- Speaker #0
Là, tu sais, la honte. C'est la honte parce que c'est quelque chose de tellement... Tu te fais congédier parce que t'as manqué au travail ou que t'es pas présenté. Tu sais, ça s'arrange, ça. Tu t'arranges pour être à temps, pour faire tes affaires. Là, c'est quoi que tu fais par rapport à ça ? C'est comment tu changes ton identité ? C'est comment tu changes qui tu es pour arriver là-dedans ?
- Speaker #1
Bienvenue à Histoire de pardon. Mon nom est MC Lessard. Je suis coach de développement personnel et conférencière sur la souveraineté féminine. À chaque épisode, je mets en lumière le parcours de pardon d'une sœur d'âme. Qu'elle ait pardonné ou qu'elle n'ait pas pardonné, je lui donne le micro pour qu'elle partage son cheminement et en se faisant, qu'elle inspire le vôtre. Si le nom Martine Roy ne vous dit rien, et bien après cet épisode, vous ne pourrez jamais l'oublier. Martine a été congédiée des Forces canadiennes en 1984, même après avoir terminé première sur son cours de qualification. Alors, si elle réussissait bien, pourquoi la mettre à la porte ? Hum, on se le demande. Eh bien, c'est à cause de son orientation sexuelle. Ben oui, je suis tombée en bas de ma chaise quand j'ai appris qu'elle était loin d'être la seule et qu'en plus, les congédiements étaient sanctionnés par une directive écrite de la fonction publique fédérale. Oui, mes amis. L'histoire de Martine est digne d'un phénix qui renaît de ses sordes, en plus d'être un chapitre incroyable de l'histoire du mouvement 2E LGBTQ+, au Canada. Alors, restez avec nous pour cette histoire de triomphe et restez pour les questions de coaching. À tout de suite ! Bonjour Martine Roy, comment tu vas ?
- Speaker #0
Bonjour Marie-Claude, ça va très bien et toi ? Oui,
- Speaker #1
ça va très bien, merci. Écoute, un gros merci d'être là avec nous aujourd'hui. Je sais que tu es une femme très occupée.
- Speaker #0
J'essaie, j'essaie de me tenir occupée, ça c'est sûr. Oui, oui,
- Speaker #1
tu as de l'air à bien réussir. On ne se connaît pas du tout, mais on a été connectés par une sœur d'armes, Nicole Belanger, puis je lui en suis très reconnaissante parce qu'elle m'a mis au parfum d'une situation qui m'était complètement étrangère. Parce que toutes les deux, on a porté l'uniforme des Forces armées canadiennes dans les années 80, mais on ne s'est pas croisés là. Puis on pourrait dire que nos histoires, et à toi et à moi, sont très, très différentes. Puis j'aimerais ça que tu nous parles de ça aujourd'hui.
- Speaker #0
Ça va me faire plaisir parce que je pense que c'est ça, c'est important. Je pense que notre histoire, elle a été gardée un peu secrète indirectement. Ce n'était pas quelque chose que les gens vantaient. Il n'y avait pas beaucoup de publicité autour de ça. Donc, moi, j'ai joint en 1983 exactement. Je vais toujours m'en rappeler, au mois d'août 1983 à Saint-Jean, au Québec, à la base de Saint-Jean, qui était la nouvelle méga structure. C'était tout nouveau. C'était vraiment gros. tout ça. Mais, je vais être honnête avec toi, je ne m'étais pas vraiment informée dans quoi je m'embarquais. J'étais très naïve. C'était beaucoup pour faire plaisir à mon père que j'avais accepté d'y aller. Ah bon ? Oui, parce qu'il trouvait que... Je n'étais pas sûre de ce que je voulais faire dans la vie. Et pour lui, lui était à l'Office national du film du Canada. Donc, il travaillait pour le gouvernement fédéral. Il s'était dit, toi, tu aimes aider les gens. Tu es toujours là pour tout le monde. Pourquoi tu ne vas pas dans l'armée canadienne comme assistante médicale ? Tu vas aider les gens et tout ça. Puis, j'avais fait d'ailleurs des tests à savoir qu'est-ce qui était nos forces et faiblesses. Et assistante médicale tombait bien là-dedans. Alors, j'ai accepté de joindre l'armée canadienne. À ce moment-là, c'était un programme qui s'appelait White Up. C'était pour embarquer les jeunes à joindre l'armée. Alors, au lieu d'un contrat de trois ans, pour ne pas se faire peur, je faisais un contrat de deux ans. Alors, moi, j'ai signé un contrat de deux ans. Puis, l'autre chose que je faisais, c'est qu'ils nous mettaient tout notre métier ensemble. Alors, on était tous des assistantes médicales dans l'entraînement, ce qui n'était pas habituel. D'habitude, ils mélangeaient tous les différents métiers ensemble. Donc, j'ai joint en août 1983 et j'ai eu beaucoup de misère avec ma caporal chef et tout ça, au point où j'ai été blessée et j'ai été mise en arrêt de travail. Pour ça, je t'ai dit que je connaissais les deux pelotons. J'avais commencé avec les asthames médicaux et finalement, je suis tombée dans un autre peloton. Ok. Je suis tombée en arrêt de travail. Ils m'ont envoyée dans un autre peloton qui avait 53 filles. Mais là, c'était tous les métiers mélangés. À ce moment-là, moi, je... Tu sais, je n'avais pas pris en considération, tu sais, nous avaient demandé est-ce que vous êtes communiste, est-ce que vous êtes toxicomane ou est-ce que vous êtes homosexuel, tu sais, dans l'entrevue quand tu commences. Puis moi, j'avais répondu non, tu sais, je n'étais pas communiste et tout. Puis honnêtement, je ne savais pas si j'étais homosexuel. Je suis rentrée là, j'avais 19 ans. j'étais encore à me découvrir moi-même mais ma seule envie c'était de réussir dans l'armée de réussir l'entraînement à Saint-Jean qui était assez difficile pour une fille qui est grandie dans le coton moi je viens de Montréal c'est outremont et tout ça j'avais pas vécu des lieux 45 ou des trucs comme ça même les push-ups j'étais pas prête pour ça j'avais dû m'entraîner plus et tout et ça m'avait tout pris, mais j'ai gradué. J'étais très, très fière d'avoir gradué, puis après ça, c'était l'école des langues, en joint l'école des langues, puis même pour dire, pendant que j'étais à l'école des langues, on avait fait un exercice à Saint-Jean qui était de protéger la balle, et on était tous des jeunes en entraînement qui faisaient l'exercice, c'est là que j'avais rencontré un jeune homme, et on était tombés en amour à ce moment-là, à Saint-Jean, puis on avait commencé à se fréquenter. Alors, pour montrer que... Oui, j'avais été avec des femmes, mais aussi, je ne le savais pas, lui était gentil, on s'entendait bien. Puis moi, j'ai toujours vu ça comme, c'est l'électricité, ce n'est pas la plomberie. Oui, j'aime ça ! J'ai grandi vraiment avec cette pensée-là, parce que même, je trouvais que les gens te demandaient trop, quand on était jeunes, es-tu gay, tu n'es pas gay ? On aurait toujours dû se définir dans une case. Moi, je trouvais ça difficile de partir d'une case à une autre case. Mais ça, c'est... Tu sais, j'étais jeune, j'avais ça dans ma tête et pour moi, je voulais pas décider ou me laisser là-dedans. Et finalement, j'ai été envoyée à Borden en entraînement. Puis après ça, j'étais en stage médical. J'avais travaillé à la pharmacie d'ailleurs, de la base de Borden avec le vieux pharmacien. J'avais beaucoup aimé ça. Et j'avais tout fait mon entraînement. Tout allait bien. Et quand j'ai commencé mon entraînement d'assistante médicale là, à Borden, Un moment donné, j'étais en exercice, je suis dans le champ, et tu sais, dans ce temps-là, les exercices d'instant médical, t'en as qui sont des patients, t'en as que tu dois les sauver, pis là, on joue à la guerre et tout, et il y a un auto qui rentre. sur le terrain où on fait l'exercice. Et moi, naïvement, je me dis, Ah, ça doit être des touristes perdus. Il y avait de l'air perdu. Et on m'appelle, on dit soldat roi Pourtant, j'avais des bandages. Il y avait d'autres mondes qui auraient pu être appelés. Mais on m'appelle moi et on me dit d'aller avec eux. Encore une fois, je pense toujours que c'est des soldats perdus. Ben oui. Pour me rendre compte, j'embarque dans la voiture qui commence à conduire. Je leur dis Qu'est-ce qui se passe ? Vous êtes en état d'arrestation. Quoi ? Oui. Ben voyons, en état d'arrestation. Pourquoi je suis en état d'arrestation ? On ne peut pas vous le dire, on va vous le dire tout à l'heure. Non, non, non. Qui parle en anglais.
- Speaker #1
devait penser que ça faisait partie de la simulation.
- Speaker #0
Exact. Toutes sortes d'affaires te passent par la tête. Tu ne comprends pas que tu es en train de te faire arrêter pour ton orientation sexuelle. Et on m'amène dans une petite cabane qui était à Borden, près de l'aéroport de Borden, qui n'a jamais été là. Et là, on t'amène dans une petite pièce avec la lampe, comme dans les films, puis on me laisse là. Je ne sais toujours pas pourquoi je suis là. Pour vrai ? Oui. Alors là, je me demande pourquoi et tout. Et finalement, mon professeur, il revient et il arrive avec mon professeur de langue que j'avais eu pour apprendre l'anglais qui rentre. Là, on me dit, c'est pour être sûr que tu comprends bien ce qu'on te dit. Alors, on a quelqu'un qui va faire. Puis tu sais, c'était déjà de l'avoir là. C'était un peu humiliant, honnêtement. Je ne savais pas ce qui se passait. Puis là, ils ont commencé à me demander avec qui je sortais, c'était quoi mes relations sexuelles, depuis combien de temps. Puis là, sans arrêt, les mêmes questions. comment vous faites ça, combien de fois vous le faites, c'est vraiment très dans le détail, tu sais pas quoi répondre, t'es super intimidé, tu penses pas, hey, je devrais demander à un avocat, je devrais pas être arrêté sans avoir mon avocat, moi tu penses même pas à ça, t'as 19 ans, là, tu sais, ils me demandent, là, à un moment donné, ils me disent, si tu nous dis la vérité, on va te garder. Mais là, j'ai dit, ben c'est ça, je sais pas. Mais la vérité, là, c'est que je le sais pas. La vérité, c'est que oui, j'ai déjà été avec une femme, puis là, j'étais avec un homme, puis là, j'ai rencontré quelqu'un qui était une femme. Je ne me suis pas posé de questions si c'était légal ou pas légal dans ma tête. Il n'y a pas de problème. Mais si vous me dites qu'il ne faut pas que j'aille avec les femmes, je n'irai plus. Je ne le ferai plus. Oui.
- Speaker #1
Justement, juste pour ouvrir une petite parenthèse, Martine, c'était quoi dans ces temps-là, dans les Forces armées canadiennes, qui était la directive ?
- Speaker #0
C'était une politique qui s'appelait la CF-1920. qui était écrit en noir et blanc, qui disait que si tu étais homosexuel, tu étais un déviant sexuel, la même que viol, inceste et bestialité. J'ai là encore le document. Il existe encore ce document-là.
- Speaker #1
Oh my God, c'est pas vrai, hein ?
- Speaker #0
Oui. C'était vraiment la loi. C'était la loi à tout le fédéral. Et moi, après que je leur ai dit, je leur ai dit comme la vérité, je me suis dit, ils vont me garder. Ils m'ont arrêté une autre fois. m'ont refait la même affaire. Puis là, finalement, j'ai plus rien entendu parler. Mais ça te met dans un état que toi-même, parce que tu te sens... Parce qu'il avait vu avec qui j'avais été, il m'avait suivi, il avait pris des photos. Tu te dis, bien là, tu peux plus être toi. T'es tout le temps à vérifier, t'es tout le temps... Ça met un poids sur toi et sur ton entraînement qui est assez fort.
- Speaker #1
et c'est déjà assez exigeant sans avoir le stress de savoir qu'il y a quelqu'un qui te surveille et qui surveille ton intimité totalement,
- Speaker #0
c'est ça que moi j'avais vraiment été là traumatisé par ça. J'en avais parlé seulement à une de mes amies qui était là-bas, mais on ne parlait pas de ça. Il ne fallait pas en parler. Ce n'était pas un sujet. Et pourtant, c'était hyper sexualisé, l'armée. Tu allais dans les bars qu'il y avait à Borden. Les gens buvaient beaucoup. Il y avait toutes sortes de choses qui se passaient. Même moi, j'avais mes collègues qui étaient avec des officiers qui étaient mariés. Il y avait toute une culture qui était un peu... Tu sais, moi, je me disais, vous devriez aller voir là au lieu de regarder chez moi parce que je trouve ça, ça ne fait pas de sens. Il est marié, il a des enfants, sa femme l'attend, puis là, il est avec des jeunes soldats. Mais finalement, je n'ai rien entendu, puis j'ai été transférée à Ottawa, au National Defense Medical Center, au Centre médical national, pour finir mon entraînement à cet centre médical. Et d'ailleurs, j'avais été mise à la base de Rock Cliff. Je ne vais pas toujours m'en rappeler parce que c'était les vieilles barraques. Ils avaient mis tous les francophones dans les vieilles barraques. Dans ce temps-là, il y avait une guerre entre tous. Il y avait plusieurs discriminations, mais il y avait celle entre les francophones et les anglophones. C'était vraiment fort. Même moi, mon auto, j'avais une plaque du Québec. Il y avait des garages en Ontario qui ne voulaient pas mettre de sens dans mon auto dans ce temps-là. C'était vraiment... À ce point-là ? Oui, c'était vraiment... Il y avait une montée, beaucoup de chute. Je canne en entraînement, on sentait les anglophones et les francophones. Moi, il y avait eu une bataille le 24 juin. Il y avait vraiment eu du bonheur. Tout ça, anyway, je me retrouve à Ottawa et je finis mon entraînement et tout va bien. Finalement, moi, vu que j'avais fait mon stage en pharmacie à Borden, je m'étais dit, j'aimerais ça, travailler en pharmacie, développer plus ça. J'ai même changé tout le système de médicaments de l'armée canadienne parce que quand je suis rentrée en pharmacie, c'était sur les marques. les noms de marques, genre Ventolin, tout ça. Moi, j'ai tout mis ça sur les noms génériques, sur Salbutamol, Acetaminophen, Acelacifamol. Oui,
- Speaker #1
une initiative brillante, ça, madame !
- Speaker #0
Oui, j'avais, puis j'ai eu des belles lettres, d'ailleurs, de références de la pharmacie. Et là, un moment donné, je travaillais en pharmacie, puis je me suis appelée par un psychiatre. Et je me rends là, et là, il me dit, il faut que j'évalue à savoir si vous êtes normal ou anormal. Ça commence bien. Et on a cinq sessions. Un moment. Je pensais que c'était fini tout ça. Je pensais que j'avais dit la vérité. On m'avait dit qu'on me garderait. Je ne me posais même plus de questions. Je pensais que c'était fini. Alors, à mon grand désarroi, ça ne l'était pas. Je ne peux pas dire que j'étais super ouverte avec le psychiatre. J'étais un peu comme fermée.
- Speaker #1
Intime ?
- Speaker #0
Oui, j'étais comme... Je ne comprenais pas pourquoi on me parlait encore de ça. J'ai fait toutes les sessions. Et finalement, moi j'arrive à ma deuxième année, mon contrat va finir. Alors, ils me reviennent après mes sessions et me disent Bon, on veut te garder, est-ce que tu es prête à signer un contrat de trois ans ? Je dis Ah ben, merveilleux, c'est-à-dire qu'il n'y en a plus de problème, on ne vous jettera pas dehors, tout est correct. Alors, je dis Oui, mais j'avais compris que dans l'armée, on était dans les années 80-84, les femmes étaient à l'hôpital et les hommes étaient dans le champ. C'était vraiment pas nous, on n'était pas au front, on n'était pas... Alors, je trouvais ça un peu plat, juste en milieu hospitalier. Je trouvais que vraiment, l'aventure, ça serait plus dans le champ. Alors, j'avais demandé de changer de métier. Et j'ai demandé de devenir recherchiste en communication. Parce que là, je me suis dit, ah, bien là, je vais aller faire le bouclier radar, je vais pouvoir aller travailler à Alerte ou au Bermude. Et je trouvais ça super intéressant. Alors je leur demande est-ce que j'ai mon oui, je vais rester, mais je voudrais devenir comme Research. Alors ils partent avec ça et ils reviennent avec un contrat, trois ans. comme research, j'ai ma cote top secret, tout. Tout est là. Ouais. Alors moi, je sais que je me rappelle encore, j'ai appelé mes parents, ils étaient envoyés à Halifax. J'étais tellement fière. Et même, je suis même allée m'acheter une voiture neuve, là. Tu sais, je me rappelle. Dans ce temps-là, t'avais Hyundai, puis il venait de sortir la Pony. Puis là, j'étais partie m'acheter un autre tenue, puis je m'en allais à Kingston pour aller faire mon entraînement. Tu sais, dans ma thèse, je me voyais même essayer de... parachute, parce que j'ai toujours voulu essayer.
- Speaker #1
Mon doux, tu étais vraiment aventurière ?
- Speaker #0
Ah oui, j'étais prête. Je n'avais pas faux yeux. J'étais bonne. J'étais arrivée première dans mon cours d'assistante médicale. J'étais vraiment bonne. Tout le monde trouvait que je travaillais bien, que j'apprenais vite. Et là, une journée, je ne peux même pas dire si c'est un mois ou deux mois, on m'appelle au quartier général pour m'annoncer C'était tous des hommes, il y avait une femme dans la salle que j'étais congédie pour mon sexualité. Et que j'avais neuf jours pour m'en aller.
- Speaker #1
Oh, wow !
- Speaker #0
Alors c'est comme, tu sais, déjà ce qu'il avait fait avant de me donner un nouveau contrat, mais là, c'est comme le plancher s'est ouvert en dessous de moi. Moi, j'ai tout vu ma vie partir, tu sais, puis d'une façon humiliante, puis je me disais, c'est quoi le rapport avec mon orientation sexuelle et mes capacités ? mes compétences à travailler, il n'y a rien, il n'y a aucun lien.
- Speaker #1
Oui, puis ton rendement, parce qu'à la date, tu avais déjà démontré ton rendement.
- Speaker #0
Exact, exact. Même quand je me suis battue, on m'a répondu, on voit que vous étiez un très bon soldat et tout, vous n'aurez pas de misère à vous trouver un autre emploi. Pourquoi tu dis ça ? Tu sais, tu es vraiment le général Thériault qui a écrit ça en noir et blanc, tu sais, ça n'a pas de sens. Anyway, so, c'est sûr que là, moi, j'ai été voir, ça va vous faire rire un peu, mais j'étais allée voir l'aumônier catholique pour m'aider, il m'a dit que je ne pouvais pas m'aider. J'ai dit ok, je vais devenir protestant. Je suis allée voir le protestant, il ne peut pas m'aider. Je suis allée voir l'EOG, la justice, il ne peut pas m'aider. Je me suis même rendue au Parlement. Wow ! Ce n'est pas le droit, ce n'est pas ce qu'on veut dire. J'étais allée en habit, je suis montée au Parlement, je suis allée voir mon député que je n'ai jamais trouvé. Et finalement, j'ai dû quitter parce qu'un jour, ce n'est vraiment pas long. Là, tu sors de là, tu n'as pas envie de l'en parler, tu n'as pas envie de le dire à personne. Tu sais, ma première réaction, ça a été de noyer ça avec de l'alcool. Après ça, je suis arrivée à Montréal, je ne suis pas allée chez mes parents, je ne voulais pas voir personne. Je suis allée avec tout le mauvais monde, je me suis retrouvée dans un café sur Saint-Denis à faire le jus d'orange, la vaisselle, au salaire minimum. J'ai même été travailler dans les pharmacies. Je me suis retrouvée technicienne en laboratoire. Mais tu sais, c'était des pharmacies qui vendent du papier de toilette. On ne se retrouve pas comme dans l'armée à vraiment travailler pour la pharmacie, pour le comptoir des ordonnances. J'étais là, mais en même temps, tu as tout le reste. J'ai essayé, j'ai travaillé, mais à chaque fois, je n'étais pas bien. Après ça, je me suis même retrouvée à Saint-Charles-Boromé. préposés aux bénéficiaires.
- Speaker #1
C'est pas ça Saint-Charles-Borgo-Mingue, c'est un hôpital ?
- Speaker #0
C'est un hôpital à Montréal qui a été mis sous tutelle deux fois. J'en ai une idée, comment les gens étaient maltraités.
- Speaker #1
Mais comment tu te sentais dans cette période-là ? Tu devais être sous le choc, confuse, étais-tu honteuse ? C'était quoi toutes les émotions qui se brassaient, Martine ?
- Speaker #0
C'est la honte, parce que c'est quelque chose de tellement... Tu fais congédie parce que t'as manqué au travail ou que t'es pas présentée. Ça s'arrange, ça, tu peux... tu t'arranges pour être à temps pour faire tes affaires. Là, c'est quoi que tu fais par rapport à ça ? C'est comment tu changes ton identité ? Comment tu changes qui tu es pour arriver là-dedans ? Puis pour moi, ça a été super dur parce que, OK, alors je suis vraiment dégringolée vite. En six mois, j'étais rendue au fond du baril. Puis il y a des gens qui sont venus me chercher dans la rue, m'ont amenée chez mes parents pour que j'aille en thérapie, pour que j'aille me faire aider. Et c'est mes parents même, quand je suis allée les voir, qu'ils avaient enregistré une mère. d'une autre fille qui avait des problèmes de drogue qui s'en était sortie et qui m'ont fait écouter ça. Parce qu'il fallait que ça vienne de moi. Alors au début, je ne voulais pas, je ne voulais rien savoir, je ne voyais pas, mais ça restait dans moi et j'ai décidé d'aller en thérapie. Mais même quand je suis allée en thérapie, on ne s'est pas concentré sur le fait que j'étais congédie, on s'est concentré sur le fait que j'étais homosexuelle. Puis au lieu de le voir comme quelque chose qui était correct, on le voyait comme quelque chose de mauvais. Alors, on a perduré. J'étais en thérapie. J'ai fait une thérapie de un an et demi. C'était volontaire. J'ai fait tout le centre et tout ça, puis la réinsertion et tout. J'ai quitté. J'étais allée travailler. J'ai travaillé dans des cafés, des trucs de même en réinsertion. Finalement, ils sont venus me chercher pour que je travaille pour eux, le centre en question. Et on m'a engagée. Mais on ne pouvait pas m'envoyer où j'avais fait mon programme, parce que le directeur où j'avais fait mon programme ne voulait pas d'homosexuels comme membres du personnel.
- Speaker #1
Ça, c'était dans le civil, là.
- Speaker #0
Ok ? Ça a comme perduré. En tout cas, j'ai réussi, j'ai fait ma thérapie et j'ai travaillé pour ce centre-là. J'ai travaillé en Ontario, j'ai travaillé en Italie. Et finalement, le fameux directeur est parti. Puis là, j'ai travaillé où j'avais fait la thérapie. Puis moi, j'ai aidé à partir des programmes. C'est moi qui ai parti le programme d'adolescent au Lac-Éco. C'est moi qui ai parti le programme... de filles en Ontario sous service correctionnel.
- Speaker #1
C'était des programmes de quoi, Martine ?
- Speaker #0
C'était en thérapie pour le centre Le Portage, des thérapies de réhabilitation. C'était un centre qui avait été ouvert pour adultes, mais on trouvait que ça serait bon de le faire pour les jeunes aussi entre 14 et 18 ans. Alors, j'ai parti celui pour 14 et 18 ans au Lac Éco à Québec. Et après, j'ai parti le programme qu'on appelle Mère-Enfant aujourd'hui, mais dans mon temps, je l'ai parti pour le père et la mère. Ça peut être un des deux. qui amènent leurs enfants avec eux pendant qu'ils font leur thérapie. C'est ça, le programme-là est très gros maintenant à Montréal, il reçoit beaucoup de monde. Alors moi, c'était ma force. Moi, j'étais la bonne pour partir les choses et tout. Oui,
- Speaker #1
ça fait que là, tu étais sur la pente remontante. Ça fait que là, on est rendu dans les quelles années, à peu près les fins 80 ? Oui,
- Speaker #0
moi, j'ai commencé en 89. J'ai fini en 87, mon programme pour eux. avec eux. Et en 89, j'ai commencé à travailler pour eux. Et j'ai arrêté de travailler pour le centre de portage en 94.
- Speaker #1
OK.
- Speaker #0
Là, je trouvais qu'il était temps qu'on parle d'autres choses. J'avais besoin de parler d'autres choses que le désarroi et tout ça. Et j'ai été travailler au musée juste pour rire. Ah bon ? J'ai travaillé là pendant quelques années en même temps. j'ai parti, ça s'appelait Bad Girls Club Montréal qui était en dessous de Bad Boys Club Montréal j'essayais de faire des choses pour aider parce que on était dans les années 90 tous mes amis gays attrapaient le sud ils étaient tous en train de mourir autour de moi j'en ai perdu 7 comme ça
- Speaker #1
Tu as perdu 7 amis au SIDA.
- Speaker #0
Oui, parce qu'on était dedans. On était vraiment dedans. Même mon meilleur ami, qui avait été mon premier boyfriend à 15 ans, que j'ai perdu. Il est mort à 35 ans. On était vraiment dedans. Donc, j'avais parti de ce truc-là pour donner de l'argent, pour aider à la recherche, pour combattre le SIDA. Je faisais des événements, puis les fonds que je gagnais, je donnais à un groupe qui aidait. Et finalement, avec Portal, à un moment donné, on a découvert que j'ai attrapé des petites cécs. Et que j'étais en très, très cirrhose. et que si je ne faisais rien, j'étais pour mourir. Où j'ai attrapé ça, je ne le sais pas. On ne sait pas avec la drogue parce que j'avais tous eu les tests. C'est une relation, on ne sait pas. Donc, j'ai accepté de faire un programme d'interférence qui est un programme de recherche avec l'Université de Montréal. Et comme de fait, je l'ai fait et j'ai guéri complètement. Et depuis, c'est le traitement qu'on donne aux gens mais en pilule. Alors, quand ça c'est arrivé, j'ai décidé d'aller au Nouveau-Brunswick. Je n'avais jamais été au Nouveau-Brunswick. Et mon patron de portage m'a dit Gap, pourquoi tu ne vas pas là-bas ? Il y a une infirmière, elle va te faire tes injections. Parce qu'on m'avait suggéré de prendre une pause d'un an, pendant que je fais le traitement, parce qu'on a de mal à la tête, on a de mal au corps, au tout. Et je suis allée là, je suis restée là un mois, à me reposer, à lire et tout. Alors c'est comme ça que j'ai atterri au Nouveau-Brunswick, par accident. Et je suis tombée en amour avec le Nouveau-Brunswick. Et donc, j'ai loué une maison, j'ai fini mon traitement. Et finalement, c'est comme ça que quelqu'un m'a trouvée et m'a engagée pour IBM.
- Speaker #1
IBM, OK.
- Speaker #0
Oui. Alors là, je suis au Nouveau-Brunswick et je ne peux pas vraiment travailler pour portage parce qu'il ne faut pas que tu travailles. fatigue trop vite, non, non, non. Finalement, quand j'ai été guérie, je bon, bien là, je vais recommencer à travailler et j'ai été engagée par une compagnie pour des cartes de crédit Citibank où on appelait les gens. Ça a été ma première fois de faire ça, les appels et tout. Et une personne de là avait déménagé au centre d'appel d'IBM et les cherchait vraiment des personnes bilingues alors ils sont venus me chercher. Ma première réaction quand on m'a offert une job chez IBM, ça a été non.
- Speaker #1
Pourquoi ?
- Speaker #0
Parce que je me suis dit, IBM, c'est comme l'armée. Ah !
- Speaker #1
Pourquoi tu pensais ça ?
- Speaker #0
parce que c'était une corporation pour moi, corporation pour moi, en plus IBM c'est très, la chemise blanche et tout, non, non, non, moi je vais pas là vous allez me discriminer encore alors j'ai refusé j'avais rien à faire, j'étais pas capable j'avais même essayé à Postes Canada c'était hyper misogyne t'avais plein de gars de l'armée qui étaient rendus facteurs pis là on était comme une fille passifale pis là ils traitaient comme si c'était rien de rien Tu sais, je m'étais dit, non, non, j'aime mieux pas faire d'argent. Puis là, je travaillais pour Fundy Trail Parkway, je travaillais pour un parc, tu sais, j'étais vraiment là, je voulais pas. Ils sont revenus. Puis là, ils m'ont dit, je pense que t'es pas au courant, mais chez IBM, depuis 1953, on a une politique d'inclusion. Wow ! finalement, ils disent si t'es bonne, on va te prendre à temps plein, on va t'engager permanente Alors ça, c'est déjà ça Martine, Martine à pédale, elle est engagée permanente après un an et demi. Et c'est là que j'ai découvert le premier regroupement d'employés LGBT de ma vie. C'est la première fois que j'entendais parler qu'on pouvait avoir un regroupement d'employés LGBT en entreprise. J'ai fondé le regroupement LGBT en 2000 à Saint-Jean-Nouveau-Brunswick pour IBM. Après ça, je suis revenue au Québec parce que j'ai appliqué au Québec pour revenir chez moi avec la job. En 2005, j'ai réussi à revenir au Québec.
- Speaker #1
Mon douche, je lève mon chapeau à IBM. Je ne savais pas qu'ils étaient aussi progressifs. Tu es restée combien de temps avec eux ?
- Speaker #0
20 ans. 20 ans avec IBM. Pour moi, ça a complètement changé ma vie. Ça a complètement changé ma vie, le fait que j'étais capable d'être authentique au travail. Ça a l'air anodin pour les gens, mais le fait que tu es capable d'être toi-même, tu es capable d'être focussé, tu es capable d'être productif, tu es complètement dans ton travail. Tu as le goût d'aller travailler le lendemain, tu t'entends bien avec les gens. C'est une valeur sûre, ce n'est pas une faveur, c'est une valeur sûre. J'ai vraiment une super belle carrière, puis en même temps que j'avais ma D-Job. J'avais ma gay job. Ma gay job, c'était vraiment le regroupement d'employés LGBT qui est 2A, LGBTQ+, aujourd'hui. J'ai commencé au Québec, mais ça, je me suis occupée de celui pancanadien. Puis IBM, pour te remercier de faire ça, ils t'envoient dans des sommets, dans des conférences. En 2007, je suis allée à Arson, au Texas, dans une conférence qui s'appelait Out and Equal. Après ça, j'étais allée présenter à Los Angeles. Après ça, j'étais allée en Floride, tu sais, vraiment, puis ils te donnaient des prix. Ah,
- Speaker #1
mon doux ! Ça fait que c'était vraiment, c'était un peu comme un devoir secondaire à ta job, mais tu avais des ressources, puis ils te donnaient du temps, puis ils te donnaient de la reconnaissance.
- Speaker #0
Et voilà. C'était vraiment fort, ça. En même temps, bon, ça a aidé le regroupement, mais en plus, IBM m'a demandé en 2008 de partir fierté au Travail Canada, qui est Pride at Work Canada. J'ai siégé 10 ans sur ce conseil-là pour justement s'assurer que toutes les compagnies joignent. Ma compagnie que je voulais qui joigne était l'armée canadienne. Elle s'est joint à Fierté au travail Canada en 2018. Depuis 2018, l'armée canadienne est membre de Fierté au travail Canada. Alors ça, c'était ma révolution, parce que la politique, on l'enleva en 1992 avec Michel Douglas, mais on n'en a pas parlé, on n'en a pas dit, on enlève une politique. Peut-être la culture, rien. Moi, je me suis battue avec mon père, j'ai fait un grief, je me suis rendue jusqu'au général Thériault, je me suis rendue jusqu'à Jeanne Sauvé, en 85, me faire répondre, non, c'est la loi, pas une injustice, vous avez été traité par la loi, jusqu'à temps que 92, elle, elle gagne, puis là, je m'attendais que quelqu'un m'appelle, s'excuse, quelque chose, jamais rien n'est arrivé. Et c'est en 2014 que j'avais beau faire tout ce que je fais, ce que je te dis, les regroupements d'employés, Fierté au travail Canada, j'étais présidente de la Fondation de l'émergence, que la Journée internationale contre l'homophobie, je n'ai jamais rencontré, de 1984 à 2014, quelqu'un qui avait été congédié ou purgé. Jamais ? La seule personne, jamais. La seule personne, c'était Michel Douglass, mais je n'avais jamais rencontré... personne, j'en avais entendu parler, mais de rencontrer quelqu'un, personne. En 2014.
- Speaker #1
Puis Michelle Douglas, c'est qui exactement ?
- Speaker #0
Michelle Douglas, elle était officier dans l'armée canadienne et elle faisait partie justement de la police militaire puis elle a été arrêtée et congédie pour une sexualité. Van Robinson est allé la chercher, ils se sont battus. Dans ce temps-là, c'était Mulroney qui était au pouvoir. et en même temps, tu avais la Charte des droits et libertés qui rentrait au fédéral, donc elle a gagné, ils ont enlevé la politique d'exclusion, ils se sont excusés, ils lui ont donné de l'argent, puis ils ont fermé le dossier.
- Speaker #1
Ça fait qu'il y a une personne à qui ils ont fait un aveu, une compensation, mais tous les autres comme toi qui étaient dans l'ombre, qui avaient été purgés aussi, avaient eu zéro puis une barre.
- Speaker #0
Zéro puis une barre.
- Speaker #1
OK.
- Speaker #0
Wow ! Puis moi, je me disais, ça n'a pas d'allure. Donc, en 2014, tu sais quand tu te bats, tu te bats, tu te bats pour tout le monde, mais tu as tout le temps quelque chose en arrière. Puis moi, je n'étais jamais retournée à Ottawa non plus. Moi, j'avais banni Ottawa, j'avais banni l'armée.
- Speaker #1
Oui,
- Speaker #0
avec raison. C'est seulement quand j'ai rencontré quelqu'un de l'armée que j'ai changé un peu. Mais la vie a fait qu'en 2014, j'ai rencontré quelqu'un qui a vécu la même affaire, qui voulait demander des excuses. Puis là, j'ai dit, bien là, on n'aura jamais des excuses. Oublie ça. Et finalement, ils m'ont dit, non, non, il faut essayer, ta-ta-ta. Puis moi, je me suis dit, OK, je vais embarquer avec vous. Puis là, on a monté un groupe qui s'appelait On demande des excuses. Oui, demandons des excuses. On a dit, puis là, tu avais des... des académiciens comme Gary Kingsman, Patricia Gentilly, Lynn Coutelier, Carmen Poulin. Tu avais un gros groupe, tu avais des avocats et tout ça, mais aucun moyen, pas d'argent. On faisait ça sur le coin de notre bureau. On est allé demander en 2015 au Parlement des excuses. Vous n'avez jamais entendu parler personne. On a passé en dessous du tapis. Et finalement... En 2016, il y a un groupe qui s'appelle la Juste Société de EGAL qui s'est mis ensemble. C'était tous des avocats qui ont monté 84 recommandations pour le fédéral. Et là-dedans, ils nous ont demandé de rentrer. On demande des excuses comme une des recommandations. Donc, on a dit oui. Ce qui a fait que j'étais allée à Ottawa. Et c'est là que j'ai rencontré Douglas Elliott, qui était l'avocat qui lidait ce comité-là. J'ai joint le comité en juillet. Et en décembre, j'ai demandé à Douglas, parce qu'on n'avait toujours pas de réponse pour des excuses, on n'a toujours rien, est-ce qu'on pourrait faire quelque chose de légal ? Et c'est de là qu'on a décidé de faire un recours collectif. Alors, le recours collectif a été déposé en 2016, décembre 2016, pour que le fédéral remette des excuses et répare ce qu'ils ont fait.
- Speaker #1
Pourquoi c'est important d'avoir des excuses, Martine ?
- Speaker #0
Parce que ça fait comme un... Je ne sais pas comment l'expliquer, mais tu as l'impression que les choses ne sont pas réelles ou ne sont pas vraies. Tu es là, tu as un gouvernement que tu dois écouter, que tu dois servir, on paie nos taxes, on a tout ça. Puis à la fin de la journée, tu avais ça qui n'a jamais été réglé, on n'en a jamais parlé, ça faussait dans moi. Il y avait quelque chose qui me bloquait, tu comprends ? Je me disais... Ça ne peut pas continuer. Puis le fait que quelqu'un m'ait arrivé et a dit Hey, on veut demander des excuses ça a comme tout ressorti. Quand j'ai entendu l'histoire d'une autre femme, d'une autre femme, d'un autre, d'un autre, ce que j'ai vu, c'était la même histoire que moi. J'ai dit Oh my God, c'est venu me chercher. ça m'a totalement redéclenché. C'est là que j'ai réalisé que j'avais été traumatisée par ça. C'est même là que j'ai réalisé pourquoi j'avais tout le temps peur d'être congédiée dans chaque emploi que j'ai eu. Toute ma vie, même mes 20 ans chez IBM, si mon patron m'appelait dans le bureau, je pensais que j'étais pour être congédiée. Encore aujourd'hui, je suis aidée. Si on m'appelle dans le bureau, je pense que je vais... C'est resté.
- Speaker #1
Oui, t'es imprégnée dans ta neurologie, t'as été traumatisée, donc c'est réactivé à chaque fois.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Il y a eu combien de personnes, finalement, Martine, qui étaient comme toi, qui avaient été purgées, finalement, et qui font partie du recours collectif ?
- Speaker #0
Il y a eu 9000 personnes. mais il y en a beaucoup qui sont morts. Tu sais, on parle de 1950, ça a commencé dans les années 50. Alors, plusieurs sont décédés, puis il y en a aussi plusieurs qui ne l'ont jamais, qui n'en ont jamais peur. Alors, pas tout le monde qui a levé la main pour venir. On a eu 800 personnes, finalement, qui ont levé la main, seulement.
- Speaker #1
Oui, 800 seulement sur 9000, mais 800, c'est quand même un gros chef.
- Speaker #0
Oui, c'est quand même bon, c'est quand même une belle réparation, mais en même temps, on a su aussi qu'il y avait eu 30 000 personnes qui avaient été enquêtées. 30 000 !
- Speaker #1
Pour vrai ?
- Speaker #0
Ça a duré longtemps, ces enquêtés, tout ça. Alors, c'est sûr que pour moi, c'était important quand quelque part, quelqu'un dit on est vraiment désolée de vous avoir fait ça juste pour m'aider à continuer, pour m'aider à croire qu'il y a une justice, pour m'aider à croire aussi que mon orientation sexuelle, mon identité de genre, parce que souvent, j'ai l'impression que juste en tant que femme, je dérangeais dans les années 80, tu sais. J'avais 20 ans, j'étais pas si gay que ça, là. À 20 ans, c'était mon genre qui dérangeait. Dans ma vie, souvent, mon genre a dérangé. Tu sais, ces excuses-là, ils étaient vraiment sentis. Ils ont été vraiment sentis par la personne qui les a données. Mais ça m'a aidée. Ça m'a aidée à croire en la justice. Ça m'a aidée à croire en mon gouvernement. Ça m'a aidée à croire en l'armée. Ça m'a donné le goût aussi d'aller aider mon prochain dans l'armée pour que lui soit bien ou elle soit bien, puis qu'elle soit productive, focussée, puis qu'elle ait une belle carrière. Ça m'a aidée à croire en tout ça. ça donne force. C'est très fort, les excuses, je trouve.
- Speaker #1
Oui, quand je t'écoute parler, le mot validation de ta blessure me vient en tête.
- Speaker #0
Exact. C'est justement, moi, quand tout ça est sorti, j'ai commencé à consulter, j'ai eu une psychothérapeute, c'est là qu'il a fallu, un, il a fallu aussi que moi, j'accepte d'avoir une maladie mentale. C'est quelque chose, ça. Déjà, vous m'avez fait mal, vous m'avez fait perdre plein de temps de ma carrière et tout ça. Là, j'ai une maladie mentale, puis en plus, elle s'est cristallisée quasiment parce qu'on a attendu 30 ans avant d'en parler. Ça m'a pris beaucoup, un, à l'admettre. C'est même ma conjointe qui m'en a parlé. Elle m'a dit, Tu es sûre que tu n'es pas traumatisée par tout ça ? J'étais là, Non, je suis correcte. Je suis IBM, j'ai une belle carrière, il n'y a pas de problème. Mais mes réactions n'étaient pas correctes. Je ne me rendais pas compte pourquoi j'avais un mauvais caractère. Je me suis dit que j'étais chenée de même, chenée de mauvais caractère. J'étais plus mauvais caractère qu'avec ma famille, les gens proches de moi. C'est comme tu te le permets, puis tu ne l'analyses pas tant que ça. Tu te dis, ben non, je suis faite de même.
- Speaker #1
Oui, tu penses que c'est un trait de personnalité, alors que finalement, c'est une expression de ta douleur.
- Speaker #0
Exact. Puis que tant qu'on n'en parle pas, puis qu'on ne l'admet pas, parce que c'est de mon côté aussi, il a fallu aussi que moi, je me pardonne. Parce que ça a été dur pour moi, parce que je m'en suis voulu. Oui.
- Speaker #1
Tu t'en es voulu, pourquoi ?
- Speaker #0
Parce que c'était mon orientation sexuelle qui a tout gâché. Ça, ça m'appartient. C'est à moi. Quand j'ai perdu mon travail, moi, je vais être honnête, quand j'ai joint l'armée, j'ai trouvé ça dur. Je sortais de la ouate. C'est pas à peu près. C'est l'entraînement. J'ai comme été obligée de donner encore plus de moi-même pour réussir à passer au travers de tous les examens, tous les tests. Tu réussis tout ça. Tu sais, l'entraînement à 5 heures courir le matin, des fois, je pleurais. Je me disais, maman, viens me chercher. Sors-moi d'ici. Tu sais, ça au fou. Tu fais tout ça. Moi, j'ai toujours essayé d'expliquer aux gens, quand tu es dans l'armée et que tu fais l'entraînement de l'armée, tu montes dans ta tête. Parce que plus tu réussis ton 10 000 marchés, plus tu réussis des étapes, des épreuves. Exact. Plus tu te sens fort. plus tu te sens en confiance de toi, plus tu te sens... Tu sais, t'es vraiment là. Alors, quand ils m'ont congédiée, je ne suis pas partie du niveau que tu as d'habitude peut-être à l'école quand tu as 20 ans. Je suis partie de plus haut.
- Speaker #1
C'est ça.
- Speaker #0
Ça a vraiment tombé encore plus bas. Et c'est ça. Ça a vraiment... Ça m'a beaucoup affectée. C'est ça. C'est ce côté-là que moi, je m'en suis voulue longtemps à moi.
- Speaker #1
donc c'est pour ça que je me suis fait mal oui mais pourquoi tu dis Martine que tu étais choquée après toi par rapport à ton orientation sexuelle parce que as-tu l'impression que c'est quelque chose que tu as choisi ton orientation non
- Speaker #0
mais tu penses ça tu dis ça parce que tu te dis à cause de ta donnée à ça c'est de ta faute tu as perdu ta carrière Puis on est dans les années 80, tout le monde pensait comme ça. C'était ça. Ma réaction, c'est comme ça qu'après des années que je l'ai bien analysée, pourquoi je suis partie comme ça dans la déchéance à essayer de me faire mal et de me détruire, c'est que je m'en voulais. tu sais, ça a pris des années à défaire ça, de pas m'en vouloir pour finalement ça a été quand je suis rentrée chez IBM où j'ai fait, hey,
- Speaker #1
t'as le droit d'être comme ça hum ça a été quoi ton processus de pardon de toi-même ?
- Speaker #0
ça a été ça, ça a été de me donner une autre chance Ça a été de croire en moi, puis ça a pris du temps. Ça a vraiment pris du temps. Moi, je vois ça comme, tu sais, ça m'a pris une bonne quinzaine d'années avant que je croie en moi, que je revienne à moi-même. Tu sais, je suis partie en 84. Puis moi, je le vois seulement en 1999 où vraiment j'ai dit, OK, je vais travailler chez IBM et je vais me donner la chance de réussir et d'être la meilleure. Et même là, je vais être honnête avec toi, moi j'étais engagée chez IBM, je n'avais aucune expérience en technologie. Ils m'ont engagée parce que j'étais capable de taper à la Dactylote. J'avais fait le cours de Dactylote au secondaire. Oui, c'est ça. Ça m'avait permis de taper à la vitesse qu'ils voulaient. Puis mon côté bilingue, mais c'est là que je me suis vraiment permis de me pardonner. Ça a été en mettant tout, tout, tout à réussir chez IBM, à être engagé à temps plein. Puis après ça, en mettant tout pour revenir au Québec avec le travail.
- Speaker #1
Si je recule en arrière comme ça, est-ce que c'est quoi qui t'a, y'a-tu quelque chose qui a déclenché en toi, qui a fait que tu t'es ouverte à la possibilité de réussir chez IBM ?
- Speaker #0
Oui, justement, tu vois, quand IBM nous envoyait à la conférence, la première fois qu'ils m'envoyaient à la conférence, juste le fait qu'ils m'envoient à une conférence qui n'est pas en technologie, qui pour parler de la communauté LGBT, juste ça, ça avait fait wow, my god Puis tu sais, c'était quand même billets d'avion, une chambre d'hôtel pendant cinq jours, c'était un investissement, puis on était quand même, c'est 90 à travers le monde qui avait été envoyé là. Le fait qu'ils ont fait ça, ça a comme commencé à faire hey, on valorise ce que je suis en train de faire, c'est bon Ça, ça m'a aidé à rebâtir, puis en étant dans ce regroupement-là, à ce moment-là, c'est le 2E LGBTQ+, qui nous ralliait. Donc, tu avais des exécutifs, tu avais des avocats, tu avais des gens de tous les métiers qu'on se retrouvait ensemble, puis on montait des stratégies ensemble. Alors, ça a aidé ma carrière, parce que là, je faisais des choses qui n'étaient pas dans mon habituel en technologie. que je faisais à côté, qui m'ont aidé à bâtir mon réseau, qui m'ont aidé à bâtir, justement, à faire des présentations. C'est vraiment là, la fois que j'ai décidé, en 2009, d'aller présenter une initiative sur comment aller chercher les alliés, où quand on a monté cette présentation-là, cet atelier-là, où on a dit, il faut raconter notre histoire. Et c'est là que j'ai fait, oh my God, mon histoire, c'est la première fois qu'on me demande mon histoire. Et là, je me suis mis à écrire mon histoire, puis là, j'ai parlé de ça, puis là, tout le monde s'est fait congédier de l'armée. Puis là, tout le monde était comme Ah, je ne l'avais pas dit, t'sais Et c'est comme ça que je me suis servi de mon histoire, en 2009, pour présenter cette initiative d'allier-là, qui a fait le tour du monde. qui étaient partout. Et c'est ça qui a parti, justement, et là, ça a commencé à faire partie de mon histoire. Puis là, IBM, ils ont même fait un article, qui est dans les articles d'IBM, qui s'appelle From being discharged to being in charge Ils m'ont même donné un prix. Ils ont même nommé une salle à mon nom, avec mon nom dessus. Ils m'ont fait sentir comme... comme j'aurais dû me sentir. Oui,
- Speaker #1
ça fait que toutes ces reconnaissances-là, puis ces opportunités-là qui t'ont été présentées, tu es en train de me dire que c'est un peu comme des espèces d'étapes dans ta guérison, parce qu'on voyait ta valeur.
- Speaker #0
On voyait mon histoire, qui j'étais, d'où je venais, pourquoi c'était important pour moi d'être authentique. pourquoi c'est si important aussi pour moi que je ne sois pas dans une case. Quand on me demande si je fais partie de quelle lettre, moi, je suis le temps apporté à dire le Q parce que je ne suis pas dans la norme. Pas plus d'un côté que de l'autre. Moi, je veux juste être. Je ne veux pas dire, OK, demain, qu'est-ce qui va arriver, je ne le sais pas. Comme je t'ai expliqué auparavant, moi, c'est vraiment l'électricité des gens. C'est comme... tu peux tomber en amour avec un ami et avoir une super amitié. Ce n'est pas toujours sexuel. Alors, c'est ce côté-là que je trouve qui est important. Oui,
- Speaker #1
l'électricité, pas la plomberie.
- Speaker #0
J'aime tellement ça. C'est vraiment ça.
- Speaker #1
Ben oui. Puis, par rapport, as-tu eu un pardon à faire, évidemment, aux Forces armées canadiennes, au gouvernement du Canada ? Puis ça, ça a eu l'air de quoi ?
- Speaker #0
C'est ça. Alors, ça a commencé, un, quand j'ai fait le recours collectif, on avait mis la demande d'excuses là-dedans. Puis, quand on a commencé à négocier avec la Couronne, moi, je leur ai dit, je ne peux pas vous dire comment vous excuser. C'est à vous de le faire. On peut vous aider, mais on ne peut pas le faire pour vous. Alors, on les a aidés à monter un conseil consultatif pour monter des excuses. Puis, on a mis des excuses à part du recours collectif pour vraiment que ça vienne du bureau du premier ministre. puis vraiment que ça vienne d'eux. Alors ça, c'était super important pour moi. Ça, ça m'a permis, un, d'obtenir pour la première fois au Parlement en 2016, quand on a présenté, et aussi de faire comme, tu sais, c'est beau prendre des excuses, mais aussi, il y a toute une réparation à faire avec le gouvernement, tu sais. Alors, comment, tu sais, ça a été de travailler avec eux, puis aussi, le règlement, on l'a fait en 11 mois. Je ne connais pas beaucoup de recours collectifs qui sont réglés en 11 mois. C'est un record.
- Speaker #1
Vraiment ? Oui.
- Speaker #0
Vraiment. D'habitude, c'est 4-5 ans. Ça, ça a été en 11 mois. En 11 mois, on a gagné 145 millions. 110 millions qui sont allés aux victimes. Ce côté-là, on a eu des excuses, la réparation, mais aussi dès après. Parce que moi, j'ai fait un état des lieux, j'ai fait un rapport, j'ai fait des recommandations qui s'appellent au lendemain de la purge, puis d'ailleurs, l'armée canadienne est en train de la mettre en place. C'est aussi après d'être venu nous voir et de nous consulter. de prendre le pouls de ce qu'on fait, le respect qu'on reçoit. Tu comprends ? J'ai présenté au 2e Régiment à Saint-Jean, j'ai présenté à Borden, j'ai présenté au Quartier général de l'armée deux fois. Ça, ça aide à réparer. Puis moi, c'est aussi ce qu'on fait aujourd'hui. Parce que quelqu'un peut s'excuser et il continue. Alors, l'excuse, le pardon, il n'est plus valide parce qu'il continue. Alors, pour moi, c'est ce qu'on fait. Je pense en ce moment aussi qu'elle est fondée un département de la culture, l'armée canadienne, qui a les inconduites sexuelles. Tu sais, le recours juste après nous, on sait que c'est connecté avec la purge, parce que c'est toute une culture. Moi, j'aide avec les inconduites sexuelles, avec ce comité-là. J'aide avec le comité de la culture. En même temps, on regarde la maître des lieutenants colonels honoraires, qui sont des gens qui ont vécu ça. comme ça qu'ils vont pouvoir aider à la réconciliation. Parce qu'aujourd'hui, moi, j'en ai besoin de l'armée. Moi, je veux être en bons termes. C'est beaucoup plus facile d'être en bons termes. Alors, pour moi, ça a tout réparé ça. Ça m'a ramenée à Ottawa. Ça m'a fait que chez TD, j'ai demandé de couvrir Ottawa. Ça a tout changé ma perspective. Ça a changé ma façon, ma perception. C'est ça que j'expliquais quand on a gagné les AFU. Ça change ma perception de l'armée, mais ça change ma perception du gouvernement. Mm-hmm. Ça, c'est vraiment important.
- Speaker #1
Oui, quand je t'écoute, c'est beaucoup le pardon par l'action. toi-même, tu t'es enclenché, tu t'es investi, tu t'es engagé à provoquer le changement. Tu es vraiment une pionnière, tu es vraiment une activiste, puis tu es allé chercher de la justice. La justice, c'est tout ce que ça englobe, c'est la reconnaissance, la compensation, la réparation, puis de voir l'évolution de ça le lendemain qui va être offert aux nouveaux qui vont être recrutés et qui ne vont pas vivre la purge.
- Speaker #0
Exactement. C'est vraiment pour moi, parce que c'est...
- Speaker #1
Merci.
- Speaker #0
Oui. J'espère que ça va aider justement et que ça va faire qu'on a une armée qui est plus en santé avec des militaires qui sont plus heureux d'être là, qui peuvent être eux-mêmes. Il n'y a rien de mieux dans la vie qu'être soi-même au travail. Oui.
- Speaker #1
Comme tu dis, c'est... D'être bien au travail, puis on vient au travail pour contribuer quelque chose. Puis c'est clair que tu as contribué énormément chez IBM parce qu'ils t'ont donné un environnement sécuritaire, psychologiquement sécuritaire, où est-ce que tu pouvais aller t'accomplir parce que tu avais un sentiment d'appartenance. Tu n'étais pas la bizarre, tu n'étais pas celle qui était marginale, donc marginalisée, tu faisais partie de l'ensemble des employés. peu importe la lettre.
- Speaker #0
Puis, mis de l'avant aussi, vraiment, comme je t'ai dit, quand ils m'ont envoyé à Austin en 2007, de prendre le temps de s'investir quand ce n'est pas ton rôle, ça te donne une valeur. Oui. Sans valoriser. Sans IBM, moi, j'ai dit tout le temps, sans IBM, je n'aurais pas fait un recours collectif. Tu comprends ? Parce que tu dois te bâtir pour réussir quelque chose comme ça. Parce que ça n'a pas été facile. et tu ne plais pas à tout le monde. Je n'ai pas réussi à gagner tout ce que toutes les victimes voulaient. C'est tout un mandat. Encore aujourd'hui, j'ai des grosses choses à livrer. Rien n'est facile. On a eu le COVID. Pour moi, c'est cet investissement-là. C'est vraiment important. Mais je pense que le pardon, il est en deux temps. Il y a un pardon à se faire à soi-même. Parce qu'on est porté, moi j'appelle ça se taper sur la tête, mais on est porté à se blâmer. pour les choses qui arrivent. Surtout si ça a rapport justement avec notre identité. Alors, je trouve que c'est en deux temps, c'est de savoir comment se pardonner, se rebâtir et comment demander aussi un pardon, mais un vrai pardon, qui va vraiment prendre un endroit, prendre sa place.
- Speaker #1
Est-ce que tu es satisfaite aujourd'hui de ce qui a été fait ?
- Speaker #0
Oui, je suis très satisfaite de ce qui a été fait à date. Je ne peux pas dire que je ne suis pas inquiète du futur, parce que ça brasse beaucoup, je trouve, justement, pour les droits des différentes communautés. Alors là-dessus, je trouve ça difficile, parce que je ne sais pas ce qui va venir. Mais en ce moment... Depuis 2016 à aujourd'hui, je vois vraiment des gros changements. Le fait que même Revenu Canada met en place mon rapport au lendemain de la purge et mes recommandations. On est au ministère des Réformes naturelles, on est à environ... On est partout. On est en train de...
- Speaker #1
Qu'est-ce qui t'inquiète ? J'ai manqué ça, je pense.
- Speaker #0
Les changements de gouvernement, peut-être. Les changements politiques. Les reculs. Les pertes de droits. C'est plus ça.
- Speaker #1
On le voit aux États-Unis.
- Speaker #0
En Alberta, au Nouveau-Brunswick. On le voit même au Québec avec un comité de sages. Je ne sais pas vraiment pourquoi. Il y a des choses comme ça qui me... Je me suis cotée un peu. J'espère qu'on ne va pas revenir. Je trouve qu'on a bien évolué. Je pense qu'on commence à comprendre. Ça a beaucoup d'intersections. Être une femme, déjà, après ça, d'être dans la communauté, il y a plusieurs intersections. Alors, j'espère qu'on ne va pas reculer. J'espère qu'on va continuer comme on le fait en ce moment. C'est ça. Moi, je continue à travailler, comme je te dis, de près. On a le monument qui s'en vient. On fait la première pelletée de terre le 1er mai.
- Speaker #1
Quel monument ?
- Speaker #0
Dans mon règlement de 145 millions, moi, je ne voulais pas qu'on donne juste l'argent et qu'on s'excuse. Je voulais qu'on fasse des choses très concrètes pour ne pas qu'on oublie ce qu'on a fait et pour ne pas qu'on retourne en arrière. Donc, je fais construire un monument à Ottawa qui est à côté d'un archive canadienne. près de Wellington, qui va pouvoir recevoir 2000 personnes. C'est un très gros monument, mais qui va représenter toutes les communautés. Je fais ça avec Patrimoine Canada et avec NCC. C'est direct au bord de la piste cyclable, au bord de l'eau. Ça va être très, très beau.
- Speaker #1
Fantastique.
- Speaker #0
Puis après ça, une exposition avec le Musée des droits humains, qui est à Winnipeg, une exposition permanente. Mais vu que pas beaucoup de monde va à Winnipeg, elle va voyager en gros format et en petit format. Après ça, comme je te disais, un état des lieux qu'on a fait. C'est toute la Fondation de la purge qui a été payée pour ça. On a fait un état des lieux de tout le fédéral avec des recommandations. Après ça, on a fait une médaille qui a été remise à tous les gens qui ont vécu la purge, que ce soit fonction publique, l'armée ou la GRC. C'est une citation de la fierté. Tu peux la retrouver sur le portail du gouvernement du Canada. Et on est allé chercher 45 000 archives. Wow ! Tout ça réside sur le portail du Fonds de la purge LGBT. Et avec le fonds, j'ai été capable de donner une bourse à l'Université McGill, une bourse à l'Université de Toronto, tout pour le droit, pour les droits LGBT. Alors, tu sais, des trucs comme ça, on a fait un livre, on a aidé à faire différents trucs pour essayer de faire avancer.
- Speaker #1
Wow, c'est fantastique ça. Puis justement, on va se reparler, Martine, pour qu'on puisse choisir les liens et les inclure dans les notes de l'épisode. Comme ça, les gens vont savoir où aller. Donc, présentement, s'il y avait une personne qui ne s'était pas encore manifestée puis qui avait subi la purge, est-ce que c'est trop tard pour faire une demande ?
- Speaker #0
Pour faire une demande de réparation, oui, mais pas pour faire partie du groupe ou d'être avec nous. C'est sûr que si la personne est en désarroi. où elle a besoin d'aide. On a fondé une légion qui s'appelle Rainbow Veterans of Canada. OK ! C'est la Légion African-Canada. Oui, bien, il n'y en avait pas. Il n'y avait pas de légion. Encore une fois, un peu un accident. On voulait faire un badge. Puis pour avoir un code d'armes, ça nous prend un organisme militaire. Donc, on s'est fait dire de former une légion pour se rendre compte qu'il n'y en avait pas. Alors depuis, on est devenu très, très populaire avec cette légion-là. Et avec la légion, la personne peut joindre ce regroupement-là et eux autres qui ont des fonds pour aider les gens qui auraient des problèmes.
- Speaker #1
Wow ! Tu sais, j'en reviens pas. que j'étais en uniforme pendant ces années-là et que je n'avais aucune idée de ce qui se passait. Ça m'attriste de savoir que j'avais tant de gens qui vivaient ces choses-là autour de moi. Puis que j'en étais pas consciente, puis que tant d'individus ont dû vivre ça dans une ombre, pas accompagnée, isolée, marginalisée, puis ça vient vraiment, vraiment me toucher. Mais d'un autre côté, de te regarder aujourd'hui, puis de voir la femme accomplie que t'es devenue. Encore une fois, chapeau, c'est phénoménal ce que tu as réussi à accomplir. Martine, tu aurais eu tellement de raisons d'abandonner à tellement de moments, tu sais. Puis là, tu as pris des actions concrètes, pas juste pour toi, mais pour le pays au complet. C'est vraiment quelque chose. C'est vraiment un privilège et un honneur de t'avoir reçu aujourd'hui. Est-ce qu'il y a quelque chose que tu voudrais rajouter ?
- Speaker #0
Oui, parce que je ne veux pas que tout le monde s'en couche. Je parle comme toi parce que ce n'était pas votre faute, vous ne le saviez pas. Ils ne vous mettaient pas au courant. Il y a plein de personnes que j'ai parlé. Là, ils comprennent mieux pourquoi leur collègue a disparu ou telle personne n'a jamais vu partir. C'était très secret. Ce n'était pas quelque chose qui était au grand jour. Je te comprends. Merci. Merci d'avoir pris le temps de vouloir écouter mon histoire. Je pense que c'est important. Je sais qu'on n'a pas pu... rejoindre tout le monde. Je suis sûre qu'il y a encore des gens qui l'ont vécu, parce qu'il y a même des femmes hétérosexuelles qui font partie de mon conseil d'administration qui ont vécu la purge, juste parce qu'ils jouaient à la balle molle et qu'on pensait que c'était des lesbiennes. Ah oui, on est partis après eux. Donc, on a plein de personnes qui ont été touchées par ça de loin, de proches de loin. Ne pas hésiter, s'il y en a qui veulent nous parler, comme je te disais, on va te donner les liens. Nous, on est là. Il y a encore de l'aide et il y a quelque chose de très important. Si jamais quelqu'un a vu ça, qui était dans l'armée, Ancien Combattant va vous aider. Alors, avec Ancien Combattant, j'ai réussi à créer un département de LGBTQ+, qui s'appelle FAM et de LGBTQ+, qui aide vraiment. Alors, si vous appelez un bureau d'Ancien Combattant, vous leur expliquez que vous avez vécu la purge, soit que vous êtes resté, vous êtes traumatisé, soit que vous avez été congédé ou que vous avez dû quitter, ils vont vous aider. ils vont même vous prendre en charge, ils peuvent vous mettre sur un programme de réhabilitation, ils peuvent même vous donner un psychothérapeute, un psychiatre et tout ça. On peut recevoir de l'aide. Et aujourd'hui, c'est possible. Parce que nous autres, quand on était congédés, on se faisait dire qu'on ne pouvait pas être anciens combattants. C'était barré. Et on a su seulement en 2014 qu'on pouvait être anciens combattants. Et depuis, on s'est arrangé pour le dire à tout le monde et embarquer tout le monde. tout le monde est rendu avec anciens combattants. C'est ça qui nous a permis aussi de former le Rainbow Veteran Arc-en-Ciel et tout ça. Si jamais il y a des gens qui nous écoutent, qui l'ont vécu, il y a de l'aide. Et si jamais vous avez besoin de contact, moi, je suis là.
- Speaker #1
Parfait. Encore merci Martine, puis je te souhaite une excellente continuité avec tes gros projets, puis j'aurai le plaisir d'aller voir ce monument-là parce que je suis juste de l'autre côté de la rivière, puis alors bonne construction, on prévoit le dévoilement en quelle année ? Ok, quand même, dans un an et demi à peu près ?
- Speaker #0
à peu près,
- Speaker #1
ouais.
- Speaker #0
Ok.
- Speaker #1
Peut-être plus vite que ça, je sais pas. Ça se passe. Oui.
- Speaker #0
Excellent. Bien, ça va être vraiment un rappel, comme tu dis, pour ne pas qu'on oublie, pour pas qu'on revienne en arrière.
- Speaker #1
Tu vas pouvoir le voir de Gatineau. Ah oui, là ? Le monument. Oui, tu vas pouvoir le voir parce que 40 mètres de haut, ça va être assez spécial.
- Speaker #0
Ok. Ah, bien, c'est excitant. lâche pas, continue à faire ce que tu fais avec autant de rigueur et de coeur, puis je te dis encore une fois merci et je te salue merci beaucoup,
- Speaker #1
merci à toi, à bientôt
- Speaker #0
Dans cet épisode, Martine a parlé de plusieurs projets et ressources qui pourraient vous intéresser. Alors, je vous invite à consulter les notes de l'épisode pour tous les liens. Et aussi, avant de vous laisser, dans cette histoire de pardon, on voit comment la reconnaissance joue un rôle important dans la guérison. Quand Martine a été reconnue par son employeur comme étant un membre de l'équipe à part entière, quand l'histoire de Martine a été reconnue comme étant digne, d'être raconté quand tu es allé à la conférence. Quand la Cour a statué qu'il y avait eu une lésion de tous les gens qui avaient été purgés, il y a eu une reconnaissance de la blessure et qu'il y a eu une compensation financière. Quand le gouvernement du Canada a aussi reconnu ses torts puis a pris diverses actions que Martine décrit à la fin de l'épisode, ces actes de reconnaissance sont des actes de validation de la douleur. qu'on a infligé aux victimes. C'est tellement significatif, ces gestes-là, comme vous pouvez voir dans l'histoire de Martine. Alors, les questions de coaching que j'ai pour vous aujourd'hui sont justement des questions qui vous amèneraient peut-être à penser à la reconnaissance de vos propres blessures, celles qu'on vous a faites et celles aussi que vous faites aux autres. Alors, voici les questions de coaching. Quand vous avez blessé, est-ce que vous avez reconnu votre tort ? Et si oui, comment ? Est-ce que vous êtes capable de vous excuser ? Quand on vous a blessé, est-ce que vous êtes capable d'exprimer à la personne la douleur ou le mal qu'elle vous a fait ? Alors évidemment, il y a une question de contexte. Alors je vous laisse juger ce qui est approprié et à quel moment. Encore une fois, je vous dis un beau merci pour votre fidèle écoute. J'espère que vous avez apprécié cet épisode. Et si oui, je vous encourage à me faire des beaux pouces en l'air, puis à faire des commentaires, puis à partager avec votre réseau, vos amis. Ça nous aide à rejoindre plus de gens pour qu'on puisse les accompagner dans leur cheminement vers le pardon ou le non-pardon. À la prochaine !