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Hypnose et santé, LE podcast

Créativité et douleur chronique avec l'Hypnose

Créativité et douleur chronique avec l'Hypnose

33min |05/02/2025|

233

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33min |05/02/2025|

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Description

Le Dr Claude Virot vous explique comment créer le plus petit changement avec la personne douloureuse chronique. Car bien souvent, au fil des mois voire des années, tout le quotidien est régi par la douleur qui s'immisce dans toutes les strates de la vie.


Emergences, soignants et soignés en bonne santé.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Hypnose et santé, le podcast d'Emergences. L'hypnose peut être particulièrement utile dans le cadre des douleurs chroniques. Mais à partir de quand peut-on parler de douleurs chroniques ? Quelle technique hypnotique peut être privilégiée ? Avec quelle intention ? Le docteur Claude Virot vous raconte ici quelques récits de patients qui se sont mis en mouvement.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'on peut aussi parler de la créativité pour se remettre en mouvement ?

  • Speaker #0

    Oui, on a évoqué l'idée déjà plusieurs fois que la créativité est une des fonctions majeures de la conscience, de notre conscience virtuelle. On m'a déjà dit de la créativité, on va la retrouver dans notre jardin, dans la cuisine, dans la musique, ou pour raconter une histoire à un enfant le soir quand il va se coucher. Beaucoup de gens développent des compétences créatives, c'est-à-dire qu'ils inventent des choses. On n'a pas conscience. Non, tant que créatif. Au quotidien. Beaucoup, beaucoup, beaucoup de gens, la plupart des gens, probablement tout le monde, à un moment ou à un autre, ils inventent des choses. Un bricoleur qui est dans son garage, il développe une créativité incroyable pour faire des nouvelles choses. Je raconte une histoire d'immobilité. Ce monsieur a une quarantaine d'années. Depuis 15 ans, il souffre le martyr avec des douleurs au niveau de sa mâchoire. au niveau de son cou, ou jusque presque dans l'épaule, des douleurs terribles qui font qu'il est... Il y a toujours une espèce de tension, de tension qui ramène sa tête vers son épaule, qui l'amène à avoir la tête sur le côté. Une tension et une douleur permanente, permanente, permanente. Alors, dès qu'il veut tourner la tête dans l'autre sens ou faire autre chose, donc il ne peut pas faire d'activité sportive, alors il travaille, il a une activité professionnelle, il a... Trouver des positions qui sont moins difficiles. Alors, 15 ans, ça a commencé comme une douleur aiguë. Toujours une douleur, d'abord elle est aiguë, mais elle a un début un peu tout classique. Il a bien sûr été pensé qu'il avait un problème dentaire, ou bien qu'il avait un problème de déplacement peut-être dans une articulation, peut-être dans le cou, dans les cervicales. Alors bien sûr, il a eu des examens qui n'ont pas été probants. Le dentiste a soigné quelques dents, ça n'a pas changé grand-chose. Les cannaires, les radios n'ont pas trouvé non plus de raison particulière. Alors on s'est demandé s'il avait une maladie générale, une maladie de système. Donc il a eu des antalgiques, des anti-inflammatoires, des corticoïdes, des massages, des mobilisations par le kiné. Il a pris des traitements beaucoup plus complexes dans des centres de la douleur. Rien n'y a fait. Ses douleurs sont restées les mêmes, avec de temps en temps des toutes petites améliorations, puis des moments d'amplification. Donc il y a quelques variations dans l'intensité. Globalement, il souffre toujours autant qu'il y a 15 ans. Il a entendu dire que l'hypnose pourrait peut-être l'aider. Je l'ai reçu ici. On a fait un entretien d'évaluation comme à chaque fois. Je me l'ai déjà dit plusieurs fois pour connaître un peu son histoire, l'histoire de sa douleur, l'histoire de ses traitements. Son contexte de vie, c'est un monsieur qui est marié, qui a trois enfants. Les enfants vont bien, le couple va bien, même s'il dit qu'une fois c'est un peu compliqué entre eux. Sur le plan de sa famille, au sens plus large, il n'a rien de particulier. Il est dans le commerce avec son épouse. Donc il ne raconte rien de particulièrement significatif par rapport à ses douleurs. L'origine aussi de ses douleurs reste mystérieuse. Et c'est assez souvent le cas pour les... douleurs qui vont devenir chroniques. Elles apparaissent sans trop savoir ce qui a pu la gêner. Alors, on va faire une séance d'hypnose très spécifique et très particulière pour les troubles chroniques qui sont fixés dans le corps. Cette technique a un nom. Elle s'appelle la chosification. Le nom un peu plus technique, c'est la réification puisque dans le mot réification, on trouve le mot res qui veut dire la chose, comme la res publica, la chose publique. En fait, tout le monde connaît Cette chosification, tout le monde l'utilise de manière naturelle, au moins pour décrire une douleur. Peut-être avez-vous eu un jour une douleur dans l'épaule, ou dans le dos, ou dans un genou. Et quand vous avez voulu en parler, votre médecin, peut-être qu'un proche de vous, vous avez dit Oh, c'est comme si j'avais un clou d'enfoncé dans le genou, dans l'épaule. Ou bien C'est comme si j'avais une boule dans le ventre. Ou bien Comme si dans ma tête, c'était comme un terrien de cocotte minute. Tout est sous pression. Ou bien, j'ai l'impression d'avoir une barre dans le dos. Bon, évidemment, on ne va jamais trouver ni barre, ni pression dans le crâne, ni boule dans le ventre, ni clou. Simplement, notre créativité, notre imaginaire a fait un lien entre un objet de la vie. réelle et une sensation. Et ça va permettre de mieux décrire ce que je ressens. Le clou, là, dans l'épaule, c'est comme une pointe pour un tapissier. Ah non ! C'est les clous que mettent les charpentiers. Les clous du 110. Énorme ! Donc, c'est aussi une manière de donner une image de l'intensité, de la gravité. Alors, la chosification, la réification, nous allons l'utiliser avec ce monsieur. Dans notre quotidien... Nous l'utilisons pour décrire. Ici, nous allons pouvoir apprendre à ce patient à l'utiliser, la même justification, pour soigner. On va avoir deux phases. Une phase de description, c'est-à-dire que cette sensation qu'il a dans le corps, nous allons la décrire. Même s'il a déjà un objet qui est un modèle pour lui, on va reprendre toute la description. Ça va nous permettre de fabriquer un nouvel objet. Ça, c'est la première phase. La deuxième phase, ce sera de modifier cet objet. Alors, qu'est-ce qui s'est passé ? D'abord, cette douleur, elle était depuis la mâchoire jusqu'à la clavicule. Donc, elle avait un trajet, comme une ligne toute droite et assez fine. Donc, comme s'il y avait une sorte de fil. Voilà, vous pensez à un fil. Quel genre de matériau ? Oh, un fil ! très très dur, comme du fil de fer. Ou non, plus que ça. Comme un câble. Un câble qui est enfoncé dans la mâchoire et qui est enfoncé dans la cabique. Ce qui fait que dès que je tire dessus, c'est terrible. Le câble est toujours au même endroit. Il n'est ni chaud ni froid. Il est très raide. Comme c'est un câble, il est fait de plusieurs brins. Combien de brins vous pouvez imaginer ce câble ? Il était donc dans une transe hypnotique. Alors il imagine son câble, et à un moment il me dit douze bras D'accord, très bien, vous auriez pu dire un ou trois. Un câble c'est toujours plusieurs bras. Bien, et je lui dis quelle couleur est ce câble-là ? Noir, très très noir Tous les brins sont noirs ? Il me dit oui, tous les brins sont noirs, ils sont tous pareils Donc voilà une description, et qui est très personnelle, qui est très unique. C'est-à-dire que ce n'est plus un cou comme tout le monde, il a maintenant un câble qui est accroché à un endroit très précis, qui est fixé en bas dans un endroit très précis, qui a une couleur, qui a une épaisseur, qui a un trajet, qui a un matériau, qui a plusieurs petits brins. Et de tout mon parcours professionnel, c'est le seul patient que j'ai vu avec un câble noir. qui est tendu entre l'Amandine. C'est-à-dire qu'il n'y a jamais deux descriptions identiques. Le fait que ce soit une description précise, précise, précise, précise, va aussi générer un processus de focalisation, focalisation, focalisation, focalisation. Autrement dit, ça va générer un processus de transe très intense, très très intense. Et on a déjà dit que plus la transe est intense, plus elle donne de marge de manœuvre pour faire des modifications. Maintenant, la deuxième phase va consister à lui proposer de modifier cet objet. Il y a une partie dont sa conscience virtuelle étant activée, je lui demande, est-ce qu'il y a une partie de vous qui peut imaginer une manière d'améliorer les choses ? Alors, il y a toujours un délai de réponse. Je dis, la conscience virtuelle s'y prend plus de temps par rapport à la conscience critique. Et puis, il me dit, oh oui, il faut couper le câble. Oui, d'accord, il faut couper le câble. Je lui dis, avec quoi vous allez le couper ? Elle me dit, il faut une pince. Une pince que vous allez trouver où ? Chez moi, à Taouti, je pince. Imaginez que vous allez la chercher, vous revenez avec votre pince, et quand vous l'avez, vous me dites, il a sa pince, donc je l'imagine aussi que sa pince à ma main, le cas. Ici, il y a une notion extrêmement importante de prudence. Cette douleur existe depuis longtemps, et cette douleur a beaucoup modifié sa manière de vivre. Bien sûr, ce câble pourrait être coupé en une seule fois. Il ne va pas rester suffisamment puissant. Mais les praticiens qui utilisent l'hypnose depuis très longtemps se sont rendus compte que quand le changement est trop brutal, il peut faire l'effet inverse de ce qu'on souhaite. Un peu comme si ça allait déstabiliser tout un équilibre. Un équilibre double recerque, mais un équilibre quand même qui s'est installé au fil des ans. Et le déséquilibrer, ça va pouvoir générer une autre douleur. ou un trouble dépressif ou des phases d'angoisse. Donc, il faut être très prudent dans ces phases, dans ces moments. Alors, je lui dis, il y a douze brins. Aujourd'hui, je vous autorise à en couper six. Alors, elle en a coupé six. Et en ayant coupé six, ça l'a soulagé. Donc, il y avait du mieux. Il y avait du mieux. Elle était contente. Et il est parti avec ce soulagement. On s'est revus quelques jours plus tard. Et de fait, il se sentait un petit peu mieux. C'était un peu moins tendu. C'était un peu moins douloureux. Voilà, il a pu bouger de manière un peu plus favorable pour lui. Mais bon, quand j'ai cherché avec lui, s'il y a eu d'autres changements, d'autres nouveautés dans son fonctionnement, eh bien non. Eh bien non. Par exemple, je me suis intéressé à sa relation avec son épouse. Elle m'a dit non, c'est toujours aussi tendu. Alors on a fait une séance de réification. Il a retrouvé son câble noir avec des six brins qui étaient intacts. Et là encore, par prudence, je lui ai proposé d'en couper cinq sur six, d'en garder encore un. Il a accepté. Il a accepté, donc il s'est imaginé couper cinq brins. Il n'y avait plus qu'un brin qui tenait. Mais un brin de fil de câble, c'est encore très solide. Alors il est rentré chez lui, j'en sais revu. Mais cette fois-ci, il y avait eu plus de relâchement, plus de mouvement, plus de souplesse à apparaître chez lui. Et il m'a raconté une toute autre histoire. Nous avons déjà dit bien des fois que le symptôme est un signal et qu'à la base, il y a un problème. Lorsqu'il a une vingtaine d'années, il rencontre une jeune femme, il démarre une relation amoureuse. Très bien, très bien. Très très bien, ils travaillent chacun dans une société, ils ont tous les deux le souhait d'ouvrir un commerce. Ça leur est dit à tous les deux, mais ouvrir un commerce ça demande des moyens, ce que lui n'a pas. Mais les parents de sa compagne sont d'accord de les aider financièrement, de manière importante. Alors ils ouvrent ce magasin, et ça démarre très bien, et décident de se marier. Ce qu'ils font, quelques mois plus tard, et quelques mois encore après le mariage. Ce monsieur découvre que sa toute jeune épouse a une autre relation amoureuse. Et une relation amoureuse qu'elle entretient depuis plus d'un an, déjà avant le mariage, de manière bien moins secrète. Alors c'est ça, c'est un choc terrible. Son premier réflexe est de se séparer, bien sûr. Quel trahison, alors que leur vie de couple commence à peine. Mais il y a un deuxième niveau de réflexion qui vient. D'abord, il se dit qu'il est très, très amoureux d'elle. Ils en ont déjà parlé de cette relation, de cette autre relation amoureuse, qu'elle s'est engagée d'arrêter, qu'elle regrettait. Mais il s'est rendu compte aussi que tous ses rêves de commerce s'effondraient et aussi qu'il était très endetté, qu'il avait devoir rembourser beaucoup, beaucoup d'argent. Et tout ça mis bout à bout, on pourrait dire que la raison a pris le dessus sur les émotions. il a décidé de continuer sa vie de couple avec son époux. Mais même si la décision était prise, par l'un comme par l'autre, leur relation n'a jamais retrouvé l'harmonie qu'elle avait auparavant. Il y a eu des tensions tout le temps, tout le temps. Et il m'a dit aussi, dès le départ, quand il a pris la décision raisonnable, il me dit, à ce moment-là, je me suis dit, eh bien, je vais serrer les dents. Voilà, je vais serrer les dents. Et il donnait une image. Là, c'est un cas particulier, une image. On imagine serrer les dents et devenir tout serré comme ça, pour tenir le coup. C'est presque comme si à un moment donné, ce câble avait pu l'aider à tenir sa tête ou à résister. Voilà, puis la vie a passé, les années ont passé, ils ont fait des enfants. Ce sont de bons parents, mais leur couple n'a jamais été libéré en quelque sorte. C'était une toute autre histoire. Alors je lui ai proposé de venir au rendez-vous suivant avec son épouse. Elle était tout à fait d'accord de venir. Et ils ont disputé. Quinze ans plus tard, de quelque chose dont il n'allait plus jamais disputer, de cette trahison, de ce drame, de cette douleur que lui souffrait dans son corps, mais à laquelle il payait cher aussi, depuis, tous les jours. Et ils en ont discuté, là, dans mon cabinet. Et pour la première fois, le monsieur lui a dit Je te pardonne Alors j'ai essayé de partir avec ce bout de cap. J'ai dit au monsieur Maintenant, c'est votre écouche qui a le moyen de couper le dernier bras et… et vous vous en occuperez tous les deux. Voilà, j'ai suivi deux années plus tard que les choses avaient bien évolué. On voit ici bien la différence entre le signal et le problème. Alors je vous rappelle, c'est une histoire, ce ne sont pas toutes les histoires comme ça. Mais il y a dans cette histoire beaucoup de dimensions qu'on va retrouver à chaque fois dans les douleurs chroniques.

  • Speaker #1

    Ce qui me frappe quand même, c'est qu'on parle de la créativité, de la conscience virtuelle. Mais il faudrait aussi parler de la créativité du thérapeute. Les deux se conjuguent pour arriver à ce résultat-là.

  • Speaker #0

    Oui. Je reviendrai peut-être sur la créativité du thérapeute tout à l'heure, parce qu'ici, pour l'instant, c'est de la méthode. Tout à l'heure, on parlera d'histoires que le thérapeute raconte, qu'il invente. Depuis le début de mon parcours professionnel, je m'occupe très souvent de gens qui ont de telles douleurs dans toutes les parties du corps, et qui durent depuis un an, deux ans, cinq ans, dix ans, vingt ans. En fait, avant d'ouvrir mon cabinet en libéral, j'avais été... impliqué dans un des tout premiers centres pluridisciplinaires d'aide aux patients douloureux. C'était en 1987, j'ai été en formation en hypnose. Les deux médecins qui avaient pensé que c'était important de réunir une équipe avec un chirurgien, un médecin généraliste et un psychiatre pour regarder les différents aspects de la douleur chronique. C'est un des ancêtres des centres de la douleur chronique qui aujourd'hui sont très répandus et existants dans beaucoup de villes ou beaucoup d'établissements hospitaliers. En fait, ces centres de la douleur ont beaucoup d'intérêt, parce qu'ils vont permettre d'évaluer, de repérer quand il y a des douleurs organiques ou tissulaires. Quand les douleurs, on ne sait pas trop d'où elles viennent. C'est un peu embêtant dans les centres de douleurs chroniques, c'est leur organisation. C'est un problème souvent organisationnel. C'est-à-dire que si vous avez une douleur, on va dire depuis un an par exemple, on va parler de douleurs chroniques quand une douleur dure depuis plus de trois à six mois. On va dire six mois. Au bout de 6 mois, on va considérer que c'est une douleur chronique. C'est-à-dire qu'on va considérer que c'est une douleur pour laquelle les ressources naturelles de l'individu n'ont pas permis de trouver la solution. Si vous vous tendez la cheville, au bout de quelques jours, quelques semaines, il n'y aura plus de douleur. Si vous vous pincez le doigt dans une porte, ça va être au bout de quelques minutes, au bout d'une heure ou deux heures. Donc il y a un certain délai commun pendant lequel une douleur va durer. Si c'est une entorse, on va dire un mois, deux mois, trois mois. Au bout de 4 mois, 5 mois, 6 mois, ça commence à faire l'heure. Et on va se dire... il y a quelque chose qui va pas. Alors, est-ce qu'il y a quelque chose qui va pas au niveau de la réparation des tissus, des ligaments, de l'articulation, des muscles, dans des examens ? Et si les examens disent que tout est en place, on va se dire qu'il y a quelque chose d'autre qui est apparu. Et la douleur est en train de devenir chronique. Malheureusement, je disais dans les centres de douleur, les délais d'attente vont être très longs, plusieurs mois. Quand vous aurez été vu une fois, le délai d'attente pour un deuxième rendez-vous risque aussi d'être très long. Ça va un peu compliquer les soins. Comme ici, par exemple, l'utilisation de l'hypnose qui demande un suivi beaucoup plus dense, plus immédiat. Prenons le temps de définir la douleur. C'est quoi une douleur ? La définition officielle, internationale. De la douleur. De la dégueu et de la douleur.

  • Speaker #1

    De la douleur en général.

  • Speaker #0

    La douleur. Une douleur, c'est une expérience sensorielle et émotionnelle associée à une lésion tissulaire, donc encore une lésion tissulaire réelle ou potentielle, c'est-à-dire soit elle est réelle. il y a vraiment un déplacement en vertébrale, soit elle est potentielle et on ne trouve pas de déplacement en vertébrale. Soit elle est réelle et on voit que le tendon est toujours abîmé, soit elle est devenue virtuelle, on ne trouve plus de traces de lésions. Une douleur chronique, c'est une douleur aiguë qui perdure, qui dure, qui dure, plusieurs mois, plusieurs mois, plusieurs mois, et qui va durer des années et des années et des années. J'ai déjà vu des patients qui me disent, telle douleur, je l'ai depuis 50 ans, 500 ans. Donc elle fait partie de l'univers quotidien de cette personne-là. Dire douleur chronique ne dit rien du tout sur l'intensité. Une douleur chronique peut être modeste ou modérée, peu gênante, laissant faire les activités quotidiennes à peu près. Bon, quelquefois, telle douleur chronique va empêcher, par exemple, de porter un pack d'eau. Donc déjà, il va falloir modifier son mode de fonctionnement. Telle douleur va empêcher de faire du vélo. Telle douleur va empêcher de tailler les rosiers du jardin. Il y a des douleurs qui laissent faire la vie ordinaire, des douleurs qui gênent un peu, puis des douleurs qui vont altérer beaucoup, beaucoup, beaucoup la vie quotidienne. Telle personne ne pourra plus faire son jardin, un autre ne pourra plus faire de sport, un autre ne pourra plus monter ses escaliers, emmener les enfants à l'école. Donc ça va emmener des modifications qui peuvent être encore plus importantes, avec des patients, des gens qui ne vont plus pouvoir faire leur activité professionnelle, perdre d'emploi, des invalidités et des systèmes pour se mettre en place. Mais il faut aussi des gens qui ne peuvent presque plus rien faire à la maison. Tellement chaque pas est douloureux, chaque mouvement est douloureux, chaque geste. Donc on voit ici que, douloure chronique, on va avoir des intensités comme ça, très très variables, et des conséquences sur le long terme plus ou moins importantes. Vous voyez, pour ce monsieur dont on a raconté l'histoire, les conséquences étaient dans sa vie relationnelle, dans sa vie de couple, parce que bien sûr, il y a beaucoup de choses qu'il ne pouvait pas faire à cause de ses mouvements. et en particulier dans le domaine de la sexualité. À cause du coup, il ne pouvait pas faire d'activités sportives, aller à la piscine ou faire une randonnée. Il ne pouvait pas décoller. La seule chose qu'il pouvait faire et qu'il faisait bien, c'est tenir son commerce. C'est assez étrange aussi, les douleurs chroniques. C'est comme si, comme si, donc c'est une image, comme si la roue du temps s'arrête à l'intérieur de ces gens. C'est-à-dire que le début qui était là il y a un an, il y a cinq ans, il y a dix ans, c'est comme si le mode de fonctionnement qui... doit se transformer, qui se transforme chez chacun d'entre nous, qui évolue, qui change. Et bien chez ces gens-là, on va trouver un mode de fonctionnement qui va rester très très proche, voire absolument identique, quel que soit le moment où on regarde dans le passé. Et ce monsieur-là, 15 ans plus tard, il fonctionne exactement comme il y a 15 ans, comme s'il n'y avait pas eu d'évolution intérieure. Et là, on voit bien que la douleur, elle est là, permanente, mais il y a aussi autre chose qui est permanente, il y a quelque chose qui se fige à l'intérieur d'eux et rien n'évolue. Or, nous avons un système à terme qui est évolutif. naturellement évolutif, plastique, transformable. Parce que nous avons vu des nouvelles situations dans la vie, parce que nos enfants grandissent, parce que nos parents changent de ville, parce que nous déménageons. Et ça, c'est la fonction de la conscience virtuelle, de ces processus naturels d'évolution. Et bien, chez des gens qui ont des douleurs chroniques, bien souvent, ce système s'arrête. Et quand ce système s'arrête, non seulement il se fiche, mais il s'appauvrit. C'est-à-dire que les capacités de quelqu'un qui a une douleur chronique surtout importante et ancienne, bien sûr, et bien... se réduisent au fil du temps. C'est comme si la maladie devenait quand même de plus en plus grave. Les capacités de changement, les capacités de transformation, les capacités d'évolution se réduisent, se réduisent et se réduisent. On a même pu observer que certaines parties du cerveau se réduisent aussi. Il n'y a plus de sollicitation parce qu'il n'y a plus de nouveauté, parce qu'il n'y a plus de changement, parce qu'il n'y a plus d'expérience, parce qu'il n'y a plus d'activité. L'activité simone est l'activité répétitive. Et dans ce domaine répétitif, automatisé... chroniciser, mais tout le reste a tendance à s'arrêter. C'est pour ça que cette technique de réification est à la fois particulièrement étonnante et particulièrement efficace. Particulièrement étonnante parce que je peux rencontrer un patient qui est dans cet état figé depuis longtemps et pourtant, je sais par définition et par expérience qu'il y a des parties de lui, il a une conscience virtuelle. Et même si elle est très limitée, très réduite, rigidifiée, elle est présente. Il y a un noyau de créativité qui est vivant. Et cette technique-là, en allant vers quelque chose de plus en plus fin, de plus en plus fin, de plus en plus fin, jusqu'à quelque chose de très très très précis, comme cet objet est très précis, la créativité pour changer cet objet devient très faible. Il n'y a pas besoin de beaucoup d'idées, des brins de câbles, l'idée vient assez rapidement de les couper. Il n'est pas question de changer sa vie, il n'est pas question de changer sa manière de fonctionner au quotidien. Juste couper quelques brins de câbles, ça c'est possible. tout petit peu le symptôme, ça génère un peu de mobilité, un peu de mouvement, un peu de souplesse, un peu de respiration, et ça va remettre, peut remettre potentiellement, un système comme ça, un cercle vertueux qui va se remettre en peau et qui va se réactiver. Et on va souvent se rendre compte que quand ce système se remet en route, il y a d'autres genres de changements qui vont apparaître dans les vies des gens. Souvent des changements dans leurs relations, des changements dans leur travail, des changements dans leurs habitudes.

  • Speaker #1

    Mais là, dans l'exemple que vous nous avez donné de cette Cet homme avec ce câble le long de sa nuque vers son épaule, je veux dire, la raison de cette douleur n'était pas une raison physique, pas une raison... Oui, n'était pas provoquée par une lésion physique. Mais quand il y a une douleur chronique liée à un problème physique, est-ce qu'on peut de la même façon la faire disparaître ou l'améliorer ?

  • Speaker #0

    D'abord, avant tout traitement hypnotique d'une douleur ou d'une manifestation corporelle, Il y a toujours un bilan médical. Bien sûr, moi je dois être sûr qu'il n'y a pas une fracture de la mâchoire. Donc, c'est vrai pour toutes les douleurs dans le dos, les douleurs dans le ventre. Supposons qu'on a un tétien qui se plane l'estomac depuis plusieurs semaines, qui dit, je vais faire de l'hypnose pour calmer la douleur. Peut-être que l'hypnose va calmer la douleur. Donc, peut-être calmer le signal, réduire le signal. Et là, c'est dangereux. Réduire le signal d'un ulcère débutant. Et donc... faire courir aux patients le risque que cette ulcère s'amplifie jusqu'à se perforer et faire un accident beaucoup plus grave. Donc, il y aura toujours un bilan de la douleur. Alors, il y a bien sûr aussi des gens qui ont des douleurs durables, résistantes, récidivantes, qui perdurent parce qu'ils ont une pathologie organique. On sait bien, par exemple, que certaines pathologies pancéreuses vont entraîner des douleurs très importantes, peuvent durer des mois ou des années, que certaines maladies digestives, maladies de Crohn, par exemple, vont entraîner des douleurs importantes, qu'avec l'âge, l'arthrose va entraîner des douleurs importantes. articulaires. Alors, dans ces cas de figure, projet thérapeutique n'est plus le même. Projet thérapeutique, cette fois-ci, on retrouve un peu le principe de protection qu'on avait évoqué plus avant, mais aussi de soulagement. Il va être question de réduire la douleur, de faire en sorte que les gens supportent mieux, peut-être de les aider par l'hypnose à espacer les phases douloureuses, peut-être de permettre à l'hypnose de pouvoir s'endormir, d'avoir un meilleur sommeil. Donc peut-être c'est grâce à l'hypnose de retrouver de la souplesse par la mentalisation du mouvement. Mais c'est aussi par l'hypnose de s'installer dans un lieu agréable, mentalement, d'aller chercher de la tranquillité, du mieux-être. Ces choses-là vont être très précieuses. Mais le projet n'est pas de traiter la maladie sous-jacente. Alors, de manière assez curieuse, il peut arriver que tel patient qui souffre d'arthrose depuis des années, au niveau de la hanche par exemple, ait une arthrose. identifié et officiel, en faisant de l'hypnose et en répétant des séances d'auto-hypnose, va avoir un soulagement conséquent. Voilà, je peux penser à une dame, une jeune femme à une trentaine d'années, qui est venue me rencontrer il y a quelques années maintenant, avec pathologie douloureuse majeure. Chez elle, il était question d'une compression du nerf pudendal. Par le passé, le nerf pudendal s'appelait le nerf honteux interne. C'est le nerf qui s'occupe de toutes les zones du périnée, de l'anus, de la vulve. Cette... Plus d'un d'abjits est très très violente et entraîne beaucoup beaucoup de dysfonctionnement de cette zone du corps, ce qui était le cas chez elle. Elle avait cette douleur depuis deux ans, sans que personne ne sache très bien ce qui lui était arrivé. Des fois ça arrive après une chirurgie, des fois ça arrive après un traumatisme. Bon, chez elle ce n'était pas le cas, mais tellement de douleurs qu'elle ne pouvait plus travailler depuis un an. Je faisais un renseignant, qu'elle ne sortait quasiment pas de chez elle. Pour sortir de chez elle, quand elle voulait s'asseoir, il fallait qu'elle emmène un coussin spécial. Donc sa vie était devenue un vrai cauchemar. Il n'avait plus de vie amoureuse avec son compagnon. Et on a fait cette séance d'hypnose, de réification, qui l'a soulagé, mais ça n'a pas été suffisant. Alors j'ai proposé d'apprendre à faire de l'auto-hypnose avec une technique de base pour aller dans un lieu agréable. Dans cette séance, elle s'est imaginée qu'elle allait dans l'eau, de l'eau à température agréable, dans un cavern magnifique, et elle nage. On s'est vus début juillet, et après, en fonction des déplacements, des absences des uns des autres, on ne s'est revus que début septembre. Et en début septembre, la première phrase qu'elle me dit, J'ai retrouvé ma vie, comme si elle avait dit auparavant, j'ai perdu ma vie. J'ai retrouvé ma vie. Je reprends l'enseignement à la rentrée. Ma vie personnelle, ça va bien. Je reviens. Alors j'étais moi très étonné. Cette maladie-là est souvent très difficile à soigner. Elle a fait deux séances d'auto-hypnose pour aller nager dans l'eau. Tous les jours, tous les jours, tous les jours. Et elle m'a dit, je n'ai pas raté une journée. Et bien le résultat était à la hauteur de son engagement. Et d'ailleurs, pour participer sur un thème qu'on va aborder plus tard, c'est une des histoires qui m'a fait prendre conscience à quel point l'auto-hypnose pouvait aider des gens à se soigner. Ça, ça fait une dizaine d'années, j'ai vraiment été impressionné. Alors, d'autres exemples de dorification, oui, bien sûr. Ce monsieur a une cinquantaine d'années, naturellement sportif, dynamique, sauf depuis 3-4 ans, il y a une douleur qui est apparue dans son dos, dans tout le dos, depuis les épaules jusqu'au bassin. comme si son dos s'était rigidifié. Il n'a pas à ce jour trouvé de traitement à le soulager. Et en fait, c'est comme si cette rigidification était en train d'augmenter progressivement. Et il continue à travailler, mais il dit, c'est de plus en plus pénible d'aller au goulot. Et à un moment, il me dit cette expression, qui pourrait être presque inventée pour notre échange, j'en ai plein d'eau. Avec lui, une idée du mécanisme d'apparition de la douleur a été beaucoup plus simple. Donc il me dit, ça fait quatre ans. À peu près. Ça a commencé après les vacances d'été, quand je devais retourner au boulot. Je n'avais pas envie de dire. Parce qu'ils m'avaient fait une sacrée vacherie au mois de juin. Moi, je travaille dans un hôpital. Je travaille dans cet hôpital-là depuis bien des années, tout s'est toujours très bien passé, on nous fait travailler de plus en plus, il y a de plus en plus de choses à faire. Donc moi j'ai toujours fait, m'occuper des différentes commissions, consultations, donner du temps, et du temps, et du temps, et du temps. Et il était question de monter une consultation spécialisée pour des enfants, et je m'étais porté volontaire parce que ça m'intéresse beaucoup, ce genre de pathologie, les chevaux par rapport au diabète. Et pendant un an, deux ans, j'ai beaucoup travaillé pour que ça puisse se faire. Et donc j'ai fait ça en... en plus de tout ce que je faisais avant, mais avec enthousiasme. La finalité me paraissait justifier largement tout cet engagement. Et puis au mois de juin, j'ai appris que maintenant, tout le processus était prêt pour se mettre à fonctionner à la rentrée. Mais c'est un collègue à moi qui allait devenir responsable de cette unité pour les enfants, parce que, compte tenu de son parcours, parce que ceci, parce que cela. Il me dit que ça a été très douloureux, ça m'a fait beaucoup de mal. Puis voilà, le mois de juillet, qu'après je suis parti en vacances en famille, passer des bonnes vacances. Puis c'est au retour, au retour, j'ai commencé à... à sentir mon dos pas bien, et puis de plus en plus, et de plus en plus, et de plus en plus. Alors, à un premier temps, personne n'a fait de lien avec cette histoire de travail, et moi non plus. On a pensé que j'avais des problèmes, que j'avais peut-être déplacé une vertèbre, que j'avais des problèmes musculaires, de l'arthrose. Et lui me dit, le jour où j'en compte, il dit, mais maintenant, moi je suis sûr que c'est cette histoire de nouleau que je porte. On avait fait son propre diagnostic. Oui, oui, et déjà entre... Oui, en plus, ça, j'avais une dé... des habits. Et chez lui, c'était assez intéressant, la description, il a fini par décrire une planche de bois qui prenait toute la largeur de son dos, épaisse, de peut-être 4 ou 5 centimètres d'épaisseur, et en bois très dur, du chêne même. Un clou, vous dites ? Oui. Lourd, très dur, très raide, et il portait ça tout le temps, tout le temps. L'idée qui lui est venue pour changer cette plaque-là, c'est de la raboter, d'utiliser un rabot. Alors un rabot, ça n'enlève que des petits coups de bois à chaque fois. Dans la séance, il a commencé à le raboter. Et puis, à la fin de la séance, il me dit comment je fais pour continuer. Je dis que quand vous sentez que c'est bien pour vous, vous vous installez, vous imaginez cette plaque de bois et puis vous imaginez que vous la rabotez. C'est un monsieur que j'ai revu quelques mois plus tard, mais dans le cas professionnel, pas dans mon cabinet. Donc, on a discuté un peu tous les deux. Je lui ai dit, vous en êtes où avec votre plaque de bois ? Il me dit, je rabote, je continue à raboter. Mais il n'en reste plus beaucoup. Mais je sais déjà que quand il n'y aura plus cette plaque de bois du tout, je vais quitter l'hôpital. Je suis en train de me préparer à faire autre chose dans ma vie. Il va aller dans un autre établissement. Il dit, je ne peux pas rester ici. Et on a parté. Donc, c'est un monsieur que j'ai revu depuis et qui maintenant vient des fois, il vient en congrès d'hypnose. Et puis, effectivement, il a changé d'hôpital, il a changé de fonction, il va très bien. Et il dit, à tort ou à raison, mais en tout cas, il dit comme ça, que ce n'est pas une hypnose. Il est en train de sombrer, d'arrêter sa vie, de tomber dans la dépression. Alors, une autre histoire. Tiens, parfois, on peut se demander comment des objets vont être transformés ou modifiés pendant la séance d'horification. Je vous en revotais juste deux, qui sont assez classiques, assez représentatives. Par exemple, une dame a une grosse boule de caoutchouc qui est là, quelque part derrière l'osternum, au milieu de la poitrine. Une grosse boule de caoutchouc qui coince un peu tout à l'intérieur. C'est difficile de respirer, c'est difficile de bouger. Elle a imaginé de faire un massage de ces boules de caoutchouc avec une crème, une crème qui allait rendre le caoutchouc plus souple. Donc elle l'a massé, elle l'a massé, elle l'a massé. Et petit à petit, le caoutchouc était... boule dure, on peut dire une grosse basse de tennis, est devenue comme de la pâte à modeler, beaucoup plus souple, et puis pour en prendre des formes qui s'adaptent plus à l'intérieur de son corps. Voilà la créativité de la conscience virtuelle. Et là, c'est Thaï qui a trouvé... Ah oui, c'est Thaï, c'est toujours le patient qui trouve la solution, avec sa manière à lui de penser les choses. En fait, beaucoup de gens vont imaginer un déplacement de l'objet. Par exemple, ça c'est une... Toute jeune femme, elle a une douleur au talon. Au talon depuis des années, 3 ans, 4 ans, 5 ans. Juste au milieu du talon. Et cette douleur, progressivement, l'a empêchée de marcher, de faire ses activités, de se déplacer, de danser bien sûr, ou de courir. Pour le reste, ça fonctionne, mais il y a toute une partie de sa vie qui est arrêtée, qui est figeuse. Alors elle a décrit, elle a décrit en fait une petite bille, quelques millimètres, une petite bille en acier, très très dure, très lisse, très enfoncée dans son corps, dans son talon. toujours au même endroit, une bille rouge vif, brûlante, chaude, très très chaude, voire brûlante, et coincée là. Les changements, ça aurait pu être de la refroidir, ça aurait pu être de découper cette bille, ça aurait pu être de l'envelopper de quelque chose. Eh bien non, l'idée qui est venue, c'était de mettre la bille dans un endroit qu'elle ait moins gênée. Alors elle a imaginé qu'elle pouvait décoller cette bille de là où elle était. Elle l'a mise au milieu du mollet, là où il y avait de la place, et à la fin de la séance, elle est touchée à son mollet et dit Ah ouais, elle est là, hein. Mais... Et elle appuyait sur son talon en même temps. Je disais, ben non, elle n'est plus là. Vous voyez, ça fait l'effet d'enlever une épine dans le pied. Il y a encore un peu des sensations qui m'ont duré. Mais c'était cet effet-là. Donc déplacement, modification, transformation, refroidir, selon l'imagination des gens.

  • Speaker #1

    Le podcast Hypnose et Santé est une création Emergences. Pour toute question, nous serons heureux de vous accueillir sur hypnoses.com.

Description

Le Dr Claude Virot vous explique comment créer le plus petit changement avec la personne douloureuse chronique. Car bien souvent, au fil des mois voire des années, tout le quotidien est régi par la douleur qui s'immisce dans toutes les strates de la vie.


Emergences, soignants et soignés en bonne santé.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Hypnose et santé, le podcast d'Emergences. L'hypnose peut être particulièrement utile dans le cadre des douleurs chroniques. Mais à partir de quand peut-on parler de douleurs chroniques ? Quelle technique hypnotique peut être privilégiée ? Avec quelle intention ? Le docteur Claude Virot vous raconte ici quelques récits de patients qui se sont mis en mouvement.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'on peut aussi parler de la créativité pour se remettre en mouvement ?

  • Speaker #0

    Oui, on a évoqué l'idée déjà plusieurs fois que la créativité est une des fonctions majeures de la conscience, de notre conscience virtuelle. On m'a déjà dit de la créativité, on va la retrouver dans notre jardin, dans la cuisine, dans la musique, ou pour raconter une histoire à un enfant le soir quand il va se coucher. Beaucoup de gens développent des compétences créatives, c'est-à-dire qu'ils inventent des choses. On n'a pas conscience. Non, tant que créatif. Au quotidien. Beaucoup, beaucoup, beaucoup de gens, la plupart des gens, probablement tout le monde, à un moment ou à un autre, ils inventent des choses. Un bricoleur qui est dans son garage, il développe une créativité incroyable pour faire des nouvelles choses. Je raconte une histoire d'immobilité. Ce monsieur a une quarantaine d'années. Depuis 15 ans, il souffre le martyr avec des douleurs au niveau de sa mâchoire. au niveau de son cou, ou jusque presque dans l'épaule, des douleurs terribles qui font qu'il est... Il y a toujours une espèce de tension, de tension qui ramène sa tête vers son épaule, qui l'amène à avoir la tête sur le côté. Une tension et une douleur permanente, permanente, permanente. Alors, dès qu'il veut tourner la tête dans l'autre sens ou faire autre chose, donc il ne peut pas faire d'activité sportive, alors il travaille, il a une activité professionnelle, il a... Trouver des positions qui sont moins difficiles. Alors, 15 ans, ça a commencé comme une douleur aiguë. Toujours une douleur, d'abord elle est aiguë, mais elle a un début un peu tout classique. Il a bien sûr été pensé qu'il avait un problème dentaire, ou bien qu'il avait un problème de déplacement peut-être dans une articulation, peut-être dans le cou, dans les cervicales. Alors bien sûr, il a eu des examens qui n'ont pas été probants. Le dentiste a soigné quelques dents, ça n'a pas changé grand-chose. Les cannaires, les radios n'ont pas trouvé non plus de raison particulière. Alors on s'est demandé s'il avait une maladie générale, une maladie de système. Donc il a eu des antalgiques, des anti-inflammatoires, des corticoïdes, des massages, des mobilisations par le kiné. Il a pris des traitements beaucoup plus complexes dans des centres de la douleur. Rien n'y a fait. Ses douleurs sont restées les mêmes, avec de temps en temps des toutes petites améliorations, puis des moments d'amplification. Donc il y a quelques variations dans l'intensité. Globalement, il souffre toujours autant qu'il y a 15 ans. Il a entendu dire que l'hypnose pourrait peut-être l'aider. Je l'ai reçu ici. On a fait un entretien d'évaluation comme à chaque fois. Je me l'ai déjà dit plusieurs fois pour connaître un peu son histoire, l'histoire de sa douleur, l'histoire de ses traitements. Son contexte de vie, c'est un monsieur qui est marié, qui a trois enfants. Les enfants vont bien, le couple va bien, même s'il dit qu'une fois c'est un peu compliqué entre eux. Sur le plan de sa famille, au sens plus large, il n'a rien de particulier. Il est dans le commerce avec son épouse. Donc il ne raconte rien de particulièrement significatif par rapport à ses douleurs. L'origine aussi de ses douleurs reste mystérieuse. Et c'est assez souvent le cas pour les... douleurs qui vont devenir chroniques. Elles apparaissent sans trop savoir ce qui a pu la gêner. Alors, on va faire une séance d'hypnose très spécifique et très particulière pour les troubles chroniques qui sont fixés dans le corps. Cette technique a un nom. Elle s'appelle la chosification. Le nom un peu plus technique, c'est la réification puisque dans le mot réification, on trouve le mot res qui veut dire la chose, comme la res publica, la chose publique. En fait, tout le monde connaît Cette chosification, tout le monde l'utilise de manière naturelle, au moins pour décrire une douleur. Peut-être avez-vous eu un jour une douleur dans l'épaule, ou dans le dos, ou dans un genou. Et quand vous avez voulu en parler, votre médecin, peut-être qu'un proche de vous, vous avez dit Oh, c'est comme si j'avais un clou d'enfoncé dans le genou, dans l'épaule. Ou bien C'est comme si j'avais une boule dans le ventre. Ou bien Comme si dans ma tête, c'était comme un terrien de cocotte minute. Tout est sous pression. Ou bien, j'ai l'impression d'avoir une barre dans le dos. Bon, évidemment, on ne va jamais trouver ni barre, ni pression dans le crâne, ni boule dans le ventre, ni clou. Simplement, notre créativité, notre imaginaire a fait un lien entre un objet de la vie. réelle et une sensation. Et ça va permettre de mieux décrire ce que je ressens. Le clou, là, dans l'épaule, c'est comme une pointe pour un tapissier. Ah non ! C'est les clous que mettent les charpentiers. Les clous du 110. Énorme ! Donc, c'est aussi une manière de donner une image de l'intensité, de la gravité. Alors, la chosification, la réification, nous allons l'utiliser avec ce monsieur. Dans notre quotidien... Nous l'utilisons pour décrire. Ici, nous allons pouvoir apprendre à ce patient à l'utiliser, la même justification, pour soigner. On va avoir deux phases. Une phase de description, c'est-à-dire que cette sensation qu'il a dans le corps, nous allons la décrire. Même s'il a déjà un objet qui est un modèle pour lui, on va reprendre toute la description. Ça va nous permettre de fabriquer un nouvel objet. Ça, c'est la première phase. La deuxième phase, ce sera de modifier cet objet. Alors, qu'est-ce qui s'est passé ? D'abord, cette douleur, elle était depuis la mâchoire jusqu'à la clavicule. Donc, elle avait un trajet, comme une ligne toute droite et assez fine. Donc, comme s'il y avait une sorte de fil. Voilà, vous pensez à un fil. Quel genre de matériau ? Oh, un fil ! très très dur, comme du fil de fer. Ou non, plus que ça. Comme un câble. Un câble qui est enfoncé dans la mâchoire et qui est enfoncé dans la cabique. Ce qui fait que dès que je tire dessus, c'est terrible. Le câble est toujours au même endroit. Il n'est ni chaud ni froid. Il est très raide. Comme c'est un câble, il est fait de plusieurs brins. Combien de brins vous pouvez imaginer ce câble ? Il était donc dans une transe hypnotique. Alors il imagine son câble, et à un moment il me dit douze bras D'accord, très bien, vous auriez pu dire un ou trois. Un câble c'est toujours plusieurs bras. Bien, et je lui dis quelle couleur est ce câble-là ? Noir, très très noir Tous les brins sont noirs ? Il me dit oui, tous les brins sont noirs, ils sont tous pareils Donc voilà une description, et qui est très personnelle, qui est très unique. C'est-à-dire que ce n'est plus un cou comme tout le monde, il a maintenant un câble qui est accroché à un endroit très précis, qui est fixé en bas dans un endroit très précis, qui a une couleur, qui a une épaisseur, qui a un trajet, qui a un matériau, qui a plusieurs petits brins. Et de tout mon parcours professionnel, c'est le seul patient que j'ai vu avec un câble noir. qui est tendu entre l'Amandine. C'est-à-dire qu'il n'y a jamais deux descriptions identiques. Le fait que ce soit une description précise, précise, précise, précise, va aussi générer un processus de focalisation, focalisation, focalisation, focalisation. Autrement dit, ça va générer un processus de transe très intense, très très intense. Et on a déjà dit que plus la transe est intense, plus elle donne de marge de manœuvre pour faire des modifications. Maintenant, la deuxième phase va consister à lui proposer de modifier cet objet. Il y a une partie dont sa conscience virtuelle étant activée, je lui demande, est-ce qu'il y a une partie de vous qui peut imaginer une manière d'améliorer les choses ? Alors, il y a toujours un délai de réponse. Je dis, la conscience virtuelle s'y prend plus de temps par rapport à la conscience critique. Et puis, il me dit, oh oui, il faut couper le câble. Oui, d'accord, il faut couper le câble. Je lui dis, avec quoi vous allez le couper ? Elle me dit, il faut une pince. Une pince que vous allez trouver où ? Chez moi, à Taouti, je pince. Imaginez que vous allez la chercher, vous revenez avec votre pince, et quand vous l'avez, vous me dites, il a sa pince, donc je l'imagine aussi que sa pince à ma main, le cas. Ici, il y a une notion extrêmement importante de prudence. Cette douleur existe depuis longtemps, et cette douleur a beaucoup modifié sa manière de vivre. Bien sûr, ce câble pourrait être coupé en une seule fois. Il ne va pas rester suffisamment puissant. Mais les praticiens qui utilisent l'hypnose depuis très longtemps se sont rendus compte que quand le changement est trop brutal, il peut faire l'effet inverse de ce qu'on souhaite. Un peu comme si ça allait déstabiliser tout un équilibre. Un équilibre double recerque, mais un équilibre quand même qui s'est installé au fil des ans. Et le déséquilibrer, ça va pouvoir générer une autre douleur. ou un trouble dépressif ou des phases d'angoisse. Donc, il faut être très prudent dans ces phases, dans ces moments. Alors, je lui dis, il y a douze brins. Aujourd'hui, je vous autorise à en couper six. Alors, elle en a coupé six. Et en ayant coupé six, ça l'a soulagé. Donc, il y avait du mieux. Il y avait du mieux. Elle était contente. Et il est parti avec ce soulagement. On s'est revus quelques jours plus tard. Et de fait, il se sentait un petit peu mieux. C'était un peu moins tendu. C'était un peu moins douloureux. Voilà, il a pu bouger de manière un peu plus favorable pour lui. Mais bon, quand j'ai cherché avec lui, s'il y a eu d'autres changements, d'autres nouveautés dans son fonctionnement, eh bien non. Eh bien non. Par exemple, je me suis intéressé à sa relation avec son épouse. Elle m'a dit non, c'est toujours aussi tendu. Alors on a fait une séance de réification. Il a retrouvé son câble noir avec des six brins qui étaient intacts. Et là encore, par prudence, je lui ai proposé d'en couper cinq sur six, d'en garder encore un. Il a accepté. Il a accepté, donc il s'est imaginé couper cinq brins. Il n'y avait plus qu'un brin qui tenait. Mais un brin de fil de câble, c'est encore très solide. Alors il est rentré chez lui, j'en sais revu. Mais cette fois-ci, il y avait eu plus de relâchement, plus de mouvement, plus de souplesse à apparaître chez lui. Et il m'a raconté une toute autre histoire. Nous avons déjà dit bien des fois que le symptôme est un signal et qu'à la base, il y a un problème. Lorsqu'il a une vingtaine d'années, il rencontre une jeune femme, il démarre une relation amoureuse. Très bien, très bien. Très très bien, ils travaillent chacun dans une société, ils ont tous les deux le souhait d'ouvrir un commerce. Ça leur est dit à tous les deux, mais ouvrir un commerce ça demande des moyens, ce que lui n'a pas. Mais les parents de sa compagne sont d'accord de les aider financièrement, de manière importante. Alors ils ouvrent ce magasin, et ça démarre très bien, et décident de se marier. Ce qu'ils font, quelques mois plus tard, et quelques mois encore après le mariage. Ce monsieur découvre que sa toute jeune épouse a une autre relation amoureuse. Et une relation amoureuse qu'elle entretient depuis plus d'un an, déjà avant le mariage, de manière bien moins secrète. Alors c'est ça, c'est un choc terrible. Son premier réflexe est de se séparer, bien sûr. Quel trahison, alors que leur vie de couple commence à peine. Mais il y a un deuxième niveau de réflexion qui vient. D'abord, il se dit qu'il est très, très amoureux d'elle. Ils en ont déjà parlé de cette relation, de cette autre relation amoureuse, qu'elle s'est engagée d'arrêter, qu'elle regrettait. Mais il s'est rendu compte aussi que tous ses rêves de commerce s'effondraient et aussi qu'il était très endetté, qu'il avait devoir rembourser beaucoup, beaucoup d'argent. Et tout ça mis bout à bout, on pourrait dire que la raison a pris le dessus sur les émotions. il a décidé de continuer sa vie de couple avec son époux. Mais même si la décision était prise, par l'un comme par l'autre, leur relation n'a jamais retrouvé l'harmonie qu'elle avait auparavant. Il y a eu des tensions tout le temps, tout le temps. Et il m'a dit aussi, dès le départ, quand il a pris la décision raisonnable, il me dit, à ce moment-là, je me suis dit, eh bien, je vais serrer les dents. Voilà, je vais serrer les dents. Et il donnait une image. Là, c'est un cas particulier, une image. On imagine serrer les dents et devenir tout serré comme ça, pour tenir le coup. C'est presque comme si à un moment donné, ce câble avait pu l'aider à tenir sa tête ou à résister. Voilà, puis la vie a passé, les années ont passé, ils ont fait des enfants. Ce sont de bons parents, mais leur couple n'a jamais été libéré en quelque sorte. C'était une toute autre histoire. Alors je lui ai proposé de venir au rendez-vous suivant avec son épouse. Elle était tout à fait d'accord de venir. Et ils ont disputé. Quinze ans plus tard, de quelque chose dont il n'allait plus jamais disputer, de cette trahison, de ce drame, de cette douleur que lui souffrait dans son corps, mais à laquelle il payait cher aussi, depuis, tous les jours. Et ils en ont discuté, là, dans mon cabinet. Et pour la première fois, le monsieur lui a dit Je te pardonne Alors j'ai essayé de partir avec ce bout de cap. J'ai dit au monsieur Maintenant, c'est votre écouche qui a le moyen de couper le dernier bras et… et vous vous en occuperez tous les deux. Voilà, j'ai suivi deux années plus tard que les choses avaient bien évolué. On voit ici bien la différence entre le signal et le problème. Alors je vous rappelle, c'est une histoire, ce ne sont pas toutes les histoires comme ça. Mais il y a dans cette histoire beaucoup de dimensions qu'on va retrouver à chaque fois dans les douleurs chroniques.

  • Speaker #1

    Ce qui me frappe quand même, c'est qu'on parle de la créativité, de la conscience virtuelle. Mais il faudrait aussi parler de la créativité du thérapeute. Les deux se conjuguent pour arriver à ce résultat-là.

  • Speaker #0

    Oui. Je reviendrai peut-être sur la créativité du thérapeute tout à l'heure, parce qu'ici, pour l'instant, c'est de la méthode. Tout à l'heure, on parlera d'histoires que le thérapeute raconte, qu'il invente. Depuis le début de mon parcours professionnel, je m'occupe très souvent de gens qui ont de telles douleurs dans toutes les parties du corps, et qui durent depuis un an, deux ans, cinq ans, dix ans, vingt ans. En fait, avant d'ouvrir mon cabinet en libéral, j'avais été... impliqué dans un des tout premiers centres pluridisciplinaires d'aide aux patients douloureux. C'était en 1987, j'ai été en formation en hypnose. Les deux médecins qui avaient pensé que c'était important de réunir une équipe avec un chirurgien, un médecin généraliste et un psychiatre pour regarder les différents aspects de la douleur chronique. C'est un des ancêtres des centres de la douleur chronique qui aujourd'hui sont très répandus et existants dans beaucoup de villes ou beaucoup d'établissements hospitaliers. En fait, ces centres de la douleur ont beaucoup d'intérêt, parce qu'ils vont permettre d'évaluer, de repérer quand il y a des douleurs organiques ou tissulaires. Quand les douleurs, on ne sait pas trop d'où elles viennent. C'est un peu embêtant dans les centres de douleurs chroniques, c'est leur organisation. C'est un problème souvent organisationnel. C'est-à-dire que si vous avez une douleur, on va dire depuis un an par exemple, on va parler de douleurs chroniques quand une douleur dure depuis plus de trois à six mois. On va dire six mois. Au bout de 6 mois, on va considérer que c'est une douleur chronique. C'est-à-dire qu'on va considérer que c'est une douleur pour laquelle les ressources naturelles de l'individu n'ont pas permis de trouver la solution. Si vous vous tendez la cheville, au bout de quelques jours, quelques semaines, il n'y aura plus de douleur. Si vous vous pincez le doigt dans une porte, ça va être au bout de quelques minutes, au bout d'une heure ou deux heures. Donc il y a un certain délai commun pendant lequel une douleur va durer. Si c'est une entorse, on va dire un mois, deux mois, trois mois. Au bout de 4 mois, 5 mois, 6 mois, ça commence à faire l'heure. Et on va se dire... il y a quelque chose qui va pas. Alors, est-ce qu'il y a quelque chose qui va pas au niveau de la réparation des tissus, des ligaments, de l'articulation, des muscles, dans des examens ? Et si les examens disent que tout est en place, on va se dire qu'il y a quelque chose d'autre qui est apparu. Et la douleur est en train de devenir chronique. Malheureusement, je disais dans les centres de douleur, les délais d'attente vont être très longs, plusieurs mois. Quand vous aurez été vu une fois, le délai d'attente pour un deuxième rendez-vous risque aussi d'être très long. Ça va un peu compliquer les soins. Comme ici, par exemple, l'utilisation de l'hypnose qui demande un suivi beaucoup plus dense, plus immédiat. Prenons le temps de définir la douleur. C'est quoi une douleur ? La définition officielle, internationale. De la douleur. De la dégueu et de la douleur.

  • Speaker #1

    De la douleur en général.

  • Speaker #0

    La douleur. Une douleur, c'est une expérience sensorielle et émotionnelle associée à une lésion tissulaire, donc encore une lésion tissulaire réelle ou potentielle, c'est-à-dire soit elle est réelle. il y a vraiment un déplacement en vertébrale, soit elle est potentielle et on ne trouve pas de déplacement en vertébrale. Soit elle est réelle et on voit que le tendon est toujours abîmé, soit elle est devenue virtuelle, on ne trouve plus de traces de lésions. Une douleur chronique, c'est une douleur aiguë qui perdure, qui dure, qui dure, plusieurs mois, plusieurs mois, plusieurs mois, et qui va durer des années et des années et des années. J'ai déjà vu des patients qui me disent, telle douleur, je l'ai depuis 50 ans, 500 ans. Donc elle fait partie de l'univers quotidien de cette personne-là. Dire douleur chronique ne dit rien du tout sur l'intensité. Une douleur chronique peut être modeste ou modérée, peu gênante, laissant faire les activités quotidiennes à peu près. Bon, quelquefois, telle douleur chronique va empêcher, par exemple, de porter un pack d'eau. Donc déjà, il va falloir modifier son mode de fonctionnement. Telle douleur va empêcher de faire du vélo. Telle douleur va empêcher de tailler les rosiers du jardin. Il y a des douleurs qui laissent faire la vie ordinaire, des douleurs qui gênent un peu, puis des douleurs qui vont altérer beaucoup, beaucoup, beaucoup la vie quotidienne. Telle personne ne pourra plus faire son jardin, un autre ne pourra plus faire de sport, un autre ne pourra plus monter ses escaliers, emmener les enfants à l'école. Donc ça va emmener des modifications qui peuvent être encore plus importantes, avec des patients, des gens qui ne vont plus pouvoir faire leur activité professionnelle, perdre d'emploi, des invalidités et des systèmes pour se mettre en place. Mais il faut aussi des gens qui ne peuvent presque plus rien faire à la maison. Tellement chaque pas est douloureux, chaque mouvement est douloureux, chaque geste. Donc on voit ici que, douloure chronique, on va avoir des intensités comme ça, très très variables, et des conséquences sur le long terme plus ou moins importantes. Vous voyez, pour ce monsieur dont on a raconté l'histoire, les conséquences étaient dans sa vie relationnelle, dans sa vie de couple, parce que bien sûr, il y a beaucoup de choses qu'il ne pouvait pas faire à cause de ses mouvements. et en particulier dans le domaine de la sexualité. À cause du coup, il ne pouvait pas faire d'activités sportives, aller à la piscine ou faire une randonnée. Il ne pouvait pas décoller. La seule chose qu'il pouvait faire et qu'il faisait bien, c'est tenir son commerce. C'est assez étrange aussi, les douleurs chroniques. C'est comme si, comme si, donc c'est une image, comme si la roue du temps s'arrête à l'intérieur de ces gens. C'est-à-dire que le début qui était là il y a un an, il y a cinq ans, il y a dix ans, c'est comme si le mode de fonctionnement qui... doit se transformer, qui se transforme chez chacun d'entre nous, qui évolue, qui change. Et bien chez ces gens-là, on va trouver un mode de fonctionnement qui va rester très très proche, voire absolument identique, quel que soit le moment où on regarde dans le passé. Et ce monsieur-là, 15 ans plus tard, il fonctionne exactement comme il y a 15 ans, comme s'il n'y avait pas eu d'évolution intérieure. Et là, on voit bien que la douleur, elle est là, permanente, mais il y a aussi autre chose qui est permanente, il y a quelque chose qui se fige à l'intérieur d'eux et rien n'évolue. Or, nous avons un système à terme qui est évolutif. naturellement évolutif, plastique, transformable. Parce que nous avons vu des nouvelles situations dans la vie, parce que nos enfants grandissent, parce que nos parents changent de ville, parce que nous déménageons. Et ça, c'est la fonction de la conscience virtuelle, de ces processus naturels d'évolution. Et bien, chez des gens qui ont des douleurs chroniques, bien souvent, ce système s'arrête. Et quand ce système s'arrête, non seulement il se fiche, mais il s'appauvrit. C'est-à-dire que les capacités de quelqu'un qui a une douleur chronique surtout importante et ancienne, bien sûr, et bien... se réduisent au fil du temps. C'est comme si la maladie devenait quand même de plus en plus grave. Les capacités de changement, les capacités de transformation, les capacités d'évolution se réduisent, se réduisent et se réduisent. On a même pu observer que certaines parties du cerveau se réduisent aussi. Il n'y a plus de sollicitation parce qu'il n'y a plus de nouveauté, parce qu'il n'y a plus de changement, parce qu'il n'y a plus d'expérience, parce qu'il n'y a plus d'activité. L'activité simone est l'activité répétitive. Et dans ce domaine répétitif, automatisé... chroniciser, mais tout le reste a tendance à s'arrêter. C'est pour ça que cette technique de réification est à la fois particulièrement étonnante et particulièrement efficace. Particulièrement étonnante parce que je peux rencontrer un patient qui est dans cet état figé depuis longtemps et pourtant, je sais par définition et par expérience qu'il y a des parties de lui, il a une conscience virtuelle. Et même si elle est très limitée, très réduite, rigidifiée, elle est présente. Il y a un noyau de créativité qui est vivant. Et cette technique-là, en allant vers quelque chose de plus en plus fin, de plus en plus fin, de plus en plus fin, jusqu'à quelque chose de très très très précis, comme cet objet est très précis, la créativité pour changer cet objet devient très faible. Il n'y a pas besoin de beaucoup d'idées, des brins de câbles, l'idée vient assez rapidement de les couper. Il n'est pas question de changer sa vie, il n'est pas question de changer sa manière de fonctionner au quotidien. Juste couper quelques brins de câbles, ça c'est possible. tout petit peu le symptôme, ça génère un peu de mobilité, un peu de mouvement, un peu de souplesse, un peu de respiration, et ça va remettre, peut remettre potentiellement, un système comme ça, un cercle vertueux qui va se remettre en peau et qui va se réactiver. Et on va souvent se rendre compte que quand ce système se remet en route, il y a d'autres genres de changements qui vont apparaître dans les vies des gens. Souvent des changements dans leurs relations, des changements dans leur travail, des changements dans leurs habitudes.

  • Speaker #1

    Mais là, dans l'exemple que vous nous avez donné de cette Cet homme avec ce câble le long de sa nuque vers son épaule, je veux dire, la raison de cette douleur n'était pas une raison physique, pas une raison... Oui, n'était pas provoquée par une lésion physique. Mais quand il y a une douleur chronique liée à un problème physique, est-ce qu'on peut de la même façon la faire disparaître ou l'améliorer ?

  • Speaker #0

    D'abord, avant tout traitement hypnotique d'une douleur ou d'une manifestation corporelle, Il y a toujours un bilan médical. Bien sûr, moi je dois être sûr qu'il n'y a pas une fracture de la mâchoire. Donc, c'est vrai pour toutes les douleurs dans le dos, les douleurs dans le ventre. Supposons qu'on a un tétien qui se plane l'estomac depuis plusieurs semaines, qui dit, je vais faire de l'hypnose pour calmer la douleur. Peut-être que l'hypnose va calmer la douleur. Donc, peut-être calmer le signal, réduire le signal. Et là, c'est dangereux. Réduire le signal d'un ulcère débutant. Et donc... faire courir aux patients le risque que cette ulcère s'amplifie jusqu'à se perforer et faire un accident beaucoup plus grave. Donc, il y aura toujours un bilan de la douleur. Alors, il y a bien sûr aussi des gens qui ont des douleurs durables, résistantes, récidivantes, qui perdurent parce qu'ils ont une pathologie organique. On sait bien, par exemple, que certaines pathologies pancéreuses vont entraîner des douleurs très importantes, peuvent durer des mois ou des années, que certaines maladies digestives, maladies de Crohn, par exemple, vont entraîner des douleurs importantes, qu'avec l'âge, l'arthrose va entraîner des douleurs importantes. articulaires. Alors, dans ces cas de figure, projet thérapeutique n'est plus le même. Projet thérapeutique, cette fois-ci, on retrouve un peu le principe de protection qu'on avait évoqué plus avant, mais aussi de soulagement. Il va être question de réduire la douleur, de faire en sorte que les gens supportent mieux, peut-être de les aider par l'hypnose à espacer les phases douloureuses, peut-être de permettre à l'hypnose de pouvoir s'endormir, d'avoir un meilleur sommeil. Donc peut-être c'est grâce à l'hypnose de retrouver de la souplesse par la mentalisation du mouvement. Mais c'est aussi par l'hypnose de s'installer dans un lieu agréable, mentalement, d'aller chercher de la tranquillité, du mieux-être. Ces choses-là vont être très précieuses. Mais le projet n'est pas de traiter la maladie sous-jacente. Alors, de manière assez curieuse, il peut arriver que tel patient qui souffre d'arthrose depuis des années, au niveau de la hanche par exemple, ait une arthrose. identifié et officiel, en faisant de l'hypnose et en répétant des séances d'auto-hypnose, va avoir un soulagement conséquent. Voilà, je peux penser à une dame, une jeune femme à une trentaine d'années, qui est venue me rencontrer il y a quelques années maintenant, avec pathologie douloureuse majeure. Chez elle, il était question d'une compression du nerf pudendal. Par le passé, le nerf pudendal s'appelait le nerf honteux interne. C'est le nerf qui s'occupe de toutes les zones du périnée, de l'anus, de la vulve. Cette... Plus d'un d'abjits est très très violente et entraîne beaucoup beaucoup de dysfonctionnement de cette zone du corps, ce qui était le cas chez elle. Elle avait cette douleur depuis deux ans, sans que personne ne sache très bien ce qui lui était arrivé. Des fois ça arrive après une chirurgie, des fois ça arrive après un traumatisme. Bon, chez elle ce n'était pas le cas, mais tellement de douleurs qu'elle ne pouvait plus travailler depuis un an. Je faisais un renseignant, qu'elle ne sortait quasiment pas de chez elle. Pour sortir de chez elle, quand elle voulait s'asseoir, il fallait qu'elle emmène un coussin spécial. Donc sa vie était devenue un vrai cauchemar. Il n'avait plus de vie amoureuse avec son compagnon. Et on a fait cette séance d'hypnose, de réification, qui l'a soulagé, mais ça n'a pas été suffisant. Alors j'ai proposé d'apprendre à faire de l'auto-hypnose avec une technique de base pour aller dans un lieu agréable. Dans cette séance, elle s'est imaginée qu'elle allait dans l'eau, de l'eau à température agréable, dans un cavern magnifique, et elle nage. On s'est vus début juillet, et après, en fonction des déplacements, des absences des uns des autres, on ne s'est revus que début septembre. Et en début septembre, la première phrase qu'elle me dit, J'ai retrouvé ma vie, comme si elle avait dit auparavant, j'ai perdu ma vie. J'ai retrouvé ma vie. Je reprends l'enseignement à la rentrée. Ma vie personnelle, ça va bien. Je reviens. Alors j'étais moi très étonné. Cette maladie-là est souvent très difficile à soigner. Elle a fait deux séances d'auto-hypnose pour aller nager dans l'eau. Tous les jours, tous les jours, tous les jours. Et elle m'a dit, je n'ai pas raté une journée. Et bien le résultat était à la hauteur de son engagement. Et d'ailleurs, pour participer sur un thème qu'on va aborder plus tard, c'est une des histoires qui m'a fait prendre conscience à quel point l'auto-hypnose pouvait aider des gens à se soigner. Ça, ça fait une dizaine d'années, j'ai vraiment été impressionné. Alors, d'autres exemples de dorification, oui, bien sûr. Ce monsieur a une cinquantaine d'années, naturellement sportif, dynamique, sauf depuis 3-4 ans, il y a une douleur qui est apparue dans son dos, dans tout le dos, depuis les épaules jusqu'au bassin. comme si son dos s'était rigidifié. Il n'a pas à ce jour trouvé de traitement à le soulager. Et en fait, c'est comme si cette rigidification était en train d'augmenter progressivement. Et il continue à travailler, mais il dit, c'est de plus en plus pénible d'aller au goulot. Et à un moment, il me dit cette expression, qui pourrait être presque inventée pour notre échange, j'en ai plein d'eau. Avec lui, une idée du mécanisme d'apparition de la douleur a été beaucoup plus simple. Donc il me dit, ça fait quatre ans. À peu près. Ça a commencé après les vacances d'été, quand je devais retourner au boulot. Je n'avais pas envie de dire. Parce qu'ils m'avaient fait une sacrée vacherie au mois de juin. Moi, je travaille dans un hôpital. Je travaille dans cet hôpital-là depuis bien des années, tout s'est toujours très bien passé, on nous fait travailler de plus en plus, il y a de plus en plus de choses à faire. Donc moi j'ai toujours fait, m'occuper des différentes commissions, consultations, donner du temps, et du temps, et du temps, et du temps. Et il était question de monter une consultation spécialisée pour des enfants, et je m'étais porté volontaire parce que ça m'intéresse beaucoup, ce genre de pathologie, les chevaux par rapport au diabète. Et pendant un an, deux ans, j'ai beaucoup travaillé pour que ça puisse se faire. Et donc j'ai fait ça en... en plus de tout ce que je faisais avant, mais avec enthousiasme. La finalité me paraissait justifier largement tout cet engagement. Et puis au mois de juin, j'ai appris que maintenant, tout le processus était prêt pour se mettre à fonctionner à la rentrée. Mais c'est un collègue à moi qui allait devenir responsable de cette unité pour les enfants, parce que, compte tenu de son parcours, parce que ceci, parce que cela. Il me dit que ça a été très douloureux, ça m'a fait beaucoup de mal. Puis voilà, le mois de juillet, qu'après je suis parti en vacances en famille, passer des bonnes vacances. Puis c'est au retour, au retour, j'ai commencé à... à sentir mon dos pas bien, et puis de plus en plus, et de plus en plus, et de plus en plus. Alors, à un premier temps, personne n'a fait de lien avec cette histoire de travail, et moi non plus. On a pensé que j'avais des problèmes, que j'avais peut-être déplacé une vertèbre, que j'avais des problèmes musculaires, de l'arthrose. Et lui me dit, le jour où j'en compte, il dit, mais maintenant, moi je suis sûr que c'est cette histoire de nouleau que je porte. On avait fait son propre diagnostic. Oui, oui, et déjà entre... Oui, en plus, ça, j'avais une dé... des habits. Et chez lui, c'était assez intéressant, la description, il a fini par décrire une planche de bois qui prenait toute la largeur de son dos, épaisse, de peut-être 4 ou 5 centimètres d'épaisseur, et en bois très dur, du chêne même. Un clou, vous dites ? Oui. Lourd, très dur, très raide, et il portait ça tout le temps, tout le temps. L'idée qui lui est venue pour changer cette plaque-là, c'est de la raboter, d'utiliser un rabot. Alors un rabot, ça n'enlève que des petits coups de bois à chaque fois. Dans la séance, il a commencé à le raboter. Et puis, à la fin de la séance, il me dit comment je fais pour continuer. Je dis que quand vous sentez que c'est bien pour vous, vous vous installez, vous imaginez cette plaque de bois et puis vous imaginez que vous la rabotez. C'est un monsieur que j'ai revu quelques mois plus tard, mais dans le cas professionnel, pas dans mon cabinet. Donc, on a discuté un peu tous les deux. Je lui ai dit, vous en êtes où avec votre plaque de bois ? Il me dit, je rabote, je continue à raboter. Mais il n'en reste plus beaucoup. Mais je sais déjà que quand il n'y aura plus cette plaque de bois du tout, je vais quitter l'hôpital. Je suis en train de me préparer à faire autre chose dans ma vie. Il va aller dans un autre établissement. Il dit, je ne peux pas rester ici. Et on a parté. Donc, c'est un monsieur que j'ai revu depuis et qui maintenant vient des fois, il vient en congrès d'hypnose. Et puis, effectivement, il a changé d'hôpital, il a changé de fonction, il va très bien. Et il dit, à tort ou à raison, mais en tout cas, il dit comme ça, que ce n'est pas une hypnose. Il est en train de sombrer, d'arrêter sa vie, de tomber dans la dépression. Alors, une autre histoire. Tiens, parfois, on peut se demander comment des objets vont être transformés ou modifiés pendant la séance d'horification. Je vous en revotais juste deux, qui sont assez classiques, assez représentatives. Par exemple, une dame a une grosse boule de caoutchouc qui est là, quelque part derrière l'osternum, au milieu de la poitrine. Une grosse boule de caoutchouc qui coince un peu tout à l'intérieur. C'est difficile de respirer, c'est difficile de bouger. Elle a imaginé de faire un massage de ces boules de caoutchouc avec une crème, une crème qui allait rendre le caoutchouc plus souple. Donc elle l'a massé, elle l'a massé, elle l'a massé. Et petit à petit, le caoutchouc était... boule dure, on peut dire une grosse basse de tennis, est devenue comme de la pâte à modeler, beaucoup plus souple, et puis pour en prendre des formes qui s'adaptent plus à l'intérieur de son corps. Voilà la créativité de la conscience virtuelle. Et là, c'est Thaï qui a trouvé... Ah oui, c'est Thaï, c'est toujours le patient qui trouve la solution, avec sa manière à lui de penser les choses. En fait, beaucoup de gens vont imaginer un déplacement de l'objet. Par exemple, ça c'est une... Toute jeune femme, elle a une douleur au talon. Au talon depuis des années, 3 ans, 4 ans, 5 ans. Juste au milieu du talon. Et cette douleur, progressivement, l'a empêchée de marcher, de faire ses activités, de se déplacer, de danser bien sûr, ou de courir. Pour le reste, ça fonctionne, mais il y a toute une partie de sa vie qui est arrêtée, qui est figeuse. Alors elle a décrit, elle a décrit en fait une petite bille, quelques millimètres, une petite bille en acier, très très dure, très lisse, très enfoncée dans son corps, dans son talon. toujours au même endroit, une bille rouge vif, brûlante, chaude, très très chaude, voire brûlante, et coincée là. Les changements, ça aurait pu être de la refroidir, ça aurait pu être de découper cette bille, ça aurait pu être de l'envelopper de quelque chose. Eh bien non, l'idée qui est venue, c'était de mettre la bille dans un endroit qu'elle ait moins gênée. Alors elle a imaginé qu'elle pouvait décoller cette bille de là où elle était. Elle l'a mise au milieu du mollet, là où il y avait de la place, et à la fin de la séance, elle est touchée à son mollet et dit Ah ouais, elle est là, hein. Mais... Et elle appuyait sur son talon en même temps. Je disais, ben non, elle n'est plus là. Vous voyez, ça fait l'effet d'enlever une épine dans le pied. Il y a encore un peu des sensations qui m'ont duré. Mais c'était cet effet-là. Donc déplacement, modification, transformation, refroidir, selon l'imagination des gens.

  • Speaker #1

    Le podcast Hypnose et Santé est une création Emergences. Pour toute question, nous serons heureux de vous accueillir sur hypnoses.com.

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Description

Le Dr Claude Virot vous explique comment créer le plus petit changement avec la personne douloureuse chronique. Car bien souvent, au fil des mois voire des années, tout le quotidien est régi par la douleur qui s'immisce dans toutes les strates de la vie.


Emergences, soignants et soignés en bonne santé.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Hypnose et santé, le podcast d'Emergences. L'hypnose peut être particulièrement utile dans le cadre des douleurs chroniques. Mais à partir de quand peut-on parler de douleurs chroniques ? Quelle technique hypnotique peut être privilégiée ? Avec quelle intention ? Le docteur Claude Virot vous raconte ici quelques récits de patients qui se sont mis en mouvement.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'on peut aussi parler de la créativité pour se remettre en mouvement ?

  • Speaker #0

    Oui, on a évoqué l'idée déjà plusieurs fois que la créativité est une des fonctions majeures de la conscience, de notre conscience virtuelle. On m'a déjà dit de la créativité, on va la retrouver dans notre jardin, dans la cuisine, dans la musique, ou pour raconter une histoire à un enfant le soir quand il va se coucher. Beaucoup de gens développent des compétences créatives, c'est-à-dire qu'ils inventent des choses. On n'a pas conscience. Non, tant que créatif. Au quotidien. Beaucoup, beaucoup, beaucoup de gens, la plupart des gens, probablement tout le monde, à un moment ou à un autre, ils inventent des choses. Un bricoleur qui est dans son garage, il développe une créativité incroyable pour faire des nouvelles choses. Je raconte une histoire d'immobilité. Ce monsieur a une quarantaine d'années. Depuis 15 ans, il souffre le martyr avec des douleurs au niveau de sa mâchoire. au niveau de son cou, ou jusque presque dans l'épaule, des douleurs terribles qui font qu'il est... Il y a toujours une espèce de tension, de tension qui ramène sa tête vers son épaule, qui l'amène à avoir la tête sur le côté. Une tension et une douleur permanente, permanente, permanente. Alors, dès qu'il veut tourner la tête dans l'autre sens ou faire autre chose, donc il ne peut pas faire d'activité sportive, alors il travaille, il a une activité professionnelle, il a... Trouver des positions qui sont moins difficiles. Alors, 15 ans, ça a commencé comme une douleur aiguë. Toujours une douleur, d'abord elle est aiguë, mais elle a un début un peu tout classique. Il a bien sûr été pensé qu'il avait un problème dentaire, ou bien qu'il avait un problème de déplacement peut-être dans une articulation, peut-être dans le cou, dans les cervicales. Alors bien sûr, il a eu des examens qui n'ont pas été probants. Le dentiste a soigné quelques dents, ça n'a pas changé grand-chose. Les cannaires, les radios n'ont pas trouvé non plus de raison particulière. Alors on s'est demandé s'il avait une maladie générale, une maladie de système. Donc il a eu des antalgiques, des anti-inflammatoires, des corticoïdes, des massages, des mobilisations par le kiné. Il a pris des traitements beaucoup plus complexes dans des centres de la douleur. Rien n'y a fait. Ses douleurs sont restées les mêmes, avec de temps en temps des toutes petites améliorations, puis des moments d'amplification. Donc il y a quelques variations dans l'intensité. Globalement, il souffre toujours autant qu'il y a 15 ans. Il a entendu dire que l'hypnose pourrait peut-être l'aider. Je l'ai reçu ici. On a fait un entretien d'évaluation comme à chaque fois. Je me l'ai déjà dit plusieurs fois pour connaître un peu son histoire, l'histoire de sa douleur, l'histoire de ses traitements. Son contexte de vie, c'est un monsieur qui est marié, qui a trois enfants. Les enfants vont bien, le couple va bien, même s'il dit qu'une fois c'est un peu compliqué entre eux. Sur le plan de sa famille, au sens plus large, il n'a rien de particulier. Il est dans le commerce avec son épouse. Donc il ne raconte rien de particulièrement significatif par rapport à ses douleurs. L'origine aussi de ses douleurs reste mystérieuse. Et c'est assez souvent le cas pour les... douleurs qui vont devenir chroniques. Elles apparaissent sans trop savoir ce qui a pu la gêner. Alors, on va faire une séance d'hypnose très spécifique et très particulière pour les troubles chroniques qui sont fixés dans le corps. Cette technique a un nom. Elle s'appelle la chosification. Le nom un peu plus technique, c'est la réification puisque dans le mot réification, on trouve le mot res qui veut dire la chose, comme la res publica, la chose publique. En fait, tout le monde connaît Cette chosification, tout le monde l'utilise de manière naturelle, au moins pour décrire une douleur. Peut-être avez-vous eu un jour une douleur dans l'épaule, ou dans le dos, ou dans un genou. Et quand vous avez voulu en parler, votre médecin, peut-être qu'un proche de vous, vous avez dit Oh, c'est comme si j'avais un clou d'enfoncé dans le genou, dans l'épaule. Ou bien C'est comme si j'avais une boule dans le ventre. Ou bien Comme si dans ma tête, c'était comme un terrien de cocotte minute. Tout est sous pression. Ou bien, j'ai l'impression d'avoir une barre dans le dos. Bon, évidemment, on ne va jamais trouver ni barre, ni pression dans le crâne, ni boule dans le ventre, ni clou. Simplement, notre créativité, notre imaginaire a fait un lien entre un objet de la vie. réelle et une sensation. Et ça va permettre de mieux décrire ce que je ressens. Le clou, là, dans l'épaule, c'est comme une pointe pour un tapissier. Ah non ! C'est les clous que mettent les charpentiers. Les clous du 110. Énorme ! Donc, c'est aussi une manière de donner une image de l'intensité, de la gravité. Alors, la chosification, la réification, nous allons l'utiliser avec ce monsieur. Dans notre quotidien... Nous l'utilisons pour décrire. Ici, nous allons pouvoir apprendre à ce patient à l'utiliser, la même justification, pour soigner. On va avoir deux phases. Une phase de description, c'est-à-dire que cette sensation qu'il a dans le corps, nous allons la décrire. Même s'il a déjà un objet qui est un modèle pour lui, on va reprendre toute la description. Ça va nous permettre de fabriquer un nouvel objet. Ça, c'est la première phase. La deuxième phase, ce sera de modifier cet objet. Alors, qu'est-ce qui s'est passé ? D'abord, cette douleur, elle était depuis la mâchoire jusqu'à la clavicule. Donc, elle avait un trajet, comme une ligne toute droite et assez fine. Donc, comme s'il y avait une sorte de fil. Voilà, vous pensez à un fil. Quel genre de matériau ? Oh, un fil ! très très dur, comme du fil de fer. Ou non, plus que ça. Comme un câble. Un câble qui est enfoncé dans la mâchoire et qui est enfoncé dans la cabique. Ce qui fait que dès que je tire dessus, c'est terrible. Le câble est toujours au même endroit. Il n'est ni chaud ni froid. Il est très raide. Comme c'est un câble, il est fait de plusieurs brins. Combien de brins vous pouvez imaginer ce câble ? Il était donc dans une transe hypnotique. Alors il imagine son câble, et à un moment il me dit douze bras D'accord, très bien, vous auriez pu dire un ou trois. Un câble c'est toujours plusieurs bras. Bien, et je lui dis quelle couleur est ce câble-là ? Noir, très très noir Tous les brins sont noirs ? Il me dit oui, tous les brins sont noirs, ils sont tous pareils Donc voilà une description, et qui est très personnelle, qui est très unique. C'est-à-dire que ce n'est plus un cou comme tout le monde, il a maintenant un câble qui est accroché à un endroit très précis, qui est fixé en bas dans un endroit très précis, qui a une couleur, qui a une épaisseur, qui a un trajet, qui a un matériau, qui a plusieurs petits brins. Et de tout mon parcours professionnel, c'est le seul patient que j'ai vu avec un câble noir. qui est tendu entre l'Amandine. C'est-à-dire qu'il n'y a jamais deux descriptions identiques. Le fait que ce soit une description précise, précise, précise, précise, va aussi générer un processus de focalisation, focalisation, focalisation, focalisation. Autrement dit, ça va générer un processus de transe très intense, très très intense. Et on a déjà dit que plus la transe est intense, plus elle donne de marge de manœuvre pour faire des modifications. Maintenant, la deuxième phase va consister à lui proposer de modifier cet objet. Il y a une partie dont sa conscience virtuelle étant activée, je lui demande, est-ce qu'il y a une partie de vous qui peut imaginer une manière d'améliorer les choses ? Alors, il y a toujours un délai de réponse. Je dis, la conscience virtuelle s'y prend plus de temps par rapport à la conscience critique. Et puis, il me dit, oh oui, il faut couper le câble. Oui, d'accord, il faut couper le câble. Je lui dis, avec quoi vous allez le couper ? Elle me dit, il faut une pince. Une pince que vous allez trouver où ? Chez moi, à Taouti, je pince. Imaginez que vous allez la chercher, vous revenez avec votre pince, et quand vous l'avez, vous me dites, il a sa pince, donc je l'imagine aussi que sa pince à ma main, le cas. Ici, il y a une notion extrêmement importante de prudence. Cette douleur existe depuis longtemps, et cette douleur a beaucoup modifié sa manière de vivre. Bien sûr, ce câble pourrait être coupé en une seule fois. Il ne va pas rester suffisamment puissant. Mais les praticiens qui utilisent l'hypnose depuis très longtemps se sont rendus compte que quand le changement est trop brutal, il peut faire l'effet inverse de ce qu'on souhaite. Un peu comme si ça allait déstabiliser tout un équilibre. Un équilibre double recerque, mais un équilibre quand même qui s'est installé au fil des ans. Et le déséquilibrer, ça va pouvoir générer une autre douleur. ou un trouble dépressif ou des phases d'angoisse. Donc, il faut être très prudent dans ces phases, dans ces moments. Alors, je lui dis, il y a douze brins. Aujourd'hui, je vous autorise à en couper six. Alors, elle en a coupé six. Et en ayant coupé six, ça l'a soulagé. Donc, il y avait du mieux. Il y avait du mieux. Elle était contente. Et il est parti avec ce soulagement. On s'est revus quelques jours plus tard. Et de fait, il se sentait un petit peu mieux. C'était un peu moins tendu. C'était un peu moins douloureux. Voilà, il a pu bouger de manière un peu plus favorable pour lui. Mais bon, quand j'ai cherché avec lui, s'il y a eu d'autres changements, d'autres nouveautés dans son fonctionnement, eh bien non. Eh bien non. Par exemple, je me suis intéressé à sa relation avec son épouse. Elle m'a dit non, c'est toujours aussi tendu. Alors on a fait une séance de réification. Il a retrouvé son câble noir avec des six brins qui étaient intacts. Et là encore, par prudence, je lui ai proposé d'en couper cinq sur six, d'en garder encore un. Il a accepté. Il a accepté, donc il s'est imaginé couper cinq brins. Il n'y avait plus qu'un brin qui tenait. Mais un brin de fil de câble, c'est encore très solide. Alors il est rentré chez lui, j'en sais revu. Mais cette fois-ci, il y avait eu plus de relâchement, plus de mouvement, plus de souplesse à apparaître chez lui. Et il m'a raconté une toute autre histoire. Nous avons déjà dit bien des fois que le symptôme est un signal et qu'à la base, il y a un problème. Lorsqu'il a une vingtaine d'années, il rencontre une jeune femme, il démarre une relation amoureuse. Très bien, très bien. Très très bien, ils travaillent chacun dans une société, ils ont tous les deux le souhait d'ouvrir un commerce. Ça leur est dit à tous les deux, mais ouvrir un commerce ça demande des moyens, ce que lui n'a pas. Mais les parents de sa compagne sont d'accord de les aider financièrement, de manière importante. Alors ils ouvrent ce magasin, et ça démarre très bien, et décident de se marier. Ce qu'ils font, quelques mois plus tard, et quelques mois encore après le mariage. Ce monsieur découvre que sa toute jeune épouse a une autre relation amoureuse. Et une relation amoureuse qu'elle entretient depuis plus d'un an, déjà avant le mariage, de manière bien moins secrète. Alors c'est ça, c'est un choc terrible. Son premier réflexe est de se séparer, bien sûr. Quel trahison, alors que leur vie de couple commence à peine. Mais il y a un deuxième niveau de réflexion qui vient. D'abord, il se dit qu'il est très, très amoureux d'elle. Ils en ont déjà parlé de cette relation, de cette autre relation amoureuse, qu'elle s'est engagée d'arrêter, qu'elle regrettait. Mais il s'est rendu compte aussi que tous ses rêves de commerce s'effondraient et aussi qu'il était très endetté, qu'il avait devoir rembourser beaucoup, beaucoup d'argent. Et tout ça mis bout à bout, on pourrait dire que la raison a pris le dessus sur les émotions. il a décidé de continuer sa vie de couple avec son époux. Mais même si la décision était prise, par l'un comme par l'autre, leur relation n'a jamais retrouvé l'harmonie qu'elle avait auparavant. Il y a eu des tensions tout le temps, tout le temps. Et il m'a dit aussi, dès le départ, quand il a pris la décision raisonnable, il me dit, à ce moment-là, je me suis dit, eh bien, je vais serrer les dents. Voilà, je vais serrer les dents. Et il donnait une image. Là, c'est un cas particulier, une image. On imagine serrer les dents et devenir tout serré comme ça, pour tenir le coup. C'est presque comme si à un moment donné, ce câble avait pu l'aider à tenir sa tête ou à résister. Voilà, puis la vie a passé, les années ont passé, ils ont fait des enfants. Ce sont de bons parents, mais leur couple n'a jamais été libéré en quelque sorte. C'était une toute autre histoire. Alors je lui ai proposé de venir au rendez-vous suivant avec son épouse. Elle était tout à fait d'accord de venir. Et ils ont disputé. Quinze ans plus tard, de quelque chose dont il n'allait plus jamais disputer, de cette trahison, de ce drame, de cette douleur que lui souffrait dans son corps, mais à laquelle il payait cher aussi, depuis, tous les jours. Et ils en ont discuté, là, dans mon cabinet. Et pour la première fois, le monsieur lui a dit Je te pardonne Alors j'ai essayé de partir avec ce bout de cap. J'ai dit au monsieur Maintenant, c'est votre écouche qui a le moyen de couper le dernier bras et… et vous vous en occuperez tous les deux. Voilà, j'ai suivi deux années plus tard que les choses avaient bien évolué. On voit ici bien la différence entre le signal et le problème. Alors je vous rappelle, c'est une histoire, ce ne sont pas toutes les histoires comme ça. Mais il y a dans cette histoire beaucoup de dimensions qu'on va retrouver à chaque fois dans les douleurs chroniques.

  • Speaker #1

    Ce qui me frappe quand même, c'est qu'on parle de la créativité, de la conscience virtuelle. Mais il faudrait aussi parler de la créativité du thérapeute. Les deux se conjuguent pour arriver à ce résultat-là.

  • Speaker #0

    Oui. Je reviendrai peut-être sur la créativité du thérapeute tout à l'heure, parce qu'ici, pour l'instant, c'est de la méthode. Tout à l'heure, on parlera d'histoires que le thérapeute raconte, qu'il invente. Depuis le début de mon parcours professionnel, je m'occupe très souvent de gens qui ont de telles douleurs dans toutes les parties du corps, et qui durent depuis un an, deux ans, cinq ans, dix ans, vingt ans. En fait, avant d'ouvrir mon cabinet en libéral, j'avais été... impliqué dans un des tout premiers centres pluridisciplinaires d'aide aux patients douloureux. C'était en 1987, j'ai été en formation en hypnose. Les deux médecins qui avaient pensé que c'était important de réunir une équipe avec un chirurgien, un médecin généraliste et un psychiatre pour regarder les différents aspects de la douleur chronique. C'est un des ancêtres des centres de la douleur chronique qui aujourd'hui sont très répandus et existants dans beaucoup de villes ou beaucoup d'établissements hospitaliers. En fait, ces centres de la douleur ont beaucoup d'intérêt, parce qu'ils vont permettre d'évaluer, de repérer quand il y a des douleurs organiques ou tissulaires. Quand les douleurs, on ne sait pas trop d'où elles viennent. C'est un peu embêtant dans les centres de douleurs chroniques, c'est leur organisation. C'est un problème souvent organisationnel. C'est-à-dire que si vous avez une douleur, on va dire depuis un an par exemple, on va parler de douleurs chroniques quand une douleur dure depuis plus de trois à six mois. On va dire six mois. Au bout de 6 mois, on va considérer que c'est une douleur chronique. C'est-à-dire qu'on va considérer que c'est une douleur pour laquelle les ressources naturelles de l'individu n'ont pas permis de trouver la solution. Si vous vous tendez la cheville, au bout de quelques jours, quelques semaines, il n'y aura plus de douleur. Si vous vous pincez le doigt dans une porte, ça va être au bout de quelques minutes, au bout d'une heure ou deux heures. Donc il y a un certain délai commun pendant lequel une douleur va durer. Si c'est une entorse, on va dire un mois, deux mois, trois mois. Au bout de 4 mois, 5 mois, 6 mois, ça commence à faire l'heure. Et on va se dire... il y a quelque chose qui va pas. Alors, est-ce qu'il y a quelque chose qui va pas au niveau de la réparation des tissus, des ligaments, de l'articulation, des muscles, dans des examens ? Et si les examens disent que tout est en place, on va se dire qu'il y a quelque chose d'autre qui est apparu. Et la douleur est en train de devenir chronique. Malheureusement, je disais dans les centres de douleur, les délais d'attente vont être très longs, plusieurs mois. Quand vous aurez été vu une fois, le délai d'attente pour un deuxième rendez-vous risque aussi d'être très long. Ça va un peu compliquer les soins. Comme ici, par exemple, l'utilisation de l'hypnose qui demande un suivi beaucoup plus dense, plus immédiat. Prenons le temps de définir la douleur. C'est quoi une douleur ? La définition officielle, internationale. De la douleur. De la dégueu et de la douleur.

  • Speaker #1

    De la douleur en général.

  • Speaker #0

    La douleur. Une douleur, c'est une expérience sensorielle et émotionnelle associée à une lésion tissulaire, donc encore une lésion tissulaire réelle ou potentielle, c'est-à-dire soit elle est réelle. il y a vraiment un déplacement en vertébrale, soit elle est potentielle et on ne trouve pas de déplacement en vertébrale. Soit elle est réelle et on voit que le tendon est toujours abîmé, soit elle est devenue virtuelle, on ne trouve plus de traces de lésions. Une douleur chronique, c'est une douleur aiguë qui perdure, qui dure, qui dure, plusieurs mois, plusieurs mois, plusieurs mois, et qui va durer des années et des années et des années. J'ai déjà vu des patients qui me disent, telle douleur, je l'ai depuis 50 ans, 500 ans. Donc elle fait partie de l'univers quotidien de cette personne-là. Dire douleur chronique ne dit rien du tout sur l'intensité. Une douleur chronique peut être modeste ou modérée, peu gênante, laissant faire les activités quotidiennes à peu près. Bon, quelquefois, telle douleur chronique va empêcher, par exemple, de porter un pack d'eau. Donc déjà, il va falloir modifier son mode de fonctionnement. Telle douleur va empêcher de faire du vélo. Telle douleur va empêcher de tailler les rosiers du jardin. Il y a des douleurs qui laissent faire la vie ordinaire, des douleurs qui gênent un peu, puis des douleurs qui vont altérer beaucoup, beaucoup, beaucoup la vie quotidienne. Telle personne ne pourra plus faire son jardin, un autre ne pourra plus faire de sport, un autre ne pourra plus monter ses escaliers, emmener les enfants à l'école. Donc ça va emmener des modifications qui peuvent être encore plus importantes, avec des patients, des gens qui ne vont plus pouvoir faire leur activité professionnelle, perdre d'emploi, des invalidités et des systèmes pour se mettre en place. Mais il faut aussi des gens qui ne peuvent presque plus rien faire à la maison. Tellement chaque pas est douloureux, chaque mouvement est douloureux, chaque geste. Donc on voit ici que, douloure chronique, on va avoir des intensités comme ça, très très variables, et des conséquences sur le long terme plus ou moins importantes. Vous voyez, pour ce monsieur dont on a raconté l'histoire, les conséquences étaient dans sa vie relationnelle, dans sa vie de couple, parce que bien sûr, il y a beaucoup de choses qu'il ne pouvait pas faire à cause de ses mouvements. et en particulier dans le domaine de la sexualité. À cause du coup, il ne pouvait pas faire d'activités sportives, aller à la piscine ou faire une randonnée. Il ne pouvait pas décoller. La seule chose qu'il pouvait faire et qu'il faisait bien, c'est tenir son commerce. C'est assez étrange aussi, les douleurs chroniques. C'est comme si, comme si, donc c'est une image, comme si la roue du temps s'arrête à l'intérieur de ces gens. C'est-à-dire que le début qui était là il y a un an, il y a cinq ans, il y a dix ans, c'est comme si le mode de fonctionnement qui... doit se transformer, qui se transforme chez chacun d'entre nous, qui évolue, qui change. Et bien chez ces gens-là, on va trouver un mode de fonctionnement qui va rester très très proche, voire absolument identique, quel que soit le moment où on regarde dans le passé. Et ce monsieur-là, 15 ans plus tard, il fonctionne exactement comme il y a 15 ans, comme s'il n'y avait pas eu d'évolution intérieure. Et là, on voit bien que la douleur, elle est là, permanente, mais il y a aussi autre chose qui est permanente, il y a quelque chose qui se fige à l'intérieur d'eux et rien n'évolue. Or, nous avons un système à terme qui est évolutif. naturellement évolutif, plastique, transformable. Parce que nous avons vu des nouvelles situations dans la vie, parce que nos enfants grandissent, parce que nos parents changent de ville, parce que nous déménageons. Et ça, c'est la fonction de la conscience virtuelle, de ces processus naturels d'évolution. Et bien, chez des gens qui ont des douleurs chroniques, bien souvent, ce système s'arrête. Et quand ce système s'arrête, non seulement il se fiche, mais il s'appauvrit. C'est-à-dire que les capacités de quelqu'un qui a une douleur chronique surtout importante et ancienne, bien sûr, et bien... se réduisent au fil du temps. C'est comme si la maladie devenait quand même de plus en plus grave. Les capacités de changement, les capacités de transformation, les capacités d'évolution se réduisent, se réduisent et se réduisent. On a même pu observer que certaines parties du cerveau se réduisent aussi. Il n'y a plus de sollicitation parce qu'il n'y a plus de nouveauté, parce qu'il n'y a plus de changement, parce qu'il n'y a plus d'expérience, parce qu'il n'y a plus d'activité. L'activité simone est l'activité répétitive. Et dans ce domaine répétitif, automatisé... chroniciser, mais tout le reste a tendance à s'arrêter. C'est pour ça que cette technique de réification est à la fois particulièrement étonnante et particulièrement efficace. Particulièrement étonnante parce que je peux rencontrer un patient qui est dans cet état figé depuis longtemps et pourtant, je sais par définition et par expérience qu'il y a des parties de lui, il a une conscience virtuelle. Et même si elle est très limitée, très réduite, rigidifiée, elle est présente. Il y a un noyau de créativité qui est vivant. Et cette technique-là, en allant vers quelque chose de plus en plus fin, de plus en plus fin, de plus en plus fin, jusqu'à quelque chose de très très très précis, comme cet objet est très précis, la créativité pour changer cet objet devient très faible. Il n'y a pas besoin de beaucoup d'idées, des brins de câbles, l'idée vient assez rapidement de les couper. Il n'est pas question de changer sa vie, il n'est pas question de changer sa manière de fonctionner au quotidien. Juste couper quelques brins de câbles, ça c'est possible. tout petit peu le symptôme, ça génère un peu de mobilité, un peu de mouvement, un peu de souplesse, un peu de respiration, et ça va remettre, peut remettre potentiellement, un système comme ça, un cercle vertueux qui va se remettre en peau et qui va se réactiver. Et on va souvent se rendre compte que quand ce système se remet en route, il y a d'autres genres de changements qui vont apparaître dans les vies des gens. Souvent des changements dans leurs relations, des changements dans leur travail, des changements dans leurs habitudes.

  • Speaker #1

    Mais là, dans l'exemple que vous nous avez donné de cette Cet homme avec ce câble le long de sa nuque vers son épaule, je veux dire, la raison de cette douleur n'était pas une raison physique, pas une raison... Oui, n'était pas provoquée par une lésion physique. Mais quand il y a une douleur chronique liée à un problème physique, est-ce qu'on peut de la même façon la faire disparaître ou l'améliorer ?

  • Speaker #0

    D'abord, avant tout traitement hypnotique d'une douleur ou d'une manifestation corporelle, Il y a toujours un bilan médical. Bien sûr, moi je dois être sûr qu'il n'y a pas une fracture de la mâchoire. Donc, c'est vrai pour toutes les douleurs dans le dos, les douleurs dans le ventre. Supposons qu'on a un tétien qui se plane l'estomac depuis plusieurs semaines, qui dit, je vais faire de l'hypnose pour calmer la douleur. Peut-être que l'hypnose va calmer la douleur. Donc, peut-être calmer le signal, réduire le signal. Et là, c'est dangereux. Réduire le signal d'un ulcère débutant. Et donc... faire courir aux patients le risque que cette ulcère s'amplifie jusqu'à se perforer et faire un accident beaucoup plus grave. Donc, il y aura toujours un bilan de la douleur. Alors, il y a bien sûr aussi des gens qui ont des douleurs durables, résistantes, récidivantes, qui perdurent parce qu'ils ont une pathologie organique. On sait bien, par exemple, que certaines pathologies pancéreuses vont entraîner des douleurs très importantes, peuvent durer des mois ou des années, que certaines maladies digestives, maladies de Crohn, par exemple, vont entraîner des douleurs importantes, qu'avec l'âge, l'arthrose va entraîner des douleurs importantes. articulaires. Alors, dans ces cas de figure, projet thérapeutique n'est plus le même. Projet thérapeutique, cette fois-ci, on retrouve un peu le principe de protection qu'on avait évoqué plus avant, mais aussi de soulagement. Il va être question de réduire la douleur, de faire en sorte que les gens supportent mieux, peut-être de les aider par l'hypnose à espacer les phases douloureuses, peut-être de permettre à l'hypnose de pouvoir s'endormir, d'avoir un meilleur sommeil. Donc peut-être c'est grâce à l'hypnose de retrouver de la souplesse par la mentalisation du mouvement. Mais c'est aussi par l'hypnose de s'installer dans un lieu agréable, mentalement, d'aller chercher de la tranquillité, du mieux-être. Ces choses-là vont être très précieuses. Mais le projet n'est pas de traiter la maladie sous-jacente. Alors, de manière assez curieuse, il peut arriver que tel patient qui souffre d'arthrose depuis des années, au niveau de la hanche par exemple, ait une arthrose. identifié et officiel, en faisant de l'hypnose et en répétant des séances d'auto-hypnose, va avoir un soulagement conséquent. Voilà, je peux penser à une dame, une jeune femme à une trentaine d'années, qui est venue me rencontrer il y a quelques années maintenant, avec pathologie douloureuse majeure. Chez elle, il était question d'une compression du nerf pudendal. Par le passé, le nerf pudendal s'appelait le nerf honteux interne. C'est le nerf qui s'occupe de toutes les zones du périnée, de l'anus, de la vulve. Cette... Plus d'un d'abjits est très très violente et entraîne beaucoup beaucoup de dysfonctionnement de cette zone du corps, ce qui était le cas chez elle. Elle avait cette douleur depuis deux ans, sans que personne ne sache très bien ce qui lui était arrivé. Des fois ça arrive après une chirurgie, des fois ça arrive après un traumatisme. Bon, chez elle ce n'était pas le cas, mais tellement de douleurs qu'elle ne pouvait plus travailler depuis un an. Je faisais un renseignant, qu'elle ne sortait quasiment pas de chez elle. Pour sortir de chez elle, quand elle voulait s'asseoir, il fallait qu'elle emmène un coussin spécial. Donc sa vie était devenue un vrai cauchemar. Il n'avait plus de vie amoureuse avec son compagnon. Et on a fait cette séance d'hypnose, de réification, qui l'a soulagé, mais ça n'a pas été suffisant. Alors j'ai proposé d'apprendre à faire de l'auto-hypnose avec une technique de base pour aller dans un lieu agréable. Dans cette séance, elle s'est imaginée qu'elle allait dans l'eau, de l'eau à température agréable, dans un cavern magnifique, et elle nage. On s'est vus début juillet, et après, en fonction des déplacements, des absences des uns des autres, on ne s'est revus que début septembre. Et en début septembre, la première phrase qu'elle me dit, J'ai retrouvé ma vie, comme si elle avait dit auparavant, j'ai perdu ma vie. J'ai retrouvé ma vie. Je reprends l'enseignement à la rentrée. Ma vie personnelle, ça va bien. Je reviens. Alors j'étais moi très étonné. Cette maladie-là est souvent très difficile à soigner. Elle a fait deux séances d'auto-hypnose pour aller nager dans l'eau. Tous les jours, tous les jours, tous les jours. Et elle m'a dit, je n'ai pas raté une journée. Et bien le résultat était à la hauteur de son engagement. Et d'ailleurs, pour participer sur un thème qu'on va aborder plus tard, c'est une des histoires qui m'a fait prendre conscience à quel point l'auto-hypnose pouvait aider des gens à se soigner. Ça, ça fait une dizaine d'années, j'ai vraiment été impressionné. Alors, d'autres exemples de dorification, oui, bien sûr. Ce monsieur a une cinquantaine d'années, naturellement sportif, dynamique, sauf depuis 3-4 ans, il y a une douleur qui est apparue dans son dos, dans tout le dos, depuis les épaules jusqu'au bassin. comme si son dos s'était rigidifié. Il n'a pas à ce jour trouvé de traitement à le soulager. Et en fait, c'est comme si cette rigidification était en train d'augmenter progressivement. Et il continue à travailler, mais il dit, c'est de plus en plus pénible d'aller au goulot. Et à un moment, il me dit cette expression, qui pourrait être presque inventée pour notre échange, j'en ai plein d'eau. Avec lui, une idée du mécanisme d'apparition de la douleur a été beaucoup plus simple. Donc il me dit, ça fait quatre ans. À peu près. Ça a commencé après les vacances d'été, quand je devais retourner au boulot. Je n'avais pas envie de dire. Parce qu'ils m'avaient fait une sacrée vacherie au mois de juin. Moi, je travaille dans un hôpital. Je travaille dans cet hôpital-là depuis bien des années, tout s'est toujours très bien passé, on nous fait travailler de plus en plus, il y a de plus en plus de choses à faire. Donc moi j'ai toujours fait, m'occuper des différentes commissions, consultations, donner du temps, et du temps, et du temps, et du temps. Et il était question de monter une consultation spécialisée pour des enfants, et je m'étais porté volontaire parce que ça m'intéresse beaucoup, ce genre de pathologie, les chevaux par rapport au diabète. Et pendant un an, deux ans, j'ai beaucoup travaillé pour que ça puisse se faire. Et donc j'ai fait ça en... en plus de tout ce que je faisais avant, mais avec enthousiasme. La finalité me paraissait justifier largement tout cet engagement. Et puis au mois de juin, j'ai appris que maintenant, tout le processus était prêt pour se mettre à fonctionner à la rentrée. Mais c'est un collègue à moi qui allait devenir responsable de cette unité pour les enfants, parce que, compte tenu de son parcours, parce que ceci, parce que cela. Il me dit que ça a été très douloureux, ça m'a fait beaucoup de mal. Puis voilà, le mois de juillet, qu'après je suis parti en vacances en famille, passer des bonnes vacances. Puis c'est au retour, au retour, j'ai commencé à... à sentir mon dos pas bien, et puis de plus en plus, et de plus en plus, et de plus en plus. Alors, à un premier temps, personne n'a fait de lien avec cette histoire de travail, et moi non plus. On a pensé que j'avais des problèmes, que j'avais peut-être déplacé une vertèbre, que j'avais des problèmes musculaires, de l'arthrose. Et lui me dit, le jour où j'en compte, il dit, mais maintenant, moi je suis sûr que c'est cette histoire de nouleau que je porte. On avait fait son propre diagnostic. Oui, oui, et déjà entre... Oui, en plus, ça, j'avais une dé... des habits. Et chez lui, c'était assez intéressant, la description, il a fini par décrire une planche de bois qui prenait toute la largeur de son dos, épaisse, de peut-être 4 ou 5 centimètres d'épaisseur, et en bois très dur, du chêne même. Un clou, vous dites ? Oui. Lourd, très dur, très raide, et il portait ça tout le temps, tout le temps. L'idée qui lui est venue pour changer cette plaque-là, c'est de la raboter, d'utiliser un rabot. Alors un rabot, ça n'enlève que des petits coups de bois à chaque fois. Dans la séance, il a commencé à le raboter. Et puis, à la fin de la séance, il me dit comment je fais pour continuer. Je dis que quand vous sentez que c'est bien pour vous, vous vous installez, vous imaginez cette plaque de bois et puis vous imaginez que vous la rabotez. C'est un monsieur que j'ai revu quelques mois plus tard, mais dans le cas professionnel, pas dans mon cabinet. Donc, on a discuté un peu tous les deux. Je lui ai dit, vous en êtes où avec votre plaque de bois ? Il me dit, je rabote, je continue à raboter. Mais il n'en reste plus beaucoup. Mais je sais déjà que quand il n'y aura plus cette plaque de bois du tout, je vais quitter l'hôpital. Je suis en train de me préparer à faire autre chose dans ma vie. Il va aller dans un autre établissement. Il dit, je ne peux pas rester ici. Et on a parté. Donc, c'est un monsieur que j'ai revu depuis et qui maintenant vient des fois, il vient en congrès d'hypnose. Et puis, effectivement, il a changé d'hôpital, il a changé de fonction, il va très bien. Et il dit, à tort ou à raison, mais en tout cas, il dit comme ça, que ce n'est pas une hypnose. Il est en train de sombrer, d'arrêter sa vie, de tomber dans la dépression. Alors, une autre histoire. Tiens, parfois, on peut se demander comment des objets vont être transformés ou modifiés pendant la séance d'horification. Je vous en revotais juste deux, qui sont assez classiques, assez représentatives. Par exemple, une dame a une grosse boule de caoutchouc qui est là, quelque part derrière l'osternum, au milieu de la poitrine. Une grosse boule de caoutchouc qui coince un peu tout à l'intérieur. C'est difficile de respirer, c'est difficile de bouger. Elle a imaginé de faire un massage de ces boules de caoutchouc avec une crème, une crème qui allait rendre le caoutchouc plus souple. Donc elle l'a massé, elle l'a massé, elle l'a massé. Et petit à petit, le caoutchouc était... boule dure, on peut dire une grosse basse de tennis, est devenue comme de la pâte à modeler, beaucoup plus souple, et puis pour en prendre des formes qui s'adaptent plus à l'intérieur de son corps. Voilà la créativité de la conscience virtuelle. Et là, c'est Thaï qui a trouvé... Ah oui, c'est Thaï, c'est toujours le patient qui trouve la solution, avec sa manière à lui de penser les choses. En fait, beaucoup de gens vont imaginer un déplacement de l'objet. Par exemple, ça c'est une... Toute jeune femme, elle a une douleur au talon. Au talon depuis des années, 3 ans, 4 ans, 5 ans. Juste au milieu du talon. Et cette douleur, progressivement, l'a empêchée de marcher, de faire ses activités, de se déplacer, de danser bien sûr, ou de courir. Pour le reste, ça fonctionne, mais il y a toute une partie de sa vie qui est arrêtée, qui est figeuse. Alors elle a décrit, elle a décrit en fait une petite bille, quelques millimètres, une petite bille en acier, très très dure, très lisse, très enfoncée dans son corps, dans son talon. toujours au même endroit, une bille rouge vif, brûlante, chaude, très très chaude, voire brûlante, et coincée là. Les changements, ça aurait pu être de la refroidir, ça aurait pu être de découper cette bille, ça aurait pu être de l'envelopper de quelque chose. Eh bien non, l'idée qui est venue, c'était de mettre la bille dans un endroit qu'elle ait moins gênée. Alors elle a imaginé qu'elle pouvait décoller cette bille de là où elle était. Elle l'a mise au milieu du mollet, là où il y avait de la place, et à la fin de la séance, elle est touchée à son mollet et dit Ah ouais, elle est là, hein. Mais... Et elle appuyait sur son talon en même temps. Je disais, ben non, elle n'est plus là. Vous voyez, ça fait l'effet d'enlever une épine dans le pied. Il y a encore un peu des sensations qui m'ont duré. Mais c'était cet effet-là. Donc déplacement, modification, transformation, refroidir, selon l'imagination des gens.

  • Speaker #1

    Le podcast Hypnose et Santé est une création Emergences. Pour toute question, nous serons heureux de vous accueillir sur hypnoses.com.

Description

Le Dr Claude Virot vous explique comment créer le plus petit changement avec la personne douloureuse chronique. Car bien souvent, au fil des mois voire des années, tout le quotidien est régi par la douleur qui s'immisce dans toutes les strates de la vie.


Emergences, soignants et soignés en bonne santé.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Hypnose et santé, le podcast d'Emergences. L'hypnose peut être particulièrement utile dans le cadre des douleurs chroniques. Mais à partir de quand peut-on parler de douleurs chroniques ? Quelle technique hypnotique peut être privilégiée ? Avec quelle intention ? Le docteur Claude Virot vous raconte ici quelques récits de patients qui se sont mis en mouvement.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'on peut aussi parler de la créativité pour se remettre en mouvement ?

  • Speaker #0

    Oui, on a évoqué l'idée déjà plusieurs fois que la créativité est une des fonctions majeures de la conscience, de notre conscience virtuelle. On m'a déjà dit de la créativité, on va la retrouver dans notre jardin, dans la cuisine, dans la musique, ou pour raconter une histoire à un enfant le soir quand il va se coucher. Beaucoup de gens développent des compétences créatives, c'est-à-dire qu'ils inventent des choses. On n'a pas conscience. Non, tant que créatif. Au quotidien. Beaucoup, beaucoup, beaucoup de gens, la plupart des gens, probablement tout le monde, à un moment ou à un autre, ils inventent des choses. Un bricoleur qui est dans son garage, il développe une créativité incroyable pour faire des nouvelles choses. Je raconte une histoire d'immobilité. Ce monsieur a une quarantaine d'années. Depuis 15 ans, il souffre le martyr avec des douleurs au niveau de sa mâchoire. au niveau de son cou, ou jusque presque dans l'épaule, des douleurs terribles qui font qu'il est... Il y a toujours une espèce de tension, de tension qui ramène sa tête vers son épaule, qui l'amène à avoir la tête sur le côté. Une tension et une douleur permanente, permanente, permanente. Alors, dès qu'il veut tourner la tête dans l'autre sens ou faire autre chose, donc il ne peut pas faire d'activité sportive, alors il travaille, il a une activité professionnelle, il a... Trouver des positions qui sont moins difficiles. Alors, 15 ans, ça a commencé comme une douleur aiguë. Toujours une douleur, d'abord elle est aiguë, mais elle a un début un peu tout classique. Il a bien sûr été pensé qu'il avait un problème dentaire, ou bien qu'il avait un problème de déplacement peut-être dans une articulation, peut-être dans le cou, dans les cervicales. Alors bien sûr, il a eu des examens qui n'ont pas été probants. Le dentiste a soigné quelques dents, ça n'a pas changé grand-chose. Les cannaires, les radios n'ont pas trouvé non plus de raison particulière. Alors on s'est demandé s'il avait une maladie générale, une maladie de système. Donc il a eu des antalgiques, des anti-inflammatoires, des corticoïdes, des massages, des mobilisations par le kiné. Il a pris des traitements beaucoup plus complexes dans des centres de la douleur. Rien n'y a fait. Ses douleurs sont restées les mêmes, avec de temps en temps des toutes petites améliorations, puis des moments d'amplification. Donc il y a quelques variations dans l'intensité. Globalement, il souffre toujours autant qu'il y a 15 ans. Il a entendu dire que l'hypnose pourrait peut-être l'aider. Je l'ai reçu ici. On a fait un entretien d'évaluation comme à chaque fois. Je me l'ai déjà dit plusieurs fois pour connaître un peu son histoire, l'histoire de sa douleur, l'histoire de ses traitements. Son contexte de vie, c'est un monsieur qui est marié, qui a trois enfants. Les enfants vont bien, le couple va bien, même s'il dit qu'une fois c'est un peu compliqué entre eux. Sur le plan de sa famille, au sens plus large, il n'a rien de particulier. Il est dans le commerce avec son épouse. Donc il ne raconte rien de particulièrement significatif par rapport à ses douleurs. L'origine aussi de ses douleurs reste mystérieuse. Et c'est assez souvent le cas pour les... douleurs qui vont devenir chroniques. Elles apparaissent sans trop savoir ce qui a pu la gêner. Alors, on va faire une séance d'hypnose très spécifique et très particulière pour les troubles chroniques qui sont fixés dans le corps. Cette technique a un nom. Elle s'appelle la chosification. Le nom un peu plus technique, c'est la réification puisque dans le mot réification, on trouve le mot res qui veut dire la chose, comme la res publica, la chose publique. En fait, tout le monde connaît Cette chosification, tout le monde l'utilise de manière naturelle, au moins pour décrire une douleur. Peut-être avez-vous eu un jour une douleur dans l'épaule, ou dans le dos, ou dans un genou. Et quand vous avez voulu en parler, votre médecin, peut-être qu'un proche de vous, vous avez dit Oh, c'est comme si j'avais un clou d'enfoncé dans le genou, dans l'épaule. Ou bien C'est comme si j'avais une boule dans le ventre. Ou bien Comme si dans ma tête, c'était comme un terrien de cocotte minute. Tout est sous pression. Ou bien, j'ai l'impression d'avoir une barre dans le dos. Bon, évidemment, on ne va jamais trouver ni barre, ni pression dans le crâne, ni boule dans le ventre, ni clou. Simplement, notre créativité, notre imaginaire a fait un lien entre un objet de la vie. réelle et une sensation. Et ça va permettre de mieux décrire ce que je ressens. Le clou, là, dans l'épaule, c'est comme une pointe pour un tapissier. Ah non ! C'est les clous que mettent les charpentiers. Les clous du 110. Énorme ! Donc, c'est aussi une manière de donner une image de l'intensité, de la gravité. Alors, la chosification, la réification, nous allons l'utiliser avec ce monsieur. Dans notre quotidien... Nous l'utilisons pour décrire. Ici, nous allons pouvoir apprendre à ce patient à l'utiliser, la même justification, pour soigner. On va avoir deux phases. Une phase de description, c'est-à-dire que cette sensation qu'il a dans le corps, nous allons la décrire. Même s'il a déjà un objet qui est un modèle pour lui, on va reprendre toute la description. Ça va nous permettre de fabriquer un nouvel objet. Ça, c'est la première phase. La deuxième phase, ce sera de modifier cet objet. Alors, qu'est-ce qui s'est passé ? D'abord, cette douleur, elle était depuis la mâchoire jusqu'à la clavicule. Donc, elle avait un trajet, comme une ligne toute droite et assez fine. Donc, comme s'il y avait une sorte de fil. Voilà, vous pensez à un fil. Quel genre de matériau ? Oh, un fil ! très très dur, comme du fil de fer. Ou non, plus que ça. Comme un câble. Un câble qui est enfoncé dans la mâchoire et qui est enfoncé dans la cabique. Ce qui fait que dès que je tire dessus, c'est terrible. Le câble est toujours au même endroit. Il n'est ni chaud ni froid. Il est très raide. Comme c'est un câble, il est fait de plusieurs brins. Combien de brins vous pouvez imaginer ce câble ? Il était donc dans une transe hypnotique. Alors il imagine son câble, et à un moment il me dit douze bras D'accord, très bien, vous auriez pu dire un ou trois. Un câble c'est toujours plusieurs bras. Bien, et je lui dis quelle couleur est ce câble-là ? Noir, très très noir Tous les brins sont noirs ? Il me dit oui, tous les brins sont noirs, ils sont tous pareils Donc voilà une description, et qui est très personnelle, qui est très unique. C'est-à-dire que ce n'est plus un cou comme tout le monde, il a maintenant un câble qui est accroché à un endroit très précis, qui est fixé en bas dans un endroit très précis, qui a une couleur, qui a une épaisseur, qui a un trajet, qui a un matériau, qui a plusieurs petits brins. Et de tout mon parcours professionnel, c'est le seul patient que j'ai vu avec un câble noir. qui est tendu entre l'Amandine. C'est-à-dire qu'il n'y a jamais deux descriptions identiques. Le fait que ce soit une description précise, précise, précise, précise, va aussi générer un processus de focalisation, focalisation, focalisation, focalisation. Autrement dit, ça va générer un processus de transe très intense, très très intense. Et on a déjà dit que plus la transe est intense, plus elle donne de marge de manœuvre pour faire des modifications. Maintenant, la deuxième phase va consister à lui proposer de modifier cet objet. Il y a une partie dont sa conscience virtuelle étant activée, je lui demande, est-ce qu'il y a une partie de vous qui peut imaginer une manière d'améliorer les choses ? Alors, il y a toujours un délai de réponse. Je dis, la conscience virtuelle s'y prend plus de temps par rapport à la conscience critique. Et puis, il me dit, oh oui, il faut couper le câble. Oui, d'accord, il faut couper le câble. Je lui dis, avec quoi vous allez le couper ? Elle me dit, il faut une pince. Une pince que vous allez trouver où ? Chez moi, à Taouti, je pince. Imaginez que vous allez la chercher, vous revenez avec votre pince, et quand vous l'avez, vous me dites, il a sa pince, donc je l'imagine aussi que sa pince à ma main, le cas. Ici, il y a une notion extrêmement importante de prudence. Cette douleur existe depuis longtemps, et cette douleur a beaucoup modifié sa manière de vivre. Bien sûr, ce câble pourrait être coupé en une seule fois. Il ne va pas rester suffisamment puissant. Mais les praticiens qui utilisent l'hypnose depuis très longtemps se sont rendus compte que quand le changement est trop brutal, il peut faire l'effet inverse de ce qu'on souhaite. Un peu comme si ça allait déstabiliser tout un équilibre. Un équilibre double recerque, mais un équilibre quand même qui s'est installé au fil des ans. Et le déséquilibrer, ça va pouvoir générer une autre douleur. ou un trouble dépressif ou des phases d'angoisse. Donc, il faut être très prudent dans ces phases, dans ces moments. Alors, je lui dis, il y a douze brins. Aujourd'hui, je vous autorise à en couper six. Alors, elle en a coupé six. Et en ayant coupé six, ça l'a soulagé. Donc, il y avait du mieux. Il y avait du mieux. Elle était contente. Et il est parti avec ce soulagement. On s'est revus quelques jours plus tard. Et de fait, il se sentait un petit peu mieux. C'était un peu moins tendu. C'était un peu moins douloureux. Voilà, il a pu bouger de manière un peu plus favorable pour lui. Mais bon, quand j'ai cherché avec lui, s'il y a eu d'autres changements, d'autres nouveautés dans son fonctionnement, eh bien non. Eh bien non. Par exemple, je me suis intéressé à sa relation avec son épouse. Elle m'a dit non, c'est toujours aussi tendu. Alors on a fait une séance de réification. Il a retrouvé son câble noir avec des six brins qui étaient intacts. Et là encore, par prudence, je lui ai proposé d'en couper cinq sur six, d'en garder encore un. Il a accepté. Il a accepté, donc il s'est imaginé couper cinq brins. Il n'y avait plus qu'un brin qui tenait. Mais un brin de fil de câble, c'est encore très solide. Alors il est rentré chez lui, j'en sais revu. Mais cette fois-ci, il y avait eu plus de relâchement, plus de mouvement, plus de souplesse à apparaître chez lui. Et il m'a raconté une toute autre histoire. Nous avons déjà dit bien des fois que le symptôme est un signal et qu'à la base, il y a un problème. Lorsqu'il a une vingtaine d'années, il rencontre une jeune femme, il démarre une relation amoureuse. Très bien, très bien. Très très bien, ils travaillent chacun dans une société, ils ont tous les deux le souhait d'ouvrir un commerce. Ça leur est dit à tous les deux, mais ouvrir un commerce ça demande des moyens, ce que lui n'a pas. Mais les parents de sa compagne sont d'accord de les aider financièrement, de manière importante. Alors ils ouvrent ce magasin, et ça démarre très bien, et décident de se marier. Ce qu'ils font, quelques mois plus tard, et quelques mois encore après le mariage. Ce monsieur découvre que sa toute jeune épouse a une autre relation amoureuse. Et une relation amoureuse qu'elle entretient depuis plus d'un an, déjà avant le mariage, de manière bien moins secrète. Alors c'est ça, c'est un choc terrible. Son premier réflexe est de se séparer, bien sûr. Quel trahison, alors que leur vie de couple commence à peine. Mais il y a un deuxième niveau de réflexion qui vient. D'abord, il se dit qu'il est très, très amoureux d'elle. Ils en ont déjà parlé de cette relation, de cette autre relation amoureuse, qu'elle s'est engagée d'arrêter, qu'elle regrettait. Mais il s'est rendu compte aussi que tous ses rêves de commerce s'effondraient et aussi qu'il était très endetté, qu'il avait devoir rembourser beaucoup, beaucoup d'argent. Et tout ça mis bout à bout, on pourrait dire que la raison a pris le dessus sur les émotions. il a décidé de continuer sa vie de couple avec son époux. Mais même si la décision était prise, par l'un comme par l'autre, leur relation n'a jamais retrouvé l'harmonie qu'elle avait auparavant. Il y a eu des tensions tout le temps, tout le temps. Et il m'a dit aussi, dès le départ, quand il a pris la décision raisonnable, il me dit, à ce moment-là, je me suis dit, eh bien, je vais serrer les dents. Voilà, je vais serrer les dents. Et il donnait une image. Là, c'est un cas particulier, une image. On imagine serrer les dents et devenir tout serré comme ça, pour tenir le coup. C'est presque comme si à un moment donné, ce câble avait pu l'aider à tenir sa tête ou à résister. Voilà, puis la vie a passé, les années ont passé, ils ont fait des enfants. Ce sont de bons parents, mais leur couple n'a jamais été libéré en quelque sorte. C'était une toute autre histoire. Alors je lui ai proposé de venir au rendez-vous suivant avec son épouse. Elle était tout à fait d'accord de venir. Et ils ont disputé. Quinze ans plus tard, de quelque chose dont il n'allait plus jamais disputer, de cette trahison, de ce drame, de cette douleur que lui souffrait dans son corps, mais à laquelle il payait cher aussi, depuis, tous les jours. Et ils en ont discuté, là, dans mon cabinet. Et pour la première fois, le monsieur lui a dit Je te pardonne Alors j'ai essayé de partir avec ce bout de cap. J'ai dit au monsieur Maintenant, c'est votre écouche qui a le moyen de couper le dernier bras et… et vous vous en occuperez tous les deux. Voilà, j'ai suivi deux années plus tard que les choses avaient bien évolué. On voit ici bien la différence entre le signal et le problème. Alors je vous rappelle, c'est une histoire, ce ne sont pas toutes les histoires comme ça. Mais il y a dans cette histoire beaucoup de dimensions qu'on va retrouver à chaque fois dans les douleurs chroniques.

  • Speaker #1

    Ce qui me frappe quand même, c'est qu'on parle de la créativité, de la conscience virtuelle. Mais il faudrait aussi parler de la créativité du thérapeute. Les deux se conjuguent pour arriver à ce résultat-là.

  • Speaker #0

    Oui. Je reviendrai peut-être sur la créativité du thérapeute tout à l'heure, parce qu'ici, pour l'instant, c'est de la méthode. Tout à l'heure, on parlera d'histoires que le thérapeute raconte, qu'il invente. Depuis le début de mon parcours professionnel, je m'occupe très souvent de gens qui ont de telles douleurs dans toutes les parties du corps, et qui durent depuis un an, deux ans, cinq ans, dix ans, vingt ans. En fait, avant d'ouvrir mon cabinet en libéral, j'avais été... impliqué dans un des tout premiers centres pluridisciplinaires d'aide aux patients douloureux. C'était en 1987, j'ai été en formation en hypnose. Les deux médecins qui avaient pensé que c'était important de réunir une équipe avec un chirurgien, un médecin généraliste et un psychiatre pour regarder les différents aspects de la douleur chronique. C'est un des ancêtres des centres de la douleur chronique qui aujourd'hui sont très répandus et existants dans beaucoup de villes ou beaucoup d'établissements hospitaliers. En fait, ces centres de la douleur ont beaucoup d'intérêt, parce qu'ils vont permettre d'évaluer, de repérer quand il y a des douleurs organiques ou tissulaires. Quand les douleurs, on ne sait pas trop d'où elles viennent. C'est un peu embêtant dans les centres de douleurs chroniques, c'est leur organisation. C'est un problème souvent organisationnel. C'est-à-dire que si vous avez une douleur, on va dire depuis un an par exemple, on va parler de douleurs chroniques quand une douleur dure depuis plus de trois à six mois. On va dire six mois. Au bout de 6 mois, on va considérer que c'est une douleur chronique. C'est-à-dire qu'on va considérer que c'est une douleur pour laquelle les ressources naturelles de l'individu n'ont pas permis de trouver la solution. Si vous vous tendez la cheville, au bout de quelques jours, quelques semaines, il n'y aura plus de douleur. Si vous vous pincez le doigt dans une porte, ça va être au bout de quelques minutes, au bout d'une heure ou deux heures. Donc il y a un certain délai commun pendant lequel une douleur va durer. Si c'est une entorse, on va dire un mois, deux mois, trois mois. Au bout de 4 mois, 5 mois, 6 mois, ça commence à faire l'heure. Et on va se dire... il y a quelque chose qui va pas. Alors, est-ce qu'il y a quelque chose qui va pas au niveau de la réparation des tissus, des ligaments, de l'articulation, des muscles, dans des examens ? Et si les examens disent que tout est en place, on va se dire qu'il y a quelque chose d'autre qui est apparu. Et la douleur est en train de devenir chronique. Malheureusement, je disais dans les centres de douleur, les délais d'attente vont être très longs, plusieurs mois. Quand vous aurez été vu une fois, le délai d'attente pour un deuxième rendez-vous risque aussi d'être très long. Ça va un peu compliquer les soins. Comme ici, par exemple, l'utilisation de l'hypnose qui demande un suivi beaucoup plus dense, plus immédiat. Prenons le temps de définir la douleur. C'est quoi une douleur ? La définition officielle, internationale. De la douleur. De la dégueu et de la douleur.

  • Speaker #1

    De la douleur en général.

  • Speaker #0

    La douleur. Une douleur, c'est une expérience sensorielle et émotionnelle associée à une lésion tissulaire, donc encore une lésion tissulaire réelle ou potentielle, c'est-à-dire soit elle est réelle. il y a vraiment un déplacement en vertébrale, soit elle est potentielle et on ne trouve pas de déplacement en vertébrale. Soit elle est réelle et on voit que le tendon est toujours abîmé, soit elle est devenue virtuelle, on ne trouve plus de traces de lésions. Une douleur chronique, c'est une douleur aiguë qui perdure, qui dure, qui dure, plusieurs mois, plusieurs mois, plusieurs mois, et qui va durer des années et des années et des années. J'ai déjà vu des patients qui me disent, telle douleur, je l'ai depuis 50 ans, 500 ans. Donc elle fait partie de l'univers quotidien de cette personne-là. Dire douleur chronique ne dit rien du tout sur l'intensité. Une douleur chronique peut être modeste ou modérée, peu gênante, laissant faire les activités quotidiennes à peu près. Bon, quelquefois, telle douleur chronique va empêcher, par exemple, de porter un pack d'eau. Donc déjà, il va falloir modifier son mode de fonctionnement. Telle douleur va empêcher de faire du vélo. Telle douleur va empêcher de tailler les rosiers du jardin. Il y a des douleurs qui laissent faire la vie ordinaire, des douleurs qui gênent un peu, puis des douleurs qui vont altérer beaucoup, beaucoup, beaucoup la vie quotidienne. Telle personne ne pourra plus faire son jardin, un autre ne pourra plus faire de sport, un autre ne pourra plus monter ses escaliers, emmener les enfants à l'école. Donc ça va emmener des modifications qui peuvent être encore plus importantes, avec des patients, des gens qui ne vont plus pouvoir faire leur activité professionnelle, perdre d'emploi, des invalidités et des systèmes pour se mettre en place. Mais il faut aussi des gens qui ne peuvent presque plus rien faire à la maison. Tellement chaque pas est douloureux, chaque mouvement est douloureux, chaque geste. Donc on voit ici que, douloure chronique, on va avoir des intensités comme ça, très très variables, et des conséquences sur le long terme plus ou moins importantes. Vous voyez, pour ce monsieur dont on a raconté l'histoire, les conséquences étaient dans sa vie relationnelle, dans sa vie de couple, parce que bien sûr, il y a beaucoup de choses qu'il ne pouvait pas faire à cause de ses mouvements. et en particulier dans le domaine de la sexualité. À cause du coup, il ne pouvait pas faire d'activités sportives, aller à la piscine ou faire une randonnée. Il ne pouvait pas décoller. La seule chose qu'il pouvait faire et qu'il faisait bien, c'est tenir son commerce. C'est assez étrange aussi, les douleurs chroniques. C'est comme si, comme si, donc c'est une image, comme si la roue du temps s'arrête à l'intérieur de ces gens. C'est-à-dire que le début qui était là il y a un an, il y a cinq ans, il y a dix ans, c'est comme si le mode de fonctionnement qui... doit se transformer, qui se transforme chez chacun d'entre nous, qui évolue, qui change. Et bien chez ces gens-là, on va trouver un mode de fonctionnement qui va rester très très proche, voire absolument identique, quel que soit le moment où on regarde dans le passé. Et ce monsieur-là, 15 ans plus tard, il fonctionne exactement comme il y a 15 ans, comme s'il n'y avait pas eu d'évolution intérieure. Et là, on voit bien que la douleur, elle est là, permanente, mais il y a aussi autre chose qui est permanente, il y a quelque chose qui se fige à l'intérieur d'eux et rien n'évolue. Or, nous avons un système à terme qui est évolutif. naturellement évolutif, plastique, transformable. Parce que nous avons vu des nouvelles situations dans la vie, parce que nos enfants grandissent, parce que nos parents changent de ville, parce que nous déménageons. Et ça, c'est la fonction de la conscience virtuelle, de ces processus naturels d'évolution. Et bien, chez des gens qui ont des douleurs chroniques, bien souvent, ce système s'arrête. Et quand ce système s'arrête, non seulement il se fiche, mais il s'appauvrit. C'est-à-dire que les capacités de quelqu'un qui a une douleur chronique surtout importante et ancienne, bien sûr, et bien... se réduisent au fil du temps. C'est comme si la maladie devenait quand même de plus en plus grave. Les capacités de changement, les capacités de transformation, les capacités d'évolution se réduisent, se réduisent et se réduisent. On a même pu observer que certaines parties du cerveau se réduisent aussi. Il n'y a plus de sollicitation parce qu'il n'y a plus de nouveauté, parce qu'il n'y a plus de changement, parce qu'il n'y a plus d'expérience, parce qu'il n'y a plus d'activité. L'activité simone est l'activité répétitive. Et dans ce domaine répétitif, automatisé... chroniciser, mais tout le reste a tendance à s'arrêter. C'est pour ça que cette technique de réification est à la fois particulièrement étonnante et particulièrement efficace. Particulièrement étonnante parce que je peux rencontrer un patient qui est dans cet état figé depuis longtemps et pourtant, je sais par définition et par expérience qu'il y a des parties de lui, il a une conscience virtuelle. Et même si elle est très limitée, très réduite, rigidifiée, elle est présente. Il y a un noyau de créativité qui est vivant. Et cette technique-là, en allant vers quelque chose de plus en plus fin, de plus en plus fin, de plus en plus fin, jusqu'à quelque chose de très très très précis, comme cet objet est très précis, la créativité pour changer cet objet devient très faible. Il n'y a pas besoin de beaucoup d'idées, des brins de câbles, l'idée vient assez rapidement de les couper. Il n'est pas question de changer sa vie, il n'est pas question de changer sa manière de fonctionner au quotidien. Juste couper quelques brins de câbles, ça c'est possible. tout petit peu le symptôme, ça génère un peu de mobilité, un peu de mouvement, un peu de souplesse, un peu de respiration, et ça va remettre, peut remettre potentiellement, un système comme ça, un cercle vertueux qui va se remettre en peau et qui va se réactiver. Et on va souvent se rendre compte que quand ce système se remet en route, il y a d'autres genres de changements qui vont apparaître dans les vies des gens. Souvent des changements dans leurs relations, des changements dans leur travail, des changements dans leurs habitudes.

  • Speaker #1

    Mais là, dans l'exemple que vous nous avez donné de cette Cet homme avec ce câble le long de sa nuque vers son épaule, je veux dire, la raison de cette douleur n'était pas une raison physique, pas une raison... Oui, n'était pas provoquée par une lésion physique. Mais quand il y a une douleur chronique liée à un problème physique, est-ce qu'on peut de la même façon la faire disparaître ou l'améliorer ?

  • Speaker #0

    D'abord, avant tout traitement hypnotique d'une douleur ou d'une manifestation corporelle, Il y a toujours un bilan médical. Bien sûr, moi je dois être sûr qu'il n'y a pas une fracture de la mâchoire. Donc, c'est vrai pour toutes les douleurs dans le dos, les douleurs dans le ventre. Supposons qu'on a un tétien qui se plane l'estomac depuis plusieurs semaines, qui dit, je vais faire de l'hypnose pour calmer la douleur. Peut-être que l'hypnose va calmer la douleur. Donc, peut-être calmer le signal, réduire le signal. Et là, c'est dangereux. Réduire le signal d'un ulcère débutant. Et donc... faire courir aux patients le risque que cette ulcère s'amplifie jusqu'à se perforer et faire un accident beaucoup plus grave. Donc, il y aura toujours un bilan de la douleur. Alors, il y a bien sûr aussi des gens qui ont des douleurs durables, résistantes, récidivantes, qui perdurent parce qu'ils ont une pathologie organique. On sait bien, par exemple, que certaines pathologies pancéreuses vont entraîner des douleurs très importantes, peuvent durer des mois ou des années, que certaines maladies digestives, maladies de Crohn, par exemple, vont entraîner des douleurs importantes, qu'avec l'âge, l'arthrose va entraîner des douleurs importantes. articulaires. Alors, dans ces cas de figure, projet thérapeutique n'est plus le même. Projet thérapeutique, cette fois-ci, on retrouve un peu le principe de protection qu'on avait évoqué plus avant, mais aussi de soulagement. Il va être question de réduire la douleur, de faire en sorte que les gens supportent mieux, peut-être de les aider par l'hypnose à espacer les phases douloureuses, peut-être de permettre à l'hypnose de pouvoir s'endormir, d'avoir un meilleur sommeil. Donc peut-être c'est grâce à l'hypnose de retrouver de la souplesse par la mentalisation du mouvement. Mais c'est aussi par l'hypnose de s'installer dans un lieu agréable, mentalement, d'aller chercher de la tranquillité, du mieux-être. Ces choses-là vont être très précieuses. Mais le projet n'est pas de traiter la maladie sous-jacente. Alors, de manière assez curieuse, il peut arriver que tel patient qui souffre d'arthrose depuis des années, au niveau de la hanche par exemple, ait une arthrose. identifié et officiel, en faisant de l'hypnose et en répétant des séances d'auto-hypnose, va avoir un soulagement conséquent. Voilà, je peux penser à une dame, une jeune femme à une trentaine d'années, qui est venue me rencontrer il y a quelques années maintenant, avec pathologie douloureuse majeure. Chez elle, il était question d'une compression du nerf pudendal. Par le passé, le nerf pudendal s'appelait le nerf honteux interne. C'est le nerf qui s'occupe de toutes les zones du périnée, de l'anus, de la vulve. Cette... Plus d'un d'abjits est très très violente et entraîne beaucoup beaucoup de dysfonctionnement de cette zone du corps, ce qui était le cas chez elle. Elle avait cette douleur depuis deux ans, sans que personne ne sache très bien ce qui lui était arrivé. Des fois ça arrive après une chirurgie, des fois ça arrive après un traumatisme. Bon, chez elle ce n'était pas le cas, mais tellement de douleurs qu'elle ne pouvait plus travailler depuis un an. Je faisais un renseignant, qu'elle ne sortait quasiment pas de chez elle. Pour sortir de chez elle, quand elle voulait s'asseoir, il fallait qu'elle emmène un coussin spécial. Donc sa vie était devenue un vrai cauchemar. Il n'avait plus de vie amoureuse avec son compagnon. Et on a fait cette séance d'hypnose, de réification, qui l'a soulagé, mais ça n'a pas été suffisant. Alors j'ai proposé d'apprendre à faire de l'auto-hypnose avec une technique de base pour aller dans un lieu agréable. Dans cette séance, elle s'est imaginée qu'elle allait dans l'eau, de l'eau à température agréable, dans un cavern magnifique, et elle nage. On s'est vus début juillet, et après, en fonction des déplacements, des absences des uns des autres, on ne s'est revus que début septembre. Et en début septembre, la première phrase qu'elle me dit, J'ai retrouvé ma vie, comme si elle avait dit auparavant, j'ai perdu ma vie. J'ai retrouvé ma vie. Je reprends l'enseignement à la rentrée. Ma vie personnelle, ça va bien. Je reviens. Alors j'étais moi très étonné. Cette maladie-là est souvent très difficile à soigner. Elle a fait deux séances d'auto-hypnose pour aller nager dans l'eau. Tous les jours, tous les jours, tous les jours. Et elle m'a dit, je n'ai pas raté une journée. Et bien le résultat était à la hauteur de son engagement. Et d'ailleurs, pour participer sur un thème qu'on va aborder plus tard, c'est une des histoires qui m'a fait prendre conscience à quel point l'auto-hypnose pouvait aider des gens à se soigner. Ça, ça fait une dizaine d'années, j'ai vraiment été impressionné. Alors, d'autres exemples de dorification, oui, bien sûr. Ce monsieur a une cinquantaine d'années, naturellement sportif, dynamique, sauf depuis 3-4 ans, il y a une douleur qui est apparue dans son dos, dans tout le dos, depuis les épaules jusqu'au bassin. comme si son dos s'était rigidifié. Il n'a pas à ce jour trouvé de traitement à le soulager. Et en fait, c'est comme si cette rigidification était en train d'augmenter progressivement. Et il continue à travailler, mais il dit, c'est de plus en plus pénible d'aller au goulot. Et à un moment, il me dit cette expression, qui pourrait être presque inventée pour notre échange, j'en ai plein d'eau. Avec lui, une idée du mécanisme d'apparition de la douleur a été beaucoup plus simple. Donc il me dit, ça fait quatre ans. À peu près. Ça a commencé après les vacances d'été, quand je devais retourner au boulot. Je n'avais pas envie de dire. Parce qu'ils m'avaient fait une sacrée vacherie au mois de juin. Moi, je travaille dans un hôpital. Je travaille dans cet hôpital-là depuis bien des années, tout s'est toujours très bien passé, on nous fait travailler de plus en plus, il y a de plus en plus de choses à faire. Donc moi j'ai toujours fait, m'occuper des différentes commissions, consultations, donner du temps, et du temps, et du temps, et du temps. Et il était question de monter une consultation spécialisée pour des enfants, et je m'étais porté volontaire parce que ça m'intéresse beaucoup, ce genre de pathologie, les chevaux par rapport au diabète. Et pendant un an, deux ans, j'ai beaucoup travaillé pour que ça puisse se faire. Et donc j'ai fait ça en... en plus de tout ce que je faisais avant, mais avec enthousiasme. La finalité me paraissait justifier largement tout cet engagement. Et puis au mois de juin, j'ai appris que maintenant, tout le processus était prêt pour se mettre à fonctionner à la rentrée. Mais c'est un collègue à moi qui allait devenir responsable de cette unité pour les enfants, parce que, compte tenu de son parcours, parce que ceci, parce que cela. Il me dit que ça a été très douloureux, ça m'a fait beaucoup de mal. Puis voilà, le mois de juillet, qu'après je suis parti en vacances en famille, passer des bonnes vacances. Puis c'est au retour, au retour, j'ai commencé à... à sentir mon dos pas bien, et puis de plus en plus, et de plus en plus, et de plus en plus. Alors, à un premier temps, personne n'a fait de lien avec cette histoire de travail, et moi non plus. On a pensé que j'avais des problèmes, que j'avais peut-être déplacé une vertèbre, que j'avais des problèmes musculaires, de l'arthrose. Et lui me dit, le jour où j'en compte, il dit, mais maintenant, moi je suis sûr que c'est cette histoire de nouleau que je porte. On avait fait son propre diagnostic. Oui, oui, et déjà entre... Oui, en plus, ça, j'avais une dé... des habits. Et chez lui, c'était assez intéressant, la description, il a fini par décrire une planche de bois qui prenait toute la largeur de son dos, épaisse, de peut-être 4 ou 5 centimètres d'épaisseur, et en bois très dur, du chêne même. Un clou, vous dites ? Oui. Lourd, très dur, très raide, et il portait ça tout le temps, tout le temps. L'idée qui lui est venue pour changer cette plaque-là, c'est de la raboter, d'utiliser un rabot. Alors un rabot, ça n'enlève que des petits coups de bois à chaque fois. Dans la séance, il a commencé à le raboter. Et puis, à la fin de la séance, il me dit comment je fais pour continuer. Je dis que quand vous sentez que c'est bien pour vous, vous vous installez, vous imaginez cette plaque de bois et puis vous imaginez que vous la rabotez. C'est un monsieur que j'ai revu quelques mois plus tard, mais dans le cas professionnel, pas dans mon cabinet. Donc, on a discuté un peu tous les deux. Je lui ai dit, vous en êtes où avec votre plaque de bois ? Il me dit, je rabote, je continue à raboter. Mais il n'en reste plus beaucoup. Mais je sais déjà que quand il n'y aura plus cette plaque de bois du tout, je vais quitter l'hôpital. Je suis en train de me préparer à faire autre chose dans ma vie. Il va aller dans un autre établissement. Il dit, je ne peux pas rester ici. Et on a parté. Donc, c'est un monsieur que j'ai revu depuis et qui maintenant vient des fois, il vient en congrès d'hypnose. Et puis, effectivement, il a changé d'hôpital, il a changé de fonction, il va très bien. Et il dit, à tort ou à raison, mais en tout cas, il dit comme ça, que ce n'est pas une hypnose. Il est en train de sombrer, d'arrêter sa vie, de tomber dans la dépression. Alors, une autre histoire. Tiens, parfois, on peut se demander comment des objets vont être transformés ou modifiés pendant la séance d'horification. Je vous en revotais juste deux, qui sont assez classiques, assez représentatives. Par exemple, une dame a une grosse boule de caoutchouc qui est là, quelque part derrière l'osternum, au milieu de la poitrine. Une grosse boule de caoutchouc qui coince un peu tout à l'intérieur. C'est difficile de respirer, c'est difficile de bouger. Elle a imaginé de faire un massage de ces boules de caoutchouc avec une crème, une crème qui allait rendre le caoutchouc plus souple. Donc elle l'a massé, elle l'a massé, elle l'a massé. Et petit à petit, le caoutchouc était... boule dure, on peut dire une grosse basse de tennis, est devenue comme de la pâte à modeler, beaucoup plus souple, et puis pour en prendre des formes qui s'adaptent plus à l'intérieur de son corps. Voilà la créativité de la conscience virtuelle. Et là, c'est Thaï qui a trouvé... Ah oui, c'est Thaï, c'est toujours le patient qui trouve la solution, avec sa manière à lui de penser les choses. En fait, beaucoup de gens vont imaginer un déplacement de l'objet. Par exemple, ça c'est une... Toute jeune femme, elle a une douleur au talon. Au talon depuis des années, 3 ans, 4 ans, 5 ans. Juste au milieu du talon. Et cette douleur, progressivement, l'a empêchée de marcher, de faire ses activités, de se déplacer, de danser bien sûr, ou de courir. Pour le reste, ça fonctionne, mais il y a toute une partie de sa vie qui est arrêtée, qui est figeuse. Alors elle a décrit, elle a décrit en fait une petite bille, quelques millimètres, une petite bille en acier, très très dure, très lisse, très enfoncée dans son corps, dans son talon. toujours au même endroit, une bille rouge vif, brûlante, chaude, très très chaude, voire brûlante, et coincée là. Les changements, ça aurait pu être de la refroidir, ça aurait pu être de découper cette bille, ça aurait pu être de l'envelopper de quelque chose. Eh bien non, l'idée qui est venue, c'était de mettre la bille dans un endroit qu'elle ait moins gênée. Alors elle a imaginé qu'elle pouvait décoller cette bille de là où elle était. Elle l'a mise au milieu du mollet, là où il y avait de la place, et à la fin de la séance, elle est touchée à son mollet et dit Ah ouais, elle est là, hein. Mais... Et elle appuyait sur son talon en même temps. Je disais, ben non, elle n'est plus là. Vous voyez, ça fait l'effet d'enlever une épine dans le pied. Il y a encore un peu des sensations qui m'ont duré. Mais c'était cet effet-là. Donc déplacement, modification, transformation, refroidir, selon l'imagination des gens.

  • Speaker #1

    Le podcast Hypnose et Santé est une création Emergences. Pour toute question, nous serons heureux de vous accueillir sur hypnoses.com.

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