- Speaker #0
Bonjour et bienvenue sur Insubmersible. La pré-éclampsie, vous savez ce que c'est ? Moi, je l'ai découvert il y a quelques semaines lorsque j'ai rencontré Morgane. On en parle peu, et pourtant, la pré-éclampsie peut bouleverser une grossesse en un instant. C'est ce qu'a vécu Morgane, qui nous partage aujourd'hui son histoire avec beaucoup de courage. Ses premiers signes inquiétants jusqu'à l'épreuve du deuil, puis sa reconstruction. Un témoignage vraiment bouleversant, mais aussi plein de force et d'espoir. qui éclaire sur cette maladie encore trop méconnue. Bonne écoute ! Salut Morgane, je suis ravie de te rencontrer, je suis ravie de t'accueillir au micro d'Insubmersible aujourd'hui. Ensemble, on va parler de pré-eclampsie. C'est un sujet que je ne connaissais pas du tout avant qu'on pré-échange un petit peu ensemble. Mais avant de démarrer et d'entrer dans le vif du sujet, j'aimerais bien, si tu peux, s'il te plaît... que tu te présentes de la façon dont tu le souhaites pour ceux et celles qui ne te connaissent pas encore.
- Speaker #1
Oui, bien sûr. Bonsoir Alicia. Du coup, je m'appelle Morgane, j'ai 34 ans, je suis chanteuse et actuellement je suis maman d'un petit garçon qui s'appelle Mano, qui a 6 ans. Voilà, et donc comme tu l'as évoqué, moi j'ai vécu ce qu'on appelle la préeclampsie, qui est une maladie de grossesse dont on ne parle pas assez à mon goût, on n'en est pas informé que ça existe. Du coup, j'ai découvert ce que c'était en vivant la chose.
- Speaker #0
Du coup, moi, avant qu'on ait notre échange aujourd'hui, je suis allée me renseigner un petit peu plus sur ce qu'est une pré-eclampsie. Ce que j'en ai compris, c'est que c'est une complication de la grossesse qui est caractérisée par une hypertension artérielle et différents signes de dysfonctionnement d'organes. Le plus souvent, ce que j'ai trouvé comme information, c'est que c'est lié à des dysfonctionnements liés au rein ou au foie. et que ça survient généralement après 20 semaines de grossesse et que ça peut être dangereux à la fois pour la maman et pour le bébé si ce n'est pas pris à temps, et qu'il y a plusieurs facteurs à ça. Problème de développement du placenta, réaction anormale du système immunitaire de la mère au fœtus, facteurs génétiques, etc. Est-ce que tu peux nous en dire un petit peu plus et comment tu as repéré que c'était ça que tu avais ? Quels ont été vraiment les premiers signes qui t'ont alerté et qui ont alerté les médecins finalement ?
- Speaker #1
Pour moi, ça arrivait assez tôt, parce que du coup, j'étais à peu près aux alentours des 20 semaines aménorées. Mon premier facteur, pour moi, ça a été une grosse barre épigastrique. Mais bon, sur le coup, je me dis, c'est les fameuses erreurs d'estomac. Bon, j'ai une copine qui était enceinte de deux mois de plus que moi, donc elle me dit, oui, moi aussi, j'ai eu ça, j'ai eu mal à l'estomac. Bon, j'en reste là, mais je vois que ça persiste et que ça dure. J'en parle à mon gynécologue, qui... me dit « Ok, on va faire un contrôle, je vais quand même t'envoyer voir un spécialiste des grossesses à risque. » Il appelle quelqu'un, il me semble que c'était une infirmière, pour éventuellement mettre en place un suivi à domicile quand même. Et il évoque ce mot « suspicion de pré-éclampsie » . Mais à moi, il ne m'en dit pas plus. Je pense qu'il ne voulait pas non plus m'inquiéter sans être sûr des choses. Je retiens ce mot, mais sur le coup, je ne fais pas de recherche. Cette barre épigastrique a perdu, un soir je vais aux urgences. Et je leur dis, écoutez, j'ai très très mal. On me répond bêtement, bah oui madame, vous êtes enceinte, ça fait partie des symptômes, les aigreurs d'estomac, tout ça. On finit par me donner un médicament, je rentre chez moi, la douleur passe. Bon bah j'en reste là. Moins de 48 heures après, j'ai de nouveau cette barre qui revient, encore plus forte. Et là je gardais ce mot en tête, préclampti. Je retourne aux mêmes urgences. J'ai dit écoutez, je suis venue à moins de 48 heures, là j'ai de nouveau mal. Mon gynécologue a parlé de suspicion de pré-éclampsie. Et là, en fait, tout le monde m'a regardée et m'ont prise au sérieux. Ils m'ont dit « Écoutez, vous avez passé la nuit ici, on va vous garder en surveillance. » Et effectivement, toute la nuit, j'ai eu de la tension. Je suis montée à 15, 16 de tension. Et la douleur était juste insupportable. J'avais juste envie de me taper la tête contre les murs. Donc, j'ai passé la nuit comme ça. Je n'ai quasiment pas dormi. Et au petit matin, le chef de service vient me voir et me dit « Écoutez, j'ai eu votre gynécologue au téléphone. » Vous partez aux urgences Arnaud-Deville-Neuve, un hôpital de niveau 3 à Montpellier. Vous allez là-bas et on va prendre le relais. Mais je n'étais pas plus inquiète que ça, toujours. Enfin, voilà, OK, je fais ce que l'écologue a recommandé. Et donc, j'appelle du coup mon conjoint, je lui explique ce qu'il en est. Je lui dis, écoute, ne me rejoins pas. Je verrai ce que vont me dire les médecins sur place. On verra bien. Et arrivé là-bas, on me prend en charge et en fait, on me fait comprendre que je ne sortirai pas de l'hôpital. J'ai dit, ah bon ? Mais il me dit, oui, oui, pré-eclampsie. Donc, on m'explique un petit peu. C'est une maladie de grossesse. Effectivement, il y a un risque pour la maman, il y a un risque pour le bébé. Mauvais échange entre le placenta et le bébé. Donc effectivement, je fais une échographie qui constate effectivement que l'artère qui permet de relier les échanges avec le bébé est assez fine. Donc l'échange ne se fait pas bien. Mon bébé est estimé un peu plus petit que ce qu'il devrait être au niveau du terme où j'en étais. Mais bon, on peut me dire peut-être que c'est un petit bébé. Moi, par exemple, à la naissance, à terme, je faisais 2,9 kg. Donc je n'étais pas du tout un gros bébé. Donc sur le coup, on aurait pu penser ça. Mais en fait, non. Du coup, le fait qu'on voyait l'artère qui était assez fine, ça pouvait... Je trouvais bien qu'il y avait un mauvais échange entre le bébé et le placenta. Donc le bébé ne grossissait pas comme il devait. Et puis ce qui était le plus inquiétant pour le coup, c'était pour moi les symptômes. Donc j'avais effectivement cette barre épigastrique. J'avais également la tension. Et c'est les seuls symptômes que je ressentais.
- Speaker #0
C'était une tension haute ou plutôt basse du coup ?
- Speaker #1
Plutôt très haute. Généralement, c'est la tension qui monte. Donc j'étais effectivement aux alentours de 16 de tension. Moi j'ai une moyenne de 10-11, donc c'était assez élevé. Et du coup, aux urgences, on explique que je vais rester hospitalisée jusqu'à l'accouchement. Et là, je les regarde avec des yeux complètement effarés. Je leur dis, mais je ne suis qu'à cinq mois et demi. Donc, j'étais à cinq mois et demi de grossesse à ce moment-là. C'est-à-dire que je vais rester encore quasiment quatre mois ici. Et là, en fait, la médecin me dit, je vais être honnête avec vous. Vu les symptômes que vous avez, je pense que vous aurez accouché maximum dans deux semaines. Donc là, je comprends, je me prends en pleine tête que je vais avoir un bébé qui va être grand prématuré. Donc là, en fait, on m'explique toutes les possibilités. Qu'ils vont faire un maximum pour me maintenir le plus longtemps possible, mais qu'il arrivera forcément un moment où mon corps ne supportera plus cette situation et que là, ils seront obligés de m'accoucher en urgence, en fait. Voilà. Du coup, effectivement, je reste hospitalisée. On m'explique que mon bébé, selon le terme où il va naître, il sera tout juste viable. Dans ce cas-là, qui me laisserait le choix de faire partir mon enfant, de l'accompagner sur la faim ou de le laisser vivre ? Mais tout ça, on va être très hypothétique parce qu'on ne sait pas à combien de temps ça peut prendre. Moi, je leur explique que je ne veux aucun acharnement thérapeutique, mais que je veux laisser la chance au bébé. C'est de lui-même qui va donner suite à l'histoire. Et du coup, je reste hospitalisée. C'est un jeudi. Le vendredi se passe bien. j'ai pas de douleurs, pas de symptômes et dans la nuit du samedi au dimanche là j'ai de nouveau cette barrière épigastrique et qui a été la pire de toutes où vraiment j'ai passé la nuit à crier à avoir mal, à pleurer, ils avaient beau me donner des choses pour me soulager, rien n'y faisait et au dimanche matin ils viennent me voir et pendant ces 2-3 jours d'hospitalisation ils m'ont quand même fait des examens des prises de sang, voir au niveau de mon corps comment je supportais réellement et au dimanche matin ils viennent me voir, ils m'ont dit écoutez là les examens sont pas bons du tout Vous êtes en train de faire une complication qui s'appelle un HELP syndrome. C'est-à-dire que c'est les organes qui sont en train de sombrer. C'est-à-dire que le foie qui commençait à sécréter, ça devenait dangereux pour moi. En gros, on m'a dit que c'est soit on vous accouche en urgence, soit vous y passez. Du coup, le dimanche matin, je pars en césarienne en urgence. Donc la césarienne se passe très bien, on fait la péridurale. J'ai une césarienne en urgence, mais je ne suis pas endormie complètement. Donc j'assiste quand même un petit peu à cet accouchement. Ma fille naît, elle pousse un cri. Donc là, l'anesthésiste me dit « c'est super, c'est un bon signe, on sent qu'elle va se battre » . Je suis contente de l'entendre. On me la présente très rapidement et tout de suite, on l'emmène faire les soins parce que du coup, ma fille naît et je suis à 26 semaines. Donc c'est tout petit. On lui prend les mesures, le poids et elle naît, elle fait 500 grammes. Donc c'est vrai qu'on a du mal à s'imaginer, mais je ne savais pas de quoi m'attendre. Je me disais à ce stade-là, est-ce que c'est formé, est-ce que ce n'est pas formé ? Et en fait, c'est complètement formé, mais juste en tout petit format. Donc c'était assez surprenant. Mais moi, je l'ai vu vraiment très, très rapidement. Et ensuite, ils se sont occupés de moi, ils ont emmené ma fille faire les soins. Et à partir du moment où ils m'ont fait accoucher, la maladie s'en va. L'après-eclampsie, c'est fini. Alors après, on peut avoir des séquelles par la suite. On peut avoir... différents types de problèmes. Mais ça, on le sait au fur et à mesure. Mais pour le coup, je sais que ma vie n'est plus en danger. Voilà un petit peu pour le déroulé de cette Ausha.
- Speaker #0
On dirait que ça s'est déclenché un peu du jour au lendemain.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Donc avec les symptômes que tu as pu avoir, mais qui se sont déclenchés d'un coup, d'un seul. Et puis après, finalement, cette accélération aussi rapide, est-ce qu'il y a des explications à ça ? Est-ce qu'on t'en a donné ? Est-ce que tu en as cherché ? Ou est-ce que c'est simplement la nature et malheureusement c'est comme ça ?
- Speaker #1
Exactement, c'est un coup de pas de chance en fait. La préeclampsie, parce que forcément après coup j'ai cherché s'il y avait des explications, si c'était quelque chose que j'avais mangé, si c'était un choc émotionnel. Et il n'y a pas d'explication, c'est vraiment un coup de pas de chance. Alors après on nous dit que quand on a eu une préeclampsie une fois, on peut être sujet à en refaire sur les prochaines grossesses. Maintenant ce n'est pas parce qu'on en a eu une fois qu'on l'aura forcément à chaque fois. mais on peut être un peu plus sujet. Mais par contre, oui, effectivement, il n'y a pas d'explication de qu'est-ce qui déclenche ça. À l'heure d'aujourd'hui, ils ne savent pas l'expliquer, ils ne savent pas de quoi ça vient. Il y en a qui disent des fois que c'est un changement partenaire qui fait qu'on ne peut pas le prévenir non plus. Il n'y a pas de traitement à prendre en amont pour éviter d'avoir ce genre de choses. La seule chose éventuellement qu'on peut faire, c'est donner un fluidifiant. Je n'ai plus le nom exactement. C'est quelque chose qu'on peut prendre qui permet de mieux fluidifier la circulation du sang. Mais c'est la seule chose qu'on peut faire, mais ça ne prévient absolument pas d'avoir cette maladie de grossesse.
- Speaker #0
Ce qu'on peut faire, et c'est aussi grâce au partage d'expérience que tu nous fais là aujourd'hui, c'est d'être plus sensible finalement aux symptômes qu'on peut avoir pour dès qu'on en a plusieurs, un peu comme ceux que tu as évoqués, il y en a peut-être d'autres, il faudrait aller d'autres poser la question. que ça nous fasse un signal d'alerte en disant, alors là, j'ai ça, ça et ça, du coup, je vais consulter immédiatement. Ça ne veut pas dire que ça changera le cours des choses, parce que du coup, c'est ce que tu as fait toi aussi. Et voilà, c'était déjà peut-être dans un état avancé, mais peut-être qu'on peut se dire qu'en étant plus sensibilisé, en ayant entendu parler de cette maladie de grossesse-là, on peut se mettre peut-être un peu plus de chance de notre côté, même si on ne sait pas ce que la suite donne finalement. C'est plus entre nos mains.
- Speaker #1
C'est ça en fait, c'est pour ça aussi que c'est important pour moi d'apporter ce témoignage-là, parce que du coup moi j'ai eu personne en fait qui connaissait cette maladie autour de moi et qui a pu m'en parler. Heureusement que j'ai eu un gynécologue qui a été très réactif au final, parce que tout de suite dès que je lui ai parlé de cette barre épigastrique, il m'a fait l'écho immédiatement. Il a vu, lui il m'a dit « bon petit bébé, peut-être rien d'inquiétant, mais quand même je t'envoie voir un professionnel » . Donc c'est vrai que j'ai eu quelqu'un qui a été quand même à l'écoute. de moi et qui a pris les choses au sérieux, qui ne s'est pas contentée de me dire, comme on m'a dit la première fois aux urgences, oui madame vous êtes enceinte, les aigreurs d'estomac, ça fait partie du truc. J'ai eu de la chance d'avoir un gynécologue qui a été très réactif et effectivement, mon témoignage est là pour dire que oui effectivement c'est une maladie qui existe et qu'on ne connaît pas assez, ou du moins on ne nous en parle pas parce qu'on ne veut pas nous inquiéter, mais c'est quelque chose qui existe et qui touche. A l'heure actuelle la préeclampsie c'est le deuxième cas de mortalité maternelle. C'est pas rien. Effectivement, les symptômes, pour mon cas, ça a été la barre épigastrique et la tension élevée. Mais effectivement, il y a d'autres symptômes. Il y a les mouches devant les yeux, les bourdonnements dans les oreilles. Il y a 4-5 symptômes comme ça qui se manifestent. On ne les a peut-être pas tous. Pour le coup, moi, je n'en ai eu que deux. C'est important d'être au courant de cette maladie et des symptômes pour effectivement se dire « mince, j'ai entendu parler de ça, j'ai lu ça quelque part » . Ça me fait penser à l'après-clampsie. Je peux peut-être éliminer ça. Aller voir un médecin si je sens que j'ai ces symptômes-là et voir si c'est ça ou si ce n'est pas ça. Après, à partir du moment où on a les symptômes, on ne peut pas faire grand-chose. Il n'y a pas de médicaments, il n'y a pas de remède magique. Mais par contre, on peut être pris en charge et faire en sorte que les choses se passent de la meilleure des façons. S'il n'avait pas été à l'hôpital à ce moment-là, peut-être que je me serais contentée de me dire « J'ai mal à l'estomac, ça va passer, ça va passer. » Peut-être que quelque chose de plus grave serait arrivé. Du coup, je n'aurais pas été accompagnée par des professionnels qui auraient vu le danger immédiat. Donc oui, c'est important de connaître cette maladie.
- Speaker #0
Et comme tu l'as dit, il y a la vie du bébé qui est en jeu, mais il y avait aussi ta vie. Et ça, c'est aussi hyper important.
- Speaker #1
De toute façon, c'est vraiment ce que m'ont dit les médecins, mot pour mot. Ils m'ont dit, là, soit le bébé, soit vous qui y passez. Donc c'est vrai qu'on dit, ok, je ne suis qu'à 5 mois et demi, mais là... Il faut y aller, quoi. Donc, voilà.
- Speaker #0
Oui, cette prise en charge, elle t'a permis de te sauver, toi.
- Speaker #1
Exactement. Oui, c'est pour ça que j'ai hésité, que j'ai eu cette Ausha d'avoir un professionnel de santé qui a pris les choses au sérieux et qui a manifesté les choses essentielles pour que tout se passe au mieux pour moi, au final.
- Speaker #0
Et la perte d'un bébé, c'est vraiment une épreuve qui est terrible. Comment est-ce que tu as réussi à surmonter cette épreuve sur le plan tant émotionnel que physique ?
- Speaker #1
Je pense que... Les choses ont été tellement vites qu'on n'a pas trop eu le temps de réaliser ce qui se passait, réellement. Du coup, ma fille, elle est née en septembre. Le terme était prévu pour début janvier. Nous, à cette époque-là, on était en train de faire construire une maison. Donc en fait, on n'était tellement pas... On ne peut pas être préparé à ça, c'est sûr, mais tout est allé tellement vite. À partir du moment où on m'a dit « vous rentrez à l'hôpital » , je suis rentrée à l'hôpital, on m'a tout expliqué. Trois jours après, on me fait accoucher en urgence, on me présente le bébé. Ma fille est née vivante, elle a vécu trois jours. Elle a été déclarée, elle apparaît sur mon livret de famille. J'ai pu la rencontrer au moment de la naissance. Je suis retournée la voir que le lendemain, parce que du coup j'étais extrêmement fatiguée, j'avais perdu beaucoup de sang aussi, donc j'ai dû avoir une transfusion sanguine entre temps. Et le lendemain je suis allée la rencontrer en couveuse, vraiment au service néonate. Et là je l'ai réalisée à quel point elle était petite. Parce que quand on me l'a présentée rapidement comme ça, enfin je l'ai vue trois secondes, donc j'étais dans les vapes. Et donc là quand je la vois, en fait là sur le coup je fonds en larmes parce que je réalise qu'elle est minuscule. Je mettais ma main à côté. Sa tête faisait tout juste ma pomme, en fait, tu vois. Donc, c'était assez choquant. Puis, elle est branchée, il y a plein de tuyaux, il y a des machines partout autour d'elle qui bipent. Donc, sur le coup, tu fais « waouh » . Ok, bon, ben là, on se lance dans un autre truc, c'est dans la grande prématurité. Et donc, les médecins, après, nous ont expliqué, nous ont dit « voilà, on ne sait pas ce que ça va donner. Si ça se trouve, elle n'aura absolument aucune séquelle, elle va très bien grandir, elle va très bien vivre. Mais elle peut aussi avoir de lourdes séquelles. » et ne pas avoir un développement normal. Donc c'est vrai que là, on avance, c'est même pas au jour le jour, c'est minute par minute en fait. On nous explique que ses poumons n'ont pas eu le temps de suffisamment se développer et être assez matures. Donc juste avant l'accouchement, on m'a fait une injection pour aider les poumons à se développer un petit peu plus vite. Mais on m'explique qu'il y a un petit clapet qui permet de fermer les poumons et ce clapet n'est pas fermé à cet âge-là en fait, à ce niveau de vie. Donc à tout moment il peut y avoir une embolie pulmonaire, enfin voilà il peut y avoir des complications pour le bébé, donc on nous explique vraiment, les médecins prennent le temps de tout nous dire, qu'à tout moment tout peut chambouler en fait. On se met ça en tête, pour le papa c'était un peu plus compliqué, parce que c'est vrai qu'au début il leur a dit, tant qu'on ne dirait pas que ma fille va bien, je ne pourrais pas la voir en fait, je ne pourrais pas la rencontrer, je ne peux pas mettre un visage. Et puis bon, il a fini par venir la voir, parce que ça restait sa fille, et qu'au final il avait besoin aussi de ça. Le jour se passe, le troisième jour, on a l'autorisation d'aller faire les soins de la petite. Donc on descend, on lui change la couche, on lui passe un linge, on la nettoie. Enfin voilà, on passe un moment avec elle et je peux faire enfin mon premier pot à pot avec ma fille. Parce que les médecins nous disent que c'est un réel soin pour les bébés, que ça leur fait énormément de bien. Et du coup, je reste pendant, je crois, près de trois heures en pot à pot avec ma fille. Et alors moi, je me sens tellement bien d'avoir ma petite sur moi. Et elle, son taux de saturation d'oxygène s'améliore. Donc, elle arrive à mieux respirer toute seule. Donc, je me dis, OK, c'est cool, on avance bien. Et à ce moment-là, je remonte en chambre au bout de trois heures, sereine, bien, suite au moment que je viens de passer avec ma fille. Et là, j'ai la chef de service qui monte en catastrophe dans la chambre, qui vient me chercher et qui me dit, Morgane, il faut vite venir, Mila, ça ne va pas. Donc là, on descend en catastrophe. Donc là, je peux te dire que c'est Zarianoupa qui tire. Tu cours le sprint de ta ville. Et du coup, on descend de travers l'hôpital. Et là, on arrive dans cette pièce où était Mila. Et on voit des tuyaux débranchés, des appareils qui brillent. Et là, on ne comprend pas en fait. Elle me dit, vous voulez la prendre en pot à pot ? Moi, tout de suite, je dis oui. Ça lui a fait du bien tout à l'heure, le pot à pot. Donnez-la moi. Et là, j'ai mon conjoint qui regarde l'appareil, qui voit qu'il n'y a plus de chiffres, qu'il n'y a plus de choses. il dit mais pourquoi ça s'habille pourquoi ça ça marche plus, pourquoi et là en fait on a la puéricultrice qui nous regarde et qui nous dit c'est la fin, elle est en train de partir waouh ok ok donc là en fait vous nous êtes venu nous chercher pour l'accompagner dans son dernier moment, pas pour essayer de sauver quelque chose donc là on se prend en pleine face que c'est fini que du coup on est là pour lui dire au revoir Du coup, c'est ce qui se passe. Donc, on passe les dernières minutes, la petite contre moi, le papa qui nous entoure et les appareils finissent par s'éteindre. Donc, très dur. Très dur parce que l'heure d'avant, j'étais avec elle et elle avait l'air d'aller bien. Et en rentrant en chambre, j'ai envoyé un message à tout le monde en disant « Mila, ça va super bien, j'ai passé un moment top avec elle. » Donc, en fait, ça a été vraiment l'ascenseur émotionnel extrême. Très dur, forcément, on ne réalise pas. On finit, on lui dit au revoir, et puis on quitte l'espace. Et là, on se dit, maintenant, il faut l'annoncer à tout le monde. On appelle nos parents, et on dit, c'est fini. Alors, personne ne comprend forcément, parce qu'une heure avant, je leur avais dit que tout allait bien. Et puis, sur le coup, on se dit, bon, c'est pas grave, on va avancer, c'est comme ça. Et puis, bon, alors, sur le coup, on se fait une raison. Après, il y a eu des moments assez compliqués. Forcément, il a fallu faire un enterrement parce que, du coup, elle avait été déclarée. Et puis, de toute façon, pour nous, c'était évident de faire un enterrement. Donc, ça aussi, ça a été très dur, organiser un enterrement pour un nourrisson. Et puis, la suite, ça a été compliqué aussi parce que, du coup, comme je te l'ai dit, on était en pleine construction de maison. Donc, dans cette maison, on se projetait à trois. Et en fait, on se retrouve, on n'est que deux. avec un deuil dans les pattes, avec tout à gérer, en fait, le deuil d'un enfant à gérer et cette vie à trois qui, finalement, ne se fera pas dans l'immédiat. Donc oui, forcément, petite dépression où on remet tout en question. Donc, c'est vraiment à ce moment-là où je me posais des questions. Mais qu'est-ce que j'ai fait ? Pourquoi j'ai eu ça ? Je vais sur des forums, je me mets sur des groupes, sur les réseaux sociaux de personnes qui ont vécu ça et je pose des questions et je lis des témoignages. Voilà, on réfléchit. Est-ce que j'ai trop forcé ? Est-ce que... Voilà, toute sa grossesse en question. Et puis, à force de discuter avec des gens, on comprend qu'il n'y a pas d'explication. C'est comme ça, c'est vraiment un coup de pas de chance. Et là, il y a deux solutions, c'est soit tu continues à sombrer, soit tu avances. J'ai la chance d'avoir un conjoint qui m'a laissé vivre mon deuil quand même. Je suis restée pendant 4-6 mois à avoir mon petit moment de déprime, à pleurer sur mon canapé, à passer mes journées en pyjama. Voilà, et au bout de six mois, il est venu, il m'a dit « Bon, maintenant, ça suffit, elle ne reviendra pas. Soit on avance ensemble, soit ça va être compliqué. » Et du coup, on a dit « Ok, on va continuer d'avancer ensemble. » Il m'a aidée, il m'a accompagnée, et voilà, on s'est mis ensemble au sport, à reprendre des activités, parce que du coup, on est tous les deux, donc moi, chanteuse, lui, il est guitariste, donc on fait tous les deux de la musique, et on s'est remis dans ça pour s'épauler, s'élever ensemble. Et puis, il est beaucoup parlé. C'est vrai que les gens autour de moi n'osaient pas me poser des questions, me demander comment ça allait. Et en fait, moi, j'en ai eu ce besoin. Donc, j'ai quand même suivi une thérapie. J'ai été voir une psychologue qui pratiquait le MDR. C'est la méthode cognitive. Alors, à l'époque, ça ne se faisait pas trop, trop. Mais j'en avais trouvé une sur Montpellier. Ça a plutôt bien marché pour moi. Ça m'a permis de vraiment bien accepter le deuil. Et surtout, la situation, comme elle a pu me dire, « Mila, elle est venue. » Elle a donné ce qu'elle avait à donner, vous avez pris ce qu'il y avait à prendre. Puis voilà, vous vous êtes rencontrés, vous avez eu ce temps de partage toutes les deux pendant trois heures en pot à pot. Et puis, elle est partie. Et c'est vrai que la façon dont ce psychologue m'a apporté les choses, en fait, je me dis mais oui, elle a raison. Elle est venue là, elle m'a donné ce qu'elle avait à donner. Et puis voilà, cette façon de penser, ça m'a permis d'avancer. Voilà, j'ai arrêté de me dire j'ai perdu ma fille, j'ai vécu cette épreuve, ce drame. Et les tournois de commandes, plutôt, en me disant qu'elle avait une mission, elle a fait sa mission et c'est comme ça, il faut continuer, il faut avancer. Après, on se construit autour de tout ça et puis on fait d'autres projets.
- Speaker #0
Je suis sans voix. Vraiment, c'est bouleversant. Merci vraiment pour le courage que tu as de partager ce moment fort de ta vie. Tu as parlé du rôle du papa. Vous avez l'air d'être vraiment… Un duo dans cette épreuve-là. Comment, en fait, il t'a vraiment aidé à surmonter cette épreuve ? Et même, au-delà du papa, ton entourage, est-ce que ton entourage a aussi joué un rôle particulier pour t'aider à surmonter cette épreuve ? Et comment ça s'est passé, tout ça ?
- Speaker #1
Pour te dire, en fait, quand notre fille est partie, c'était un mercredi soir, donc on a appelé forcément tous nos proches. Le lendemain, donc le jeudi, on a toute notre bande d'amis. qui est venu à l'hôpital sur la fin de journée. Il y en a qui venaient de Marseille, il y en a qui ne sont pas allés travailler et qui nous ont rejoints. Et ils ont ramené des tables, des chaises et des pizzas pour qu'on soit tous ensemble le lendemain pour nous soutenir. Alors, je pense que les gens de l'hôpital ont dû se dire mais c'est des fous. Enfin, c'était assez improbable comme situation. Mais étant donné qu'on ne pouvait pas faire ça dans l'hôpital, eux ont dit c'est pas grave, on vient devant. Et en fait, ça, ça nous a donné une force qui a été assez... Voilà, je ne peux pas mesurer en fait ce qu'ils ont fait là. Je leur serai éternellement reconnaissant, parce que du coup, on ne s'est pas senti seul dans cette... Enfin, même le soir même, mes parents sont venus, un des meilleurs amis de mon conjoint est venu, c'était sa soirée d'anniversaire, il a quitté le restaurant en catastrophe, ils nous ont rejoints. Donc déjà le soir même, mais le lendemain, quand on était 15-20 sur la pelouse de l'hôpital, à faire ça, alors que la veille, on venait de perdre notre fille. Mais ça nous a donné déjà une force. On s'est dit, on sait qu'on n'est pas seul, en fait. On est entouré. Et puis après, oui, alors la famille, toujours très délicat de parler avec quelqu'un qui vient de perdre un proche, et là encore plus un enfant, où à la base c'était censé être que du bonheur avec l'arrivée d'un enfant, et au final on part sur un deuil. Mais moi comme j'ai eu besoin d'en parler, les gens pouvaient me poser juste la question en me disant « ça va, comment tu vas quand même ? » Et en fait ils disaient le reste. Et donc du coup les gens étaient assez étonnés de voir les ans que j'avais à en parler, et du coup ils osaient plus me poser de questions, et plus ils me posaient de questions, et plus moi ça me soulageait. Mes proches m'ont aidé à surmonter ça en étant à mon écoute. Et concernant mon conjoint, lui n'a pas eu ce besoin d'en parler. Lui, il a plus eu le besoin d'enterrer la chose, la situation. Lui, il n'a pas eu ce besoin de s'exprimer autour de ça. Il l'a fait par des écrits, il l'a fait à travers sa musique. Parce que c'est un artiste et qu'il a besoin de l'exprimer à sa façon. Entre nous, on en a parlé, mais pas plus que ça. Mais après, par la suite... Comme je l'ai dit, il m'a laissé faire mon deuil. Et après, il m'a dit, allez, maintenant, on avance. On refait des projets. Voilà, on a notre maison maintenant. Et puis, on fait la musique. On se met au sport. Et on passe des moments ensemble. Voilà.
- Speaker #0
Ensemble, du coup, vous regrimpiez la colline et vous repartiez dans une nouvelle énergie.
- Speaker #1
C'est ça. Exactement. Voilà. Il y avait besoin d'apporter de nouvelles énergies, de bonnes énergies et de faire des projets. Donc, on est partis en voyage. On a fait un très beau voyage. Voilà, ça nous a fait du bien. Après, j'ai continué les examens par la suite. Pendant un an, j'ai continué à faire des examens de santé pour voir si je n'avais pas de séquelles de la maladie. Ça a été néphrologue par rapport au rein, par rapport au foie, par rapport à tout ça. J'ai eu cette chance d'avoir absolument aucune séquelle. On m'a même fait un examen pour voir si ce n'était pas une maladie auto-immune qui aurait pu être potentiellement la chose qui aurait déclenché la maladie, mais pas du tout. Les médecins m'ont demandé d'attendre... au moins un an avant de relancer une éventuelle grossesse. Et donc, on a laissé cette année passer. Et par contre, par la suite, c'est vrai que j'ai très rapidement eu ce besoin de recommencer. Enfin, je sais que le papa aurait préféré prendre un peu plus le temps d'accuser la chose, de continuer. Mais c'est vrai que moi, j'ai eu plutôt ce besoin de me dire « Allez, on ne reste pas sur un échec. On avance, on y retourne. » Et donc, dès qu'on m'a donné le feu vert, tout de suite, on s'est remis en projet bébé. Et je suis retournée enceinte très rapidement. et là du coup j'ai eu un suivi de grossesse qui a été très poussé en fait j'avais tous les mois des examens chez un spécialiste des grossesses à risque je savais que j'étais très bien suivie très rapidement on m'a mis en place une sage-femme à domicile pour venir faire des monitos dans un premier temps c'est une fois par semaine et à partir du stade où j'avais perdu ma fille on est passé à deux fois par semaine tout de suite aussi au niveau du travail parce qu'à l'époque j'étais responsable de magasin j'ai été arrêtée très tôt aussi en arrêt de travail ... Il me fallait un maximum de repos. Après, je n'ai pas été allutée du tout. J'ai eu une super grossesse avec un très, très bon sujet. Et ma grossesse, c'est très bien passé. Je n'ai eu aucune récidive, aucun symptôme de cette maladie, rien. Je suis quasiment allée à terme. Mais par précaution, en fait, comme j'avais eu une préeclampsie très tôt dans ma grossesse, les médecins ont quand même préféré me déclencher à 38 semaines. Donc du coup, j'ai eu mon fils à 38 semaines et quelques. qui est née en parfaite santé et avec une très belle grossesse.
- Speaker #0
Et sur le plan émotionnel, comment tu l'as vécu, cette deuxième grossesse ?
- Speaker #1
Forcément, au début, on angoisse un petit peu de se dire « et si ça revient ? » . Justement, par rapport aux témoignages que j'avais vus, des mamans disaient qu'elles avaient eu une préeclampsie à la première grossesse, à la deuxième un peu plus tard. Je m'étais dit « j'ai potentiellement une chance de refaire, on va croiser les doigts » . pour que ça ne se refasse pas, ou au pire, que ce soit plus tard, pour sortir au maximum de cette prématurité. Donc forcément, un petit peu d'angoisse au début. Mais comme je savais que j'avais un très bon suivi, que j'étais bien encadrée, et que j'étais suivie à Rano de Villeneuve, du coup, ils avaient mon dossier, donc ils savaient tout ce par quoi j'étais passée. Voilà, j'avais une petite angoisse, mais je me sentais quand même bien entourée. Et en fait, à partir du moment où on a su le sexe, on a su que c'était un petit garçon. psychologiquement, je me suis dit « Ok, ce ne sera pas la même grossesse. Tout va bien se passer. » Vraiment, ça a été à partir du moment où on m'a annoncé le sexe du bébé. Je me suis dit « Ok, c'était une fille, là c'est un garçon, ce ne sera pas pareil. » Et psychologiquement, du coup, j'ai été sereine. Et après, quand j'ai eu le suivi avec la sage-femme, ça m'a encore plus tranquillisée parce que je savais qu'au-delà des rendez-vous mensuels que j'avais avec le spécialiste des grossesses à risque, j'avais une sage-femme à la maison deux fois par semaine qui venait contre moi. qu'au niveau monito, au niveau du cœur, tout ça, tout se passait bien, qu'il prenait ma tension. voilà à partir du troisième quatrième mois
- Speaker #0
J'étais bien, ouais. Je n'ai pas du tout angoissé.
- Speaker #1
Et est-ce que, du coup, ton expérience, elle a influencé, en fait, ton approche de la maternité aujourd'hui ?
- Speaker #0
Je ne sais pas. Je ne sais pas si ça a influencé. En tout cas, ce qui est sûr, c'est que quand mon fils est né, j'ai eu ce besoin de passer du temps avec lui. Donc, j'ai eu mon congé maternité classique. Et ensuite, j'ai arrêté de travailler pendant un an et demi pour être au maximum avec mon fils. parce que j'ai eu ce besoin d'être connectée à lui. Alors, je ne sais pas si c'est me dire... Je n'ai pas eu mon premier enfant, je n'ai pas eu ce chance de vivre quelque chose avec elle, au moins que ça a été très, très court. Donc oui, pour mon fils, j'avais ce besoin d'être avec lui, vraiment. Après, je ne sais pas si par la suite, ça a joué sur mon rôle de maman, mais dans les premiers temps de vie de mon fils, oui. Je pense que si je n'avais pas eu cette expérience-là pour ma fille, peut-être que... Plus classiquement, j'aurais eu mon congé maternité, j'aurais repris le travail à deux mois et demi de naissance de mon fils. Je pense que j'aurais eu plus ce schéma-là, mais là, pour le coup, pas du tout.
- Speaker #1
On arrive quasiment à la fin de notre échange, Morgane. J'ai une dernière question. Qu'est-ce que tu conseillerais à des femmes qui sont en train de vivre cette expérience-là terriblement difficile ? Est-ce que tu aurais des conseils que tu voudrais leur donner ?
- Speaker #0
Si on a la même chance que moi, c'est-à-dire d'être bien entouré, il faut garder ce lien parce que je pense que moi, c'est vraiment ce qui a été ma force, c'est d'être entouré. Mais après, c'est vrai qu'au final, en fait, on ne peut rien faire. Nos proches restent notre meilleur soutien dans ce genre d'épreuve. Après, je sais que si des personnes sont en train de vivre ça ou l'ont récemment vécu et qui ont besoin d'un échange de conseils, d'expérience, ce que moi, j'ai eu besoin. à ce moment-là. C'est pour ça que je m'étais réfugiée sur les groupes, sur les réseaux sociaux. Ma porte, elle est ouverte. C'est vrai que quand on vit ça, on a envie d'en parler avec des gens qui ont vécu ça aussi. Parce qu'on se sent un peu plus compris. Vous n'êtes pas seul. La chose qui est très importante, c'est d'arriver à parler de tout ça, de ne pas l'enfouir. C'est comme tout, ça nous tue à petit feu sinon. Et donc, arriver à parler au maximum.
- Speaker #1
Je pense qu'il y a aussi ce que tu disais tout à l'heure, c'est que ... C'est la faute à pas de chance. C'est dur de se dire ça, mais c'est ça. Et qu'on est coupable de rien du tout quand ça nous arrive. C'est peut-être un message à reporter à nouveau à la fin de notre échange. Tu l'as dit de multiples reprises, mais on a toujours tendance à chercher qu'est-ce qu'on n'a pas fait de bien ? Pourquoi c'est nous ? Est-ce qu'il y a quelque chose qu'on a fait qui a déclenché ça ? En fait, il y a des situations dans la maternité qui sont juste liées à la nature finalement. aussi difficile que ce soit de l'accepter. Ça ne veut pas dire qu'en se disant ça, on dédramatise, pas du tout. Mais à un moment donné, il faut aussi réussir à enlever ce poids-là qu'on a sur nos épaules et qui est parfois terriblement lourd.
- Speaker #0
Oui, parce que ce poids de la culpabilité, forcément, je l'ai porté. J'ai passé un moment à essayer de tout remettre en question. Donc oui, effectivement, la pré-eclampsie, il n'y a pas de raison. C'est vraiment un coup de pas de chance. Il faut s'enlever cette culpabilité et tout ce questionnement, même s'il reste complètement compréhensible. Et oui, ce n'est pas parce que ça nous est arrivé une fois que ça arrivera sur les prochaines grossesses. Donc, il ne faut pas avoir peur non plus de relancer par la suite un projet bébé parce qu'il n'y a pas de raison que ça arrive encore. Ça peut arriver, c'est un risque, mais ce n'est pas systématique. il faut y croire. Et à partir du moment où ça nous arrive une fois, on sait que par la suite, on est généralement bien encadré, bien suivi. Donc voilà, s'enlever cette culpabilité et ne pas baisser les bras sur un projet bébé par la suite.
- Speaker #1
Merci beaucoup, Morgane, pour ton témoignage courageux, bouleversant, mais terriblement courageux. Je pense qu'on a besoin aussi d'entendre ces expériences-là et le message inspirant, parce que c'est pas une fin en soi, comme tu l'as dit. Il y a un après. Donc, quand on est dans ce tunnel-là, c'est terriblement difficile et on a l'impression qu'on va y rester. Mais comme tu nous l'as partagé avec ta propre expérience, aujourd'hui, tu as un chouette petit garçon qui a 6 ans. Donc, il y a un après.
- Speaker #0
Exactement, c'est ça, il y a un après. Merci à toi, Alicia, de m'avoir reçue. Et puis, voilà, comme je l'ai dit... Je reste ouverte aux éventuelles personnes qui auraient des questions un peu plus approfondies sur le sujet. Voilà. Merci beaucoup, Alicia.
- Speaker #1
C'est très gentil. Merci pour ta proposition. Et je te dis à très bientôt.
- Speaker #0
Oui, à très bientôt.
- Speaker #2
Un immense merci à Morgane pour son témoignage courageux et émouvant. Son histoire est un rappel puissant. Certaines épreuves nous dépassent, mais elles ne définissent pas la suite de notre vie. Entre douleur, résilience et espoir, Morgane nous montre qu'il y a un après, même quand tout semble s'effondrer. Si son histoire vous a touché autant que moi, et que vous pensez qu'elle peut aider d'autres parents, n'hésitez pas à la partager. Merci beaucoup pour votre écoute et je vous dis à très vite sur Insubmersible.