Les plateaux verdoyants cover
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INTERSTICES

Les plateaux verdoyants

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12min |28/04/2024
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Les plateaux verdoyants

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Description

L’immanente nostalgie d’un trésor perdu

 

Elle a toujours été là cette montagne,
surplombant des plaines et des vallées à perte de vue en plateaux verdoyants
d'herbes grasses. 

C'est un pays de cocagne façonné au contraste des saisons, parsemé de villes et de villages sur un lit de campagnes. Bariolé de couleurs, à la fois tapissé du foisonnement des fleurs et de vertes cultures, bois, forêts, champs et prairies, et maintes nuances blondes des blés et autres céréales. Quadrillé de routes, tacheté de lacs et strié de sentiers, cabossé de vallons et de collines, traversé de rus et de rivières, pétri enfin d'une épopée humaine jalonnée de riches patrimoines. 

Ici, les Hommes se sustentent, mus de fringales d'absolu, s'efforçant librement depuis la nuit des temps de rejoindre d'insaisissables horizons, en poussant les chimères de leurs bonheurs contenus. Si bien servies en ce fertile et généreux royaume, nulles vocations, ni richesses, pas même en collections, ne comblent vraiment leur quête d'infini. 

Les plus éveillés, de guerre lasse, s'illuminent au gré d'intuitions et d’évolution. Ils accèdent en conscience à l'immanente nostalgie d'un trésor perdu, ce qui leur révèle leur conception duale de l'existence. Pourront-ils, un jour enfin, mesurer comment et à quel point ils se sont éloignés de ce qui est assez simple pour être la Vérité, et l’incroyable complexité qu'ils ont maintenant à défaire pour y revenir et s'y rétablir ? 

Cette hauteur, ils ont un jour choisi de la dévaler pour venir jouir en contrebas, autant qu’il leur en fallait, jusqu'à sans péril en reconnaître la vanité et recevoir en leur âme l’appel de ce sommet. Sans doute n’avaient-ils pas su le voir avant de descendre, n’imaginant pas un jour revenir sur leurs pas, mais il n’existe pas d'autre voie pour un tel retour, que l'une parmi ces deux apparaissant aussi impraticables l'une que l'autre, sur lesquelles peu s'aventurent à jamais : la première face du mont géant, impensable, côté sud, et la seconde, impossible, au nord. 

C’est bien sûr leur propre tricot d'existence, l'imposture par laquelle chacun s'est lui-même ici ré-énoncé pour survivre et ne pas devenir fou, qui, dans le mental, est à la manœuvre, remplaçant en permanence tout ressenti par la pensée qui l'arrange. La route du sud, qu'exècre ce fantasque, lui inspire résolument d'engager l'ascension par la face nord. Les Hommes en reviennent alors rompus, épuisés, voire impatients ou désespérés par l’implacable Vérité. Le passage ne peut plus donc que se trouver par la voie qu’il refuse obstinément, sachant depuis l'origine que, menant au Sacré, à la Pure Vérité, à la Totale Lumière, elle ne peut que s'emprunter sans lui. Ainsi, nul Homme ne saurait en fouler le premier gravillon, empesé d'une once de ce pauvre mentor. 

Après s’être mépris d’avoir ignoré leur dualité, la deuxième erreur des Hommes n'est-elle pas d’y croire ? 

Souvent, un long intermède sépare les tentatives de retour par la première voie qui n’en était pas une, de celles par la seconde, si tant est qu'elles aient lieu. Un temps d'abord ponctué de ruse, de marchandage et de contrefaçon, dont use et excelle l'avatar du Soi pour exiger de demeurer en bas, car, s’il est une contrée de mirages pour lui servir de
terrain de jeu, c’est bien ce pays ouvert aux quatre vents, qu'il ne peut pas quitter. 

Que ceux, si attachés à leurs idéaux, continuent donc de vaquer à leur guise, à s’assoiffer des charmes des vallons. Les autres, par ailleurs, réalisent qu'il n'est qu'à l’ego inconcevable que l’ego soit dissout. Ils prennent le parti de le déposer, ce qui ne constitue pour eux nullement le but ou le bout du chemin, mais bien la condition première du retour. 

(...)

---

Rediffusion / Texte déposé ©Renaud Soubise 

Musique : ©Aquarium / K. MacLeod / Incompetech (licence Ausha) ; ©Grieg - Morning Mood - Orchestre Symphonique / Creative Commons  

Description

L’immanente nostalgie d’un trésor perdu

 

Elle a toujours été là cette montagne,
surplombant des plaines et des vallées à perte de vue en plateaux verdoyants
d'herbes grasses. 

C'est un pays de cocagne façonné au contraste des saisons, parsemé de villes et de villages sur un lit de campagnes. Bariolé de couleurs, à la fois tapissé du foisonnement des fleurs et de vertes cultures, bois, forêts, champs et prairies, et maintes nuances blondes des blés et autres céréales. Quadrillé de routes, tacheté de lacs et strié de sentiers, cabossé de vallons et de collines, traversé de rus et de rivières, pétri enfin d'une épopée humaine jalonnée de riches patrimoines. 

Ici, les Hommes se sustentent, mus de fringales d'absolu, s'efforçant librement depuis la nuit des temps de rejoindre d'insaisissables horizons, en poussant les chimères de leurs bonheurs contenus. Si bien servies en ce fertile et généreux royaume, nulles vocations, ni richesses, pas même en collections, ne comblent vraiment leur quête d'infini. 

Les plus éveillés, de guerre lasse, s'illuminent au gré d'intuitions et d’évolution. Ils accèdent en conscience à l'immanente nostalgie d'un trésor perdu, ce qui leur révèle leur conception duale de l'existence. Pourront-ils, un jour enfin, mesurer comment et à quel point ils se sont éloignés de ce qui est assez simple pour être la Vérité, et l’incroyable complexité qu'ils ont maintenant à défaire pour y revenir et s'y rétablir ? 

Cette hauteur, ils ont un jour choisi de la dévaler pour venir jouir en contrebas, autant qu’il leur en fallait, jusqu'à sans péril en reconnaître la vanité et recevoir en leur âme l’appel de ce sommet. Sans doute n’avaient-ils pas su le voir avant de descendre, n’imaginant pas un jour revenir sur leurs pas, mais il n’existe pas d'autre voie pour un tel retour, que l'une parmi ces deux apparaissant aussi impraticables l'une que l'autre, sur lesquelles peu s'aventurent à jamais : la première face du mont géant, impensable, côté sud, et la seconde, impossible, au nord. 

C’est bien sûr leur propre tricot d'existence, l'imposture par laquelle chacun s'est lui-même ici ré-énoncé pour survivre et ne pas devenir fou, qui, dans le mental, est à la manœuvre, remplaçant en permanence tout ressenti par la pensée qui l'arrange. La route du sud, qu'exècre ce fantasque, lui inspire résolument d'engager l'ascension par la face nord. Les Hommes en reviennent alors rompus, épuisés, voire impatients ou désespérés par l’implacable Vérité. Le passage ne peut plus donc que se trouver par la voie qu’il refuse obstinément, sachant depuis l'origine que, menant au Sacré, à la Pure Vérité, à la Totale Lumière, elle ne peut que s'emprunter sans lui. Ainsi, nul Homme ne saurait en fouler le premier gravillon, empesé d'une once de ce pauvre mentor. 

Après s’être mépris d’avoir ignoré leur dualité, la deuxième erreur des Hommes n'est-elle pas d’y croire ? 

Souvent, un long intermède sépare les tentatives de retour par la première voie qui n’en était pas une, de celles par la seconde, si tant est qu'elles aient lieu. Un temps d'abord ponctué de ruse, de marchandage et de contrefaçon, dont use et excelle l'avatar du Soi pour exiger de demeurer en bas, car, s’il est une contrée de mirages pour lui servir de
terrain de jeu, c’est bien ce pays ouvert aux quatre vents, qu'il ne peut pas quitter. 

Que ceux, si attachés à leurs idéaux, continuent donc de vaquer à leur guise, à s’assoiffer des charmes des vallons. Les autres, par ailleurs, réalisent qu'il n'est qu'à l’ego inconcevable que l’ego soit dissout. Ils prennent le parti de le déposer, ce qui ne constitue pour eux nullement le but ou le bout du chemin, mais bien la condition première du retour. 

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Rediffusion / Texte déposé ©Renaud Soubise 

Musique : ©Aquarium / K. MacLeod / Incompetech (licence Ausha) ; ©Grieg - Morning Mood - Orchestre Symphonique / Creative Commons  

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L’immanente nostalgie d’un trésor perdu

 

Elle a toujours été là cette montagne,
surplombant des plaines et des vallées à perte de vue en plateaux verdoyants
d'herbes grasses. 

C'est un pays de cocagne façonné au contraste des saisons, parsemé de villes et de villages sur un lit de campagnes. Bariolé de couleurs, à la fois tapissé du foisonnement des fleurs et de vertes cultures, bois, forêts, champs et prairies, et maintes nuances blondes des blés et autres céréales. Quadrillé de routes, tacheté de lacs et strié de sentiers, cabossé de vallons et de collines, traversé de rus et de rivières, pétri enfin d'une épopée humaine jalonnée de riches patrimoines. 

Ici, les Hommes se sustentent, mus de fringales d'absolu, s'efforçant librement depuis la nuit des temps de rejoindre d'insaisissables horizons, en poussant les chimères de leurs bonheurs contenus. Si bien servies en ce fertile et généreux royaume, nulles vocations, ni richesses, pas même en collections, ne comblent vraiment leur quête d'infini. 

Les plus éveillés, de guerre lasse, s'illuminent au gré d'intuitions et d’évolution. Ils accèdent en conscience à l'immanente nostalgie d'un trésor perdu, ce qui leur révèle leur conception duale de l'existence. Pourront-ils, un jour enfin, mesurer comment et à quel point ils se sont éloignés de ce qui est assez simple pour être la Vérité, et l’incroyable complexité qu'ils ont maintenant à défaire pour y revenir et s'y rétablir ? 

Cette hauteur, ils ont un jour choisi de la dévaler pour venir jouir en contrebas, autant qu’il leur en fallait, jusqu'à sans péril en reconnaître la vanité et recevoir en leur âme l’appel de ce sommet. Sans doute n’avaient-ils pas su le voir avant de descendre, n’imaginant pas un jour revenir sur leurs pas, mais il n’existe pas d'autre voie pour un tel retour, que l'une parmi ces deux apparaissant aussi impraticables l'une que l'autre, sur lesquelles peu s'aventurent à jamais : la première face du mont géant, impensable, côté sud, et la seconde, impossible, au nord. 

C’est bien sûr leur propre tricot d'existence, l'imposture par laquelle chacun s'est lui-même ici ré-énoncé pour survivre et ne pas devenir fou, qui, dans le mental, est à la manœuvre, remplaçant en permanence tout ressenti par la pensée qui l'arrange. La route du sud, qu'exècre ce fantasque, lui inspire résolument d'engager l'ascension par la face nord. Les Hommes en reviennent alors rompus, épuisés, voire impatients ou désespérés par l’implacable Vérité. Le passage ne peut plus donc que se trouver par la voie qu’il refuse obstinément, sachant depuis l'origine que, menant au Sacré, à la Pure Vérité, à la Totale Lumière, elle ne peut que s'emprunter sans lui. Ainsi, nul Homme ne saurait en fouler le premier gravillon, empesé d'une once de ce pauvre mentor. 

Après s’être mépris d’avoir ignoré leur dualité, la deuxième erreur des Hommes n'est-elle pas d’y croire ? 

Souvent, un long intermède sépare les tentatives de retour par la première voie qui n’en était pas une, de celles par la seconde, si tant est qu'elles aient lieu. Un temps d'abord ponctué de ruse, de marchandage et de contrefaçon, dont use et excelle l'avatar du Soi pour exiger de demeurer en bas, car, s’il est une contrée de mirages pour lui servir de
terrain de jeu, c’est bien ce pays ouvert aux quatre vents, qu'il ne peut pas quitter. 

Que ceux, si attachés à leurs idéaux, continuent donc de vaquer à leur guise, à s’assoiffer des charmes des vallons. Les autres, par ailleurs, réalisent qu'il n'est qu'à l’ego inconcevable que l’ego soit dissout. Ils prennent le parti de le déposer, ce qui ne constitue pour eux nullement le but ou le bout du chemin, mais bien la condition première du retour. 

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Musique : ©Aquarium / K. MacLeod / Incompetech (licence Ausha) ; ©Grieg - Morning Mood - Orchestre Symphonique / Creative Commons  

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L’immanente nostalgie d’un trésor perdu

 

Elle a toujours été là cette montagne,
surplombant des plaines et des vallées à perte de vue en plateaux verdoyants
d'herbes grasses. 

C'est un pays de cocagne façonné au contraste des saisons, parsemé de villes et de villages sur un lit de campagnes. Bariolé de couleurs, à la fois tapissé du foisonnement des fleurs et de vertes cultures, bois, forêts, champs et prairies, et maintes nuances blondes des blés et autres céréales. Quadrillé de routes, tacheté de lacs et strié de sentiers, cabossé de vallons et de collines, traversé de rus et de rivières, pétri enfin d'une épopée humaine jalonnée de riches patrimoines. 

Ici, les Hommes se sustentent, mus de fringales d'absolu, s'efforçant librement depuis la nuit des temps de rejoindre d'insaisissables horizons, en poussant les chimères de leurs bonheurs contenus. Si bien servies en ce fertile et généreux royaume, nulles vocations, ni richesses, pas même en collections, ne comblent vraiment leur quête d'infini. 

Les plus éveillés, de guerre lasse, s'illuminent au gré d'intuitions et d’évolution. Ils accèdent en conscience à l'immanente nostalgie d'un trésor perdu, ce qui leur révèle leur conception duale de l'existence. Pourront-ils, un jour enfin, mesurer comment et à quel point ils se sont éloignés de ce qui est assez simple pour être la Vérité, et l’incroyable complexité qu'ils ont maintenant à défaire pour y revenir et s'y rétablir ? 

Cette hauteur, ils ont un jour choisi de la dévaler pour venir jouir en contrebas, autant qu’il leur en fallait, jusqu'à sans péril en reconnaître la vanité et recevoir en leur âme l’appel de ce sommet. Sans doute n’avaient-ils pas su le voir avant de descendre, n’imaginant pas un jour revenir sur leurs pas, mais il n’existe pas d'autre voie pour un tel retour, que l'une parmi ces deux apparaissant aussi impraticables l'une que l'autre, sur lesquelles peu s'aventurent à jamais : la première face du mont géant, impensable, côté sud, et la seconde, impossible, au nord. 

C’est bien sûr leur propre tricot d'existence, l'imposture par laquelle chacun s'est lui-même ici ré-énoncé pour survivre et ne pas devenir fou, qui, dans le mental, est à la manœuvre, remplaçant en permanence tout ressenti par la pensée qui l'arrange. La route du sud, qu'exècre ce fantasque, lui inspire résolument d'engager l'ascension par la face nord. Les Hommes en reviennent alors rompus, épuisés, voire impatients ou désespérés par l’implacable Vérité. Le passage ne peut plus donc que se trouver par la voie qu’il refuse obstinément, sachant depuis l'origine que, menant au Sacré, à la Pure Vérité, à la Totale Lumière, elle ne peut que s'emprunter sans lui. Ainsi, nul Homme ne saurait en fouler le premier gravillon, empesé d'une once de ce pauvre mentor. 

Après s’être mépris d’avoir ignoré leur dualité, la deuxième erreur des Hommes n'est-elle pas d’y croire ? 

Souvent, un long intermède sépare les tentatives de retour par la première voie qui n’en était pas une, de celles par la seconde, si tant est qu'elles aient lieu. Un temps d'abord ponctué de ruse, de marchandage et de contrefaçon, dont use et excelle l'avatar du Soi pour exiger de demeurer en bas, car, s’il est une contrée de mirages pour lui servir de
terrain de jeu, c’est bien ce pays ouvert aux quatre vents, qu'il ne peut pas quitter. 

Que ceux, si attachés à leurs idéaux, continuent donc de vaquer à leur guise, à s’assoiffer des charmes des vallons. Les autres, par ailleurs, réalisent qu'il n'est qu'à l’ego inconcevable que l’ego soit dissout. Ils prennent le parti de le déposer, ce qui ne constitue pour eux nullement le but ou le bout du chemin, mais bien la condition première du retour. 

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Musique : ©Aquarium / K. MacLeod / Incompetech (licence Ausha) ; ©Grieg - Morning Mood - Orchestre Symphonique / Creative Commons  

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