- Speaker #0
Bonjour à toutes et à tous, on se retrouve aujourd'hui sur le Vieux-Port à Marseille, au Théâtre de la Crie qui nous reçoit aujourd'hui. Je suis accompagné de Nathania Khaen, fondatrice de Marseille et grande journaliste. On reçoit aujourd'hui Monias Bouaille de l'Atelier Regain. L'Atelier Regain, c'est quoi Nathania ?
- Speaker #1
Alors l'atelier Reguin, c'est un atelier d'insertion par la couture, où des mères isolées sont formées à la couture, mais sur un produit très spécifique, qui a été créé par Monias Bouaï justement, puisqu'elle est avant tout styliste, à partir d'invendus, de pièces textiles, de vêtements invendus, qui sont récoltés par Emmaüs et par une boutique à Marseille qui s'appelle Fripp Insertion. elles vont créer une ligne de vêtements atypique.
- Speaker #0
En upcycli.
- Speaker #1
Voilà, complètement upcyclé, qui est vendu dans trois boutiques à Marseille. Et vraiment, ça coche toutes les bonnes cases de la durabilité et de l'insertion.
- Speaker #0
On reçoit Mounia tout de suite sur le plateau d'HDQ et on s'y retrouve.
- Speaker #1
Bonjour Moniaz Bouhaï, merci d'être avec nous. Donc tu es styliste. Avant tu avais une marque parisienne qui était à ton nom et qui s'appelait Supermarché en deux mots. Explique nous comment, par quel miracle, tu as quitté Paris et tu as mis de côté cette marque pour te retrouver à la tête d'un atelier d'insertion qui crée des collections sous la marque Atelier Regain.
- Speaker #2
Effectivement, j'étais à Paris pendant 10 ans. Je suis originaire d'un village près d'Antibes qui s'appelle Biote. J'ai passé 10 ans à Paris jusqu'en 2020, où j'ai fait une partie de mes études dans la mode et où j'ai travaillé dans la mode jusqu'à lancer un projet d'upcycling textile en 2016. En 2020, comme plein de personnes, j'ai souhaité revenir dans le Sud. C'était prévu un petit peu avant le confinement, à vrai dire, mais j'ai souhaité revenir un peu dans le Sud, près de la Méditerranée, d'un lieu qui m'était familier, et aussi une envie de lancer d'autres projets ailleurs et non plus à Paris. C'est comme ça que je suis arrivée à Marseille et que j'ai découvert l'association Fripp'insertion, une association qui est membre du mouvement Emmaüs. qui existe à Marseille depuis 1999, qui, comme son nom l'indique, propose des emplois en parcours d'insertion professionnelle à des personnes qui se trouvent éloignées de l'activité économique et professionnelle à travers l'activité de tri et de revalorisation textile, donc de dons de vêtements essentiellement, qui sont donnés par des particuliers qui viennent les apporter à l'atelier, à l'atelier de tri donc. Et voilà, j'ai rejoint cette association pour proposer cette activité de... de transformation textile qui allait être en fait une autre possibilité de donner une deuxième vie à ces textiles qu'on collecte et qui allait permettre également de créer des embauches autour du métier de la couture et pas uniquement du tri. Et donc tout ça avec la rencontre de Céline Lustang qui est l'ancienne directrice de Frites Insertion qui a eu lieu en 2020 et en 2021 on s'est dit qu'on voulait lancer cette activité.
- Speaker #1
Ce que j'ai oublié de dire quand je t'ai présenté, c'est que certes styliste, mais styliste avec quand même une vocation, c'est de l'upcycling et travailler avec des textiles ou des pièces existantes et les transformer. Donc ça, c'est quelque chose qui était dans ton ADN chez Supermarché et qu'on retrouve, que tu déclines toujours aujourd'hui. C'est important.
- Speaker #2
Oui, moi, c'était vraiment... C'est vrai qu'en quittant le... Au milieu traditionnel de la mode ou de la manière de fabriquer le textile, j'avais vraiment l'envie d'utiliser des choses qui existaient déjà et de travailler en collaboration avec des personnes en parcours d'insertion professionnelle. Lors de mon premier projet, j'étais seule, j'étais indépendante, mais la couture était faite dans un chantier d'insertion qui s'appelle Modestime, qui se trouve dans le 93 à l'île Saint-Denis. Tout était réalisé là-bas et effectivement à partir de choses déjà existantes. Donc l'idée de me rapprocher d'une association qui collectait déjà du textile et qui proposait déjà des parcours en insertion, c'était une manière plus organique de continuer à avoir cette activité en utilisant d'autant plus l'existant, en ne lançant pas encore un projet, en venant me greffer plutôt à quelque chose que d'autres humains avaient déjà lancé auparavant.
- Speaker #0
Donc les étapes, c'était Fripp Insertion qui historiquement revalorisait les vêtements, mais tels qu'ils étaient, c'est-à-dire les remettre dans le circuit, etc. Et toi ? Tu viens te greffer sur ça pour bâtir une autre forme de revalorisation ?
- Speaker #2
Oui, en fait on a créé, l'association Fripp'Insertion avait vraiment son activité traditionnelle de collecte, revalorisation et vente. Effectivement, cette année-là, en 2020, vente de vêtements de seconde main dans une friperie qu'on peut appeler solidaire. C'est-à-dire que ce n'est pas une friperie vintage, il y a une belle sélection qui est faite, mais on essaye d'avoir pour tous les prix et de toucher tous les publics. À cette époque-là, il y avait deux boutiques dans Marseille et une boutique au terrasse du port. Maintenant, c'est toujours trois, mais une au centre-bourg, c'est toujours deux en centre-ville. Et également de la vente en ligne sur un site qui s'appelle Labelle Emmaüs, où c'est pareil, qu'une sélection de vêtements de seconde main qui est vendue sur le site. Et moi, en arrivant, on s'est installé dans un autre espace, tout simplement parce que l'espace d'origine était déjà bien rempli. On s'est installé dans un autre espace, on a investi dans des machines, on a vraiment installé un atelier de couture assez classique, avec une très grande table de coupe, des machines professionnelles, et on informe nos collègues qui sont au tri. d'une présélection de ce dont on va vraiment avoir besoin, c'est-à-dire qu'on oriente en disant qu'on a besoin régulièrement de jeans, de chemises d'hommes, de draps, de linge de maison, de choses assez spécifiques. Ensuite, nous, on réceptionne ça, on retrit en général dedans parce qu'il y a certaines choses qu'on va quand même devoir écarter. L'idée, c'est dans ce que nos collègues nous mettent de côté, c'est vraiment des choses qui ne seraient pas vendables en boutique en l'état. soit parce que c'est un jean où il y a une tâche à un endroit ou un trou à un endroit et que c'est encore une autre activité que de réparer. Donc nous, on va vraiment sélectionner plutôt ces choses-là. Et avec ces choses-là, on va...
- Speaker #0
C'est bien sur
- Speaker #2
Voilà, on va...
- Speaker #1
C'est comme les légumes, c'est des habits moches, quoi.
- Speaker #2
Ouais, exactement. C'est ça, ouais, ouais. C'est l'idée.
- Speaker #0
Et quel type de parcours vous accompagnez, alors ? Enfin, vous accompagnez. Qui tu intègres, du coup, dans cet atelier d'insertion ?
- Speaker #2
Alors les personnes en couture, depuis qu'on a lancé l'activité, il y a eu une quinzaine de personnes qui sont passées chez nous dans les parcours d'insertion et dans les parcours hors insertion également. Et on a eu, je dirais quand même jusqu'à maintenant, il y a quelque chose qui se rejoint, c'est presque toutes des personnes qui avaient un vrai intérêt pour la couture, qui avaient une vraie appétence pour la couture. C'est un peu la sélection qu'on fait, si je peux parler de sélection. C'est des personnes qui sont vraiment intéressées, vraiment motivées, soit qui ont des compétences, soit qui n'en ont pas. qui ont vraiment envie.
- Speaker #1
Et que des femmes.
- Speaker #2
Et c'est que des femmes, effectivement. On a réservé les embauches à des femmes uniquement et en priorité des mères isolées. Parce que c'est historiquement, Frippin Sersion, c'était ça la naissance de l'association. Frippin Sersion, ça a été lancé par Emmaüs Pointe Rouge et Hospitalité pour les femmes, une asso qui est à Marseille également. Parce qu'on s'était rendu compte que parmi le public et le loyer de l'emploi, pour qui c'est difficile d'accéder à l'embauche, En priorité, en général, c'est les mères isolées parce qu'on a du mal à faire combiner les horaires ou la garde d'enfants et les horaires de travail. Et avec le temps, les choses chez Free Pension changeaient un petit peu. On voyait plus d'hommes. Aujourd'hui, ce n'est plus vrai, mais il y avait de moins en moins de femmes parce que le tri, c'est une activité qui est quand même assez physique, assez rude et aussi liée aux horaires, les horaires de vente en boutique. Il faut être dispo le samedi, parfois jusqu'à 20h. Quand on est seul avec des enfants, c'est plus compliqué. Donc nous, en créant l'activité de couture, c'était aussi, ok, on voit qu'on a de moins en moins de candidatures féminines, on va réserver ses postes aux femmes.
- Speaker #0
Et redonner un cadre adapté en termes d'horaires de travail, etc.
- Speaker #2
À des contraintes d'une mère isolée, donc je le reprécise à chaque fois, mais ce n'est pas parce que la couture serait un métier féminin, pas du tout, c'est vraiment parce qu'on aurait pu faire autre chose.
- Speaker #0
Et parce que dans le monde où on est, l'enfant est souvent avec sa maman, et quand elle est isolée... Oui,
- Speaker #2
exactement.
- Speaker #0
Bien sûr.
- Speaker #1
Et ce qui est extraordinaire, moi je suis passée à l'atelier, donc j'ai pu voir, c'est qu'à partir de ces fringues moches, des laissées qui ne sont pas vendables et qui ne sont pas désirables, vous avez créé une collection toute, enfin toi, c'est toi qui as imaginé les pièces, mais bon, il y a maintenant une cinquantaine de modèles et qui, au rendu, sont toutes désirables, jolies, et on a l'impression que c'est du neuf fait avec gris, c'est impressionnant.
- Speaker #2
Oui, je crois que c'est vraiment notre... Enfin notre signe distinctif, il y a plein de projets qui font des choses très chouettes, mais en fait je remarque l'étonnement des gens. Quand je dis les gens c'est des clients, quand on est en moment de vente physique, souvent c'est ah ouais Si on en a parlé avant et que les gens n'ont pas vu les pièces, ils sont intéressés, ils sont curieux parce que le projet rend curieux, mais chez une même personne je peux voir la conviction quand les pièces sont découvertes. Parce que les pièces sont belles, effectivement, déjà en termes créatifs, en termes mode, par rapport à une marque classique haut de gamme dont on aime le travail. Franchement, il n'y a pas de compromis en tant que client. On trouve exactement ce qu'on pourrait y chercher. Les finitions sont super. L'équipe de couturier fait vraiment un super boulot où on est hyper attentif à produire des vêtements. comme les marques traditionnelles de l'industrie textile feraient. Et ouais, en tout cas à mes yeux, encore heureux, j'en parle avec beaucoup de... Je suis très fière de ce qu'on fait, parce que je trouve qu'on fait des choses vraiment belles. Sans compromis, je sais que souvent, il y a un imaginaire un peu collectif sur la mode éco-responsable. C'est un peu, c'est pas ouf, c'est des styles un peu ringards ou je sais pas, ou c'est des pièces pas très intéressantes, pas très compétitives en termes d'avant-garde ou de mode. Là, franchement, non, non, c'est hyper cool ce qu'on fait.
- Speaker #0
Et t'es la seule styliste maintenant, du coup, où tu as, est-ce que par exemple, les femmes, du coup ? Ouais. qui sont dans la partie couture, elles travaillent avec toi justement sur les modèles ? Est-ce qu'elles amènent leurs idées ?
- Speaker #2
Pas tellement, parce que pour, à vrai dire, en fait, les modèles qu'on fait, par exemple aujourd'hui, c'est des modèles qu'on fait depuis le début. On n'est pas non plus sans cesse en train d'innover en termes de modèles, pour plein de raisons.
- Speaker #0
C'est pas de la faste couture ?
- Speaker #2
Non, et comme on a des petites quantités, enfin, on a des petites quantités, on fabrique, quand on fabrique un modèle, on n'en fabrique pas mille pièces, mille exemplaires du même modèle. Donc le modèle, il y a toujours un tas de gens qui ne l'ont encore jamais découvert. Donc on ne fonctionne pas en saison. Si on se fait toujours un peu plaisir à cet hiver, allez, on rajoute un nouveau modèle qu'on va développer.
- Speaker #0
Une matière d'hiver, justement.
- Speaker #2
Oui, ça, évidemment, on adapte, bien entendu. Là, si vous allez en boutique, vous allez pouvoir trouver des modèles plus de printemps, voire d'été, et pareil pour automne-hiver. On ne passe pas beaucoup de temps à faire de la recherche et du développement de nouveaux modèles. A vrai dire parce qu'on est une petite équipe. L'encadrement est fait en même temps que la création, en même temps que la communication, en même temps que la vente. Et en même temps c'est ça qui est très stimulant. Mais du coup on n'a pas comme une marque classique aurait un vrai pôle de... De créer. De développement, de recherche, d'inspiration, clairement.
- Speaker #0
Est-ce que ce serait toi un peu dans ton rôle de styliste justement de ne pas pouvoir créer un peu plus souvent ?
- Speaker #2
Non, bien sûr que j'aimerais qu'on vende des millions de pièces et qu'on ait plus de moyens pour faire des trucs encore plus créatifs et effectivement en équipe pouvoir passer plus de temps sur de la recherche. Et sur de l'essai, et sur des trucs qu'on pourrait laisser tomber, parce que c'est aussi ça, arriver à aboutir à quelque chose, c'est 80% de choses qu'on ne va jamais faire, et on pourra arriver à garder les 20%. Donc si, ça ne me frustre pas, mais j'aimerais bien, comme je pense nous tous et toutes qui avons un boulot, on aimerait bien des conditions encore mieux pour pouvoir aller plus loin, mais le challenge d'utiliser des choses existantes nous force à être tout le temps en recherche quand même.
- Speaker #1
Il n'y a pas de renouveau dans la création mais il y a du renouveau dans la composition parce qu'à chaque fois c'est des textiles, tu as de servir pour assembler des matières et des textiles de pièces différentes donc chaque vêtement est unique et en même temps tu as quand même à chaque fois une petite touche à mettre pour assembler, pour que tout concorde, que les couleurs soient...
- Speaker #2
C'est vrai qu'il y a quand même un aspect créatif à chaque fois qu'on produit une pièce, une marque classique qui va produire une veste en jean, Une fois que le modèle est développé, c'est bon, on y va, on n'y revient plus. Nous, le même modèle de veste, selon qu'on va utiliser un velours coquelé, du jean, un tissu d'ameublement, on va la redécouvrir à chaque fois.
- Speaker #0
Et puis la doublure.
- Speaker #2
Donc non, pour l'instant, c'est plutôt comme ça. Et après, c'est plus sur le côté, je reviens à la question, sur le côté de la participation des couturières. C'est vrai qu'il y a un process où on prépare avec ma collègue qui s'appelle Mathilde, qui est vraiment en lien plus que moi avec les couturières sur l'aspect technique, qui accueille aussi les couturières quand elles arrivent pour découvrir le métier quand elles ne connaissent pas. On va préparer le travail, on va aller chercher dans notre stock, genre cette semaine il faudrait faire 5 jupes comme ça, 5 pantalons comme ça, etc. On va aller piocher dans le stock ce qu'on a et préparer un peu le boulot pour chaque couturière parce qu'à la fin, il y a quand même une visée commerciale dans tout ça. Et c'est plus sur des petites productions ou des choses où on peut un peu plus laisser libre cours ou peut-être que chacune va plus choisir la doublure à ce moment-là ou le détail. Mais il y a un cadre qui s'apparenterait à celui d'une marque classique en ce sens.
- Speaker #1
Ce qui est peut-être intéressant aussi de dire, c'est que d'une part, toutes les pièces que vous produisez, imaginez, sont soit vendues en ligne, soit vendues dans les boutiques physiques à Marseille, mais qu'il y a un autre poste qui est très intéressant pour vous et que tu m'as dit qu'il y a vraiment à développer, c'est les commandes du privé, c'est commander des serviettes de table pour une réception. C'est commander des tabliers pour un restaurant, c'est commander des pochettes pour faire des cadeaux à des clientes. Ça serait bien aussi de développer justement tout ce côté.
- Speaker #2
C'est vrai que pour l'instant, étonnamment, moi ça m'étonne, mais peut-être que c'est moi, il y a un rythme de croisière qui fait qu'on produit pour nous-mêmes. Quand on est dans des moments où on ne reçoit pas de commandes pour l'extérieur, on produit pour nous-mêmes, pour notre propre commercialisation. Et ça matche assez bien. Ce qui sort correspond bien à ce qui est acheté, assez organiquement. Après, je ne sais pas, les choses se sont faites comme ça. Mais par ailleurs, on a eu des sollicitations et on a fait aussi des propositions à des moments. pour fabriquer pour d'autres avec la valeur ajoutée upcycling. On n'est pas, quand il y a des clientes ou des clients qui viennent vers nous pour vraiment plus de la production un peu rapide, de petites choses, je pense qu'on n'est pas à l'atelier adéquat. Je pense qu'à Marseille, il y a des ateliers plus intéressants, plus compétitifs en termes de prix, pour quelque chose qui se ferait plus à la chaîne. Nous, on aime bien que les couturières puissent vraiment travailler de manière artisanale sur chaque pièce de A à Z. Quand on est en production comme ça, on peut un peu changer les choses. Mais effectivement, oui, on fabrique des produits pour d'autres. Dernièrement, on a fait notamment pour une association qui s'appelle Météo et Climat. Des sortes d'uniformes pour 60 chercheurs et chercheuses sur les questions climatiques, à partir de chemises de seconde main qu'on a collectées à l'atelier. Dans ce cadre-là, on va solliciter nos collègues qui sont au tri, leur dire qu'on a besoin d'une quantité précise, même un peu un développement de taille différente. Et nous, on se met un peu en chaîne pour produire ça. C'est des moments aussi qui sont hyper intéressants pour nous, parce que... Notre travail sort de chez nous, c'est plus juste nos seuls clients qu'on touche, mais notre travail va être, là c'est des chercheurs et des chercheuses qui font cette exposition itinérante en France et qui portent notre gilet avec leur écusson, donc qui en quelque sorte vont parler aussi de notre travail à travers ce qu'ils portent, c'est complètement aligné avec leurs propres valeurs, et nous c'est pas quelqu'un qui nous livre du tissu, des zips et allez-y, on reste quand même dans notre revanche créative. Le dubcycling, c'est des choses qui sont assez chouettes à faire.
- Speaker #0
Et même si on ne peut pas en parler, je crois qu'il y a maintenant aussi des grandes marques qui vous sollicitent. Vous allez avoir des belles choses qui arrivent.
- Speaker #2
Oui.
- Speaker #0
Ça, c'est significatif. On ne va pas en dire plus, parce que tu me dévoilerais la surprise quand sera le moment venu, mais c'est significatif aussi d'une étape qu'on passe, d'avoir été identifié par des grandes maisons, par des grands acteurs, justement, et qui vous font confiance pour créer des choses avec elles.
- Speaker #2
Ouais, je dirais que c'est l'un, et inversement aussi. Il y a de ça, c'est aussi des liens un peu de bouche à oreille, ou comme ça un peu interpersonnels.
- Speaker #0
Un monde de la mode, quoi.
- Speaker #2
Ouais, un peu notre monde de la mode. Je ne sais pas si on peut dire qu'Atelier Regarde est dans le monde de la mode, je ne sais pas si on peut dire ça.
- Speaker #1
Vous avez des réseaux d'internexion.
- Speaker #2
Oui, de liens, de connexions, bien sûr, qui étaient un peu préexistantes. Mais c'est aussi à la fois ce genre de collaboration qui va permettre qu'il y en ait d'autres. Je pense que c'est comme la presse, quand il y en a dix, il y en a dix.
- Speaker #0
Et ça va le mieux aussi, j'imagine, les couturières.
- Speaker #2
Oui, c'est vraiment ça, c'est des moments... Après, nous, on aime toutes les marques. Je veux dire, évidemment, quand... Non, mais c'est vrai que quand c'est un projet qui vient d'un projet qu'on aime beaucoup ou pour lequel on a déjà beaucoup d'admiration. C'est un plus évidemment en termes de travail parce que c'est hyper plaisant de se dire qu'on collabore avec des personnes ou un lieu dont on apprécie le boulot. Et après, ce qui est vraiment appréciable, c'est quand la démarche est vraiment là. C'est quand les clients ou les clientes viennent avec une vraie ouverture et qu'ils ne viennent pas juste pour avoir un atelier qu'ils fabriquent, comme on pourrait sous-traiter tout simplement, qu'ils viennent avec une vraie curiosité. Oui, une vraie envie de collaborer.
- Speaker #1
La curiosité pour la méthode, enfin, puis pour le système.
- Speaker #2
Oui, oui.
- Speaker #1
Et du reste, ce système, enfin, cette méthode, est-ce qu'on s'y intéresse d'ailleurs que de Marseille ? Est-ce que tu as déjà été sollicité par, je ne sais pas, peut-être d'autres Emmaüs, d'autres ateliers, d'autres friperies dans la France qui trouvent intéressant de pluguer justement un atelier de création un petit peu original sur une activité de friperie ?
- Speaker #2
Déjà, on l'a un peu en interne, donc Fripp Insertion faisant partie du mouvement Emmaüs. En fait, on est comme ça un collectif de 8, 9, peut-être que j'en oublie, projets comme Atelier Regain à travers la France.
- Speaker #0
Donc quand tu dis comme, c'est vraiment tous des ateliers de couture ?
- Speaker #2
Ah oui, avec des formats différents. Certains sont en insertion, certaines sous-traitent à des athes, mais en tout cas avec un format upcycling textile corrélé à un atelier de tri qui collecte du don. faisant partie du mouvement Emmaüs. Et donc avec ce petit groupe-là, qui s'appelle les Upcyclers, on se réunit et on partage nos pratiques et nos manières de faire dans l'idée effectivement aussi de... que ça existe vraiment au sein d'Emmaüs. Emmaüs France est hyper engagée sur le sujet et nous soutient beaucoup dans nos démarches pour comprendre comment ça s'articule et comment ça fonctionne et comment effectivement c'est des modèles qui peuvent être duplicables au sein d'Emmaüs, parce que c'est l'assaut dont on est membre. Mais c'est vrai qu'on a déjà été contactés par d'autres, en l'occurrence du mouvement Emmaüs, qui n'avaient pas encore cette activité couture.
- Speaker #0
Qui étaient sémés sur les mêmes modèles.
- Speaker #2
du coup je sais pas si on peut parler des cms en tout cas de voilà mais voilà je suis complètement au niveau du modèle financier
- Speaker #1
Alors je sais que les ventes ça marche, mais justement l'idée c'est de développer un peu le privé, qu'est-ce qui peut vous aider à passer peut-être, à franchir une marche, et ça pourrait être quoi ? Si l'argent vient à rentrer davantage, ça serait quoi l'étape d'après ?
- Speaker #2
L'étape d'après, l'étape de maintenant et d'après, pour moi ce serait de pérenniser une équipe avec des personnes en droit commun, évidemment les personnes en insertion c'est le cœur du projet. Qu'avec moi, il y ait des personnes en droit commun sur lesquelles on puisse avoir une visibilité d'emploi, tout simplement. C'est des choses très basiques, mais c'est vraiment de l'ARH.
- Speaker #1
L'insertion, c'est deux ans.
- Speaker #2
L'insertion, c'est deux ans maximum. En général, nous, c'est plutôt un an, un an et demi. Mais je dirais, oui, des ressources humaines avec des humains fixes pour qu'on puisse pérenniser quelque chose. Jusqu'à présent, j'ai eu de la chance d'être avec des personnes super... super énergique et super disponible sur le projet et super curieuse mais pour l'instant on a du mal à vraiment... Pouvoir se dire qu'on va garder des personnes et qu'on va pouvoir investir de manière durable sur de l'ARH. Et sinon, concrètement, aujourd'hui, ce qui nous manquerait, je pense, c'est de la visibilité. C'est que les gens connaissent notre travail. Et là, en l'occurrence, quand je dis les gens, ce seraient les clientes, clients de nos vêtements sur un cintre, mais aussi des professionnels, effectivement, qui passeraient des commandes plus importantes. à des moments précis. On fait des ateliers aussi de sensibilisation, on a développé ça pour des petits groupes, ou des plus grands groupes d'ailleurs, mais de sensibilisation à toute la question du réemploi textile, et ça va, de découvrir le tri, à apprendre à fabriquer et à se servir d'une machine. Ma collègue Mathilde développe des petits tests pour de la sérigraphie un peu maison, donc on essaye de... Enfin, on essaye. On se trouve sur ces trois volets-là, donc nos propres collections, la prod pour des clients extérieurs et la question de la sensibilisation, parce que c'est des endroits où c'est important d'être, mais aussi parce que c'est des endroits où on a envie d'être. Comment dire ? On a le goût d'être dans ces liens-là. Et donc oui, à la fois, il nous faut plus de visibilité sur nos collections et plus de visibilité sur ces questions de production extérieure. Et après, j'ajouterais, aujourd'hui, comment on fonctionne, c'est grâce au chiffre d'affaires qu'on génère, mais c'est aussi grâce à des subventions d'appels à projets auxquels on répond. Donc subventions... C'est souvent des appels à projets sur lesquels il y a une contrepartie de fournir quelque chose, un travail. Donc, ce n'est plus exactement des subventions. Je ne sais pas si ça s'appelle subvention. Et sur des projets qui sont très chouettes, qui nous amènent à faire des choses qui sont très chouettes. Mais c'est vrai que, de plus en plus, je me dis qu'il y a, sur des jeunes projets comme ça qui émergent, qui essayent de faire des choses de manière super vertueuse, Dans des cadres où l'économie est sobre, si je peux dire, je me dis que le gouvernement, au-delà des emplois en insertion, pourrait s'intéresser davantage à ça, au-delà du côté associatif ESS et Maüs, ce qu'on est en train de proposer. C'est une toute petite équipe de quelques personnes qui sont en train de faire de la recherche et du développement sur des choses qui sont hyper nécessaires pour tout le monde en fait et que nous on le fait avec nos propres moyens mais que ce serait chouette de... de recevoir de l'intérêt de cette part-là, parce que moi, j'ai l'impression qu'on est avec nos petites cuillères en train de creuser un peu le tunnel vers lequel tout le monde devrait aller.
- Speaker #0
Tu vas avoir une louche, quoi.
- Speaker #2
J'aimerais bien qu'on déblaye tout sensible, en fait. Voilà, beaucoup d'images aujourd'hui.
- Speaker #0
On va dire dans les femmes que tu as pu croiser sur ce parcours-là. combien arrivent à rester dans la couture après ? Parce que c'est un vrai enjeu de l'insertion, c'est d'essayer de les garder dans une filière, ou de leur avoir fait découvrir ce métier. Et surtout, c'est quoi les débouchés ? Est-ce que c'est à Marseille ? Est-ce que c'est à Iran-France ?
- Speaker #2
Ça, c'est une vraie question. C'est une vraie question qu'on s'est posée depuis le début. Ce n'est pas quelque chose qu'on découvre. Donc Marseille, c'est vrai. Marseille et la région, ce n'est pas un terrain où il y a beaucoup d'entreprises qui proposeraient des emplois en droit commun en couture. Clairement pas. Donc on a quelques personnes qui ont eu des envies ou qui ont des envies de peut-être créer des projets.
- Speaker #0
Elles-mêmes.
- Speaker #2
Oui. Donc l'idée, c'est qu'à travers le parcours, moi, j'essaye d'inciter à aller voir ailleurs, à aller faire des petites périodes d'immersion. Chez d'autres, voir un peu comment ça peut se passer ailleurs. On est un peu sur l'idée que la couture c'est un support, que ça aurait pu être autre chose. Dans un monde idéal, je sais que pour des chantiers d'insertion que je connais à Paris notamment, je sais qu'il y a des personnes qui se retrouvent dans des maisons en fait, qui vraiment l'insertion se fait dans le même domaine quand c'est vraiment le métier de cœur des gens, parce qu'il y a des possibilités, c'est pas le cas ici. Donc non pour l'instant. Les personnes qui sont sorties sur des formations ou des emplois, c'était d'autres choses. Ce n'était pas la couture.
- Speaker #0
La couture est une étape pour elles dans leur parcours de vie.
- Speaker #2
Oui, j'aimerais que ce soit autrement. Et à la fois, de ce que je me dis, de telles que sont les choses, c'est que ce moment-là, ce passage-là au sein de l'atelier, ça reste quand même un moment, enfin un moment ou une période qui est... qui permet de construire ou reconstruire des choses, qui permet de retrouver une situation de salarié, du lien social, des collègues de boulot, un objectif et de se sentir faire partie de quelque chose. Et qu'en attendant, il y a ce passage-là qui...
- Speaker #0
Qu'elle a ressent pas, quand même.
- Speaker #2
Je crois qu'il est... Il faut demander à l'équipe, mais si, si.
- Speaker #0
Je vais aller à l'atelier, elle peut venir te voir.
- Speaker #1
Pour finir, on peut peut-être rapporter cette anecdote qui est drôle, c'est une de tes clientes qui est complètement désespérée d'avoir oublié dans le train son... qui t'a envoyé un message.
- Speaker #2
On a reçu un mail trop mignon hier d'une cliente. qui a reçu en cadeau un gilet sans manche. On fait des gilets sans manche trop cool avec des couvertures en laine. Donc oui, c'est ça. Moi, c'est mon grand étonnement, mais les gens donnent leurs couvertures en laine, ce qui aujourd'hui coûterait super cher et c'est de la super bonne qualité. Mais on continue à les donner parce que nous, on les collecte, c'est super pour nous. Et donc, on a fabriqué ce petit gilet, on a développé ce modèle et elle, elle l'a reçu en cadeau de Noël. Et elle l'a oublié dans le train. Donc elle nous a envoyé un mail super mignon en nous remerciant de notre travail déjà. Kiffez ça, c'est incroyable. Je ne suis pas sûre que H&M reçoive ce genre de mail. On ne dit pas de marrer. Pardon. Que les autres reçoivent ce genre de mail. Donc elle nous a remercié de notre travail. Elle nous a dit que c'était super et tout. Et à la fin, elle nous demande, je l'ai perdu. Est-ce que vous croyez que vous pourriez m'en refaire un ? Est-ce qu'il vous reste de la couverture rose ?
- Speaker #1
Voilà. Je trouvais ça très mignon.
- Speaker #0
Mania, merci d'avoir été avec nous. On est ravis de t'avoir reçu. Bravo pour tout ce que vous faites chez Regain. J'espère que tes appels à clientèle et à soutien auront été entendus. Merci, Nathania.
- Speaker #1
Merci, Sylvain.
- Speaker #0
On se retrouve dans le prochain HDQ. Et vous pouvez nous suivre, évidemment, sur tous nos réseaux. Au plaisir de vous retrouver la prochaine fois.