. Donc, ça implique vraiment, pour le professeur, d'être dynamique pour ne pas ennuyer son auditoire. Mais alors il faut trouver des exemples, il faut... Mais j'ai jamais...

  • Bianca Lauret

    Tu vois un point de droit où tu savais que là il fallait qu'il enfonce le clou, que ça allait être difficile à comprendre ?

  • Pierre

    Un point qui est très important en droit pénal, qui est le problème de la prescription. Et c'est pas simple. Donc je leur donnais des exemples, je leur faisais faire des cas pratiques, même en amphi, pour qu'ils arrivent à comprendre, mais même, je faisais jamais de politique, mais par exemple dans l'affaire Fillon, c'était un point essentiel, la prescription. Donc pour qu'ils comprennent pourquoi là on peut, là on peut pas. Et c'est très complexe. Et pourtant, c'est important, en droit pénal des affaires, de connaître ce mécanisme.

  • Bianca Lauret

    Oui, ça peut nous sauver la vie, des fois, dans la construction. Ok, ok. En fait, c'est une histoire incroyablement riche, tout ça. Tout ce que tu nous racontes.

  • Pierre

    Oui, je n'ai pas parlé de la partie aussi... édition qui m'a occupé aussi. Oui,

  • Bianca Lauret

    parce que tu en as sorti des bouquins, madame.

  • Pierre

    Et je pense que ça aussi était très positif pour l'école, si tu veux, d'avoir un professeur qui, entre guillemets, écrit un ou des manuels, parce qu'il y en a eu plusieurs. Et que j'ai eu quand même une chance folle, parce que... C'est M. Riehi qui est venu me chercher. Toutes les belles choses qui me sont arrivées dans la vie, je ne les ai jamais demandées. Et en fait, un jour, on vient me voir en me disant « Economica cherche un auteur en droit pénal des affaires » et on aimerait vous proposer...

  • Bianca Lauret

    C'est la classe.

  • Pierre

    Non mais ça, c'est quand même la classe. Je n'ai pas 30 ans, donc je suis toute jeune. C'est quelqu'un qui connaissait mon cours. Donc, il savait comment j'enseignais. Et donc, je suis devant M. Pavleski, qui est aussi un monument, le grand patron d'Economica, et qui va, à partir des années ensemble, il va me faire confiance. Je n'aurai personne pour me relire. Je vais avoir une claviste, parce qu'à l'époque, il y avait quelqu'un qui... Une claviste ? Oui, j'avais une claviste qui s'appelle Madame Lhomme. Une femme extraordinaire qui tapait tous les bouquins dans le domaine juridique. Je ne savais même pas que ça existait à ce métier. Et qui a tapé mon premier jet. Après, tout a été numérisé à la huitième édition. C'était évidemment différent. Mais ça a été une aventure incroyable. Il y a une chose que je disais toujours le jour de la rentrée à mes étudiants. Je leur disais, vous savez, dans la vie, vous allez voir. Il y a un train qui va passer, vous aurez peut-être même deux trains qui vont passer. Soit vous restez sur le quai, soit vous montez dans le train. Et je pense que moi, ce premier, parce que ça a été le premier bouquin que j'ai écrit, le Repéter les affaires, ça a été véritablement déclencheur de beaucoup de choses. D'abord, ce que je leur dis, je leur dis, vous montez dans le train, mais vous pouvez monter dans le train et que ça vous donne beaucoup de travail. Ça demande des efforts, c'est pas simplement... se gargariser. Donc, ça a été un travail fou. Moi, en 86, j'ai quand même deux petits-enfants. Donc, j'en ai une née en 81, un petit garçon née en 82. Donc, en 86, ils ne sont quand même pas très vieux. Et donc, le bouquin est sorti en 86. J'ai mis deux ans à l'écrire. Donc...

  • Bianca Lauret

    Il faut jongler avec les différents aspects de sa vie.

  • Pierre

    Il faut jongler avec ta vie, ta vie, ta vie personnelle. Donc, mais ça a été vraiment une expérience formidable. Formidable.

  • Bianca Lauret

    Alors, il y a une... Question rituelle à la fin de Génération ISC, qui est, est-ce que tu as des alumnis à nous recommander pour passer au micro ? Alors, tu m'as fait...

  • Pierre

    Alors, je l'ai fait.

  • Bianca Lauret

    Tu as bien préparé. C'est une superbe bosseuse pion-carvel. C'est ça qui est agréable. Tu vois, moi, c'est ça que j'ai découvert en bossant avec toi. C'est que, tu es une bosseuse de fou furieux. Et donc, elle m'a fait une liste. Une liste. Une multi-promos, etc. Donc ça va être une partie hyper intéressante finalement. C'est quoi les noms qui te viennent ?

  • Pierre

    Alors, je les ai vraiment dans des domaines différents. Alors déjà, je vais citer quand même, dans ceux qui sont devenus avocats, j'ai des anciens qui ont eu des carrières, mais je n'aurais jamais imaginé une seconde quand j'ai créé cette spécialisation. Alors je vais citer Stéphanie Ancinas. Et attention, élue membre du conseil de l'ordre cette année.

  • Bianca Lauret

    Ah oui ?

  • Pierre

    C'est quand même... pas...

  • Bianca Lauret

    Ça pèse.

  • Pierre

    Ça pèse. Parce qu'à Paris, être élu membre du Conseil de l'Ordre, il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de candidats. D'accord. Et il n'y a pas beaucoup d'élus. Donc, en plus, elle a un profil atypique, puisqu'elle travaille principalement dans le domaine de l'immobilier. Donc, elle a un très beau cabinet dans le domaine de l'immobilier. Très, très compétente dans son domaine. Mais, c'est parfois éloigné des candidats qui font du pénal, qui font du civil. Donc, c'était pas... évident du tout, du tout, du tout pour elle. Donc, vraiment, je suis très heureuse.

  • Bianca Lauret

    Elle est issue d'une école de commerce, quelque part. C'est un conflit un peu atypique.

  • Pierre

    Elle est très fière. Donc, elle, je ne peux pas ne pas la citer. Parce que je l'ai soutenue.

  • Bianca Lauret

    Elle est sur LinkedIn, je peux la trouver sur LinkedIn.

  • Pierre

    Ah oui, tu peux la trouver sur LinkedIn. Alors, tous ceux qui sont nombreux sur la liste, ils sont tous sur LinkedIn. Alors, il y en a un certain nombre que j'ai engagé comme enseignant dans la spécialisation. Eh oui, en 93. Tu es dans l'économie circulaire, tu te vois du nid-clin. Et avec bonheur. Par exemple, Anne Caron, qui fait, elle, de la gestion de patrimoine à Genève, une magnifique légende de fortune. C'est vraiment du solide. Ça a été un professeur formidable, formidable pour moi. J'étais triste quand elle est partie à Genève. Mais ce qui est fou, c'est que j'en ai aussi dans le domaine de la finance. Je regarde aussi Marc Hulin qui travaille au Canada. Il a aussi des fonctions, mais incroyables. Alors, je ne veux pas parler que de mes anciens UJF. Il y a aussi des anciens... D'une manière générale, je ne sais pas si tu as déjà interviewé Karine Raguin.

  • Bianca Lauret

    Ah oui, mais sur un autre podcast.

  • Pierre

    Oui, mais elle, il ne faut pas la rater, parce que c'est quand même une personnalité. Ça a été une présidente du bureau des élèves qui vraiment a toujours répondu oui à toutes mes demandes après, au moment des accréditations. Alors, dès qu'elle pouvait, qu'elle était présente, elle a toujours, toujours, toujours été fidèle. Il y a eu beaucoup de fidèles. l'armée dans la liste bon Nicolas Leblanc aussi ça a été aussi vraiment j'ai tellement de noms à donner je serais triste parce que je veux pas je vais tellement en oublier je peux vous dire que dans sa liste il y en a au moins allez une cinquantaine fastoche donc dites vous que vous êtes dans la liste je peux pas non plus ne pas citer Julien Durand c'est qui Julien Durand ? c'est quelqu'un d'incroyable et d'incroyable qu'a fait... qui a poursuivi ses études après l'EJF, qui a fait Centrale de mémoire, là qui est chez Sanofi, qui est le patron de la conformité chez Sanofi. C'est incroyable. Il a eu un parcours incroyable et adorable toujours.

  • Bianca Lauret

    Qu'est-ce qui fait, à ton avis, la différence parce que tu en as vu passer quelques-uns, entre ceux qui vont avoir des parcours extraordinaires dans le sens, pas forcément en termes de succès, mais tu vois... qui sortent de l'ordinaire ? Tu vois, en prenant un peu de recul, tu les vois maintenant à 20 ans après. Qu'est-ce qui fait où tu te dis, tiens, là, je l'avais vu, celui-là ?

  • Pierre

    Il y a un élément. Je n'en ai pas un qui a vraiment un parcours extraordinaire, qui ne s'est pas investi dans le système associatif. Donc ça, déjà, j'aimerais citer Jérémy Berton. Et pourtant, Jérémy Berton, il n'a pas fait ma spécialisation. j'étais fidèle de ses conférences. Donc, il est à la Junior Entreprise. J'ai tout de suite vu que Jérémy, il allait avoir une carrière incroyable. Tu vois, quand même.

  • Bianca Lauret

    Épisode de génération ISC cherché. Oui, cherché, parce que c'est...

  • Pierre

    Il est chez AXA aujourd'hui. C'est très, très bel. Un très beau parcours. AXA Banque. Mais, on pouvait quand même dépister. vraiment des potentiels. Parce que sur le plan intellectuel, ça fonctionnait, et sur le plan humain, ça fonctionnait. Moi, je dis toujours, quand il n'y a pas les deux, il y a un petit manque qui va faire que j'ai eu des anciens excessivement forts au niveau technique, mais qui n'avaient pas justement ce côté humain, qui pour moi est essentiel.

  • Bianca Lauret

    L'avenir de l'ISC, c'est quoi, à ton avis ?

  • Pierre

    Je pense qu'il faut rester comme nous on l'était, très ouvert à toutes les évolutions. Pas forcément se laisser manger par les évolutions, savoir être au contact. Moi, j'appelais toujours mes principales recruteurs en disant « Est-ce que vous avez besoin de nouveau dans les matières que j'enseigne ? Est-ce que vous envoyez une supplémentaire qui pourrait être importante pour vous ? » Et j'ai fait évoluer mon programme.

  • Bianca Lauret

    Collé au marché.

  • Pierre

    Collé au marché. Mais ça, c'est essentiel. On est là pour qu'il trouve un travail à la sortie. C'était mon obsession.

  • Bianca Lauret

    OK. Il y a eu un moment dans ta vie où tu as dû prendre la décision de quitter la robe. Si tu pouvais revenir à ce moment-là, qu'est-ce que tu te susurrerais à l'oreille ?

  • Pierre

    C'est difficile parce que tu as tous tes copains avocats et tes copines qui m'ont appelé en me disant « mais regarde, qu'est-ce que tu fais ? »

  • Bianca Lauret

    « Qu'est-ce que c'est que cette connerie ? »

  • Pierre

    « Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? » Sans le soutien de mon mari, je pense que ça aurait été presque impossible. Parce que lui, c'était un spécialiste de droit bancaire. Donc lui, le droit pénal des affaires, qui était la plupart de mes dossiers, ce n'était pas son domaine. Il a accepté de récupérer. Alors, on a travaillé en collaboration le temps que je termine les dossiers. Et puis derrière, en fait, il a trouvé que c'était passionnant et il est devenu très bon. Ça a impacté sa vie pour lui aussi. Ça a impacté sa vie professionnelle aussi. Donc, ça, ça a été un vrai tournant.

  • Bianca Lauret

    OK. Mais tu te dirais quoi à ce moment-là, à toi ?

  • Pierre

    Fais ce que tu sens. C'est pour ça que je te dis le... Suis ton instinct. Je me souviens, M. Riaïm m'a dit, vous allez être salarié. Oui, je lui ai dit, vous allez être mon patron. Vous savez, je n'ai jamais eu de patron, sauf... La première année de stage, quand tu démarres ton métier d'avocat, mon patron était un homme extraordinaire mais pas très présent. Donc je lui ai dit, vous savez, je ne sais pas comment ça va se passer. Et j'étais inquiète d'avoir un patron, parce que je ne savais pas ce que c'était d'avoir un patron. Et c'est faux. Et c'est faux. Et je pense qu'il a compris que j'avais aussi besoin de liberté.

  • Bianca Lauret

    Avant de conclure, Bianca, est-ce qu'il y a un sujet que tu voulais aborder qu'on n'a pas abordé ?

  • Pierre

    On a fait un bon tour quand même.

  • Bianca Lauret

    Alors, moi, j'ai un message pour vous tous qui nous écoutez. Si à un moment ou un autre dans votre vie à l'ISC, vous avez été impacté en positif ou en négatif par Bianca Loray, je vous le redis, allez vous connecter à Bianca sur LinkedIn et lâchez-lui un petit mot. un, je pense que ça lui fera plaisir et deux ce sera une démonstration supplémentaire de la puissance du réseau du réseau Alumi. Un grand merci Bianca d'avoir partagé tout ça.

  • Pierre

    C'était une grande joie pour moi en plus de visiter, de connaître enfin Orléans.

  • Bianca Lauret

    Et puis vous savez pas tout mais parce qu'en off elle m'a partagé des trucs alors qu'on peut pas partager ici mais maintenant je sais des trucs je ne parlerai que sous la torture un grand merci Bianca de cet échange vraiment incroyable

  • Pierre

    Merci à toi,

  • Bianca Lauret

    Pierre.

  • Pierre

    Bye bye.

Description

Bianca Lauret, c’est bien plus qu’une prof de droit. C’est une légende vivante de l’ISC Paris.


Dans cet épisode hors-série exceptionnel, elle revient sur ses 30 ans d’engagement passionné au service des étudiants : de ses débuts comme vacataire en 1986 à la direction du Programme Grande École, en passant par la création de la spécialisation Expertise Juridique et Fiscale.


On parle de pédagogie exigeante, de transmission, de standing ovation au Cirque d’Hiver, de conseils de discipline mémorables… mais aussi du RAID au Groenland, de faux en écriture, et de ce "train" qu’on choisit de prendre dans la vie.


Un épisode empreint d’humanité, de rigueur, d’engagement et d’amour sincère pour l’ISC. À écouter d’urgence si vous avez croisé Bianca à l’école, ou si vous voulez comprendre ce qui fait l’âme d’une grande institution.


🎙️ Génération ISC, le podcast des alumni de l’ISC Paris.
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Transcription

  • Pierre

    Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouvel épisode de Génération ISC, un épisode hors série, on pourrait le qualifier comme ça, exceptionnel sans nul doute, incroyable j'en suis persuadé, parce qu'aujourd'hui on a le plaisir de recevoir au micro Bianca Loré. Bonjour Bianca.

  • Bianca Lauret

    Bonjour Pierre.

  • Pierre

    Alors c'est un grand grand grand grand grand plaisir de t'avoir à ce micro. un parce que Tu as été pendant des années la directrice du programme Grande École de l'ISC. Il y a plein d'alumni qui t'ont cité d'ailleurs dans ce podcast en disant que tu les avais marqués. Alors il se trouve que moi tu m'as marqué aussi parce que tu as été ma prof de droit en 1993. Et puis après en arrivant et en bossant à l'ISC, tu m'as marqué aussi parce que... Tu gérais le programme Grande École avec Maestria Engagement. Je ne vais pas te faire un panégyrique ici, etc. Mais juste pour que nos auditeurs se rendent compte de l'impact que tu avais sur tous les jeunes gens qui passaient à l'ISC, je me souviens de ta dernière remise de diplôme qui se tenait au Cirque d'Hiver.

  • Bianca Lauret

    Tout à fait.

  • Pierre

    Et là, donc... Tout le monde savait que c'était ta dernière remise de diplôme. Tu es annoncé au centre de la piste du Cirque d'Hiver. Et c'est le Cirque d'Hiver en entier qui se lève et qui t'applaudit.

  • Bianca Lauret

    Beaucoup d'émotions.

  • Pierre

    Ce n'est pas tous les jours qu'on prend une standing ovation de 2000 personnes. Tu vois ? Et même en en reparlant, là, tu vois, ça me met encore un peu les frissons. Donc voilà, tout ça pour dire que tu es aussi une mémoire de l'ISC. Et donc, je trouvais ça super intéressant de t'avoir à ce micro. Alors, tu as un défaut, c'est que tu n'es pas une alumnie de l'ISC, mais on s'en fout, franchement. Parce que je pense que tu as contribué énormément à la cause. Enfin, voilà, tout ça pour dire, c'est une très longue introduction, peut-être trop longue. Mais Bianca, en quelques mots, est-ce que tu veux bien te présenter ?

  • Bianca Lauret

    Oui, en quelques mots. Donc, Bianca Lauré, j'ai presque 70 ans.

  • Pierre

    Et elle ne les fait pas.

  • Bianca Lauret

    Donc... Retraitée maintenant depuis quelques années. J'ai deux enfants, trois petits-fils. Et comme beaucoup de retraités, je reste quand même très active. Je ne suis pas dans mon canapé à attendre que la journée se passe.

  • Pierre

    Preuve en est, c'est qu'on enregistre ici physiquement sur le campus d'Orléans. Tu es venue, tu as pris le train, on a fait la visite du campus. Va à fond, toujours à fond.

  • Bianca Lauret

    Ah oui, et j'ai été emballée. par la visite de ce campus que je trouve absolument merveilleux. Donc vous avez beaucoup de chance.

  • Pierre

    Donc message à tous les alumniens, si vous voulez passer nous faire une petite visite, on vous fera la tournée des grands ducs, si vous voulez à Orléans, vous êtes les bienvenus tous. Alors Bianca, raconte-nous un peu ton histoire avec l'ISC, elle commence quand exactement ?

  • Bianca Lauret

    Alors elle commence vraiment en 1986, où je suis rentrée comme professeure de droit pénal des affaires. dans la spécialisation Expertise Audite et Contrôle qui a été dirigée par Patrick Mariel.

  • Pierre

    Mais alors, qu'est-ce qui te donnait...

  • Bianca Lauret

    Alors pourquoi ?

  • Pierre

    Pourquoi ?

  • Bianca Lauret

    Alors en fait, j'ai été avocat très jeune, 21 ans. Au client donc ? En tout cas, pas eu de problème de santé. Donc, dès que j'allais au palais plaider, j'étais tétanisée. Et là-dessus...

  • Pierre

    C'était quoi ta spécialisation ?

  • Bianca Lauret

    Alors, j'avais fait un débat de droit privé. Donc c'était plutôt le droit des obligations, le droit des contrats, tu vois, des choses, le droit de la responsabilité. Du tout, le droit pénal des affaires qui va devenir après vraiment mon fer de lance. Et je vais à un dîner et un copain de mon mari dit « Tiens, moi j'enseigne le droit pénal des affaires, mais je suis nommé directeur des services juridiques à la SACEM, j'arrête. » Et je m'entends dire... Tiens, ça me plairait peut-être d'enseigner, ça me donnerait peut-être un peu plus confiance quand je serai dans les magistrats. Et je me suis dit, je vais me présenter, et puis où ils me prennent, où ils ne me prennent pas. Ils me prennent, mais ils prennent un deuxième enseignant pour ce cours de droit pénal des affaires, un homme, et qui a le même profil, ou une fois, qui a les mêmes diplômes que moi. Et le responsable de la spécialisation juridique me dit, moi c'est très simple, à la fin de l'année, comité pédagogique, on vous note. Et je garde le mieux noté.

  • Pierre

    C'est violent, c'est un game ce truc.

  • Bianca Lauret

    Je reste. Je reste et surtout je suis emballée par cette activité de professeur. D'abord parce que j'avais fait le droit pénalisé, donc j'avais un professeur exceptionnel, donc la matière me passionnait, j'ai beaucoup travaillé pour être à la hauteur, parce que comme ça me plaisait j'avais envie de rester. Et puis j'ai donné des cours du soir pour des personnes qui voulaient devenir experts comptables. Et dans mes élèves, j'ai eu Patrick Mariel. qui était donc le responsable de cette spécialisation audite, et puis après qui a été directeur des études à l'ISC. Et qui m'appelle un jour en me disant, Bianca, j'aimerais bien, j'adorais ton cours, j'aimerais bien que tu viennes faire la même chose à l'ISC. Et me voilà débarquée en ISC. Mais j'ai été petite vacataire, donc j'étais encore avocat. Oui,

  • Pierre

    tu avais d'autres activités à connaître.

  • Bianca Lauret

    Tu avais rencontré Riaï ? J'avais rencontré Riaï, j'avais été très impressionnée par M. Riaï. Il rencontrait tous ses profs.

  • Pierre

    Ceux qui ne le voient pas, mais Claude Riaï a été le directeur général de l'ISC, je ne sais même pas de quelle année à quelle année. Je ne sais pas. Il a marqué l'ISC de manière hyper forte. Effectivement, au-delà du fondateur, c'est vraiment lui qui a fait grandir l'ISC jusqu'au début des années 2000.

  • Bianca Lauret

    Donc on est en 86 et il s'avère qu'en 89, il m'appelle en me disant j'aimerais vous rencontrer et j'aimerais vous confier, trois ans après, donc j'étais quand même encore toute jeune, j'avais 33 ans, j'aimerais vous confier le département juridique et fiscal. Il n'y a pas de département de ce type à l'école, il y a un département économie, mais il n'y a pas de département juridique et fiscal. Est-ce que vous voudriez bien le prendre en main et puis surtout repenser sur les trois années ? le parcours dans ces deux domaines. Et je lui ai dit, écoutez, oui, moi, je peux vous aider, parce que c'est vrai qu'il y a beaucoup à faire.

  • Pierre

    Mais ça veut dire que tu dois abandonner ? Non, non,

  • Bianca Lauret

    non, surtout pas. Non, non, là, pour le coup, c'était vraiment repenser le programme. Il y avait beaucoup de professeurs qui étaient proches de la retraite. Donc, c'était recruter des enseignants dans ces domaines-là et puis créer des nouvelles, de nouveaux cours. Donc, j'ai carte blanche avec Claude Riailly. Ça a toujours été un vrai bonheur. Carte blanche, Madame Loré, je vous fais confiance. Donc, en 89, je suis toujours avocat, pas de problème. Et puis, très heureuse en étant un peu prof et beaucoup avocat. Et puis, en 2002, M. Rien reconvoque et il me dit « Madame Loré, j'aimerais que vous rentriez dans le comité de direction. » Je lui dis « Là, monsieur, ce n'est pas tout à fait la même chose. » Parce que là, je ne pourrais pas garder mon métier d'avocat. Donc, d'abord, je ne vais pas vous dire oui tout de suite, mais pourquoi faire ? Et il voulait vraiment que je vienne, mais peut-être les MBA. J'ai dit, écoutez, les MBA, quand même, M. Marielle est très attachée, donc moi, je ne veux pas avoir de problème. Non, non, ce n'était pas dans mon idée. Et il m'a dit, qu'est-ce que vous aimez à l'école ? Je lui ai dit, moi, ce que j'adore, ce sont les étudiants du programme Grande École. parce que j'avais un cours avec les MBA. Et il me dit, écoutez, je sais que M. Marial, lui, il est débordé avec les MBA, vous allez plutôt vous consacrer aux étudiants et on va vous donner le titre de directeur des réactions pédagogiques, qui est un titre qui existait à l'époque, vraiment très focalisé sur les étudiants. Et là, j'ai dit, écoutez, laissez-moi réfléchir. Mais il trouvait que je réfléchissais et que c'était un peu long. C'était une décision difficile ? C'était une décision difficile. Moi, j'avais quand même mes dossiers qui n'étaient pas terminés. Alors, en fait, c'est mon mari qui m'a aidé. Il m'a dit... D'abord, lui était avocat, donc il pouvait récupérer mes dossiers. Et il m'a dit, Bianca, tu préfères qui ? Tes étudiants ou tes clients ? Et là, ça a été le cri du cœur.

  • Pierre

    Ce n'est pas sympa pour tes clients de l'époque.

  • Bianca Lauret

    Non, non, non. Mais parce que... Alors, je vais te dire, pourquoi est-ce que j'étais très attachée à mes étudiants de l'ISC ? Parce que j'étais aussi, je faisais quelques vacations, entre autres fin août, dans d'autres écoles. Et c'était pour moi des étudiants lambda, pas les étudiants de l'ISC. Parce qu'à la fin de chaque cours, j'avais un étudiant, presque à la fin de chaque cours, qui venait me voir en me disant « Madame, est-ce que vous ne pouvez pas nous aider ? On a un contrat signé dans le cadre de nos assos. » Je lui dis « Mais attendez, vous me parlez de quoi ? C'est quoi vos assos ? » Et c'est là où j'ai découvert le système associatif de l'école. Et j'ai été Pierre. bluffé. Et ça a été...

  • Pierre

    Ce qui est dans ta bouche, c'est fort.

  • Bianca Lauret

    Ça a été déterminant pour moi pour dire oui à M. Riey. Et ce qui m'y a aidé aussi, cette année-là, il y avait un BDE absolument fabuleux. À la tête, il y avait un dénommé Vergeau, Rodolphe Vergeau, qui a fait une belle carrière dans la finance derrière. Il y avait un BDE.

  • Pierre

    Tu te souviens du nom du BDE ?

  • Bianca Lauret

    Non, non, non. Mais on pourrait le retrouver parce que je veux dire Rodolphe Vergeau. Je crois qu'il y a un bouquin sur les anciens BDE. Il y en a de quelque part dans vos bureaux. Et eux ne savaient pas qu'on m'avait fait cette proposition. mais Cette année-là, il m'avait pas mal sollicité, il m'avait tellement de gentillesse, tellement de compétences, que je me suis dit, oui, allez, hop, vraiment, ils sont intéressants, plus intéressants que ceux que je pouvais avoir par ailleurs. Donc, je fonce et je vais voir M. Rillet, je lui dis, banco. Et là, je pars pour une longue aventure.

  • Pierre

    Oui.

  • Bianca Lauret

    Très longue aventure. Il me dit, écoutez, Mme Loray, j'aimerais bien que vous enseignez un peu moins. Alors, je lui dis, écoutez, M. Rillet, là, ce n'est pas négociable. J'aime trop mon métier de prof. je vais bien abandonner les premières années Mais je veux garder les deuxièmes années et puis les troisièmes années. Donc, en 2002, je te rappelle que déjà, j'ai créé la spécialisation expertise juridique et fiscale qui est née en 93.

  • Pierre

    Oui, toute seule avec des petits bras musclés quand même.

  • Bianca Lauret

    Toute seule avec des petits bras musclés. Alors, cette spécialisation aussi, ça a été quelque chose de totalement imprévu. J'ai un jour une étudiante qui vient me voir en me disant, HEC, il y a une spécialisation juridique. Pourquoi il n'y a pas l'IAC ? J'ai dit, écoutez, c'est une bonne question que vous posez, mais vous savez, moi je ne suis pas à la direction, puisque je n'y étais qu'en 2002, donc peut-être on peut en parler au directeur des études ou au directeur général. Ce qu'elle fait, en disant, écoutez, voilà, on est plusieurs, et M. Riaï me reconvoque en me disant...

  • Pierre

    Tu as été convoqué souvent !

  • Bianca Lauret

    Mais que pour des choses, pas si souvent que ça, mais que pour des choses importantes. parce qu'il perdait sa vie perdait pas son temps et et il me dit écoutez qu'est ce que vous en pensez j'ai écouté effectivement une étudiante on a parlé pourquoi pas il me dit vous avez carte blanche et si vous avez 20 étudiants j'ouvre et j'en ai beaucoup plus que 20 final dès la première oui donc donc on ouvre on ouvre et et en fait je suis très inquiète 93, c'est pas bon au niveau économique. Non. Et je me dis, je crée une nouvelle spécialisation, et est-ce que je ne vais pas créer des chômeurs ? Donc si tu veux, j'ai vraiment... Je me dis, est-ce que c'était vraiment le moment ? Alors, j'avais un peu anticipé, et je n'avais pas fait une spécialisation que dans le domaine juridique. J'avais ouvert. En droit, je savais que je ne pourrais pas les amener au même niveau que quelqu'un qui a 4 ans de droit. En fiscalité, à la fac, c'est pas génial, l'enseignement. un peu light, un peu théorique. Donc je me suis dit, on va vraiment mettre le... on va s'appuyer vraiment sur ce domaine-là. Et puis, gestion de patrimoine. Puisqu'en fait, la gestion de patrimoine, c'est du droit et de la fiscale. Je me suis dit, s'il y a un problème dans un domaine, ils vont pouvoir toujours s'échapper dans un autre. Ce qui a été... vraiment, c'est vraiment ce qui s'est passé dans la vraie vie.

  • Pierre

    Ils étaient multi-compétents.

  • Bianca Lauret

    Ils étaient multi... Et alors, je me suis appuyée. Alors, carte blanche pour choisir les propres. Ça, c'est un bonheur total. Parce que j'ai pu choisir des personnes ultra compétentes que je connaissais, qui n'étaient pas des amis. Mais surtout, à chaque fois que je recrutais quelqu'un dont je connaissais la compétence, je voulais qu'il y ait une cohésion d'équipe. Première chose que je leur disais, ce terme cohésion pour moi c'était essentiel. S'il y en a un qui critique un enseignant de la spécialisation, je serais intraitable. Je ne veux pas que devant les étudiants, on fait front. Peut-être qu'il y en a un qui, par exemple, n'aura pas vu un texte qui est passé ou une décision d'utilisation. Ça peut arriver à tout le monde dans notre domaine. Mais vous l'appelez, mais pas devant les étudiants. Et ça, pour le coup, il y a toujours eu cette cohésion. Je faisais une réunion de rentrée, une réunion de sortie, pour que justement les nouveaux puissent connaître l'équipe. Il y avait une vraie équipe. Et puis vraiment des figures incroyables dans leur domaine de compétences.

  • Pierre

    Oui, et puis on voit... Bianca a vraiment préparé l'entretien. Elle m'a communiqué une liste d'alumni qui sont passés par cette spécialisation. Quand tu regardes les parcours de certains...

  • Bianca Lauret

    Mais c'est incroyable. Incroyable. Incroyable. Alors, je vais te dire, justement, dans toutes les responsabilités que j'ai pu avoir, cette responsabilité d'être à la tête d'une spécialisation, c'est une richesse pour le responsable. Incroyable. parce que tu peux détecter vraiment des potentiels. Et on n'est pas là que pour enseigner, on n'est pas là que pour distribuer du cours. Et à la fin de l'année, pouvoir dire à tel, tel, tel étudiant, écoutez, moi, je trouve que vous avez un potentiel, que vous savez une vraie compétence dans tel domaine. Il faut approfondir. Vous devez vraiment ne rester pas. Et souvent, il me disait, mais vous êtes sûr ? Mais oui, je suis sûr.

  • Pierre

    Je pense que c'est pour ça que tu as marqué énormément de gens. parce que Pour certains, en tout cas, tu leur as permis de se révéler. Et justement, tu es allé au-delà peut-être de la mission première. Et ce qui fait qu'ils t'en sont redevables éternellement, parce que finalement, tu as marqué leur chemin.

  • Bianca Lauret

    Oui, mais je pense que c'est le rôle de tout professeur. Pour moi, ça fait partie de la mission du professeur. Si c'est rentrer dans une salle de cours et puis partir dès que ça sonne, non. En plus,

  • Pierre

    il n'y a même plus de sonnerie maintenant. Oui,

  • Bianca Lauret

    il n'y a même plus de sonnerie. Donc on est là. Et je serais passée à côté de l'ISC si je n'étais pas restée après mes cours pour écouter les étudiants qui me sollicitaient en tant qu'avocat dans le cadre de leur association.

  • Pierre

    C'est vrai qu'en même temps, tu avais cette position-là où tu étais une... ressource précieuse pour toutes les assos, toutes les entreprises étudiantes, parce que forcément, il y a des problèmes de droits. Ah oui,

  • Bianca Lauret

    inévitable. C'est très important pour eux de maîtriser un certain nombre de choses.

  • Pierre

    Donc là, tu as les années EJF, on va les appeler comme ça. À un moment, tu as dû être convoqué, encore. Pour le programme Grande École ?

  • Bianca Lauret

    Alors oui. Le programme Grande École, en 2002. Donc, c'est là où je dois arrêter mon métier d'avocat. Donc, c'est là où... C'est vraiment là, à ce moment-là. Voilà. 2002. Et puis, après, on va avoir le départ de Claude Riailly. Alors déjà, là, moi, je suis au comité de direction et au COMEX. Et on est tous un peu inquiets de savoir qui... C'était une telle personnalité. Et on a quelqu'un qui est très différent. mais quelqu'un que moi j'ai beaucoup aimé, Andrés Attenza, qui au niveau humain a été un homme extraordinaire, et très philosophe, mais moi ça ne me déplaisait pas, et surtout très différent. Donc moi je l'accompagnais vraiment avec une très bonne transition, avec beaucoup de bonheur. Mais je faisais confiance à Claude Riailly, je savais qu'il allait nous prendre quelqu'un d'intelligent, quelqu'un de bien. Et puis il y a eu le départ de Patrick Mariel. Et c'est là, alors là pour le coup, c'est Bruno Nel qui était à la direction et qui m'a dit, bien au cas, naturellement, j'aimerais que tu reprennes la direction du programme Grande École.

  • Pierre

    Oui, donc c'est un chemin finalement assez naturel. Après,

  • Bianca Lauret

    au sein de l'école, c'est un chemin en fait assez naturel.

  • Pierre

    Sachant que dans ces années-là, il y a pas mal de changements. Il y a le bachelor. qui arrivent au lycée, il y a les premières accréditations.

  • Bianca Lauret

    Oui, alors le bachelor, je l'ai vu arriver, c'était compliqué pour moi puisque dans les classes préparatoires, les bachelors n'étaient pas forcément vus, pas bonne presse et puis j'allais beaucoup en visiter. Mais on se rendait bien compte que toutes les écoles passaient par là et que c'était indispensable pour l'école de créer son propre bachelor. Alors, il y a une date importante. J'ai oublié de te citer. 2010. 2010, il y a une rentrée exceptionnelle à l'école. Tant au niveau des classes préparatoires que des admissions parallèles. Et je me retrouve avec un nombre d'étudiants beaucoup trop important pour être toute seule à la tête des premières, des deuxièmes et des troisièmes années. Donc, là, je dis ça ne passe pas. Donc, j'appelle au secours Claude Riey, qui était encore le directeur général. Et je lui dis, il faut absolument quelqu'un, vraiment d'une belle pointure, pour venir.

  • Pierre

    Tu dis année exceptionnelle, c'est combien d'étudiants en première année, par exemple ?

  • Bianca Lauret

    On est à plus de 600. Tu es en première année du programme en école. Oui, c'est phénoménal. Donc là, c'est plus gérable pour une seule personne. Immédiatement, à chaque fois que je l'appelais au secours, il m'a tout de suite, tout de suite dit, pas de problème, je trouve des solutions. Il me fallait des locaux. Je n'ai pas des locaux assez grands. Et puis, il me fallait quelqu'un de grande qualité. Et on a recruté Corinne Rougeau-Mogé, qui a été vraiment un recrutement pour moi exceptionnel.

  • Pierre

    OK.

  • Bianca Lauret

    Qui a pris en...

  • Pierre

    Corinne, si tu nous entends.

  • Bianca Lauret

    Corinne. Donc... Je peux te dire. Et... Je ne la connaissais pas, ce n'était pas une amie, mais on est devenus amis. Et elle a été opérationnelle tout de suite, donc elle a pris en main...

  • Pierre

    C'était une avocate elle aussi ?

  • Bianca Lauret

    Non, c'était une prof de droit. Une juriste ? Elle était à l'EM Normandie, une juriste, un docteur en droit. Un docteur en droit ? Non, non, ce n'était pas n'importe qui. C'était du lourd ! Donc elle était prof à l'EM Normandie, et j'en avais entendu que du bien. Et on s'est tout de suite bien entendus, donc elle a pris les premières années. Elle a récupéré un certain nombre de cours en première année. Enfin bref, elle a été enseignée aussi dans ma SP. Elle a été intégrée immédiatement dans le département juridique. Tout le monde l'a appréciée, ça a été un vrai bonheur.

  • Pierre

    C'est aussi à ce moment-là où l'ISC a pris des locaux dans le Valois. Voilà, un peu plus loin,

  • Bianca Lauret

    ben oui, parce qu'il fallait les caser, nos étudiants. On ne tenait plus.

  • Pierre

    Oui, parce qu'on regardait un petit peu, justement, tu montrais les chiffres tout à l'heure, c'était quasiment... On était quasiment à 1 700 étudiants, rien que sur les trois années du programme de l'école.

  • Bianca Lauret

    Alors il n'y avait pas de bachelors à l'époque et il n'y avait pas de... Non mais même...

  • Pierre

    Ah oui c'est colossal. C'était énorme.

  • Bianca Lauret

    Alors il y en avait pas mal qui partaient heureusement un semestre. Donc en deuxième année, je ne les avais jamais tous en même temps. Il y en avait beaucoup qui partaient au premier ou au second semestre à l'international faire un échange.

  • Pierre

    C'était quoi une journée type pour toi ?

  • Bianca Lauret

    Ah elle était longue. Elle était longue mais je ne me suis jamais levée en me disant « Oh là là, il faut que j'aille travailler » . Donc ça c'est quand même, ça je le souhaite à tout.

  • Pierre

    C'est du luxe.

  • Bianca Lauret

    Oui, ça c'est un vrai luxe. Donc j'y allais très tôt parce que c'était le moment, j'avais toujours un nombre de mails absolument invraisemblable et je savais que jusqu'à 9h, je ne serais pas dérangée. Donc je n'aurais pas de téléphone, personne qui frapperait à ma porte et je pourrais donc... avancer et ne pas avoir de retard et je crois que les étudiants ont beaucoup apprécié justement d'avoir une réponse immédiate à des demandes qui parfois étaient ils avaient besoin d'une réponse rapide donc alors après suivant les jours où j'avais cours ou j'avais pas cours il y a beaucoup d'administratifs surtout quand on a commencé à préparer les accréditations j'ai passé beaucoup de temps à préparer des documents ça a dû être un peu Euh...

  • Pierre

    Un peu particulier parce qu'en fait, à ce moment-là, finalement, l'ISC rentre dans une logique accréditation internationale. Ça chaîne beaucoup de contraintes. Tu sais que tu vas être audité sur tout ce que tu fais. Enfin, tu vois, culturellement, c'est un changement majeur.

  • Bianca Lauret

    Un changement majeur. D'abord, il y a des tas de choses. Ça a beaucoup amélioré certaines pratiques. Par exemple, pour recruter un enseignant, on n'avait pas une méthodologie qui était conforme. à ce que souhaitaient les Américains. Donc ça nous a amenés à modifier un certain nombre de procédures, ce qui était très bien pour l'école. Mais derrière, ça impliquait...

  • Pierre

    Il faut que l'organisation suive.

  • Bianca Lauret

    ...un travail énorme. Et puis, une culture qu'on appelait assurance of learning, ce qu'on appelait les AOL, tout ça, c'était complètement étranger à notre système français. Donc il a fallu d'abord comprendre... ce qu'ils voulaient. Et ça a mis un certain temps. Heureusement, on avait une première équipe qui était venue nous voir pour nous aider, pour nous donner quand même des pistes. Des pistes de travail. Mais après, quand la date est arrivée, j'ai eu quelques nuits sans sommeil, d'inquiétude, de me disant, tu ne peux pas trater parce que les MBA n'étaient pas très nombreux, les bachelors étaient naissants. Donc il fallait que le programme Grande École, tout...

  • Pierre

    Il fallait que ça rayonne.

  • Bianca Lauret

    Il fallait que ça rayonne et que tout allait être audité. Donc toi, tu étais en place, la partie associative, pour le coup... Heureusement, il y a des tas de choses que j'ai pu déléguer en sachant que derrière, il y avait des gens solides et qui faisaient le travail. Mais...

  • Pierre

    En total, c'est un procès sur combien de temps ?

  • Bianca Lauret

    Écoute, je pense qu'on a dû mettre, je ne sais pas, 4 ans. On a dû l'initier. On a dû mettre 4 ans au moins.

  • Pierre

    Parce que moi, je suis arrivé juste à la fin.

  • Bianca Lauret

    Oui, tu es arrivé à la fin. Oui, oui. C'était super.

  • Pierre

    Le gros du boulot était fait.

  • Bianca Lauret

    Mais tu étais là pour l'audit. C'est un exercice particulier,

  • Pierre

    les audits.

  • Bianca Lauret

    Et puis, tu te dis, est-ce qu'on te pose une question ? Qu'est-ce qu'ils veulent comme réponse ? Où est le piège ? Où est le piège ? Est-ce que... Si tu veux, je suis partie du principe de dire la vérité. Et je pense qu'en tout cas, avec les auditeurs, c'est ce qu'ils attendaient.

  • Pierre

    Sinon, ils... C'est comme les chiens, ils le sentent.

  • Bianca Lauret

    Ils le sentent. Et ils vont fouiller. Et oui, et ils ont raison. Donc, l'audit, on a le sentiment qu'il s'est bien passé, mais je pense qu'on a eu tous une frayeur. Rappelle-toi, épouvantable, le jour où on doit nous donner la réponse, notre responsable, qui était une femme, Linda, non, il me semble souvenir, arrive avec une tête d'enterrement. On se regarde tous en se disant, avec une tête d'enterrement comme ça, c'était la première accréditation pour nous, c'était tellement important, c'est que c'est non. Et elle commence vraiment avec un ton aussi, on se regarde, moi je suis... tétanisé, tétanisé, j'en garde un souvenir de cauchemar, et elle vient dire...

  • Pierre

    Et en plus avec des circonvolutions de langage.

  • Bianca Lauret

    Ah là là ! Finalement, ça fait tout. Mais alors, quelle libération ! Libération, parce que c'était un travail de 4 ans.

  • Pierre

    C'est 4 ans de boulot, et surtout, ça veut dire que tu... Comment dire ? Tu rentres dans un... Un jeu qui est complètement différent parce que tu as une accréditation internationale. Alors, on peut se dire, oui, OK, c'est une accréditation, sauf que c'est la première.

  • Bianca Lauret

    La première.

  • Pierre

    Et c'est le premier pas d'un chemin vers une reconnaissance internationale. D'autant que c'est totalement indispensable aujourd'hui pour la reconnaissance dans les classements, etc. Alors,

  • Bianca Lauret

    la reconnaissance dans les classements, mais pire, Pierre, moi, j'avais aussi la crainte. J'avais de nombreux partenaires à l'international, des universités partenaires, qui m'avaient dit clairement, si vous n'êtes pas accrédité, on arrête. Donc je savais que pour les étudiants, il y avait des conséquences vraiment terribles.

  • Pierre

    L'ISC est quand même venu tard aux accréditations par rapport à d'autres. Oui.

  • Bianca Lauret

    Pourquoi ?

  • Pierre

    Si tu en as une idée.

  • Bianca Lauret

    Non, non, non, non, non. Je pense qu'on savait à l'avance que ça allait donner un travail monstrueux. et qu'on avait déjà tous beaucoup de travail. Donc, c'était peut-être la peur, la peur de se lancer dans cette aventure. Mais oui, on n'a pas été dans les premiers. Mais là, on savait que si on ne le faisait pas, c'était très inquiétant pour l'école.

  • Pierre

    Je pense qu'on ne serait pas là à se parler si effectivement l'ISC n'était pas passé par ce chemin-là. Dans les années qui ont suivi, il y a encore eu des grands challenges. À l'égard des accréditations, ou comme les accréditations, c'est plutôt ça que je veux dire.

  • Bianca Lauret

    Non, non, aussi fort que ça, très honnêtement, non.

  • Pierre

    Comment tu as vécu, vu, le désamour des prépas ? Parce que toi, tu t'en es collé quand même des visites dans les prépas, à gauche, à droite.

  • Bianca Lauret

    Ah oui, j'ai beaucoup circulé.

  • Pierre

    Est, ouest, nord, sud ?

  • Bianca Lauret

    De toute façon, les classements, c'était difficile pour nous à cause des classements. Quand tu allais dans une dite bonne prépa, tu n'étais pas leur premier choix. Mais on arrivait quand même à en avoir un grand nombre. Mais ce qui est important, c'est de multiplier les villes. qui pouvaient, susceptibles de... Mais je crois que si tu veux, il était indispensable d'aller au contact des responsables des classes préparatoires et de leur montrer ce que faisait l'école. Et généralement, j'acceptais toujours. Souvent, ils me disaient, est-ce que vous ne pouvez pas nous donner les débouchés, nous donner, faire une petite conférence avant, même dans des lycées et autres. J'ai toujours accepté. Et en fait, je me rendais compte que souvent, même les responsables des classes préparatoires connaissaient peu les débouchés des écoles de commerce et qu'ils avaient un vrai besoin d'information. Donc...

  • Pierre

    Là aussi, tu étais dans un rôle pédagogique, finalement.

  • Bianca Lauret

    Un rôle complètement pédagogique. Et puis, je connaissais bien, du fait de mes fonctions, je ne vendais pas que ma spécialisation. J'étais capable de parler de toutes les autres spécialisations. Puisque quand j'allais dans les salons, j'étais là pour toutes les... Il fallait que je la connaisse bien, quoi.

  • Pierre

    Alors, tu l'as dit, les assos de l'ISC, les entreprises étudiantes de l'ISC, ont eu une part importante. un don. des choix.

  • Bianca Lauret

    Ah bah oui, essentiels.

  • Pierre

    Et deux, après, dans ta vie, à l'ISC. Et en préparant un petit peu cet entretien, tu m'as dit, il y en a une dont il faut absolument que je parle.

  • Bianca Lauret

    Ah oui, il y en a une qui a eu une activité quand même, sur de longues années, parce que quand moi je suis arrivée, elle existait déjà, elle s'appelle le RAID. Et alors l'idée du RAID, c'était de partir un bon mois, ... Avec un projet d'aventure.

  • Pierre

    hors normes. Et j'ai toujours été voir, il réalisait toujours un film sur ce qu'il faisait, après qu'il montrait ce qu'il souhaitait à l'école dans le Grand Amphi. Et j'ai toujours été émerveillée d'abord par la réalisation de ce qu'ils avaient fait sur le plan sportif, sur le plan humain.

  • Bianca Lauret

    Tu as quelques exemples qui deviennent en tête ?

  • Pierre

    Alors il y a le Groenland qui a été incroyable. Partir au Groenland. On a traversé du Groenland, 730 kilomètres. À pied ? À pied, en traînant. Oui, alors c'est un nom spécifique, mais un traîneau. Les uns derrière les autres, moins 40. Donc, il faut une force mentale exceptionnelle. Et derrière, je voyais que toutes ces équipes du RAID, il y avait une cohésion. Toujours ce terme que j'adore. Mais incroyable. Mais je le voyais à vie. Et j'en ai recroisé après de nombreux participants.

  • Bianca Lauret

    C'était des figures marquantes de l'école aussi.

  • Pierre

    Des figures marquantes.

  • Bianca Lauret

    David Couillard, si tu nous entends.

  • Pierre

    Ah oui, oui. Florent de Chanterac, si tu m'entends. Pareil, mais plein, plein, plein, plein, plein, plein de personnalités. Je me souviens aussi d'une Marie, je ne me souviens plus de son nom, pardonne-moi Marie. Un petit bout de femme qui, elle, était à la tête de l'association et qui... te les emmenait toutes les semaines à la piscine ses garçons, parce qu'elle était entourée que de garçons pour aller nager, pour s'entraîner parce qu'il fallait être au top physiquement dans son projet moi j'ai été séduite par ces étudiants et puis cette solidarité qui

  • Bianca Lauret

    s'est dégagée de ces groupes tu vois là aussi où c'est marquant c'est que ça... Ce sont des épreuves. Dans mes années à moi, je me souviens, il y a une traversée de la Cordillère des Andes. Je me souviens très bien. En vélo couché. Des projets de faux furieux. De faux furieux. Et ça en faisait aussi une équipe à part parce qu'ils allaient, un, ils se préparaient toute l'année pour ça. Au-delà du financement, de l'organisation, etc. Mais ils se préparaient aussi physiquement à ça. Je me souviens, ça devait être... Sur l'année de David Couillard, justement, eux, ils étaient partis dans le Grand Nord, là aussi, une expédition, où ils étaient allés apprendre à tirer au fusil. Parce qu'il y a des ours.

  • Pierre

    Il y a des ours.

  • Bianca Lauret

    Et comme tu ne tires pas au fusil tous les jours, quand tu n'es pas chasseur, ils étaient allés spécialement dans un stand de tir, apprendre à tirer avec le fusil qu'ils allaient avoir, etc.

  • Pierre

    Une dépréparation, mais tous, vraiment des préparations de professionnels et s'entourer de professionnels. avait conscience du danger et donc voulait avoir un enseignement technique, pratique, pour réaliser au mieux l'opération.

  • Bianca Lauret

    T'imagines comme c'est marquant dans une vie de faire cela à 20 ans, 22 ans. Non, mais c'est incroyable.

  • Pierre

    Alors avec moi, après, quand j'avais ma fonction de direction, toujours l'inquiétude que tout se passe bien. Alors, ils avaient des téléphones satellites, mais c'était quand même compliqué. Donc, on n'avait pas beaucoup de nouvelles. Donc j'étais...

  • Bianca Lauret

    C'est pas WhatsApp ce truc-là. Non, non, non,

  • Pierre

    non, non. Mais des belles, des très beaux projets.

  • Bianca Lauret

    C'est quoi la plus grosse galère que tu aies eue à l'ISC ?

  • Pierre

    Alors, je vais te dire, j'ai eu une immense tristesse. Je n'appellerais pas ça une galère, mais une grande tristesse. J'ai un jour un appel d'une maman, d'une mère, qui me dit, ma fille est dans le coma. Et je viens de voir le professeur, je sors de l'hôpital, et le professeur aimerait que des personnes que ma fille appréciait viennent lui parler. Et ma fille me parlait tout le temps de vous et de sa professeure de russe, Mme Tranou. Est-ce que vous accepteriez de venir auprès de ma fille ? Tu ne peux pas dire non, Pierre. Devant une telle détresse, tu ne peux pas dire non, sauf que tu n'es pas préparé à ça.

  • Bianca Lauret

    C'est pas dans ta fiche de mission. Pourquoi la fiche de mission a été longue ?

  • Pierre

    Et l'il y a trois noirs, la professeure de russe me dit Bianca, je ne te laisse pas toute seule. On y va toutes les deux. Donc on va à l'hôpital. On rentre dans la chambre. On lui parle l'une après l'autre. Et malheureusement, dix jours après, la maman m'appelle en me disant qu'elle est décédée. Donc on est allés toutes les deux à l'enterrement de cette étudiante. Ça, tu vois, c'est pour moi un des souvenirs les plus tristes. Parce que mourir à cet âge-là, c'est vraiment terrible. Donc ça, c'est vraiment... Autrement, si tu veux, j'ai eu une galère, mais tu vois, j'en souris aujourd'hui. J'ai eu un étudiant qui est parti en conseil de discipline à ma demande, un seul.

  • Bianca Lauret

    Vous n'avez jamais vu Bianca en conseil de discipline, mais c'est... Même moi j'avais peur. Et pourtant j'étais pourri hein ! Mais oh, c'était violent !

  • Pierre

    Surtout quand on me mentait. À partir du moment où l'étudiant reconnaissait avoir triché, avoir été... J'ai dit abandonorable. Amandonorable. Là pour le coup je craquais. Mais à partir du moment où il mentait, alors là pour le coup j'étais pas gentil du tout. Et celui, il s'appelle Sébastien, j'ai pas donné son nom de famille, mais il va se reconnaître. Mais il arrive un jour dans mon amphi, avec trois quarts d'heure de retard, il claque la porte. Et je lui dis, attendez, qu'est-ce que vous faites ? Le cours a commencé il y a un moment, donc je ne vous prends pas. Ah, il me dit, madame, ce n'est pas possible, je veux venir à votre cours. Je lui dis, non, non, moi j'arrête le cours tant que vous n'êtes pas sorti de mon amphi. Et je le vois avancer vers l'amphi, vers le bureau. Il ne va quand même pas me taper. Mais j'ai... Je me suis dit, là, c'est la première fois qu'on me dit non. Je prends un journal et j'arrête le cours. Et j'entends tous les étudiants dire, « Allez, Sébastien, pars, t'es infect. » Donc, il part, il me fait un bras d'honneur, il claque la porte et il crie, « Je vais me plaindre auprès de la direction. » Sauf qu'il ne savait pas, c'est que 15 jours avant, M. Reyé, il m'avait demandé de rentrer au comité de direction. Je ne dis rien. Et évidemment, il ne va pas se plaindre. Il a été voulu dire qu'il ne va pas se plaindre. Mais moi, je me dis quand même, je ne peux pas laisser passer ça vis-à-vis des autres étudiants. Donc, conseil de discipline présidé par M. Riaï. Parce que moi, je ne suis pas la direction normale. On donne la parole. Je décris les faits. Et on donne la parole à l'étudiant en lui disant, écoutez, est-ce que la version de Mme Leray vous convient ? Non, elle a été gentille. Elle a été gentille. Elle ne nous a pas dit. Mais j'ai vu que potentiellement, je lui avais fait peur. Et ça, je me le reproche, ce n'est pas possible. Et il a été mais adorable, adorable en disant, je voulais assister à son cours, c'était son dernier cours. Donc, quand est arrivée la sanction, on me demande quelle sanction, j'ai écouté, on va faire huit jours d'exploit. Un monsieur, il me dit, non, non, vous, qu'on vous touche vous, non, non. Là, vraiment, il faut une sanction beaucoup plus lourde. Finalement, il m'a dit, bon, c'est vous qui demandez une sanction si faible, je vais vous suivre, mais moi, j'aurais demandé beaucoup plus lourd. voilà donc Donc, c'est pour ça que ce n'est pas un cauchemar. Mais c'est vrai que c'est très désagréable de te dire, j'ai initié un conseil de discipline qui peut déboucher potentiellement sur une exclusion.

  • Bianca Lauret

    Tu as eu cette expérience-là d'avoir vu évoluer les générations d'étudiants. C'est quoi les grands changements, alors positifs ou négatifs, que tu as pu voir justement d'une génération à l'autre ?

  • Pierre

    Alors déjà, peut-être un peu l'éducation. Mes premiers étudiants, quand ils rentraient dans l'amphi et qu'ils passaient devant mon bureau, toujours me regardaient. Bonjour maître. Et oui. Et oui. Donc bonjour, simplement bonjour. C'est un exemple révélateur. Ensuite, ils passaient devant mon bureau, j'avais plutôt bjour. Déjà, j'étais contente. J'étais contente qu'ils me disent bonjour. Et puis après, ils passaient devant mon bureau.

  • Bianca Lauret

    Ils ne disaient plus rien.

  • Pierre

    Ils ne disaient plus rien. Je ne peux pas dire que j'ai eu des problèmes de discipline, parce que j'étais très sévère au premier cours. Donc le premier qui bougeait ses oreilles, je l'allumais, parce que je voulais pouvoir après faire un cours en toute tranquillité. Et donc je n'ai jamais eu à me plaindre d'indiscipline. J'ai eu justement un incident, je ne sais pas combien d'années, donc c'est rien. mais justement plus d'étudiants moins respectueux de l'heure. Donc des étudiants qui pouvaient en cours, évidemment avec les ordinateurs, ce que je n'avais pas au début, faire autre chose. Donc moi il m'est arrivé d'aller derrière une jeune fille, dans son dos, en lui disant « Vous m'en commanderez deux, votre petite robe là, elle est très mignonne. » Donc j'allais plutôt que gueuler, je trouvais que ça ne s'était pas forcément... Pas très productif. Pas très productif. J'essayais de faire rire les autres. Et que du coup, la personne se rende compte que, bon, c'était pas... Elle était là quand même pour apprendre.

  • Bianca Lauret

    On sent dans toutes tes histoires, etc., que t'as eu un... C'est au-delà d'un attachement, t'as un vrai affect à cette école.

  • Pierre

    Ah oui, j'ai un vrai affect. Je déteste les réseaux sociaux, mais je me suis mis sur LinkedIn. pour pouvoir les suivre et pour voir ce qu'ils deviennent. Donc ça, j'ai un vrai affect.

  • Bianca Lauret

    En gros, si on veut te faire plaisir, pour tous les alumnis qui nous écoutent, allez vous connecter au compte de Bianca Loray. Elle dira oui si elle voit que vous êtes un alumni de l'ISC. Et lâchez-lui un mot sympa. Parce que si vous avez été face à elle en conseil de discipline, ce n'est peut-être pas la peine. Non. Tu vois, ça peut être des leçons de vie aussi.

  • Pierre

    Oui, oui, oui. Écoute, je ne sais pas si tu te souviens, mais je convoquais toujours à mi-parcours tous ceux qui n'avaient pas la moyenne. Et donc, ce n'était pas pour leur dire des choses gentilles. C'était essayer de comprendre pourquoi ça n'avait pas marché. Et il y en a qui, des années après, m'ont dit, vous savez, madame, c'est ce qui m'a permis de redresser la barre. Vous m'avez secoué les puces et ça m'a beaucoup aidé. Donc, je pense que notre rôle n'est pas non plus d'être tout le temps béni. Oui, il faut aussi, de temps en temps, bousculer un petit peu.

  • Bianca Lauret

    Aujourd'hui, quand tu vois l'évolution des écoles, l'évolution l'arrivée de l'IA, etc. Comment tu vois, toi, l'avenir de ce que doit être une école de management, une institution comme l'ISI ?

  • Pierre

    Alors d'abord, je pense qu'on ne peut pas l'ignorer. On ne peut pas l'ignorer. Moi, ça me fait un petit peu peur pour les stages des bachelors, des premières années, où je pense...

  • Bianca Lauret

    Au niveau junior.

  • Pierre

    Oui, au niveau junior. Donc, j'ai cette crainte pour les juniors. Ensuite, pour le domaine que je connais bien, l'humain pour le moment est irremplaçable. Donc pour le métier d'avocat, ça peut t'aider pour faire des recherches, certes, mais ça ne peut pas remplacer l'humain. Donc je ne suis pas trop inquiète pour ce domaine. Mais tu vois, même dans mon domaine, je me rends compte que l'IA peut faciliter, va faciliter et facilite déjà. Des choses pas belles. Je te donne un exemple. J'enseignais, tu le sais, le délit de faux, faux en écriture. Je sais que par l'IA, tu peux fabriquer facilement beaucoup de faux documents et qu'une fausse note de frais, par exemple, et puis tu la présentes à ton patron qui va avoir beaucoup de difficultés parce que ça va lui demander beaucoup de temps de vérifier si oui ou non c'est un document vrai ou un document faux. Ça va être compliqué, parce que ça veut dire que la confiance reste un élément essentiel. Et tu vois, c'est une chose vraiment que je ne le remercierai jamais assez. Claude Riailly, quand il te faisait confiance, c'était total. Il n'y avait pas de contrôle. Il savait que ce que je proposais, moi, pour l'école, c'était pour l'école. Ce n'était pas pour me faire plaisir. C'était vraiment parce qu'il y avait un intérêt derrière. Je crois que c'est très important après dans la vie, quand tu recrutes des personnes, d'avoir quelqu'un de compétent, mais aussi quelqu'un en qui tu puisses avoir confiance. Parce que sinon, c'est chronophage, c'est ingérable, ingérable.

  • Bianca Lauret

    Je vais profiter du fait d'avoir une prof émérite de droit. Maître Loray, c'est quoi le sujet le moins bien compris par les étudiants quand on parle de droit ? Sur toutes les années, c'est quoi le truc qui ne percutait pas du tout ?

  • Pierre

    J'avais deux matières. J'avais le droit pénal des affaires et le droit des sociétés. Le droit des sociétés est un droit qui est beaucoup plus difficile à enseigner parce que c'est constitution, fonctionnement des sociétés. Donc, ça implique vraiment, pour le professeur, d'être dynamique pour ne pas ennuyer son auditoire. Mais alors il faut trouver des exemples, il faut... Mais j'ai jamais...

  • Bianca Lauret

    Tu vois un point de droit où tu savais que là il fallait qu'il enfonce le clou, que ça allait être difficile à comprendre ?

  • Pierre

    Un point qui est très important en droit pénal, qui est le problème de la prescription. Et c'est pas simple. Donc je leur donnais des exemples, je leur faisais faire des cas pratiques, même en amphi, pour qu'ils arrivent à comprendre, mais même, je faisais jamais de politique, mais par exemple dans l'affaire Fillon, c'était un point essentiel, la prescription. Donc pour qu'ils comprennent pourquoi là on peut, là on peut pas. Et c'est très complexe. Et pourtant, c'est important, en droit pénal des affaires, de connaître ce mécanisme.

  • Bianca Lauret

    Oui, ça peut nous sauver la vie, des fois, dans la construction. Ok, ok. En fait, c'est une histoire incroyablement riche, tout ça. Tout ce que tu nous racontes.

  • Pierre

    Oui, je n'ai pas parlé de la partie aussi... édition qui m'a occupé aussi. Oui,

  • Bianca Lauret

    parce que tu en as sorti des bouquins, madame.

  • Pierre

    Et je pense que ça aussi était très positif pour l'école, si tu veux, d'avoir un professeur qui, entre guillemets, écrit un ou des manuels, parce qu'il y en a eu plusieurs. Et que j'ai eu quand même une chance folle, parce que... C'est M. Riehi qui est venu me chercher. Toutes les belles choses qui me sont arrivées dans la vie, je ne les ai jamais demandées. Et en fait, un jour, on vient me voir en me disant « Economica cherche un auteur en droit pénal des affaires » et on aimerait vous proposer...

  • Bianca Lauret

    C'est la classe.

  • Pierre

    Non mais ça, c'est quand même la classe. Je n'ai pas 30 ans, donc je suis toute jeune. C'est quelqu'un qui connaissait mon cours. Donc, il savait comment j'enseignais. Et donc, je suis devant M. Pavleski, qui est aussi un monument, le grand patron d'Economica, et qui va, à partir des années ensemble, il va me faire confiance. Je n'aurai personne pour me relire. Je vais avoir une claviste, parce qu'à l'époque, il y avait quelqu'un qui... Une claviste ? Oui, j'avais une claviste qui s'appelle Madame Lhomme. Une femme extraordinaire qui tapait tous les bouquins dans le domaine juridique. Je ne savais même pas que ça existait à ce métier. Et qui a tapé mon premier jet. Après, tout a été numérisé à la huitième édition. C'était évidemment différent. Mais ça a été une aventure incroyable. Il y a une chose que je disais toujours le jour de la rentrée à mes étudiants. Je leur disais, vous savez, dans la vie, vous allez voir. Il y a un train qui va passer, vous aurez peut-être même deux trains qui vont passer. Soit vous restez sur le quai, soit vous montez dans le train. Et je pense que moi, ce premier, parce que ça a été le premier bouquin que j'ai écrit, le Repéter les affaires, ça a été véritablement déclencheur de beaucoup de choses. D'abord, ce que je leur dis, je leur dis, vous montez dans le train, mais vous pouvez monter dans le train et que ça vous donne beaucoup de travail. Ça demande des efforts, c'est pas simplement... se gargariser. Donc, ça a été un travail fou. Moi, en 86, j'ai quand même deux petits-enfants. Donc, j'en ai une née en 81, un petit garçon née en 82. Donc, en 86, ils ne sont quand même pas très vieux. Et donc, le bouquin est sorti en 86. J'ai mis deux ans à l'écrire. Donc...

  • Bianca Lauret

    Il faut jongler avec les différents aspects de sa vie.

  • Pierre

    Il faut jongler avec ta vie, ta vie, ta vie personnelle. Donc, mais ça a été vraiment une expérience formidable. Formidable.

  • Bianca Lauret

    Alors, il y a une... Question rituelle à la fin de Génération ISC, qui est, est-ce que tu as des alumnis à nous recommander pour passer au micro ? Alors, tu m'as fait...

  • Pierre

    Alors, je l'ai fait.

  • Bianca Lauret

    Tu as bien préparé. C'est une superbe bosseuse pion-carvel. C'est ça qui est agréable. Tu vois, moi, c'est ça que j'ai découvert en bossant avec toi. C'est que, tu es une bosseuse de fou furieux. Et donc, elle m'a fait une liste. Une liste. Une multi-promos, etc. Donc ça va être une partie hyper intéressante finalement. C'est quoi les noms qui te viennent ?

  • Pierre

    Alors, je les ai vraiment dans des domaines différents. Alors déjà, je vais citer quand même, dans ceux qui sont devenus avocats, j'ai des anciens qui ont eu des carrières, mais je n'aurais jamais imaginé une seconde quand j'ai créé cette spécialisation. Alors je vais citer Stéphanie Ancinas. Et attention, élue membre du conseil de l'ordre cette année.

  • Bianca Lauret

    Ah oui ?

  • Pierre

    C'est quand même... pas...

  • Bianca Lauret

    Ça pèse.

  • Pierre

    Ça pèse. Parce qu'à Paris, être élu membre du Conseil de l'Ordre, il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de candidats. D'accord. Et il n'y a pas beaucoup d'élus. Donc, en plus, elle a un profil atypique, puisqu'elle travaille principalement dans le domaine de l'immobilier. Donc, elle a un très beau cabinet dans le domaine de l'immobilier. Très, très compétente dans son domaine. Mais, c'est parfois éloigné des candidats qui font du pénal, qui font du civil. Donc, c'était pas... évident du tout, du tout, du tout pour elle. Donc, vraiment, je suis très heureuse.

  • Bianca Lauret

    Elle est issue d'une école de commerce, quelque part. C'est un conflit un peu atypique.

  • Pierre

    Elle est très fière. Donc, elle, je ne peux pas ne pas la citer. Parce que je l'ai soutenue.

  • Bianca Lauret

    Elle est sur LinkedIn, je peux la trouver sur LinkedIn.

  • Pierre

    Ah oui, tu peux la trouver sur LinkedIn. Alors, tous ceux qui sont nombreux sur la liste, ils sont tous sur LinkedIn. Alors, il y en a un certain nombre que j'ai engagé comme enseignant dans la spécialisation. Eh oui, en 93. Tu es dans l'économie circulaire, tu te vois du nid-clin. Et avec bonheur. Par exemple, Anne Caron, qui fait, elle, de la gestion de patrimoine à Genève, une magnifique légende de fortune. C'est vraiment du solide. Ça a été un professeur formidable, formidable pour moi. J'étais triste quand elle est partie à Genève. Mais ce qui est fou, c'est que j'en ai aussi dans le domaine de la finance. Je regarde aussi Marc Hulin qui travaille au Canada. Il a aussi des fonctions, mais incroyables. Alors, je ne veux pas parler que de mes anciens UJF. Il y a aussi des anciens... D'une manière générale, je ne sais pas si tu as déjà interviewé Karine Raguin.

  • Bianca Lauret

    Ah oui, mais sur un autre podcast.

  • Pierre

    Oui, mais elle, il ne faut pas la rater, parce que c'est quand même une personnalité. Ça a été une présidente du bureau des élèves qui vraiment a toujours répondu oui à toutes mes demandes après, au moment des accréditations. Alors, dès qu'elle pouvait, qu'elle était présente, elle a toujours, toujours, toujours été fidèle. Il y a eu beaucoup de fidèles. l'armée dans la liste bon Nicolas Leblanc aussi ça a été aussi vraiment j'ai tellement de noms à donner je serais triste parce que je veux pas je vais tellement en oublier je peux vous dire que dans sa liste il y en a au moins allez une cinquantaine fastoche donc dites vous que vous êtes dans la liste je peux pas non plus ne pas citer Julien Durand c'est qui Julien Durand ? c'est quelqu'un d'incroyable et d'incroyable qu'a fait... qui a poursuivi ses études après l'EJF, qui a fait Centrale de mémoire, là qui est chez Sanofi, qui est le patron de la conformité chez Sanofi. C'est incroyable. Il a eu un parcours incroyable et adorable toujours.

  • Bianca Lauret

    Qu'est-ce qui fait, à ton avis, la différence parce que tu en as vu passer quelques-uns, entre ceux qui vont avoir des parcours extraordinaires dans le sens, pas forcément en termes de succès, mais tu vois... qui sortent de l'ordinaire ? Tu vois, en prenant un peu de recul, tu les vois maintenant à 20 ans après. Qu'est-ce qui fait où tu te dis, tiens, là, je l'avais vu, celui-là ?

  • Pierre

    Il y a un élément. Je n'en ai pas un qui a vraiment un parcours extraordinaire, qui ne s'est pas investi dans le système associatif. Donc ça, déjà, j'aimerais citer Jérémy Berton. Et pourtant, Jérémy Berton, il n'a pas fait ma spécialisation. j'étais fidèle de ses conférences. Donc, il est à la Junior Entreprise. J'ai tout de suite vu que Jérémy, il allait avoir une carrière incroyable. Tu vois, quand même.

  • Bianca Lauret

    Épisode de génération ISC cherché. Oui, cherché, parce que c'est...

  • Pierre

    Il est chez AXA aujourd'hui. C'est très, très bel. Un très beau parcours. AXA Banque. Mais, on pouvait quand même dépister. vraiment des potentiels. Parce que sur le plan intellectuel, ça fonctionnait, et sur le plan humain, ça fonctionnait. Moi, je dis toujours, quand il n'y a pas les deux, il y a un petit manque qui va faire que j'ai eu des anciens excessivement forts au niveau technique, mais qui n'avaient pas justement ce côté humain, qui pour moi est essentiel.

  • Bianca Lauret

    L'avenir de l'ISC, c'est quoi, à ton avis ?

  • Pierre

    Je pense qu'il faut rester comme nous on l'était, très ouvert à toutes les évolutions. Pas forcément se laisser manger par les évolutions, savoir être au contact. Moi, j'appelais toujours mes principales recruteurs en disant « Est-ce que vous avez besoin de nouveau dans les matières que j'enseigne ? Est-ce que vous envoyez une supplémentaire qui pourrait être importante pour vous ? » Et j'ai fait évoluer mon programme.

  • Bianca Lauret

    Collé au marché.

  • Pierre

    Collé au marché. Mais ça, c'est essentiel. On est là pour qu'il trouve un travail à la sortie. C'était mon obsession.

  • Bianca Lauret

    OK. Il y a eu un moment dans ta vie où tu as dû prendre la décision de quitter la robe. Si tu pouvais revenir à ce moment-là, qu'est-ce que tu te susurrerais à l'oreille ?

  • Pierre

    C'est difficile parce que tu as tous tes copains avocats et tes copines qui m'ont appelé en me disant « mais regarde, qu'est-ce que tu fais ? »

  • Bianca Lauret

    « Qu'est-ce que c'est que cette connerie ? »

  • Pierre

    « Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? » Sans le soutien de mon mari, je pense que ça aurait été presque impossible. Parce que lui, c'était un spécialiste de droit bancaire. Donc lui, le droit pénal des affaires, qui était la plupart de mes dossiers, ce n'était pas son domaine. Il a accepté de récupérer. Alors, on a travaillé en collaboration le temps que je termine les dossiers. Et puis derrière, en fait, il a trouvé que c'était passionnant et il est devenu très bon. Ça a impacté sa vie pour lui aussi. Ça a impacté sa vie professionnelle aussi. Donc, ça, ça a été un vrai tournant.

  • Bianca Lauret

    OK. Mais tu te dirais quoi à ce moment-là, à toi ?

  • Pierre

    Fais ce que tu sens. C'est pour ça que je te dis le... Suis ton instinct. Je me souviens, M. Riaïm m'a dit, vous allez être salarié. Oui, je lui ai dit, vous allez être mon patron. Vous savez, je n'ai jamais eu de patron, sauf... La première année de stage, quand tu démarres ton métier d'avocat, mon patron était un homme extraordinaire mais pas très présent. Donc je lui ai dit, vous savez, je ne sais pas comment ça va se passer. Et j'étais inquiète d'avoir un patron, parce que je ne savais pas ce que c'était d'avoir un patron. Et c'est faux. Et c'est faux. Et je pense qu'il a compris que j'avais aussi besoin de liberté.

  • Bianca Lauret

    Avant de conclure, Bianca, est-ce qu'il y a un sujet que tu voulais aborder qu'on n'a pas abordé ?

  • Pierre

    On a fait un bon tour quand même.

  • Bianca Lauret

    Alors, moi, j'ai un message pour vous tous qui nous écoutez. Si à un moment ou un autre dans votre vie à l'ISC, vous avez été impacté en positif ou en négatif par Bianca Loray, je vous le redis, allez vous connecter à Bianca sur LinkedIn et lâchez-lui un petit mot. un, je pense que ça lui fera plaisir et deux ce sera une démonstration supplémentaire de la puissance du réseau du réseau Alumi. Un grand merci Bianca d'avoir partagé tout ça.

  • Pierre

    C'était une grande joie pour moi en plus de visiter, de connaître enfin Orléans.

  • Bianca Lauret

    Et puis vous savez pas tout mais parce qu'en off elle m'a partagé des trucs alors qu'on peut pas partager ici mais maintenant je sais des trucs je ne parlerai que sous la torture un grand merci Bianca de cet échange vraiment incroyable

  • Pierre

    Merci à toi,

  • Bianca Lauret

    Pierre.

  • Pierre

    Bye bye.

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