- Speaker #0
Hérétique est un podcast politique mêlant entretien et débat. Hérétique pour questionner les dogmes et les mythes. Hérétique parce que la politique n'est pas la religion. Hérétique parce que vouloir penser est toujours le début de la dissidence. Guy Fargette, origine et métamorphose du stalinogochisme. Première partie. Guy Fargette est un érudit autodidacte, comme en produisait le mouvement ouvrier jusqu'au siècle dernier. Très loin des chaires universitaires et des sunlights médiatiques. À travers divers bulletins diffusés depuis les années 1980, il a produit une œuvre à la fois capitale et méconnue. Diverse dans ses thèmes, mais toujours d'une exceptionnelle lucidité sur notre époque et son naufrage. Son livre, Crépuscule de l'Occident ou du XXe siècle, qui ramasse quelques-uns de ses textes les plus importants disponibles sur Internet, est en attente d'éventuels éditeurs. Mais cette voix, absolument inconnue du grand public, ne trouvera d'audience que dans la mesure où les peuples, sortant de leur léthargie, chercheront à se réapproprier leur destin. Nous l'interrogerons aujourd'hui sur ce qu'il appelle depuis 30 ans les stalinogochistes. Héritiers des pires totalitarismes et militants acharnés des régressions historiques qui nous font basculer aujourd'hui dans de nouvelles barbaries.
- Speaker #1
Guy Fargette, nous sommes ravis de vous accueillir. Est-ce que vous pourriez vous présenter en quelques mots, pour commencer ?
- Speaker #2
Alors, je suis quelqu'un qui finalement a toujours été en dehors des orthodoxies. À partir de 1975, il y a encore un peu d'agitation, mais très affaiblie. Sur Paris, par exemple, où je suis.
- Speaker #1
C'est la queue de comète de 68.
- Speaker #2
Oui, c'est ça. Et en fait, à partir de 1976, c'est vraiment le désert qui commence. Pratiquement jusqu'en 85-86. C'est un vide, même physiquement, on le ressent. Mais moi, je ne m'en rends pas compte, pas vraiment. Et je me dis, bon, il y a des gens qui veulent faire des propositions pour un monde vraiment meilleur. Pourquoi pas ? À 20 ans, il y a une fascination pour l'atmosphère millénariste. Bon, on se dit, il faut voir. Et ce qui me surprend beaucoup, c'est que je n'arrive pas à accepter aucun groupe. C'est-à-dire que je me dis, mais ils veulent nous proposer un monde qui va être extraordinaire. Il faut s'y préparer. Et ils sont tout le temps, tous les groupes sont en train de se tirer dans les pattes, tout le temps.
- Speaker #1
Vous parlez donc des milieux situationnistes, des milieux tropiques, anarchistes ?
- Speaker #2
Oui, oui, tout à fait. Parce que l'époque maoïste est déjà passée, donc je n'ai pas eu à faire le tri là-dedans. Et donc j'essaye. Souvent je m'intéresse d'ailleurs plutôt à des scissions de groupes existants, parce qu'ils ont l'air de vouloir rompre avec une orthodoxie. Et pour finir, à partir de 1980, je me mets en recul. Je me dis qu'on va continuer à travailler et à comprendre ce qu'on peut, mais il n'y a absolument rien. Et à partir de 1983, je fais un bulletin qui s'appelle Les mauvais jours finiront, point de suspension où il s'agit de donner des éléments précis, par exemple sur la Russie ou sur ce qu'on peut faire, dans quel esprit. sur l'Italie, puisqu'il y a encore des choses qui se passent en Italie. Et moi, j'ai des contacts avec des Italiens qui sont très méfiants vis-à-vis de la lutte armée et qui disent pourquoi. Et donc, ça donne des possibilités d'exister un petit peu. Il n'y a pas une ligne politique, il y a une exploration, simplement. Et à partir de 1985, ça tombe bien. C'est la question de la peristroïka qui surgit. Alors moi, j'étais bien préparé pour la question russe depuis longtemps. Et j'avais même appris du russe, etc. Donc, je m'investis à fond sur le suivi de ce qui se passe en Russie. Alors, il y avait même des publications russes à Paris qui donnaient des tas d'informations passionnantes, alors qu'ils étaient au départ d'une tendance politique un peu bizarre. C'était notamment la pensée russe, la ruska emes A partir de 1985, fin décembre 1985, ils se soumettent intégralement à répercuter tout ce qui se passe là-bas. de toutes sortes les mouvements écologistes et les mouvements ouvriers et ils font tout les journalistes occidentaux lisent évidemment très peu le russe ces informations qui leur arrivent de semaine en semaine c'est un hebdomadaire ils suivent pas et donc on se retrouve dans une position où je me suis retrouvé dans une position où j'étais de plein pied avec une information abondante et assez fiable et qui permettait d'essayer de comprendre ce qui se passait à condition bien sûr d'avoir lu un peu tout le débat sur la question russe et sur ce qui se passe là-bas depuis 1917, qu'est-ce que c'est que le totalitarisme, qu'est-ce que c'est que la bureaucratie, etc. Et donc, à partir de 1993, j'arrête le bulletin, parce que les situations se stabilisent bizarrement en Russie, et puis il n'y a plus beaucoup de perspectives d'action, sauf, étant donné que j'étais pas mal investi sur la Russie, il y a Tchernobyl, et donc je suis obligé de m'intéresser de près au nucléaire. Et de 1990 à 1994, je suis très actif en France, dans un comité antinucléaire, le comité Stop nos gens. Donc ça, ça fait... Bon, puis après, une fois qu'on a fait ce qu'on peut, on passe la main. On ne peut pas... Enfin, il faut manger, quoi. On ne peut pas être toujours à fond, à mi-temps de travail. Et puis, ce que je ne sais plus, étant donné qu'il n'y a pas de bilan de ce qui s'est passé en Russie... Entre 1917 et 1991, il n'y a pas de bilan. Donc je me dis, ce qui est invraisemblable, c'est que là, on devait faire le tri. Dans n'importe quelle discipline dite scientifique, on regarde ce qui s'est produit, on regarde le résultat, et on dit, voilà, les théories qui étaient bonnes ou qui n'étaient pas bonnes. Et là, pas du tout. Pas du tout. On passe à autre chose.
- Speaker #1
Et c'est ce que vous avez décidé à partir de 1997-1998, d'arrêter... Enfin, le bulletin des mauvais jours finiront était déjà interrompu, mais vous avez édité un nouveau bulletin qui s'appelle le crépuscule du XXe siècle.
- Speaker #2
Oui, à partir de 1996, je me dis, bon, il faut quand même lancer sur le 96, et c'est vraiment plus actif en 97. Il faut faire une série de bilans, puisque personne ne veut le faire. On va essayer de commencer à le faire. Et donc, qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce que ça veut dire ? À quoi ressemblera le XXIe siècle, etc. ? Alors, je peux dire que je n'ai pas été déçu. La surprise au XXIe siècle, c'est évidemment toute la question de l'islam qui surgit en 2001 de manière écrasante. Déjà, dans les discussions que j'avais pu avoir avec des milieux variés, encore marxisans, mais plutôt spontanéistes et économistes, il y avait moyen de discuter. Déjà, le livre sur le choc des civilisations de Huntington fait un choc. Moi, je refais un compte-rendu en disant que c'est intéressant. Là, il y a quelque chose de très important qui est dit et qu'il faut essayer de comprendre. Et là, pratiquement, c'est la rupture immédiate, etc. C'est-à-dire que quand on cherche à faire un bilan, je vais donner par exemple un critère qui est très intéressant. Avant 1914, on disait, dans le mouvement ouvrier, chez les sociodémocrates et même chez les anarchistes, les frontières entre les classes sont plus fortes que les frontières entre les nations. Si on fait un bilan, on dit... la réalité a montré le contraire. Ça nous plaît ou ça ne nous plaît pas, mais les frontières entre les nations étaient plus fortes. Et là, surgit quelque chose qui est lié à un processus dont je vais parler juste après. Il surgit une chose, c'est que les frontières entre les civilisations, ce n'est pas prévu non plus par le marxisme, mais c'est beaucoup plus important que prévu. Et ça risque même d'être plus important que les nations. Et l'exemple type, et c'est pour ça que Dick Ton a fait son livre au départ, c'est la Yougoslavie. La Yougoslavie éclate selon des lignes de fracture qui ne sont pas nationales, mais qui sont communautaires religieuses, civilisationnelles. Et Huntington, ça l'a beaucoup marqué. Il s'est dit, là, il se passe quelque chose qui est imprévu. Et le processus qui est en cours aussi, qui est anticipé par un historien très connu, qui est Toynbee, c'est qu'on va vers le monde, il dit ça à la fin des années 40, le monde va vers une grande mêlée des peuples. Ça veut dire que là, non seulement il y a le problème des civilisations, mais en plus, ils vont se mêler. Donc là, on est devant des problèmes qu'on n'a jamais vus. C'est une situation de nouveauté historique. On peut dire une tempête parfaite qui commence. C'est inévitable. Et donc, le crépuscule du XXe siècle, c'était pour dire les catégories du XXe siècle survivent. mais elles ne servent plus à rien. elles sont décalées par rapport à ces réalités qui arrivent et qui demandent des élaborations adaptées.
- Speaker #1
Alors précisément, l'objectif de l'émission est de se focaliser, parce qu'il y aurait un très grand nombre de sujets qu'on pourrait aborder avec vous, sur ce que vous appelez le stalinogochisme, c'est-à-dire en réalité la passion de ne pas comprendre ce qui se passe, en quelque sorte. Je ne pourrais le formuler de cette manière-là, c'est-à-dire un mythe... milieu idéologique, politique, en partie religieux, on finira l'émission en abordant les dimensions religieuses, un milieu qui n'a pas du tout envie de tirer le son de l'expérience russe, qui n'a pas du tout envie de tirer le son du communisme, de tirer le son du XXe siècle, en réalité, et qui se maintient dans des illusions, et qui cherche à maintenir les gens dans des illusions. Est-ce que c'est une définition a priori qui vous convient viendrait pour une encre en maïs.
- Speaker #2
C'est justement parce qu'il n'y a pas eu de bilan sur la question russe que ces gens-là peuvent exister. Tout ce qui est extraordinaire, on pourrait parler des intellectuels progressistes des années 50-60, comment ils ne voyaient pas...
- Speaker #1
Décrit par Lefort.
- Speaker #2
Décrit par Claude Lefort. Je ferai une ou deux citations de Lefort parce que c'est extraordinaire, évidemment, ce qu'il démontre. et aujourd'hui encore, on le voit. Et ces intellectuels progressistes ne voient pas l'éléphant au milieu du salon, comme on dit, c'est-à-dire le système totalitaire en Union soviétique. Ils sont tout le temps en train de faire des acrobaties. pour expliquer que bon au fond c'est de la faute de l'occident alors il ya un théoricien qui va même assez loin dans la danse est sous une forme très adoucie en apparence c'est marcus il écrit c'est un des seuls de l'école de francfort ou des héritiers de l'école de francfort qui a écrit quelque chose sur la russie sur le régime soviétique et parce que tout le reste de l'école de francfort a ignoré des années 30 jusqu'à la fin Ils n'ont jamais écrit quoi que ce soit sur ce qui se passait à l'Est, ce qui est quand même monstrueux quand on y réfléchit. Et Marcus, lui, il a fait un livre qui s'appelle Le marxisme soviétique il y a du pari de 1958 ou 1959. Et il explique que c'est parce que le prolétariat en Occident est intégré qu'il y a eu besoin d'une bureaucratie qui règne sur les ouvriers, mais que les choses s'améliorent et que de toute façon la bureaucratie n'a pas... pas d'intérêt propre et qu'elle ne peut qu'aller en libéralisant toujours plus le régime. Ce qui est hallucinant parce qu'il s'est passé évidemment le contraire. Et il y a même tout le moment stratocratique identifié par Castoriadis qui pèse énormément et qui est une impasse également. Et aujourd'hui, quand on voit le résultat, ce qui se passe avec le régime de Poutine, Poutine, c'est un stalinotsarisme, explicitement. Il revendique Staline, il revendique l'Odzard.
- Speaker #1
Alors, pour en rester à nos spécimens, à nous, de stalinogochistes, est-ce que vous pourriez, en entrant en matière, nous décrire un peu qui sont les gens qui, aujourd'hui, correspondraient à ce que vous appelez par ce terme-là ? Pour fixer un petit peu les idées.
- Speaker #2
Donc, stalinogochisme, il faut bien comprendre, ce n'est pas un courant. C'est une espèce d'état d'atmosphère diffus. C'est une sorte de... terreau sur lequel s'élèvent des idéologies qui ont toujours les mêmes procédés et qui dérivent du marxiste-léninisme. En réalité, une fois qu'on a compris ça, on peut affronter les différentes variétés de wokisme, etc. Quand on regarde leur histoire, ils en viennent.
- Speaker #1
Alors d'abord, de qui on parle ?
- Speaker #2
Alors, de qui on parle ?
- Speaker #1
Quels sont ces gens aujourd'hui ? Par exemple, je pense à Mélenchon.
- Speaker #2
Je pense que vous en faites un. Il y a les héritiers directs du marxisme. Ils essayent de survivre et de s'adapter. Mélenchon, c'est extraordinaire parce qu'il vient de la secte lambertiste. Il était le petit chef de la section de Besançon. Et d'ailleurs... Un journaliste écologiste a écrit des souvenirs sur ce que faisait Mélenchon à l'époque. Le nom me reviendra plus tard. Mélenchon, c'est secte l'envertiste. C'est des trotskistes qui théorisent la reprise des méthodes staliniennes. Il faut bien comprendre. Et d'ailleurs, vis-à-vis des anarchistes et même vis-à-vis parfois d'autres trotskistes, ils utilisaient la basson. d'ailleurs, squadrisme, soyons sérieux, le chef du service d'ordre, d'ailleurs, qui est de ces hauts faits, est devenu un ponte du PS. Parce qu'ils ont fait, comme Trotsky avait dit en 1938, qu'il fallait... s'infiltrer et noyauter la social-démocratie, quitte à en sortir avec du monde. Et c'est exactement ce qu'a fait Mélenchon. Il y est rentré, il a eu un poste de secrétaire d'État, et puis il en est sorti en essayant d'emmener du monde. Et puis il continue sur une ligne démagogique. Il est obligé de s'adapter à la nouvelle réalité. C'est-à-dire que le mouvement ouvrier n'est plus ce qu'il était, et pour de très bonnes raisons. Les ouvriers ont marre de monter à l'assaut du ciel et de se faire hacher menu. Ils ont vu que leur sort avait pu s'améliorer, en tout cas pendant quelques décennies, remarquablement. Mais en fait, Bernstein n'avait pas tort, à la fin du XIXe siècle, déjà de dire camarades, on a un problème On parle de paupérisation absolue du prolétariat, et le sort des ouvriers s'améliore. depuis des décennies. C'est embêtant ça. Donc il avait été vomi par toute l'orthodoxie marxiste de l'époque, de la social-démocratie. Mais sa remarque était exacte et donc ce qu'avaient fait les pontes de la social-démocratie donc à Oudtski, c'est qu'ils avaient dit oui oui bien sûr mais c'est une aristocratie ouvrière et qui est achetée par les sur-profits des colonies. Je trouve que les surprofits des colonies, c'est extrêmement... Enfin, il faut regarder qu'il y a par cas parce que c'est extrêmement douteux. Les colonies ont très souvent été déficitaires. Elles ont été déficitaires très souvent. Il y a quelques cas où ça n'était pas déficitaire globalement, mais où l'État colonial, en fait, payait tous les frais d'installation. Un pays comme l'Algérie, par exemple... C'est un pays qui n'avait pas tout à fait les meilleures installations en Afrique, les meilleures structures de services publics ou de travaux publics, mais presque, c'était le deuxième pays.
- Speaker #1
Revenons-en aux spécimens. On a Mélenchon.
- Speaker #2
Mélenchon, lui, il a complètement basculé, parce que c'est un démagogue, il a aussi de l'instinct. Où est-ce qu'il va trouver un public ? Et son public, c'est maintenant dans les banlieues islamisées.
- Speaker #1
On pourrait dire la même chose d'Edoui Plenel.
- Speaker #2
Alors, Edoui Plenel, lui... Lui, oui, mais même lui, c'est un pied rouge. C'est-à-dire qu'il va servir le FLN. Et être viré, comme les autres pieds rouges, il va être viré avec perte et fracas. Une fois que les Valais ont fini de servir le FLN, il n'a rien à faire, il ne va pas les garder. Mais il va continuer toujours à donner des leçons et toujours en gardant la même posture. Parce que c'est un marxiste-léniniste, même s'il a été à la Ligue et il n'y est pas. n'y est plus. Mais ces gens-là, c'est comme une cristallisation passionnelle. Une fois qu'elle est faite, ils ne s'en débarrassent pas. Et alors, donc, Plenel, Badiou, lui, qui estime que c'est très bien ce qu'a fait le grand timonier.
- Speaker #0
Pourquoi le terme stalinogochiste ? Parce que là, dans ma tête, c'était les staliniens et les les trotskistes et les maoïstes, etc., qui étaient appelés gauchistes ?
- Speaker #2
Parce qu'en réalité, c'est des branches d'un même tronc, tout simplement. Il faut bien voir que les trotskistes, bon, ils ont été victimes des crimes staliniens, mais s'ils avaient pu liquider les staliniens, ils l'auraient fait. Et Trotsky faisait plus peur en Russie. que Staline, à l'époque où il était dans le pouvoir. C'est lui, c'est l'homme pratique du communisme de guerre. Ça a été absolument terrible, le communisme de guerre. C'est la guerre civile qui a été dirigée contre les paysans. Le gros problème des bolcheviques, ça a été les paysans. Ça n'a pas été les armées d'anciens généraux du Tsar, qui de toute façon ne voulaient pas rétablir le Tsar. Ils en avaient soupé de ce régime, ils n'en voulaient pas. Mais c'est le problème des paysans, qui a été terrible pour les bolcheviques. Évidemment, puisqu'il y avait 90% de la population, au moins en Russie, qui était paysanne. Il y a eu des soulèvements paysans d'une ampleur colossale. Et c'est uniquement par des famines et à l'occasion même par des... des gaz asphyxiants, que les révoltes paysannes ont été détruites. On parle des années 22, 23, 24. Il y a encore des famines.
- Speaker #1
On pourrait dire qu'aujourd'hui, le stalinisme a déteint, en termes de réflexe de pensée, en termes d'autoritarisme intellectuel, sur tous les autres milieux, que ce soit les milieux libertaires, que ce soit les milieux situationnistes, les milieux autonomes, etc. On est vraiment en face d'un magma, d'un milieu qui est en train de s'homogénéiser. C'est très frappant de voir que depuis 30 ans, ou peut-être plus, les milieux anars, libertaires, se sont marxisés au fil du temps. Et aujourd'hui, on se retrouve avec des libertaires qui sont islamo-gauchistes. Dans cette famille des stalinos-gauchistes dont vous parlez, on peut mettre assez facilement des islamo-gauchistes, les immigrationnistes de manière générale, on peut mettre des néo-féministes aussi, même si... La filiation est peut-être moins évidente avec le féminisme. Elle retrouve, c'est une sorte de convergence évolutive, elle retrouve en fait des réflexes totalitaires.
- Speaker #2
Oui, parce qu'en réalité, il est évident que le danger pour le sort des femmes vient de l'islam, massivement. Et toutes les femmes qui ne sont pas politisées le ressentent, instinctivement. Mais il y a un tabou, il ne faut pas le dire. C'est extraordinaire. Donc là, quand on est devant cette situation, ce sont des procédés. C'est typique de dire de ne pas voir, ne pas dire, ne pas penser la chose. On a même des transsexuels qui se font tabasser par des musulmans et qui ne veulent pas porter plainte parce que c'est pauvres musulmans, c'est des pauvres gens, etc. On se dit mais ils ont perdu le réflexe de survie. L'instinct de survie, ce n'est pas possible.
- Speaker #1
Mais ce que vous décrivez dans le terme de télénogoïchisme en fait ? C'est ce qu'on décrit de plus en plus depuis 2-3 ans par le terme de woke, de wokeisme. Ou auparavant, pour reprendre le terme de Jean-Pierre Le Goff, de gauchisme culturel. Est-ce que ces deux termes, vous ne les reprenez pas et vous tenez à...
- Speaker #2
Gauchisme culturel, moi je l'ai souvent employé parce qu'on peut dire qu'il y a le multiculturalisme aux Etats-Unis, le gauchisme culturel, mais ils ont fusionné. Et pourquoi parler de stalinogauchisme ? Parce que tout de suite on comprend qu'il y a les procédés. Les procédés redoutables qui sont à l'œuvre. Alors que le gauchiste culturel, au fond, on dit C'est des gauchistes, ils sont gentillets, ça peut être sympa, puis c'est culturel, donc c'est pas grave. Et en réalité, quand on voit la pratique, ce sont des procédés qui ont été éprouvés du côté de l'Est et de la Sibérie. Et ce qui est très étonnant, c'est qu'en fait, quand on regarde ce qu'étaient les intellectuels progressistes, dits progressistes, genre Sartre, qui avait si bien mouché Claude Lefort, quand on regarde comment il s'y prenait, on se dit, mais les méthodes n'ont pas changé. Ces gens-là n'ont jamais fait leur aggiornamento. D'ailleurs, la phrase mieux vaut avoir tort avec Sartre que raison avec Aaron il faut oser quand même. C'est les yeux dans les yeux, je vous mens, je me suis trompé et je ne regrette rien. Là, on est devant un procédé. qui est de type totalitaire éventuellement, il peut le devenir.
- Speaker #1
C'est aussi la réplique qu'on a entendue à propos d'un très bon documentaire qui est passé il n'y a pas très longtemps, qu'on mettra en lien sur le site, à propos de Simon Leys, dénonciateur du maoïsme, et les ex-mao, les ex-neo-mao. admettent qu'ils se sont trompés. Mais bon, on passe à autre chose. Là aussi, il n'y a aucun bilan. C'est-à-dire que l'absence de bilan de l'URSS, qui est le point de départ de votre réflexion, qui est vraiment le nœud de votre effort intellectuel, on le retrouve systématiquement. Il n'y a pas de bilan du maoïsme non plus, il n'y a pas de bilan du marxisme, il n'y a pas de bilan du trotskisme, du marxisme, rien du tout. Il n'y a pas de bilan, de manière générale, dans le monde à gauche. À droite, c'est autre chose, mais il n'y a aucun bilan des expériences de communauté. notamment qui ont eu lieu dans les années 70, qui les essuient à d'autres décennies. Il n'y a aucun bilan de rien du tout. On ne fait jamais de bilan. C'est ce que Miché a appelé le complexe d'Orphée. Si on se retourne, on devient une statue de sel. Il n'est pas possible de retourner sur ses pas.
- Speaker #2
Oui, oui.
- Speaker #1
Il faut partir en avant.
- Speaker #2
Toujours passer à autre chose. Voilà,
- Speaker #1
le mouvement.
- Speaker #2
Il faut passer à autre chose. Et si on n'a plus les leviers ? Parce qu'au fond... Ce qui est nouveau avec les woke, toutes les variétés, qui commencent dès les années 50-60 aux États-Unis, ce qui est nouveau, c'est que le mouvement ouvrier a trahi. Il s'est intégré, donc le milieu ouvrier ne mérite plus aucune considération. Et là, on voit surgir une espèce de racisme social qui était refoulé et qui... revient avec une force décomplexée, on peut dire. Donc ça, c'est constant, et c'est le point qui va allier, par exemple, toute la continuité de l'école de Francfort. avec l'entre-deux-guerres, Marcuse, le multiculturalisme américain, et puis SOS Racisme, par exemple. Le fond de SOS Racisme, c'est ça. Ce sont des gens qui ont considéré que la classe ouvrière n'avait pas été à la hauteur de la mission qui lui était impartie par des idéologues, qui n'étaient pas ouvriers, mais pas grave, ils n'ont pas été à la hauteur, et donc maintenant on va s'intéresser aux races. on va s'intéresser à d'autres, on va essayer de construire, parce que ce qui est extraordinaire, c'est qu'ils n'ont pas de sujet. Il n'y a rien d'équivalent à ce qu'était le mouvement ouvrier du 19ème siècle.
- Speaker #1
Donc il n'y a pas de sujet révolutionnaire,
- Speaker #2
il n'y a pas de peuple qui... Il n'y a pas le messie collectif que l'on peut venir cornaquer. C'est littéralement ça. Et donc, il faut l'inventer. Il faut l'inventer. Et alors Marcuse, lui, dans les années 50, il est décomplexé. Dans les années 50, Marcuse explique... il explique qu'il faut que les élites des universités blanches fusionnent avec le lumpenprolétariat noir pour faire la révolution. Il y a des gens qui y croient et qui passent à l'acte. Mais ça ne se passe pas bien parce que les élites blanches vont faire un groupe terroriste qui s'appelle les Weathermen Underground. qui a été, en France, on connaît mal, mais ça a été pire que les Brigades Rouges en Italie, enfin, pour les États-Unis. Et puis, il y a les Noirs, eux, le Loupele Noir, qui décident de passer au Panthère Noir. Et évidemment, à partir de là, le FBI dit, bon, d'accord, les petits gars, on part sur ce terrain-là. Et donc, ils les dégomment très, très vite. Et donc, ce qui se passe, c'est que Marcus, à ce moment-là, va... infléchir, notamment en rencontrant Rudi Dutschke, il va dire, bon, ce qu'il faut, c'est arrêter l'affrontement direct comme ça, parce que ça, on se fait avoir complètement, et il faut coloniser les institutions universitaires, la presse, l'art, de l'entrisme, et puis, alors, et en fait, là, il retrouve une des idées de Gramsci, qui lui aussi, en fait, devait affronter une question cruciale, c'est que le fascisme avait gagné politiquement en Italie et que la classe ouvrière n'avait pas été à la hauteur, apparemment. Et l'école de Francfort, donc l'Institut de Recherche Sociale avant 1939, c'est pareil. C'est une question... Ils changent de terrain parce que... Ils disent qu'il va falloir changer de terrain parce que le nazisme a gagné la bataille politique. Ils n'ont pas gagné militairement. Ils ont gagné la bataille politique dans le pays. Donc... Il faut trouver autre chose. Et c'est constant. À partir de là, il faut construire. Alors, ils vont faire ce qu'ils appellent des théories critiques. Alors ça, c'est le vocabulaire d'après 1945. Les Marcuse et les gens de l'école de Francfort, ils vont faire des théories critiques. Donc, il y a la théorie critique de la race. Il y a la théorie critique du sexe, c'est le genre, etc. Il y a la théorie critique de la pédagogie. Il y a Paulo Frère qui a beaucoup frappé là-dessus. Bref, tout ce qui s'appelle théorie critique, en réalité, était écrit dans les années 30 par l'école de Francfort, qui était la Société de Recherche Sociale. Théorie marxiste. Ils étaient explicites. Et après 1945, ils réécrivent rétroactivement leurs textes pour qu'ils soient plus présentables. Et puis parce qu'il y a la guerre froide, etc. Bon, ils ne savent plus trop comment faire. Mais donc, pour eux, c'était une sorte de marxisme culturel qu'ils voulaient faire et qui est effectivement orienté vers l'idée de coloniser toutes les dimensions culturelles et surtout la transmission. Et donc, après cela, il y a des élèves de Marcuse, dont Angela Davis, qui d'ailleurs était au Parti communiste stalinien et qui est resté depuis, qui vont prospérer sur cette question. Il y a notamment Derek Bell qui va être le plus farouche défenseur de ça, où littéralement, le racisme, enfin les États-Unis, c'est l'Allemagne nazie, au pire moment. C'est toujours au pire moment, c'est l'Allemagne nazie. Alors on trouve des arguments du genre les micro-agressions, on trouve des arguments, mais l'idée est la suivante. Et ça a été formé comme ça par Marcuse.
- Speaker #0
Si on détruit dans l'esprit de la jeune génération la croyance dans les valeurs classiques, la soif de la jeunesse pour trouver des valeurs qu'elle s'identifiait va nous permettre de les endoctriner. Ça a l'air stupide. Mais c'est ce qui s'est passé dans les universités américaines.
- Speaker #1
Et c'est ce qui est en train de se passer aujourd'hui.
- Speaker #0
Et c'est ce qui continue, bien sûr.
- Speaker #1
Avec un regain extraordinaire.
- Speaker #0
Oui, oui. Et alors, évidemment, c'est très compliqué parce que c'est multipolaire, cet argument. C'est multipolaire. C'est-à-dire que ceux qui font de la théorie critique de la race ne s'intéressent pas forcément au genre. D'ailleurs, la théorie critique de la race défend une identité non fluide entre les Noirs et les Blancs. Il ne faut absolument pas choisir. Si quelqu'un est métisse, il faut qu'il choisisse de quel côté il est, etc. Mais comment dire ? Il y a quelqu'un qui s'appelle Crenshaw qui va inventer l'idée de l'intersectionnalité. C'est de dire, de manière descriptive, ce n'est pas forcément idiot, c'est de dire qu'une femme noire et homosexuelle, elle cumule les désavantages dans la société. pas faux mais par contre il se dit les marxistes impénitents disons qui s'annonce plus balancé toujours leur leur recette est vantée Ils se disent, c'est simple, on va créer un manteau d'arlequin de toutes les populations malheureuses. Ça s'appelle l'intersectionnalité, c'est un manteau d'arlequin, on réunit tout ça. Au fond, il crée le sujet révolutionnaire et on y va.
- Speaker #1
Oui, parce qu'au fond, le schéma est toujours le même depuis 1917. Il y a toujours un état de fait à détruire, que ce soit le capitalisme, là c'est devenu l'Occident et de plus en plus le mal blanc. Il y a un sujet révolutionnaire qui était ouvrier, qui a été ensuite les populations du tiers-monde, qui sont aujourd'hui les populations immigrées, ou les musulmans, les migrants, etc., les femmes. Il faut toujours un sujet révolutionnaire. Il y a un sens de l'histoire, c'est-à-dire qu'il y a de toute façon un mouvement qui nous entraîne vers de plus en plus d'égalité, vers un paradis. Qui est absolument utopique. Et on est passé de l'utopie du socialisme en URSS à aujourd'hui une sorte d'utopie qui est quasiment indicible. Parce que le monde décrit par Léaud est inimaginable au sens le plus...
- Speaker #0
Oui, d'autant plus que les sections de l'intersectionnalité s'avèrent... peu compatibles.
- Speaker #1
Oui, bien sûr, il y a des contradictions internes.
- Speaker #0
Les néo-féministes ont du mal avec l'islam, et surtout l'islamisme. Les trans ne supportent plus le néo-féminisme. etc.
- Speaker #1
Les Suisses ne sont plus une minorité ?
- Speaker #0
Ah oui, ils ne sont plus une minorité.
- Speaker #1
Si on désignait les Asiatiques non plus, là,
- Speaker #0
il y a un gris qui est très synthétique. Il n'y a pas besoin d'être honnête. ni rationnel dans cette affaire. Il suffit de... C'est une incantation. Mais bon, dans le cas des Juifs, il y a quelque chose qui serait actif et qui était présent dans le socialisme au début. Pierre Leroux et Proudhon qui initient le catéchisme social qui va s'appeler le socialisme, ils sont antisémites. Et l'antisémitisme a hanté les débuts du socialisme et il y a toujours eu une tendance à... qui pouvaient ressurgir. Alors bien sûr, dans la deuxième génération du monde socialiste, il y a eu beaucoup d'intellectuels juifs qui l'ont rejoint. Donc ça a calmé un peu les envolées antisémites. Mais ça n'a jamais été très clair. En Russie, c'était très, très ambigu.
- Speaker #2
Notamment les procès de Moscou, où beaucoup de... Comme par hasard, condamnés étaient... Enfin les procès étaient contre les grands dirigeants juifs d'origine.
- Speaker #1
Et le complot des Bouches-Blanches...
- Speaker #0
Oui. Alors ça, c'est effectivement la logique du... régime stalinien où il va se mettre à flatter les préjugés antisémites alors il ya une raison à ça d'abord stalin était antisémite mais ça ne se savait pas beaucoup il ya son son secrétaire bajanov qui fait des témoignages sur les années 20 Il était capable de se laisser aller en petit comité et il balançait des imbécilités antisémites. Mais bon, surtout ce qui se passe, c'est que dans la Seconde Guerre mondiale, Staline a été très frappé par la force et la réussite. de la propagande nazie disant le bolchevisme ce sont des juifs et il s'est dit que l'antisémitisme était décidément un levier intéressant et ce qui se passe en années 50 ce qui se prépare c'est une énorme épuration à nouveau comme il y avait eu en 36-38 et donc là ça va être l'anti-cosmopolitisme et donc l'antisémitisme et le procès de Prague de Sklansky etc. Alieu, c'est surtout des Juifs déjà, et c'est le procès préparatoire de ce qui devait être le procès des Blouses Blanches qui devait commencer le 15 mars 1953, et qui devait entraîner presque aussitôt la déportation de tous les Juifs en Sibérie, avec des prévisions de 40% de pertes, enfin déjà, sans compter les pogroms qui auraient surgi. Bon, par une chance extraordinaire pour les Juifs de Russie, enfin d'Urse, Staline est mort dans les premiers jours de mars 1953. Il a eu... On ne sait pas bien comment, mais... Il a peut-être été aidé par les affidés qui lui avaient servi en 1936-1938 et qui le voulaient vider. Les Beria, Khrouchtchev, Malenkov, etc. Peut-être qu'ils se sont dit... Ils voyaient où ça allait et ils disaient, mais il va nous refaire ça. Et nous, cette fois-ci, on passe au hachoir. Donc, peut-être qu'ils l'ont aidé, peut-être pas. Il avait 75 ans et... Il avait un mode de vie pas très sain. Donc peut-être que c'est simplement le hasard historique qui fait qu'il meurt en début 53. Et alors, ça a eu des contre-coups, cette affaire en Russie, en Urse, mais en Russie particulièrement. C'est-à-dire que l'idée qu'il y avait des médecins juifs qui empoisonnaient leurs patients... a laissé des traces monstrueuses en Russie. Et ce n'est pas un hasard si les Juifs ont tout fait pour partir de Russie tout au long des années 60, 70, 80, etc. Ce qu'on appelait les refusniks.
- Speaker #1
Comment expliquer plus globalement que le bilan du nazisme a été fait et pas celui du stalinisme ? Comment expliquer que le gauchiste aujourd'hui est là ? Et puis non, sur rue, dans tous les médias.
- Speaker #0
Il y a une expression qui le décrit très bien. Il y a une hypermnesie sur le nazisme et une amnésie sur le stalinisme.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
Alors que ce qu'il faut...
- Speaker #1
C'est pas faute d'information ?
- Speaker #0
Normalement non. Mais c'est une information qui ne suscite pas les passions, apparemment, de ces gens-là. De ces gens qui veulent continuer dans l'erreur. Et surtout, je pense qu'il aurait fallu revenir... sur des errements du passé. Par exemple, tous les intellectuels progressistes, il n'est pas question qu'ils admettent... Il y a quelque chose de vicié dans leur vision, il y a quelque chose de totalement vicié, et pas question qu'ils fassent un jour un agendamento. Et là, je vais citer Claude Lefort, dans son texte La méthode des intellectuels progressistes de février 1958, quand même. En rupture avec l'ordre bourgeois établi, celle-ci n'affiche plus... n'affiche des opinions communistes que pour mieux se raccrocher à un ordre différent où elle réintroduit, en les plaçant dans un signe positif, tous les caractères qu'elle dénonçait comme négatifs dans son propre milieu. D'un seul coup, les valeurs deviennent acceptables. Il y a quelqu'un qui a fait récemment un petit texte, sur Emmanuel Todd, il est gratiné. Emmanuel Todd, quand il parle de la Corée du Nord, c'est extraordinaire c'est un stalinien qui n'a pas changé et là comme ça sur le Venezuela, etc Mélenchon sur le Venezuela je la corrige, j'aimerais savoir ce qu'il raconte parce que ils ont une forme de pensée complètement tronquée, en réalité. C'est-à-dire que les valeurs qu'ils prétendent défendre ne s'appliquent plus quand il s'agit de s'en prendre au régime qu'ils ont décidé de soutenir.
- Speaker #1
Il y a deux poids, deux mesures. L'Occident est critiquable à un point absolument incroyable, mais par contre, une fois qu'on a identifié peut-être pas le sujet révolutionnaire, mais en tout cas... cas, le domaine d'espoir...
- Speaker #0
Il est progressiste.
- Speaker #1
Oui, le domaine est progressiste. Que ce soit le BIC, le Venezuela, ou l'islam, les musulmans du bien général, ou les migrants, le tiers-monde, etc. Là, d'un seul coup, on a une anesthésie...
- Speaker #0
Et c'est une anesthésie volontaire, et pas par ignorance. C'est une anesthésie volontaire qui se considère comme vertueuse.
- Speaker #1
On l'a vu avec Foucault à propos de l'Iran.
- Speaker #0
Encore que sur l'Iran, on a raconté beaucoup de bêtises. à propos de Foucault. Foucault, en fait, il a plutôt dit que la force de religion revenait. Ça ne veut pas dire qu'il soutenait très fort le régime. Enfin, je ne sais pas. J'ai lu le livre de Birnbaum. L'insufférence religieuse ? Oui. Lui, il était élève de Foucault et il dit que c'était pas... Enfin, on a tronqué. Les journalistes ont fait un raccourci comme si Foucault avait été... Enfin, Foucault était de toute façon tiremondiste. Donc, sur le fond, c'était quand même merveilleux que le chat soit chassé. Et tant pis si... Alors que la majorité de la population iranienne ne voulait pas Komény. Ils voulaient bien que Komény revienne, mais qu'ils... On dit qu'il s'occupe à com'de ses histoires religieuses s'il voulait, mais pas qu'il fasse un régime totalitaire, parce que c'est ça qu'il a fait. Avec une milice, les passes d'Aran, ça a été...
- Speaker #1
Alors, ce qu'on fait le bilan, justement, des errements du stalinogocisme, c'est assez effarant. Quelles sont les méthodes, précisément, pour reprendre le titre de l'article de Claude Lefebvre, quelles sont les méthodes des intellectuels progressistes, quelles sont les méthodes des stalinogocistes ? Par exemple, le déploie de mesures, effectivement... systématique.
- Speaker #0
Mais il y a un point crucial. C'est frappant. Il y a un point crucial. L'Occident est haïssable. Voilà. Mais alors, leur grande particularité à ces anti-Occident, à la différence de Poutine, à la différence d'Auxi Jinping, qui eux sont de l'extérieur et savent pourquoi ils sont contre l'Occident.
- Speaker #1
Parce qu'ils sont éminemment occidentaux.
- Speaker #0
Ils ont une méthode extraordinairement vicieuse. C'est... défendre les libertés occidentales jusqu'à leur point d'implosion, de désintégration. Ça, c'est... Alors, ils sont tout le temps en train de dire, nous, on est pour la défense. Alors, les jeunes filles musulmanes, il faut leur laisser la liberté de porter le voile, etc.
- Speaker #1
Au nom du féminisme.
- Speaker #0
Au nom du féminisme, bien sûr. Mais c'est un féminisme qui est à son point d'implosion. Alors, les femmes dans les pays musulmans qui entendent ça, elles sont folles. Sans compter les Iraniennes, parce que les Iraniennes, qu'ils le disent à un point superlatif et qui prennent des risques énormes pour leur vie, on... les néo féministes regardent ailleurs sont pas trop sans bt quoi ça rentre pas dans le schéma donc ça compte pas et ça c'est fondamental il faut détruire l'occident mais de l'intérieur c'est un peu comme l'histoire de montruc il intenable en fait montrer qu'il n'est pas viable enfin qu'il ne doit pas être viable c'est plutôt ça parce que il a drôlement résisté oui mais si il a il a Il a même fait face au XXe siècle et il a tenu plus longtemps que le régime soviétique. Alors ça, c'est monstrueux pour un woke. Comment ? C'est inacceptable. Et alors, il y a aussi un schéma mental qui est sous-jacent. et qui est rarement explicité, c'est, de toute façon, le monde va vers une pente clairement définie qui doit être meilleure. Et surtout, à un moment donné...
- Speaker #1
Il y a le sens de l'histoire.
- Speaker #0
Il y a le sens de l'histoire quand même. Parfois pour la doctrine de la théorie critique de la race, c'est l'apocalypse de toute façon. On est dans le nazisme partout.
- Speaker #1
C'est un métissage généralisé.
- Speaker #0
Alors ça c'est ce que dit M. enchanté non les on l'accent l'isation et c'est noir du mouvement des noirs du mouvement d'un théorie critique de la race sont pas d'accord pas du tout ils veulent faire une sécession carrément mais ce que je voulais dire, c'est que l'idée, c'est d'aller vers une situation qui serait comme un puits de potentiel historique. C'est-à-dire, on va enfin trouver le type de société qui ne bougera plus, qui sera magnifique et qui sera permanent.
- Speaker #1
La fin de l'histoire.
- Speaker #0
C'est la fin de l'histoire.
- Speaker #1
Le communisme,
- Speaker #0
c'était le communisme. Bien sûr. Tout ce que fait l'Occident en existant ne fait que retarder ce moment qui doit advenir.... C'est un schéma mental religieux, quasi religieux, qui est sous-jacent. Et c'est très rare qu'ils le disent ou qu'ils le laissent entendre clairement. Il y a un auteur stalinien en archéologie qui en parle. Je ne vais pas me souvenir son nom sur le moment. Mais il le dit quasiment explicitement. C'est celui qui a écrit un livre sur le néolithique, une sorte de vulgarisation sur le néolithique. On sent que pour lui, l'histoire doit aller vers un point stable.
- Speaker #1
Vers plus d'histoire en fait.
- Speaker #0
Il n'y aura plus d'histoire.
- Speaker #1
Il n'y aura plus rien qui nous voudra. Ce sera les erreurs absolues.
- Speaker #0
Marx le disait comme ça avec le communisme. Alors que même si une société devient meilleure, ça peut s'inverser.
- Speaker #2
Vous venez d'entendre la première partie de l'entretien avec Guy Fargette, origine et métamorphose du stalinogochisme. Rendez-vous dans 15 jours pour la seconde partie de l'entretien. Vous pouvez retrouver les documents évoqués lors de l'émission, ainsi que d'autres permettant de prolonger la réflexion, sur notre site herétique-au-pluriel.fr. Ce podcast est disponible sur toutes les plateformes d'écoute.