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Noblesse Oblige, un livre écrit par Maiwenn Alix cover
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Inky et Peete se livrent - le podcast lecture qui donne voix aux premiers mots d’un livre

Noblesse Oblige, un livre écrit par Maiwenn Alix

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11min |20/03/2025
Play
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Noblesse Oblige, un livre écrit par Maiwenn Alix

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11min |20/03/2025
Play

Description

Connaissez-vous Gabrielle ?

🤴👸👗📺🎼


Dans cette France uchronique, la Révolution française a échoué. Louis XXI règne sur son peuple grâce, entre autre, à la télévision et aux émissions de télé-réalité, dont la fameuse : Noblesse Oblige !

Sous les tissus blancs et les rubans dorés, les manipulations, les complots politiques et les mensonges sont plus terribles que jamais.


📚 Références :

titre : Noblesse Oblige

autrice : Maiwenn Alix

couverture : Germain Barthélémy

éditeur : Slalom

site : https://www.instagram.com/editions_slalom/

à partir de 16 ans (Attention : violence crue !)


🎙️ Abonnez-vous pour ne manquer aucun incipit !

Et si cet incipit vous a plu, n'hésitez pas à laisser une note et un commentaire sur Apple Podcast, Deezer ou votre plateforme d'écoute ! Ainsi, ces incipits arriveront dans les oreilles d'autres amoureuses et amoureux des belles histoires (et cela donnera aussi de la force à Inky, Peete et moi pour continuer à vous parler de nos lectures).


🙀😻 Et retrouvez Inky et Peete sur Instagram.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Je pose les mains avec douceur sur les touches noires et blanches. Les notes s'envolent, légères, au-dessus du piano, et s'épanouissent dans le salon bleu au mobilier Louis XV. Les variations Goldberg. Madame de Cardoncuff apprécie particulièrement la deuxième quand elle reçoit. « Oh, ma chère amie, vous aviez raison, ce thé est divin ! » s'exclame Madame de Fontaine. « N'est-ce pas ? Monsieur l'a fait venir spécialement de Chine, une cargaison pleine. C'est un produit rare, une production limitée, m'a-t-il dit, 8 tonnes par an seulement, un luxe réservé aux plus grands, naturellement, la cour en raffole aux tuileries. Il me faut toute la maîtrise de mes sentiments pour ne pas enfoncer les touches suivantes avec plus de force que ne le demanderait ce morceau. Elle a fait venir ce thé avec nos bateaux. » Si mon père n'avait pas été injustement embastillé, son entreprise d'armement saisie et confiée à ses nobles familles, j'aurais été celle en train de le déguster et de le faire découvrir à ses amis. Je prends une grande inspiration à la fin de la mesure, ce qui me permet de revenir à la musique tout en créant une certaine tension dramatique. Concentre-toi, Gabriel. Je n'ai jamais rien goûté d'aussi exquis. Mes compliments à monsieur, quelle trouvaille ! Les deux précieuses ne se sont rendues compte de rien. Ce n'est pas étonnant. Madame de Cordoncuf, ma maîtresse... se croit mélomane, mais n'a ni oreille ni sens du rythme. Elle se contente de répéter les avis des autres. Sa critique d'un opéra sera en tout point similaire à celle de la revue des arts, qu'elle se devra de lire avant chaque représentation, afin de paraître savante auprès du beau monde pendant l'entracte. « Alors, ma chère, avez-vous eu vent de nouvelles excitantes sur la prochaine saison de Noblesse Oblige ? » s'enquiert Mme de Fontaine en se penchant vers ma maîtresse. « J'ai ouï dire que la Duchesse Douarière de Léon venait séjourner chez vous ce soir. C'est donc une jeune fille de leur région aura l'honneur d'y participer cette année ? » Madame de Cardoncuf porte la main à sa bouche, affiche l'air joueur et faussement surpris d'une intrigante. Elle a elle-même lancé la rumeur de la visite de la Duchesse, bien entendu. Elle l'a mentionné suffisamment fort à son mari à la messe de dimanche derrière pour que le bruit coure sur tous les bancs. Avant la fin du rite, tout Brest avait connaissance de l'honneur qui lui était fait. « Ah oui, ma chère ! » dit-elle en baissant la voix. « Elle arrive en fin d'après-midi. » Je jouais le morceau mezzo forte, je continue piano. Voilà enfin des informations dont je pourrais faire quelques usages et qui intéresseraient Mme Lautrec. A 17 ans, toutes les femmes sont invitées à se faire recenser et à se faire prélever un échantillon sanguin. Personne ne sait vraiment sur quelle base ceux-ci sont analysés, mais les services du roi s'en servent pour identifier une poignée de jeunes filles censées être de sang pur, malgré leur naissance parmi les roturiers. Les heureuses élues, comme par hasard toujours belles et talentueuses, sont invitées à participer à l'émission Noblesse Oblige. Elles sont envoyées à Versailles pour y rencontrer de jeunes nobles en quête d'épouse, Le tout devant des dizaines de caméras de télévision et sous les yeux de la France entière. Si je pouvais savoir qui fera partie de la sélection cette année, mon réseau saurait sûrement mettre à profit ce renseignement. En enlevant la pauvreté afin de lui épargner le choix entre un mariage sans amour et le couvent, par exemple. Ou en lui proposant d'espionner pour notre compte. Les candidats doivent certainement avoir accès à un tout atteint d'informations sensibles que nous pourrions exploiter. Vous avez deviné juste, finit par confier Madame de Cardoncuf. Une jeune femme de Brest sera bien présente à Versailles cette année. Mais c'est tout ce que je peux vous en dire, car je n'en sais pas plus. Elle prend une petite gorgée de thé et je joue si pianissimo que je peux l'entendre déglutir. L'a-t-elle menti ? Plus tôt dans la journée, je l'ai vue recevoir une lettre qui lui a fait de l'effet. Je me raisonne aussitôt et continue mon morceau. La Cardoncuf est trop gourmande de ragots pour garder un tel secret. « En revanche, j'ai bon espoir d'obtenir que mon Édouard ait sa place. Aussitôt fêté ses dix-huit ans, » ajoute-t-elle, rayonnant de fierté. « Édouard ? À Versailles ? Oh, très cher, ce serait exceptionnel ! » « N'est-ce pas ? La Duchesse m'a promis d'en discuter dès son arrivée. Vous vous doutez qu'elle n'aurait pas proposé d'aborder le sujet si ce n'était pas quasiment fait. Oh, je l'y vois déjà ! » « Voilà donc le contenu de la missive qu'il aura mise dans tous ses états. » « Oh, je ravale un éclat de rire. » Edward Cardoncuff, l'héritier de la famille, est un gros phoque de 15 ans qui ne sait pas différencier sa gauche de sa droite. Sans la fortune et les réseaux de sa famille, ce garçon n'aurait aucun avenir. « Gabriel ! » Je relève la tête de mon clavier. « Oh, jouez-nous quelque chose de plus entraînant. Tenez, improvisez comme la dernière fois. » « Bien, madame. » J'obtempère et me lance dans une variation d'un thème de jazz que j'ai déjà interprété dans ce même salon il y a trois jours. N'ayant que peu de mémoire pour les mélodies, elle l'aura oublié. Oh « Oh, quelle perle votre dame de compagnie ! » commande Madame de Fontaine. « Quel talent vous avez à votre disposition ! » « Oh oui, Gabriel m'est très agréable. » « Vous savez, la Duchesse de Léon elle-même m'a confié la dernière fois qu'elle a séjourné chez moi que ma protégée aurait pu se produire à l'Opéra d'Istanbul. » « Je ne relève pas. Je ne réagis pas. » « Je me contente de moduler ma variation, de lui donner une couleur sombre et menaçante derrière son apparent entrain. » « Lorsque les sœurs du couvent Saint-Augustine, en charge de mon éducation, montaient... » Énoncer que l'argent versé par mon père, désormais déchu, n'était plus suffisant pour payer ma scolarité, et que j'allais être placée au service d'une des familles qui avait justement profité de notre ruine, je savais aller au-devant de temps difficiles. En revanche, je n'avais pas imaginé recevoir ainsi régulièrement des coups de poignard à chaque fois que ma maîtresse se vantrait publiquement de l'avenir d'Antelma Spolier. J'aurais pu jouer à Paris, à Istanbul, à New York. Me voilà enchaînée dans une famille qui m'a privée d'éducation et m'exhibe désormais comme un animal de foire à chacune de ses petites sauteries. Pire ! Plus que mes maîtres, ils sont aussi devenus mes tuteurs légaux, jusqu'à ma majorité, à 21 ans. Je n'ai donc pas d'autre choix que de travailler pour eux, et au prix ridicule qu'ils m'ont fixé. Oh, quel courage de la part de Madame de Léon d'apparaître dans l'émission cette année, enchaîne Madame de Fontaine, après ce qui est arrivé à Sabru ! Oh, tragique, tragique, renchérit la carte d'encufe en secouant la tête d'un arcontri. Si jeune, si belle, mariée depuis six mois à peine ! Vous savez, de ce que j'ai pu entendre, le jeune de Léon ne s'en est toujours pas remis. Oh, nous non plus, ma chère, nous non plus ! Je m'accorde le plaisir quelque peu facétieux de teinter ma mélodie d'une poète de mélancolie, alors que les deux nobles femmes Ausha tristement la tête. La jeune Capucine de Léon, née Trégor, était la grande gagnante de la saison précédente de Noblesse Oblige. Aussi intelligente et vive que gracieuse et belle, Capucine avait ravi le cœur du jeune Hervé de Léon, hérité de la plus vieille et plus importante famille de France en dehors de celle du roi. Tout le royaume a assisté à leur histoire d'amour télévisuelle, a levé un verre à leur santé le jour de leur mariage, et a porté un brassard noir le lendemain de la mort de la jeune femme, survenue lors d'une soirée organisée pour l'anniversaire du dauphin, il y a trois mois. Une triste, mais banale histoire d'incendie, qui a fait partir en fumée la duchesse et la moitié du petit Parthénon, où la fête avait lieu. En temps normal, j'aurais eu de la sympathie pour la douleur du jeune Vof, mais sa famille est celle qui s'est vue confier la gestion de l'entreprise d'armement de mon père après qu'elle a été saisie. Il peut bien sonner dans ses larmes.

  • Speaker #1

    Vous écoutez Inky et Pete, ce livre, le podcast lecture en 15 minutes, à peu près, qui donne vie et voix au premier mot d'un livre et vous donne envie de découvrir les suivants. Ou pas. Je suis Mafalda Vidal, amoureuse des jolis mots et des belles histoires. Vous venez d'écouter l'Inquipit de Noblesse oblige, écrit par Maywen Alix, publié en 2024 aux éditions Slalom, et lu par l'autrice elle-même. L'histoire de Noblesse oblige, c'est l'histoire de Gabrielle. Gabrielle, c'est une jeune femme dont le père a été injustement emprisonné pour des raisons politiques. Son père est en prison, et elle se retrouve sous la tutelle d'une famille noble. Elle vit dans un monde où la révolution de 1789 a échoué. Mais l'histoire ne s'est pas arrêtée pour autant. La vie a suivi son cours et les avancées technologiques ont eu lieu, pour le meilleur et pour le pire. Ainsi, la télé-réalité existe et a énormément de succès. Surtout parmi les nobles, qui n'ont, en bon noble, pas grand chose à faire. Le jeu télévisé qui a le plus de succès, c'est Noblesse oblige. L'émission sélectionne les jeunes filles en âge d'être mariées et les nobles hommes qui cherchent une épouse. Et il se trouve que Gabrielle va être sélectionnée. Elle va décider de participer et d'espionner pour le compte des rebelles. Les anti-royalistes qui veulent renverser la monarchie en place. Gabrielle est sûre de réussir, elle fait déjà semblant de sourire en permanence, et ça peut pas être pire. Et puis tout est scénarisé de toute façon, et puis sécurisé bien sûr. Bien sûr ?

  • Speaker #0

    Ou pas.

  • Speaker #1

    Le roman tourne autour de ce personnage, Gabrielle. Gabrielle est une femme en colère, qui courbe les chines parce qu'elle veut vivre, elle n'a pas le choix. Mais en secret, elle aide les anti-royalistes. Elle se raccroche à l'espoir d'une vie meilleure, plus juste, promise par les rebelles. Mais finalement, cette vie-là, est-ce que ça serait vraiment mieux ? Et surtout, est-ce qu'elle aura l'occasion d'en profiter ? Gabrielle est une femme intelligente. Elle sait faire semblant. Mais elle ne connaît rien aux manigances politiques, que ce soit les manigances de la cour ou d'ailleurs. Et elle se rend vite compte qu'elle est un pion dans cette histoire. Mais bien sûr, c'est trop tard. Gabrielle, c'est aussi une musicienne. Avant sa déchéance, elle était promise à une carrière internationale. Et ce qui est intéressant dans le roman, c'est que Gabrielle va céder des rythmes et des mélodies des grands opéras pour calmer ses émotions. Et elle va passer par beaucoup d'émotions. Noblesse oblige, c'est une uchronie. Donc tout est basé sur le fait que la révolution de 1789 n'a pas réussi. Mais au fond, la réalité qui est décrite n'est pas si différente de la nôtre. Il y a la télévision, en permanence, des manipulations. des mensonges déguisés, tout est basé sur un jeu, le jeu des apparences. Et c'est bien sûr matérialisé par la télé-réalité et notamment par le jeu Noblesse Oblige. Louis XXI est un tyran comme un autre. Sauf que, dans sa bouche, ça choque moins de monde quand il méprise les roturiers et la pauvreté. Dans ce roman, on sent aussi la passion de l'autrice pour les décors, les costumes, les robes, les tissus. Tout ce décor à la Versailles est extrêmement bien décrit, et ça fait rêver. Attention tout de même, je rappelle que c'est le royaume des apparences, et sous les rubans et les dorures se cache une grande violence, avec de la séquestration, la torture, les fioles... Donc c'est un roman yang adulte, mais pas à mettre entre toutes les mains quand même. Je voudrais terminer en revenant sur la définition de l'expression « noblesse oblige » que je trouve très intéressante. C'est une expression française qui signifie que la noblesse va au-delà de simples privilèges et droits, mais que le statut de noblesse même vient avec des devoirs et des responsabilités sociales. Par exemple, la générosité, la justice, la défense des opprimés, une certaine éducation, et donc une pensée critique sur le monde et tout ce qui s'y passe. Alors, c'est pas vraiment appliqué dans ce roman, on est bien d'accord, et Gabriel en fait les frais, mais ça pourrait être applicable dans notre monde. Anne. Merci de m'avoir écoutée jusqu'au bout. Si vous avez passé un bon moment, dites-le moi, dites-le aussi à votre plateforme d'écoute, et n'hésitez pas à partager le podcast avec d'autres amoureux et amoureuses démons. A bientôt.

Chapters

  • Incipit (lu par Maiwenn Alix)

    00:00

  • Pourquoi lire Noblesse Oblige ?

    07:06

Description

Connaissez-vous Gabrielle ?

🤴👸👗📺🎼


Dans cette France uchronique, la Révolution française a échoué. Louis XXI règne sur son peuple grâce, entre autre, à la télévision et aux émissions de télé-réalité, dont la fameuse : Noblesse Oblige !

Sous les tissus blancs et les rubans dorés, les manipulations, les complots politiques et les mensonges sont plus terribles que jamais.


📚 Références :

titre : Noblesse Oblige

autrice : Maiwenn Alix

couverture : Germain Barthélémy

éditeur : Slalom

site : https://www.instagram.com/editions_slalom/

à partir de 16 ans (Attention : violence crue !)


🎙️ Abonnez-vous pour ne manquer aucun incipit !

Et si cet incipit vous a plu, n'hésitez pas à laisser une note et un commentaire sur Apple Podcast, Deezer ou votre plateforme d'écoute ! Ainsi, ces incipits arriveront dans les oreilles d'autres amoureuses et amoureux des belles histoires (et cela donnera aussi de la force à Inky, Peete et moi pour continuer à vous parler de nos lectures).


🙀😻 Et retrouvez Inky et Peete sur Instagram.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Je pose les mains avec douceur sur les touches noires et blanches. Les notes s'envolent, légères, au-dessus du piano, et s'épanouissent dans le salon bleu au mobilier Louis XV. Les variations Goldberg. Madame de Cardoncuff apprécie particulièrement la deuxième quand elle reçoit. « Oh, ma chère amie, vous aviez raison, ce thé est divin ! » s'exclame Madame de Fontaine. « N'est-ce pas ? Monsieur l'a fait venir spécialement de Chine, une cargaison pleine. C'est un produit rare, une production limitée, m'a-t-il dit, 8 tonnes par an seulement, un luxe réservé aux plus grands, naturellement, la cour en raffole aux tuileries. Il me faut toute la maîtrise de mes sentiments pour ne pas enfoncer les touches suivantes avec plus de force que ne le demanderait ce morceau. Elle a fait venir ce thé avec nos bateaux. » Si mon père n'avait pas été injustement embastillé, son entreprise d'armement saisie et confiée à ses nobles familles, j'aurais été celle en train de le déguster et de le faire découvrir à ses amis. Je prends une grande inspiration à la fin de la mesure, ce qui me permet de revenir à la musique tout en créant une certaine tension dramatique. Concentre-toi, Gabriel. Je n'ai jamais rien goûté d'aussi exquis. Mes compliments à monsieur, quelle trouvaille ! Les deux précieuses ne se sont rendues compte de rien. Ce n'est pas étonnant. Madame de Cordoncuf, ma maîtresse... se croit mélomane, mais n'a ni oreille ni sens du rythme. Elle se contente de répéter les avis des autres. Sa critique d'un opéra sera en tout point similaire à celle de la revue des arts, qu'elle se devra de lire avant chaque représentation, afin de paraître savante auprès du beau monde pendant l'entracte. « Alors, ma chère, avez-vous eu vent de nouvelles excitantes sur la prochaine saison de Noblesse Oblige ? » s'enquiert Mme de Fontaine en se penchant vers ma maîtresse. « J'ai ouï dire que la Duchesse Douarière de Léon venait séjourner chez vous ce soir. C'est donc une jeune fille de leur région aura l'honneur d'y participer cette année ? » Madame de Cardoncuf porte la main à sa bouche, affiche l'air joueur et faussement surpris d'une intrigante. Elle a elle-même lancé la rumeur de la visite de la Duchesse, bien entendu. Elle l'a mentionné suffisamment fort à son mari à la messe de dimanche derrière pour que le bruit coure sur tous les bancs. Avant la fin du rite, tout Brest avait connaissance de l'honneur qui lui était fait. « Ah oui, ma chère ! » dit-elle en baissant la voix. « Elle arrive en fin d'après-midi. » Je jouais le morceau mezzo forte, je continue piano. Voilà enfin des informations dont je pourrais faire quelques usages et qui intéresseraient Mme Lautrec. A 17 ans, toutes les femmes sont invitées à se faire recenser et à se faire prélever un échantillon sanguin. Personne ne sait vraiment sur quelle base ceux-ci sont analysés, mais les services du roi s'en servent pour identifier une poignée de jeunes filles censées être de sang pur, malgré leur naissance parmi les roturiers. Les heureuses élues, comme par hasard toujours belles et talentueuses, sont invitées à participer à l'émission Noblesse Oblige. Elles sont envoyées à Versailles pour y rencontrer de jeunes nobles en quête d'épouse, Le tout devant des dizaines de caméras de télévision et sous les yeux de la France entière. Si je pouvais savoir qui fera partie de la sélection cette année, mon réseau saurait sûrement mettre à profit ce renseignement. En enlevant la pauvreté afin de lui épargner le choix entre un mariage sans amour et le couvent, par exemple. Ou en lui proposant d'espionner pour notre compte. Les candidats doivent certainement avoir accès à un tout atteint d'informations sensibles que nous pourrions exploiter. Vous avez deviné juste, finit par confier Madame de Cardoncuf. Une jeune femme de Brest sera bien présente à Versailles cette année. Mais c'est tout ce que je peux vous en dire, car je n'en sais pas plus. Elle prend une petite gorgée de thé et je joue si pianissimo que je peux l'entendre déglutir. L'a-t-elle menti ? Plus tôt dans la journée, je l'ai vue recevoir une lettre qui lui a fait de l'effet. Je me raisonne aussitôt et continue mon morceau. La Cardoncuf est trop gourmande de ragots pour garder un tel secret. « En revanche, j'ai bon espoir d'obtenir que mon Édouard ait sa place. Aussitôt fêté ses dix-huit ans, » ajoute-t-elle, rayonnant de fierté. « Édouard ? À Versailles ? Oh, très cher, ce serait exceptionnel ! » « N'est-ce pas ? La Duchesse m'a promis d'en discuter dès son arrivée. Vous vous doutez qu'elle n'aurait pas proposé d'aborder le sujet si ce n'était pas quasiment fait. Oh, je l'y vois déjà ! » « Voilà donc le contenu de la missive qu'il aura mise dans tous ses états. » « Oh, je ravale un éclat de rire. » Edward Cardoncuff, l'héritier de la famille, est un gros phoque de 15 ans qui ne sait pas différencier sa gauche de sa droite. Sans la fortune et les réseaux de sa famille, ce garçon n'aurait aucun avenir. « Gabriel ! » Je relève la tête de mon clavier. « Oh, jouez-nous quelque chose de plus entraînant. Tenez, improvisez comme la dernière fois. » « Bien, madame. » J'obtempère et me lance dans une variation d'un thème de jazz que j'ai déjà interprété dans ce même salon il y a trois jours. N'ayant que peu de mémoire pour les mélodies, elle l'aura oublié. Oh « Oh, quelle perle votre dame de compagnie ! » commande Madame de Fontaine. « Quel talent vous avez à votre disposition ! » « Oh oui, Gabriel m'est très agréable. » « Vous savez, la Duchesse de Léon elle-même m'a confié la dernière fois qu'elle a séjourné chez moi que ma protégée aurait pu se produire à l'Opéra d'Istanbul. » « Je ne relève pas. Je ne réagis pas. » « Je me contente de moduler ma variation, de lui donner une couleur sombre et menaçante derrière son apparent entrain. » « Lorsque les sœurs du couvent Saint-Augustine, en charge de mon éducation, montaient... » Énoncer que l'argent versé par mon père, désormais déchu, n'était plus suffisant pour payer ma scolarité, et que j'allais être placée au service d'une des familles qui avait justement profité de notre ruine, je savais aller au-devant de temps difficiles. En revanche, je n'avais pas imaginé recevoir ainsi régulièrement des coups de poignard à chaque fois que ma maîtresse se vantrait publiquement de l'avenir d'Antelma Spolier. J'aurais pu jouer à Paris, à Istanbul, à New York. Me voilà enchaînée dans une famille qui m'a privée d'éducation et m'exhibe désormais comme un animal de foire à chacune de ses petites sauteries. Pire ! Plus que mes maîtres, ils sont aussi devenus mes tuteurs légaux, jusqu'à ma majorité, à 21 ans. Je n'ai donc pas d'autre choix que de travailler pour eux, et au prix ridicule qu'ils m'ont fixé. Oh, quel courage de la part de Madame de Léon d'apparaître dans l'émission cette année, enchaîne Madame de Fontaine, après ce qui est arrivé à Sabru ! Oh, tragique, tragique, renchérit la carte d'encufe en secouant la tête d'un arcontri. Si jeune, si belle, mariée depuis six mois à peine ! Vous savez, de ce que j'ai pu entendre, le jeune de Léon ne s'en est toujours pas remis. Oh, nous non plus, ma chère, nous non plus ! Je m'accorde le plaisir quelque peu facétieux de teinter ma mélodie d'une poète de mélancolie, alors que les deux nobles femmes Ausha tristement la tête. La jeune Capucine de Léon, née Trégor, était la grande gagnante de la saison précédente de Noblesse Oblige. Aussi intelligente et vive que gracieuse et belle, Capucine avait ravi le cœur du jeune Hervé de Léon, hérité de la plus vieille et plus importante famille de France en dehors de celle du roi. Tout le royaume a assisté à leur histoire d'amour télévisuelle, a levé un verre à leur santé le jour de leur mariage, et a porté un brassard noir le lendemain de la mort de la jeune femme, survenue lors d'une soirée organisée pour l'anniversaire du dauphin, il y a trois mois. Une triste, mais banale histoire d'incendie, qui a fait partir en fumée la duchesse et la moitié du petit Parthénon, où la fête avait lieu. En temps normal, j'aurais eu de la sympathie pour la douleur du jeune Vof, mais sa famille est celle qui s'est vue confier la gestion de l'entreprise d'armement de mon père après qu'elle a été saisie. Il peut bien sonner dans ses larmes.

  • Speaker #1

    Vous écoutez Inky et Pete, ce livre, le podcast lecture en 15 minutes, à peu près, qui donne vie et voix au premier mot d'un livre et vous donne envie de découvrir les suivants. Ou pas. Je suis Mafalda Vidal, amoureuse des jolis mots et des belles histoires. Vous venez d'écouter l'Inquipit de Noblesse oblige, écrit par Maywen Alix, publié en 2024 aux éditions Slalom, et lu par l'autrice elle-même. L'histoire de Noblesse oblige, c'est l'histoire de Gabrielle. Gabrielle, c'est une jeune femme dont le père a été injustement emprisonné pour des raisons politiques. Son père est en prison, et elle se retrouve sous la tutelle d'une famille noble. Elle vit dans un monde où la révolution de 1789 a échoué. Mais l'histoire ne s'est pas arrêtée pour autant. La vie a suivi son cours et les avancées technologiques ont eu lieu, pour le meilleur et pour le pire. Ainsi, la télé-réalité existe et a énormément de succès. Surtout parmi les nobles, qui n'ont, en bon noble, pas grand chose à faire. Le jeu télévisé qui a le plus de succès, c'est Noblesse oblige. L'émission sélectionne les jeunes filles en âge d'être mariées et les nobles hommes qui cherchent une épouse. Et il se trouve que Gabrielle va être sélectionnée. Elle va décider de participer et d'espionner pour le compte des rebelles. Les anti-royalistes qui veulent renverser la monarchie en place. Gabrielle est sûre de réussir, elle fait déjà semblant de sourire en permanence, et ça peut pas être pire. Et puis tout est scénarisé de toute façon, et puis sécurisé bien sûr. Bien sûr ?

  • Speaker #0

    Ou pas.

  • Speaker #1

    Le roman tourne autour de ce personnage, Gabrielle. Gabrielle est une femme en colère, qui courbe les chines parce qu'elle veut vivre, elle n'a pas le choix. Mais en secret, elle aide les anti-royalistes. Elle se raccroche à l'espoir d'une vie meilleure, plus juste, promise par les rebelles. Mais finalement, cette vie-là, est-ce que ça serait vraiment mieux ? Et surtout, est-ce qu'elle aura l'occasion d'en profiter ? Gabrielle est une femme intelligente. Elle sait faire semblant. Mais elle ne connaît rien aux manigances politiques, que ce soit les manigances de la cour ou d'ailleurs. Et elle se rend vite compte qu'elle est un pion dans cette histoire. Mais bien sûr, c'est trop tard. Gabrielle, c'est aussi une musicienne. Avant sa déchéance, elle était promise à une carrière internationale. Et ce qui est intéressant dans le roman, c'est que Gabrielle va céder des rythmes et des mélodies des grands opéras pour calmer ses émotions. Et elle va passer par beaucoup d'émotions. Noblesse oblige, c'est une uchronie. Donc tout est basé sur le fait que la révolution de 1789 n'a pas réussi. Mais au fond, la réalité qui est décrite n'est pas si différente de la nôtre. Il y a la télévision, en permanence, des manipulations. des mensonges déguisés, tout est basé sur un jeu, le jeu des apparences. Et c'est bien sûr matérialisé par la télé-réalité et notamment par le jeu Noblesse Oblige. Louis XXI est un tyran comme un autre. Sauf que, dans sa bouche, ça choque moins de monde quand il méprise les roturiers et la pauvreté. Dans ce roman, on sent aussi la passion de l'autrice pour les décors, les costumes, les robes, les tissus. Tout ce décor à la Versailles est extrêmement bien décrit, et ça fait rêver. Attention tout de même, je rappelle que c'est le royaume des apparences, et sous les rubans et les dorures se cache une grande violence, avec de la séquestration, la torture, les fioles... Donc c'est un roman yang adulte, mais pas à mettre entre toutes les mains quand même. Je voudrais terminer en revenant sur la définition de l'expression « noblesse oblige » que je trouve très intéressante. C'est une expression française qui signifie que la noblesse va au-delà de simples privilèges et droits, mais que le statut de noblesse même vient avec des devoirs et des responsabilités sociales. Par exemple, la générosité, la justice, la défense des opprimés, une certaine éducation, et donc une pensée critique sur le monde et tout ce qui s'y passe. Alors, c'est pas vraiment appliqué dans ce roman, on est bien d'accord, et Gabriel en fait les frais, mais ça pourrait être applicable dans notre monde. Anne. Merci de m'avoir écoutée jusqu'au bout. Si vous avez passé un bon moment, dites-le moi, dites-le aussi à votre plateforme d'écoute, et n'hésitez pas à partager le podcast avec d'autres amoureux et amoureuses démons. A bientôt.

Chapters

  • Incipit (lu par Maiwenn Alix)

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  • Pourquoi lire Noblesse Oblige ?

    07:06

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Connaissez-vous Gabrielle ?

🤴👸👗📺🎼


Dans cette France uchronique, la Révolution française a échoué. Louis XXI règne sur son peuple grâce, entre autre, à la télévision et aux émissions de télé-réalité, dont la fameuse : Noblesse Oblige !

Sous les tissus blancs et les rubans dorés, les manipulations, les complots politiques et les mensonges sont plus terribles que jamais.


📚 Références :

titre : Noblesse Oblige

autrice : Maiwenn Alix

couverture : Germain Barthélémy

éditeur : Slalom

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à partir de 16 ans (Attention : violence crue !)


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Et si cet incipit vous a plu, n'hésitez pas à laisser une note et un commentaire sur Apple Podcast, Deezer ou votre plateforme d'écoute ! Ainsi, ces incipits arriveront dans les oreilles d'autres amoureuses et amoureux des belles histoires (et cela donnera aussi de la force à Inky, Peete et moi pour continuer à vous parler de nos lectures).


🙀😻 Et retrouvez Inky et Peete sur Instagram.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Je pose les mains avec douceur sur les touches noires et blanches. Les notes s'envolent, légères, au-dessus du piano, et s'épanouissent dans le salon bleu au mobilier Louis XV. Les variations Goldberg. Madame de Cardoncuff apprécie particulièrement la deuxième quand elle reçoit. « Oh, ma chère amie, vous aviez raison, ce thé est divin ! » s'exclame Madame de Fontaine. « N'est-ce pas ? Monsieur l'a fait venir spécialement de Chine, une cargaison pleine. C'est un produit rare, une production limitée, m'a-t-il dit, 8 tonnes par an seulement, un luxe réservé aux plus grands, naturellement, la cour en raffole aux tuileries. Il me faut toute la maîtrise de mes sentiments pour ne pas enfoncer les touches suivantes avec plus de force que ne le demanderait ce morceau. Elle a fait venir ce thé avec nos bateaux. » Si mon père n'avait pas été injustement embastillé, son entreprise d'armement saisie et confiée à ses nobles familles, j'aurais été celle en train de le déguster et de le faire découvrir à ses amis. Je prends une grande inspiration à la fin de la mesure, ce qui me permet de revenir à la musique tout en créant une certaine tension dramatique. Concentre-toi, Gabriel. Je n'ai jamais rien goûté d'aussi exquis. Mes compliments à monsieur, quelle trouvaille ! Les deux précieuses ne se sont rendues compte de rien. Ce n'est pas étonnant. Madame de Cordoncuf, ma maîtresse... se croit mélomane, mais n'a ni oreille ni sens du rythme. Elle se contente de répéter les avis des autres. Sa critique d'un opéra sera en tout point similaire à celle de la revue des arts, qu'elle se devra de lire avant chaque représentation, afin de paraître savante auprès du beau monde pendant l'entracte. « Alors, ma chère, avez-vous eu vent de nouvelles excitantes sur la prochaine saison de Noblesse Oblige ? » s'enquiert Mme de Fontaine en se penchant vers ma maîtresse. « J'ai ouï dire que la Duchesse Douarière de Léon venait séjourner chez vous ce soir. C'est donc une jeune fille de leur région aura l'honneur d'y participer cette année ? » Madame de Cardoncuf porte la main à sa bouche, affiche l'air joueur et faussement surpris d'une intrigante. Elle a elle-même lancé la rumeur de la visite de la Duchesse, bien entendu. Elle l'a mentionné suffisamment fort à son mari à la messe de dimanche derrière pour que le bruit coure sur tous les bancs. Avant la fin du rite, tout Brest avait connaissance de l'honneur qui lui était fait. « Ah oui, ma chère ! » dit-elle en baissant la voix. « Elle arrive en fin d'après-midi. » Je jouais le morceau mezzo forte, je continue piano. Voilà enfin des informations dont je pourrais faire quelques usages et qui intéresseraient Mme Lautrec. A 17 ans, toutes les femmes sont invitées à se faire recenser et à se faire prélever un échantillon sanguin. Personne ne sait vraiment sur quelle base ceux-ci sont analysés, mais les services du roi s'en servent pour identifier une poignée de jeunes filles censées être de sang pur, malgré leur naissance parmi les roturiers. Les heureuses élues, comme par hasard toujours belles et talentueuses, sont invitées à participer à l'émission Noblesse Oblige. Elles sont envoyées à Versailles pour y rencontrer de jeunes nobles en quête d'épouse, Le tout devant des dizaines de caméras de télévision et sous les yeux de la France entière. Si je pouvais savoir qui fera partie de la sélection cette année, mon réseau saurait sûrement mettre à profit ce renseignement. En enlevant la pauvreté afin de lui épargner le choix entre un mariage sans amour et le couvent, par exemple. Ou en lui proposant d'espionner pour notre compte. Les candidats doivent certainement avoir accès à un tout atteint d'informations sensibles que nous pourrions exploiter. Vous avez deviné juste, finit par confier Madame de Cardoncuf. Une jeune femme de Brest sera bien présente à Versailles cette année. Mais c'est tout ce que je peux vous en dire, car je n'en sais pas plus. Elle prend une petite gorgée de thé et je joue si pianissimo que je peux l'entendre déglutir. L'a-t-elle menti ? Plus tôt dans la journée, je l'ai vue recevoir une lettre qui lui a fait de l'effet. Je me raisonne aussitôt et continue mon morceau. La Cardoncuf est trop gourmande de ragots pour garder un tel secret. « En revanche, j'ai bon espoir d'obtenir que mon Édouard ait sa place. Aussitôt fêté ses dix-huit ans, » ajoute-t-elle, rayonnant de fierté. « Édouard ? À Versailles ? Oh, très cher, ce serait exceptionnel ! » « N'est-ce pas ? La Duchesse m'a promis d'en discuter dès son arrivée. Vous vous doutez qu'elle n'aurait pas proposé d'aborder le sujet si ce n'était pas quasiment fait. Oh, je l'y vois déjà ! » « Voilà donc le contenu de la missive qu'il aura mise dans tous ses états. » « Oh, je ravale un éclat de rire. » Edward Cardoncuff, l'héritier de la famille, est un gros phoque de 15 ans qui ne sait pas différencier sa gauche de sa droite. Sans la fortune et les réseaux de sa famille, ce garçon n'aurait aucun avenir. « Gabriel ! » Je relève la tête de mon clavier. « Oh, jouez-nous quelque chose de plus entraînant. Tenez, improvisez comme la dernière fois. » « Bien, madame. » J'obtempère et me lance dans une variation d'un thème de jazz que j'ai déjà interprété dans ce même salon il y a trois jours. N'ayant que peu de mémoire pour les mélodies, elle l'aura oublié. Oh « Oh, quelle perle votre dame de compagnie ! » commande Madame de Fontaine. « Quel talent vous avez à votre disposition ! » « Oh oui, Gabriel m'est très agréable. » « Vous savez, la Duchesse de Léon elle-même m'a confié la dernière fois qu'elle a séjourné chez moi que ma protégée aurait pu se produire à l'Opéra d'Istanbul. » « Je ne relève pas. Je ne réagis pas. » « Je me contente de moduler ma variation, de lui donner une couleur sombre et menaçante derrière son apparent entrain. » « Lorsque les sœurs du couvent Saint-Augustine, en charge de mon éducation, montaient... » Énoncer que l'argent versé par mon père, désormais déchu, n'était plus suffisant pour payer ma scolarité, et que j'allais être placée au service d'une des familles qui avait justement profité de notre ruine, je savais aller au-devant de temps difficiles. En revanche, je n'avais pas imaginé recevoir ainsi régulièrement des coups de poignard à chaque fois que ma maîtresse se vantrait publiquement de l'avenir d'Antelma Spolier. J'aurais pu jouer à Paris, à Istanbul, à New York. Me voilà enchaînée dans une famille qui m'a privée d'éducation et m'exhibe désormais comme un animal de foire à chacune de ses petites sauteries. Pire ! Plus que mes maîtres, ils sont aussi devenus mes tuteurs légaux, jusqu'à ma majorité, à 21 ans. Je n'ai donc pas d'autre choix que de travailler pour eux, et au prix ridicule qu'ils m'ont fixé. Oh, quel courage de la part de Madame de Léon d'apparaître dans l'émission cette année, enchaîne Madame de Fontaine, après ce qui est arrivé à Sabru ! Oh, tragique, tragique, renchérit la carte d'encufe en secouant la tête d'un arcontri. Si jeune, si belle, mariée depuis six mois à peine ! Vous savez, de ce que j'ai pu entendre, le jeune de Léon ne s'en est toujours pas remis. Oh, nous non plus, ma chère, nous non plus ! Je m'accorde le plaisir quelque peu facétieux de teinter ma mélodie d'une poète de mélancolie, alors que les deux nobles femmes Ausha tristement la tête. La jeune Capucine de Léon, née Trégor, était la grande gagnante de la saison précédente de Noblesse Oblige. Aussi intelligente et vive que gracieuse et belle, Capucine avait ravi le cœur du jeune Hervé de Léon, hérité de la plus vieille et plus importante famille de France en dehors de celle du roi. Tout le royaume a assisté à leur histoire d'amour télévisuelle, a levé un verre à leur santé le jour de leur mariage, et a porté un brassard noir le lendemain de la mort de la jeune femme, survenue lors d'une soirée organisée pour l'anniversaire du dauphin, il y a trois mois. Une triste, mais banale histoire d'incendie, qui a fait partir en fumée la duchesse et la moitié du petit Parthénon, où la fête avait lieu. En temps normal, j'aurais eu de la sympathie pour la douleur du jeune Vof, mais sa famille est celle qui s'est vue confier la gestion de l'entreprise d'armement de mon père après qu'elle a été saisie. Il peut bien sonner dans ses larmes.

  • Speaker #1

    Vous écoutez Inky et Pete, ce livre, le podcast lecture en 15 minutes, à peu près, qui donne vie et voix au premier mot d'un livre et vous donne envie de découvrir les suivants. Ou pas. Je suis Mafalda Vidal, amoureuse des jolis mots et des belles histoires. Vous venez d'écouter l'Inquipit de Noblesse oblige, écrit par Maywen Alix, publié en 2024 aux éditions Slalom, et lu par l'autrice elle-même. L'histoire de Noblesse oblige, c'est l'histoire de Gabrielle. Gabrielle, c'est une jeune femme dont le père a été injustement emprisonné pour des raisons politiques. Son père est en prison, et elle se retrouve sous la tutelle d'une famille noble. Elle vit dans un monde où la révolution de 1789 a échoué. Mais l'histoire ne s'est pas arrêtée pour autant. La vie a suivi son cours et les avancées technologiques ont eu lieu, pour le meilleur et pour le pire. Ainsi, la télé-réalité existe et a énormément de succès. Surtout parmi les nobles, qui n'ont, en bon noble, pas grand chose à faire. Le jeu télévisé qui a le plus de succès, c'est Noblesse oblige. L'émission sélectionne les jeunes filles en âge d'être mariées et les nobles hommes qui cherchent une épouse. Et il se trouve que Gabrielle va être sélectionnée. Elle va décider de participer et d'espionner pour le compte des rebelles. Les anti-royalistes qui veulent renverser la monarchie en place. Gabrielle est sûre de réussir, elle fait déjà semblant de sourire en permanence, et ça peut pas être pire. Et puis tout est scénarisé de toute façon, et puis sécurisé bien sûr. Bien sûr ?

  • Speaker #0

    Ou pas.

  • Speaker #1

    Le roman tourne autour de ce personnage, Gabrielle. Gabrielle est une femme en colère, qui courbe les chines parce qu'elle veut vivre, elle n'a pas le choix. Mais en secret, elle aide les anti-royalistes. Elle se raccroche à l'espoir d'une vie meilleure, plus juste, promise par les rebelles. Mais finalement, cette vie-là, est-ce que ça serait vraiment mieux ? Et surtout, est-ce qu'elle aura l'occasion d'en profiter ? Gabrielle est une femme intelligente. Elle sait faire semblant. Mais elle ne connaît rien aux manigances politiques, que ce soit les manigances de la cour ou d'ailleurs. Et elle se rend vite compte qu'elle est un pion dans cette histoire. Mais bien sûr, c'est trop tard. Gabrielle, c'est aussi une musicienne. Avant sa déchéance, elle était promise à une carrière internationale. Et ce qui est intéressant dans le roman, c'est que Gabrielle va céder des rythmes et des mélodies des grands opéras pour calmer ses émotions. Et elle va passer par beaucoup d'émotions. Noblesse oblige, c'est une uchronie. Donc tout est basé sur le fait que la révolution de 1789 n'a pas réussi. Mais au fond, la réalité qui est décrite n'est pas si différente de la nôtre. Il y a la télévision, en permanence, des manipulations. des mensonges déguisés, tout est basé sur un jeu, le jeu des apparences. Et c'est bien sûr matérialisé par la télé-réalité et notamment par le jeu Noblesse Oblige. Louis XXI est un tyran comme un autre. Sauf que, dans sa bouche, ça choque moins de monde quand il méprise les roturiers et la pauvreté. Dans ce roman, on sent aussi la passion de l'autrice pour les décors, les costumes, les robes, les tissus. Tout ce décor à la Versailles est extrêmement bien décrit, et ça fait rêver. Attention tout de même, je rappelle que c'est le royaume des apparences, et sous les rubans et les dorures se cache une grande violence, avec de la séquestration, la torture, les fioles... Donc c'est un roman yang adulte, mais pas à mettre entre toutes les mains quand même. Je voudrais terminer en revenant sur la définition de l'expression « noblesse oblige » que je trouve très intéressante. C'est une expression française qui signifie que la noblesse va au-delà de simples privilèges et droits, mais que le statut de noblesse même vient avec des devoirs et des responsabilités sociales. Par exemple, la générosité, la justice, la défense des opprimés, une certaine éducation, et donc une pensée critique sur le monde et tout ce qui s'y passe. Alors, c'est pas vraiment appliqué dans ce roman, on est bien d'accord, et Gabriel en fait les frais, mais ça pourrait être applicable dans notre monde. Anne. Merci de m'avoir écoutée jusqu'au bout. Si vous avez passé un bon moment, dites-le moi, dites-le aussi à votre plateforme d'écoute, et n'hésitez pas à partager le podcast avec d'autres amoureux et amoureuses démons. A bientôt.

Chapters

  • Incipit (lu par Maiwenn Alix)

    00:00

  • Pourquoi lire Noblesse Oblige ?

    07:06

Description

Connaissez-vous Gabrielle ?

🤴👸👗📺🎼


Dans cette France uchronique, la Révolution française a échoué. Louis XXI règne sur son peuple grâce, entre autre, à la télévision et aux émissions de télé-réalité, dont la fameuse : Noblesse Oblige !

Sous les tissus blancs et les rubans dorés, les manipulations, les complots politiques et les mensonges sont plus terribles que jamais.


📚 Références :

titre : Noblesse Oblige

autrice : Maiwenn Alix

couverture : Germain Barthélémy

éditeur : Slalom

site : https://www.instagram.com/editions_slalom/

à partir de 16 ans (Attention : violence crue !)


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Transcription

  • Speaker #0

    Je pose les mains avec douceur sur les touches noires et blanches. Les notes s'envolent, légères, au-dessus du piano, et s'épanouissent dans le salon bleu au mobilier Louis XV. Les variations Goldberg. Madame de Cardoncuff apprécie particulièrement la deuxième quand elle reçoit. « Oh, ma chère amie, vous aviez raison, ce thé est divin ! » s'exclame Madame de Fontaine. « N'est-ce pas ? Monsieur l'a fait venir spécialement de Chine, une cargaison pleine. C'est un produit rare, une production limitée, m'a-t-il dit, 8 tonnes par an seulement, un luxe réservé aux plus grands, naturellement, la cour en raffole aux tuileries. Il me faut toute la maîtrise de mes sentiments pour ne pas enfoncer les touches suivantes avec plus de force que ne le demanderait ce morceau. Elle a fait venir ce thé avec nos bateaux. » Si mon père n'avait pas été injustement embastillé, son entreprise d'armement saisie et confiée à ses nobles familles, j'aurais été celle en train de le déguster et de le faire découvrir à ses amis. Je prends une grande inspiration à la fin de la mesure, ce qui me permet de revenir à la musique tout en créant une certaine tension dramatique. Concentre-toi, Gabriel. Je n'ai jamais rien goûté d'aussi exquis. Mes compliments à monsieur, quelle trouvaille ! Les deux précieuses ne se sont rendues compte de rien. Ce n'est pas étonnant. Madame de Cordoncuf, ma maîtresse... se croit mélomane, mais n'a ni oreille ni sens du rythme. Elle se contente de répéter les avis des autres. Sa critique d'un opéra sera en tout point similaire à celle de la revue des arts, qu'elle se devra de lire avant chaque représentation, afin de paraître savante auprès du beau monde pendant l'entracte. « Alors, ma chère, avez-vous eu vent de nouvelles excitantes sur la prochaine saison de Noblesse Oblige ? » s'enquiert Mme de Fontaine en se penchant vers ma maîtresse. « J'ai ouï dire que la Duchesse Douarière de Léon venait séjourner chez vous ce soir. C'est donc une jeune fille de leur région aura l'honneur d'y participer cette année ? » Madame de Cardoncuf porte la main à sa bouche, affiche l'air joueur et faussement surpris d'une intrigante. Elle a elle-même lancé la rumeur de la visite de la Duchesse, bien entendu. Elle l'a mentionné suffisamment fort à son mari à la messe de dimanche derrière pour que le bruit coure sur tous les bancs. Avant la fin du rite, tout Brest avait connaissance de l'honneur qui lui était fait. « Ah oui, ma chère ! » dit-elle en baissant la voix. « Elle arrive en fin d'après-midi. » Je jouais le morceau mezzo forte, je continue piano. Voilà enfin des informations dont je pourrais faire quelques usages et qui intéresseraient Mme Lautrec. A 17 ans, toutes les femmes sont invitées à se faire recenser et à se faire prélever un échantillon sanguin. Personne ne sait vraiment sur quelle base ceux-ci sont analysés, mais les services du roi s'en servent pour identifier une poignée de jeunes filles censées être de sang pur, malgré leur naissance parmi les roturiers. Les heureuses élues, comme par hasard toujours belles et talentueuses, sont invitées à participer à l'émission Noblesse Oblige. Elles sont envoyées à Versailles pour y rencontrer de jeunes nobles en quête d'épouse, Le tout devant des dizaines de caméras de télévision et sous les yeux de la France entière. Si je pouvais savoir qui fera partie de la sélection cette année, mon réseau saurait sûrement mettre à profit ce renseignement. En enlevant la pauvreté afin de lui épargner le choix entre un mariage sans amour et le couvent, par exemple. Ou en lui proposant d'espionner pour notre compte. Les candidats doivent certainement avoir accès à un tout atteint d'informations sensibles que nous pourrions exploiter. Vous avez deviné juste, finit par confier Madame de Cardoncuf. Une jeune femme de Brest sera bien présente à Versailles cette année. Mais c'est tout ce que je peux vous en dire, car je n'en sais pas plus. Elle prend une petite gorgée de thé et je joue si pianissimo que je peux l'entendre déglutir. L'a-t-elle menti ? Plus tôt dans la journée, je l'ai vue recevoir une lettre qui lui a fait de l'effet. Je me raisonne aussitôt et continue mon morceau. La Cardoncuf est trop gourmande de ragots pour garder un tel secret. « En revanche, j'ai bon espoir d'obtenir que mon Édouard ait sa place. Aussitôt fêté ses dix-huit ans, » ajoute-t-elle, rayonnant de fierté. « Édouard ? À Versailles ? Oh, très cher, ce serait exceptionnel ! » « N'est-ce pas ? La Duchesse m'a promis d'en discuter dès son arrivée. Vous vous doutez qu'elle n'aurait pas proposé d'aborder le sujet si ce n'était pas quasiment fait. Oh, je l'y vois déjà ! » « Voilà donc le contenu de la missive qu'il aura mise dans tous ses états. » « Oh, je ravale un éclat de rire. » Edward Cardoncuff, l'héritier de la famille, est un gros phoque de 15 ans qui ne sait pas différencier sa gauche de sa droite. Sans la fortune et les réseaux de sa famille, ce garçon n'aurait aucun avenir. « Gabriel ! » Je relève la tête de mon clavier. « Oh, jouez-nous quelque chose de plus entraînant. Tenez, improvisez comme la dernière fois. » « Bien, madame. » J'obtempère et me lance dans une variation d'un thème de jazz que j'ai déjà interprété dans ce même salon il y a trois jours. N'ayant que peu de mémoire pour les mélodies, elle l'aura oublié. Oh « Oh, quelle perle votre dame de compagnie ! » commande Madame de Fontaine. « Quel talent vous avez à votre disposition ! » « Oh oui, Gabriel m'est très agréable. » « Vous savez, la Duchesse de Léon elle-même m'a confié la dernière fois qu'elle a séjourné chez moi que ma protégée aurait pu se produire à l'Opéra d'Istanbul. » « Je ne relève pas. Je ne réagis pas. » « Je me contente de moduler ma variation, de lui donner une couleur sombre et menaçante derrière son apparent entrain. » « Lorsque les sœurs du couvent Saint-Augustine, en charge de mon éducation, montaient... » Énoncer que l'argent versé par mon père, désormais déchu, n'était plus suffisant pour payer ma scolarité, et que j'allais être placée au service d'une des familles qui avait justement profité de notre ruine, je savais aller au-devant de temps difficiles. En revanche, je n'avais pas imaginé recevoir ainsi régulièrement des coups de poignard à chaque fois que ma maîtresse se vantrait publiquement de l'avenir d'Antelma Spolier. J'aurais pu jouer à Paris, à Istanbul, à New York. Me voilà enchaînée dans une famille qui m'a privée d'éducation et m'exhibe désormais comme un animal de foire à chacune de ses petites sauteries. Pire ! Plus que mes maîtres, ils sont aussi devenus mes tuteurs légaux, jusqu'à ma majorité, à 21 ans. Je n'ai donc pas d'autre choix que de travailler pour eux, et au prix ridicule qu'ils m'ont fixé. Oh, quel courage de la part de Madame de Léon d'apparaître dans l'émission cette année, enchaîne Madame de Fontaine, après ce qui est arrivé à Sabru ! Oh, tragique, tragique, renchérit la carte d'encufe en secouant la tête d'un arcontri. Si jeune, si belle, mariée depuis six mois à peine ! Vous savez, de ce que j'ai pu entendre, le jeune de Léon ne s'en est toujours pas remis. Oh, nous non plus, ma chère, nous non plus ! Je m'accorde le plaisir quelque peu facétieux de teinter ma mélodie d'une poète de mélancolie, alors que les deux nobles femmes Ausha tristement la tête. La jeune Capucine de Léon, née Trégor, était la grande gagnante de la saison précédente de Noblesse Oblige. Aussi intelligente et vive que gracieuse et belle, Capucine avait ravi le cœur du jeune Hervé de Léon, hérité de la plus vieille et plus importante famille de France en dehors de celle du roi. Tout le royaume a assisté à leur histoire d'amour télévisuelle, a levé un verre à leur santé le jour de leur mariage, et a porté un brassard noir le lendemain de la mort de la jeune femme, survenue lors d'une soirée organisée pour l'anniversaire du dauphin, il y a trois mois. Une triste, mais banale histoire d'incendie, qui a fait partir en fumée la duchesse et la moitié du petit Parthénon, où la fête avait lieu. En temps normal, j'aurais eu de la sympathie pour la douleur du jeune Vof, mais sa famille est celle qui s'est vue confier la gestion de l'entreprise d'armement de mon père après qu'elle a été saisie. Il peut bien sonner dans ses larmes.

  • Speaker #1

    Vous écoutez Inky et Pete, ce livre, le podcast lecture en 15 minutes, à peu près, qui donne vie et voix au premier mot d'un livre et vous donne envie de découvrir les suivants. Ou pas. Je suis Mafalda Vidal, amoureuse des jolis mots et des belles histoires. Vous venez d'écouter l'Inquipit de Noblesse oblige, écrit par Maywen Alix, publié en 2024 aux éditions Slalom, et lu par l'autrice elle-même. L'histoire de Noblesse oblige, c'est l'histoire de Gabrielle. Gabrielle, c'est une jeune femme dont le père a été injustement emprisonné pour des raisons politiques. Son père est en prison, et elle se retrouve sous la tutelle d'une famille noble. Elle vit dans un monde où la révolution de 1789 a échoué. Mais l'histoire ne s'est pas arrêtée pour autant. La vie a suivi son cours et les avancées technologiques ont eu lieu, pour le meilleur et pour le pire. Ainsi, la télé-réalité existe et a énormément de succès. Surtout parmi les nobles, qui n'ont, en bon noble, pas grand chose à faire. Le jeu télévisé qui a le plus de succès, c'est Noblesse oblige. L'émission sélectionne les jeunes filles en âge d'être mariées et les nobles hommes qui cherchent une épouse. Et il se trouve que Gabrielle va être sélectionnée. Elle va décider de participer et d'espionner pour le compte des rebelles. Les anti-royalistes qui veulent renverser la monarchie en place. Gabrielle est sûre de réussir, elle fait déjà semblant de sourire en permanence, et ça peut pas être pire. Et puis tout est scénarisé de toute façon, et puis sécurisé bien sûr. Bien sûr ?

  • Speaker #0

    Ou pas.

  • Speaker #1

    Le roman tourne autour de ce personnage, Gabrielle. Gabrielle est une femme en colère, qui courbe les chines parce qu'elle veut vivre, elle n'a pas le choix. Mais en secret, elle aide les anti-royalistes. Elle se raccroche à l'espoir d'une vie meilleure, plus juste, promise par les rebelles. Mais finalement, cette vie-là, est-ce que ça serait vraiment mieux ? Et surtout, est-ce qu'elle aura l'occasion d'en profiter ? Gabrielle est une femme intelligente. Elle sait faire semblant. Mais elle ne connaît rien aux manigances politiques, que ce soit les manigances de la cour ou d'ailleurs. Et elle se rend vite compte qu'elle est un pion dans cette histoire. Mais bien sûr, c'est trop tard. Gabrielle, c'est aussi une musicienne. Avant sa déchéance, elle était promise à une carrière internationale. Et ce qui est intéressant dans le roman, c'est que Gabrielle va céder des rythmes et des mélodies des grands opéras pour calmer ses émotions. Et elle va passer par beaucoup d'émotions. Noblesse oblige, c'est une uchronie. Donc tout est basé sur le fait que la révolution de 1789 n'a pas réussi. Mais au fond, la réalité qui est décrite n'est pas si différente de la nôtre. Il y a la télévision, en permanence, des manipulations. des mensonges déguisés, tout est basé sur un jeu, le jeu des apparences. Et c'est bien sûr matérialisé par la télé-réalité et notamment par le jeu Noblesse Oblige. Louis XXI est un tyran comme un autre. Sauf que, dans sa bouche, ça choque moins de monde quand il méprise les roturiers et la pauvreté. Dans ce roman, on sent aussi la passion de l'autrice pour les décors, les costumes, les robes, les tissus. Tout ce décor à la Versailles est extrêmement bien décrit, et ça fait rêver. Attention tout de même, je rappelle que c'est le royaume des apparences, et sous les rubans et les dorures se cache une grande violence, avec de la séquestration, la torture, les fioles... Donc c'est un roman yang adulte, mais pas à mettre entre toutes les mains quand même. Je voudrais terminer en revenant sur la définition de l'expression « noblesse oblige » que je trouve très intéressante. C'est une expression française qui signifie que la noblesse va au-delà de simples privilèges et droits, mais que le statut de noblesse même vient avec des devoirs et des responsabilités sociales. Par exemple, la générosité, la justice, la défense des opprimés, une certaine éducation, et donc une pensée critique sur le monde et tout ce qui s'y passe. Alors, c'est pas vraiment appliqué dans ce roman, on est bien d'accord, et Gabriel en fait les frais, mais ça pourrait être applicable dans notre monde. Anne. Merci de m'avoir écoutée jusqu'au bout. Si vous avez passé un bon moment, dites-le moi, dites-le aussi à votre plateforme d'écoute, et n'hésitez pas à partager le podcast avec d'autres amoureux et amoureuses démons. A bientôt.

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