Sébastien Nolésini, retour sur une olympiade d’actions cover
Sébastien Nolésini, retour sur une olympiade d’actions cover
Hajime, entretiens sur et en dehors des tatamis

Sébastien Nolésini, retour sur une olympiade d’actions

Sébastien Nolésini, retour sur une olympiade d’actions

46min |02/10/2024
Play
Sébastien Nolésini, retour sur une olympiade d’actions cover
Sébastien Nolésini, retour sur une olympiade d’actions cover
Hajime, entretiens sur et en dehors des tatamis

Sébastien Nolésini, retour sur une olympiade d’actions

Sébastien Nolésini, retour sur une olympiade d’actions

46min |02/10/2024
Play

Description

Alors que l’équipe menée par Stéphane Nomis brigue un second mandat à la tête de la fédération française en ce mois d’octobre 2024, Sébastien Nolésini, directeur général de France Judo, revient sur ces quatre années passées aux commandes. L’occasion de rappeler les nombreux chantiers lancés, dont le programme 1000 Dojos, la Dojo Academy ou encore la gestion du dossier du grand dôme de Villebon-sur-Yvette, mais aussi d’évoquer l’avenir dans la foulée de Jeux olympiques et paralympiques inoubliables à Paris cet été. Avec un rôle moteur qu’il compte bien voir dépasser le cadre national, notamment sur le volet de nouveaux formats de compétitions internationales inspirées du modèle de la Judo Pro League initiée en 2022, ou sur celui de l’évolution de l’arbitrage mondial, sujet sur lequel il dévoile que la France et le Japon coopèrent depuis des mois pour des propositions concrètes formulées à la fédération internationale.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Générique

    Professeurs, entraîneurs, experts, champions d'hier et d'aujourd'hui, mais aussi judokas anonymes, le podcast de l'esprit du judo, c'est maintenant.

  • L'Esprit du Judo

    Hajimé ! Directeur général à la Fédération Française de Judo Jujutsu Kendo et Disciplines Associées, en place depuis novembre 2020. Vous êtes arrivé avec toute l'équipe, la nouvelle équipe de direction du judo français, sous la présidence de la Fédération Française de Judo. de Stéphane Nomis. Vous êtes arrivé en plein Covid, il y a 4 ans, juste avant les Jeux de Tokyo. Nous voici après le Triomphe de Paris. On peut dire qu'il s'est donc passé beaucoup de choses. Bonjour Sébastien Nolésini.

  • Sébastien Nolésini

    Bonjour Emmanuel. Effectivement, en 4 ans, ça a été très très vite. Les Jeux de Paris, on va dire que c'est un peu la cerise sur le gâteau, c'est le fruit de tout un travail tout au long de cette Olympiade qui démarre effectivement sur une période de Covid où les dojos étaient fermés. On prend la gouvernance de la Fédération le 20 novembre 2020 exactement. On a des dojos fermés jusqu'au mois de mai, jusqu'au mois de juin, c'est-à-dire toute la saison. Il a fallu innover, il a fallu être inventif pour relancer le judo. Ça a été notre première... action et puis notre objectif, on ne savait pas où on allait, on découvrait cette fédération qui était quand même une fédération un peu en difficulté avec une chute des licences récurrente depuis un certain nombre d'années, depuis plus de dix ans avec des affaires, avec des dojos fermés, ça c'était plus conjoncturel que structurel mais en tout cas une fédération en difficulté la première démarche a été de de penser aux acteurs qui font le judo au quotidien les clubs, les profs, les bénévoles et les comités. Et on a lancé ce fameux plan de relance avec les dojos fermés, qui a plutôt bien marché, puisque quand on prend la fédération, 315 000 licences, en fin de saison, on termine à 378 000 licences. Donc avec des dojos fermés, on a réussi à aller chercher des pratiquants à travers un certain nombre d'actions mises en place par les clubs partout en France pour faire savoir que le judo était encore bien présent et surtout qu'il n'était pas mort. Donc ça, c'est la première étape. Ensuite, il y a eu plein de dispositifs de mise en place. On en parlera certainement. Mais vraiment, le premier temps, c'est celui-là, relancer le judo français.

  • L'Esprit du Judo

    Alors justement, effectivement, on a un peu oublié, parce que les choses vont vite, y compris dans les têtes. Vous arrivez dans une situation d'urgence avec un vrai risque financier. Je me rappelle quand on en parlait, vous disiez qu'il y avait même un risque de crise. Payer les gens à ce moment-là, c'était le risque auquel vous avez paré. Donc on est quatre ans plus tard, c'est la fin de la première mandature, la première présidence de Stéphane Noumis. Où est-ce qu'on en est justement sur les finances, sur les licences et sur les finances ?

  • Sébastien Nolésini

    Alors sur les finances, quand on prend la fédération, on n'a plus de fonds propres. On a 55 000 euros de fonds propres. On a un budget qui avait été voté à 30 millions d'euros. qu'on doit ramener à 25 millions d'euros, c'est-à-dire qu'il faut qu'en quelques semaines, on fasse 5 millions d'économies pour pouvoir effectivement payer les salaires et pas fermer la fédération. Donc c'est ce qu'on s'est attaché à faire avec le trésorier Nasser Nechard, tout de suite, à voir où on pouvait faire des efforts. On s'est aussi attaché, ça c'est plus avec Stéphane Domis, le président, à aller chercher des recettes. On a été taper un petit peu à toutes les portes pour voir comment... on pouvait être aidé durant cette période. Donc l'Agence Nationale du Sport nous a beaucoup aidé, le ministère des Sports aussi. Ça, ça nous a permis de faire le doron. Aujourd'hui, on est à 40 millions d'euros de budget, c'est-à-dire qu'on a changé le modèle économique de la Fédération, qui était très dépendant des licences. Donc vous imaginez, quand vous avez les dojos fermés et pas de prise de licence, vous êtes en grande difficulté. Donc on ne voulait pas de nouveau se retrouver dans cette situation et de nouveau que la Fédération soit en péril si elle rencontrait des difficultés comme on a pu rencontrer avec la COVID. Donc diversifier les revenus, faire évoluer le modèle économique, c'est aussi aller chercher de nouvelles recettes. Donc tout ce qui est... on a créé une école de formation qui s'appelle la Dojo Académie qui est une source de revenus très importante. On a aussi optimisé et commercialisé le patrimoine de France Judo. que ce soit Villebon qui était déficitaire, qui ne l'est plus.

  • L'Esprit du Judo

    Alors parlons de Villebon, puisque il était question de le vendre.

  • Sébastien Nolésini

    Il est toujours question de le vendre, c'est en cours. Le marché de la promotion immobilière a connu un coup de frein et donc la société Réalité qui avait signé la promesse de vente a dû patienter. Le plan local d'urbanisme voté par la ville a été voté tardivement. Donc il y a des petits aléas. mais aujourd'hui on est plutôt très optimiste et surtout on est plus pressé de vendre comme à l'époque on était 700 000 euros de déficit chaque année, on ne savait pas l'exploiter aujourd'hui on sait l'exploiter on est plus déficitaire On ne gagne pas d'argent mais on a l'équilibre. Donc il n'y a plus d'urgence à vendre un équipement qui aujourd'hui a un vrai potentiel. Il vaut mieux plutôt attendre patiemment.

  • L'Esprit du Judo

    Vous avez dit que vous avez signé une promesse de vente.

  • Sébastien Nolésini

    Oui, dont le délai a été dépassé parce que le plan local d'urbanisme n'a pas été voté dans les temps. Ce qui a permis à la société Réalité de sortir de cette promesse de vente. Néanmoins, on travaille toujours avec cette société. Puisque le projet initial qui était de faire de la promotion immobilière avec des bureaux de la logistique autour de Villebon pour pouvoir financer l'activité dans Villebon n'est plus d'actualité parce que c'est tout simplement un modèle qui n'est plus rentable. Aujourd'hui le projet c'est de mettre en place un data center autour de Villebon sur le foncier qui est disponible autour et ça financera le projet. Donc là on est simplement sur des accords à trouver avec la ville. une des sociétés réalité ou une autre, puisqu'on n'est plus attaché par une promesse de vente. Ça, c'est vraiment d'actualité, puisqu'on les revoit au mois d'octobre pour qu'ils nous fassent des propositions concrètes qui devraient aller au-delà, financièrement, de la première proposition qui était quand même assez élevée. Et alors,

  • L'Esprit du Judo

    du coup, vous dites que vous êtes à l'équilibre. Qu'est-ce que ça veut dire d'être à l'équilibre avec Villebon ? Vous le louez ?

  • Sébastien Nolésini

    Exactement. Villebon et aussi la Dojo Arena et aussi les locaux à la Fédération. Aujourd'hui, ça c'est une source de revenus très importante pour la fédération qui permet de ne plus être dépendant des licences. Le modèle économique de la fédération, c'est 79% des revenus émanés des licences. Aujourd'hui, on est à 59% des revenus parce que la Dojo Academy, le patrimoine de France Judo, puis un certain nombre d'actions qu'on met en place apportent de nouveaux revenus. qui nous servent avant tout à redistribuer au territoire et aux projets de développement.

  • L'Esprit du Judo

    Et comment vous trouvez l'équilibre ? Parce qu'il y a évidemment des mécontents qui pourraient vous dire oui mais ce sont des outils sportifs, donc comment vous trouvez l'équilibre pour que ce soit quand même le sport qui soit privilégié, le judo qui soit privilégié ?

  • Sébastien Nolésini

    Il faut savoir que sur Villebon ou même sur la Dojo Arena, le besoin pour la Faire à son presse de judo, c'est autour de 15 dates par an. On organise essentiellement les championnats de France, qu'ils soient jeunes, seniors, vétérans ou par équipe. Et certains championnats nationaux sont organisés aussi en province. Donc on a grosso modo un besoin d'une quinzaine de dates par an, avec une possibilité de jongler entre Villebon et la Dojo Arena. Donc sur 52 semaines, voire quand vous pouvez louer aussi en semaine, vous vous rendez compte qu'on avait un potentiel énorme qui n'était tout simplement pas exploité. Et nous, on a juste exploité ce potentiel. Et aujourd'hui, ce qui nous permet d'avoir des revenus supplémentaires.

  • L'Esprit du Judo

    Qui sont les locataires qui sont intéressés par cette proposition ?

  • Sébastien Nolésini

    Il y a d'autres fédérations. Par exemple, on travaille beaucoup avec le karaté. On a travaillé avec la boxe. On travaille aussi avec d'autres secteurs d'activité. On peut travailler avec le secteur de la mode. On peut aussi travailler avec des entreprises qui veulent faire des séminaires. Parfois même, on fait intervenir nos... nos champions sur ces séminaires. Je me rappelle, on a accueilli il n'y a pas très longtemps Carrefour, et donc c'est l'Arbi Ben Boudaoud qui a fait l'intervention sur les jeux, sur le judo. C'est aussi une source de relations avec le monde de l'entreprise, des partenaires potentiels à venir. Donc en fait, c'est un écosystème qu'on a créé, qui nous permet d'avoir des revenus, mais pas que, qui nous permet aussi de créer des liens et des partenariats, et surtout de valoriser aussi nos valeurs et les valeurs du judo.

  • L'Esprit du Judo

    Un mot sur le centre de formation, vous avez dit que c'était une source de revenus. De quoi s'agit-il exactement ?

  • Sébastien Nolésini

    Aujourd'hui, on forme différents métiers qui mènent à l'enseignement de judo. Ça va du CQP en passant par le BP, au GEFS, en allant jusqu'au DOGEFS. Ça, c'est notre premier diplôme qu'on a mis en place. On a démarré l'histoire, on était à peu près 70 la première année. Là, la rentrée qui va se faire début octobre, c'est plus de 180 alternants. et jeunes judokas qui veulent être soit professeurs de judo.

  • L'Esprit du Judo

    Ça c'est un premier seuil réussi, puisqu'on en avait parlé il y a trois ans, et c'était le chiffre que vous aviez avancé de 180 qui était l'objectif.

  • Sébastien Nolésini

    Oui, et là je pense qu'aujourd'hui l'objectif c'est d'aller même au-delà de ça, je pense que demain c'est d'être à 300. Aujourd'hui c'est au-delà de ces métiers qui mènent à l'enseignement de judo, on a aussi des... Tout un système de bicalification avec des diplômes qui forment au métier des activités de la forme. Et on a vraiment beaucoup d'ambition, on voudrait créer un diplôme international pour pouvoir enseigner partout en Europe. On a la volonté aussi de travailler un peu plus le côté entrepreneuriat des enseignants de judo. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, un enseignant de judo, on sait qu'il démarre sa carrière en tant qu'enseignant. demain s'il veut en vie il faut aussi qu'il ait une logique de développement donc une logique entrepreneuriale donc c'est les former à cette vocation et puis c'est aussi s'ouvrir à d'autres diplômes comme les métiers on a parlé des métiers de la forme tout à l'heure mais peut-être le sport pour tous enfin l'idée c'est encore une fois créer des revenus pour pouvoir ensuite les redistribuer au développement du judo parce que sans moyens c'est toujours facile de d'avoir plein d'idées, mais si on ne peut pas les financer, c'est toujours compliqué.

  • L'Esprit du Judo

    Créer des revenus, mais aussi créer des formations de qualité, j'imagine.

  • Sébastien Nolésini

    Aussi, puisque là, sur l'Olympiade, c'est toute unité de formation comprise, aussi bien en région qu'au niveau de la Dojo Académie. C'est à peu près 500 professeurs qu'on forme par an, donc 2000 professeurs qui ont été formés à l'échelle de l'Olympiade. Ça, c'est important. On sait que sur les... que dans beaucoup de clubs, dans beaucoup de régions, on a aussi des enseignants qui arrêtent pour différentes raisons. On en avait parlé quand c'était vu il y a 4 ans. La première, c'est l'âge. On a toute une génération qui part à la retraite. La deuxième, c'est aussi un métier difficile. C'est un métier où, oui, certains sont salariés et en vivent, mais c'est aussi très contraignant. On travaille le soir, en semaine, on travaille le week-end. Beaucoup d'enseignants sont séparés, c'est aussi une réalité. Donc le but... C'est qu'il y a un enseignement de qualité pour qu'on arrive à transmettre les valeurs, transmettre la passion, permettre à nos pratiquants de se fidéliser dans la pratique, mais aussi une formation de qualité qui leur permet de travailler et de gagner suffisamment bien leur vie pour pouvoir en vivre sereinement et puis avoir une vie sociale correcte. Parce que c'est un peu le... Il faut que ça soit un écosystème vertueux, il faut que tout le monde s'y retrouve. Un professeur bien rémunéré, qui travaille dans des bonnes conditions, il est épanoui et il transmet du coup des bonnes valeurs, il a un enseignement de qualité et on a des pratiquants souvent qui sont du coup passionnés et fidélisés dans leur pratique.

  • L'Esprit du Judo

    Et donc les licences, même si ça n'est plus aussi crucial, aussi central qu'avant, où en sommes-nous ?

  • Sébastien Nolésini

    Non mais néanmoins ce n'est plus crucial mais c'est quand même un indicateur de réussite important. La santé du judo français, aujourd'hui on a démarré à 315 000 licences comme on l'avait évoqué il y a quelques années. Avant le Covid on était à 510 000 licences je crois. Aujourd'hui au 31 août 2024, on finit la saison sportive à 550 000 licences. Ce qui est une grande fierté. Aujourd'hui on a énormément de nouveaux pratiquants chaque année. On fait une rentrée, puisqu'on est au mois de septembre, j'ai déjà les chiffres, qui est extraordinaire. On est à plus de 20% de licences de date à date. Ça veut dire qu'on pourrait peut-être, pour la première fois de notre histoire, passer les 600 000 licenciés à la fin de la saison, ce qui est tout à fait incroyable. Mais au-delà d'être incroyable, c'est surtout le fruit de tout un travail de la fédération, des acteurs qui font le judo, et surtout, c'est un travail de la fédération. en direction de ces acteurs qui font le judo. On a parlé tout à l'heure du plan de relance pour relancer l'activité, mais aujourd'hui, on a mis un certain nombre de dispositifs, dont le fameux programme 1000 Dojos, qui permet aujourd'hui ces 400 clubs qui bénéficient d'un dojo où ils ont des accès...

  • L'Esprit du Judo

    Parlons des grands projets. C'était le sujet de notre dernière conversation. On était au début des 1000 Dojos. Il y avait Nanterre, il y avait Clichy, je me rappelle. Maintenant, on en est où ?

  • Sébastien Nolésini

    Vous êtes à Nanterre combien ? Il y avait Nanterre, il y avait Clichy, ça c'est le début de l'histoire, c'était un peu les concept stores, on venait voir à quoi ça pouvait ressembler. Maintenant c'est 400 dojos qui sont en cours d'inauguration, ou qui seront inaugurés au 31 décembre. Donc on a parcouru du chemin. Il faut savoir qu'avec Stéphane Nomis, le président, on prenait notre bâton de pèlerin à deux pour expliquer en quoi ça consistait et ce qu'on allait faire. Alors on était souvent vu pour des utopistes, par les bienveillants, ou des hurluberlus par les moins bienveillants. Aujourd'hui c'est une réalité, c'est un fait. Et quel que soit l'endroit en France, il n'y a pas un département où il n'y a pas un projet de dojo solidaire qui est sorti. Quand vous regardez sur les réseaux, toutes les semaines il y a des inaugurations, au point qu'on ne peut pas aller à toutes les inaugurations, parce que des fois il y en a plusieurs par jour. Donc voilà, ça marche. 400 dojos, il faut se rendre compte, c'est partout en France.

  • L'Esprit du Judo

    On ne peut pas avoir assez de noms de champions pour tous ces dojos.

  • Sébastien Nolésini

    Mais ça, ce sera un problème de riches, comme dirait l'autre. Ce n'est pas vraiment un problème. Ce qui est important, c'est qu'aujourd'hui, on sait que la triptyque dojo, professeur et valeur, c'est la triptyque qui marche pour le judo français et qui fait que le judo français est rayonnant et en bonne santé. Donc nous, à la Fédération, on s'est attachés à ça. C'est-à-dire que le programme 1000Dojos, c'est de donner les moyens aux clubs volontaires et dynamiques d'avoir leur propre dojo et pas de se battre chaque année quand ils ont une volonté de se développer avec d'autres disciplines parce qu'il n'y a pas de créneau. Former les professeurs, on l'a dit tout à l'heure, le professeur c'est celui qui transmet les valeurs, transmet la passion, éduque chaque jour au quotidien dans les dojos. Sans professeur, on peut avoir des dojos mais ça ne marchera pas. Donc il faut qu'on forme. C'est ça. Il faut qu'on transmette un enseignement de qualité. C'est quoi un enseignement de qualité ? Ce n'est pas que savoir bien faire les techniques, c'est aussi donner envie à tous ces gamins de s'investir dans la pratique du judo et surtout leur expliquer que le judo, c'est bien plus qu'un sport, c'est une éducation, c'est des valeurs qui leur serviront toute leur vie.

  • L'Esprit du Judo

    Et alors, pour conclure sur ces 1000 Dojos, il y en a certains qui ont déjà trois. 3 ans et demi d'existence à peu près. Est-ce qu'ils ont atteint un rythme de croisière ? Est-ce que vous êtes satisfait de leur utilisation ? Comment ça marche ?

  • Sébastien Nolésini

    Oui, on est satisfait de leur utilisation. Après, d'une manière générale, ça fonctionne plutôt bien. C'est aujourd'hui une moyenne, c'est des petits dojos, mais c'est une moyenne de 30 à 50 pratiquants. Pour ceux qui ont ouvert cette année, parce que finalement, à part Clichy et Nanterre qui sont les premiers, Mais tous les autres sont sortis au courant 2023. Essentiellement, vraiment, les projets ont été validés en 2022, le temps que ça se passe, parce que c'est quand même des... Il faut savoir que ce n'est pas les travaux qui sont le plus long pour les 1000 dojos, c'est les contraintes administratives. Il y a 70 pièces à remplir. Il y a des acteurs comme les collectivités territoriales, les services de l'État qu'il faut convaincre et à qui il faut apporter des attestations. Et ça, ça prend énormément de temps. Donc un dojo souvent qui a été validé par la Fédération et l'ANS en 2022, il sort en 2023 et ainsi de suite. Donc là, on a les dojos qui sortent. Et aujourd'hui, la moyenne, c'est à peu près entre 30 et 50 licences par dojo. Mais je dirais que c'est une moyenne qui est un peu faussée parce que certains n'ont même pas une année d'existence et sont sortis en courte saison. Aujourd'hui, pour avoir un vrai regard, il faut... Regardez les dojos qui ont ouvert en septembre, ou en septembre dernier, c'est-à-dire une saison normale, et voir combien de pratiquants ils ont pu amener. Aujourd'hui, on a des dojos qui sont très différents. On a des dojos scolaires, par exemple, avec des petits tapis de 70 m², et des grands dojos qui font 300 m², comme dans certains territoires. Donc, c'est aussi ce qui fait la différence. C'est aussi chaque dojo a son projet. Il y en a, c'est beaucoup de temps périscolaire, donc après l'école, et puis il y en a d'autres, c'est durant l'école. Et puis c'est aussi, il y a une nécessité d'acculturer nos enseignants et nos clubs à faire vivre ces dojos toute la journée. Donc ça, il faut pouvoir avoir un prof disponible toute la journée. Il faut créer des liens aussi avec l'environnement, par exemple avec les écoles, avec les centres sociaux, avec... les EHPAD, puisqu'on inaugure à Corbeil-Essonne prochainement un dojo dans un EHPAD. Donc ça veut dire que c'est des professeurs qui doivent travailler avec d'autres publics que leur. Donc ça nécessite des conventions, ça nécessite parfois des formations spécifiques. Donc vous voyez, il y a toute une animation encore à bien structurer pour qu'on soit vraiment satisfait et qu'il y ait une utilisation et une vraie pleine mesure de ces dojos.

  • L'Esprit du Judo

    Ce que vous décrivez, c'est... pratiquement une nouvelle conception du club. C'est quelque chose de plus ancré dans la société, avec les acteurs sociaux, etc., sur des endroits qui sont encore plus ambitieux que précédemment.

  • Sébastien Nolésini

    Aujourd'hui, on a un modèle associatif que je trouve très important, très bien fait, très utile à la société, parce que pour moi, une association, c'est une micro-société qui fonctionne bien. On a des gens qui donnent pour les autres en permanence. On appelle ça des bénévoles ou même des professeurs qui ne sont souvent pas rémunérés pour tout ce qu'ils font. Mais en tout cas, par conviction et par valeur, ils s'engagent. Ça, c'est super. Et ça, il faut qu'on le préserve. Et surtout, il faut qu'on le protège. Et le protéger, ce n'est pas être conservateur et dire... C'est dire aussi, regarder autour de soi et voir que ces associations sont aussi dans un champ concurrentiel. Aujourd'hui, vous avez des salles de sport qui ouvrent de 6h à 23h. Alors... on paye 20 à 30 euros par mois et on est resté comme on veut. Là, c'est tout sauf du lien social, c'est tout sauf de l'éducation, c'est du marchand, on vient, on pratique, avec ses écouteurs, on sort. L'association, c'est autre chose, mais néanmoins, il faut la protéger et lui donner les moyens d'être en concurrence avec ses acteurs. Et donner les moyens, déjà, c'est leur mettre à disposition des locaux où ils peuvent avoir développé leur projet comme ils veulent, sans trop de contraintes et de concurrence. Et surtout, s'ils en ont la volonté et s'ils en ont le potentiel humain, c'est pouvoir développer des cours la journée, travailler avec d'autres publics. Et effectivement, c'est un autre modèle. Ce n'est pas un modèle différent, mais c'est un modèle, on va dire, complémentaire qui permet aux associations volontaires d'évoluer. Et je pense que le rôle d'une fédération, c'est aussi ça. C'est, on va dire, donner les moyens à ces associations d'être en concurrence avec le secteur marchand qui est... qui lui a plus d'atouts aujourd'hui dans la société dans laquelle on est.

  • L'Esprit du Judo

    Avec des associations qui peuvent se diversifier, non seulement dans la dimension sportive, mais aussi éventuellement dans la dimension sociale, faire de l'aide aux devoirs, du soutien en EHPAD, des choses comme ça.

  • Sébastien Nolésini

    Exactement, c'est se réinventer autour de la pratique. La pratique, on va dire que c'est un peu le cheval de Troyes, c'est-à-dire qu'on vient pour pratiquer le judo. Et autour de ça, c'est aussi pas donné, parce que je pense que le rôle social, les associations, elles l'ont. mais c'est leur donner cette légitimité. On n'est pas que du sport. Un club de judo, ce n'est pas que du sport. Quand on transmet des valeurs de solidarité, des valeurs de citoyenneté, ce sont des valeurs qui servent au quotidien. On le voit bien dans une société qui est parfois un peu en difficulté. Quand vous êtes capable d'aller vers l'autre, de le respecter, de l'aider à progresser, ce sont des valeurs qui peuvent servir bien au-delà du judo. Et donc ça, aujourd'hui, il faut qu'on... on n'hésite pas à renforcer le message, on n'hésite pas à porter le combat, c'est limite du militantisme ça, mais aujourd'hui la force du judo c'est ça, c'est champion, c'est la vitrine, mais s'il y a des champions aujourd'hui qui brillent aux Jeux Olympiques de Paris, c'est avant tout parce qu'ils ont rencontré des professeurs, des bénévoles qui leur ont permis un jour de pratiquer le judo dans des bonnes conditions, d'aller sur des compétitions. le week-end. Et ça, aujourd'hui, c'est un modèle qu'il faut préserver. C'est même, pour moi, le modèle qui fonctionne bien dans la société française.

  • L'Esprit du Judo

    Alors on va faire un petit sur les projets spectaculaires. D'ailleurs peut-être qu'il faut nous expliquer aussi le lien que vous faites entre les deux. On a vu les 1000 Dojos, il y a la Judo Pro League qui doit être à son acte 3.

  • Sébastien Nolésini

    Saison 3, 14 équipes.

  • L'Esprit du Judo

    C'est une grande série.

  • Sébastien Nolésini

    Donc on avait démarré l'histoire avec 12 équipes, c'était sur des temps très courts. La première saison, la deuxième saison s'est structurée avec une phase de poules, des quarts de finale, un final four. Là on avait essayé aussi de faire des propositions au niveau de l'arbitrage avec deux ippons tout ça. Là on revient à quelque chose d'un peu plus classique tout simplement parce que déjà l'Union Européenne de judo a modifié le championnat d'Europe par équipes de club qui sera à partir de décembre 2024. Un championnat d'Europe mixed teams. Nous, on revient sur quelque chose de plus classique sur l'arbitrage. C'est-à-dire qu'il y aura les mêmes règles qui sont appliquées aujourd'hui sur les compétitions traditionnelles. Un ippon, on va quand même mettre en place le kinza. On va être un peu innovant là-dessus, même si je pense qu'au niveau international, ça se mettra aussi en place très prochainement. La formule, elle est simple aujourd'hui. C'est chaque équipe, donc 14 équipes. qui viennent de toute la France auront deux matchs à domicile et deux matchs à l'extérieur. On est sur une formule de la Ligue des Champions en football. Je ne sais pas si vous avez suivi cette année. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, c'est un championnat unique. On a quatre matchs, deux à domicile, deux à l'extérieur. Et on rencontre quatre équipes différentes. Et à chaque fois qu'on met des points, on monte ou on descend dans le classement. Les huit premiers iront sur des cartes de finale. Chaque vainqueur de carte finale se retrouvera ensuite sur un Final 4 qui sera organisé à Paris en janvier et qui permettra d'obtenir le titre de champion de France par équipes mixtes.

  • L'Esprit du Judo

    Vous nous dites qu'il y a une connexion qui va se faire avec l'Europe ou c'est encore trop tôt ?

  • Sébastien Nolésini

    Aujourd'hui, il y aura une connexion qui va se faire avec l'Europe. Aujourd'hui, on est obligé pour pouvoir sélectionner une équipe au championnat d'Europe mixteam, il faut qu'on ait forcément un championnat de France mixteam. Et donc la Judo Pro League sera le championnat de France mixed teams qui qualifiera à terme au championnat d'Europe. Là pour cette année, ça va être un peu compliqué parce que c'est tombé en août l'information. Donc on a la Judo Pro League, même si elle décerne un titre de champion de France. Aujourd'hui, toutes les équipes n'étaient pas concernées par la judo Pro League. Certaines s'étaient engagées volontairement, d'autres n'avaient pas souhaité le faire. Aujourd'hui... C'est un scoop que je vous donne, mais quasi toutes les équipes de haut niveau, quand je dis de haut niveau, qui sont sur les podiums des championnats de France, seront représentées cette saison en Judo Pro League. Donc il y a une équipe pour laquelle je dois envoyer...

  • L'Esprit du Judo

    Une équipe majeure, non ?

  • Sébastien Nolésini

    Une information... majeure, oui, des équipes majeures, avec des sélectionnés olympiques. Je ne peux pas en dire plus. Donc il y a des choses quand même aujourd'hui, vraiment on a eu une longue discussion hier soir tardivement avec un des clubs, mais on peut se retrouver avec un problème de riches, c'est-à-dire avoir plus d'équipes qui veulent rentrer dans la Judo Pro League qu'on a de place à leur offrir. Donc ça va être conclu aujourd'hui, et à partir de l'année prochaine, on passera tout ça en Assemblée Générale, parce que l'objectif aujourd'hui c'est qu'on revienne sur un format... plus classique dans les qualifications, c'est-à-dire qu'on est des championnats de zone par exemple ou de région mixteam qui qualifient un championnat de France mixed teams. Et donc c'est ça qu'on va travailler avec les délégués de club, avec les comités, avec la communauté du judo pour pouvoir passer ça dans les statuts et acter ça à l'Assemblée Générale de Dijon en 2025. Donc on est sur une période de transition. Mais là, ce qu'on peut souligner, c'est que finalement, on avait un petit peu anticipé tout ça en créant cette judo pour l'île, qui a été souvent décrite parce que les conservateurs voyaient ça comme quelque chose de digressif et surtout qui ne correspondait pas aux valeurs de judo, ce qui est à mes yeux totalement faux. Je rappelle qu'aujourd'hui, il n'y a pas de modèle économique du haut niveau, que certains clubs s'accaparent, on va dire, les... les meilleurs judokas parce qu'ils sont sur Paris, parce que l'INSEP est sur Paris, mais que derrière, beaucoup de judokas qui veulent faire du haut niveau vivotent et c'est très compliqué socialement pour eux. Donc nous, la volonté qu'on a, c'est que le haut niveau, à terme, s'autofinance grâce à cette Judo Pro League, grâce aux revenus qu'elle peut créer. Maintenant, ça prend du temps, créer un produit, le rendre attractif. Mais aujourd'hui, on avance plutôt bien. L'an dernier, on a quand même été diffusé. sur une chaîne publique un samedi soir, ce qui n'était jamais arrivé depuis des années. Moi j'ai 52 ans aujourd'hui, je n'ai jamais vu un championnat de France à la télé. Peut-être que vous avez eu ce plaisir-là.

  • L'Esprit du Judo

    Il n'y a pas de plus vieux.

  • Sébastien Nolésini

    Le premier, c'était donc… Et ça a marché. C'est plus d'un million de vues sur L'Équipe, le final four de la Judo Pro League. Ce qui est quand même incroyable. Il faut se rendre compte de ce que ça... Donc aujourd'hui, voilà, il y a des choses qui avancent. Tout n'est pas parfait. Mais encore une fois, c'était une expérimentation. Mais ce qui a salué, c'est que l'Union Européenne, finalement, après avoir vu le final fort, a décidé de faire évoluer son championnat d'Europe qui était quand même très obsolète, où il n'y avait que des équipes françaises, mais qui devaient aller combattre en géorgie. Voilà, donc... Et ça n'intéressait personne. J'ai été président de club et j'ai eu la chance d'avoir une équipe féminine championne d'Europe de la Ligue des champions. J'ai eu une ligne dans un journal qui s'appelle Le Républicain. Une ligne. Cette Coupe d'Europe, elle n'intéresse personne. Donc je pense que plutôt que d'être conservateur sur ce type de projet, ce type de grand projet, je pense qu'on doit tous être derrière ces innovations et surtout avoir vraiment envie de les améliorer pour qu'elles soient utiles et attractives au judo français. Et puis finalement à tous ces gamins qui s'engagent dans des... dans des projets de haut niveau et qui ont du mal parfois à financer leur carrière ou leur double projet si ils sont étudiants.

  • L'Esprit du Judo

    Donc ce qu'on est en train d'entendre dans vos paroles, c'est que le championnat de France a évolué vers une zone comme ça à plusieurs tours,

  • Sébastien Nolésini

    plus ambitieuse. Exactement.

  • L'Esprit du Judo

    Je pense que globalement tout le monde peut se retrouver sur un projet de championnat de France enrichi si je comprends bien, d'autant plus que derrière il y a l'Europe qui est là, qui est attractive. Et à quand, des équipes japonaises.

  • Sébastien Nolésini

    C'est pas fait en Europe, ça va être compliqué.

  • L'Esprit du Judo

    Non mais justement, il faut passer à des formats encore plus ambitieux derrière.

  • Sébastien Nolésini

    Il y a un projet de ligue mondiale par équipe de club, qui concernera forcément des équipes japonaises. Pareil, c'est une demande de l'IJF, elle nous a demandé de réfléchir à ce projet, de voir comment la France pourrait, à travers son expérience de l'organisation des grands événements et surtout sa culture de championnat de club, pourrait... pourrait proposer des choses un peu sympa. Je vous avouerai qu'on s'est très concentrés sur le national pendant 4 ans, parce que c'est quand même beaucoup de travail. On a lancé beaucoup de projets. On a parlé de la Gino Pro League, du plan de relance, des 1000 Dojos, de la Dojo Academy. Vous voyez, tout ça, c'est quand même des choses très structurantes qui demandent du temps pour s'installer dans le paysage et surtout fonctionner. Aujourd'hui, ça fonctionne, mais elles ont encore besoin d'évoluer. Donc c'est vrai qu'on ne s'est pas forcément concentré sur la Ligue mondiale et le projet souhaité par l'IJF. Mais ça viendra parce qu'il faut savoir que la France aujourd'hui est très regardée. Les Jeux, ça a été une formidable vitrine. On a accueilli le monde. Ils ont pu voir que le judo français fonctionnait bien en termes de résultats. 10 médailles, ce qui est quand même incroyable. Mais pas que. Aujourd'hui, le judo souffre dans le monde. Il y a beaucoup de pays, dont le Japon, où on vient d'évoquer, qui... perdent énormément de pratiquants. Où le judo est beaucoup moins attractif. Et à l'inverse, en France c'est l'inverse. Le judo est beaucoup plus attractif. C'est ce que je dis, je ne suis pas en train de me flatter moi-même, c'est un constat. On passe de 315 000 à 550 000 licences. On a plus 20% pour cette année et on devrait atteindre les 600 000 licenciés. On a créé 400 dojos supplémentaires. Il faut savoir que 400 dojos supplémentaires, c'est quelque chose d'incroyable. En France, on a 6000 dojos. Nous, on en a presque créé 10% supplémentaires en une olympiade. Je ne sais pas si vous vous rendez compte, dans 400, ça concerne quasiment 10% des clubs de judo français qui ont eu un dojo à leur disposition. 2000 enseignants formés aussi. Alors ils ne vont peut-être pas tous s'engager sur le métier de prof de judo à plein temps, mais c'est néanmoins partout en France, 2000 nouveaux professeurs qui vont pouvoir enseigner dans des dojos. Et ça, il faut savoir que c'est un vrai paradoxe. Aujourd'hui, ce n'est pas partout comme ça. Dans le monde, ce n'est pas comme ça. Au Japon, je crois qu'ils sont passés de 160 000 à 120 000 pratiquants. Donc, si la base, à un moment donné, elle s'effrite... en haut de la pyramide, il y a un jour où il n'y aura plus personne. Donc nous, on s'est attachés pendant ce mandat à structurer la base, vraiment la consolider, lui donner les moyens de rayonner, parce qu'on est convaincus que ce n'est pas la fédération qui fait le judo, c'est les clubs, les bénévoles et les professeurs qui au quotidien, et pour ça ils ont besoin que nous on valorise l'image du judo dans notre communication, qu'on en parle beaucoup. Partout où on va, quelle que soit la personne qu'on rencontre, on porte les valeurs du judo et on porte le judo. Ce qui fait qu'on en parle beaucoup, on a parlé tout à l'heure de l'équipe TV, et tous ces projets qu'on met en place, ça sert à ça, ça sert à structurer mais ça sert aussi à promouvoir. Et en fait c'est un mouvement permanent qui fait qu'on en est là aujourd'hui et qu'on est regardé aussi dans le monde avec beaucoup d'intérêt parce qu'il y a beaucoup de choses qui ont été lancées, qui fonctionnent et du coup c'est... C'est aussi comme ça qu'on valorise l'image de la France.

  • L'Esprit du Judo

    On parle des Jeux, un tout petit bilan sportif évidemment, mais un petit bilan du point de vue du directeur de la Fédération des Jeux.

  • Sébastien Nolésini

    Les Jeux, c'est une formidable réussite sportivement, même si vous ne voulez pas qu'on en parle, on va quand même en parler, 10 médailles. Il faut savoir que c'est incroyable, le record était à Tokyo avec 8 médailles, là on fait 2 médailles supplémentaires. Et puis on a vécu une semaine idyllique. Tout passionné de Judo s'en souviendra toute sa vie. C'était un stade plein, c'était l'émotion de tous les jours. On se demandait comment on pouvait faire plus chaque jour et on faisait plus chaque jour. Avec la finale par équipe et la roulette. On m'a dit durant cette finale par équipe si Netflix avait sorti un scénario comme ça, on aurait dû exagérer. et pourtant voilà on l'a vécu donc ça incroyable il y a une autre chose dont on est très fier c'est que on a réussi On a réussi à... C'est 6000 billets achetés. Et donc on a réussi à permettre à notre communauté de vivre... un moment incroyable et historique. Ça, je crois que c'est notre plus grande fierté. Il y a les médailles, bien sûr, on est très heureux, on est très fiers, mais notre plus grande fierté, c'est d'avoir pu partager ces moments de bonheur avec les passionnés que sont les gens qui ont été invités. C'était que des bénévoles qui venaient des clubs, des professeurs, et ça, je peux vous assurer, alors des fois, c'était un peu contraignant parce que entre les QR codes, c'était parfois un peu compliqué, mais néanmoins, ces 6000... personnes qui ont bénéficié de billets offerts par France Judo et qui ont pu vivre un moment historique à l'aréna du Champ de Mars mais aussi à la fanzone puisqu'on avait aussi organisé une fanzone pour que les gens se retrouvent le soir ou même la journée puisque ceux qui avaient des billets que pour la demi-journée allaient assister l'autre demi-journée aux épreuves sur la fanzone certains médias olympiques se sont rendus sur cette fanzone pour aller à la rencontre des supporters et des passionnés... Et ça, moi, je crois que toute mon histoire avec le judo, c'est un moment que je n'oublierai jamais. Cette joie dans le regard des gens de pouvoir vivre le moment et d'être acteur de ce moment. Et nous, Fédération, on a voulu... C'est un vrai choix. C'est un million et demi d'achats de billets, il faut le savoir. Mais c'est un vrai choix dont on est très fiers parce que donner du bonheur aux autres, c'est toujours un vrai plaisir.

  • L'Esprit du Judo

    Alors, il y aura un avant et un après. Jeu de Paris, forcément, c'est un tel... Vous l'avez bien décrit à un tel moment. Il se trouve que justement ce sont les élections. Vous avez fait votre premier mandat. Stéphane Nomis conclut sur ses Jeux olympiques. C'est un nouveau système qui va être mis en place. Il faudrait peut-être l'expliquer à nos auditeurs ?

  • Sébastien Nolésini

    Alors les élections auront lieu du 17 au 19 octobre. Et effectivement, c'est un nouveau système parce que pour la première fois de l'histoire du judo français, les clubs voteront. Donc auparavant, c'était des grands électeurs qui étaient... qui venait des OTD, des comités. Donc il y avait le président du comité, plus des délégués de club qui votaient dans chaque territoire. Ça représentait à peu près 270 personnes. Aujourd'hui, on change d'envergure, puisque les 5149 clubs pourront voter au même titre que les présidents de comité et les délégués de club sur chaque territoire. Donc on passe d'une élection qu'on définissait comme une élection de grands électeurs en ligne. une élection beaucoup plus démocratique où c'est l'ensemble de la communauté du judo français qui pourra voter.

  • L'Esprit du Judo

    Comment ça va se passer concrètement ? Ils vont voter sur internet ?

  • Sébastien Nolésini

    Ils voteront sur internet. Comme précédemment, ça s'était passé comme ça à cause du Covid en 2020 et cette année, de nouveau, on fera un vote dématérialisé parce qu'effectivement faire venir 5000 personnes, c'est un peu compliqué, mais on fera un vote dématérialisé. Certaines fédérations le font déjà, ça fonctionne plutôt bien. Je pense au rugby qui s'était engagé dans cette voie avant nous. Donc effectivement, une élection un peu particulière, mais très démocratique, parce que du coup, tout le monde aura son mot à dire.

  • L'Esprit du Judo

    Ce sont les présidents de club qui vont voter ?

  • Sébastien Nolésini

    C'est ça, ou leurs représentants, ceux qui désigneront comme leurs représentants.

  • L'Esprit du Judo

    Toute l'équipe se représente. Qu'est-ce que ça serait un deuxième mandat Stéphane Nomis avec vous en directeur, j'imagine ?

  • Sébastien Nolésini

    Oui, si... Si Stéphane est réélu, effectivement, je resterai directeur. S'il n'est pas, en toute humilité, je me retirerai, puisque finalement, ça sera aussi la volonté des gens qui votent, c'est-à-dire qui voteront pour un autre projet que le nôtre. Je dis bien le nôtre parce que c'est un projet collectif, on est une équipe. Il y a Stéphane qui est notre président, mais derrière, c'est tout un tas d'élus qui oeuvrent aussi pour que ce projet avance. Là, aujourd'hui, on est dans une phase, on a relancé le judo français, on a posé des... des fondamentaux pour qu'ils vivent sereinement, je pense que rien n'est jamais acquis. et que cette dynamique il faut la continuer parce que ça peut, à l'inverse, si on retombe dans un certain conservatisme ou une certaine vision du judo, on peut revenir 30 ans en arrière très très rapidement. Et donc je pense qu'il y a encore beaucoup de projets, on a parlé de la professionnalisation des enseignants. Des dojos, finalement on a un programme qui s'appelle 1000 Dojos, on en a fait 400 donc il en reste 600 encore à développer, c'est encore beaucoup de boulot. On a parlé de la judo pro-league, de l'évolution des championnats, on a très peu parlé de la filière, il y a un vrai sujet sur la filière. Aujourd'hui on a vraiment la volonté de régionaliser le haut niveau, parce qu'on sait que quand les gamins montent sur Paris, ça a un coût, c'est parfois difficile. Ils sont éloignés de leur famille, de leurs amis, aujourd'hui on veut travailler sur la filière et régionaliser. Le haut niveau, c'est-à-dire que, vous le savez, il y a un projet de centre national dans le sud de la France, qui est aussi en cours et qu'on aimerait mener à terme. Il y a aussi ce qu'on a été capable de faire à l'échelle nationale pour créer des nouveaux revenus. On aimerait aussi aider les territoires comme les régions et certains départements à pouvoir faire la même chose, en développant eux-mêmes leur école de formation, en étant aussi propriétaires de locaux. Donc on veut aussi mailler le territoire d'équipements servant au judo. Donc il y a une volonté d'aider chaque département à avoir son dojo départemental. On a aussi la volonté que chaque département ait un encadrement technique en charge de développer le judo. Aujourd'hui, ça a été un frein à l'évolution rapide des choses. C'est qu'on a un encadrement technique qui a été très longtemps formé à organiser des compétitions, ce qui est un autre métier. Aujourd'hui on veut aider ces territoires à avoir aussi des profils de développeurs, des gens qui sont capables d'ouvrir des dojos solidaires, qui sont capables d'aller travailler avec les collectivités pour mettre en place du judo dans les écoles, dans les centres sociaux, dans les EHPAD. Et parce qu'on sait qu'aujourd'hui c'est comme ça que ça fonctionnera, c'est en étant en mouvement permanent, en ayant une vraie volonté. de promouvoir le judo et de le développer sur les territoires, sur l'ensemble du territoire français, que ça fonctionnera. Donc tout ça, c'est ce qu'il nous reste à faire. Je dirais qu'on est au milieu du chemin. Je dirais que rien n'est acquis et qu'il faut continuer à être en mouvement et être ambitieux pour le judo. Je pense qu'aujourd'hui, il est temps aussi de plus rayonner au niveau international. On est arrivé dans une période où les relations étaient un peu compliquées avec la Fédération internationale ou même l'Union européenne. Aujourd'hui, c'est l'inverse. Les relations sont plutôt simples. Et donc, c'est peut-être le moment aussi de porter notre vision du judo, qui est une vision de développement. On en a parlé tout au long de l'échange. Mais je pense que ce qu'on a été capable de faire en France, on doit pouvoir essayer de la... d'influencer aussi les acteurs internationaux pour le faire aussi à l'étranger et développer le judo partout dans le monde, puisqu'on est avant tout convaincus de la puissance éducative du judo et de cette capacité. à créer du lien entre les hommes et les femmes que permet le judo. Et voilà, on est un peu militant. Et donc, voilà ce qu'il nous reste à faire.

  • L'Esprit du Judo

    Il y a un autre acteur du monde international qui se rapproche de vous. Vous vous rapprochez d'eux, c'est le Japon.

  • Sébastien Nolésini

    Alors, on n'en est plus à la phase de rapprochement. Là, on travaille avec le Japon. Par exemple, là, il y a une commission sur l'arbitrage qui a été mise en place par la Fédération internationale. Et avec le Japon, on va porter une certaine vision. de l'arbitrage, on veut revenir à des choses un peu plus classiques et compréhensibles pour tout le monde et ça c'est on va porter la voie en ayant travaillé ensemble et ce sera une voie unique on souhaite revenir à un arbitrage où l'impact est valorisé où la technique est valorisée et non pas des matches à rallonge sans fin ou avec des golden scores qui se finissent par des pénalités où on ne comprend plus rien. Donc ça, aujourd'hui, je pense que même à la Fédération Internationale, ils en ont conscience. On l'a vu sur les Jeux.

  • L'Esprit du Judo

    On les a sentis sur la défensive, effectivement, après les Jeux.

  • Sébastien Nolésini

    Ce qu'il faut leur reconnaître, c'est qu'aujourd'hui ils laissent la porte ouverte à des propositions et ils organisent finalement des échanges pour que les choses évoluent. Donc on ne peut pas dire qu'ils soient... Alors, ils étaient peut-être sur la défensive au moment des Jeux, mais ils ont conscience qu'aujourd'hui, il y a besoin de... de donner de la visibilité aux décisions d'arbitrage et de revenir à des choses un peu plus simples et compréhensibles de tout le monde.

  • L'Esprit du Judo

    Quelle est l'idée majeure de la proposition franco-japonaise sur l'arbitrage, si on la synthétise en une ou deux phrases ?

  • Sébastien Nolésini

    L'idée, c'est vraiment de valoriser l'impact aujourd'hui. Donc, on va revenir... Nous, on propose de remettre...

  • L'Esprit du Judo

    D'enrichir la...

  • Sébastien Nolésini

    Voilà, d'enrichir. Là, aujourd'hui, on est sur ippon/waza-ari. C'est de revenir aussi à la notion de kinza, parce que des mouvements où il y a du déséquilibre et on tombe... sur les fesses ou même sur le côté, c'est quand même pas la même chose que des mouvements où il y a un déséquilibre fort et un impact sur le dos. Et donc voilà, ça il faut aussi que les gens comprennent quand on tombe.

  • L'Esprit du Judo

    Donc un kinsa c'est-à-dire une marque intermédiaire.

  • Sébastien Nolésini

    Ouais, qui correspondrait au koka/yuko de l'époque. On remet une marche alors. On remet une marche. Et on valorise la chute. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, des fois, on tombe comme ça, ça marque. On tombe comme ça, ça marque pas. C'est très difficile à lire, même pour les initiés que nous sommes. Aujourd'hui, alors imaginez, pour ceux qui viennent pour la première fois au judo, ils voient des combats où... Quand on tombe d'une certaine façon, on gagne sur le tapis 1. Et quand on tombe de la même façon sur le tapis 2, on ne gagne plus. C'est tellement litigieux parfois qu'on y perd notre latin, mais c'est plutôt notre japonais.

  • L'Esprit du Judo

    Notre japonais, bien sûr. Est-ce que vous avez des propositions sur les fausses attaques ?

  • Sébastien Nolésini

    Pareil, l'idée c'est à un moment donné de laisser aussi, plutôt que les fausses attaques, c'est de laisser l'arbitre mener le combat et que ça ne soit pas le superviseur derrière son écran qui mène le combat. Donc on propose de revenir à trois arbitres et on propose même la notion d'unanimité. C'est-à-dire que si on a trois arbitres à la fin du combat qui décident qu'il y en a un, même s'il n'y a pas eu d'impact, qui a vraiment gagné, ça permet de faire gagner... ce judoka donc ça va ça c'est aussi des notions qui font que on aura tendance à être beaucoup plus combatif que non combatif pour gagner un combat alors qu'aujourd'hui on assiste à des matchs on sait très bien que certains cherchent le golden score et l'usure physique pour gagner donc même s'ils prennent un ou deux Shido finalement ils sont patients parce qu'ils savent que en face ça va se fatiguer et qu'ils auront l'occasion de mettre une attaque. Et nous ce qu'on veut c'est pas qu'il y ait une attaque dans le combat, c'est qu'il y en ait plusieurs et que celui qui cherche à faire tomber gagne à la fin.

  • L'Esprit du Judo

    Voilà, bon scoop. Je pense qu'on peut conclure là-dessus Sébastien Nolésini. Il y a du travail encore donc. Beaucoup. Peut-être que vous avez une dernière idée, à nous donner un dernier petit scoop que vous auriez gardé pour vous sur ce qui va se passer dans les quatre ans qui viennent.

  • Sébastien Nolésini

    Et bien je pense que qu'on va être réélu et puis qu'on va continuer à beaucoup beaucoup travailler au service des acteurs qui font le judo. Est-ce que c'est un scoop ? Ça l'est plus ça parce que je pense que pendant quatre ans tout le monde l'a vu mais en tout cas on a toujours cette volonté de mener très haut notre discipline parce qu'on en est très fiers avant tout.

Description

Alors que l’équipe menée par Stéphane Nomis brigue un second mandat à la tête de la fédération française en ce mois d’octobre 2024, Sébastien Nolésini, directeur général de France Judo, revient sur ces quatre années passées aux commandes. L’occasion de rappeler les nombreux chantiers lancés, dont le programme 1000 Dojos, la Dojo Academy ou encore la gestion du dossier du grand dôme de Villebon-sur-Yvette, mais aussi d’évoquer l’avenir dans la foulée de Jeux olympiques et paralympiques inoubliables à Paris cet été. Avec un rôle moteur qu’il compte bien voir dépasser le cadre national, notamment sur le volet de nouveaux formats de compétitions internationales inspirées du modèle de la Judo Pro League initiée en 2022, ou sur celui de l’évolution de l’arbitrage mondial, sujet sur lequel il dévoile que la France et le Japon coopèrent depuis des mois pour des propositions concrètes formulées à la fédération internationale.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Générique

    Professeurs, entraîneurs, experts, champions d'hier et d'aujourd'hui, mais aussi judokas anonymes, le podcast de l'esprit du judo, c'est maintenant.

  • L'Esprit du Judo

    Hajimé ! Directeur général à la Fédération Française de Judo Jujutsu Kendo et Disciplines Associées, en place depuis novembre 2020. Vous êtes arrivé avec toute l'équipe, la nouvelle équipe de direction du judo français, sous la présidence de la Fédération Française de Judo. de Stéphane Nomis. Vous êtes arrivé en plein Covid, il y a 4 ans, juste avant les Jeux de Tokyo. Nous voici après le Triomphe de Paris. On peut dire qu'il s'est donc passé beaucoup de choses. Bonjour Sébastien Nolésini.

  • Sébastien Nolésini

    Bonjour Emmanuel. Effectivement, en 4 ans, ça a été très très vite. Les Jeux de Paris, on va dire que c'est un peu la cerise sur le gâteau, c'est le fruit de tout un travail tout au long de cette Olympiade qui démarre effectivement sur une période de Covid où les dojos étaient fermés. On prend la gouvernance de la Fédération le 20 novembre 2020 exactement. On a des dojos fermés jusqu'au mois de mai, jusqu'au mois de juin, c'est-à-dire toute la saison. Il a fallu innover, il a fallu être inventif pour relancer le judo. Ça a été notre première... action et puis notre objectif, on ne savait pas où on allait, on découvrait cette fédération qui était quand même une fédération un peu en difficulté avec une chute des licences récurrente depuis un certain nombre d'années, depuis plus de dix ans avec des affaires, avec des dojos fermés, ça c'était plus conjoncturel que structurel mais en tout cas une fédération en difficulté la première démarche a été de de penser aux acteurs qui font le judo au quotidien les clubs, les profs, les bénévoles et les comités. Et on a lancé ce fameux plan de relance avec les dojos fermés, qui a plutôt bien marché, puisque quand on prend la fédération, 315 000 licences, en fin de saison, on termine à 378 000 licences. Donc avec des dojos fermés, on a réussi à aller chercher des pratiquants à travers un certain nombre d'actions mises en place par les clubs partout en France pour faire savoir que le judo était encore bien présent et surtout qu'il n'était pas mort. Donc ça, c'est la première étape. Ensuite, il y a eu plein de dispositifs de mise en place. On en parlera certainement. Mais vraiment, le premier temps, c'est celui-là, relancer le judo français.

  • L'Esprit du Judo

    Alors justement, effectivement, on a un peu oublié, parce que les choses vont vite, y compris dans les têtes. Vous arrivez dans une situation d'urgence avec un vrai risque financier. Je me rappelle quand on en parlait, vous disiez qu'il y avait même un risque de crise. Payer les gens à ce moment-là, c'était le risque auquel vous avez paré. Donc on est quatre ans plus tard, c'est la fin de la première mandature, la première présidence de Stéphane Noumis. Où est-ce qu'on en est justement sur les finances, sur les licences et sur les finances ?

  • Sébastien Nolésini

    Alors sur les finances, quand on prend la fédération, on n'a plus de fonds propres. On a 55 000 euros de fonds propres. On a un budget qui avait été voté à 30 millions d'euros. qu'on doit ramener à 25 millions d'euros, c'est-à-dire qu'il faut qu'en quelques semaines, on fasse 5 millions d'économies pour pouvoir effectivement payer les salaires et pas fermer la fédération. Donc c'est ce qu'on s'est attaché à faire avec le trésorier Nasser Nechard, tout de suite, à voir où on pouvait faire des efforts. On s'est aussi attaché, ça c'est plus avec Stéphane Domis, le président, à aller chercher des recettes. On a été taper un petit peu à toutes les portes pour voir comment... on pouvait être aidé durant cette période. Donc l'Agence Nationale du Sport nous a beaucoup aidé, le ministère des Sports aussi. Ça, ça nous a permis de faire le doron. Aujourd'hui, on est à 40 millions d'euros de budget, c'est-à-dire qu'on a changé le modèle économique de la Fédération, qui était très dépendant des licences. Donc vous imaginez, quand vous avez les dojos fermés et pas de prise de licence, vous êtes en grande difficulté. Donc on ne voulait pas de nouveau se retrouver dans cette situation et de nouveau que la Fédération soit en péril si elle rencontrait des difficultés comme on a pu rencontrer avec la COVID. Donc diversifier les revenus, faire évoluer le modèle économique, c'est aussi aller chercher de nouvelles recettes. Donc tout ce qui est... on a créé une école de formation qui s'appelle la Dojo Académie qui est une source de revenus très importante. On a aussi optimisé et commercialisé le patrimoine de France Judo. que ce soit Villebon qui était déficitaire, qui ne l'est plus.

  • L'Esprit du Judo

    Alors parlons de Villebon, puisque il était question de le vendre.

  • Sébastien Nolésini

    Il est toujours question de le vendre, c'est en cours. Le marché de la promotion immobilière a connu un coup de frein et donc la société Réalité qui avait signé la promesse de vente a dû patienter. Le plan local d'urbanisme voté par la ville a été voté tardivement. Donc il y a des petits aléas. mais aujourd'hui on est plutôt très optimiste et surtout on est plus pressé de vendre comme à l'époque on était 700 000 euros de déficit chaque année, on ne savait pas l'exploiter aujourd'hui on sait l'exploiter on est plus déficitaire On ne gagne pas d'argent mais on a l'équilibre. Donc il n'y a plus d'urgence à vendre un équipement qui aujourd'hui a un vrai potentiel. Il vaut mieux plutôt attendre patiemment.

  • L'Esprit du Judo

    Vous avez dit que vous avez signé une promesse de vente.

  • Sébastien Nolésini

    Oui, dont le délai a été dépassé parce que le plan local d'urbanisme n'a pas été voté dans les temps. Ce qui a permis à la société Réalité de sortir de cette promesse de vente. Néanmoins, on travaille toujours avec cette société. Puisque le projet initial qui était de faire de la promotion immobilière avec des bureaux de la logistique autour de Villebon pour pouvoir financer l'activité dans Villebon n'est plus d'actualité parce que c'est tout simplement un modèle qui n'est plus rentable. Aujourd'hui le projet c'est de mettre en place un data center autour de Villebon sur le foncier qui est disponible autour et ça financera le projet. Donc là on est simplement sur des accords à trouver avec la ville. une des sociétés réalité ou une autre, puisqu'on n'est plus attaché par une promesse de vente. Ça, c'est vraiment d'actualité, puisqu'on les revoit au mois d'octobre pour qu'ils nous fassent des propositions concrètes qui devraient aller au-delà, financièrement, de la première proposition qui était quand même assez élevée. Et alors,

  • L'Esprit du Judo

    du coup, vous dites que vous êtes à l'équilibre. Qu'est-ce que ça veut dire d'être à l'équilibre avec Villebon ? Vous le louez ?

  • Sébastien Nolésini

    Exactement. Villebon et aussi la Dojo Arena et aussi les locaux à la Fédération. Aujourd'hui, ça c'est une source de revenus très importante pour la fédération qui permet de ne plus être dépendant des licences. Le modèle économique de la fédération, c'est 79% des revenus émanés des licences. Aujourd'hui, on est à 59% des revenus parce que la Dojo Academy, le patrimoine de France Judo, puis un certain nombre d'actions qu'on met en place apportent de nouveaux revenus. qui nous servent avant tout à redistribuer au territoire et aux projets de développement.

  • L'Esprit du Judo

    Et comment vous trouvez l'équilibre ? Parce qu'il y a évidemment des mécontents qui pourraient vous dire oui mais ce sont des outils sportifs, donc comment vous trouvez l'équilibre pour que ce soit quand même le sport qui soit privilégié, le judo qui soit privilégié ?

  • Sébastien Nolésini

    Il faut savoir que sur Villebon ou même sur la Dojo Arena, le besoin pour la Faire à son presse de judo, c'est autour de 15 dates par an. On organise essentiellement les championnats de France, qu'ils soient jeunes, seniors, vétérans ou par équipe. Et certains championnats nationaux sont organisés aussi en province. Donc on a grosso modo un besoin d'une quinzaine de dates par an, avec une possibilité de jongler entre Villebon et la Dojo Arena. Donc sur 52 semaines, voire quand vous pouvez louer aussi en semaine, vous vous rendez compte qu'on avait un potentiel énorme qui n'était tout simplement pas exploité. Et nous, on a juste exploité ce potentiel. Et aujourd'hui, ce qui nous permet d'avoir des revenus supplémentaires.

  • L'Esprit du Judo

    Qui sont les locataires qui sont intéressés par cette proposition ?

  • Sébastien Nolésini

    Il y a d'autres fédérations. Par exemple, on travaille beaucoup avec le karaté. On a travaillé avec la boxe. On travaille aussi avec d'autres secteurs d'activité. On peut travailler avec le secteur de la mode. On peut aussi travailler avec des entreprises qui veulent faire des séminaires. Parfois même, on fait intervenir nos... nos champions sur ces séminaires. Je me rappelle, on a accueilli il n'y a pas très longtemps Carrefour, et donc c'est l'Arbi Ben Boudaoud qui a fait l'intervention sur les jeux, sur le judo. C'est aussi une source de relations avec le monde de l'entreprise, des partenaires potentiels à venir. Donc en fait, c'est un écosystème qu'on a créé, qui nous permet d'avoir des revenus, mais pas que, qui nous permet aussi de créer des liens et des partenariats, et surtout de valoriser aussi nos valeurs et les valeurs du judo.

  • L'Esprit du Judo

    Un mot sur le centre de formation, vous avez dit que c'était une source de revenus. De quoi s'agit-il exactement ?

  • Sébastien Nolésini

    Aujourd'hui, on forme différents métiers qui mènent à l'enseignement de judo. Ça va du CQP en passant par le BP, au GEFS, en allant jusqu'au DOGEFS. Ça, c'est notre premier diplôme qu'on a mis en place. On a démarré l'histoire, on était à peu près 70 la première année. Là, la rentrée qui va se faire début octobre, c'est plus de 180 alternants. et jeunes judokas qui veulent être soit professeurs de judo.

  • L'Esprit du Judo

    Ça c'est un premier seuil réussi, puisqu'on en avait parlé il y a trois ans, et c'était le chiffre que vous aviez avancé de 180 qui était l'objectif.

  • Sébastien Nolésini

    Oui, et là je pense qu'aujourd'hui l'objectif c'est d'aller même au-delà de ça, je pense que demain c'est d'être à 300. Aujourd'hui c'est au-delà de ces métiers qui mènent à l'enseignement de judo, on a aussi des... Tout un système de bicalification avec des diplômes qui forment au métier des activités de la forme. Et on a vraiment beaucoup d'ambition, on voudrait créer un diplôme international pour pouvoir enseigner partout en Europe. On a la volonté aussi de travailler un peu plus le côté entrepreneuriat des enseignants de judo. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, un enseignant de judo, on sait qu'il démarre sa carrière en tant qu'enseignant. demain s'il veut en vie il faut aussi qu'il ait une logique de développement donc une logique entrepreneuriale donc c'est les former à cette vocation et puis c'est aussi s'ouvrir à d'autres diplômes comme les métiers on a parlé des métiers de la forme tout à l'heure mais peut-être le sport pour tous enfin l'idée c'est encore une fois créer des revenus pour pouvoir ensuite les redistribuer au développement du judo parce que sans moyens c'est toujours facile de d'avoir plein d'idées, mais si on ne peut pas les financer, c'est toujours compliqué.

  • L'Esprit du Judo

    Créer des revenus, mais aussi créer des formations de qualité, j'imagine.

  • Sébastien Nolésini

    Aussi, puisque là, sur l'Olympiade, c'est toute unité de formation comprise, aussi bien en région qu'au niveau de la Dojo Académie. C'est à peu près 500 professeurs qu'on forme par an, donc 2000 professeurs qui ont été formés à l'échelle de l'Olympiade. Ça, c'est important. On sait que sur les... que dans beaucoup de clubs, dans beaucoup de régions, on a aussi des enseignants qui arrêtent pour différentes raisons. On en avait parlé quand c'était vu il y a 4 ans. La première, c'est l'âge. On a toute une génération qui part à la retraite. La deuxième, c'est aussi un métier difficile. C'est un métier où, oui, certains sont salariés et en vivent, mais c'est aussi très contraignant. On travaille le soir, en semaine, on travaille le week-end. Beaucoup d'enseignants sont séparés, c'est aussi une réalité. Donc le but... C'est qu'il y a un enseignement de qualité pour qu'on arrive à transmettre les valeurs, transmettre la passion, permettre à nos pratiquants de se fidéliser dans la pratique, mais aussi une formation de qualité qui leur permet de travailler et de gagner suffisamment bien leur vie pour pouvoir en vivre sereinement et puis avoir une vie sociale correcte. Parce que c'est un peu le... Il faut que ça soit un écosystème vertueux, il faut que tout le monde s'y retrouve. Un professeur bien rémunéré, qui travaille dans des bonnes conditions, il est épanoui et il transmet du coup des bonnes valeurs, il a un enseignement de qualité et on a des pratiquants souvent qui sont du coup passionnés et fidélisés dans leur pratique.

  • L'Esprit du Judo

    Et donc les licences, même si ça n'est plus aussi crucial, aussi central qu'avant, où en sommes-nous ?

  • Sébastien Nolésini

    Non mais néanmoins ce n'est plus crucial mais c'est quand même un indicateur de réussite important. La santé du judo français, aujourd'hui on a démarré à 315 000 licences comme on l'avait évoqué il y a quelques années. Avant le Covid on était à 510 000 licences je crois. Aujourd'hui au 31 août 2024, on finit la saison sportive à 550 000 licences. Ce qui est une grande fierté. Aujourd'hui on a énormément de nouveaux pratiquants chaque année. On fait une rentrée, puisqu'on est au mois de septembre, j'ai déjà les chiffres, qui est extraordinaire. On est à plus de 20% de licences de date à date. Ça veut dire qu'on pourrait peut-être, pour la première fois de notre histoire, passer les 600 000 licenciés à la fin de la saison, ce qui est tout à fait incroyable. Mais au-delà d'être incroyable, c'est surtout le fruit de tout un travail de la fédération, des acteurs qui font le judo, et surtout, c'est un travail de la fédération. en direction de ces acteurs qui font le judo. On a parlé tout à l'heure du plan de relance pour relancer l'activité, mais aujourd'hui, on a mis un certain nombre de dispositifs, dont le fameux programme 1000 Dojos, qui permet aujourd'hui ces 400 clubs qui bénéficient d'un dojo où ils ont des accès...

  • L'Esprit du Judo

    Parlons des grands projets. C'était le sujet de notre dernière conversation. On était au début des 1000 Dojos. Il y avait Nanterre, il y avait Clichy, je me rappelle. Maintenant, on en est où ?

  • Sébastien Nolésini

    Vous êtes à Nanterre combien ? Il y avait Nanterre, il y avait Clichy, ça c'est le début de l'histoire, c'était un peu les concept stores, on venait voir à quoi ça pouvait ressembler. Maintenant c'est 400 dojos qui sont en cours d'inauguration, ou qui seront inaugurés au 31 décembre. Donc on a parcouru du chemin. Il faut savoir qu'avec Stéphane Nomis, le président, on prenait notre bâton de pèlerin à deux pour expliquer en quoi ça consistait et ce qu'on allait faire. Alors on était souvent vu pour des utopistes, par les bienveillants, ou des hurluberlus par les moins bienveillants. Aujourd'hui c'est une réalité, c'est un fait. Et quel que soit l'endroit en France, il n'y a pas un département où il n'y a pas un projet de dojo solidaire qui est sorti. Quand vous regardez sur les réseaux, toutes les semaines il y a des inaugurations, au point qu'on ne peut pas aller à toutes les inaugurations, parce que des fois il y en a plusieurs par jour. Donc voilà, ça marche. 400 dojos, il faut se rendre compte, c'est partout en France.

  • L'Esprit du Judo

    On ne peut pas avoir assez de noms de champions pour tous ces dojos.

  • Sébastien Nolésini

    Mais ça, ce sera un problème de riches, comme dirait l'autre. Ce n'est pas vraiment un problème. Ce qui est important, c'est qu'aujourd'hui, on sait que la triptyque dojo, professeur et valeur, c'est la triptyque qui marche pour le judo français et qui fait que le judo français est rayonnant et en bonne santé. Donc nous, à la Fédération, on s'est attachés à ça. C'est-à-dire que le programme 1000Dojos, c'est de donner les moyens aux clubs volontaires et dynamiques d'avoir leur propre dojo et pas de se battre chaque année quand ils ont une volonté de se développer avec d'autres disciplines parce qu'il n'y a pas de créneau. Former les professeurs, on l'a dit tout à l'heure, le professeur c'est celui qui transmet les valeurs, transmet la passion, éduque chaque jour au quotidien dans les dojos. Sans professeur, on peut avoir des dojos mais ça ne marchera pas. Donc il faut qu'on forme. C'est ça. Il faut qu'on transmette un enseignement de qualité. C'est quoi un enseignement de qualité ? Ce n'est pas que savoir bien faire les techniques, c'est aussi donner envie à tous ces gamins de s'investir dans la pratique du judo et surtout leur expliquer que le judo, c'est bien plus qu'un sport, c'est une éducation, c'est des valeurs qui leur serviront toute leur vie.

  • L'Esprit du Judo

    Et alors, pour conclure sur ces 1000 Dojos, il y en a certains qui ont déjà trois. 3 ans et demi d'existence à peu près. Est-ce qu'ils ont atteint un rythme de croisière ? Est-ce que vous êtes satisfait de leur utilisation ? Comment ça marche ?

  • Sébastien Nolésini

    Oui, on est satisfait de leur utilisation. Après, d'une manière générale, ça fonctionne plutôt bien. C'est aujourd'hui une moyenne, c'est des petits dojos, mais c'est une moyenne de 30 à 50 pratiquants. Pour ceux qui ont ouvert cette année, parce que finalement, à part Clichy et Nanterre qui sont les premiers, Mais tous les autres sont sortis au courant 2023. Essentiellement, vraiment, les projets ont été validés en 2022, le temps que ça se passe, parce que c'est quand même des... Il faut savoir que ce n'est pas les travaux qui sont le plus long pour les 1000 dojos, c'est les contraintes administratives. Il y a 70 pièces à remplir. Il y a des acteurs comme les collectivités territoriales, les services de l'État qu'il faut convaincre et à qui il faut apporter des attestations. Et ça, ça prend énormément de temps. Donc un dojo souvent qui a été validé par la Fédération et l'ANS en 2022, il sort en 2023 et ainsi de suite. Donc là, on a les dojos qui sortent. Et aujourd'hui, la moyenne, c'est à peu près entre 30 et 50 licences par dojo. Mais je dirais que c'est une moyenne qui est un peu faussée parce que certains n'ont même pas une année d'existence et sont sortis en courte saison. Aujourd'hui, pour avoir un vrai regard, il faut... Regardez les dojos qui ont ouvert en septembre, ou en septembre dernier, c'est-à-dire une saison normale, et voir combien de pratiquants ils ont pu amener. Aujourd'hui, on a des dojos qui sont très différents. On a des dojos scolaires, par exemple, avec des petits tapis de 70 m², et des grands dojos qui font 300 m², comme dans certains territoires. Donc, c'est aussi ce qui fait la différence. C'est aussi chaque dojo a son projet. Il y en a, c'est beaucoup de temps périscolaire, donc après l'école, et puis il y en a d'autres, c'est durant l'école. Et puis c'est aussi, il y a une nécessité d'acculturer nos enseignants et nos clubs à faire vivre ces dojos toute la journée. Donc ça, il faut pouvoir avoir un prof disponible toute la journée. Il faut créer des liens aussi avec l'environnement, par exemple avec les écoles, avec les centres sociaux, avec... les EHPAD, puisqu'on inaugure à Corbeil-Essonne prochainement un dojo dans un EHPAD. Donc ça veut dire que c'est des professeurs qui doivent travailler avec d'autres publics que leur. Donc ça nécessite des conventions, ça nécessite parfois des formations spécifiques. Donc vous voyez, il y a toute une animation encore à bien structurer pour qu'on soit vraiment satisfait et qu'il y ait une utilisation et une vraie pleine mesure de ces dojos.

  • L'Esprit du Judo

    Ce que vous décrivez, c'est... pratiquement une nouvelle conception du club. C'est quelque chose de plus ancré dans la société, avec les acteurs sociaux, etc., sur des endroits qui sont encore plus ambitieux que précédemment.

  • Sébastien Nolésini

    Aujourd'hui, on a un modèle associatif que je trouve très important, très bien fait, très utile à la société, parce que pour moi, une association, c'est une micro-société qui fonctionne bien. On a des gens qui donnent pour les autres en permanence. On appelle ça des bénévoles ou même des professeurs qui ne sont souvent pas rémunérés pour tout ce qu'ils font. Mais en tout cas, par conviction et par valeur, ils s'engagent. Ça, c'est super. Et ça, il faut qu'on le préserve. Et surtout, il faut qu'on le protège. Et le protéger, ce n'est pas être conservateur et dire... C'est dire aussi, regarder autour de soi et voir que ces associations sont aussi dans un champ concurrentiel. Aujourd'hui, vous avez des salles de sport qui ouvrent de 6h à 23h. Alors... on paye 20 à 30 euros par mois et on est resté comme on veut. Là, c'est tout sauf du lien social, c'est tout sauf de l'éducation, c'est du marchand, on vient, on pratique, avec ses écouteurs, on sort. L'association, c'est autre chose, mais néanmoins, il faut la protéger et lui donner les moyens d'être en concurrence avec ses acteurs. Et donner les moyens, déjà, c'est leur mettre à disposition des locaux où ils peuvent avoir développé leur projet comme ils veulent, sans trop de contraintes et de concurrence. Et surtout, s'ils en ont la volonté et s'ils en ont le potentiel humain, c'est pouvoir développer des cours la journée, travailler avec d'autres publics. Et effectivement, c'est un autre modèle. Ce n'est pas un modèle différent, mais c'est un modèle, on va dire, complémentaire qui permet aux associations volontaires d'évoluer. Et je pense que le rôle d'une fédération, c'est aussi ça. C'est, on va dire, donner les moyens à ces associations d'être en concurrence avec le secteur marchand qui est... qui lui a plus d'atouts aujourd'hui dans la société dans laquelle on est.

  • L'Esprit du Judo

    Avec des associations qui peuvent se diversifier, non seulement dans la dimension sportive, mais aussi éventuellement dans la dimension sociale, faire de l'aide aux devoirs, du soutien en EHPAD, des choses comme ça.

  • Sébastien Nolésini

    Exactement, c'est se réinventer autour de la pratique. La pratique, on va dire que c'est un peu le cheval de Troyes, c'est-à-dire qu'on vient pour pratiquer le judo. Et autour de ça, c'est aussi pas donné, parce que je pense que le rôle social, les associations, elles l'ont. mais c'est leur donner cette légitimité. On n'est pas que du sport. Un club de judo, ce n'est pas que du sport. Quand on transmet des valeurs de solidarité, des valeurs de citoyenneté, ce sont des valeurs qui servent au quotidien. On le voit bien dans une société qui est parfois un peu en difficulté. Quand vous êtes capable d'aller vers l'autre, de le respecter, de l'aider à progresser, ce sont des valeurs qui peuvent servir bien au-delà du judo. Et donc ça, aujourd'hui, il faut qu'on... on n'hésite pas à renforcer le message, on n'hésite pas à porter le combat, c'est limite du militantisme ça, mais aujourd'hui la force du judo c'est ça, c'est champion, c'est la vitrine, mais s'il y a des champions aujourd'hui qui brillent aux Jeux Olympiques de Paris, c'est avant tout parce qu'ils ont rencontré des professeurs, des bénévoles qui leur ont permis un jour de pratiquer le judo dans des bonnes conditions, d'aller sur des compétitions. le week-end. Et ça, aujourd'hui, c'est un modèle qu'il faut préserver. C'est même, pour moi, le modèle qui fonctionne bien dans la société française.

  • L'Esprit du Judo

    Alors on va faire un petit sur les projets spectaculaires. D'ailleurs peut-être qu'il faut nous expliquer aussi le lien que vous faites entre les deux. On a vu les 1000 Dojos, il y a la Judo Pro League qui doit être à son acte 3.

  • Sébastien Nolésini

    Saison 3, 14 équipes.

  • L'Esprit du Judo

    C'est une grande série.

  • Sébastien Nolésini

    Donc on avait démarré l'histoire avec 12 équipes, c'était sur des temps très courts. La première saison, la deuxième saison s'est structurée avec une phase de poules, des quarts de finale, un final four. Là on avait essayé aussi de faire des propositions au niveau de l'arbitrage avec deux ippons tout ça. Là on revient à quelque chose d'un peu plus classique tout simplement parce que déjà l'Union Européenne de judo a modifié le championnat d'Europe par équipes de club qui sera à partir de décembre 2024. Un championnat d'Europe mixed teams. Nous, on revient sur quelque chose de plus classique sur l'arbitrage. C'est-à-dire qu'il y aura les mêmes règles qui sont appliquées aujourd'hui sur les compétitions traditionnelles. Un ippon, on va quand même mettre en place le kinza. On va être un peu innovant là-dessus, même si je pense qu'au niveau international, ça se mettra aussi en place très prochainement. La formule, elle est simple aujourd'hui. C'est chaque équipe, donc 14 équipes. qui viennent de toute la France auront deux matchs à domicile et deux matchs à l'extérieur. On est sur une formule de la Ligue des Champions en football. Je ne sais pas si vous avez suivi cette année. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, c'est un championnat unique. On a quatre matchs, deux à domicile, deux à l'extérieur. Et on rencontre quatre équipes différentes. Et à chaque fois qu'on met des points, on monte ou on descend dans le classement. Les huit premiers iront sur des cartes de finale. Chaque vainqueur de carte finale se retrouvera ensuite sur un Final 4 qui sera organisé à Paris en janvier et qui permettra d'obtenir le titre de champion de France par équipes mixtes.

  • L'Esprit du Judo

    Vous nous dites qu'il y a une connexion qui va se faire avec l'Europe ou c'est encore trop tôt ?

  • Sébastien Nolésini

    Aujourd'hui, il y aura une connexion qui va se faire avec l'Europe. Aujourd'hui, on est obligé pour pouvoir sélectionner une équipe au championnat d'Europe mixteam, il faut qu'on ait forcément un championnat de France mixteam. Et donc la Judo Pro League sera le championnat de France mixed teams qui qualifiera à terme au championnat d'Europe. Là pour cette année, ça va être un peu compliqué parce que c'est tombé en août l'information. Donc on a la Judo Pro League, même si elle décerne un titre de champion de France. Aujourd'hui, toutes les équipes n'étaient pas concernées par la judo Pro League. Certaines s'étaient engagées volontairement, d'autres n'avaient pas souhaité le faire. Aujourd'hui... C'est un scoop que je vous donne, mais quasi toutes les équipes de haut niveau, quand je dis de haut niveau, qui sont sur les podiums des championnats de France, seront représentées cette saison en Judo Pro League. Donc il y a une équipe pour laquelle je dois envoyer...

  • L'Esprit du Judo

    Une équipe majeure, non ?

  • Sébastien Nolésini

    Une information... majeure, oui, des équipes majeures, avec des sélectionnés olympiques. Je ne peux pas en dire plus. Donc il y a des choses quand même aujourd'hui, vraiment on a eu une longue discussion hier soir tardivement avec un des clubs, mais on peut se retrouver avec un problème de riches, c'est-à-dire avoir plus d'équipes qui veulent rentrer dans la Judo Pro League qu'on a de place à leur offrir. Donc ça va être conclu aujourd'hui, et à partir de l'année prochaine, on passera tout ça en Assemblée Générale, parce que l'objectif aujourd'hui c'est qu'on revienne sur un format... plus classique dans les qualifications, c'est-à-dire qu'on est des championnats de zone par exemple ou de région mixteam qui qualifient un championnat de France mixed teams. Et donc c'est ça qu'on va travailler avec les délégués de club, avec les comités, avec la communauté du judo pour pouvoir passer ça dans les statuts et acter ça à l'Assemblée Générale de Dijon en 2025. Donc on est sur une période de transition. Mais là, ce qu'on peut souligner, c'est que finalement, on avait un petit peu anticipé tout ça en créant cette judo pour l'île, qui a été souvent décrite parce que les conservateurs voyaient ça comme quelque chose de digressif et surtout qui ne correspondait pas aux valeurs de judo, ce qui est à mes yeux totalement faux. Je rappelle qu'aujourd'hui, il n'y a pas de modèle économique du haut niveau, que certains clubs s'accaparent, on va dire, les... les meilleurs judokas parce qu'ils sont sur Paris, parce que l'INSEP est sur Paris, mais que derrière, beaucoup de judokas qui veulent faire du haut niveau vivotent et c'est très compliqué socialement pour eux. Donc nous, la volonté qu'on a, c'est que le haut niveau, à terme, s'autofinance grâce à cette Judo Pro League, grâce aux revenus qu'elle peut créer. Maintenant, ça prend du temps, créer un produit, le rendre attractif. Mais aujourd'hui, on avance plutôt bien. L'an dernier, on a quand même été diffusé. sur une chaîne publique un samedi soir, ce qui n'était jamais arrivé depuis des années. Moi j'ai 52 ans aujourd'hui, je n'ai jamais vu un championnat de France à la télé. Peut-être que vous avez eu ce plaisir-là.

  • L'Esprit du Judo

    Il n'y a pas de plus vieux.

  • Sébastien Nolésini

    Le premier, c'était donc… Et ça a marché. C'est plus d'un million de vues sur L'Équipe, le final four de la Judo Pro League. Ce qui est quand même incroyable. Il faut se rendre compte de ce que ça... Donc aujourd'hui, voilà, il y a des choses qui avancent. Tout n'est pas parfait. Mais encore une fois, c'était une expérimentation. Mais ce qui a salué, c'est que l'Union Européenne, finalement, après avoir vu le final fort, a décidé de faire évoluer son championnat d'Europe qui était quand même très obsolète, où il n'y avait que des équipes françaises, mais qui devaient aller combattre en géorgie. Voilà, donc... Et ça n'intéressait personne. J'ai été président de club et j'ai eu la chance d'avoir une équipe féminine championne d'Europe de la Ligue des champions. J'ai eu une ligne dans un journal qui s'appelle Le Républicain. Une ligne. Cette Coupe d'Europe, elle n'intéresse personne. Donc je pense que plutôt que d'être conservateur sur ce type de projet, ce type de grand projet, je pense qu'on doit tous être derrière ces innovations et surtout avoir vraiment envie de les améliorer pour qu'elles soient utiles et attractives au judo français. Et puis finalement à tous ces gamins qui s'engagent dans des... dans des projets de haut niveau et qui ont du mal parfois à financer leur carrière ou leur double projet si ils sont étudiants.

  • L'Esprit du Judo

    Donc ce qu'on est en train d'entendre dans vos paroles, c'est que le championnat de France a évolué vers une zone comme ça à plusieurs tours,

  • Sébastien Nolésini

    plus ambitieuse. Exactement.

  • L'Esprit du Judo

    Je pense que globalement tout le monde peut se retrouver sur un projet de championnat de France enrichi si je comprends bien, d'autant plus que derrière il y a l'Europe qui est là, qui est attractive. Et à quand, des équipes japonaises.

  • Sébastien Nolésini

    C'est pas fait en Europe, ça va être compliqué.

  • L'Esprit du Judo

    Non mais justement, il faut passer à des formats encore plus ambitieux derrière.

  • Sébastien Nolésini

    Il y a un projet de ligue mondiale par équipe de club, qui concernera forcément des équipes japonaises. Pareil, c'est une demande de l'IJF, elle nous a demandé de réfléchir à ce projet, de voir comment la France pourrait, à travers son expérience de l'organisation des grands événements et surtout sa culture de championnat de club, pourrait... pourrait proposer des choses un peu sympa. Je vous avouerai qu'on s'est très concentrés sur le national pendant 4 ans, parce que c'est quand même beaucoup de travail. On a lancé beaucoup de projets. On a parlé de la Gino Pro League, du plan de relance, des 1000 Dojos, de la Dojo Academy. Vous voyez, tout ça, c'est quand même des choses très structurantes qui demandent du temps pour s'installer dans le paysage et surtout fonctionner. Aujourd'hui, ça fonctionne, mais elles ont encore besoin d'évoluer. Donc c'est vrai qu'on ne s'est pas forcément concentré sur la Ligue mondiale et le projet souhaité par l'IJF. Mais ça viendra parce qu'il faut savoir que la France aujourd'hui est très regardée. Les Jeux, ça a été une formidable vitrine. On a accueilli le monde. Ils ont pu voir que le judo français fonctionnait bien en termes de résultats. 10 médailles, ce qui est quand même incroyable. Mais pas que. Aujourd'hui, le judo souffre dans le monde. Il y a beaucoup de pays, dont le Japon, où on vient d'évoquer, qui... perdent énormément de pratiquants. Où le judo est beaucoup moins attractif. Et à l'inverse, en France c'est l'inverse. Le judo est beaucoup plus attractif. C'est ce que je dis, je ne suis pas en train de me flatter moi-même, c'est un constat. On passe de 315 000 à 550 000 licences. On a plus 20% pour cette année et on devrait atteindre les 600 000 licenciés. On a créé 400 dojos supplémentaires. Il faut savoir que 400 dojos supplémentaires, c'est quelque chose d'incroyable. En France, on a 6000 dojos. Nous, on en a presque créé 10% supplémentaires en une olympiade. Je ne sais pas si vous vous rendez compte, dans 400, ça concerne quasiment 10% des clubs de judo français qui ont eu un dojo à leur disposition. 2000 enseignants formés aussi. Alors ils ne vont peut-être pas tous s'engager sur le métier de prof de judo à plein temps, mais c'est néanmoins partout en France, 2000 nouveaux professeurs qui vont pouvoir enseigner dans des dojos. Et ça, il faut savoir que c'est un vrai paradoxe. Aujourd'hui, ce n'est pas partout comme ça. Dans le monde, ce n'est pas comme ça. Au Japon, je crois qu'ils sont passés de 160 000 à 120 000 pratiquants. Donc, si la base, à un moment donné, elle s'effrite... en haut de la pyramide, il y a un jour où il n'y aura plus personne. Donc nous, on s'est attachés pendant ce mandat à structurer la base, vraiment la consolider, lui donner les moyens de rayonner, parce qu'on est convaincus que ce n'est pas la fédération qui fait le judo, c'est les clubs, les bénévoles et les professeurs qui au quotidien, et pour ça ils ont besoin que nous on valorise l'image du judo dans notre communication, qu'on en parle beaucoup. Partout où on va, quelle que soit la personne qu'on rencontre, on porte les valeurs du judo et on porte le judo. Ce qui fait qu'on en parle beaucoup, on a parlé tout à l'heure de l'équipe TV, et tous ces projets qu'on met en place, ça sert à ça, ça sert à structurer mais ça sert aussi à promouvoir. Et en fait c'est un mouvement permanent qui fait qu'on en est là aujourd'hui et qu'on est regardé aussi dans le monde avec beaucoup d'intérêt parce qu'il y a beaucoup de choses qui ont été lancées, qui fonctionnent et du coup c'est... C'est aussi comme ça qu'on valorise l'image de la France.

  • L'Esprit du Judo

    On parle des Jeux, un tout petit bilan sportif évidemment, mais un petit bilan du point de vue du directeur de la Fédération des Jeux.

  • Sébastien Nolésini

    Les Jeux, c'est une formidable réussite sportivement, même si vous ne voulez pas qu'on en parle, on va quand même en parler, 10 médailles. Il faut savoir que c'est incroyable, le record était à Tokyo avec 8 médailles, là on fait 2 médailles supplémentaires. Et puis on a vécu une semaine idyllique. Tout passionné de Judo s'en souviendra toute sa vie. C'était un stade plein, c'était l'émotion de tous les jours. On se demandait comment on pouvait faire plus chaque jour et on faisait plus chaque jour. Avec la finale par équipe et la roulette. On m'a dit durant cette finale par équipe si Netflix avait sorti un scénario comme ça, on aurait dû exagérer. et pourtant voilà on l'a vécu donc ça incroyable il y a une autre chose dont on est très fier c'est que on a réussi On a réussi à... C'est 6000 billets achetés. Et donc on a réussi à permettre à notre communauté de vivre... un moment incroyable et historique. Ça, je crois que c'est notre plus grande fierté. Il y a les médailles, bien sûr, on est très heureux, on est très fiers, mais notre plus grande fierté, c'est d'avoir pu partager ces moments de bonheur avec les passionnés que sont les gens qui ont été invités. C'était que des bénévoles qui venaient des clubs, des professeurs, et ça, je peux vous assurer, alors des fois, c'était un peu contraignant parce que entre les QR codes, c'était parfois un peu compliqué, mais néanmoins, ces 6000... personnes qui ont bénéficié de billets offerts par France Judo et qui ont pu vivre un moment historique à l'aréna du Champ de Mars mais aussi à la fanzone puisqu'on avait aussi organisé une fanzone pour que les gens se retrouvent le soir ou même la journée puisque ceux qui avaient des billets que pour la demi-journée allaient assister l'autre demi-journée aux épreuves sur la fanzone certains médias olympiques se sont rendus sur cette fanzone pour aller à la rencontre des supporters et des passionnés... Et ça, moi, je crois que toute mon histoire avec le judo, c'est un moment que je n'oublierai jamais. Cette joie dans le regard des gens de pouvoir vivre le moment et d'être acteur de ce moment. Et nous, Fédération, on a voulu... C'est un vrai choix. C'est un million et demi d'achats de billets, il faut le savoir. Mais c'est un vrai choix dont on est très fiers parce que donner du bonheur aux autres, c'est toujours un vrai plaisir.

  • L'Esprit du Judo

    Alors, il y aura un avant et un après. Jeu de Paris, forcément, c'est un tel... Vous l'avez bien décrit à un tel moment. Il se trouve que justement ce sont les élections. Vous avez fait votre premier mandat. Stéphane Nomis conclut sur ses Jeux olympiques. C'est un nouveau système qui va être mis en place. Il faudrait peut-être l'expliquer à nos auditeurs ?

  • Sébastien Nolésini

    Alors les élections auront lieu du 17 au 19 octobre. Et effectivement, c'est un nouveau système parce que pour la première fois de l'histoire du judo français, les clubs voteront. Donc auparavant, c'était des grands électeurs qui étaient... qui venait des OTD, des comités. Donc il y avait le président du comité, plus des délégués de club qui votaient dans chaque territoire. Ça représentait à peu près 270 personnes. Aujourd'hui, on change d'envergure, puisque les 5149 clubs pourront voter au même titre que les présidents de comité et les délégués de club sur chaque territoire. Donc on passe d'une élection qu'on définissait comme une élection de grands électeurs en ligne. une élection beaucoup plus démocratique où c'est l'ensemble de la communauté du judo français qui pourra voter.

  • L'Esprit du Judo

    Comment ça va se passer concrètement ? Ils vont voter sur internet ?

  • Sébastien Nolésini

    Ils voteront sur internet. Comme précédemment, ça s'était passé comme ça à cause du Covid en 2020 et cette année, de nouveau, on fera un vote dématérialisé parce qu'effectivement faire venir 5000 personnes, c'est un peu compliqué, mais on fera un vote dématérialisé. Certaines fédérations le font déjà, ça fonctionne plutôt bien. Je pense au rugby qui s'était engagé dans cette voie avant nous. Donc effectivement, une élection un peu particulière, mais très démocratique, parce que du coup, tout le monde aura son mot à dire.

  • L'Esprit du Judo

    Ce sont les présidents de club qui vont voter ?

  • Sébastien Nolésini

    C'est ça, ou leurs représentants, ceux qui désigneront comme leurs représentants.

  • L'Esprit du Judo

    Toute l'équipe se représente. Qu'est-ce que ça serait un deuxième mandat Stéphane Nomis avec vous en directeur, j'imagine ?

  • Sébastien Nolésini

    Oui, si... Si Stéphane est réélu, effectivement, je resterai directeur. S'il n'est pas, en toute humilité, je me retirerai, puisque finalement, ça sera aussi la volonté des gens qui votent, c'est-à-dire qui voteront pour un autre projet que le nôtre. Je dis bien le nôtre parce que c'est un projet collectif, on est une équipe. Il y a Stéphane qui est notre président, mais derrière, c'est tout un tas d'élus qui oeuvrent aussi pour que ce projet avance. Là, aujourd'hui, on est dans une phase, on a relancé le judo français, on a posé des... des fondamentaux pour qu'ils vivent sereinement, je pense que rien n'est jamais acquis. et que cette dynamique il faut la continuer parce que ça peut, à l'inverse, si on retombe dans un certain conservatisme ou une certaine vision du judo, on peut revenir 30 ans en arrière très très rapidement. Et donc je pense qu'il y a encore beaucoup de projets, on a parlé de la professionnalisation des enseignants. Des dojos, finalement on a un programme qui s'appelle 1000 Dojos, on en a fait 400 donc il en reste 600 encore à développer, c'est encore beaucoup de boulot. On a parlé de la judo pro-league, de l'évolution des championnats, on a très peu parlé de la filière, il y a un vrai sujet sur la filière. Aujourd'hui on a vraiment la volonté de régionaliser le haut niveau, parce qu'on sait que quand les gamins montent sur Paris, ça a un coût, c'est parfois difficile. Ils sont éloignés de leur famille, de leurs amis, aujourd'hui on veut travailler sur la filière et régionaliser. Le haut niveau, c'est-à-dire que, vous le savez, il y a un projet de centre national dans le sud de la France, qui est aussi en cours et qu'on aimerait mener à terme. Il y a aussi ce qu'on a été capable de faire à l'échelle nationale pour créer des nouveaux revenus. On aimerait aussi aider les territoires comme les régions et certains départements à pouvoir faire la même chose, en développant eux-mêmes leur école de formation, en étant aussi propriétaires de locaux. Donc on veut aussi mailler le territoire d'équipements servant au judo. Donc il y a une volonté d'aider chaque département à avoir son dojo départemental. On a aussi la volonté que chaque département ait un encadrement technique en charge de développer le judo. Aujourd'hui, ça a été un frein à l'évolution rapide des choses. C'est qu'on a un encadrement technique qui a été très longtemps formé à organiser des compétitions, ce qui est un autre métier. Aujourd'hui on veut aider ces territoires à avoir aussi des profils de développeurs, des gens qui sont capables d'ouvrir des dojos solidaires, qui sont capables d'aller travailler avec les collectivités pour mettre en place du judo dans les écoles, dans les centres sociaux, dans les EHPAD. Et parce qu'on sait qu'aujourd'hui c'est comme ça que ça fonctionnera, c'est en étant en mouvement permanent, en ayant une vraie volonté. de promouvoir le judo et de le développer sur les territoires, sur l'ensemble du territoire français, que ça fonctionnera. Donc tout ça, c'est ce qu'il nous reste à faire. Je dirais qu'on est au milieu du chemin. Je dirais que rien n'est acquis et qu'il faut continuer à être en mouvement et être ambitieux pour le judo. Je pense qu'aujourd'hui, il est temps aussi de plus rayonner au niveau international. On est arrivé dans une période où les relations étaient un peu compliquées avec la Fédération internationale ou même l'Union européenne. Aujourd'hui, c'est l'inverse. Les relations sont plutôt simples. Et donc, c'est peut-être le moment aussi de porter notre vision du judo, qui est une vision de développement. On en a parlé tout au long de l'échange. Mais je pense que ce qu'on a été capable de faire en France, on doit pouvoir essayer de la... d'influencer aussi les acteurs internationaux pour le faire aussi à l'étranger et développer le judo partout dans le monde, puisqu'on est avant tout convaincus de la puissance éducative du judo et de cette capacité. à créer du lien entre les hommes et les femmes que permet le judo. Et voilà, on est un peu militant. Et donc, voilà ce qu'il nous reste à faire.

  • L'Esprit du Judo

    Il y a un autre acteur du monde international qui se rapproche de vous. Vous vous rapprochez d'eux, c'est le Japon.

  • Sébastien Nolésini

    Alors, on n'en est plus à la phase de rapprochement. Là, on travaille avec le Japon. Par exemple, là, il y a une commission sur l'arbitrage qui a été mise en place par la Fédération internationale. Et avec le Japon, on va porter une certaine vision. de l'arbitrage, on veut revenir à des choses un peu plus classiques et compréhensibles pour tout le monde et ça c'est on va porter la voie en ayant travaillé ensemble et ce sera une voie unique on souhaite revenir à un arbitrage où l'impact est valorisé où la technique est valorisée et non pas des matches à rallonge sans fin ou avec des golden scores qui se finissent par des pénalités où on ne comprend plus rien. Donc ça, aujourd'hui, je pense que même à la Fédération Internationale, ils en ont conscience. On l'a vu sur les Jeux.

  • L'Esprit du Judo

    On les a sentis sur la défensive, effectivement, après les Jeux.

  • Sébastien Nolésini

    Ce qu'il faut leur reconnaître, c'est qu'aujourd'hui ils laissent la porte ouverte à des propositions et ils organisent finalement des échanges pour que les choses évoluent. Donc on ne peut pas dire qu'ils soient... Alors, ils étaient peut-être sur la défensive au moment des Jeux, mais ils ont conscience qu'aujourd'hui, il y a besoin de... de donner de la visibilité aux décisions d'arbitrage et de revenir à des choses un peu plus simples et compréhensibles de tout le monde.

  • L'Esprit du Judo

    Quelle est l'idée majeure de la proposition franco-japonaise sur l'arbitrage, si on la synthétise en une ou deux phrases ?

  • Sébastien Nolésini

    L'idée, c'est vraiment de valoriser l'impact aujourd'hui. Donc, on va revenir... Nous, on propose de remettre...

  • L'Esprit du Judo

    D'enrichir la...

  • Sébastien Nolésini

    Voilà, d'enrichir. Là, aujourd'hui, on est sur ippon/waza-ari. C'est de revenir aussi à la notion de kinza, parce que des mouvements où il y a du déséquilibre et on tombe... sur les fesses ou même sur le côté, c'est quand même pas la même chose que des mouvements où il y a un déséquilibre fort et un impact sur le dos. Et donc voilà, ça il faut aussi que les gens comprennent quand on tombe.

  • L'Esprit du Judo

    Donc un kinsa c'est-à-dire une marque intermédiaire.

  • Sébastien Nolésini

    Ouais, qui correspondrait au koka/yuko de l'époque. On remet une marche alors. On remet une marche. Et on valorise la chute. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, des fois, on tombe comme ça, ça marque. On tombe comme ça, ça marque pas. C'est très difficile à lire, même pour les initiés que nous sommes. Aujourd'hui, alors imaginez, pour ceux qui viennent pour la première fois au judo, ils voient des combats où... Quand on tombe d'une certaine façon, on gagne sur le tapis 1. Et quand on tombe de la même façon sur le tapis 2, on ne gagne plus. C'est tellement litigieux parfois qu'on y perd notre latin, mais c'est plutôt notre japonais.

  • L'Esprit du Judo

    Notre japonais, bien sûr. Est-ce que vous avez des propositions sur les fausses attaques ?

  • Sébastien Nolésini

    Pareil, l'idée c'est à un moment donné de laisser aussi, plutôt que les fausses attaques, c'est de laisser l'arbitre mener le combat et que ça ne soit pas le superviseur derrière son écran qui mène le combat. Donc on propose de revenir à trois arbitres et on propose même la notion d'unanimité. C'est-à-dire que si on a trois arbitres à la fin du combat qui décident qu'il y en a un, même s'il n'y a pas eu d'impact, qui a vraiment gagné, ça permet de faire gagner... ce judoka donc ça va ça c'est aussi des notions qui font que on aura tendance à être beaucoup plus combatif que non combatif pour gagner un combat alors qu'aujourd'hui on assiste à des matchs on sait très bien que certains cherchent le golden score et l'usure physique pour gagner donc même s'ils prennent un ou deux Shido finalement ils sont patients parce qu'ils savent que en face ça va se fatiguer et qu'ils auront l'occasion de mettre une attaque. Et nous ce qu'on veut c'est pas qu'il y ait une attaque dans le combat, c'est qu'il y en ait plusieurs et que celui qui cherche à faire tomber gagne à la fin.

  • L'Esprit du Judo

    Voilà, bon scoop. Je pense qu'on peut conclure là-dessus Sébastien Nolésini. Il y a du travail encore donc. Beaucoup. Peut-être que vous avez une dernière idée, à nous donner un dernier petit scoop que vous auriez gardé pour vous sur ce qui va se passer dans les quatre ans qui viennent.

  • Sébastien Nolésini

    Et bien je pense que qu'on va être réélu et puis qu'on va continuer à beaucoup beaucoup travailler au service des acteurs qui font le judo. Est-ce que c'est un scoop ? Ça l'est plus ça parce que je pense que pendant quatre ans tout le monde l'a vu mais en tout cas on a toujours cette volonté de mener très haut notre discipline parce qu'on en est très fiers avant tout.

Share

Embed

You may also like

Description

Alors que l’équipe menée par Stéphane Nomis brigue un second mandat à la tête de la fédération française en ce mois d’octobre 2024, Sébastien Nolésini, directeur général de France Judo, revient sur ces quatre années passées aux commandes. L’occasion de rappeler les nombreux chantiers lancés, dont le programme 1000 Dojos, la Dojo Academy ou encore la gestion du dossier du grand dôme de Villebon-sur-Yvette, mais aussi d’évoquer l’avenir dans la foulée de Jeux olympiques et paralympiques inoubliables à Paris cet été. Avec un rôle moteur qu’il compte bien voir dépasser le cadre national, notamment sur le volet de nouveaux formats de compétitions internationales inspirées du modèle de la Judo Pro League initiée en 2022, ou sur celui de l’évolution de l’arbitrage mondial, sujet sur lequel il dévoile que la France et le Japon coopèrent depuis des mois pour des propositions concrètes formulées à la fédération internationale.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Générique

    Professeurs, entraîneurs, experts, champions d'hier et d'aujourd'hui, mais aussi judokas anonymes, le podcast de l'esprit du judo, c'est maintenant.

  • L'Esprit du Judo

    Hajimé ! Directeur général à la Fédération Française de Judo Jujutsu Kendo et Disciplines Associées, en place depuis novembre 2020. Vous êtes arrivé avec toute l'équipe, la nouvelle équipe de direction du judo français, sous la présidence de la Fédération Française de Judo. de Stéphane Nomis. Vous êtes arrivé en plein Covid, il y a 4 ans, juste avant les Jeux de Tokyo. Nous voici après le Triomphe de Paris. On peut dire qu'il s'est donc passé beaucoup de choses. Bonjour Sébastien Nolésini.

  • Sébastien Nolésini

    Bonjour Emmanuel. Effectivement, en 4 ans, ça a été très très vite. Les Jeux de Paris, on va dire que c'est un peu la cerise sur le gâteau, c'est le fruit de tout un travail tout au long de cette Olympiade qui démarre effectivement sur une période de Covid où les dojos étaient fermés. On prend la gouvernance de la Fédération le 20 novembre 2020 exactement. On a des dojos fermés jusqu'au mois de mai, jusqu'au mois de juin, c'est-à-dire toute la saison. Il a fallu innover, il a fallu être inventif pour relancer le judo. Ça a été notre première... action et puis notre objectif, on ne savait pas où on allait, on découvrait cette fédération qui était quand même une fédération un peu en difficulté avec une chute des licences récurrente depuis un certain nombre d'années, depuis plus de dix ans avec des affaires, avec des dojos fermés, ça c'était plus conjoncturel que structurel mais en tout cas une fédération en difficulté la première démarche a été de de penser aux acteurs qui font le judo au quotidien les clubs, les profs, les bénévoles et les comités. Et on a lancé ce fameux plan de relance avec les dojos fermés, qui a plutôt bien marché, puisque quand on prend la fédération, 315 000 licences, en fin de saison, on termine à 378 000 licences. Donc avec des dojos fermés, on a réussi à aller chercher des pratiquants à travers un certain nombre d'actions mises en place par les clubs partout en France pour faire savoir que le judo était encore bien présent et surtout qu'il n'était pas mort. Donc ça, c'est la première étape. Ensuite, il y a eu plein de dispositifs de mise en place. On en parlera certainement. Mais vraiment, le premier temps, c'est celui-là, relancer le judo français.

  • L'Esprit du Judo

    Alors justement, effectivement, on a un peu oublié, parce que les choses vont vite, y compris dans les têtes. Vous arrivez dans une situation d'urgence avec un vrai risque financier. Je me rappelle quand on en parlait, vous disiez qu'il y avait même un risque de crise. Payer les gens à ce moment-là, c'était le risque auquel vous avez paré. Donc on est quatre ans plus tard, c'est la fin de la première mandature, la première présidence de Stéphane Noumis. Où est-ce qu'on en est justement sur les finances, sur les licences et sur les finances ?

  • Sébastien Nolésini

    Alors sur les finances, quand on prend la fédération, on n'a plus de fonds propres. On a 55 000 euros de fonds propres. On a un budget qui avait été voté à 30 millions d'euros. qu'on doit ramener à 25 millions d'euros, c'est-à-dire qu'il faut qu'en quelques semaines, on fasse 5 millions d'économies pour pouvoir effectivement payer les salaires et pas fermer la fédération. Donc c'est ce qu'on s'est attaché à faire avec le trésorier Nasser Nechard, tout de suite, à voir où on pouvait faire des efforts. On s'est aussi attaché, ça c'est plus avec Stéphane Domis, le président, à aller chercher des recettes. On a été taper un petit peu à toutes les portes pour voir comment... on pouvait être aidé durant cette période. Donc l'Agence Nationale du Sport nous a beaucoup aidé, le ministère des Sports aussi. Ça, ça nous a permis de faire le doron. Aujourd'hui, on est à 40 millions d'euros de budget, c'est-à-dire qu'on a changé le modèle économique de la Fédération, qui était très dépendant des licences. Donc vous imaginez, quand vous avez les dojos fermés et pas de prise de licence, vous êtes en grande difficulté. Donc on ne voulait pas de nouveau se retrouver dans cette situation et de nouveau que la Fédération soit en péril si elle rencontrait des difficultés comme on a pu rencontrer avec la COVID. Donc diversifier les revenus, faire évoluer le modèle économique, c'est aussi aller chercher de nouvelles recettes. Donc tout ce qui est... on a créé une école de formation qui s'appelle la Dojo Académie qui est une source de revenus très importante. On a aussi optimisé et commercialisé le patrimoine de France Judo. que ce soit Villebon qui était déficitaire, qui ne l'est plus.

  • L'Esprit du Judo

    Alors parlons de Villebon, puisque il était question de le vendre.

  • Sébastien Nolésini

    Il est toujours question de le vendre, c'est en cours. Le marché de la promotion immobilière a connu un coup de frein et donc la société Réalité qui avait signé la promesse de vente a dû patienter. Le plan local d'urbanisme voté par la ville a été voté tardivement. Donc il y a des petits aléas. mais aujourd'hui on est plutôt très optimiste et surtout on est plus pressé de vendre comme à l'époque on était 700 000 euros de déficit chaque année, on ne savait pas l'exploiter aujourd'hui on sait l'exploiter on est plus déficitaire On ne gagne pas d'argent mais on a l'équilibre. Donc il n'y a plus d'urgence à vendre un équipement qui aujourd'hui a un vrai potentiel. Il vaut mieux plutôt attendre patiemment.

  • L'Esprit du Judo

    Vous avez dit que vous avez signé une promesse de vente.

  • Sébastien Nolésini

    Oui, dont le délai a été dépassé parce que le plan local d'urbanisme n'a pas été voté dans les temps. Ce qui a permis à la société Réalité de sortir de cette promesse de vente. Néanmoins, on travaille toujours avec cette société. Puisque le projet initial qui était de faire de la promotion immobilière avec des bureaux de la logistique autour de Villebon pour pouvoir financer l'activité dans Villebon n'est plus d'actualité parce que c'est tout simplement un modèle qui n'est plus rentable. Aujourd'hui le projet c'est de mettre en place un data center autour de Villebon sur le foncier qui est disponible autour et ça financera le projet. Donc là on est simplement sur des accords à trouver avec la ville. une des sociétés réalité ou une autre, puisqu'on n'est plus attaché par une promesse de vente. Ça, c'est vraiment d'actualité, puisqu'on les revoit au mois d'octobre pour qu'ils nous fassent des propositions concrètes qui devraient aller au-delà, financièrement, de la première proposition qui était quand même assez élevée. Et alors,

  • L'Esprit du Judo

    du coup, vous dites que vous êtes à l'équilibre. Qu'est-ce que ça veut dire d'être à l'équilibre avec Villebon ? Vous le louez ?

  • Sébastien Nolésini

    Exactement. Villebon et aussi la Dojo Arena et aussi les locaux à la Fédération. Aujourd'hui, ça c'est une source de revenus très importante pour la fédération qui permet de ne plus être dépendant des licences. Le modèle économique de la fédération, c'est 79% des revenus émanés des licences. Aujourd'hui, on est à 59% des revenus parce que la Dojo Academy, le patrimoine de France Judo, puis un certain nombre d'actions qu'on met en place apportent de nouveaux revenus. qui nous servent avant tout à redistribuer au territoire et aux projets de développement.

  • L'Esprit du Judo

    Et comment vous trouvez l'équilibre ? Parce qu'il y a évidemment des mécontents qui pourraient vous dire oui mais ce sont des outils sportifs, donc comment vous trouvez l'équilibre pour que ce soit quand même le sport qui soit privilégié, le judo qui soit privilégié ?

  • Sébastien Nolésini

    Il faut savoir que sur Villebon ou même sur la Dojo Arena, le besoin pour la Faire à son presse de judo, c'est autour de 15 dates par an. On organise essentiellement les championnats de France, qu'ils soient jeunes, seniors, vétérans ou par équipe. Et certains championnats nationaux sont organisés aussi en province. Donc on a grosso modo un besoin d'une quinzaine de dates par an, avec une possibilité de jongler entre Villebon et la Dojo Arena. Donc sur 52 semaines, voire quand vous pouvez louer aussi en semaine, vous vous rendez compte qu'on avait un potentiel énorme qui n'était tout simplement pas exploité. Et nous, on a juste exploité ce potentiel. Et aujourd'hui, ce qui nous permet d'avoir des revenus supplémentaires.

  • L'Esprit du Judo

    Qui sont les locataires qui sont intéressés par cette proposition ?

  • Sébastien Nolésini

    Il y a d'autres fédérations. Par exemple, on travaille beaucoup avec le karaté. On a travaillé avec la boxe. On travaille aussi avec d'autres secteurs d'activité. On peut travailler avec le secteur de la mode. On peut aussi travailler avec des entreprises qui veulent faire des séminaires. Parfois même, on fait intervenir nos... nos champions sur ces séminaires. Je me rappelle, on a accueilli il n'y a pas très longtemps Carrefour, et donc c'est l'Arbi Ben Boudaoud qui a fait l'intervention sur les jeux, sur le judo. C'est aussi une source de relations avec le monde de l'entreprise, des partenaires potentiels à venir. Donc en fait, c'est un écosystème qu'on a créé, qui nous permet d'avoir des revenus, mais pas que, qui nous permet aussi de créer des liens et des partenariats, et surtout de valoriser aussi nos valeurs et les valeurs du judo.

  • L'Esprit du Judo

    Un mot sur le centre de formation, vous avez dit que c'était une source de revenus. De quoi s'agit-il exactement ?

  • Sébastien Nolésini

    Aujourd'hui, on forme différents métiers qui mènent à l'enseignement de judo. Ça va du CQP en passant par le BP, au GEFS, en allant jusqu'au DOGEFS. Ça, c'est notre premier diplôme qu'on a mis en place. On a démarré l'histoire, on était à peu près 70 la première année. Là, la rentrée qui va se faire début octobre, c'est plus de 180 alternants. et jeunes judokas qui veulent être soit professeurs de judo.

  • L'Esprit du Judo

    Ça c'est un premier seuil réussi, puisqu'on en avait parlé il y a trois ans, et c'était le chiffre que vous aviez avancé de 180 qui était l'objectif.

  • Sébastien Nolésini

    Oui, et là je pense qu'aujourd'hui l'objectif c'est d'aller même au-delà de ça, je pense que demain c'est d'être à 300. Aujourd'hui c'est au-delà de ces métiers qui mènent à l'enseignement de judo, on a aussi des... Tout un système de bicalification avec des diplômes qui forment au métier des activités de la forme. Et on a vraiment beaucoup d'ambition, on voudrait créer un diplôme international pour pouvoir enseigner partout en Europe. On a la volonté aussi de travailler un peu plus le côté entrepreneuriat des enseignants de judo. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, un enseignant de judo, on sait qu'il démarre sa carrière en tant qu'enseignant. demain s'il veut en vie il faut aussi qu'il ait une logique de développement donc une logique entrepreneuriale donc c'est les former à cette vocation et puis c'est aussi s'ouvrir à d'autres diplômes comme les métiers on a parlé des métiers de la forme tout à l'heure mais peut-être le sport pour tous enfin l'idée c'est encore une fois créer des revenus pour pouvoir ensuite les redistribuer au développement du judo parce que sans moyens c'est toujours facile de d'avoir plein d'idées, mais si on ne peut pas les financer, c'est toujours compliqué.

  • L'Esprit du Judo

    Créer des revenus, mais aussi créer des formations de qualité, j'imagine.

  • Sébastien Nolésini

    Aussi, puisque là, sur l'Olympiade, c'est toute unité de formation comprise, aussi bien en région qu'au niveau de la Dojo Académie. C'est à peu près 500 professeurs qu'on forme par an, donc 2000 professeurs qui ont été formés à l'échelle de l'Olympiade. Ça, c'est important. On sait que sur les... que dans beaucoup de clubs, dans beaucoup de régions, on a aussi des enseignants qui arrêtent pour différentes raisons. On en avait parlé quand c'était vu il y a 4 ans. La première, c'est l'âge. On a toute une génération qui part à la retraite. La deuxième, c'est aussi un métier difficile. C'est un métier où, oui, certains sont salariés et en vivent, mais c'est aussi très contraignant. On travaille le soir, en semaine, on travaille le week-end. Beaucoup d'enseignants sont séparés, c'est aussi une réalité. Donc le but... C'est qu'il y a un enseignement de qualité pour qu'on arrive à transmettre les valeurs, transmettre la passion, permettre à nos pratiquants de se fidéliser dans la pratique, mais aussi une formation de qualité qui leur permet de travailler et de gagner suffisamment bien leur vie pour pouvoir en vivre sereinement et puis avoir une vie sociale correcte. Parce que c'est un peu le... Il faut que ça soit un écosystème vertueux, il faut que tout le monde s'y retrouve. Un professeur bien rémunéré, qui travaille dans des bonnes conditions, il est épanoui et il transmet du coup des bonnes valeurs, il a un enseignement de qualité et on a des pratiquants souvent qui sont du coup passionnés et fidélisés dans leur pratique.

  • L'Esprit du Judo

    Et donc les licences, même si ça n'est plus aussi crucial, aussi central qu'avant, où en sommes-nous ?

  • Sébastien Nolésini

    Non mais néanmoins ce n'est plus crucial mais c'est quand même un indicateur de réussite important. La santé du judo français, aujourd'hui on a démarré à 315 000 licences comme on l'avait évoqué il y a quelques années. Avant le Covid on était à 510 000 licences je crois. Aujourd'hui au 31 août 2024, on finit la saison sportive à 550 000 licences. Ce qui est une grande fierté. Aujourd'hui on a énormément de nouveaux pratiquants chaque année. On fait une rentrée, puisqu'on est au mois de septembre, j'ai déjà les chiffres, qui est extraordinaire. On est à plus de 20% de licences de date à date. Ça veut dire qu'on pourrait peut-être, pour la première fois de notre histoire, passer les 600 000 licenciés à la fin de la saison, ce qui est tout à fait incroyable. Mais au-delà d'être incroyable, c'est surtout le fruit de tout un travail de la fédération, des acteurs qui font le judo, et surtout, c'est un travail de la fédération. en direction de ces acteurs qui font le judo. On a parlé tout à l'heure du plan de relance pour relancer l'activité, mais aujourd'hui, on a mis un certain nombre de dispositifs, dont le fameux programme 1000 Dojos, qui permet aujourd'hui ces 400 clubs qui bénéficient d'un dojo où ils ont des accès...

  • L'Esprit du Judo

    Parlons des grands projets. C'était le sujet de notre dernière conversation. On était au début des 1000 Dojos. Il y avait Nanterre, il y avait Clichy, je me rappelle. Maintenant, on en est où ?

  • Sébastien Nolésini

    Vous êtes à Nanterre combien ? Il y avait Nanterre, il y avait Clichy, ça c'est le début de l'histoire, c'était un peu les concept stores, on venait voir à quoi ça pouvait ressembler. Maintenant c'est 400 dojos qui sont en cours d'inauguration, ou qui seront inaugurés au 31 décembre. Donc on a parcouru du chemin. Il faut savoir qu'avec Stéphane Nomis, le président, on prenait notre bâton de pèlerin à deux pour expliquer en quoi ça consistait et ce qu'on allait faire. Alors on était souvent vu pour des utopistes, par les bienveillants, ou des hurluberlus par les moins bienveillants. Aujourd'hui c'est une réalité, c'est un fait. Et quel que soit l'endroit en France, il n'y a pas un département où il n'y a pas un projet de dojo solidaire qui est sorti. Quand vous regardez sur les réseaux, toutes les semaines il y a des inaugurations, au point qu'on ne peut pas aller à toutes les inaugurations, parce que des fois il y en a plusieurs par jour. Donc voilà, ça marche. 400 dojos, il faut se rendre compte, c'est partout en France.

  • L'Esprit du Judo

    On ne peut pas avoir assez de noms de champions pour tous ces dojos.

  • Sébastien Nolésini

    Mais ça, ce sera un problème de riches, comme dirait l'autre. Ce n'est pas vraiment un problème. Ce qui est important, c'est qu'aujourd'hui, on sait que la triptyque dojo, professeur et valeur, c'est la triptyque qui marche pour le judo français et qui fait que le judo français est rayonnant et en bonne santé. Donc nous, à la Fédération, on s'est attachés à ça. C'est-à-dire que le programme 1000Dojos, c'est de donner les moyens aux clubs volontaires et dynamiques d'avoir leur propre dojo et pas de se battre chaque année quand ils ont une volonté de se développer avec d'autres disciplines parce qu'il n'y a pas de créneau. Former les professeurs, on l'a dit tout à l'heure, le professeur c'est celui qui transmet les valeurs, transmet la passion, éduque chaque jour au quotidien dans les dojos. Sans professeur, on peut avoir des dojos mais ça ne marchera pas. Donc il faut qu'on forme. C'est ça. Il faut qu'on transmette un enseignement de qualité. C'est quoi un enseignement de qualité ? Ce n'est pas que savoir bien faire les techniques, c'est aussi donner envie à tous ces gamins de s'investir dans la pratique du judo et surtout leur expliquer que le judo, c'est bien plus qu'un sport, c'est une éducation, c'est des valeurs qui leur serviront toute leur vie.

  • L'Esprit du Judo

    Et alors, pour conclure sur ces 1000 Dojos, il y en a certains qui ont déjà trois. 3 ans et demi d'existence à peu près. Est-ce qu'ils ont atteint un rythme de croisière ? Est-ce que vous êtes satisfait de leur utilisation ? Comment ça marche ?

  • Sébastien Nolésini

    Oui, on est satisfait de leur utilisation. Après, d'une manière générale, ça fonctionne plutôt bien. C'est aujourd'hui une moyenne, c'est des petits dojos, mais c'est une moyenne de 30 à 50 pratiquants. Pour ceux qui ont ouvert cette année, parce que finalement, à part Clichy et Nanterre qui sont les premiers, Mais tous les autres sont sortis au courant 2023. Essentiellement, vraiment, les projets ont été validés en 2022, le temps que ça se passe, parce que c'est quand même des... Il faut savoir que ce n'est pas les travaux qui sont le plus long pour les 1000 dojos, c'est les contraintes administratives. Il y a 70 pièces à remplir. Il y a des acteurs comme les collectivités territoriales, les services de l'État qu'il faut convaincre et à qui il faut apporter des attestations. Et ça, ça prend énormément de temps. Donc un dojo souvent qui a été validé par la Fédération et l'ANS en 2022, il sort en 2023 et ainsi de suite. Donc là, on a les dojos qui sortent. Et aujourd'hui, la moyenne, c'est à peu près entre 30 et 50 licences par dojo. Mais je dirais que c'est une moyenne qui est un peu faussée parce que certains n'ont même pas une année d'existence et sont sortis en courte saison. Aujourd'hui, pour avoir un vrai regard, il faut... Regardez les dojos qui ont ouvert en septembre, ou en septembre dernier, c'est-à-dire une saison normale, et voir combien de pratiquants ils ont pu amener. Aujourd'hui, on a des dojos qui sont très différents. On a des dojos scolaires, par exemple, avec des petits tapis de 70 m², et des grands dojos qui font 300 m², comme dans certains territoires. Donc, c'est aussi ce qui fait la différence. C'est aussi chaque dojo a son projet. Il y en a, c'est beaucoup de temps périscolaire, donc après l'école, et puis il y en a d'autres, c'est durant l'école. Et puis c'est aussi, il y a une nécessité d'acculturer nos enseignants et nos clubs à faire vivre ces dojos toute la journée. Donc ça, il faut pouvoir avoir un prof disponible toute la journée. Il faut créer des liens aussi avec l'environnement, par exemple avec les écoles, avec les centres sociaux, avec... les EHPAD, puisqu'on inaugure à Corbeil-Essonne prochainement un dojo dans un EHPAD. Donc ça veut dire que c'est des professeurs qui doivent travailler avec d'autres publics que leur. Donc ça nécessite des conventions, ça nécessite parfois des formations spécifiques. Donc vous voyez, il y a toute une animation encore à bien structurer pour qu'on soit vraiment satisfait et qu'il y ait une utilisation et une vraie pleine mesure de ces dojos.

  • L'Esprit du Judo

    Ce que vous décrivez, c'est... pratiquement une nouvelle conception du club. C'est quelque chose de plus ancré dans la société, avec les acteurs sociaux, etc., sur des endroits qui sont encore plus ambitieux que précédemment.

  • Sébastien Nolésini

    Aujourd'hui, on a un modèle associatif que je trouve très important, très bien fait, très utile à la société, parce que pour moi, une association, c'est une micro-société qui fonctionne bien. On a des gens qui donnent pour les autres en permanence. On appelle ça des bénévoles ou même des professeurs qui ne sont souvent pas rémunérés pour tout ce qu'ils font. Mais en tout cas, par conviction et par valeur, ils s'engagent. Ça, c'est super. Et ça, il faut qu'on le préserve. Et surtout, il faut qu'on le protège. Et le protéger, ce n'est pas être conservateur et dire... C'est dire aussi, regarder autour de soi et voir que ces associations sont aussi dans un champ concurrentiel. Aujourd'hui, vous avez des salles de sport qui ouvrent de 6h à 23h. Alors... on paye 20 à 30 euros par mois et on est resté comme on veut. Là, c'est tout sauf du lien social, c'est tout sauf de l'éducation, c'est du marchand, on vient, on pratique, avec ses écouteurs, on sort. L'association, c'est autre chose, mais néanmoins, il faut la protéger et lui donner les moyens d'être en concurrence avec ses acteurs. Et donner les moyens, déjà, c'est leur mettre à disposition des locaux où ils peuvent avoir développé leur projet comme ils veulent, sans trop de contraintes et de concurrence. Et surtout, s'ils en ont la volonté et s'ils en ont le potentiel humain, c'est pouvoir développer des cours la journée, travailler avec d'autres publics. Et effectivement, c'est un autre modèle. Ce n'est pas un modèle différent, mais c'est un modèle, on va dire, complémentaire qui permet aux associations volontaires d'évoluer. Et je pense que le rôle d'une fédération, c'est aussi ça. C'est, on va dire, donner les moyens à ces associations d'être en concurrence avec le secteur marchand qui est... qui lui a plus d'atouts aujourd'hui dans la société dans laquelle on est.

  • L'Esprit du Judo

    Avec des associations qui peuvent se diversifier, non seulement dans la dimension sportive, mais aussi éventuellement dans la dimension sociale, faire de l'aide aux devoirs, du soutien en EHPAD, des choses comme ça.

  • Sébastien Nolésini

    Exactement, c'est se réinventer autour de la pratique. La pratique, on va dire que c'est un peu le cheval de Troyes, c'est-à-dire qu'on vient pour pratiquer le judo. Et autour de ça, c'est aussi pas donné, parce que je pense que le rôle social, les associations, elles l'ont. mais c'est leur donner cette légitimité. On n'est pas que du sport. Un club de judo, ce n'est pas que du sport. Quand on transmet des valeurs de solidarité, des valeurs de citoyenneté, ce sont des valeurs qui servent au quotidien. On le voit bien dans une société qui est parfois un peu en difficulté. Quand vous êtes capable d'aller vers l'autre, de le respecter, de l'aider à progresser, ce sont des valeurs qui peuvent servir bien au-delà du judo. Et donc ça, aujourd'hui, il faut qu'on... on n'hésite pas à renforcer le message, on n'hésite pas à porter le combat, c'est limite du militantisme ça, mais aujourd'hui la force du judo c'est ça, c'est champion, c'est la vitrine, mais s'il y a des champions aujourd'hui qui brillent aux Jeux Olympiques de Paris, c'est avant tout parce qu'ils ont rencontré des professeurs, des bénévoles qui leur ont permis un jour de pratiquer le judo dans des bonnes conditions, d'aller sur des compétitions. le week-end. Et ça, aujourd'hui, c'est un modèle qu'il faut préserver. C'est même, pour moi, le modèle qui fonctionne bien dans la société française.

  • L'Esprit du Judo

    Alors on va faire un petit sur les projets spectaculaires. D'ailleurs peut-être qu'il faut nous expliquer aussi le lien que vous faites entre les deux. On a vu les 1000 Dojos, il y a la Judo Pro League qui doit être à son acte 3.

  • Sébastien Nolésini

    Saison 3, 14 équipes.

  • L'Esprit du Judo

    C'est une grande série.

  • Sébastien Nolésini

    Donc on avait démarré l'histoire avec 12 équipes, c'était sur des temps très courts. La première saison, la deuxième saison s'est structurée avec une phase de poules, des quarts de finale, un final four. Là on avait essayé aussi de faire des propositions au niveau de l'arbitrage avec deux ippons tout ça. Là on revient à quelque chose d'un peu plus classique tout simplement parce que déjà l'Union Européenne de judo a modifié le championnat d'Europe par équipes de club qui sera à partir de décembre 2024. Un championnat d'Europe mixed teams. Nous, on revient sur quelque chose de plus classique sur l'arbitrage. C'est-à-dire qu'il y aura les mêmes règles qui sont appliquées aujourd'hui sur les compétitions traditionnelles. Un ippon, on va quand même mettre en place le kinza. On va être un peu innovant là-dessus, même si je pense qu'au niveau international, ça se mettra aussi en place très prochainement. La formule, elle est simple aujourd'hui. C'est chaque équipe, donc 14 équipes. qui viennent de toute la France auront deux matchs à domicile et deux matchs à l'extérieur. On est sur une formule de la Ligue des Champions en football. Je ne sais pas si vous avez suivi cette année. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, c'est un championnat unique. On a quatre matchs, deux à domicile, deux à l'extérieur. Et on rencontre quatre équipes différentes. Et à chaque fois qu'on met des points, on monte ou on descend dans le classement. Les huit premiers iront sur des cartes de finale. Chaque vainqueur de carte finale se retrouvera ensuite sur un Final 4 qui sera organisé à Paris en janvier et qui permettra d'obtenir le titre de champion de France par équipes mixtes.

  • L'Esprit du Judo

    Vous nous dites qu'il y a une connexion qui va se faire avec l'Europe ou c'est encore trop tôt ?

  • Sébastien Nolésini

    Aujourd'hui, il y aura une connexion qui va se faire avec l'Europe. Aujourd'hui, on est obligé pour pouvoir sélectionner une équipe au championnat d'Europe mixteam, il faut qu'on ait forcément un championnat de France mixteam. Et donc la Judo Pro League sera le championnat de France mixed teams qui qualifiera à terme au championnat d'Europe. Là pour cette année, ça va être un peu compliqué parce que c'est tombé en août l'information. Donc on a la Judo Pro League, même si elle décerne un titre de champion de France. Aujourd'hui, toutes les équipes n'étaient pas concernées par la judo Pro League. Certaines s'étaient engagées volontairement, d'autres n'avaient pas souhaité le faire. Aujourd'hui... C'est un scoop que je vous donne, mais quasi toutes les équipes de haut niveau, quand je dis de haut niveau, qui sont sur les podiums des championnats de France, seront représentées cette saison en Judo Pro League. Donc il y a une équipe pour laquelle je dois envoyer...

  • L'Esprit du Judo

    Une équipe majeure, non ?

  • Sébastien Nolésini

    Une information... majeure, oui, des équipes majeures, avec des sélectionnés olympiques. Je ne peux pas en dire plus. Donc il y a des choses quand même aujourd'hui, vraiment on a eu une longue discussion hier soir tardivement avec un des clubs, mais on peut se retrouver avec un problème de riches, c'est-à-dire avoir plus d'équipes qui veulent rentrer dans la Judo Pro League qu'on a de place à leur offrir. Donc ça va être conclu aujourd'hui, et à partir de l'année prochaine, on passera tout ça en Assemblée Générale, parce que l'objectif aujourd'hui c'est qu'on revienne sur un format... plus classique dans les qualifications, c'est-à-dire qu'on est des championnats de zone par exemple ou de région mixteam qui qualifient un championnat de France mixed teams. Et donc c'est ça qu'on va travailler avec les délégués de club, avec les comités, avec la communauté du judo pour pouvoir passer ça dans les statuts et acter ça à l'Assemblée Générale de Dijon en 2025. Donc on est sur une période de transition. Mais là, ce qu'on peut souligner, c'est que finalement, on avait un petit peu anticipé tout ça en créant cette judo pour l'île, qui a été souvent décrite parce que les conservateurs voyaient ça comme quelque chose de digressif et surtout qui ne correspondait pas aux valeurs de judo, ce qui est à mes yeux totalement faux. Je rappelle qu'aujourd'hui, il n'y a pas de modèle économique du haut niveau, que certains clubs s'accaparent, on va dire, les... les meilleurs judokas parce qu'ils sont sur Paris, parce que l'INSEP est sur Paris, mais que derrière, beaucoup de judokas qui veulent faire du haut niveau vivotent et c'est très compliqué socialement pour eux. Donc nous, la volonté qu'on a, c'est que le haut niveau, à terme, s'autofinance grâce à cette Judo Pro League, grâce aux revenus qu'elle peut créer. Maintenant, ça prend du temps, créer un produit, le rendre attractif. Mais aujourd'hui, on avance plutôt bien. L'an dernier, on a quand même été diffusé. sur une chaîne publique un samedi soir, ce qui n'était jamais arrivé depuis des années. Moi j'ai 52 ans aujourd'hui, je n'ai jamais vu un championnat de France à la télé. Peut-être que vous avez eu ce plaisir-là.

  • L'Esprit du Judo

    Il n'y a pas de plus vieux.

  • Sébastien Nolésini

    Le premier, c'était donc… Et ça a marché. C'est plus d'un million de vues sur L'Équipe, le final four de la Judo Pro League. Ce qui est quand même incroyable. Il faut se rendre compte de ce que ça... Donc aujourd'hui, voilà, il y a des choses qui avancent. Tout n'est pas parfait. Mais encore une fois, c'était une expérimentation. Mais ce qui a salué, c'est que l'Union Européenne, finalement, après avoir vu le final fort, a décidé de faire évoluer son championnat d'Europe qui était quand même très obsolète, où il n'y avait que des équipes françaises, mais qui devaient aller combattre en géorgie. Voilà, donc... Et ça n'intéressait personne. J'ai été président de club et j'ai eu la chance d'avoir une équipe féminine championne d'Europe de la Ligue des champions. J'ai eu une ligne dans un journal qui s'appelle Le Républicain. Une ligne. Cette Coupe d'Europe, elle n'intéresse personne. Donc je pense que plutôt que d'être conservateur sur ce type de projet, ce type de grand projet, je pense qu'on doit tous être derrière ces innovations et surtout avoir vraiment envie de les améliorer pour qu'elles soient utiles et attractives au judo français. Et puis finalement à tous ces gamins qui s'engagent dans des... dans des projets de haut niveau et qui ont du mal parfois à financer leur carrière ou leur double projet si ils sont étudiants.

  • L'Esprit du Judo

    Donc ce qu'on est en train d'entendre dans vos paroles, c'est que le championnat de France a évolué vers une zone comme ça à plusieurs tours,

  • Sébastien Nolésini

    plus ambitieuse. Exactement.

  • L'Esprit du Judo

    Je pense que globalement tout le monde peut se retrouver sur un projet de championnat de France enrichi si je comprends bien, d'autant plus que derrière il y a l'Europe qui est là, qui est attractive. Et à quand, des équipes japonaises.

  • Sébastien Nolésini

    C'est pas fait en Europe, ça va être compliqué.

  • L'Esprit du Judo

    Non mais justement, il faut passer à des formats encore plus ambitieux derrière.

  • Sébastien Nolésini

    Il y a un projet de ligue mondiale par équipe de club, qui concernera forcément des équipes japonaises. Pareil, c'est une demande de l'IJF, elle nous a demandé de réfléchir à ce projet, de voir comment la France pourrait, à travers son expérience de l'organisation des grands événements et surtout sa culture de championnat de club, pourrait... pourrait proposer des choses un peu sympa. Je vous avouerai qu'on s'est très concentrés sur le national pendant 4 ans, parce que c'est quand même beaucoup de travail. On a lancé beaucoup de projets. On a parlé de la Gino Pro League, du plan de relance, des 1000 Dojos, de la Dojo Academy. Vous voyez, tout ça, c'est quand même des choses très structurantes qui demandent du temps pour s'installer dans le paysage et surtout fonctionner. Aujourd'hui, ça fonctionne, mais elles ont encore besoin d'évoluer. Donc c'est vrai qu'on ne s'est pas forcément concentré sur la Ligue mondiale et le projet souhaité par l'IJF. Mais ça viendra parce qu'il faut savoir que la France aujourd'hui est très regardée. Les Jeux, ça a été une formidable vitrine. On a accueilli le monde. Ils ont pu voir que le judo français fonctionnait bien en termes de résultats. 10 médailles, ce qui est quand même incroyable. Mais pas que. Aujourd'hui, le judo souffre dans le monde. Il y a beaucoup de pays, dont le Japon, où on vient d'évoquer, qui... perdent énormément de pratiquants. Où le judo est beaucoup moins attractif. Et à l'inverse, en France c'est l'inverse. Le judo est beaucoup plus attractif. C'est ce que je dis, je ne suis pas en train de me flatter moi-même, c'est un constat. On passe de 315 000 à 550 000 licences. On a plus 20% pour cette année et on devrait atteindre les 600 000 licenciés. On a créé 400 dojos supplémentaires. Il faut savoir que 400 dojos supplémentaires, c'est quelque chose d'incroyable. En France, on a 6000 dojos. Nous, on en a presque créé 10% supplémentaires en une olympiade. Je ne sais pas si vous vous rendez compte, dans 400, ça concerne quasiment 10% des clubs de judo français qui ont eu un dojo à leur disposition. 2000 enseignants formés aussi. Alors ils ne vont peut-être pas tous s'engager sur le métier de prof de judo à plein temps, mais c'est néanmoins partout en France, 2000 nouveaux professeurs qui vont pouvoir enseigner dans des dojos. Et ça, il faut savoir que c'est un vrai paradoxe. Aujourd'hui, ce n'est pas partout comme ça. Dans le monde, ce n'est pas comme ça. Au Japon, je crois qu'ils sont passés de 160 000 à 120 000 pratiquants. Donc, si la base, à un moment donné, elle s'effrite... en haut de la pyramide, il y a un jour où il n'y aura plus personne. Donc nous, on s'est attachés pendant ce mandat à structurer la base, vraiment la consolider, lui donner les moyens de rayonner, parce qu'on est convaincus que ce n'est pas la fédération qui fait le judo, c'est les clubs, les bénévoles et les professeurs qui au quotidien, et pour ça ils ont besoin que nous on valorise l'image du judo dans notre communication, qu'on en parle beaucoup. Partout où on va, quelle que soit la personne qu'on rencontre, on porte les valeurs du judo et on porte le judo. Ce qui fait qu'on en parle beaucoup, on a parlé tout à l'heure de l'équipe TV, et tous ces projets qu'on met en place, ça sert à ça, ça sert à structurer mais ça sert aussi à promouvoir. Et en fait c'est un mouvement permanent qui fait qu'on en est là aujourd'hui et qu'on est regardé aussi dans le monde avec beaucoup d'intérêt parce qu'il y a beaucoup de choses qui ont été lancées, qui fonctionnent et du coup c'est... C'est aussi comme ça qu'on valorise l'image de la France.

  • L'Esprit du Judo

    On parle des Jeux, un tout petit bilan sportif évidemment, mais un petit bilan du point de vue du directeur de la Fédération des Jeux.

  • Sébastien Nolésini

    Les Jeux, c'est une formidable réussite sportivement, même si vous ne voulez pas qu'on en parle, on va quand même en parler, 10 médailles. Il faut savoir que c'est incroyable, le record était à Tokyo avec 8 médailles, là on fait 2 médailles supplémentaires. Et puis on a vécu une semaine idyllique. Tout passionné de Judo s'en souviendra toute sa vie. C'était un stade plein, c'était l'émotion de tous les jours. On se demandait comment on pouvait faire plus chaque jour et on faisait plus chaque jour. Avec la finale par équipe et la roulette. On m'a dit durant cette finale par équipe si Netflix avait sorti un scénario comme ça, on aurait dû exagérer. et pourtant voilà on l'a vécu donc ça incroyable il y a une autre chose dont on est très fier c'est que on a réussi On a réussi à... C'est 6000 billets achetés. Et donc on a réussi à permettre à notre communauté de vivre... un moment incroyable et historique. Ça, je crois que c'est notre plus grande fierté. Il y a les médailles, bien sûr, on est très heureux, on est très fiers, mais notre plus grande fierté, c'est d'avoir pu partager ces moments de bonheur avec les passionnés que sont les gens qui ont été invités. C'était que des bénévoles qui venaient des clubs, des professeurs, et ça, je peux vous assurer, alors des fois, c'était un peu contraignant parce que entre les QR codes, c'était parfois un peu compliqué, mais néanmoins, ces 6000... personnes qui ont bénéficié de billets offerts par France Judo et qui ont pu vivre un moment historique à l'aréna du Champ de Mars mais aussi à la fanzone puisqu'on avait aussi organisé une fanzone pour que les gens se retrouvent le soir ou même la journée puisque ceux qui avaient des billets que pour la demi-journée allaient assister l'autre demi-journée aux épreuves sur la fanzone certains médias olympiques se sont rendus sur cette fanzone pour aller à la rencontre des supporters et des passionnés... Et ça, moi, je crois que toute mon histoire avec le judo, c'est un moment que je n'oublierai jamais. Cette joie dans le regard des gens de pouvoir vivre le moment et d'être acteur de ce moment. Et nous, Fédération, on a voulu... C'est un vrai choix. C'est un million et demi d'achats de billets, il faut le savoir. Mais c'est un vrai choix dont on est très fiers parce que donner du bonheur aux autres, c'est toujours un vrai plaisir.

  • L'Esprit du Judo

    Alors, il y aura un avant et un après. Jeu de Paris, forcément, c'est un tel... Vous l'avez bien décrit à un tel moment. Il se trouve que justement ce sont les élections. Vous avez fait votre premier mandat. Stéphane Nomis conclut sur ses Jeux olympiques. C'est un nouveau système qui va être mis en place. Il faudrait peut-être l'expliquer à nos auditeurs ?

  • Sébastien Nolésini

    Alors les élections auront lieu du 17 au 19 octobre. Et effectivement, c'est un nouveau système parce que pour la première fois de l'histoire du judo français, les clubs voteront. Donc auparavant, c'était des grands électeurs qui étaient... qui venait des OTD, des comités. Donc il y avait le président du comité, plus des délégués de club qui votaient dans chaque territoire. Ça représentait à peu près 270 personnes. Aujourd'hui, on change d'envergure, puisque les 5149 clubs pourront voter au même titre que les présidents de comité et les délégués de club sur chaque territoire. Donc on passe d'une élection qu'on définissait comme une élection de grands électeurs en ligne. une élection beaucoup plus démocratique où c'est l'ensemble de la communauté du judo français qui pourra voter.

  • L'Esprit du Judo

    Comment ça va se passer concrètement ? Ils vont voter sur internet ?

  • Sébastien Nolésini

    Ils voteront sur internet. Comme précédemment, ça s'était passé comme ça à cause du Covid en 2020 et cette année, de nouveau, on fera un vote dématérialisé parce qu'effectivement faire venir 5000 personnes, c'est un peu compliqué, mais on fera un vote dématérialisé. Certaines fédérations le font déjà, ça fonctionne plutôt bien. Je pense au rugby qui s'était engagé dans cette voie avant nous. Donc effectivement, une élection un peu particulière, mais très démocratique, parce que du coup, tout le monde aura son mot à dire.

  • L'Esprit du Judo

    Ce sont les présidents de club qui vont voter ?

  • Sébastien Nolésini

    C'est ça, ou leurs représentants, ceux qui désigneront comme leurs représentants.

  • L'Esprit du Judo

    Toute l'équipe se représente. Qu'est-ce que ça serait un deuxième mandat Stéphane Nomis avec vous en directeur, j'imagine ?

  • Sébastien Nolésini

    Oui, si... Si Stéphane est réélu, effectivement, je resterai directeur. S'il n'est pas, en toute humilité, je me retirerai, puisque finalement, ça sera aussi la volonté des gens qui votent, c'est-à-dire qui voteront pour un autre projet que le nôtre. Je dis bien le nôtre parce que c'est un projet collectif, on est une équipe. Il y a Stéphane qui est notre président, mais derrière, c'est tout un tas d'élus qui oeuvrent aussi pour que ce projet avance. Là, aujourd'hui, on est dans une phase, on a relancé le judo français, on a posé des... des fondamentaux pour qu'ils vivent sereinement, je pense que rien n'est jamais acquis. et que cette dynamique il faut la continuer parce que ça peut, à l'inverse, si on retombe dans un certain conservatisme ou une certaine vision du judo, on peut revenir 30 ans en arrière très très rapidement. Et donc je pense qu'il y a encore beaucoup de projets, on a parlé de la professionnalisation des enseignants. Des dojos, finalement on a un programme qui s'appelle 1000 Dojos, on en a fait 400 donc il en reste 600 encore à développer, c'est encore beaucoup de boulot. On a parlé de la judo pro-league, de l'évolution des championnats, on a très peu parlé de la filière, il y a un vrai sujet sur la filière. Aujourd'hui on a vraiment la volonté de régionaliser le haut niveau, parce qu'on sait que quand les gamins montent sur Paris, ça a un coût, c'est parfois difficile. Ils sont éloignés de leur famille, de leurs amis, aujourd'hui on veut travailler sur la filière et régionaliser. Le haut niveau, c'est-à-dire que, vous le savez, il y a un projet de centre national dans le sud de la France, qui est aussi en cours et qu'on aimerait mener à terme. Il y a aussi ce qu'on a été capable de faire à l'échelle nationale pour créer des nouveaux revenus. On aimerait aussi aider les territoires comme les régions et certains départements à pouvoir faire la même chose, en développant eux-mêmes leur école de formation, en étant aussi propriétaires de locaux. Donc on veut aussi mailler le territoire d'équipements servant au judo. Donc il y a une volonté d'aider chaque département à avoir son dojo départemental. On a aussi la volonté que chaque département ait un encadrement technique en charge de développer le judo. Aujourd'hui, ça a été un frein à l'évolution rapide des choses. C'est qu'on a un encadrement technique qui a été très longtemps formé à organiser des compétitions, ce qui est un autre métier. Aujourd'hui on veut aider ces territoires à avoir aussi des profils de développeurs, des gens qui sont capables d'ouvrir des dojos solidaires, qui sont capables d'aller travailler avec les collectivités pour mettre en place du judo dans les écoles, dans les centres sociaux, dans les EHPAD. Et parce qu'on sait qu'aujourd'hui c'est comme ça que ça fonctionnera, c'est en étant en mouvement permanent, en ayant une vraie volonté. de promouvoir le judo et de le développer sur les territoires, sur l'ensemble du territoire français, que ça fonctionnera. Donc tout ça, c'est ce qu'il nous reste à faire. Je dirais qu'on est au milieu du chemin. Je dirais que rien n'est acquis et qu'il faut continuer à être en mouvement et être ambitieux pour le judo. Je pense qu'aujourd'hui, il est temps aussi de plus rayonner au niveau international. On est arrivé dans une période où les relations étaient un peu compliquées avec la Fédération internationale ou même l'Union européenne. Aujourd'hui, c'est l'inverse. Les relations sont plutôt simples. Et donc, c'est peut-être le moment aussi de porter notre vision du judo, qui est une vision de développement. On en a parlé tout au long de l'échange. Mais je pense que ce qu'on a été capable de faire en France, on doit pouvoir essayer de la... d'influencer aussi les acteurs internationaux pour le faire aussi à l'étranger et développer le judo partout dans le monde, puisqu'on est avant tout convaincus de la puissance éducative du judo et de cette capacité. à créer du lien entre les hommes et les femmes que permet le judo. Et voilà, on est un peu militant. Et donc, voilà ce qu'il nous reste à faire.

  • L'Esprit du Judo

    Il y a un autre acteur du monde international qui se rapproche de vous. Vous vous rapprochez d'eux, c'est le Japon.

  • Sébastien Nolésini

    Alors, on n'en est plus à la phase de rapprochement. Là, on travaille avec le Japon. Par exemple, là, il y a une commission sur l'arbitrage qui a été mise en place par la Fédération internationale. Et avec le Japon, on va porter une certaine vision. de l'arbitrage, on veut revenir à des choses un peu plus classiques et compréhensibles pour tout le monde et ça c'est on va porter la voie en ayant travaillé ensemble et ce sera une voie unique on souhaite revenir à un arbitrage où l'impact est valorisé où la technique est valorisée et non pas des matches à rallonge sans fin ou avec des golden scores qui se finissent par des pénalités où on ne comprend plus rien. Donc ça, aujourd'hui, je pense que même à la Fédération Internationale, ils en ont conscience. On l'a vu sur les Jeux.

  • L'Esprit du Judo

    On les a sentis sur la défensive, effectivement, après les Jeux.

  • Sébastien Nolésini

    Ce qu'il faut leur reconnaître, c'est qu'aujourd'hui ils laissent la porte ouverte à des propositions et ils organisent finalement des échanges pour que les choses évoluent. Donc on ne peut pas dire qu'ils soient... Alors, ils étaient peut-être sur la défensive au moment des Jeux, mais ils ont conscience qu'aujourd'hui, il y a besoin de... de donner de la visibilité aux décisions d'arbitrage et de revenir à des choses un peu plus simples et compréhensibles de tout le monde.

  • L'Esprit du Judo

    Quelle est l'idée majeure de la proposition franco-japonaise sur l'arbitrage, si on la synthétise en une ou deux phrases ?

  • Sébastien Nolésini

    L'idée, c'est vraiment de valoriser l'impact aujourd'hui. Donc, on va revenir... Nous, on propose de remettre...

  • L'Esprit du Judo

    D'enrichir la...

  • Sébastien Nolésini

    Voilà, d'enrichir. Là, aujourd'hui, on est sur ippon/waza-ari. C'est de revenir aussi à la notion de kinza, parce que des mouvements où il y a du déséquilibre et on tombe... sur les fesses ou même sur le côté, c'est quand même pas la même chose que des mouvements où il y a un déséquilibre fort et un impact sur le dos. Et donc voilà, ça il faut aussi que les gens comprennent quand on tombe.

  • L'Esprit du Judo

    Donc un kinsa c'est-à-dire une marque intermédiaire.

  • Sébastien Nolésini

    Ouais, qui correspondrait au koka/yuko de l'époque. On remet une marche alors. On remet une marche. Et on valorise la chute. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, des fois, on tombe comme ça, ça marque. On tombe comme ça, ça marque pas. C'est très difficile à lire, même pour les initiés que nous sommes. Aujourd'hui, alors imaginez, pour ceux qui viennent pour la première fois au judo, ils voient des combats où... Quand on tombe d'une certaine façon, on gagne sur le tapis 1. Et quand on tombe de la même façon sur le tapis 2, on ne gagne plus. C'est tellement litigieux parfois qu'on y perd notre latin, mais c'est plutôt notre japonais.

  • L'Esprit du Judo

    Notre japonais, bien sûr. Est-ce que vous avez des propositions sur les fausses attaques ?

  • Sébastien Nolésini

    Pareil, l'idée c'est à un moment donné de laisser aussi, plutôt que les fausses attaques, c'est de laisser l'arbitre mener le combat et que ça ne soit pas le superviseur derrière son écran qui mène le combat. Donc on propose de revenir à trois arbitres et on propose même la notion d'unanimité. C'est-à-dire que si on a trois arbitres à la fin du combat qui décident qu'il y en a un, même s'il n'y a pas eu d'impact, qui a vraiment gagné, ça permet de faire gagner... ce judoka donc ça va ça c'est aussi des notions qui font que on aura tendance à être beaucoup plus combatif que non combatif pour gagner un combat alors qu'aujourd'hui on assiste à des matchs on sait très bien que certains cherchent le golden score et l'usure physique pour gagner donc même s'ils prennent un ou deux Shido finalement ils sont patients parce qu'ils savent que en face ça va se fatiguer et qu'ils auront l'occasion de mettre une attaque. Et nous ce qu'on veut c'est pas qu'il y ait une attaque dans le combat, c'est qu'il y en ait plusieurs et que celui qui cherche à faire tomber gagne à la fin.

  • L'Esprit du Judo

    Voilà, bon scoop. Je pense qu'on peut conclure là-dessus Sébastien Nolésini. Il y a du travail encore donc. Beaucoup. Peut-être que vous avez une dernière idée, à nous donner un dernier petit scoop que vous auriez gardé pour vous sur ce qui va se passer dans les quatre ans qui viennent.

  • Sébastien Nolésini

    Et bien je pense que qu'on va être réélu et puis qu'on va continuer à beaucoup beaucoup travailler au service des acteurs qui font le judo. Est-ce que c'est un scoop ? Ça l'est plus ça parce que je pense que pendant quatre ans tout le monde l'a vu mais en tout cas on a toujours cette volonté de mener très haut notre discipline parce qu'on en est très fiers avant tout.

Description

Alors que l’équipe menée par Stéphane Nomis brigue un second mandat à la tête de la fédération française en ce mois d’octobre 2024, Sébastien Nolésini, directeur général de France Judo, revient sur ces quatre années passées aux commandes. L’occasion de rappeler les nombreux chantiers lancés, dont le programme 1000 Dojos, la Dojo Academy ou encore la gestion du dossier du grand dôme de Villebon-sur-Yvette, mais aussi d’évoquer l’avenir dans la foulée de Jeux olympiques et paralympiques inoubliables à Paris cet été. Avec un rôle moteur qu’il compte bien voir dépasser le cadre national, notamment sur le volet de nouveaux formats de compétitions internationales inspirées du modèle de la Judo Pro League initiée en 2022, ou sur celui de l’évolution de l’arbitrage mondial, sujet sur lequel il dévoile que la France et le Japon coopèrent depuis des mois pour des propositions concrètes formulées à la fédération internationale.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Générique

    Professeurs, entraîneurs, experts, champions d'hier et d'aujourd'hui, mais aussi judokas anonymes, le podcast de l'esprit du judo, c'est maintenant.

  • L'Esprit du Judo

    Hajimé ! Directeur général à la Fédération Française de Judo Jujutsu Kendo et Disciplines Associées, en place depuis novembre 2020. Vous êtes arrivé avec toute l'équipe, la nouvelle équipe de direction du judo français, sous la présidence de la Fédération Française de Judo. de Stéphane Nomis. Vous êtes arrivé en plein Covid, il y a 4 ans, juste avant les Jeux de Tokyo. Nous voici après le Triomphe de Paris. On peut dire qu'il s'est donc passé beaucoup de choses. Bonjour Sébastien Nolésini.

  • Sébastien Nolésini

    Bonjour Emmanuel. Effectivement, en 4 ans, ça a été très très vite. Les Jeux de Paris, on va dire que c'est un peu la cerise sur le gâteau, c'est le fruit de tout un travail tout au long de cette Olympiade qui démarre effectivement sur une période de Covid où les dojos étaient fermés. On prend la gouvernance de la Fédération le 20 novembre 2020 exactement. On a des dojos fermés jusqu'au mois de mai, jusqu'au mois de juin, c'est-à-dire toute la saison. Il a fallu innover, il a fallu être inventif pour relancer le judo. Ça a été notre première... action et puis notre objectif, on ne savait pas où on allait, on découvrait cette fédération qui était quand même une fédération un peu en difficulté avec une chute des licences récurrente depuis un certain nombre d'années, depuis plus de dix ans avec des affaires, avec des dojos fermés, ça c'était plus conjoncturel que structurel mais en tout cas une fédération en difficulté la première démarche a été de de penser aux acteurs qui font le judo au quotidien les clubs, les profs, les bénévoles et les comités. Et on a lancé ce fameux plan de relance avec les dojos fermés, qui a plutôt bien marché, puisque quand on prend la fédération, 315 000 licences, en fin de saison, on termine à 378 000 licences. Donc avec des dojos fermés, on a réussi à aller chercher des pratiquants à travers un certain nombre d'actions mises en place par les clubs partout en France pour faire savoir que le judo était encore bien présent et surtout qu'il n'était pas mort. Donc ça, c'est la première étape. Ensuite, il y a eu plein de dispositifs de mise en place. On en parlera certainement. Mais vraiment, le premier temps, c'est celui-là, relancer le judo français.

  • L'Esprit du Judo

    Alors justement, effectivement, on a un peu oublié, parce que les choses vont vite, y compris dans les têtes. Vous arrivez dans une situation d'urgence avec un vrai risque financier. Je me rappelle quand on en parlait, vous disiez qu'il y avait même un risque de crise. Payer les gens à ce moment-là, c'était le risque auquel vous avez paré. Donc on est quatre ans plus tard, c'est la fin de la première mandature, la première présidence de Stéphane Noumis. Où est-ce qu'on en est justement sur les finances, sur les licences et sur les finances ?

  • Sébastien Nolésini

    Alors sur les finances, quand on prend la fédération, on n'a plus de fonds propres. On a 55 000 euros de fonds propres. On a un budget qui avait été voté à 30 millions d'euros. qu'on doit ramener à 25 millions d'euros, c'est-à-dire qu'il faut qu'en quelques semaines, on fasse 5 millions d'économies pour pouvoir effectivement payer les salaires et pas fermer la fédération. Donc c'est ce qu'on s'est attaché à faire avec le trésorier Nasser Nechard, tout de suite, à voir où on pouvait faire des efforts. On s'est aussi attaché, ça c'est plus avec Stéphane Domis, le président, à aller chercher des recettes. On a été taper un petit peu à toutes les portes pour voir comment... on pouvait être aidé durant cette période. Donc l'Agence Nationale du Sport nous a beaucoup aidé, le ministère des Sports aussi. Ça, ça nous a permis de faire le doron. Aujourd'hui, on est à 40 millions d'euros de budget, c'est-à-dire qu'on a changé le modèle économique de la Fédération, qui était très dépendant des licences. Donc vous imaginez, quand vous avez les dojos fermés et pas de prise de licence, vous êtes en grande difficulté. Donc on ne voulait pas de nouveau se retrouver dans cette situation et de nouveau que la Fédération soit en péril si elle rencontrait des difficultés comme on a pu rencontrer avec la COVID. Donc diversifier les revenus, faire évoluer le modèle économique, c'est aussi aller chercher de nouvelles recettes. Donc tout ce qui est... on a créé une école de formation qui s'appelle la Dojo Académie qui est une source de revenus très importante. On a aussi optimisé et commercialisé le patrimoine de France Judo. que ce soit Villebon qui était déficitaire, qui ne l'est plus.

  • L'Esprit du Judo

    Alors parlons de Villebon, puisque il était question de le vendre.

  • Sébastien Nolésini

    Il est toujours question de le vendre, c'est en cours. Le marché de la promotion immobilière a connu un coup de frein et donc la société Réalité qui avait signé la promesse de vente a dû patienter. Le plan local d'urbanisme voté par la ville a été voté tardivement. Donc il y a des petits aléas. mais aujourd'hui on est plutôt très optimiste et surtout on est plus pressé de vendre comme à l'époque on était 700 000 euros de déficit chaque année, on ne savait pas l'exploiter aujourd'hui on sait l'exploiter on est plus déficitaire On ne gagne pas d'argent mais on a l'équilibre. Donc il n'y a plus d'urgence à vendre un équipement qui aujourd'hui a un vrai potentiel. Il vaut mieux plutôt attendre patiemment.

  • L'Esprit du Judo

    Vous avez dit que vous avez signé une promesse de vente.

  • Sébastien Nolésini

    Oui, dont le délai a été dépassé parce que le plan local d'urbanisme n'a pas été voté dans les temps. Ce qui a permis à la société Réalité de sortir de cette promesse de vente. Néanmoins, on travaille toujours avec cette société. Puisque le projet initial qui était de faire de la promotion immobilière avec des bureaux de la logistique autour de Villebon pour pouvoir financer l'activité dans Villebon n'est plus d'actualité parce que c'est tout simplement un modèle qui n'est plus rentable. Aujourd'hui le projet c'est de mettre en place un data center autour de Villebon sur le foncier qui est disponible autour et ça financera le projet. Donc là on est simplement sur des accords à trouver avec la ville. une des sociétés réalité ou une autre, puisqu'on n'est plus attaché par une promesse de vente. Ça, c'est vraiment d'actualité, puisqu'on les revoit au mois d'octobre pour qu'ils nous fassent des propositions concrètes qui devraient aller au-delà, financièrement, de la première proposition qui était quand même assez élevée. Et alors,

  • L'Esprit du Judo

    du coup, vous dites que vous êtes à l'équilibre. Qu'est-ce que ça veut dire d'être à l'équilibre avec Villebon ? Vous le louez ?

  • Sébastien Nolésini

    Exactement. Villebon et aussi la Dojo Arena et aussi les locaux à la Fédération. Aujourd'hui, ça c'est une source de revenus très importante pour la fédération qui permet de ne plus être dépendant des licences. Le modèle économique de la fédération, c'est 79% des revenus émanés des licences. Aujourd'hui, on est à 59% des revenus parce que la Dojo Academy, le patrimoine de France Judo, puis un certain nombre d'actions qu'on met en place apportent de nouveaux revenus. qui nous servent avant tout à redistribuer au territoire et aux projets de développement.

  • L'Esprit du Judo

    Et comment vous trouvez l'équilibre ? Parce qu'il y a évidemment des mécontents qui pourraient vous dire oui mais ce sont des outils sportifs, donc comment vous trouvez l'équilibre pour que ce soit quand même le sport qui soit privilégié, le judo qui soit privilégié ?

  • Sébastien Nolésini

    Il faut savoir que sur Villebon ou même sur la Dojo Arena, le besoin pour la Faire à son presse de judo, c'est autour de 15 dates par an. On organise essentiellement les championnats de France, qu'ils soient jeunes, seniors, vétérans ou par équipe. Et certains championnats nationaux sont organisés aussi en province. Donc on a grosso modo un besoin d'une quinzaine de dates par an, avec une possibilité de jongler entre Villebon et la Dojo Arena. Donc sur 52 semaines, voire quand vous pouvez louer aussi en semaine, vous vous rendez compte qu'on avait un potentiel énorme qui n'était tout simplement pas exploité. Et nous, on a juste exploité ce potentiel. Et aujourd'hui, ce qui nous permet d'avoir des revenus supplémentaires.

  • L'Esprit du Judo

    Qui sont les locataires qui sont intéressés par cette proposition ?

  • Sébastien Nolésini

    Il y a d'autres fédérations. Par exemple, on travaille beaucoup avec le karaté. On a travaillé avec la boxe. On travaille aussi avec d'autres secteurs d'activité. On peut travailler avec le secteur de la mode. On peut aussi travailler avec des entreprises qui veulent faire des séminaires. Parfois même, on fait intervenir nos... nos champions sur ces séminaires. Je me rappelle, on a accueilli il n'y a pas très longtemps Carrefour, et donc c'est l'Arbi Ben Boudaoud qui a fait l'intervention sur les jeux, sur le judo. C'est aussi une source de relations avec le monde de l'entreprise, des partenaires potentiels à venir. Donc en fait, c'est un écosystème qu'on a créé, qui nous permet d'avoir des revenus, mais pas que, qui nous permet aussi de créer des liens et des partenariats, et surtout de valoriser aussi nos valeurs et les valeurs du judo.

  • L'Esprit du Judo

    Un mot sur le centre de formation, vous avez dit que c'était une source de revenus. De quoi s'agit-il exactement ?

  • Sébastien Nolésini

    Aujourd'hui, on forme différents métiers qui mènent à l'enseignement de judo. Ça va du CQP en passant par le BP, au GEFS, en allant jusqu'au DOGEFS. Ça, c'est notre premier diplôme qu'on a mis en place. On a démarré l'histoire, on était à peu près 70 la première année. Là, la rentrée qui va se faire début octobre, c'est plus de 180 alternants. et jeunes judokas qui veulent être soit professeurs de judo.

  • L'Esprit du Judo

    Ça c'est un premier seuil réussi, puisqu'on en avait parlé il y a trois ans, et c'était le chiffre que vous aviez avancé de 180 qui était l'objectif.

  • Sébastien Nolésini

    Oui, et là je pense qu'aujourd'hui l'objectif c'est d'aller même au-delà de ça, je pense que demain c'est d'être à 300. Aujourd'hui c'est au-delà de ces métiers qui mènent à l'enseignement de judo, on a aussi des... Tout un système de bicalification avec des diplômes qui forment au métier des activités de la forme. Et on a vraiment beaucoup d'ambition, on voudrait créer un diplôme international pour pouvoir enseigner partout en Europe. On a la volonté aussi de travailler un peu plus le côté entrepreneuriat des enseignants de judo. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, un enseignant de judo, on sait qu'il démarre sa carrière en tant qu'enseignant. demain s'il veut en vie il faut aussi qu'il ait une logique de développement donc une logique entrepreneuriale donc c'est les former à cette vocation et puis c'est aussi s'ouvrir à d'autres diplômes comme les métiers on a parlé des métiers de la forme tout à l'heure mais peut-être le sport pour tous enfin l'idée c'est encore une fois créer des revenus pour pouvoir ensuite les redistribuer au développement du judo parce que sans moyens c'est toujours facile de d'avoir plein d'idées, mais si on ne peut pas les financer, c'est toujours compliqué.

  • L'Esprit du Judo

    Créer des revenus, mais aussi créer des formations de qualité, j'imagine.

  • Sébastien Nolésini

    Aussi, puisque là, sur l'Olympiade, c'est toute unité de formation comprise, aussi bien en région qu'au niveau de la Dojo Académie. C'est à peu près 500 professeurs qu'on forme par an, donc 2000 professeurs qui ont été formés à l'échelle de l'Olympiade. Ça, c'est important. On sait que sur les... que dans beaucoup de clubs, dans beaucoup de régions, on a aussi des enseignants qui arrêtent pour différentes raisons. On en avait parlé quand c'était vu il y a 4 ans. La première, c'est l'âge. On a toute une génération qui part à la retraite. La deuxième, c'est aussi un métier difficile. C'est un métier où, oui, certains sont salariés et en vivent, mais c'est aussi très contraignant. On travaille le soir, en semaine, on travaille le week-end. Beaucoup d'enseignants sont séparés, c'est aussi une réalité. Donc le but... C'est qu'il y a un enseignement de qualité pour qu'on arrive à transmettre les valeurs, transmettre la passion, permettre à nos pratiquants de se fidéliser dans la pratique, mais aussi une formation de qualité qui leur permet de travailler et de gagner suffisamment bien leur vie pour pouvoir en vivre sereinement et puis avoir une vie sociale correcte. Parce que c'est un peu le... Il faut que ça soit un écosystème vertueux, il faut que tout le monde s'y retrouve. Un professeur bien rémunéré, qui travaille dans des bonnes conditions, il est épanoui et il transmet du coup des bonnes valeurs, il a un enseignement de qualité et on a des pratiquants souvent qui sont du coup passionnés et fidélisés dans leur pratique.

  • L'Esprit du Judo

    Et donc les licences, même si ça n'est plus aussi crucial, aussi central qu'avant, où en sommes-nous ?

  • Sébastien Nolésini

    Non mais néanmoins ce n'est plus crucial mais c'est quand même un indicateur de réussite important. La santé du judo français, aujourd'hui on a démarré à 315 000 licences comme on l'avait évoqué il y a quelques années. Avant le Covid on était à 510 000 licences je crois. Aujourd'hui au 31 août 2024, on finit la saison sportive à 550 000 licences. Ce qui est une grande fierté. Aujourd'hui on a énormément de nouveaux pratiquants chaque année. On fait une rentrée, puisqu'on est au mois de septembre, j'ai déjà les chiffres, qui est extraordinaire. On est à plus de 20% de licences de date à date. Ça veut dire qu'on pourrait peut-être, pour la première fois de notre histoire, passer les 600 000 licenciés à la fin de la saison, ce qui est tout à fait incroyable. Mais au-delà d'être incroyable, c'est surtout le fruit de tout un travail de la fédération, des acteurs qui font le judo, et surtout, c'est un travail de la fédération. en direction de ces acteurs qui font le judo. On a parlé tout à l'heure du plan de relance pour relancer l'activité, mais aujourd'hui, on a mis un certain nombre de dispositifs, dont le fameux programme 1000 Dojos, qui permet aujourd'hui ces 400 clubs qui bénéficient d'un dojo où ils ont des accès...

  • L'Esprit du Judo

    Parlons des grands projets. C'était le sujet de notre dernière conversation. On était au début des 1000 Dojos. Il y avait Nanterre, il y avait Clichy, je me rappelle. Maintenant, on en est où ?

  • Sébastien Nolésini

    Vous êtes à Nanterre combien ? Il y avait Nanterre, il y avait Clichy, ça c'est le début de l'histoire, c'était un peu les concept stores, on venait voir à quoi ça pouvait ressembler. Maintenant c'est 400 dojos qui sont en cours d'inauguration, ou qui seront inaugurés au 31 décembre. Donc on a parcouru du chemin. Il faut savoir qu'avec Stéphane Nomis, le président, on prenait notre bâton de pèlerin à deux pour expliquer en quoi ça consistait et ce qu'on allait faire. Alors on était souvent vu pour des utopistes, par les bienveillants, ou des hurluberlus par les moins bienveillants. Aujourd'hui c'est une réalité, c'est un fait. Et quel que soit l'endroit en France, il n'y a pas un département où il n'y a pas un projet de dojo solidaire qui est sorti. Quand vous regardez sur les réseaux, toutes les semaines il y a des inaugurations, au point qu'on ne peut pas aller à toutes les inaugurations, parce que des fois il y en a plusieurs par jour. Donc voilà, ça marche. 400 dojos, il faut se rendre compte, c'est partout en France.

  • L'Esprit du Judo

    On ne peut pas avoir assez de noms de champions pour tous ces dojos.

  • Sébastien Nolésini

    Mais ça, ce sera un problème de riches, comme dirait l'autre. Ce n'est pas vraiment un problème. Ce qui est important, c'est qu'aujourd'hui, on sait que la triptyque dojo, professeur et valeur, c'est la triptyque qui marche pour le judo français et qui fait que le judo français est rayonnant et en bonne santé. Donc nous, à la Fédération, on s'est attachés à ça. C'est-à-dire que le programme 1000Dojos, c'est de donner les moyens aux clubs volontaires et dynamiques d'avoir leur propre dojo et pas de se battre chaque année quand ils ont une volonté de se développer avec d'autres disciplines parce qu'il n'y a pas de créneau. Former les professeurs, on l'a dit tout à l'heure, le professeur c'est celui qui transmet les valeurs, transmet la passion, éduque chaque jour au quotidien dans les dojos. Sans professeur, on peut avoir des dojos mais ça ne marchera pas. Donc il faut qu'on forme. C'est ça. Il faut qu'on transmette un enseignement de qualité. C'est quoi un enseignement de qualité ? Ce n'est pas que savoir bien faire les techniques, c'est aussi donner envie à tous ces gamins de s'investir dans la pratique du judo et surtout leur expliquer que le judo, c'est bien plus qu'un sport, c'est une éducation, c'est des valeurs qui leur serviront toute leur vie.

  • L'Esprit du Judo

    Et alors, pour conclure sur ces 1000 Dojos, il y en a certains qui ont déjà trois. 3 ans et demi d'existence à peu près. Est-ce qu'ils ont atteint un rythme de croisière ? Est-ce que vous êtes satisfait de leur utilisation ? Comment ça marche ?

  • Sébastien Nolésini

    Oui, on est satisfait de leur utilisation. Après, d'une manière générale, ça fonctionne plutôt bien. C'est aujourd'hui une moyenne, c'est des petits dojos, mais c'est une moyenne de 30 à 50 pratiquants. Pour ceux qui ont ouvert cette année, parce que finalement, à part Clichy et Nanterre qui sont les premiers, Mais tous les autres sont sortis au courant 2023. Essentiellement, vraiment, les projets ont été validés en 2022, le temps que ça se passe, parce que c'est quand même des... Il faut savoir que ce n'est pas les travaux qui sont le plus long pour les 1000 dojos, c'est les contraintes administratives. Il y a 70 pièces à remplir. Il y a des acteurs comme les collectivités territoriales, les services de l'État qu'il faut convaincre et à qui il faut apporter des attestations. Et ça, ça prend énormément de temps. Donc un dojo souvent qui a été validé par la Fédération et l'ANS en 2022, il sort en 2023 et ainsi de suite. Donc là, on a les dojos qui sortent. Et aujourd'hui, la moyenne, c'est à peu près entre 30 et 50 licences par dojo. Mais je dirais que c'est une moyenne qui est un peu faussée parce que certains n'ont même pas une année d'existence et sont sortis en courte saison. Aujourd'hui, pour avoir un vrai regard, il faut... Regardez les dojos qui ont ouvert en septembre, ou en septembre dernier, c'est-à-dire une saison normale, et voir combien de pratiquants ils ont pu amener. Aujourd'hui, on a des dojos qui sont très différents. On a des dojos scolaires, par exemple, avec des petits tapis de 70 m², et des grands dojos qui font 300 m², comme dans certains territoires. Donc, c'est aussi ce qui fait la différence. C'est aussi chaque dojo a son projet. Il y en a, c'est beaucoup de temps périscolaire, donc après l'école, et puis il y en a d'autres, c'est durant l'école. Et puis c'est aussi, il y a une nécessité d'acculturer nos enseignants et nos clubs à faire vivre ces dojos toute la journée. Donc ça, il faut pouvoir avoir un prof disponible toute la journée. Il faut créer des liens aussi avec l'environnement, par exemple avec les écoles, avec les centres sociaux, avec... les EHPAD, puisqu'on inaugure à Corbeil-Essonne prochainement un dojo dans un EHPAD. Donc ça veut dire que c'est des professeurs qui doivent travailler avec d'autres publics que leur. Donc ça nécessite des conventions, ça nécessite parfois des formations spécifiques. Donc vous voyez, il y a toute une animation encore à bien structurer pour qu'on soit vraiment satisfait et qu'il y ait une utilisation et une vraie pleine mesure de ces dojos.

  • L'Esprit du Judo

    Ce que vous décrivez, c'est... pratiquement une nouvelle conception du club. C'est quelque chose de plus ancré dans la société, avec les acteurs sociaux, etc., sur des endroits qui sont encore plus ambitieux que précédemment.

  • Sébastien Nolésini

    Aujourd'hui, on a un modèle associatif que je trouve très important, très bien fait, très utile à la société, parce que pour moi, une association, c'est une micro-société qui fonctionne bien. On a des gens qui donnent pour les autres en permanence. On appelle ça des bénévoles ou même des professeurs qui ne sont souvent pas rémunérés pour tout ce qu'ils font. Mais en tout cas, par conviction et par valeur, ils s'engagent. Ça, c'est super. Et ça, il faut qu'on le préserve. Et surtout, il faut qu'on le protège. Et le protéger, ce n'est pas être conservateur et dire... C'est dire aussi, regarder autour de soi et voir que ces associations sont aussi dans un champ concurrentiel. Aujourd'hui, vous avez des salles de sport qui ouvrent de 6h à 23h. Alors... on paye 20 à 30 euros par mois et on est resté comme on veut. Là, c'est tout sauf du lien social, c'est tout sauf de l'éducation, c'est du marchand, on vient, on pratique, avec ses écouteurs, on sort. L'association, c'est autre chose, mais néanmoins, il faut la protéger et lui donner les moyens d'être en concurrence avec ses acteurs. Et donner les moyens, déjà, c'est leur mettre à disposition des locaux où ils peuvent avoir développé leur projet comme ils veulent, sans trop de contraintes et de concurrence. Et surtout, s'ils en ont la volonté et s'ils en ont le potentiel humain, c'est pouvoir développer des cours la journée, travailler avec d'autres publics. Et effectivement, c'est un autre modèle. Ce n'est pas un modèle différent, mais c'est un modèle, on va dire, complémentaire qui permet aux associations volontaires d'évoluer. Et je pense que le rôle d'une fédération, c'est aussi ça. C'est, on va dire, donner les moyens à ces associations d'être en concurrence avec le secteur marchand qui est... qui lui a plus d'atouts aujourd'hui dans la société dans laquelle on est.

  • L'Esprit du Judo

    Avec des associations qui peuvent se diversifier, non seulement dans la dimension sportive, mais aussi éventuellement dans la dimension sociale, faire de l'aide aux devoirs, du soutien en EHPAD, des choses comme ça.

  • Sébastien Nolésini

    Exactement, c'est se réinventer autour de la pratique. La pratique, on va dire que c'est un peu le cheval de Troyes, c'est-à-dire qu'on vient pour pratiquer le judo. Et autour de ça, c'est aussi pas donné, parce que je pense que le rôle social, les associations, elles l'ont. mais c'est leur donner cette légitimité. On n'est pas que du sport. Un club de judo, ce n'est pas que du sport. Quand on transmet des valeurs de solidarité, des valeurs de citoyenneté, ce sont des valeurs qui servent au quotidien. On le voit bien dans une société qui est parfois un peu en difficulté. Quand vous êtes capable d'aller vers l'autre, de le respecter, de l'aider à progresser, ce sont des valeurs qui peuvent servir bien au-delà du judo. Et donc ça, aujourd'hui, il faut qu'on... on n'hésite pas à renforcer le message, on n'hésite pas à porter le combat, c'est limite du militantisme ça, mais aujourd'hui la force du judo c'est ça, c'est champion, c'est la vitrine, mais s'il y a des champions aujourd'hui qui brillent aux Jeux Olympiques de Paris, c'est avant tout parce qu'ils ont rencontré des professeurs, des bénévoles qui leur ont permis un jour de pratiquer le judo dans des bonnes conditions, d'aller sur des compétitions. le week-end. Et ça, aujourd'hui, c'est un modèle qu'il faut préserver. C'est même, pour moi, le modèle qui fonctionne bien dans la société française.

  • L'Esprit du Judo

    Alors on va faire un petit sur les projets spectaculaires. D'ailleurs peut-être qu'il faut nous expliquer aussi le lien que vous faites entre les deux. On a vu les 1000 Dojos, il y a la Judo Pro League qui doit être à son acte 3.

  • Sébastien Nolésini

    Saison 3, 14 équipes.

  • L'Esprit du Judo

    C'est une grande série.

  • Sébastien Nolésini

    Donc on avait démarré l'histoire avec 12 équipes, c'était sur des temps très courts. La première saison, la deuxième saison s'est structurée avec une phase de poules, des quarts de finale, un final four. Là on avait essayé aussi de faire des propositions au niveau de l'arbitrage avec deux ippons tout ça. Là on revient à quelque chose d'un peu plus classique tout simplement parce que déjà l'Union Européenne de judo a modifié le championnat d'Europe par équipes de club qui sera à partir de décembre 2024. Un championnat d'Europe mixed teams. Nous, on revient sur quelque chose de plus classique sur l'arbitrage. C'est-à-dire qu'il y aura les mêmes règles qui sont appliquées aujourd'hui sur les compétitions traditionnelles. Un ippon, on va quand même mettre en place le kinza. On va être un peu innovant là-dessus, même si je pense qu'au niveau international, ça se mettra aussi en place très prochainement. La formule, elle est simple aujourd'hui. C'est chaque équipe, donc 14 équipes. qui viennent de toute la France auront deux matchs à domicile et deux matchs à l'extérieur. On est sur une formule de la Ligue des Champions en football. Je ne sais pas si vous avez suivi cette année. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, c'est un championnat unique. On a quatre matchs, deux à domicile, deux à l'extérieur. Et on rencontre quatre équipes différentes. Et à chaque fois qu'on met des points, on monte ou on descend dans le classement. Les huit premiers iront sur des cartes de finale. Chaque vainqueur de carte finale se retrouvera ensuite sur un Final 4 qui sera organisé à Paris en janvier et qui permettra d'obtenir le titre de champion de France par équipes mixtes.

  • L'Esprit du Judo

    Vous nous dites qu'il y a une connexion qui va se faire avec l'Europe ou c'est encore trop tôt ?

  • Sébastien Nolésini

    Aujourd'hui, il y aura une connexion qui va se faire avec l'Europe. Aujourd'hui, on est obligé pour pouvoir sélectionner une équipe au championnat d'Europe mixteam, il faut qu'on ait forcément un championnat de France mixteam. Et donc la Judo Pro League sera le championnat de France mixed teams qui qualifiera à terme au championnat d'Europe. Là pour cette année, ça va être un peu compliqué parce que c'est tombé en août l'information. Donc on a la Judo Pro League, même si elle décerne un titre de champion de France. Aujourd'hui, toutes les équipes n'étaient pas concernées par la judo Pro League. Certaines s'étaient engagées volontairement, d'autres n'avaient pas souhaité le faire. Aujourd'hui... C'est un scoop que je vous donne, mais quasi toutes les équipes de haut niveau, quand je dis de haut niveau, qui sont sur les podiums des championnats de France, seront représentées cette saison en Judo Pro League. Donc il y a une équipe pour laquelle je dois envoyer...

  • L'Esprit du Judo

    Une équipe majeure, non ?

  • Sébastien Nolésini

    Une information... majeure, oui, des équipes majeures, avec des sélectionnés olympiques. Je ne peux pas en dire plus. Donc il y a des choses quand même aujourd'hui, vraiment on a eu une longue discussion hier soir tardivement avec un des clubs, mais on peut se retrouver avec un problème de riches, c'est-à-dire avoir plus d'équipes qui veulent rentrer dans la Judo Pro League qu'on a de place à leur offrir. Donc ça va être conclu aujourd'hui, et à partir de l'année prochaine, on passera tout ça en Assemblée Générale, parce que l'objectif aujourd'hui c'est qu'on revienne sur un format... plus classique dans les qualifications, c'est-à-dire qu'on est des championnats de zone par exemple ou de région mixteam qui qualifient un championnat de France mixed teams. Et donc c'est ça qu'on va travailler avec les délégués de club, avec les comités, avec la communauté du judo pour pouvoir passer ça dans les statuts et acter ça à l'Assemblée Générale de Dijon en 2025. Donc on est sur une période de transition. Mais là, ce qu'on peut souligner, c'est que finalement, on avait un petit peu anticipé tout ça en créant cette judo pour l'île, qui a été souvent décrite parce que les conservateurs voyaient ça comme quelque chose de digressif et surtout qui ne correspondait pas aux valeurs de judo, ce qui est à mes yeux totalement faux. Je rappelle qu'aujourd'hui, il n'y a pas de modèle économique du haut niveau, que certains clubs s'accaparent, on va dire, les... les meilleurs judokas parce qu'ils sont sur Paris, parce que l'INSEP est sur Paris, mais que derrière, beaucoup de judokas qui veulent faire du haut niveau vivotent et c'est très compliqué socialement pour eux. Donc nous, la volonté qu'on a, c'est que le haut niveau, à terme, s'autofinance grâce à cette Judo Pro League, grâce aux revenus qu'elle peut créer. Maintenant, ça prend du temps, créer un produit, le rendre attractif. Mais aujourd'hui, on avance plutôt bien. L'an dernier, on a quand même été diffusé. sur une chaîne publique un samedi soir, ce qui n'était jamais arrivé depuis des années. Moi j'ai 52 ans aujourd'hui, je n'ai jamais vu un championnat de France à la télé. Peut-être que vous avez eu ce plaisir-là.

  • L'Esprit du Judo

    Il n'y a pas de plus vieux.

  • Sébastien Nolésini

    Le premier, c'était donc… Et ça a marché. C'est plus d'un million de vues sur L'Équipe, le final four de la Judo Pro League. Ce qui est quand même incroyable. Il faut se rendre compte de ce que ça... Donc aujourd'hui, voilà, il y a des choses qui avancent. Tout n'est pas parfait. Mais encore une fois, c'était une expérimentation. Mais ce qui a salué, c'est que l'Union Européenne, finalement, après avoir vu le final fort, a décidé de faire évoluer son championnat d'Europe qui était quand même très obsolète, où il n'y avait que des équipes françaises, mais qui devaient aller combattre en géorgie. Voilà, donc... Et ça n'intéressait personne. J'ai été président de club et j'ai eu la chance d'avoir une équipe féminine championne d'Europe de la Ligue des champions. J'ai eu une ligne dans un journal qui s'appelle Le Républicain. Une ligne. Cette Coupe d'Europe, elle n'intéresse personne. Donc je pense que plutôt que d'être conservateur sur ce type de projet, ce type de grand projet, je pense qu'on doit tous être derrière ces innovations et surtout avoir vraiment envie de les améliorer pour qu'elles soient utiles et attractives au judo français. Et puis finalement à tous ces gamins qui s'engagent dans des... dans des projets de haut niveau et qui ont du mal parfois à financer leur carrière ou leur double projet si ils sont étudiants.

  • L'Esprit du Judo

    Donc ce qu'on est en train d'entendre dans vos paroles, c'est que le championnat de France a évolué vers une zone comme ça à plusieurs tours,

  • Sébastien Nolésini

    plus ambitieuse. Exactement.

  • L'Esprit du Judo

    Je pense que globalement tout le monde peut se retrouver sur un projet de championnat de France enrichi si je comprends bien, d'autant plus que derrière il y a l'Europe qui est là, qui est attractive. Et à quand, des équipes japonaises.

  • Sébastien Nolésini

    C'est pas fait en Europe, ça va être compliqué.

  • L'Esprit du Judo

    Non mais justement, il faut passer à des formats encore plus ambitieux derrière.

  • Sébastien Nolésini

    Il y a un projet de ligue mondiale par équipe de club, qui concernera forcément des équipes japonaises. Pareil, c'est une demande de l'IJF, elle nous a demandé de réfléchir à ce projet, de voir comment la France pourrait, à travers son expérience de l'organisation des grands événements et surtout sa culture de championnat de club, pourrait... pourrait proposer des choses un peu sympa. Je vous avouerai qu'on s'est très concentrés sur le national pendant 4 ans, parce que c'est quand même beaucoup de travail. On a lancé beaucoup de projets. On a parlé de la Gino Pro League, du plan de relance, des 1000 Dojos, de la Dojo Academy. Vous voyez, tout ça, c'est quand même des choses très structurantes qui demandent du temps pour s'installer dans le paysage et surtout fonctionner. Aujourd'hui, ça fonctionne, mais elles ont encore besoin d'évoluer. Donc c'est vrai qu'on ne s'est pas forcément concentré sur la Ligue mondiale et le projet souhaité par l'IJF. Mais ça viendra parce qu'il faut savoir que la France aujourd'hui est très regardée. Les Jeux, ça a été une formidable vitrine. On a accueilli le monde. Ils ont pu voir que le judo français fonctionnait bien en termes de résultats. 10 médailles, ce qui est quand même incroyable. Mais pas que. Aujourd'hui, le judo souffre dans le monde. Il y a beaucoup de pays, dont le Japon, où on vient d'évoquer, qui... perdent énormément de pratiquants. Où le judo est beaucoup moins attractif. Et à l'inverse, en France c'est l'inverse. Le judo est beaucoup plus attractif. C'est ce que je dis, je ne suis pas en train de me flatter moi-même, c'est un constat. On passe de 315 000 à 550 000 licences. On a plus 20% pour cette année et on devrait atteindre les 600 000 licenciés. On a créé 400 dojos supplémentaires. Il faut savoir que 400 dojos supplémentaires, c'est quelque chose d'incroyable. En France, on a 6000 dojos. Nous, on en a presque créé 10% supplémentaires en une olympiade. Je ne sais pas si vous vous rendez compte, dans 400, ça concerne quasiment 10% des clubs de judo français qui ont eu un dojo à leur disposition. 2000 enseignants formés aussi. Alors ils ne vont peut-être pas tous s'engager sur le métier de prof de judo à plein temps, mais c'est néanmoins partout en France, 2000 nouveaux professeurs qui vont pouvoir enseigner dans des dojos. Et ça, il faut savoir que c'est un vrai paradoxe. Aujourd'hui, ce n'est pas partout comme ça. Dans le monde, ce n'est pas comme ça. Au Japon, je crois qu'ils sont passés de 160 000 à 120 000 pratiquants. Donc, si la base, à un moment donné, elle s'effrite... en haut de la pyramide, il y a un jour où il n'y aura plus personne. Donc nous, on s'est attachés pendant ce mandat à structurer la base, vraiment la consolider, lui donner les moyens de rayonner, parce qu'on est convaincus que ce n'est pas la fédération qui fait le judo, c'est les clubs, les bénévoles et les professeurs qui au quotidien, et pour ça ils ont besoin que nous on valorise l'image du judo dans notre communication, qu'on en parle beaucoup. Partout où on va, quelle que soit la personne qu'on rencontre, on porte les valeurs du judo et on porte le judo. Ce qui fait qu'on en parle beaucoup, on a parlé tout à l'heure de l'équipe TV, et tous ces projets qu'on met en place, ça sert à ça, ça sert à structurer mais ça sert aussi à promouvoir. Et en fait c'est un mouvement permanent qui fait qu'on en est là aujourd'hui et qu'on est regardé aussi dans le monde avec beaucoup d'intérêt parce qu'il y a beaucoup de choses qui ont été lancées, qui fonctionnent et du coup c'est... C'est aussi comme ça qu'on valorise l'image de la France.

  • L'Esprit du Judo

    On parle des Jeux, un tout petit bilan sportif évidemment, mais un petit bilan du point de vue du directeur de la Fédération des Jeux.

  • Sébastien Nolésini

    Les Jeux, c'est une formidable réussite sportivement, même si vous ne voulez pas qu'on en parle, on va quand même en parler, 10 médailles. Il faut savoir que c'est incroyable, le record était à Tokyo avec 8 médailles, là on fait 2 médailles supplémentaires. Et puis on a vécu une semaine idyllique. Tout passionné de Judo s'en souviendra toute sa vie. C'était un stade plein, c'était l'émotion de tous les jours. On se demandait comment on pouvait faire plus chaque jour et on faisait plus chaque jour. Avec la finale par équipe et la roulette. On m'a dit durant cette finale par équipe si Netflix avait sorti un scénario comme ça, on aurait dû exagérer. et pourtant voilà on l'a vécu donc ça incroyable il y a une autre chose dont on est très fier c'est que on a réussi On a réussi à... C'est 6000 billets achetés. Et donc on a réussi à permettre à notre communauté de vivre... un moment incroyable et historique. Ça, je crois que c'est notre plus grande fierté. Il y a les médailles, bien sûr, on est très heureux, on est très fiers, mais notre plus grande fierté, c'est d'avoir pu partager ces moments de bonheur avec les passionnés que sont les gens qui ont été invités. C'était que des bénévoles qui venaient des clubs, des professeurs, et ça, je peux vous assurer, alors des fois, c'était un peu contraignant parce que entre les QR codes, c'était parfois un peu compliqué, mais néanmoins, ces 6000... personnes qui ont bénéficié de billets offerts par France Judo et qui ont pu vivre un moment historique à l'aréna du Champ de Mars mais aussi à la fanzone puisqu'on avait aussi organisé une fanzone pour que les gens se retrouvent le soir ou même la journée puisque ceux qui avaient des billets que pour la demi-journée allaient assister l'autre demi-journée aux épreuves sur la fanzone certains médias olympiques se sont rendus sur cette fanzone pour aller à la rencontre des supporters et des passionnés... Et ça, moi, je crois que toute mon histoire avec le judo, c'est un moment que je n'oublierai jamais. Cette joie dans le regard des gens de pouvoir vivre le moment et d'être acteur de ce moment. Et nous, Fédération, on a voulu... C'est un vrai choix. C'est un million et demi d'achats de billets, il faut le savoir. Mais c'est un vrai choix dont on est très fiers parce que donner du bonheur aux autres, c'est toujours un vrai plaisir.

  • L'Esprit du Judo

    Alors, il y aura un avant et un après. Jeu de Paris, forcément, c'est un tel... Vous l'avez bien décrit à un tel moment. Il se trouve que justement ce sont les élections. Vous avez fait votre premier mandat. Stéphane Nomis conclut sur ses Jeux olympiques. C'est un nouveau système qui va être mis en place. Il faudrait peut-être l'expliquer à nos auditeurs ?

  • Sébastien Nolésini

    Alors les élections auront lieu du 17 au 19 octobre. Et effectivement, c'est un nouveau système parce que pour la première fois de l'histoire du judo français, les clubs voteront. Donc auparavant, c'était des grands électeurs qui étaient... qui venait des OTD, des comités. Donc il y avait le président du comité, plus des délégués de club qui votaient dans chaque territoire. Ça représentait à peu près 270 personnes. Aujourd'hui, on change d'envergure, puisque les 5149 clubs pourront voter au même titre que les présidents de comité et les délégués de club sur chaque territoire. Donc on passe d'une élection qu'on définissait comme une élection de grands électeurs en ligne. une élection beaucoup plus démocratique où c'est l'ensemble de la communauté du judo français qui pourra voter.

  • L'Esprit du Judo

    Comment ça va se passer concrètement ? Ils vont voter sur internet ?

  • Sébastien Nolésini

    Ils voteront sur internet. Comme précédemment, ça s'était passé comme ça à cause du Covid en 2020 et cette année, de nouveau, on fera un vote dématérialisé parce qu'effectivement faire venir 5000 personnes, c'est un peu compliqué, mais on fera un vote dématérialisé. Certaines fédérations le font déjà, ça fonctionne plutôt bien. Je pense au rugby qui s'était engagé dans cette voie avant nous. Donc effectivement, une élection un peu particulière, mais très démocratique, parce que du coup, tout le monde aura son mot à dire.

  • L'Esprit du Judo

    Ce sont les présidents de club qui vont voter ?

  • Sébastien Nolésini

    C'est ça, ou leurs représentants, ceux qui désigneront comme leurs représentants.

  • L'Esprit du Judo

    Toute l'équipe se représente. Qu'est-ce que ça serait un deuxième mandat Stéphane Nomis avec vous en directeur, j'imagine ?

  • Sébastien Nolésini

    Oui, si... Si Stéphane est réélu, effectivement, je resterai directeur. S'il n'est pas, en toute humilité, je me retirerai, puisque finalement, ça sera aussi la volonté des gens qui votent, c'est-à-dire qui voteront pour un autre projet que le nôtre. Je dis bien le nôtre parce que c'est un projet collectif, on est une équipe. Il y a Stéphane qui est notre président, mais derrière, c'est tout un tas d'élus qui oeuvrent aussi pour que ce projet avance. Là, aujourd'hui, on est dans une phase, on a relancé le judo français, on a posé des... des fondamentaux pour qu'ils vivent sereinement, je pense que rien n'est jamais acquis. et que cette dynamique il faut la continuer parce que ça peut, à l'inverse, si on retombe dans un certain conservatisme ou une certaine vision du judo, on peut revenir 30 ans en arrière très très rapidement. Et donc je pense qu'il y a encore beaucoup de projets, on a parlé de la professionnalisation des enseignants. Des dojos, finalement on a un programme qui s'appelle 1000 Dojos, on en a fait 400 donc il en reste 600 encore à développer, c'est encore beaucoup de boulot. On a parlé de la judo pro-league, de l'évolution des championnats, on a très peu parlé de la filière, il y a un vrai sujet sur la filière. Aujourd'hui on a vraiment la volonté de régionaliser le haut niveau, parce qu'on sait que quand les gamins montent sur Paris, ça a un coût, c'est parfois difficile. Ils sont éloignés de leur famille, de leurs amis, aujourd'hui on veut travailler sur la filière et régionaliser. Le haut niveau, c'est-à-dire que, vous le savez, il y a un projet de centre national dans le sud de la France, qui est aussi en cours et qu'on aimerait mener à terme. Il y a aussi ce qu'on a été capable de faire à l'échelle nationale pour créer des nouveaux revenus. On aimerait aussi aider les territoires comme les régions et certains départements à pouvoir faire la même chose, en développant eux-mêmes leur école de formation, en étant aussi propriétaires de locaux. Donc on veut aussi mailler le territoire d'équipements servant au judo. Donc il y a une volonté d'aider chaque département à avoir son dojo départemental. On a aussi la volonté que chaque département ait un encadrement technique en charge de développer le judo. Aujourd'hui, ça a été un frein à l'évolution rapide des choses. C'est qu'on a un encadrement technique qui a été très longtemps formé à organiser des compétitions, ce qui est un autre métier. Aujourd'hui on veut aider ces territoires à avoir aussi des profils de développeurs, des gens qui sont capables d'ouvrir des dojos solidaires, qui sont capables d'aller travailler avec les collectivités pour mettre en place du judo dans les écoles, dans les centres sociaux, dans les EHPAD. Et parce qu'on sait qu'aujourd'hui c'est comme ça que ça fonctionnera, c'est en étant en mouvement permanent, en ayant une vraie volonté. de promouvoir le judo et de le développer sur les territoires, sur l'ensemble du territoire français, que ça fonctionnera. Donc tout ça, c'est ce qu'il nous reste à faire. Je dirais qu'on est au milieu du chemin. Je dirais que rien n'est acquis et qu'il faut continuer à être en mouvement et être ambitieux pour le judo. Je pense qu'aujourd'hui, il est temps aussi de plus rayonner au niveau international. On est arrivé dans une période où les relations étaient un peu compliquées avec la Fédération internationale ou même l'Union européenne. Aujourd'hui, c'est l'inverse. Les relations sont plutôt simples. Et donc, c'est peut-être le moment aussi de porter notre vision du judo, qui est une vision de développement. On en a parlé tout au long de l'échange. Mais je pense que ce qu'on a été capable de faire en France, on doit pouvoir essayer de la... d'influencer aussi les acteurs internationaux pour le faire aussi à l'étranger et développer le judo partout dans le monde, puisqu'on est avant tout convaincus de la puissance éducative du judo et de cette capacité. à créer du lien entre les hommes et les femmes que permet le judo. Et voilà, on est un peu militant. Et donc, voilà ce qu'il nous reste à faire.

  • L'Esprit du Judo

    Il y a un autre acteur du monde international qui se rapproche de vous. Vous vous rapprochez d'eux, c'est le Japon.

  • Sébastien Nolésini

    Alors, on n'en est plus à la phase de rapprochement. Là, on travaille avec le Japon. Par exemple, là, il y a une commission sur l'arbitrage qui a été mise en place par la Fédération internationale. Et avec le Japon, on va porter une certaine vision. de l'arbitrage, on veut revenir à des choses un peu plus classiques et compréhensibles pour tout le monde et ça c'est on va porter la voie en ayant travaillé ensemble et ce sera une voie unique on souhaite revenir à un arbitrage où l'impact est valorisé où la technique est valorisée et non pas des matches à rallonge sans fin ou avec des golden scores qui se finissent par des pénalités où on ne comprend plus rien. Donc ça, aujourd'hui, je pense que même à la Fédération Internationale, ils en ont conscience. On l'a vu sur les Jeux.

  • L'Esprit du Judo

    On les a sentis sur la défensive, effectivement, après les Jeux.

  • Sébastien Nolésini

    Ce qu'il faut leur reconnaître, c'est qu'aujourd'hui ils laissent la porte ouverte à des propositions et ils organisent finalement des échanges pour que les choses évoluent. Donc on ne peut pas dire qu'ils soient... Alors, ils étaient peut-être sur la défensive au moment des Jeux, mais ils ont conscience qu'aujourd'hui, il y a besoin de... de donner de la visibilité aux décisions d'arbitrage et de revenir à des choses un peu plus simples et compréhensibles de tout le monde.

  • L'Esprit du Judo

    Quelle est l'idée majeure de la proposition franco-japonaise sur l'arbitrage, si on la synthétise en une ou deux phrases ?

  • Sébastien Nolésini

    L'idée, c'est vraiment de valoriser l'impact aujourd'hui. Donc, on va revenir... Nous, on propose de remettre...

  • L'Esprit du Judo

    D'enrichir la...

  • Sébastien Nolésini

    Voilà, d'enrichir. Là, aujourd'hui, on est sur ippon/waza-ari. C'est de revenir aussi à la notion de kinza, parce que des mouvements où il y a du déséquilibre et on tombe... sur les fesses ou même sur le côté, c'est quand même pas la même chose que des mouvements où il y a un déséquilibre fort et un impact sur le dos. Et donc voilà, ça il faut aussi que les gens comprennent quand on tombe.

  • L'Esprit du Judo

    Donc un kinsa c'est-à-dire une marque intermédiaire.

  • Sébastien Nolésini

    Ouais, qui correspondrait au koka/yuko de l'époque. On remet une marche alors. On remet une marche. Et on valorise la chute. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, des fois, on tombe comme ça, ça marque. On tombe comme ça, ça marque pas. C'est très difficile à lire, même pour les initiés que nous sommes. Aujourd'hui, alors imaginez, pour ceux qui viennent pour la première fois au judo, ils voient des combats où... Quand on tombe d'une certaine façon, on gagne sur le tapis 1. Et quand on tombe de la même façon sur le tapis 2, on ne gagne plus. C'est tellement litigieux parfois qu'on y perd notre latin, mais c'est plutôt notre japonais.

  • L'Esprit du Judo

    Notre japonais, bien sûr. Est-ce que vous avez des propositions sur les fausses attaques ?

  • Sébastien Nolésini

    Pareil, l'idée c'est à un moment donné de laisser aussi, plutôt que les fausses attaques, c'est de laisser l'arbitre mener le combat et que ça ne soit pas le superviseur derrière son écran qui mène le combat. Donc on propose de revenir à trois arbitres et on propose même la notion d'unanimité. C'est-à-dire que si on a trois arbitres à la fin du combat qui décident qu'il y en a un, même s'il n'y a pas eu d'impact, qui a vraiment gagné, ça permet de faire gagner... ce judoka donc ça va ça c'est aussi des notions qui font que on aura tendance à être beaucoup plus combatif que non combatif pour gagner un combat alors qu'aujourd'hui on assiste à des matchs on sait très bien que certains cherchent le golden score et l'usure physique pour gagner donc même s'ils prennent un ou deux Shido finalement ils sont patients parce qu'ils savent que en face ça va se fatiguer et qu'ils auront l'occasion de mettre une attaque. Et nous ce qu'on veut c'est pas qu'il y ait une attaque dans le combat, c'est qu'il y en ait plusieurs et que celui qui cherche à faire tomber gagne à la fin.

  • L'Esprit du Judo

    Voilà, bon scoop. Je pense qu'on peut conclure là-dessus Sébastien Nolésini. Il y a du travail encore donc. Beaucoup. Peut-être que vous avez une dernière idée, à nous donner un dernier petit scoop que vous auriez gardé pour vous sur ce qui va se passer dans les quatre ans qui viennent.

  • Sébastien Nolésini

    Et bien je pense que qu'on va être réélu et puis qu'on va continuer à beaucoup beaucoup travailler au service des acteurs qui font le judo. Est-ce que c'est un scoop ? Ça l'est plus ça parce que je pense que pendant quatre ans tout le monde l'a vu mais en tout cas on a toujours cette volonté de mener très haut notre discipline parce qu'on en est très fiers avant tout.

Share

Embed

You may also like