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Habilité.e.s

Paul, 38 ans Enquêteur spécialisé Lutte Contre le Blanchiment dans le Secteur de l'Art

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06min |16/02/2023
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06min |16/02/2023
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Description

Ils ont fait des études de commerce, d’intelligence économique et même artistique. Aujourd’hui
ils sont enquêteurs, analystes ou fonction support pour TRACFIN, le service de renseignement financier sous tutelle du Ministère en charge de l’Economie et du Budget. 

Qui se douterait que derrière ces agents se cachent des spécialistes du renseignement qui luttent contre le blanchiment de capitaux, la fraude aux finances publiques ou encore le financement du terrorisme ?   

Dans chaque épisode de ce podcast vous allez découvrir le portrait de ces femmes et de ces hommes tous habilité.e.s au niveau très secret qui travaillent au service de l’Etat français.    


Bienvenu dans Habilité.e.s, un podcast proposé par TRACFIN  


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Journaliste

    Ils ont fait des études de commerce, d'intelligence économique ou même artistique. Aujourd'hui, ils sont enquêteurs, analystes ou fonctions support pour TRACFIN, le service de renseignement financier sous tutelle du Ministère en charge de l'Économie et du Budget. Qui se douterait que derrière ces agents se cachent des spécialistes du renseignement qui luttent contre le blanchiment de capitaux, la fraude aux finances publiques ou encore le financement du terrorisme ? Dans chaque épisode de ce podcast, vous allez découvrir le portrait de ces femmes et de ces hommes tous habilités au niveau très secret qui travaillent au service de l'État français. Bienvenue dans Habilité.e.s. Habilité.e.s, un podcast proposé par TRACFIN. Aujourd'hui, c'est Paul qui doit me contacter. Je sais qu'il est spécialiste dans le domaine de l'art. Je me demande bien d'ailleurs comment on arrive chez TRACFIN avec un profil comme le sien. Il me tarde de découvrir tout ça. Ah, le voilà justement. Allez, c'est parti. Bonjour Paul.

  • Paul

    Bonjour.

  • Journaliste

    Merci beaucoup à vous de partager votre expérience. Alors, j'ai beaucoup de questions à vous poser sur ce que vous faites aujourd'hui chez TRACFIN. Mais avant, j'aimerais savoir comment vous avez rejoint le service de renseignement ?

  • Paul

    Avant TRACFIN, moi je n'ai pas fait forcément d'études liées au renseignement. Je n'ai pas de master en intelligence économique ou en sécurité défense. Mais en même temps c'est la force du service, c'est-à-dire qu'il n'y a pas de profil type. Moi je l'ai fait des études qui devaient me conduire à devenir commissaire priseur, et puis finalement j'ai opté pour une autre voie. Et en fait un jour, après avoir occupé différents postes de juriste dans l'administration, j'ai vu une fiche de poste pour TRACFIN. C'était une fiche de poste relative au marché de l'art, et du coup j'ai posé ma candidature parce que ça m'a semblé être une très belle opportunité d'utiliser les compétences que j'avais en termes de marché de l'art. Voilà, c'est pour ça que je suis arrivé dans le service.

  • Journaliste

    Et vous faites quoi exactement en tant qu'enquêteur spécialisé sur le secteur du marché de l'art ?

  • Paul

    Alors moi je suis sur un poste d'enquêteur, d'enquêteur spécialisé, il y a des enquêteurs généralistes, et moi je suis spécialisé sur le secteur du marché de l'art, au sein de la département d'enquête. Il ne faut pas s'imaginer un quotidien hyper palpitant, parce que je ne vois pas les œuvres d'art à la base. Déjà, moi on travaille uniquement sur dossiers, c'est-à-dire depuis notre bureau, et donc les œuvres d'art je ne les vois qu'en photo, je ne les approche jamais. C'est un travail... d'enquête financière, puisqu'on est un service de renseignements financiers, c'est beaucoup d'analyse de tout ce qui est flux financier, à travers les comptes bancaires, les liasses fiscales, les factures, tous les documents qu'on peut analyser dans le cadre de nos enquêtes. Et ça se double par tout ce qui est propre au marché de l'art, c'est-à-dire les factures, les expertises, les comptes rendus d'experts et autres documents comme ça que je peux avoir dans le cadre de mes enquêtes. Concrètement, on échange des informations avec d'autres services de renseignement, donc moi c'est principalement l'OCBC, l'Office central de lutte contre le trafic des biens culturels, et d'autres services partenaires. Et on peut également solliciter nos partenaires extérieurs, non institutionnels. Ça nous permet, si vous voulez, à la base, on part d'une information, on enrichit cette information et ça devient un renseignement, avec tout le travail d'enquête qu'on aura ajouté sur l'information.

  • Journaliste

    Ah ! Et sur le secteur du marché de l'art, quels sont les genres d'enquêtes sur lesquelles vous êtes amené à travailler ?

  • Paul

    Alors s'agissant du marché de l'art, il y a deux grandes thématiques, il y a le blanchiment par les œuvres d'art et le blanchiment des œuvres d'art. Par les œuvres d'art, c'est du blanchiment de fonds qui sont en fait investis sur le marché de l'art. Par exemple, une société achète une œuvre d'art sur le marché, la transfère à un tiers et elle peut être revendue. Et comme ça, vous pouvez en fait céder une sorte de créance, transférer les fonds à un tiers. Et le blanchiment des œuvres d'art en elles-mêmes, ce sont des œuvres d'art dont la traçabilité laisse à désirer. Et effectivement, mon travail dans ces cas-là consiste à retrouver l'origine de ces pièces. Ça peut être des œuvres d'art, des biens culturels, si vous voulez, dont on avait perdu la trace depuis quelques temps. Ça peut être des pièces qui étaient en fait dans des successions, mais ça peut être aussi des biens qui ont été pillés ou volés sur des théâtres de guerre. Et dans ce cas-là, c'est ce qu'on appelle les "antiquités du sang", ça pose beaucoup plus de problèmes. Mais je ne vois, une fois encore, je ne vois jamais les œuvres d'art en vrai.

  • Journaliste

    C'est dommage quand même.

  • Paul

    C'est dommage, je suis bien d'accord, mais (rires) c'est comme ça. C'est un petit côté frustrant.

  • Journaliste

    Quelles sont les qualités qu'il faut avoir pour exercer votre métier ?

  • Paul

    Alors selon moi, les trois qualités requises pour être un bon enquêteur, ce serait la curiosité, la discrétion et l'implication.

  • Journaliste

    Quelles sont les enquêtes qui vous ont marqué ? Si vous pouvez bien entendu les partager avec nous.

  • Paul

    Alors je pourrais vous évoquer deux dossiers. Il y en avait un, c'était une transmission à l'autorité judiciaire sur un réseau d'achats-reventes d'œuvres, très probablement fausses en art contemporain. entre deux galeries parisiennes, mais avec des intermédiaires qui étaient entre les deux défavorablement connus. Et ce qu'il s'est agi de démontrer, c'était effectivement qu'il y avait des flux financiers atypiques entre ces acteurs, qu'il n'y avait pas de réalité d'échanges commerciaux entre ces galeries et que la plupart du temps, il s'agissait en fait de couvrir des échanges d'œuvres falsifiées, pour être tout à fait honnête, qui avaient été fabriquées en partie à l'étranger et qui étaient couvertes par des flux financiers entre ces galeries via ces intermédiaires. Et un autre dossier très intéressant, ça avait été la vente d'une statue antique du 3e millénaire avant notre ère pour laquelle il avait fallu que je saisisse pas mal de prestataires extérieurs pour reconstituer la traçabilité, l'origine, et la retrouver dans des successions, dans des votes aux enchères, pour pouvoir remonter à une date antérieure à 1971, qui est la Convention sur le commerce des biens culturels.

  • Journaliste

    Une dernière question, Paul. Vous devez être fier de ce que vous faites.

  • Paul

    Fier, je ne sais pas. En tout cas, on se sent utile, puisqu'on agit quand même pour la protection des intérêts de la nation, et puis on contribue quand même à protéger les citoyens contre ce type de phénomène d'escroquerie ou de fraude.

  • Journaliste

    C'est la fin de cet épisode d'Habilité.e.s. Merci à Paul d'avoir partagé avec nous son expérience. Retrouvez les épisodes sur toutes les plateformes de podcast. Et si les métiers de TRACFIN vous intéressent, rendez-vous sur Passerelles, le site de recrutement du Ministère de l'Économie et des Finances, ou sur le site Place de l'Emploi Public. Bonne journée à tous et à bientôt. Habilité.e.s, un podcast proposé par TRACFIN.

Description

Ils ont fait des études de commerce, d’intelligence économique et même artistique. Aujourd’hui
ils sont enquêteurs, analystes ou fonction support pour TRACFIN, le service de renseignement financier sous tutelle du Ministère en charge de l’Economie et du Budget. 

Qui se douterait que derrière ces agents se cachent des spécialistes du renseignement qui luttent contre le blanchiment de capitaux, la fraude aux finances publiques ou encore le financement du terrorisme ?   

Dans chaque épisode de ce podcast vous allez découvrir le portrait de ces femmes et de ces hommes tous habilité.e.s au niveau très secret qui travaillent au service de l’Etat français.    


Bienvenu dans Habilité.e.s, un podcast proposé par TRACFIN  


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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  • Journaliste

    Ils ont fait des études de commerce, d'intelligence économique ou même artistique. Aujourd'hui, ils sont enquêteurs, analystes ou fonctions support pour TRACFIN, le service de renseignement financier sous tutelle du Ministère en charge de l'Économie et du Budget. Qui se douterait que derrière ces agents se cachent des spécialistes du renseignement qui luttent contre le blanchiment de capitaux, la fraude aux finances publiques ou encore le financement du terrorisme ? Dans chaque épisode de ce podcast, vous allez découvrir le portrait de ces femmes et de ces hommes tous habilités au niveau très secret qui travaillent au service de l'État français. Bienvenue dans Habilité.e.s. Habilité.e.s, un podcast proposé par TRACFIN. Aujourd'hui, c'est Paul qui doit me contacter. Je sais qu'il est spécialiste dans le domaine de l'art. Je me demande bien d'ailleurs comment on arrive chez TRACFIN avec un profil comme le sien. Il me tarde de découvrir tout ça. Ah, le voilà justement. Allez, c'est parti. Bonjour Paul.

  • Paul

    Bonjour.

  • Journaliste

    Merci beaucoup à vous de partager votre expérience. Alors, j'ai beaucoup de questions à vous poser sur ce que vous faites aujourd'hui chez TRACFIN. Mais avant, j'aimerais savoir comment vous avez rejoint le service de renseignement ?

  • Paul

    Avant TRACFIN, moi je n'ai pas fait forcément d'études liées au renseignement. Je n'ai pas de master en intelligence économique ou en sécurité défense. Mais en même temps c'est la force du service, c'est-à-dire qu'il n'y a pas de profil type. Moi je l'ai fait des études qui devaient me conduire à devenir commissaire priseur, et puis finalement j'ai opté pour une autre voie. Et en fait un jour, après avoir occupé différents postes de juriste dans l'administration, j'ai vu une fiche de poste pour TRACFIN. C'était une fiche de poste relative au marché de l'art, et du coup j'ai posé ma candidature parce que ça m'a semblé être une très belle opportunité d'utiliser les compétences que j'avais en termes de marché de l'art. Voilà, c'est pour ça que je suis arrivé dans le service.

  • Journaliste

    Et vous faites quoi exactement en tant qu'enquêteur spécialisé sur le secteur du marché de l'art ?

  • Paul

    Alors moi je suis sur un poste d'enquêteur, d'enquêteur spécialisé, il y a des enquêteurs généralistes, et moi je suis spécialisé sur le secteur du marché de l'art, au sein de la département d'enquête. Il ne faut pas s'imaginer un quotidien hyper palpitant, parce que je ne vois pas les œuvres d'art à la base. Déjà, moi on travaille uniquement sur dossiers, c'est-à-dire depuis notre bureau, et donc les œuvres d'art je ne les vois qu'en photo, je ne les approche jamais. C'est un travail... d'enquête financière, puisqu'on est un service de renseignements financiers, c'est beaucoup d'analyse de tout ce qui est flux financier, à travers les comptes bancaires, les liasses fiscales, les factures, tous les documents qu'on peut analyser dans le cadre de nos enquêtes. Et ça se double par tout ce qui est propre au marché de l'art, c'est-à-dire les factures, les expertises, les comptes rendus d'experts et autres documents comme ça que je peux avoir dans le cadre de mes enquêtes. Concrètement, on échange des informations avec d'autres services de renseignement, donc moi c'est principalement l'OCBC, l'Office central de lutte contre le trafic des biens culturels, et d'autres services partenaires. Et on peut également solliciter nos partenaires extérieurs, non institutionnels. Ça nous permet, si vous voulez, à la base, on part d'une information, on enrichit cette information et ça devient un renseignement, avec tout le travail d'enquête qu'on aura ajouté sur l'information.

  • Journaliste

    Ah ! Et sur le secteur du marché de l'art, quels sont les genres d'enquêtes sur lesquelles vous êtes amené à travailler ?

  • Paul

    Alors s'agissant du marché de l'art, il y a deux grandes thématiques, il y a le blanchiment par les œuvres d'art et le blanchiment des œuvres d'art. Par les œuvres d'art, c'est du blanchiment de fonds qui sont en fait investis sur le marché de l'art. Par exemple, une société achète une œuvre d'art sur le marché, la transfère à un tiers et elle peut être revendue. Et comme ça, vous pouvez en fait céder une sorte de créance, transférer les fonds à un tiers. Et le blanchiment des œuvres d'art en elles-mêmes, ce sont des œuvres d'art dont la traçabilité laisse à désirer. Et effectivement, mon travail dans ces cas-là consiste à retrouver l'origine de ces pièces. Ça peut être des œuvres d'art, des biens culturels, si vous voulez, dont on avait perdu la trace depuis quelques temps. Ça peut être des pièces qui étaient en fait dans des successions, mais ça peut être aussi des biens qui ont été pillés ou volés sur des théâtres de guerre. Et dans ce cas-là, c'est ce qu'on appelle les "antiquités du sang", ça pose beaucoup plus de problèmes. Mais je ne vois, une fois encore, je ne vois jamais les œuvres d'art en vrai.

  • Journaliste

    C'est dommage quand même.

  • Paul

    C'est dommage, je suis bien d'accord, mais (rires) c'est comme ça. C'est un petit côté frustrant.

  • Journaliste

    Quelles sont les qualités qu'il faut avoir pour exercer votre métier ?

  • Paul

    Alors selon moi, les trois qualités requises pour être un bon enquêteur, ce serait la curiosité, la discrétion et l'implication.

  • Journaliste

    Quelles sont les enquêtes qui vous ont marqué ? Si vous pouvez bien entendu les partager avec nous.

  • Paul

    Alors je pourrais vous évoquer deux dossiers. Il y en avait un, c'était une transmission à l'autorité judiciaire sur un réseau d'achats-reventes d'œuvres, très probablement fausses en art contemporain. entre deux galeries parisiennes, mais avec des intermédiaires qui étaient entre les deux défavorablement connus. Et ce qu'il s'est agi de démontrer, c'était effectivement qu'il y avait des flux financiers atypiques entre ces acteurs, qu'il n'y avait pas de réalité d'échanges commerciaux entre ces galeries et que la plupart du temps, il s'agissait en fait de couvrir des échanges d'œuvres falsifiées, pour être tout à fait honnête, qui avaient été fabriquées en partie à l'étranger et qui étaient couvertes par des flux financiers entre ces galeries via ces intermédiaires. Et un autre dossier très intéressant, ça avait été la vente d'une statue antique du 3e millénaire avant notre ère pour laquelle il avait fallu que je saisisse pas mal de prestataires extérieurs pour reconstituer la traçabilité, l'origine, et la retrouver dans des successions, dans des votes aux enchères, pour pouvoir remonter à une date antérieure à 1971, qui est la Convention sur le commerce des biens culturels.

  • Journaliste

    Une dernière question, Paul. Vous devez être fier de ce que vous faites.

  • Paul

    Fier, je ne sais pas. En tout cas, on se sent utile, puisqu'on agit quand même pour la protection des intérêts de la nation, et puis on contribue quand même à protéger les citoyens contre ce type de phénomène d'escroquerie ou de fraude.

  • Journaliste

    C'est la fin de cet épisode d'Habilité.e.s. Merci à Paul d'avoir partagé avec nous son expérience. Retrouvez les épisodes sur toutes les plateformes de podcast. Et si les métiers de TRACFIN vous intéressent, rendez-vous sur Passerelles, le site de recrutement du Ministère de l'Économie et des Finances, ou sur le site Place de l'Emploi Public. Bonne journée à tous et à bientôt. Habilité.e.s, un podcast proposé par TRACFIN.

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Ils ont fait des études de commerce, d’intelligence économique et même artistique. Aujourd’hui
ils sont enquêteurs, analystes ou fonction support pour TRACFIN, le service de renseignement financier sous tutelle du Ministère en charge de l’Economie et du Budget. 

Qui se douterait que derrière ces agents se cachent des spécialistes du renseignement qui luttent contre le blanchiment de capitaux, la fraude aux finances publiques ou encore le financement du terrorisme ?   

Dans chaque épisode de ce podcast vous allez découvrir le portrait de ces femmes et de ces hommes tous habilité.e.s au niveau très secret qui travaillent au service de l’Etat français.    


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    Ils ont fait des études de commerce, d'intelligence économique ou même artistique. Aujourd'hui, ils sont enquêteurs, analystes ou fonctions support pour TRACFIN, le service de renseignement financier sous tutelle du Ministère en charge de l'Économie et du Budget. Qui se douterait que derrière ces agents se cachent des spécialistes du renseignement qui luttent contre le blanchiment de capitaux, la fraude aux finances publiques ou encore le financement du terrorisme ? Dans chaque épisode de ce podcast, vous allez découvrir le portrait de ces femmes et de ces hommes tous habilités au niveau très secret qui travaillent au service de l'État français. Bienvenue dans Habilité.e.s. Habilité.e.s, un podcast proposé par TRACFIN. Aujourd'hui, c'est Paul qui doit me contacter. Je sais qu'il est spécialiste dans le domaine de l'art. Je me demande bien d'ailleurs comment on arrive chez TRACFIN avec un profil comme le sien. Il me tarde de découvrir tout ça. Ah, le voilà justement. Allez, c'est parti. Bonjour Paul.

  • Paul

    Bonjour.

  • Journaliste

    Merci beaucoup à vous de partager votre expérience. Alors, j'ai beaucoup de questions à vous poser sur ce que vous faites aujourd'hui chez TRACFIN. Mais avant, j'aimerais savoir comment vous avez rejoint le service de renseignement ?

  • Paul

    Avant TRACFIN, moi je n'ai pas fait forcément d'études liées au renseignement. Je n'ai pas de master en intelligence économique ou en sécurité défense. Mais en même temps c'est la force du service, c'est-à-dire qu'il n'y a pas de profil type. Moi je l'ai fait des études qui devaient me conduire à devenir commissaire priseur, et puis finalement j'ai opté pour une autre voie. Et en fait un jour, après avoir occupé différents postes de juriste dans l'administration, j'ai vu une fiche de poste pour TRACFIN. C'était une fiche de poste relative au marché de l'art, et du coup j'ai posé ma candidature parce que ça m'a semblé être une très belle opportunité d'utiliser les compétences que j'avais en termes de marché de l'art. Voilà, c'est pour ça que je suis arrivé dans le service.

  • Journaliste

    Et vous faites quoi exactement en tant qu'enquêteur spécialisé sur le secteur du marché de l'art ?

  • Paul

    Alors moi je suis sur un poste d'enquêteur, d'enquêteur spécialisé, il y a des enquêteurs généralistes, et moi je suis spécialisé sur le secteur du marché de l'art, au sein de la département d'enquête. Il ne faut pas s'imaginer un quotidien hyper palpitant, parce que je ne vois pas les œuvres d'art à la base. Déjà, moi on travaille uniquement sur dossiers, c'est-à-dire depuis notre bureau, et donc les œuvres d'art je ne les vois qu'en photo, je ne les approche jamais. C'est un travail... d'enquête financière, puisqu'on est un service de renseignements financiers, c'est beaucoup d'analyse de tout ce qui est flux financier, à travers les comptes bancaires, les liasses fiscales, les factures, tous les documents qu'on peut analyser dans le cadre de nos enquêtes. Et ça se double par tout ce qui est propre au marché de l'art, c'est-à-dire les factures, les expertises, les comptes rendus d'experts et autres documents comme ça que je peux avoir dans le cadre de mes enquêtes. Concrètement, on échange des informations avec d'autres services de renseignement, donc moi c'est principalement l'OCBC, l'Office central de lutte contre le trafic des biens culturels, et d'autres services partenaires. Et on peut également solliciter nos partenaires extérieurs, non institutionnels. Ça nous permet, si vous voulez, à la base, on part d'une information, on enrichit cette information et ça devient un renseignement, avec tout le travail d'enquête qu'on aura ajouté sur l'information.

  • Journaliste

    Ah ! Et sur le secteur du marché de l'art, quels sont les genres d'enquêtes sur lesquelles vous êtes amené à travailler ?

  • Paul

    Alors s'agissant du marché de l'art, il y a deux grandes thématiques, il y a le blanchiment par les œuvres d'art et le blanchiment des œuvres d'art. Par les œuvres d'art, c'est du blanchiment de fonds qui sont en fait investis sur le marché de l'art. Par exemple, une société achète une œuvre d'art sur le marché, la transfère à un tiers et elle peut être revendue. Et comme ça, vous pouvez en fait céder une sorte de créance, transférer les fonds à un tiers. Et le blanchiment des œuvres d'art en elles-mêmes, ce sont des œuvres d'art dont la traçabilité laisse à désirer. Et effectivement, mon travail dans ces cas-là consiste à retrouver l'origine de ces pièces. Ça peut être des œuvres d'art, des biens culturels, si vous voulez, dont on avait perdu la trace depuis quelques temps. Ça peut être des pièces qui étaient en fait dans des successions, mais ça peut être aussi des biens qui ont été pillés ou volés sur des théâtres de guerre. Et dans ce cas-là, c'est ce qu'on appelle les "antiquités du sang", ça pose beaucoup plus de problèmes. Mais je ne vois, une fois encore, je ne vois jamais les œuvres d'art en vrai.

  • Journaliste

    C'est dommage quand même.

  • Paul

    C'est dommage, je suis bien d'accord, mais (rires) c'est comme ça. C'est un petit côté frustrant.

  • Journaliste

    Quelles sont les qualités qu'il faut avoir pour exercer votre métier ?

  • Paul

    Alors selon moi, les trois qualités requises pour être un bon enquêteur, ce serait la curiosité, la discrétion et l'implication.

  • Journaliste

    Quelles sont les enquêtes qui vous ont marqué ? Si vous pouvez bien entendu les partager avec nous.

  • Paul

    Alors je pourrais vous évoquer deux dossiers. Il y en avait un, c'était une transmission à l'autorité judiciaire sur un réseau d'achats-reventes d'œuvres, très probablement fausses en art contemporain. entre deux galeries parisiennes, mais avec des intermédiaires qui étaient entre les deux défavorablement connus. Et ce qu'il s'est agi de démontrer, c'était effectivement qu'il y avait des flux financiers atypiques entre ces acteurs, qu'il n'y avait pas de réalité d'échanges commerciaux entre ces galeries et que la plupart du temps, il s'agissait en fait de couvrir des échanges d'œuvres falsifiées, pour être tout à fait honnête, qui avaient été fabriquées en partie à l'étranger et qui étaient couvertes par des flux financiers entre ces galeries via ces intermédiaires. Et un autre dossier très intéressant, ça avait été la vente d'une statue antique du 3e millénaire avant notre ère pour laquelle il avait fallu que je saisisse pas mal de prestataires extérieurs pour reconstituer la traçabilité, l'origine, et la retrouver dans des successions, dans des votes aux enchères, pour pouvoir remonter à une date antérieure à 1971, qui est la Convention sur le commerce des biens culturels.

  • Journaliste

    Une dernière question, Paul. Vous devez être fier de ce que vous faites.

  • Paul

    Fier, je ne sais pas. En tout cas, on se sent utile, puisqu'on agit quand même pour la protection des intérêts de la nation, et puis on contribue quand même à protéger les citoyens contre ce type de phénomène d'escroquerie ou de fraude.

  • Journaliste

    C'est la fin de cet épisode d'Habilité.e.s. Merci à Paul d'avoir partagé avec nous son expérience. Retrouvez les épisodes sur toutes les plateformes de podcast. Et si les métiers de TRACFIN vous intéressent, rendez-vous sur Passerelles, le site de recrutement du Ministère de l'Économie et des Finances, ou sur le site Place de l'Emploi Public. Bonne journée à tous et à bientôt. Habilité.e.s, un podcast proposé par TRACFIN.

Description

Ils ont fait des études de commerce, d’intelligence économique et même artistique. Aujourd’hui
ils sont enquêteurs, analystes ou fonction support pour TRACFIN, le service de renseignement financier sous tutelle du Ministère en charge de l’Economie et du Budget. 

Qui se douterait que derrière ces agents se cachent des spécialistes du renseignement qui luttent contre le blanchiment de capitaux, la fraude aux finances publiques ou encore le financement du terrorisme ?   

Dans chaque épisode de ce podcast vous allez découvrir le portrait de ces femmes et de ces hommes tous habilité.e.s au niveau très secret qui travaillent au service de l’Etat français.    


Bienvenu dans Habilité.e.s, un podcast proposé par TRACFIN  


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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  • Journaliste

    Ils ont fait des études de commerce, d'intelligence économique ou même artistique. Aujourd'hui, ils sont enquêteurs, analystes ou fonctions support pour TRACFIN, le service de renseignement financier sous tutelle du Ministère en charge de l'Économie et du Budget. Qui se douterait que derrière ces agents se cachent des spécialistes du renseignement qui luttent contre le blanchiment de capitaux, la fraude aux finances publiques ou encore le financement du terrorisme ? Dans chaque épisode de ce podcast, vous allez découvrir le portrait de ces femmes et de ces hommes tous habilités au niveau très secret qui travaillent au service de l'État français. Bienvenue dans Habilité.e.s. Habilité.e.s, un podcast proposé par TRACFIN. Aujourd'hui, c'est Paul qui doit me contacter. Je sais qu'il est spécialiste dans le domaine de l'art. Je me demande bien d'ailleurs comment on arrive chez TRACFIN avec un profil comme le sien. Il me tarde de découvrir tout ça. Ah, le voilà justement. Allez, c'est parti. Bonjour Paul.

  • Paul

    Bonjour.

  • Journaliste

    Merci beaucoup à vous de partager votre expérience. Alors, j'ai beaucoup de questions à vous poser sur ce que vous faites aujourd'hui chez TRACFIN. Mais avant, j'aimerais savoir comment vous avez rejoint le service de renseignement ?

  • Paul

    Avant TRACFIN, moi je n'ai pas fait forcément d'études liées au renseignement. Je n'ai pas de master en intelligence économique ou en sécurité défense. Mais en même temps c'est la force du service, c'est-à-dire qu'il n'y a pas de profil type. Moi je l'ai fait des études qui devaient me conduire à devenir commissaire priseur, et puis finalement j'ai opté pour une autre voie. Et en fait un jour, après avoir occupé différents postes de juriste dans l'administration, j'ai vu une fiche de poste pour TRACFIN. C'était une fiche de poste relative au marché de l'art, et du coup j'ai posé ma candidature parce que ça m'a semblé être une très belle opportunité d'utiliser les compétences que j'avais en termes de marché de l'art. Voilà, c'est pour ça que je suis arrivé dans le service.

  • Journaliste

    Et vous faites quoi exactement en tant qu'enquêteur spécialisé sur le secteur du marché de l'art ?

  • Paul

    Alors moi je suis sur un poste d'enquêteur, d'enquêteur spécialisé, il y a des enquêteurs généralistes, et moi je suis spécialisé sur le secteur du marché de l'art, au sein de la département d'enquête. Il ne faut pas s'imaginer un quotidien hyper palpitant, parce que je ne vois pas les œuvres d'art à la base. Déjà, moi on travaille uniquement sur dossiers, c'est-à-dire depuis notre bureau, et donc les œuvres d'art je ne les vois qu'en photo, je ne les approche jamais. C'est un travail... d'enquête financière, puisqu'on est un service de renseignements financiers, c'est beaucoup d'analyse de tout ce qui est flux financier, à travers les comptes bancaires, les liasses fiscales, les factures, tous les documents qu'on peut analyser dans le cadre de nos enquêtes. Et ça se double par tout ce qui est propre au marché de l'art, c'est-à-dire les factures, les expertises, les comptes rendus d'experts et autres documents comme ça que je peux avoir dans le cadre de mes enquêtes. Concrètement, on échange des informations avec d'autres services de renseignement, donc moi c'est principalement l'OCBC, l'Office central de lutte contre le trafic des biens culturels, et d'autres services partenaires. Et on peut également solliciter nos partenaires extérieurs, non institutionnels. Ça nous permet, si vous voulez, à la base, on part d'une information, on enrichit cette information et ça devient un renseignement, avec tout le travail d'enquête qu'on aura ajouté sur l'information.

  • Journaliste

    Ah ! Et sur le secteur du marché de l'art, quels sont les genres d'enquêtes sur lesquelles vous êtes amené à travailler ?

  • Paul

    Alors s'agissant du marché de l'art, il y a deux grandes thématiques, il y a le blanchiment par les œuvres d'art et le blanchiment des œuvres d'art. Par les œuvres d'art, c'est du blanchiment de fonds qui sont en fait investis sur le marché de l'art. Par exemple, une société achète une œuvre d'art sur le marché, la transfère à un tiers et elle peut être revendue. Et comme ça, vous pouvez en fait céder une sorte de créance, transférer les fonds à un tiers. Et le blanchiment des œuvres d'art en elles-mêmes, ce sont des œuvres d'art dont la traçabilité laisse à désirer. Et effectivement, mon travail dans ces cas-là consiste à retrouver l'origine de ces pièces. Ça peut être des œuvres d'art, des biens culturels, si vous voulez, dont on avait perdu la trace depuis quelques temps. Ça peut être des pièces qui étaient en fait dans des successions, mais ça peut être aussi des biens qui ont été pillés ou volés sur des théâtres de guerre. Et dans ce cas-là, c'est ce qu'on appelle les "antiquités du sang", ça pose beaucoup plus de problèmes. Mais je ne vois, une fois encore, je ne vois jamais les œuvres d'art en vrai.

  • Journaliste

    C'est dommage quand même.

  • Paul

    C'est dommage, je suis bien d'accord, mais (rires) c'est comme ça. C'est un petit côté frustrant.

  • Journaliste

    Quelles sont les qualités qu'il faut avoir pour exercer votre métier ?

  • Paul

    Alors selon moi, les trois qualités requises pour être un bon enquêteur, ce serait la curiosité, la discrétion et l'implication.

  • Journaliste

    Quelles sont les enquêtes qui vous ont marqué ? Si vous pouvez bien entendu les partager avec nous.

  • Paul

    Alors je pourrais vous évoquer deux dossiers. Il y en avait un, c'était une transmission à l'autorité judiciaire sur un réseau d'achats-reventes d'œuvres, très probablement fausses en art contemporain. entre deux galeries parisiennes, mais avec des intermédiaires qui étaient entre les deux défavorablement connus. Et ce qu'il s'est agi de démontrer, c'était effectivement qu'il y avait des flux financiers atypiques entre ces acteurs, qu'il n'y avait pas de réalité d'échanges commerciaux entre ces galeries et que la plupart du temps, il s'agissait en fait de couvrir des échanges d'œuvres falsifiées, pour être tout à fait honnête, qui avaient été fabriquées en partie à l'étranger et qui étaient couvertes par des flux financiers entre ces galeries via ces intermédiaires. Et un autre dossier très intéressant, ça avait été la vente d'une statue antique du 3e millénaire avant notre ère pour laquelle il avait fallu que je saisisse pas mal de prestataires extérieurs pour reconstituer la traçabilité, l'origine, et la retrouver dans des successions, dans des votes aux enchères, pour pouvoir remonter à une date antérieure à 1971, qui est la Convention sur le commerce des biens culturels.

  • Journaliste

    Une dernière question, Paul. Vous devez être fier de ce que vous faites.

  • Paul

    Fier, je ne sais pas. En tout cas, on se sent utile, puisqu'on agit quand même pour la protection des intérêts de la nation, et puis on contribue quand même à protéger les citoyens contre ce type de phénomène d'escroquerie ou de fraude.

  • Journaliste

    C'est la fin de cet épisode d'Habilité.e.s. Merci à Paul d'avoir partagé avec nous son expérience. Retrouvez les épisodes sur toutes les plateformes de podcast. Et si les métiers de TRACFIN vous intéressent, rendez-vous sur Passerelles, le site de recrutement du Ministère de l'Économie et des Finances, ou sur le site Place de l'Emploi Public. Bonne journée à tous et à bientôt. Habilité.e.s, un podcast proposé par TRACFIN.

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