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Heureux qui comme Ulysse

#4 - Sisyphe et les schémas répétitifs

#4 - Sisyphe et les schémas répétitifs

17min |06/06/2024|

57

Play
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Play

Description

Avez-vous parfois l'impression de revivre plusieurs le même scénario? De vivre des schémas répétitifs dans votre vie?


Et si ces schémas pouvaient nous apprendre quelque chose de nous? Et s'ils nous permettaient de mettre de la lumière sur nos peurs et notre façon de vouloir contrôler les choses?


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, bienvenue sur le podcast Heureux qui comme Ulysse, podcast destiné à éclairer ce qui nous permet de nous reconnecter à qui nous sommes à travers cette odyssée qu'est notre vie. Dans les épisodes précédents, je vous ai proposé une représentation symbolique d'un chemin de reconnexion à soi à travers la mise en lumière de nos peurs et leurs traversées, c'est-à-dire à travers la confrontation. Mais du coup, comment pouvons-nous faire émerger à la conscience ce dont nous ne sommes pas conscients ? Comment pourrais-je me confronter à mes peurs si je ne comprends pas leur matérialisation dans ma vie ? Le chemin que je vais vous proposer dans ce podcast, c'est un chemin d'observation et de ressenti à partir d'histoires. La matérialisation de nos peurs inconscientes dans nos vies peut être vue, aperçue sous le prisme de notre personnalité, nos comportements et nos schémas répétitifs. Dans les prochains épisodes, je vais prendre des exemples de personnes représentant des archétypes de personnalité. Je vais raconter une histoire, mettant en lumière les croyances des personnages, leurs peurs profondes associées, leurs comportements, et les schémas répétitifs qui en découlent. Bien sûr, ce seront des histoires fictives, mais peut-être trouverez-vous des résonances avec votre propre histoire ou avec celles de personnes que vous connaissez. Peut-être alors pourrez-vous commencer à mettre de la lumière sur la façon dont vos peurs se matérialisent dans votre vie et peut-être que cela vous donnera envie de commencer à vous y frotter. Mais pour l'heure, j'aimerais vous parler justement de nos schémas répétitifs. Avez-vous l'impression parfois que certaines situations se reproduisent dans votre vie ? Des situations dans lesquelles vous vous êtes senti trahi ou peut-être abandonné, rejeté ou impuissant ? Alors bien sûr, les situations ne sont jamais exactement les mêmes. Les personnages changent. Mais avec un peu de recul, nous pouvons parfois apercevoir un schéma, un scénario qui se rejoue encore et encore. Nous sommes comme enfermés dans des cycles. Dans la mythologie grecque, le mythe le plus couramment associé à cette idée, c'est le mythe de Sisyphe. Vous savez, Sisyphe, c'est ce personnage qui doit tous les jours pousser une pierre jusqu'au sommet d'une montagne sans jamais y arriver. La pierre finit toujours par retomber jusqu'en bas. Et ce qui est marrant, et je l'ai appris en faisant des recherches pour cet épisode, c'est que certains récits font de Sisyphe le père d'Ulysse. C'est-à-dire que c'est le personnage qui représente les schémas répétitifs dans la mythologie grecque qui se trouve être le père du personnage entamant une odyssée pour retourner chez lui. C'est comme si, symboliquement, c'était la reproduction de nos schémas répétitifs qui engendrait notre volonté d'entamer un processus de retour à soi. Alors, parlons un peu de Sisyphe. Qu'a-t-il fait pour être condamné à pousser éternellement une pierre qui retombe toujours ? Eh bien, figurez-vous que Sisyphe, il a ni plus ni moins pensé qu'il pouvait échapper à la mort. Lorsque le dieu Thanatos, dieu de la mort, s'est présenté à lui pour l'emporter, il a commencé par l'enchaîner avec des menottes. Et puis, après avoir finalement été emporté en enfer après la délivrance de Thanatos par Zeus, qui s'était rendu compte que plus personne ne mourrait, et bien Sisyphe a convaincu ensuite Hadès, dieu des enfers, qu'il devait revenir sur terre pour avoir des funérailles dignes de ce nom, parce que soi-disant, sa femme ne s'en était pas bien occupée. Et puis, une fois sur terre, il n'a plus voulu redescendre, évidemment. Et donc, il a fini par être à nouveau emporté de force par Thanatos et cette fois, il fut condamné à son fameuse supplice pour avoir défié les dieux et voulu déjouer la mort. Alors ce que l'on peut comprendre de ce mythe, c'est que c'est son refus de mourir qui conduit Sisyphe à son supplice. Mais en dépit de ces ruses, il ne peut pas échapper à la mort. Ces ruses ne font que le conduire à un supplice éternel, à un enfermement dans une épreuve sans fin. Ce que cela nous dit, symboliquement, si nous voulons bien le voir, c'est que notre peur de la mort nous conduit à nous enfermer nous-mêmes dans des cycles et des schémas répétitifs. Parce que nous ne voulons pas accepter notre mortalité, nous essayons de contrôler la vie, de contrôler les choses. Nous développons des stratégies, des ruses pour ne pas penser à la fragilité de notre condition humaine. Nous regardons ailleurs. Certains d'entre nous s'enferment dans un quotidien rassurant. Si ma vie est toujours la même chaque jour, alors je peux croire que cela va durer éternellement, que je ne suis pas mortelle. D'autres vont se focaliser sur des moyens de se sentir en sécurité, ou sur des objectifs qui leur permettent de ne pas penser à leurs conditions d'être mortelles, en se focalisant sur la réussite, sur les biens matériels ou sur tout un tas d'autres choses. Dans tous les cas, cela va nous conduire à nous enfermer dans des cycles ou des schémas répétitifs à l'extérieur ou à l'intérieur de nous. Prenons un exemple. Prenons l'exemple de quelqu'un qui s'est senti en insécurité lorsqu'il était enfant. Pour ne plus ressentir cette peur, son mental s'est focalisé sur les dangers potentiels. Sur l'anticipation des risques. Il va donc essayer de contrôler les risques physiques en ayant toujours par exemple une trousse de secours sur lui, en regardant la météo pour savoir quel temps il va faire et comment s'habiller, en achetant des assurances pour se préserver des risques. Bref, il va essayer de se sécuriser par tous les moyens possibles et imaginables. Il va aussi, inconsciemment bien sûr, essayer de contrôler les risques affectifs, le risque de trahison, le risque d'abandon. Pour s'en prémunir, il va peut-être être méfiant en mode par défaut, quand il fait une nouvelle rencontre. Il va peut-être utiliser le doute, le doute de soi, le doute de l'autre, en espérant que ce doute lui permettra à un moment donné d'être sûr. de la sécurité d'une situation ou de la loyauté d'une personne. Or, lorsque je veux m'assurer de la loyauté d'une personne en doutant d'elle, lorsque pour me rassurer j'enferme l'autre dans une forme de possessivité, je peux finir par provoquer des conflits ou pardonner envie à l'autre de se libérer. Je peux ainsi parfois causer ce que j'ai voulu éviter. Et à défaut de mettre à jour ce processus, il est probable que je reproduise encore et encore ce schéma sans voir que c'est un mécanisme interne qui en est la cause. Prenons un autre exemple, qui sera lié cette fois à la peur de ne pas être aimé plutôt qu'à la peur de la mort. Si je pense inconsciemment qu'il faut que je sois irréprochable pour pouvoir être aimé, je vais en permanence me contrôler, me tordre dans tous les sens pour correspondre à ce que je pense que l'on attend de moi. Je vais par exemple éviter de me mettre en colère parce que cela ne se fait pas dans notre société. Je vais camoufler mes émotions pour toujours avoir l'air d'aller bien. Mon mental est tellement rusé que parfois je ne vais même pas sentir que je camoufle mes émotions, que je les transforme. Et puis, quand je ne vais plus en pouvoir, quand dans une relation je me suis tellement camouflée que je ne sais plus vraiment qui je suis, eh bien je vais finir par fuir, trouvant une excuse à cette fuite, trouvant des raisons plus ou moins rationnelles ou rejetant la faute sur l'autre. Sans prise de conscience, il est probable que je rejoue encore et encore ce schéma. Les schémas que nous reproduisons sont toujours liés à un contrôle excessif de soi ou de l'autre, de l'environnement, et à la croyance que nous pouvons contrôler la vie d'une manière ou d'une autre, et ou l'amour. Ce qui se passe... C'est somme toute plutôt logique et à mon sens relié à une façon primitive de réagir face à la peur. Tout être vivant, lorsqu'il a peur, va soit attaquer, soit fuir, soit rester sidéré, on le sait. Nos mécanismes de défense mentaux agissent à mon sens de la même manière, d'une façon plus subtile. Face à la peur, soit nous attaquons, entre guillemets, en voulant contrôler notre environnement et notre entourage, soit nous fuyons. D'une certaine façon, en nous adaptant à l'autre, à la situation. Il s'agit ici bien sûr d'une fuite intérieure. Je fuis ce que je ressens, je le camoufle pour présenter un visage rassurant à l'autre. Soit, finalement, je ne vais pas trop savoir comment réagir et je vais adopter un comportement qui ressemble à de la sidération, c'est-à-dire à de la non-action, à de la procrastination face à une situation difficile. Or, ces mécanismes ne marchent qu'un temps, et à force de tirer sur l'élastique, ils finissent par péter. Si je me contrôle trop moi-même pour être aimée, si je me fuis à l'intérieur, eh bien je vais finir par exploser, par ne plus supporter cet excès de contrôle, et ma stratégie va d'un seul coup s'inverser, et je vais devenir contrôlante à l'extérieur par effet de balancier. Je vais soit fuir la relation ou la situation dans laquelle je me suis contrôlée excessivement, ou soit je vais me mettre en colère contre l'autre, contre le monde. Je vais exprimer excessivement ce que j'ai trop longtemps retenu. Si je contrôle trop les gens autour de moi, si j'attaque un peu trop, ils finiront par m'en vouloir, m'abandonner ou me trahir. Je finirais alors peut-être par les attaquer encore un peu plus en les jugeant coupables. Ou peut-être que je m'en voudrais et que je retournerais cet excès d'énergie contre moi-même en me sentant coupable. Alors, j'ai conscience que ce que je raconte peut être confrontant. On peut être tenté de rejeter ces concepts parce qu'on peut avoir l'impression que tout est notre faute. Alors quoi ? Ce que tu es en train de dire, c'est que je crée les situations dans lesquelles j'ai été trahi, abandonné ? Que l'autre n'a pas de responsabilité dans l'histoire ? Eh bien, je serais tentée de dire que bien souvent, ce qui nous aide, c'est de sortir d'une vision manichéenne des choses. Nous sommes souvent tentés de chercher la faute. C'est soit la faute de l'autre, soit la nôtre. Mais il est parfois possible de faire un pas de côté pour se rendre compte que tout est question d'interaction. Et de ne pas chercher la faute, mais prendre conscience que les responsabilités sont bien souvent partagées. Bien sûr, je précise ici que je mets de côté les situations extrêmes, de violences physiques ou verbales. Il n'est pas question ici de nier les responsabilités des uns ou des autres, ou d'excuser l'inexcusable. Seulement de comprendre aussi les mécanismes à l'œuvre. qui nous enferment parfois dans des schémas répétitifs. Voir ces schémas est un premier pas. Comprendre qu'ils proviennent d'une fausse croyance constitue le pas suivant. La réalité, c'est que nous ne contrôlons pas la vie, que nous sommes mortels. Nous nous enfermons nous-mêmes dans des schémas répétitifs pour ne pas accepter l'inéluctable. Ce qui nous conduit au mieux à ne pas vivre ce que nous souhaiterions vraiment vivre, à ne pas profiter vraiment de cette vie si fragile, au pire à une forme de supplice, à un enfermement dans un quotidien dans lequel nous remontons encore et encore notre pierre au sommet d'une montagne sans pouvoir jamais l'atteindre. Alors faut-il pour autant tout lâcher et ne plus rien contrôler ? Non. Mais peut-être est-il possible de se rendre compte que parfois, parce que nous avons cette peur de la mort au fond de nous, nous n'osons plus vraiment vivre. Ne pas vivre sa vie par peur de la mort, c'est quand même dommage et plutôt ironique. Puisque nous ne pouvons pas contrôler la vie, alors autant vivre. Il y a la peur de la mort et puis il y a la peur de ne pas être aimé. La réalité, c'est que nous ne pouvons pas non plus contrôler l'amour. Donc, se tordre dans tous les sens pour plaire à l'autre, c'est un leurre. Cela ne retiendra pas l'amour s'il doit partir. Je dirais même qu'il y a des chances qu'ironiquement, là aussi, cela l'entraîne. Si je me masque, il y a fort à parier que je finisse par ne plus supporter le masque. Si je me suradapte à l'autre et que je sacrifie en permanence mes besoins, il est probable que je finisse par craquer. Et qu'en plus l'autre ne comprenne pas ce changement d'attitude, qu'il nous reproche d'avoir changé, puisqu'en réalité il ne connaît pas vraiment. Qui nous sommes ? Il ne connaît de nous que le masque. Puisque nous ne pouvons pas contrôler l'amour, alors autant être nous-mêmes. Autant croire, et c'est une réalité à mon sens, que nous pouvons être aimés tels que nous sommes, sans masque. Je terminerai ici par une dernière illustration issue de l'Odyssée, qui symbolise à mon sens les stratégies que nous mettons en place pour contrôler l'incontrôlable. A un moment donné, Ulysse et ses hommes doivent passer par un détroit gardé par deux monstres marins appelés Charybde et Scylla. La magicienne Circé avait prévenu Ulysse qu'il fallait éviter obligatoirement Charybde et passer le plus vite possible près de Scylla sans volonté de se battre car elle ne pouvait être combattue. Elle l'avait prévenue qu'aucun navire n'avait réussi à passer sans que Scylla ne dévore six marins, mais que c'était un mal nécessaire qu'il valait mieux perdre six marins que couler le navire et mourir tous ensemble en passant devant Charybde. Mais Ulysse a peur et il ne veut pas accepter la réalité. Il pense qu'il peut éviter l'inéluctable. Alors il prépare ses armes pour essayer de combattre Scylla. Et tandis qu'il scrute sa caverne, il ne se passe rien. Ses yeux se fatiguent. Symboliquement, cela veut dire qu'il essaie de lutter contre quelque chose sur lequel il n'a pas prise. Et c'est quand il détourne son attention, attiré par une autre peur, car c'est lorsqu'il regarde Charybde qui engouffre et rejette la mer, et bien c'est là que Scylla apparaît et dévore six de ses hommes, tels que prédits par Circé. Alors... relâcher progressivement le contrôle sur les choses sur lesquelles nous n'avons pas prise, et bien peut-être que c'est ce qui nous permettra, avec le temps, car cela n'est pas magique, d'arrêter de tomber de Charybde en Scylla, comme le dit l'expression. De jouer des scénarios dans lesquels je me contiens puis j'explose, je m'adapte à l'autre puis je suis en colère contre lui, je contrôle trop mon environnement puis je lâche et je me sens impuissant. Et je recommence encore et encore à tirer sur l'élastique puis à le faire péter... Voilà, je vais en terminer aujourd'hui sur ce bref aperçu de ce dont il est question lorsqu'on parle de schémas répétitifs. Et je vous en donnerai des illustrations plus concrètes en racontant des histoires lors de prochains épisodes. D'ici là, je vous souhaite une belle journée et je vous dis à très bientôt !

Description

Avez-vous parfois l'impression de revivre plusieurs le même scénario? De vivre des schémas répétitifs dans votre vie?


Et si ces schémas pouvaient nous apprendre quelque chose de nous? Et s'ils nous permettaient de mettre de la lumière sur nos peurs et notre façon de vouloir contrôler les choses?


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, bienvenue sur le podcast Heureux qui comme Ulysse, podcast destiné à éclairer ce qui nous permet de nous reconnecter à qui nous sommes à travers cette odyssée qu'est notre vie. Dans les épisodes précédents, je vous ai proposé une représentation symbolique d'un chemin de reconnexion à soi à travers la mise en lumière de nos peurs et leurs traversées, c'est-à-dire à travers la confrontation. Mais du coup, comment pouvons-nous faire émerger à la conscience ce dont nous ne sommes pas conscients ? Comment pourrais-je me confronter à mes peurs si je ne comprends pas leur matérialisation dans ma vie ? Le chemin que je vais vous proposer dans ce podcast, c'est un chemin d'observation et de ressenti à partir d'histoires. La matérialisation de nos peurs inconscientes dans nos vies peut être vue, aperçue sous le prisme de notre personnalité, nos comportements et nos schémas répétitifs. Dans les prochains épisodes, je vais prendre des exemples de personnes représentant des archétypes de personnalité. Je vais raconter une histoire, mettant en lumière les croyances des personnages, leurs peurs profondes associées, leurs comportements, et les schémas répétitifs qui en découlent. Bien sûr, ce seront des histoires fictives, mais peut-être trouverez-vous des résonances avec votre propre histoire ou avec celles de personnes que vous connaissez. Peut-être alors pourrez-vous commencer à mettre de la lumière sur la façon dont vos peurs se matérialisent dans votre vie et peut-être que cela vous donnera envie de commencer à vous y frotter. Mais pour l'heure, j'aimerais vous parler justement de nos schémas répétitifs. Avez-vous l'impression parfois que certaines situations se reproduisent dans votre vie ? Des situations dans lesquelles vous vous êtes senti trahi ou peut-être abandonné, rejeté ou impuissant ? Alors bien sûr, les situations ne sont jamais exactement les mêmes. Les personnages changent. Mais avec un peu de recul, nous pouvons parfois apercevoir un schéma, un scénario qui se rejoue encore et encore. Nous sommes comme enfermés dans des cycles. Dans la mythologie grecque, le mythe le plus couramment associé à cette idée, c'est le mythe de Sisyphe. Vous savez, Sisyphe, c'est ce personnage qui doit tous les jours pousser une pierre jusqu'au sommet d'une montagne sans jamais y arriver. La pierre finit toujours par retomber jusqu'en bas. Et ce qui est marrant, et je l'ai appris en faisant des recherches pour cet épisode, c'est que certains récits font de Sisyphe le père d'Ulysse. C'est-à-dire que c'est le personnage qui représente les schémas répétitifs dans la mythologie grecque qui se trouve être le père du personnage entamant une odyssée pour retourner chez lui. C'est comme si, symboliquement, c'était la reproduction de nos schémas répétitifs qui engendrait notre volonté d'entamer un processus de retour à soi. Alors, parlons un peu de Sisyphe. Qu'a-t-il fait pour être condamné à pousser éternellement une pierre qui retombe toujours ? Eh bien, figurez-vous que Sisyphe, il a ni plus ni moins pensé qu'il pouvait échapper à la mort. Lorsque le dieu Thanatos, dieu de la mort, s'est présenté à lui pour l'emporter, il a commencé par l'enchaîner avec des menottes. Et puis, après avoir finalement été emporté en enfer après la délivrance de Thanatos par Zeus, qui s'était rendu compte que plus personne ne mourrait, et bien Sisyphe a convaincu ensuite Hadès, dieu des enfers, qu'il devait revenir sur terre pour avoir des funérailles dignes de ce nom, parce que soi-disant, sa femme ne s'en était pas bien occupée. Et puis, une fois sur terre, il n'a plus voulu redescendre, évidemment. Et donc, il a fini par être à nouveau emporté de force par Thanatos et cette fois, il fut condamné à son fameuse supplice pour avoir défié les dieux et voulu déjouer la mort. Alors ce que l'on peut comprendre de ce mythe, c'est que c'est son refus de mourir qui conduit Sisyphe à son supplice. Mais en dépit de ces ruses, il ne peut pas échapper à la mort. Ces ruses ne font que le conduire à un supplice éternel, à un enfermement dans une épreuve sans fin. Ce que cela nous dit, symboliquement, si nous voulons bien le voir, c'est que notre peur de la mort nous conduit à nous enfermer nous-mêmes dans des cycles et des schémas répétitifs. Parce que nous ne voulons pas accepter notre mortalité, nous essayons de contrôler la vie, de contrôler les choses. Nous développons des stratégies, des ruses pour ne pas penser à la fragilité de notre condition humaine. Nous regardons ailleurs. Certains d'entre nous s'enferment dans un quotidien rassurant. Si ma vie est toujours la même chaque jour, alors je peux croire que cela va durer éternellement, que je ne suis pas mortelle. D'autres vont se focaliser sur des moyens de se sentir en sécurité, ou sur des objectifs qui leur permettent de ne pas penser à leurs conditions d'être mortelles, en se focalisant sur la réussite, sur les biens matériels ou sur tout un tas d'autres choses. Dans tous les cas, cela va nous conduire à nous enfermer dans des cycles ou des schémas répétitifs à l'extérieur ou à l'intérieur de nous. Prenons un exemple. Prenons l'exemple de quelqu'un qui s'est senti en insécurité lorsqu'il était enfant. Pour ne plus ressentir cette peur, son mental s'est focalisé sur les dangers potentiels. Sur l'anticipation des risques. Il va donc essayer de contrôler les risques physiques en ayant toujours par exemple une trousse de secours sur lui, en regardant la météo pour savoir quel temps il va faire et comment s'habiller, en achetant des assurances pour se préserver des risques. Bref, il va essayer de se sécuriser par tous les moyens possibles et imaginables. Il va aussi, inconsciemment bien sûr, essayer de contrôler les risques affectifs, le risque de trahison, le risque d'abandon. Pour s'en prémunir, il va peut-être être méfiant en mode par défaut, quand il fait une nouvelle rencontre. Il va peut-être utiliser le doute, le doute de soi, le doute de l'autre, en espérant que ce doute lui permettra à un moment donné d'être sûr. de la sécurité d'une situation ou de la loyauté d'une personne. Or, lorsque je veux m'assurer de la loyauté d'une personne en doutant d'elle, lorsque pour me rassurer j'enferme l'autre dans une forme de possessivité, je peux finir par provoquer des conflits ou pardonner envie à l'autre de se libérer. Je peux ainsi parfois causer ce que j'ai voulu éviter. Et à défaut de mettre à jour ce processus, il est probable que je reproduise encore et encore ce schéma sans voir que c'est un mécanisme interne qui en est la cause. Prenons un autre exemple, qui sera lié cette fois à la peur de ne pas être aimé plutôt qu'à la peur de la mort. Si je pense inconsciemment qu'il faut que je sois irréprochable pour pouvoir être aimé, je vais en permanence me contrôler, me tordre dans tous les sens pour correspondre à ce que je pense que l'on attend de moi. Je vais par exemple éviter de me mettre en colère parce que cela ne se fait pas dans notre société. Je vais camoufler mes émotions pour toujours avoir l'air d'aller bien. Mon mental est tellement rusé que parfois je ne vais même pas sentir que je camoufle mes émotions, que je les transforme. Et puis, quand je ne vais plus en pouvoir, quand dans une relation je me suis tellement camouflée que je ne sais plus vraiment qui je suis, eh bien je vais finir par fuir, trouvant une excuse à cette fuite, trouvant des raisons plus ou moins rationnelles ou rejetant la faute sur l'autre. Sans prise de conscience, il est probable que je rejoue encore et encore ce schéma. Les schémas que nous reproduisons sont toujours liés à un contrôle excessif de soi ou de l'autre, de l'environnement, et à la croyance que nous pouvons contrôler la vie d'une manière ou d'une autre, et ou l'amour. Ce qui se passe... C'est somme toute plutôt logique et à mon sens relié à une façon primitive de réagir face à la peur. Tout être vivant, lorsqu'il a peur, va soit attaquer, soit fuir, soit rester sidéré, on le sait. Nos mécanismes de défense mentaux agissent à mon sens de la même manière, d'une façon plus subtile. Face à la peur, soit nous attaquons, entre guillemets, en voulant contrôler notre environnement et notre entourage, soit nous fuyons. D'une certaine façon, en nous adaptant à l'autre, à la situation. Il s'agit ici bien sûr d'une fuite intérieure. Je fuis ce que je ressens, je le camoufle pour présenter un visage rassurant à l'autre. Soit, finalement, je ne vais pas trop savoir comment réagir et je vais adopter un comportement qui ressemble à de la sidération, c'est-à-dire à de la non-action, à de la procrastination face à une situation difficile. Or, ces mécanismes ne marchent qu'un temps, et à force de tirer sur l'élastique, ils finissent par péter. Si je me contrôle trop moi-même pour être aimée, si je me fuis à l'intérieur, eh bien je vais finir par exploser, par ne plus supporter cet excès de contrôle, et ma stratégie va d'un seul coup s'inverser, et je vais devenir contrôlante à l'extérieur par effet de balancier. Je vais soit fuir la relation ou la situation dans laquelle je me suis contrôlée excessivement, ou soit je vais me mettre en colère contre l'autre, contre le monde. Je vais exprimer excessivement ce que j'ai trop longtemps retenu. Si je contrôle trop les gens autour de moi, si j'attaque un peu trop, ils finiront par m'en vouloir, m'abandonner ou me trahir. Je finirais alors peut-être par les attaquer encore un peu plus en les jugeant coupables. Ou peut-être que je m'en voudrais et que je retournerais cet excès d'énergie contre moi-même en me sentant coupable. Alors, j'ai conscience que ce que je raconte peut être confrontant. On peut être tenté de rejeter ces concepts parce qu'on peut avoir l'impression que tout est notre faute. Alors quoi ? Ce que tu es en train de dire, c'est que je crée les situations dans lesquelles j'ai été trahi, abandonné ? Que l'autre n'a pas de responsabilité dans l'histoire ? Eh bien, je serais tentée de dire que bien souvent, ce qui nous aide, c'est de sortir d'une vision manichéenne des choses. Nous sommes souvent tentés de chercher la faute. C'est soit la faute de l'autre, soit la nôtre. Mais il est parfois possible de faire un pas de côté pour se rendre compte que tout est question d'interaction. Et de ne pas chercher la faute, mais prendre conscience que les responsabilités sont bien souvent partagées. Bien sûr, je précise ici que je mets de côté les situations extrêmes, de violences physiques ou verbales. Il n'est pas question ici de nier les responsabilités des uns ou des autres, ou d'excuser l'inexcusable. Seulement de comprendre aussi les mécanismes à l'œuvre. qui nous enferment parfois dans des schémas répétitifs. Voir ces schémas est un premier pas. Comprendre qu'ils proviennent d'une fausse croyance constitue le pas suivant. La réalité, c'est que nous ne contrôlons pas la vie, que nous sommes mortels. Nous nous enfermons nous-mêmes dans des schémas répétitifs pour ne pas accepter l'inéluctable. Ce qui nous conduit au mieux à ne pas vivre ce que nous souhaiterions vraiment vivre, à ne pas profiter vraiment de cette vie si fragile, au pire à une forme de supplice, à un enfermement dans un quotidien dans lequel nous remontons encore et encore notre pierre au sommet d'une montagne sans pouvoir jamais l'atteindre. Alors faut-il pour autant tout lâcher et ne plus rien contrôler ? Non. Mais peut-être est-il possible de se rendre compte que parfois, parce que nous avons cette peur de la mort au fond de nous, nous n'osons plus vraiment vivre. Ne pas vivre sa vie par peur de la mort, c'est quand même dommage et plutôt ironique. Puisque nous ne pouvons pas contrôler la vie, alors autant vivre. Il y a la peur de la mort et puis il y a la peur de ne pas être aimé. La réalité, c'est que nous ne pouvons pas non plus contrôler l'amour. Donc, se tordre dans tous les sens pour plaire à l'autre, c'est un leurre. Cela ne retiendra pas l'amour s'il doit partir. Je dirais même qu'il y a des chances qu'ironiquement, là aussi, cela l'entraîne. Si je me masque, il y a fort à parier que je finisse par ne plus supporter le masque. Si je me suradapte à l'autre et que je sacrifie en permanence mes besoins, il est probable que je finisse par craquer. Et qu'en plus l'autre ne comprenne pas ce changement d'attitude, qu'il nous reproche d'avoir changé, puisqu'en réalité il ne connaît pas vraiment. Qui nous sommes ? Il ne connaît de nous que le masque. Puisque nous ne pouvons pas contrôler l'amour, alors autant être nous-mêmes. Autant croire, et c'est une réalité à mon sens, que nous pouvons être aimés tels que nous sommes, sans masque. Je terminerai ici par une dernière illustration issue de l'Odyssée, qui symbolise à mon sens les stratégies que nous mettons en place pour contrôler l'incontrôlable. A un moment donné, Ulysse et ses hommes doivent passer par un détroit gardé par deux monstres marins appelés Charybde et Scylla. La magicienne Circé avait prévenu Ulysse qu'il fallait éviter obligatoirement Charybde et passer le plus vite possible près de Scylla sans volonté de se battre car elle ne pouvait être combattue. Elle l'avait prévenue qu'aucun navire n'avait réussi à passer sans que Scylla ne dévore six marins, mais que c'était un mal nécessaire qu'il valait mieux perdre six marins que couler le navire et mourir tous ensemble en passant devant Charybde. Mais Ulysse a peur et il ne veut pas accepter la réalité. Il pense qu'il peut éviter l'inéluctable. Alors il prépare ses armes pour essayer de combattre Scylla. Et tandis qu'il scrute sa caverne, il ne se passe rien. Ses yeux se fatiguent. Symboliquement, cela veut dire qu'il essaie de lutter contre quelque chose sur lequel il n'a pas prise. Et c'est quand il détourne son attention, attiré par une autre peur, car c'est lorsqu'il regarde Charybde qui engouffre et rejette la mer, et bien c'est là que Scylla apparaît et dévore six de ses hommes, tels que prédits par Circé. Alors... relâcher progressivement le contrôle sur les choses sur lesquelles nous n'avons pas prise, et bien peut-être que c'est ce qui nous permettra, avec le temps, car cela n'est pas magique, d'arrêter de tomber de Charybde en Scylla, comme le dit l'expression. De jouer des scénarios dans lesquels je me contiens puis j'explose, je m'adapte à l'autre puis je suis en colère contre lui, je contrôle trop mon environnement puis je lâche et je me sens impuissant. Et je recommence encore et encore à tirer sur l'élastique puis à le faire péter... Voilà, je vais en terminer aujourd'hui sur ce bref aperçu de ce dont il est question lorsqu'on parle de schémas répétitifs. Et je vous en donnerai des illustrations plus concrètes en racontant des histoires lors de prochains épisodes. D'ici là, je vous souhaite une belle journée et je vous dis à très bientôt !

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Avez-vous parfois l'impression de revivre plusieurs le même scénario? De vivre des schémas répétitifs dans votre vie?


Et si ces schémas pouvaient nous apprendre quelque chose de nous? Et s'ils nous permettaient de mettre de la lumière sur nos peurs et notre façon de vouloir contrôler les choses?


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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  • Speaker #0

    Bonjour à tous, bienvenue sur le podcast Heureux qui comme Ulysse, podcast destiné à éclairer ce qui nous permet de nous reconnecter à qui nous sommes à travers cette odyssée qu'est notre vie. Dans les épisodes précédents, je vous ai proposé une représentation symbolique d'un chemin de reconnexion à soi à travers la mise en lumière de nos peurs et leurs traversées, c'est-à-dire à travers la confrontation. Mais du coup, comment pouvons-nous faire émerger à la conscience ce dont nous ne sommes pas conscients ? Comment pourrais-je me confronter à mes peurs si je ne comprends pas leur matérialisation dans ma vie ? Le chemin que je vais vous proposer dans ce podcast, c'est un chemin d'observation et de ressenti à partir d'histoires. La matérialisation de nos peurs inconscientes dans nos vies peut être vue, aperçue sous le prisme de notre personnalité, nos comportements et nos schémas répétitifs. Dans les prochains épisodes, je vais prendre des exemples de personnes représentant des archétypes de personnalité. Je vais raconter une histoire, mettant en lumière les croyances des personnages, leurs peurs profondes associées, leurs comportements, et les schémas répétitifs qui en découlent. Bien sûr, ce seront des histoires fictives, mais peut-être trouverez-vous des résonances avec votre propre histoire ou avec celles de personnes que vous connaissez. Peut-être alors pourrez-vous commencer à mettre de la lumière sur la façon dont vos peurs se matérialisent dans votre vie et peut-être que cela vous donnera envie de commencer à vous y frotter. Mais pour l'heure, j'aimerais vous parler justement de nos schémas répétitifs. Avez-vous l'impression parfois que certaines situations se reproduisent dans votre vie ? Des situations dans lesquelles vous vous êtes senti trahi ou peut-être abandonné, rejeté ou impuissant ? Alors bien sûr, les situations ne sont jamais exactement les mêmes. Les personnages changent. Mais avec un peu de recul, nous pouvons parfois apercevoir un schéma, un scénario qui se rejoue encore et encore. Nous sommes comme enfermés dans des cycles. Dans la mythologie grecque, le mythe le plus couramment associé à cette idée, c'est le mythe de Sisyphe. Vous savez, Sisyphe, c'est ce personnage qui doit tous les jours pousser une pierre jusqu'au sommet d'une montagne sans jamais y arriver. La pierre finit toujours par retomber jusqu'en bas. Et ce qui est marrant, et je l'ai appris en faisant des recherches pour cet épisode, c'est que certains récits font de Sisyphe le père d'Ulysse. C'est-à-dire que c'est le personnage qui représente les schémas répétitifs dans la mythologie grecque qui se trouve être le père du personnage entamant une odyssée pour retourner chez lui. C'est comme si, symboliquement, c'était la reproduction de nos schémas répétitifs qui engendrait notre volonté d'entamer un processus de retour à soi. Alors, parlons un peu de Sisyphe. Qu'a-t-il fait pour être condamné à pousser éternellement une pierre qui retombe toujours ? Eh bien, figurez-vous que Sisyphe, il a ni plus ni moins pensé qu'il pouvait échapper à la mort. Lorsque le dieu Thanatos, dieu de la mort, s'est présenté à lui pour l'emporter, il a commencé par l'enchaîner avec des menottes. Et puis, après avoir finalement été emporté en enfer après la délivrance de Thanatos par Zeus, qui s'était rendu compte que plus personne ne mourrait, et bien Sisyphe a convaincu ensuite Hadès, dieu des enfers, qu'il devait revenir sur terre pour avoir des funérailles dignes de ce nom, parce que soi-disant, sa femme ne s'en était pas bien occupée. Et puis, une fois sur terre, il n'a plus voulu redescendre, évidemment. Et donc, il a fini par être à nouveau emporté de force par Thanatos et cette fois, il fut condamné à son fameuse supplice pour avoir défié les dieux et voulu déjouer la mort. Alors ce que l'on peut comprendre de ce mythe, c'est que c'est son refus de mourir qui conduit Sisyphe à son supplice. Mais en dépit de ces ruses, il ne peut pas échapper à la mort. Ces ruses ne font que le conduire à un supplice éternel, à un enfermement dans une épreuve sans fin. Ce que cela nous dit, symboliquement, si nous voulons bien le voir, c'est que notre peur de la mort nous conduit à nous enfermer nous-mêmes dans des cycles et des schémas répétitifs. Parce que nous ne voulons pas accepter notre mortalité, nous essayons de contrôler la vie, de contrôler les choses. Nous développons des stratégies, des ruses pour ne pas penser à la fragilité de notre condition humaine. Nous regardons ailleurs. Certains d'entre nous s'enferment dans un quotidien rassurant. Si ma vie est toujours la même chaque jour, alors je peux croire que cela va durer éternellement, que je ne suis pas mortelle. D'autres vont se focaliser sur des moyens de se sentir en sécurité, ou sur des objectifs qui leur permettent de ne pas penser à leurs conditions d'être mortelles, en se focalisant sur la réussite, sur les biens matériels ou sur tout un tas d'autres choses. Dans tous les cas, cela va nous conduire à nous enfermer dans des cycles ou des schémas répétitifs à l'extérieur ou à l'intérieur de nous. Prenons un exemple. Prenons l'exemple de quelqu'un qui s'est senti en insécurité lorsqu'il était enfant. Pour ne plus ressentir cette peur, son mental s'est focalisé sur les dangers potentiels. Sur l'anticipation des risques. Il va donc essayer de contrôler les risques physiques en ayant toujours par exemple une trousse de secours sur lui, en regardant la météo pour savoir quel temps il va faire et comment s'habiller, en achetant des assurances pour se préserver des risques. Bref, il va essayer de se sécuriser par tous les moyens possibles et imaginables. Il va aussi, inconsciemment bien sûr, essayer de contrôler les risques affectifs, le risque de trahison, le risque d'abandon. Pour s'en prémunir, il va peut-être être méfiant en mode par défaut, quand il fait une nouvelle rencontre. Il va peut-être utiliser le doute, le doute de soi, le doute de l'autre, en espérant que ce doute lui permettra à un moment donné d'être sûr. de la sécurité d'une situation ou de la loyauté d'une personne. Or, lorsque je veux m'assurer de la loyauté d'une personne en doutant d'elle, lorsque pour me rassurer j'enferme l'autre dans une forme de possessivité, je peux finir par provoquer des conflits ou pardonner envie à l'autre de se libérer. Je peux ainsi parfois causer ce que j'ai voulu éviter. Et à défaut de mettre à jour ce processus, il est probable que je reproduise encore et encore ce schéma sans voir que c'est un mécanisme interne qui en est la cause. Prenons un autre exemple, qui sera lié cette fois à la peur de ne pas être aimé plutôt qu'à la peur de la mort. Si je pense inconsciemment qu'il faut que je sois irréprochable pour pouvoir être aimé, je vais en permanence me contrôler, me tordre dans tous les sens pour correspondre à ce que je pense que l'on attend de moi. Je vais par exemple éviter de me mettre en colère parce que cela ne se fait pas dans notre société. Je vais camoufler mes émotions pour toujours avoir l'air d'aller bien. Mon mental est tellement rusé que parfois je ne vais même pas sentir que je camoufle mes émotions, que je les transforme. Et puis, quand je ne vais plus en pouvoir, quand dans une relation je me suis tellement camouflée que je ne sais plus vraiment qui je suis, eh bien je vais finir par fuir, trouvant une excuse à cette fuite, trouvant des raisons plus ou moins rationnelles ou rejetant la faute sur l'autre. Sans prise de conscience, il est probable que je rejoue encore et encore ce schéma. Les schémas que nous reproduisons sont toujours liés à un contrôle excessif de soi ou de l'autre, de l'environnement, et à la croyance que nous pouvons contrôler la vie d'une manière ou d'une autre, et ou l'amour. Ce qui se passe... C'est somme toute plutôt logique et à mon sens relié à une façon primitive de réagir face à la peur. Tout être vivant, lorsqu'il a peur, va soit attaquer, soit fuir, soit rester sidéré, on le sait. Nos mécanismes de défense mentaux agissent à mon sens de la même manière, d'une façon plus subtile. Face à la peur, soit nous attaquons, entre guillemets, en voulant contrôler notre environnement et notre entourage, soit nous fuyons. D'une certaine façon, en nous adaptant à l'autre, à la situation. Il s'agit ici bien sûr d'une fuite intérieure. Je fuis ce que je ressens, je le camoufle pour présenter un visage rassurant à l'autre. Soit, finalement, je ne vais pas trop savoir comment réagir et je vais adopter un comportement qui ressemble à de la sidération, c'est-à-dire à de la non-action, à de la procrastination face à une situation difficile. Or, ces mécanismes ne marchent qu'un temps, et à force de tirer sur l'élastique, ils finissent par péter. Si je me contrôle trop moi-même pour être aimée, si je me fuis à l'intérieur, eh bien je vais finir par exploser, par ne plus supporter cet excès de contrôle, et ma stratégie va d'un seul coup s'inverser, et je vais devenir contrôlante à l'extérieur par effet de balancier. Je vais soit fuir la relation ou la situation dans laquelle je me suis contrôlée excessivement, ou soit je vais me mettre en colère contre l'autre, contre le monde. Je vais exprimer excessivement ce que j'ai trop longtemps retenu. Si je contrôle trop les gens autour de moi, si j'attaque un peu trop, ils finiront par m'en vouloir, m'abandonner ou me trahir. Je finirais alors peut-être par les attaquer encore un peu plus en les jugeant coupables. Ou peut-être que je m'en voudrais et que je retournerais cet excès d'énergie contre moi-même en me sentant coupable. Alors, j'ai conscience que ce que je raconte peut être confrontant. On peut être tenté de rejeter ces concepts parce qu'on peut avoir l'impression que tout est notre faute. Alors quoi ? Ce que tu es en train de dire, c'est que je crée les situations dans lesquelles j'ai été trahi, abandonné ? Que l'autre n'a pas de responsabilité dans l'histoire ? Eh bien, je serais tentée de dire que bien souvent, ce qui nous aide, c'est de sortir d'une vision manichéenne des choses. Nous sommes souvent tentés de chercher la faute. C'est soit la faute de l'autre, soit la nôtre. Mais il est parfois possible de faire un pas de côté pour se rendre compte que tout est question d'interaction. Et de ne pas chercher la faute, mais prendre conscience que les responsabilités sont bien souvent partagées. Bien sûr, je précise ici que je mets de côté les situations extrêmes, de violences physiques ou verbales. Il n'est pas question ici de nier les responsabilités des uns ou des autres, ou d'excuser l'inexcusable. Seulement de comprendre aussi les mécanismes à l'œuvre. qui nous enferment parfois dans des schémas répétitifs. Voir ces schémas est un premier pas. Comprendre qu'ils proviennent d'une fausse croyance constitue le pas suivant. La réalité, c'est que nous ne contrôlons pas la vie, que nous sommes mortels. Nous nous enfermons nous-mêmes dans des schémas répétitifs pour ne pas accepter l'inéluctable. Ce qui nous conduit au mieux à ne pas vivre ce que nous souhaiterions vraiment vivre, à ne pas profiter vraiment de cette vie si fragile, au pire à une forme de supplice, à un enfermement dans un quotidien dans lequel nous remontons encore et encore notre pierre au sommet d'une montagne sans pouvoir jamais l'atteindre. Alors faut-il pour autant tout lâcher et ne plus rien contrôler ? Non. Mais peut-être est-il possible de se rendre compte que parfois, parce que nous avons cette peur de la mort au fond de nous, nous n'osons plus vraiment vivre. Ne pas vivre sa vie par peur de la mort, c'est quand même dommage et plutôt ironique. Puisque nous ne pouvons pas contrôler la vie, alors autant vivre. Il y a la peur de la mort et puis il y a la peur de ne pas être aimé. La réalité, c'est que nous ne pouvons pas non plus contrôler l'amour. Donc, se tordre dans tous les sens pour plaire à l'autre, c'est un leurre. Cela ne retiendra pas l'amour s'il doit partir. Je dirais même qu'il y a des chances qu'ironiquement, là aussi, cela l'entraîne. Si je me masque, il y a fort à parier que je finisse par ne plus supporter le masque. Si je me suradapte à l'autre et que je sacrifie en permanence mes besoins, il est probable que je finisse par craquer. Et qu'en plus l'autre ne comprenne pas ce changement d'attitude, qu'il nous reproche d'avoir changé, puisqu'en réalité il ne connaît pas vraiment. Qui nous sommes ? Il ne connaît de nous que le masque. Puisque nous ne pouvons pas contrôler l'amour, alors autant être nous-mêmes. Autant croire, et c'est une réalité à mon sens, que nous pouvons être aimés tels que nous sommes, sans masque. Je terminerai ici par une dernière illustration issue de l'Odyssée, qui symbolise à mon sens les stratégies que nous mettons en place pour contrôler l'incontrôlable. A un moment donné, Ulysse et ses hommes doivent passer par un détroit gardé par deux monstres marins appelés Charybde et Scylla. La magicienne Circé avait prévenu Ulysse qu'il fallait éviter obligatoirement Charybde et passer le plus vite possible près de Scylla sans volonté de se battre car elle ne pouvait être combattue. Elle l'avait prévenue qu'aucun navire n'avait réussi à passer sans que Scylla ne dévore six marins, mais que c'était un mal nécessaire qu'il valait mieux perdre six marins que couler le navire et mourir tous ensemble en passant devant Charybde. Mais Ulysse a peur et il ne veut pas accepter la réalité. Il pense qu'il peut éviter l'inéluctable. Alors il prépare ses armes pour essayer de combattre Scylla. Et tandis qu'il scrute sa caverne, il ne se passe rien. Ses yeux se fatiguent. Symboliquement, cela veut dire qu'il essaie de lutter contre quelque chose sur lequel il n'a pas prise. Et c'est quand il détourne son attention, attiré par une autre peur, car c'est lorsqu'il regarde Charybde qui engouffre et rejette la mer, et bien c'est là que Scylla apparaît et dévore six de ses hommes, tels que prédits par Circé. Alors... relâcher progressivement le contrôle sur les choses sur lesquelles nous n'avons pas prise, et bien peut-être que c'est ce qui nous permettra, avec le temps, car cela n'est pas magique, d'arrêter de tomber de Charybde en Scylla, comme le dit l'expression. De jouer des scénarios dans lesquels je me contiens puis j'explose, je m'adapte à l'autre puis je suis en colère contre lui, je contrôle trop mon environnement puis je lâche et je me sens impuissant. Et je recommence encore et encore à tirer sur l'élastique puis à le faire péter... Voilà, je vais en terminer aujourd'hui sur ce bref aperçu de ce dont il est question lorsqu'on parle de schémas répétitifs. Et je vous en donnerai des illustrations plus concrètes en racontant des histoires lors de prochains épisodes. D'ici là, je vous souhaite une belle journée et je vous dis à très bientôt !

Description

Avez-vous parfois l'impression de revivre plusieurs le même scénario? De vivre des schémas répétitifs dans votre vie?


Et si ces schémas pouvaient nous apprendre quelque chose de nous? Et s'ils nous permettaient de mettre de la lumière sur nos peurs et notre façon de vouloir contrôler les choses?


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, bienvenue sur le podcast Heureux qui comme Ulysse, podcast destiné à éclairer ce qui nous permet de nous reconnecter à qui nous sommes à travers cette odyssée qu'est notre vie. Dans les épisodes précédents, je vous ai proposé une représentation symbolique d'un chemin de reconnexion à soi à travers la mise en lumière de nos peurs et leurs traversées, c'est-à-dire à travers la confrontation. Mais du coup, comment pouvons-nous faire émerger à la conscience ce dont nous ne sommes pas conscients ? Comment pourrais-je me confronter à mes peurs si je ne comprends pas leur matérialisation dans ma vie ? Le chemin que je vais vous proposer dans ce podcast, c'est un chemin d'observation et de ressenti à partir d'histoires. La matérialisation de nos peurs inconscientes dans nos vies peut être vue, aperçue sous le prisme de notre personnalité, nos comportements et nos schémas répétitifs. Dans les prochains épisodes, je vais prendre des exemples de personnes représentant des archétypes de personnalité. Je vais raconter une histoire, mettant en lumière les croyances des personnages, leurs peurs profondes associées, leurs comportements, et les schémas répétitifs qui en découlent. Bien sûr, ce seront des histoires fictives, mais peut-être trouverez-vous des résonances avec votre propre histoire ou avec celles de personnes que vous connaissez. Peut-être alors pourrez-vous commencer à mettre de la lumière sur la façon dont vos peurs se matérialisent dans votre vie et peut-être que cela vous donnera envie de commencer à vous y frotter. Mais pour l'heure, j'aimerais vous parler justement de nos schémas répétitifs. Avez-vous l'impression parfois que certaines situations se reproduisent dans votre vie ? Des situations dans lesquelles vous vous êtes senti trahi ou peut-être abandonné, rejeté ou impuissant ? Alors bien sûr, les situations ne sont jamais exactement les mêmes. Les personnages changent. Mais avec un peu de recul, nous pouvons parfois apercevoir un schéma, un scénario qui se rejoue encore et encore. Nous sommes comme enfermés dans des cycles. Dans la mythologie grecque, le mythe le plus couramment associé à cette idée, c'est le mythe de Sisyphe. Vous savez, Sisyphe, c'est ce personnage qui doit tous les jours pousser une pierre jusqu'au sommet d'une montagne sans jamais y arriver. La pierre finit toujours par retomber jusqu'en bas. Et ce qui est marrant, et je l'ai appris en faisant des recherches pour cet épisode, c'est que certains récits font de Sisyphe le père d'Ulysse. C'est-à-dire que c'est le personnage qui représente les schémas répétitifs dans la mythologie grecque qui se trouve être le père du personnage entamant une odyssée pour retourner chez lui. C'est comme si, symboliquement, c'était la reproduction de nos schémas répétitifs qui engendrait notre volonté d'entamer un processus de retour à soi. Alors, parlons un peu de Sisyphe. Qu'a-t-il fait pour être condamné à pousser éternellement une pierre qui retombe toujours ? Eh bien, figurez-vous que Sisyphe, il a ni plus ni moins pensé qu'il pouvait échapper à la mort. Lorsque le dieu Thanatos, dieu de la mort, s'est présenté à lui pour l'emporter, il a commencé par l'enchaîner avec des menottes. Et puis, après avoir finalement été emporté en enfer après la délivrance de Thanatos par Zeus, qui s'était rendu compte que plus personne ne mourrait, et bien Sisyphe a convaincu ensuite Hadès, dieu des enfers, qu'il devait revenir sur terre pour avoir des funérailles dignes de ce nom, parce que soi-disant, sa femme ne s'en était pas bien occupée. Et puis, une fois sur terre, il n'a plus voulu redescendre, évidemment. Et donc, il a fini par être à nouveau emporté de force par Thanatos et cette fois, il fut condamné à son fameuse supplice pour avoir défié les dieux et voulu déjouer la mort. Alors ce que l'on peut comprendre de ce mythe, c'est que c'est son refus de mourir qui conduit Sisyphe à son supplice. Mais en dépit de ces ruses, il ne peut pas échapper à la mort. Ces ruses ne font que le conduire à un supplice éternel, à un enfermement dans une épreuve sans fin. Ce que cela nous dit, symboliquement, si nous voulons bien le voir, c'est que notre peur de la mort nous conduit à nous enfermer nous-mêmes dans des cycles et des schémas répétitifs. Parce que nous ne voulons pas accepter notre mortalité, nous essayons de contrôler la vie, de contrôler les choses. Nous développons des stratégies, des ruses pour ne pas penser à la fragilité de notre condition humaine. Nous regardons ailleurs. Certains d'entre nous s'enferment dans un quotidien rassurant. Si ma vie est toujours la même chaque jour, alors je peux croire que cela va durer éternellement, que je ne suis pas mortelle. D'autres vont se focaliser sur des moyens de se sentir en sécurité, ou sur des objectifs qui leur permettent de ne pas penser à leurs conditions d'être mortelles, en se focalisant sur la réussite, sur les biens matériels ou sur tout un tas d'autres choses. Dans tous les cas, cela va nous conduire à nous enfermer dans des cycles ou des schémas répétitifs à l'extérieur ou à l'intérieur de nous. Prenons un exemple. Prenons l'exemple de quelqu'un qui s'est senti en insécurité lorsqu'il était enfant. Pour ne plus ressentir cette peur, son mental s'est focalisé sur les dangers potentiels. Sur l'anticipation des risques. Il va donc essayer de contrôler les risques physiques en ayant toujours par exemple une trousse de secours sur lui, en regardant la météo pour savoir quel temps il va faire et comment s'habiller, en achetant des assurances pour se préserver des risques. Bref, il va essayer de se sécuriser par tous les moyens possibles et imaginables. Il va aussi, inconsciemment bien sûr, essayer de contrôler les risques affectifs, le risque de trahison, le risque d'abandon. Pour s'en prémunir, il va peut-être être méfiant en mode par défaut, quand il fait une nouvelle rencontre. Il va peut-être utiliser le doute, le doute de soi, le doute de l'autre, en espérant que ce doute lui permettra à un moment donné d'être sûr. de la sécurité d'une situation ou de la loyauté d'une personne. Or, lorsque je veux m'assurer de la loyauté d'une personne en doutant d'elle, lorsque pour me rassurer j'enferme l'autre dans une forme de possessivité, je peux finir par provoquer des conflits ou pardonner envie à l'autre de se libérer. Je peux ainsi parfois causer ce que j'ai voulu éviter. Et à défaut de mettre à jour ce processus, il est probable que je reproduise encore et encore ce schéma sans voir que c'est un mécanisme interne qui en est la cause. Prenons un autre exemple, qui sera lié cette fois à la peur de ne pas être aimé plutôt qu'à la peur de la mort. Si je pense inconsciemment qu'il faut que je sois irréprochable pour pouvoir être aimé, je vais en permanence me contrôler, me tordre dans tous les sens pour correspondre à ce que je pense que l'on attend de moi. Je vais par exemple éviter de me mettre en colère parce que cela ne se fait pas dans notre société. Je vais camoufler mes émotions pour toujours avoir l'air d'aller bien. Mon mental est tellement rusé que parfois je ne vais même pas sentir que je camoufle mes émotions, que je les transforme. Et puis, quand je ne vais plus en pouvoir, quand dans une relation je me suis tellement camouflée que je ne sais plus vraiment qui je suis, eh bien je vais finir par fuir, trouvant une excuse à cette fuite, trouvant des raisons plus ou moins rationnelles ou rejetant la faute sur l'autre. Sans prise de conscience, il est probable que je rejoue encore et encore ce schéma. Les schémas que nous reproduisons sont toujours liés à un contrôle excessif de soi ou de l'autre, de l'environnement, et à la croyance que nous pouvons contrôler la vie d'une manière ou d'une autre, et ou l'amour. Ce qui se passe... C'est somme toute plutôt logique et à mon sens relié à une façon primitive de réagir face à la peur. Tout être vivant, lorsqu'il a peur, va soit attaquer, soit fuir, soit rester sidéré, on le sait. Nos mécanismes de défense mentaux agissent à mon sens de la même manière, d'une façon plus subtile. Face à la peur, soit nous attaquons, entre guillemets, en voulant contrôler notre environnement et notre entourage, soit nous fuyons. D'une certaine façon, en nous adaptant à l'autre, à la situation. Il s'agit ici bien sûr d'une fuite intérieure. Je fuis ce que je ressens, je le camoufle pour présenter un visage rassurant à l'autre. Soit, finalement, je ne vais pas trop savoir comment réagir et je vais adopter un comportement qui ressemble à de la sidération, c'est-à-dire à de la non-action, à de la procrastination face à une situation difficile. Or, ces mécanismes ne marchent qu'un temps, et à force de tirer sur l'élastique, ils finissent par péter. Si je me contrôle trop moi-même pour être aimée, si je me fuis à l'intérieur, eh bien je vais finir par exploser, par ne plus supporter cet excès de contrôle, et ma stratégie va d'un seul coup s'inverser, et je vais devenir contrôlante à l'extérieur par effet de balancier. Je vais soit fuir la relation ou la situation dans laquelle je me suis contrôlée excessivement, ou soit je vais me mettre en colère contre l'autre, contre le monde. Je vais exprimer excessivement ce que j'ai trop longtemps retenu. Si je contrôle trop les gens autour de moi, si j'attaque un peu trop, ils finiront par m'en vouloir, m'abandonner ou me trahir. Je finirais alors peut-être par les attaquer encore un peu plus en les jugeant coupables. Ou peut-être que je m'en voudrais et que je retournerais cet excès d'énergie contre moi-même en me sentant coupable. Alors, j'ai conscience que ce que je raconte peut être confrontant. On peut être tenté de rejeter ces concepts parce qu'on peut avoir l'impression que tout est notre faute. Alors quoi ? Ce que tu es en train de dire, c'est que je crée les situations dans lesquelles j'ai été trahi, abandonné ? Que l'autre n'a pas de responsabilité dans l'histoire ? Eh bien, je serais tentée de dire que bien souvent, ce qui nous aide, c'est de sortir d'une vision manichéenne des choses. Nous sommes souvent tentés de chercher la faute. C'est soit la faute de l'autre, soit la nôtre. Mais il est parfois possible de faire un pas de côté pour se rendre compte que tout est question d'interaction. Et de ne pas chercher la faute, mais prendre conscience que les responsabilités sont bien souvent partagées. Bien sûr, je précise ici que je mets de côté les situations extrêmes, de violences physiques ou verbales. Il n'est pas question ici de nier les responsabilités des uns ou des autres, ou d'excuser l'inexcusable. Seulement de comprendre aussi les mécanismes à l'œuvre. qui nous enferment parfois dans des schémas répétitifs. Voir ces schémas est un premier pas. Comprendre qu'ils proviennent d'une fausse croyance constitue le pas suivant. La réalité, c'est que nous ne contrôlons pas la vie, que nous sommes mortels. Nous nous enfermons nous-mêmes dans des schémas répétitifs pour ne pas accepter l'inéluctable. Ce qui nous conduit au mieux à ne pas vivre ce que nous souhaiterions vraiment vivre, à ne pas profiter vraiment de cette vie si fragile, au pire à une forme de supplice, à un enfermement dans un quotidien dans lequel nous remontons encore et encore notre pierre au sommet d'une montagne sans pouvoir jamais l'atteindre. Alors faut-il pour autant tout lâcher et ne plus rien contrôler ? Non. Mais peut-être est-il possible de se rendre compte que parfois, parce que nous avons cette peur de la mort au fond de nous, nous n'osons plus vraiment vivre. Ne pas vivre sa vie par peur de la mort, c'est quand même dommage et plutôt ironique. Puisque nous ne pouvons pas contrôler la vie, alors autant vivre. Il y a la peur de la mort et puis il y a la peur de ne pas être aimé. La réalité, c'est que nous ne pouvons pas non plus contrôler l'amour. Donc, se tordre dans tous les sens pour plaire à l'autre, c'est un leurre. Cela ne retiendra pas l'amour s'il doit partir. Je dirais même qu'il y a des chances qu'ironiquement, là aussi, cela l'entraîne. Si je me masque, il y a fort à parier que je finisse par ne plus supporter le masque. Si je me suradapte à l'autre et que je sacrifie en permanence mes besoins, il est probable que je finisse par craquer. Et qu'en plus l'autre ne comprenne pas ce changement d'attitude, qu'il nous reproche d'avoir changé, puisqu'en réalité il ne connaît pas vraiment. Qui nous sommes ? Il ne connaît de nous que le masque. Puisque nous ne pouvons pas contrôler l'amour, alors autant être nous-mêmes. Autant croire, et c'est une réalité à mon sens, que nous pouvons être aimés tels que nous sommes, sans masque. Je terminerai ici par une dernière illustration issue de l'Odyssée, qui symbolise à mon sens les stratégies que nous mettons en place pour contrôler l'incontrôlable. A un moment donné, Ulysse et ses hommes doivent passer par un détroit gardé par deux monstres marins appelés Charybde et Scylla. La magicienne Circé avait prévenu Ulysse qu'il fallait éviter obligatoirement Charybde et passer le plus vite possible près de Scylla sans volonté de se battre car elle ne pouvait être combattue. Elle l'avait prévenue qu'aucun navire n'avait réussi à passer sans que Scylla ne dévore six marins, mais que c'était un mal nécessaire qu'il valait mieux perdre six marins que couler le navire et mourir tous ensemble en passant devant Charybde. Mais Ulysse a peur et il ne veut pas accepter la réalité. Il pense qu'il peut éviter l'inéluctable. Alors il prépare ses armes pour essayer de combattre Scylla. Et tandis qu'il scrute sa caverne, il ne se passe rien. Ses yeux se fatiguent. Symboliquement, cela veut dire qu'il essaie de lutter contre quelque chose sur lequel il n'a pas prise. Et c'est quand il détourne son attention, attiré par une autre peur, car c'est lorsqu'il regarde Charybde qui engouffre et rejette la mer, et bien c'est là que Scylla apparaît et dévore six de ses hommes, tels que prédits par Circé. Alors... relâcher progressivement le contrôle sur les choses sur lesquelles nous n'avons pas prise, et bien peut-être que c'est ce qui nous permettra, avec le temps, car cela n'est pas magique, d'arrêter de tomber de Charybde en Scylla, comme le dit l'expression. De jouer des scénarios dans lesquels je me contiens puis j'explose, je m'adapte à l'autre puis je suis en colère contre lui, je contrôle trop mon environnement puis je lâche et je me sens impuissant. Et je recommence encore et encore à tirer sur l'élastique puis à le faire péter... Voilà, je vais en terminer aujourd'hui sur ce bref aperçu de ce dont il est question lorsqu'on parle de schémas répétitifs. Et je vous en donnerai des illustrations plus concrètes en racontant des histoires lors de prochains épisodes. D'ici là, je vous souhaite une belle journée et je vous dis à très bientôt !

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