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Have You Met Robert? Le Podcast

Sophie : chargée d'éducation sexuelle, vi0l et retours de soirées

Sophie : chargée d'éducation sexuelle, vi0l et retours de soirées

55min |15/10/2024
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Have You Met Robert? Le Podcast

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55min |15/10/2024
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Description

🎙️Avec Sophie on a parlé :


  • De son travail d'éducatrice sexuelle

  • De la place des hommes dans l'espace public

  • Du “retour de l’angoisse” quand on rentre seule de soirée

  • D’un vi0l par un inconnu, revenu à sa mémoire des années plus tard

  • De la question du genre et du sexe à l’école

  • D'aimer traîner dans les PMU 😆

  • Et de plein d'autres sujets passionnants.


❗Trigger Warning : Cet épisode comporte des passages décrivant des actes de violence qui pourraient perturber certaines personnes, en particulier les plus sensibles. Je préfère vous prévenir afin que vous puissiez prendre une décision éclairée quant à l’écoute de cet épisode. Merci pour votre compréhension.


Partagez l'épisode si vous l'avez aimé et prenez soin de vous !


Love, Laura 💜


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Crédits :

Un podcast entièrement réalisé de façon indépendante par Laura Montoro : écriture, production, enregistrement, montage, communication et diffusion.

Musique : Waves de Danijel Zambo. Un grand merci à toutes les femmes qui ont témoigné et partagé leur histoire.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et à tous, j'espère que vous allez bien. Je suis ravie d'être avec vous pour ce nouvel épisode de Avis-Mail Robert, le podcast qui met en lumière des récits authentiques de femmes sur leur rencontre avec Robert. Robert est partout, dans nos maisons, nos rues, nos lieux de travail, nos médias, nos films, nos écoles, nos politiques. Il sévit depuis si longtemps que son comportement est parfois parfaitement intégré, minimisé et excusé. Il lui arrive aussi d'être violent, très violent. Robert représente les violences faites aux femmes en général. J'avais envie de lever le voile sur son comportement, parfois inconscient et parfois totalement indécent. Pour celles et ceux qui ne me connaissent pas, je m'appelle Laura et je lance le podcast de façon indépendante pour libérer la parole des femmes, pour provoquer une prise de conscience et surtout pour tenter, à ma petite échelle, de rendre ce monde plus sûr. pour les femmes. Et franchement, il y a du top. Alors, merci beaucoup pour votre écoute, ça me fait vraiment, vraiment super plaisir. D'ailleurs, si le podcast vous plaît, n'hésitez pas à le partager autour de vous ou à laisser un commentaire positif sur les plateformes d'écoute. Moi, ça m'aiderait énormément et ça pourrait aider aussi d'autres femmes qui ont envie ou besoin d'écouter ces précieux témoignages. Aujourd'hui, je discute avec Sophie. Avec Sophie, on a parlé de la place des hommes sur la place publique. du retour de l'angoisse quand on rentre seule de soirée. Elle a aussi partagé un moment difficile d'un viol par un inconnu. Il m'a parlé aussi de justice et de traîner mon épée. Ce que j'aime dans cet épisode, c'est le recul et la sagesse de Sophie sur les événements qui ont jalonné sa vie de femme, sa bonne humeur communicative et son point de vue hyper intéressant sur les questions des violences en tant que chargée d'éducation sexuelle pour les enfants et les ados. J'ai adoré parler avec Sophie. J'espère que ça vous plaira. Allez, c'est parti pour l'épisode. Avertissement. Cet épisode comporte des passages décrivant des actes de violence qui pourraient perturber certaines personnes, en particulier les plus sensibles. Je préfère vous prévenir afin que vous puissiez prendre une décision éclairée quand à l'écoute de cet épisode. Aujourd'hui on est avec Sophie. Bonjour ! Salut Sophie ! Toi et moi on se connaît depuis un bon moment, donc je sais que tu as beaucoup de choses à dire sur la question. Je suis hyper ravie de t'avoir avec nous aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Je suis ravie d'être ici avec vous.

  • Speaker #0

    Je te laisse te présenter comme ça tout le monde peut apprendre à te connaître un petit peu plus.

  • Speaker #1

    Oui, alors moi je suis Sophie, j'ai 35 ans, je vis à côté de Lyon. Et qu'est-ce que je peux dire de plus ? Dans la vie, je fais ce qu'on appelle de l'éducation à la sexualité auprès des ados et des enfants. Voilà, donc dans les milieux scolaires, dans tous les endroits où il y a des ados et des enfants. Ça peut être le foyer, ça peut être la protection de l'enfance, la protection judiciaire de la jeunesse, etc. Voilà, c'est assez vaste.

  • Speaker #0

    Tu bosses pour une asso ?

  • Speaker #1

    Oui, pour une asso. Je suis salariée dans cette asso depuis bientôt cinq ans.

  • Speaker #0

    Tu nous donnais le nom de l'asso ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est l'ALS, c'est-à-dire Association de lutte contre le sida, et pour la santé sexuelle, on a rajouté plus tard. C'est une asso qui est assez ancienne, qui a été créée à l'époque où l'épidémie de sida arrivait en France dans les années 80. Au départ, c'était vraiment de l'accueil et de l'accompagnement de personnes vivant avec le VIH. Et puis, depuis une bonne quinzaine d'années, on est sur des sujets plus vastes, sur la santé sexuelle et beaucoup sur l'éducation à la sexualité auprès des... Des jeunes notamment, mais aussi d'autres publics, mais moi je suis spécialisée sur les jeunes.

  • Speaker #0

    Ok, trop bien. Du coup, tu vas pouvoir nous offrir un panel de réponses qu'on n'a peut-être pas eu avant.

  • Speaker #1

    J'ai l'impression que je suis peut-être là.

  • Speaker #0

    Non, écoute, je te propose de commencer l'interview avec la première question que je pose à tout le monde, c'est est-ce que tu t'es rendu compte à un moment donné que tu étais une fille ? Et si c'est le cas, quand exactement ? Plutôt dans ton enfance, dans ton adolescence ?

  • Speaker #1

    Alors je crois, enfin en tout cas mes premiers souvenirs de me rendre compte que j'ai un truc différent d'une autre partie de la population, je pense que c'est dans l'enfance, c'est parce que j'étais la seule fille, du côté paternel en fait on est sept cousins et plus mon frère et moi, et j'étais la seule fille de ce joyeux petit groupe et assez, enfin de toute façon voilà depuis la prime enfance. Il y avait des petites choses qui se jouaient du fait que moi j'étais une fille. Ça se traduisait un peu par... Je me sentais un peu privilégiée, je sentais que j'avais une place un peu privilégiée dans ce groupe-là. C'était genre... Alors j'avais pas le même rapport avec tous mes cousins, mais pour les plus proches c'était des petites histoires d'être amoureux, de vouloir s'asseoir à côté de moi, de se battre un peu pour ça. Donc je sentais qu'il y avait un petit truc un peu... Que j'avais une petite place un peu spéciale dans ce groupe-là. Donc je pense que c'est de là d'où... En tout cas, c'est à partir de ce moment-là que... En tout cas, c'est mes premiers souvenirs qui... qui me renvoie à quelque chose de... Tiens, c'est particulier d'être une fille. Donc plutôt un peu positif quand même dans ces souvenirs-là.

  • Speaker #0

    T'avais quel âge,

  • Speaker #1

    tu te rappelles ? Ça remonte à, je pense, la plus petite enfance. Mais bon, mes souvenirs, ils remontent à... Enfin, mes souvenirs, ils sont plutôt... En tout cas, j'en ai beaucoup à partir de 7 ans jusqu'à 12-13 ans. Il y avait aussi beaucoup d'attirance pour le corps. Je me rappelle, quand on a commencé à être ado, il y avait des trucs aussi d'attirance. Enfin, pas d'attirance, non, de curiosité pour ce que c'était un corps de fille, tout ça. Donc, je sentais un peu des petits trucs un peu de convoitise. En tout cas, je sentais que c'était une place particulière.

  • Speaker #0

    D'accord. Intéressant. Et est-ce que tu te rappelles, s'il y a un moment donné dans ta vie, un petit peu plus tard, avoir vécu des limitations parce que tu étais une femme ? Donc ça peut être dans le domaine privé ou pro ?

  • Speaker #1

    Alors ça, je pense que ça renvoie... Enfin, les premières limitations que j'ai pu percevoir, c'était dans l'espace public. Alors c'est tout con, mais j'ai des souvenirs parce que j'ai grandi à la campagne et j'ai des souvenirs de PMU. Parce que je traînais beaucoup,

  • Speaker #0

    ouais.

  • Speaker #1

    Non, parce que je ne sais rien, moi, des trucs de con. Bien sûr, moi aussi, j'adore. Mais en tout cas, j'adore, mais on peut quand même remarquer que c'est des lieux très masculins. Et je ne sais pas, j'ai un petit souvenir de ça en me disant, tiens, il y a des lieux où il n'y a que des hommes. Et surtout, non seulement il n'y a que des hommes, mais on ne se sent pas bien là-dedans. On ne se sent pas hyper à l'aise d'y rester. On ne se sent pas à sa place. Donc ça, c'est un peu mon premier souvenir comme ça. Mais non pas que je traînais dans les PMU toute mon enfance, mais je sais pas, j'ai dû remarquer ça une ou deux fois. Et ensuite, c'était plutôt en ville, donc plus grande, plus âgée, quoi. Et toujours pareil, la question de la place des hommes dans l'espace public. Donc, par exemple, il y a des... Notamment là où je vis à Villers-Bannes, mais à Lyon aussi, enfin bref, il y a des places où c'est vraiment... On a l'impression que c'est réservé, c'est un espace réservé aux hommes. On voit beaucoup d'hommes qui sont... statiques qui restent des heures potentiellement à fumer à boire qui reste entre eux à discuter et on voit des femmes mais les femmes souvent ne s'arrête pas enfin elles sont dans le mouvement elle traverse elles vont faire qu'elle traverse la place elles vont faire quelque chose mais elle se pose pas comme les hommes et et du coup je trouve que c'est intéressant à observer et et moi je me sentirais bon enfin si j'ai envie de faire un peu de provoque je pourrais mais en tout cas je trouve qu'en tant que femme on est On n'est pas incité à se poser avec les hommes. Nous, il faut qu'on traverse ce truc-là. Et on sent qu'encore une fois, c'est une sorte de place, qu'on n'a pas notre place dans le fait de squatter l'espace. Voilà, je pense que c'est des... Ah puis alors après, si je continue sur l'espace public, après c'est à peu près... Quand j'ai commencé à sortir, en fait, donc fin d'adolescence, puis toute la vingtaine. C'est les moments où je rentrais toute seule de soirée à pied chez moi. Là, c'était carrément... Voilà, ça pouvait être dangereux de le faire. Et moi, je l'ai toujours fait, mais j'avais plein de potes qui ne le faisaient pas du tout, de rentrer toute seule à pied. Et donc, il y a ce truc aussi de l'inquiétude, de devoir envoyer un message quand on est arrivé. Et ça, c'est un truc que je pense surtout quand on est une fille, une femme. Mais ouais, donc ça c'est, je pense, bon j'ai raconté un peu les trucs anecdotiques PMU et les places où il y a beaucoup de mecs qui squattent, mais je pense que ça c'est quelque chose de marquant, où je me suis sentie un peu limitée, entre guillemets, pas vraiment limitée puisque je le faisais quand même, mais quand même il y a un truc où tu sais que tu cours un risque, tu sais qu'il va t'arriver des trucs. Enfin moi, je partais, je rentrais de soirée chez moi, je partais du principe qu'il allait m'arriver un truc, plus ou moins chiant, mais que j'allais et qu'on allait me faire chier, c'était un peu de l'ordre de la banalité. et donc je me sentais pas vraiment limité mais en tout cas il ya un truc qui est pas normal enfin il ya un truc qui est en tout cas que tu vis parce que tu es une femme là beaucoup à chaque fois que tu rentrais de soirée tu arrives et ben franchement une période quasiment à chaque fois vraiment vraiment s'il m'arrivait rien je rentrais chez moi et je me faisais la remarque rien n'a rien arrivé c'était cool mais oui mais arriver plein de trucs je peux peut-être détaillé vite enfin je me rappelle notamment bâtiens je peux vous parler de cette soirée là où je rentrais chez moi, donc j'avais quand même je sais pas, je devais avoir trois quarts d'heure à faire à pied, et c'était il devait être cinq heures du matin, quelque chose comme ça et là ça a été un peu la soirée mais j'ai raconté beaucoup en rigolant à l'époque mais en fait quand j'y réfléchis Ça craint. Je l'avais appelé ça un peu le retour de l'angoisse parce que je crois que je m'étais fait emmerder à trois reprises différentes. Donc, si je me savais longtemps que je n'ai pas raconté ça et que je ne m'en suis pas souvenu, mais en gros, le premier truc, je me suis fait suivre par un mec qui, j'avais mes écouteurs sur les oreilles, mais j'entendais qu'il m'insultait, qu'il me parlait, tout ça. Mais il y a un autre mec qui était sur le trottoir pas très loin de moi qui a commencé à venir à dire au mec de me laisser tranquille, machin, en mode tranquille, gentil. Je me suis dit bon, c'est sympa. Sauf qu'après, ce mec-là s'est mis à me draguer, bien sûr. Et donc bon, ça va, il n'était pas non plus hyper méchant, mais j'ai réussi à m'en dégager. Mais bon, voilà. Ensuite, il y a des mecs qui se sont arrêtés en voiture. qui ont commencé à me suivre, à ralentir et à rouler à ma hauteur, enfin à mon rythme. Et il y a un mec qui a fini par sortir de la voiture, par me coller contre un mur. Après, c'est ses potes qui lui ont dit de rentrer dans la voiture. Enfin bref. Et après, je rentre chez moi. Il y a encore une voiture qui me suit jusqu'à chez moi. Mon Dieu ! En me proposant d'aller manger un burger. Il y avait trois mecs dans la voiture. Ouais ! Bon, ça va. Merci. J'ai déjà soupé. Merci beaucoup. Donc voilà, ça c'est un exemple un peu fort, mais c'est vrai que des choses comme ça, et je n'en étais pas traumatisée du tout.

  • Speaker #0

    Oui, c'était intégré en fait. C'était intégré.

  • Speaker #1

    Ce soir,

  • Speaker #0

    comme si tu te mettais une... Une fin de nuit de quoi ? Ah bon, écoutez, c'est normal. Non mais c'est hallucinant, en fait. On en rigole,

  • Speaker #1

    mais c'est quand même très grave. En fait, moi je trouve, en fait, globalement... C'est des trucs dont je prends conscience, je dirais pas maintenant, mais depuis 7-8 ans, j'en sais rien. Vraiment, même toi et moi on en discutait de ces trucs-là quand même à l'époque, mais c'était plus en mode... En tout cas moi je me sentais pas scandalisée de ça, ça me paraissait un peu normal, et même j'avais l'impression un peu de mesurer ma valeur au nombre de mecs qui m'emmerdaient, enfin ma valeur, mon attraction, mon attractivité, je sais pas comment on dit. et ça c'est un truc qui me marque en fait je suis plus en colère contre ça contre moi je suis plus en colère contre ce fait là de me dire que de me mettre dit à l'époque que ça c'était normal et d'avoir fait toute ma petite vingtaine en mode en fait oui je mesure un peu ma valeur à ça quoi et du coup ça c'est un truc que j'aimerais bien c'est aussi une des raisons pour lesquelles je fais ce boulot aujourd'hui c'est que ça c'est un truc que j'aimerais bien que les ça fait vraiment vieille conne mais que les jeunes filles d'aujourd'hui ne résonnent pas comme ça. Bon après, chacun son chemin, chacun évolue à son rythme et tout, et puis on peut peut-être en passer par certains trucs pour pouvoir prendre conscience d'autres trucs. Mais c'est vrai que ça, j'insiste vachement bien sûr en intervention avec les ados, que ce soit des garçons ou des filles d'ailleurs, mais sur le côté, en fait...

  • Speaker #0

    que c'est des violences en fait tout simplement qu'il faut le nommer comme ça qu'il faut le conscientiser mais nous on n'était pas informés comme aujourd'hui on pensait que c'était vraiment normal et oui comme tu dis on était on était ok avec ça en fait ouais ça nous paraissait un peu normal ça nous paraissait dans

  • Speaker #1

    l'ordre des choses quoi et c'est vrai que maintenant il ya quand même plus de libération de la parole voilà on parle quand même beaucoup plus de ces sujets ça veut pas dire que non que la société est devenue toute rose et tout, mais c'est sûr que oui, les ados sont quand même un petit peu plus alertes là-dessus.

  • Speaker #0

    Gros sport. Et grâce à toi aussi, à ton travail. Non, mais oui. Donc on va passer à la question un petit peu centrale du podcast, qui tourne autour du Robert, c'est à dire Robert. Donc Robert, c'est un petit peu ce que je dis, c'est la personnification des violences qui sont faites aux femmes quand on vient en... On vient d'en parler, donc ça peut être des violences plus subtiles, des remarques dans la rue, dans l'espace public, ou des choses plus violentes. Est-ce que tu veux bien partager avec nous, toi, la définition d'un Robert ?

  • Speaker #1

    Oui, moi je pense qu'un Robert, c'est un Maxis qui a grandi dans notre société patriarcale. Et donc avec tous les privilèges qui en découlent pour lui, et qu'il ne remet pas en cause ces privilèges-là, et ces normes de genre, et toutes ces choses qu'on nous a inculquées. Mais en fait, je pense qu'un Robert, ça peut être n'importe quel mec malheureusement, parce que même le mec le plus déconstruit, même un mec cis qui aurait fait l'effort de réfléchir à tout ça, de se déconstruire et tout ça, il ne peut pas avoir conscience de tous ces privilèges qu'il a en tant qu'homme.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu veux bien définir un homme cis pour ceux qui ne savent pas ce que c'est ?

  • Speaker #1

    Oui, alors une personne cis, cisgenre, c'est une personne qui est en accord avec le genre qui lui a été attribué à la naissance. Donc, je ne sais pas, moi typiquement, pour un mec cis, un mec cis, ce serait quelqu'un qui serait né avec un pénis, qu'on aurait élevé comme un petit garçon et qui se sent homme. Donc voilà, en gros, c'est une personne qui n'est pas trans, pour résumer. Et voilà, pour moi, Robert, c'est ça. pur produit du patriarcat, mais voilà, juste en fait je pense que tout homme peut être un Robert, mais il y a des Robert plus ou moins... Il y a des Robert qui sont plus ou moins relous, quoi. Il y a un degré de Robertitude à mon avis qui n'est pas du tout le même chez chaque homme cis, évidemment, mais je pense qu'à un moment dans sa vie, chaque homme peut potentiellement faire une petite Robertitude. Voilà.

  • Speaker #0

    Tu penses qu'il y a beaucoup de Robert qui s'ignore ?

  • Speaker #1

    Ouais, je pense qu'il y a énormément de Robert qui s'ignore. Je pense qu'il y a plein d'hommes sexistes qui n'en ont... Enfin, non, il y a plein d'hommes qui peuvent être sexistes à un moment, mais qui n'en ont pas conscience, parce qu'ils n'ont pas conscience, d'une part, de leurs privilèges, d'autre part, parce que, aussi, comme tu dis, en fait, c'est pas si vieux, l'époque où on n'en parlait pas du tout de tout ça. Et en fait, les trentenaires d'aujourd'hui, c'est des gens comme... Enfin, des gens qui n'ont pas forcément eu cette éducation-là non plus. Peut-être que la prochaine génération sera un peu plus égalitaire là-dessus, j'espère.

  • Speaker #0

    Tu as mentionné déjà plusieurs Robert sur ton chemin de vie. Est-ce qu'il y en a un qui t'a particulièrement marqué ? Et une histoire que tu voudrais nous partager aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Oui, peut-être. Je ne sais pas. c'est la fin de ce podcast non oui est-ce que j'ai peut-être le droit d'en citer deux oui tu peux en citer plusieurs ok je pense que enfin en fait je me souviens de mon premier baiser qui était un baiser forcé ça je pense que je ne te l'ai jamais raconté donc moi j'avais 11 ans et lui c'était un gars qui avait 15 ou 16 ans je ne sais plus Et donc, je me suis retrouvée, encore une fois, le motif du mur revient. Je me suis retrouvée plaquée contre un mur par ce jeune gars-là. Et en fait, après, j'en ai un peu parlé à mes parents, à mon frère. Je crois que mes parents, ils en ont un peu parlé à la mère de... Enfin, pas à la mère de ce jeune, mais bon, bref, je ne sais plus comment ça s'est... Ce qui s'est passé là-dessus. Mais je sais que mon frère, il me faisait des blagues là-dessus. Enfin, c'était un peu aussi en mode on rigole. Ça ne m'a pas non plus trop traumatisée sur le coup. Enfin, pas du tout, je pense. Mais bon, j'y pense encore aujourd'hui. Donc, c'est que quand même, ça marque. Mais je pense que ça a été un peu tourné à la... Surtout par mon frère. Mais le truc est un peu... Finalement, on n'a pas fait grand-chose de ça. Et voilà. Je pense que ça, c'est un Robert qui m'a un peu marquée.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu t'es sentie... Comment, en fait, il t'a forcé dans ce baiser-là ?

  • Speaker #1

    Ouais, ouais, il m'a... c'est beaucoup ouais bah ouais ouais je me en fait on s'était un garçon qui faisait du théâtre avec moi et on attendait on était un groupe de y est tout le monde était parti mais il restait plus que moi lui et un autre garçon et et donc ouais bah je sais pas il m'embêtait Il me courait un peu après, tout ça. Et puis, il y a un moment, il m'a collée contre un mur et il m'a embrassée. Puis l'autre garçon a rigolé aussi, je me souviens. C'était vraiment un peu en mode blague. Enfin, vraiment, le truc qui passait pour un truc léger, quoi. Donc, je saurais même pas trop te dire comment je me suis sentie à ce moment-là. Je me suis sentie bloquée, c'est sûr. Mais comme tout était fait pour que je sois prise à la blague, comme le gars d'à côté rigolait, tout ça... Je l'ai pas vécu, voilà, je l'ai pas vécu de façon drama ou traumatique, mais en tout cas, voilà, je trouve que c'est pas anodin, en fait, tout ça, sur un premier baiser forcé, puis après, toutes ces histoires de mecs qui t'emmerdent dans la rue, enfin, en fait, c'est comme si la vie avait été, alors bon, maintenant, j'ai 35 ans, je me fais un peu moins, enfin, je me fais même beaucoup moins emmerder dans la rue, heureusement, mais quand même, j'ai l'impression que, je sais pas, peut-être les... les 15 premières années de ma vie ou les 20 premières années de ma vie enfin pas première année en tout cas il ya eu toute une tranche là de deux de plusieurs années qui a été quand même bien jalonné de l'histoire comme ça de violences sexuelles plus ou moins poussé voilà puis vous enfin je dis comme tu le sais j'ai vécu un viol aussi à peu près 10 11 ans après ce truc Avec cet ado là. Donc plutôt début vingtaine. Enfin en fait voilà tout ça. Alors je vais pas parler de ce Robert là. Mais en tout cas c'est sûr que c'est pas... Enfin pour moi c'est pas anodin. Je pense que c'est... Quand je fais un peu la rétrospective de tout ça. J'ai l'impression que oui c'est un peu un morceau de vie. Qui est jalonné d'agression. Micro agression. Jusqu'à agression beaucoup plus intrusive. Et voilà après je le... Ça va, je vais bien. Oui,

  • Speaker #0

    mais je pense qu'il y a beaucoup de femmes qui ont vécu les mêmes choses pendant des années. Moi aussi, je pense que... Moi, mon premier baiser aussi, c'était un baiser forcé. Je n'avais pas 11 ans, mais j'en avais 16. Donc plus tard, mais pareil. Et je me rappellerai toujours du goût de bière qui est mis dans ma bouche. Je me suis sentie forcée aussi contre un mur. Et je me suis dit,

  • Speaker #1

    c'est ça ? Oui, c'est dégueulasse. C'est ça ? Oui, oui.

  • Speaker #0

    J'étais un peu romantique, j'étais un petit peu hors-trait. Et ouais, du coup, j'étais dégoûtée, en fait. Et j'en avais parlé avec mon amie à l'époque, et elle était trop contente pour moi. Ah, mais c'est génial !

  • Speaker #1

    T'as eu ton premier baiser ? Enfin, c'est fait ! Ouais,

  • Speaker #0

    c'est fait ! Et j'avais trouvé ça bizarre. Enfin, je me suis dit, mais c'est ça ? C'est vraiment ça ?

  • Speaker #1

    Ouais, ouais, ouais. Est-ce que je vais aimer ça, du coup ?

  • Speaker #0

    Je suis pas sûre que ce soit si cool. Mais ouais, je comprends. Et en fait, je pense que t'es pas la seule. Et du coup... ton premier Robert était assez jeune, 11 ans. Et quand tu me dis que ta tranche de vie a été jalonnée de plein de petites micro-agressions voire des agressions beaucoup plus fortes, je pense que vraiment il y a beaucoup de femmes qui vont se reconnaître. Donc ouais, merci d'avoir partagé ce Robert-là. Et t'en avais un deuxième ?

  • Speaker #1

    C'était le deuxième, c'était celui du viol du coup. Entre le premier Robert et entre le deuxième Robert, il y avait eu plein de petits Robert-ci, mais que c'était quand même deux temps forts de un peu fondateur. Enfin, pas fondateur, mais en tout cas de moments qui m'ont marquée et qui constituent aussi mon... Enfin, je ne veux pas dire que je suis engagée et militante aujourd'hui à cause de ça, mais en tout cas, ça a forgé aussi, je pense, un peu toutes mes réflexions là-dessus. Et surtout, mon rapport à ces agressions-là sur le moment. Parce que le deuxième Robert, celui du viol, pendant des années, je n'ai pas du tout parlé de et j'ai été très distanciée par rapport à ça vraiment je me suis dit bon ouais un peu comment dire un peu défaitiste genre en mode oui bah fallait bien que ça m'arrive les chiffres les chiffres sont là pour nous montrer que de toute façon il y a plein de violences moi je suis une parmi ces chiffres là enfin j'étais vraiment en mode un peu regard un peu haut par rapport à tout ça mais un peu éloignée de ma propre expérience du coup un peu éloignée de mes ressentis même complètement éloignée puisque j'ai fini par oublier complètement ce qui s'était passé. Donc voilà, à force de ne pas du tout en parler, puis de m'enfouir comme ça.

  • Speaker #0

    C'était dans la voiture,

  • Speaker #1

    c'est ça ?

  • Speaker #0

    T'es pas obligée d'en parler,

  • Speaker #1

    mais c'était juste pour la trabattre. Ouais, c'est un autre mobiliste qui m'a proposé de me...

  • Speaker #0

    Tu faisais du stop, non ?

  • Speaker #1

    Ben non, je faisais du stop un peu à cette époque-là, mais là je faisais même pas du stop, c'est genre il m'a proposé de m'emmener d'un point A à un point B, où je me rendais. Et voilà, puis en fait il m'a pas du tout emmené au point B, non mais... ailleurs quoi et voilà je suis ce que je disais pas à part ah oui je disais que voilà j'avais complètement occulté ce truc là ouais quitte à être complètement vraiment un presque indifférent fin vu que j'ai fini par l'oublier en fait je m'en suis coupé complètement et ça m'est revenu il n'y a pas si longtemps en fait enfin je savais qu'il m'était arrivé ça au début je me suis dit il m'est arrivé quelque chose Ça a été long, de toute façon. Au tout début, évidemment, ça venait d'arriver. Donc je savais ce qui m'était arrivé, je l'avais raconté à mon copain de l'époque. Après...

  • Speaker #0

    Il avait réagi comment ?

  • Speaker #1

    Faudra pas qu'il l'écoute. Qui avait réagi plutôt, je pense, de façon assez adaptée sur le moment, mais qui m'en a reparlé genre un ou deux mois après en faisant une blague aussi. Voilà. Limite. Les blagues sur les violences sexuelles, on adore ça. C'est très cool. mais voilà en fait de toute façon j'ai l'impression que c'était aussi une époque je pense que bon on a encore des soucis on a encore du boulot aujourd'hui mais c'est aussi un truc où c'était quand même assez banalisé donc en fait ces réactions moi j'en veux même pas je parlais du premier Robert là le mec qui rigolait à côté, mon frère qui m'a fait des blagues mais bon et puis là mon copain de l'époque aussi qui m'avait fait une blague là dessus mais je pense qu'en fait c'était juste ancré dans l'époque et enfin enfin On prenait pas la mesure, je sais pas... Ouais, je sais pas trop comment expliquer ça, mais en tout cas, du coup, c'est des minimisations, c'est pas ça qui a fait que moi j'ai minimisé, mais comme moi-même je minimisais aussi, du coup, tout ça n'a pas été trop traité dans ma tête.

  • Speaker #0

    C'est venu plus tard, ça.

  • Speaker #1

    C'est arrivé plus tard, ouais, plus tard, quelques... Oui, en fait, c'est en thérapie, parce que je suis une thérapie, et du coup, j'ai conscientisé ça, qu'en fait, ça avait été un viol, mais j'en avais pas de souvenirs, donc je m'en rappelais pas du tout. Et les souvenirs me sont revenus le lendemain d'un accident que j'ai eu, un accident de vélo contre voiture. Et en fait, le lendemain de l'accident, mais genre le matin très tôt à 5h du mat', je me réveille avec tous les souvenirs de ce moment de viol. Donc ouais, mais j'ai mis, je pense, du coup, plus de 10 ans à ce chemin-là. Il a duré plus de 10 ans.

  • Speaker #0

    Comment tu l'expliques ? les souvenirs sont remontés après l'accident ?

  • Speaker #1

    Je pense que c'est l'effraction corporelle ça doit être la mémoire du corps je pense le fait d'avoir été effracté j'ai vraiment eu l'impression d'être balottée comme un objet cet accident m'a assez marquée parce que je me suis vraiment sentie projetée par la voiture contre une autre voiture j'ai vraiment l'impression d'avoir était vraiment un objet déshumanisé, un projectile pendant ce truc-là. Enfin, ça a duré trois secondes, mais voilà. Après, j'ai atterri sur la route et tout, mais du coup, je pense que c'est la mémoire du corps, le corps qui est fracté, qui est un peu violenté. Et à mon avis, c'est pour ça que ça m'est tout revenu en quelques heures après. ton corps a fait un parallèle avec l'expérience le corps et la direction ça me rappelle un truc le corps et le psychisme je pense ça a dû en fait ça a appris des trucs à la fois dans le corps parce que les os ils ont pris un peu mais à la fois dans la tête où ça a peut-être mis des réalignées des choses ou décalé enfin j'en sais rien mais en tout cas et là tu t'es réveillée tu t'es dit tout me revenait je me suis réveillée en pleurs parce que j'avais toutes les images en tête voilà d'accord

  • Speaker #0

    Et donc depuis là, tu fais un travail un peu...

  • Speaker #1

    Du coup, je continue à travailler avec ma psy un petit peu. En tout cas, quand c'est revenu, j'ai eu besoin d'en parler. Donc on a resserré les séances et tout pour traiter un peu ça. J'ai vu... Bon, après, on pense ce qu'on veut. Enfin, chacun adhère ou pas. Mais moi, j'ai vu une ostéo un petit peu qui était très à l'écoute sur ces sujets-là de violences et d'effraction du corps, qui a été super, qui m'a beaucoup aidée. Voilà, donc je fais mes petits trucs à moi pour prendre soin de moi. Puis voilà, en fait, maintenant, ça va très bien. De toute façon, c'est pas quelque chose qui m'est apparu comme... Enfin, je me suis pas rendue compte à ce moment-là que j'avais vécu ça. C'est juste que ça faisait quelques années que je savais, que je me disais que j'avais conscientisé ça, reconscientisé. Et le souci, c'est que je me rappelais pas de ce qui s'était passé. Donc il me manquait tout un petit pan de ma vie. Enfin, de ma vie. Il me manquait un petit pan de cette journée. Et ça m'emmerdait que ça échappe à ma conscience. Donc finalement, moi, j'attendais aussi de me souvenir de ça. J'avais envie de me souvenir. Donc voilà, c'est arrivé. On n'est jamais complètement prêts à ça. Mais surtout que je ne l'avais pas cherché pour le coup. Ça m'est arrivé sans que j'envoque ces souvenirs-là. Mais en tout cas, maintenant, c'est fait. C'est à la fois... C'est cool aussi. Enfin, c'est cool. C'est intéressant, je pense, pour avancer. C'est quelque chose qui peut me servir. Et puis... Voilà, maintenant, toutes les pièces du puzzle sont là.

  • Speaker #0

    Et tu penses que tous ces Robert-là, ils ont eu conscience de l'impact qu'ils ont eu sur toi ? Même le dernier, en fait, qui a eu un impact assez énorme, jusqu'à ce que toi-même, tu enterres un peu ce souvenir au fond de toi, jusqu'à l'oublier. Est-ce que tu penses, en fait... En fait, j'aimerais des fois qu'on se mette à la place d'un Robert et qu'on se dise, en fait, qu'est-ce qui se passe dans sa tête à ce moment-là pour... pour réagir, en fait, de cette façon ?

  • Speaker #1

    Bon, après, je dirais que c'est tous les Robert que j'ai pu citer. Il y a tous des degrés différents. À mon avis, le premier, l'ado, le truc du baiser forcé, je pense qu'il n'a pas du tout capté. Je pense que lui, c'était un jeu. Par contre, le dernier, ce n'est quand même pas anodin ce qui s'est passé. Du coup, j'imagine que c'était... Il faut quand même dans sa tête s'organiser pour se dire je vais prendre cette personne à bord, je vais dévier le chemin. C'est pas un truc...

  • Speaker #0

    C'est planifié. En tout cas, il y a quelque chose d'organisé. Lui, je pense qu'il savait très bien ce qu'il faisait.

  • Speaker #1

    Et puis, c'est quelqu'un que tu ne connaissais pas du tout.

  • Speaker #0

    Pas du tout, non. Et puis, je ne me rappelle pas de sa thèse.

  • Speaker #1

    Parce qu'on entend souvent que les... Toi, tu peux me confirmer, mais que les viols sont plutôt... Faisent part des gens qu'on connaît. Oui, oui.

  • Speaker #0

    Malheureusement, je n'ai plus le chiffre en tête. Mais c'est une très, très, très, très grande majorité des viols qui sont commis par des proches de la victime. Donc là, pour le coup, c'est un viol... Euh...

  • Speaker #1

    Ouais, c'est un viol comme on voit dans les films, en fait.

  • Speaker #0

    Ouais, ouais, ouais, c'est ça. En fait, comme on se l'imagine. D'ailleurs, je trouve que cette image-là, elle est toujours un peu dangereuse. Oui. Parce que du coup, les autres viols sont moins pris au sérieux. Et on a tendance à minimiser un petit peu les autres formes de viols, quoi. Mais pour le coup, là, oui, c'est un inconnu. À l'extérieur, donc pas non plus dans mon environnement à moi.

  • Speaker #1

    Ouais, t'étais là au mauvais moment.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est ça, exactement, ouais.

  • Speaker #1

    C'est un vide, la situation, par son propre égoïsme, en fait.

  • Speaker #0

    Oui, mais je ne sais même pas si c'est de l'égoïsme. Pour moi, on ne peut pas parler de pulsionnel. Enfin, on n'en a pas parlé. Moi, je déteste les gens qui disent que... Enfin, je déteste. Je n'aime pas quand on dit que c'est pour assouvir une pulsion, le viol, parce que sinon, on passerait son temps à se sauter dessus dans la rue. Et puis, pourquoi il y a une... Je sais plus quel est le pourcentage, je sais plus de 90% au moins, ça c'est sûr, d'auteurs de violences sexuelles sont des hommes. Oui,

  • Speaker #1

    je crois que c'est ça, 90.

  • Speaker #0

    Ouais, plus de 95 même. Bon, je voudrais pas m'avancer, mais en tout cas c'est bon, c'est la grande majorité. Donc voilà, c'est pas de l'ordre de la pulsion, tous les humains ont des pulsions en fait, donc pourquoi les femmes sautent pas sur les hommes comme ça ? Mais merde, j'ai dérivé, je sais plus ce que tu disais.

  • Speaker #1

    Je demandais...

  • Speaker #0

    Ah oui, je sais, pardon.

  • Speaker #1

    Attends, ma question c'était, qu'est-ce qui se passe dans sa tête ? Et que du coup, est-ce que c'était par pur égoïsme, tu me disais que non, et qu'en fait c'était pas pulsionnel non plus ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'il y a un truc qui l'est fait, enfin moi à mon avis, il y a un truc de domination, de... je sais pas, j'en sais rien, ça doit être différent dans la tête de tous les mecs qui passent à l'acte, mais je sais pas, j'imagine que c'est pas le plaisir physique. Parce que de toute façon, quand tu agresses quelqu'un, je pense qu'elle n'est pas la plus performante à ce moment-là. On n'est pas là-dedans. Je ne pense pas qu'ils recherchent le plaisir physique. Ils doivent rechercher la domination, le fait de s'imposer à l'autre comme ça. C'est ça qui doit les exciter. Je pense que ça doit être une excitation plus mentale que physique, à mon avis. Mais bon, ça doit être... Encore une fois, je parle peut-être pour mon cas, pour le cas de cette personne-là, mais j'imagine que des fois, ils recherchent juste... Je n'en sais rien, oui. Il recherche un truc physique et immédiat, instantané. Je ne sais pas du tout, mais...

  • Speaker #1

    Ce que j'ai du mal à comprendre, c'est qu'après, il repart dans sa vie et... Oui,

  • Speaker #0

    et qu'est-ce qu'il fait ? Quel est sa vie ?

  • Speaker #1

    Continuer son petit bonhomme de chemin.

  • Speaker #0

    Certainement. Et est-ce qu'il y pense ? Est-ce qu'il a déjà fait ça plein d'autres fois aussi ? Je ne sais pas.

  • Speaker #1

    On ne pourra pas se mettre dans un bafle,

  • Speaker #0

    mais on essaie de comprendre parfois.

  • Speaker #1

    Ce n'est pas évident, il n'y a peut-être rien à comprendre. Pour revenir à ton histoire, est-ce que tu veux donner un conseil aux femmes qui ont vécu la même chose ?

  • Speaker #0

    Déjà, le premier truc que j'aurais envie de leur dire, c'est un peu ce qu'on se disait tout à l'heure, c'est qu'elles ne sont pas seules, que si on remue un peu, que si on parle à nos potes en soirée ou autre, on se rend compte qu'on est tellement nombreuses à avoir vécu. des violences sexuelles, qu'elles soient plus ou moins invasives ou violentes, peu importe le mot, mais en tout cas, on est vraiment un nombre, une masse, je pense, à avoir vécu des choses comme ça. Donc déjà, à mon avis, enfin, c'est pas à mon avis, mais moi, ce que j'aurais envie, c'est qu'on puisse parler plus, qu'on puisse se sentir légitime à parler, puis pas minimiser ces... Enfin voilà, se rendre compte, en fait, que c'est des violences. en parler entre nous. Bon moi je suis pas du tout dans le truc de porter plainte, enfin d'obliger, enfin pas d'obliger mais d'inciter absolument à porter plainte, enfin porter plainte si vous avez envie de porter plainte, mais on sait aujourd'hui, on sait quand même que pour le moment c'est quand même très difficile. Enfin il y a je crois 1% des violeurs qui sont condamnés donc c'est ridicule.

  • Speaker #1

    Donc toi par rapport à porter plainte c'est pas...

  • Speaker #0

    Bah moi je... Si je devais conseiller une jeune aujourd'hui, je lui dirais plus de trouver du soutien. J'en sais rien. Elle fait ce qu'elle veut. Et si elle a envie de porter plainte, je l'accompagnerais ou je l'encouragerais à ça. Je ferais en sorte que ce soit facilité pour elle. Si elle ne veut pas porter plainte, je ne serais pas dans le mode à essayer de la convaincre. Parce que je sais très bien. Justement, moi, je n'ai jamais porté plainte, donc je ne sais pas. Mais tous les témoignages qu'on reçoit, que je peux lire par-ci, par-là, de personnes qui ont été mal reçues, qui ont dû réexpliquer mille fois le truc, qui n'ont pas été prises au sérieux, où on a remis en question leurs paroles, c'est terrible. Enfin, c'est hyper difficile, en fait.

  • Speaker #1

    Il faut avoir les... Parce qu'il y a un gros impact psychologique par... Tu vas porter plainte et que...

  • Speaker #0

    ça peut être un peu double peine tu viens vivre un truc entre soi on remet en doute faut que tu réexpliques ton truc à plusieurs interlocuteurs on prend pas soin de toi je te dis pas que c'est dans tous les commissariats comme ça il y a des commissariats qui sont plus ou moins formés on le sait des fois on se le dit le commissariat de tel arrondissement il est bien pour ça mais c'est quand même dommage de devoir se dire tiens si t'as une plainte va dans ce commissariat là dans toute la ville c'est ce commissariat tout le monde devrait être formé à ça à recevoir des plaintes et à être... aidant avec les victimes et soutenant. Et puis après, il y a tout le chemin judiciaire qui suit derrière, où il faut répéter encore le truc. On sait que ça prend des années. Il faut être quand même super solide sur ses pattes pour pouvoir vivre ça. Si la personne se sent de le faire, c'est super. Si elle est bien entourée, au top. C'est très bien. Mais si elle n'a pas... Voilà, si elle se sent pas,

  • Speaker #1

    je comprends absolument pas. En tout cas, si jamais elles veulent porter plainte, bien se faire entourer, et de savoir que c'est un process qui est long. Moi, j'ai tendance à encourager quand même de porter plainte, parce que si personne ne porte plainte, on n'a pas de chiffre, on peut pas faire bouger les choses. Après, c'est sûr, chacun fait comme il peut. La problématique vient des... des commissariats de la justice, pas des femmes en fait.

  • Speaker #0

    Ah non, c'est clair. Et moi j'aurais tendance aussi à conseiller un suivi par contre, de façon un peu plus insistante peut-être. Voilà, de se faire aider, ne serait-ce que quelques séances, mais pouvoir déposer ça en fait.

  • Speaker #1

    Donc se faire accompagner, se faire aider, en parler, ce serait des conseils principaux.

  • Speaker #0

    Oui, oui, oui. Et de savoir que, voilà. de savoir qu'elles ne sont pas seules, que leur parole est légitime, qu'elles méritent d'être crues, d'être soutenues.

  • Speaker #1

    Est-ce que toi, tu t'es sentie soutenue quand tu as commencé à en parler ? Oui,

  • Speaker #0

    quand j'ai commencé à en parler, oui. Oui, beaucoup, parce que j'ai un environnement qui est très bienveillant et soutenant. J'ai eu que des personnes super bienveillantes autour de moi, mes amis, mes parents. Donc non, ça, vraiment... Mais bon, c'est pas donné à tout le monde non plus. Moi, j'ai de la chance, en fait. Je savais que ce serait bien... Enfin, je savais très bien que je pouvais en parler à tous mes amis, à ma famille aussi. Bon, c'était un peu plus compliqué, la famille, mais voilà, ça a été très bien traité. Et tes parents,

  • Speaker #1

    ils ont réagi comment ?

  • Speaker #0

    Ma mère a pleuré, mon père a... Mon père a été très adapté, enfin ma mère aussi a été très adaptée, mais plus dans l'émotion, je peux comprendre. Non, ils ont été super. Ma mère s'en est un peu voulue de ne pas avoir vu à l'époque ce qui s'était passé, mais bon, c'était impossible. Enfin, moi, je suis vraiment mise ça sous couvercle quasiment immédiatement, donc c'était pas possible qu'elle s'en rende compte. Mais elle a eu un petit peu de culpabilité maternelle, comme une maman. typique mais non non ils ont très bien réagi mes amis aussi mais voilà je sais que il y a plein de gens qui sont pas crus qui ont pas les ressources, ce genre de ressources là et pour ces personnes là c'est super dur bon après c'est aussi pour ça qu'il y a des assos qui existent, enfin voilà en fait si votre entourage ne suit pas n'est pas soutenant faut pas hésiter aussi à se tourner vers des numéros verts, vers des associations d'ado-victimes, des choses comme ça il y a beaucoup de choses qui sont mises en place.

  • Speaker #1

    J'allais te demander si tu avais des noms, des exemples un peu en tête.

  • Speaker #0

    Je sais qu'il y a les plannings familiaux qui peuvent accompagner les victimes. Après, le numéro pour les violences faites aux femmes... Je vais faire une petite recherche.

  • Speaker #1

    Sinon, on mettra le lien pour le match.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas le...

  • Speaker #1

    En tout cas, il y a des numéros à appuyer.

  • Speaker #0

    Carrément.

  • Speaker #1

    Pour se faire soutenir. Merci beaucoup pour ce témoignage c'est pas évident d'en parler je sais que tu as fait du travail dessus mais je pense que ça aidera peut-être des femmes, des filles qui nous écoutent aujourd'hui J'espère Essayons de voir un petit peu les choses sous un autre angle, est-ce que toi tu vois aujourd'hui dans ton milieu autour de toi des choses un peu positives qui tendent de plus en plus à l'égalité des sexes sexes Des choses concrètes ?

  • Speaker #0

    Oui, quand même. On ne peut pas nier qu'il y a eu une évolution depuis ces 50 dernières années. Au moins ces 50 dernières années. Déjà, au niveau législatif, l'égalité est inscrite dans la loi. Puis là, récemment, avec tous les mouvements genre MeToo, de libération de la parole, etc. C'est quand même des choses... C'est pas magique, mais en tout cas, maintenant, les violences sont prises au sérieux. Les violences, elles sont montrées du doigt, ne serait-ce que dans les médias, sur les réseaux sociaux, beaucoup. Donc aujourd'hui, en fait, une personne publique, quand elle a des propos sexistes ou qu'elle fait des actes sexistes... elle est reprise immédiatement, elle est montrée du doigt, elle est critiquée, etc. Donc ça, c'est ce qui fait que du coup, les hommes, je pense, en tout cas les hommes qui avaient tendance avant à être auteurs de faits sexistes, ils se surveillaient un petit peu plus. Alors, ce n'est pas le cas de tous, mais il y a quand même un truc où, en fait, on n'est plus impunis maintenant. Bon, je disais, il y a encore des problèmes au niveau de la justice, ça c'est évident, c'est clair. Enfin oui, en fait, ils sont beaucoup impunis, mais en tout cas... La première étape, elle est peut-être maintenant. C'est-à-dire qu'effectivement, la justice, pour moi, elle ne suit pas. On pourrait en parler des heures. Mais il y a quand même une dénonciation qui se fait. Je trouve qu'en ça, il y a quand même des choses qui bougent un petit peu. Après, il y a tout... Je vais prêcher pour ma paroisse. Mais non, mais après, il y a tout ce qui est les séances qu'on fait à l'école.

  • Speaker #1

    Je suis curieuse de comprendre un peu comment ça se déroule, une séance à l'école. Donc, comment ça se passe ?

  • Speaker #0

    Il y a plusieurs façons d'intervenir. En tout cas, dans mon asso, il y a plusieurs façons d'intervenir. Soit on peut faire ce qu'on appelle des interventions classiques. Donc, on entre dans une classe. Et là, on fait un peu de la discussion-débat. Donc, on va débriefer un peu sur qu'est-ce que c'est la sexualité pour vous. Chacun amène des thèmes, des mots, etc. On rebondit sur chaque mot. Puis en fonction des mots qui ressortent, des thématiques qui ressortent, ça peut être très vaste. Certaines classes vont un petit peu plus insister sur des sujets autour de l'orientation sexuelle, d'autres autour des identités de genre, d'autres autour plutôt du corps et de la santé, d'autres autour des violences, du consentement, etc. Et donc, à partir de là, on adapte notre intervention. On va leur proposer des activités, des jeux sur les thèmes qui ressortent un peu plus. Là, on s'adapte complètement aux jeunes. On peut faire même du débat, de la projection de débat. On peut leur passer des extraits de vidéos, puis on en discute ensemble. Après, on a aussi des outils, on a une grande exposition sur la sexualité, où les jeunes déambulent dedans, et là, ils vont suivre des thématiques précises dans toute l'exposition. Donc les thématiques, c'est le corps, la prévention. les identités de genre et les orientations sexuelles. Et la dernière thématique, c'est la société, donc comment la société nous influence, les médias, etc., dans nos façons d'être en relation amoureuse et tout. Donc en fait, c'est assez varié, mais en tout cas, c'est toujours plutôt bien reçu.

  • Speaker #1

    Ce sont les écoles qui font appel à ton assaut ?

  • Speaker #0

    Oui, la plupart. Alors oui, on a une petite partie de démarchage, mais c'est quand même très souvent les établissements qui font appel. Parce que c'est quand même un truc, on l'a déjà dit, mais ça fait partie des recommandations du gouvernement. Les séances d'éducation à la sexualité, ça devrait être obligatoire du CP à la terminale.

  • Speaker #1

    C'est pas obligatoire ?

  • Speaker #0

    Si, en vrai c'est obligatoire, mais bon, les établissements sont pas... Après c'est un peu au bon vouloir de l'établissement.

  • Speaker #1

    D'accord, donc c'est vraiment une prévision qui est prise par le... Le directeur ou la directrice d'établissement. Et en fait, si la personne en question n'a pas vraiment envie de faire...

  • Speaker #0

    Si ce n'est pas sa priorité, l'établissement ne fera pas appel. Après, de plus en plus, il y a des profs qui se forment aussi au sein des établissements, donc ils font eux-mêmes les séances.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a des demandes de la part des parents ?

  • Speaker #0

    Nous, c'est vraiment nos interlocuteurs, c'est vraiment les établissements. Après les parents, on a très peu affaire à eux. On a affaire à eux que quand justement ils ne veulent pas. Quand il y a des petits soulèvements de parents qui ont entendu... Alors c'est très rare, mais ça arrive que... Je ne sais pas, il y a un parent qui a entendu parler du fait qu'on venait dans l'établissement de son enfant et qu'il veut... savoir ce qu'on va dire. C'est jamais trop agressif, mais en tout cas, c'est des petites craintes parce qu'il y a plein de fake news et de rumeurs qui circulent autour de qu'est-ce que c'est l'éducation à la sexualité, est-ce qu'on va apprendre à se masturber, des trucs comme ça qui circulent, des fausses croyances. Donc il faut essayer de détricoter ces rumeurs et de leur expliquer ce qu'on dit. Donc on leur explique nos thématiques, un peu ce que je t'ai dit. Enfin, on leur fait un peu le déroulé de... de ce qu'on évoque avec les enfants ou les ados, et puis de pourquoi c'est important.

  • Speaker #1

    Donc c'est des parents qui nous écoutent et qui ont envie de t'avoir... Ils peuvent faire appel à l'établissement, ils peuvent aller voir les professeurs.

  • Speaker #0

    Complètement, ils peuvent carrément en discuter avec le directeur d'établissement ou les CPE. S'il n'y a rien qui se fait dans l'établissement, n'hésitez pas à aller là. On encourage. Tu auras du travail.

  • Speaker #1

    On remettra le nom de ton asso dans le lien du podcast. Je voulais te poser une question par rapport aux enfants à l'école. Quel style de questions ils te posent le plus en tant que fille et en tant que garçon ? Est-ce que ça change un peu ?

  • Speaker #0

    Oui. Oui, oui, ça peut changer. Oui, bien sûr. Les garçons... Alors, j'essaie de rassembler, de résumer un peu. En gros, les questions, ça va beaucoup tourner autour du corps quand même. Genre comment ça fonctionne. Enfin, il y en a, ils ont vraiment peu de notions sur le corps. et notamment les organes génitaux, comment ils fonctionnent. Genre le clitoris, ils ne savent pas toujours où ça se trouve. Comment stimuler, comment procurer du plaisir ? Ils ont plein de questions là-dessus. Sur leur pénis, ils ont plein de questions aussi. Et ils ont quand même aussi pas mal de questions sur le porno. Genre qu'est-ce qui est exagéré dans le porno ? Est-ce que vraiment ça se passe comme ça ? Est-ce qu'on peut tenir aussi longtemps ? Est-ce que tenir aussi longtemps en érection sans éjaculer, etc. Au niveau des performances, ils ont pas mal de questions. Sur aussi qu'est-ce qu'on attend de nous en tant que garçons, qu'est-ce qu'on attend de nous en tant que filles, qu'est-ce qu'on attend de nous dans une relation sexuelle, en fonction un peu de ce qu'ils voient dans le porno. Donc ouais, les questions, après il y en a plein, mais ça retourne quand même très souvent autour du corps. Le porno, ça revient beaucoup aussi. Et il y a un truc qui les agite beaucoup, c'est les orientations sexuelles et surtout les identités de genre.

  • Speaker #1

    C'est-à-dire ? Ils ont envie de savoir ?

  • Speaker #0

    Alors bon, là, c'est souvent des jeunes qui peuvent tenir un peu des propos un peu transphobes ou homophobes. En fait, ils ont du mal à accepter l'existence de personnes qui ne vivent pas les choses comme eux. Ça leur paraît complètement étranger et donc bizarre. Et donc parfois, ils peuvent avoir des propos difficiles. Donc ça, c'est quelque chose qui obsède beaucoup les ados. Alors après, t'as des ados qui sont hyper au fait de ces questions-là. En fait, vraiment, une intervention fait pas l'autre. Des fois, tu tombes dans une classe ou un établissement où les jeunes sont hyper déconstruits sur ces questions. Ils ont beaucoup réfléchi, ils ont accès à beaucoup de ressources. Du coup, on peut partir loin dans les sujets, on peut discuter, élaborer et tout, et ça les passionne. Puis peut-être trois jours après, tu vas tomber dans un établissement où ils vont faire des appels à la haine, où ils vont tenir des propos très, très, très, très, très, très limites, très violents. Donc ça les agite dans un sens ou dans l'autre, soit dans le positif, dans le fait d'aller plus loin dans les infos, etc. Soit dans le fait que ça ne devrait pas exister, ils ne comprennent pas pourquoi. On sent que ça les excite un peu, je ne sais pas ce que ça leur renvoie, mais il y a des trucs intéressants qui se jouent.

  • Speaker #1

    Et chez les filles ?

  • Speaker #0

    Chez les filles, on est beaucoup aussi sur les orientations. Ça, c'est un peu commun aux deux. Je remarque quand même vraiment très fréquemment que les filles sont beaucoup plus dans... J'allais dire l'acceptation, mais c'est pas ça qui me plaît comme mot. C'est pas le mot que je voudrais employer, mais en tout cas, elles sont beaucoup plus dans la compréhension de ces questions-là de genre et de sexualité. Bon, c'est pas non plus... Enfin, il arrive qu'il y ait des filles qui tiennent des propos homophobes ou transphobes, mais dans une classe, quand les mecs, souvent, quand les mecs tiennent des propos comme ça, c'est souvent les filles qui modèrent un petit peu. Après, sinon, les filles, c'est qu'elles posent beaucoup de questions sur le corps, les règles, l'endométriose, il y a beaucoup de... Le fait de ne pas ressentir de plaisir aussi, est-ce que c'est normal ? Ça, ça tourne beaucoup autour de ça, souvent. Le porno, un peu moins. Forcément, c'est plus tabou pour une fille de regarder du porno, surtout à cet âge-là. Si, les filles vont aussi beaucoup parler des violences sexuelles et sexistes. Ouais, si, les filles, le consentement, les violences, c'est quelque chose qui les anime beaucoup. Le respect, tout ça, toutes ces questions-là, en général, elles sont bien... À ce moment-là, elles sont assez actives à ce moment-là de l'intervention, quand on aborde ces sujets-là.

  • Speaker #1

    Comment on t'explique une meilleure acceptation et une compréhension de la part des filles ?

  • Speaker #0

    Alors là, je vais partir dans des trucs, mais bon... Je pense que... Point commun entre les personnes LGBT+, et les femmes, c'est que toutes ces personnes vivent du sexisme, en fait, elles font partie de ce qu'on appelle des minorités de genre, et du coup elles vivent, par exemple, prenons un homme gay, il va vivre du sexisme dans le sens où, en fait, comme il ne correspond pas à la norme masculine qui est d'être le... d'être en couple avec une femme, d'être dans une forme de domination. Alors je dis pas qu'il n'y a pas de domination chez les mecs LGBT, enfin chez les mecs gays, mais voilà. Et puis pour peu que... Enfin voilà, il faut être le pénétrant, il faut être le dominant. Enfin voilà, donc si tu t'éloignes un peu de ces codes-là, t'es tout de suite un peu suspect par rapport aux normes de genre. Donc je pense que peut-être le point commun... Enfin peut-être qu'elles sont plus... compréhensives par rapport à ces questions-là et plus dans le... Oui, dans la compréhension, parce que il y a une espèce de... Je sais pas, moi, de complicité. Genre, c'est un peu le monde des bisonneurs, mais je sais pas, je me dis qu'il y a peut-être quand même quelque chose de cet ordre-là. C'est-à-dire, elles vivent des oppressions aussi.

  • Speaker #1

    Ça ressemble. D'accord. Écoute, merci beaucoup d'avoir répondu à cette question. Bonus. du coup Sophie on arrive à la fin du podcast c'est la question finale de qu'est-ce que tu aimerais dire au Robert qui nous écoute s'il était à côté de toi aujourd'hui et ben du coup dans la lignée de ce qu'on vient de se dire je pense ça ne surprendra pas mais

  • Speaker #0

    je dirais au Robert éduquez-vous éduquez-vous pour que la société soit plus cool pour qu'on vive tous dans un monde un peu plus un peu plus beau

  • Speaker #1

    Et comment ils pourraient s'éduquer à travers ?

  • Speaker #0

    Lisez un bouquin, les Robert.

  • Speaker #1

    On a déjà sorti ça. C'était pas la première à me le dire, ça, en fait. Lisez, lisez. Non, bah oui, j'imagine qu'il y a plein de sources, mais est-ce que ça les intéresse ? Enfin, tu vois, comment...

  • Speaker #0

    Comment susciter l'envie du Robert ?

  • Speaker #1

    Oui, oui.

  • Speaker #0

    Ouais, ouais, carrément. Non, mais déjà, je repars sur mes trucs, mais je pense que si on faisait vraiment ces séances-là, du CP à la terminale, c'est que toutes leurs... Pour les élèves qui vont jusqu'à la terminale, mais en tout cas, ça fait qu'une bonne partie de leur scolarité et de leur vie, quand même, les enfants, que ce soit garçons ou filles, ils auraient accès quand même à des ressources. Parce que moi, je suis persuadée que c'est pas en les venant voir une fois dans leur scolarité, je sais pas moi, en troisième, ça sert à rien, en fait. Oui, c'est mieux que rien, mais en fait, il faudrait que ce soit... Ces sujets-là, il faut qu'ils soient rabâchés, il faut que ça fasse partie de leur mécanisme de... de pensée. Il ne faut pas que ce soit une fois quelqu'un qui se ramène et qui vient leur dire parce que ça, c'est très limité comme intérêt. Donc, si ça faisait partie vraiment de leur cursus de vie...

  • Speaker #1

    Comme une vraie matière, en fait. Les Français ne peuvent pas être des maths.

  • Speaker #0

    Ça s'inscrirait dans une matière comme ça. Ce serait hyper... Enfin, moi, je suis persuadée que les prochaines générations, il y aurait quand même moins ces problèmes-là. Il y en aurait toujours, évidemment, mais... Pour moi, l'éducation, c'est la clé.

  • Speaker #1

    C'est la racine.

  • Speaker #0

    Éduquez-vous, mais dans tous les sens. Éduquez-vous et éduquons-les. Non, mais je veux dire, ce n'est pas pour être présomptueux avec les Robert. Tout le monde a besoin d'être éduqué à ces sujets-là, les garçons, les filles. En tout cas,

  • Speaker #1

    si on les prend à la racine, les Robert, déjà...

  • Speaker #0

    Bien sûr, il faut les mater. Non, mais oui, bien sûr, parce que c'est vite trop tard. Une fois que tu as intégré tous les mécanismes sociaux du patriarcat... C'est compliqué. Après, il y a plein d'adultes qui se déconstruisent. Mais il faut faire les bonnes rencontres, il faut avoir les ressources. Ce n'est pas donné à tout le monde.

  • Speaker #1

    Tout n'est pas perdu, même si tu es un Robert d'après-guerre.

  • Speaker #0

    Tu peux changer, tu es Robert.

  • Speaker #1

    Tu peux toujours t'intéresser.

  • Speaker #0

    Bien sûr.

  • Speaker #1

    C'est une question de volonté, j'imagine, et de curiosité. Oui. Tout à fait. En tout cas, merci beaucoup pour toutes tes réponses aujourd'hui. Et j'en mettrai le lien de ton asso dans la description de l'émission.

  • Speaker #0

    Sachez que nous n'intervenons que dans la région Auvergne-Rhône-Alpes.

  • Speaker #1

    Mais j'imagine que dans les autres régions aussi.

  • Speaker #0

    Oui, il y a plusieurs asso. Il n'y en a pas plein. Tous les départements ne sont pas couverts. Et il en faudrait plus, ça c'est sûr. Pour aider les Robert.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Sophie.

  • Speaker #0

    De rien.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est la fin de cet épisode. J'espère que ça vous a plu. Merci d'être resté jusqu'au bout. Ça me fait vraiment super chaud au cœur. N'hésitez pas à me retrouver sur Instagram, sur le compte Have You Met Robert pour découvrir tous les nouveaux épisodes qui vont sortir et surtout pour me contacter directement si vous avez envie pour participer. au podcast, racontez vos histoires, vos récits. C'est avec vos témoignages que le podcast se fait. Je serais ravie, ravie de vous interviewer. Je pense que toutes les histoires sont importantes à raconter. N'hésitez pas, je répondrai à tous vos messages. Je vous remercie encore pour votre écoute et à très vite.

Description

🎙️Avec Sophie on a parlé :


  • De son travail d'éducatrice sexuelle

  • De la place des hommes dans l'espace public

  • Du “retour de l’angoisse” quand on rentre seule de soirée

  • D’un vi0l par un inconnu, revenu à sa mémoire des années plus tard

  • De la question du genre et du sexe à l’école

  • D'aimer traîner dans les PMU 😆

  • Et de plein d'autres sujets passionnants.


❗Trigger Warning : Cet épisode comporte des passages décrivant des actes de violence qui pourraient perturber certaines personnes, en particulier les plus sensibles. Je préfère vous prévenir afin que vous puissiez prendre une décision éclairée quant à l’écoute de cet épisode. Merci pour votre compréhension.


Partagez l'épisode si vous l'avez aimé et prenez soin de vous !


Love, Laura 💜


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Crédits :

Un podcast entièrement réalisé de façon indépendante par Laura Montoro : écriture, production, enregistrement, montage, communication et diffusion.

Musique : Waves de Danijel Zambo. Un grand merci à toutes les femmes qui ont témoigné et partagé leur histoire.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et à tous, j'espère que vous allez bien. Je suis ravie d'être avec vous pour ce nouvel épisode de Avis-Mail Robert, le podcast qui met en lumière des récits authentiques de femmes sur leur rencontre avec Robert. Robert est partout, dans nos maisons, nos rues, nos lieux de travail, nos médias, nos films, nos écoles, nos politiques. Il sévit depuis si longtemps que son comportement est parfois parfaitement intégré, minimisé et excusé. Il lui arrive aussi d'être violent, très violent. Robert représente les violences faites aux femmes en général. J'avais envie de lever le voile sur son comportement, parfois inconscient et parfois totalement indécent. Pour celles et ceux qui ne me connaissent pas, je m'appelle Laura et je lance le podcast de façon indépendante pour libérer la parole des femmes, pour provoquer une prise de conscience et surtout pour tenter, à ma petite échelle, de rendre ce monde plus sûr. pour les femmes. Et franchement, il y a du top. Alors, merci beaucoup pour votre écoute, ça me fait vraiment, vraiment super plaisir. D'ailleurs, si le podcast vous plaît, n'hésitez pas à le partager autour de vous ou à laisser un commentaire positif sur les plateformes d'écoute. Moi, ça m'aiderait énormément et ça pourrait aider aussi d'autres femmes qui ont envie ou besoin d'écouter ces précieux témoignages. Aujourd'hui, je discute avec Sophie. Avec Sophie, on a parlé de la place des hommes sur la place publique. du retour de l'angoisse quand on rentre seule de soirée. Elle a aussi partagé un moment difficile d'un viol par un inconnu. Il m'a parlé aussi de justice et de traîner mon épée. Ce que j'aime dans cet épisode, c'est le recul et la sagesse de Sophie sur les événements qui ont jalonné sa vie de femme, sa bonne humeur communicative et son point de vue hyper intéressant sur les questions des violences en tant que chargée d'éducation sexuelle pour les enfants et les ados. J'ai adoré parler avec Sophie. J'espère que ça vous plaira. Allez, c'est parti pour l'épisode. Avertissement. Cet épisode comporte des passages décrivant des actes de violence qui pourraient perturber certaines personnes, en particulier les plus sensibles. Je préfère vous prévenir afin que vous puissiez prendre une décision éclairée quand à l'écoute de cet épisode. Aujourd'hui on est avec Sophie. Bonjour ! Salut Sophie ! Toi et moi on se connaît depuis un bon moment, donc je sais que tu as beaucoup de choses à dire sur la question. Je suis hyper ravie de t'avoir avec nous aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Je suis ravie d'être ici avec vous.

  • Speaker #0

    Je te laisse te présenter comme ça tout le monde peut apprendre à te connaître un petit peu plus.

  • Speaker #1

    Oui, alors moi je suis Sophie, j'ai 35 ans, je vis à côté de Lyon. Et qu'est-ce que je peux dire de plus ? Dans la vie, je fais ce qu'on appelle de l'éducation à la sexualité auprès des ados et des enfants. Voilà, donc dans les milieux scolaires, dans tous les endroits où il y a des ados et des enfants. Ça peut être le foyer, ça peut être la protection de l'enfance, la protection judiciaire de la jeunesse, etc. Voilà, c'est assez vaste.

  • Speaker #0

    Tu bosses pour une asso ?

  • Speaker #1

    Oui, pour une asso. Je suis salariée dans cette asso depuis bientôt cinq ans.

  • Speaker #0

    Tu nous donnais le nom de l'asso ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est l'ALS, c'est-à-dire Association de lutte contre le sida, et pour la santé sexuelle, on a rajouté plus tard. C'est une asso qui est assez ancienne, qui a été créée à l'époque où l'épidémie de sida arrivait en France dans les années 80. Au départ, c'était vraiment de l'accueil et de l'accompagnement de personnes vivant avec le VIH. Et puis, depuis une bonne quinzaine d'années, on est sur des sujets plus vastes, sur la santé sexuelle et beaucoup sur l'éducation à la sexualité auprès des... Des jeunes notamment, mais aussi d'autres publics, mais moi je suis spécialisée sur les jeunes.

  • Speaker #0

    Ok, trop bien. Du coup, tu vas pouvoir nous offrir un panel de réponses qu'on n'a peut-être pas eu avant.

  • Speaker #1

    J'ai l'impression que je suis peut-être là.

  • Speaker #0

    Non, écoute, je te propose de commencer l'interview avec la première question que je pose à tout le monde, c'est est-ce que tu t'es rendu compte à un moment donné que tu étais une fille ? Et si c'est le cas, quand exactement ? Plutôt dans ton enfance, dans ton adolescence ?

  • Speaker #1

    Alors je crois, enfin en tout cas mes premiers souvenirs de me rendre compte que j'ai un truc différent d'une autre partie de la population, je pense que c'est dans l'enfance, c'est parce que j'étais la seule fille, du côté paternel en fait on est sept cousins et plus mon frère et moi, et j'étais la seule fille de ce joyeux petit groupe et assez, enfin de toute façon voilà depuis la prime enfance. Il y avait des petites choses qui se jouaient du fait que moi j'étais une fille. Ça se traduisait un peu par... Je me sentais un peu privilégiée, je sentais que j'avais une place un peu privilégiée dans ce groupe-là. C'était genre... Alors j'avais pas le même rapport avec tous mes cousins, mais pour les plus proches c'était des petites histoires d'être amoureux, de vouloir s'asseoir à côté de moi, de se battre un peu pour ça. Donc je sentais qu'il y avait un petit truc un peu... Que j'avais une petite place un peu spéciale dans ce groupe-là. Donc je pense que c'est de là d'où... En tout cas, c'est à partir de ce moment-là que... En tout cas, c'est mes premiers souvenirs qui... qui me renvoie à quelque chose de... Tiens, c'est particulier d'être une fille. Donc plutôt un peu positif quand même dans ces souvenirs-là.

  • Speaker #0

    T'avais quel âge,

  • Speaker #1

    tu te rappelles ? Ça remonte à, je pense, la plus petite enfance. Mais bon, mes souvenirs, ils remontent à... Enfin, mes souvenirs, ils sont plutôt... En tout cas, j'en ai beaucoup à partir de 7 ans jusqu'à 12-13 ans. Il y avait aussi beaucoup d'attirance pour le corps. Je me rappelle, quand on a commencé à être ado, il y avait des trucs aussi d'attirance. Enfin, pas d'attirance, non, de curiosité pour ce que c'était un corps de fille, tout ça. Donc, je sentais un peu des petits trucs un peu de convoitise. En tout cas, je sentais que c'était une place particulière.

  • Speaker #0

    D'accord. Intéressant. Et est-ce que tu te rappelles, s'il y a un moment donné dans ta vie, un petit peu plus tard, avoir vécu des limitations parce que tu étais une femme ? Donc ça peut être dans le domaine privé ou pro ?

  • Speaker #1

    Alors ça, je pense que ça renvoie... Enfin, les premières limitations que j'ai pu percevoir, c'était dans l'espace public. Alors c'est tout con, mais j'ai des souvenirs parce que j'ai grandi à la campagne et j'ai des souvenirs de PMU. Parce que je traînais beaucoup,

  • Speaker #0

    ouais.

  • Speaker #1

    Non, parce que je ne sais rien, moi, des trucs de con. Bien sûr, moi aussi, j'adore. Mais en tout cas, j'adore, mais on peut quand même remarquer que c'est des lieux très masculins. Et je ne sais pas, j'ai un petit souvenir de ça en me disant, tiens, il y a des lieux où il n'y a que des hommes. Et surtout, non seulement il n'y a que des hommes, mais on ne se sent pas bien là-dedans. On ne se sent pas hyper à l'aise d'y rester. On ne se sent pas à sa place. Donc ça, c'est un peu mon premier souvenir comme ça. Mais non pas que je traînais dans les PMU toute mon enfance, mais je sais pas, j'ai dû remarquer ça une ou deux fois. Et ensuite, c'était plutôt en ville, donc plus grande, plus âgée, quoi. Et toujours pareil, la question de la place des hommes dans l'espace public. Donc, par exemple, il y a des... Notamment là où je vis à Villers-Bannes, mais à Lyon aussi, enfin bref, il y a des places où c'est vraiment... On a l'impression que c'est réservé, c'est un espace réservé aux hommes. On voit beaucoup d'hommes qui sont... statiques qui restent des heures potentiellement à fumer à boire qui reste entre eux à discuter et on voit des femmes mais les femmes souvent ne s'arrête pas enfin elles sont dans le mouvement elle traverse elles vont faire qu'elle traverse la place elles vont faire quelque chose mais elle se pose pas comme les hommes et et du coup je trouve que c'est intéressant à observer et et moi je me sentirais bon enfin si j'ai envie de faire un peu de provoque je pourrais mais en tout cas je trouve qu'en tant que femme on est On n'est pas incité à se poser avec les hommes. Nous, il faut qu'on traverse ce truc-là. Et on sent qu'encore une fois, c'est une sorte de place, qu'on n'a pas notre place dans le fait de squatter l'espace. Voilà, je pense que c'est des... Ah puis alors après, si je continue sur l'espace public, après c'est à peu près... Quand j'ai commencé à sortir, en fait, donc fin d'adolescence, puis toute la vingtaine. C'est les moments où je rentrais toute seule de soirée à pied chez moi. Là, c'était carrément... Voilà, ça pouvait être dangereux de le faire. Et moi, je l'ai toujours fait, mais j'avais plein de potes qui ne le faisaient pas du tout, de rentrer toute seule à pied. Et donc, il y a ce truc aussi de l'inquiétude, de devoir envoyer un message quand on est arrivé. Et ça, c'est un truc que je pense surtout quand on est une fille, une femme. Mais ouais, donc ça c'est, je pense, bon j'ai raconté un peu les trucs anecdotiques PMU et les places où il y a beaucoup de mecs qui squattent, mais je pense que ça c'est quelque chose de marquant, où je me suis sentie un peu limitée, entre guillemets, pas vraiment limitée puisque je le faisais quand même, mais quand même il y a un truc où tu sais que tu cours un risque, tu sais qu'il va t'arriver des trucs. Enfin moi, je partais, je rentrais de soirée chez moi, je partais du principe qu'il allait m'arriver un truc, plus ou moins chiant, mais que j'allais et qu'on allait me faire chier, c'était un peu de l'ordre de la banalité. et donc je me sentais pas vraiment limité mais en tout cas il ya un truc qui est pas normal enfin il ya un truc qui est en tout cas que tu vis parce que tu es une femme là beaucoup à chaque fois que tu rentrais de soirée tu arrives et ben franchement une période quasiment à chaque fois vraiment vraiment s'il m'arrivait rien je rentrais chez moi et je me faisais la remarque rien n'a rien arrivé c'était cool mais oui mais arriver plein de trucs je peux peut-être détaillé vite enfin je me rappelle notamment bâtiens je peux vous parler de cette soirée là où je rentrais chez moi, donc j'avais quand même je sais pas, je devais avoir trois quarts d'heure à faire à pied, et c'était il devait être cinq heures du matin, quelque chose comme ça et là ça a été un peu la soirée mais j'ai raconté beaucoup en rigolant à l'époque mais en fait quand j'y réfléchis Ça craint. Je l'avais appelé ça un peu le retour de l'angoisse parce que je crois que je m'étais fait emmerder à trois reprises différentes. Donc, si je me savais longtemps que je n'ai pas raconté ça et que je ne m'en suis pas souvenu, mais en gros, le premier truc, je me suis fait suivre par un mec qui, j'avais mes écouteurs sur les oreilles, mais j'entendais qu'il m'insultait, qu'il me parlait, tout ça. Mais il y a un autre mec qui était sur le trottoir pas très loin de moi qui a commencé à venir à dire au mec de me laisser tranquille, machin, en mode tranquille, gentil. Je me suis dit bon, c'est sympa. Sauf qu'après, ce mec-là s'est mis à me draguer, bien sûr. Et donc bon, ça va, il n'était pas non plus hyper méchant, mais j'ai réussi à m'en dégager. Mais bon, voilà. Ensuite, il y a des mecs qui se sont arrêtés en voiture. qui ont commencé à me suivre, à ralentir et à rouler à ma hauteur, enfin à mon rythme. Et il y a un mec qui a fini par sortir de la voiture, par me coller contre un mur. Après, c'est ses potes qui lui ont dit de rentrer dans la voiture. Enfin bref. Et après, je rentre chez moi. Il y a encore une voiture qui me suit jusqu'à chez moi. Mon Dieu ! En me proposant d'aller manger un burger. Il y avait trois mecs dans la voiture. Ouais ! Bon, ça va. Merci. J'ai déjà soupé. Merci beaucoup. Donc voilà, ça c'est un exemple un peu fort, mais c'est vrai que des choses comme ça, et je n'en étais pas traumatisée du tout.

  • Speaker #0

    Oui, c'était intégré en fait. C'était intégré.

  • Speaker #1

    Ce soir,

  • Speaker #0

    comme si tu te mettais une... Une fin de nuit de quoi ? Ah bon, écoutez, c'est normal. Non mais c'est hallucinant, en fait. On en rigole,

  • Speaker #1

    mais c'est quand même très grave. En fait, moi je trouve, en fait, globalement... C'est des trucs dont je prends conscience, je dirais pas maintenant, mais depuis 7-8 ans, j'en sais rien. Vraiment, même toi et moi on en discutait de ces trucs-là quand même à l'époque, mais c'était plus en mode... En tout cas moi je me sentais pas scandalisée de ça, ça me paraissait un peu normal, et même j'avais l'impression un peu de mesurer ma valeur au nombre de mecs qui m'emmerdaient, enfin ma valeur, mon attraction, mon attractivité, je sais pas comment on dit. et ça c'est un truc qui me marque en fait je suis plus en colère contre ça contre moi je suis plus en colère contre ce fait là de me dire que de me mettre dit à l'époque que ça c'était normal et d'avoir fait toute ma petite vingtaine en mode en fait oui je mesure un peu ma valeur à ça quoi et du coup ça c'est un truc que j'aimerais bien c'est aussi une des raisons pour lesquelles je fais ce boulot aujourd'hui c'est que ça c'est un truc que j'aimerais bien que les ça fait vraiment vieille conne mais que les jeunes filles d'aujourd'hui ne résonnent pas comme ça. Bon après, chacun son chemin, chacun évolue à son rythme et tout, et puis on peut peut-être en passer par certains trucs pour pouvoir prendre conscience d'autres trucs. Mais c'est vrai que ça, j'insiste vachement bien sûr en intervention avec les ados, que ce soit des garçons ou des filles d'ailleurs, mais sur le côté, en fait...

  • Speaker #0

    que c'est des violences en fait tout simplement qu'il faut le nommer comme ça qu'il faut le conscientiser mais nous on n'était pas informés comme aujourd'hui on pensait que c'était vraiment normal et oui comme tu dis on était on était ok avec ça en fait ouais ça nous paraissait un peu normal ça nous paraissait dans

  • Speaker #1

    l'ordre des choses quoi et c'est vrai que maintenant il ya quand même plus de libération de la parole voilà on parle quand même beaucoup plus de ces sujets ça veut pas dire que non que la société est devenue toute rose et tout, mais c'est sûr que oui, les ados sont quand même un petit peu plus alertes là-dessus.

  • Speaker #0

    Gros sport. Et grâce à toi aussi, à ton travail. Non, mais oui. Donc on va passer à la question un petit peu centrale du podcast, qui tourne autour du Robert, c'est à dire Robert. Donc Robert, c'est un petit peu ce que je dis, c'est la personnification des violences qui sont faites aux femmes quand on vient en... On vient d'en parler, donc ça peut être des violences plus subtiles, des remarques dans la rue, dans l'espace public, ou des choses plus violentes. Est-ce que tu veux bien partager avec nous, toi, la définition d'un Robert ?

  • Speaker #1

    Oui, moi je pense qu'un Robert, c'est un Maxis qui a grandi dans notre société patriarcale. Et donc avec tous les privilèges qui en découlent pour lui, et qu'il ne remet pas en cause ces privilèges-là, et ces normes de genre, et toutes ces choses qu'on nous a inculquées. Mais en fait, je pense qu'un Robert, ça peut être n'importe quel mec malheureusement, parce que même le mec le plus déconstruit, même un mec cis qui aurait fait l'effort de réfléchir à tout ça, de se déconstruire et tout ça, il ne peut pas avoir conscience de tous ces privilèges qu'il a en tant qu'homme.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu veux bien définir un homme cis pour ceux qui ne savent pas ce que c'est ?

  • Speaker #1

    Oui, alors une personne cis, cisgenre, c'est une personne qui est en accord avec le genre qui lui a été attribué à la naissance. Donc, je ne sais pas, moi typiquement, pour un mec cis, un mec cis, ce serait quelqu'un qui serait né avec un pénis, qu'on aurait élevé comme un petit garçon et qui se sent homme. Donc voilà, en gros, c'est une personne qui n'est pas trans, pour résumer. Et voilà, pour moi, Robert, c'est ça. pur produit du patriarcat, mais voilà, juste en fait je pense que tout homme peut être un Robert, mais il y a des Robert plus ou moins... Il y a des Robert qui sont plus ou moins relous, quoi. Il y a un degré de Robertitude à mon avis qui n'est pas du tout le même chez chaque homme cis, évidemment, mais je pense qu'à un moment dans sa vie, chaque homme peut potentiellement faire une petite Robertitude. Voilà.

  • Speaker #0

    Tu penses qu'il y a beaucoup de Robert qui s'ignore ?

  • Speaker #1

    Ouais, je pense qu'il y a énormément de Robert qui s'ignore. Je pense qu'il y a plein d'hommes sexistes qui n'en ont... Enfin, non, il y a plein d'hommes qui peuvent être sexistes à un moment, mais qui n'en ont pas conscience, parce qu'ils n'ont pas conscience, d'une part, de leurs privilèges, d'autre part, parce que, aussi, comme tu dis, en fait, c'est pas si vieux, l'époque où on n'en parlait pas du tout de tout ça. Et en fait, les trentenaires d'aujourd'hui, c'est des gens comme... Enfin, des gens qui n'ont pas forcément eu cette éducation-là non plus. Peut-être que la prochaine génération sera un peu plus égalitaire là-dessus, j'espère.

  • Speaker #0

    Tu as mentionné déjà plusieurs Robert sur ton chemin de vie. Est-ce qu'il y en a un qui t'a particulièrement marqué ? Et une histoire que tu voudrais nous partager aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Oui, peut-être. Je ne sais pas. c'est la fin de ce podcast non oui est-ce que j'ai peut-être le droit d'en citer deux oui tu peux en citer plusieurs ok je pense que enfin en fait je me souviens de mon premier baiser qui était un baiser forcé ça je pense que je ne te l'ai jamais raconté donc moi j'avais 11 ans et lui c'était un gars qui avait 15 ou 16 ans je ne sais plus Et donc, je me suis retrouvée, encore une fois, le motif du mur revient. Je me suis retrouvée plaquée contre un mur par ce jeune gars-là. Et en fait, après, j'en ai un peu parlé à mes parents, à mon frère. Je crois que mes parents, ils en ont un peu parlé à la mère de... Enfin, pas à la mère de ce jeune, mais bon, bref, je ne sais plus comment ça s'est... Ce qui s'est passé là-dessus. Mais je sais que mon frère, il me faisait des blagues là-dessus. Enfin, c'était un peu aussi en mode on rigole. Ça ne m'a pas non plus trop traumatisée sur le coup. Enfin, pas du tout, je pense. Mais bon, j'y pense encore aujourd'hui. Donc, c'est que quand même, ça marque. Mais je pense que ça a été un peu tourné à la... Surtout par mon frère. Mais le truc est un peu... Finalement, on n'a pas fait grand-chose de ça. Et voilà. Je pense que ça, c'est un Robert qui m'a un peu marquée.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu t'es sentie... Comment, en fait, il t'a forcé dans ce baiser-là ?

  • Speaker #1

    Ouais, ouais, il m'a... c'est beaucoup ouais bah ouais ouais je me en fait on s'était un garçon qui faisait du théâtre avec moi et on attendait on était un groupe de y est tout le monde était parti mais il restait plus que moi lui et un autre garçon et et donc ouais bah je sais pas il m'embêtait Il me courait un peu après, tout ça. Et puis, il y a un moment, il m'a collée contre un mur et il m'a embrassée. Puis l'autre garçon a rigolé aussi, je me souviens. C'était vraiment un peu en mode blague. Enfin, vraiment, le truc qui passait pour un truc léger, quoi. Donc, je saurais même pas trop te dire comment je me suis sentie à ce moment-là. Je me suis sentie bloquée, c'est sûr. Mais comme tout était fait pour que je sois prise à la blague, comme le gars d'à côté rigolait, tout ça... Je l'ai pas vécu, voilà, je l'ai pas vécu de façon drama ou traumatique, mais en tout cas, voilà, je trouve que c'est pas anodin, en fait, tout ça, sur un premier baiser forcé, puis après, toutes ces histoires de mecs qui t'emmerdent dans la rue, enfin, en fait, c'est comme si la vie avait été, alors bon, maintenant, j'ai 35 ans, je me fais un peu moins, enfin, je me fais même beaucoup moins emmerder dans la rue, heureusement, mais quand même, j'ai l'impression que, je sais pas, peut-être les... les 15 premières années de ma vie ou les 20 premières années de ma vie enfin pas première année en tout cas il ya eu toute une tranche là de deux de plusieurs années qui a été quand même bien jalonné de l'histoire comme ça de violences sexuelles plus ou moins poussé voilà puis vous enfin je dis comme tu le sais j'ai vécu un viol aussi à peu près 10 11 ans après ce truc Avec cet ado là. Donc plutôt début vingtaine. Enfin en fait voilà tout ça. Alors je vais pas parler de ce Robert là. Mais en tout cas c'est sûr que c'est pas... Enfin pour moi c'est pas anodin. Je pense que c'est... Quand je fais un peu la rétrospective de tout ça. J'ai l'impression que oui c'est un peu un morceau de vie. Qui est jalonné d'agression. Micro agression. Jusqu'à agression beaucoup plus intrusive. Et voilà après je le... Ça va, je vais bien. Oui,

  • Speaker #0

    mais je pense qu'il y a beaucoup de femmes qui ont vécu les mêmes choses pendant des années. Moi aussi, je pense que... Moi, mon premier baiser aussi, c'était un baiser forcé. Je n'avais pas 11 ans, mais j'en avais 16. Donc plus tard, mais pareil. Et je me rappellerai toujours du goût de bière qui est mis dans ma bouche. Je me suis sentie forcée aussi contre un mur. Et je me suis dit,

  • Speaker #1

    c'est ça ? Oui, c'est dégueulasse. C'est ça ? Oui, oui.

  • Speaker #0

    J'étais un peu romantique, j'étais un petit peu hors-trait. Et ouais, du coup, j'étais dégoûtée, en fait. Et j'en avais parlé avec mon amie à l'époque, et elle était trop contente pour moi. Ah, mais c'est génial !

  • Speaker #1

    T'as eu ton premier baiser ? Enfin, c'est fait ! Ouais,

  • Speaker #0

    c'est fait ! Et j'avais trouvé ça bizarre. Enfin, je me suis dit, mais c'est ça ? C'est vraiment ça ?

  • Speaker #1

    Ouais, ouais, ouais. Est-ce que je vais aimer ça, du coup ?

  • Speaker #0

    Je suis pas sûre que ce soit si cool. Mais ouais, je comprends. Et en fait, je pense que t'es pas la seule. Et du coup... ton premier Robert était assez jeune, 11 ans. Et quand tu me dis que ta tranche de vie a été jalonnée de plein de petites micro-agressions voire des agressions beaucoup plus fortes, je pense que vraiment il y a beaucoup de femmes qui vont se reconnaître. Donc ouais, merci d'avoir partagé ce Robert-là. Et t'en avais un deuxième ?

  • Speaker #1

    C'était le deuxième, c'était celui du viol du coup. Entre le premier Robert et entre le deuxième Robert, il y avait eu plein de petits Robert-ci, mais que c'était quand même deux temps forts de un peu fondateur. Enfin, pas fondateur, mais en tout cas de moments qui m'ont marquée et qui constituent aussi mon... Enfin, je ne veux pas dire que je suis engagée et militante aujourd'hui à cause de ça, mais en tout cas, ça a forgé aussi, je pense, un peu toutes mes réflexions là-dessus. Et surtout, mon rapport à ces agressions-là sur le moment. Parce que le deuxième Robert, celui du viol, pendant des années, je n'ai pas du tout parlé de et j'ai été très distanciée par rapport à ça vraiment je me suis dit bon ouais un peu comment dire un peu défaitiste genre en mode oui bah fallait bien que ça m'arrive les chiffres les chiffres sont là pour nous montrer que de toute façon il y a plein de violences moi je suis une parmi ces chiffres là enfin j'étais vraiment en mode un peu regard un peu haut par rapport à tout ça mais un peu éloignée de ma propre expérience du coup un peu éloignée de mes ressentis même complètement éloignée puisque j'ai fini par oublier complètement ce qui s'était passé. Donc voilà, à force de ne pas du tout en parler, puis de m'enfouir comme ça.

  • Speaker #0

    C'était dans la voiture,

  • Speaker #1

    c'est ça ?

  • Speaker #0

    T'es pas obligée d'en parler,

  • Speaker #1

    mais c'était juste pour la trabattre. Ouais, c'est un autre mobiliste qui m'a proposé de me...

  • Speaker #0

    Tu faisais du stop, non ?

  • Speaker #1

    Ben non, je faisais du stop un peu à cette époque-là, mais là je faisais même pas du stop, c'est genre il m'a proposé de m'emmener d'un point A à un point B, où je me rendais. Et voilà, puis en fait il m'a pas du tout emmené au point B, non mais... ailleurs quoi et voilà je suis ce que je disais pas à part ah oui je disais que voilà j'avais complètement occulté ce truc là ouais quitte à être complètement vraiment un presque indifférent fin vu que j'ai fini par l'oublier en fait je m'en suis coupé complètement et ça m'est revenu il n'y a pas si longtemps en fait enfin je savais qu'il m'était arrivé ça au début je me suis dit il m'est arrivé quelque chose Ça a été long, de toute façon. Au tout début, évidemment, ça venait d'arriver. Donc je savais ce qui m'était arrivé, je l'avais raconté à mon copain de l'époque. Après...

  • Speaker #0

    Il avait réagi comment ?

  • Speaker #1

    Faudra pas qu'il l'écoute. Qui avait réagi plutôt, je pense, de façon assez adaptée sur le moment, mais qui m'en a reparlé genre un ou deux mois après en faisant une blague aussi. Voilà. Limite. Les blagues sur les violences sexuelles, on adore ça. C'est très cool. mais voilà en fait de toute façon j'ai l'impression que c'était aussi une époque je pense que bon on a encore des soucis on a encore du boulot aujourd'hui mais c'est aussi un truc où c'était quand même assez banalisé donc en fait ces réactions moi j'en veux même pas je parlais du premier Robert là le mec qui rigolait à côté, mon frère qui m'a fait des blagues mais bon et puis là mon copain de l'époque aussi qui m'avait fait une blague là dessus mais je pense qu'en fait c'était juste ancré dans l'époque et enfin enfin On prenait pas la mesure, je sais pas... Ouais, je sais pas trop comment expliquer ça, mais en tout cas, du coup, c'est des minimisations, c'est pas ça qui a fait que moi j'ai minimisé, mais comme moi-même je minimisais aussi, du coup, tout ça n'a pas été trop traité dans ma tête.

  • Speaker #0

    C'est venu plus tard, ça.

  • Speaker #1

    C'est arrivé plus tard, ouais, plus tard, quelques... Oui, en fait, c'est en thérapie, parce que je suis une thérapie, et du coup, j'ai conscientisé ça, qu'en fait, ça avait été un viol, mais j'en avais pas de souvenirs, donc je m'en rappelais pas du tout. Et les souvenirs me sont revenus le lendemain d'un accident que j'ai eu, un accident de vélo contre voiture. Et en fait, le lendemain de l'accident, mais genre le matin très tôt à 5h du mat', je me réveille avec tous les souvenirs de ce moment de viol. Donc ouais, mais j'ai mis, je pense, du coup, plus de 10 ans à ce chemin-là. Il a duré plus de 10 ans.

  • Speaker #0

    Comment tu l'expliques ? les souvenirs sont remontés après l'accident ?

  • Speaker #1

    Je pense que c'est l'effraction corporelle ça doit être la mémoire du corps je pense le fait d'avoir été effracté j'ai vraiment eu l'impression d'être balottée comme un objet cet accident m'a assez marquée parce que je me suis vraiment sentie projetée par la voiture contre une autre voiture j'ai vraiment l'impression d'avoir était vraiment un objet déshumanisé, un projectile pendant ce truc-là. Enfin, ça a duré trois secondes, mais voilà. Après, j'ai atterri sur la route et tout, mais du coup, je pense que c'est la mémoire du corps, le corps qui est fracté, qui est un peu violenté. Et à mon avis, c'est pour ça que ça m'est tout revenu en quelques heures après. ton corps a fait un parallèle avec l'expérience le corps et la direction ça me rappelle un truc le corps et le psychisme je pense ça a dû en fait ça a appris des trucs à la fois dans le corps parce que les os ils ont pris un peu mais à la fois dans la tête où ça a peut-être mis des réalignées des choses ou décalé enfin j'en sais rien mais en tout cas et là tu t'es réveillée tu t'es dit tout me revenait je me suis réveillée en pleurs parce que j'avais toutes les images en tête voilà d'accord

  • Speaker #0

    Et donc depuis là, tu fais un travail un peu...

  • Speaker #1

    Du coup, je continue à travailler avec ma psy un petit peu. En tout cas, quand c'est revenu, j'ai eu besoin d'en parler. Donc on a resserré les séances et tout pour traiter un peu ça. J'ai vu... Bon, après, on pense ce qu'on veut. Enfin, chacun adhère ou pas. Mais moi, j'ai vu une ostéo un petit peu qui était très à l'écoute sur ces sujets-là de violences et d'effraction du corps, qui a été super, qui m'a beaucoup aidée. Voilà, donc je fais mes petits trucs à moi pour prendre soin de moi. Puis voilà, en fait, maintenant, ça va très bien. De toute façon, c'est pas quelque chose qui m'est apparu comme... Enfin, je me suis pas rendue compte à ce moment-là que j'avais vécu ça. C'est juste que ça faisait quelques années que je savais, que je me disais que j'avais conscientisé ça, reconscientisé. Et le souci, c'est que je me rappelais pas de ce qui s'était passé. Donc il me manquait tout un petit pan de ma vie. Enfin, de ma vie. Il me manquait un petit pan de cette journée. Et ça m'emmerdait que ça échappe à ma conscience. Donc finalement, moi, j'attendais aussi de me souvenir de ça. J'avais envie de me souvenir. Donc voilà, c'est arrivé. On n'est jamais complètement prêts à ça. Mais surtout que je ne l'avais pas cherché pour le coup. Ça m'est arrivé sans que j'envoque ces souvenirs-là. Mais en tout cas, maintenant, c'est fait. C'est à la fois... C'est cool aussi. Enfin, c'est cool. C'est intéressant, je pense, pour avancer. C'est quelque chose qui peut me servir. Et puis... Voilà, maintenant, toutes les pièces du puzzle sont là.

  • Speaker #0

    Et tu penses que tous ces Robert-là, ils ont eu conscience de l'impact qu'ils ont eu sur toi ? Même le dernier, en fait, qui a eu un impact assez énorme, jusqu'à ce que toi-même, tu enterres un peu ce souvenir au fond de toi, jusqu'à l'oublier. Est-ce que tu penses, en fait... En fait, j'aimerais des fois qu'on se mette à la place d'un Robert et qu'on se dise, en fait, qu'est-ce qui se passe dans sa tête à ce moment-là pour... pour réagir, en fait, de cette façon ?

  • Speaker #1

    Bon, après, je dirais que c'est tous les Robert que j'ai pu citer. Il y a tous des degrés différents. À mon avis, le premier, l'ado, le truc du baiser forcé, je pense qu'il n'a pas du tout capté. Je pense que lui, c'était un jeu. Par contre, le dernier, ce n'est quand même pas anodin ce qui s'est passé. Du coup, j'imagine que c'était... Il faut quand même dans sa tête s'organiser pour se dire je vais prendre cette personne à bord, je vais dévier le chemin. C'est pas un truc...

  • Speaker #0

    C'est planifié. En tout cas, il y a quelque chose d'organisé. Lui, je pense qu'il savait très bien ce qu'il faisait.

  • Speaker #1

    Et puis, c'est quelqu'un que tu ne connaissais pas du tout.

  • Speaker #0

    Pas du tout, non. Et puis, je ne me rappelle pas de sa thèse.

  • Speaker #1

    Parce qu'on entend souvent que les... Toi, tu peux me confirmer, mais que les viols sont plutôt... Faisent part des gens qu'on connaît. Oui, oui.

  • Speaker #0

    Malheureusement, je n'ai plus le chiffre en tête. Mais c'est une très, très, très, très grande majorité des viols qui sont commis par des proches de la victime. Donc là, pour le coup, c'est un viol... Euh...

  • Speaker #1

    Ouais, c'est un viol comme on voit dans les films, en fait.

  • Speaker #0

    Ouais, ouais, ouais, c'est ça. En fait, comme on se l'imagine. D'ailleurs, je trouve que cette image-là, elle est toujours un peu dangereuse. Oui. Parce que du coup, les autres viols sont moins pris au sérieux. Et on a tendance à minimiser un petit peu les autres formes de viols, quoi. Mais pour le coup, là, oui, c'est un inconnu. À l'extérieur, donc pas non plus dans mon environnement à moi.

  • Speaker #1

    Ouais, t'étais là au mauvais moment.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est ça, exactement, ouais.

  • Speaker #1

    C'est un vide, la situation, par son propre égoïsme, en fait.

  • Speaker #0

    Oui, mais je ne sais même pas si c'est de l'égoïsme. Pour moi, on ne peut pas parler de pulsionnel. Enfin, on n'en a pas parlé. Moi, je déteste les gens qui disent que... Enfin, je déteste. Je n'aime pas quand on dit que c'est pour assouvir une pulsion, le viol, parce que sinon, on passerait son temps à se sauter dessus dans la rue. Et puis, pourquoi il y a une... Je sais plus quel est le pourcentage, je sais plus de 90% au moins, ça c'est sûr, d'auteurs de violences sexuelles sont des hommes. Oui,

  • Speaker #1

    je crois que c'est ça, 90.

  • Speaker #0

    Ouais, plus de 95 même. Bon, je voudrais pas m'avancer, mais en tout cas c'est bon, c'est la grande majorité. Donc voilà, c'est pas de l'ordre de la pulsion, tous les humains ont des pulsions en fait, donc pourquoi les femmes sautent pas sur les hommes comme ça ? Mais merde, j'ai dérivé, je sais plus ce que tu disais.

  • Speaker #1

    Je demandais...

  • Speaker #0

    Ah oui, je sais, pardon.

  • Speaker #1

    Attends, ma question c'était, qu'est-ce qui se passe dans sa tête ? Et que du coup, est-ce que c'était par pur égoïsme, tu me disais que non, et qu'en fait c'était pas pulsionnel non plus ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'il y a un truc qui l'est fait, enfin moi à mon avis, il y a un truc de domination, de... je sais pas, j'en sais rien, ça doit être différent dans la tête de tous les mecs qui passent à l'acte, mais je sais pas, j'imagine que c'est pas le plaisir physique. Parce que de toute façon, quand tu agresses quelqu'un, je pense qu'elle n'est pas la plus performante à ce moment-là. On n'est pas là-dedans. Je ne pense pas qu'ils recherchent le plaisir physique. Ils doivent rechercher la domination, le fait de s'imposer à l'autre comme ça. C'est ça qui doit les exciter. Je pense que ça doit être une excitation plus mentale que physique, à mon avis. Mais bon, ça doit être... Encore une fois, je parle peut-être pour mon cas, pour le cas de cette personne-là, mais j'imagine que des fois, ils recherchent juste... Je n'en sais rien, oui. Il recherche un truc physique et immédiat, instantané. Je ne sais pas du tout, mais...

  • Speaker #1

    Ce que j'ai du mal à comprendre, c'est qu'après, il repart dans sa vie et... Oui,

  • Speaker #0

    et qu'est-ce qu'il fait ? Quel est sa vie ?

  • Speaker #1

    Continuer son petit bonhomme de chemin.

  • Speaker #0

    Certainement. Et est-ce qu'il y pense ? Est-ce qu'il a déjà fait ça plein d'autres fois aussi ? Je ne sais pas.

  • Speaker #1

    On ne pourra pas se mettre dans un bafle,

  • Speaker #0

    mais on essaie de comprendre parfois.

  • Speaker #1

    Ce n'est pas évident, il n'y a peut-être rien à comprendre. Pour revenir à ton histoire, est-ce que tu veux donner un conseil aux femmes qui ont vécu la même chose ?

  • Speaker #0

    Déjà, le premier truc que j'aurais envie de leur dire, c'est un peu ce qu'on se disait tout à l'heure, c'est qu'elles ne sont pas seules, que si on remue un peu, que si on parle à nos potes en soirée ou autre, on se rend compte qu'on est tellement nombreuses à avoir vécu. des violences sexuelles, qu'elles soient plus ou moins invasives ou violentes, peu importe le mot, mais en tout cas, on est vraiment un nombre, une masse, je pense, à avoir vécu des choses comme ça. Donc déjà, à mon avis, enfin, c'est pas à mon avis, mais moi, ce que j'aurais envie, c'est qu'on puisse parler plus, qu'on puisse se sentir légitime à parler, puis pas minimiser ces... Enfin voilà, se rendre compte, en fait, que c'est des violences. en parler entre nous. Bon moi je suis pas du tout dans le truc de porter plainte, enfin d'obliger, enfin pas d'obliger mais d'inciter absolument à porter plainte, enfin porter plainte si vous avez envie de porter plainte, mais on sait aujourd'hui, on sait quand même que pour le moment c'est quand même très difficile. Enfin il y a je crois 1% des violeurs qui sont condamnés donc c'est ridicule.

  • Speaker #1

    Donc toi par rapport à porter plainte c'est pas...

  • Speaker #0

    Bah moi je... Si je devais conseiller une jeune aujourd'hui, je lui dirais plus de trouver du soutien. J'en sais rien. Elle fait ce qu'elle veut. Et si elle a envie de porter plainte, je l'accompagnerais ou je l'encouragerais à ça. Je ferais en sorte que ce soit facilité pour elle. Si elle ne veut pas porter plainte, je ne serais pas dans le mode à essayer de la convaincre. Parce que je sais très bien. Justement, moi, je n'ai jamais porté plainte, donc je ne sais pas. Mais tous les témoignages qu'on reçoit, que je peux lire par-ci, par-là, de personnes qui ont été mal reçues, qui ont dû réexpliquer mille fois le truc, qui n'ont pas été prises au sérieux, où on a remis en question leurs paroles, c'est terrible. Enfin, c'est hyper difficile, en fait.

  • Speaker #1

    Il faut avoir les... Parce qu'il y a un gros impact psychologique par... Tu vas porter plainte et que...

  • Speaker #0

    ça peut être un peu double peine tu viens vivre un truc entre soi on remet en doute faut que tu réexpliques ton truc à plusieurs interlocuteurs on prend pas soin de toi je te dis pas que c'est dans tous les commissariats comme ça il y a des commissariats qui sont plus ou moins formés on le sait des fois on se le dit le commissariat de tel arrondissement il est bien pour ça mais c'est quand même dommage de devoir se dire tiens si t'as une plainte va dans ce commissariat là dans toute la ville c'est ce commissariat tout le monde devrait être formé à ça à recevoir des plaintes et à être... aidant avec les victimes et soutenant. Et puis après, il y a tout le chemin judiciaire qui suit derrière, où il faut répéter encore le truc. On sait que ça prend des années. Il faut être quand même super solide sur ses pattes pour pouvoir vivre ça. Si la personne se sent de le faire, c'est super. Si elle est bien entourée, au top. C'est très bien. Mais si elle n'a pas... Voilà, si elle se sent pas,

  • Speaker #1

    je comprends absolument pas. En tout cas, si jamais elles veulent porter plainte, bien se faire entourer, et de savoir que c'est un process qui est long. Moi, j'ai tendance à encourager quand même de porter plainte, parce que si personne ne porte plainte, on n'a pas de chiffre, on peut pas faire bouger les choses. Après, c'est sûr, chacun fait comme il peut. La problématique vient des... des commissariats de la justice, pas des femmes en fait.

  • Speaker #0

    Ah non, c'est clair. Et moi j'aurais tendance aussi à conseiller un suivi par contre, de façon un peu plus insistante peut-être. Voilà, de se faire aider, ne serait-ce que quelques séances, mais pouvoir déposer ça en fait.

  • Speaker #1

    Donc se faire accompagner, se faire aider, en parler, ce serait des conseils principaux.

  • Speaker #0

    Oui, oui, oui. Et de savoir que, voilà. de savoir qu'elles ne sont pas seules, que leur parole est légitime, qu'elles méritent d'être crues, d'être soutenues.

  • Speaker #1

    Est-ce que toi, tu t'es sentie soutenue quand tu as commencé à en parler ? Oui,

  • Speaker #0

    quand j'ai commencé à en parler, oui. Oui, beaucoup, parce que j'ai un environnement qui est très bienveillant et soutenant. J'ai eu que des personnes super bienveillantes autour de moi, mes amis, mes parents. Donc non, ça, vraiment... Mais bon, c'est pas donné à tout le monde non plus. Moi, j'ai de la chance, en fait. Je savais que ce serait bien... Enfin, je savais très bien que je pouvais en parler à tous mes amis, à ma famille aussi. Bon, c'était un peu plus compliqué, la famille, mais voilà, ça a été très bien traité. Et tes parents,

  • Speaker #1

    ils ont réagi comment ?

  • Speaker #0

    Ma mère a pleuré, mon père a... Mon père a été très adapté, enfin ma mère aussi a été très adaptée, mais plus dans l'émotion, je peux comprendre. Non, ils ont été super. Ma mère s'en est un peu voulue de ne pas avoir vu à l'époque ce qui s'était passé, mais bon, c'était impossible. Enfin, moi, je suis vraiment mise ça sous couvercle quasiment immédiatement, donc c'était pas possible qu'elle s'en rende compte. Mais elle a eu un petit peu de culpabilité maternelle, comme une maman. typique mais non non ils ont très bien réagi mes amis aussi mais voilà je sais que il y a plein de gens qui sont pas crus qui ont pas les ressources, ce genre de ressources là et pour ces personnes là c'est super dur bon après c'est aussi pour ça qu'il y a des assos qui existent, enfin voilà en fait si votre entourage ne suit pas n'est pas soutenant faut pas hésiter aussi à se tourner vers des numéros verts, vers des associations d'ado-victimes, des choses comme ça il y a beaucoup de choses qui sont mises en place.

  • Speaker #1

    J'allais te demander si tu avais des noms, des exemples un peu en tête.

  • Speaker #0

    Je sais qu'il y a les plannings familiaux qui peuvent accompagner les victimes. Après, le numéro pour les violences faites aux femmes... Je vais faire une petite recherche.

  • Speaker #1

    Sinon, on mettra le lien pour le match.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas le...

  • Speaker #1

    En tout cas, il y a des numéros à appuyer.

  • Speaker #0

    Carrément.

  • Speaker #1

    Pour se faire soutenir. Merci beaucoup pour ce témoignage c'est pas évident d'en parler je sais que tu as fait du travail dessus mais je pense que ça aidera peut-être des femmes, des filles qui nous écoutent aujourd'hui J'espère Essayons de voir un petit peu les choses sous un autre angle, est-ce que toi tu vois aujourd'hui dans ton milieu autour de toi des choses un peu positives qui tendent de plus en plus à l'égalité des sexes sexes Des choses concrètes ?

  • Speaker #0

    Oui, quand même. On ne peut pas nier qu'il y a eu une évolution depuis ces 50 dernières années. Au moins ces 50 dernières années. Déjà, au niveau législatif, l'égalité est inscrite dans la loi. Puis là, récemment, avec tous les mouvements genre MeToo, de libération de la parole, etc. C'est quand même des choses... C'est pas magique, mais en tout cas, maintenant, les violences sont prises au sérieux. Les violences, elles sont montrées du doigt, ne serait-ce que dans les médias, sur les réseaux sociaux, beaucoup. Donc aujourd'hui, en fait, une personne publique, quand elle a des propos sexistes ou qu'elle fait des actes sexistes... elle est reprise immédiatement, elle est montrée du doigt, elle est critiquée, etc. Donc ça, c'est ce qui fait que du coup, les hommes, je pense, en tout cas les hommes qui avaient tendance avant à être auteurs de faits sexistes, ils se surveillaient un petit peu plus. Alors, ce n'est pas le cas de tous, mais il y a quand même un truc où, en fait, on n'est plus impunis maintenant. Bon, je disais, il y a encore des problèmes au niveau de la justice, ça c'est évident, c'est clair. Enfin oui, en fait, ils sont beaucoup impunis, mais en tout cas... La première étape, elle est peut-être maintenant. C'est-à-dire qu'effectivement, la justice, pour moi, elle ne suit pas. On pourrait en parler des heures. Mais il y a quand même une dénonciation qui se fait. Je trouve qu'en ça, il y a quand même des choses qui bougent un petit peu. Après, il y a tout... Je vais prêcher pour ma paroisse. Mais non, mais après, il y a tout ce qui est les séances qu'on fait à l'école.

  • Speaker #1

    Je suis curieuse de comprendre un peu comment ça se déroule, une séance à l'école. Donc, comment ça se passe ?

  • Speaker #0

    Il y a plusieurs façons d'intervenir. En tout cas, dans mon asso, il y a plusieurs façons d'intervenir. Soit on peut faire ce qu'on appelle des interventions classiques. Donc, on entre dans une classe. Et là, on fait un peu de la discussion-débat. Donc, on va débriefer un peu sur qu'est-ce que c'est la sexualité pour vous. Chacun amène des thèmes, des mots, etc. On rebondit sur chaque mot. Puis en fonction des mots qui ressortent, des thématiques qui ressortent, ça peut être très vaste. Certaines classes vont un petit peu plus insister sur des sujets autour de l'orientation sexuelle, d'autres autour des identités de genre, d'autres autour plutôt du corps et de la santé, d'autres autour des violences, du consentement, etc. Et donc, à partir de là, on adapte notre intervention. On va leur proposer des activités, des jeux sur les thèmes qui ressortent un peu plus. Là, on s'adapte complètement aux jeunes. On peut faire même du débat, de la projection de débat. On peut leur passer des extraits de vidéos, puis on en discute ensemble. Après, on a aussi des outils, on a une grande exposition sur la sexualité, où les jeunes déambulent dedans, et là, ils vont suivre des thématiques précises dans toute l'exposition. Donc les thématiques, c'est le corps, la prévention. les identités de genre et les orientations sexuelles. Et la dernière thématique, c'est la société, donc comment la société nous influence, les médias, etc., dans nos façons d'être en relation amoureuse et tout. Donc en fait, c'est assez varié, mais en tout cas, c'est toujours plutôt bien reçu.

  • Speaker #1

    Ce sont les écoles qui font appel à ton assaut ?

  • Speaker #0

    Oui, la plupart. Alors oui, on a une petite partie de démarchage, mais c'est quand même très souvent les établissements qui font appel. Parce que c'est quand même un truc, on l'a déjà dit, mais ça fait partie des recommandations du gouvernement. Les séances d'éducation à la sexualité, ça devrait être obligatoire du CP à la terminale.

  • Speaker #1

    C'est pas obligatoire ?

  • Speaker #0

    Si, en vrai c'est obligatoire, mais bon, les établissements sont pas... Après c'est un peu au bon vouloir de l'établissement.

  • Speaker #1

    D'accord, donc c'est vraiment une prévision qui est prise par le... Le directeur ou la directrice d'établissement. Et en fait, si la personne en question n'a pas vraiment envie de faire...

  • Speaker #0

    Si ce n'est pas sa priorité, l'établissement ne fera pas appel. Après, de plus en plus, il y a des profs qui se forment aussi au sein des établissements, donc ils font eux-mêmes les séances.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a des demandes de la part des parents ?

  • Speaker #0

    Nous, c'est vraiment nos interlocuteurs, c'est vraiment les établissements. Après les parents, on a très peu affaire à eux. On a affaire à eux que quand justement ils ne veulent pas. Quand il y a des petits soulèvements de parents qui ont entendu... Alors c'est très rare, mais ça arrive que... Je ne sais pas, il y a un parent qui a entendu parler du fait qu'on venait dans l'établissement de son enfant et qu'il veut... savoir ce qu'on va dire. C'est jamais trop agressif, mais en tout cas, c'est des petites craintes parce qu'il y a plein de fake news et de rumeurs qui circulent autour de qu'est-ce que c'est l'éducation à la sexualité, est-ce qu'on va apprendre à se masturber, des trucs comme ça qui circulent, des fausses croyances. Donc il faut essayer de détricoter ces rumeurs et de leur expliquer ce qu'on dit. Donc on leur explique nos thématiques, un peu ce que je t'ai dit. Enfin, on leur fait un peu le déroulé de... de ce qu'on évoque avec les enfants ou les ados, et puis de pourquoi c'est important.

  • Speaker #1

    Donc c'est des parents qui nous écoutent et qui ont envie de t'avoir... Ils peuvent faire appel à l'établissement, ils peuvent aller voir les professeurs.

  • Speaker #0

    Complètement, ils peuvent carrément en discuter avec le directeur d'établissement ou les CPE. S'il n'y a rien qui se fait dans l'établissement, n'hésitez pas à aller là. On encourage. Tu auras du travail.

  • Speaker #1

    On remettra le nom de ton asso dans le lien du podcast. Je voulais te poser une question par rapport aux enfants à l'école. Quel style de questions ils te posent le plus en tant que fille et en tant que garçon ? Est-ce que ça change un peu ?

  • Speaker #0

    Oui. Oui, oui, ça peut changer. Oui, bien sûr. Les garçons... Alors, j'essaie de rassembler, de résumer un peu. En gros, les questions, ça va beaucoup tourner autour du corps quand même. Genre comment ça fonctionne. Enfin, il y en a, ils ont vraiment peu de notions sur le corps. et notamment les organes génitaux, comment ils fonctionnent. Genre le clitoris, ils ne savent pas toujours où ça se trouve. Comment stimuler, comment procurer du plaisir ? Ils ont plein de questions là-dessus. Sur leur pénis, ils ont plein de questions aussi. Et ils ont quand même aussi pas mal de questions sur le porno. Genre qu'est-ce qui est exagéré dans le porno ? Est-ce que vraiment ça se passe comme ça ? Est-ce qu'on peut tenir aussi longtemps ? Est-ce que tenir aussi longtemps en érection sans éjaculer, etc. Au niveau des performances, ils ont pas mal de questions. Sur aussi qu'est-ce qu'on attend de nous en tant que garçons, qu'est-ce qu'on attend de nous en tant que filles, qu'est-ce qu'on attend de nous dans une relation sexuelle, en fonction un peu de ce qu'ils voient dans le porno. Donc ouais, les questions, après il y en a plein, mais ça retourne quand même très souvent autour du corps. Le porno, ça revient beaucoup aussi. Et il y a un truc qui les agite beaucoup, c'est les orientations sexuelles et surtout les identités de genre.

  • Speaker #1

    C'est-à-dire ? Ils ont envie de savoir ?

  • Speaker #0

    Alors bon, là, c'est souvent des jeunes qui peuvent tenir un peu des propos un peu transphobes ou homophobes. En fait, ils ont du mal à accepter l'existence de personnes qui ne vivent pas les choses comme eux. Ça leur paraît complètement étranger et donc bizarre. Et donc parfois, ils peuvent avoir des propos difficiles. Donc ça, c'est quelque chose qui obsède beaucoup les ados. Alors après, t'as des ados qui sont hyper au fait de ces questions-là. En fait, vraiment, une intervention fait pas l'autre. Des fois, tu tombes dans une classe ou un établissement où les jeunes sont hyper déconstruits sur ces questions. Ils ont beaucoup réfléchi, ils ont accès à beaucoup de ressources. Du coup, on peut partir loin dans les sujets, on peut discuter, élaborer et tout, et ça les passionne. Puis peut-être trois jours après, tu vas tomber dans un établissement où ils vont faire des appels à la haine, où ils vont tenir des propos très, très, très, très, très, très limites, très violents. Donc ça les agite dans un sens ou dans l'autre, soit dans le positif, dans le fait d'aller plus loin dans les infos, etc. Soit dans le fait que ça ne devrait pas exister, ils ne comprennent pas pourquoi. On sent que ça les excite un peu, je ne sais pas ce que ça leur renvoie, mais il y a des trucs intéressants qui se jouent.

  • Speaker #1

    Et chez les filles ?

  • Speaker #0

    Chez les filles, on est beaucoup aussi sur les orientations. Ça, c'est un peu commun aux deux. Je remarque quand même vraiment très fréquemment que les filles sont beaucoup plus dans... J'allais dire l'acceptation, mais c'est pas ça qui me plaît comme mot. C'est pas le mot que je voudrais employer, mais en tout cas, elles sont beaucoup plus dans la compréhension de ces questions-là de genre et de sexualité. Bon, c'est pas non plus... Enfin, il arrive qu'il y ait des filles qui tiennent des propos homophobes ou transphobes, mais dans une classe, quand les mecs, souvent, quand les mecs tiennent des propos comme ça, c'est souvent les filles qui modèrent un petit peu. Après, sinon, les filles, c'est qu'elles posent beaucoup de questions sur le corps, les règles, l'endométriose, il y a beaucoup de... Le fait de ne pas ressentir de plaisir aussi, est-ce que c'est normal ? Ça, ça tourne beaucoup autour de ça, souvent. Le porno, un peu moins. Forcément, c'est plus tabou pour une fille de regarder du porno, surtout à cet âge-là. Si, les filles vont aussi beaucoup parler des violences sexuelles et sexistes. Ouais, si, les filles, le consentement, les violences, c'est quelque chose qui les anime beaucoup. Le respect, tout ça, toutes ces questions-là, en général, elles sont bien... À ce moment-là, elles sont assez actives à ce moment-là de l'intervention, quand on aborde ces sujets-là.

  • Speaker #1

    Comment on t'explique une meilleure acceptation et une compréhension de la part des filles ?

  • Speaker #0

    Alors là, je vais partir dans des trucs, mais bon... Je pense que... Point commun entre les personnes LGBT+, et les femmes, c'est que toutes ces personnes vivent du sexisme, en fait, elles font partie de ce qu'on appelle des minorités de genre, et du coup elles vivent, par exemple, prenons un homme gay, il va vivre du sexisme dans le sens où, en fait, comme il ne correspond pas à la norme masculine qui est d'être le... d'être en couple avec une femme, d'être dans une forme de domination. Alors je dis pas qu'il n'y a pas de domination chez les mecs LGBT, enfin chez les mecs gays, mais voilà. Et puis pour peu que... Enfin voilà, il faut être le pénétrant, il faut être le dominant. Enfin voilà, donc si tu t'éloignes un peu de ces codes-là, t'es tout de suite un peu suspect par rapport aux normes de genre. Donc je pense que peut-être le point commun... Enfin peut-être qu'elles sont plus... compréhensives par rapport à ces questions-là et plus dans le... Oui, dans la compréhension, parce que il y a une espèce de... Je sais pas, moi, de complicité. Genre, c'est un peu le monde des bisonneurs, mais je sais pas, je me dis qu'il y a peut-être quand même quelque chose de cet ordre-là. C'est-à-dire, elles vivent des oppressions aussi.

  • Speaker #1

    Ça ressemble. D'accord. Écoute, merci beaucoup d'avoir répondu à cette question. Bonus. du coup Sophie on arrive à la fin du podcast c'est la question finale de qu'est-ce que tu aimerais dire au Robert qui nous écoute s'il était à côté de toi aujourd'hui et ben du coup dans la lignée de ce qu'on vient de se dire je pense ça ne surprendra pas mais

  • Speaker #0

    je dirais au Robert éduquez-vous éduquez-vous pour que la société soit plus cool pour qu'on vive tous dans un monde un peu plus un peu plus beau

  • Speaker #1

    Et comment ils pourraient s'éduquer à travers ?

  • Speaker #0

    Lisez un bouquin, les Robert.

  • Speaker #1

    On a déjà sorti ça. C'était pas la première à me le dire, ça, en fait. Lisez, lisez. Non, bah oui, j'imagine qu'il y a plein de sources, mais est-ce que ça les intéresse ? Enfin, tu vois, comment...

  • Speaker #0

    Comment susciter l'envie du Robert ?

  • Speaker #1

    Oui, oui.

  • Speaker #0

    Ouais, ouais, carrément. Non, mais déjà, je repars sur mes trucs, mais je pense que si on faisait vraiment ces séances-là, du CP à la terminale, c'est que toutes leurs... Pour les élèves qui vont jusqu'à la terminale, mais en tout cas, ça fait qu'une bonne partie de leur scolarité et de leur vie, quand même, les enfants, que ce soit garçons ou filles, ils auraient accès quand même à des ressources. Parce que moi, je suis persuadée que c'est pas en les venant voir une fois dans leur scolarité, je sais pas moi, en troisième, ça sert à rien, en fait. Oui, c'est mieux que rien, mais en fait, il faudrait que ce soit... Ces sujets-là, il faut qu'ils soient rabâchés, il faut que ça fasse partie de leur mécanisme de... de pensée. Il ne faut pas que ce soit une fois quelqu'un qui se ramène et qui vient leur dire parce que ça, c'est très limité comme intérêt. Donc, si ça faisait partie vraiment de leur cursus de vie...

  • Speaker #1

    Comme une vraie matière, en fait. Les Français ne peuvent pas être des maths.

  • Speaker #0

    Ça s'inscrirait dans une matière comme ça. Ce serait hyper... Enfin, moi, je suis persuadée que les prochaines générations, il y aurait quand même moins ces problèmes-là. Il y en aurait toujours, évidemment, mais... Pour moi, l'éducation, c'est la clé.

  • Speaker #1

    C'est la racine.

  • Speaker #0

    Éduquez-vous, mais dans tous les sens. Éduquez-vous et éduquons-les. Non, mais je veux dire, ce n'est pas pour être présomptueux avec les Robert. Tout le monde a besoin d'être éduqué à ces sujets-là, les garçons, les filles. En tout cas,

  • Speaker #1

    si on les prend à la racine, les Robert, déjà...

  • Speaker #0

    Bien sûr, il faut les mater. Non, mais oui, bien sûr, parce que c'est vite trop tard. Une fois que tu as intégré tous les mécanismes sociaux du patriarcat... C'est compliqué. Après, il y a plein d'adultes qui se déconstruisent. Mais il faut faire les bonnes rencontres, il faut avoir les ressources. Ce n'est pas donné à tout le monde.

  • Speaker #1

    Tout n'est pas perdu, même si tu es un Robert d'après-guerre.

  • Speaker #0

    Tu peux changer, tu es Robert.

  • Speaker #1

    Tu peux toujours t'intéresser.

  • Speaker #0

    Bien sûr.

  • Speaker #1

    C'est une question de volonté, j'imagine, et de curiosité. Oui. Tout à fait. En tout cas, merci beaucoup pour toutes tes réponses aujourd'hui. Et j'en mettrai le lien de ton asso dans la description de l'émission.

  • Speaker #0

    Sachez que nous n'intervenons que dans la région Auvergne-Rhône-Alpes.

  • Speaker #1

    Mais j'imagine que dans les autres régions aussi.

  • Speaker #0

    Oui, il y a plusieurs asso. Il n'y en a pas plein. Tous les départements ne sont pas couverts. Et il en faudrait plus, ça c'est sûr. Pour aider les Robert.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Sophie.

  • Speaker #0

    De rien.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est la fin de cet épisode. J'espère que ça vous a plu. Merci d'être resté jusqu'au bout. Ça me fait vraiment super chaud au cœur. N'hésitez pas à me retrouver sur Instagram, sur le compte Have You Met Robert pour découvrir tous les nouveaux épisodes qui vont sortir et surtout pour me contacter directement si vous avez envie pour participer. au podcast, racontez vos histoires, vos récits. C'est avec vos témoignages que le podcast se fait. Je serais ravie, ravie de vous interviewer. Je pense que toutes les histoires sont importantes à raconter. N'hésitez pas, je répondrai à tous vos messages. Je vous remercie encore pour votre écoute et à très vite.

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Description

🎙️Avec Sophie on a parlé :


  • De son travail d'éducatrice sexuelle

  • De la place des hommes dans l'espace public

  • Du “retour de l’angoisse” quand on rentre seule de soirée

  • D’un vi0l par un inconnu, revenu à sa mémoire des années plus tard

  • De la question du genre et du sexe à l’école

  • D'aimer traîner dans les PMU 😆

  • Et de plein d'autres sujets passionnants.


❗Trigger Warning : Cet épisode comporte des passages décrivant des actes de violence qui pourraient perturber certaines personnes, en particulier les plus sensibles. Je préfère vous prévenir afin que vous puissiez prendre une décision éclairée quant à l’écoute de cet épisode. Merci pour votre compréhension.


Partagez l'épisode si vous l'avez aimé et prenez soin de vous !


Love, Laura 💜


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Crédits :

Un podcast entièrement réalisé de façon indépendante par Laura Montoro : écriture, production, enregistrement, montage, communication et diffusion.

Musique : Waves de Danijel Zambo. Un grand merci à toutes les femmes qui ont témoigné et partagé leur histoire.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et à tous, j'espère que vous allez bien. Je suis ravie d'être avec vous pour ce nouvel épisode de Avis-Mail Robert, le podcast qui met en lumière des récits authentiques de femmes sur leur rencontre avec Robert. Robert est partout, dans nos maisons, nos rues, nos lieux de travail, nos médias, nos films, nos écoles, nos politiques. Il sévit depuis si longtemps que son comportement est parfois parfaitement intégré, minimisé et excusé. Il lui arrive aussi d'être violent, très violent. Robert représente les violences faites aux femmes en général. J'avais envie de lever le voile sur son comportement, parfois inconscient et parfois totalement indécent. Pour celles et ceux qui ne me connaissent pas, je m'appelle Laura et je lance le podcast de façon indépendante pour libérer la parole des femmes, pour provoquer une prise de conscience et surtout pour tenter, à ma petite échelle, de rendre ce monde plus sûr. pour les femmes. Et franchement, il y a du top. Alors, merci beaucoup pour votre écoute, ça me fait vraiment, vraiment super plaisir. D'ailleurs, si le podcast vous plaît, n'hésitez pas à le partager autour de vous ou à laisser un commentaire positif sur les plateformes d'écoute. Moi, ça m'aiderait énormément et ça pourrait aider aussi d'autres femmes qui ont envie ou besoin d'écouter ces précieux témoignages. Aujourd'hui, je discute avec Sophie. Avec Sophie, on a parlé de la place des hommes sur la place publique. du retour de l'angoisse quand on rentre seule de soirée. Elle a aussi partagé un moment difficile d'un viol par un inconnu. Il m'a parlé aussi de justice et de traîner mon épée. Ce que j'aime dans cet épisode, c'est le recul et la sagesse de Sophie sur les événements qui ont jalonné sa vie de femme, sa bonne humeur communicative et son point de vue hyper intéressant sur les questions des violences en tant que chargée d'éducation sexuelle pour les enfants et les ados. J'ai adoré parler avec Sophie. J'espère que ça vous plaira. Allez, c'est parti pour l'épisode. Avertissement. Cet épisode comporte des passages décrivant des actes de violence qui pourraient perturber certaines personnes, en particulier les plus sensibles. Je préfère vous prévenir afin que vous puissiez prendre une décision éclairée quand à l'écoute de cet épisode. Aujourd'hui on est avec Sophie. Bonjour ! Salut Sophie ! Toi et moi on se connaît depuis un bon moment, donc je sais que tu as beaucoup de choses à dire sur la question. Je suis hyper ravie de t'avoir avec nous aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Je suis ravie d'être ici avec vous.

  • Speaker #0

    Je te laisse te présenter comme ça tout le monde peut apprendre à te connaître un petit peu plus.

  • Speaker #1

    Oui, alors moi je suis Sophie, j'ai 35 ans, je vis à côté de Lyon. Et qu'est-ce que je peux dire de plus ? Dans la vie, je fais ce qu'on appelle de l'éducation à la sexualité auprès des ados et des enfants. Voilà, donc dans les milieux scolaires, dans tous les endroits où il y a des ados et des enfants. Ça peut être le foyer, ça peut être la protection de l'enfance, la protection judiciaire de la jeunesse, etc. Voilà, c'est assez vaste.

  • Speaker #0

    Tu bosses pour une asso ?

  • Speaker #1

    Oui, pour une asso. Je suis salariée dans cette asso depuis bientôt cinq ans.

  • Speaker #0

    Tu nous donnais le nom de l'asso ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est l'ALS, c'est-à-dire Association de lutte contre le sida, et pour la santé sexuelle, on a rajouté plus tard. C'est une asso qui est assez ancienne, qui a été créée à l'époque où l'épidémie de sida arrivait en France dans les années 80. Au départ, c'était vraiment de l'accueil et de l'accompagnement de personnes vivant avec le VIH. Et puis, depuis une bonne quinzaine d'années, on est sur des sujets plus vastes, sur la santé sexuelle et beaucoup sur l'éducation à la sexualité auprès des... Des jeunes notamment, mais aussi d'autres publics, mais moi je suis spécialisée sur les jeunes.

  • Speaker #0

    Ok, trop bien. Du coup, tu vas pouvoir nous offrir un panel de réponses qu'on n'a peut-être pas eu avant.

  • Speaker #1

    J'ai l'impression que je suis peut-être là.

  • Speaker #0

    Non, écoute, je te propose de commencer l'interview avec la première question que je pose à tout le monde, c'est est-ce que tu t'es rendu compte à un moment donné que tu étais une fille ? Et si c'est le cas, quand exactement ? Plutôt dans ton enfance, dans ton adolescence ?

  • Speaker #1

    Alors je crois, enfin en tout cas mes premiers souvenirs de me rendre compte que j'ai un truc différent d'une autre partie de la population, je pense que c'est dans l'enfance, c'est parce que j'étais la seule fille, du côté paternel en fait on est sept cousins et plus mon frère et moi, et j'étais la seule fille de ce joyeux petit groupe et assez, enfin de toute façon voilà depuis la prime enfance. Il y avait des petites choses qui se jouaient du fait que moi j'étais une fille. Ça se traduisait un peu par... Je me sentais un peu privilégiée, je sentais que j'avais une place un peu privilégiée dans ce groupe-là. C'était genre... Alors j'avais pas le même rapport avec tous mes cousins, mais pour les plus proches c'était des petites histoires d'être amoureux, de vouloir s'asseoir à côté de moi, de se battre un peu pour ça. Donc je sentais qu'il y avait un petit truc un peu... Que j'avais une petite place un peu spéciale dans ce groupe-là. Donc je pense que c'est de là d'où... En tout cas, c'est à partir de ce moment-là que... En tout cas, c'est mes premiers souvenirs qui... qui me renvoie à quelque chose de... Tiens, c'est particulier d'être une fille. Donc plutôt un peu positif quand même dans ces souvenirs-là.

  • Speaker #0

    T'avais quel âge,

  • Speaker #1

    tu te rappelles ? Ça remonte à, je pense, la plus petite enfance. Mais bon, mes souvenirs, ils remontent à... Enfin, mes souvenirs, ils sont plutôt... En tout cas, j'en ai beaucoup à partir de 7 ans jusqu'à 12-13 ans. Il y avait aussi beaucoup d'attirance pour le corps. Je me rappelle, quand on a commencé à être ado, il y avait des trucs aussi d'attirance. Enfin, pas d'attirance, non, de curiosité pour ce que c'était un corps de fille, tout ça. Donc, je sentais un peu des petits trucs un peu de convoitise. En tout cas, je sentais que c'était une place particulière.

  • Speaker #0

    D'accord. Intéressant. Et est-ce que tu te rappelles, s'il y a un moment donné dans ta vie, un petit peu plus tard, avoir vécu des limitations parce que tu étais une femme ? Donc ça peut être dans le domaine privé ou pro ?

  • Speaker #1

    Alors ça, je pense que ça renvoie... Enfin, les premières limitations que j'ai pu percevoir, c'était dans l'espace public. Alors c'est tout con, mais j'ai des souvenirs parce que j'ai grandi à la campagne et j'ai des souvenirs de PMU. Parce que je traînais beaucoup,

  • Speaker #0

    ouais.

  • Speaker #1

    Non, parce que je ne sais rien, moi, des trucs de con. Bien sûr, moi aussi, j'adore. Mais en tout cas, j'adore, mais on peut quand même remarquer que c'est des lieux très masculins. Et je ne sais pas, j'ai un petit souvenir de ça en me disant, tiens, il y a des lieux où il n'y a que des hommes. Et surtout, non seulement il n'y a que des hommes, mais on ne se sent pas bien là-dedans. On ne se sent pas hyper à l'aise d'y rester. On ne se sent pas à sa place. Donc ça, c'est un peu mon premier souvenir comme ça. Mais non pas que je traînais dans les PMU toute mon enfance, mais je sais pas, j'ai dû remarquer ça une ou deux fois. Et ensuite, c'était plutôt en ville, donc plus grande, plus âgée, quoi. Et toujours pareil, la question de la place des hommes dans l'espace public. Donc, par exemple, il y a des... Notamment là où je vis à Villers-Bannes, mais à Lyon aussi, enfin bref, il y a des places où c'est vraiment... On a l'impression que c'est réservé, c'est un espace réservé aux hommes. On voit beaucoup d'hommes qui sont... statiques qui restent des heures potentiellement à fumer à boire qui reste entre eux à discuter et on voit des femmes mais les femmes souvent ne s'arrête pas enfin elles sont dans le mouvement elle traverse elles vont faire qu'elle traverse la place elles vont faire quelque chose mais elle se pose pas comme les hommes et et du coup je trouve que c'est intéressant à observer et et moi je me sentirais bon enfin si j'ai envie de faire un peu de provoque je pourrais mais en tout cas je trouve qu'en tant que femme on est On n'est pas incité à se poser avec les hommes. Nous, il faut qu'on traverse ce truc-là. Et on sent qu'encore une fois, c'est une sorte de place, qu'on n'a pas notre place dans le fait de squatter l'espace. Voilà, je pense que c'est des... Ah puis alors après, si je continue sur l'espace public, après c'est à peu près... Quand j'ai commencé à sortir, en fait, donc fin d'adolescence, puis toute la vingtaine. C'est les moments où je rentrais toute seule de soirée à pied chez moi. Là, c'était carrément... Voilà, ça pouvait être dangereux de le faire. Et moi, je l'ai toujours fait, mais j'avais plein de potes qui ne le faisaient pas du tout, de rentrer toute seule à pied. Et donc, il y a ce truc aussi de l'inquiétude, de devoir envoyer un message quand on est arrivé. Et ça, c'est un truc que je pense surtout quand on est une fille, une femme. Mais ouais, donc ça c'est, je pense, bon j'ai raconté un peu les trucs anecdotiques PMU et les places où il y a beaucoup de mecs qui squattent, mais je pense que ça c'est quelque chose de marquant, où je me suis sentie un peu limitée, entre guillemets, pas vraiment limitée puisque je le faisais quand même, mais quand même il y a un truc où tu sais que tu cours un risque, tu sais qu'il va t'arriver des trucs. Enfin moi, je partais, je rentrais de soirée chez moi, je partais du principe qu'il allait m'arriver un truc, plus ou moins chiant, mais que j'allais et qu'on allait me faire chier, c'était un peu de l'ordre de la banalité. et donc je me sentais pas vraiment limité mais en tout cas il ya un truc qui est pas normal enfin il ya un truc qui est en tout cas que tu vis parce que tu es une femme là beaucoup à chaque fois que tu rentrais de soirée tu arrives et ben franchement une période quasiment à chaque fois vraiment vraiment s'il m'arrivait rien je rentrais chez moi et je me faisais la remarque rien n'a rien arrivé c'était cool mais oui mais arriver plein de trucs je peux peut-être détaillé vite enfin je me rappelle notamment bâtiens je peux vous parler de cette soirée là où je rentrais chez moi, donc j'avais quand même je sais pas, je devais avoir trois quarts d'heure à faire à pied, et c'était il devait être cinq heures du matin, quelque chose comme ça et là ça a été un peu la soirée mais j'ai raconté beaucoup en rigolant à l'époque mais en fait quand j'y réfléchis Ça craint. Je l'avais appelé ça un peu le retour de l'angoisse parce que je crois que je m'étais fait emmerder à trois reprises différentes. Donc, si je me savais longtemps que je n'ai pas raconté ça et que je ne m'en suis pas souvenu, mais en gros, le premier truc, je me suis fait suivre par un mec qui, j'avais mes écouteurs sur les oreilles, mais j'entendais qu'il m'insultait, qu'il me parlait, tout ça. Mais il y a un autre mec qui était sur le trottoir pas très loin de moi qui a commencé à venir à dire au mec de me laisser tranquille, machin, en mode tranquille, gentil. Je me suis dit bon, c'est sympa. Sauf qu'après, ce mec-là s'est mis à me draguer, bien sûr. Et donc bon, ça va, il n'était pas non plus hyper méchant, mais j'ai réussi à m'en dégager. Mais bon, voilà. Ensuite, il y a des mecs qui se sont arrêtés en voiture. qui ont commencé à me suivre, à ralentir et à rouler à ma hauteur, enfin à mon rythme. Et il y a un mec qui a fini par sortir de la voiture, par me coller contre un mur. Après, c'est ses potes qui lui ont dit de rentrer dans la voiture. Enfin bref. Et après, je rentre chez moi. Il y a encore une voiture qui me suit jusqu'à chez moi. Mon Dieu ! En me proposant d'aller manger un burger. Il y avait trois mecs dans la voiture. Ouais ! Bon, ça va. Merci. J'ai déjà soupé. Merci beaucoup. Donc voilà, ça c'est un exemple un peu fort, mais c'est vrai que des choses comme ça, et je n'en étais pas traumatisée du tout.

  • Speaker #0

    Oui, c'était intégré en fait. C'était intégré.

  • Speaker #1

    Ce soir,

  • Speaker #0

    comme si tu te mettais une... Une fin de nuit de quoi ? Ah bon, écoutez, c'est normal. Non mais c'est hallucinant, en fait. On en rigole,

  • Speaker #1

    mais c'est quand même très grave. En fait, moi je trouve, en fait, globalement... C'est des trucs dont je prends conscience, je dirais pas maintenant, mais depuis 7-8 ans, j'en sais rien. Vraiment, même toi et moi on en discutait de ces trucs-là quand même à l'époque, mais c'était plus en mode... En tout cas moi je me sentais pas scandalisée de ça, ça me paraissait un peu normal, et même j'avais l'impression un peu de mesurer ma valeur au nombre de mecs qui m'emmerdaient, enfin ma valeur, mon attraction, mon attractivité, je sais pas comment on dit. et ça c'est un truc qui me marque en fait je suis plus en colère contre ça contre moi je suis plus en colère contre ce fait là de me dire que de me mettre dit à l'époque que ça c'était normal et d'avoir fait toute ma petite vingtaine en mode en fait oui je mesure un peu ma valeur à ça quoi et du coup ça c'est un truc que j'aimerais bien c'est aussi une des raisons pour lesquelles je fais ce boulot aujourd'hui c'est que ça c'est un truc que j'aimerais bien que les ça fait vraiment vieille conne mais que les jeunes filles d'aujourd'hui ne résonnent pas comme ça. Bon après, chacun son chemin, chacun évolue à son rythme et tout, et puis on peut peut-être en passer par certains trucs pour pouvoir prendre conscience d'autres trucs. Mais c'est vrai que ça, j'insiste vachement bien sûr en intervention avec les ados, que ce soit des garçons ou des filles d'ailleurs, mais sur le côté, en fait...

  • Speaker #0

    que c'est des violences en fait tout simplement qu'il faut le nommer comme ça qu'il faut le conscientiser mais nous on n'était pas informés comme aujourd'hui on pensait que c'était vraiment normal et oui comme tu dis on était on était ok avec ça en fait ouais ça nous paraissait un peu normal ça nous paraissait dans

  • Speaker #1

    l'ordre des choses quoi et c'est vrai que maintenant il ya quand même plus de libération de la parole voilà on parle quand même beaucoup plus de ces sujets ça veut pas dire que non que la société est devenue toute rose et tout, mais c'est sûr que oui, les ados sont quand même un petit peu plus alertes là-dessus.

  • Speaker #0

    Gros sport. Et grâce à toi aussi, à ton travail. Non, mais oui. Donc on va passer à la question un petit peu centrale du podcast, qui tourne autour du Robert, c'est à dire Robert. Donc Robert, c'est un petit peu ce que je dis, c'est la personnification des violences qui sont faites aux femmes quand on vient en... On vient d'en parler, donc ça peut être des violences plus subtiles, des remarques dans la rue, dans l'espace public, ou des choses plus violentes. Est-ce que tu veux bien partager avec nous, toi, la définition d'un Robert ?

  • Speaker #1

    Oui, moi je pense qu'un Robert, c'est un Maxis qui a grandi dans notre société patriarcale. Et donc avec tous les privilèges qui en découlent pour lui, et qu'il ne remet pas en cause ces privilèges-là, et ces normes de genre, et toutes ces choses qu'on nous a inculquées. Mais en fait, je pense qu'un Robert, ça peut être n'importe quel mec malheureusement, parce que même le mec le plus déconstruit, même un mec cis qui aurait fait l'effort de réfléchir à tout ça, de se déconstruire et tout ça, il ne peut pas avoir conscience de tous ces privilèges qu'il a en tant qu'homme.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu veux bien définir un homme cis pour ceux qui ne savent pas ce que c'est ?

  • Speaker #1

    Oui, alors une personne cis, cisgenre, c'est une personne qui est en accord avec le genre qui lui a été attribué à la naissance. Donc, je ne sais pas, moi typiquement, pour un mec cis, un mec cis, ce serait quelqu'un qui serait né avec un pénis, qu'on aurait élevé comme un petit garçon et qui se sent homme. Donc voilà, en gros, c'est une personne qui n'est pas trans, pour résumer. Et voilà, pour moi, Robert, c'est ça. pur produit du patriarcat, mais voilà, juste en fait je pense que tout homme peut être un Robert, mais il y a des Robert plus ou moins... Il y a des Robert qui sont plus ou moins relous, quoi. Il y a un degré de Robertitude à mon avis qui n'est pas du tout le même chez chaque homme cis, évidemment, mais je pense qu'à un moment dans sa vie, chaque homme peut potentiellement faire une petite Robertitude. Voilà.

  • Speaker #0

    Tu penses qu'il y a beaucoup de Robert qui s'ignore ?

  • Speaker #1

    Ouais, je pense qu'il y a énormément de Robert qui s'ignore. Je pense qu'il y a plein d'hommes sexistes qui n'en ont... Enfin, non, il y a plein d'hommes qui peuvent être sexistes à un moment, mais qui n'en ont pas conscience, parce qu'ils n'ont pas conscience, d'une part, de leurs privilèges, d'autre part, parce que, aussi, comme tu dis, en fait, c'est pas si vieux, l'époque où on n'en parlait pas du tout de tout ça. Et en fait, les trentenaires d'aujourd'hui, c'est des gens comme... Enfin, des gens qui n'ont pas forcément eu cette éducation-là non plus. Peut-être que la prochaine génération sera un peu plus égalitaire là-dessus, j'espère.

  • Speaker #0

    Tu as mentionné déjà plusieurs Robert sur ton chemin de vie. Est-ce qu'il y en a un qui t'a particulièrement marqué ? Et une histoire que tu voudrais nous partager aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Oui, peut-être. Je ne sais pas. c'est la fin de ce podcast non oui est-ce que j'ai peut-être le droit d'en citer deux oui tu peux en citer plusieurs ok je pense que enfin en fait je me souviens de mon premier baiser qui était un baiser forcé ça je pense que je ne te l'ai jamais raconté donc moi j'avais 11 ans et lui c'était un gars qui avait 15 ou 16 ans je ne sais plus Et donc, je me suis retrouvée, encore une fois, le motif du mur revient. Je me suis retrouvée plaquée contre un mur par ce jeune gars-là. Et en fait, après, j'en ai un peu parlé à mes parents, à mon frère. Je crois que mes parents, ils en ont un peu parlé à la mère de... Enfin, pas à la mère de ce jeune, mais bon, bref, je ne sais plus comment ça s'est... Ce qui s'est passé là-dessus. Mais je sais que mon frère, il me faisait des blagues là-dessus. Enfin, c'était un peu aussi en mode on rigole. Ça ne m'a pas non plus trop traumatisée sur le coup. Enfin, pas du tout, je pense. Mais bon, j'y pense encore aujourd'hui. Donc, c'est que quand même, ça marque. Mais je pense que ça a été un peu tourné à la... Surtout par mon frère. Mais le truc est un peu... Finalement, on n'a pas fait grand-chose de ça. Et voilà. Je pense que ça, c'est un Robert qui m'a un peu marquée.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu t'es sentie... Comment, en fait, il t'a forcé dans ce baiser-là ?

  • Speaker #1

    Ouais, ouais, il m'a... c'est beaucoup ouais bah ouais ouais je me en fait on s'était un garçon qui faisait du théâtre avec moi et on attendait on était un groupe de y est tout le monde était parti mais il restait plus que moi lui et un autre garçon et et donc ouais bah je sais pas il m'embêtait Il me courait un peu après, tout ça. Et puis, il y a un moment, il m'a collée contre un mur et il m'a embrassée. Puis l'autre garçon a rigolé aussi, je me souviens. C'était vraiment un peu en mode blague. Enfin, vraiment, le truc qui passait pour un truc léger, quoi. Donc, je saurais même pas trop te dire comment je me suis sentie à ce moment-là. Je me suis sentie bloquée, c'est sûr. Mais comme tout était fait pour que je sois prise à la blague, comme le gars d'à côté rigolait, tout ça... Je l'ai pas vécu, voilà, je l'ai pas vécu de façon drama ou traumatique, mais en tout cas, voilà, je trouve que c'est pas anodin, en fait, tout ça, sur un premier baiser forcé, puis après, toutes ces histoires de mecs qui t'emmerdent dans la rue, enfin, en fait, c'est comme si la vie avait été, alors bon, maintenant, j'ai 35 ans, je me fais un peu moins, enfin, je me fais même beaucoup moins emmerder dans la rue, heureusement, mais quand même, j'ai l'impression que, je sais pas, peut-être les... les 15 premières années de ma vie ou les 20 premières années de ma vie enfin pas première année en tout cas il ya eu toute une tranche là de deux de plusieurs années qui a été quand même bien jalonné de l'histoire comme ça de violences sexuelles plus ou moins poussé voilà puis vous enfin je dis comme tu le sais j'ai vécu un viol aussi à peu près 10 11 ans après ce truc Avec cet ado là. Donc plutôt début vingtaine. Enfin en fait voilà tout ça. Alors je vais pas parler de ce Robert là. Mais en tout cas c'est sûr que c'est pas... Enfin pour moi c'est pas anodin. Je pense que c'est... Quand je fais un peu la rétrospective de tout ça. J'ai l'impression que oui c'est un peu un morceau de vie. Qui est jalonné d'agression. Micro agression. Jusqu'à agression beaucoup plus intrusive. Et voilà après je le... Ça va, je vais bien. Oui,

  • Speaker #0

    mais je pense qu'il y a beaucoup de femmes qui ont vécu les mêmes choses pendant des années. Moi aussi, je pense que... Moi, mon premier baiser aussi, c'était un baiser forcé. Je n'avais pas 11 ans, mais j'en avais 16. Donc plus tard, mais pareil. Et je me rappellerai toujours du goût de bière qui est mis dans ma bouche. Je me suis sentie forcée aussi contre un mur. Et je me suis dit,

  • Speaker #1

    c'est ça ? Oui, c'est dégueulasse. C'est ça ? Oui, oui.

  • Speaker #0

    J'étais un peu romantique, j'étais un petit peu hors-trait. Et ouais, du coup, j'étais dégoûtée, en fait. Et j'en avais parlé avec mon amie à l'époque, et elle était trop contente pour moi. Ah, mais c'est génial !

  • Speaker #1

    T'as eu ton premier baiser ? Enfin, c'est fait ! Ouais,

  • Speaker #0

    c'est fait ! Et j'avais trouvé ça bizarre. Enfin, je me suis dit, mais c'est ça ? C'est vraiment ça ?

  • Speaker #1

    Ouais, ouais, ouais. Est-ce que je vais aimer ça, du coup ?

  • Speaker #0

    Je suis pas sûre que ce soit si cool. Mais ouais, je comprends. Et en fait, je pense que t'es pas la seule. Et du coup... ton premier Robert était assez jeune, 11 ans. Et quand tu me dis que ta tranche de vie a été jalonnée de plein de petites micro-agressions voire des agressions beaucoup plus fortes, je pense que vraiment il y a beaucoup de femmes qui vont se reconnaître. Donc ouais, merci d'avoir partagé ce Robert-là. Et t'en avais un deuxième ?

  • Speaker #1

    C'était le deuxième, c'était celui du viol du coup. Entre le premier Robert et entre le deuxième Robert, il y avait eu plein de petits Robert-ci, mais que c'était quand même deux temps forts de un peu fondateur. Enfin, pas fondateur, mais en tout cas de moments qui m'ont marquée et qui constituent aussi mon... Enfin, je ne veux pas dire que je suis engagée et militante aujourd'hui à cause de ça, mais en tout cas, ça a forgé aussi, je pense, un peu toutes mes réflexions là-dessus. Et surtout, mon rapport à ces agressions-là sur le moment. Parce que le deuxième Robert, celui du viol, pendant des années, je n'ai pas du tout parlé de et j'ai été très distanciée par rapport à ça vraiment je me suis dit bon ouais un peu comment dire un peu défaitiste genre en mode oui bah fallait bien que ça m'arrive les chiffres les chiffres sont là pour nous montrer que de toute façon il y a plein de violences moi je suis une parmi ces chiffres là enfin j'étais vraiment en mode un peu regard un peu haut par rapport à tout ça mais un peu éloignée de ma propre expérience du coup un peu éloignée de mes ressentis même complètement éloignée puisque j'ai fini par oublier complètement ce qui s'était passé. Donc voilà, à force de ne pas du tout en parler, puis de m'enfouir comme ça.

  • Speaker #0

    C'était dans la voiture,

  • Speaker #1

    c'est ça ?

  • Speaker #0

    T'es pas obligée d'en parler,

  • Speaker #1

    mais c'était juste pour la trabattre. Ouais, c'est un autre mobiliste qui m'a proposé de me...

  • Speaker #0

    Tu faisais du stop, non ?

  • Speaker #1

    Ben non, je faisais du stop un peu à cette époque-là, mais là je faisais même pas du stop, c'est genre il m'a proposé de m'emmener d'un point A à un point B, où je me rendais. Et voilà, puis en fait il m'a pas du tout emmené au point B, non mais... ailleurs quoi et voilà je suis ce que je disais pas à part ah oui je disais que voilà j'avais complètement occulté ce truc là ouais quitte à être complètement vraiment un presque indifférent fin vu que j'ai fini par l'oublier en fait je m'en suis coupé complètement et ça m'est revenu il n'y a pas si longtemps en fait enfin je savais qu'il m'était arrivé ça au début je me suis dit il m'est arrivé quelque chose Ça a été long, de toute façon. Au tout début, évidemment, ça venait d'arriver. Donc je savais ce qui m'était arrivé, je l'avais raconté à mon copain de l'époque. Après...

  • Speaker #0

    Il avait réagi comment ?

  • Speaker #1

    Faudra pas qu'il l'écoute. Qui avait réagi plutôt, je pense, de façon assez adaptée sur le moment, mais qui m'en a reparlé genre un ou deux mois après en faisant une blague aussi. Voilà. Limite. Les blagues sur les violences sexuelles, on adore ça. C'est très cool. mais voilà en fait de toute façon j'ai l'impression que c'était aussi une époque je pense que bon on a encore des soucis on a encore du boulot aujourd'hui mais c'est aussi un truc où c'était quand même assez banalisé donc en fait ces réactions moi j'en veux même pas je parlais du premier Robert là le mec qui rigolait à côté, mon frère qui m'a fait des blagues mais bon et puis là mon copain de l'époque aussi qui m'avait fait une blague là dessus mais je pense qu'en fait c'était juste ancré dans l'époque et enfin enfin On prenait pas la mesure, je sais pas... Ouais, je sais pas trop comment expliquer ça, mais en tout cas, du coup, c'est des minimisations, c'est pas ça qui a fait que moi j'ai minimisé, mais comme moi-même je minimisais aussi, du coup, tout ça n'a pas été trop traité dans ma tête.

  • Speaker #0

    C'est venu plus tard, ça.

  • Speaker #1

    C'est arrivé plus tard, ouais, plus tard, quelques... Oui, en fait, c'est en thérapie, parce que je suis une thérapie, et du coup, j'ai conscientisé ça, qu'en fait, ça avait été un viol, mais j'en avais pas de souvenirs, donc je m'en rappelais pas du tout. Et les souvenirs me sont revenus le lendemain d'un accident que j'ai eu, un accident de vélo contre voiture. Et en fait, le lendemain de l'accident, mais genre le matin très tôt à 5h du mat', je me réveille avec tous les souvenirs de ce moment de viol. Donc ouais, mais j'ai mis, je pense, du coup, plus de 10 ans à ce chemin-là. Il a duré plus de 10 ans.

  • Speaker #0

    Comment tu l'expliques ? les souvenirs sont remontés après l'accident ?

  • Speaker #1

    Je pense que c'est l'effraction corporelle ça doit être la mémoire du corps je pense le fait d'avoir été effracté j'ai vraiment eu l'impression d'être balottée comme un objet cet accident m'a assez marquée parce que je me suis vraiment sentie projetée par la voiture contre une autre voiture j'ai vraiment l'impression d'avoir était vraiment un objet déshumanisé, un projectile pendant ce truc-là. Enfin, ça a duré trois secondes, mais voilà. Après, j'ai atterri sur la route et tout, mais du coup, je pense que c'est la mémoire du corps, le corps qui est fracté, qui est un peu violenté. Et à mon avis, c'est pour ça que ça m'est tout revenu en quelques heures après. ton corps a fait un parallèle avec l'expérience le corps et la direction ça me rappelle un truc le corps et le psychisme je pense ça a dû en fait ça a appris des trucs à la fois dans le corps parce que les os ils ont pris un peu mais à la fois dans la tête où ça a peut-être mis des réalignées des choses ou décalé enfin j'en sais rien mais en tout cas et là tu t'es réveillée tu t'es dit tout me revenait je me suis réveillée en pleurs parce que j'avais toutes les images en tête voilà d'accord

  • Speaker #0

    Et donc depuis là, tu fais un travail un peu...

  • Speaker #1

    Du coup, je continue à travailler avec ma psy un petit peu. En tout cas, quand c'est revenu, j'ai eu besoin d'en parler. Donc on a resserré les séances et tout pour traiter un peu ça. J'ai vu... Bon, après, on pense ce qu'on veut. Enfin, chacun adhère ou pas. Mais moi, j'ai vu une ostéo un petit peu qui était très à l'écoute sur ces sujets-là de violences et d'effraction du corps, qui a été super, qui m'a beaucoup aidée. Voilà, donc je fais mes petits trucs à moi pour prendre soin de moi. Puis voilà, en fait, maintenant, ça va très bien. De toute façon, c'est pas quelque chose qui m'est apparu comme... Enfin, je me suis pas rendue compte à ce moment-là que j'avais vécu ça. C'est juste que ça faisait quelques années que je savais, que je me disais que j'avais conscientisé ça, reconscientisé. Et le souci, c'est que je me rappelais pas de ce qui s'était passé. Donc il me manquait tout un petit pan de ma vie. Enfin, de ma vie. Il me manquait un petit pan de cette journée. Et ça m'emmerdait que ça échappe à ma conscience. Donc finalement, moi, j'attendais aussi de me souvenir de ça. J'avais envie de me souvenir. Donc voilà, c'est arrivé. On n'est jamais complètement prêts à ça. Mais surtout que je ne l'avais pas cherché pour le coup. Ça m'est arrivé sans que j'envoque ces souvenirs-là. Mais en tout cas, maintenant, c'est fait. C'est à la fois... C'est cool aussi. Enfin, c'est cool. C'est intéressant, je pense, pour avancer. C'est quelque chose qui peut me servir. Et puis... Voilà, maintenant, toutes les pièces du puzzle sont là.

  • Speaker #0

    Et tu penses que tous ces Robert-là, ils ont eu conscience de l'impact qu'ils ont eu sur toi ? Même le dernier, en fait, qui a eu un impact assez énorme, jusqu'à ce que toi-même, tu enterres un peu ce souvenir au fond de toi, jusqu'à l'oublier. Est-ce que tu penses, en fait... En fait, j'aimerais des fois qu'on se mette à la place d'un Robert et qu'on se dise, en fait, qu'est-ce qui se passe dans sa tête à ce moment-là pour... pour réagir, en fait, de cette façon ?

  • Speaker #1

    Bon, après, je dirais que c'est tous les Robert que j'ai pu citer. Il y a tous des degrés différents. À mon avis, le premier, l'ado, le truc du baiser forcé, je pense qu'il n'a pas du tout capté. Je pense que lui, c'était un jeu. Par contre, le dernier, ce n'est quand même pas anodin ce qui s'est passé. Du coup, j'imagine que c'était... Il faut quand même dans sa tête s'organiser pour se dire je vais prendre cette personne à bord, je vais dévier le chemin. C'est pas un truc...

  • Speaker #0

    C'est planifié. En tout cas, il y a quelque chose d'organisé. Lui, je pense qu'il savait très bien ce qu'il faisait.

  • Speaker #1

    Et puis, c'est quelqu'un que tu ne connaissais pas du tout.

  • Speaker #0

    Pas du tout, non. Et puis, je ne me rappelle pas de sa thèse.

  • Speaker #1

    Parce qu'on entend souvent que les... Toi, tu peux me confirmer, mais que les viols sont plutôt... Faisent part des gens qu'on connaît. Oui, oui.

  • Speaker #0

    Malheureusement, je n'ai plus le chiffre en tête. Mais c'est une très, très, très, très grande majorité des viols qui sont commis par des proches de la victime. Donc là, pour le coup, c'est un viol... Euh...

  • Speaker #1

    Ouais, c'est un viol comme on voit dans les films, en fait.

  • Speaker #0

    Ouais, ouais, ouais, c'est ça. En fait, comme on se l'imagine. D'ailleurs, je trouve que cette image-là, elle est toujours un peu dangereuse. Oui. Parce que du coup, les autres viols sont moins pris au sérieux. Et on a tendance à minimiser un petit peu les autres formes de viols, quoi. Mais pour le coup, là, oui, c'est un inconnu. À l'extérieur, donc pas non plus dans mon environnement à moi.

  • Speaker #1

    Ouais, t'étais là au mauvais moment.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est ça, exactement, ouais.

  • Speaker #1

    C'est un vide, la situation, par son propre égoïsme, en fait.

  • Speaker #0

    Oui, mais je ne sais même pas si c'est de l'égoïsme. Pour moi, on ne peut pas parler de pulsionnel. Enfin, on n'en a pas parlé. Moi, je déteste les gens qui disent que... Enfin, je déteste. Je n'aime pas quand on dit que c'est pour assouvir une pulsion, le viol, parce que sinon, on passerait son temps à se sauter dessus dans la rue. Et puis, pourquoi il y a une... Je sais plus quel est le pourcentage, je sais plus de 90% au moins, ça c'est sûr, d'auteurs de violences sexuelles sont des hommes. Oui,

  • Speaker #1

    je crois que c'est ça, 90.

  • Speaker #0

    Ouais, plus de 95 même. Bon, je voudrais pas m'avancer, mais en tout cas c'est bon, c'est la grande majorité. Donc voilà, c'est pas de l'ordre de la pulsion, tous les humains ont des pulsions en fait, donc pourquoi les femmes sautent pas sur les hommes comme ça ? Mais merde, j'ai dérivé, je sais plus ce que tu disais.

  • Speaker #1

    Je demandais...

  • Speaker #0

    Ah oui, je sais, pardon.

  • Speaker #1

    Attends, ma question c'était, qu'est-ce qui se passe dans sa tête ? Et que du coup, est-ce que c'était par pur égoïsme, tu me disais que non, et qu'en fait c'était pas pulsionnel non plus ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'il y a un truc qui l'est fait, enfin moi à mon avis, il y a un truc de domination, de... je sais pas, j'en sais rien, ça doit être différent dans la tête de tous les mecs qui passent à l'acte, mais je sais pas, j'imagine que c'est pas le plaisir physique. Parce que de toute façon, quand tu agresses quelqu'un, je pense qu'elle n'est pas la plus performante à ce moment-là. On n'est pas là-dedans. Je ne pense pas qu'ils recherchent le plaisir physique. Ils doivent rechercher la domination, le fait de s'imposer à l'autre comme ça. C'est ça qui doit les exciter. Je pense que ça doit être une excitation plus mentale que physique, à mon avis. Mais bon, ça doit être... Encore une fois, je parle peut-être pour mon cas, pour le cas de cette personne-là, mais j'imagine que des fois, ils recherchent juste... Je n'en sais rien, oui. Il recherche un truc physique et immédiat, instantané. Je ne sais pas du tout, mais...

  • Speaker #1

    Ce que j'ai du mal à comprendre, c'est qu'après, il repart dans sa vie et... Oui,

  • Speaker #0

    et qu'est-ce qu'il fait ? Quel est sa vie ?

  • Speaker #1

    Continuer son petit bonhomme de chemin.

  • Speaker #0

    Certainement. Et est-ce qu'il y pense ? Est-ce qu'il a déjà fait ça plein d'autres fois aussi ? Je ne sais pas.

  • Speaker #1

    On ne pourra pas se mettre dans un bafle,

  • Speaker #0

    mais on essaie de comprendre parfois.

  • Speaker #1

    Ce n'est pas évident, il n'y a peut-être rien à comprendre. Pour revenir à ton histoire, est-ce que tu veux donner un conseil aux femmes qui ont vécu la même chose ?

  • Speaker #0

    Déjà, le premier truc que j'aurais envie de leur dire, c'est un peu ce qu'on se disait tout à l'heure, c'est qu'elles ne sont pas seules, que si on remue un peu, que si on parle à nos potes en soirée ou autre, on se rend compte qu'on est tellement nombreuses à avoir vécu. des violences sexuelles, qu'elles soient plus ou moins invasives ou violentes, peu importe le mot, mais en tout cas, on est vraiment un nombre, une masse, je pense, à avoir vécu des choses comme ça. Donc déjà, à mon avis, enfin, c'est pas à mon avis, mais moi, ce que j'aurais envie, c'est qu'on puisse parler plus, qu'on puisse se sentir légitime à parler, puis pas minimiser ces... Enfin voilà, se rendre compte, en fait, que c'est des violences. en parler entre nous. Bon moi je suis pas du tout dans le truc de porter plainte, enfin d'obliger, enfin pas d'obliger mais d'inciter absolument à porter plainte, enfin porter plainte si vous avez envie de porter plainte, mais on sait aujourd'hui, on sait quand même que pour le moment c'est quand même très difficile. Enfin il y a je crois 1% des violeurs qui sont condamnés donc c'est ridicule.

  • Speaker #1

    Donc toi par rapport à porter plainte c'est pas...

  • Speaker #0

    Bah moi je... Si je devais conseiller une jeune aujourd'hui, je lui dirais plus de trouver du soutien. J'en sais rien. Elle fait ce qu'elle veut. Et si elle a envie de porter plainte, je l'accompagnerais ou je l'encouragerais à ça. Je ferais en sorte que ce soit facilité pour elle. Si elle ne veut pas porter plainte, je ne serais pas dans le mode à essayer de la convaincre. Parce que je sais très bien. Justement, moi, je n'ai jamais porté plainte, donc je ne sais pas. Mais tous les témoignages qu'on reçoit, que je peux lire par-ci, par-là, de personnes qui ont été mal reçues, qui ont dû réexpliquer mille fois le truc, qui n'ont pas été prises au sérieux, où on a remis en question leurs paroles, c'est terrible. Enfin, c'est hyper difficile, en fait.

  • Speaker #1

    Il faut avoir les... Parce qu'il y a un gros impact psychologique par... Tu vas porter plainte et que...

  • Speaker #0

    ça peut être un peu double peine tu viens vivre un truc entre soi on remet en doute faut que tu réexpliques ton truc à plusieurs interlocuteurs on prend pas soin de toi je te dis pas que c'est dans tous les commissariats comme ça il y a des commissariats qui sont plus ou moins formés on le sait des fois on se le dit le commissariat de tel arrondissement il est bien pour ça mais c'est quand même dommage de devoir se dire tiens si t'as une plainte va dans ce commissariat là dans toute la ville c'est ce commissariat tout le monde devrait être formé à ça à recevoir des plaintes et à être... aidant avec les victimes et soutenant. Et puis après, il y a tout le chemin judiciaire qui suit derrière, où il faut répéter encore le truc. On sait que ça prend des années. Il faut être quand même super solide sur ses pattes pour pouvoir vivre ça. Si la personne se sent de le faire, c'est super. Si elle est bien entourée, au top. C'est très bien. Mais si elle n'a pas... Voilà, si elle se sent pas,

  • Speaker #1

    je comprends absolument pas. En tout cas, si jamais elles veulent porter plainte, bien se faire entourer, et de savoir que c'est un process qui est long. Moi, j'ai tendance à encourager quand même de porter plainte, parce que si personne ne porte plainte, on n'a pas de chiffre, on peut pas faire bouger les choses. Après, c'est sûr, chacun fait comme il peut. La problématique vient des... des commissariats de la justice, pas des femmes en fait.

  • Speaker #0

    Ah non, c'est clair. Et moi j'aurais tendance aussi à conseiller un suivi par contre, de façon un peu plus insistante peut-être. Voilà, de se faire aider, ne serait-ce que quelques séances, mais pouvoir déposer ça en fait.

  • Speaker #1

    Donc se faire accompagner, se faire aider, en parler, ce serait des conseils principaux.

  • Speaker #0

    Oui, oui, oui. Et de savoir que, voilà. de savoir qu'elles ne sont pas seules, que leur parole est légitime, qu'elles méritent d'être crues, d'être soutenues.

  • Speaker #1

    Est-ce que toi, tu t'es sentie soutenue quand tu as commencé à en parler ? Oui,

  • Speaker #0

    quand j'ai commencé à en parler, oui. Oui, beaucoup, parce que j'ai un environnement qui est très bienveillant et soutenant. J'ai eu que des personnes super bienveillantes autour de moi, mes amis, mes parents. Donc non, ça, vraiment... Mais bon, c'est pas donné à tout le monde non plus. Moi, j'ai de la chance, en fait. Je savais que ce serait bien... Enfin, je savais très bien que je pouvais en parler à tous mes amis, à ma famille aussi. Bon, c'était un peu plus compliqué, la famille, mais voilà, ça a été très bien traité. Et tes parents,

  • Speaker #1

    ils ont réagi comment ?

  • Speaker #0

    Ma mère a pleuré, mon père a... Mon père a été très adapté, enfin ma mère aussi a été très adaptée, mais plus dans l'émotion, je peux comprendre. Non, ils ont été super. Ma mère s'en est un peu voulue de ne pas avoir vu à l'époque ce qui s'était passé, mais bon, c'était impossible. Enfin, moi, je suis vraiment mise ça sous couvercle quasiment immédiatement, donc c'était pas possible qu'elle s'en rende compte. Mais elle a eu un petit peu de culpabilité maternelle, comme une maman. typique mais non non ils ont très bien réagi mes amis aussi mais voilà je sais que il y a plein de gens qui sont pas crus qui ont pas les ressources, ce genre de ressources là et pour ces personnes là c'est super dur bon après c'est aussi pour ça qu'il y a des assos qui existent, enfin voilà en fait si votre entourage ne suit pas n'est pas soutenant faut pas hésiter aussi à se tourner vers des numéros verts, vers des associations d'ado-victimes, des choses comme ça il y a beaucoup de choses qui sont mises en place.

  • Speaker #1

    J'allais te demander si tu avais des noms, des exemples un peu en tête.

  • Speaker #0

    Je sais qu'il y a les plannings familiaux qui peuvent accompagner les victimes. Après, le numéro pour les violences faites aux femmes... Je vais faire une petite recherche.

  • Speaker #1

    Sinon, on mettra le lien pour le match.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas le...

  • Speaker #1

    En tout cas, il y a des numéros à appuyer.

  • Speaker #0

    Carrément.

  • Speaker #1

    Pour se faire soutenir. Merci beaucoup pour ce témoignage c'est pas évident d'en parler je sais que tu as fait du travail dessus mais je pense que ça aidera peut-être des femmes, des filles qui nous écoutent aujourd'hui J'espère Essayons de voir un petit peu les choses sous un autre angle, est-ce que toi tu vois aujourd'hui dans ton milieu autour de toi des choses un peu positives qui tendent de plus en plus à l'égalité des sexes sexes Des choses concrètes ?

  • Speaker #0

    Oui, quand même. On ne peut pas nier qu'il y a eu une évolution depuis ces 50 dernières années. Au moins ces 50 dernières années. Déjà, au niveau législatif, l'égalité est inscrite dans la loi. Puis là, récemment, avec tous les mouvements genre MeToo, de libération de la parole, etc. C'est quand même des choses... C'est pas magique, mais en tout cas, maintenant, les violences sont prises au sérieux. Les violences, elles sont montrées du doigt, ne serait-ce que dans les médias, sur les réseaux sociaux, beaucoup. Donc aujourd'hui, en fait, une personne publique, quand elle a des propos sexistes ou qu'elle fait des actes sexistes... elle est reprise immédiatement, elle est montrée du doigt, elle est critiquée, etc. Donc ça, c'est ce qui fait que du coup, les hommes, je pense, en tout cas les hommes qui avaient tendance avant à être auteurs de faits sexistes, ils se surveillaient un petit peu plus. Alors, ce n'est pas le cas de tous, mais il y a quand même un truc où, en fait, on n'est plus impunis maintenant. Bon, je disais, il y a encore des problèmes au niveau de la justice, ça c'est évident, c'est clair. Enfin oui, en fait, ils sont beaucoup impunis, mais en tout cas... La première étape, elle est peut-être maintenant. C'est-à-dire qu'effectivement, la justice, pour moi, elle ne suit pas. On pourrait en parler des heures. Mais il y a quand même une dénonciation qui se fait. Je trouve qu'en ça, il y a quand même des choses qui bougent un petit peu. Après, il y a tout... Je vais prêcher pour ma paroisse. Mais non, mais après, il y a tout ce qui est les séances qu'on fait à l'école.

  • Speaker #1

    Je suis curieuse de comprendre un peu comment ça se déroule, une séance à l'école. Donc, comment ça se passe ?

  • Speaker #0

    Il y a plusieurs façons d'intervenir. En tout cas, dans mon asso, il y a plusieurs façons d'intervenir. Soit on peut faire ce qu'on appelle des interventions classiques. Donc, on entre dans une classe. Et là, on fait un peu de la discussion-débat. Donc, on va débriefer un peu sur qu'est-ce que c'est la sexualité pour vous. Chacun amène des thèmes, des mots, etc. On rebondit sur chaque mot. Puis en fonction des mots qui ressortent, des thématiques qui ressortent, ça peut être très vaste. Certaines classes vont un petit peu plus insister sur des sujets autour de l'orientation sexuelle, d'autres autour des identités de genre, d'autres autour plutôt du corps et de la santé, d'autres autour des violences, du consentement, etc. Et donc, à partir de là, on adapte notre intervention. On va leur proposer des activités, des jeux sur les thèmes qui ressortent un peu plus. Là, on s'adapte complètement aux jeunes. On peut faire même du débat, de la projection de débat. On peut leur passer des extraits de vidéos, puis on en discute ensemble. Après, on a aussi des outils, on a une grande exposition sur la sexualité, où les jeunes déambulent dedans, et là, ils vont suivre des thématiques précises dans toute l'exposition. Donc les thématiques, c'est le corps, la prévention. les identités de genre et les orientations sexuelles. Et la dernière thématique, c'est la société, donc comment la société nous influence, les médias, etc., dans nos façons d'être en relation amoureuse et tout. Donc en fait, c'est assez varié, mais en tout cas, c'est toujours plutôt bien reçu.

  • Speaker #1

    Ce sont les écoles qui font appel à ton assaut ?

  • Speaker #0

    Oui, la plupart. Alors oui, on a une petite partie de démarchage, mais c'est quand même très souvent les établissements qui font appel. Parce que c'est quand même un truc, on l'a déjà dit, mais ça fait partie des recommandations du gouvernement. Les séances d'éducation à la sexualité, ça devrait être obligatoire du CP à la terminale.

  • Speaker #1

    C'est pas obligatoire ?

  • Speaker #0

    Si, en vrai c'est obligatoire, mais bon, les établissements sont pas... Après c'est un peu au bon vouloir de l'établissement.

  • Speaker #1

    D'accord, donc c'est vraiment une prévision qui est prise par le... Le directeur ou la directrice d'établissement. Et en fait, si la personne en question n'a pas vraiment envie de faire...

  • Speaker #0

    Si ce n'est pas sa priorité, l'établissement ne fera pas appel. Après, de plus en plus, il y a des profs qui se forment aussi au sein des établissements, donc ils font eux-mêmes les séances.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a des demandes de la part des parents ?

  • Speaker #0

    Nous, c'est vraiment nos interlocuteurs, c'est vraiment les établissements. Après les parents, on a très peu affaire à eux. On a affaire à eux que quand justement ils ne veulent pas. Quand il y a des petits soulèvements de parents qui ont entendu... Alors c'est très rare, mais ça arrive que... Je ne sais pas, il y a un parent qui a entendu parler du fait qu'on venait dans l'établissement de son enfant et qu'il veut... savoir ce qu'on va dire. C'est jamais trop agressif, mais en tout cas, c'est des petites craintes parce qu'il y a plein de fake news et de rumeurs qui circulent autour de qu'est-ce que c'est l'éducation à la sexualité, est-ce qu'on va apprendre à se masturber, des trucs comme ça qui circulent, des fausses croyances. Donc il faut essayer de détricoter ces rumeurs et de leur expliquer ce qu'on dit. Donc on leur explique nos thématiques, un peu ce que je t'ai dit. Enfin, on leur fait un peu le déroulé de... de ce qu'on évoque avec les enfants ou les ados, et puis de pourquoi c'est important.

  • Speaker #1

    Donc c'est des parents qui nous écoutent et qui ont envie de t'avoir... Ils peuvent faire appel à l'établissement, ils peuvent aller voir les professeurs.

  • Speaker #0

    Complètement, ils peuvent carrément en discuter avec le directeur d'établissement ou les CPE. S'il n'y a rien qui se fait dans l'établissement, n'hésitez pas à aller là. On encourage. Tu auras du travail.

  • Speaker #1

    On remettra le nom de ton asso dans le lien du podcast. Je voulais te poser une question par rapport aux enfants à l'école. Quel style de questions ils te posent le plus en tant que fille et en tant que garçon ? Est-ce que ça change un peu ?

  • Speaker #0

    Oui. Oui, oui, ça peut changer. Oui, bien sûr. Les garçons... Alors, j'essaie de rassembler, de résumer un peu. En gros, les questions, ça va beaucoup tourner autour du corps quand même. Genre comment ça fonctionne. Enfin, il y en a, ils ont vraiment peu de notions sur le corps. et notamment les organes génitaux, comment ils fonctionnent. Genre le clitoris, ils ne savent pas toujours où ça se trouve. Comment stimuler, comment procurer du plaisir ? Ils ont plein de questions là-dessus. Sur leur pénis, ils ont plein de questions aussi. Et ils ont quand même aussi pas mal de questions sur le porno. Genre qu'est-ce qui est exagéré dans le porno ? Est-ce que vraiment ça se passe comme ça ? Est-ce qu'on peut tenir aussi longtemps ? Est-ce que tenir aussi longtemps en érection sans éjaculer, etc. Au niveau des performances, ils ont pas mal de questions. Sur aussi qu'est-ce qu'on attend de nous en tant que garçons, qu'est-ce qu'on attend de nous en tant que filles, qu'est-ce qu'on attend de nous dans une relation sexuelle, en fonction un peu de ce qu'ils voient dans le porno. Donc ouais, les questions, après il y en a plein, mais ça retourne quand même très souvent autour du corps. Le porno, ça revient beaucoup aussi. Et il y a un truc qui les agite beaucoup, c'est les orientations sexuelles et surtout les identités de genre.

  • Speaker #1

    C'est-à-dire ? Ils ont envie de savoir ?

  • Speaker #0

    Alors bon, là, c'est souvent des jeunes qui peuvent tenir un peu des propos un peu transphobes ou homophobes. En fait, ils ont du mal à accepter l'existence de personnes qui ne vivent pas les choses comme eux. Ça leur paraît complètement étranger et donc bizarre. Et donc parfois, ils peuvent avoir des propos difficiles. Donc ça, c'est quelque chose qui obsède beaucoup les ados. Alors après, t'as des ados qui sont hyper au fait de ces questions-là. En fait, vraiment, une intervention fait pas l'autre. Des fois, tu tombes dans une classe ou un établissement où les jeunes sont hyper déconstruits sur ces questions. Ils ont beaucoup réfléchi, ils ont accès à beaucoup de ressources. Du coup, on peut partir loin dans les sujets, on peut discuter, élaborer et tout, et ça les passionne. Puis peut-être trois jours après, tu vas tomber dans un établissement où ils vont faire des appels à la haine, où ils vont tenir des propos très, très, très, très, très, très limites, très violents. Donc ça les agite dans un sens ou dans l'autre, soit dans le positif, dans le fait d'aller plus loin dans les infos, etc. Soit dans le fait que ça ne devrait pas exister, ils ne comprennent pas pourquoi. On sent que ça les excite un peu, je ne sais pas ce que ça leur renvoie, mais il y a des trucs intéressants qui se jouent.

  • Speaker #1

    Et chez les filles ?

  • Speaker #0

    Chez les filles, on est beaucoup aussi sur les orientations. Ça, c'est un peu commun aux deux. Je remarque quand même vraiment très fréquemment que les filles sont beaucoup plus dans... J'allais dire l'acceptation, mais c'est pas ça qui me plaît comme mot. C'est pas le mot que je voudrais employer, mais en tout cas, elles sont beaucoup plus dans la compréhension de ces questions-là de genre et de sexualité. Bon, c'est pas non plus... Enfin, il arrive qu'il y ait des filles qui tiennent des propos homophobes ou transphobes, mais dans une classe, quand les mecs, souvent, quand les mecs tiennent des propos comme ça, c'est souvent les filles qui modèrent un petit peu. Après, sinon, les filles, c'est qu'elles posent beaucoup de questions sur le corps, les règles, l'endométriose, il y a beaucoup de... Le fait de ne pas ressentir de plaisir aussi, est-ce que c'est normal ? Ça, ça tourne beaucoup autour de ça, souvent. Le porno, un peu moins. Forcément, c'est plus tabou pour une fille de regarder du porno, surtout à cet âge-là. Si, les filles vont aussi beaucoup parler des violences sexuelles et sexistes. Ouais, si, les filles, le consentement, les violences, c'est quelque chose qui les anime beaucoup. Le respect, tout ça, toutes ces questions-là, en général, elles sont bien... À ce moment-là, elles sont assez actives à ce moment-là de l'intervention, quand on aborde ces sujets-là.

  • Speaker #1

    Comment on t'explique une meilleure acceptation et une compréhension de la part des filles ?

  • Speaker #0

    Alors là, je vais partir dans des trucs, mais bon... Je pense que... Point commun entre les personnes LGBT+, et les femmes, c'est que toutes ces personnes vivent du sexisme, en fait, elles font partie de ce qu'on appelle des minorités de genre, et du coup elles vivent, par exemple, prenons un homme gay, il va vivre du sexisme dans le sens où, en fait, comme il ne correspond pas à la norme masculine qui est d'être le... d'être en couple avec une femme, d'être dans une forme de domination. Alors je dis pas qu'il n'y a pas de domination chez les mecs LGBT, enfin chez les mecs gays, mais voilà. Et puis pour peu que... Enfin voilà, il faut être le pénétrant, il faut être le dominant. Enfin voilà, donc si tu t'éloignes un peu de ces codes-là, t'es tout de suite un peu suspect par rapport aux normes de genre. Donc je pense que peut-être le point commun... Enfin peut-être qu'elles sont plus... compréhensives par rapport à ces questions-là et plus dans le... Oui, dans la compréhension, parce que il y a une espèce de... Je sais pas, moi, de complicité. Genre, c'est un peu le monde des bisonneurs, mais je sais pas, je me dis qu'il y a peut-être quand même quelque chose de cet ordre-là. C'est-à-dire, elles vivent des oppressions aussi.

  • Speaker #1

    Ça ressemble. D'accord. Écoute, merci beaucoup d'avoir répondu à cette question. Bonus. du coup Sophie on arrive à la fin du podcast c'est la question finale de qu'est-ce que tu aimerais dire au Robert qui nous écoute s'il était à côté de toi aujourd'hui et ben du coup dans la lignée de ce qu'on vient de se dire je pense ça ne surprendra pas mais

  • Speaker #0

    je dirais au Robert éduquez-vous éduquez-vous pour que la société soit plus cool pour qu'on vive tous dans un monde un peu plus un peu plus beau

  • Speaker #1

    Et comment ils pourraient s'éduquer à travers ?

  • Speaker #0

    Lisez un bouquin, les Robert.

  • Speaker #1

    On a déjà sorti ça. C'était pas la première à me le dire, ça, en fait. Lisez, lisez. Non, bah oui, j'imagine qu'il y a plein de sources, mais est-ce que ça les intéresse ? Enfin, tu vois, comment...

  • Speaker #0

    Comment susciter l'envie du Robert ?

  • Speaker #1

    Oui, oui.

  • Speaker #0

    Ouais, ouais, carrément. Non, mais déjà, je repars sur mes trucs, mais je pense que si on faisait vraiment ces séances-là, du CP à la terminale, c'est que toutes leurs... Pour les élèves qui vont jusqu'à la terminale, mais en tout cas, ça fait qu'une bonne partie de leur scolarité et de leur vie, quand même, les enfants, que ce soit garçons ou filles, ils auraient accès quand même à des ressources. Parce que moi, je suis persuadée que c'est pas en les venant voir une fois dans leur scolarité, je sais pas moi, en troisième, ça sert à rien, en fait. Oui, c'est mieux que rien, mais en fait, il faudrait que ce soit... Ces sujets-là, il faut qu'ils soient rabâchés, il faut que ça fasse partie de leur mécanisme de... de pensée. Il ne faut pas que ce soit une fois quelqu'un qui se ramène et qui vient leur dire parce que ça, c'est très limité comme intérêt. Donc, si ça faisait partie vraiment de leur cursus de vie...

  • Speaker #1

    Comme une vraie matière, en fait. Les Français ne peuvent pas être des maths.

  • Speaker #0

    Ça s'inscrirait dans une matière comme ça. Ce serait hyper... Enfin, moi, je suis persuadée que les prochaines générations, il y aurait quand même moins ces problèmes-là. Il y en aurait toujours, évidemment, mais... Pour moi, l'éducation, c'est la clé.

  • Speaker #1

    C'est la racine.

  • Speaker #0

    Éduquez-vous, mais dans tous les sens. Éduquez-vous et éduquons-les. Non, mais je veux dire, ce n'est pas pour être présomptueux avec les Robert. Tout le monde a besoin d'être éduqué à ces sujets-là, les garçons, les filles. En tout cas,

  • Speaker #1

    si on les prend à la racine, les Robert, déjà...

  • Speaker #0

    Bien sûr, il faut les mater. Non, mais oui, bien sûr, parce que c'est vite trop tard. Une fois que tu as intégré tous les mécanismes sociaux du patriarcat... C'est compliqué. Après, il y a plein d'adultes qui se déconstruisent. Mais il faut faire les bonnes rencontres, il faut avoir les ressources. Ce n'est pas donné à tout le monde.

  • Speaker #1

    Tout n'est pas perdu, même si tu es un Robert d'après-guerre.

  • Speaker #0

    Tu peux changer, tu es Robert.

  • Speaker #1

    Tu peux toujours t'intéresser.

  • Speaker #0

    Bien sûr.

  • Speaker #1

    C'est une question de volonté, j'imagine, et de curiosité. Oui. Tout à fait. En tout cas, merci beaucoup pour toutes tes réponses aujourd'hui. Et j'en mettrai le lien de ton asso dans la description de l'émission.

  • Speaker #0

    Sachez que nous n'intervenons que dans la région Auvergne-Rhône-Alpes.

  • Speaker #1

    Mais j'imagine que dans les autres régions aussi.

  • Speaker #0

    Oui, il y a plusieurs asso. Il n'y en a pas plein. Tous les départements ne sont pas couverts. Et il en faudrait plus, ça c'est sûr. Pour aider les Robert.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Sophie.

  • Speaker #0

    De rien.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est la fin de cet épisode. J'espère que ça vous a plu. Merci d'être resté jusqu'au bout. Ça me fait vraiment super chaud au cœur. N'hésitez pas à me retrouver sur Instagram, sur le compte Have You Met Robert pour découvrir tous les nouveaux épisodes qui vont sortir et surtout pour me contacter directement si vous avez envie pour participer. au podcast, racontez vos histoires, vos récits. C'est avec vos témoignages que le podcast se fait. Je serais ravie, ravie de vous interviewer. Je pense que toutes les histoires sont importantes à raconter. N'hésitez pas, je répondrai à tous vos messages. Je vous remercie encore pour votre écoute et à très vite.

Description

🎙️Avec Sophie on a parlé :


  • De son travail d'éducatrice sexuelle

  • De la place des hommes dans l'espace public

  • Du “retour de l’angoisse” quand on rentre seule de soirée

  • D’un vi0l par un inconnu, revenu à sa mémoire des années plus tard

  • De la question du genre et du sexe à l’école

  • D'aimer traîner dans les PMU 😆

  • Et de plein d'autres sujets passionnants.


❗Trigger Warning : Cet épisode comporte des passages décrivant des actes de violence qui pourraient perturber certaines personnes, en particulier les plus sensibles. Je préfère vous prévenir afin que vous puissiez prendre une décision éclairée quant à l’écoute de cet épisode. Merci pour votre compréhension.


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Love, Laura 💜


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Crédits :

Un podcast entièrement réalisé de façon indépendante par Laura Montoro : écriture, production, enregistrement, montage, communication et diffusion.

Musique : Waves de Danijel Zambo. Un grand merci à toutes les femmes qui ont témoigné et partagé leur histoire.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et à tous, j'espère que vous allez bien. Je suis ravie d'être avec vous pour ce nouvel épisode de Avis-Mail Robert, le podcast qui met en lumière des récits authentiques de femmes sur leur rencontre avec Robert. Robert est partout, dans nos maisons, nos rues, nos lieux de travail, nos médias, nos films, nos écoles, nos politiques. Il sévit depuis si longtemps que son comportement est parfois parfaitement intégré, minimisé et excusé. Il lui arrive aussi d'être violent, très violent. Robert représente les violences faites aux femmes en général. J'avais envie de lever le voile sur son comportement, parfois inconscient et parfois totalement indécent. Pour celles et ceux qui ne me connaissent pas, je m'appelle Laura et je lance le podcast de façon indépendante pour libérer la parole des femmes, pour provoquer une prise de conscience et surtout pour tenter, à ma petite échelle, de rendre ce monde plus sûr. pour les femmes. Et franchement, il y a du top. Alors, merci beaucoup pour votre écoute, ça me fait vraiment, vraiment super plaisir. D'ailleurs, si le podcast vous plaît, n'hésitez pas à le partager autour de vous ou à laisser un commentaire positif sur les plateformes d'écoute. Moi, ça m'aiderait énormément et ça pourrait aider aussi d'autres femmes qui ont envie ou besoin d'écouter ces précieux témoignages. Aujourd'hui, je discute avec Sophie. Avec Sophie, on a parlé de la place des hommes sur la place publique. du retour de l'angoisse quand on rentre seule de soirée. Elle a aussi partagé un moment difficile d'un viol par un inconnu. Il m'a parlé aussi de justice et de traîner mon épée. Ce que j'aime dans cet épisode, c'est le recul et la sagesse de Sophie sur les événements qui ont jalonné sa vie de femme, sa bonne humeur communicative et son point de vue hyper intéressant sur les questions des violences en tant que chargée d'éducation sexuelle pour les enfants et les ados. J'ai adoré parler avec Sophie. J'espère que ça vous plaira. Allez, c'est parti pour l'épisode. Avertissement. Cet épisode comporte des passages décrivant des actes de violence qui pourraient perturber certaines personnes, en particulier les plus sensibles. Je préfère vous prévenir afin que vous puissiez prendre une décision éclairée quand à l'écoute de cet épisode. Aujourd'hui on est avec Sophie. Bonjour ! Salut Sophie ! Toi et moi on se connaît depuis un bon moment, donc je sais que tu as beaucoup de choses à dire sur la question. Je suis hyper ravie de t'avoir avec nous aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Je suis ravie d'être ici avec vous.

  • Speaker #0

    Je te laisse te présenter comme ça tout le monde peut apprendre à te connaître un petit peu plus.

  • Speaker #1

    Oui, alors moi je suis Sophie, j'ai 35 ans, je vis à côté de Lyon. Et qu'est-ce que je peux dire de plus ? Dans la vie, je fais ce qu'on appelle de l'éducation à la sexualité auprès des ados et des enfants. Voilà, donc dans les milieux scolaires, dans tous les endroits où il y a des ados et des enfants. Ça peut être le foyer, ça peut être la protection de l'enfance, la protection judiciaire de la jeunesse, etc. Voilà, c'est assez vaste.

  • Speaker #0

    Tu bosses pour une asso ?

  • Speaker #1

    Oui, pour une asso. Je suis salariée dans cette asso depuis bientôt cinq ans.

  • Speaker #0

    Tu nous donnais le nom de l'asso ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est l'ALS, c'est-à-dire Association de lutte contre le sida, et pour la santé sexuelle, on a rajouté plus tard. C'est une asso qui est assez ancienne, qui a été créée à l'époque où l'épidémie de sida arrivait en France dans les années 80. Au départ, c'était vraiment de l'accueil et de l'accompagnement de personnes vivant avec le VIH. Et puis, depuis une bonne quinzaine d'années, on est sur des sujets plus vastes, sur la santé sexuelle et beaucoup sur l'éducation à la sexualité auprès des... Des jeunes notamment, mais aussi d'autres publics, mais moi je suis spécialisée sur les jeunes.

  • Speaker #0

    Ok, trop bien. Du coup, tu vas pouvoir nous offrir un panel de réponses qu'on n'a peut-être pas eu avant.

  • Speaker #1

    J'ai l'impression que je suis peut-être là.

  • Speaker #0

    Non, écoute, je te propose de commencer l'interview avec la première question que je pose à tout le monde, c'est est-ce que tu t'es rendu compte à un moment donné que tu étais une fille ? Et si c'est le cas, quand exactement ? Plutôt dans ton enfance, dans ton adolescence ?

  • Speaker #1

    Alors je crois, enfin en tout cas mes premiers souvenirs de me rendre compte que j'ai un truc différent d'une autre partie de la population, je pense que c'est dans l'enfance, c'est parce que j'étais la seule fille, du côté paternel en fait on est sept cousins et plus mon frère et moi, et j'étais la seule fille de ce joyeux petit groupe et assez, enfin de toute façon voilà depuis la prime enfance. Il y avait des petites choses qui se jouaient du fait que moi j'étais une fille. Ça se traduisait un peu par... Je me sentais un peu privilégiée, je sentais que j'avais une place un peu privilégiée dans ce groupe-là. C'était genre... Alors j'avais pas le même rapport avec tous mes cousins, mais pour les plus proches c'était des petites histoires d'être amoureux, de vouloir s'asseoir à côté de moi, de se battre un peu pour ça. Donc je sentais qu'il y avait un petit truc un peu... Que j'avais une petite place un peu spéciale dans ce groupe-là. Donc je pense que c'est de là d'où... En tout cas, c'est à partir de ce moment-là que... En tout cas, c'est mes premiers souvenirs qui... qui me renvoie à quelque chose de... Tiens, c'est particulier d'être une fille. Donc plutôt un peu positif quand même dans ces souvenirs-là.

  • Speaker #0

    T'avais quel âge,

  • Speaker #1

    tu te rappelles ? Ça remonte à, je pense, la plus petite enfance. Mais bon, mes souvenirs, ils remontent à... Enfin, mes souvenirs, ils sont plutôt... En tout cas, j'en ai beaucoup à partir de 7 ans jusqu'à 12-13 ans. Il y avait aussi beaucoup d'attirance pour le corps. Je me rappelle, quand on a commencé à être ado, il y avait des trucs aussi d'attirance. Enfin, pas d'attirance, non, de curiosité pour ce que c'était un corps de fille, tout ça. Donc, je sentais un peu des petits trucs un peu de convoitise. En tout cas, je sentais que c'était une place particulière.

  • Speaker #0

    D'accord. Intéressant. Et est-ce que tu te rappelles, s'il y a un moment donné dans ta vie, un petit peu plus tard, avoir vécu des limitations parce que tu étais une femme ? Donc ça peut être dans le domaine privé ou pro ?

  • Speaker #1

    Alors ça, je pense que ça renvoie... Enfin, les premières limitations que j'ai pu percevoir, c'était dans l'espace public. Alors c'est tout con, mais j'ai des souvenirs parce que j'ai grandi à la campagne et j'ai des souvenirs de PMU. Parce que je traînais beaucoup,

  • Speaker #0

    ouais.

  • Speaker #1

    Non, parce que je ne sais rien, moi, des trucs de con. Bien sûr, moi aussi, j'adore. Mais en tout cas, j'adore, mais on peut quand même remarquer que c'est des lieux très masculins. Et je ne sais pas, j'ai un petit souvenir de ça en me disant, tiens, il y a des lieux où il n'y a que des hommes. Et surtout, non seulement il n'y a que des hommes, mais on ne se sent pas bien là-dedans. On ne se sent pas hyper à l'aise d'y rester. On ne se sent pas à sa place. Donc ça, c'est un peu mon premier souvenir comme ça. Mais non pas que je traînais dans les PMU toute mon enfance, mais je sais pas, j'ai dû remarquer ça une ou deux fois. Et ensuite, c'était plutôt en ville, donc plus grande, plus âgée, quoi. Et toujours pareil, la question de la place des hommes dans l'espace public. Donc, par exemple, il y a des... Notamment là où je vis à Villers-Bannes, mais à Lyon aussi, enfin bref, il y a des places où c'est vraiment... On a l'impression que c'est réservé, c'est un espace réservé aux hommes. On voit beaucoup d'hommes qui sont... statiques qui restent des heures potentiellement à fumer à boire qui reste entre eux à discuter et on voit des femmes mais les femmes souvent ne s'arrête pas enfin elles sont dans le mouvement elle traverse elles vont faire qu'elle traverse la place elles vont faire quelque chose mais elle se pose pas comme les hommes et et du coup je trouve que c'est intéressant à observer et et moi je me sentirais bon enfin si j'ai envie de faire un peu de provoque je pourrais mais en tout cas je trouve qu'en tant que femme on est On n'est pas incité à se poser avec les hommes. Nous, il faut qu'on traverse ce truc-là. Et on sent qu'encore une fois, c'est une sorte de place, qu'on n'a pas notre place dans le fait de squatter l'espace. Voilà, je pense que c'est des... Ah puis alors après, si je continue sur l'espace public, après c'est à peu près... Quand j'ai commencé à sortir, en fait, donc fin d'adolescence, puis toute la vingtaine. C'est les moments où je rentrais toute seule de soirée à pied chez moi. Là, c'était carrément... Voilà, ça pouvait être dangereux de le faire. Et moi, je l'ai toujours fait, mais j'avais plein de potes qui ne le faisaient pas du tout, de rentrer toute seule à pied. Et donc, il y a ce truc aussi de l'inquiétude, de devoir envoyer un message quand on est arrivé. Et ça, c'est un truc que je pense surtout quand on est une fille, une femme. Mais ouais, donc ça c'est, je pense, bon j'ai raconté un peu les trucs anecdotiques PMU et les places où il y a beaucoup de mecs qui squattent, mais je pense que ça c'est quelque chose de marquant, où je me suis sentie un peu limitée, entre guillemets, pas vraiment limitée puisque je le faisais quand même, mais quand même il y a un truc où tu sais que tu cours un risque, tu sais qu'il va t'arriver des trucs. Enfin moi, je partais, je rentrais de soirée chez moi, je partais du principe qu'il allait m'arriver un truc, plus ou moins chiant, mais que j'allais et qu'on allait me faire chier, c'était un peu de l'ordre de la banalité. et donc je me sentais pas vraiment limité mais en tout cas il ya un truc qui est pas normal enfin il ya un truc qui est en tout cas que tu vis parce que tu es une femme là beaucoup à chaque fois que tu rentrais de soirée tu arrives et ben franchement une période quasiment à chaque fois vraiment vraiment s'il m'arrivait rien je rentrais chez moi et je me faisais la remarque rien n'a rien arrivé c'était cool mais oui mais arriver plein de trucs je peux peut-être détaillé vite enfin je me rappelle notamment bâtiens je peux vous parler de cette soirée là où je rentrais chez moi, donc j'avais quand même je sais pas, je devais avoir trois quarts d'heure à faire à pied, et c'était il devait être cinq heures du matin, quelque chose comme ça et là ça a été un peu la soirée mais j'ai raconté beaucoup en rigolant à l'époque mais en fait quand j'y réfléchis Ça craint. Je l'avais appelé ça un peu le retour de l'angoisse parce que je crois que je m'étais fait emmerder à trois reprises différentes. Donc, si je me savais longtemps que je n'ai pas raconté ça et que je ne m'en suis pas souvenu, mais en gros, le premier truc, je me suis fait suivre par un mec qui, j'avais mes écouteurs sur les oreilles, mais j'entendais qu'il m'insultait, qu'il me parlait, tout ça. Mais il y a un autre mec qui était sur le trottoir pas très loin de moi qui a commencé à venir à dire au mec de me laisser tranquille, machin, en mode tranquille, gentil. Je me suis dit bon, c'est sympa. Sauf qu'après, ce mec-là s'est mis à me draguer, bien sûr. Et donc bon, ça va, il n'était pas non plus hyper méchant, mais j'ai réussi à m'en dégager. Mais bon, voilà. Ensuite, il y a des mecs qui se sont arrêtés en voiture. qui ont commencé à me suivre, à ralentir et à rouler à ma hauteur, enfin à mon rythme. Et il y a un mec qui a fini par sortir de la voiture, par me coller contre un mur. Après, c'est ses potes qui lui ont dit de rentrer dans la voiture. Enfin bref. Et après, je rentre chez moi. Il y a encore une voiture qui me suit jusqu'à chez moi. Mon Dieu ! En me proposant d'aller manger un burger. Il y avait trois mecs dans la voiture. Ouais ! Bon, ça va. Merci. J'ai déjà soupé. Merci beaucoup. Donc voilà, ça c'est un exemple un peu fort, mais c'est vrai que des choses comme ça, et je n'en étais pas traumatisée du tout.

  • Speaker #0

    Oui, c'était intégré en fait. C'était intégré.

  • Speaker #1

    Ce soir,

  • Speaker #0

    comme si tu te mettais une... Une fin de nuit de quoi ? Ah bon, écoutez, c'est normal. Non mais c'est hallucinant, en fait. On en rigole,

  • Speaker #1

    mais c'est quand même très grave. En fait, moi je trouve, en fait, globalement... C'est des trucs dont je prends conscience, je dirais pas maintenant, mais depuis 7-8 ans, j'en sais rien. Vraiment, même toi et moi on en discutait de ces trucs-là quand même à l'époque, mais c'était plus en mode... En tout cas moi je me sentais pas scandalisée de ça, ça me paraissait un peu normal, et même j'avais l'impression un peu de mesurer ma valeur au nombre de mecs qui m'emmerdaient, enfin ma valeur, mon attraction, mon attractivité, je sais pas comment on dit. et ça c'est un truc qui me marque en fait je suis plus en colère contre ça contre moi je suis plus en colère contre ce fait là de me dire que de me mettre dit à l'époque que ça c'était normal et d'avoir fait toute ma petite vingtaine en mode en fait oui je mesure un peu ma valeur à ça quoi et du coup ça c'est un truc que j'aimerais bien c'est aussi une des raisons pour lesquelles je fais ce boulot aujourd'hui c'est que ça c'est un truc que j'aimerais bien que les ça fait vraiment vieille conne mais que les jeunes filles d'aujourd'hui ne résonnent pas comme ça. Bon après, chacun son chemin, chacun évolue à son rythme et tout, et puis on peut peut-être en passer par certains trucs pour pouvoir prendre conscience d'autres trucs. Mais c'est vrai que ça, j'insiste vachement bien sûr en intervention avec les ados, que ce soit des garçons ou des filles d'ailleurs, mais sur le côté, en fait...

  • Speaker #0

    que c'est des violences en fait tout simplement qu'il faut le nommer comme ça qu'il faut le conscientiser mais nous on n'était pas informés comme aujourd'hui on pensait que c'était vraiment normal et oui comme tu dis on était on était ok avec ça en fait ouais ça nous paraissait un peu normal ça nous paraissait dans

  • Speaker #1

    l'ordre des choses quoi et c'est vrai que maintenant il ya quand même plus de libération de la parole voilà on parle quand même beaucoup plus de ces sujets ça veut pas dire que non que la société est devenue toute rose et tout, mais c'est sûr que oui, les ados sont quand même un petit peu plus alertes là-dessus.

  • Speaker #0

    Gros sport. Et grâce à toi aussi, à ton travail. Non, mais oui. Donc on va passer à la question un petit peu centrale du podcast, qui tourne autour du Robert, c'est à dire Robert. Donc Robert, c'est un petit peu ce que je dis, c'est la personnification des violences qui sont faites aux femmes quand on vient en... On vient d'en parler, donc ça peut être des violences plus subtiles, des remarques dans la rue, dans l'espace public, ou des choses plus violentes. Est-ce que tu veux bien partager avec nous, toi, la définition d'un Robert ?

  • Speaker #1

    Oui, moi je pense qu'un Robert, c'est un Maxis qui a grandi dans notre société patriarcale. Et donc avec tous les privilèges qui en découlent pour lui, et qu'il ne remet pas en cause ces privilèges-là, et ces normes de genre, et toutes ces choses qu'on nous a inculquées. Mais en fait, je pense qu'un Robert, ça peut être n'importe quel mec malheureusement, parce que même le mec le plus déconstruit, même un mec cis qui aurait fait l'effort de réfléchir à tout ça, de se déconstruire et tout ça, il ne peut pas avoir conscience de tous ces privilèges qu'il a en tant qu'homme.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu veux bien définir un homme cis pour ceux qui ne savent pas ce que c'est ?

  • Speaker #1

    Oui, alors une personne cis, cisgenre, c'est une personne qui est en accord avec le genre qui lui a été attribué à la naissance. Donc, je ne sais pas, moi typiquement, pour un mec cis, un mec cis, ce serait quelqu'un qui serait né avec un pénis, qu'on aurait élevé comme un petit garçon et qui se sent homme. Donc voilà, en gros, c'est une personne qui n'est pas trans, pour résumer. Et voilà, pour moi, Robert, c'est ça. pur produit du patriarcat, mais voilà, juste en fait je pense que tout homme peut être un Robert, mais il y a des Robert plus ou moins... Il y a des Robert qui sont plus ou moins relous, quoi. Il y a un degré de Robertitude à mon avis qui n'est pas du tout le même chez chaque homme cis, évidemment, mais je pense qu'à un moment dans sa vie, chaque homme peut potentiellement faire une petite Robertitude. Voilà.

  • Speaker #0

    Tu penses qu'il y a beaucoup de Robert qui s'ignore ?

  • Speaker #1

    Ouais, je pense qu'il y a énormément de Robert qui s'ignore. Je pense qu'il y a plein d'hommes sexistes qui n'en ont... Enfin, non, il y a plein d'hommes qui peuvent être sexistes à un moment, mais qui n'en ont pas conscience, parce qu'ils n'ont pas conscience, d'une part, de leurs privilèges, d'autre part, parce que, aussi, comme tu dis, en fait, c'est pas si vieux, l'époque où on n'en parlait pas du tout de tout ça. Et en fait, les trentenaires d'aujourd'hui, c'est des gens comme... Enfin, des gens qui n'ont pas forcément eu cette éducation-là non plus. Peut-être que la prochaine génération sera un peu plus égalitaire là-dessus, j'espère.

  • Speaker #0

    Tu as mentionné déjà plusieurs Robert sur ton chemin de vie. Est-ce qu'il y en a un qui t'a particulièrement marqué ? Et une histoire que tu voudrais nous partager aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Oui, peut-être. Je ne sais pas. c'est la fin de ce podcast non oui est-ce que j'ai peut-être le droit d'en citer deux oui tu peux en citer plusieurs ok je pense que enfin en fait je me souviens de mon premier baiser qui était un baiser forcé ça je pense que je ne te l'ai jamais raconté donc moi j'avais 11 ans et lui c'était un gars qui avait 15 ou 16 ans je ne sais plus Et donc, je me suis retrouvée, encore une fois, le motif du mur revient. Je me suis retrouvée plaquée contre un mur par ce jeune gars-là. Et en fait, après, j'en ai un peu parlé à mes parents, à mon frère. Je crois que mes parents, ils en ont un peu parlé à la mère de... Enfin, pas à la mère de ce jeune, mais bon, bref, je ne sais plus comment ça s'est... Ce qui s'est passé là-dessus. Mais je sais que mon frère, il me faisait des blagues là-dessus. Enfin, c'était un peu aussi en mode on rigole. Ça ne m'a pas non plus trop traumatisée sur le coup. Enfin, pas du tout, je pense. Mais bon, j'y pense encore aujourd'hui. Donc, c'est que quand même, ça marque. Mais je pense que ça a été un peu tourné à la... Surtout par mon frère. Mais le truc est un peu... Finalement, on n'a pas fait grand-chose de ça. Et voilà. Je pense que ça, c'est un Robert qui m'a un peu marquée.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu t'es sentie... Comment, en fait, il t'a forcé dans ce baiser-là ?

  • Speaker #1

    Ouais, ouais, il m'a... c'est beaucoup ouais bah ouais ouais je me en fait on s'était un garçon qui faisait du théâtre avec moi et on attendait on était un groupe de y est tout le monde était parti mais il restait plus que moi lui et un autre garçon et et donc ouais bah je sais pas il m'embêtait Il me courait un peu après, tout ça. Et puis, il y a un moment, il m'a collée contre un mur et il m'a embrassée. Puis l'autre garçon a rigolé aussi, je me souviens. C'était vraiment un peu en mode blague. Enfin, vraiment, le truc qui passait pour un truc léger, quoi. Donc, je saurais même pas trop te dire comment je me suis sentie à ce moment-là. Je me suis sentie bloquée, c'est sûr. Mais comme tout était fait pour que je sois prise à la blague, comme le gars d'à côté rigolait, tout ça... Je l'ai pas vécu, voilà, je l'ai pas vécu de façon drama ou traumatique, mais en tout cas, voilà, je trouve que c'est pas anodin, en fait, tout ça, sur un premier baiser forcé, puis après, toutes ces histoires de mecs qui t'emmerdent dans la rue, enfin, en fait, c'est comme si la vie avait été, alors bon, maintenant, j'ai 35 ans, je me fais un peu moins, enfin, je me fais même beaucoup moins emmerder dans la rue, heureusement, mais quand même, j'ai l'impression que, je sais pas, peut-être les... les 15 premières années de ma vie ou les 20 premières années de ma vie enfin pas première année en tout cas il ya eu toute une tranche là de deux de plusieurs années qui a été quand même bien jalonné de l'histoire comme ça de violences sexuelles plus ou moins poussé voilà puis vous enfin je dis comme tu le sais j'ai vécu un viol aussi à peu près 10 11 ans après ce truc Avec cet ado là. Donc plutôt début vingtaine. Enfin en fait voilà tout ça. Alors je vais pas parler de ce Robert là. Mais en tout cas c'est sûr que c'est pas... Enfin pour moi c'est pas anodin. Je pense que c'est... Quand je fais un peu la rétrospective de tout ça. J'ai l'impression que oui c'est un peu un morceau de vie. Qui est jalonné d'agression. Micro agression. Jusqu'à agression beaucoup plus intrusive. Et voilà après je le... Ça va, je vais bien. Oui,

  • Speaker #0

    mais je pense qu'il y a beaucoup de femmes qui ont vécu les mêmes choses pendant des années. Moi aussi, je pense que... Moi, mon premier baiser aussi, c'était un baiser forcé. Je n'avais pas 11 ans, mais j'en avais 16. Donc plus tard, mais pareil. Et je me rappellerai toujours du goût de bière qui est mis dans ma bouche. Je me suis sentie forcée aussi contre un mur. Et je me suis dit,

  • Speaker #1

    c'est ça ? Oui, c'est dégueulasse. C'est ça ? Oui, oui.

  • Speaker #0

    J'étais un peu romantique, j'étais un petit peu hors-trait. Et ouais, du coup, j'étais dégoûtée, en fait. Et j'en avais parlé avec mon amie à l'époque, et elle était trop contente pour moi. Ah, mais c'est génial !

  • Speaker #1

    T'as eu ton premier baiser ? Enfin, c'est fait ! Ouais,

  • Speaker #0

    c'est fait ! Et j'avais trouvé ça bizarre. Enfin, je me suis dit, mais c'est ça ? C'est vraiment ça ?

  • Speaker #1

    Ouais, ouais, ouais. Est-ce que je vais aimer ça, du coup ?

  • Speaker #0

    Je suis pas sûre que ce soit si cool. Mais ouais, je comprends. Et en fait, je pense que t'es pas la seule. Et du coup... ton premier Robert était assez jeune, 11 ans. Et quand tu me dis que ta tranche de vie a été jalonnée de plein de petites micro-agressions voire des agressions beaucoup plus fortes, je pense que vraiment il y a beaucoup de femmes qui vont se reconnaître. Donc ouais, merci d'avoir partagé ce Robert-là. Et t'en avais un deuxième ?

  • Speaker #1

    C'était le deuxième, c'était celui du viol du coup. Entre le premier Robert et entre le deuxième Robert, il y avait eu plein de petits Robert-ci, mais que c'était quand même deux temps forts de un peu fondateur. Enfin, pas fondateur, mais en tout cas de moments qui m'ont marquée et qui constituent aussi mon... Enfin, je ne veux pas dire que je suis engagée et militante aujourd'hui à cause de ça, mais en tout cas, ça a forgé aussi, je pense, un peu toutes mes réflexions là-dessus. Et surtout, mon rapport à ces agressions-là sur le moment. Parce que le deuxième Robert, celui du viol, pendant des années, je n'ai pas du tout parlé de et j'ai été très distanciée par rapport à ça vraiment je me suis dit bon ouais un peu comment dire un peu défaitiste genre en mode oui bah fallait bien que ça m'arrive les chiffres les chiffres sont là pour nous montrer que de toute façon il y a plein de violences moi je suis une parmi ces chiffres là enfin j'étais vraiment en mode un peu regard un peu haut par rapport à tout ça mais un peu éloignée de ma propre expérience du coup un peu éloignée de mes ressentis même complètement éloignée puisque j'ai fini par oublier complètement ce qui s'était passé. Donc voilà, à force de ne pas du tout en parler, puis de m'enfouir comme ça.

  • Speaker #0

    C'était dans la voiture,

  • Speaker #1

    c'est ça ?

  • Speaker #0

    T'es pas obligée d'en parler,

  • Speaker #1

    mais c'était juste pour la trabattre. Ouais, c'est un autre mobiliste qui m'a proposé de me...

  • Speaker #0

    Tu faisais du stop, non ?

  • Speaker #1

    Ben non, je faisais du stop un peu à cette époque-là, mais là je faisais même pas du stop, c'est genre il m'a proposé de m'emmener d'un point A à un point B, où je me rendais. Et voilà, puis en fait il m'a pas du tout emmené au point B, non mais... ailleurs quoi et voilà je suis ce que je disais pas à part ah oui je disais que voilà j'avais complètement occulté ce truc là ouais quitte à être complètement vraiment un presque indifférent fin vu que j'ai fini par l'oublier en fait je m'en suis coupé complètement et ça m'est revenu il n'y a pas si longtemps en fait enfin je savais qu'il m'était arrivé ça au début je me suis dit il m'est arrivé quelque chose Ça a été long, de toute façon. Au tout début, évidemment, ça venait d'arriver. Donc je savais ce qui m'était arrivé, je l'avais raconté à mon copain de l'époque. Après...

  • Speaker #0

    Il avait réagi comment ?

  • Speaker #1

    Faudra pas qu'il l'écoute. Qui avait réagi plutôt, je pense, de façon assez adaptée sur le moment, mais qui m'en a reparlé genre un ou deux mois après en faisant une blague aussi. Voilà. Limite. Les blagues sur les violences sexuelles, on adore ça. C'est très cool. mais voilà en fait de toute façon j'ai l'impression que c'était aussi une époque je pense que bon on a encore des soucis on a encore du boulot aujourd'hui mais c'est aussi un truc où c'était quand même assez banalisé donc en fait ces réactions moi j'en veux même pas je parlais du premier Robert là le mec qui rigolait à côté, mon frère qui m'a fait des blagues mais bon et puis là mon copain de l'époque aussi qui m'avait fait une blague là dessus mais je pense qu'en fait c'était juste ancré dans l'époque et enfin enfin On prenait pas la mesure, je sais pas... Ouais, je sais pas trop comment expliquer ça, mais en tout cas, du coup, c'est des minimisations, c'est pas ça qui a fait que moi j'ai minimisé, mais comme moi-même je minimisais aussi, du coup, tout ça n'a pas été trop traité dans ma tête.

  • Speaker #0

    C'est venu plus tard, ça.

  • Speaker #1

    C'est arrivé plus tard, ouais, plus tard, quelques... Oui, en fait, c'est en thérapie, parce que je suis une thérapie, et du coup, j'ai conscientisé ça, qu'en fait, ça avait été un viol, mais j'en avais pas de souvenirs, donc je m'en rappelais pas du tout. Et les souvenirs me sont revenus le lendemain d'un accident que j'ai eu, un accident de vélo contre voiture. Et en fait, le lendemain de l'accident, mais genre le matin très tôt à 5h du mat', je me réveille avec tous les souvenirs de ce moment de viol. Donc ouais, mais j'ai mis, je pense, du coup, plus de 10 ans à ce chemin-là. Il a duré plus de 10 ans.

  • Speaker #0

    Comment tu l'expliques ? les souvenirs sont remontés après l'accident ?

  • Speaker #1

    Je pense que c'est l'effraction corporelle ça doit être la mémoire du corps je pense le fait d'avoir été effracté j'ai vraiment eu l'impression d'être balottée comme un objet cet accident m'a assez marquée parce que je me suis vraiment sentie projetée par la voiture contre une autre voiture j'ai vraiment l'impression d'avoir était vraiment un objet déshumanisé, un projectile pendant ce truc-là. Enfin, ça a duré trois secondes, mais voilà. Après, j'ai atterri sur la route et tout, mais du coup, je pense que c'est la mémoire du corps, le corps qui est fracté, qui est un peu violenté. Et à mon avis, c'est pour ça que ça m'est tout revenu en quelques heures après. ton corps a fait un parallèle avec l'expérience le corps et la direction ça me rappelle un truc le corps et le psychisme je pense ça a dû en fait ça a appris des trucs à la fois dans le corps parce que les os ils ont pris un peu mais à la fois dans la tête où ça a peut-être mis des réalignées des choses ou décalé enfin j'en sais rien mais en tout cas et là tu t'es réveillée tu t'es dit tout me revenait je me suis réveillée en pleurs parce que j'avais toutes les images en tête voilà d'accord

  • Speaker #0

    Et donc depuis là, tu fais un travail un peu...

  • Speaker #1

    Du coup, je continue à travailler avec ma psy un petit peu. En tout cas, quand c'est revenu, j'ai eu besoin d'en parler. Donc on a resserré les séances et tout pour traiter un peu ça. J'ai vu... Bon, après, on pense ce qu'on veut. Enfin, chacun adhère ou pas. Mais moi, j'ai vu une ostéo un petit peu qui était très à l'écoute sur ces sujets-là de violences et d'effraction du corps, qui a été super, qui m'a beaucoup aidée. Voilà, donc je fais mes petits trucs à moi pour prendre soin de moi. Puis voilà, en fait, maintenant, ça va très bien. De toute façon, c'est pas quelque chose qui m'est apparu comme... Enfin, je me suis pas rendue compte à ce moment-là que j'avais vécu ça. C'est juste que ça faisait quelques années que je savais, que je me disais que j'avais conscientisé ça, reconscientisé. Et le souci, c'est que je me rappelais pas de ce qui s'était passé. Donc il me manquait tout un petit pan de ma vie. Enfin, de ma vie. Il me manquait un petit pan de cette journée. Et ça m'emmerdait que ça échappe à ma conscience. Donc finalement, moi, j'attendais aussi de me souvenir de ça. J'avais envie de me souvenir. Donc voilà, c'est arrivé. On n'est jamais complètement prêts à ça. Mais surtout que je ne l'avais pas cherché pour le coup. Ça m'est arrivé sans que j'envoque ces souvenirs-là. Mais en tout cas, maintenant, c'est fait. C'est à la fois... C'est cool aussi. Enfin, c'est cool. C'est intéressant, je pense, pour avancer. C'est quelque chose qui peut me servir. Et puis... Voilà, maintenant, toutes les pièces du puzzle sont là.

  • Speaker #0

    Et tu penses que tous ces Robert-là, ils ont eu conscience de l'impact qu'ils ont eu sur toi ? Même le dernier, en fait, qui a eu un impact assez énorme, jusqu'à ce que toi-même, tu enterres un peu ce souvenir au fond de toi, jusqu'à l'oublier. Est-ce que tu penses, en fait... En fait, j'aimerais des fois qu'on se mette à la place d'un Robert et qu'on se dise, en fait, qu'est-ce qui se passe dans sa tête à ce moment-là pour... pour réagir, en fait, de cette façon ?

  • Speaker #1

    Bon, après, je dirais que c'est tous les Robert que j'ai pu citer. Il y a tous des degrés différents. À mon avis, le premier, l'ado, le truc du baiser forcé, je pense qu'il n'a pas du tout capté. Je pense que lui, c'était un jeu. Par contre, le dernier, ce n'est quand même pas anodin ce qui s'est passé. Du coup, j'imagine que c'était... Il faut quand même dans sa tête s'organiser pour se dire je vais prendre cette personne à bord, je vais dévier le chemin. C'est pas un truc...

  • Speaker #0

    C'est planifié. En tout cas, il y a quelque chose d'organisé. Lui, je pense qu'il savait très bien ce qu'il faisait.

  • Speaker #1

    Et puis, c'est quelqu'un que tu ne connaissais pas du tout.

  • Speaker #0

    Pas du tout, non. Et puis, je ne me rappelle pas de sa thèse.

  • Speaker #1

    Parce qu'on entend souvent que les... Toi, tu peux me confirmer, mais que les viols sont plutôt... Faisent part des gens qu'on connaît. Oui, oui.

  • Speaker #0

    Malheureusement, je n'ai plus le chiffre en tête. Mais c'est une très, très, très, très grande majorité des viols qui sont commis par des proches de la victime. Donc là, pour le coup, c'est un viol... Euh...

  • Speaker #1

    Ouais, c'est un viol comme on voit dans les films, en fait.

  • Speaker #0

    Ouais, ouais, ouais, c'est ça. En fait, comme on se l'imagine. D'ailleurs, je trouve que cette image-là, elle est toujours un peu dangereuse. Oui. Parce que du coup, les autres viols sont moins pris au sérieux. Et on a tendance à minimiser un petit peu les autres formes de viols, quoi. Mais pour le coup, là, oui, c'est un inconnu. À l'extérieur, donc pas non plus dans mon environnement à moi.

  • Speaker #1

    Ouais, t'étais là au mauvais moment.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est ça, exactement, ouais.

  • Speaker #1

    C'est un vide, la situation, par son propre égoïsme, en fait.

  • Speaker #0

    Oui, mais je ne sais même pas si c'est de l'égoïsme. Pour moi, on ne peut pas parler de pulsionnel. Enfin, on n'en a pas parlé. Moi, je déteste les gens qui disent que... Enfin, je déteste. Je n'aime pas quand on dit que c'est pour assouvir une pulsion, le viol, parce que sinon, on passerait son temps à se sauter dessus dans la rue. Et puis, pourquoi il y a une... Je sais plus quel est le pourcentage, je sais plus de 90% au moins, ça c'est sûr, d'auteurs de violences sexuelles sont des hommes. Oui,

  • Speaker #1

    je crois que c'est ça, 90.

  • Speaker #0

    Ouais, plus de 95 même. Bon, je voudrais pas m'avancer, mais en tout cas c'est bon, c'est la grande majorité. Donc voilà, c'est pas de l'ordre de la pulsion, tous les humains ont des pulsions en fait, donc pourquoi les femmes sautent pas sur les hommes comme ça ? Mais merde, j'ai dérivé, je sais plus ce que tu disais.

  • Speaker #1

    Je demandais...

  • Speaker #0

    Ah oui, je sais, pardon.

  • Speaker #1

    Attends, ma question c'était, qu'est-ce qui se passe dans sa tête ? Et que du coup, est-ce que c'était par pur égoïsme, tu me disais que non, et qu'en fait c'était pas pulsionnel non plus ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'il y a un truc qui l'est fait, enfin moi à mon avis, il y a un truc de domination, de... je sais pas, j'en sais rien, ça doit être différent dans la tête de tous les mecs qui passent à l'acte, mais je sais pas, j'imagine que c'est pas le plaisir physique. Parce que de toute façon, quand tu agresses quelqu'un, je pense qu'elle n'est pas la plus performante à ce moment-là. On n'est pas là-dedans. Je ne pense pas qu'ils recherchent le plaisir physique. Ils doivent rechercher la domination, le fait de s'imposer à l'autre comme ça. C'est ça qui doit les exciter. Je pense que ça doit être une excitation plus mentale que physique, à mon avis. Mais bon, ça doit être... Encore une fois, je parle peut-être pour mon cas, pour le cas de cette personne-là, mais j'imagine que des fois, ils recherchent juste... Je n'en sais rien, oui. Il recherche un truc physique et immédiat, instantané. Je ne sais pas du tout, mais...

  • Speaker #1

    Ce que j'ai du mal à comprendre, c'est qu'après, il repart dans sa vie et... Oui,

  • Speaker #0

    et qu'est-ce qu'il fait ? Quel est sa vie ?

  • Speaker #1

    Continuer son petit bonhomme de chemin.

  • Speaker #0

    Certainement. Et est-ce qu'il y pense ? Est-ce qu'il a déjà fait ça plein d'autres fois aussi ? Je ne sais pas.

  • Speaker #1

    On ne pourra pas se mettre dans un bafle,

  • Speaker #0

    mais on essaie de comprendre parfois.

  • Speaker #1

    Ce n'est pas évident, il n'y a peut-être rien à comprendre. Pour revenir à ton histoire, est-ce que tu veux donner un conseil aux femmes qui ont vécu la même chose ?

  • Speaker #0

    Déjà, le premier truc que j'aurais envie de leur dire, c'est un peu ce qu'on se disait tout à l'heure, c'est qu'elles ne sont pas seules, que si on remue un peu, que si on parle à nos potes en soirée ou autre, on se rend compte qu'on est tellement nombreuses à avoir vécu. des violences sexuelles, qu'elles soient plus ou moins invasives ou violentes, peu importe le mot, mais en tout cas, on est vraiment un nombre, une masse, je pense, à avoir vécu des choses comme ça. Donc déjà, à mon avis, enfin, c'est pas à mon avis, mais moi, ce que j'aurais envie, c'est qu'on puisse parler plus, qu'on puisse se sentir légitime à parler, puis pas minimiser ces... Enfin voilà, se rendre compte, en fait, que c'est des violences. en parler entre nous. Bon moi je suis pas du tout dans le truc de porter plainte, enfin d'obliger, enfin pas d'obliger mais d'inciter absolument à porter plainte, enfin porter plainte si vous avez envie de porter plainte, mais on sait aujourd'hui, on sait quand même que pour le moment c'est quand même très difficile. Enfin il y a je crois 1% des violeurs qui sont condamnés donc c'est ridicule.

  • Speaker #1

    Donc toi par rapport à porter plainte c'est pas...

  • Speaker #0

    Bah moi je... Si je devais conseiller une jeune aujourd'hui, je lui dirais plus de trouver du soutien. J'en sais rien. Elle fait ce qu'elle veut. Et si elle a envie de porter plainte, je l'accompagnerais ou je l'encouragerais à ça. Je ferais en sorte que ce soit facilité pour elle. Si elle ne veut pas porter plainte, je ne serais pas dans le mode à essayer de la convaincre. Parce que je sais très bien. Justement, moi, je n'ai jamais porté plainte, donc je ne sais pas. Mais tous les témoignages qu'on reçoit, que je peux lire par-ci, par-là, de personnes qui ont été mal reçues, qui ont dû réexpliquer mille fois le truc, qui n'ont pas été prises au sérieux, où on a remis en question leurs paroles, c'est terrible. Enfin, c'est hyper difficile, en fait.

  • Speaker #1

    Il faut avoir les... Parce qu'il y a un gros impact psychologique par... Tu vas porter plainte et que...

  • Speaker #0

    ça peut être un peu double peine tu viens vivre un truc entre soi on remet en doute faut que tu réexpliques ton truc à plusieurs interlocuteurs on prend pas soin de toi je te dis pas que c'est dans tous les commissariats comme ça il y a des commissariats qui sont plus ou moins formés on le sait des fois on se le dit le commissariat de tel arrondissement il est bien pour ça mais c'est quand même dommage de devoir se dire tiens si t'as une plainte va dans ce commissariat là dans toute la ville c'est ce commissariat tout le monde devrait être formé à ça à recevoir des plaintes et à être... aidant avec les victimes et soutenant. Et puis après, il y a tout le chemin judiciaire qui suit derrière, où il faut répéter encore le truc. On sait que ça prend des années. Il faut être quand même super solide sur ses pattes pour pouvoir vivre ça. Si la personne se sent de le faire, c'est super. Si elle est bien entourée, au top. C'est très bien. Mais si elle n'a pas... Voilà, si elle se sent pas,

  • Speaker #1

    je comprends absolument pas. En tout cas, si jamais elles veulent porter plainte, bien se faire entourer, et de savoir que c'est un process qui est long. Moi, j'ai tendance à encourager quand même de porter plainte, parce que si personne ne porte plainte, on n'a pas de chiffre, on peut pas faire bouger les choses. Après, c'est sûr, chacun fait comme il peut. La problématique vient des... des commissariats de la justice, pas des femmes en fait.

  • Speaker #0

    Ah non, c'est clair. Et moi j'aurais tendance aussi à conseiller un suivi par contre, de façon un peu plus insistante peut-être. Voilà, de se faire aider, ne serait-ce que quelques séances, mais pouvoir déposer ça en fait.

  • Speaker #1

    Donc se faire accompagner, se faire aider, en parler, ce serait des conseils principaux.

  • Speaker #0

    Oui, oui, oui. Et de savoir que, voilà. de savoir qu'elles ne sont pas seules, que leur parole est légitime, qu'elles méritent d'être crues, d'être soutenues.

  • Speaker #1

    Est-ce que toi, tu t'es sentie soutenue quand tu as commencé à en parler ? Oui,

  • Speaker #0

    quand j'ai commencé à en parler, oui. Oui, beaucoup, parce que j'ai un environnement qui est très bienveillant et soutenant. J'ai eu que des personnes super bienveillantes autour de moi, mes amis, mes parents. Donc non, ça, vraiment... Mais bon, c'est pas donné à tout le monde non plus. Moi, j'ai de la chance, en fait. Je savais que ce serait bien... Enfin, je savais très bien que je pouvais en parler à tous mes amis, à ma famille aussi. Bon, c'était un peu plus compliqué, la famille, mais voilà, ça a été très bien traité. Et tes parents,

  • Speaker #1

    ils ont réagi comment ?

  • Speaker #0

    Ma mère a pleuré, mon père a... Mon père a été très adapté, enfin ma mère aussi a été très adaptée, mais plus dans l'émotion, je peux comprendre. Non, ils ont été super. Ma mère s'en est un peu voulue de ne pas avoir vu à l'époque ce qui s'était passé, mais bon, c'était impossible. Enfin, moi, je suis vraiment mise ça sous couvercle quasiment immédiatement, donc c'était pas possible qu'elle s'en rende compte. Mais elle a eu un petit peu de culpabilité maternelle, comme une maman. typique mais non non ils ont très bien réagi mes amis aussi mais voilà je sais que il y a plein de gens qui sont pas crus qui ont pas les ressources, ce genre de ressources là et pour ces personnes là c'est super dur bon après c'est aussi pour ça qu'il y a des assos qui existent, enfin voilà en fait si votre entourage ne suit pas n'est pas soutenant faut pas hésiter aussi à se tourner vers des numéros verts, vers des associations d'ado-victimes, des choses comme ça il y a beaucoup de choses qui sont mises en place.

  • Speaker #1

    J'allais te demander si tu avais des noms, des exemples un peu en tête.

  • Speaker #0

    Je sais qu'il y a les plannings familiaux qui peuvent accompagner les victimes. Après, le numéro pour les violences faites aux femmes... Je vais faire une petite recherche.

  • Speaker #1

    Sinon, on mettra le lien pour le match.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas le...

  • Speaker #1

    En tout cas, il y a des numéros à appuyer.

  • Speaker #0

    Carrément.

  • Speaker #1

    Pour se faire soutenir. Merci beaucoup pour ce témoignage c'est pas évident d'en parler je sais que tu as fait du travail dessus mais je pense que ça aidera peut-être des femmes, des filles qui nous écoutent aujourd'hui J'espère Essayons de voir un petit peu les choses sous un autre angle, est-ce que toi tu vois aujourd'hui dans ton milieu autour de toi des choses un peu positives qui tendent de plus en plus à l'égalité des sexes sexes Des choses concrètes ?

  • Speaker #0

    Oui, quand même. On ne peut pas nier qu'il y a eu une évolution depuis ces 50 dernières années. Au moins ces 50 dernières années. Déjà, au niveau législatif, l'égalité est inscrite dans la loi. Puis là, récemment, avec tous les mouvements genre MeToo, de libération de la parole, etc. C'est quand même des choses... C'est pas magique, mais en tout cas, maintenant, les violences sont prises au sérieux. Les violences, elles sont montrées du doigt, ne serait-ce que dans les médias, sur les réseaux sociaux, beaucoup. Donc aujourd'hui, en fait, une personne publique, quand elle a des propos sexistes ou qu'elle fait des actes sexistes... elle est reprise immédiatement, elle est montrée du doigt, elle est critiquée, etc. Donc ça, c'est ce qui fait que du coup, les hommes, je pense, en tout cas les hommes qui avaient tendance avant à être auteurs de faits sexistes, ils se surveillaient un petit peu plus. Alors, ce n'est pas le cas de tous, mais il y a quand même un truc où, en fait, on n'est plus impunis maintenant. Bon, je disais, il y a encore des problèmes au niveau de la justice, ça c'est évident, c'est clair. Enfin oui, en fait, ils sont beaucoup impunis, mais en tout cas... La première étape, elle est peut-être maintenant. C'est-à-dire qu'effectivement, la justice, pour moi, elle ne suit pas. On pourrait en parler des heures. Mais il y a quand même une dénonciation qui se fait. Je trouve qu'en ça, il y a quand même des choses qui bougent un petit peu. Après, il y a tout... Je vais prêcher pour ma paroisse. Mais non, mais après, il y a tout ce qui est les séances qu'on fait à l'école.

  • Speaker #1

    Je suis curieuse de comprendre un peu comment ça se déroule, une séance à l'école. Donc, comment ça se passe ?

  • Speaker #0

    Il y a plusieurs façons d'intervenir. En tout cas, dans mon asso, il y a plusieurs façons d'intervenir. Soit on peut faire ce qu'on appelle des interventions classiques. Donc, on entre dans une classe. Et là, on fait un peu de la discussion-débat. Donc, on va débriefer un peu sur qu'est-ce que c'est la sexualité pour vous. Chacun amène des thèmes, des mots, etc. On rebondit sur chaque mot. Puis en fonction des mots qui ressortent, des thématiques qui ressortent, ça peut être très vaste. Certaines classes vont un petit peu plus insister sur des sujets autour de l'orientation sexuelle, d'autres autour des identités de genre, d'autres autour plutôt du corps et de la santé, d'autres autour des violences, du consentement, etc. Et donc, à partir de là, on adapte notre intervention. On va leur proposer des activités, des jeux sur les thèmes qui ressortent un peu plus. Là, on s'adapte complètement aux jeunes. On peut faire même du débat, de la projection de débat. On peut leur passer des extraits de vidéos, puis on en discute ensemble. Après, on a aussi des outils, on a une grande exposition sur la sexualité, où les jeunes déambulent dedans, et là, ils vont suivre des thématiques précises dans toute l'exposition. Donc les thématiques, c'est le corps, la prévention. les identités de genre et les orientations sexuelles. Et la dernière thématique, c'est la société, donc comment la société nous influence, les médias, etc., dans nos façons d'être en relation amoureuse et tout. Donc en fait, c'est assez varié, mais en tout cas, c'est toujours plutôt bien reçu.

  • Speaker #1

    Ce sont les écoles qui font appel à ton assaut ?

  • Speaker #0

    Oui, la plupart. Alors oui, on a une petite partie de démarchage, mais c'est quand même très souvent les établissements qui font appel. Parce que c'est quand même un truc, on l'a déjà dit, mais ça fait partie des recommandations du gouvernement. Les séances d'éducation à la sexualité, ça devrait être obligatoire du CP à la terminale.

  • Speaker #1

    C'est pas obligatoire ?

  • Speaker #0

    Si, en vrai c'est obligatoire, mais bon, les établissements sont pas... Après c'est un peu au bon vouloir de l'établissement.

  • Speaker #1

    D'accord, donc c'est vraiment une prévision qui est prise par le... Le directeur ou la directrice d'établissement. Et en fait, si la personne en question n'a pas vraiment envie de faire...

  • Speaker #0

    Si ce n'est pas sa priorité, l'établissement ne fera pas appel. Après, de plus en plus, il y a des profs qui se forment aussi au sein des établissements, donc ils font eux-mêmes les séances.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a des demandes de la part des parents ?

  • Speaker #0

    Nous, c'est vraiment nos interlocuteurs, c'est vraiment les établissements. Après les parents, on a très peu affaire à eux. On a affaire à eux que quand justement ils ne veulent pas. Quand il y a des petits soulèvements de parents qui ont entendu... Alors c'est très rare, mais ça arrive que... Je ne sais pas, il y a un parent qui a entendu parler du fait qu'on venait dans l'établissement de son enfant et qu'il veut... savoir ce qu'on va dire. C'est jamais trop agressif, mais en tout cas, c'est des petites craintes parce qu'il y a plein de fake news et de rumeurs qui circulent autour de qu'est-ce que c'est l'éducation à la sexualité, est-ce qu'on va apprendre à se masturber, des trucs comme ça qui circulent, des fausses croyances. Donc il faut essayer de détricoter ces rumeurs et de leur expliquer ce qu'on dit. Donc on leur explique nos thématiques, un peu ce que je t'ai dit. Enfin, on leur fait un peu le déroulé de... de ce qu'on évoque avec les enfants ou les ados, et puis de pourquoi c'est important.

  • Speaker #1

    Donc c'est des parents qui nous écoutent et qui ont envie de t'avoir... Ils peuvent faire appel à l'établissement, ils peuvent aller voir les professeurs.

  • Speaker #0

    Complètement, ils peuvent carrément en discuter avec le directeur d'établissement ou les CPE. S'il n'y a rien qui se fait dans l'établissement, n'hésitez pas à aller là. On encourage. Tu auras du travail.

  • Speaker #1

    On remettra le nom de ton asso dans le lien du podcast. Je voulais te poser une question par rapport aux enfants à l'école. Quel style de questions ils te posent le plus en tant que fille et en tant que garçon ? Est-ce que ça change un peu ?

  • Speaker #0

    Oui. Oui, oui, ça peut changer. Oui, bien sûr. Les garçons... Alors, j'essaie de rassembler, de résumer un peu. En gros, les questions, ça va beaucoup tourner autour du corps quand même. Genre comment ça fonctionne. Enfin, il y en a, ils ont vraiment peu de notions sur le corps. et notamment les organes génitaux, comment ils fonctionnent. Genre le clitoris, ils ne savent pas toujours où ça se trouve. Comment stimuler, comment procurer du plaisir ? Ils ont plein de questions là-dessus. Sur leur pénis, ils ont plein de questions aussi. Et ils ont quand même aussi pas mal de questions sur le porno. Genre qu'est-ce qui est exagéré dans le porno ? Est-ce que vraiment ça se passe comme ça ? Est-ce qu'on peut tenir aussi longtemps ? Est-ce que tenir aussi longtemps en érection sans éjaculer, etc. Au niveau des performances, ils ont pas mal de questions. Sur aussi qu'est-ce qu'on attend de nous en tant que garçons, qu'est-ce qu'on attend de nous en tant que filles, qu'est-ce qu'on attend de nous dans une relation sexuelle, en fonction un peu de ce qu'ils voient dans le porno. Donc ouais, les questions, après il y en a plein, mais ça retourne quand même très souvent autour du corps. Le porno, ça revient beaucoup aussi. Et il y a un truc qui les agite beaucoup, c'est les orientations sexuelles et surtout les identités de genre.

  • Speaker #1

    C'est-à-dire ? Ils ont envie de savoir ?

  • Speaker #0

    Alors bon, là, c'est souvent des jeunes qui peuvent tenir un peu des propos un peu transphobes ou homophobes. En fait, ils ont du mal à accepter l'existence de personnes qui ne vivent pas les choses comme eux. Ça leur paraît complètement étranger et donc bizarre. Et donc parfois, ils peuvent avoir des propos difficiles. Donc ça, c'est quelque chose qui obsède beaucoup les ados. Alors après, t'as des ados qui sont hyper au fait de ces questions-là. En fait, vraiment, une intervention fait pas l'autre. Des fois, tu tombes dans une classe ou un établissement où les jeunes sont hyper déconstruits sur ces questions. Ils ont beaucoup réfléchi, ils ont accès à beaucoup de ressources. Du coup, on peut partir loin dans les sujets, on peut discuter, élaborer et tout, et ça les passionne. Puis peut-être trois jours après, tu vas tomber dans un établissement où ils vont faire des appels à la haine, où ils vont tenir des propos très, très, très, très, très, très limites, très violents. Donc ça les agite dans un sens ou dans l'autre, soit dans le positif, dans le fait d'aller plus loin dans les infos, etc. Soit dans le fait que ça ne devrait pas exister, ils ne comprennent pas pourquoi. On sent que ça les excite un peu, je ne sais pas ce que ça leur renvoie, mais il y a des trucs intéressants qui se jouent.

  • Speaker #1

    Et chez les filles ?

  • Speaker #0

    Chez les filles, on est beaucoup aussi sur les orientations. Ça, c'est un peu commun aux deux. Je remarque quand même vraiment très fréquemment que les filles sont beaucoup plus dans... J'allais dire l'acceptation, mais c'est pas ça qui me plaît comme mot. C'est pas le mot que je voudrais employer, mais en tout cas, elles sont beaucoup plus dans la compréhension de ces questions-là de genre et de sexualité. Bon, c'est pas non plus... Enfin, il arrive qu'il y ait des filles qui tiennent des propos homophobes ou transphobes, mais dans une classe, quand les mecs, souvent, quand les mecs tiennent des propos comme ça, c'est souvent les filles qui modèrent un petit peu. Après, sinon, les filles, c'est qu'elles posent beaucoup de questions sur le corps, les règles, l'endométriose, il y a beaucoup de... Le fait de ne pas ressentir de plaisir aussi, est-ce que c'est normal ? Ça, ça tourne beaucoup autour de ça, souvent. Le porno, un peu moins. Forcément, c'est plus tabou pour une fille de regarder du porno, surtout à cet âge-là. Si, les filles vont aussi beaucoup parler des violences sexuelles et sexistes. Ouais, si, les filles, le consentement, les violences, c'est quelque chose qui les anime beaucoup. Le respect, tout ça, toutes ces questions-là, en général, elles sont bien... À ce moment-là, elles sont assez actives à ce moment-là de l'intervention, quand on aborde ces sujets-là.

  • Speaker #1

    Comment on t'explique une meilleure acceptation et une compréhension de la part des filles ?

  • Speaker #0

    Alors là, je vais partir dans des trucs, mais bon... Je pense que... Point commun entre les personnes LGBT+, et les femmes, c'est que toutes ces personnes vivent du sexisme, en fait, elles font partie de ce qu'on appelle des minorités de genre, et du coup elles vivent, par exemple, prenons un homme gay, il va vivre du sexisme dans le sens où, en fait, comme il ne correspond pas à la norme masculine qui est d'être le... d'être en couple avec une femme, d'être dans une forme de domination. Alors je dis pas qu'il n'y a pas de domination chez les mecs LGBT, enfin chez les mecs gays, mais voilà. Et puis pour peu que... Enfin voilà, il faut être le pénétrant, il faut être le dominant. Enfin voilà, donc si tu t'éloignes un peu de ces codes-là, t'es tout de suite un peu suspect par rapport aux normes de genre. Donc je pense que peut-être le point commun... Enfin peut-être qu'elles sont plus... compréhensives par rapport à ces questions-là et plus dans le... Oui, dans la compréhension, parce que il y a une espèce de... Je sais pas, moi, de complicité. Genre, c'est un peu le monde des bisonneurs, mais je sais pas, je me dis qu'il y a peut-être quand même quelque chose de cet ordre-là. C'est-à-dire, elles vivent des oppressions aussi.

  • Speaker #1

    Ça ressemble. D'accord. Écoute, merci beaucoup d'avoir répondu à cette question. Bonus. du coup Sophie on arrive à la fin du podcast c'est la question finale de qu'est-ce que tu aimerais dire au Robert qui nous écoute s'il était à côté de toi aujourd'hui et ben du coup dans la lignée de ce qu'on vient de se dire je pense ça ne surprendra pas mais

  • Speaker #0

    je dirais au Robert éduquez-vous éduquez-vous pour que la société soit plus cool pour qu'on vive tous dans un monde un peu plus un peu plus beau

  • Speaker #1

    Et comment ils pourraient s'éduquer à travers ?

  • Speaker #0

    Lisez un bouquin, les Robert.

  • Speaker #1

    On a déjà sorti ça. C'était pas la première à me le dire, ça, en fait. Lisez, lisez. Non, bah oui, j'imagine qu'il y a plein de sources, mais est-ce que ça les intéresse ? Enfin, tu vois, comment...

  • Speaker #0

    Comment susciter l'envie du Robert ?

  • Speaker #1

    Oui, oui.

  • Speaker #0

    Ouais, ouais, carrément. Non, mais déjà, je repars sur mes trucs, mais je pense que si on faisait vraiment ces séances-là, du CP à la terminale, c'est que toutes leurs... Pour les élèves qui vont jusqu'à la terminale, mais en tout cas, ça fait qu'une bonne partie de leur scolarité et de leur vie, quand même, les enfants, que ce soit garçons ou filles, ils auraient accès quand même à des ressources. Parce que moi, je suis persuadée que c'est pas en les venant voir une fois dans leur scolarité, je sais pas moi, en troisième, ça sert à rien, en fait. Oui, c'est mieux que rien, mais en fait, il faudrait que ce soit... Ces sujets-là, il faut qu'ils soient rabâchés, il faut que ça fasse partie de leur mécanisme de... de pensée. Il ne faut pas que ce soit une fois quelqu'un qui se ramène et qui vient leur dire parce que ça, c'est très limité comme intérêt. Donc, si ça faisait partie vraiment de leur cursus de vie...

  • Speaker #1

    Comme une vraie matière, en fait. Les Français ne peuvent pas être des maths.

  • Speaker #0

    Ça s'inscrirait dans une matière comme ça. Ce serait hyper... Enfin, moi, je suis persuadée que les prochaines générations, il y aurait quand même moins ces problèmes-là. Il y en aurait toujours, évidemment, mais... Pour moi, l'éducation, c'est la clé.

  • Speaker #1

    C'est la racine.

  • Speaker #0

    Éduquez-vous, mais dans tous les sens. Éduquez-vous et éduquons-les. Non, mais je veux dire, ce n'est pas pour être présomptueux avec les Robert. Tout le monde a besoin d'être éduqué à ces sujets-là, les garçons, les filles. En tout cas,

  • Speaker #1

    si on les prend à la racine, les Robert, déjà...

  • Speaker #0

    Bien sûr, il faut les mater. Non, mais oui, bien sûr, parce que c'est vite trop tard. Une fois que tu as intégré tous les mécanismes sociaux du patriarcat... C'est compliqué. Après, il y a plein d'adultes qui se déconstruisent. Mais il faut faire les bonnes rencontres, il faut avoir les ressources. Ce n'est pas donné à tout le monde.

  • Speaker #1

    Tout n'est pas perdu, même si tu es un Robert d'après-guerre.

  • Speaker #0

    Tu peux changer, tu es Robert.

  • Speaker #1

    Tu peux toujours t'intéresser.

  • Speaker #0

    Bien sûr.

  • Speaker #1

    C'est une question de volonté, j'imagine, et de curiosité. Oui. Tout à fait. En tout cas, merci beaucoup pour toutes tes réponses aujourd'hui. Et j'en mettrai le lien de ton asso dans la description de l'émission.

  • Speaker #0

    Sachez que nous n'intervenons que dans la région Auvergne-Rhône-Alpes.

  • Speaker #1

    Mais j'imagine que dans les autres régions aussi.

  • Speaker #0

    Oui, il y a plusieurs asso. Il n'y en a pas plein. Tous les départements ne sont pas couverts. Et il en faudrait plus, ça c'est sûr. Pour aider les Robert.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Sophie.

  • Speaker #0

    De rien.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est la fin de cet épisode. J'espère que ça vous a plu. Merci d'être resté jusqu'au bout. Ça me fait vraiment super chaud au cœur. N'hésitez pas à me retrouver sur Instagram, sur le compte Have You Met Robert pour découvrir tous les nouveaux épisodes qui vont sortir et surtout pour me contacter directement si vous avez envie pour participer. au podcast, racontez vos histoires, vos récits. C'est avec vos témoignages que le podcast se fait. Je serais ravie, ravie de vous interviewer. Je pense que toutes les histoires sont importantes à raconter. N'hésitez pas, je répondrai à tous vos messages. Je vous remercie encore pour votre écoute et à très vite.

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