- Speaker #0
Salut à tous, bienvenue dans Helios Podcast. Je m'appelle Antranik, je ne suis pas journaliste ni psychologue et ici on parle de tout sans format imposé. Ce podcast n'a pas de case, les sujets changent, les angles s'y. Solo, interview, discussion, peu importe la forme tant que tu retiens quelque chose. Un jour ce sera une claque, un autre une réflexion. Helios Podcast... C'est comme ça ici. Salut à tous ! Alors comme vous l'avez entendu dans l'introduction, ce podcast aura plusieurs formes et traitera de plusieurs sujets. Aujourd'hui, je te propose une interview en deux parties. C'est le témoignage de Margot, victime d'une agression après un date Tinder. Dans cette première partie, on revient sur la rencontre, l'agression et le comportement de l'agresseur. On parle aussi des applications de rencontre et de la manière dont elle gère ce genre de cas. C'est pas évident à écouter, donc si tu ressens le besoin, n'hésite pas à prendre des pauses. Tout ce que tu vas entendre a été relu et validé par la personne concernée. Ici, on ne juge pas, on écoute. Je fais ce podcast pour lui donner la parole, mais pas seulement. Je le fais aussi pour comprendre, apprendre et transmettre. Sur mon compte Instagram, Elios.podcast, je publierai régulièrement des résumés de ce qui se sont dit, avec des analyses, des extraits et des chiffres. Donc n'hésite pas à y faire un tour après l'épisode si tu veux approfondir. Je te laisse avec l'interview, merci pour ton écoute. Bonjour Margot.
- Speaker #1
Bonjour Antranik.
- Speaker #0
Tu as 26 ans et aujourd'hui tu es là pour nous raconter l'agression que tu as subie suite à une rencontre que tu as faite sur une application de rencontre. C'est Tinder, c'est ça ? Oui. Je sais que c'est un sujet difficile. Merci déjà de me faire confiance pour en parler. Est-ce que tu voudrais dire quelques mots en plus pour te présenter ?
- Speaker #1
J'ai décidé de te donner ma voix pour ton projet parce que je trouve que c'est un projet important. Il est possible qu'on entende mon sourire ou parfois des rires venant de moi, mais il faut savoir que c'est nerveux sur ce genre de sujet, en tout cas de la manière que j'ai trouvé de me protéger.
- Speaker #0
Oui, je comprends.
- Speaker #1
Qu'il n'y ait pas de gêne ou de personnes blessées quand ils écouteront ce podcast à cause de ça.
- Speaker #0
De toute façon, il faut savoir que ce n'est pas un exercice facile et même ça se sent quand je parle. Ce n'est pas quelque chose qui est facile à faire. Je te laisse prendre la parole. pour raconter ce qui t'est arrivé.
- Speaker #1
Très bien. C'était donc une personne que j'ai rencontrée sur Tinder, comme tu le disais au début. Ça s'est passé en août 2023. On s'était rencontrés, on avait matché sur Tinder, je pense à peine une semaine avant qu'on se rencontre. À l'époque, j'étais dans un objectif de... J'étais bien dans ma vie, j'avais envie de rencontrer une nouvelle personne. Pourquoi pas... sur un malentendu ou en tout cas sur un hasard, rencontrer une personne avec qui j'avais envie de construire quelque chose. Mais en attendant de tomber sur cette bonne personne, je me fermais la porte à rien et si ça devait être juste un coup d'un soir, ça serait juste un coup d'un soir. Je n'étais pas fermée à l'idée. J'ai rencontré cette personne qui clairement, dans le peu de messages qu'on avait échangé avant, m'avait fait comprendre que lui c'était plus pour s'amuser, mais physiquement il me plaisait. de son histoire. Il avait l'air intéressant. Je me disais, pourquoi pas, au moins je passe une bonne soirée. C'est un coup d'un soir, c'est un coup d'un soir. Mais je ne suis pas fermée à l'idée. On s'est retrouvés dans un bar, pas très loin de chez moi, à Paris. Et franchement, la discussion passe bien. Le feeling est plutôt là. Il correspond à ces photos de son profil. Il a un métier... Un cadre familial, aujourd'hui je dirais que c'est le genre de cadre familial où je me dis que c'est rassurant sur le profil de la personne. Je pense qu'à l'époque, inconsciemment, ça a joué sur le fait que je lui fasse autant confiance, ou en tout cas que je me dise, bah oui, un coup d'un soir avec un mec comme ça, il n'y a pas de risque.
- Speaker #0
Ouais, quand tu dis cadre familial de confiance, c'est-à-dire ?
- Speaker #1
Il était issu du milieu catholique.
- Speaker #0
Ok.
- Speaker #1
Je fais un peu cette analyse-là en direct, mais...
- Speaker #0
Non, mais c'est...
- Speaker #1
C'est vrai que je ne m'étais jamais trop fait la réflexion, mais honnêtement, moi, j'avais, pendant tout le verre qu'on a passé ensemble, aucun moyen de voir que ce mec était torturé ou...
- Speaker #0
OK, peut-être pas le bon terme, mais il n'y a rien qui te montrait, il n'y avait pas de signaux de red flag à part vous ? OK.
- Speaker #1
Aucun. Donc on quitte le bar en direction de chez moi. Et là, dans les 800 mètres qui me séparent du bar... Le mec change un peu de personnalité, mais juste sur le trajet, on est dans la rue, il a ses premières démonstrations de gestes, on va dire, violents vis-à-vis de moi, au sens où il m'attrape par ma culotte, alors que j'étais en pantalon, et me porte par ma culotte.
- Speaker #0
Il te tire vraiment de...
- Speaker #1
Il me soulève. Et il faut savoir, je ne l'ai pas précisé, mais ce garçon faisait 1m90 comme moi. Dans ma tête, il y avait un côté, quand il a fait ça, de jeu de séduction. Donc dans ma tête, c'était plus qu'il n'a pas contrôlé sa force sur le fait de tirer autant. Enfin bref.
- Speaker #0
Donc à ce moment-là, tu lui cherchais des excuses. En gros, pour toi, c'est... Très clairement. Ok.
- Speaker #1
Très clairement. Et on arrive chez moi. Ma colocataire était en train d'aller se coucher Mais pas encore coucher Donc elle le voit On se ressent un verre de vin Arrivé chez moi On en boit avec ma colocataire Avant qu'elle n'aille se coucher Et là, lui, plutôt charmant Même ma colocataire après coup m'a dit Quand elle a su l'histoire le lendemain et l'autre Elle m'a dit à aucun moment je pouvais imaginer Ce que tu me racontes là De ce qui s'est passé après
- Speaker #0
Donc il avait plus son comportement qu'il avait eu dans la rue Dans la rue Il avait re-switché comme ça ? Oui. Ok.
- Speaker #1
Et ma colocataire part se coucher. Et instantanément, il redevient violent. Quand je dis violent, c'est qu'il ne m'a pas frappé ou autre, mais il se remet à me faire mal en tirant la culotte, encore une fois, de manière forte, on va dire trop forte.
- Speaker #0
C'est pas un jeu de protection, c'est de la violence. C'est ça.
- Speaker #1
Et on part dans ma chambre pour être un peu plus éloignée de ma colocataire. Et lui prend la bouteille de vin qu'on venait d'ouvrir, qu'on n'avait pas finie. Et en fait, assez vite, il me jette sur le lit. Et là, je le vois prendre une gorgée de vin.
- Speaker #0
À la bouteille ?
- Speaker #1
À la bouteille. Me la crache dessus. Là, je pense que j'ai commencé à réaliser que le mec était un peu capable de tout. Et me suis dit, c'est pas normal de faire ça.
- Speaker #0
Clairement.
- Speaker #1
C'est tellement opposé à ce qu'il présente, tant physiquement que soi-disant dans ses valeurs, que soi-disant dans son éducation, que je me dis, le mec est capable de tout, ou alors le mec... n'a pas de contrôle sur ce qu'il est en train de faire là.
- Speaker #0
Tu veux dire potentiellement à cause de l'alcool ? Ou juste c'est une sorte de... Juste le...
- Speaker #1
Ou l'appât d'une possible relation sexuelle était...
- Speaker #0
Il devient fou, quoi. Voilà. Ok.
- Speaker #1
Je voyais plus ça que l'alcool, parce que franchement on avait vraiment pas bu tant que ça encore. Pas encore, finalement jamais, parce que moi j'ai pas retouché une goutte d'alcool après la soirée.
- Speaker #0
Il n'y a que lui qui a bu le vin qu'il a ramené dans la chambre.
- Speaker #1
C'est ça. Mais bon, qu'il a bu, il me l'a craché dessus une fois. Après, à ce moment-là, moi j'ai réagi en disant, ça par contre sort de question. Et un peu sur le ton de l'humour, parce que je voulais pas être la casseuse d'ambiance à ce moment-là. Je lui ai dit j'apprécie trop le vin pour qu'on le gâche en se le crachant dessus.
- Speaker #0
Ok.
- Speaker #1
Il ne me dit même pas pardon mais il me dit je respecte et il n'a pas recommencé à me cracher dessus. Mais je sentais que c'était le gamin frustré qui en a enlevé son jouet.
- Speaker #0
Ok. Il était encore un peu dans la dynamique... Que t'avais dans la rue, ouais, c'était...
- Speaker #1
En fait, moi, je pense jusqu'au lendemain matin, et même le lendemain matin, je niais la gravité de ce qui se passait. Ouais. Et là, le fait qu'il me crache dessus, le fait qu'il me tire très fort par les culottes, le fait qu'il m'a tiré les cheveux aussi très fort. Les cheveux, j'ai tellement eu mal qu'à un moment donné, je lui ai dit « Arrête, parce que là, moi, je supporte pas. » Et parce qu'on était dans cette espèce de jeu sexuel, d'attirance, d'attraction, et que c'est un peu connu des films de porno mainstream, ou même de tirer une fille ou son partenaire par les cheveux, il y a quelque chose, je sais pas, qui peut exciter en soi, soit, bah qui me tire les cheveux ! sur le coup ça m'a pas choqué, le fait qu'il les tire tellement fort que ça me fasse aussi mal que je finisse par lui dire écoute, non, si tu veux me tirer les cheveux, je suis pas fermée à ça, mais pas comme ça, pas aussi fort.
- Speaker #0
En gros, de ce que tu me dis, il avait son idée en tête, et si tu veux pas son idée en tête, t'es boudé, enfin il agissait, t'es frustré.
- Speaker #1
Exactement, comme un enfant qui t'enlève son jouet. Et sauf que la troisième fois moi ça me faut un... ça commence à réellement me refroidir. Et du coup j'étais fin. Honnêtement moi j'ai commencé, enfin je sais pas je commençais mais j'étais plus du tout dedans. Parce que je me dis en fait ça va être relou si toutes les cinq minutes il faut que je le...
- Speaker #0
Que tu le reprenne en fait.
- Speaker #1
Que je l'arrête, que je lui dise non ça on fait pas comme ça, on fait comme ci ou ça on fait pas du tout, ça tabu, ça... Pour moi c'était pas gérable.
- Speaker #0
Bah surtout que vraiment, c'est vraiment ce que tu me dis, on dirait un gosse quoi.
- Speaker #1
Exactement. Et ça s'est passé, et ça, ça s'est passé assez vite. Parce que du moment où ma coloc est partie, et où une fois je lui dis tu me tires trop fort la culotte, une autre fois je lui dis tu me craches pas à la tête, et encore une autre fois tu me tires pas les cheveux comme ça.
- Speaker #0
C'est normal de ne plus avoir envie.
- Speaker #1
Voilà, ça faisait beaucoup en l'espace de 20 minutes quoi, ou allez, une demi-heure max.
- Speaker #0
Ouais.
- Speaker #1
On continue, à chaque fois que je le dis, il agit, vraiment. Je suis désolée parce que je m'étale dans mon truc, mais... Vraiment, il réagit comme un gamin grondé. De pardon, je ne recommencerai pas. Sauf que c'est là où je ne culpabilise pas, mais je me dis d'un côté, je le fais venir chez moi, on s'est vus dans le but de... on savait que si on se plaisait un minimum, on allait coucher ensemble. Donc dans ma tête, je me dis... Le mec, quand même, du moins physiquement, me blaye. Vas-y, il s'excuse, passe au-dessus. Donc je retourne dans ce jeu-là de on s'embrasse, on se fait des papouilles, on est mignons. On a des gestes tendres. Enfin, moi, j'ai des gestes tendres vis-à-vis de lui parce que c'est ma manière d'être. Et lui, on a un minimum juste après que je l'ai grondé, entre guillemets. Et donc, je me laisse tomber dans le panneau de... Ok, il s'est laissé emporter, mais il s'est repris. Et donc, on s'embrasse, on se chauffe un peu, comme on pourrait le faire. Et là, d'un coup, j'ai l'impression qu'il perd le contrôle. Et il se remet à me tirer les cheveux de manière complètement excessive.
- Speaker #0
Tu penses que c'est une perte de contrôle ? Juste que c'est naturellement...
- Speaker #1
Non, je pense que le mec est foncièrement malade ou en tout cas foncièrement dangereux sur ça.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
N'importe quel humain, un minimum normalement éduqué, comme un gamin, tu le reprends trois fois, je suis désolée, et quatrième fois, à un moment donné, tu ne pardonnes plus. Et déjà, quand j'en ai parlé à des amis après, beaucoup m'ont dit, Margot, comment tu as pu attendre aussi longtemps ? Ou du moins, pas te... t'en rendre compte plus tôt et le mettre dehors plus tôt.
- Speaker #0
Après ça, sur Soulefeu de l'action, pour moi, c'est pas trop... C'est pas le genre de choses que je dirais, parce que tu sais pas, en fait. Tu sais pas comment ça va se passer. Tu lui trouves des excuses, parce que tu penses pas que ça pouvait aller aussi loin.
- Speaker #1
Ouais. Et donc, il recommence à me faire mal, et là, moi, c'est la goutte de trop, on va dire, et je lui dis, écoute... On arrête parce que là franchement tu m'as fait perdre toute envie de quoi que ce soit. Je vais pas me forcer. Et moi c'est pas du tout comme ça que je voulais les choses. Je t'ai dit d'arrêter et tu recommences. T'as pas compris. C'est peut-être ton délire mais c'est pas le mien. Et là lui commence un peu à s'énerver. Me regarde et me dit oh là là entre guillemets tu sais pas ce que tu veux. Tu me dis pas un message qu'on va coucher ensemble. Mais quand on commence en fait ça te saoule et tu veux tout arrêter. entre guillemets il me fait passer pour la meuf chiante qui lui a promis un truc qu'il n'est pas en train de lui donner et en même temps je le sens un peu en mode putain tu es chiée tu sais pas ce que tu veux mais en même temps je comprends ce que tu me dis si tu veux on attend un peu ça passera tu verras d'ici quelques heures ça ira mieux et du coup moi c'est là où j'aurais dû dire non mais attends parce que je lui dis tu sais quoi ma porte elle est là si t'es pas content prends la porte et sors je lui ai juste dit tu sais quoi ma porte elle est là Y'a rien qui t'oblige à rester. Je lui dis, moi là, vu ce qui s'est passé, c'est sûr, il ne se passera rien ce soir. Maintenant, tu me dis que t'habites loin, t'as pas envie de... Y'a plus de transport, j'en sais rien. T'as pas envie de rentrer ce soir ? Ok, souhaite. Tu dors là. Il ne se passera rien. Sinon, ma porte est là. Tu peux partir.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Il ne faut pas entendre le « tu peux partir » comme « je vais te donner la permission » parce qu'il ne l'avait pas avant. C'est un « tu peux partir » de « tu es grand, tu rentres chez toi si tu es saoulé de ta soirée et que tu as été privé de dessert et j'en sais rien. »
- Speaker #0
Je t'ai donné mes règles. Si tu n'es pas content, tu dégages.
- Speaker #1
Voilà.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
C'est à quoi il me laisse sous-entendre de « Non, mais de toute façon, je dois me lever tôt pour le boulot demain. Je vais dormir là et tant pis. » J'étais en mode « Ok, pas de souci. Moi, je mets un pyjama et je vais pour me coucher. » Honnêtement, je ne trouve pas le sommeil. Et je me rends compte à ce moment-là, vraiment, je ne trouvais pas le sommeil, pas parce que j'étais énervée ou quoi de lui, c'est que réellement, je commençais à ressentir ce sentiment de peur.
- Speaker #0
Parce qu'il était encore là, parce qu'il t'avait déjà fait mal.
- Speaker #1
Ouais, mais il fait mal. Je suis pas douillette.
- Speaker #0
Tu l'as dit tout à l'heure, tu fais 1m90, il y a mis de la force.
- Speaker #1
Je finis par m'endormir un peu de fatigue. Et je me réveille à un moment donné dans la nuit, parce que je le sens. Je me réveille, il était au-dessus de moi. Il était à 4 pattes au-dessus de moi, en train d'enlever la couverture. Et à ce moment-là, j'ai eu une réaction de personne qui vient de se réveiller. et juste qui est paniqué en le voyant, et comme un sursaut, je l'ai poussé sur le côté du lit.
- Speaker #0
Ouais.
- Speaker #1
Et là, il a refait le rôle du garçon bourron, et comme on devait être à ce moment-là, je pense, 3-4 heures du mat', je lui ai redit, en fait, t'as pas compris, quand je te dis qu'il se passera rien, c'est qu'il se passera rien. Et là, il était pas en mode, oh, tu sais pas ce que tu veux, machin, il était plus en mode énervé de se rendre compte qu'il allait peut-être vraiment pas avoir ce qu'il voulait.
- Speaker #0
Ouais, il a vraiment switché...
- Speaker #1
Je veux, Juste mon réveil qui sonne m'a fait dire bah tiens il est 6h15, il est toujours là et moi à ce moment là j'étais pétrifiée. Je pense au fait que j'ai toujours par rapport à mon réveil un quart d'heure, vingt minutes de rab pour traîner au lit et lui s'est dit c'est le bon moment pour retenter le coup et donc En fait, c'est là où c'est ultra malsain, mais le mec revient un peu mielleux. Un peu, on va faire comme si toute cette nuit, il ne s'était pas passé. Et que finalement, on était au début là du plan qui. Il a été plus doux qu'il ne l'a jamais été depuis le début de la soirée. Et moi, comme je vous dis, j'étais pétrifiée. Et en fait, je suis restée pétrifiée pendant. Et j'ai laissé faire. Et c'est ce que j'ai dit dans mon dépôt de plainte, c'est qu'à ce moment-là, j'étais observatrice extérieure de ce qui était en train de se passer. Mais à aucun moment, j'ai dit « Ah bah non, mais maintenant c'est bon, t'inquiète. » J'ai somnolé dix minutes, je suis passée à autre chose. À aucun moment, entre guillemets, il n'y a pas eu de changement de mon consentement entre la nuit où je lui dis, écoute, je comprends qu'il soit tard, que tu n'es plus de transport. OK, tu dors là, mais il ne se passera rien. Et le matin, quand j'étais juste pétrifiée. J'acceptais pas ce qui était en train de se passer. En fait, j'en étais arrivée à un point où je me suis dit... De toute manière, de ce que je comprends, vu que là il est censé être déjà en route vers son taf, le mec ne partira pas de chez moi tant qu'il n'a pas eu ce qu'il voulait. Donc je me suis dit, le seul moyen, comme je n'ose pas le mettre dehors de peur d'avoir mal, c'est de lui donner ce qu'il veut et qu'il parte. Donc je me suis laissée faire. Il a fait son affaire, et je pensais qu'il allait partir tout de suite. Mais non, il est parti prendre une douche. Et seulement après cette douche, il est parti. Et à ce moment-là, je me suis dit, ce qui s'est passé, ce n'est pas normal. J'ai encore une journée de taf à assurer derrière, donc je vais aller prendre ma douche. Je vais aller au taf, mais avant, je vais le bloquer sur Tinder.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Le temps que j'atteigne mon téléphone, lui, il avait déjà dû arriver en bas. impossible de retrouver son profil, ce qui voulait dire qu'il m'avait déjà supprimé. Donc soit dans la nuit, il m'a supprimé, en se disant de toute façon, cette fille elle m'a trop saoulée, elle m'a fait croire qu'elle voulait un plan cul, mais en fait elle a pas l'air de vouloir vraiment ça. Soit dans les escaliers quand il descendait, il s'est dit bon c'est bon, maintenant que j'ai eu ce que je voulais, j'ai plus besoin d'elle. La réflexion qu'il a eu derrière le fait de me supprimer, je m'en fous. Je sais juste que moi, j'ai eu cette, là j'ai ressenti à ce moment là, cette frustration de me dire putain Le mec, j'ai quand même envie de lui faire payer la nuit de merde déjà qu'il m'a fait subir, et en plus même ce qu'il m'a fait subir tout court. Bref, je pars au taf, je suis très proche de mes collègues, notamment une collègue fille qui est après mon âge. Et en l'occurrence, elle savait donc que j'avais un date. Donc elle me demande comment ça s'est passé et tout, et je lui dis de manière très mitigée, c'était une catastrophe. Et je raconte sommairement, sommairement ce qui s'est passé. Et elle me dit, mais Margot, mais c'est pas normal. Pourquoi le mec est resté ? Je crois que je n'ai même pas raconté que j'avais cédé à la fin. Juste les trois fois au début, ils l'ont choqué déjà et il m'a dit pourquoi le mec est resté. Deux jours après, j'avais deux cousines dont je suis très proche qui viennent dîner chez moi. Et donc là, je leur raconte ce date-là. Je pense à peu près dans le même détail que j'avais dû le raconter à mes collègues deux jours avant.
- Speaker #0
Donc sans rentrer dans les détails. Voilà,
- Speaker #1
donc sans rentrer dans les détails. Ils me disent que ce n'est pas normal. Et ils essayent gentiment de creuser un peu plus, de comprendre jusqu'à où lui est allé. Et pourquoi je ne l'ai pas mis dehors. Et quand elles comprennent que j'étais sous un sentiment de peur et elles n'ont su que plus tard, que j'avais même fini par laisser faire par peur, elles me disent, mais unanimement, et ce n'est pas normal, c'est grave. Et si tu veux en parler à quelqu'un de professionnel ou autre, dis-nous, on peut t'accompagner, on est là pour toi. C'est normal que tu sois un peu encore interloqué de ce qui s'est passé. Et ça,
- Speaker #0
c'était récemment après, tu as dit.
- Speaker #1
Trois jours après.
- Speaker #0
Trois jours après.
- Speaker #1
Et re-trois jours après, je vois un ami qui a fait des études d'avocat, qui a passé le barreau. Son colocataire plaide. Et en fait, quand j'ai vu sa réaction à cet ami, qui n'est pas un ami dont je suis... Habituellement, je ne lui raconte pas ce genre de soirée bourrie. Je ne lui raconte pas mes dates. Il a réagi comme mon frère aurait pu réagir, comme si c'était mon frère en mode mais Margot, mais...
- Speaker #0
C'est bien d'avoir ce genre de réaction.
- Speaker #1
Moi, en fait, ça m'a choquée venant de sa part. Et le fait que ça vienne de lui, je pense, m'a fait prendre conscience réellement de la gravité de ce qui s'était passé. Et plus tard, quand je rentrais chez moi, il m'a envoyé un message adorable en me disant « Ce que tu m'as dit là, ce soir, tu peux pas le laisser sans suite. » Et ce mec-là devrait être puni. Si tu veux pas en parler à quelqu'un, enfin à moi, parce qu'on se connaît bien et machin, il dit « Je comprends. » Mon colocataire, c'est typiquement le genre d'affaire qui peut être amené à pléthore au tribunal ou en tout cas à défendre. Et lui, il en voit beaucoup plus au quotidien que moi. Je te conseille fortement d'aller porter plainte.
- Speaker #0
Est-ce que tu voulais le faire ? Tu t'es dit, ça serait bien que je le fasse ?
- Speaker #1
Ma colocataire, le lendemain, m'avait dit, tu devrais aller porter plainte. Mais un peu comme ça, parce que je pense qu'elle qui l'avait vue dans la soirée, elle voyait une telle différence de caractère, mais qu'elle avait du mal à appréhender, puisqu'elle n'avait vu que la bonne partie de ce garçon. Mais... Quelque chose qu'elle n'a pas vu et que je n'ai pas dit encore, c'est qu'elle a vu sur moi les bleus que ce garçon m'avait fait. À force de me tirer les cheveux, me tenir par le bras, avec la force qu'il utilisait, j'ai eu des bleus après conséquents.
- Speaker #0
Voilà pour la première partie du témoignage. Et surtout, un immense merci à Margot pour sa confiance et sa parole. La seconde partie de cette interview arrive très bientôt. Dans celle-ci, on parlera de tout ce qui vient après, le dépôt de plainte et le procès verbal, les réactions de l'entourage, et surtout, on verra comment elle va aujourd'hui. Si tu veux être au courant de la suite ou aller plus loin, tu peux me suivre sur Instagram, Elios.podcast. Merci d'avoir écouté jusqu'ici. A très vite.