- Speaker #0
Que peut-on faire avec l'hypnose quand on va chez le dentiste ? Réponse dans quelques secondes.
- Speaker #1
Bienvenue sur Hypnose en ligne, le podcast qui vous explique l'hypnose de manière scientifique, médicale et pratique. Oui, pratique, car l'essayer, c'est l'adopter. Retrouvez chaque semaine Kenton Kaser et Philippe Cantamessa qui vous emmènent dans les arcanes de votre cerveau. Prêt pour tenter l'aventure ? Alors, c'est parti !
- Speaker #0
Kenty bonjour !
- Speaker #1
Bonjour Philippe !
- Speaker #0
Tu vas bien ?
- Speaker #1
Ça va fort bien et toi-même ?
- Speaker #0
Je vais bien. Alors aujourd'hui on va parler, comme je viens de le dire à l'instant, qu'est-ce qu'on peut faire avec l'hypnose quand on va chez l'antide.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
Vaste question.
- Speaker #1
Exactement. Donc pour resituer un petit peu, on a décidé d'orchestrer notre première saison autour de la thématique générale de l'hypnose. Et là on est tout doucement en train d'introduire, sans spoil, la suite, c'est-à-dire que dans la saison 2... on va avoir des spécialistes de l'hypnose médicale dans chaque domaine qui vont expliquer... Donc,
- Speaker #0
il n'y aura pas que le dentiste.
- Speaker #1
Non, tout à fait. Donc, là, je vais un petit peu vous expliquer comment on peut utiliser cela. Et maintenant que vous commencez tout doucement à connaître un peu les techniques, connaître un petit peu l'envers du décor, ça devient intéressant d'avoir des utilisations pratiques. Comment on met ça en place, comment on l'utilise. Donc... Qu'est-ce qu'on va pouvoir faire chez le dentiste ? Alors la question qui revient le plus souvent quand je dis aux gens je fais de l'hypnose et je suis dentiste ils me regardent en me disant ah bon, vous ne faites plus d'anesthésie ? C'est une des indications, on en a parlé, on en a même fait tout un épisode sur l'analgésie hypnotique, mais c'est quelque chose que je vais vraiment réserver dans un cas spécifique, c'est-à-dire les personnes qui sont allergiques, ou alors si on a des personnes qui sont phobiques du soin ou de l'aiguille. Parce que là, je vais utiliser l'hypnose pour faire passer l'aiguille. Et comme ça, alors, ils sont beaucoup plus confortables pour tout ce qui est après prise de sang, etc. Mais le fer de lance de l'utilisation de l'hypnose au cabinet dentaire, c'est avant tout dans la communication, dans la prise en charge du patient, pour créer un contexte qui soit le moins anxiogène possible. Parce qu'il ne faut pas se cacher, tout le monde préfère être ailleurs que chez le dentiste en général. Je pense même le dentiste. Je préférais être ailleurs. Mais donc, ce n'est pas un moment qui est le plus agréable, etc. Et qu'on ait une peur panique, qui soit jusqu'à la phobie, ou simplement une appréhension, tous les outils, toutes les stratégies qu'on va utiliser dans notre communication vont faire que ça se passe bien et que c'est confortable.
- Speaker #0
Donc, l'hypnose médicale, ce n'est pas de l'anesthésie, en fait ?
- Speaker #1
Non, pas du tout. Tout à fait. L'utilisation de l'hypno-analgésie, c'est vraiment... un cadre, une application pratique spécifique qui va être vraiment destinée à un moment ou à un type de traitement ou à un type de patient. Comme je te disais, si j'ai quelqu'un qui n'est pas allergique aux anesthésiants, c'est bien plus utile pour lui d'apprendre, grâce à l'hypnose et à l'auto-hypnose, à pouvoir gérer sa phobie de l'aiguille, par exemple, pour une anesthésie, que de lui donner la possibilité de... contourner ce problème-là parce que sinon, je deviens essentiel. C'est-à-dire que s'il a besoin de moi systématiquement pour faire des soins, si je ne suis plus là, et c'est le cas puisque je ne professe plus aujourd'hui en tant que dentiste, il est embêté. Tandis que là, il a les outils pour lui-même gérer son stress ou sa phobie. Une personne allergique, je lui donne les outils pour pouvoir elle-même développer l'anesthésie.
- Speaker #0
Alors est-ce que dans les dentistes que tu fréquentes dans tes formations ou dans tes connaissances, est-ce qu'il y a beaucoup de dentistes déjà qui pratiquent ça ?
- Speaker #1
Maintenant oui, c'est-à-dire que comme je l'ai expliqué, quand moi je me suis formé en 99, on était deux et on nous prenait... pour des maboules, soyons clairs. Donc, c'est toujours les mêmes phases, c'est-à-dire qu'au début, oui, c'est n'importe quoi, etc. Puis après, oui, mais ça ne peut pas marcher. Puis après, mais c'est formidable. Et pourquoi on n'a jamais pensé à ça avant ?
- Speaker #0
Parfois les mêmes ?
- Speaker #1
Toujours les mêmes, ce sont les phases, en fait. Donc, si tu veux, on a vraiment commencé à développer les formations d'hypnose médicale dentaire en 2007, avec mon ami Yves, et puis on a créé l'institut de formation, on était trois, en 2009, et on a eu à peu près 4000 professionnels de santé, plus tous les autres instituts puisque aujourd'hui il y a 35 instituts dans la Confédération, et ils ont à peu près tous une formation d'hypnose médicale dentaire. Donc, on doit être à peu près 6 000, environ 6 000 dentistes qui soient formés. Mais il y a 66 000 cabinets dentaires en France. Il y en a à peu près 8 000 en Belgique. Donc, tu vois qu'il y aura encore un potentiel qui est grand. Maintenant, une fois encore, on ne formera pas tous les dentistes. Parce qu'il y a toujours, et c'est aussi la raison de ce podcast, c'est la vulgarisation, l'explication, parce qu'il y a toujours des préjugés. Il y a toujours des légendes urbaines qui sont accrochées à l'hypnose et où certains praticiens pourraient se dire Oh, mais non, ça c'est n'importe quoi, c'est ésotérique, c'est pas pour moi. Alors qu'en fait, c'est une boîte à outils de communication qui est extraordinaire. Et encore plus aujourd'hui, et je trouve encore plus depuis la crise du Covid que nous avons eue, parce que ça a quand même beaucoup marqué les gens. Il y a eu cette difficulté. une difficulté croissante je trouve sur la communication. J'ai un collègue pédodontiste qui maîtrise aussi tous les outils de l'hypnose et qui m'expliquait qu'aujourd'hui, même avec ces outils-là, il n'est plus en mesure de soigner ses petits patients tout simplement parce que les enfants ne sont plus en capacité d'accepter le soin, c'est-à-dire de rester 20 ou 30 minutes inactifs ou d'avoir cette anesthésie, etc. Donc on en est vraiment... à des niveaux. Alors, on travaille, là c'est plus technique dentaire, mais si tu veux, au lieu de les soins dentaires classiques, on fait une anesthésie, on enlève toute la carie et on remplace par un composite plombage, qui est inerte. Aujourd'hui, les matériaux qu'on a sont des matériaux biocompatibles et qui ont aussi un pouvoir, si tu veux, de cicatrisation, un peu comme un médicament. Donc, on va simplement aller nettoyer la surface de la carie. La laisser, ne pas chercher à avoir tout, ce qui évite pas mal de dévitalisation. Et on va par contre sceller ça grâce aux matériaux qu'on a aujourd'hui. Et en fait, ça va complètement arrêter cette carie. La dent va avoir le temps de pouvoir récupérer. Et si besoin, notamment sur les dents définitives, on repassera plus tard, mais peut-être six mois, un an derrière, on refait une petite radio pour vérifier. Et là, on peut travailler. Ça, c'est purement de la dentisterie classique. C'était celle qu'on faisait il y a une centaine d'années. Donc, c'est rigolo comment on vient quand on n'avait pas tout ce qu'on avait ici. Mais par contre, ce qui est pour moi interpellant, c'est que je m'en suis rendu compte il y a deux ans. On faisait un congrès et mon collègue dont je te parle animait la journée avant moi. Et en fait... Dans son paradigme, c'était Ok, il faut que je trouve une autre façon de soigner. C'est-à-dire qu'il n'y a même plus de fraises. On est à la main, on est avec des petites fraises à main qu'on fait tourner, etc. Pour vraiment éviter, parce qu'ils ne sont plus capables de supporter ça. Et j'ai commencé ma conférence en disant Vous voyez, pendant 25 ans, mon paradigme, c'était comment je peux repousser les limites de l'anesthésie générale à travers les soins, grâce à la communication hypnotique, grâce au cadre concret. Et en fait, je me rends compte qu'il y avait un autre paradigme. On aurait pu éviter d'aller jusqu'à ces soins-là. Mais c'est quelque chose que je n'avais pas dans la tête. Par contre, ce que je sais, c'est que quand il m'a expliqué que ces patients n'ont plus la possibilité de supporter les soins classiques, j'ai encore du boulot pour 25 ans.
- Speaker #0
C'est plutôt une bonne nouvelle.
- Speaker #1
C'est plutôt une bonne nouvelle. Parce qu'en effet, c'est-à-dire que comme les gens ne supportent plus du tout... Ces techniques-là sont vraiment essentielles, parce que ce sont les outils qu'on va faire, c'est-à-dire qu'on va gérer le stress, on va gérer les phobies.
- Speaker #0
Et ça, ça fait partie quand même de l'ADN du dentiste, au départ, même sans l'hypnose. C'est quand même de gérer le stress de la personne qui vient chez soi.
- Speaker #1
Alors, la plupart du temps, on est totalement démuni là-dessus, d'abord parce qu'il n'y a pas de formation, et qu'en fait, si tu veux, le stress, il ne se transmet pas parce que tu communiques, mais parce que tu es. Mais rappelle-toi, on a fait... tout un épisode sur la communication non-verbale. Et en fait, le stress, il se transmet par là. Et donc, la plupart des patients sont stressés chez le dentiste et vont transmettre leur stress aux dentistes qui ne sont pas formés pour se protéger. La première chose que fait, ça c'est pour préparer l'épisode suivant, première chose qu'apprend un psychologue ou un psychiatre, c'est à se protéger. C'est ce qu'on appelle l'empathie. C'est-à-dire, je comprends ta douleur, je peux la... l'imaginer, mais je ne la ressens pas. J'en suis dissocié. Et en fait, les dentistes ne sont pas empathiques. Ils sont sympathiques. Ils souffrent avec. Ils prennent le sac à dos. Dans la formation, je le fais, c'est toujours rigolo, mais quand j'explique ça, je dis voilà, si vous regardez, vos patients ont une capacité d'empathie que vous n'avez pas. C'est-à-dire que vous avez Madame Trucmuche qui est dans la salle d'attente. Et puis, vous allez la chercher et vous lui demandez Bonjour Madame Trucmuche, comment ça va aujourd'hui ? Ça ne va pas parce que mon petit-fils est malade et puis il y a ceci et puis il y a ceci. Et on te déverse tous les malheurs du monde. Et toi, tu lui réponds Allez, venez, on va vous faire un petit détartrage et ça va bien se passer. Elle n'a pas envie, mais toi, on va faire comme ça. Et tu portes ça. Par contre... Si toi t'arrives dans la salle d'attente, et que t'es vraiment pas en forme, et puis il y a madame Trucmuche qui est là, et puis elle dit, ben alors monsieur Kayser, vous allez pas aller en forme aujourd'hui ? Ah non, aujourd'hui ça va vraiment pas, y'a rien qui va là, y'a tout qui me merde, tous les soins que j'ai fait, c'est la catastrophe, etc. Madame Trucmuche, elle va pas me dire, oh mais c'est pas grave hein monsieur Kayser, vous allez me faire un bon petit détartage, et ça va vous mettre de bonne humeur ! Qu'est-ce qu'elle va faire madame Trucmuche ? Elle va me dire, vous savez quoi docteur ? On va reporter la séance. Quand vous irez mieux, vous prenez des vacances, vous irez mieux, à ce moment-là, vous me soignerez. C'est ça l'empathie. C'est-à-dire qu'elle va se protéger. Mais nous, en fait, non. Même si les patients ne veulent pas, dans notre cursus classique, on va tirer les patients et porter leur sac à dos. Et ce qui fatigue les dentistes, parce qu'il faut savoir que c'est une profession qui est très exposée au burn-out, c'est ça. Ce n'est pas le fait de soigner, ce n'est pas la technicité du soin, même si on est dans un environnement complexe, on est formé. C'est la gestion du relationnel qui aujourd'hui pose les plus gros problèmes et c'est ce qui fait que, à mon sens, même sans besoin des techniques hypnotiques pour la gestion du saignement, pour l'anesthésie, tout ce qu'on expliquait, et qui fait partie des épisodes dont on a déjà parlé, ce qui fait vraiment l'utilité, je pense, aujourd'hui, de tous les professionnels de santé, c'est d'avoir ces techniques. boîte à outils de communication qui permet facilement de gérer cela. Et je le vois aussi dans les autres cours que je donne d'organisation des cabinets, etc. Parce que ce qui pose problème aux équipes, ce ne sont pas tellement les soins, c'est vraiment le relationnel. On va utiliser l'hypnose avec les enfants, on va faire des jeux, on les emmène. Parce qu'un enfant, tu lui dis, on disait qu'on fait une course et il est dans la course. Donc l'hypnose, elle est instantanée. Mais la grosse difficulté, c'est de gérer le parent. Si le parent accompagne l'enfant dans la pièce. Alors, certains pédodontistes vont dire, moi je ne veux pas les enfants, je ne veux pas les parents avec, je ne prends que les enfants. Ah oui, c'est comme à l'école. À l'école, tu déposes ton enfant, tu ne vas pas dans la classe. Non. Sauf certaines classes, mais alors tu as du mal à virer les parents et c'est dommage. Donc souvent, on va dire, non, c'est plus simple, je laisse les parents dehors. Et moi, c'était tout l'inverse. Je prenais les parents pour deux raisons, parce que je n'étais pas que pédodontiste, je soignais aussi les adultes. Et souvent, les parents... t'amènes l'enfant, si ça se passe bien avec l'enfant, il prend le rendez-vous. Alors, je rectifie encore, c'est la maman. t'amènes l'enfant, ça se passe bien avec l'enfant, elle prend rendez-vous, quand elle a eu tous les enfants et que ça s'est bien passé, elle t'amène le papa. C'est vrai ? Oui,
- Speaker #0
c'est toujours comme ça. Ça, tu avais remarqué ça.
- Speaker #1
Oui, c'est toujours comme ça que ça se passe. Le papa vient en dernier. Et donc, si tu veux, on va utiliser l'hypnose énormément. C'est pour ça que j'acceptais les parents avec les enfants. Sauf si, évidemment, ils polluaient vraiment trop la séance. C'est déjà arrivé. Oui, je leur demandais à ce moment-là de sortir, pour le bien de l'enfant. Pour mon confort personnel, il faut le reconnaître aussi. Pas besoin, on a un spray, tu sais, on les douche. Mais la plupart du temps, en fait, je faisais les deux. C'est-à-dire que le fait de voir que ton enfant, ça se passe super bien, qu'il se marre, qu'il joue, qu'il rigole, que c'est super. Et c'est vraiment un monde magique. Parce que l'hypnose, tu les emmènes vraiment dans ce monde magique de l'enfance. où ils sont dans le jeu, dans le ceci, et ils reviennent tout le temps. Donc, ils sont en hypnose, ils n'y sont plus, ils reviennent. Et c'est génial, les parents voient ça, ben en fait, tu soignes aussi leur phobie de l'enfance. Parce que, la plupart du temps, si les parents ont un a priori, c'est parce que ils ont peut-être eu des expériences qui étaient mal en contre eux. Et donc, ça va nous permettre de gérer ça et d'amener les choses derrière.
- Speaker #0
Plus compliqué dans les cas d'urgence, peut-être, ça, non ?
- Speaker #1
Pas spécialement, justement, parce qu'en fait, là, ça va être, tu vois, Mais déjà arrivé, tu as un patient qui arrive en urgence. En général, les créneaux d'urgence, c'est 10 minutes. On n'a pas trop le temps de faire beaucoup de choses, plus ou moins. Juste parer à l'urgence. Et puis tu as un patient qui arrive et tu vois qu'il a un abcès au bout d'une dent. Et si tu veux faire le soin, tu en as pour deux heures. Donc à ce moment-là, tu ne peux pas laisser repartir le patient comme ça parce que si tu lui donnes même des médicaments, des antalgiques ou des antibiotiques, il faudra 24 à 48 heures pour que ça agisse. À ce moment-là, je vais créer... comme je t'en ai montré très rapidement, une analgésie qui va durer le temps nécessaire pour que les médicaments fassent effet. Mais une fois encore... on ne fait pas du maraboutisme. C'est-à-dire qu'il y a un diagnostic qui est posé et on va utiliser dans notre domaine de compétences les ressources qu'on a associées à l'hypnose. Parce que l'hypnose, c'est vraiment un outil, comme mon miroir, comme ma presselle, comme ma pince, comme ma turbine ou ma fraise. Et je vais utiliser toutes les techniques et les stratégies, c'est une boîte à outils que j'ouvre de communication, puisqu'il y a plein de techniques différentes. qui vont me permettre de pouvoir ainsi gérer la problématique du patient. Si c'est une douleur parce qu'il vient en urgence, si je crée, comme tu l'as testé par toi-même dans l'épisode où on a travaillé l'analgésie en quelques secondes, je lui permets de ne plus avoir cette douleur, je ne ferai que si je connais l'origine de la douleur, évidemment, parce que sinon je peux faire pire que bien, c'est très important, eh bien je vais pouvoir l'aider. S'il est très stressé, je vais me servir de toute cette communication du langage corporel pour amener de la dynamique. Je vois un petit exemple comme ça, une petite patiente de 4 ans qui m'avait été référée. Et puis, quand j'arrive en salle d'attente, elle est comme ça, elle a les cheveux longs. Et j'ai la maman qui est derrière, aussi en langage corporel, qui me fait un petit signe, genre, désolé, elle est comme ça, etc. Puis je viens et je lui pose deux, trois questions et la petite, elle ne répond pas. Elle ne bouge pas. Je me rends compte que si je reste comme ça, dans cette tentative de communication et d'alliance thérapeutique, ça ne va jamais marcher. Donc, je change tout de suite de stratégie. Ça me prend deux secondes. Comme elle est figée toute droite comme ça, je me mets devant elle théâtralement et je fais comme ça. Je me mets à côté, je ne bouge plus. Et au bout de 5 secondes, je vois tout doucement les cheveux qui bougent, mes cheveux longs et la tête qui tourne. Et puis elle monte la tête, puis moi je tourne tout doucement la tête, elle me regarde, et au moment où nos regards se croisent, j'esquisse un sourire, et 4 ans, elle éclate de rire. J'étais entrée dans son monde, j'étais dans son jeu, j'avais bien compris. tu ne veux pas que je te touche, tu ne veux pas que je te soigne, tu ne veux pas que je t'approche. Ok, je respecte. Mais qu'est-ce qu'on fait alors ? Parce que une fois encore, on l'a dit, l'hypnose, c'est de la coopération. Si je n'ai pas la coopération et si je n'ai pas la confiance, ça ne va pas marcher. Donc, je vais créer un cadre dans lequel ça va se mettre en place. Ça n'a pas suffi pour la soigner. Cette petite, à 4 ans, elle avait quand même déjà vu 3 dentistes, 3 pédos, elle en avait mordu un. Donc elle avait déjà un beau petit palmarès. Après moi, c'était l'anesthésie générale. Et ce ne sont que des...
- Speaker #0
Tu dis ça en plaisantant ? Non,
- Speaker #1
non. Ça peut arriver. Ah oui, si je ne suis pas capable de soigner le patient, après, il reste l'anesthésie générale. Il n'y a pas d'autre choix.
- Speaker #0
Alors, en préparant l'émission, tu m'as parlé de ce podcast de parafonction.
- Speaker #1
Oui, tout à fait.
- Speaker #0
Institution du pouce, je vois ce que c'est, mais je ne comprends pas. tu as employé un mot que je n'avais jamais entendu qui est le bruxisme.
- Speaker #1
Le bruxisme, c'est grincer des dents. D'accord. Donc, tu vois, la plupart du temps, quand quelqu'un vient pour le bruxisme, c'est plutôt le partenaire qui te l'amène. Génial.
- Speaker #0
Et on peut faire quelque chose ?
- Speaker #1
Alors oui, parce que...
- Speaker #0
Enlever les dents. Alors,
- Speaker #1
d'abord, une fois encore, il y a une question de diagnostic. C'est-à-dire que si on sait aujourd'hui que la plupart du temps, le bruxisme va être lié notamment à des troubles de la posture, et les dentistes maintenant travaillent en relation à... avec des kinés, des ostéos, etc. Parce que les orthodontistes également, pour rééquilibrer, on marche sur les dents la nuit.
- Speaker #0
Ce qui abîme les dents en fait.
- Speaker #1
Oui, ça les use évidemment, tout à fait. Donc on va d'abord analyser et vérifier qu'il n'y ait pas de problème, parce que évidemment, quand tu stresses, tu serres des dents. Oui, tout à fait. Et donc là, comme c'est quelque chose que tu vas faire non consciemment, on va avoir des stratégies qui nous permettent d'amener le patient à le gérer. de deux façons, non consciemment et consciemment. C'est-à-dire de prendre conscience du problème pour le régler. Et notamment, on va utiliser, pour rappel, si vous avez vu nos épisodes précédents, une des techniques préférées d'Erikson, qui est ce qu'on appelle la prescription de symptômes. C'est-à-dire que, comme je te le disais en rigolant, mais ça a son importance, quand on a quelqu'un qui bruxe des dents, ça fait beaucoup de bruit, et souvent, lui ne l'entend pas. Il dort. c'est le conjoint ou la conjointe qui l'entend qui est réveillé par le bruit donc en hypnose, une stratégie je ne dis pas que c'est LA stratégie mais c'en est une on va créer une suggestion qui va faire qu'à chaque fois qu'il se met à grincer il va se réveiller quand tu te réveilles 132 fois ce qui a déjà été le cas d'un de mes patients sur une nuit Je peux te dire que très vite, tu as envie que ça change. Maintenant, très important, il se réveille, mais je ne peux pas créer. Imagine, ce patient, il est chauffeur poids lourd, il va bosser le lendemain avec un 30 tonnes derrière, c'est dangereux. L'idée derrière ça, c'était, tu en prends conscience, ça va commencer à être un problème qui t'embête alors qu'il ne t'embêtait pas. Il n'embêtait que ta femme. Et quand tu en as pris conscience, tu vas d'abord détendre les muscles, tu vas arrêter et tu vas te rendormir. surpris le lendemain de constater à quel point tu as bien dormi parce que tu en prends conscience et on crée une double implication qui va faire que plus il prend conscience et plus il stoppe sa mieux il dort voilà c'est un peu schématisé mais ça explique bien justement comment on peut faire ça il ya d'autres choses qui sont rigolotes par exemple pour la succion du pouce tu sais on a des parents Peut-être encore d'autant plus aujourd'hui, puisqu'on est plutôt sur une éducation où on va laisser faire, dirons-nous. Où en fait, c'est l'enfant qui est roi. Les parents n'ont plus grand-chose à dire. Et dans ces conditions-là, ils sucent leurs pouces et puis alors ça les embête. Et puis ils ont tout essayé, ils ont engueulé, ils ont ceci, ils ont ça, ils n'y arrivent pas. Donc à un moment, ils entendent, tiens, peut-être il y a un dentiste qui fait de l'hypnose qui peut gérer ça. Ils sont ravis, ils t'amènent l'enfant. S'il pouvait te laisser deux semaines et repartir, il le ferait. Et alors, c'est toujours très drôle parce que quand les patients arrivent comme ça, les parents expliquent, oui, ils se sont poussés, on a tout fait, etc. Et donc, il y a un préaccord qui va se faire où j'explique aux parents, je dis donc d'accord, vous venez me voir pour que je prenne en charge votre enfant. Et les parents disent, oui, oui, c'est ça, exactement, très bien. Donc, vous me signez un papier, ils signent un papier en disant, oui, je n'ai plus le droit de m'occuper de ça, ce n'est plus votre problème. Ils sont ravis, parce qu'évidemment, tu leur... Ils le font vraiment ? Ah oui, oui, ils le signent, c'est très important. Ils me signent ce papier-là, sinon je ne commence pas. Et ils sont ravis, c'est comme si tu leur avais enlevé une épigne hors du pied. C'est lui qui va gérer tout ça, c'est super, c'est cool, tranquille. Et puis, dès que j'ai le papier en main, je regarde les parents, puis je regarde l'enfant, et puis je dis à l'enfant qui a peut-être 4 ans, 5 ans, 6 ans, je dis écoute, c'est ta bouche, c'est ton pouce, tu suces autant que tu veux.
- Speaker #0
Et tu dis ça devant les parents ? Oui.
- Speaker #1
Alors là, les parents me regardent et je leur montre le papier et en fait, là-dedans, ce que je vais faire, c'est que je vais stopper le bénéfice secondaire. C'est-à-dire que l'enfant...
- Speaker #0
Embêter le parent.
- Speaker #1
Parfois, en fait, quand il suce et qu'il se fait engueuler, c'est peut-être le seul moment où il a de l'attention. Une fois encore, je ne vais pas chercher à entrer dans tout le contexte psychologique. Ce n'est pas mon job. On va peut-être avoir un pédopsy à ce moment-là. Mais avant de commencer, je vais supprimer ça. Donc, le gamin, il va en profiter, il va vérifier s'il a bien le pouvoir. Donc, il va le faire, mais il va en avoir conscience et il va le faire consciemment, plutôt que sucer de façon inconsciente. Et on va amener plein d'autres processus. Et à un moment, on va inverser, parce qu'en fait, comme l'enfant perd ce bénéfice secondaire, il ne s'en rend pas compte. Après, je vais encourager les parents à vérifier que l'enfant ne l'a pas en bouche. Et là, ils ont alors la dynamique de pouvoir dire Waouh, t'as vu ? C'est super, tu l'as vu. Et on va utiliser plein d'autres stratégies.
- Speaker #0
Ça t'as déjà vécu ? Ah oui,
- Speaker #1
mais plein de fois.
- Speaker #0
Avec tes patients.
- Speaker #1
Ça marche très très bien. Et on va utiliser ça plein de fois pour justement permettre à l'enfant de passer à une autre étape. Autre utilisation, par exemple, tu sais, quand on va faire des appareils, on doit faire des empreintes et on peut avoir des personnes qui ont des réflexes de nausées importants. Donc, l'hypnose va aussi nous aider justement à gérer les réflexes de nausées très facilement. Ou encore, on en avait parlé dans un épisode, la gestion du saignement, quand on a une hémorragie dans le cadre de la chirurgie, et aussi, simplement, le fait d'utiliser. ce cadre de bienveillance où on est cool, où on est relax quand on fait les chirurgies, on a une cicatrisation qui est vraiment améliorée. Donc, tu vois, aujourd'hui, la dentisterie se spécialise de plus en plus et va de plus en plus vers le technique et le chirurgical. C'est une autre indication majeure que d'avoir ces techniques-là, parce que il ne suffit pas d'être bon chirurgien. Si tu veux que ça se passe bien, tu dois aussi avoir... tout l'environnement émotionnel, comportemental. Parce que, une fois encore, comme on le disait, les chirurgiens, le mot chirurgie s'est galvaudé, c'est quelque chose qu'ils utilisent tout le temps. jusqu'à ce que ça soit à une partie de leur corps à eux. Ou c'est plus pareil. Et dans ces conditions-là, on est content d'avoir un zozo comme moi qui fait de l'hypnose.
- Speaker #0
Et alors, quand tu écoutes les conversations par rapport aux dentistes, entre copains, etc., quand tu n'es pas dans le milieu, il y a quand même un symbole qui fait peur, c'est la fraise, la turbine. Là aussi, l'hypnose...
- Speaker #1
Oui, c'est-à-dire que... Tout à fait. Alors, ce qui est rigolo... Une fois encore, si vous regardez l'épisode précédent où je parlais de Rossy, où il y avait l'avant et l'après Rossy, dans l'avant Rossy, j'emmenais les gens, j'embarquais les gens dans des histoires et j'intégrais les bruits, les sons, etc. Après Rossy, j'ai laissé les gens faire. Et en fait, ils transforment ça comme ils veulent. Ils n'entendent plus, ils font ce qu'ils veulent. Ou ils décident simplement, ça m'est déjà arrivé plein de fois, des patients qui me disent, en fait, non... décidé de partir là. J'étais juste assis sur la chaise qui est normalement réservée aux accompagnants. Et j'étais en train de nous regarder. Je vous regardais en train de me soigner. Et le simple fait que ce n'était pas moi, mais que je me regardais moi, à travers moi, ça ne me posait plus de problème. Et puis, tu en as d'autres. J'ai eu une dame, dans le cadre d'une chirurgie que je faisais avec un collègue. Et en fait, elle faisait sa chirurgie. une phobie des soins dentaires. Et la seule raison pour laquelle elle faisait, c'est que sa fille allait se marier, qu'elle voulait avoir un beau sourire pour le mariage. Et en fait, je l'ai projetée dans la journée de mariage. Et elle a terminé, d'abord, tous les soins étaient faits, c'était nickel. Elle était en pleurs, mais d'émerveillement, parce qu'elle avait passé une journée fabuleuse.
- Speaker #0
Comme d'habitude, si on a des questions, j'imagine... en dessous de l'épisode. Ils peuvent poser des questions. Quand je dis ils, c'est vous, évidemment. Et la prochaine fois, ce sera l'hypnose médicale. On en parle souvent versus l'hypnothérapie.
- Speaker #1
Tout à fait. Alors, on va justement bien différencier cet aspect-là, comme j'en parlais un petit peu tout à l'heure, parce que faire de l'hypnothérapie, c'est une des façons d'utiliser l'hypnose médicale de la même façon qu'on vient d'expliquer.
- Speaker #0
Quelle que soit le domaine.
- Speaker #1
c'est différent, pour le kiné c'est différent, le cardiologue va l'utiliser encore différemment, l'ophtalmo également, des stratégies communes, évidemment, si on a des actes techniques à faire. Mais la plupart du temps, il y a quand même certaines spécificités. Donc oui, dans l'épisode prochain, on va justement aller voir en quoi le fait d'avoir l'hypnose en plus comme outil, comme ressource, une fois encore, je ne suis pas hypnothérapeute, mais qu'est-ce que ça peut apporter ? dans la dynamique. Je dirais à la semaine prochaine. Et puis, rappelez-vous, vous avez aussi dans la description tous les contenus où vous pouvez tester des séances guidées qui sont disponibles sur notre site internet.