undefined cover
undefined cover
(PODCAST) Aïssa Grabsi - Le Sel de la Vie, briser les inégalités ! cover
(PODCAST) Aïssa Grabsi - Le Sel de la Vie, briser les inégalités ! cover
Héros du Quotidien - L'Hebdo

(PODCAST) Aïssa Grabsi - Le Sel de la Vie, briser les inégalités !

(PODCAST) Aïssa Grabsi - Le Sel de la Vie, briser les inégalités !

32min |03/05/2024|

12

Play
undefined cover
undefined cover
(PODCAST) Aïssa Grabsi - Le Sel de la Vie, briser les inégalités ! cover
(PODCAST) Aïssa Grabsi - Le Sel de la Vie, briser les inégalités ! cover
Héros du Quotidien - L'Hebdo

(PODCAST) Aïssa Grabsi - Le Sel de la Vie, briser les inégalités !

(PODCAST) Aïssa Grabsi - Le Sel de la Vie, briser les inégalités !

32min |03/05/2024|

12

Play

Description

Aïssa est enseignant en sciences sociales, et co-fondateur de l’association Le Sel De La Vie  !🧂


« Venir de… ne doit plus empêcher de devenir ». Voilà le mantra d'Aïssa Grabsi, professeur de sciences humaines et cofondateur du Sel de la vie à Marseille. L'ambition de cette association : permettre à chacun de donner plus de saveurs à son quotidien, qu'il s'agisse de tisser du lien social, de découvrir de nouveaux loisirs ... Ou de s'engager dans un parcours ambitieux comme celui des (très inégales) études de médecine.


L'article complet de Maëva Gardet-Pizzo à découvrir sur 👉 https://marcelle.media/


Retrouvez-nous sur tous les réseaux HDQ !

Youtube: https://www.youtube.com/@herosduquotidien

Instagram : https://www.instagram.com/herosduquotidien.tv/

TikTok : https://www.tiktok.com/@herosduquotidien

Facebook : https://www.facebook.com/herosduquotidien.media/


🎧 Et en Podcast :

Spotify : https://open.spotify.com/show/2abuFb4Ae6LGBmuOat4Uh7

Apple Music : https://podcasts.apple.com/us/podcast/héros-du-quotidien-lhebdo/id1726469553

Deezer : https://www.deezer.com/show/1000598222

Amazon music : https://music.amazon.com/podcasts/c148eba8-9c5c-4654-a563-79335b6c97d7


CRÉDITS :

Auteurs : https://www.instagram.com/sylvain_j_martin/ - https://www.instagram.com/maeva_gardetpizzo/

Réalisateur/Monteur : https://www.instagram.com/rc_shooting_editing/

Journaliste : https://www.instagram.com/maeva_gardetpizzo/

Coproduction: https://www.restaurantlerepublique.com/ & https://marcelle.media/


Lieu de tournage: Théatre de La Criée, Marseille


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et à tous, on se retrouve encore dans ce nouveau HDQ. On est ravis de vous recevoir, n'oubliez pas de nous suivre sur les réseaux Youtube, Insta, Facebook, on est partout. Ici, on est dans un lieu magnifique qui est le Théâtre de la Criée. On va y recevoir un gars formidable qui est Aïssa Grabsy, qui est un enseignant très très engagé à Marseille. Pour ça, je vais être accompagné de Maëva Gardépizzo de Marseille et elle va pouvoir vous expliquer ce que fait Aïssa.

  • Speaker #1

    Le CEL de la vie, c'est le nom de l'association qui a créé ce professeur. Le CEL de la vie, parce que c'est toutes ces petites choses qui donnent du sens à la vie, du lien social, des activités, tout ce que fait l'association, en particulier dans les quartiers nord de Marseille. Et on est ravis d'accueillir Aïssa qui va nous expliquer tout ça sur le plateau de HDQ.

  • Speaker #0

    Aïssa, merci d'être avec nous aujourd'hui. On va se parler un petit peu de tout ce que vous faites avec le CEL de la vie, mais pas que. Maëva, merci encore une fois d'être avec nous. Et on va pouvoir démarrer un peu cette interview. Aïssa, le CEL de la vie aujourd'hui, c'est une structure qui accompagne des jeunes, des enfants, des plus grands. de tous âges un peu, suivant les parcours et suivant l'étape où ils en sont, vous avez développé des projets incroyables aussi, pour amener des jeunes des quartiers prioritaires de la ville, comme on dit maintenant, vers des niveaux éducatifs, en particulier sur la médecine, sur les enjeux de santé, etc. Comment ça vous est venu ? Qu'est-ce qui a créé cette envie de justement accompagner différemment, puisque tu es ici du monde de l'éducation, accompagner différemment ces jeunes, ou en dehors du scope traditionnel de l'éducation nationale et des parcours éducatifs traditionnels.

  • Speaker #2

    Bonjour à vous, d'abord merci pour l'accueil, merci pour ce formidable projet qui donne des éclairages un peu multifoucaux quelque part, et donne à voir un peu ce qui se fait sur le terrain. Alors, le ciel de la vie, précisément sur ce projet de la prépa sociale et solidaire, qu'on appelle MEDAN PharmaKiné, qui n'est rien d'autre que l'acronyme de médecine, dentaire, pharmacie, maïotique, kinésithérapie. Dans le langage courant, on parle d'écurie, en référence à la préparation. des chevaux pour affronter les compétitions les plus difficiles. Donc c'est une écurie sociale et solidaire. Aujourd'hui on préfère nous parler de prépa, voire d'école sociale et solidaire, qui est en train de se développer. Mais le point de départ, c'est une conjonction de facteurs, à la fois d'éléments qui sont structurels et qui sont là, et je crois que peut-être que le mieux, au-delà des statistiques, ce sont, comme on aurait dit, pour paraphraser un peu Victor Hugo, mais de façon totalement maladroite, c'est un peu les poètes et les artistes qui sont assis au bord du précipice que le monde. Il voit de façon claire et accrue et avec une acuité telle des choses qui sont dures, violentes. C'est même les artistes qui le disent. Par exemple, c'est Ayam dans les années 90 qui dit Je crois que ça ne va pas être possible C'est... Pas dans pas, Ayam Ayam dit Le verre soulève le voile, personne ne joue avec la même carte C'est Zabda qui dit Je crois que ça ne va pas être possible Ou tout simplement l'artiste Ben qui, en une phrase, dit Venir d'eux empêche de devenir En fait, qui résume toutes les études sur... Les problématiques des inégalités, des discriminations et des ségrégations, qui fait que si on transpose ce qui se passe dans les études d'enseignement supérieur, médecine, plantaires, etc., statistiquement, c'est moins de 5% des fils d'ouvriers qui seront en première année, et plus de 90% d'entre eux ne passeront pas la première année. Donc ça, c'est déjà des constats.

  • Speaker #0

    Parce que justement, ils ne sont pas accompagnés par une écurie, justement. Parce que les autres bénéficient de ces avantages-là, ou c'est plus profond même ?

  • Speaker #2

    C'est même beaucoup plus profond. Pour les rares qui se lanceront dans ces études-là en termes de proportion, ils ne sont pas accompagnés, ils n'ont pas les moyens, parce que il y a un modèle à côté de prépa qui sont privés, qui sélectionnent par deux critères qui sont quasiment insurmontables pour un grand nombre de jeunes lycéens issus de milieux modestes et défavorisés. On sélectionne à la fois par le bac avec une mention bien, voire très bien, très souvent beaucoup plus proche de très bien, à quelques dixièmes près de la note permettant d'obtenir la mention. Et puis on sélectionne par l'argent. Donc le prépas c'est entre 4000, 5000, 7000, voire même jusqu'à 10 000 euros. Et qui fonctionne en fait comme une entreprise, c'est-à-dire on va segmenter. les différentes façons d'accompagner ces lycéens, ces étudiants, parce qu'aujourd'hui il y a eu la réforme des études, qui permettent de proposer des stages, etc. Donc ça c'est pour les rats qui passeront là-dessus, ils n'ont pas de prépa, ils n'ont pas les moyens d'eux, ou alors les parents, c'est le cas d'une étudiante qu'on a eue chez nous, dont la mère a vendu la voiture pour pouvoir faire que sa fille aille dans une prépa. Juste à ce moment-là, nous on crée la prépa, donc il y a vraiment un décalage dans le temps, et puis en amont, parce qu'on a un certain nombre de publics qui... s'auto-censure. Il y a des freins périphériques d'ordre psychologique. qui viennent se rajouter aux frances sociaux et qui se résument en une phrase. Ce n'est pas pour moi. C'est quand ça n'est pas un impensé en tant que tel. ces constats-là. Et puis, on est en 2020, on est entre le confinement, reconfinement, sortir du confinement. Je ne sais pas si vous vous souvenez, on se faisait des attestations de sortie, d'autorisation de sortie à son nom, des auto-attestations pour sortir, qui nous autorisent à sortir, mais pouvoir rentrer et ressortir à nouveau. Enfin, quelque chose d'assez ubuesque, on pourrait dire. Et on est donc dans le confinement, sortir du confinement. Il y a eu cette formidable réussite qu'a été l'enseignement à distance des élèves. dont on sait que l'accrochage était derrière ce qu'on appelle le black screen, l'écran noir, et puis le constat d'un certain nombre d'anciens élèves, je pense à une ancienne élève que j'ai eue, que je rencontre par hasard, et qui échange avec ma fille, qui me dit j'aimerais bien échanger avec ton père, etc. parce que j'ai un projet, et nous on était déjà dans ce projet de créer une écurie, etc. Donc elle, elle est en troisième année de dentaire à ce moment-là, donc on contacte, elle me dit voilà, on est quelques-uns, on aimerait bien pouvoir… accompagner des jeunes des quartiers populaires, parce que les amphithéâtres ne correspondent pas du tout à la réalité métissée, colorée, de cette ville vieille de plus de 2600 ans, et qui a connu des brassages et des métissages assez importants. Et donc voilà, c'est cette conjonction-là qui fait qu'un certain nombre d'acteurs du monde de l'éducation, mais pas que, donc on réfléchit à comment construire ça, et puis on va rencontrer des acteurs sur le terrain, parce que la première année on a 0 centime, 0 euro, ou 0 euro, 0 centime. Et on a une structure qui s'appelle Approche Culture et Territoire, qui travaille sur les questions d'histoire, mémoire, migration, etc. et qui nous met à disposition. tous ces locaux sur le mois d'août, gracieusement, qui revoient tout son agenda pour avoir les mercredis et les week-ends pour accompagner la première promo de 12 étudiants, accompagnés par trois tuteurs, coordinateurs. Donc ça a commencé comme ça.

  • Speaker #1

    En parallèle, en 2020, il y a aussi d'autres actions.

  • Speaker #2

    Oui, exactement. Il y a d'autres actions. C'est-à-dire que le CEL de la vie, entre sa naissance, qu'on veut symboliquement le 14 juillet, pour le réseau, c'est évident. Justement 2021, on va développer à peu près... Une trentaine d'actions dans à peu près 28-29 domaines différents, depuis sport et loisirs. Donc conjointement vont naître à la fois la prépa sociale et solidaire, mais dans PharmaKiné, mais aussi des actions de terrain. Ça va être par exemple le sport aquatique pour tous, en partenariat avec le Grand Bleu à l'Estac, où on va faire partir du 23 juillet au 27 août des gamins, tous les jours 300 gamins qui partent en car. direction la plage de Cordillère, où ils apprennent à nager, brevet de secourisme, quelquefois les mamans. Et on va créer le premier tournoi de water polo en mer. Et la compétition finale se déroule par un temps de mistral. Donc tout le monde était là, il y avait une effervescence extraordinaire. Et puis pareil, à côté, on va nous solliciter, c'est la DRAGES, Direction Régionale Académique Jeunesse et Sports, où il y avait les vacances pour tous, et on nous sollicite pour monter. Un départ en vacances dans une fenêtre de tir assez courte de 15 jours. Et en fait, l'équipe se mobilise. On est à l'après-m, donc c'est la matinée, le ciel de la vie. On était entre le fait de faire des colis, nourrir le deuxième ventre, mais se poser la question, deuxième cerveau on va dire, et de nourrir le premier cerveau. Et donc, on va monter là 5 séjours en l'espace de 15 jours, un petit peu partout dans la région, avec deux week-ends. parents-enfants sur l'île du Frioul. Et puis, on va développer pareil une formation le 24, 25, 26 décembre sur l'utilisation des tablettes pour les parents et les enfants en tant que tels. Donc, ça se passe aussi à l'après-m, avec une remise, un certificat derrière. à l'intérieur, on est quelques-uns à être des formateurs sur le numérique et on est à même de pouvoir les accompagner. Donc voilà, ça fait une petite myriade.

  • Speaker #1

    Ça fait beaucoup de choses. Du coup, qu'est-ce qui fait le lien ? Ça tient dans le nom, le sel de la vie, peut-être qu'il faudrait aussi détailler un petit peu qu'est-ce que ça veut dire, le sel de la vie ?

  • Speaker #2

    Absolument. Alors, le sel de la vie, la référence, elle est assez explicite quand on est extérieur, c'est-à-dire en tant que nutriments essentiels à la vie en tant que telle, si on n'a pas de sel en soi, mais aussi sur les sols, etc. Et puis le sel de la vie, c'est aussi ce qui vient apporter à la fois de la saveur, du goût, un horizon dégagé. Alors il faut rendre ici en l'occurrence ce qui appartient à François Zéritier, puisque c'est notre référence pour nous. François Zéritier est une anthropologue de renom, et c'est cette correspondance qu'elle va avoir avec un ami médecin spécialiste qui va lui envoyer une carte depuis le nord de l'Angleterre où il indique qu'il a réussi à se voler une semaine de vacances dans son calendrier. Et puis c'est le début d'un échange. où elle explique que non, il n'a pas réussi à voler, il se fait voler de son temps, et elle énonce comme ça, elle énumère tout au long de sa correspondance avec lui, les différentes situations de la vie qui font... Le sel de la vie, entre partager un repas avec les amis, un coucher de soleil seul ou en amoureux, des vacances, une balade, admirer le lever du jour, etc. Tout autant de situations qui renvoient au sel de la vie. Si on transpose vis-à-vis des jeunes qui viennent du milieu modeste et défavorisé, c'est tout un ensemble de situations, on regarde ce que je disais tout à l'heure, en référence à ce que nous mettent bien en relief les artistes, c'est quelque part tout ce qui va faire défaut. à ce qui constitue le sein de la vie pour eux. C'est-à-dire, lorsqu'il y a des freins psychologiques, sociaux et autres, de l'autocensure, ou lorsque c'est de l'impensé de se dire que je peux faire des études d'excellence, ici c'est le cas de... de médecine dentaire, etc. Mais on peut transposer ça vers les études de maths sup, maths p, ingénieur, aviation, etc. Pour ces gamins-là, lorsque l'artiste nous dit venir deux empêche de devenir quelque part, ça signifie qu'il manque ce sel-là pour pouvoir faire qu'ils réussissent ou autrement dit, c'est la chronique sociale d'un échec annoncé. Pour nous, c'est travailler à tout ça. Et puis le sel de la vie étant constitué de trois piliers fondamentaux, C'est ce qui va nous amener à être sur des constats partagés, parce qu'on vit dans ces zones-là, géographiques, qu'on appelle les quartiers populaires, et qu'on résume par les QPV qui synthétisent au travers d'un certain nombre d'indicateurs sociaux, éducatifs et économiques ce que c'est, mais dans lesquels il y a des richesses, il y a des pépites, il y a des diamants à l'état brut, pour prendre l'expression de Salim, à savoir qu'il faut juste créer les conditions pour pouvoir, face à des inégalités de situation et de droit. Pour nous, il s'agit de travailler à égaliser les terrains. Et donc, dans le sel de la vie, on va avoir trois piliers fondamentaux. Le pilier d'abord des parents et des familles engagées, pour qui le seul patrimoine à la seule richesse, c'est leurs enfants. Et le pari qu'ils font sur l'investissement de l'école, et très souvent sur l'investissement de l'école, pour lequel eux n'ont pas les moyens, en dehors de ce que l'école républicaine peut leur donner. Et puis ensuite, ce sont les associations de quartiers, très souvent elles aussi engagées, portées très souvent. par des femmes, des résilientes, des battantes, qui sont aussi engagées et qu'on va rencontrer, nous, dans le sel de la vie. Et puis, un troisième pilier qui est constitué d'une... communauté, une myriade de professions très large en fait, qui rassemble toutes les catégories sociales professionnelles identifiées depuis le cadre, chef d'entreprise, médecin, enseignant, éducateur, aide-soignante, infirmier, même celui qui est au chômage, etc. Et puis d'autres jeunes,

  • Speaker #0

    puisque par exemple, Médanpharmaciné, que je prononce, je crois, c'est justement... tu as ce tutorat qui se met en place aussi. C'est-à-dire qu'il y a aussi ceux qui sont déjà passés par là, qui créent un genre de relais dans le parcours des jeunes qui sont accompagnés par la prépa.

  • Speaker #2

    Tout à fait. C'est le principe même. C'est-à-dire que lorsqu'on va concevoir nos différents projets, ce qui va nous animer à nous, au-delà du constat des situations, c'est comment on construit un projet, comment on le co-construit. Et nous, on refuse d'être dans la logique taylorienne de type il y a le bureau des ingénieurs et des méthodes qui conçoivent et puis il y a ceux qui vont appliquer. C'est l'inverse, on dit bon, nous on n'a pas d'expertise, si ce n'est qu'on peut peut-être penser les choses autrement, mais on se heurte à l'expérience des uns et des autres qui est souvent porteuse d'expertise, de savoir-faire et de proposition en tant que telle. Ce qui va nous amener, au travers de nos expériences un peu professionnelles les uns et les autres, c'est-à-dire qu'il faut que ce soit un cadre pédagogique qui soit autre, c'est-à-dire que pas uniquement des cours descendants en tant que tels. Et pourquoi les étudiants vont être les tuteurs mais aussi les enseignants de terrain ? Ils vont développer ce qu'on appelle une pédagogie non formelle. Parce que, pour reprendre une image qu'avait donnée un étudiant qui avait réussi le concours de médecine, quand il a réussi, donc il est de très loin, vous imaginez, donc il n'a pas de Sherpa pour l'accompagner, donc il intègre notre écurie, petite équipe modeste de Sherpa, portée par ces premiers tuteurs-là, et il dit j'ai l'impression d'avoir gravi l'Everest avec tout ça. Et nous, on se dit, comment on va réinvestir, en fait ? Tous ces savoir-faire qu'ils ont développés, toute cette méthodologie, c'est un sport d'endurance en tant que tel.

  • Speaker #0

    Tu veux dire qu'ils ont développé pour eux-mêmes ?

  • Speaker #2

    Qu'ils ont développé pour eux-mêmes, exactement. Exactement. Du coup, on va mettre en place des réunions avec eux pour leur dire comment vous avez fait. Et si on essaye de prendre de la hauteur, quelle est ta méthode à toi de travail ? Comment tu as organisé ton temps hebdomadaire de travail ? Et un tel, un tel, un tel. Et donc, comment vous verriez-vous ? la transmission vis-à-vis de ceux qui sont vos pairs, et pour lesquels ce qui vous différencie d'eux, c'est que vous, vous avez à la fois passé une barrière, celle du concours, et aujourd'hui vous allez vous retrouver dans un niveau qu'ils n'ont pas, c'est-à-dire celui de transmettre pour faire que cette situation un peu asymétrie, déséquilibrée, de candidats, vous allez les élever intellectuellement par la méthodologie, par la mobilisation de ressources psychologiques. et autres pour les accompagner. Ce qui fait que ces tuteurs-là, en fait, on va travailler à mettre une méthodologie qui va s'appuyer à la fois sur l'accompagnement global. mais aussi différenciés. C'est-à-dire qu'un tuteur va suivre jusqu'à 5-6 étudiants, pas davantage. Pourquoi ? Pour pouvoir développer une vraie relation, à la fois sur ces 5-6.

  • Speaker #0

    C'est déjà beaucoup.

  • Speaker #2

    C'est beaucoup.

  • Speaker #0

    Les bénévolement ont plus de leur parcours à eux.

  • Speaker #2

    Exactement. Ce qui fait qu'il y a un rituel maintenant, c'est-à-dire que lors de la pré-rentrée, tous les tuteurs vont rencontrer tous les préparationnaires en phase 2, donc ça se passe sur à peu près. Et puis, au bout de la semaine, on leur dit maintenant, il va y avoir le tirage au sort de... Quel tuteur va être affecté à tel groupe ? Et là, c'est rigolo parce qu'il y a un esprit un peu gamin, en quelque sorte. C'est Ah, mais moi, je voudrais être avec telle tutrice, avec tel tuteur, etc. pourvu que… Alors que c'est juste un tirage au sort pour leur dire Voilà, il y a une espèce de loterie. Mais fondamentalement, on ne perd pas de vue que nous, on travaille à égaliser les terrains face à ces inégalités de situation et de droits. Donc, ce sont ces tuteurs-là qui font qu'ils vont être force de proposition. Et donc, on a des réunions très régulières avec eux. Et à chaque fois, on en ressort extrêmement surpris. parce qu'en faisant confiance aux jeunes, ils ont cette capacité de mise à distance, de prise de hauteur, et où ils sont nourris de façon assez dynamique et forte, ils ont une espèce de leur propre selle de la vie pour eux, qui les amène à faire de vraies propositions sur le terrain, et c'est comme ça que petit à petit on va développer tout un outil, des outils numériques, puisqu'on crée notre propre application, on devient totalement indépendant maintenant d'utiliser une application qui nous coûte 450 euros par étudiant. et notre propre LMS, on va dire l'Unique Management System, cette espèce de pronote, mais avec un moteur de Ferrari ici, permettant d'accéder à des ressources, de s'inscrire, etc. Et donc tout ça, ça a été possible parce qu'on a cassé cette séparation, cette dichotomie forte entre, d'un côté, soit disant, le bureau des ingénieurs, ce qui concevrait, et de l'autre côté, ce qui appliquerait. On a plutôt inversé la logique.

  • Speaker #1

    C'est un petit modèle de société aussi, que vous défendez à travers tout ça ?

  • Speaker #2

    Oui. Complètement, c'est un modèle de société pour laquelle on voudrait que celle-ci soit à l'image de ce que sont ces fondations diverses, mais aussi des fondations solides, c'est-à-dire ce qui fait à la fois la cohésion sociale. le pacte républicain beaucoup plus largement, et faire vivre le triptyque de liberté-égalité. Parce que dire bien inégalité des chances, les travaux sociologiques nous disent non, ça ne tient pas la route, ça ce n'est pas vrai. Par contre, dire qu'il y a des inégalités de situation, et des inégalités de droit, comment on rectifie cela ? Et l'élection,

  • Speaker #0

    c'est amener ça à l'égalité, justement.

  • Speaker #2

    Exactement. Donc c'est de dire, on va préparer ces jeunes-là dans des conditions autres, on va la remporter un petit peu plus, de façon différenciée, de façon plus affilée, plus ciblée. Et pour les accompagner, on va avoir par exemple, on a le cas d'une coordinatrice qui est étudiante chez nous, on les appelle les tutés, qui en décembre, on est à la veille du concours, est au bord de sa vie, au bout de sa vie comme elle dit, et donc c'est Alex qui est le coordinateur de l'écurie, qui est aujourd'hui en troisième année, quatrième année de médecine, et qui est toujours coordinateur chez nous, et qui va entre guillemets la secouer, donc il va passer une heure avec elle jusqu'à minuit au téléphone, pour lui dire bon maintenant tu vas te bouger les fesses, Et si tu veux rentrer dans les statistiques et les probabilités de rater ton concours, etc., et elle dira par la suite elle-même, c'est bien parce que c'est ce qu'il fallait que j'entende, que quelqu'un vienne me bousculer, elle va réussir le concours plutôt bien, et elle va l'intégrer. Ou c'est encore un autre parcours, c'est Zainab, Zainab qui vient toute petite en France, qui ne parle pas un mot de français, qui va suivre un parcours absolument exemplaire, le bac réussit brillamment, et qui n'a pas les moyens de faire une prépa. Et elle découvre qu'il existe cette prépa. Elle l'intègre, elle réussit formidablement.

  • Speaker #0

    Dès la première année ?

  • Speaker #2

    Dès la première année, elle finit 95e sur 1500. Et timidement, notre réunion du mois de juillet, elle arrive, elle dit J'ai une question à te poser, j'ai une demande plutôt, est-ce que j'aimerais bien faire partie ? de l'équipe des tuteurs et tutrices. Mais bien sûr, elle intègre. Cette année, elle est en troisième année de médecine et elle est la coordinatrice d'un des trois pôles, puisqu'on a maintenant trois pôles. Elle est coordinatrice du pôle PAS. Et donc, elle accompagne aussi. Donc voilà, il y a une diversité de projets. Il y a cette idée de dire, c'est une société, mais pas une société déconnectée de l'autre, puisque parmi les valeurs de l'écurie, c'est l'égalité femmes-hommes, la mixité sociale, l'inclusion. la coopération et la solidarité. Donc on travaille à faire que ce soit un modèle effectif. Et donc aujourd'hui, je disais ces trois pôles, il y a un pôle excellence santé lycéen, Il y a un pôle Excellence PAS et un pôle Excellence LAS. C'est plus de 247, je crois, qui sont accompagnés et formés au travers des différentes sessions. Pour les lycéens, c'est sur des stages. Le prochain, par exemple, a lieu du 22 au 28, sur toute la semaine, et avec des partenaires nombreux, à savoir la PHM ou l'hôpital Saint-Joseph, puisqu'on intervient dans les locaux qui nous sont à disposition, et d'autres partenaires. par exemple, le République, on a pu organiser un certain nombre d'événements pour pouvoir se retrouver autour d'un événement festif de convivialité, d'un déjeuner à un euro, dans le cadre de l'adhésion à la petite lit, je crois.

  • Speaker #1

    Tout à l'heure, tu disais que les amphithéâtres en médecine, ils ne sont pas représentatifs de la société, donc de faire rentrer des personnes différentes, c'est positif pour elles, mais qu'est-ce que ça apporte à la médecine aussi, d'avoir peut-être un public plus diversifié ?

  • Speaker #2

    Alors c'est très juste cette question-là parce qu'elle vient mettre la focale sur ce que un certain nombre d'études scientifiques dans le domaine sociologique et anthropologique nous disent dans ce qui est, dans le terme anglais, le care, la prise de soins, etc. Il y a une connaissance qui n'est pas suffisamment développée et qui se traduit dans les pratiques du corps médical d'ensemble. Quand je dis corps médical, ça va depuis... la logistique et l'informatique, jusqu'à ceux qui sont au plus près du chevet du patient, il y a une méconnaissance, en tout cas une faible connaissance, de ce que sont les patients, ce que sont leur histoire, leur rapport au monde en tant que tel. Et donc, avoir une diversité de patients qui, par leur origine culturelle, linguistique, etc., sont quand même dans un milieu où ils ont cette chance de pouvoir naviguer d'un espace social et culturel à un autre et qui leur donnent... quelque part des clés de décodage, de compréhension de ce que sont ces patients en phase 2. Donc quelque part ça vient comme un nutriment renforcer la compréhension.

  • Speaker #0

    On en revient au sel.

  • Speaker #2

    On en revient au sel, exactement. Ça vient renforcer la compréhension et le décryptage et surtout la mise en lien et l'accompagnement du patient. Parce que si on savait faire ne serait-ce qu'à ce qui constitue le fondement du serment d'Hippocrate, celui-ci doit rester quand même assez vivant, dynamique, actif.

  • Speaker #0

    Et du coup tu fais lien entre cette diversité de patients, puisque avec une approche différente du soin, avec une approche culturelle différente du soin, etc., qui s'affrontent encore aujourd'hui à une faible diversité de médecins.

  • Speaker #2

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Et donc en fait c'est aussi une approche de se dire à un moment on va réussir ensemble à ce que justement il y ait cette diversité qui soit commune en fait, entre le patient et ceux qui en prennent soin. dans l'ensemble, puisqu'on l'a dit, ça ne couvre pas que les médecins ce que vous faites, et cette cohésion, cette cohérence se retrouve d'autant plus forte, ou d'autant plus enrichie en tout cas, dans les quartiers sur lesquels vous intervenez, et sur les hôpitaux dont tu parlais.

  • Speaker #2

    Absolument.

  • Speaker #0

    Qui sont implantés dans des quartiers où il y a justement cette mixité sociale, il y a justement cette différence d'approche du soin, d'approche du corps aussi, qui peut être très différente.

  • Speaker #2

    Complètement, complètement. Alors, je pense qu'il y a une précision aussi qu'il faut apporter, c'est que si on regarde le système hospitalier français, il est quand même fortement composé de médecins d'origine étrangère. Donc, on l'a pu voir au travers des différentes situations et problématiques qui se posent dans le domaine de la santé. Et beaucoup s'accordent à dire qu'il tient parce qu'il y a cette présence-là de médecins étrangers. Mais cela dit, nos étudiants qui ont, eux, une origine qui remonte à deux, voire trois, quatre générations en arrière étrangères du bassin méditerranéen, mais aussi au-delà de ces limites géographiques les plus proches, il y a quand même pour ces générations-là le fait de se dire que ce projet d'études supérieures d'excellence en tant que tel ne doit plus constituer un frein ou un défi en dehors du contenu en lui-même, des conditions de préparation pour accéder à ce contenu, et donc, comme je disais tout à l'heure, passer... cette barrière-là, et donc par là même, de faire que ces jeunes générations puissent construire, être les acteurs de la transformation de leur parcours pour créer les conditions à la fois de leur émancipation propre, mais aussi de leur indépendance et de leur mobilité sociale, de leur ascension professionnelle. Concrètement, ça veut dire pour nous, c'est 2020, 2026, on a les premiers dentistes qui sortent de chez nous, 2028, les premiers médecins, et on espère quelque part que cette vague-là Elle est portée à chaque fois par la caresse d'une autre vague qui porte vers des transformations positives de ces parcours-là individuels.

  • Speaker #1

    Sur les inégalités, on a beaucoup parlé de la littérature, mais toi, en tant que professeur, à quel moment tu as commencé à être sensible à ça ? Est-ce que peut-être c'est le moteur qui t'a rendu professeur ? À quel moment les inégalités, tu les as senties et tu as eu envie de t'engager contre ?

  • Speaker #2

    Les inégalités, je les vis, je les expérimente depuis ma tendre enfance. Ne serait-ce que par mon parcours, moi, quand j'ai annoncé que je voulais être enseignant, l'enseignant de l'époque prend ma fiche, parce qu'à l'époque on faisait des fiches, et il interpelle, il dit... Qui c'est ce couille d'homme là ? Donc tu veux être professeur, j'ai vu, faculté de sciences économiques, capteur de sciences économiques et sociales et professeur de sciences économiques et sociales, tu rêves, c'est pas pour toi. Donc voilà, soit on se prend ça et on se dit, on fait une esclandre envers la table, etc. Et donc là, on revient à des clichés. Ou alors on se dit, sans fort intérieur, on se dit modestement, je vais essayer peut-être un rendez-vous dans quelques années. Donc voilà, c'est ce qui va se passer. Et puis parce que dans la matière que j'enseigne, c'est une matière assez vivante, nourrie par un certain nombre de travaux scientifiques, qui vient de rendre compte des problématiques les plus chaudes, les plus actuelles dans les sciences sociales, la question des inégalités, la question de ce qu'on appelle l'idéal démocratique, elle est au cœur de notre enseignement pour les enseignants, sur la partie dite sociologique, sciences politiques, anthropologiques et économiques, parce que c'est un croisement de disciplines. Donc en fait, elle est là et elle nourrit la foi. notre pratique d'enseignant en tant que telle, nos engagements les uns et les autres. J'avais des engagements associatifs très très jeunes, dès l'âge de 18 ans dans mon quartier, partant du même constat qu'on n'avait pas des loisirs pour nous. On est une bande de jeunes, on se dit on va prendre les gamins les plus jeunes et on va les amener à la mer, à nos frais, on se débrouille, on va se cotiser les uns les autres. On va même jusqu'à essayer de négocier les tickets, mais à l'époque on ne pouvait pas, à l'époque ça s'appelait la RATVM et pas la RTM. Donc voilà, on va être là-dedans. Il y a cet engagement. Et parce que si on prend plus largement en dehors de ma petite personne, c'est que l'ensemble des acteurs qui sont engagés dans le ciel de la vie, ils vivent au milieu des situations d'inégalité structurelle. Prenons juste le fait que quand vous avez, nous, dans notre prépa, des étudiantes et étudiantes qui arrivent du 15e et du 16e, il faut se dire que pour venir jusqu'au lieu de formation, ne serait-ce qu'à la fac de médecine, c'est au bas-mont une heure et quart, une heure et demie de travaux. de travaux de transport par temps normal. Parce que quand il pleut, on sait qu'à Marseille, c'est un petit peu à la débandade, en quelque sorte. Et donc voilà, et en fait, ces personnes-là traversent tous ces espaces sociaux marqués par des inégalités, des fractures de tous ordres. Et c'est cet engagement-là qui nous relie les uns les autres. Et moi, parce que dans mon métier d'enseignant, face à mes classes, la formation d'enseignants, d'élèves, etc., on est nourri par ça et quelque part, on se dit, on ne peut pas que... transmettre du savoir et des outils formés à l'esprit critique, la question de l'engagement va se poser très vite, parce que, ne serait-ce que pour se dire, si on veut faire vivre à la fois la cohésion sociale, la renforcer, la nourrir, et l'égalité, comment on peut, à son modeste niveau, on va dire avec ses quelques neurones et ses petits bras, essayer de travailler en co-construction, en intelligence collective ?

  • Speaker #1

    L'engagement, c'est un sel à la vie aussi.

  • Speaker #2

    C'est très bien dit. L'engagement, c'est le sel de la vie aussi, quelque part, pour nous. Tout à fait. Les uns et les autres, on est vraiment très contents. D'autant que quand on a commencé, on en sourit les uns et les autres. Personne ne croyait, très peu en tout cas, en ce qu'on faisait. On nous dit, mais on ne comprend pas ce que vous faites. Ça part dans tous les sens. C'est compliqué. On a du mal à saisir, etc. Et nous, on disait, oui, mais parce qu'en fait, ça vous paraît compliqué, mais on assume cette complexité. Pour la raison assez simple, c'est que lorsque l'on est confronté, si on prend le domaine des études supérieures d'excellence pour médecine, etc., on est confronté à des jeunes qui ont de l'autocensure, des blocages, etc., ça, c'est déjà un problème. En fait, c'est une bobine où on a des fils qu'on va tirer de toutes sortes de couleurs.

  • Speaker #0

    Il faut donner des actions à chaque étape pour arriver à consolider la personne avant même qu'elle aboutisse à sa propre ambition, c'est ça ?

  • Speaker #2

    Exactement. En se disant quand même, attention, il faut garder... Ici, un juste milieu, on ne peut pas tout faire, il faut y aller par étapes, c'est comme ça qu'on a procédé avec la prépa sociale et solidaire, et puis il y avait d'autres actions au fur et à mesure, elles pouvaient se faire parce qu'il y avait un engagement assez important de toutes ces personnes dont je parlais, et qui donnaient de leur temps les uns les autres, et nous ça nous donnait énormément de boulot, parce qu'il y a à la fois le CEL de la vie qui compte aujourd'hui plus de 120 personnes, sur un groupe dédié, Et puis il y a le bureau en tant qu'association, et puis il y a un groupe des pilotes qui est constitué de 25 personnes et qui va travailler à coordonner les actions. sur le terrain, ce qui n'est pas chose aisée, parce que chacun a des contraintes professionnelles, familiales, sociales, et dans cet engagement associatif, pour faire ce sel de la vie-là, c'est de se dire, il ne faut pas attendre de chacun un investissement fort, plein et entier, de se dire que si je donne une heure, une demi-heure, ne serait-ce qu'à distance, répondre à une situation donnée, un accompagnement, etc. Pour nous, c'est largement suffisant, ça vient. apporter ces petites graines de sel qui vont venir nourrir ce terreau puis pour que les jeunes les moins jeunes puissent identifier les différentes parties prenantes de la sauce en disant oui mais donc et le sel de vie mais oui je le connais lui fait ça lui fait ça non mais elle n'est plus là puis c'est telle personne et c'est donc voilà c'est les trajets qu'on déclare tout simplement

  • Speaker #0

    C'est ça. On va conclure sur le petit geste, je crois, habituel du CEL de la vie.

  • Speaker #2

    Formidable, exactement. C'est celui-ci. C'est là où on fait tomber les graines de sel pour venir nourrir l'ascension. D'ailleurs, je voudrais rendre hommage à celle qui nous a fait ce dessin. Une amie qui est de l'autre côté ultramarin, à La Réunion, qui s'appelle Lina Dallon, qui est en fait une artiste, professeure d'art plastique et aussi poétesse, et qui, je ne sais pas sur les circonstances dans lesquelles on s'est connus, mais du coup on a noué une relation comme ça, et puis ça faisait quelques mois qu'on n'avait plus d'échange, et puis un jour je reçois un message sur WhatsApp et qui me dit Coucou Aïssa, comment tu vas ? Alors ta petite famille ? Donc j'étais content de voir ces nouvelles, et là on échange et tout. Et puis je lui dis bah écoute ça va Alors on sortait du confinement, donc ça faisait quelques semaines. Et alors qu'est-ce que tu fais de beau ? etc. Je lui demande, elle me dit bah je fais toujours pareil, c'est un peu difficile, le monde d'après qu'on attend il n'est pas encore là Et puis nous on est sur le sel de la vie. Et puis là elle m'appelle, elle me dit alors je veux que tu m'expliques plus précisément, qu'est-ce que c'est le sel de la vie ? Je lui dis bah voilà, écoute c'est ça, ça, ça Alors elle me dit mais est-ce que vous avez quelque chose qui représente le sel de la vie ? Non, on n'a rien. Alors elle me dit écoute, je vais essayer de faire quelque chose, j'ai un emploi du temps chargé, elle a pas besoin de deux mois, mais je te promets que j'essaye de faire quelque chose. Et en fait même pas quatre jours après, elle m'envoie deux dessins faits à l'encre de Chine, etc. Et donc je lui dis mais c'est extraordinaire. Elle me dit il faut que tu choisisses un des deux, mais en tout cas puis après elle m'a envoyé les formats originaux par la poste. Et donc on a eu une réunion, on a partagé tout ça, et donc c'est celui-ci qui a été retenu. Et en fait elle a symbolisé la... Cette petite échelle où on voit les individus qui grimpent sur le creux de cette main, qui n'est rien d'autre qu'en fait que le terreau de la société, la cohésion sociale, la république, etc. Et puis d'un coup, ils s'élèvent, ils ont des parachutes et ils accèdent comme ça à l'émancipation, la transformation et puis leur indépendance professionnelle,

  • Speaker #0

    sociale. Bravo, et on la remercie du coup.

  • Speaker #2

    On la remercie grandement et jamais assez en tout cas pour nous.

  • Speaker #0

    Merci Aïssa d'avoir été avec nous aujourd'hui. Merci Maëva à nouveau d'avoir été sur ce plateau et d'avoir accompagné cette interview. Merci à toutes et à tous de nous avoir écoutés. On est ravis de vous avoir avec nous sur tous les réseaux, que ce soit YouTube, TikTok, Facebook, Instagram, etc. Et on se retrouve pour le prochain HDQ.

Description

Aïssa est enseignant en sciences sociales, et co-fondateur de l’association Le Sel De La Vie  !🧂


« Venir de… ne doit plus empêcher de devenir ». Voilà le mantra d'Aïssa Grabsi, professeur de sciences humaines et cofondateur du Sel de la vie à Marseille. L'ambition de cette association : permettre à chacun de donner plus de saveurs à son quotidien, qu'il s'agisse de tisser du lien social, de découvrir de nouveaux loisirs ... Ou de s'engager dans un parcours ambitieux comme celui des (très inégales) études de médecine.


L'article complet de Maëva Gardet-Pizzo à découvrir sur 👉 https://marcelle.media/


Retrouvez-nous sur tous les réseaux HDQ !

Youtube: https://www.youtube.com/@herosduquotidien

Instagram : https://www.instagram.com/herosduquotidien.tv/

TikTok : https://www.tiktok.com/@herosduquotidien

Facebook : https://www.facebook.com/herosduquotidien.media/


🎧 Et en Podcast :

Spotify : https://open.spotify.com/show/2abuFb4Ae6LGBmuOat4Uh7

Apple Music : https://podcasts.apple.com/us/podcast/héros-du-quotidien-lhebdo/id1726469553

Deezer : https://www.deezer.com/show/1000598222

Amazon music : https://music.amazon.com/podcasts/c148eba8-9c5c-4654-a563-79335b6c97d7


CRÉDITS :

Auteurs : https://www.instagram.com/sylvain_j_martin/ - https://www.instagram.com/maeva_gardetpizzo/

Réalisateur/Monteur : https://www.instagram.com/rc_shooting_editing/

Journaliste : https://www.instagram.com/maeva_gardetpizzo/

Coproduction: https://www.restaurantlerepublique.com/ & https://marcelle.media/


Lieu de tournage: Théatre de La Criée, Marseille


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et à tous, on se retrouve encore dans ce nouveau HDQ. On est ravis de vous recevoir, n'oubliez pas de nous suivre sur les réseaux Youtube, Insta, Facebook, on est partout. Ici, on est dans un lieu magnifique qui est le Théâtre de la Criée. On va y recevoir un gars formidable qui est Aïssa Grabsy, qui est un enseignant très très engagé à Marseille. Pour ça, je vais être accompagné de Maëva Gardépizzo de Marseille et elle va pouvoir vous expliquer ce que fait Aïssa.

  • Speaker #1

    Le CEL de la vie, c'est le nom de l'association qui a créé ce professeur. Le CEL de la vie, parce que c'est toutes ces petites choses qui donnent du sens à la vie, du lien social, des activités, tout ce que fait l'association, en particulier dans les quartiers nord de Marseille. Et on est ravis d'accueillir Aïssa qui va nous expliquer tout ça sur le plateau de HDQ.

  • Speaker #0

    Aïssa, merci d'être avec nous aujourd'hui. On va se parler un petit peu de tout ce que vous faites avec le CEL de la vie, mais pas que. Maëva, merci encore une fois d'être avec nous. Et on va pouvoir démarrer un peu cette interview. Aïssa, le CEL de la vie aujourd'hui, c'est une structure qui accompagne des jeunes, des enfants, des plus grands. de tous âges un peu, suivant les parcours et suivant l'étape où ils en sont, vous avez développé des projets incroyables aussi, pour amener des jeunes des quartiers prioritaires de la ville, comme on dit maintenant, vers des niveaux éducatifs, en particulier sur la médecine, sur les enjeux de santé, etc. Comment ça vous est venu ? Qu'est-ce qui a créé cette envie de justement accompagner différemment, puisque tu es ici du monde de l'éducation, accompagner différemment ces jeunes, ou en dehors du scope traditionnel de l'éducation nationale et des parcours éducatifs traditionnels.

  • Speaker #2

    Bonjour à vous, d'abord merci pour l'accueil, merci pour ce formidable projet qui donne des éclairages un peu multifoucaux quelque part, et donne à voir un peu ce qui se fait sur le terrain. Alors, le ciel de la vie, précisément sur ce projet de la prépa sociale et solidaire, qu'on appelle MEDAN PharmaKiné, qui n'est rien d'autre que l'acronyme de médecine, dentaire, pharmacie, maïotique, kinésithérapie. Dans le langage courant, on parle d'écurie, en référence à la préparation. des chevaux pour affronter les compétitions les plus difficiles. Donc c'est une écurie sociale et solidaire. Aujourd'hui on préfère nous parler de prépa, voire d'école sociale et solidaire, qui est en train de se développer. Mais le point de départ, c'est une conjonction de facteurs, à la fois d'éléments qui sont structurels et qui sont là, et je crois que peut-être que le mieux, au-delà des statistiques, ce sont, comme on aurait dit, pour paraphraser un peu Victor Hugo, mais de façon totalement maladroite, c'est un peu les poètes et les artistes qui sont assis au bord du précipice que le monde. Il voit de façon claire et accrue et avec une acuité telle des choses qui sont dures, violentes. C'est même les artistes qui le disent. Par exemple, c'est Ayam dans les années 90 qui dit Je crois que ça ne va pas être possible C'est... Pas dans pas, Ayam Ayam dit Le verre soulève le voile, personne ne joue avec la même carte C'est Zabda qui dit Je crois que ça ne va pas être possible Ou tout simplement l'artiste Ben qui, en une phrase, dit Venir d'eux empêche de devenir En fait, qui résume toutes les études sur... Les problématiques des inégalités, des discriminations et des ségrégations, qui fait que si on transpose ce qui se passe dans les études d'enseignement supérieur, médecine, plantaires, etc., statistiquement, c'est moins de 5% des fils d'ouvriers qui seront en première année, et plus de 90% d'entre eux ne passeront pas la première année. Donc ça, c'est déjà des constats.

  • Speaker #0

    Parce que justement, ils ne sont pas accompagnés par une écurie, justement. Parce que les autres bénéficient de ces avantages-là, ou c'est plus profond même ?

  • Speaker #2

    C'est même beaucoup plus profond. Pour les rares qui se lanceront dans ces études-là en termes de proportion, ils ne sont pas accompagnés, ils n'ont pas les moyens, parce que il y a un modèle à côté de prépa qui sont privés, qui sélectionnent par deux critères qui sont quasiment insurmontables pour un grand nombre de jeunes lycéens issus de milieux modestes et défavorisés. On sélectionne à la fois par le bac avec une mention bien, voire très bien, très souvent beaucoup plus proche de très bien, à quelques dixièmes près de la note permettant d'obtenir la mention. Et puis on sélectionne par l'argent. Donc le prépas c'est entre 4000, 5000, 7000, voire même jusqu'à 10 000 euros. Et qui fonctionne en fait comme une entreprise, c'est-à-dire on va segmenter. les différentes façons d'accompagner ces lycéens, ces étudiants, parce qu'aujourd'hui il y a eu la réforme des études, qui permettent de proposer des stages, etc. Donc ça c'est pour les rats qui passeront là-dessus, ils n'ont pas de prépa, ils n'ont pas les moyens d'eux, ou alors les parents, c'est le cas d'une étudiante qu'on a eue chez nous, dont la mère a vendu la voiture pour pouvoir faire que sa fille aille dans une prépa. Juste à ce moment-là, nous on crée la prépa, donc il y a vraiment un décalage dans le temps, et puis en amont, parce qu'on a un certain nombre de publics qui... s'auto-censure. Il y a des freins périphériques d'ordre psychologique. qui viennent se rajouter aux frances sociaux et qui se résument en une phrase. Ce n'est pas pour moi. C'est quand ça n'est pas un impensé en tant que tel. ces constats-là. Et puis, on est en 2020, on est entre le confinement, reconfinement, sortir du confinement. Je ne sais pas si vous vous souvenez, on se faisait des attestations de sortie, d'autorisation de sortie à son nom, des auto-attestations pour sortir, qui nous autorisent à sortir, mais pouvoir rentrer et ressortir à nouveau. Enfin, quelque chose d'assez ubuesque, on pourrait dire. Et on est donc dans le confinement, sortir du confinement. Il y a eu cette formidable réussite qu'a été l'enseignement à distance des élèves. dont on sait que l'accrochage était derrière ce qu'on appelle le black screen, l'écran noir, et puis le constat d'un certain nombre d'anciens élèves, je pense à une ancienne élève que j'ai eue, que je rencontre par hasard, et qui échange avec ma fille, qui me dit j'aimerais bien échanger avec ton père, etc. parce que j'ai un projet, et nous on était déjà dans ce projet de créer une écurie, etc. Donc elle, elle est en troisième année de dentaire à ce moment-là, donc on contacte, elle me dit voilà, on est quelques-uns, on aimerait bien pouvoir… accompagner des jeunes des quartiers populaires, parce que les amphithéâtres ne correspondent pas du tout à la réalité métissée, colorée, de cette ville vieille de plus de 2600 ans, et qui a connu des brassages et des métissages assez importants. Et donc voilà, c'est cette conjonction-là qui fait qu'un certain nombre d'acteurs du monde de l'éducation, mais pas que, donc on réfléchit à comment construire ça, et puis on va rencontrer des acteurs sur le terrain, parce que la première année on a 0 centime, 0 euro, ou 0 euro, 0 centime. Et on a une structure qui s'appelle Approche Culture et Territoire, qui travaille sur les questions d'histoire, mémoire, migration, etc. et qui nous met à disposition. tous ces locaux sur le mois d'août, gracieusement, qui revoient tout son agenda pour avoir les mercredis et les week-ends pour accompagner la première promo de 12 étudiants, accompagnés par trois tuteurs, coordinateurs. Donc ça a commencé comme ça.

  • Speaker #1

    En parallèle, en 2020, il y a aussi d'autres actions.

  • Speaker #2

    Oui, exactement. Il y a d'autres actions. C'est-à-dire que le CEL de la vie, entre sa naissance, qu'on veut symboliquement le 14 juillet, pour le réseau, c'est évident. Justement 2021, on va développer à peu près... Une trentaine d'actions dans à peu près 28-29 domaines différents, depuis sport et loisirs. Donc conjointement vont naître à la fois la prépa sociale et solidaire, mais dans PharmaKiné, mais aussi des actions de terrain. Ça va être par exemple le sport aquatique pour tous, en partenariat avec le Grand Bleu à l'Estac, où on va faire partir du 23 juillet au 27 août des gamins, tous les jours 300 gamins qui partent en car. direction la plage de Cordillère, où ils apprennent à nager, brevet de secourisme, quelquefois les mamans. Et on va créer le premier tournoi de water polo en mer. Et la compétition finale se déroule par un temps de mistral. Donc tout le monde était là, il y avait une effervescence extraordinaire. Et puis pareil, à côté, on va nous solliciter, c'est la DRAGES, Direction Régionale Académique Jeunesse et Sports, où il y avait les vacances pour tous, et on nous sollicite pour monter. Un départ en vacances dans une fenêtre de tir assez courte de 15 jours. Et en fait, l'équipe se mobilise. On est à l'après-m, donc c'est la matinée, le ciel de la vie. On était entre le fait de faire des colis, nourrir le deuxième ventre, mais se poser la question, deuxième cerveau on va dire, et de nourrir le premier cerveau. Et donc, on va monter là 5 séjours en l'espace de 15 jours, un petit peu partout dans la région, avec deux week-ends. parents-enfants sur l'île du Frioul. Et puis, on va développer pareil une formation le 24, 25, 26 décembre sur l'utilisation des tablettes pour les parents et les enfants en tant que tels. Donc, ça se passe aussi à l'après-m, avec une remise, un certificat derrière. à l'intérieur, on est quelques-uns à être des formateurs sur le numérique et on est à même de pouvoir les accompagner. Donc voilà, ça fait une petite myriade.

  • Speaker #1

    Ça fait beaucoup de choses. Du coup, qu'est-ce qui fait le lien ? Ça tient dans le nom, le sel de la vie, peut-être qu'il faudrait aussi détailler un petit peu qu'est-ce que ça veut dire, le sel de la vie ?

  • Speaker #2

    Absolument. Alors, le sel de la vie, la référence, elle est assez explicite quand on est extérieur, c'est-à-dire en tant que nutriments essentiels à la vie en tant que telle, si on n'a pas de sel en soi, mais aussi sur les sols, etc. Et puis le sel de la vie, c'est aussi ce qui vient apporter à la fois de la saveur, du goût, un horizon dégagé. Alors il faut rendre ici en l'occurrence ce qui appartient à François Zéritier, puisque c'est notre référence pour nous. François Zéritier est une anthropologue de renom, et c'est cette correspondance qu'elle va avoir avec un ami médecin spécialiste qui va lui envoyer une carte depuis le nord de l'Angleterre où il indique qu'il a réussi à se voler une semaine de vacances dans son calendrier. Et puis c'est le début d'un échange. où elle explique que non, il n'a pas réussi à voler, il se fait voler de son temps, et elle énonce comme ça, elle énumère tout au long de sa correspondance avec lui, les différentes situations de la vie qui font... Le sel de la vie, entre partager un repas avec les amis, un coucher de soleil seul ou en amoureux, des vacances, une balade, admirer le lever du jour, etc. Tout autant de situations qui renvoient au sel de la vie. Si on transpose vis-à-vis des jeunes qui viennent du milieu modeste et défavorisé, c'est tout un ensemble de situations, on regarde ce que je disais tout à l'heure, en référence à ce que nous mettent bien en relief les artistes, c'est quelque part tout ce qui va faire défaut. à ce qui constitue le sein de la vie pour eux. C'est-à-dire, lorsqu'il y a des freins psychologiques, sociaux et autres, de l'autocensure, ou lorsque c'est de l'impensé de se dire que je peux faire des études d'excellence, ici c'est le cas de... de médecine dentaire, etc. Mais on peut transposer ça vers les études de maths sup, maths p, ingénieur, aviation, etc. Pour ces gamins-là, lorsque l'artiste nous dit venir deux empêche de devenir quelque part, ça signifie qu'il manque ce sel-là pour pouvoir faire qu'ils réussissent ou autrement dit, c'est la chronique sociale d'un échec annoncé. Pour nous, c'est travailler à tout ça. Et puis le sel de la vie étant constitué de trois piliers fondamentaux, C'est ce qui va nous amener à être sur des constats partagés, parce qu'on vit dans ces zones-là, géographiques, qu'on appelle les quartiers populaires, et qu'on résume par les QPV qui synthétisent au travers d'un certain nombre d'indicateurs sociaux, éducatifs et économiques ce que c'est, mais dans lesquels il y a des richesses, il y a des pépites, il y a des diamants à l'état brut, pour prendre l'expression de Salim, à savoir qu'il faut juste créer les conditions pour pouvoir, face à des inégalités de situation et de droit. Pour nous, il s'agit de travailler à égaliser les terrains. Et donc, dans le sel de la vie, on va avoir trois piliers fondamentaux. Le pilier d'abord des parents et des familles engagées, pour qui le seul patrimoine à la seule richesse, c'est leurs enfants. Et le pari qu'ils font sur l'investissement de l'école, et très souvent sur l'investissement de l'école, pour lequel eux n'ont pas les moyens, en dehors de ce que l'école républicaine peut leur donner. Et puis ensuite, ce sont les associations de quartiers, très souvent elles aussi engagées, portées très souvent. par des femmes, des résilientes, des battantes, qui sont aussi engagées et qu'on va rencontrer, nous, dans le sel de la vie. Et puis, un troisième pilier qui est constitué d'une... communauté, une myriade de professions très large en fait, qui rassemble toutes les catégories sociales professionnelles identifiées depuis le cadre, chef d'entreprise, médecin, enseignant, éducateur, aide-soignante, infirmier, même celui qui est au chômage, etc. Et puis d'autres jeunes,

  • Speaker #0

    puisque par exemple, Médanpharmaciné, que je prononce, je crois, c'est justement... tu as ce tutorat qui se met en place aussi. C'est-à-dire qu'il y a aussi ceux qui sont déjà passés par là, qui créent un genre de relais dans le parcours des jeunes qui sont accompagnés par la prépa.

  • Speaker #2

    Tout à fait. C'est le principe même. C'est-à-dire que lorsqu'on va concevoir nos différents projets, ce qui va nous animer à nous, au-delà du constat des situations, c'est comment on construit un projet, comment on le co-construit. Et nous, on refuse d'être dans la logique taylorienne de type il y a le bureau des ingénieurs et des méthodes qui conçoivent et puis il y a ceux qui vont appliquer. C'est l'inverse, on dit bon, nous on n'a pas d'expertise, si ce n'est qu'on peut peut-être penser les choses autrement, mais on se heurte à l'expérience des uns et des autres qui est souvent porteuse d'expertise, de savoir-faire et de proposition en tant que telle. Ce qui va nous amener, au travers de nos expériences un peu professionnelles les uns et les autres, c'est-à-dire qu'il faut que ce soit un cadre pédagogique qui soit autre, c'est-à-dire que pas uniquement des cours descendants en tant que tels. Et pourquoi les étudiants vont être les tuteurs mais aussi les enseignants de terrain ? Ils vont développer ce qu'on appelle une pédagogie non formelle. Parce que, pour reprendre une image qu'avait donnée un étudiant qui avait réussi le concours de médecine, quand il a réussi, donc il est de très loin, vous imaginez, donc il n'a pas de Sherpa pour l'accompagner, donc il intègre notre écurie, petite équipe modeste de Sherpa, portée par ces premiers tuteurs-là, et il dit j'ai l'impression d'avoir gravi l'Everest avec tout ça. Et nous, on se dit, comment on va réinvestir, en fait ? Tous ces savoir-faire qu'ils ont développés, toute cette méthodologie, c'est un sport d'endurance en tant que tel.

  • Speaker #0

    Tu veux dire qu'ils ont développé pour eux-mêmes ?

  • Speaker #2

    Qu'ils ont développé pour eux-mêmes, exactement. Exactement. Du coup, on va mettre en place des réunions avec eux pour leur dire comment vous avez fait. Et si on essaye de prendre de la hauteur, quelle est ta méthode à toi de travail ? Comment tu as organisé ton temps hebdomadaire de travail ? Et un tel, un tel, un tel. Et donc, comment vous verriez-vous ? la transmission vis-à-vis de ceux qui sont vos pairs, et pour lesquels ce qui vous différencie d'eux, c'est que vous, vous avez à la fois passé une barrière, celle du concours, et aujourd'hui vous allez vous retrouver dans un niveau qu'ils n'ont pas, c'est-à-dire celui de transmettre pour faire que cette situation un peu asymétrie, déséquilibrée, de candidats, vous allez les élever intellectuellement par la méthodologie, par la mobilisation de ressources psychologiques. et autres pour les accompagner. Ce qui fait que ces tuteurs-là, en fait, on va travailler à mettre une méthodologie qui va s'appuyer à la fois sur l'accompagnement global. mais aussi différenciés. C'est-à-dire qu'un tuteur va suivre jusqu'à 5-6 étudiants, pas davantage. Pourquoi ? Pour pouvoir développer une vraie relation, à la fois sur ces 5-6.

  • Speaker #0

    C'est déjà beaucoup.

  • Speaker #2

    C'est beaucoup.

  • Speaker #0

    Les bénévolement ont plus de leur parcours à eux.

  • Speaker #2

    Exactement. Ce qui fait qu'il y a un rituel maintenant, c'est-à-dire que lors de la pré-rentrée, tous les tuteurs vont rencontrer tous les préparationnaires en phase 2, donc ça se passe sur à peu près. Et puis, au bout de la semaine, on leur dit maintenant, il va y avoir le tirage au sort de... Quel tuteur va être affecté à tel groupe ? Et là, c'est rigolo parce qu'il y a un esprit un peu gamin, en quelque sorte. C'est Ah, mais moi, je voudrais être avec telle tutrice, avec tel tuteur, etc. pourvu que… Alors que c'est juste un tirage au sort pour leur dire Voilà, il y a une espèce de loterie. Mais fondamentalement, on ne perd pas de vue que nous, on travaille à égaliser les terrains face à ces inégalités de situation et de droits. Donc, ce sont ces tuteurs-là qui font qu'ils vont être force de proposition. Et donc, on a des réunions très régulières avec eux. Et à chaque fois, on en ressort extrêmement surpris. parce qu'en faisant confiance aux jeunes, ils ont cette capacité de mise à distance, de prise de hauteur, et où ils sont nourris de façon assez dynamique et forte, ils ont une espèce de leur propre selle de la vie pour eux, qui les amène à faire de vraies propositions sur le terrain, et c'est comme ça que petit à petit on va développer tout un outil, des outils numériques, puisqu'on crée notre propre application, on devient totalement indépendant maintenant d'utiliser une application qui nous coûte 450 euros par étudiant. et notre propre LMS, on va dire l'Unique Management System, cette espèce de pronote, mais avec un moteur de Ferrari ici, permettant d'accéder à des ressources, de s'inscrire, etc. Et donc tout ça, ça a été possible parce qu'on a cassé cette séparation, cette dichotomie forte entre, d'un côté, soit disant, le bureau des ingénieurs, ce qui concevrait, et de l'autre côté, ce qui appliquerait. On a plutôt inversé la logique.

  • Speaker #1

    C'est un petit modèle de société aussi, que vous défendez à travers tout ça ?

  • Speaker #2

    Oui. Complètement, c'est un modèle de société pour laquelle on voudrait que celle-ci soit à l'image de ce que sont ces fondations diverses, mais aussi des fondations solides, c'est-à-dire ce qui fait à la fois la cohésion sociale. le pacte républicain beaucoup plus largement, et faire vivre le triptyque de liberté-égalité. Parce que dire bien inégalité des chances, les travaux sociologiques nous disent non, ça ne tient pas la route, ça ce n'est pas vrai. Par contre, dire qu'il y a des inégalités de situation, et des inégalités de droit, comment on rectifie cela ? Et l'élection,

  • Speaker #0

    c'est amener ça à l'égalité, justement.

  • Speaker #2

    Exactement. Donc c'est de dire, on va préparer ces jeunes-là dans des conditions autres, on va la remporter un petit peu plus, de façon différenciée, de façon plus affilée, plus ciblée. Et pour les accompagner, on va avoir par exemple, on a le cas d'une coordinatrice qui est étudiante chez nous, on les appelle les tutés, qui en décembre, on est à la veille du concours, est au bord de sa vie, au bout de sa vie comme elle dit, et donc c'est Alex qui est le coordinateur de l'écurie, qui est aujourd'hui en troisième année, quatrième année de médecine, et qui est toujours coordinateur chez nous, et qui va entre guillemets la secouer, donc il va passer une heure avec elle jusqu'à minuit au téléphone, pour lui dire bon maintenant tu vas te bouger les fesses, Et si tu veux rentrer dans les statistiques et les probabilités de rater ton concours, etc., et elle dira par la suite elle-même, c'est bien parce que c'est ce qu'il fallait que j'entende, que quelqu'un vienne me bousculer, elle va réussir le concours plutôt bien, et elle va l'intégrer. Ou c'est encore un autre parcours, c'est Zainab, Zainab qui vient toute petite en France, qui ne parle pas un mot de français, qui va suivre un parcours absolument exemplaire, le bac réussit brillamment, et qui n'a pas les moyens de faire une prépa. Et elle découvre qu'il existe cette prépa. Elle l'intègre, elle réussit formidablement.

  • Speaker #0

    Dès la première année ?

  • Speaker #2

    Dès la première année, elle finit 95e sur 1500. Et timidement, notre réunion du mois de juillet, elle arrive, elle dit J'ai une question à te poser, j'ai une demande plutôt, est-ce que j'aimerais bien faire partie ? de l'équipe des tuteurs et tutrices. Mais bien sûr, elle intègre. Cette année, elle est en troisième année de médecine et elle est la coordinatrice d'un des trois pôles, puisqu'on a maintenant trois pôles. Elle est coordinatrice du pôle PAS. Et donc, elle accompagne aussi. Donc voilà, il y a une diversité de projets. Il y a cette idée de dire, c'est une société, mais pas une société déconnectée de l'autre, puisque parmi les valeurs de l'écurie, c'est l'égalité femmes-hommes, la mixité sociale, l'inclusion. la coopération et la solidarité. Donc on travaille à faire que ce soit un modèle effectif. Et donc aujourd'hui, je disais ces trois pôles, il y a un pôle excellence santé lycéen, Il y a un pôle Excellence PAS et un pôle Excellence LAS. C'est plus de 247, je crois, qui sont accompagnés et formés au travers des différentes sessions. Pour les lycéens, c'est sur des stages. Le prochain, par exemple, a lieu du 22 au 28, sur toute la semaine, et avec des partenaires nombreux, à savoir la PHM ou l'hôpital Saint-Joseph, puisqu'on intervient dans les locaux qui nous sont à disposition, et d'autres partenaires. par exemple, le République, on a pu organiser un certain nombre d'événements pour pouvoir se retrouver autour d'un événement festif de convivialité, d'un déjeuner à un euro, dans le cadre de l'adhésion à la petite lit, je crois.

  • Speaker #1

    Tout à l'heure, tu disais que les amphithéâtres en médecine, ils ne sont pas représentatifs de la société, donc de faire rentrer des personnes différentes, c'est positif pour elles, mais qu'est-ce que ça apporte à la médecine aussi, d'avoir peut-être un public plus diversifié ?

  • Speaker #2

    Alors c'est très juste cette question-là parce qu'elle vient mettre la focale sur ce que un certain nombre d'études scientifiques dans le domaine sociologique et anthropologique nous disent dans ce qui est, dans le terme anglais, le care, la prise de soins, etc. Il y a une connaissance qui n'est pas suffisamment développée et qui se traduit dans les pratiques du corps médical d'ensemble. Quand je dis corps médical, ça va depuis... la logistique et l'informatique, jusqu'à ceux qui sont au plus près du chevet du patient, il y a une méconnaissance, en tout cas une faible connaissance, de ce que sont les patients, ce que sont leur histoire, leur rapport au monde en tant que tel. Et donc, avoir une diversité de patients qui, par leur origine culturelle, linguistique, etc., sont quand même dans un milieu où ils ont cette chance de pouvoir naviguer d'un espace social et culturel à un autre et qui leur donnent... quelque part des clés de décodage, de compréhension de ce que sont ces patients en phase 2. Donc quelque part ça vient comme un nutriment renforcer la compréhension.

  • Speaker #0

    On en revient au sel.

  • Speaker #2

    On en revient au sel, exactement. Ça vient renforcer la compréhension et le décryptage et surtout la mise en lien et l'accompagnement du patient. Parce que si on savait faire ne serait-ce qu'à ce qui constitue le fondement du serment d'Hippocrate, celui-ci doit rester quand même assez vivant, dynamique, actif.

  • Speaker #0

    Et du coup tu fais lien entre cette diversité de patients, puisque avec une approche différente du soin, avec une approche culturelle différente du soin, etc., qui s'affrontent encore aujourd'hui à une faible diversité de médecins.

  • Speaker #2

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Et donc en fait c'est aussi une approche de se dire à un moment on va réussir ensemble à ce que justement il y ait cette diversité qui soit commune en fait, entre le patient et ceux qui en prennent soin. dans l'ensemble, puisqu'on l'a dit, ça ne couvre pas que les médecins ce que vous faites, et cette cohésion, cette cohérence se retrouve d'autant plus forte, ou d'autant plus enrichie en tout cas, dans les quartiers sur lesquels vous intervenez, et sur les hôpitaux dont tu parlais.

  • Speaker #2

    Absolument.

  • Speaker #0

    Qui sont implantés dans des quartiers où il y a justement cette mixité sociale, il y a justement cette différence d'approche du soin, d'approche du corps aussi, qui peut être très différente.

  • Speaker #2

    Complètement, complètement. Alors, je pense qu'il y a une précision aussi qu'il faut apporter, c'est que si on regarde le système hospitalier français, il est quand même fortement composé de médecins d'origine étrangère. Donc, on l'a pu voir au travers des différentes situations et problématiques qui se posent dans le domaine de la santé. Et beaucoup s'accordent à dire qu'il tient parce qu'il y a cette présence-là de médecins étrangers. Mais cela dit, nos étudiants qui ont, eux, une origine qui remonte à deux, voire trois, quatre générations en arrière étrangères du bassin méditerranéen, mais aussi au-delà de ces limites géographiques les plus proches, il y a quand même pour ces générations-là le fait de se dire que ce projet d'études supérieures d'excellence en tant que tel ne doit plus constituer un frein ou un défi en dehors du contenu en lui-même, des conditions de préparation pour accéder à ce contenu, et donc, comme je disais tout à l'heure, passer... cette barrière-là, et donc par là même, de faire que ces jeunes générations puissent construire, être les acteurs de la transformation de leur parcours pour créer les conditions à la fois de leur émancipation propre, mais aussi de leur indépendance et de leur mobilité sociale, de leur ascension professionnelle. Concrètement, ça veut dire pour nous, c'est 2020, 2026, on a les premiers dentistes qui sortent de chez nous, 2028, les premiers médecins, et on espère quelque part que cette vague-là Elle est portée à chaque fois par la caresse d'une autre vague qui porte vers des transformations positives de ces parcours-là individuels.

  • Speaker #1

    Sur les inégalités, on a beaucoup parlé de la littérature, mais toi, en tant que professeur, à quel moment tu as commencé à être sensible à ça ? Est-ce que peut-être c'est le moteur qui t'a rendu professeur ? À quel moment les inégalités, tu les as senties et tu as eu envie de t'engager contre ?

  • Speaker #2

    Les inégalités, je les vis, je les expérimente depuis ma tendre enfance. Ne serait-ce que par mon parcours, moi, quand j'ai annoncé que je voulais être enseignant, l'enseignant de l'époque prend ma fiche, parce qu'à l'époque on faisait des fiches, et il interpelle, il dit... Qui c'est ce couille d'homme là ? Donc tu veux être professeur, j'ai vu, faculté de sciences économiques, capteur de sciences économiques et sociales et professeur de sciences économiques et sociales, tu rêves, c'est pas pour toi. Donc voilà, soit on se prend ça et on se dit, on fait une esclandre envers la table, etc. Et donc là, on revient à des clichés. Ou alors on se dit, sans fort intérieur, on se dit modestement, je vais essayer peut-être un rendez-vous dans quelques années. Donc voilà, c'est ce qui va se passer. Et puis parce que dans la matière que j'enseigne, c'est une matière assez vivante, nourrie par un certain nombre de travaux scientifiques, qui vient de rendre compte des problématiques les plus chaudes, les plus actuelles dans les sciences sociales, la question des inégalités, la question de ce qu'on appelle l'idéal démocratique, elle est au cœur de notre enseignement pour les enseignants, sur la partie dite sociologique, sciences politiques, anthropologiques et économiques, parce que c'est un croisement de disciplines. Donc en fait, elle est là et elle nourrit la foi. notre pratique d'enseignant en tant que telle, nos engagements les uns et les autres. J'avais des engagements associatifs très très jeunes, dès l'âge de 18 ans dans mon quartier, partant du même constat qu'on n'avait pas des loisirs pour nous. On est une bande de jeunes, on se dit on va prendre les gamins les plus jeunes et on va les amener à la mer, à nos frais, on se débrouille, on va se cotiser les uns les autres. On va même jusqu'à essayer de négocier les tickets, mais à l'époque on ne pouvait pas, à l'époque ça s'appelait la RATVM et pas la RTM. Donc voilà, on va être là-dedans. Il y a cet engagement. Et parce que si on prend plus largement en dehors de ma petite personne, c'est que l'ensemble des acteurs qui sont engagés dans le ciel de la vie, ils vivent au milieu des situations d'inégalité structurelle. Prenons juste le fait que quand vous avez, nous, dans notre prépa, des étudiantes et étudiantes qui arrivent du 15e et du 16e, il faut se dire que pour venir jusqu'au lieu de formation, ne serait-ce qu'à la fac de médecine, c'est au bas-mont une heure et quart, une heure et demie de travaux. de travaux de transport par temps normal. Parce que quand il pleut, on sait qu'à Marseille, c'est un petit peu à la débandade, en quelque sorte. Et donc voilà, et en fait, ces personnes-là traversent tous ces espaces sociaux marqués par des inégalités, des fractures de tous ordres. Et c'est cet engagement-là qui nous relie les uns les autres. Et moi, parce que dans mon métier d'enseignant, face à mes classes, la formation d'enseignants, d'élèves, etc., on est nourri par ça et quelque part, on se dit, on ne peut pas que... transmettre du savoir et des outils formés à l'esprit critique, la question de l'engagement va se poser très vite, parce que, ne serait-ce que pour se dire, si on veut faire vivre à la fois la cohésion sociale, la renforcer, la nourrir, et l'égalité, comment on peut, à son modeste niveau, on va dire avec ses quelques neurones et ses petits bras, essayer de travailler en co-construction, en intelligence collective ?

  • Speaker #1

    L'engagement, c'est un sel à la vie aussi.

  • Speaker #2

    C'est très bien dit. L'engagement, c'est le sel de la vie aussi, quelque part, pour nous. Tout à fait. Les uns et les autres, on est vraiment très contents. D'autant que quand on a commencé, on en sourit les uns et les autres. Personne ne croyait, très peu en tout cas, en ce qu'on faisait. On nous dit, mais on ne comprend pas ce que vous faites. Ça part dans tous les sens. C'est compliqué. On a du mal à saisir, etc. Et nous, on disait, oui, mais parce qu'en fait, ça vous paraît compliqué, mais on assume cette complexité. Pour la raison assez simple, c'est que lorsque l'on est confronté, si on prend le domaine des études supérieures d'excellence pour médecine, etc., on est confronté à des jeunes qui ont de l'autocensure, des blocages, etc., ça, c'est déjà un problème. En fait, c'est une bobine où on a des fils qu'on va tirer de toutes sortes de couleurs.

  • Speaker #0

    Il faut donner des actions à chaque étape pour arriver à consolider la personne avant même qu'elle aboutisse à sa propre ambition, c'est ça ?

  • Speaker #2

    Exactement. En se disant quand même, attention, il faut garder... Ici, un juste milieu, on ne peut pas tout faire, il faut y aller par étapes, c'est comme ça qu'on a procédé avec la prépa sociale et solidaire, et puis il y avait d'autres actions au fur et à mesure, elles pouvaient se faire parce qu'il y avait un engagement assez important de toutes ces personnes dont je parlais, et qui donnaient de leur temps les uns les autres, et nous ça nous donnait énormément de boulot, parce qu'il y a à la fois le CEL de la vie qui compte aujourd'hui plus de 120 personnes, sur un groupe dédié, Et puis il y a le bureau en tant qu'association, et puis il y a un groupe des pilotes qui est constitué de 25 personnes et qui va travailler à coordonner les actions. sur le terrain, ce qui n'est pas chose aisée, parce que chacun a des contraintes professionnelles, familiales, sociales, et dans cet engagement associatif, pour faire ce sel de la vie-là, c'est de se dire, il ne faut pas attendre de chacun un investissement fort, plein et entier, de se dire que si je donne une heure, une demi-heure, ne serait-ce qu'à distance, répondre à une situation donnée, un accompagnement, etc. Pour nous, c'est largement suffisant, ça vient. apporter ces petites graines de sel qui vont venir nourrir ce terreau puis pour que les jeunes les moins jeunes puissent identifier les différentes parties prenantes de la sauce en disant oui mais donc et le sel de vie mais oui je le connais lui fait ça lui fait ça non mais elle n'est plus là puis c'est telle personne et c'est donc voilà c'est les trajets qu'on déclare tout simplement

  • Speaker #0

    C'est ça. On va conclure sur le petit geste, je crois, habituel du CEL de la vie.

  • Speaker #2

    Formidable, exactement. C'est celui-ci. C'est là où on fait tomber les graines de sel pour venir nourrir l'ascension. D'ailleurs, je voudrais rendre hommage à celle qui nous a fait ce dessin. Une amie qui est de l'autre côté ultramarin, à La Réunion, qui s'appelle Lina Dallon, qui est en fait une artiste, professeure d'art plastique et aussi poétesse, et qui, je ne sais pas sur les circonstances dans lesquelles on s'est connus, mais du coup on a noué une relation comme ça, et puis ça faisait quelques mois qu'on n'avait plus d'échange, et puis un jour je reçois un message sur WhatsApp et qui me dit Coucou Aïssa, comment tu vas ? Alors ta petite famille ? Donc j'étais content de voir ces nouvelles, et là on échange et tout. Et puis je lui dis bah écoute ça va Alors on sortait du confinement, donc ça faisait quelques semaines. Et alors qu'est-ce que tu fais de beau ? etc. Je lui demande, elle me dit bah je fais toujours pareil, c'est un peu difficile, le monde d'après qu'on attend il n'est pas encore là Et puis nous on est sur le sel de la vie. Et puis là elle m'appelle, elle me dit alors je veux que tu m'expliques plus précisément, qu'est-ce que c'est le sel de la vie ? Je lui dis bah voilà, écoute c'est ça, ça, ça Alors elle me dit mais est-ce que vous avez quelque chose qui représente le sel de la vie ? Non, on n'a rien. Alors elle me dit écoute, je vais essayer de faire quelque chose, j'ai un emploi du temps chargé, elle a pas besoin de deux mois, mais je te promets que j'essaye de faire quelque chose. Et en fait même pas quatre jours après, elle m'envoie deux dessins faits à l'encre de Chine, etc. Et donc je lui dis mais c'est extraordinaire. Elle me dit il faut que tu choisisses un des deux, mais en tout cas puis après elle m'a envoyé les formats originaux par la poste. Et donc on a eu une réunion, on a partagé tout ça, et donc c'est celui-ci qui a été retenu. Et en fait elle a symbolisé la... Cette petite échelle où on voit les individus qui grimpent sur le creux de cette main, qui n'est rien d'autre qu'en fait que le terreau de la société, la cohésion sociale, la république, etc. Et puis d'un coup, ils s'élèvent, ils ont des parachutes et ils accèdent comme ça à l'émancipation, la transformation et puis leur indépendance professionnelle,

  • Speaker #0

    sociale. Bravo, et on la remercie du coup.

  • Speaker #2

    On la remercie grandement et jamais assez en tout cas pour nous.

  • Speaker #0

    Merci Aïssa d'avoir été avec nous aujourd'hui. Merci Maëva à nouveau d'avoir été sur ce plateau et d'avoir accompagné cette interview. Merci à toutes et à tous de nous avoir écoutés. On est ravis de vous avoir avec nous sur tous les réseaux, que ce soit YouTube, TikTok, Facebook, Instagram, etc. Et on se retrouve pour le prochain HDQ.

Share

Embed

You may also like

Description

Aïssa est enseignant en sciences sociales, et co-fondateur de l’association Le Sel De La Vie  !🧂


« Venir de… ne doit plus empêcher de devenir ». Voilà le mantra d'Aïssa Grabsi, professeur de sciences humaines et cofondateur du Sel de la vie à Marseille. L'ambition de cette association : permettre à chacun de donner plus de saveurs à son quotidien, qu'il s'agisse de tisser du lien social, de découvrir de nouveaux loisirs ... Ou de s'engager dans un parcours ambitieux comme celui des (très inégales) études de médecine.


L'article complet de Maëva Gardet-Pizzo à découvrir sur 👉 https://marcelle.media/


Retrouvez-nous sur tous les réseaux HDQ !

Youtube: https://www.youtube.com/@herosduquotidien

Instagram : https://www.instagram.com/herosduquotidien.tv/

TikTok : https://www.tiktok.com/@herosduquotidien

Facebook : https://www.facebook.com/herosduquotidien.media/


🎧 Et en Podcast :

Spotify : https://open.spotify.com/show/2abuFb4Ae6LGBmuOat4Uh7

Apple Music : https://podcasts.apple.com/us/podcast/héros-du-quotidien-lhebdo/id1726469553

Deezer : https://www.deezer.com/show/1000598222

Amazon music : https://music.amazon.com/podcasts/c148eba8-9c5c-4654-a563-79335b6c97d7


CRÉDITS :

Auteurs : https://www.instagram.com/sylvain_j_martin/ - https://www.instagram.com/maeva_gardetpizzo/

Réalisateur/Monteur : https://www.instagram.com/rc_shooting_editing/

Journaliste : https://www.instagram.com/maeva_gardetpizzo/

Coproduction: https://www.restaurantlerepublique.com/ & https://marcelle.media/


Lieu de tournage: Théatre de La Criée, Marseille


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et à tous, on se retrouve encore dans ce nouveau HDQ. On est ravis de vous recevoir, n'oubliez pas de nous suivre sur les réseaux Youtube, Insta, Facebook, on est partout. Ici, on est dans un lieu magnifique qui est le Théâtre de la Criée. On va y recevoir un gars formidable qui est Aïssa Grabsy, qui est un enseignant très très engagé à Marseille. Pour ça, je vais être accompagné de Maëva Gardépizzo de Marseille et elle va pouvoir vous expliquer ce que fait Aïssa.

  • Speaker #1

    Le CEL de la vie, c'est le nom de l'association qui a créé ce professeur. Le CEL de la vie, parce que c'est toutes ces petites choses qui donnent du sens à la vie, du lien social, des activités, tout ce que fait l'association, en particulier dans les quartiers nord de Marseille. Et on est ravis d'accueillir Aïssa qui va nous expliquer tout ça sur le plateau de HDQ.

  • Speaker #0

    Aïssa, merci d'être avec nous aujourd'hui. On va se parler un petit peu de tout ce que vous faites avec le CEL de la vie, mais pas que. Maëva, merci encore une fois d'être avec nous. Et on va pouvoir démarrer un peu cette interview. Aïssa, le CEL de la vie aujourd'hui, c'est une structure qui accompagne des jeunes, des enfants, des plus grands. de tous âges un peu, suivant les parcours et suivant l'étape où ils en sont, vous avez développé des projets incroyables aussi, pour amener des jeunes des quartiers prioritaires de la ville, comme on dit maintenant, vers des niveaux éducatifs, en particulier sur la médecine, sur les enjeux de santé, etc. Comment ça vous est venu ? Qu'est-ce qui a créé cette envie de justement accompagner différemment, puisque tu es ici du monde de l'éducation, accompagner différemment ces jeunes, ou en dehors du scope traditionnel de l'éducation nationale et des parcours éducatifs traditionnels.

  • Speaker #2

    Bonjour à vous, d'abord merci pour l'accueil, merci pour ce formidable projet qui donne des éclairages un peu multifoucaux quelque part, et donne à voir un peu ce qui se fait sur le terrain. Alors, le ciel de la vie, précisément sur ce projet de la prépa sociale et solidaire, qu'on appelle MEDAN PharmaKiné, qui n'est rien d'autre que l'acronyme de médecine, dentaire, pharmacie, maïotique, kinésithérapie. Dans le langage courant, on parle d'écurie, en référence à la préparation. des chevaux pour affronter les compétitions les plus difficiles. Donc c'est une écurie sociale et solidaire. Aujourd'hui on préfère nous parler de prépa, voire d'école sociale et solidaire, qui est en train de se développer. Mais le point de départ, c'est une conjonction de facteurs, à la fois d'éléments qui sont structurels et qui sont là, et je crois que peut-être que le mieux, au-delà des statistiques, ce sont, comme on aurait dit, pour paraphraser un peu Victor Hugo, mais de façon totalement maladroite, c'est un peu les poètes et les artistes qui sont assis au bord du précipice que le monde. Il voit de façon claire et accrue et avec une acuité telle des choses qui sont dures, violentes. C'est même les artistes qui le disent. Par exemple, c'est Ayam dans les années 90 qui dit Je crois que ça ne va pas être possible C'est... Pas dans pas, Ayam Ayam dit Le verre soulève le voile, personne ne joue avec la même carte C'est Zabda qui dit Je crois que ça ne va pas être possible Ou tout simplement l'artiste Ben qui, en une phrase, dit Venir d'eux empêche de devenir En fait, qui résume toutes les études sur... Les problématiques des inégalités, des discriminations et des ségrégations, qui fait que si on transpose ce qui se passe dans les études d'enseignement supérieur, médecine, plantaires, etc., statistiquement, c'est moins de 5% des fils d'ouvriers qui seront en première année, et plus de 90% d'entre eux ne passeront pas la première année. Donc ça, c'est déjà des constats.

  • Speaker #0

    Parce que justement, ils ne sont pas accompagnés par une écurie, justement. Parce que les autres bénéficient de ces avantages-là, ou c'est plus profond même ?

  • Speaker #2

    C'est même beaucoup plus profond. Pour les rares qui se lanceront dans ces études-là en termes de proportion, ils ne sont pas accompagnés, ils n'ont pas les moyens, parce que il y a un modèle à côté de prépa qui sont privés, qui sélectionnent par deux critères qui sont quasiment insurmontables pour un grand nombre de jeunes lycéens issus de milieux modestes et défavorisés. On sélectionne à la fois par le bac avec une mention bien, voire très bien, très souvent beaucoup plus proche de très bien, à quelques dixièmes près de la note permettant d'obtenir la mention. Et puis on sélectionne par l'argent. Donc le prépas c'est entre 4000, 5000, 7000, voire même jusqu'à 10 000 euros. Et qui fonctionne en fait comme une entreprise, c'est-à-dire on va segmenter. les différentes façons d'accompagner ces lycéens, ces étudiants, parce qu'aujourd'hui il y a eu la réforme des études, qui permettent de proposer des stages, etc. Donc ça c'est pour les rats qui passeront là-dessus, ils n'ont pas de prépa, ils n'ont pas les moyens d'eux, ou alors les parents, c'est le cas d'une étudiante qu'on a eue chez nous, dont la mère a vendu la voiture pour pouvoir faire que sa fille aille dans une prépa. Juste à ce moment-là, nous on crée la prépa, donc il y a vraiment un décalage dans le temps, et puis en amont, parce qu'on a un certain nombre de publics qui... s'auto-censure. Il y a des freins périphériques d'ordre psychologique. qui viennent se rajouter aux frances sociaux et qui se résument en une phrase. Ce n'est pas pour moi. C'est quand ça n'est pas un impensé en tant que tel. ces constats-là. Et puis, on est en 2020, on est entre le confinement, reconfinement, sortir du confinement. Je ne sais pas si vous vous souvenez, on se faisait des attestations de sortie, d'autorisation de sortie à son nom, des auto-attestations pour sortir, qui nous autorisent à sortir, mais pouvoir rentrer et ressortir à nouveau. Enfin, quelque chose d'assez ubuesque, on pourrait dire. Et on est donc dans le confinement, sortir du confinement. Il y a eu cette formidable réussite qu'a été l'enseignement à distance des élèves. dont on sait que l'accrochage était derrière ce qu'on appelle le black screen, l'écran noir, et puis le constat d'un certain nombre d'anciens élèves, je pense à une ancienne élève que j'ai eue, que je rencontre par hasard, et qui échange avec ma fille, qui me dit j'aimerais bien échanger avec ton père, etc. parce que j'ai un projet, et nous on était déjà dans ce projet de créer une écurie, etc. Donc elle, elle est en troisième année de dentaire à ce moment-là, donc on contacte, elle me dit voilà, on est quelques-uns, on aimerait bien pouvoir… accompagner des jeunes des quartiers populaires, parce que les amphithéâtres ne correspondent pas du tout à la réalité métissée, colorée, de cette ville vieille de plus de 2600 ans, et qui a connu des brassages et des métissages assez importants. Et donc voilà, c'est cette conjonction-là qui fait qu'un certain nombre d'acteurs du monde de l'éducation, mais pas que, donc on réfléchit à comment construire ça, et puis on va rencontrer des acteurs sur le terrain, parce que la première année on a 0 centime, 0 euro, ou 0 euro, 0 centime. Et on a une structure qui s'appelle Approche Culture et Territoire, qui travaille sur les questions d'histoire, mémoire, migration, etc. et qui nous met à disposition. tous ces locaux sur le mois d'août, gracieusement, qui revoient tout son agenda pour avoir les mercredis et les week-ends pour accompagner la première promo de 12 étudiants, accompagnés par trois tuteurs, coordinateurs. Donc ça a commencé comme ça.

  • Speaker #1

    En parallèle, en 2020, il y a aussi d'autres actions.

  • Speaker #2

    Oui, exactement. Il y a d'autres actions. C'est-à-dire que le CEL de la vie, entre sa naissance, qu'on veut symboliquement le 14 juillet, pour le réseau, c'est évident. Justement 2021, on va développer à peu près... Une trentaine d'actions dans à peu près 28-29 domaines différents, depuis sport et loisirs. Donc conjointement vont naître à la fois la prépa sociale et solidaire, mais dans PharmaKiné, mais aussi des actions de terrain. Ça va être par exemple le sport aquatique pour tous, en partenariat avec le Grand Bleu à l'Estac, où on va faire partir du 23 juillet au 27 août des gamins, tous les jours 300 gamins qui partent en car. direction la plage de Cordillère, où ils apprennent à nager, brevet de secourisme, quelquefois les mamans. Et on va créer le premier tournoi de water polo en mer. Et la compétition finale se déroule par un temps de mistral. Donc tout le monde était là, il y avait une effervescence extraordinaire. Et puis pareil, à côté, on va nous solliciter, c'est la DRAGES, Direction Régionale Académique Jeunesse et Sports, où il y avait les vacances pour tous, et on nous sollicite pour monter. Un départ en vacances dans une fenêtre de tir assez courte de 15 jours. Et en fait, l'équipe se mobilise. On est à l'après-m, donc c'est la matinée, le ciel de la vie. On était entre le fait de faire des colis, nourrir le deuxième ventre, mais se poser la question, deuxième cerveau on va dire, et de nourrir le premier cerveau. Et donc, on va monter là 5 séjours en l'espace de 15 jours, un petit peu partout dans la région, avec deux week-ends. parents-enfants sur l'île du Frioul. Et puis, on va développer pareil une formation le 24, 25, 26 décembre sur l'utilisation des tablettes pour les parents et les enfants en tant que tels. Donc, ça se passe aussi à l'après-m, avec une remise, un certificat derrière. à l'intérieur, on est quelques-uns à être des formateurs sur le numérique et on est à même de pouvoir les accompagner. Donc voilà, ça fait une petite myriade.

  • Speaker #1

    Ça fait beaucoup de choses. Du coup, qu'est-ce qui fait le lien ? Ça tient dans le nom, le sel de la vie, peut-être qu'il faudrait aussi détailler un petit peu qu'est-ce que ça veut dire, le sel de la vie ?

  • Speaker #2

    Absolument. Alors, le sel de la vie, la référence, elle est assez explicite quand on est extérieur, c'est-à-dire en tant que nutriments essentiels à la vie en tant que telle, si on n'a pas de sel en soi, mais aussi sur les sols, etc. Et puis le sel de la vie, c'est aussi ce qui vient apporter à la fois de la saveur, du goût, un horizon dégagé. Alors il faut rendre ici en l'occurrence ce qui appartient à François Zéritier, puisque c'est notre référence pour nous. François Zéritier est une anthropologue de renom, et c'est cette correspondance qu'elle va avoir avec un ami médecin spécialiste qui va lui envoyer une carte depuis le nord de l'Angleterre où il indique qu'il a réussi à se voler une semaine de vacances dans son calendrier. Et puis c'est le début d'un échange. où elle explique que non, il n'a pas réussi à voler, il se fait voler de son temps, et elle énonce comme ça, elle énumère tout au long de sa correspondance avec lui, les différentes situations de la vie qui font... Le sel de la vie, entre partager un repas avec les amis, un coucher de soleil seul ou en amoureux, des vacances, une balade, admirer le lever du jour, etc. Tout autant de situations qui renvoient au sel de la vie. Si on transpose vis-à-vis des jeunes qui viennent du milieu modeste et défavorisé, c'est tout un ensemble de situations, on regarde ce que je disais tout à l'heure, en référence à ce que nous mettent bien en relief les artistes, c'est quelque part tout ce qui va faire défaut. à ce qui constitue le sein de la vie pour eux. C'est-à-dire, lorsqu'il y a des freins psychologiques, sociaux et autres, de l'autocensure, ou lorsque c'est de l'impensé de se dire que je peux faire des études d'excellence, ici c'est le cas de... de médecine dentaire, etc. Mais on peut transposer ça vers les études de maths sup, maths p, ingénieur, aviation, etc. Pour ces gamins-là, lorsque l'artiste nous dit venir deux empêche de devenir quelque part, ça signifie qu'il manque ce sel-là pour pouvoir faire qu'ils réussissent ou autrement dit, c'est la chronique sociale d'un échec annoncé. Pour nous, c'est travailler à tout ça. Et puis le sel de la vie étant constitué de trois piliers fondamentaux, C'est ce qui va nous amener à être sur des constats partagés, parce qu'on vit dans ces zones-là, géographiques, qu'on appelle les quartiers populaires, et qu'on résume par les QPV qui synthétisent au travers d'un certain nombre d'indicateurs sociaux, éducatifs et économiques ce que c'est, mais dans lesquels il y a des richesses, il y a des pépites, il y a des diamants à l'état brut, pour prendre l'expression de Salim, à savoir qu'il faut juste créer les conditions pour pouvoir, face à des inégalités de situation et de droit. Pour nous, il s'agit de travailler à égaliser les terrains. Et donc, dans le sel de la vie, on va avoir trois piliers fondamentaux. Le pilier d'abord des parents et des familles engagées, pour qui le seul patrimoine à la seule richesse, c'est leurs enfants. Et le pari qu'ils font sur l'investissement de l'école, et très souvent sur l'investissement de l'école, pour lequel eux n'ont pas les moyens, en dehors de ce que l'école républicaine peut leur donner. Et puis ensuite, ce sont les associations de quartiers, très souvent elles aussi engagées, portées très souvent. par des femmes, des résilientes, des battantes, qui sont aussi engagées et qu'on va rencontrer, nous, dans le sel de la vie. Et puis, un troisième pilier qui est constitué d'une... communauté, une myriade de professions très large en fait, qui rassemble toutes les catégories sociales professionnelles identifiées depuis le cadre, chef d'entreprise, médecin, enseignant, éducateur, aide-soignante, infirmier, même celui qui est au chômage, etc. Et puis d'autres jeunes,

  • Speaker #0

    puisque par exemple, Médanpharmaciné, que je prononce, je crois, c'est justement... tu as ce tutorat qui se met en place aussi. C'est-à-dire qu'il y a aussi ceux qui sont déjà passés par là, qui créent un genre de relais dans le parcours des jeunes qui sont accompagnés par la prépa.

  • Speaker #2

    Tout à fait. C'est le principe même. C'est-à-dire que lorsqu'on va concevoir nos différents projets, ce qui va nous animer à nous, au-delà du constat des situations, c'est comment on construit un projet, comment on le co-construit. Et nous, on refuse d'être dans la logique taylorienne de type il y a le bureau des ingénieurs et des méthodes qui conçoivent et puis il y a ceux qui vont appliquer. C'est l'inverse, on dit bon, nous on n'a pas d'expertise, si ce n'est qu'on peut peut-être penser les choses autrement, mais on se heurte à l'expérience des uns et des autres qui est souvent porteuse d'expertise, de savoir-faire et de proposition en tant que telle. Ce qui va nous amener, au travers de nos expériences un peu professionnelles les uns et les autres, c'est-à-dire qu'il faut que ce soit un cadre pédagogique qui soit autre, c'est-à-dire que pas uniquement des cours descendants en tant que tels. Et pourquoi les étudiants vont être les tuteurs mais aussi les enseignants de terrain ? Ils vont développer ce qu'on appelle une pédagogie non formelle. Parce que, pour reprendre une image qu'avait donnée un étudiant qui avait réussi le concours de médecine, quand il a réussi, donc il est de très loin, vous imaginez, donc il n'a pas de Sherpa pour l'accompagner, donc il intègre notre écurie, petite équipe modeste de Sherpa, portée par ces premiers tuteurs-là, et il dit j'ai l'impression d'avoir gravi l'Everest avec tout ça. Et nous, on se dit, comment on va réinvestir, en fait ? Tous ces savoir-faire qu'ils ont développés, toute cette méthodologie, c'est un sport d'endurance en tant que tel.

  • Speaker #0

    Tu veux dire qu'ils ont développé pour eux-mêmes ?

  • Speaker #2

    Qu'ils ont développé pour eux-mêmes, exactement. Exactement. Du coup, on va mettre en place des réunions avec eux pour leur dire comment vous avez fait. Et si on essaye de prendre de la hauteur, quelle est ta méthode à toi de travail ? Comment tu as organisé ton temps hebdomadaire de travail ? Et un tel, un tel, un tel. Et donc, comment vous verriez-vous ? la transmission vis-à-vis de ceux qui sont vos pairs, et pour lesquels ce qui vous différencie d'eux, c'est que vous, vous avez à la fois passé une barrière, celle du concours, et aujourd'hui vous allez vous retrouver dans un niveau qu'ils n'ont pas, c'est-à-dire celui de transmettre pour faire que cette situation un peu asymétrie, déséquilibrée, de candidats, vous allez les élever intellectuellement par la méthodologie, par la mobilisation de ressources psychologiques. et autres pour les accompagner. Ce qui fait que ces tuteurs-là, en fait, on va travailler à mettre une méthodologie qui va s'appuyer à la fois sur l'accompagnement global. mais aussi différenciés. C'est-à-dire qu'un tuteur va suivre jusqu'à 5-6 étudiants, pas davantage. Pourquoi ? Pour pouvoir développer une vraie relation, à la fois sur ces 5-6.

  • Speaker #0

    C'est déjà beaucoup.

  • Speaker #2

    C'est beaucoup.

  • Speaker #0

    Les bénévolement ont plus de leur parcours à eux.

  • Speaker #2

    Exactement. Ce qui fait qu'il y a un rituel maintenant, c'est-à-dire que lors de la pré-rentrée, tous les tuteurs vont rencontrer tous les préparationnaires en phase 2, donc ça se passe sur à peu près. Et puis, au bout de la semaine, on leur dit maintenant, il va y avoir le tirage au sort de... Quel tuteur va être affecté à tel groupe ? Et là, c'est rigolo parce qu'il y a un esprit un peu gamin, en quelque sorte. C'est Ah, mais moi, je voudrais être avec telle tutrice, avec tel tuteur, etc. pourvu que… Alors que c'est juste un tirage au sort pour leur dire Voilà, il y a une espèce de loterie. Mais fondamentalement, on ne perd pas de vue que nous, on travaille à égaliser les terrains face à ces inégalités de situation et de droits. Donc, ce sont ces tuteurs-là qui font qu'ils vont être force de proposition. Et donc, on a des réunions très régulières avec eux. Et à chaque fois, on en ressort extrêmement surpris. parce qu'en faisant confiance aux jeunes, ils ont cette capacité de mise à distance, de prise de hauteur, et où ils sont nourris de façon assez dynamique et forte, ils ont une espèce de leur propre selle de la vie pour eux, qui les amène à faire de vraies propositions sur le terrain, et c'est comme ça que petit à petit on va développer tout un outil, des outils numériques, puisqu'on crée notre propre application, on devient totalement indépendant maintenant d'utiliser une application qui nous coûte 450 euros par étudiant. et notre propre LMS, on va dire l'Unique Management System, cette espèce de pronote, mais avec un moteur de Ferrari ici, permettant d'accéder à des ressources, de s'inscrire, etc. Et donc tout ça, ça a été possible parce qu'on a cassé cette séparation, cette dichotomie forte entre, d'un côté, soit disant, le bureau des ingénieurs, ce qui concevrait, et de l'autre côté, ce qui appliquerait. On a plutôt inversé la logique.

  • Speaker #1

    C'est un petit modèle de société aussi, que vous défendez à travers tout ça ?

  • Speaker #2

    Oui. Complètement, c'est un modèle de société pour laquelle on voudrait que celle-ci soit à l'image de ce que sont ces fondations diverses, mais aussi des fondations solides, c'est-à-dire ce qui fait à la fois la cohésion sociale. le pacte républicain beaucoup plus largement, et faire vivre le triptyque de liberté-égalité. Parce que dire bien inégalité des chances, les travaux sociologiques nous disent non, ça ne tient pas la route, ça ce n'est pas vrai. Par contre, dire qu'il y a des inégalités de situation, et des inégalités de droit, comment on rectifie cela ? Et l'élection,

  • Speaker #0

    c'est amener ça à l'égalité, justement.

  • Speaker #2

    Exactement. Donc c'est de dire, on va préparer ces jeunes-là dans des conditions autres, on va la remporter un petit peu plus, de façon différenciée, de façon plus affilée, plus ciblée. Et pour les accompagner, on va avoir par exemple, on a le cas d'une coordinatrice qui est étudiante chez nous, on les appelle les tutés, qui en décembre, on est à la veille du concours, est au bord de sa vie, au bout de sa vie comme elle dit, et donc c'est Alex qui est le coordinateur de l'écurie, qui est aujourd'hui en troisième année, quatrième année de médecine, et qui est toujours coordinateur chez nous, et qui va entre guillemets la secouer, donc il va passer une heure avec elle jusqu'à minuit au téléphone, pour lui dire bon maintenant tu vas te bouger les fesses, Et si tu veux rentrer dans les statistiques et les probabilités de rater ton concours, etc., et elle dira par la suite elle-même, c'est bien parce que c'est ce qu'il fallait que j'entende, que quelqu'un vienne me bousculer, elle va réussir le concours plutôt bien, et elle va l'intégrer. Ou c'est encore un autre parcours, c'est Zainab, Zainab qui vient toute petite en France, qui ne parle pas un mot de français, qui va suivre un parcours absolument exemplaire, le bac réussit brillamment, et qui n'a pas les moyens de faire une prépa. Et elle découvre qu'il existe cette prépa. Elle l'intègre, elle réussit formidablement.

  • Speaker #0

    Dès la première année ?

  • Speaker #2

    Dès la première année, elle finit 95e sur 1500. Et timidement, notre réunion du mois de juillet, elle arrive, elle dit J'ai une question à te poser, j'ai une demande plutôt, est-ce que j'aimerais bien faire partie ? de l'équipe des tuteurs et tutrices. Mais bien sûr, elle intègre. Cette année, elle est en troisième année de médecine et elle est la coordinatrice d'un des trois pôles, puisqu'on a maintenant trois pôles. Elle est coordinatrice du pôle PAS. Et donc, elle accompagne aussi. Donc voilà, il y a une diversité de projets. Il y a cette idée de dire, c'est une société, mais pas une société déconnectée de l'autre, puisque parmi les valeurs de l'écurie, c'est l'égalité femmes-hommes, la mixité sociale, l'inclusion. la coopération et la solidarité. Donc on travaille à faire que ce soit un modèle effectif. Et donc aujourd'hui, je disais ces trois pôles, il y a un pôle excellence santé lycéen, Il y a un pôle Excellence PAS et un pôle Excellence LAS. C'est plus de 247, je crois, qui sont accompagnés et formés au travers des différentes sessions. Pour les lycéens, c'est sur des stages. Le prochain, par exemple, a lieu du 22 au 28, sur toute la semaine, et avec des partenaires nombreux, à savoir la PHM ou l'hôpital Saint-Joseph, puisqu'on intervient dans les locaux qui nous sont à disposition, et d'autres partenaires. par exemple, le République, on a pu organiser un certain nombre d'événements pour pouvoir se retrouver autour d'un événement festif de convivialité, d'un déjeuner à un euro, dans le cadre de l'adhésion à la petite lit, je crois.

  • Speaker #1

    Tout à l'heure, tu disais que les amphithéâtres en médecine, ils ne sont pas représentatifs de la société, donc de faire rentrer des personnes différentes, c'est positif pour elles, mais qu'est-ce que ça apporte à la médecine aussi, d'avoir peut-être un public plus diversifié ?

  • Speaker #2

    Alors c'est très juste cette question-là parce qu'elle vient mettre la focale sur ce que un certain nombre d'études scientifiques dans le domaine sociologique et anthropologique nous disent dans ce qui est, dans le terme anglais, le care, la prise de soins, etc. Il y a une connaissance qui n'est pas suffisamment développée et qui se traduit dans les pratiques du corps médical d'ensemble. Quand je dis corps médical, ça va depuis... la logistique et l'informatique, jusqu'à ceux qui sont au plus près du chevet du patient, il y a une méconnaissance, en tout cas une faible connaissance, de ce que sont les patients, ce que sont leur histoire, leur rapport au monde en tant que tel. Et donc, avoir une diversité de patients qui, par leur origine culturelle, linguistique, etc., sont quand même dans un milieu où ils ont cette chance de pouvoir naviguer d'un espace social et culturel à un autre et qui leur donnent... quelque part des clés de décodage, de compréhension de ce que sont ces patients en phase 2. Donc quelque part ça vient comme un nutriment renforcer la compréhension.

  • Speaker #0

    On en revient au sel.

  • Speaker #2

    On en revient au sel, exactement. Ça vient renforcer la compréhension et le décryptage et surtout la mise en lien et l'accompagnement du patient. Parce que si on savait faire ne serait-ce qu'à ce qui constitue le fondement du serment d'Hippocrate, celui-ci doit rester quand même assez vivant, dynamique, actif.

  • Speaker #0

    Et du coup tu fais lien entre cette diversité de patients, puisque avec une approche différente du soin, avec une approche culturelle différente du soin, etc., qui s'affrontent encore aujourd'hui à une faible diversité de médecins.

  • Speaker #2

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Et donc en fait c'est aussi une approche de se dire à un moment on va réussir ensemble à ce que justement il y ait cette diversité qui soit commune en fait, entre le patient et ceux qui en prennent soin. dans l'ensemble, puisqu'on l'a dit, ça ne couvre pas que les médecins ce que vous faites, et cette cohésion, cette cohérence se retrouve d'autant plus forte, ou d'autant plus enrichie en tout cas, dans les quartiers sur lesquels vous intervenez, et sur les hôpitaux dont tu parlais.

  • Speaker #2

    Absolument.

  • Speaker #0

    Qui sont implantés dans des quartiers où il y a justement cette mixité sociale, il y a justement cette différence d'approche du soin, d'approche du corps aussi, qui peut être très différente.

  • Speaker #2

    Complètement, complètement. Alors, je pense qu'il y a une précision aussi qu'il faut apporter, c'est que si on regarde le système hospitalier français, il est quand même fortement composé de médecins d'origine étrangère. Donc, on l'a pu voir au travers des différentes situations et problématiques qui se posent dans le domaine de la santé. Et beaucoup s'accordent à dire qu'il tient parce qu'il y a cette présence-là de médecins étrangers. Mais cela dit, nos étudiants qui ont, eux, une origine qui remonte à deux, voire trois, quatre générations en arrière étrangères du bassin méditerranéen, mais aussi au-delà de ces limites géographiques les plus proches, il y a quand même pour ces générations-là le fait de se dire que ce projet d'études supérieures d'excellence en tant que tel ne doit plus constituer un frein ou un défi en dehors du contenu en lui-même, des conditions de préparation pour accéder à ce contenu, et donc, comme je disais tout à l'heure, passer... cette barrière-là, et donc par là même, de faire que ces jeunes générations puissent construire, être les acteurs de la transformation de leur parcours pour créer les conditions à la fois de leur émancipation propre, mais aussi de leur indépendance et de leur mobilité sociale, de leur ascension professionnelle. Concrètement, ça veut dire pour nous, c'est 2020, 2026, on a les premiers dentistes qui sortent de chez nous, 2028, les premiers médecins, et on espère quelque part que cette vague-là Elle est portée à chaque fois par la caresse d'une autre vague qui porte vers des transformations positives de ces parcours-là individuels.

  • Speaker #1

    Sur les inégalités, on a beaucoup parlé de la littérature, mais toi, en tant que professeur, à quel moment tu as commencé à être sensible à ça ? Est-ce que peut-être c'est le moteur qui t'a rendu professeur ? À quel moment les inégalités, tu les as senties et tu as eu envie de t'engager contre ?

  • Speaker #2

    Les inégalités, je les vis, je les expérimente depuis ma tendre enfance. Ne serait-ce que par mon parcours, moi, quand j'ai annoncé que je voulais être enseignant, l'enseignant de l'époque prend ma fiche, parce qu'à l'époque on faisait des fiches, et il interpelle, il dit... Qui c'est ce couille d'homme là ? Donc tu veux être professeur, j'ai vu, faculté de sciences économiques, capteur de sciences économiques et sociales et professeur de sciences économiques et sociales, tu rêves, c'est pas pour toi. Donc voilà, soit on se prend ça et on se dit, on fait une esclandre envers la table, etc. Et donc là, on revient à des clichés. Ou alors on se dit, sans fort intérieur, on se dit modestement, je vais essayer peut-être un rendez-vous dans quelques années. Donc voilà, c'est ce qui va se passer. Et puis parce que dans la matière que j'enseigne, c'est une matière assez vivante, nourrie par un certain nombre de travaux scientifiques, qui vient de rendre compte des problématiques les plus chaudes, les plus actuelles dans les sciences sociales, la question des inégalités, la question de ce qu'on appelle l'idéal démocratique, elle est au cœur de notre enseignement pour les enseignants, sur la partie dite sociologique, sciences politiques, anthropologiques et économiques, parce que c'est un croisement de disciplines. Donc en fait, elle est là et elle nourrit la foi. notre pratique d'enseignant en tant que telle, nos engagements les uns et les autres. J'avais des engagements associatifs très très jeunes, dès l'âge de 18 ans dans mon quartier, partant du même constat qu'on n'avait pas des loisirs pour nous. On est une bande de jeunes, on se dit on va prendre les gamins les plus jeunes et on va les amener à la mer, à nos frais, on se débrouille, on va se cotiser les uns les autres. On va même jusqu'à essayer de négocier les tickets, mais à l'époque on ne pouvait pas, à l'époque ça s'appelait la RATVM et pas la RTM. Donc voilà, on va être là-dedans. Il y a cet engagement. Et parce que si on prend plus largement en dehors de ma petite personne, c'est que l'ensemble des acteurs qui sont engagés dans le ciel de la vie, ils vivent au milieu des situations d'inégalité structurelle. Prenons juste le fait que quand vous avez, nous, dans notre prépa, des étudiantes et étudiantes qui arrivent du 15e et du 16e, il faut se dire que pour venir jusqu'au lieu de formation, ne serait-ce qu'à la fac de médecine, c'est au bas-mont une heure et quart, une heure et demie de travaux. de travaux de transport par temps normal. Parce que quand il pleut, on sait qu'à Marseille, c'est un petit peu à la débandade, en quelque sorte. Et donc voilà, et en fait, ces personnes-là traversent tous ces espaces sociaux marqués par des inégalités, des fractures de tous ordres. Et c'est cet engagement-là qui nous relie les uns les autres. Et moi, parce que dans mon métier d'enseignant, face à mes classes, la formation d'enseignants, d'élèves, etc., on est nourri par ça et quelque part, on se dit, on ne peut pas que... transmettre du savoir et des outils formés à l'esprit critique, la question de l'engagement va se poser très vite, parce que, ne serait-ce que pour se dire, si on veut faire vivre à la fois la cohésion sociale, la renforcer, la nourrir, et l'égalité, comment on peut, à son modeste niveau, on va dire avec ses quelques neurones et ses petits bras, essayer de travailler en co-construction, en intelligence collective ?

  • Speaker #1

    L'engagement, c'est un sel à la vie aussi.

  • Speaker #2

    C'est très bien dit. L'engagement, c'est le sel de la vie aussi, quelque part, pour nous. Tout à fait. Les uns et les autres, on est vraiment très contents. D'autant que quand on a commencé, on en sourit les uns et les autres. Personne ne croyait, très peu en tout cas, en ce qu'on faisait. On nous dit, mais on ne comprend pas ce que vous faites. Ça part dans tous les sens. C'est compliqué. On a du mal à saisir, etc. Et nous, on disait, oui, mais parce qu'en fait, ça vous paraît compliqué, mais on assume cette complexité. Pour la raison assez simple, c'est que lorsque l'on est confronté, si on prend le domaine des études supérieures d'excellence pour médecine, etc., on est confronté à des jeunes qui ont de l'autocensure, des blocages, etc., ça, c'est déjà un problème. En fait, c'est une bobine où on a des fils qu'on va tirer de toutes sortes de couleurs.

  • Speaker #0

    Il faut donner des actions à chaque étape pour arriver à consolider la personne avant même qu'elle aboutisse à sa propre ambition, c'est ça ?

  • Speaker #2

    Exactement. En se disant quand même, attention, il faut garder... Ici, un juste milieu, on ne peut pas tout faire, il faut y aller par étapes, c'est comme ça qu'on a procédé avec la prépa sociale et solidaire, et puis il y avait d'autres actions au fur et à mesure, elles pouvaient se faire parce qu'il y avait un engagement assez important de toutes ces personnes dont je parlais, et qui donnaient de leur temps les uns les autres, et nous ça nous donnait énormément de boulot, parce qu'il y a à la fois le CEL de la vie qui compte aujourd'hui plus de 120 personnes, sur un groupe dédié, Et puis il y a le bureau en tant qu'association, et puis il y a un groupe des pilotes qui est constitué de 25 personnes et qui va travailler à coordonner les actions. sur le terrain, ce qui n'est pas chose aisée, parce que chacun a des contraintes professionnelles, familiales, sociales, et dans cet engagement associatif, pour faire ce sel de la vie-là, c'est de se dire, il ne faut pas attendre de chacun un investissement fort, plein et entier, de se dire que si je donne une heure, une demi-heure, ne serait-ce qu'à distance, répondre à une situation donnée, un accompagnement, etc. Pour nous, c'est largement suffisant, ça vient. apporter ces petites graines de sel qui vont venir nourrir ce terreau puis pour que les jeunes les moins jeunes puissent identifier les différentes parties prenantes de la sauce en disant oui mais donc et le sel de vie mais oui je le connais lui fait ça lui fait ça non mais elle n'est plus là puis c'est telle personne et c'est donc voilà c'est les trajets qu'on déclare tout simplement

  • Speaker #0

    C'est ça. On va conclure sur le petit geste, je crois, habituel du CEL de la vie.

  • Speaker #2

    Formidable, exactement. C'est celui-ci. C'est là où on fait tomber les graines de sel pour venir nourrir l'ascension. D'ailleurs, je voudrais rendre hommage à celle qui nous a fait ce dessin. Une amie qui est de l'autre côté ultramarin, à La Réunion, qui s'appelle Lina Dallon, qui est en fait une artiste, professeure d'art plastique et aussi poétesse, et qui, je ne sais pas sur les circonstances dans lesquelles on s'est connus, mais du coup on a noué une relation comme ça, et puis ça faisait quelques mois qu'on n'avait plus d'échange, et puis un jour je reçois un message sur WhatsApp et qui me dit Coucou Aïssa, comment tu vas ? Alors ta petite famille ? Donc j'étais content de voir ces nouvelles, et là on échange et tout. Et puis je lui dis bah écoute ça va Alors on sortait du confinement, donc ça faisait quelques semaines. Et alors qu'est-ce que tu fais de beau ? etc. Je lui demande, elle me dit bah je fais toujours pareil, c'est un peu difficile, le monde d'après qu'on attend il n'est pas encore là Et puis nous on est sur le sel de la vie. Et puis là elle m'appelle, elle me dit alors je veux que tu m'expliques plus précisément, qu'est-ce que c'est le sel de la vie ? Je lui dis bah voilà, écoute c'est ça, ça, ça Alors elle me dit mais est-ce que vous avez quelque chose qui représente le sel de la vie ? Non, on n'a rien. Alors elle me dit écoute, je vais essayer de faire quelque chose, j'ai un emploi du temps chargé, elle a pas besoin de deux mois, mais je te promets que j'essaye de faire quelque chose. Et en fait même pas quatre jours après, elle m'envoie deux dessins faits à l'encre de Chine, etc. Et donc je lui dis mais c'est extraordinaire. Elle me dit il faut que tu choisisses un des deux, mais en tout cas puis après elle m'a envoyé les formats originaux par la poste. Et donc on a eu une réunion, on a partagé tout ça, et donc c'est celui-ci qui a été retenu. Et en fait elle a symbolisé la... Cette petite échelle où on voit les individus qui grimpent sur le creux de cette main, qui n'est rien d'autre qu'en fait que le terreau de la société, la cohésion sociale, la république, etc. Et puis d'un coup, ils s'élèvent, ils ont des parachutes et ils accèdent comme ça à l'émancipation, la transformation et puis leur indépendance professionnelle,

  • Speaker #0

    sociale. Bravo, et on la remercie du coup.

  • Speaker #2

    On la remercie grandement et jamais assez en tout cas pour nous.

  • Speaker #0

    Merci Aïssa d'avoir été avec nous aujourd'hui. Merci Maëva à nouveau d'avoir été sur ce plateau et d'avoir accompagné cette interview. Merci à toutes et à tous de nous avoir écoutés. On est ravis de vous avoir avec nous sur tous les réseaux, que ce soit YouTube, TikTok, Facebook, Instagram, etc. Et on se retrouve pour le prochain HDQ.

Description

Aïssa est enseignant en sciences sociales, et co-fondateur de l’association Le Sel De La Vie  !🧂


« Venir de… ne doit plus empêcher de devenir ». Voilà le mantra d'Aïssa Grabsi, professeur de sciences humaines et cofondateur du Sel de la vie à Marseille. L'ambition de cette association : permettre à chacun de donner plus de saveurs à son quotidien, qu'il s'agisse de tisser du lien social, de découvrir de nouveaux loisirs ... Ou de s'engager dans un parcours ambitieux comme celui des (très inégales) études de médecine.


L'article complet de Maëva Gardet-Pizzo à découvrir sur 👉 https://marcelle.media/


Retrouvez-nous sur tous les réseaux HDQ !

Youtube: https://www.youtube.com/@herosduquotidien

Instagram : https://www.instagram.com/herosduquotidien.tv/

TikTok : https://www.tiktok.com/@herosduquotidien

Facebook : https://www.facebook.com/herosduquotidien.media/


🎧 Et en Podcast :

Spotify : https://open.spotify.com/show/2abuFb4Ae6LGBmuOat4Uh7

Apple Music : https://podcasts.apple.com/us/podcast/héros-du-quotidien-lhebdo/id1726469553

Deezer : https://www.deezer.com/show/1000598222

Amazon music : https://music.amazon.com/podcasts/c148eba8-9c5c-4654-a563-79335b6c97d7


CRÉDITS :

Auteurs : https://www.instagram.com/sylvain_j_martin/ - https://www.instagram.com/maeva_gardetpizzo/

Réalisateur/Monteur : https://www.instagram.com/rc_shooting_editing/

Journaliste : https://www.instagram.com/maeva_gardetpizzo/

Coproduction: https://www.restaurantlerepublique.com/ & https://marcelle.media/


Lieu de tournage: Théatre de La Criée, Marseille


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et à tous, on se retrouve encore dans ce nouveau HDQ. On est ravis de vous recevoir, n'oubliez pas de nous suivre sur les réseaux Youtube, Insta, Facebook, on est partout. Ici, on est dans un lieu magnifique qui est le Théâtre de la Criée. On va y recevoir un gars formidable qui est Aïssa Grabsy, qui est un enseignant très très engagé à Marseille. Pour ça, je vais être accompagné de Maëva Gardépizzo de Marseille et elle va pouvoir vous expliquer ce que fait Aïssa.

  • Speaker #1

    Le CEL de la vie, c'est le nom de l'association qui a créé ce professeur. Le CEL de la vie, parce que c'est toutes ces petites choses qui donnent du sens à la vie, du lien social, des activités, tout ce que fait l'association, en particulier dans les quartiers nord de Marseille. Et on est ravis d'accueillir Aïssa qui va nous expliquer tout ça sur le plateau de HDQ.

  • Speaker #0

    Aïssa, merci d'être avec nous aujourd'hui. On va se parler un petit peu de tout ce que vous faites avec le CEL de la vie, mais pas que. Maëva, merci encore une fois d'être avec nous. Et on va pouvoir démarrer un peu cette interview. Aïssa, le CEL de la vie aujourd'hui, c'est une structure qui accompagne des jeunes, des enfants, des plus grands. de tous âges un peu, suivant les parcours et suivant l'étape où ils en sont, vous avez développé des projets incroyables aussi, pour amener des jeunes des quartiers prioritaires de la ville, comme on dit maintenant, vers des niveaux éducatifs, en particulier sur la médecine, sur les enjeux de santé, etc. Comment ça vous est venu ? Qu'est-ce qui a créé cette envie de justement accompagner différemment, puisque tu es ici du monde de l'éducation, accompagner différemment ces jeunes, ou en dehors du scope traditionnel de l'éducation nationale et des parcours éducatifs traditionnels.

  • Speaker #2

    Bonjour à vous, d'abord merci pour l'accueil, merci pour ce formidable projet qui donne des éclairages un peu multifoucaux quelque part, et donne à voir un peu ce qui se fait sur le terrain. Alors, le ciel de la vie, précisément sur ce projet de la prépa sociale et solidaire, qu'on appelle MEDAN PharmaKiné, qui n'est rien d'autre que l'acronyme de médecine, dentaire, pharmacie, maïotique, kinésithérapie. Dans le langage courant, on parle d'écurie, en référence à la préparation. des chevaux pour affronter les compétitions les plus difficiles. Donc c'est une écurie sociale et solidaire. Aujourd'hui on préfère nous parler de prépa, voire d'école sociale et solidaire, qui est en train de se développer. Mais le point de départ, c'est une conjonction de facteurs, à la fois d'éléments qui sont structurels et qui sont là, et je crois que peut-être que le mieux, au-delà des statistiques, ce sont, comme on aurait dit, pour paraphraser un peu Victor Hugo, mais de façon totalement maladroite, c'est un peu les poètes et les artistes qui sont assis au bord du précipice que le monde. Il voit de façon claire et accrue et avec une acuité telle des choses qui sont dures, violentes. C'est même les artistes qui le disent. Par exemple, c'est Ayam dans les années 90 qui dit Je crois que ça ne va pas être possible C'est... Pas dans pas, Ayam Ayam dit Le verre soulève le voile, personne ne joue avec la même carte C'est Zabda qui dit Je crois que ça ne va pas être possible Ou tout simplement l'artiste Ben qui, en une phrase, dit Venir d'eux empêche de devenir En fait, qui résume toutes les études sur... Les problématiques des inégalités, des discriminations et des ségrégations, qui fait que si on transpose ce qui se passe dans les études d'enseignement supérieur, médecine, plantaires, etc., statistiquement, c'est moins de 5% des fils d'ouvriers qui seront en première année, et plus de 90% d'entre eux ne passeront pas la première année. Donc ça, c'est déjà des constats.

  • Speaker #0

    Parce que justement, ils ne sont pas accompagnés par une écurie, justement. Parce que les autres bénéficient de ces avantages-là, ou c'est plus profond même ?

  • Speaker #2

    C'est même beaucoup plus profond. Pour les rares qui se lanceront dans ces études-là en termes de proportion, ils ne sont pas accompagnés, ils n'ont pas les moyens, parce que il y a un modèle à côté de prépa qui sont privés, qui sélectionnent par deux critères qui sont quasiment insurmontables pour un grand nombre de jeunes lycéens issus de milieux modestes et défavorisés. On sélectionne à la fois par le bac avec une mention bien, voire très bien, très souvent beaucoup plus proche de très bien, à quelques dixièmes près de la note permettant d'obtenir la mention. Et puis on sélectionne par l'argent. Donc le prépas c'est entre 4000, 5000, 7000, voire même jusqu'à 10 000 euros. Et qui fonctionne en fait comme une entreprise, c'est-à-dire on va segmenter. les différentes façons d'accompagner ces lycéens, ces étudiants, parce qu'aujourd'hui il y a eu la réforme des études, qui permettent de proposer des stages, etc. Donc ça c'est pour les rats qui passeront là-dessus, ils n'ont pas de prépa, ils n'ont pas les moyens d'eux, ou alors les parents, c'est le cas d'une étudiante qu'on a eue chez nous, dont la mère a vendu la voiture pour pouvoir faire que sa fille aille dans une prépa. Juste à ce moment-là, nous on crée la prépa, donc il y a vraiment un décalage dans le temps, et puis en amont, parce qu'on a un certain nombre de publics qui... s'auto-censure. Il y a des freins périphériques d'ordre psychologique. qui viennent se rajouter aux frances sociaux et qui se résument en une phrase. Ce n'est pas pour moi. C'est quand ça n'est pas un impensé en tant que tel. ces constats-là. Et puis, on est en 2020, on est entre le confinement, reconfinement, sortir du confinement. Je ne sais pas si vous vous souvenez, on se faisait des attestations de sortie, d'autorisation de sortie à son nom, des auto-attestations pour sortir, qui nous autorisent à sortir, mais pouvoir rentrer et ressortir à nouveau. Enfin, quelque chose d'assez ubuesque, on pourrait dire. Et on est donc dans le confinement, sortir du confinement. Il y a eu cette formidable réussite qu'a été l'enseignement à distance des élèves. dont on sait que l'accrochage était derrière ce qu'on appelle le black screen, l'écran noir, et puis le constat d'un certain nombre d'anciens élèves, je pense à une ancienne élève que j'ai eue, que je rencontre par hasard, et qui échange avec ma fille, qui me dit j'aimerais bien échanger avec ton père, etc. parce que j'ai un projet, et nous on était déjà dans ce projet de créer une écurie, etc. Donc elle, elle est en troisième année de dentaire à ce moment-là, donc on contacte, elle me dit voilà, on est quelques-uns, on aimerait bien pouvoir… accompagner des jeunes des quartiers populaires, parce que les amphithéâtres ne correspondent pas du tout à la réalité métissée, colorée, de cette ville vieille de plus de 2600 ans, et qui a connu des brassages et des métissages assez importants. Et donc voilà, c'est cette conjonction-là qui fait qu'un certain nombre d'acteurs du monde de l'éducation, mais pas que, donc on réfléchit à comment construire ça, et puis on va rencontrer des acteurs sur le terrain, parce que la première année on a 0 centime, 0 euro, ou 0 euro, 0 centime. Et on a une structure qui s'appelle Approche Culture et Territoire, qui travaille sur les questions d'histoire, mémoire, migration, etc. et qui nous met à disposition. tous ces locaux sur le mois d'août, gracieusement, qui revoient tout son agenda pour avoir les mercredis et les week-ends pour accompagner la première promo de 12 étudiants, accompagnés par trois tuteurs, coordinateurs. Donc ça a commencé comme ça.

  • Speaker #1

    En parallèle, en 2020, il y a aussi d'autres actions.

  • Speaker #2

    Oui, exactement. Il y a d'autres actions. C'est-à-dire que le CEL de la vie, entre sa naissance, qu'on veut symboliquement le 14 juillet, pour le réseau, c'est évident. Justement 2021, on va développer à peu près... Une trentaine d'actions dans à peu près 28-29 domaines différents, depuis sport et loisirs. Donc conjointement vont naître à la fois la prépa sociale et solidaire, mais dans PharmaKiné, mais aussi des actions de terrain. Ça va être par exemple le sport aquatique pour tous, en partenariat avec le Grand Bleu à l'Estac, où on va faire partir du 23 juillet au 27 août des gamins, tous les jours 300 gamins qui partent en car. direction la plage de Cordillère, où ils apprennent à nager, brevet de secourisme, quelquefois les mamans. Et on va créer le premier tournoi de water polo en mer. Et la compétition finale se déroule par un temps de mistral. Donc tout le monde était là, il y avait une effervescence extraordinaire. Et puis pareil, à côté, on va nous solliciter, c'est la DRAGES, Direction Régionale Académique Jeunesse et Sports, où il y avait les vacances pour tous, et on nous sollicite pour monter. Un départ en vacances dans une fenêtre de tir assez courte de 15 jours. Et en fait, l'équipe se mobilise. On est à l'après-m, donc c'est la matinée, le ciel de la vie. On était entre le fait de faire des colis, nourrir le deuxième ventre, mais se poser la question, deuxième cerveau on va dire, et de nourrir le premier cerveau. Et donc, on va monter là 5 séjours en l'espace de 15 jours, un petit peu partout dans la région, avec deux week-ends. parents-enfants sur l'île du Frioul. Et puis, on va développer pareil une formation le 24, 25, 26 décembre sur l'utilisation des tablettes pour les parents et les enfants en tant que tels. Donc, ça se passe aussi à l'après-m, avec une remise, un certificat derrière. à l'intérieur, on est quelques-uns à être des formateurs sur le numérique et on est à même de pouvoir les accompagner. Donc voilà, ça fait une petite myriade.

  • Speaker #1

    Ça fait beaucoup de choses. Du coup, qu'est-ce qui fait le lien ? Ça tient dans le nom, le sel de la vie, peut-être qu'il faudrait aussi détailler un petit peu qu'est-ce que ça veut dire, le sel de la vie ?

  • Speaker #2

    Absolument. Alors, le sel de la vie, la référence, elle est assez explicite quand on est extérieur, c'est-à-dire en tant que nutriments essentiels à la vie en tant que telle, si on n'a pas de sel en soi, mais aussi sur les sols, etc. Et puis le sel de la vie, c'est aussi ce qui vient apporter à la fois de la saveur, du goût, un horizon dégagé. Alors il faut rendre ici en l'occurrence ce qui appartient à François Zéritier, puisque c'est notre référence pour nous. François Zéritier est une anthropologue de renom, et c'est cette correspondance qu'elle va avoir avec un ami médecin spécialiste qui va lui envoyer une carte depuis le nord de l'Angleterre où il indique qu'il a réussi à se voler une semaine de vacances dans son calendrier. Et puis c'est le début d'un échange. où elle explique que non, il n'a pas réussi à voler, il se fait voler de son temps, et elle énonce comme ça, elle énumère tout au long de sa correspondance avec lui, les différentes situations de la vie qui font... Le sel de la vie, entre partager un repas avec les amis, un coucher de soleil seul ou en amoureux, des vacances, une balade, admirer le lever du jour, etc. Tout autant de situations qui renvoient au sel de la vie. Si on transpose vis-à-vis des jeunes qui viennent du milieu modeste et défavorisé, c'est tout un ensemble de situations, on regarde ce que je disais tout à l'heure, en référence à ce que nous mettent bien en relief les artistes, c'est quelque part tout ce qui va faire défaut. à ce qui constitue le sein de la vie pour eux. C'est-à-dire, lorsqu'il y a des freins psychologiques, sociaux et autres, de l'autocensure, ou lorsque c'est de l'impensé de se dire que je peux faire des études d'excellence, ici c'est le cas de... de médecine dentaire, etc. Mais on peut transposer ça vers les études de maths sup, maths p, ingénieur, aviation, etc. Pour ces gamins-là, lorsque l'artiste nous dit venir deux empêche de devenir quelque part, ça signifie qu'il manque ce sel-là pour pouvoir faire qu'ils réussissent ou autrement dit, c'est la chronique sociale d'un échec annoncé. Pour nous, c'est travailler à tout ça. Et puis le sel de la vie étant constitué de trois piliers fondamentaux, C'est ce qui va nous amener à être sur des constats partagés, parce qu'on vit dans ces zones-là, géographiques, qu'on appelle les quartiers populaires, et qu'on résume par les QPV qui synthétisent au travers d'un certain nombre d'indicateurs sociaux, éducatifs et économiques ce que c'est, mais dans lesquels il y a des richesses, il y a des pépites, il y a des diamants à l'état brut, pour prendre l'expression de Salim, à savoir qu'il faut juste créer les conditions pour pouvoir, face à des inégalités de situation et de droit. Pour nous, il s'agit de travailler à égaliser les terrains. Et donc, dans le sel de la vie, on va avoir trois piliers fondamentaux. Le pilier d'abord des parents et des familles engagées, pour qui le seul patrimoine à la seule richesse, c'est leurs enfants. Et le pari qu'ils font sur l'investissement de l'école, et très souvent sur l'investissement de l'école, pour lequel eux n'ont pas les moyens, en dehors de ce que l'école républicaine peut leur donner. Et puis ensuite, ce sont les associations de quartiers, très souvent elles aussi engagées, portées très souvent. par des femmes, des résilientes, des battantes, qui sont aussi engagées et qu'on va rencontrer, nous, dans le sel de la vie. Et puis, un troisième pilier qui est constitué d'une... communauté, une myriade de professions très large en fait, qui rassemble toutes les catégories sociales professionnelles identifiées depuis le cadre, chef d'entreprise, médecin, enseignant, éducateur, aide-soignante, infirmier, même celui qui est au chômage, etc. Et puis d'autres jeunes,

  • Speaker #0

    puisque par exemple, Médanpharmaciné, que je prononce, je crois, c'est justement... tu as ce tutorat qui se met en place aussi. C'est-à-dire qu'il y a aussi ceux qui sont déjà passés par là, qui créent un genre de relais dans le parcours des jeunes qui sont accompagnés par la prépa.

  • Speaker #2

    Tout à fait. C'est le principe même. C'est-à-dire que lorsqu'on va concevoir nos différents projets, ce qui va nous animer à nous, au-delà du constat des situations, c'est comment on construit un projet, comment on le co-construit. Et nous, on refuse d'être dans la logique taylorienne de type il y a le bureau des ingénieurs et des méthodes qui conçoivent et puis il y a ceux qui vont appliquer. C'est l'inverse, on dit bon, nous on n'a pas d'expertise, si ce n'est qu'on peut peut-être penser les choses autrement, mais on se heurte à l'expérience des uns et des autres qui est souvent porteuse d'expertise, de savoir-faire et de proposition en tant que telle. Ce qui va nous amener, au travers de nos expériences un peu professionnelles les uns et les autres, c'est-à-dire qu'il faut que ce soit un cadre pédagogique qui soit autre, c'est-à-dire que pas uniquement des cours descendants en tant que tels. Et pourquoi les étudiants vont être les tuteurs mais aussi les enseignants de terrain ? Ils vont développer ce qu'on appelle une pédagogie non formelle. Parce que, pour reprendre une image qu'avait donnée un étudiant qui avait réussi le concours de médecine, quand il a réussi, donc il est de très loin, vous imaginez, donc il n'a pas de Sherpa pour l'accompagner, donc il intègre notre écurie, petite équipe modeste de Sherpa, portée par ces premiers tuteurs-là, et il dit j'ai l'impression d'avoir gravi l'Everest avec tout ça. Et nous, on se dit, comment on va réinvestir, en fait ? Tous ces savoir-faire qu'ils ont développés, toute cette méthodologie, c'est un sport d'endurance en tant que tel.

  • Speaker #0

    Tu veux dire qu'ils ont développé pour eux-mêmes ?

  • Speaker #2

    Qu'ils ont développé pour eux-mêmes, exactement. Exactement. Du coup, on va mettre en place des réunions avec eux pour leur dire comment vous avez fait. Et si on essaye de prendre de la hauteur, quelle est ta méthode à toi de travail ? Comment tu as organisé ton temps hebdomadaire de travail ? Et un tel, un tel, un tel. Et donc, comment vous verriez-vous ? la transmission vis-à-vis de ceux qui sont vos pairs, et pour lesquels ce qui vous différencie d'eux, c'est que vous, vous avez à la fois passé une barrière, celle du concours, et aujourd'hui vous allez vous retrouver dans un niveau qu'ils n'ont pas, c'est-à-dire celui de transmettre pour faire que cette situation un peu asymétrie, déséquilibrée, de candidats, vous allez les élever intellectuellement par la méthodologie, par la mobilisation de ressources psychologiques. et autres pour les accompagner. Ce qui fait que ces tuteurs-là, en fait, on va travailler à mettre une méthodologie qui va s'appuyer à la fois sur l'accompagnement global. mais aussi différenciés. C'est-à-dire qu'un tuteur va suivre jusqu'à 5-6 étudiants, pas davantage. Pourquoi ? Pour pouvoir développer une vraie relation, à la fois sur ces 5-6.

  • Speaker #0

    C'est déjà beaucoup.

  • Speaker #2

    C'est beaucoup.

  • Speaker #0

    Les bénévolement ont plus de leur parcours à eux.

  • Speaker #2

    Exactement. Ce qui fait qu'il y a un rituel maintenant, c'est-à-dire que lors de la pré-rentrée, tous les tuteurs vont rencontrer tous les préparationnaires en phase 2, donc ça se passe sur à peu près. Et puis, au bout de la semaine, on leur dit maintenant, il va y avoir le tirage au sort de... Quel tuteur va être affecté à tel groupe ? Et là, c'est rigolo parce qu'il y a un esprit un peu gamin, en quelque sorte. C'est Ah, mais moi, je voudrais être avec telle tutrice, avec tel tuteur, etc. pourvu que… Alors que c'est juste un tirage au sort pour leur dire Voilà, il y a une espèce de loterie. Mais fondamentalement, on ne perd pas de vue que nous, on travaille à égaliser les terrains face à ces inégalités de situation et de droits. Donc, ce sont ces tuteurs-là qui font qu'ils vont être force de proposition. Et donc, on a des réunions très régulières avec eux. Et à chaque fois, on en ressort extrêmement surpris. parce qu'en faisant confiance aux jeunes, ils ont cette capacité de mise à distance, de prise de hauteur, et où ils sont nourris de façon assez dynamique et forte, ils ont une espèce de leur propre selle de la vie pour eux, qui les amène à faire de vraies propositions sur le terrain, et c'est comme ça que petit à petit on va développer tout un outil, des outils numériques, puisqu'on crée notre propre application, on devient totalement indépendant maintenant d'utiliser une application qui nous coûte 450 euros par étudiant. et notre propre LMS, on va dire l'Unique Management System, cette espèce de pronote, mais avec un moteur de Ferrari ici, permettant d'accéder à des ressources, de s'inscrire, etc. Et donc tout ça, ça a été possible parce qu'on a cassé cette séparation, cette dichotomie forte entre, d'un côté, soit disant, le bureau des ingénieurs, ce qui concevrait, et de l'autre côté, ce qui appliquerait. On a plutôt inversé la logique.

  • Speaker #1

    C'est un petit modèle de société aussi, que vous défendez à travers tout ça ?

  • Speaker #2

    Oui. Complètement, c'est un modèle de société pour laquelle on voudrait que celle-ci soit à l'image de ce que sont ces fondations diverses, mais aussi des fondations solides, c'est-à-dire ce qui fait à la fois la cohésion sociale. le pacte républicain beaucoup plus largement, et faire vivre le triptyque de liberté-égalité. Parce que dire bien inégalité des chances, les travaux sociologiques nous disent non, ça ne tient pas la route, ça ce n'est pas vrai. Par contre, dire qu'il y a des inégalités de situation, et des inégalités de droit, comment on rectifie cela ? Et l'élection,

  • Speaker #0

    c'est amener ça à l'égalité, justement.

  • Speaker #2

    Exactement. Donc c'est de dire, on va préparer ces jeunes-là dans des conditions autres, on va la remporter un petit peu plus, de façon différenciée, de façon plus affilée, plus ciblée. Et pour les accompagner, on va avoir par exemple, on a le cas d'une coordinatrice qui est étudiante chez nous, on les appelle les tutés, qui en décembre, on est à la veille du concours, est au bord de sa vie, au bout de sa vie comme elle dit, et donc c'est Alex qui est le coordinateur de l'écurie, qui est aujourd'hui en troisième année, quatrième année de médecine, et qui est toujours coordinateur chez nous, et qui va entre guillemets la secouer, donc il va passer une heure avec elle jusqu'à minuit au téléphone, pour lui dire bon maintenant tu vas te bouger les fesses, Et si tu veux rentrer dans les statistiques et les probabilités de rater ton concours, etc., et elle dira par la suite elle-même, c'est bien parce que c'est ce qu'il fallait que j'entende, que quelqu'un vienne me bousculer, elle va réussir le concours plutôt bien, et elle va l'intégrer. Ou c'est encore un autre parcours, c'est Zainab, Zainab qui vient toute petite en France, qui ne parle pas un mot de français, qui va suivre un parcours absolument exemplaire, le bac réussit brillamment, et qui n'a pas les moyens de faire une prépa. Et elle découvre qu'il existe cette prépa. Elle l'intègre, elle réussit formidablement.

  • Speaker #0

    Dès la première année ?

  • Speaker #2

    Dès la première année, elle finit 95e sur 1500. Et timidement, notre réunion du mois de juillet, elle arrive, elle dit J'ai une question à te poser, j'ai une demande plutôt, est-ce que j'aimerais bien faire partie ? de l'équipe des tuteurs et tutrices. Mais bien sûr, elle intègre. Cette année, elle est en troisième année de médecine et elle est la coordinatrice d'un des trois pôles, puisqu'on a maintenant trois pôles. Elle est coordinatrice du pôle PAS. Et donc, elle accompagne aussi. Donc voilà, il y a une diversité de projets. Il y a cette idée de dire, c'est une société, mais pas une société déconnectée de l'autre, puisque parmi les valeurs de l'écurie, c'est l'égalité femmes-hommes, la mixité sociale, l'inclusion. la coopération et la solidarité. Donc on travaille à faire que ce soit un modèle effectif. Et donc aujourd'hui, je disais ces trois pôles, il y a un pôle excellence santé lycéen, Il y a un pôle Excellence PAS et un pôle Excellence LAS. C'est plus de 247, je crois, qui sont accompagnés et formés au travers des différentes sessions. Pour les lycéens, c'est sur des stages. Le prochain, par exemple, a lieu du 22 au 28, sur toute la semaine, et avec des partenaires nombreux, à savoir la PHM ou l'hôpital Saint-Joseph, puisqu'on intervient dans les locaux qui nous sont à disposition, et d'autres partenaires. par exemple, le République, on a pu organiser un certain nombre d'événements pour pouvoir se retrouver autour d'un événement festif de convivialité, d'un déjeuner à un euro, dans le cadre de l'adhésion à la petite lit, je crois.

  • Speaker #1

    Tout à l'heure, tu disais que les amphithéâtres en médecine, ils ne sont pas représentatifs de la société, donc de faire rentrer des personnes différentes, c'est positif pour elles, mais qu'est-ce que ça apporte à la médecine aussi, d'avoir peut-être un public plus diversifié ?

  • Speaker #2

    Alors c'est très juste cette question-là parce qu'elle vient mettre la focale sur ce que un certain nombre d'études scientifiques dans le domaine sociologique et anthropologique nous disent dans ce qui est, dans le terme anglais, le care, la prise de soins, etc. Il y a une connaissance qui n'est pas suffisamment développée et qui se traduit dans les pratiques du corps médical d'ensemble. Quand je dis corps médical, ça va depuis... la logistique et l'informatique, jusqu'à ceux qui sont au plus près du chevet du patient, il y a une méconnaissance, en tout cas une faible connaissance, de ce que sont les patients, ce que sont leur histoire, leur rapport au monde en tant que tel. Et donc, avoir une diversité de patients qui, par leur origine culturelle, linguistique, etc., sont quand même dans un milieu où ils ont cette chance de pouvoir naviguer d'un espace social et culturel à un autre et qui leur donnent... quelque part des clés de décodage, de compréhension de ce que sont ces patients en phase 2. Donc quelque part ça vient comme un nutriment renforcer la compréhension.

  • Speaker #0

    On en revient au sel.

  • Speaker #2

    On en revient au sel, exactement. Ça vient renforcer la compréhension et le décryptage et surtout la mise en lien et l'accompagnement du patient. Parce que si on savait faire ne serait-ce qu'à ce qui constitue le fondement du serment d'Hippocrate, celui-ci doit rester quand même assez vivant, dynamique, actif.

  • Speaker #0

    Et du coup tu fais lien entre cette diversité de patients, puisque avec une approche différente du soin, avec une approche culturelle différente du soin, etc., qui s'affrontent encore aujourd'hui à une faible diversité de médecins.

  • Speaker #2

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Et donc en fait c'est aussi une approche de se dire à un moment on va réussir ensemble à ce que justement il y ait cette diversité qui soit commune en fait, entre le patient et ceux qui en prennent soin. dans l'ensemble, puisqu'on l'a dit, ça ne couvre pas que les médecins ce que vous faites, et cette cohésion, cette cohérence se retrouve d'autant plus forte, ou d'autant plus enrichie en tout cas, dans les quartiers sur lesquels vous intervenez, et sur les hôpitaux dont tu parlais.

  • Speaker #2

    Absolument.

  • Speaker #0

    Qui sont implantés dans des quartiers où il y a justement cette mixité sociale, il y a justement cette différence d'approche du soin, d'approche du corps aussi, qui peut être très différente.

  • Speaker #2

    Complètement, complètement. Alors, je pense qu'il y a une précision aussi qu'il faut apporter, c'est que si on regarde le système hospitalier français, il est quand même fortement composé de médecins d'origine étrangère. Donc, on l'a pu voir au travers des différentes situations et problématiques qui se posent dans le domaine de la santé. Et beaucoup s'accordent à dire qu'il tient parce qu'il y a cette présence-là de médecins étrangers. Mais cela dit, nos étudiants qui ont, eux, une origine qui remonte à deux, voire trois, quatre générations en arrière étrangères du bassin méditerranéen, mais aussi au-delà de ces limites géographiques les plus proches, il y a quand même pour ces générations-là le fait de se dire que ce projet d'études supérieures d'excellence en tant que tel ne doit plus constituer un frein ou un défi en dehors du contenu en lui-même, des conditions de préparation pour accéder à ce contenu, et donc, comme je disais tout à l'heure, passer... cette barrière-là, et donc par là même, de faire que ces jeunes générations puissent construire, être les acteurs de la transformation de leur parcours pour créer les conditions à la fois de leur émancipation propre, mais aussi de leur indépendance et de leur mobilité sociale, de leur ascension professionnelle. Concrètement, ça veut dire pour nous, c'est 2020, 2026, on a les premiers dentistes qui sortent de chez nous, 2028, les premiers médecins, et on espère quelque part que cette vague-là Elle est portée à chaque fois par la caresse d'une autre vague qui porte vers des transformations positives de ces parcours-là individuels.

  • Speaker #1

    Sur les inégalités, on a beaucoup parlé de la littérature, mais toi, en tant que professeur, à quel moment tu as commencé à être sensible à ça ? Est-ce que peut-être c'est le moteur qui t'a rendu professeur ? À quel moment les inégalités, tu les as senties et tu as eu envie de t'engager contre ?

  • Speaker #2

    Les inégalités, je les vis, je les expérimente depuis ma tendre enfance. Ne serait-ce que par mon parcours, moi, quand j'ai annoncé que je voulais être enseignant, l'enseignant de l'époque prend ma fiche, parce qu'à l'époque on faisait des fiches, et il interpelle, il dit... Qui c'est ce couille d'homme là ? Donc tu veux être professeur, j'ai vu, faculté de sciences économiques, capteur de sciences économiques et sociales et professeur de sciences économiques et sociales, tu rêves, c'est pas pour toi. Donc voilà, soit on se prend ça et on se dit, on fait une esclandre envers la table, etc. Et donc là, on revient à des clichés. Ou alors on se dit, sans fort intérieur, on se dit modestement, je vais essayer peut-être un rendez-vous dans quelques années. Donc voilà, c'est ce qui va se passer. Et puis parce que dans la matière que j'enseigne, c'est une matière assez vivante, nourrie par un certain nombre de travaux scientifiques, qui vient de rendre compte des problématiques les plus chaudes, les plus actuelles dans les sciences sociales, la question des inégalités, la question de ce qu'on appelle l'idéal démocratique, elle est au cœur de notre enseignement pour les enseignants, sur la partie dite sociologique, sciences politiques, anthropologiques et économiques, parce que c'est un croisement de disciplines. Donc en fait, elle est là et elle nourrit la foi. notre pratique d'enseignant en tant que telle, nos engagements les uns et les autres. J'avais des engagements associatifs très très jeunes, dès l'âge de 18 ans dans mon quartier, partant du même constat qu'on n'avait pas des loisirs pour nous. On est une bande de jeunes, on se dit on va prendre les gamins les plus jeunes et on va les amener à la mer, à nos frais, on se débrouille, on va se cotiser les uns les autres. On va même jusqu'à essayer de négocier les tickets, mais à l'époque on ne pouvait pas, à l'époque ça s'appelait la RATVM et pas la RTM. Donc voilà, on va être là-dedans. Il y a cet engagement. Et parce que si on prend plus largement en dehors de ma petite personne, c'est que l'ensemble des acteurs qui sont engagés dans le ciel de la vie, ils vivent au milieu des situations d'inégalité structurelle. Prenons juste le fait que quand vous avez, nous, dans notre prépa, des étudiantes et étudiantes qui arrivent du 15e et du 16e, il faut se dire que pour venir jusqu'au lieu de formation, ne serait-ce qu'à la fac de médecine, c'est au bas-mont une heure et quart, une heure et demie de travaux. de travaux de transport par temps normal. Parce que quand il pleut, on sait qu'à Marseille, c'est un petit peu à la débandade, en quelque sorte. Et donc voilà, et en fait, ces personnes-là traversent tous ces espaces sociaux marqués par des inégalités, des fractures de tous ordres. Et c'est cet engagement-là qui nous relie les uns les autres. Et moi, parce que dans mon métier d'enseignant, face à mes classes, la formation d'enseignants, d'élèves, etc., on est nourri par ça et quelque part, on se dit, on ne peut pas que... transmettre du savoir et des outils formés à l'esprit critique, la question de l'engagement va se poser très vite, parce que, ne serait-ce que pour se dire, si on veut faire vivre à la fois la cohésion sociale, la renforcer, la nourrir, et l'égalité, comment on peut, à son modeste niveau, on va dire avec ses quelques neurones et ses petits bras, essayer de travailler en co-construction, en intelligence collective ?

  • Speaker #1

    L'engagement, c'est un sel à la vie aussi.

  • Speaker #2

    C'est très bien dit. L'engagement, c'est le sel de la vie aussi, quelque part, pour nous. Tout à fait. Les uns et les autres, on est vraiment très contents. D'autant que quand on a commencé, on en sourit les uns et les autres. Personne ne croyait, très peu en tout cas, en ce qu'on faisait. On nous dit, mais on ne comprend pas ce que vous faites. Ça part dans tous les sens. C'est compliqué. On a du mal à saisir, etc. Et nous, on disait, oui, mais parce qu'en fait, ça vous paraît compliqué, mais on assume cette complexité. Pour la raison assez simple, c'est que lorsque l'on est confronté, si on prend le domaine des études supérieures d'excellence pour médecine, etc., on est confronté à des jeunes qui ont de l'autocensure, des blocages, etc., ça, c'est déjà un problème. En fait, c'est une bobine où on a des fils qu'on va tirer de toutes sortes de couleurs.

  • Speaker #0

    Il faut donner des actions à chaque étape pour arriver à consolider la personne avant même qu'elle aboutisse à sa propre ambition, c'est ça ?

  • Speaker #2

    Exactement. En se disant quand même, attention, il faut garder... Ici, un juste milieu, on ne peut pas tout faire, il faut y aller par étapes, c'est comme ça qu'on a procédé avec la prépa sociale et solidaire, et puis il y avait d'autres actions au fur et à mesure, elles pouvaient se faire parce qu'il y avait un engagement assez important de toutes ces personnes dont je parlais, et qui donnaient de leur temps les uns les autres, et nous ça nous donnait énormément de boulot, parce qu'il y a à la fois le CEL de la vie qui compte aujourd'hui plus de 120 personnes, sur un groupe dédié, Et puis il y a le bureau en tant qu'association, et puis il y a un groupe des pilotes qui est constitué de 25 personnes et qui va travailler à coordonner les actions. sur le terrain, ce qui n'est pas chose aisée, parce que chacun a des contraintes professionnelles, familiales, sociales, et dans cet engagement associatif, pour faire ce sel de la vie-là, c'est de se dire, il ne faut pas attendre de chacun un investissement fort, plein et entier, de se dire que si je donne une heure, une demi-heure, ne serait-ce qu'à distance, répondre à une situation donnée, un accompagnement, etc. Pour nous, c'est largement suffisant, ça vient. apporter ces petites graines de sel qui vont venir nourrir ce terreau puis pour que les jeunes les moins jeunes puissent identifier les différentes parties prenantes de la sauce en disant oui mais donc et le sel de vie mais oui je le connais lui fait ça lui fait ça non mais elle n'est plus là puis c'est telle personne et c'est donc voilà c'est les trajets qu'on déclare tout simplement

  • Speaker #0

    C'est ça. On va conclure sur le petit geste, je crois, habituel du CEL de la vie.

  • Speaker #2

    Formidable, exactement. C'est celui-ci. C'est là où on fait tomber les graines de sel pour venir nourrir l'ascension. D'ailleurs, je voudrais rendre hommage à celle qui nous a fait ce dessin. Une amie qui est de l'autre côté ultramarin, à La Réunion, qui s'appelle Lina Dallon, qui est en fait une artiste, professeure d'art plastique et aussi poétesse, et qui, je ne sais pas sur les circonstances dans lesquelles on s'est connus, mais du coup on a noué une relation comme ça, et puis ça faisait quelques mois qu'on n'avait plus d'échange, et puis un jour je reçois un message sur WhatsApp et qui me dit Coucou Aïssa, comment tu vas ? Alors ta petite famille ? Donc j'étais content de voir ces nouvelles, et là on échange et tout. Et puis je lui dis bah écoute ça va Alors on sortait du confinement, donc ça faisait quelques semaines. Et alors qu'est-ce que tu fais de beau ? etc. Je lui demande, elle me dit bah je fais toujours pareil, c'est un peu difficile, le monde d'après qu'on attend il n'est pas encore là Et puis nous on est sur le sel de la vie. Et puis là elle m'appelle, elle me dit alors je veux que tu m'expliques plus précisément, qu'est-ce que c'est le sel de la vie ? Je lui dis bah voilà, écoute c'est ça, ça, ça Alors elle me dit mais est-ce que vous avez quelque chose qui représente le sel de la vie ? Non, on n'a rien. Alors elle me dit écoute, je vais essayer de faire quelque chose, j'ai un emploi du temps chargé, elle a pas besoin de deux mois, mais je te promets que j'essaye de faire quelque chose. Et en fait même pas quatre jours après, elle m'envoie deux dessins faits à l'encre de Chine, etc. Et donc je lui dis mais c'est extraordinaire. Elle me dit il faut que tu choisisses un des deux, mais en tout cas puis après elle m'a envoyé les formats originaux par la poste. Et donc on a eu une réunion, on a partagé tout ça, et donc c'est celui-ci qui a été retenu. Et en fait elle a symbolisé la... Cette petite échelle où on voit les individus qui grimpent sur le creux de cette main, qui n'est rien d'autre qu'en fait que le terreau de la société, la cohésion sociale, la république, etc. Et puis d'un coup, ils s'élèvent, ils ont des parachutes et ils accèdent comme ça à l'émancipation, la transformation et puis leur indépendance professionnelle,

  • Speaker #0

    sociale. Bravo, et on la remercie du coup.

  • Speaker #2

    On la remercie grandement et jamais assez en tout cas pour nous.

  • Speaker #0

    Merci Aïssa d'avoir été avec nous aujourd'hui. Merci Maëva à nouveau d'avoir été sur ce plateau et d'avoir accompagné cette interview. Merci à toutes et à tous de nous avoir écoutés. On est ravis de vous avoir avec nous sur tous les réseaux, que ce soit YouTube, TikTok, Facebook, Instagram, etc. Et on se retrouve pour le prochain HDQ.

Share

Embed

You may also like