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HELIOS INTERVIEW : POLICE EN VRAC, QUESTIONS FRONTALES ET ENTOURAGE

HELIOS INTERVIEW : POLICE EN VRAC, QUESTIONS FRONTALES ET ENTOURAGE

21min |06/07/2025
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21min |06/07/2025
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Description

Salut à tous et bienvenue dans Helios Podcast !

Je m'appelle Antranik, je ne suis pas journaliste ni psychologue, et ici, on parle de tout, sans format imposé. Ce podcast n'a pas de case : les sujets changent, les angles aussi.

Solo, interview, discussion… peu importe la forme tant que tu retiens quelque chose.

Un jour ce sera un claque, un autre, une réflexion.

Helios Podcast, c'est comme ca ici !

Instagram : https://www.instagram.com/helios.podcast/?utm_source=ig_web_button_share_sheet


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Salut à tous, bienvenue dans Helios Podcast. Je m'appelle Antranik, je ne suis pas journaliste, ni psychologue, et ici, on parle de tout, sans format imposé. Ce podcast n'a pas de case. Les sujets changent, les angles s'y. Solo, interview, discussion, peu importe la forme tant que tu retiens quelque chose. Un jour, ce sera une claque, un autre, une réflexion. Helios Podcast, c'est comme ça ici. Salut à tous, bienvenue dans la seconde partie de l'interview de Margot. Si tu n'as pas encore écouté la première, je te conseille de commencer par là. On y parle de la rencontre, de l'agression et de l'homme qu'elle a croisé sur Tinder. Comme toujours, rien n'est diffusé sans l'accord de la personne concernée. Tout ce que tu veux entendre ici a été écouté et validé en amont. Les sujets traités ne sont pas forcément simples à écouter. Alors prends des pauses si tu en as besoin. Pour rappel, ici, on ne juge pas, on écoute. Dans cette seconde partie, on va parler du signalement sur Tinder, du dépôt de plainte et des questions de la police. Mais on va aussi parler des réactions de son entourage et de leur importance. Et enfin, comment elle va aujourd'hui ? Si tu veux approfondir certains points ou lire des analyses et des extraits, tout se passe sur Instagram. Bonne écoute ! T'as parlé de tout ce qui est arrivé. Est-ce que t'as porté plainte ?

  • Speaker #1

    Comme je l'ai dit, en racontant, oui, je suis allée porter plainte. Donc quand mon amie m'a suggéré l'idée... Il m'a quand même fallu encore, je pense, deux semaines après. Il faut appeler son colocataire. Ça m'a aidée parce que je n'ai pas eu à lui raconter tout. Je lui ai dit, si je vais porter plainte, qu'est-ce qui va m'arriver ? Comment ça va se passer ? Qu'est-ce qu'il faut que j'ai en avance ? Sachant qu'on était déjà bien trois semaines après les événements. Et donc, tout ce qui était constat médical ou autre, c'était un truc de mettre au tard.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'à ce moment-là, il t'avait supprimé sur...

  • Speaker #1

    Ah oui, je l'avais signalé, t'as raison.

  • Speaker #0

    T'as raison de me le rappeler. quand même le signaler.

  • Speaker #1

    en fait j'avais après l'avoir raconté à mes cousines donc 3 jours après j'avais envoyé un mail au service support de Tinder en disant il m'est arrivé un événement malheureux avec un date que j'ai eu sur Tinder qui m'a supprimé avant que je ne puisse le signaler mais je souhaite le signaler parce que ce qu'il a fait n'est pas correct est-ce que vous pouvez m'aider ? il m'avait répondu je crois le lendemain merci pour votre signalement avec votre description de la personne nous avons retrouvé... son profil sur votre historique. Nous avons supprimé son compte. Si vous décidez d'aller plus loin dans ce signalement et d'aller en référer à la police, nous pourrons tout à fait apporter nos éléments aux enquêteurs si vous leur communiquez telle adresse ou nous joindre.

  • Speaker #0

    Ok. Ça, je trouve que c'est important, du coup. Tu as, entre guillemets, juste eu à signaler la personne, à expliquer ce qui s'est passé. Eux, ils t'ont cru. Ils t'ont dit qu'ils l'ont bloqué. Ils t'ont dit, on est ouvert, on est disponible plutôt. pour fournir des éléments, si il y a une potentielle enquête.

  • Speaker #1

    C'était ça. On se tient disponible aux enquêteurs, pour les enquêteurs, si vous décidez d'aller plus loin.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Je pense aujourd'hui que les applications de rencontre n'ont pas le choix de réagir comme ça. Je pense qu'il y a tellement d'abus dans les deux sens qui sont obligés de croire les personnes qui signalent, comme moi, ce genre d'individu ou ce genre d'événement sur parole et de faire ce qu'il faut. Que eux, ça les aide à sécuriser, entre guillemets. Ils ne peuvent pas se permettre de prendre de pincettes là-dessus.

  • Speaker #0

    Pénalement, ou dans la loi, je ne sais pas s'il y a une obligation qui les oblige à faire plus.

  • Speaker #1

    Je ne pense pas. Enfin, s'il n'y a plus de filles sur l'application...

  • Speaker #0

    Oui, ça s'écroule.

  • Speaker #1

    Il n'y a plus d'intérêt, il n'y a plus rien.

  • Speaker #0

    Je le dis maintenant parce que j'y pense, mais j'ai commencé un petit peu à regarder. De ce que j'ai compris, Tinder appartient à Match Group, qui possède d'autres applications de rencontre. Ceux qui sont signalés sur une application ne sont pas forcément... signalé sur toutes les applications.

  • Speaker #1

    Même, je ne pense pas.

  • Speaker #0

    Oui, mais vu que ça appartient au même groupe, moi, je me dis que si un profil est signalé pour de tels actes sur une application, il devrait être signalé sur toutes les autres.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai.

  • Speaker #0

    Du coup, pour en revenir sur les démarches judiciaires, on est trois semaines après, c'est là que tu décides d'aller porter plainte.

  • Speaker #1

    D'appeler son coloc, qui clairement me... Je vais utiliser un mot, c'est pas forcément la bonne signification, mais je vais dire me motive à aller porter plainte. En gros, il me laisse transparaître ça comme quelque chose qui n'était pas aussi compliqué qu'on nous le fait paraître dans les médias. Quand on parle des plaintes pour agression sexuelle et autres, comme quoi on est reçu à la police comme des menteuses, comme des filles qui l'avent cherchée par nos tenues. Il me rassure là-dessus, et je pense que c'est ce qui finit de me convaincre, de me dire, entre guillemets, dommage pour toi, mais... et les autres. Et du coup, effectivement, je prends rendez-vous au commissariat à côté de mon boulot. Et entre-temps, je n'avais parlé à une autre cousine dont j'étais assez proche et qui, elle, était en congé maternité, donc plutôt disponible. Elle me dit, je peux t'accompagner sans problème si tu ne veux pas être seule là-dedans. Quand je suis arrivée au commissariat, bien sûr, il y a eu un binz dans le rendez-vous. Donc en fait, eux, ils n'avaient pas de rendez-vous pour moi et en théorie, ils étaient complets avec d'autres rendez-vous.

  • Speaker #0

    C'est quoi cette organisation ?

  • Speaker #1

    Je ne sais pas. Et que j'ai dit, je voudrais porter plainte pour viol. J'ai vu dans leur regard qu'ils paniquaient un peu. Et le petit jeune qui s'occupait un peu des gens qui arrivaient me dit, on ne va pas vous laisser repartir même s'il y a eu un problème de rendez-vous ou quoi. On va prendre votre plainte. On s'organise un peu contre une salle. Et je sentais qu'il était perdu dans ce qu'il devait faire, comment il devait le faire.

  • Speaker #0

    Il n'y a pas eu de formation spéciale pour ce type de plainte.

  • Speaker #1

    Non. En fait, je le sentais perdu. Et surtout, un peu, je pense, impressionné. Je pense qu'il voulait bien faire les choses. Il s'est dit, bon, il y a eu un bug avec son rendez-vous, mais on va la recevoir, on ne va pas la laisser venir pour rien. Je pense qu'il a dû se dire, il lui a fallu déjà du courage pour venir jusqu'ici. Dans ce sens-là, j'ai trouvé ça bien. Je suis quand même restée deux heures avec lui. Dans leur service, il n'avait pas la structure pour les plaintes pour viol.

  • Speaker #0

    Donc,

  • Speaker #1

    il m'a dit, ce que je peux faire, c'est prendre une main courante. Et quand la main courante va être, entre guillemets, instruite, là, le commissariat qui a le service adapté vous appellera pour officialiser en plainte, si vous le souhaitez toujours.

  • Speaker #0

    Ok. Idéalement, c'est mieux d'aller directement dans un commissariat où il y a ce genre de service, mais tu ne peux pas le savoir.

  • Speaker #1

    Oui, mais du coup, lui qui était mal à l'aise de se rendre compte de ça et que forcément, ça n'a pas été spécifié dans ma réservation de rendez-vous ou ce que tu veux, me dit que moi je prenne une main courante le plus détaillée possible pour que le commissariat qui devra l'instruire en plainte, que ça soit juste une transposition, vous n'ayez qu'à y aller pour signer et basta.

  • Speaker #0

    Pour pas que tu aies forcément à te répéter...

  • Speaker #1

    Voilà, moi j'étais au moins agréablement surprise du gars qui faisait tout pour me faciliter aussi la suite des démarches, sachant que j'étais pas au bon endroit, pas au bon moment, enfin voilà.

  • Speaker #0

    Et quand t'avais pris le rendez-vous,

  • Speaker #1

    ils t'ont pas montré pourquoi c'était... J'avais dit... Je pense que j'avais dû renseigner et déposer une plainte. Je sais pas si j'avais spécifié plainte pour viol. Et trois jours après, le commissariat du 14e m'appelle pour me dire on a reçu votre main courante, on aurait quelques questions complémentaires à vous poser. Complétez cet élément et officialisez la plainte. Ok. Là déjà je sens que je suis reçue par un mec qui connaît le métier.

  • Speaker #0

    C'est une bonne ou une mauvaise chose ? Tu n'arrives pas à... Après, comment tu le dis ?

  • Speaker #1

    Ça a été un peu les deux. C'est-à-dire que sur le coup, ça m'a fait monter un coup de stress parce que je me suis dit « Ah, putain, en fait, c'est là que je vais voir ce monde qu'on diabolise dans les médias, des policiers qui se foutent de la gueule des filles ou qui mettent la faute sur elles dans leur dépôt de plainte. » J'ai eu cette impression-là en voyant le commissaire qui m'a reçu parce qu'on sentait qu'il avait de l'expérience et il était vachement plus, on va dire, je veux dire froid, mais je pense que... On comprend ce que je veux dire, mais...

  • Speaker #0

    Oui, vu qu'il a l'expérience, il reçoit la chose moins personnellement. Et du coup, il est plus formel.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    et factuel. Et du coup, ça peut créer une sorte de distance, peut-être, avec toi qui as peut-être besoin de plus d'humains là-dedans, je ne sais pas.

  • Speaker #1

    Je pense qu'il lui est un peu de ça, nous concernant. Mais au début, je me dis, bon, au moins, il sait ce qu'il fait, lui, par rapport à l'autre, malgré toute la bonne volonté qu'il y mettait. Et là, on se lance dans un entretien qui a duré plus de trois heures.

  • Speaker #0

    Plus long que la première pour des questions soi-disant complémentaires. Voilà. J'imagine que tu as du tout réexpliquer pour vérifier que tu avais changé de discours.

  • Speaker #1

    Trois heures parce qu'on a passé en revue tout le procès verbal. Et il m'a posé des questions complémentaires, mais en fait pour aller plus loin. Et on en est arrivé à ces fameuses questions. En tout cas, vous ne l'avez pas vu dehors. Tu sens qu'il n'a pas de temps à perdre. Et je lui dis, en fait, vous avez lu le procès verbal comme moi.

  • Speaker #0

    Surtout que vous l'aviez repassé, vous l'aviez relu avant.

  • Speaker #1

    Oui, en plus, on a repassé les événements ensemble.

  • Speaker #0

    Mais il te repose quand même cette question alors que tu l'avais précisé que...

  • Speaker #1

    Moi, je n'étais peut-être pas autant entrée dans les détails, mais j'avais précisé que dans le procès verbal apparaissait bien le fait que le mec avait été violent vis-à-vis de moi.

  • Speaker #0

    C'était écrit.

  • Speaker #1

    Mais lui me dit, pourquoi vous ne l'avez pas mis dehors ? Là, je me rappelle très bien physiquement comment j'ai réagi, c'est-à-dire que je me suis refermée sur moi, je me suis adossée à ma chaise. Et je l'ai regardé, je lui ai dit pardon. Je lui ai dit, je lui ai dit, mais en fait, vous sous-entendez quoi ? Vous sous-entendez que parce que je l'ai pas mis dehors, c'est que je le voulais un peu au fond de moi et que du coup, en fait, c'est pas un viol, c'est juste que j'ai voulu faire Je ne sais pas s'il s'est rendu compte de sa maladresse ou si lui, ça lui a fait se rendre compte de la sincérité de ma démarche. Mais en tout cas, à partir de ce moment-là, il a changé de ton. Et il me dit, écoutez, là, votre réaction, elle est très claire. Mais moi, je suis obligée de poser ces questions-là. Parce que moi, quand j'ai lu le procès verbal, j'ai lu jeune fille d'1m90.

  • Speaker #0

    Il y avait juste une description très distincte, physique, textuelle.

  • Speaker #1

    Et encore physique, voilà, purement... Taille et même morphologie, puisque j'avais dû dire que le garçon en question faisait 1m90 et était plutôt mince, limite frêle.

  • Speaker #0

    Donc ça, c'était précisé dans le procès verbal.

  • Speaker #1

    Et donc, le commissaire me dit, moi, j'ai lu ça. Si l'affaire va être instruite par un juge, le juge, il va lire, il ne va pas vous voir. Si ça va même au tribunal, il aura un a priori sur vous, parce qu'il aura vu une femme d'1m90 qui n'a pas voulu mettre dehors un mec d'1m90.

  • Speaker #0

    La raison pour laquelle... il pose ce genre de questions, c'est pour que la personne qui ne te connait pas, qui ne t'a pas vu en vrai qui va lire le dossier puisse prendre la chose sérieusement.

  • Speaker #1

    Ouais. Et du coup je me suis un peu détendue et j'ai essayé d'apporter le maximum de détails qu'il voulait et je sais qu'il y a un élément qu'il a noté vers la fin qui était aussi mon éducation. Ouais. C'est tout bête mais il me l'a dit, ça c'est pareil ça transparaît pas à l'écrit mais moi là qui vous rends compte je me rends compte aussi que votre éducation a pu jouer sur le fait que vous osiez pas le mettre dehors. Et pour le coup, c'est là où je me dis, ça se voit qu'il a été quand même bien plus formé que l'autre qui n'était pas formé pour recevoir ce genre de plainte. C'est que je pense qu'il n'aurait pas pu le voir en seulement une heure d'entretien. Mais bon, j'avoue que je suis sortie de ces trois heures, j'étais mais rincée.

  • Speaker #0

    Au total, ça fait presque entre cinq et six heures. C'est ça,

  • Speaker #1

    je peux le dire. Les événements se sont passés fin août 2023. J'ai signé ma plainte le 10 octobre 2023.

  • Speaker #0

    C'est assez rapide. Et tu m'as dit que tu avais eu la réponse. Je sais pas s'il y a eu... Entre temps, il s'est passé des choses, mais tu m'as dit que t'avais...

  • Speaker #1

    Entre temps, il s'est rien passé, mais j'avais dit que je voulais être tenue informée des suites de cette plainte, sachant que moi, j'avais rappelé que j'avais signalé sur Tinder, comme j'expliquais tout à l'heure, le profil de la personne, et que les services supports de Tinder m'avaient communiqué une adresse que la police pouvait contacter pour avoir de plus amples informations sur le profil de la personne.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Je savais que j'avais pas d'éléments médicaux ou autres à donner pour alimenter ma plainte, mais j'avais ça. Et dans ma tête... C'était très factuel et concret ce que je leur donnais là. Ils allaient contacter les services support de Tinder et obtenir les informations qu'il leur fallait pour au moins recevoir en audience la personne. Et début janvier 2024, trois mois après à peine, je reçois une lettre du parquet du tribunal judiciaire de Paris qui m'annonce que ma plainte est classée sans suite parce qu'il n'y a pas suffisamment d'éléments selon eux pour instruire un procès, ni même d'envisager des, voilà, ils me disent, des poursuites pénales à l'encontre du mis en cause. J'avoue que cette lettre-là à recevoir début 2024 m'a foutu un coup moral plus violent que la décision d'aller porter plainte ou autre. Là je me suis dit, ok, les trois rendez-vous, les six heures passées au commissariat pour officialiser ma plainte m'ont semblé énorme pour trois mois d'attente et un document qui me dit bah démerdez-vous, vous pouvez contester hein, mais nous on vous dit qu'en gros ça sert à rien.

  • Speaker #0

    Surtout que comme tu as dit, tu n'as eu aucune information entre temps sur... Rien. Est-ce qu'ils ont contacté ? Est-ce qu'ils ont trouvé quelqu'un ? Est-ce qu'ils ont eu des réponses ? Est-ce que si ? Tu n'as rien dit, ils t'ont juste dit, on classe sans suite. Tu m'as dit que ça t'avait peut-être fait changer de point de vue sur la justice ?

  • Speaker #1

    En fait, il y a eu deux prises d'avis pendant toute cette démarche. La première, c'était pendant que j'allais faire mon procès verbal, mon dépôt de plainte, ma signature de dépôt de plainte et autres. Je me suis rendue compte qu'il y avait quand même toute une prise de conscience qui avait été faite, en tout cas moi auprès des personnes avec qui j'ai pu échanger et voir. sur l'accompagnement psychologique à faire auprès des victimes et le fait que pas n'importe qui ne pouvait recevoir ce type de plainte.

  • Speaker #0

    Dans ce genre de cas, c'est quoi le mieux entre quelqu'un qui est très humain ou quelqu'un qui est trop robotique ?

  • Speaker #1

    Je pense que ça dépend de beaucoup de choses. Ça dépend de à quel moment tu es dans ton processus de reconstruction, de tu peux être robotique mais intelligent. Je pense que trop impliquer, c'est un coup à revivre trop.

  • Speaker #0

    Tu as besoin que la personne en face arrive à encaisser les choses. pour que toi, tu puisses discuter avec lui et être dans un environnement de confiance.

  • Speaker #1

    Le plus qu'il y avait, le deuxième policier que j'ai pu voir, le commissaire, qui était vachement plus robotique, mais au moins, il avait un côté rassurant. OK. À connaître les procédures, à savoir ce qu'il fallait demander. Il y avait un côté où je savais que ce que je lui disais à lui, je n'avais pas le répété quatre fois.

  • Speaker #0

    OK. De ton point de vue, en tout cas, les gens que tu as rencontrés, c'était plutôt bienveillant ?

  • Speaker #1

    Même si au début, c'est parce que je me suis dit, puisque comme je le disais tout à l'heure, avec les questions qu'il m'a posées le commissaire. Ça veut dire qu'il remettait en question ce que je disais. alors que non, je l'ai vu comme ça sur le coup. Si je fais tout ce processus-là de porter plainte, c'est pas pour que mes propos soient mal interprétés ou pour que on se fasse une fausse idée, en fait, de... qui je suis et en fait de quelle est ma vraie démarche derrière quoi. Qui était que ça puisse pas arriver à quelqu'un d'autre. Et d'ailleurs ça fait partie des dernières questions du dépôt de plantes qui étaient dans quel but déposez-vous plantes ? Je déposais plantes juste pour qu'ils ne puissent plus nuire à d'autres personnes.

  • Speaker #0

    Qu'ils soient catégorisés comme violents, dangereux. Oui. Tu m'as dit que ça t'avait aussi fait changer ton point de vue sur la police. Toi c'est quoi la différence que tu vois entre justice et police dans ce cas ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'il manque de moyens. Je pense que les applications de rencontre ont fait un tel raz-de-marée que la justice est sous-dimensionnée. Les services de justice sont sous-dimensionnés pour analyser correctement tous ces dépôts de plainte. Soudain entendu, j'ai donné une adresse des services support de Tinder. Je pense qu'ils n'ont jamais contacté ce service-là. Par manque de moyens, manque de temps, sûrement. Et je sais pas si ça aurait changé les choses. Mais je peux pas m'empêcher de me dire, et s'ils l'avaient fait, est-ce que ça aurait pas été 3 mois, mais 6 mois et on m'aurait dit que le gars aurait été au moins banni de toutes les plateformes ou quoi, j'en sais rien.

  • Speaker #0

    Toi, il y a deux choses dont tu voulais parler. Il y a la place de ce sujet dans le débat public et le jugement direct, soit blanc, soit noir, que les gens vont avoir vis-à-vis de la victime quand elle va décider d'en parler.

  • Speaker #1

    Les agressions sexuelles et en particulier celles faites aux femmes, c'est un sujet d'actualité constamment.

  • Speaker #0

    Plus on en parle, plus on a l'habitude d'en parler et donc plus c'est facile et donc plus les gens sont...

  • Speaker #1

    C'est ma théorie, c'est pas que c'est le cas pour tout le monde, mais moi je pense que ça a joué. Et d'ailleurs, et ça fait une liaison un peu avec le deuxième point, mais moi l'une de mes manières de processer ce qui m'est arrivé... comme je l'ai raconté, c'est que dès le lendemain, j'avais besoin de raconter ce qui s'était passé. Même si je ne disais pas tous les détails, j'en disais suffisamment pour que ça choque les gens. Les premiers jours qui ont suivi et les premières fois où je l'ai raconté, c'était plus une recherche de soutien, clairement une manière pour moi de m'aider à prendre conscience de si ce qui s'était passé, c'était normal que je ne me sente pas bien ou si c'est moi qui m'étais fait un film sur à quel point ça pouvait être grave ou pas. Est-ce que de le raconter ça choquait les gens aussi ou est-ce que les gens finalement... Et le dernier élément déclencheur ayant été mon ami avocat qui réellement, enfin quand je l'ai vu choqué, me suis dit qu'effectivement je pouvais pas laisser passer ça. Et plus récemment, je suis allée un week-end chez l'une de mes tantes, qui elle a tendance à avoir des idées assez arrêtées, et en particulier sur tout ce qui est agression sexuelle et autres, elle est un peu de l'ancien temps. Mais pour elle, une femme qui se fait agresser c'est qu'elle l'a cherchée. Et quand on commence à parler un peu des agressions liées aux rencontres faites par ces applications, et que ma tante commence un peu à dire, bah oui mais en même temps si t'es sur une appli de rencontre, finalement c'est que tu cherches un peu à jouer avec le feu, je lui dis, mais en fait non, je peux pas te laisser dire ça. Je peux pas te laisser dire ça, parce que même si tu veux un truc léger, même si, ok je cherchais pas l'homme de ma vie, et je savais, enfin j'étais en mode pas fermée à la rencontre, mais j'ai pas demandé à avoir mal, à avoir... peur. Et donc, je l'ai raconté ce soir-là à ma tante et à ses amis. Et en fait, ma tante de l'entendre, de sa nièce, j'ai vu pour la première fois ma tante choquée. Ça a beau être une grande gueule, là, je l'ai vue complètement ravaler son discours. Elle l'a écoutée et elle s'est dit, ok, je serais peut-être plus systématique que je pouvais l'être.

  • Speaker #0

    Est-ce que toi, t'es passée par des associations ou des groupes de parents ou une thérapie, etc. ?

  • Speaker #1

    J'avais pris le contact du psy et je suis allée voir la psy assez rapidement. Et on s'est vues pendant 2-3 mois, des semaines. et ça m'a fait un bien fou sur accepter que je n'étais pas responsable de ce qui m'était arrivé et que certes, j'avais pas osé le mettre dehors, c'était comme ça et il fallait pas que je remette ça parce que réellement, c'est ce qui choquait les gens quand je racontais l'histoire tout le monde disait, pourquoi t'as pas osé le mettre dehors ? mais j'étais pétrifiée franchement,

  • Speaker #0

    t'en parles et je trouve ça déjà hyper courageux et comme j'ai dit, t'as du cran donc ça montre que t'as fait ce travail-là ouais,

  • Speaker #1

    en tout cas le travail avec la psy m'a fait grandir Merci.

  • Speaker #0

    T'as réussi à transformer ce qui t'est arrivé en quelque chose de positif.

  • Speaker #1

    On peut le dire comme ça.

  • Speaker #0

    T'en as déjà dit plusieurs pendant toute l'interview, mais est-ce que t'aurais des conseils peut-être à donner à celles et ceux qui nous écoutent ?

  • Speaker #1

    Pour moi, c'était la chose la plus naturelle à faire, mais c'est d'en parler. À ses amis, à son frère, à sa sœur, à sa mère, à sa psy. Mais à ses amis, amis lointains, amis proches, cousins éloignés. N'importe qui. Auprès de qui on sent la distance soit suffisante ou soit justement la bonne distance suffisamment proche pour avoir confiance en sa réaction. Je trouve que d'en parler, c'est ce qui est au-delà du fait que ça fait une sorte de prévention géante. C'est aussi, et moi personnellement, ce qui m'a aidé à réellement prendre conscience de la gravité parfois de ce qui peut nous arriver. Après, l'autre conseil aussi que je donnerais, c'est pas pour autant qu'il faut arrêter de vivre. Pour moi, arrêter de vivre, c'est lui donner raison.

  • Speaker #0

    T'assimiles pas les applications à un mauvais événement ou à lui. Tu prends les applications comme ce qu'elles sont, c'est-à-dire un moyen de rencontrer une bande. Et le fait de bannir ces applications, toi, tu le sentirais comme une victoire de sa part, entre guillemets, une influence qu'il aurait eu encore sur toi aujourd'hui. Oui. Une des manières que tu as de montrer que tu vis, c'est-à-dire que tu sois là ou pas, je continuerai à prendre mes propres décisions sans être influencé par toi.

  • Speaker #1

    Et pareil sur le bar où on avait été prendre un verre, ce bar-là, il m'a fallu plusieurs mois avant d'y retourner. Parce qu'à une époque, en tout cas, j'en voulais aussi au bar. de ne pas avoir capté ce mec-là comme un mec malsain.

  • Speaker #0

    Le coup de la colère, c'est normal. Mais voilà. Mais aujourd'hui, tu peux y retourner. Et aujourd'hui,

  • Speaker #1

    je peux y retourner.

  • Speaker #0

    Et donc, une question importante. Aujourd'hui, est-ce que ça va ?

  • Speaker #1

    Oui, entre Annick.

  • Speaker #0

    Voilà, je pense que...

  • Speaker #1

    Ça va très bien. Non, en vrai, d'autres choses se sont passées dans ma vie depuis. Mais je pense que cette histoire a grandement participé à m'aider à prendre pleinement confiance en moi.

  • Speaker #0

    Je veux dire, c'est aussi ta réaction par rapport à ça. Oui,

  • Speaker #1

    oui, c'est la suite qu'il y a eu à l'agression. C'est le...

  • Speaker #0

    Que les gens n'interprètent pas n'importe comment le truc, c'est... Non, non,

  • Speaker #1

    le fait d'aller au bout du dépôt de plainte, le fait de... Voilà, même si, effectivement, je me suis pris un courrier qui m'a fait mal en me disant qu'il n'y avait pas de suite. En fait, même ça, je me suis dit, je ne vais pas m'arrêter à ça. Je suis allée porter plainte, c'était dans un but. Déjà, je suis allée au bout de ce que je pouvais faire. Ce mec m'a fait me sentir comme une moins que rien. Et en fait, malgré ça, après tout le dépôt de plainte, le travail avec la psy et autres, je me dis, mais en fait, d'être allée au bout, quand je vois... la réaction que ça provoque chez les gens quand je leur raconte et qu'ils me disent « Waouh, qu'est-ce que t'es courageuse ! » En fait, ça m'a fait un boost de confiance en moi monstrueux. Et l'image que j'avais sur les hommes, j'étais bien plus timide parce que j'avais une image où les hommes étaient un peu supérieurs aux femmes. Du coup, de subir ça me fait me dire aujourd'hui « Clairement, non. »

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Et du coup, ça me met vachement plus à l'aise avec les hommes parce que ça me met sur un pied de...

  • Speaker #0

    Un pied d'égalité ? Ouais.

  • Speaker #1

    Vous êtes pas mieux que nous ?

  • Speaker #0

    Un être humain est un être humain. Eh ben, merci beaucoup, je pense qu'on a fait le tour. Est-ce que tu voudrais rajouter quelque chose ?

  • Speaker #1

    Non,

  • Speaker #0

    merci. Eh ben, je t'en prie. Merci encore d'avoir raconté tout ça et bon courage pour la suite.

  • Speaker #1

    Merci Antranik.

  • Speaker #0

    Voilà, c'était la seconde et dernière partie de l'histoire de Margot. Merci à elle pour sa confiance. et merci d'avoir pris le temps de nous raconter tout ça. Si tu veux creuser certains points ou revoir des extraits, ça se passe sur Insta, Elios.podcast. D'autres témoignages arrivent bientôt. Merci pour ton écoute, à très vite.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Introduction épisode

    00:31

  • Interview

    01:23

  • Conclusion

    21:32

Description

Salut à tous et bienvenue dans Helios Podcast !

Je m'appelle Antranik, je ne suis pas journaliste ni psychologue, et ici, on parle de tout, sans format imposé. Ce podcast n'a pas de case : les sujets changent, les angles aussi.

Solo, interview, discussion… peu importe la forme tant que tu retiens quelque chose.

Un jour ce sera un claque, un autre, une réflexion.

Helios Podcast, c'est comme ca ici !

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Transcription

  • Speaker #0

    Salut à tous, bienvenue dans Helios Podcast. Je m'appelle Antranik, je ne suis pas journaliste, ni psychologue, et ici, on parle de tout, sans format imposé. Ce podcast n'a pas de case. Les sujets changent, les angles s'y. Solo, interview, discussion, peu importe la forme tant que tu retiens quelque chose. Un jour, ce sera une claque, un autre, une réflexion. Helios Podcast, c'est comme ça ici. Salut à tous, bienvenue dans la seconde partie de l'interview de Margot. Si tu n'as pas encore écouté la première, je te conseille de commencer par là. On y parle de la rencontre, de l'agression et de l'homme qu'elle a croisé sur Tinder. Comme toujours, rien n'est diffusé sans l'accord de la personne concernée. Tout ce que tu veux entendre ici a été écouté et validé en amont. Les sujets traités ne sont pas forcément simples à écouter. Alors prends des pauses si tu en as besoin. Pour rappel, ici, on ne juge pas, on écoute. Dans cette seconde partie, on va parler du signalement sur Tinder, du dépôt de plainte et des questions de la police. Mais on va aussi parler des réactions de son entourage et de leur importance. Et enfin, comment elle va aujourd'hui ? Si tu veux approfondir certains points ou lire des analyses et des extraits, tout se passe sur Instagram. Bonne écoute ! T'as parlé de tout ce qui est arrivé. Est-ce que t'as porté plainte ?

  • Speaker #1

    Comme je l'ai dit, en racontant, oui, je suis allée porter plainte. Donc quand mon amie m'a suggéré l'idée... Il m'a quand même fallu encore, je pense, deux semaines après. Il faut appeler son colocataire. Ça m'a aidée parce que je n'ai pas eu à lui raconter tout. Je lui ai dit, si je vais porter plainte, qu'est-ce qui va m'arriver ? Comment ça va se passer ? Qu'est-ce qu'il faut que j'ai en avance ? Sachant qu'on était déjà bien trois semaines après les événements. Et donc, tout ce qui était constat médical ou autre, c'était un truc de mettre au tard.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'à ce moment-là, il t'avait supprimé sur...

  • Speaker #1

    Ah oui, je l'avais signalé, t'as raison.

  • Speaker #0

    T'as raison de me le rappeler. quand même le signaler.

  • Speaker #1

    en fait j'avais après l'avoir raconté à mes cousines donc 3 jours après j'avais envoyé un mail au service support de Tinder en disant il m'est arrivé un événement malheureux avec un date que j'ai eu sur Tinder qui m'a supprimé avant que je ne puisse le signaler mais je souhaite le signaler parce que ce qu'il a fait n'est pas correct est-ce que vous pouvez m'aider ? il m'avait répondu je crois le lendemain merci pour votre signalement avec votre description de la personne nous avons retrouvé... son profil sur votre historique. Nous avons supprimé son compte. Si vous décidez d'aller plus loin dans ce signalement et d'aller en référer à la police, nous pourrons tout à fait apporter nos éléments aux enquêteurs si vous leur communiquez telle adresse ou nous joindre.

  • Speaker #0

    Ok. Ça, je trouve que c'est important, du coup. Tu as, entre guillemets, juste eu à signaler la personne, à expliquer ce qui s'est passé. Eux, ils t'ont cru. Ils t'ont dit qu'ils l'ont bloqué. Ils t'ont dit, on est ouvert, on est disponible plutôt. pour fournir des éléments, si il y a une potentielle enquête.

  • Speaker #1

    C'était ça. On se tient disponible aux enquêteurs, pour les enquêteurs, si vous décidez d'aller plus loin.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Je pense aujourd'hui que les applications de rencontre n'ont pas le choix de réagir comme ça. Je pense qu'il y a tellement d'abus dans les deux sens qui sont obligés de croire les personnes qui signalent, comme moi, ce genre d'individu ou ce genre d'événement sur parole et de faire ce qu'il faut. Que eux, ça les aide à sécuriser, entre guillemets. Ils ne peuvent pas se permettre de prendre de pincettes là-dessus.

  • Speaker #0

    Pénalement, ou dans la loi, je ne sais pas s'il y a une obligation qui les oblige à faire plus.

  • Speaker #1

    Je ne pense pas. Enfin, s'il n'y a plus de filles sur l'application...

  • Speaker #0

    Oui, ça s'écroule.

  • Speaker #1

    Il n'y a plus d'intérêt, il n'y a plus rien.

  • Speaker #0

    Je le dis maintenant parce que j'y pense, mais j'ai commencé un petit peu à regarder. De ce que j'ai compris, Tinder appartient à Match Group, qui possède d'autres applications de rencontre. Ceux qui sont signalés sur une application ne sont pas forcément... signalé sur toutes les applications.

  • Speaker #1

    Même, je ne pense pas.

  • Speaker #0

    Oui, mais vu que ça appartient au même groupe, moi, je me dis que si un profil est signalé pour de tels actes sur une application, il devrait être signalé sur toutes les autres.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai.

  • Speaker #0

    Du coup, pour en revenir sur les démarches judiciaires, on est trois semaines après, c'est là que tu décides d'aller porter plainte.

  • Speaker #1

    D'appeler son coloc, qui clairement me... Je vais utiliser un mot, c'est pas forcément la bonne signification, mais je vais dire me motive à aller porter plainte. En gros, il me laisse transparaître ça comme quelque chose qui n'était pas aussi compliqué qu'on nous le fait paraître dans les médias. Quand on parle des plaintes pour agression sexuelle et autres, comme quoi on est reçu à la police comme des menteuses, comme des filles qui l'avent cherchée par nos tenues. Il me rassure là-dessus, et je pense que c'est ce qui finit de me convaincre, de me dire, entre guillemets, dommage pour toi, mais... et les autres. Et du coup, effectivement, je prends rendez-vous au commissariat à côté de mon boulot. Et entre-temps, je n'avais parlé à une autre cousine dont j'étais assez proche et qui, elle, était en congé maternité, donc plutôt disponible. Elle me dit, je peux t'accompagner sans problème si tu ne veux pas être seule là-dedans. Quand je suis arrivée au commissariat, bien sûr, il y a eu un binz dans le rendez-vous. Donc en fait, eux, ils n'avaient pas de rendez-vous pour moi et en théorie, ils étaient complets avec d'autres rendez-vous.

  • Speaker #0

    C'est quoi cette organisation ?

  • Speaker #1

    Je ne sais pas. Et que j'ai dit, je voudrais porter plainte pour viol. J'ai vu dans leur regard qu'ils paniquaient un peu. Et le petit jeune qui s'occupait un peu des gens qui arrivaient me dit, on ne va pas vous laisser repartir même s'il y a eu un problème de rendez-vous ou quoi. On va prendre votre plainte. On s'organise un peu contre une salle. Et je sentais qu'il était perdu dans ce qu'il devait faire, comment il devait le faire.

  • Speaker #0

    Il n'y a pas eu de formation spéciale pour ce type de plainte.

  • Speaker #1

    Non. En fait, je le sentais perdu. Et surtout, un peu, je pense, impressionné. Je pense qu'il voulait bien faire les choses. Il s'est dit, bon, il y a eu un bug avec son rendez-vous, mais on va la recevoir, on ne va pas la laisser venir pour rien. Je pense qu'il a dû se dire, il lui a fallu déjà du courage pour venir jusqu'ici. Dans ce sens-là, j'ai trouvé ça bien. Je suis quand même restée deux heures avec lui. Dans leur service, il n'avait pas la structure pour les plaintes pour viol.

  • Speaker #0

    Donc,

  • Speaker #1

    il m'a dit, ce que je peux faire, c'est prendre une main courante. Et quand la main courante va être, entre guillemets, instruite, là, le commissariat qui a le service adapté vous appellera pour officialiser en plainte, si vous le souhaitez toujours.

  • Speaker #0

    Ok. Idéalement, c'est mieux d'aller directement dans un commissariat où il y a ce genre de service, mais tu ne peux pas le savoir.

  • Speaker #1

    Oui, mais du coup, lui qui était mal à l'aise de se rendre compte de ça et que forcément, ça n'a pas été spécifié dans ma réservation de rendez-vous ou ce que tu veux, me dit que moi je prenne une main courante le plus détaillée possible pour que le commissariat qui devra l'instruire en plainte, que ça soit juste une transposition, vous n'ayez qu'à y aller pour signer et basta.

  • Speaker #0

    Pour pas que tu aies forcément à te répéter...

  • Speaker #1

    Voilà, moi j'étais au moins agréablement surprise du gars qui faisait tout pour me faciliter aussi la suite des démarches, sachant que j'étais pas au bon endroit, pas au bon moment, enfin voilà.

  • Speaker #0

    Et quand t'avais pris le rendez-vous,

  • Speaker #1

    ils t'ont pas montré pourquoi c'était... J'avais dit... Je pense que j'avais dû renseigner et déposer une plainte. Je sais pas si j'avais spécifié plainte pour viol. Et trois jours après, le commissariat du 14e m'appelle pour me dire on a reçu votre main courante, on aurait quelques questions complémentaires à vous poser. Complétez cet élément et officialisez la plainte. Ok. Là déjà je sens que je suis reçue par un mec qui connaît le métier.

  • Speaker #0

    C'est une bonne ou une mauvaise chose ? Tu n'arrives pas à... Après, comment tu le dis ?

  • Speaker #1

    Ça a été un peu les deux. C'est-à-dire que sur le coup, ça m'a fait monter un coup de stress parce que je me suis dit « Ah, putain, en fait, c'est là que je vais voir ce monde qu'on diabolise dans les médias, des policiers qui se foutent de la gueule des filles ou qui mettent la faute sur elles dans leur dépôt de plainte. » J'ai eu cette impression-là en voyant le commissaire qui m'a reçu parce qu'on sentait qu'il avait de l'expérience et il était vachement plus, on va dire, je veux dire froid, mais je pense que... On comprend ce que je veux dire, mais...

  • Speaker #0

    Oui, vu qu'il a l'expérience, il reçoit la chose moins personnellement. Et du coup, il est plus formel.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    et factuel. Et du coup, ça peut créer une sorte de distance, peut-être, avec toi qui as peut-être besoin de plus d'humains là-dedans, je ne sais pas.

  • Speaker #1

    Je pense qu'il lui est un peu de ça, nous concernant. Mais au début, je me dis, bon, au moins, il sait ce qu'il fait, lui, par rapport à l'autre, malgré toute la bonne volonté qu'il y mettait. Et là, on se lance dans un entretien qui a duré plus de trois heures.

  • Speaker #0

    Plus long que la première pour des questions soi-disant complémentaires. Voilà. J'imagine que tu as du tout réexpliquer pour vérifier que tu avais changé de discours.

  • Speaker #1

    Trois heures parce qu'on a passé en revue tout le procès verbal. Et il m'a posé des questions complémentaires, mais en fait pour aller plus loin. Et on en est arrivé à ces fameuses questions. En tout cas, vous ne l'avez pas vu dehors. Tu sens qu'il n'a pas de temps à perdre. Et je lui dis, en fait, vous avez lu le procès verbal comme moi.

  • Speaker #0

    Surtout que vous l'aviez repassé, vous l'aviez relu avant.

  • Speaker #1

    Oui, en plus, on a repassé les événements ensemble.

  • Speaker #0

    Mais il te repose quand même cette question alors que tu l'avais précisé que...

  • Speaker #1

    Moi, je n'étais peut-être pas autant entrée dans les détails, mais j'avais précisé que dans le procès verbal apparaissait bien le fait que le mec avait été violent vis-à-vis de moi.

  • Speaker #0

    C'était écrit.

  • Speaker #1

    Mais lui me dit, pourquoi vous ne l'avez pas mis dehors ? Là, je me rappelle très bien physiquement comment j'ai réagi, c'est-à-dire que je me suis refermée sur moi, je me suis adossée à ma chaise. Et je l'ai regardé, je lui ai dit pardon. Je lui ai dit, je lui ai dit, mais en fait, vous sous-entendez quoi ? Vous sous-entendez que parce que je l'ai pas mis dehors, c'est que je le voulais un peu au fond de moi et que du coup, en fait, c'est pas un viol, c'est juste que j'ai voulu faire Je ne sais pas s'il s'est rendu compte de sa maladresse ou si lui, ça lui a fait se rendre compte de la sincérité de ma démarche. Mais en tout cas, à partir de ce moment-là, il a changé de ton. Et il me dit, écoutez, là, votre réaction, elle est très claire. Mais moi, je suis obligée de poser ces questions-là. Parce que moi, quand j'ai lu le procès verbal, j'ai lu jeune fille d'1m90.

  • Speaker #0

    Il y avait juste une description très distincte, physique, textuelle.

  • Speaker #1

    Et encore physique, voilà, purement... Taille et même morphologie, puisque j'avais dû dire que le garçon en question faisait 1m90 et était plutôt mince, limite frêle.

  • Speaker #0

    Donc ça, c'était précisé dans le procès verbal.

  • Speaker #1

    Et donc, le commissaire me dit, moi, j'ai lu ça. Si l'affaire va être instruite par un juge, le juge, il va lire, il ne va pas vous voir. Si ça va même au tribunal, il aura un a priori sur vous, parce qu'il aura vu une femme d'1m90 qui n'a pas voulu mettre dehors un mec d'1m90.

  • Speaker #0

    La raison pour laquelle... il pose ce genre de questions, c'est pour que la personne qui ne te connait pas, qui ne t'a pas vu en vrai qui va lire le dossier puisse prendre la chose sérieusement.

  • Speaker #1

    Ouais. Et du coup je me suis un peu détendue et j'ai essayé d'apporter le maximum de détails qu'il voulait et je sais qu'il y a un élément qu'il a noté vers la fin qui était aussi mon éducation. Ouais. C'est tout bête mais il me l'a dit, ça c'est pareil ça transparaît pas à l'écrit mais moi là qui vous rends compte je me rends compte aussi que votre éducation a pu jouer sur le fait que vous osiez pas le mettre dehors. Et pour le coup, c'est là où je me dis, ça se voit qu'il a été quand même bien plus formé que l'autre qui n'était pas formé pour recevoir ce genre de plainte. C'est que je pense qu'il n'aurait pas pu le voir en seulement une heure d'entretien. Mais bon, j'avoue que je suis sortie de ces trois heures, j'étais mais rincée.

  • Speaker #0

    Au total, ça fait presque entre cinq et six heures. C'est ça,

  • Speaker #1

    je peux le dire. Les événements se sont passés fin août 2023. J'ai signé ma plainte le 10 octobre 2023.

  • Speaker #0

    C'est assez rapide. Et tu m'as dit que tu avais eu la réponse. Je sais pas s'il y a eu... Entre temps, il s'est passé des choses, mais tu m'as dit que t'avais...

  • Speaker #1

    Entre temps, il s'est rien passé, mais j'avais dit que je voulais être tenue informée des suites de cette plainte, sachant que moi, j'avais rappelé que j'avais signalé sur Tinder, comme j'expliquais tout à l'heure, le profil de la personne, et que les services supports de Tinder m'avaient communiqué une adresse que la police pouvait contacter pour avoir de plus amples informations sur le profil de la personne.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Je savais que j'avais pas d'éléments médicaux ou autres à donner pour alimenter ma plainte, mais j'avais ça. Et dans ma tête... C'était très factuel et concret ce que je leur donnais là. Ils allaient contacter les services support de Tinder et obtenir les informations qu'il leur fallait pour au moins recevoir en audience la personne. Et début janvier 2024, trois mois après à peine, je reçois une lettre du parquet du tribunal judiciaire de Paris qui m'annonce que ma plainte est classée sans suite parce qu'il n'y a pas suffisamment d'éléments selon eux pour instruire un procès, ni même d'envisager des, voilà, ils me disent, des poursuites pénales à l'encontre du mis en cause. J'avoue que cette lettre-là à recevoir début 2024 m'a foutu un coup moral plus violent que la décision d'aller porter plainte ou autre. Là je me suis dit, ok, les trois rendez-vous, les six heures passées au commissariat pour officialiser ma plainte m'ont semblé énorme pour trois mois d'attente et un document qui me dit bah démerdez-vous, vous pouvez contester hein, mais nous on vous dit qu'en gros ça sert à rien.

  • Speaker #0

    Surtout que comme tu as dit, tu n'as eu aucune information entre temps sur... Rien. Est-ce qu'ils ont contacté ? Est-ce qu'ils ont trouvé quelqu'un ? Est-ce qu'ils ont eu des réponses ? Est-ce que si ? Tu n'as rien dit, ils t'ont juste dit, on classe sans suite. Tu m'as dit que ça t'avait peut-être fait changer de point de vue sur la justice ?

  • Speaker #1

    En fait, il y a eu deux prises d'avis pendant toute cette démarche. La première, c'était pendant que j'allais faire mon procès verbal, mon dépôt de plainte, ma signature de dépôt de plainte et autres. Je me suis rendue compte qu'il y avait quand même toute une prise de conscience qui avait été faite, en tout cas moi auprès des personnes avec qui j'ai pu échanger et voir. sur l'accompagnement psychologique à faire auprès des victimes et le fait que pas n'importe qui ne pouvait recevoir ce type de plainte.

  • Speaker #0

    Dans ce genre de cas, c'est quoi le mieux entre quelqu'un qui est très humain ou quelqu'un qui est trop robotique ?

  • Speaker #1

    Je pense que ça dépend de beaucoup de choses. Ça dépend de à quel moment tu es dans ton processus de reconstruction, de tu peux être robotique mais intelligent. Je pense que trop impliquer, c'est un coup à revivre trop.

  • Speaker #0

    Tu as besoin que la personne en face arrive à encaisser les choses. pour que toi, tu puisses discuter avec lui et être dans un environnement de confiance.

  • Speaker #1

    Le plus qu'il y avait, le deuxième policier que j'ai pu voir, le commissaire, qui était vachement plus robotique, mais au moins, il avait un côté rassurant. OK. À connaître les procédures, à savoir ce qu'il fallait demander. Il y avait un côté où je savais que ce que je lui disais à lui, je n'avais pas le répété quatre fois.

  • Speaker #0

    OK. De ton point de vue, en tout cas, les gens que tu as rencontrés, c'était plutôt bienveillant ?

  • Speaker #1

    Même si au début, c'est parce que je me suis dit, puisque comme je le disais tout à l'heure, avec les questions qu'il m'a posées le commissaire. Ça veut dire qu'il remettait en question ce que je disais. alors que non, je l'ai vu comme ça sur le coup. Si je fais tout ce processus-là de porter plainte, c'est pas pour que mes propos soient mal interprétés ou pour que on se fasse une fausse idée, en fait, de... qui je suis et en fait de quelle est ma vraie démarche derrière quoi. Qui était que ça puisse pas arriver à quelqu'un d'autre. Et d'ailleurs ça fait partie des dernières questions du dépôt de plantes qui étaient dans quel but déposez-vous plantes ? Je déposais plantes juste pour qu'ils ne puissent plus nuire à d'autres personnes.

  • Speaker #0

    Qu'ils soient catégorisés comme violents, dangereux. Oui. Tu m'as dit que ça t'avait aussi fait changer ton point de vue sur la police. Toi c'est quoi la différence que tu vois entre justice et police dans ce cas ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'il manque de moyens. Je pense que les applications de rencontre ont fait un tel raz-de-marée que la justice est sous-dimensionnée. Les services de justice sont sous-dimensionnés pour analyser correctement tous ces dépôts de plainte. Soudain entendu, j'ai donné une adresse des services support de Tinder. Je pense qu'ils n'ont jamais contacté ce service-là. Par manque de moyens, manque de temps, sûrement. Et je sais pas si ça aurait changé les choses. Mais je peux pas m'empêcher de me dire, et s'ils l'avaient fait, est-ce que ça aurait pas été 3 mois, mais 6 mois et on m'aurait dit que le gars aurait été au moins banni de toutes les plateformes ou quoi, j'en sais rien.

  • Speaker #0

    Toi, il y a deux choses dont tu voulais parler. Il y a la place de ce sujet dans le débat public et le jugement direct, soit blanc, soit noir, que les gens vont avoir vis-à-vis de la victime quand elle va décider d'en parler.

  • Speaker #1

    Les agressions sexuelles et en particulier celles faites aux femmes, c'est un sujet d'actualité constamment.

  • Speaker #0

    Plus on en parle, plus on a l'habitude d'en parler et donc plus c'est facile et donc plus les gens sont...

  • Speaker #1

    C'est ma théorie, c'est pas que c'est le cas pour tout le monde, mais moi je pense que ça a joué. Et d'ailleurs, et ça fait une liaison un peu avec le deuxième point, mais moi l'une de mes manières de processer ce qui m'est arrivé... comme je l'ai raconté, c'est que dès le lendemain, j'avais besoin de raconter ce qui s'était passé. Même si je ne disais pas tous les détails, j'en disais suffisamment pour que ça choque les gens. Les premiers jours qui ont suivi et les premières fois où je l'ai raconté, c'était plus une recherche de soutien, clairement une manière pour moi de m'aider à prendre conscience de si ce qui s'était passé, c'était normal que je ne me sente pas bien ou si c'est moi qui m'étais fait un film sur à quel point ça pouvait être grave ou pas. Est-ce que de le raconter ça choquait les gens aussi ou est-ce que les gens finalement... Et le dernier élément déclencheur ayant été mon ami avocat qui réellement, enfin quand je l'ai vu choqué, me suis dit qu'effectivement je pouvais pas laisser passer ça. Et plus récemment, je suis allée un week-end chez l'une de mes tantes, qui elle a tendance à avoir des idées assez arrêtées, et en particulier sur tout ce qui est agression sexuelle et autres, elle est un peu de l'ancien temps. Mais pour elle, une femme qui se fait agresser c'est qu'elle l'a cherchée. Et quand on commence à parler un peu des agressions liées aux rencontres faites par ces applications, et que ma tante commence un peu à dire, bah oui mais en même temps si t'es sur une appli de rencontre, finalement c'est que tu cherches un peu à jouer avec le feu, je lui dis, mais en fait non, je peux pas te laisser dire ça. Je peux pas te laisser dire ça, parce que même si tu veux un truc léger, même si, ok je cherchais pas l'homme de ma vie, et je savais, enfin j'étais en mode pas fermée à la rencontre, mais j'ai pas demandé à avoir mal, à avoir... peur. Et donc, je l'ai raconté ce soir-là à ma tante et à ses amis. Et en fait, ma tante de l'entendre, de sa nièce, j'ai vu pour la première fois ma tante choquée. Ça a beau être une grande gueule, là, je l'ai vue complètement ravaler son discours. Elle l'a écoutée et elle s'est dit, ok, je serais peut-être plus systématique que je pouvais l'être.

  • Speaker #0

    Est-ce que toi, t'es passée par des associations ou des groupes de parents ou une thérapie, etc. ?

  • Speaker #1

    J'avais pris le contact du psy et je suis allée voir la psy assez rapidement. Et on s'est vues pendant 2-3 mois, des semaines. et ça m'a fait un bien fou sur accepter que je n'étais pas responsable de ce qui m'était arrivé et que certes, j'avais pas osé le mettre dehors, c'était comme ça et il fallait pas que je remette ça parce que réellement, c'est ce qui choquait les gens quand je racontais l'histoire tout le monde disait, pourquoi t'as pas osé le mettre dehors ? mais j'étais pétrifiée franchement,

  • Speaker #0

    t'en parles et je trouve ça déjà hyper courageux et comme j'ai dit, t'as du cran donc ça montre que t'as fait ce travail-là ouais,

  • Speaker #1

    en tout cas le travail avec la psy m'a fait grandir Merci.

  • Speaker #0

    T'as réussi à transformer ce qui t'est arrivé en quelque chose de positif.

  • Speaker #1

    On peut le dire comme ça.

  • Speaker #0

    T'en as déjà dit plusieurs pendant toute l'interview, mais est-ce que t'aurais des conseils peut-être à donner à celles et ceux qui nous écoutent ?

  • Speaker #1

    Pour moi, c'était la chose la plus naturelle à faire, mais c'est d'en parler. À ses amis, à son frère, à sa sœur, à sa mère, à sa psy. Mais à ses amis, amis lointains, amis proches, cousins éloignés. N'importe qui. Auprès de qui on sent la distance soit suffisante ou soit justement la bonne distance suffisamment proche pour avoir confiance en sa réaction. Je trouve que d'en parler, c'est ce qui est au-delà du fait que ça fait une sorte de prévention géante. C'est aussi, et moi personnellement, ce qui m'a aidé à réellement prendre conscience de la gravité parfois de ce qui peut nous arriver. Après, l'autre conseil aussi que je donnerais, c'est pas pour autant qu'il faut arrêter de vivre. Pour moi, arrêter de vivre, c'est lui donner raison.

  • Speaker #0

    T'assimiles pas les applications à un mauvais événement ou à lui. Tu prends les applications comme ce qu'elles sont, c'est-à-dire un moyen de rencontrer une bande. Et le fait de bannir ces applications, toi, tu le sentirais comme une victoire de sa part, entre guillemets, une influence qu'il aurait eu encore sur toi aujourd'hui. Oui. Une des manières que tu as de montrer que tu vis, c'est-à-dire que tu sois là ou pas, je continuerai à prendre mes propres décisions sans être influencé par toi.

  • Speaker #1

    Et pareil sur le bar où on avait été prendre un verre, ce bar-là, il m'a fallu plusieurs mois avant d'y retourner. Parce qu'à une époque, en tout cas, j'en voulais aussi au bar. de ne pas avoir capté ce mec-là comme un mec malsain.

  • Speaker #0

    Le coup de la colère, c'est normal. Mais voilà. Mais aujourd'hui, tu peux y retourner. Et aujourd'hui,

  • Speaker #1

    je peux y retourner.

  • Speaker #0

    Et donc, une question importante. Aujourd'hui, est-ce que ça va ?

  • Speaker #1

    Oui, entre Annick.

  • Speaker #0

    Voilà, je pense que...

  • Speaker #1

    Ça va très bien. Non, en vrai, d'autres choses se sont passées dans ma vie depuis. Mais je pense que cette histoire a grandement participé à m'aider à prendre pleinement confiance en moi.

  • Speaker #0

    Je veux dire, c'est aussi ta réaction par rapport à ça. Oui,

  • Speaker #1

    oui, c'est la suite qu'il y a eu à l'agression. C'est le...

  • Speaker #0

    Que les gens n'interprètent pas n'importe comment le truc, c'est... Non, non,

  • Speaker #1

    le fait d'aller au bout du dépôt de plainte, le fait de... Voilà, même si, effectivement, je me suis pris un courrier qui m'a fait mal en me disant qu'il n'y avait pas de suite. En fait, même ça, je me suis dit, je ne vais pas m'arrêter à ça. Je suis allée porter plainte, c'était dans un but. Déjà, je suis allée au bout de ce que je pouvais faire. Ce mec m'a fait me sentir comme une moins que rien. Et en fait, malgré ça, après tout le dépôt de plainte, le travail avec la psy et autres, je me dis, mais en fait, d'être allée au bout, quand je vois... la réaction que ça provoque chez les gens quand je leur raconte et qu'ils me disent « Waouh, qu'est-ce que t'es courageuse ! » En fait, ça m'a fait un boost de confiance en moi monstrueux. Et l'image que j'avais sur les hommes, j'étais bien plus timide parce que j'avais une image où les hommes étaient un peu supérieurs aux femmes. Du coup, de subir ça me fait me dire aujourd'hui « Clairement, non. »

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Et du coup, ça me met vachement plus à l'aise avec les hommes parce que ça me met sur un pied de...

  • Speaker #0

    Un pied d'égalité ? Ouais.

  • Speaker #1

    Vous êtes pas mieux que nous ?

  • Speaker #0

    Un être humain est un être humain. Eh ben, merci beaucoup, je pense qu'on a fait le tour. Est-ce que tu voudrais rajouter quelque chose ?

  • Speaker #1

    Non,

  • Speaker #0

    merci. Eh ben, je t'en prie. Merci encore d'avoir raconté tout ça et bon courage pour la suite.

  • Speaker #1

    Merci Antranik.

  • Speaker #0

    Voilà, c'était la seconde et dernière partie de l'histoire de Margot. Merci à elle pour sa confiance. et merci d'avoir pris le temps de nous raconter tout ça. Si tu veux creuser certains points ou revoir des extraits, ça se passe sur Insta, Elios.podcast. D'autres témoignages arrivent bientôt. Merci pour ton écoute, à très vite.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Introduction épisode

    00:31

  • Interview

    01:23

  • Conclusion

    21:32

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Description

Salut à tous et bienvenue dans Helios Podcast !

Je m'appelle Antranik, je ne suis pas journaliste ni psychologue, et ici, on parle de tout, sans format imposé. Ce podcast n'a pas de case : les sujets changent, les angles aussi.

Solo, interview, discussion… peu importe la forme tant que tu retiens quelque chose.

Un jour ce sera un claque, un autre, une réflexion.

Helios Podcast, c'est comme ca ici !

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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Salut à tous, bienvenue dans Helios Podcast. Je m'appelle Antranik, je ne suis pas journaliste, ni psychologue, et ici, on parle de tout, sans format imposé. Ce podcast n'a pas de case. Les sujets changent, les angles s'y. Solo, interview, discussion, peu importe la forme tant que tu retiens quelque chose. Un jour, ce sera une claque, un autre, une réflexion. Helios Podcast, c'est comme ça ici. Salut à tous, bienvenue dans la seconde partie de l'interview de Margot. Si tu n'as pas encore écouté la première, je te conseille de commencer par là. On y parle de la rencontre, de l'agression et de l'homme qu'elle a croisé sur Tinder. Comme toujours, rien n'est diffusé sans l'accord de la personne concernée. Tout ce que tu veux entendre ici a été écouté et validé en amont. Les sujets traités ne sont pas forcément simples à écouter. Alors prends des pauses si tu en as besoin. Pour rappel, ici, on ne juge pas, on écoute. Dans cette seconde partie, on va parler du signalement sur Tinder, du dépôt de plainte et des questions de la police. Mais on va aussi parler des réactions de son entourage et de leur importance. Et enfin, comment elle va aujourd'hui ? Si tu veux approfondir certains points ou lire des analyses et des extraits, tout se passe sur Instagram. Bonne écoute ! T'as parlé de tout ce qui est arrivé. Est-ce que t'as porté plainte ?

  • Speaker #1

    Comme je l'ai dit, en racontant, oui, je suis allée porter plainte. Donc quand mon amie m'a suggéré l'idée... Il m'a quand même fallu encore, je pense, deux semaines après. Il faut appeler son colocataire. Ça m'a aidée parce que je n'ai pas eu à lui raconter tout. Je lui ai dit, si je vais porter plainte, qu'est-ce qui va m'arriver ? Comment ça va se passer ? Qu'est-ce qu'il faut que j'ai en avance ? Sachant qu'on était déjà bien trois semaines après les événements. Et donc, tout ce qui était constat médical ou autre, c'était un truc de mettre au tard.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'à ce moment-là, il t'avait supprimé sur...

  • Speaker #1

    Ah oui, je l'avais signalé, t'as raison.

  • Speaker #0

    T'as raison de me le rappeler. quand même le signaler.

  • Speaker #1

    en fait j'avais après l'avoir raconté à mes cousines donc 3 jours après j'avais envoyé un mail au service support de Tinder en disant il m'est arrivé un événement malheureux avec un date que j'ai eu sur Tinder qui m'a supprimé avant que je ne puisse le signaler mais je souhaite le signaler parce que ce qu'il a fait n'est pas correct est-ce que vous pouvez m'aider ? il m'avait répondu je crois le lendemain merci pour votre signalement avec votre description de la personne nous avons retrouvé... son profil sur votre historique. Nous avons supprimé son compte. Si vous décidez d'aller plus loin dans ce signalement et d'aller en référer à la police, nous pourrons tout à fait apporter nos éléments aux enquêteurs si vous leur communiquez telle adresse ou nous joindre.

  • Speaker #0

    Ok. Ça, je trouve que c'est important, du coup. Tu as, entre guillemets, juste eu à signaler la personne, à expliquer ce qui s'est passé. Eux, ils t'ont cru. Ils t'ont dit qu'ils l'ont bloqué. Ils t'ont dit, on est ouvert, on est disponible plutôt. pour fournir des éléments, si il y a une potentielle enquête.

  • Speaker #1

    C'était ça. On se tient disponible aux enquêteurs, pour les enquêteurs, si vous décidez d'aller plus loin.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Je pense aujourd'hui que les applications de rencontre n'ont pas le choix de réagir comme ça. Je pense qu'il y a tellement d'abus dans les deux sens qui sont obligés de croire les personnes qui signalent, comme moi, ce genre d'individu ou ce genre d'événement sur parole et de faire ce qu'il faut. Que eux, ça les aide à sécuriser, entre guillemets. Ils ne peuvent pas se permettre de prendre de pincettes là-dessus.

  • Speaker #0

    Pénalement, ou dans la loi, je ne sais pas s'il y a une obligation qui les oblige à faire plus.

  • Speaker #1

    Je ne pense pas. Enfin, s'il n'y a plus de filles sur l'application...

  • Speaker #0

    Oui, ça s'écroule.

  • Speaker #1

    Il n'y a plus d'intérêt, il n'y a plus rien.

  • Speaker #0

    Je le dis maintenant parce que j'y pense, mais j'ai commencé un petit peu à regarder. De ce que j'ai compris, Tinder appartient à Match Group, qui possède d'autres applications de rencontre. Ceux qui sont signalés sur une application ne sont pas forcément... signalé sur toutes les applications.

  • Speaker #1

    Même, je ne pense pas.

  • Speaker #0

    Oui, mais vu que ça appartient au même groupe, moi, je me dis que si un profil est signalé pour de tels actes sur une application, il devrait être signalé sur toutes les autres.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai.

  • Speaker #0

    Du coup, pour en revenir sur les démarches judiciaires, on est trois semaines après, c'est là que tu décides d'aller porter plainte.

  • Speaker #1

    D'appeler son coloc, qui clairement me... Je vais utiliser un mot, c'est pas forcément la bonne signification, mais je vais dire me motive à aller porter plainte. En gros, il me laisse transparaître ça comme quelque chose qui n'était pas aussi compliqué qu'on nous le fait paraître dans les médias. Quand on parle des plaintes pour agression sexuelle et autres, comme quoi on est reçu à la police comme des menteuses, comme des filles qui l'avent cherchée par nos tenues. Il me rassure là-dessus, et je pense que c'est ce qui finit de me convaincre, de me dire, entre guillemets, dommage pour toi, mais... et les autres. Et du coup, effectivement, je prends rendez-vous au commissariat à côté de mon boulot. Et entre-temps, je n'avais parlé à une autre cousine dont j'étais assez proche et qui, elle, était en congé maternité, donc plutôt disponible. Elle me dit, je peux t'accompagner sans problème si tu ne veux pas être seule là-dedans. Quand je suis arrivée au commissariat, bien sûr, il y a eu un binz dans le rendez-vous. Donc en fait, eux, ils n'avaient pas de rendez-vous pour moi et en théorie, ils étaient complets avec d'autres rendez-vous.

  • Speaker #0

    C'est quoi cette organisation ?

  • Speaker #1

    Je ne sais pas. Et que j'ai dit, je voudrais porter plainte pour viol. J'ai vu dans leur regard qu'ils paniquaient un peu. Et le petit jeune qui s'occupait un peu des gens qui arrivaient me dit, on ne va pas vous laisser repartir même s'il y a eu un problème de rendez-vous ou quoi. On va prendre votre plainte. On s'organise un peu contre une salle. Et je sentais qu'il était perdu dans ce qu'il devait faire, comment il devait le faire.

  • Speaker #0

    Il n'y a pas eu de formation spéciale pour ce type de plainte.

  • Speaker #1

    Non. En fait, je le sentais perdu. Et surtout, un peu, je pense, impressionné. Je pense qu'il voulait bien faire les choses. Il s'est dit, bon, il y a eu un bug avec son rendez-vous, mais on va la recevoir, on ne va pas la laisser venir pour rien. Je pense qu'il a dû se dire, il lui a fallu déjà du courage pour venir jusqu'ici. Dans ce sens-là, j'ai trouvé ça bien. Je suis quand même restée deux heures avec lui. Dans leur service, il n'avait pas la structure pour les plaintes pour viol.

  • Speaker #0

    Donc,

  • Speaker #1

    il m'a dit, ce que je peux faire, c'est prendre une main courante. Et quand la main courante va être, entre guillemets, instruite, là, le commissariat qui a le service adapté vous appellera pour officialiser en plainte, si vous le souhaitez toujours.

  • Speaker #0

    Ok. Idéalement, c'est mieux d'aller directement dans un commissariat où il y a ce genre de service, mais tu ne peux pas le savoir.

  • Speaker #1

    Oui, mais du coup, lui qui était mal à l'aise de se rendre compte de ça et que forcément, ça n'a pas été spécifié dans ma réservation de rendez-vous ou ce que tu veux, me dit que moi je prenne une main courante le plus détaillée possible pour que le commissariat qui devra l'instruire en plainte, que ça soit juste une transposition, vous n'ayez qu'à y aller pour signer et basta.

  • Speaker #0

    Pour pas que tu aies forcément à te répéter...

  • Speaker #1

    Voilà, moi j'étais au moins agréablement surprise du gars qui faisait tout pour me faciliter aussi la suite des démarches, sachant que j'étais pas au bon endroit, pas au bon moment, enfin voilà.

  • Speaker #0

    Et quand t'avais pris le rendez-vous,

  • Speaker #1

    ils t'ont pas montré pourquoi c'était... J'avais dit... Je pense que j'avais dû renseigner et déposer une plainte. Je sais pas si j'avais spécifié plainte pour viol. Et trois jours après, le commissariat du 14e m'appelle pour me dire on a reçu votre main courante, on aurait quelques questions complémentaires à vous poser. Complétez cet élément et officialisez la plainte. Ok. Là déjà je sens que je suis reçue par un mec qui connaît le métier.

  • Speaker #0

    C'est une bonne ou une mauvaise chose ? Tu n'arrives pas à... Après, comment tu le dis ?

  • Speaker #1

    Ça a été un peu les deux. C'est-à-dire que sur le coup, ça m'a fait monter un coup de stress parce que je me suis dit « Ah, putain, en fait, c'est là que je vais voir ce monde qu'on diabolise dans les médias, des policiers qui se foutent de la gueule des filles ou qui mettent la faute sur elles dans leur dépôt de plainte. » J'ai eu cette impression-là en voyant le commissaire qui m'a reçu parce qu'on sentait qu'il avait de l'expérience et il était vachement plus, on va dire, je veux dire froid, mais je pense que... On comprend ce que je veux dire, mais...

  • Speaker #0

    Oui, vu qu'il a l'expérience, il reçoit la chose moins personnellement. Et du coup, il est plus formel.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    et factuel. Et du coup, ça peut créer une sorte de distance, peut-être, avec toi qui as peut-être besoin de plus d'humains là-dedans, je ne sais pas.

  • Speaker #1

    Je pense qu'il lui est un peu de ça, nous concernant. Mais au début, je me dis, bon, au moins, il sait ce qu'il fait, lui, par rapport à l'autre, malgré toute la bonne volonté qu'il y mettait. Et là, on se lance dans un entretien qui a duré plus de trois heures.

  • Speaker #0

    Plus long que la première pour des questions soi-disant complémentaires. Voilà. J'imagine que tu as du tout réexpliquer pour vérifier que tu avais changé de discours.

  • Speaker #1

    Trois heures parce qu'on a passé en revue tout le procès verbal. Et il m'a posé des questions complémentaires, mais en fait pour aller plus loin. Et on en est arrivé à ces fameuses questions. En tout cas, vous ne l'avez pas vu dehors. Tu sens qu'il n'a pas de temps à perdre. Et je lui dis, en fait, vous avez lu le procès verbal comme moi.

  • Speaker #0

    Surtout que vous l'aviez repassé, vous l'aviez relu avant.

  • Speaker #1

    Oui, en plus, on a repassé les événements ensemble.

  • Speaker #0

    Mais il te repose quand même cette question alors que tu l'avais précisé que...

  • Speaker #1

    Moi, je n'étais peut-être pas autant entrée dans les détails, mais j'avais précisé que dans le procès verbal apparaissait bien le fait que le mec avait été violent vis-à-vis de moi.

  • Speaker #0

    C'était écrit.

  • Speaker #1

    Mais lui me dit, pourquoi vous ne l'avez pas mis dehors ? Là, je me rappelle très bien physiquement comment j'ai réagi, c'est-à-dire que je me suis refermée sur moi, je me suis adossée à ma chaise. Et je l'ai regardé, je lui ai dit pardon. Je lui ai dit, je lui ai dit, mais en fait, vous sous-entendez quoi ? Vous sous-entendez que parce que je l'ai pas mis dehors, c'est que je le voulais un peu au fond de moi et que du coup, en fait, c'est pas un viol, c'est juste que j'ai voulu faire Je ne sais pas s'il s'est rendu compte de sa maladresse ou si lui, ça lui a fait se rendre compte de la sincérité de ma démarche. Mais en tout cas, à partir de ce moment-là, il a changé de ton. Et il me dit, écoutez, là, votre réaction, elle est très claire. Mais moi, je suis obligée de poser ces questions-là. Parce que moi, quand j'ai lu le procès verbal, j'ai lu jeune fille d'1m90.

  • Speaker #0

    Il y avait juste une description très distincte, physique, textuelle.

  • Speaker #1

    Et encore physique, voilà, purement... Taille et même morphologie, puisque j'avais dû dire que le garçon en question faisait 1m90 et était plutôt mince, limite frêle.

  • Speaker #0

    Donc ça, c'était précisé dans le procès verbal.

  • Speaker #1

    Et donc, le commissaire me dit, moi, j'ai lu ça. Si l'affaire va être instruite par un juge, le juge, il va lire, il ne va pas vous voir. Si ça va même au tribunal, il aura un a priori sur vous, parce qu'il aura vu une femme d'1m90 qui n'a pas voulu mettre dehors un mec d'1m90.

  • Speaker #0

    La raison pour laquelle... il pose ce genre de questions, c'est pour que la personne qui ne te connait pas, qui ne t'a pas vu en vrai qui va lire le dossier puisse prendre la chose sérieusement.

  • Speaker #1

    Ouais. Et du coup je me suis un peu détendue et j'ai essayé d'apporter le maximum de détails qu'il voulait et je sais qu'il y a un élément qu'il a noté vers la fin qui était aussi mon éducation. Ouais. C'est tout bête mais il me l'a dit, ça c'est pareil ça transparaît pas à l'écrit mais moi là qui vous rends compte je me rends compte aussi que votre éducation a pu jouer sur le fait que vous osiez pas le mettre dehors. Et pour le coup, c'est là où je me dis, ça se voit qu'il a été quand même bien plus formé que l'autre qui n'était pas formé pour recevoir ce genre de plainte. C'est que je pense qu'il n'aurait pas pu le voir en seulement une heure d'entretien. Mais bon, j'avoue que je suis sortie de ces trois heures, j'étais mais rincée.

  • Speaker #0

    Au total, ça fait presque entre cinq et six heures. C'est ça,

  • Speaker #1

    je peux le dire. Les événements se sont passés fin août 2023. J'ai signé ma plainte le 10 octobre 2023.

  • Speaker #0

    C'est assez rapide. Et tu m'as dit que tu avais eu la réponse. Je sais pas s'il y a eu... Entre temps, il s'est passé des choses, mais tu m'as dit que t'avais...

  • Speaker #1

    Entre temps, il s'est rien passé, mais j'avais dit que je voulais être tenue informée des suites de cette plainte, sachant que moi, j'avais rappelé que j'avais signalé sur Tinder, comme j'expliquais tout à l'heure, le profil de la personne, et que les services supports de Tinder m'avaient communiqué une adresse que la police pouvait contacter pour avoir de plus amples informations sur le profil de la personne.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Je savais que j'avais pas d'éléments médicaux ou autres à donner pour alimenter ma plainte, mais j'avais ça. Et dans ma tête... C'était très factuel et concret ce que je leur donnais là. Ils allaient contacter les services support de Tinder et obtenir les informations qu'il leur fallait pour au moins recevoir en audience la personne. Et début janvier 2024, trois mois après à peine, je reçois une lettre du parquet du tribunal judiciaire de Paris qui m'annonce que ma plainte est classée sans suite parce qu'il n'y a pas suffisamment d'éléments selon eux pour instruire un procès, ni même d'envisager des, voilà, ils me disent, des poursuites pénales à l'encontre du mis en cause. J'avoue que cette lettre-là à recevoir début 2024 m'a foutu un coup moral plus violent que la décision d'aller porter plainte ou autre. Là je me suis dit, ok, les trois rendez-vous, les six heures passées au commissariat pour officialiser ma plainte m'ont semblé énorme pour trois mois d'attente et un document qui me dit bah démerdez-vous, vous pouvez contester hein, mais nous on vous dit qu'en gros ça sert à rien.

  • Speaker #0

    Surtout que comme tu as dit, tu n'as eu aucune information entre temps sur... Rien. Est-ce qu'ils ont contacté ? Est-ce qu'ils ont trouvé quelqu'un ? Est-ce qu'ils ont eu des réponses ? Est-ce que si ? Tu n'as rien dit, ils t'ont juste dit, on classe sans suite. Tu m'as dit que ça t'avait peut-être fait changer de point de vue sur la justice ?

  • Speaker #1

    En fait, il y a eu deux prises d'avis pendant toute cette démarche. La première, c'était pendant que j'allais faire mon procès verbal, mon dépôt de plainte, ma signature de dépôt de plainte et autres. Je me suis rendue compte qu'il y avait quand même toute une prise de conscience qui avait été faite, en tout cas moi auprès des personnes avec qui j'ai pu échanger et voir. sur l'accompagnement psychologique à faire auprès des victimes et le fait que pas n'importe qui ne pouvait recevoir ce type de plainte.

  • Speaker #0

    Dans ce genre de cas, c'est quoi le mieux entre quelqu'un qui est très humain ou quelqu'un qui est trop robotique ?

  • Speaker #1

    Je pense que ça dépend de beaucoup de choses. Ça dépend de à quel moment tu es dans ton processus de reconstruction, de tu peux être robotique mais intelligent. Je pense que trop impliquer, c'est un coup à revivre trop.

  • Speaker #0

    Tu as besoin que la personne en face arrive à encaisser les choses. pour que toi, tu puisses discuter avec lui et être dans un environnement de confiance.

  • Speaker #1

    Le plus qu'il y avait, le deuxième policier que j'ai pu voir, le commissaire, qui était vachement plus robotique, mais au moins, il avait un côté rassurant. OK. À connaître les procédures, à savoir ce qu'il fallait demander. Il y avait un côté où je savais que ce que je lui disais à lui, je n'avais pas le répété quatre fois.

  • Speaker #0

    OK. De ton point de vue, en tout cas, les gens que tu as rencontrés, c'était plutôt bienveillant ?

  • Speaker #1

    Même si au début, c'est parce que je me suis dit, puisque comme je le disais tout à l'heure, avec les questions qu'il m'a posées le commissaire. Ça veut dire qu'il remettait en question ce que je disais. alors que non, je l'ai vu comme ça sur le coup. Si je fais tout ce processus-là de porter plainte, c'est pas pour que mes propos soient mal interprétés ou pour que on se fasse une fausse idée, en fait, de... qui je suis et en fait de quelle est ma vraie démarche derrière quoi. Qui était que ça puisse pas arriver à quelqu'un d'autre. Et d'ailleurs ça fait partie des dernières questions du dépôt de plantes qui étaient dans quel but déposez-vous plantes ? Je déposais plantes juste pour qu'ils ne puissent plus nuire à d'autres personnes.

  • Speaker #0

    Qu'ils soient catégorisés comme violents, dangereux. Oui. Tu m'as dit que ça t'avait aussi fait changer ton point de vue sur la police. Toi c'est quoi la différence que tu vois entre justice et police dans ce cas ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'il manque de moyens. Je pense que les applications de rencontre ont fait un tel raz-de-marée que la justice est sous-dimensionnée. Les services de justice sont sous-dimensionnés pour analyser correctement tous ces dépôts de plainte. Soudain entendu, j'ai donné une adresse des services support de Tinder. Je pense qu'ils n'ont jamais contacté ce service-là. Par manque de moyens, manque de temps, sûrement. Et je sais pas si ça aurait changé les choses. Mais je peux pas m'empêcher de me dire, et s'ils l'avaient fait, est-ce que ça aurait pas été 3 mois, mais 6 mois et on m'aurait dit que le gars aurait été au moins banni de toutes les plateformes ou quoi, j'en sais rien.

  • Speaker #0

    Toi, il y a deux choses dont tu voulais parler. Il y a la place de ce sujet dans le débat public et le jugement direct, soit blanc, soit noir, que les gens vont avoir vis-à-vis de la victime quand elle va décider d'en parler.

  • Speaker #1

    Les agressions sexuelles et en particulier celles faites aux femmes, c'est un sujet d'actualité constamment.

  • Speaker #0

    Plus on en parle, plus on a l'habitude d'en parler et donc plus c'est facile et donc plus les gens sont...

  • Speaker #1

    C'est ma théorie, c'est pas que c'est le cas pour tout le monde, mais moi je pense que ça a joué. Et d'ailleurs, et ça fait une liaison un peu avec le deuxième point, mais moi l'une de mes manières de processer ce qui m'est arrivé... comme je l'ai raconté, c'est que dès le lendemain, j'avais besoin de raconter ce qui s'était passé. Même si je ne disais pas tous les détails, j'en disais suffisamment pour que ça choque les gens. Les premiers jours qui ont suivi et les premières fois où je l'ai raconté, c'était plus une recherche de soutien, clairement une manière pour moi de m'aider à prendre conscience de si ce qui s'était passé, c'était normal que je ne me sente pas bien ou si c'est moi qui m'étais fait un film sur à quel point ça pouvait être grave ou pas. Est-ce que de le raconter ça choquait les gens aussi ou est-ce que les gens finalement... Et le dernier élément déclencheur ayant été mon ami avocat qui réellement, enfin quand je l'ai vu choqué, me suis dit qu'effectivement je pouvais pas laisser passer ça. Et plus récemment, je suis allée un week-end chez l'une de mes tantes, qui elle a tendance à avoir des idées assez arrêtées, et en particulier sur tout ce qui est agression sexuelle et autres, elle est un peu de l'ancien temps. Mais pour elle, une femme qui se fait agresser c'est qu'elle l'a cherchée. Et quand on commence à parler un peu des agressions liées aux rencontres faites par ces applications, et que ma tante commence un peu à dire, bah oui mais en même temps si t'es sur une appli de rencontre, finalement c'est que tu cherches un peu à jouer avec le feu, je lui dis, mais en fait non, je peux pas te laisser dire ça. Je peux pas te laisser dire ça, parce que même si tu veux un truc léger, même si, ok je cherchais pas l'homme de ma vie, et je savais, enfin j'étais en mode pas fermée à la rencontre, mais j'ai pas demandé à avoir mal, à avoir... peur. Et donc, je l'ai raconté ce soir-là à ma tante et à ses amis. Et en fait, ma tante de l'entendre, de sa nièce, j'ai vu pour la première fois ma tante choquée. Ça a beau être une grande gueule, là, je l'ai vue complètement ravaler son discours. Elle l'a écoutée et elle s'est dit, ok, je serais peut-être plus systématique que je pouvais l'être.

  • Speaker #0

    Est-ce que toi, t'es passée par des associations ou des groupes de parents ou une thérapie, etc. ?

  • Speaker #1

    J'avais pris le contact du psy et je suis allée voir la psy assez rapidement. Et on s'est vues pendant 2-3 mois, des semaines. et ça m'a fait un bien fou sur accepter que je n'étais pas responsable de ce qui m'était arrivé et que certes, j'avais pas osé le mettre dehors, c'était comme ça et il fallait pas que je remette ça parce que réellement, c'est ce qui choquait les gens quand je racontais l'histoire tout le monde disait, pourquoi t'as pas osé le mettre dehors ? mais j'étais pétrifiée franchement,

  • Speaker #0

    t'en parles et je trouve ça déjà hyper courageux et comme j'ai dit, t'as du cran donc ça montre que t'as fait ce travail-là ouais,

  • Speaker #1

    en tout cas le travail avec la psy m'a fait grandir Merci.

  • Speaker #0

    T'as réussi à transformer ce qui t'est arrivé en quelque chose de positif.

  • Speaker #1

    On peut le dire comme ça.

  • Speaker #0

    T'en as déjà dit plusieurs pendant toute l'interview, mais est-ce que t'aurais des conseils peut-être à donner à celles et ceux qui nous écoutent ?

  • Speaker #1

    Pour moi, c'était la chose la plus naturelle à faire, mais c'est d'en parler. À ses amis, à son frère, à sa sœur, à sa mère, à sa psy. Mais à ses amis, amis lointains, amis proches, cousins éloignés. N'importe qui. Auprès de qui on sent la distance soit suffisante ou soit justement la bonne distance suffisamment proche pour avoir confiance en sa réaction. Je trouve que d'en parler, c'est ce qui est au-delà du fait que ça fait une sorte de prévention géante. C'est aussi, et moi personnellement, ce qui m'a aidé à réellement prendre conscience de la gravité parfois de ce qui peut nous arriver. Après, l'autre conseil aussi que je donnerais, c'est pas pour autant qu'il faut arrêter de vivre. Pour moi, arrêter de vivre, c'est lui donner raison.

  • Speaker #0

    T'assimiles pas les applications à un mauvais événement ou à lui. Tu prends les applications comme ce qu'elles sont, c'est-à-dire un moyen de rencontrer une bande. Et le fait de bannir ces applications, toi, tu le sentirais comme une victoire de sa part, entre guillemets, une influence qu'il aurait eu encore sur toi aujourd'hui. Oui. Une des manières que tu as de montrer que tu vis, c'est-à-dire que tu sois là ou pas, je continuerai à prendre mes propres décisions sans être influencé par toi.

  • Speaker #1

    Et pareil sur le bar où on avait été prendre un verre, ce bar-là, il m'a fallu plusieurs mois avant d'y retourner. Parce qu'à une époque, en tout cas, j'en voulais aussi au bar. de ne pas avoir capté ce mec-là comme un mec malsain.

  • Speaker #0

    Le coup de la colère, c'est normal. Mais voilà. Mais aujourd'hui, tu peux y retourner. Et aujourd'hui,

  • Speaker #1

    je peux y retourner.

  • Speaker #0

    Et donc, une question importante. Aujourd'hui, est-ce que ça va ?

  • Speaker #1

    Oui, entre Annick.

  • Speaker #0

    Voilà, je pense que...

  • Speaker #1

    Ça va très bien. Non, en vrai, d'autres choses se sont passées dans ma vie depuis. Mais je pense que cette histoire a grandement participé à m'aider à prendre pleinement confiance en moi.

  • Speaker #0

    Je veux dire, c'est aussi ta réaction par rapport à ça. Oui,

  • Speaker #1

    oui, c'est la suite qu'il y a eu à l'agression. C'est le...

  • Speaker #0

    Que les gens n'interprètent pas n'importe comment le truc, c'est... Non, non,

  • Speaker #1

    le fait d'aller au bout du dépôt de plainte, le fait de... Voilà, même si, effectivement, je me suis pris un courrier qui m'a fait mal en me disant qu'il n'y avait pas de suite. En fait, même ça, je me suis dit, je ne vais pas m'arrêter à ça. Je suis allée porter plainte, c'était dans un but. Déjà, je suis allée au bout de ce que je pouvais faire. Ce mec m'a fait me sentir comme une moins que rien. Et en fait, malgré ça, après tout le dépôt de plainte, le travail avec la psy et autres, je me dis, mais en fait, d'être allée au bout, quand je vois... la réaction que ça provoque chez les gens quand je leur raconte et qu'ils me disent « Waouh, qu'est-ce que t'es courageuse ! » En fait, ça m'a fait un boost de confiance en moi monstrueux. Et l'image que j'avais sur les hommes, j'étais bien plus timide parce que j'avais une image où les hommes étaient un peu supérieurs aux femmes. Du coup, de subir ça me fait me dire aujourd'hui « Clairement, non. »

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Et du coup, ça me met vachement plus à l'aise avec les hommes parce que ça me met sur un pied de...

  • Speaker #0

    Un pied d'égalité ? Ouais.

  • Speaker #1

    Vous êtes pas mieux que nous ?

  • Speaker #0

    Un être humain est un être humain. Eh ben, merci beaucoup, je pense qu'on a fait le tour. Est-ce que tu voudrais rajouter quelque chose ?

  • Speaker #1

    Non,

  • Speaker #0

    merci. Eh ben, je t'en prie. Merci encore d'avoir raconté tout ça et bon courage pour la suite.

  • Speaker #1

    Merci Antranik.

  • Speaker #0

    Voilà, c'était la seconde et dernière partie de l'histoire de Margot. Merci à elle pour sa confiance. et merci d'avoir pris le temps de nous raconter tout ça. Si tu veux creuser certains points ou revoir des extraits, ça se passe sur Insta, Elios.podcast. D'autres témoignages arrivent bientôt. Merci pour ton écoute, à très vite.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Introduction épisode

    00:31

  • Interview

    01:23

  • Conclusion

    21:32

Description

Salut à tous et bienvenue dans Helios Podcast !

Je m'appelle Antranik, je ne suis pas journaliste ni psychologue, et ici, on parle de tout, sans format imposé. Ce podcast n'a pas de case : les sujets changent, les angles aussi.

Solo, interview, discussion… peu importe la forme tant que tu retiens quelque chose.

Un jour ce sera un claque, un autre, une réflexion.

Helios Podcast, c'est comme ca ici !

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Transcription

  • Speaker #0

    Salut à tous, bienvenue dans Helios Podcast. Je m'appelle Antranik, je ne suis pas journaliste, ni psychologue, et ici, on parle de tout, sans format imposé. Ce podcast n'a pas de case. Les sujets changent, les angles s'y. Solo, interview, discussion, peu importe la forme tant que tu retiens quelque chose. Un jour, ce sera une claque, un autre, une réflexion. Helios Podcast, c'est comme ça ici. Salut à tous, bienvenue dans la seconde partie de l'interview de Margot. Si tu n'as pas encore écouté la première, je te conseille de commencer par là. On y parle de la rencontre, de l'agression et de l'homme qu'elle a croisé sur Tinder. Comme toujours, rien n'est diffusé sans l'accord de la personne concernée. Tout ce que tu veux entendre ici a été écouté et validé en amont. Les sujets traités ne sont pas forcément simples à écouter. Alors prends des pauses si tu en as besoin. Pour rappel, ici, on ne juge pas, on écoute. Dans cette seconde partie, on va parler du signalement sur Tinder, du dépôt de plainte et des questions de la police. Mais on va aussi parler des réactions de son entourage et de leur importance. Et enfin, comment elle va aujourd'hui ? Si tu veux approfondir certains points ou lire des analyses et des extraits, tout se passe sur Instagram. Bonne écoute ! T'as parlé de tout ce qui est arrivé. Est-ce que t'as porté plainte ?

  • Speaker #1

    Comme je l'ai dit, en racontant, oui, je suis allée porter plainte. Donc quand mon amie m'a suggéré l'idée... Il m'a quand même fallu encore, je pense, deux semaines après. Il faut appeler son colocataire. Ça m'a aidée parce que je n'ai pas eu à lui raconter tout. Je lui ai dit, si je vais porter plainte, qu'est-ce qui va m'arriver ? Comment ça va se passer ? Qu'est-ce qu'il faut que j'ai en avance ? Sachant qu'on était déjà bien trois semaines après les événements. Et donc, tout ce qui était constat médical ou autre, c'était un truc de mettre au tard.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'à ce moment-là, il t'avait supprimé sur...

  • Speaker #1

    Ah oui, je l'avais signalé, t'as raison.

  • Speaker #0

    T'as raison de me le rappeler. quand même le signaler.

  • Speaker #1

    en fait j'avais après l'avoir raconté à mes cousines donc 3 jours après j'avais envoyé un mail au service support de Tinder en disant il m'est arrivé un événement malheureux avec un date que j'ai eu sur Tinder qui m'a supprimé avant que je ne puisse le signaler mais je souhaite le signaler parce que ce qu'il a fait n'est pas correct est-ce que vous pouvez m'aider ? il m'avait répondu je crois le lendemain merci pour votre signalement avec votre description de la personne nous avons retrouvé... son profil sur votre historique. Nous avons supprimé son compte. Si vous décidez d'aller plus loin dans ce signalement et d'aller en référer à la police, nous pourrons tout à fait apporter nos éléments aux enquêteurs si vous leur communiquez telle adresse ou nous joindre.

  • Speaker #0

    Ok. Ça, je trouve que c'est important, du coup. Tu as, entre guillemets, juste eu à signaler la personne, à expliquer ce qui s'est passé. Eux, ils t'ont cru. Ils t'ont dit qu'ils l'ont bloqué. Ils t'ont dit, on est ouvert, on est disponible plutôt. pour fournir des éléments, si il y a une potentielle enquête.

  • Speaker #1

    C'était ça. On se tient disponible aux enquêteurs, pour les enquêteurs, si vous décidez d'aller plus loin.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Je pense aujourd'hui que les applications de rencontre n'ont pas le choix de réagir comme ça. Je pense qu'il y a tellement d'abus dans les deux sens qui sont obligés de croire les personnes qui signalent, comme moi, ce genre d'individu ou ce genre d'événement sur parole et de faire ce qu'il faut. Que eux, ça les aide à sécuriser, entre guillemets. Ils ne peuvent pas se permettre de prendre de pincettes là-dessus.

  • Speaker #0

    Pénalement, ou dans la loi, je ne sais pas s'il y a une obligation qui les oblige à faire plus.

  • Speaker #1

    Je ne pense pas. Enfin, s'il n'y a plus de filles sur l'application...

  • Speaker #0

    Oui, ça s'écroule.

  • Speaker #1

    Il n'y a plus d'intérêt, il n'y a plus rien.

  • Speaker #0

    Je le dis maintenant parce que j'y pense, mais j'ai commencé un petit peu à regarder. De ce que j'ai compris, Tinder appartient à Match Group, qui possède d'autres applications de rencontre. Ceux qui sont signalés sur une application ne sont pas forcément... signalé sur toutes les applications.

  • Speaker #1

    Même, je ne pense pas.

  • Speaker #0

    Oui, mais vu que ça appartient au même groupe, moi, je me dis que si un profil est signalé pour de tels actes sur une application, il devrait être signalé sur toutes les autres.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai.

  • Speaker #0

    Du coup, pour en revenir sur les démarches judiciaires, on est trois semaines après, c'est là que tu décides d'aller porter plainte.

  • Speaker #1

    D'appeler son coloc, qui clairement me... Je vais utiliser un mot, c'est pas forcément la bonne signification, mais je vais dire me motive à aller porter plainte. En gros, il me laisse transparaître ça comme quelque chose qui n'était pas aussi compliqué qu'on nous le fait paraître dans les médias. Quand on parle des plaintes pour agression sexuelle et autres, comme quoi on est reçu à la police comme des menteuses, comme des filles qui l'avent cherchée par nos tenues. Il me rassure là-dessus, et je pense que c'est ce qui finit de me convaincre, de me dire, entre guillemets, dommage pour toi, mais... et les autres. Et du coup, effectivement, je prends rendez-vous au commissariat à côté de mon boulot. Et entre-temps, je n'avais parlé à une autre cousine dont j'étais assez proche et qui, elle, était en congé maternité, donc plutôt disponible. Elle me dit, je peux t'accompagner sans problème si tu ne veux pas être seule là-dedans. Quand je suis arrivée au commissariat, bien sûr, il y a eu un binz dans le rendez-vous. Donc en fait, eux, ils n'avaient pas de rendez-vous pour moi et en théorie, ils étaient complets avec d'autres rendez-vous.

  • Speaker #0

    C'est quoi cette organisation ?

  • Speaker #1

    Je ne sais pas. Et que j'ai dit, je voudrais porter plainte pour viol. J'ai vu dans leur regard qu'ils paniquaient un peu. Et le petit jeune qui s'occupait un peu des gens qui arrivaient me dit, on ne va pas vous laisser repartir même s'il y a eu un problème de rendez-vous ou quoi. On va prendre votre plainte. On s'organise un peu contre une salle. Et je sentais qu'il était perdu dans ce qu'il devait faire, comment il devait le faire.

  • Speaker #0

    Il n'y a pas eu de formation spéciale pour ce type de plainte.

  • Speaker #1

    Non. En fait, je le sentais perdu. Et surtout, un peu, je pense, impressionné. Je pense qu'il voulait bien faire les choses. Il s'est dit, bon, il y a eu un bug avec son rendez-vous, mais on va la recevoir, on ne va pas la laisser venir pour rien. Je pense qu'il a dû se dire, il lui a fallu déjà du courage pour venir jusqu'ici. Dans ce sens-là, j'ai trouvé ça bien. Je suis quand même restée deux heures avec lui. Dans leur service, il n'avait pas la structure pour les plaintes pour viol.

  • Speaker #0

    Donc,

  • Speaker #1

    il m'a dit, ce que je peux faire, c'est prendre une main courante. Et quand la main courante va être, entre guillemets, instruite, là, le commissariat qui a le service adapté vous appellera pour officialiser en plainte, si vous le souhaitez toujours.

  • Speaker #0

    Ok. Idéalement, c'est mieux d'aller directement dans un commissariat où il y a ce genre de service, mais tu ne peux pas le savoir.

  • Speaker #1

    Oui, mais du coup, lui qui était mal à l'aise de se rendre compte de ça et que forcément, ça n'a pas été spécifié dans ma réservation de rendez-vous ou ce que tu veux, me dit que moi je prenne une main courante le plus détaillée possible pour que le commissariat qui devra l'instruire en plainte, que ça soit juste une transposition, vous n'ayez qu'à y aller pour signer et basta.

  • Speaker #0

    Pour pas que tu aies forcément à te répéter...

  • Speaker #1

    Voilà, moi j'étais au moins agréablement surprise du gars qui faisait tout pour me faciliter aussi la suite des démarches, sachant que j'étais pas au bon endroit, pas au bon moment, enfin voilà.

  • Speaker #0

    Et quand t'avais pris le rendez-vous,

  • Speaker #1

    ils t'ont pas montré pourquoi c'était... J'avais dit... Je pense que j'avais dû renseigner et déposer une plainte. Je sais pas si j'avais spécifié plainte pour viol. Et trois jours après, le commissariat du 14e m'appelle pour me dire on a reçu votre main courante, on aurait quelques questions complémentaires à vous poser. Complétez cet élément et officialisez la plainte. Ok. Là déjà je sens que je suis reçue par un mec qui connaît le métier.

  • Speaker #0

    C'est une bonne ou une mauvaise chose ? Tu n'arrives pas à... Après, comment tu le dis ?

  • Speaker #1

    Ça a été un peu les deux. C'est-à-dire que sur le coup, ça m'a fait monter un coup de stress parce que je me suis dit « Ah, putain, en fait, c'est là que je vais voir ce monde qu'on diabolise dans les médias, des policiers qui se foutent de la gueule des filles ou qui mettent la faute sur elles dans leur dépôt de plainte. » J'ai eu cette impression-là en voyant le commissaire qui m'a reçu parce qu'on sentait qu'il avait de l'expérience et il était vachement plus, on va dire, je veux dire froid, mais je pense que... On comprend ce que je veux dire, mais...

  • Speaker #0

    Oui, vu qu'il a l'expérience, il reçoit la chose moins personnellement. Et du coup, il est plus formel.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    et factuel. Et du coup, ça peut créer une sorte de distance, peut-être, avec toi qui as peut-être besoin de plus d'humains là-dedans, je ne sais pas.

  • Speaker #1

    Je pense qu'il lui est un peu de ça, nous concernant. Mais au début, je me dis, bon, au moins, il sait ce qu'il fait, lui, par rapport à l'autre, malgré toute la bonne volonté qu'il y mettait. Et là, on se lance dans un entretien qui a duré plus de trois heures.

  • Speaker #0

    Plus long que la première pour des questions soi-disant complémentaires. Voilà. J'imagine que tu as du tout réexpliquer pour vérifier que tu avais changé de discours.

  • Speaker #1

    Trois heures parce qu'on a passé en revue tout le procès verbal. Et il m'a posé des questions complémentaires, mais en fait pour aller plus loin. Et on en est arrivé à ces fameuses questions. En tout cas, vous ne l'avez pas vu dehors. Tu sens qu'il n'a pas de temps à perdre. Et je lui dis, en fait, vous avez lu le procès verbal comme moi.

  • Speaker #0

    Surtout que vous l'aviez repassé, vous l'aviez relu avant.

  • Speaker #1

    Oui, en plus, on a repassé les événements ensemble.

  • Speaker #0

    Mais il te repose quand même cette question alors que tu l'avais précisé que...

  • Speaker #1

    Moi, je n'étais peut-être pas autant entrée dans les détails, mais j'avais précisé que dans le procès verbal apparaissait bien le fait que le mec avait été violent vis-à-vis de moi.

  • Speaker #0

    C'était écrit.

  • Speaker #1

    Mais lui me dit, pourquoi vous ne l'avez pas mis dehors ? Là, je me rappelle très bien physiquement comment j'ai réagi, c'est-à-dire que je me suis refermée sur moi, je me suis adossée à ma chaise. Et je l'ai regardé, je lui ai dit pardon. Je lui ai dit, je lui ai dit, mais en fait, vous sous-entendez quoi ? Vous sous-entendez que parce que je l'ai pas mis dehors, c'est que je le voulais un peu au fond de moi et que du coup, en fait, c'est pas un viol, c'est juste que j'ai voulu faire Je ne sais pas s'il s'est rendu compte de sa maladresse ou si lui, ça lui a fait se rendre compte de la sincérité de ma démarche. Mais en tout cas, à partir de ce moment-là, il a changé de ton. Et il me dit, écoutez, là, votre réaction, elle est très claire. Mais moi, je suis obligée de poser ces questions-là. Parce que moi, quand j'ai lu le procès verbal, j'ai lu jeune fille d'1m90.

  • Speaker #0

    Il y avait juste une description très distincte, physique, textuelle.

  • Speaker #1

    Et encore physique, voilà, purement... Taille et même morphologie, puisque j'avais dû dire que le garçon en question faisait 1m90 et était plutôt mince, limite frêle.

  • Speaker #0

    Donc ça, c'était précisé dans le procès verbal.

  • Speaker #1

    Et donc, le commissaire me dit, moi, j'ai lu ça. Si l'affaire va être instruite par un juge, le juge, il va lire, il ne va pas vous voir. Si ça va même au tribunal, il aura un a priori sur vous, parce qu'il aura vu une femme d'1m90 qui n'a pas voulu mettre dehors un mec d'1m90.

  • Speaker #0

    La raison pour laquelle... il pose ce genre de questions, c'est pour que la personne qui ne te connait pas, qui ne t'a pas vu en vrai qui va lire le dossier puisse prendre la chose sérieusement.

  • Speaker #1

    Ouais. Et du coup je me suis un peu détendue et j'ai essayé d'apporter le maximum de détails qu'il voulait et je sais qu'il y a un élément qu'il a noté vers la fin qui était aussi mon éducation. Ouais. C'est tout bête mais il me l'a dit, ça c'est pareil ça transparaît pas à l'écrit mais moi là qui vous rends compte je me rends compte aussi que votre éducation a pu jouer sur le fait que vous osiez pas le mettre dehors. Et pour le coup, c'est là où je me dis, ça se voit qu'il a été quand même bien plus formé que l'autre qui n'était pas formé pour recevoir ce genre de plainte. C'est que je pense qu'il n'aurait pas pu le voir en seulement une heure d'entretien. Mais bon, j'avoue que je suis sortie de ces trois heures, j'étais mais rincée.

  • Speaker #0

    Au total, ça fait presque entre cinq et six heures. C'est ça,

  • Speaker #1

    je peux le dire. Les événements se sont passés fin août 2023. J'ai signé ma plainte le 10 octobre 2023.

  • Speaker #0

    C'est assez rapide. Et tu m'as dit que tu avais eu la réponse. Je sais pas s'il y a eu... Entre temps, il s'est passé des choses, mais tu m'as dit que t'avais...

  • Speaker #1

    Entre temps, il s'est rien passé, mais j'avais dit que je voulais être tenue informée des suites de cette plainte, sachant que moi, j'avais rappelé que j'avais signalé sur Tinder, comme j'expliquais tout à l'heure, le profil de la personne, et que les services supports de Tinder m'avaient communiqué une adresse que la police pouvait contacter pour avoir de plus amples informations sur le profil de la personne.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Je savais que j'avais pas d'éléments médicaux ou autres à donner pour alimenter ma plainte, mais j'avais ça. Et dans ma tête... C'était très factuel et concret ce que je leur donnais là. Ils allaient contacter les services support de Tinder et obtenir les informations qu'il leur fallait pour au moins recevoir en audience la personne. Et début janvier 2024, trois mois après à peine, je reçois une lettre du parquet du tribunal judiciaire de Paris qui m'annonce que ma plainte est classée sans suite parce qu'il n'y a pas suffisamment d'éléments selon eux pour instruire un procès, ni même d'envisager des, voilà, ils me disent, des poursuites pénales à l'encontre du mis en cause. J'avoue que cette lettre-là à recevoir début 2024 m'a foutu un coup moral plus violent que la décision d'aller porter plainte ou autre. Là je me suis dit, ok, les trois rendez-vous, les six heures passées au commissariat pour officialiser ma plainte m'ont semblé énorme pour trois mois d'attente et un document qui me dit bah démerdez-vous, vous pouvez contester hein, mais nous on vous dit qu'en gros ça sert à rien.

  • Speaker #0

    Surtout que comme tu as dit, tu n'as eu aucune information entre temps sur... Rien. Est-ce qu'ils ont contacté ? Est-ce qu'ils ont trouvé quelqu'un ? Est-ce qu'ils ont eu des réponses ? Est-ce que si ? Tu n'as rien dit, ils t'ont juste dit, on classe sans suite. Tu m'as dit que ça t'avait peut-être fait changer de point de vue sur la justice ?

  • Speaker #1

    En fait, il y a eu deux prises d'avis pendant toute cette démarche. La première, c'était pendant que j'allais faire mon procès verbal, mon dépôt de plainte, ma signature de dépôt de plainte et autres. Je me suis rendue compte qu'il y avait quand même toute une prise de conscience qui avait été faite, en tout cas moi auprès des personnes avec qui j'ai pu échanger et voir. sur l'accompagnement psychologique à faire auprès des victimes et le fait que pas n'importe qui ne pouvait recevoir ce type de plainte.

  • Speaker #0

    Dans ce genre de cas, c'est quoi le mieux entre quelqu'un qui est très humain ou quelqu'un qui est trop robotique ?

  • Speaker #1

    Je pense que ça dépend de beaucoup de choses. Ça dépend de à quel moment tu es dans ton processus de reconstruction, de tu peux être robotique mais intelligent. Je pense que trop impliquer, c'est un coup à revivre trop.

  • Speaker #0

    Tu as besoin que la personne en face arrive à encaisser les choses. pour que toi, tu puisses discuter avec lui et être dans un environnement de confiance.

  • Speaker #1

    Le plus qu'il y avait, le deuxième policier que j'ai pu voir, le commissaire, qui était vachement plus robotique, mais au moins, il avait un côté rassurant. OK. À connaître les procédures, à savoir ce qu'il fallait demander. Il y avait un côté où je savais que ce que je lui disais à lui, je n'avais pas le répété quatre fois.

  • Speaker #0

    OK. De ton point de vue, en tout cas, les gens que tu as rencontrés, c'était plutôt bienveillant ?

  • Speaker #1

    Même si au début, c'est parce que je me suis dit, puisque comme je le disais tout à l'heure, avec les questions qu'il m'a posées le commissaire. Ça veut dire qu'il remettait en question ce que je disais. alors que non, je l'ai vu comme ça sur le coup. Si je fais tout ce processus-là de porter plainte, c'est pas pour que mes propos soient mal interprétés ou pour que on se fasse une fausse idée, en fait, de... qui je suis et en fait de quelle est ma vraie démarche derrière quoi. Qui était que ça puisse pas arriver à quelqu'un d'autre. Et d'ailleurs ça fait partie des dernières questions du dépôt de plantes qui étaient dans quel but déposez-vous plantes ? Je déposais plantes juste pour qu'ils ne puissent plus nuire à d'autres personnes.

  • Speaker #0

    Qu'ils soient catégorisés comme violents, dangereux. Oui. Tu m'as dit que ça t'avait aussi fait changer ton point de vue sur la police. Toi c'est quoi la différence que tu vois entre justice et police dans ce cas ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'il manque de moyens. Je pense que les applications de rencontre ont fait un tel raz-de-marée que la justice est sous-dimensionnée. Les services de justice sont sous-dimensionnés pour analyser correctement tous ces dépôts de plainte. Soudain entendu, j'ai donné une adresse des services support de Tinder. Je pense qu'ils n'ont jamais contacté ce service-là. Par manque de moyens, manque de temps, sûrement. Et je sais pas si ça aurait changé les choses. Mais je peux pas m'empêcher de me dire, et s'ils l'avaient fait, est-ce que ça aurait pas été 3 mois, mais 6 mois et on m'aurait dit que le gars aurait été au moins banni de toutes les plateformes ou quoi, j'en sais rien.

  • Speaker #0

    Toi, il y a deux choses dont tu voulais parler. Il y a la place de ce sujet dans le débat public et le jugement direct, soit blanc, soit noir, que les gens vont avoir vis-à-vis de la victime quand elle va décider d'en parler.

  • Speaker #1

    Les agressions sexuelles et en particulier celles faites aux femmes, c'est un sujet d'actualité constamment.

  • Speaker #0

    Plus on en parle, plus on a l'habitude d'en parler et donc plus c'est facile et donc plus les gens sont...

  • Speaker #1

    C'est ma théorie, c'est pas que c'est le cas pour tout le monde, mais moi je pense que ça a joué. Et d'ailleurs, et ça fait une liaison un peu avec le deuxième point, mais moi l'une de mes manières de processer ce qui m'est arrivé... comme je l'ai raconté, c'est que dès le lendemain, j'avais besoin de raconter ce qui s'était passé. Même si je ne disais pas tous les détails, j'en disais suffisamment pour que ça choque les gens. Les premiers jours qui ont suivi et les premières fois où je l'ai raconté, c'était plus une recherche de soutien, clairement une manière pour moi de m'aider à prendre conscience de si ce qui s'était passé, c'était normal que je ne me sente pas bien ou si c'est moi qui m'étais fait un film sur à quel point ça pouvait être grave ou pas. Est-ce que de le raconter ça choquait les gens aussi ou est-ce que les gens finalement... Et le dernier élément déclencheur ayant été mon ami avocat qui réellement, enfin quand je l'ai vu choqué, me suis dit qu'effectivement je pouvais pas laisser passer ça. Et plus récemment, je suis allée un week-end chez l'une de mes tantes, qui elle a tendance à avoir des idées assez arrêtées, et en particulier sur tout ce qui est agression sexuelle et autres, elle est un peu de l'ancien temps. Mais pour elle, une femme qui se fait agresser c'est qu'elle l'a cherchée. Et quand on commence à parler un peu des agressions liées aux rencontres faites par ces applications, et que ma tante commence un peu à dire, bah oui mais en même temps si t'es sur une appli de rencontre, finalement c'est que tu cherches un peu à jouer avec le feu, je lui dis, mais en fait non, je peux pas te laisser dire ça. Je peux pas te laisser dire ça, parce que même si tu veux un truc léger, même si, ok je cherchais pas l'homme de ma vie, et je savais, enfin j'étais en mode pas fermée à la rencontre, mais j'ai pas demandé à avoir mal, à avoir... peur. Et donc, je l'ai raconté ce soir-là à ma tante et à ses amis. Et en fait, ma tante de l'entendre, de sa nièce, j'ai vu pour la première fois ma tante choquée. Ça a beau être une grande gueule, là, je l'ai vue complètement ravaler son discours. Elle l'a écoutée et elle s'est dit, ok, je serais peut-être plus systématique que je pouvais l'être.

  • Speaker #0

    Est-ce que toi, t'es passée par des associations ou des groupes de parents ou une thérapie, etc. ?

  • Speaker #1

    J'avais pris le contact du psy et je suis allée voir la psy assez rapidement. Et on s'est vues pendant 2-3 mois, des semaines. et ça m'a fait un bien fou sur accepter que je n'étais pas responsable de ce qui m'était arrivé et que certes, j'avais pas osé le mettre dehors, c'était comme ça et il fallait pas que je remette ça parce que réellement, c'est ce qui choquait les gens quand je racontais l'histoire tout le monde disait, pourquoi t'as pas osé le mettre dehors ? mais j'étais pétrifiée franchement,

  • Speaker #0

    t'en parles et je trouve ça déjà hyper courageux et comme j'ai dit, t'as du cran donc ça montre que t'as fait ce travail-là ouais,

  • Speaker #1

    en tout cas le travail avec la psy m'a fait grandir Merci.

  • Speaker #0

    T'as réussi à transformer ce qui t'est arrivé en quelque chose de positif.

  • Speaker #1

    On peut le dire comme ça.

  • Speaker #0

    T'en as déjà dit plusieurs pendant toute l'interview, mais est-ce que t'aurais des conseils peut-être à donner à celles et ceux qui nous écoutent ?

  • Speaker #1

    Pour moi, c'était la chose la plus naturelle à faire, mais c'est d'en parler. À ses amis, à son frère, à sa sœur, à sa mère, à sa psy. Mais à ses amis, amis lointains, amis proches, cousins éloignés. N'importe qui. Auprès de qui on sent la distance soit suffisante ou soit justement la bonne distance suffisamment proche pour avoir confiance en sa réaction. Je trouve que d'en parler, c'est ce qui est au-delà du fait que ça fait une sorte de prévention géante. C'est aussi, et moi personnellement, ce qui m'a aidé à réellement prendre conscience de la gravité parfois de ce qui peut nous arriver. Après, l'autre conseil aussi que je donnerais, c'est pas pour autant qu'il faut arrêter de vivre. Pour moi, arrêter de vivre, c'est lui donner raison.

  • Speaker #0

    T'assimiles pas les applications à un mauvais événement ou à lui. Tu prends les applications comme ce qu'elles sont, c'est-à-dire un moyen de rencontrer une bande. Et le fait de bannir ces applications, toi, tu le sentirais comme une victoire de sa part, entre guillemets, une influence qu'il aurait eu encore sur toi aujourd'hui. Oui. Une des manières que tu as de montrer que tu vis, c'est-à-dire que tu sois là ou pas, je continuerai à prendre mes propres décisions sans être influencé par toi.

  • Speaker #1

    Et pareil sur le bar où on avait été prendre un verre, ce bar-là, il m'a fallu plusieurs mois avant d'y retourner. Parce qu'à une époque, en tout cas, j'en voulais aussi au bar. de ne pas avoir capté ce mec-là comme un mec malsain.

  • Speaker #0

    Le coup de la colère, c'est normal. Mais voilà. Mais aujourd'hui, tu peux y retourner. Et aujourd'hui,

  • Speaker #1

    je peux y retourner.

  • Speaker #0

    Et donc, une question importante. Aujourd'hui, est-ce que ça va ?

  • Speaker #1

    Oui, entre Annick.

  • Speaker #0

    Voilà, je pense que...

  • Speaker #1

    Ça va très bien. Non, en vrai, d'autres choses se sont passées dans ma vie depuis. Mais je pense que cette histoire a grandement participé à m'aider à prendre pleinement confiance en moi.

  • Speaker #0

    Je veux dire, c'est aussi ta réaction par rapport à ça. Oui,

  • Speaker #1

    oui, c'est la suite qu'il y a eu à l'agression. C'est le...

  • Speaker #0

    Que les gens n'interprètent pas n'importe comment le truc, c'est... Non, non,

  • Speaker #1

    le fait d'aller au bout du dépôt de plainte, le fait de... Voilà, même si, effectivement, je me suis pris un courrier qui m'a fait mal en me disant qu'il n'y avait pas de suite. En fait, même ça, je me suis dit, je ne vais pas m'arrêter à ça. Je suis allée porter plainte, c'était dans un but. Déjà, je suis allée au bout de ce que je pouvais faire. Ce mec m'a fait me sentir comme une moins que rien. Et en fait, malgré ça, après tout le dépôt de plainte, le travail avec la psy et autres, je me dis, mais en fait, d'être allée au bout, quand je vois... la réaction que ça provoque chez les gens quand je leur raconte et qu'ils me disent « Waouh, qu'est-ce que t'es courageuse ! » En fait, ça m'a fait un boost de confiance en moi monstrueux. Et l'image que j'avais sur les hommes, j'étais bien plus timide parce que j'avais une image où les hommes étaient un peu supérieurs aux femmes. Du coup, de subir ça me fait me dire aujourd'hui « Clairement, non. »

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Et du coup, ça me met vachement plus à l'aise avec les hommes parce que ça me met sur un pied de...

  • Speaker #0

    Un pied d'égalité ? Ouais.

  • Speaker #1

    Vous êtes pas mieux que nous ?

  • Speaker #0

    Un être humain est un être humain. Eh ben, merci beaucoup, je pense qu'on a fait le tour. Est-ce que tu voudrais rajouter quelque chose ?

  • Speaker #1

    Non,

  • Speaker #0

    merci. Eh ben, je t'en prie. Merci encore d'avoir raconté tout ça et bon courage pour la suite.

  • Speaker #1

    Merci Antranik.

  • Speaker #0

    Voilà, c'était la seconde et dernière partie de l'histoire de Margot. Merci à elle pour sa confiance. et merci d'avoir pris le temps de nous raconter tout ça. Si tu veux creuser certains points ou revoir des extraits, ça se passe sur Insta, Elios.podcast. D'autres témoignages arrivent bientôt. Merci pour ton écoute, à très vite.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Introduction épisode

    00:31

  • Interview

    01:23

  • Conclusion

    21:32

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