- Speaker #0
Hello, vous vous apprêtez à écouter un nouvel épisode de Horizontal. Si vous voulez soutenir ce projet, n'hésitez pas à le partager autour de vous et à mettre 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute. Ça améliore grandement la visibilité de ces contenus.
- Speaker #1
En France, on a encore une vision de l'éducation qui est très liée aux notions d'obéissance et de pouvoir. Je suis en sécurité parce que j'entends les bruits, j'ai des odeurs qui me sécurisent, contact me sécurise.
- Speaker #0
Ed, tu viens pas avec moi ?
- Speaker #1
Enfin, remet en cause évidemment l'éducation pour la Russie.
- Speaker #0
Alors, après, ça peut passer, ça consiste pourquoi ? Donc en fait,
- Speaker #1
il faut poser un autre regard sur l'enfance,
- Speaker #0
si je comprends bien. Ouais, d'accord. Mais dans la pratique, moi, je suis complètement perdue. Quelles sont les préoccupations d'un enfant ? Pikachu reste à la maison avec Doudou. C'est pas ça, mais ça !
- Speaker #1
Et je suis là, j'ai un risque.
- Speaker #0
La culture de l'abstinence, c'est le théoreau de la maltraitance. C'est aussi le droit.
- Speaker #1
Ici,
- Speaker #0
sur Horizontal, nous sommes persuadés que nous devons changer notre regard sur les enfants et leur redonner la place qu'ils méritent dans la société. Oui, mais comment faire quand on a si peu de modèles de posture à hauteur d'enfant autour de nous et que nos réflexes et nos référentiels ne sont pas toujours alignés avec nos intentions de parents ou de professionnels au contact d'enfants ? La théorie, nous l'avons, ce sont des outils pratiques concrets que nous venons chercher ici. Bienvenue à bord du podcast Horizontal. Bonjour Maya.
- Speaker #1
Bonjour.
- Speaker #0
Merci d'avoir accepté de passer un petit peu de temps avec moi et de parler d'éducation. C'est un sujet qui nous tient toutes les deux à cœur, de ce que je comprends dans nos contenus sur les réseaux sociaux. Et c'est vrai que parmi tous les contes que je suis, qui m'inspirent, vous avez une vision qui est autrement éclairée. Et donc, ça m'intéresse à titre personnel d'échanger avec vous. Mais aussi, je trouve intéressant que la communauté horizontale ait accès aussi à votre vision des choses. Donc, merci.
- Speaker #1
Merci pour votre invitation,
- Speaker #0
Charlène. Du coup, avant de dérouler toutes mes questions, je vais vous demander de vous présenter. Dites-nous un petit peu qui vous êtes. du coup ce que vous faites dans la vie et si ça vous dit, partagez avec nous l'environnement familial dans lequel vous avez grandi et comment vous vous êtes positionnée dans votre maternité.
- Speaker #1
Alors je suis accompagnante parentalité et formatrice. J'accompagne les parents mais aussi les professionnels à avoir une relation effectivement horizontale, apaisée et surtout respectueuse. Moi c'est la valeur du mot respect en fait qui revient. dans mes propositions. Et ma démarche, en fait, elle est centrée sur le point de vue de l'enfant, ses capacités, ses compétences, et aider les adultes finalement à avoir des attentes réalistes vis-à-vis de l'enfant qui est un être en développement avec une certaine immaturité et une grande vulnérabilité. Donc nous, adultes, on a quand même un rôle aussi de protection et d'accompagnement. Et d'ailleurs, vous avez introduit cet échange avec le terme éducation. Alors moi, je l'emploie très peu. Je l'emploie parfois avec mes interlocuteurs de l'environnement professionnel, on va dire des domaines de l'éducation, justement. Mais en général, je préfère le terme d'accompagnement. Et si on se réfère à l'étymologie de ce mot, c'est vraiment le fait d'être en position parallèle, en position... à côté de la personne qui chemine. Donc si on considère l'enfant comme un être en cheminement, on se positionne à côté de lui sur ce chemin pour l'aider à avancer dans le chemin qui se choisit. Puisque j'ai à cœur aussi que nous, adultes, dans le cadre de cette relation horizontale, on laisse la place à l'enfant de choisir une voie pour lui-même. Donc on a un rôle important à jouer et je l'ai... Présentie déjà avant d'avoir des enfants, puisque j'avais toujours eu cette posture du point de vue de l'enfant. Je me souviens dans mon ancienne vie d'adulte, donc avant ma reconversion professionnelle dans l'accompagnement à la parentalité et la formation de l'accompagnement à la parentalité, j'étais toujours l'adulte qui va nuancer une conversation, qui va apporter un éclairage du point de vue de l'enfant en apportant un peu plus d'empathie. en essayant de se mettre à sa hauteur. Et parfois, les conversations d'adultes très adultistes me gavaient au point où j'allais jouer avec les enfants du groupe d'individus qu'on était, que ce soit dans le cadre familial ou autre. Donc, j'ai toujours eu cette empathie vis-à-vis des enfants. Alors sûrement, ça doit être lié aussi à un passé, puisque en tant qu'enfant, on a soi-même aussi eu des bagages. interactions avec les adultes qui nous marquent. Comme la plupart des adultes en France, j'ai grandi en tant qu'enfant dans un cadre violent, avec plus ou moins de violence, avec plus ou moins de manque de respect vis-à-vis de ma personne. Et c'est vrai que je pense que ça, ça a aussi marqué mon regard sur l'enfance en général. Et je me souviens très bien d'avoir dit à ma maman, quand j'avais... une trentaine d'années, donc avant la naissance de mon aîné, que moi, c'est sûr, jamais je ne porterai la main sur mon enfant pour l'éduquer, le soumettre. Par contre, je disais quand même qu'il avait intérêt à filer droit. Donc, j'avais initié une déconstruction par rapport à mon éducation, mais j'avais quand même cette vision très adultiste et verticale, finalement, où l'adulte avait le dernier mot et attendait... un certain niveau d'obéissance de l'enfant. Et c'est avec la naissance de mon aîné, qui est maintenant adolescent, qui va sur ses 14 ans, que j'ai tout remis en question, puisque je me suis rendu compte qu'il ne suffisait pas de vouloir ne pas lever la main sur l'enfant pour le faire, et que finalement, on avait pas mal d'automatismes qui étaient ancrés. Alors c'est très dur à vivre quand on est parent, et peut-être que des parents se reconnaîtront dans ce parcours-là. Je me souviens d'avoir vécu vraiment comme une peur de me dire je prends une décision vis-à-vis de mon comportement, vis-à-vis de mon enfant et je ne suis pas en mesure d'être cohérente et de l'appliquer et bien sûr avec le regret qui va avec. Et à ce moment là il se trouvait que je préparais un doctorat en neurosciences, alors sur un domaine complètement différent. mais le sujet de ma thèse était lié à la prise de décision et finalement comment un individu prend des décisions. Je me suis vraiment plongée dans la partie neurosciences de cette thèse et j'ai appris comment fonctionne l'humain. Ça m'a beaucoup rassurée sur le fait que je n'étais pas folle et que ce n'était pas un manque de volonté ou de motivation de ma part et qu'il y avait vraiment des automatismes très forts qui étaient ancrés et qui devaient être déconstruits finalement pour pouvoir avancer. dans ce cheminement que je m'étais choisie. À l'époque, j'avais la chance aussi d'être très active sur le plan associatif. C'était plutôt un tissu associatif militant pour les droits de l'enfant. On se retrouvait quand même beaucoup d'adultes à être à 100%, même à 300% convaincus de l'importance de respecter les enfants. Mais en tant que parents, on se retrouvait souvent dans des situations où on n'y arrivait pas au quotidien. Et vraiment cette dissociation, cette dissonance qu'on avait était pesante pour nous. Et donc moi, de mon cheminement personnel avec mon travail sur ma thèse, j'ai pu mettre en place des choses dans mon quotidien finalement, pour pouvoir sortir de ce que j'ai littéralement appelé un enfer, parce que c'est vraiment un enfer que de vivre cette dissonance. Et donc petit à petit, j'ai partagé ça. aux parents qui étaient aussi dans ce milieu associatif. Et je me suis rendue compte qu'il y avait une véritable demande. Il y avait beaucoup d'adultes qui voulaient changer de paradigme éducatif, mais ils n'y arrivaient pas. Et donc j'en ai fait une spécialité dans le cadre d'une reconversion professionnelle en tant qu'accompagnante en parentalité. Donc maintenant je suis maman de deux enfants, j'ai une fille aussi de 8 ans, et je continue aussi à cheminer en tant qu'adulte, en tant que parent à leur côté. Et puis voilà, par rapport à une petite synthèse sur mon parcours et où j'en suis aujourd'hui grâce à tout ce cheminement sur la vision de l'enfant et sur ce que j'aime appeler les lunettes qu'on porte sur les enfants.
- Speaker #0
Merci, c'est hyper intéressant je trouve et justement de pointer sur l'ambivalence, la dissonance pour reprendre votre terme qui nous... qui s'emparent de nous parce qu'effectivement, on a beau avoir toutes les théories du monde dans la tête, être convaincu qu'une posture bienveillante est beaucoup plus apprenante et enrichissante pour les enfants. sécurisante et respectueuse surtout. Finalement, quand on a un autre référentiel, et c'est en fait tout l'objet pour moi de la création de ce podcast, c'est que moi j'étais convaincue, j'avais une intention, une direction, mais dans les faits, je me sentais démunie en fait. Sans la punition et la violence physique et les cris, en fait sans la soumission, la peur, je ne savais pas quelles autres possibilités. était envisageable et je me retrouvais complètement démunie. Et on a beau ne pas souhaiter cette obéissance immédiate, elle nous soulage aussi de temps en temps. Donc on tombe vite dans ces attentes qui ne sont pas légitimes. Donc oui, je trouve que c'est ça la plus grande difficulté, c'est de gérer cette dissonance et de déformater, d'aller dans un monde qu'on ne connaît pas, qui ne nous a pas construit. Et voilà, abandonner totalement tout ce qu'on croit connaître, tout ce qu'on sait, et utiliser de nouveaux outils et se lancer un petit peu à l'aveugle. En fait, il y a une grande notion de confiance dans cette nouvelle approche éducative. Ça vous parle ça, la confiance en fait, en soi, peut-être aussi en l'enfant, mais il y a une grande inconnue puisqu'on a très peu de retour, de recul en fait sur... Sur cette Ausha, en fait aujourd'hui on sait ce que ça donne une éducation violente parce qu'on l'incarne et on sait tout ce qui nous gêne et nous limite au quotidien. Est-ce qu'on a beaucoup de modèles d'adultes qui ont évolué sans rentrer dans le moule, sans être emprisonnés dans le système et notamment sans toute cette violence ? On en a très peu, on en a, mais très peu. Donc comment vous avez appréhendé ce saut dans le vide en fait ?
- Speaker #1
Alors justement, c'est intéressant que vous parliez un petit peu de transition, parce que ce que je n'ai pas développé dans ce que je vous ai présenté par rapport à mon parcours, c'est qu'évidemment, comme beaucoup de parents, j'ai entendu l'appel de la parentété positive, slash bienveillante, voire parfois nommée consciente et alternative, justement parce qu'elle est différente du paradigme éducatif dans lequel nous, on a grandi. Comme beaucoup de parents, j'ai été tentée de me dire, voilà la solution. En fait, il suffit que je fasse comme c'est prôné dans cette parentalité-là pour ne pas faire, pour ne pas reproduire ce que moi-même j'avais vécu. Alors déjà, c'était un écueil parce que cette parentalité positive, bienveillante, même si dans les grandes lignes, il y a beaucoup de choses sur lesquelles on ne peut qu'adhérer finalement, comme le... Ne serait-ce que le mot positif, qui a envie d'être négatif, j'ai envie de dire. Bienveillant, c'est pareil, qui a envie de se définir comme malveillant. Donc il y a ce côté un petit peu de se faire du bien à l'égo, de se dire qu'on est du côté des gentils, quand on choisit un petit peu finalement un parcours de parents qui diffèrent de ce qu'on a connu, avec une vision finalement assez binaire des choses. Mais en même temps... Il n'y a pas dans les propositions de la parentalité positive et bienveillante, justement, le fait de gérer notre propre passé et les impacts que ce passé a sur nous en tant que parents. Donc, toutes ces histoires d'automatisme, de gestes ou de paroles qui sortent d'on sait où, d'ailleurs, parfois, et qu'on regrette aussitôt qu'elles sont sorties. Eh bien, ça, la parentalité positive et bienveillante ne l'adresse pas. Et l'autre chose, c'est qu'il y a toujours une forme de verticalité dans la parentalité positive et bienveillante, qui est dans le faire-faire à l'enfant. Alors, pour son bien, parce que c'est important, parce que c'est nos valeurs, parce que c'est nos limites de parents, etc. Et dans ce faire-faire à l'enfant, on reste dans une logique qui va être verticale finalement, et qui va... potentiellement chez beaucoup de parents qui ont subi des violences éducatives, enfin dites éducatives, va réactiver finalement des comportements qui vont basculer vers la violence. Et c'est pour ça qu'il y a beaucoup de parents qui font chemin arrière en découvrant cette parentalité et pourquoi aussi il y a beaucoup de débats ces dernières années sur le sujet, c'est que, comme le faire-faire à l'enfant n'est pas remis en question profondément, On s'attend juste à avoir un lot de trucs à astuces gentils, douces et pas violents en apparence pour finalement plier quand même l'enfant à nos désirs et que ça ne marche pas en ce sens. Et donc, ça crée des déceptions. Donc, la logique qu'empruntent beaucoup de parents, c'est un retour en arrière. Et on l'a bien vu dans cette logique binaire. Donc, si ça ne marche pas comme ça, alors retournons à d'autres méthodes. Et d'où aussi... des propositions même de la part de professionnels sur des méthodes qui relèvent de violences éducatives et qui sont prônées comme des outils. pour contraindre l'enfant et l'éduquer. Donc évidemment, ça m'a rapidement frustrée, ça m'a rapidement questionnée et moi j'ai vite vu qu'en fait on pouvait sortir de ce paradigme en ayant un minimum syndical d'objectifs qu'on se fixe en tant que parent, et bien c'est juste de rester respectueux vis-à-vis de l'enfant. Donc l'idée, c'est de se dire, et ça c'est un de mes crédos, c'est qu'on ne peut pas être positif et bienveillant à chaque instant, mais on peut rester respectueux en toutes circonstances. Donc quand le parent est en difficulté, quand il a court de ressources, quand il n'a juste même pas envie de s'adresser à son enfant, eh bien, il n'a pas besoin d'être positif, bienveillant, dans l'empathie, dans l'accueil, dans l'écoute. Il peut au moins se fixer cet objectif de dire, là dans l'interaction, je sature. Mais je vais tout faire pour ne pas blesser mon enfant, ni sur plan physique, ni sur plan psycho-affectif. Et déjà, de se fixer ce minimum syndical, je trouve que ça change beaucoup l'énergie pour l'adulte. Et on est sur des attentes qui sont beaucoup plus réalistes. Et c'est pour ça que je fais cette proposition d'un accompagnement respectueux qui enlève finalement toutes ces logiques de posture bienveillante, d'écoute empathique. qu'on ne peut pas mobiliser tout le temps, c'est bien si on peut le faire et si on a envie de le faire, parce qu'il y a aussi des injonctions à la bienveillance. Et la bienveillance, ce n'est pas le sac sans fond de Mary Poppins qui est dû à tout le monde. C'est une posture qu'on choisit d'adopter si on a envie de construire une relation de qualité avec notre interlocuteur. Et si on n'a pas envie, ou si on ne peut pas, eh bien, à minima, on peut rester respectueux. Et donc, voilà. pour les parents qui ont quand même envie de garder une relation de qualité avec leurs enfants et qui ne peuvent pas être bienveillants en chaque instant, ils peuvent minimiser ce respect. C'est important pour moi de repositionner aussi cette différence avec la proposition de l'éducation positive et bienveillante. Et du coup, j'en oublie votre question.
- Speaker #0
Moi aussi, j'ai totalement oublié ma question, mais ce n'est pas très important. Moi, ce qui m'intéresse dans ce que vous dites, c'est comment ça se traduit au quotidien. Par exemple, est-ce que vous pourriez nous donner des exemples d'une demande peut-être non reçue par vos enfants, un désaccord que vous pourriez vivre au quotidien et dans lequel vous choisissez le respect ? Comment ça se traduit ? J'ai un peu de mal à me rendre compte parce que moi, j'entends… la notion effectivement d'une verticalité bienveillante, qui finalement a une notion un peu d'hypocrisie, c'est-à-dire qu'on combat, moi la première, on combat la verticalité qu'on trouve injuste et dominante, mais finalement, même si on est doux, on amène quand même à une finalité qu'on a choisie. Donc en fait, ça m'intéresse beaucoup ce que vous proposez, j'ai du mal juste à me la représenter.
- Speaker #1
Alors... Il y a un principe derrière cette posture, c'est qu'on va considérer que tout ce que fait l'enfant ou tout ce qu'il demande, et d'ailleurs tous les individus sont mûs par des besoins. C'est-à-dire qu'il n'y a pas ces distinctions qu'on fait, oui mais c'est des envies, c'est des caprices, c'est des ceci, c'est des cela. Non, il y a toujours un besoin derrière à nourrir. Maintenant, les stratégies qu'on va déployer ne vont pas toujours être adaptées. Et c'est sur la stratégie que va se passer la négociation dans la relation. Alors ça, je n'ai rien inventé, c'est un précepte de base de la communication non violente et que je trouve tout à fait pertinente. On en parle beaucoup pour les adultes, mais c'est vrai que dans toutes les relations, finalement, on peut appliquer ce principe. Donc déjà, de partir du fait que l'enfant a toujours une motivation dans son comportement, même les pires des comportements, alors on peut essayer de trouver des stratégies alternatives pour ce comportement. Je prends un exemple classique pour les enfants en bas âge. Ça aussi, c'est une attente un peu irréaliste des adultes de dire qu'un enfant de 2-3 ans va savoir partager ses jouets, va savoir rentrer en communication pour jouer d'une façon, on va dire, socialement convenable, comme nous, on ferait adultes. Non, un enfant de 2-3 ans est très égoïste par rapport à ses activités, ne va pas forcément être dans le partage, et dès qu'il se sent un peu envahi dans son espace, va utiliser des gestes pulsionnels pour se défendre. Va, par exemple, pousser un enfant ou lui arracher des mains un jouet, etc. Donc, si on part du principe que derrière ces comportements qui ne sont pas acceptables socialement, il y a un besoin... Besoin de défendre son espace, besoin de défendre sa propriété, besoin de jouer sans être envahi, etc. Eh bien, on va essayer de trouver une autre façon pour... aider l'enfant à communiquer. Pour les enfants en bas âge, ce qui fonctionne très bien, c'est de dire, au lieu de pousser un enfant pour jouer avec ou lui attraper le jouet des mains, etc., on peut lui proposer le signe « jouer » en langage des signes, s'il n'est pas verbal, par exemple. Ça, ça marche très bien, les gestes associés à la parole pour les enfants en bas âge, parce que même s'ils sont verbaux, Ils restent dans une logique psychomotrice. Donc, leur main va aller plus vite que leur pensée. Et ils n'ont pas les câblages nécessaires pour prendre du recul et pour se dire, tiens, si je faisais autrement, ça aurait telle ou telle conséquence. Il leur manque plein, plein, plein de compétences cognitives qui ne sont pas du tout à l'œuvre à cet âge-là, qui font qu'on va essayer de trouver quelque chose qui est adapté à leur niveau, à leur stade de développement. Et encore, je ne parle même pas des neuroatypies et de manière générale de la neurodiversité qui va rajouter aux éléments que je vais donner un décalage dans l'âge, etc. Par exemple, pour un enfant avec un TSA, ces gestes pulsionnels peuvent se poursuivre même à l'adolescence. Et donc, l'accompagnement de l'adulte va consister à toujours proposer quelque chose d'alternatif qui respecte le besoin de l'enfant et qui, en même temps, rentre dans les codes. les codes et les conventions sociales. Donc ça, c'est un exemple, mais il y en a d'autres. Et après, les autres vont être liés aussi à la limite pour soi. Par exemple, je suis en train de me reposer dans le salon et ma fille débarque avec sa flûte. Elle, c'est légitime qu'elle ait envie de jouer de la flûte. Moi, c'est légitime que j'ai envie de me reposer dans le salon. Donc, on va avoir des besoins qui sont légitimes à toutes les deux. On va être dans le respect de ces besoins. Par contre, dans la stratégie, on va discuter de, voilà, est-ce que le jouer de la flûte pendant que je me repose en salon, ce n'est pas envahissant pour moi ? Ou est-ce que l'acoustique de sa flûte n'a pas un meilleur son dans le salon ? Et peut-être que moi, ma stratégie, c'est d'aller dans une autre pièce pour me reposer. Donc, on va toutes les deux discuter, en fait, de nos stratégies et de voir laquelle est la plus adaptée. Et ce n'est pas parce que je suis l'adulte que j'ai plus de droits de monopoliser le salon qu'elle, finalement. Et donc, comme je n'ai pas dans cette vision de l'enfant cette dimension de « je suis l'adulte, donc c'est moi qui va avoir le dernier mot et je vais tout faire pour, même avec les méthodes, gentilles, alternatives, stratégies positives, etc. » , eh bien, ça change toute la dynamique de la relation parce que finalement, mon enfant sent qu'il est respecté dans ses besoins, dans ses choix aussi de stratégie. et qu'on est d'égal à égal en train de discuter de qu'est-ce qui convient et qu'est-ce qui ne convient pas. Alors on ne peut pas toujours le faire, on ne peut pas dans toutes les situations, déjà des fois on n'a pas envie de discuter, on n'est pas bien, on a juste envie d'exprimer son besoin. Et déjà le minimum du respect à ce moment-là pour moi, c'est de ne pas accuser l'autre, c'est de partir de son besoin. Donc dans ce que je viens de vous expliquer avec ma fille qui débarque dans le salon, l'idéal c'est de trouver la stratégie qui convient à tout le monde. Mais en vrai, la première étape respectueuse, c'est de considérer qu'on a toutes les deux un besoin à remplir, qu'il n'y en a pas un qui est plus important que l'autre, et que je ne vais pas l'accuser d'avoir ce besoin et de faire ce qu'elle est en train de faire, je vais trouver des façons d'exprimer mon besoin. Et même si je suis en mode râler, pas contente, au lieu de dire j'en ai marre à chaque fois, tu débarques dans le salon avec tes trucs et tu meurs, Je vais être, je n'en ai marre, je suis fatiguée, j'ai envie de me reposer. Donc j'ai changé la formulation, j'ai évité le fameux tu qui tue, et j'ai parlé en jeu et de mes besoins. Donc j'ai un peu râlé, oui, je ne me suis concentrée que sur mon besoin aussi, mais c'est déjà être respectueux finalement de l'autre personne, puisque je ne l'ai pas accusée, je ne lui ai pas dit que c'est elle qui m'empêche de remplir mes besoins, etc. En fait, ce sont des petits éléments qui vont être liés. et à la vision des choses vis-à-vis de l'autre, en l'occurrence l'enfant vis-à-vis de ses besoins, vis-à-vis des choix qu'il fait, et dans la façon dont nous, on va choisir d'exprimer nos propres besoins et de poser nos propres limites. Et finalement, pour moi, c'est là tous les enjeux de la relation adulte-enfant où à chaque instant, on peut choisir de basculer dans le rapport de force, dans la verticalité. Donc les enjeux vont se jouer là, finalement.
- Speaker #0
Oui, je trouve que c'est... Un travail de longue haleine et quotidien à chaque instant parce qu'il faut se préparer le matin, il faut être à l'heure. Il y a tellement de choses à faire qui viennent nous bousculer dans nos rythmes. Moi j'ai un petit garçon qui adore rester très longtemps au petit déjeuner et ça me contrarie de le presser tous les matins. Mais si je ne lui impulsais pas un peu une certaine dynamique, à 10h il serait encore devant ses tartines. Et quelquefois, ça me culpabilise parce que c'est son rythme à lui, c'est comme ça qu'il aime commencer ses journées. On est dans une société de frustration, finalement, qui nous oblige en permanence à sortir de nos besoins, ou à les différer, ou à les reconsidérer. Et je trouve que c'est un challenge. Et effectivement, il y a des milliards d'occasions dans la journée de se remettre en posture de domination, parce que finalement, c'est la plus confortable. pour les adultes, la plus pratique, la plus efficace court terme si on ne prend pas les effets indésirables en compte. Donc oui, c'est un mécanisme émotionnel, intellectuel, énergétique, quotidien et c'est assez difficile. Vous, dans votre maternité, dans votre trajet, parce que vous dites que là vous avez un aîné de 14 ans, en fait j'ai deux questions, on va essayer de ne pas les oublier. La première, c'est qu'est-ce qui vous a challengé le plus, que vous auriez envie de partager avec nous ? Et aussi, qu'est-ce que ça donne un ado de 14 ans qui a grandi dans le respect ? Il est comment votre aîné ?
- Speaker #1
Alors, merci pour cette question, parce qu'effectivement, quand on regarde aussi dans les propositions de la parentalité, on n'a pas beaucoup d'exemples de gens qui ont... Des enfants devenus ados. Moi, je suis très fière de mes enfants. Je sais aussi le mot fierté, c'est quelque chose dont ils ne vont pas parler dans l'éducation positive et bienveillante. Alors non seulement je ressens beaucoup de fierté et de la gratitude aussi. D'ailleurs, je les remercie souvent. Je me sens fière d'être leur maman. Fière dans le sens, j'ai de la chance. J'ai de la chance d'être leur maman et ça, je leur dis, ça leur fait beaucoup de bien. Et en fait, si je vois mon fils, aujourd'hui c'est un individu qui n'a pas peur de parler aux adultes. Alors bien sûr, il a eu un parcours d'école à la maison pendant longtemps. Il n'avait pas les codes et justement l'imprégnation de cette domination adulte dans un cadre scolaire qui malgré tout crée de grands impacts, même si on propose autre chose à la maison. Donc longtemps, il ne l'a pas eu, puisqu'il a été en instruction hors école jusqu'au début de la sixième. Donc il est rentré pour la fois en structure scolaire. Alors, il a fait un petit parcours dans une école dite alternative hors contrat, mais c'était un peu plus de la garderie qu'autre chose. Et là, les adultes avaient une posture la plus horizontale possible, etc. Donc ce n'est pas vraiment un référentiel, mais là voilà il est rentré en 6e dans un espace cette année, mais quand il est rentré en école au collège c'était 6e dans un collège public traditionnel. Et la première chose qui est surprenante c'est cette grande adaptation. Souvent les adultes ont peur que si on donne trop liberté à un enfant, si on laisse trop cette place d'égal à égal, et bien quand ils se retrouvent dans un environnement qui ne respecte pas ces codes-là. il sera déboussolé, il sera mal, etc. Non. Alors, c'est vrai que le collège donne beaucoup plus de liberté quand même que l'école primaire. Et mine de rien, les adultes ont plus de considération vis-à-vis des collégiens que des enfants en école primaire. Cet adultisme est un peu moins ressenti. Et c'est encore plus le cas au lycée. Donc, il y a aussi une évolution de la société adultiste, mine de rien, en fonction de l'âge de l'enfant. Donc, la première chose, c'est de se dire que malgré, on va dire, une proposition d'accompagnement qui n'a rien à voir avec 90% de ce qu'on retrouve dans la société, il y a cette adaptation où il a su tout de suite rentrer dans les codes, respecter les contraintes très fortes quand même, que ce soit sur le plan horaire, sur le plan du rapport à l'adulte, etc. Et donc, pour lui, c'est comme un...
- Speaker #0
Comme un jeu, entre guillemets, c'est-à-dire que quand il joue au Monopoly, il y a des règles, il les respecte parce qu'il a envie de jouer au Monopoly. Et là, c'est pareil, c'est lui qui a été moteur aussi de cette demande d'inscription dans ce collège-là. Donc pour lui, c'est de dire, voilà, j'accepte les règles du jeu, même pour celles qui sont les plus contraignantes. Et donc, voilà, vis-à-vis de cette autorité à l'école, il est dans un respect à 100%, sans rien rechigner, puisqu'elle est quand même assez juste, mine de rien. Il a la chance d'évoluer dans un collège avec une équipe éducative qui est globalement juste. Donc ça, c'est quand même un point important. Et sinon, hors école, il est dans un rapport d'égal à égal, où il va être en autonomie pour recadrer une situation où un adulte ne va pas le respecter. Donc ça, c'est très important pour moi qu'il ait développé cette autonomie. Et puis, nous, en tant que parents, et moi, encore plus personnellement, en tant que maman, j'ai une relation très complice avec lui, où ce qui fait beaucoup peur, en fait, c'est cette entrée dans l'adolescence pour les parents. D'ailleurs, on nous dit, quand ils sont petits, « Tu verras, à l'adolescence, ce sera terrible avec tout ce que tu as mis en place. » Au contraire, j'aborde vraiment sereinement cette période-là, parce qu'effectivement, elle est challengeante, l'enfant subit plein de changements à titre physique. dans les relations sociales, il peut être aussi confronté à des nouveaux défis. Et toute cette relation de confiance, cette intimité émotionnelle qu'on a nouée pendant toutes ces années, où il ne se sent pas jugé de vivre des expériences et d'être en difficulté par rapport à certaines situations, il se livre très facilement. Et parfois c'est même déroutant parce que ça va être sur des sujets très intimes. Et en fait, il le fait sans filtre. en mode, voilà, il sait qu'il sera entendu, orienté, même si on n'a pas réponse à tout. En fait, il ne sent pas, comment dire, de restriction à livrer ses difficultés et ses besoins. Donc ça, pour moi, c'est quelque chose de très important et de rassurant, parce que c'est là où il sera de plus en plus autonome à l'extérieur, et on sera de moins en moins présent. Et donc, s'il n'a pas la possibilité d'avoir une soupape, une bouée quelque part, ben voilà, moi, ça me rassure qu'il rentre aussi. dans cette période de vie avec tous ces bagages tellement précieux. Donc voilà les grands intérêts que je vois à tout ce qu'on a mis en place. Et après, il a son tempérament, il a été toujours respecté dans ses différences, il a toujours été écouté, même s'il n'a pas toujours approuvé. En tout cas, il a eu toujours un espace d'échange ou de déposer ce qui peut le questionner et d'avancer. en sécurité de cette façon.
- Speaker #1
Super, et c'est chouette aussi de se dire, moi, plus je lis, notamment des ouvrages d'André Stern, je ne sais pas si c'est quelqu'un que vous appréciez, mais il montre que quelque part, le terrible tout, le three-nager, la crise d'ado, c'est des créations d'adultes. et qu'on les attend quelque part. C'est comme s'ils nous donnaient ce qu'on attendait d'eux. Et que finalement, quand on est dans une autre approche et qu'on regarde l'enfant différemment, dans tous ses potentiels, on ne les vit pas ces crises-là. En tout cas, on les accueille différemment. C'est juste des étapes de développement qui sont naturelles et qu'on ne distingue presque pas quand on a choisi de regarder les choses différemment. Moi, ça me fait vraiment chaud au cœur quand j'entends que des jeunes gens de 14, 15, 16 ans sont bien dans leur basket et ont un espace d'expression. Ça me fait vraiment très plaisir et c'est ce qui me donne envie de continuer à me challenger dans ma posture d'adulte, parce que la vie, elle passe vite et finalement, ce sont tellement belles années et on est tellement nombreux à les avoir passées dans l'incompréhension.