- Speaker #0
Cette saison d'Into the Wind est présentée par Paprec, notre fidèle partenaire depuis 2022. Une saison particulière pour le premier acteur du recyclage en France, puisqu'elle se déroule sous le signe du Vendée Globe, auquel participe Johan Richaume à la barre de Paprec Arkea. La saga continue, puisque c'est la cinquième fois que Paprec engage un bateau sur le tour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance. Pour cette édition, l'entreprise s'est particulièrement impliquée dans le projet en devenant copropriétaire de l'écurie et en finançant un bateau neuf. Si Johan fait figure de favori, c'est à cause de son talent bien sûr, mais c'est aussi grâce à l'équipe qui l'entoure, un collectif qui permet au team Paprec Arkea d'être capable d'innovation et d'excellence, autant de valeur qui compte chez Paprec.
- Speaker #1
Bonjour,
- Speaker #0
vous écoutez Into the Wind, le podcast des marins qui font des phrases. Into the Wind est produit par Tip & Shaft, le média des professionnels et des passionnés de voile de compétition. Tip & Shaft, ce sont deux newsletters hebdomadaires, en français et en anglais, des podcasts, des événements, des formations, ainsi qu'un festival de films et un studio de production de contenu que vous pouvez retrouver sur tipandschaft.com. Je suis Pierre-Yves Lautroux et je vous souhaite la bienvenue dans ce nouvel épisode d'Into the Wind. Un petit mot avant de vous laisser écouter ce nouvel épisode pour vous dire que pendant toute la durée du Vendée Globe, Tip & Shaft organise à la Cité de la Voile Eric... à Barly à Lorient. Un rendez-vous hebdomadaire en public le lundi soir de 18h30 à 19h30 baptisé Pause Report Live du nom de notre autre podcast d'actu de la voile de compétition animé habituellement par l'excellente Axel Capron. Au programme, un véritable talk show réunissant coureurs, routeurs, météorologues, team managers qui analysent et décortiquent les faits de course, les stratégies, la météo, la tactique sans langue de bois et avec beaucoup d'expertise. Ils seront tous. évidemment rejoint par les marins en course à chaque fois que la liaison sera possible. Et si vous n'avez pas la chance de pouvoir venir assister à Pause Report Live à Lorient, vous pouvez bien sûr écouter l'émission en podcast dès le mardi matin. Voilà, on vous attend nombreux à Lorient ou sur les ondes. On place désormais un nouvel épisode d'Into the Wind.
- Speaker #1
Bonjour Catherine Chabot.
- Speaker #2
Bonjour Pierre-Yves.
- Speaker #1
Eh bien, merci beaucoup d'être venu jusqu'à nous pour ce nouvel épisode d'Into the Wind depuis ton anjou. Alors, ce n'est pas natal, mais on tourne l'enjoue dans lequel tu habites et tu vis depuis assez longtemps. Merci d'être venu jusqu'à Lorient pour ce nouvel épisode d'Into the Wind. Alors, j'ai pensé à toi. J'ai pensé souvent à toi. Ça fait longtemps que j'essaie de t'avoir sur ce podcast. Mais j'ai pensé à toi parce qu'il y a une photo géniale qui est sortie il y a quelques jours où tu encadres avec Isabelle Autissier, partner in crime, comme on dit dans certaines séries anglo-saxonnes. Tu encadres avec Isabelle Autissier, Justine Métro, à l'arrivée du Vendée Globe. J'ai trouvé cette photo avec deux générations de navigatrices qui ont bouclé le Vendée Globe. J'ai trouvé cette photo. Vraiment hyper émouvante et puis j'ai pensé à toi aussi parce que j'ai vu un documentaire sur France 2 dans une case qui s'appelle Infrarouge sur le Vendée Globe 96-97. Je vous ai vu raconter tour à tour tous les témoins de cette Vendée Globe assez incroyable. Je vous ai vu raconter encore avec beaucoup d'émotion et au moment où tu parles de ta maman avec encore beaucoup d'émotion dans la voix. Je vous ai vu raconter ce Vendée Globe là et je me suis dit bon même 30 ans après on est encore massivement marqué par cette course là. Et donc j'ai une première question très très simple. On est en plein dans les arrivées, il y a plein de marins qui sont en train d'arriver. T'étais à l'arrivée de Justine. Je voudrais savoir, quand on a couru de Vendée Globe, même si le deuxième n'est pas tout à fait bouclé, qu'est-ce que ça fait et dans quel état on est quand on voit les petits camarades, les petites camarades arriver ? Est-ce qu'on est toujours hypersensible ? Est-ce qu'on est toujours emporté par le tourbillon des émotions de cette époque-là ? Dans quel état on est ? Est-ce qu'on revit à chaque fois la chose ?
- Speaker #2
Je parle en particulier des arrivées. Oui, parce que j'allais dire, en fait, pendant toute la course, on revit le Vendée Globe. Et alors, c'est vrai que les arrivées en particulier, c'est amusant parce que cette course a énormément changé. Et en même temps, il y a quelque chose qui ne bouge pas, qui ne change pas. C'est l'émotion des skippers. C'est les ascenseurs émotionnels qu'ils vivent pendant toute la course et en particulier à l'arrivée. Effectivement aussi dans le chenal. Et ça, je les trouve très touchants. Moi, j'aime bien. J'ai toujours aimé, même quand j'étais journaliste avant de... de faire de la course au large. J'adorais, j'étais très avide de regarder les yeux, les mains des marins quand ils rentraient du large. Et c'est chargé. Alors, on les voit maintenant pendant toute la course. On les voit. Mais là, au moment de l'arrivée, alors Justine, je l'ai beaucoup suivie parce qu'avec Samantha, c'est vrai que pour moi, toutes les deux, elles pouvaient faire un podium. Je pense qu'elles sont hallucinantes, ces deux femmes. Les six femmes qui sont en course, elles sont formidables. Mais c'est vrai que j'ai un attachement particulier pour Sam et Justine. Et je n'avais de cesse que de voir craquer. J'avais envie qu'elle se lâche, Justine. Elle ne s'est pas lâchée du tout.
- Speaker #1
Elle avait les yeux qui brillaient quand même.
- Speaker #2
Elle avait les yeux qui brillaient. Elle a fait... Un truc hallucinant, il n'y a que Justine pour faire ça. Pendant la remontée du chenal, elle était là avec sa pancarte qui disait merci à son équipe. On avait l'impression que presque elle s'excusait auprès de son équipe d'être toute seule à l'avant de son bateau. Et j'avais vraiment envie de... Je lui ai envoyé des messages pendant la course pour lui dire... Ça fait longtemps que je lui dis mon admiration, on la suit vraiment avec Jean-Marie, mon mari. Cette femme, elle est hors normes. Elle a un parcours hors normes d'avoir été, on a l'impression qu'elle est un peu toujours l'équipière de son propre bateau. C'est-à-dire que finalement, elle n'a pas eu du tout le même cursus que la plupart d'entre nous. Et elle a une humilité, on a envie de lui dire mais vas-y, lâche-toi et tu as le droit d'exprimer ta joie, d'être fière de toi, etc. Bien sûr, il y a un team autour de toi. Et alors, j'ai fait signe à Isabelle Autissier deux jours avant. Je lui ai envoyé un message. On a communiqué cet hiver parce qu'Isa est partie naviguer sur le Marion-du-Frennes pendant l'hiver. Et quand elle était sur le Marion-du-Frennes,
- Speaker #1
on a écouté un petit peu.
- Speaker #2
Elle est présidente d'Étaf, Isabelle. Elle a eu plein d'expériences. Oui, grande classe. De toute façon, c'est une femme qui a tellement de cordes à son arc. Je suis totalement fan pour mettre les choses au clair. On a... On a fait connaissance sur le Vendée Globe. On se connaissait un peu avant, mais avec Isa, on y reviendra peut-être. On a une vraie relation. Donc, j'envoie un message. Je lui dis, écoute, j'ai envie d'aller à l'arrivée de Justine. Est-ce que tu ne viendrais pas avec moi ? Et pour tout vous dire, j'ai aussi envoyé un message. Je ne sais pas si on se tutoie. Oui, on se tutoie. Pour tout te dire, j'ai aussi envoyé un message à Hélène MacArthur en lui disant, parce que je me suis dit, pour Justine, ce serait tellement top qu'on soit là toutes les trois, etc. Bon, et Hélène m'a tout de suite répondu. On disait « Ah, ce serait génial, mais je m'occupe de ma ferme ce week-end. » Parce qu'Hélène vit dans une ferme, elle a trois enfants aujourd'hui. Elle est juste dingue. Et donc, on s'est retrouvés avec Isa. D'abord, on était super contents de se retrouver. Et on était très heureuses d'être là pour saluer cette arrivée de Justine.
- Speaker #1
La photo est incroyable parce que vous la regardez avec un mélange de tendresse et d'admiration. La photo est extraordinaire. Il y a une série, mais la photo, vous la regardez toutes les deux.
- Speaker #2
On me l'a envoyé tout à l'heure parce qu'en fait, je ne l'avais pas du tout vu, moi. Et quelqu'un me l'a envoyé et je trouvais ça, je la trouvais tellement belle. En fait, au départ, on regardait l'écran, puis c'est moi qui ai commencé à faire un pouce. J'avais envie de dire « Wow, Justine, on est super contente pour toi » . Du coup, ils ont fait pareil, on la regarde toutes les deux. Et c'est vrai que j'adore cette photo. Oui, super.
- Speaker #1
Et elle, elle se demande un peu ce qu'elle fait là, quand même, au milieu de... Elle est encore en cirque. Elle a enlevé son bonnet. Elle a juste enlevé son bonnet, mais sinon, elle est encore en cirque.
- Speaker #2
Elle sort au moment de la photo. Elle sort de la conférence de presse. Elle a eu le temps de manger quelque chose avant la conférence de presse. Et donc, après le podium, elle sort de la conférence de presse. On l'attrape par la main. On l'emmène dans ce studio. On la fait poser aussi. Enfin bref. Et puis, on nous a demandé à Isabelle et moi de venir.
- Speaker #1
pour une photo et on a trouvé ça vachement sympa on était trop content de poser avec elle et surtout de pouvoir échanger aussi un petit peu dans ce qui était super alors tu revis les vendées globe les uns après les autres mais c'était je veux dire que tu es une ancienne sans y'a pas de ya pas de d'humour dans mon propos mais tu es ça fait partie des premières promotions des vende globes au final avant on disait ça de la Mini Transat je pensais avoir tellement de Vendée Globe pour la Mini Transat moi je suis promo 91 exactement et donc t'es promo 96 et t'as redoublé et 2000 et du coup même avec le temps qui passe tu restes
- Speaker #2
attiré et tu revis les Vendées alors oui en général je suis au départ et là j'ai eu la chance j'ai fait des commentaires au départ avec Catherine Potier sur France Info c'était drôle parce que c'était un avec Charles Caudrelier aussi, c'était super sympa. Et tu ne vas pas le croire, mais pendant le Vendée, je ne rate quasiment aucune mise à jour des positions, même à 3h du matin. Il se trouve que cet hiver, je n'ai pas arrêté d'avoir des insomnies à 3h du matin. Donc la première chose que je fais, c'est d'aller voir, sur 40 skippers, je ne vais pas voir tout le monde, mais ce qui m'intéresse, au moment de la grosse dépression dans le Sud, quand Charlie et Sébastien ont décidé de rentrer dans la dépression, alors que... que Johan partait dans le Nord alors que Johan, on sait qu'il aime le gros temps, on sait qu'il bourre. Je ne te cache pas que j'étais très inquiète, moins pour Charlie qui arrivait à rester en avant que pour Sébastien. Alors j'espérais que sur l'application du Vendée Globe, on ait un peu de retard sur la mise à jour des champs de vent. Mais j'avais cette nuit-là. il y a une nuit où je me suis dit il va y avoir des déclenchements de balises parce que À ce moment-là, ils étaient dans l'océan Indien. Et moi, l'océan Indien, un gros baston dans l'océan Indien, moi, ça m'a rappelé mon premier Vendée Globe, où je me suis payée sans doute jusqu'à 82. Je ne sais pas, parce que j'avais pas beaucoup... Mon électronique n'était pas très performante. J'ai chaviré, j'aurais pu vraiment y rester dans ce chavirage. Juste avant, les retournements de Raphaël Didier-Ly, de Thierry Dubois, de Tony Bully mort. Et puis la disparition. Alors, la disparition de Djiri, c'était avec une autre dépression. Mais du coup, je sais comment peut être la mer derrière le front. Donc en fait, j'ai une capacité à me projeter sur l'état de la mer. La capacité que je n'ai pas, c'est de me projeter sur les foilers.
- Speaker #1
Sur les engins d'aujourd'hui.
- Speaker #2
Sur les engins d'aujourd'hui. Je n'ai jamais navigué sur ces engins. Et du reste, je pense qu'ils vivent une course totalement différente. Donc moi, j'ai besoin. C'est vrai que j'ai échangé aussi un peu pendant la course avec les uns ou les autres. J'ai croisé Paul Mélias à l'arrivée aussi de Justine, Paul que j'adore. Et j'essaie de comprendre comment ils vivent. Et en fait, ils ne vivent pas du tout. On en reparlera peut-être. Mais voilà. Donc, pour répondre à ta question, oui, je vis Vendée Globe. Et une chose, probablement la chose qui me touche le plus, c'est quel que soit le niveau des marins, quel que soit la... qualité des bateaux, la performance, etc. Ce qui reste à chaque Vendée Globe, c'est cet amour, ce sens émotionnel, notamment dû à des situations où quand ils ont une grosse catatéchnique, ils imaginent que jamais ils ne seront capables de faire face. Et puis, comme ils n'ont pas le choix, eh bien, ils y arrivent. Ils montent dans leur maille, on les voit qui... Je me souviens, moi, j'étais très touchée au précédent Vendée Globe. par Louis Burton, je lui ai dit l'autre jour d'ailleurs, qui est en tête de mât, qui est abrété derrière son île, et qui vient de réparer son truc, et qui gueule, et on y va, vers les sables de l'or !
- Speaker #1
Tu as commenté l'arrivée avec lui, c'est ça ?
- Speaker #2
J'ai commenté l'arrivée avec lui, il était tellement... C'est amusant parce qu'on ne se connaît pas bien avec lui, et c'était très chargé d'émotion aussi son truc. Et donc ça, je me souviens très bien quand Pipard, sur le précédent Vendée Globe, a changé son safran, elle a fait un truc hallucinant. Et en fait... ils incarnent vraiment moi ce que j'ai vécu et qui a tracé ma route par toutes les années qui ont suivi et encore aujourd'hui, c'est que le Vendée Globe nous, parce qu'on n'a pas le choix on trouve les solutions et on est finalement, on explore le potentiel que l'on a on se trouve parfois tout petit, parfois immense les victoires, comme me disait Pete Goss elles sont parfois quotidiennes, c'est pas uniquement quand on coupe la ligne d'arrivée en premier et que ça, ça vous construit pour la vie. J'espère que je vais pouvoir aller à l'arrivée de Violette parce que je me dis à 23 ans, quand on prend une leçon de vie pareille, waouh, qu'est-ce que ça va être pour la suite. Mais j'aimerais bien être toutes les arrivées, je veux dire même tout ce qu'ils expriment, de ce qu'ils apprennent sur ce Vendée Globe, ça c'est permanent, ça ne bouge pas d'édition en édition.
- Speaker #1
Ces leçons-là, je pense qu'elles sont par extension, elles sont aussi valables en particulier pour la voile en solitaire. Je pense que tu as fait la mini-transat, je pense que... Je pense que le début de la leçon introductive, c'est probablement quand tu fais ta mini-transat tout seul, de couper tout et cette capacité à se dire « en fait, je m'en suis sorti » .
- Speaker #2
Mais tout à fait.
- Speaker #1
En propre moyen, c'est quand même le…
- Speaker #2
Oui, sur la mini-transat, à un moment, j'ai fait un cocotier. Tu sais le truc…
- Speaker #1
On y reviendra, on y reviendra, ne t'inquiète pas.
- Speaker #2
On y reviendra. Mais c'est vrai que ces leçons-là, moi, quand je dis que ça me donne des leçons pour la vie… Si aujourd'hui j'ai passé du temps au Parlement européen, si je me suis engagée à vouloir sauver l'océan, à lancer des projets, c'est que je crois que l'être humain est capable d'avoir des rêves plus grands que lui. Ma devise depuis mon premier Vendée, c'est que les rêves sont réalisables à condition d'entreprendre et d'entreprendre collectivement, parce que tu le vois bien, il y a des équipes énormes, il y a un staff de malades autour de nous, donc on n'y arrive pas seul, même si on est seul en mer, à condition d'entreprendre et de persévérer. Parce que ce n'est pas vrai qu'on a les choses facilement. Bon, à part un Charlie, même Charlie et Johan, ils ont l'air d'avoir fait ça à Finger in the Nose. Mais il y a énormément de travail derrière. Et puis, je pense qu'ils le reconnaissent eux-mêmes. Ça n'a pas toujours été facile quand même pendant la course. Donc, c'est ça qui me touche et c'est ça que j'aime retrouver dans ce Vendée.
- Speaker #1
Il y a un club des finishers du Vendée Globe. Quand tu vas voir Justine qui... doit avoir 30 ans de moins que toi ?
- Speaker #2
Elle a 28 ans.
- Speaker #1
Pas tout à fait,
- Speaker #2
pardon. 25 ans de moins que toi.
- Speaker #1
Même quand c'est des gens que tu connais pas ou de très loin, quand il y a des grands écarts de dates de participation, il y a un club de finishers des Vendée Globe. Vous vous reconnaissez entre vous ?
- Speaker #2
Oui, alors, je sais pas si... Oui, je pense que ce qu'on a vécu, c'est un jour avec Thierry Dubois, on se faisait la réflexion. Je pense que ça crée des liens pour la vie. Du Vendée Globe ou en fait des tours du monde en solitaire parce que quoi que en général ceux qui ont couru le Boc, ils ont aussi couru le Vendée Globe en général. Oui oui oui je pense qu'en fait il y a des choses... qu'on partage parce qu'on sait ce qu'on a vécu. On sait comment ça a été dur, on sait comment on s'est retrouvés tout petits, vraiment on s'est sentis minables, et on sait aussi les émotions qu'on a pu vivre d'un coucher de soleil, des albatros. Alors pour moi, à mon avis, je serais super frustrée aujourd'hui dans les foilers parce que moi j'ai vécu avec les albatros pendant 70 jours autour du...
- Speaker #1
Moi c'était l'ordre du coucheur ! A poil, pas une casquette, rien ! On va y revenir !
- Speaker #2
Oui, le bateau de Vénache ! Mais donc, je trouve que c'est un peu effectivement, c'est pour répondre à ta question. Si un club des finishers, oui, on se reconnaît et oui, on a envie de changer. Oui, moi, j'ai envie de mieux les connaître. Et c'est vrai que, par exemple, Paul Mélias, j'ai fait sa connaissance après, je crois, son Vendée, son premier. Oui, c'est ça. Quand j'ai lancé, il était sensible. Je ne sais plus comment on s'est rencontré, mais il était sensible aux questions d'environnement. C'est avec lui, c'est lui qui a lu notre appel pour l'océan bien comme à l'humanité quand on l'a lancé en 2018. Il y en a d'autres, il y en a certains avec lesquels je sens beaucoup d'atomes crochus. Avec Boris Herrmann qui va l'arriver, on partage cet engagement pour la transition du transport maritime, la décarbonation du transport maritime, je connais des gens dans son équipe, etc. Et quelqu'un qui m'est plus éloigné comme Jérémy Beyou, j'ai eu envie de lui envoyer un message. Jérémy, il m'a dit qu'il était très touché par mon message. J'ai eu envie de lui dire, mais Jérémy, c'est bien ce que tu as fait. Tu vois, j'ai eu envie de lui dire, mais tu as l'air malheureux. Très amusant, parce que le Vendée Globe, c'est incroyable ce que les personnalités transparaissent au travers de leur communication. Et voilà. Donc oui, il y a des choses qu'on partage, même si j'imagine qu'eux me regardent différemment. Eux, ils me regardent sans doute comme une vieille...
- Speaker #1
Je pense qu'il n'y aura pas de respect quand ils voient le bateau sur lequel tu l'as fait. Ils doivent se dire...
- Speaker #2
Je ne sais pas. Alors là où j'ai peut-être gagné quelques jalons, c'est quand j'ai recouru la route du Rhum il y a deux ans. Sur le même bateau. Sur le même bateau, etc. Ah oui, où j'ai voulu me prouver que j'étais encore capable au moins de traverser l'Atlantique en solitaire. Peut-être, mais à la limite, je m'en fous. Je ne me pose pas la question. Mais voilà, j'aime bien ces rencontres.
- Speaker #1
Alors on va revenir sur tout ton parcours. Alors maritime et...
- Speaker #0
Terrien,
- Speaker #1
parce que tu as eu un parcours terrestre ou terrien, je ne sais pas comment on dit, qui a été très complet. Tu étais justement députée européenne, je crois que c'est la première fois qu'on reçoit une députée sur Into the Wind. Il n'y a pas beaucoup de marins qui sont devenus députés. Ton mandat s'est arrêté en juillet dernier. Qu'est-ce qu'on fait quand on n'est plus député ? Est-ce que c'est dur d'atterrir comme après un Vendée Globe ? Est-ce que tu es retraité ? Qu'est-ce que tu fais de post-mandat ?
- Speaker #2
Alors, on va peut-être les choses au clair.
- Speaker #1
Ma question est un peu provocatrice.
- Speaker #2
Non, mais tu as raison, tu as raison. En plus, j'ai 62 balais. J'ai fait un truc qu'on fait quand on a ces âges-là, c'est que j'ai essayé de faire un audit de ma retraite. Et ça fait juste un an et demi qu'il a démarré, qu'il n'est toujours pas terminé, parce que j'ai un itinéraire entre le journalisme, la course au large, etc. Course au large, où pendant des années, je ne me suis même pas rémunérée. Donc, j'ai des gros trous. Tu n'as pas tout établi.
- Speaker #1
tu dois pas avoir tous tes trimestres.
- Speaker #2
En fait, je viens de réaliser que, heureusement que je viens de passer cinq ans au Parlement européen, on va dire que c'est la cerise sur le gâteau, parce que du coup, je vais toucher une retraite du Parlement européen. Comment, qu'est-ce qu'on fait en sortant ? La première chose, parce que j'ai bossé comme une malade pendant cinq ans, il se trouve qu'on vient d'acheter un bateau de croisière avec Jean-Marie et que j'ai passé quasiment mon été sur l'eau. D'abord, pour aller chercher le bateau qui était en mer Baltique et on a navigué dessus avec les copains. Et après, toujours avec des copains, on est allé naviguer avec un marin que j'adore, que je connais pas mal, qui est Lionel Lemanchois. On est allé au Groenland.
- Speaker #1
Un certain Lionel Lemanchois.
- Speaker #2
Un certain Lionel Lemanchois. Voilà, c'est drôle. On a fait connaissance sur la Munich Transat en 91. Et on va dire quelques années plus tard, il y a eu une amitié indéfectible. Et j'ai adoré Lionel. C'est un marin hors pair. Naviguer au Groenland sur son bateau avec lui. Alors... Sur son bateau, qui est un bateau de charter aujourd'hui. Mais c'est sa reconversion.
- Speaker #1
Après ses années de consolaire, c'est sa reconversion.
- Speaker #2
Il y en a eu le bon choix qui a juste gagné. Il a couru bien évidemment autour du monde, mais il a gagné deux fois la route du Rhum, etc. Et on a beaucoup travaillé ensemble parce qu'il m'a aidé à préparer plusieurs de mes bateaux. Et aujourd'hui, il fait du charter. Alors, il va prendre un peu plus de distance. Et on était donc au Groenland, sur la côte est du Groenland. où j'avais été dans le sud avec Isabelle sur son bateau et là on était, c'était génial avec Luz, sa femme et grand confort à bord etc. Et on a passé dix jours délicieux. Donc pour répondre à la question du bateau, j'ai eu besoin... Ces derniers, en fait, depuis 20 ans, 22 ans que j'ai arrêté la compétition, on va dire de manière professionnelle, et que je parle de la mer tous les jours, plusieurs fois par jour. Donc, j'ai besoin de continuer à la pratiquer parce que sinon, elle me manque. Et ça, j'ai vraiment besoin d'être en mer. D'où la route du Roméo, il y a deux ans aussi. Et puis, je suis déjà repartie alors que je m'étais dit, je vais lever le pied un petit peu. J'avais très envie de me remettre à l'écriture. J'ai l'idée d'un bouquin depuis quelques temps. Mais je suis rattrapée, ça fait deux ans qu'on me proposait de reprendre la présidence de l'Institut français de la mer. En fait, ce dont j'étais sûre, je me suis posé la question, j'ai fait un état des lieux, un petit audit personnel, et j'avais envie de continuer à m'engager pour la mer, en me disant j'ai quelques années où j'ai envie de donner encore de mon énergie là-dessus. Il y a des urgences, aujourd'hui je commence à avoir un sacré réseau. des compétences, on va dire, sur le sujet. La France accueille la conférence des Nations Unies pour l'océan en juin 2025, c'est l'année de la mer, etc. J'ai encore de l'énergie à donner, voilà, mais j'ai envie de retrouver un peu des projets qui ont un peu plus d'impact, d'efficacité. En fait, ça fait de, on va dire, de mission en mission. Je me renouvelle en permanence parce qu'à chaque fois, j'essaie de trouver des accélérateurs de passage à l'action. Je me suis retrouvée à faire de la politique ou à me retrouver dans des think tanks, etc. Après avoir sorti de la course au large, monté des projets très terrain. Je voulais continuer à construire des bateaux. Je ne suis pas sûre que tu connais ce projet-là, mais quand j'ai arrêté la compétition, j'ai voulu racheter ce qui est aujourd'hui Tara. Pour lancer, je voulais reprendre ma casquette de journaliste et je me... Début des années 2000, je me suis passionnée. J'ai vraiment commencé à m'intéresser au développement durable. et ce qui m'est intéressé comme je rencontrais pas mal d'associations à ce moment là, ce qui m'intéressait je comprenais que la situation était grave mais je me suis dit elle est pas désespérée, la preuve c'est qu'il existe des gens qui mettent en oeuvre des solutions et je me suis dit je vais armer un bateau d'expédition, en fait c'est mon rêve depuis toujours d'avoir un bateau d'expédition je sais pas si je le réaliserai un jour j'ai voulu, je suis racheté ce bateau j'avais pas les moyens, je te passe les détails parce qu'il y a une histoire qui est sympa autour mais elle serait longueur à raconter alors... Et à défaut de pouvoir acheter ce bateau, qui est devenu Tara, anciennement Antarctica Jean-Louis Etienne, je me suis dit tant pis, je vais faire construire un bateau écolo. A l'époque, je ne parlais pas de bateau éco-conçu, je ne savais même pas que ça existait, etc. Et j'ai voulu transférer, on va dire, la capacité innovante de la course large, où on essaie de faire des bateaux qui vont le plus vite possible, à une capacité innovante pour faire un bateau qui impacterait le moins possible. Sachant qu'à l'époque, je travaillais déjà, je participais, il y avait le conservatoire de la plaisance et des sports d'éthique qui était présidé par Gérard Desbeauville. J'étais déjà dans la section, la commission environnement et déjà, on travaillait à comment on fait pour réduire les impacts de la plaisance. Et de projets très terrains qui ont pour certains abouti, pas abouti. En 2010, avec l'université de Lorient que j'ai rencontré au passage. On a construit la première embarcation totalement compostable. Et bien finalement, le ministre de la Mer m'a chargé de la mer à l'époque. Jean-Luc Borloo m'a proposé une mission de notice, mais développement durable. Et puis il m'a embarqué sur le Grenelle de la Mer, puis il m'a proposé de rentrer au CESE. Et puis petit à petit, je me suis écartée du terrain. Mais à chaque fois, j'ai envie d'y revenir. J'ai envie d'essayer d'avoir des projets un peu concrets et pas uniquement... Et pourtant, la politique, c'est quand même super concret aussi. C'est une manière de faire avancer les choses.
- Speaker #1
Et donc, du coup, on était parti de la revue de l'Institut français de la mer. C'est pas l'Institut français de la mer. Moi, je sais ce que tu as raconté juste avant que j'avais fait mon service militaire.
- Speaker #2
Tu as fait ton service militaire à l'IFM. C'est incroyable. En quelle année ?
- Speaker #0
Du coup,
- Speaker #1
en 94-95. L'une des dernières promos du service militaire. C'était à l'époque Porte des Lilas. Un truc comme ça, dans un tout petit local, Porte des Lilas.
- Speaker #2
L'Institut français de la mer a été créé l'année de ma naissance, en 62, par un monsieur qui s'appelle... Donc c'est pas l'IFREMER. C'est pas l'IFREMER,
- Speaker #1
tu sais,
- Speaker #2
c'est la réunion du Cnexo et de l'ISTPR. Et en fait, c'est aucun rapport, c'est pas de la recherche. En fait, c'est un think tank, l'Institut français de la mer, et qui réfléchit surtout sur... Ça a pour objectif de mieux faire connaître la mer, aujourd'hui d'essayer de la protéger, etc. Mais aussi de nourrir, on va dire, les institutions, le politique et les entreprises, etc. Sur le fait maritime. Donc ça, il y a des groupes de travail, on réfléchit, il y a des rapports, etc.
- Speaker #1
À mon époque, il y avait beaucoup d'armateurs. C'était vraiment essentiellement d'armateurs. C'était toutes les grandes compagnies françaises d'armement qui étaient...
- Speaker #2
Il y a des armateurs, le...
- Speaker #1
Jean Morin.
- Speaker #2
C'était Jean Morin qui était un résistant. Exactement. Il y a des armateurs. L'actuel président qui s'appelle Eudry Blier a été armateur. Il était président d'Armateur de France. Le délégué général, il y a beaucoup d'anciens de la Marine nationale. Le délégué général aujourd'hui, Jean-Louis Fillon, est un ancien commissaire de la Marine. Et le rédacteur en chef de la revue Maritime est aussi un ancien commissaire. Et alors, c'est extraordinaire parce que ces gens-là, eux dont c'est connu sur le Grenelle de la mer, etc. Eh bien, aussi étonnant peut-être... que cela puisse paraître, c'est avec Eudes Jean-Louis qu'on a lancé cet appel pour que l'océan soit reconnu comme un bien commun de l'humanité. En 2013, je fais l'histoire pour comprendre pourquoi...
- Speaker #1
On y reviendra tranquillement. Là, pour l'instant, on voit que tu as fait beaucoup de choses et on picore un petit peu, mais j'aimerais bien montrer que c'est un petit continuum. Bien sûr. Tout ça part du bateau à voile, au départ, avant de devenir une... une habituée des arcanes institutionnelles du même maritime français.
- Speaker #2
Peut-être préciser aussi que je suis rentrée à l'Académie de Marine.
- Speaker #1
Voilà.
- Speaker #2
Au mois de septembre. Et ça, c'est des marins qui me l'ont proposé. C'est Marc Pajot, en fait, et Olivier de Kersauzon. Alors, c'est très drôle parce que...
- Speaker #1
Ça sert à quoi, l'Académie de Marine ?
- Speaker #2
Ça sert à quoi, l'Académie de Marine ? C'est une très belle institution. C'est pareil, c'est un think tank, ça réfléchit, ça pond des rapports, etc. Ça organise des conférences. Et en ce moment, par exemple, les deux institutions... ... Elles sont en train, et moi je suis en train de travailler pour élargir la mission de l'Institut français de la mer, en tant que future présidente, justement pour être complémentaire de l'Académie de marine. Parce que les deux institutions réfléchissent, par exemple en ce moment, elles ont travaillé depuis plusieurs mois, sur la souveraineté de la France à l'horizon de 2050 sur les enjeux maritimes. C'est super intéressant, c'est intéressant parce qu'on a des gouvernements qui passent. Et depuis le Grenelle de la mer, on essaie tous de faire comprendre que la France, deuxième espace maritime au monde, 11 millions de kilomètres carrés, a un avenir avec la mer. Et donc ces institutions-là, elles essaient de nourrir la réflexion du politique sur ces sujets.
- Speaker #1
Qui n'a jamais été un énorme passionné du sujet, le politique, sur la partie maritime. Il faut souvent le convaincre, là encore il n'y a plus de ministre de la mer, etc. Ça a souvent été un combat justement, du lobby, je mets plein de guillemets, mais du lobby maritime français.
- Speaker #2
Moi je ne suis pas contre le lobby, c'est ce qu'on appelle l'influence. C'est de l'influence.
- Speaker #1
Mais qui a toujours beaucoup lutté pour que le fait maritime par ailleurs vienne émerger. Tout à l'heure tu disais, et on s'éloigne un tout petit peu de nos sujets, mais je le connais un tout petit peu, parce que j'ai couvert l'outre-mer à l'Express il y a assez longtemps, tu disais que la France avait le deuxième domaine maritime mondial, c'est-à-dire que les marins savent peut-être que... la souveraineté d'un pays s'étend dans les 200 000 de la bande qu'il y a autour de ces côtes, et que grâce à l'outre-mer, la France a le deuxième domaine maritime mondial dans lequel il y a des ressources, des droits de pêche, etc. Et donc cette Ausha, on le sait depuis très longtemps, et moi je me souviens quand on couvrait l'outre-mer, il y avait déjà beaucoup de débats sur on n'en fait pas beaucoup, on n'en fait pas assez, il y a beaucoup de potentiel, on devrait s'y coller,
- Speaker #2
etc. Tu sais comment on a appelé ça au Grenelle de la Mer ? On avait même réalisé une très belle carte. Moi, je présidais le groupe de travail sur sensibilisation, éducation et communication pour la mer. Grenelle de la mer, c'était 2009-2010. On avait baptisé ça l'archipel France. Et en fait, quand on avait créé une carte, Gérard Daboville et Christian Boucher n'avaient été un peu les initiateurs. Où tu vois toutes les terres, le terrestre et le maritime, que tu réunis comme s'ils étaient dans un seul océan. Ça donne une carte de la France qui est assez étonnante parce que la France n'est pas que l'hexagone.
- Speaker #1
En particulier du point de vue maritime.
- Speaker #2
Du point de vue maritime.
- Speaker #1
En particulier du point de vue maritime. Comment s'appelle la toute petite île dans le Pacifique au large entre l'Amérique du Sud et la Polynésie ? Rappelle-moi. qui est juste un îlot, mais qui du coup, ça fait...
- Speaker #2
Tu parles de Clipperton ?
- Speaker #1
Clipperton, voilà. Il y a des droits de pêche au thon. Je ne me souviens plus.
- Speaker #2
Il y a des Clipperton ?
- Speaker #1
Il y a des droits de pêche au thon qu'on donne, qu'on cède d'être rapide.
- Speaker #2
Et en fait, quand tu as...
- Speaker #0
ne serait-ce qu'un petit caillou, il y a 200 000 autour, 370 km, tu imagines la circonférence ? Et en plus, dans la zone de Clipperton, il y a des nodules polymétalliques dans les fonds marins, donc tu as des enjeux géostratégiques qui sont énormes. Bref ! Mais ça, c'est mon quotidien.
- Speaker #1
Je le connais un petit peu.
- Speaker #0
Et c'est passionnant.
- Speaker #1
Tout à fait. On va faire notre flashback habituel, même si on a déjà bien avancé, parce qu'il faut qu'on comprenne d'où tout ça devient un petit peu. Donc on va partir, comme tu l'as dit, au début des années 60. Tu es née en 62 et on est loin de la mer parce que tu es née à Bron. Bron, c'est la banlieue de Lyon, c'est ça ?
- Speaker #0
C'est drôle.
- Speaker #1
Comment est-ce qu'on devient une experte du monde maritime en ayant fait beaucoup de bateaux de course avant quand on est à Bron ?
- Speaker #0
Merci de me permettre de clarifier les choses. Mes parents, à l'époque, habitaient Lyon. Ils ont passé deux ans. Maman a choisi d'accoucher à la maternité de Bron, que je ne connais pas. Et je ne connais pas plus Lyon du tout parce qu'on en est parti. J'avais un an et ensuite mon père, qui a fait sa carrière à la Chelle, dans le pétrole, est parti. On est parti à Bordeaux. Donc pourquoi Lyon ? Parce qu'à l'époque, papa avait été muté là-bas. Mon père est Marseillais d'origine et la passion de la mère, c'est vraiment lui. Il était comme gamin. Avant, il était un des premiers à pratiquer la chasse sous-marine, mais la plongée, il a été un des tout premiers à faire de la plongée sous-marine. Et maman aussi, elle a plutôt grandi en banlieue parisienne. Nous avons, après Bordeaux, donc Lyon, Bordeaux, Saint-Cloud, les Hauts-de-Seine. Moi, j'ai vécu à Saint-Cloud, puis à Surenne pendant toute mon enfance, mon adolescence, etc. Paris-Ouest. Paris-Ouest. Mais mes parents avaient de très bons amis. qu'ils avaient rencontré à Saint-Etienne, où papa avait fait l'école des mines de Saint-Etienne. Et ses amis, pour tout te dire, c'est marrant parce que c'est une phrase dont j'ai compris la portée très récemment seulement. Dans les années 60 déjà, papa ne trouvait plus de poissons en Méditerranée. Quand il allait faire de la chasse sous-marine, il trouvait de moins en moins de poissons. Et ses amis... qui s'appelait Les Jugues, qui s'appelle Les Jugues. Lui, malheureusement, n'est plus là, mais elle est toujours là. Elle était la petite-fille de Louis Bagot, l'inventeur de la thalassothérapie à Roscoff. Et ses amis leur ont dit « Venez donc à Roscoff, vous allez voir, là-bas, il y a un peu de poissons. » Et mes parents ont toujours raconté qu'ils y sont allés un été, qu'ils y ont passé 30 ans, 40 ans, 50 ans, enfin bref. Et donc, gamins, on passait nos vacances entre Roscoff, Et on va dire les gouttes, la rate de Marseille. Et c'est plutôt à Roscoff que j'ai appris à nager. Et ma passion de la mer, je sais qu'elle est née dans les laminaires de Roscoff. C'est-à-dire que papa partait, et alors très tôt il nous a équipés de combinaisons de plongée. On est quatre enfants, j'ai deux frères avant moi, et ma sœur est juste après moi. Et tous, on a été équipés de gamins. de combinaison, de ceinture de plomb, de mastuba, palme, etc.
- Speaker #1
Et avant le bateau, quoi.
- Speaker #0
Oui,
- Speaker #1
le bateau. D'abord sous l'eau, avant le bateau.
- Speaker #0
Moi, je me dis toujours, j'ai connu la mer en dessous avant de la connaître au-dessus. Parce que d'abord, papa a pratiqué surtout la chasse et puis un jour, il nous a mis à la plongée sous-marine. Mais ma passion de la mer, elle est probablement, et j'ai des images extrêmement précises, partant sur la plage de Peraridi à Roscoff. On partait pas que de Peraridi, mais parfois on partait de... d'un bateau à voile ou d'un spirigide, peu importe. On partait souvent à pied et on marchait comme ils partaient en fin de marée descendante. Tu y vois quand la mer recule, il faut aller très loin pour trouver 50 cm d'eau où tu peux déjà t'immerger. Et donc on marchait dans ce paysage, sur cette plage où tu as cette plage granitique où tu as ces lunaires comme paysages. Tu marches dans les laminaires et puis à un moment tu peux enfin t'allonger dans l'eau et là tu as les laminaires qui te... colle le masque et petit à petit, alors pour pouvoir avancer, c'est un monde incroyable, tu essaies de te déhaler etc.
- Speaker #1
puis on essayait de suivre papa Il y a plein de gamins qui ont peur de ça d'ailleurs,
- Speaker #0
parce qu'il y a des bêtes Oui mais moi je n'avais pas qui était devant j'avais papa qui était devant et qui me rassurait et du coup on le suivait alors on n'était pas tous les quatre derrière parce qu'on a une différence d'âge avec mes frères ou alors, enfin peu importe et quand il y avait 50 cm d'eau, là on commençait puis un mètre et puis on a eu un mètre Et là, on voyait que la mer était très riche. Et puis, à un moment, il y avait beaucoup plus d'eau, mais on voyait tout ça de la surface. Et puis, un jour, il nous a mis à la plongée. La première plongée, je l'ai faite sur le plateau des Duons. Alors pour tous les marins de la baie de Morlaix, qui sont vraiment des Bretons, moi je n'ai pas une goutte de sang breton, mais on va dire que je suis devenue bretonne de cœur et d'adoption. Ils connaissent probablement le plateau des Duons. Papa nous a emmenés dans un site. Alors il y avait des laminaires, mais dans un autre site, il y avait des coquilles Saint-Jacques. Il nous donnait la main, heureusement il nous avait mis un bout pour nous relayer. Mais le truc extraordinaire, c'est que quand je me suis retrouvée au pied des laminaires, c'est que je voyais que les laminaires étaient en train de se faire. que de la surface. J'ai compris, là j'ai vu que la plongée, j'ai découvert la mer en trois dimensions, tu vois. Il y avait des forêts de la minère. Tu vois ces images de forêts de la minère ? Voilà, je pense que ma passion est vraiment née là. Et puis les coquilles Saint-Jacques qui se barraient, qui rentraient dans le sable. J'ai été complètement fan de plongée. Pour tout te dire, quand j'étais ado, l'un des premiers métiers que j'ai eu envie de faire, c'était de l'archéologie sous-marine. Parce qu'une année, on est partis et Mon frère a vécu en Turquie à ce moment-là, il bossait sur un bateau, il suivait la construction d'un bateau et on a fait une croisière en Turquie. Et la Turquie est d'une richesse incroyable en matière d'archéologie, et d'archéologie sous-marine. Et à un moment, bon bref, du coup la plongée ça a vraiment été mon truc. Mais la voile c'est venu parce que nos amis avaient des pêches-promenades ou on louait des bateaux qui avaient des petits ovnis. Tu vois, il y avait des petits bateaux à voile. Mais alors là, moi, je trouvais ça génial. C'est-à-dire que la partie navigation pour rejoindre les sites de plongée, j'adorais ça.
- Speaker #1
Ça t'excitait autant que la plongée en plein.
- Speaker #0
Un des trucs qui m'éclataient le plus, c'était l'alignement pour sortir ou pour rentrer à Roscoff avec Tissauzon, etc. Enfin bref, j'adorais la navigation. Mais à chaque fois, on repartait et on re-rentrait dans Roscoff. Et j'étais un peu fascinée. Une fois, mon frère avait fait escale. Il a fait une croisière. Il a fait escale à Roscoff sur un grand bateau à voile. Et j'ai trouvé... En fait, je pense que c'est le voyage qui m'a attirée. Parce que pour tout te dire, à dos, j'ai fait deux stages de dériveur à la Bervrac. Et je n'ai pas été fascinée. J'ai aimé, mais je n'ai pas été fascinée. si j'aimais quand on était sur l'eau mais j'aimais, enfin bon peut-être que je sais pas,
- Speaker #1
en fait j'ai pas eu le déclic,
- Speaker #0
j'ai eu vraiment en revanche je devais déjà être passionnée parce que pour tout te dire, dès que je passe mon bac en 80 toi t'es trop jeune pour avoir connu la bourse des équipiers sur France Inter je l'entendais quoi, tu l'entendais encore il y a pas si longtemps Je passe mon bac et j'entends encore une fois, comme tous les jours, ça me faisait rêver, les annonces. Et je me dis, tiens, mais pour cet été, je ne savais pas encore ce que j'allais faire. Pourquoi je ne laisserais pas une annonce ? Et donc, à l'époque, il fallait se déplacer pour aller essayer. Et j'avais mis, jeune fille, cherche embarquement, toute destination. Alors, tu imagines, on est...
- Speaker #1
T'as eu une grande proposition.
- Speaker #0
J'ai eu, oui, 40, quand je dis 40, c'est... À un moment, même mes parents, au moment où j'ai failli lâcher l'éponge, mes parents m'ont dit, écoute, ça suffit qu'on est dérangé tous les jours par des coups de fil, etc. Et puis, c'était hallucinant parce qu'en fin de compte, j'étais inscrite à la fac en rentrant. Je devais rentrer à Dauphine en mathématiques appliquées. Je me dis, je n'avais pas non plus une éternité de temps devant moi. Et puis, le 15 août, il y a un gars qui m'appelle en me disant, mon bateau est à Bénodet. En fait, il me propose un truc qui était peut-être moins... exceptionnels que les Caraïbes ou je ne sais pas quoi. Mais en fait, c'était possible. Et en plus, on allait faire des états. Il me dit j'emmène mon bateau au Havre, j'y vais par escale. Si on s'entend, si ça ne va pas, vous pouvez débarquer où vous voulez, etc. Et je le rencontre. C'est un moment très marquant dans ma vie parce que j'ai 17 ans. On a rendez-vous, on se voit en bas des Champs-Élysées dans le Luxor Publicis. Il me sort une photo de son bateau. qui s'appelait Infini, Infini 2, et je flash le bateau, je le trouve, c'est le voyage, etc. Et ce monsieur qui est devenu, dont j'ai toujours gardé la trace toute ma vie, et toute la sienne, puisque malheureusement il n'est plus là, m'a donné envie de partir avec lui. Je suis partie le lendemain, j'ai pris le train, je ne le connaissais pas. On est arrivés à Bénodé, le lendemain, on larguait les amarres pour les glénans. Et tu imagines entre Bénodé et les Glénans, quand tu arrives au Glénan, que tu n'as jamais navigué au Glénan... C'est un choc ? C'est un choc, c'est juste magique. On dit que c'est les toits motous dans le sud de la Bretagne. Il y avait encore la mer Castique. À l'époque, c'était magique. Et on a fait toute cette croisière, escale à Odières. Je me souviens parfaitement de la croisière. On a même vécu, on est allé à Sein, on est allé à Ouessant. On est allé, et ce monsieur qui a tout de suite compris qu'a tout de suite senti que j'aimais ça. Dans les mois qui ont suivi, il me laissait son bateau quand je voulais, il me l'a fait convoyer, etc. Alors c'est amusant parce que je me suis vendue comme une équipière confirmée. Et je me demande en fait aujourd'hui, parce que je n'ai pas beaucoup de mémoire, il y a plein de trucs, c'est les copains qui me les rappellent, que j'ai vécu. Oui, oui, oui, je devais quand même avoir un peu plus. Je pense qu'à Roscoff, on pratiquait quand même beaucoup. et la navigation notamment. Et on a même failli couler dans le port de Roscoff. Ce qui est très drôle, c'est qu'on est arrivé à Roscoff, la marée descendante, et je lui ai dit « Tu sais, moi je connais un peu le port de Roscoff, on ne va pas pouvoir rentrer. » Il me dit « Si, si, si. » Bien évidemment, on a talonné. Le bateau s'est couché et on s'est couché sur une pierre. Et au moment où la marée est remontée, l'eau est montée dans le bateau. Il a fallu appeler les pompiers. Ça a bien fait rigoler mes deux amis. Mais voilà. Le Diclic, il est vraiment, on va dire que ça a été une belle rencontre. J'ai beaucoup navigué dans les années qui ont suivi pendant 2-3 ans avec la Bourse des équipiers de France Inter parce qu'elle m'a permis, n'ayant pas de marin dans la famille, n'ayant pas de bateau, c'est ça qui m'a permis de naviguer. Mais voilà, donc tu vois, je suis arrivée très tard à la voile.
- Speaker #1
Et alors, à quel moment la dimension compétition, à quel moment le goût pour la vitesse et la compète arrivent ? Comment ils se branchent sur ce terreau-là ?
- Speaker #0
Oui, la première compète, Là aussi, tu vas sourire. Donc, à l'automne 1980, je rentre à Dauphine et je m'inscris. Je découvre qu'il y a un club croisière à Dauphine. Et avec le club croisière de Dauphine,
- Speaker #1
on monte... Donc, c'est une fac qui est à Paris, en bas de l'avenue Foch, pour faire très,
- Speaker #0
très simple. Voilà, aux portes du...
- Speaker #1
C'est une fac un peu à l'écart en termes de réglementation. C'est Paris 9. de mémoire,
- Speaker #0
c'est ça ? Oh, je ne sais plus,
- Speaker #1
là. Enfin, qui sélectionnait, etc., qui était un peu plus chic que les autres.
- Speaker #0
En tous les cas, tu rentrais avec une... Pour tout te dire...
- Speaker #1
Il fallait une mention. Voilà,
- Speaker #0
j'avais une mention au bac. Pour tout te dire, au lycée de Saint-Cloud, j'étais dans une excellente classe. Ils sont tous allés faire les grandes écoles, etc., etc. Et moi, j'imaginais vouloir devenir ingénieur comme papa. Et j'étais plutôt bonne en maths. J'aimais bien les matières scientifiques. Et j'imaginais que c'était ça, ma voie. Et heureusement, mes profs de maths et de physique... m'ont dit, je m'entendais très bien avec elle et j'ai eu de bonnes notes du reste au bac et elles m'ont dit mais on vous voit pas faire ça ah bon ? Vous pensez que je peux m'inscrire en fac ? Je suis pas sûre que vous... Je fournissais pas non plus une dose de travail peut-être suffisante, on va dire comparée à mes petits camarades et elles m'ont dit vous me voyez mesdames dans un métier artistique alors à l'époque je faisais du chant choral et de la flûte traversière Mais je n'avais aucun talent particulier et je me suis un peu inscrite à Dauphine en mathématiques appliquées, un peu par hasard. Et le club croisière marchait très bien, c'est-à-dire qu'on était parti, il était présidé à l'époque par quelqu'un qui restait un ami, et tu vas voir ce qu'on va faire ensemble, Bernard Vandenbrouck. Et Bernard nous propose de courir la course croisière de l'EDEC au printemps 81. Et là on loue un catamaran, moi j'ai adoré ça. Ma première régate, c'est la course-croisière de l'EDEC. Et l'année suivante, je quitte Dauphine, parce que les maths appliquées, c'est vraiment pas mon truc. Et en fait, je parlais déjà du journalisme depuis très longtemps, parce que peut-être le... Tu vois, le point commun, je pense, et toi le journaliste, tu vas me comprendre, et toi le voileux aussi, c'est l'envie de découvrir. Le bateau, c'est un formidable outil pour découvrir. Et donc l'année suivante, je rentre dans une école de journalisme, et Bernard m'appelle en disant, Catherine... L'EDEC limite le nombre de bateaux à s'inscrire. On va créer notre course. Et on a créé la Speedophilie, qui existe toujours. Mon frère en a fait la première affiche, il était graphiste. Et mon père a été l'un de nos premiers partenaires, etc. Et toute l'équipe de la Speedophilie, Bernard, Gilles, Gaspé, etc. Puis toute l'équipe, on se voit encore toujours aujourd'hui. Il est 40 et quelques années plus tard. Et mon fils aujourd'hui va courir cette année, va courir la speedo fine, ça me fait drôle.
- Speaker #1
C'est maman qui l'a créé.
- Speaker #0
Ah oui, ses copains ne voulaient pas le croire. Et alors, en fait, ce qui va se passer derrière...
- Speaker #1
Là, tu vas dans la ragate, quoi.
- Speaker #0
Oui, alors, pour tout te dire, quand on a créé la Speedofine, c'est moi qui ai skippé le bateau amiral qu'on avait loué. Donc, je devais avoir quand même un peu de... En fait, je naviguais beaucoup. Je passais beaucoup de temps, à vrai dire, le week-end. Je passais mon temps à frapper au coq des bateaux pour essayer de trouver des embarquements. Et pour être honnête, dans les années 80, début des années 80, Étant femme, j'avais beaucoup de mal à trouver des embarquements. Et à ce moment-là, je fais mon premier stage de... Je rentre dans mon école de journalisme, l'Institut pratique de journalisme à Paris, et je fais un premier stage à Quimper, à la rédaction de Ouest France, en 83, à l'été 83, et j'avais à couvrir, j'avais à remplir une page, la page du Pays fouet nantais. Je vais couvrir le baptême du mini-transat de Roland Jourdain. Et j'ai toujours la photo.
- Speaker #1
Caisse d'épargne.
- Speaker #0
Caisse d'épargne.
- Speaker #1
Un muscadet.
- Speaker #0
Un muscadet. Et la première fois que je rencontre Bilou, c'est à cette occasion. Et moi qui rêvais déjà, mais de grand bateau, je me dis, waouh, ce mec, il va partir. Je découvre l'existence de la mini-transat. Ce mec, il va partir sur un petit bateau comme ça. C'est peut-être par là qu'il faut commencer, etc.
- Speaker #1
La Mini, à l'époque, elle a été créée 6 ans avant, en 1977. Il y a eu 3 éditions.
- Speaker #0
Oui, parce que c'est tous les 2 ans, c'est toutes les années impaires.
- Speaker #1
Il n'y a pas eu la 3ème édition, il n'y a eu que 2 éditions. Il y a eu 77,
- Speaker #0
79,
- Speaker #1
ah non, il y a eu 80. Il prépare la 4ème.
- Speaker #0
Et là, je commençais à me dire pourquoi pas. Bref, je continue dans le journalisme, mais en fait, j'ai déjà envie de devenir... Puisque... Pour tout te dire, je finis mon école journaliste qui est très courte. Je vais m'installer, j'ai des copains qui savent que je suis déjà passionnée de bateau. C'est le début des années des radios libres, 81. Tu vois, quand je quitte...
- Speaker #1
Il faut que tu expliques pour les plus jeunes qui nous écoutent.
- Speaker #0
Alors les radios libres !
- Speaker #1
La bande FM n'existait pas, ou elle existait, mais elle était encore très étroitement encadrée. Et je schématise, François Mitterrand, quand il était élu, libéralise les ondes FM. Et donc il y a une floraison de radios dites libres.
- Speaker #0
Et donc pour les jeunes journalistes, c'est du pain béli parce qu'on se retrouve... En plus, on dirait aujourd'hui, parce que le mot n'existait pas à l'époque, c'est que des petites structures, c'est des start-up, etc. Et j'ai des copains qui me disent, écoute, il y a une radio qui s'est montée à Guérande, Radio Presqu'Île, et son propriétaire, le gars qui l'a lancée, cherche un journaliste. Et en plus, la radio est un bateau, donc on a pensé à toi. Et pour tout te dire, les gens qui m'appellent, c'est les copains, c'est un copain qui était à Carbone 14, qui était une autre radio, qui avait une émission sur la glisse, etc. Enfin bref, je dis banco, je vais m'installer à Pornichet, et au début, je vis sur le bateau. Je m'enlève à 4h du matin pour faire des émissions, je fais les infos locales. On rediffusait les infos nationales qu'on captait, je ne sais pas où d'ailleurs. Et donc, je faisais les journaux de 7h du matin à 13h, le journal, etc. Donc, je bossais comme une malade le matin. Et puis, je retournais sur le bateau et régulièrement, je sortais toute seule en baie de la Bôle. Et là, j'ai commencé à participer à mes premiers entraînements d'hiver. C'est là que je les ai courus, etc. Donc, je fais des entraînements, mais avec des gens qui sont amateurs. mais sympathiques ou alors pas sympathiques qui me mettent dans un coin alors que moi j'ai envie d'en découdre un peu etc et dans ces années là il y a une course en solitaire qui s'organise qui sont 100 000 je ne sais plus comment ça s'appelle les sortes de mille de Pornichet je loue un bateau, un surprise je n'ai pas de pilote automatique mais je me trouve un sponsor pour payer la location et je cours cette première course en solitaire dont je me souviens aujourd'hui comme si c'était hier et je me suis dit où pour manœuvrer, je mettais la barre entre les jambes, etc. Bien évidemment, à l'époque, les GPS n'existaient pas, donc tu naviguais plutôt à l'estime. Là, c'était l'estime, je n'étais pas encore au sextant. Je naviguais à l'estime. Et il se trouve qu'on devait virer une bouée. Est-ce que c'était SN1, SN2 ? Je ne sais pas. Enfin bref, au large. Ça,
- Speaker #1
c'est l'éboué d'atterrissage de la Loire.
- Speaker #0
Voilà. Plus sud quand même que ça. Et on se prend un orage dans la nuit. Et déjà, c'était très, très violent. Et est-ce que tu te souviens à l'époque que quand tu navigues le long des côtes et que la nuit, tu vois les lumières, il y a des moments où tu doutes. On passait notre temps, notre vie, à douter de notre estime. Mais malgré tout, je finis un peu dans les derniers, mais je me suis éclatée et puis surtout j'ai pu naviguer. Donc pendant ces deux années, je passe juste un an, pendant cette année-là, je commençais déjà à monter des projets. Je faisais, à l'époque tu n'avais pas encore de traitement de texte, etc. Mais mes premiers projets de recherche de sponsors, c'était même avant. Pendant mes études de journaliste, je voulais courir la solitaire du Figaro. Donc je montais et je vendais toujours sur mes... C'était très drôle parce que je faisais des couvertures avec du laitracette, tu sais, ces machins. C'était de l'artisanat total et j'ai gardé tous mes dossiers. Tu as fait des archives ? Oui, j'ai toutes mes archives. Incroyable. Incroyable. Donc ça, c'est 83 et 84.
- Speaker #1
C'est bien petit cousé, donc c'est parti à fond. Oui,
- Speaker #0
oui, oui. Mais en fait, je rêve de faire de tout ça.
- Speaker #1
Dès le bac, c'est à fond.
- Speaker #0
Et je continue. Et en fait, après, je quitte Radio Presqu'Île. Pourquoi ? parce que j'ai l'opportunité de convoyer le catamaran de Bruno Perron qui venait de retourner de je ne sais pas quoi, d'aller le chercher. Je participais au convoyage. Là, dès que j'ai l'occasion de mettre les fesses sur un bateau, je prends mon sac, etc. Et je démissionne plein de fois. J'enchaîne avec RFM, où j'ai bossé pendant deux fois six mois, je crois. Et j'ai démissionné de RFM pour aller courir le Tour de France à la voile, où j'embarque avec Marie-Claude Kieffer. comme journaliste. Alors, je me vendais comme équipière journaliste parce que je ne savais pas très bien comment me vendre. Et j'enchaîne. Mon rêve, à ce moment-là, c'est d'aller courir déjà la Wheatbread. Je rêve déjà de Tour du Monde, mais en équipage. Là, les Tours du Monde en silitaire, ça n'existait pas. Il n'y avait eu que 68,
- Speaker #1
69. On est avant le premier Vendée Globe.
- Speaker #0
On est avant le premier Vendée Globe. Et là, j'arrive, je me dis... ... J'ai envie, en 85, il y avait l'année de l'esprit d'équipe et de Tabarly sur...
- Speaker #1
Tabarly, je crois que ce n'était pas celle d'avant, c'était Intermarché, comme Pendic s'appelait Intermarché, mais je crois que c'était celle d'avant.
- Speaker #0
En 85, si, puisque j'ai interviewé Tabarly, en fait je décide de couvrir comme journaliste la Whitbread 85-86, et je me fais un point d'honneur d'être à toutes les escales. Au départ et aux escales, et je n'ai pas un radis, Pierre-Yves, on soit clair, je n'ai pas un radis. Pendant toutes ces années-là...
- Speaker #1
Tu n'as pas de médias qui te payent tous les dépestements. Non,
- Speaker #0
mais je contacte les attachés de presse des bateaux, qui me prennent en sympathie, et j'ai réussi à aller à toutes les escales, mais tu vas rigoler, à chaque escale, j'arrive, je prends l'avion, on me finance, je suis invitée comme journaliste, avec les journalistes très en vogue à l'époque. Alors au départ, ça je me débrouille toute seule à Plymouth et puis après à Portsmouth, je crois. Je vais en Afrique du Sud à Cape Town, là invité. Puis je ne suis pas invité à Auckland, j'emprunte des sous. Et à chaque fois, j'arrive avec mon ciré et mes bottes en me disant, on ne sait jamais, je peux trouver un embarquement. Et c'était la Wheat Bread qui a couru derrière Tracy Edwards. J'ai fait connaissance de Tracy Edwards. qui était cuisinière sur un des bateaux. Il y a éventuellement une possible place qui se libère sur un bateau suisse à Kepton. Mais là, les gars de l'esprit d'équipe me disent je crois qu'ils sont un peu... C'est pas recommandable, etc. C'est pas un bon plan, etc. Mais je vais là-bas aussi avec l'ambition. Je pars avec des piges. Alors, tu vas rigoler, mais en 85, quand tu vas à Kepton, c'est encore l'apartheid. Et je me dis, je vais faire des reportages. dans les ghettos. Il y a quelqu'un que tu connais peut-être, André De Marco, qui à l'époque était le directeur de la communication de Bulle, qui était le sponsor de l'Esprit d'équipe, qui me rappelle toujours cette séquence, c'est que je venais dans les chambres d'hôtel, j'envoyais quand je faisais des interviews, je les envoyais par... On démontait les téléphones, on envoyait ça par les pinces croco, etc. C'était des Bellino,
- Speaker #1
c'est pas ça non ?
- Speaker #0
C'était pas des Bellino, non, non, je collais. C'est pour les photos. Je vais dans les ghettos, je fais des reportages, je me fais voler toutes mes affaires. Je me demande si je ne vais pas finir en prison avec un journaliste du Suisse qui suivait Pierre Fellman. C'est l'année où Pierre Fellman va gagner la White Bread. On va même à Soweto, à Johannesburg, on fait des reportages ensemble. Enfin bref, donc je me prends un peu pour t'inter-reporteur. Je ne sais pas pourquoi je me prends, je sais que je veux naviguer et que je veux faire des tours du monde.
- Speaker #1
Et tu vas aller aussi à Punta del Este ?
- Speaker #0
Je vais à Punta del Este. Alors là, invité, là les attachés de presse organisent de bulles. un voyage super éclair où on fait escale 24 heures à Rio et puis on va à Punta del Este et on rentre à la maison. Mais au moins, je vais à l'escale et puis je vais à l'arrivée, etc. Et la week-end suivante, à ce moment-là, entre-temps, je bosse. Je suis rentrée à Thalassa pour la revue Thalassa, qui est une émission qui m'a fait rêver. Il y a une chose que je n'ai pas dit, c'est que j'ai été biberonnée par les émissions, par les aventures de l'Acalypso, moi. Il y a papa, c'est Cousteau, il y a papa qui m'emmène plonger, mais à la maison, on ne rate rien des aventures de l'Acalypso, du commandant Cousteau. Et je rentre à Thalassa, que je regardais déjà avec le rêve de devenir un jour journaliste à Thalassa.
- Speaker #1
Et puis c'était une institution.
- Speaker #0
C'était une institution. Thalassa nous a appris la mer pendant des années. Et Georges Pernoud, je rentre d'abord comme secrétaire de rédaction.
- Speaker #1
Parce qu'il y avait une revue à côté.
- Speaker #0
Il y avait une revue. Donc je ne travaillais pas pour l'émission, mais nos bureaux étaient sur une pédiche à Paris. C'était génial. Donc je retourne à Paris. Mais dans ces années-là, je ne sais plus dans quel ordre, parce que j'ai beaucoup pigé. J'ai aussi travaillé pour la New Largue, comme j'ai créé le premier quotidien de la New Largue avec Paul Gérard Pazol, etc. Et je découvre le projet de La Poste. pour la Wheatbread 89, c'est ça 89-90. Et du coup, je propose d'aller faire un reportage sur la Poste en me disant voilà un bateau sur lequel je vais peut-être pouvoir embarquer. Et j'arrive à Portnichet pour faire Portnichet-Casablanca parce que la Poste suivait la route des Alizés, la Transat des Alizés. Et je sympathise avec Daniel Mallet, mais tout de suite j'apprends qu'il n'y aurait que des postiers. à bord pour la Wheatbread. Donc, un peu de déception, mais finalement, je suis embauchée. C'est eux qui me proposent de faire... Je crée un petit journal qu'on a appelé Force 8. Ils étaient 8 à bord. Donc, j'ai créé la newsletter.
- Speaker #1
C'est avant le projet suivant qui est très connu, sur lequel Tabarly prendra le relais. C'est ça.
- Speaker #0
Petit pousset.
- Speaker #1
Petit pousset,
- Speaker #0
oui.
- Speaker #1
Je reprécise.
- Speaker #0
C'est une formidable aventure. C'est un First 51, c'est ça, me semble-t-il, de la Poste.
- Speaker #1
C'est l'esprit de liberté, c'est ça.
- Speaker #0
Alors, non, non, non, non, non. C'était le bateau La Poste. Non,
- Speaker #1
c'est le First
- Speaker #0
51. Le First 51.
- Speaker #1
C'est la notice Wikipédia sous les yeux.
- Speaker #0
Et avec vraiment que des postiers. Oui, tout à fait. Et j'ai navigué. Et c'est à bord que je découvre un garçon qui est photographe de La Poste, qui va devenir un grand photographe de voile. C'est Thierry Martinez. Et donc, on fait tous ensemble. J'ai encore des images, des photos de cette navigation. J'ai oublié de dire qu'entre temps, j'ai aussi... Mon premier équipage féminin, le premier équipage féminin que j'ai skippé, c'était en 86 ou 87. Il y a une course qui s'appelle Nantes-Lisbonne. Et on me propose de mener un équipage de journalistes, de jeunes femmes journalistes, entre Nantes et Lisbonne. Et je crois qu'en plus qu'on a dû gagner ou je ne sais pas quoi. Donc je dis ça, je m'en souviens parce qu'avec la Poste, on fait escale à Lisbonne. Et je fais une petite parenthèse. L'escale à Lisbonne, le bateau te donne la possibilité. toutes les grandes villes européennes, je les ai toutes découvertes à la voile. J'en reparlera après parce que j'ai participé plusieurs fois à un tour de l'Europe organisé par Gérard Petitpas. Et je bénis Gérard parce que c'est ma passion, mon intérêt pour l'Europe est né là, ma découverte de l'Europe par la voile, par la mer. Ça a été juste génial grâce à cette course. Donc la Poste 89-90. Je suis, je vais éventuellement, je ne sais plus si j'ai dû aller à une ou deux, mais je rêve quand la poste derrière dit on va avoir un grand bateau, Daniel Mallet me dit il y aura une place pour toi à bord. Et donc je me mets, sans me mettre sur les rangs des sélections, j'embarque sur le bateau, je fais deux transats où je suis la seule nana avec 17 mecs à bord qui sont tous en sélection et on participe à la route de la découverte, départ de Gênes. arrivée à Saint-Domingue. Et je suis la seule plongeuse à bord, donc c'est moi qui fais les carénages dans la poste. Et si tu veux, c'est très... Tu vas voir à quel point ça a été dur, parce que c'est à la fois génial, parce que j'ai adoré ces deux transats, etc. Mais un jour, je comprends que je ne serai pas sélectionnée parce que je suis une femme. Et entre-temps, donc là, on est en 93, on est en 92, pardon, en 92, et entre-temps, j'ai couru, il y a eu la mini-transat, parce que là, j'ai sauté un grand pas. Pour finir sur l'histoire de la Poste, je pense que par rapport à d'autres qui ont été sélectionnés, je pense que je n'avais pas à rougir. Mais Pierre Fellman dit, je pense à Daniel Mallet, qu'il ne faut pas de femmes à bord et qu'il n'y aura pas de femmes à bord sur la route Bred. Donc un jour, je comprends. Réglementairement ? Réglementairement. C'est Daniel Mallet qui m'avait fait miroiter que je pourrais embarquer et que finalement, je ne peux pas embarquer. Alors entre temps, ce que j'ai oublié, j'ai fait le grand saut.
- Speaker #1
Voilà, il y a la mini quand même.
- Speaker #0
Il y a la mini.
- Speaker #1
Qui est fondatrice.
- Speaker #0
Qui est fondatrice, qui est fondatrice, qui est un vrai tournant dans ma vie. Pendant mes années où je passe d'un média à l'autre, où je bosse, je vais participer plusieurs fois à ce moment-là autour de France comme équipière. Il y a peut-être déjà autour de l'Europe, je ne sais plus. je viens une première fois à la revue Thalassa et en 86 je monte un projet avec un garçon qui s'appelle Thierry Arnault qui s'appelle Paris Transat et tous les deux on s'est dit on va faire construire notre bateau pour la Mini à Paris et on monte une exposition et on va descendre la scène avec le Mini et puis derrière j'ai trouvé ça génial j'ai encore mon dossier de Paris Transat J'adore, j'adore plonger là-dedans parce que j'étais sans peur et sans reproche, tu vois. Je croyais à tout, y compris, je ne sais pas, les projets que je montais, où je voulais racheter Fernande, qui était un bateau.
- Speaker #1
Un grand bateau, on l'éventuait à l'époque.
- Speaker #0
J'ai aussi oublié de te dire, parce que c'est tout ça. En fait, il y a eu dix ans, de 80 à 90, où j'alterne la voile,
- Speaker #1
le journalisme, etc. T'es freelance en fait, à part la parole de la femme, t'es freelance. Et tu montes des projets ? Je suis freelance,
- Speaker #0
je vivote avec ce que je gagne comme journaliste ou comme pigiste, etc. Et en 80, j'ai quand même oublié, avant la mini-transat, il y a un épisode super important. Non mais c'est après pourtant. Si, j'ai un premier Paris Transat, c'est 86. Je trouve un partenaire, un sponsor, qui se révèle être un escroc. Je tombe sur un arm... un armateur grec que je rencontre complètement par hasard à Paris qui me dit on va pas construire un mais deux bateaux etc qui me fait pendant des mois croire qu'on va construire un bateau il me nomme présidente en fait ce mec était probablement un escroc il me nomme même présidente d'une de ses sociétés offshore il m'a triculé à l'île de Man etc et moi je demande rien t'as 25 ans quoi et puis j'ai 20 ans Oui, même pas, j'ai 23 ans. Bref, ce projet échoue. À l'époque, quand même, persuadée que j'allais avoir le budget, parce qu'ils me proposent un budget qui me permet de construire deux bateaux. Je dis à Georges Pernoud, je démissionne, je vais faire construire mon bateau. Et Georges me dit gentiment, vous avez le budget ? Non, mais j'ai besoin de temps pour proposer. Au moins, rester à mi-temps et puis on se vouvoyait encore à l'époque avec Georges. Et bref, ce projet avorte. C'était pour la Mini Transat 87. Et donc, quatre ans plus tard, je suis journaliste à la revue Thalassar, et l'actrice en chef à l'époque, et je reçois un coup de fil de Daniel Charles, qui est un grand journaliste de voile, un historien de la plaisance. Daniel, c'est à lui que j'avais demandé de me dessiner un bateau pour la Mini Transat en 86. pour la Mini Transat 87. Et Daniel me dit, tu assises ? En 86, j'avais frappé à la porte de la Cité des Sciences pour leur proposer qu'on construise un bateau à la Villette.
- Speaker #1
Là où il y a la géote,
- Speaker #0
tout ça. Et j'en avais dit, ça serait génial, vous savez, c'est magique la construction d'un bateau. J'avais déjà visité plusieurs chantiers, j'avais notamment vu la construction d'un des bateaux de Bertrand de Brocq à Quimper, etc. Enfin bref. Et Daniel me dit, tu assises ? Il me dit, tu sais... Il y a une exposition qui va se monter à la Cité des sciences et de l'industrie de la vignette. Donc on est en 90, début 90. Dans cette exposition, on va construire un bateau et ce bateau, c'est un mini-transat. Et en fait, l'histoire, c'est qu'en 90, la Cité des sciences a eu la même idée que celle que je lui ai proposée quatre ans plus tôt. qu'elle s'est retournée vers la Fédération des Industries Nautiques qui leur a dit, il y a un gars qui peut vous monter l'exposition, c'est Daniel Charles, et que Daniel leur a dit, moi je connais, on va construire moi je vous propose qu'on construise un bateau un mini-transat, et je connais quelqu'un qui peut monter le projet mini-transat, etc. Et donc en fait, Daniel est en train de me dire qu'il m'apporte le projet sur un plateau, le projet que j'ai demandé.
- Speaker #1
C'est une belle histoire parce que t'aurais pu avoir proposé le projet et qu'on le confiait à quelqu'un d'autre. C'est une...
- Speaker #0
Tu as tout à fait raison. Mais elle m'a donné, et ça m'est arrivé plusieurs fois dans la vie, une leçon. C'est que l'énergie que j'avais pu mettre dans mon premier projet, qui n'avait servi à rien, je pensais, en fait, n'avait pas servi à rien. C'est-à-dire que j'avais semé et en fait, dans la suite, j'ai vécu plusieurs fois ce genre de situation où finalement, ton projet avorte, mais quelqu'un, parce que tu as monté le projet, etc.
- Speaker #1
Il revient par la fenêtre.
- Speaker #0
Il revient par la fenêtre.
- Speaker #1
Alors du coup, là, le concept, c'est que la construction du bateau fait expo. L'expo, c'est la construction du bateau.
- Speaker #0
Alors, il n'y avait pas que ça. Il n'y avait pas que ça,
- Speaker #1
mais le chantier se fait au cœur de l'exposition.
- Speaker #0
Voilà, il y a d'autres bateaux qui sont construits et notamment, il y a un catamaran. L'idée, c'est de montrer les métiers. L'exposition s'est appelée Naissance d'un bateau. Et cette année-là, le concours des circonstances, c'est que le thème de l'année à la Villette, c'était l'eau. Et ils créaient la série d'expositions qu'ils ont créées sur les métiers. Ils voulaient montrer des gens exerçant leur métier. Et donc, Daniel leur a proposé, ils ont pensé les métiers de la construction navale de plaisance. Et Daniel leur a proposé d'abord le mini-transat, mais aussi un catamaran. Beneteau avait aussi exposé l'essence d'un bateau. Mais alors, sauf que la Villette ne payait pas le bateau.
- Speaker #1
Ah oui ! Petit détail. Ils offraient le hangar.
- Speaker #0
J'ai l'électricité. Au passage, le hangar. Le lieu de construction. Je suis toujours émue quand j'en parle. Et quand je retourne à la Villette et j'y vais fin mars, parce que je vais donner une conférence là-bas. À chaque fois que je vais là-bas, je dis c'est le chantier où j'ai construit mon premier... Mon bateau, il a été construit là. Et donc, il a fallu construire toute une zone en verre pour que le public puisse voir la construction au travers. Mais il fallait en même temps mettre des extractions à cause des émissions de CO, enfin bref, de composés organiques volatiles, etc. Et donc moi, j'ai dit, mais pas de problème. Est-ce que vous me donnez un peu de... Est-ce que je peux mettre éventuellement, si je trouve un... Le jour où je trouve un sponsor, les logos, pas de problème, Catherine, etc. Et donc, là, je décide, il fallait que j'organise tout ça, que je trouve un chantier. Donc je vais d'abord frapper à la porte de Thierry Fagnan, qui était déjà le pape du mini 650. Il faut savoir qu'à l'époque, les plans finaux conques, c'était encore des plans finaux, qui n'étaient pas encore des plans finaux conques, de Jean-Marie Finault, étaient vraiment la référence. Avec aussi Béret. Mais bon, moi tout le monde, je ne connais pas, enfin si, j'avais rencontré Thierry Fagnan, je crois. et je frappe à sa porte, ou je ne le connaissais pas, je ne sais plus. Il y avait Thierry Fagnan et il avait déjà chez lui un monsieur qui va devenir un très grand marin, qui est Yves Le Blévec. Et Yves me dira quelques années plus tard, tu sais, moi j'ai toujours regretté que Thierry te dise non. Parce que Thierry Fagnan, ça ne l'intéressait pas du tout de fermer son chantier, d'aller s'isoler. Parce que l'idée, c'est qu'il fallait fermer le chantier. Il n'avait pas assez de gars pour bosser. Il fallait fermer le chantier et ouvrir pendant trois mois.
- Speaker #1
Il y a la Paris.
- Speaker #0
Il y a la Paris. Et il me dit non et je suis très déçue. Mais à l'époque, je connais le chantier structure qui était encore à Quimper parce que j'avais suivi avec Bertrand Debrocq, qui à l'époque vivait avec Christine Guilloux. Christine que j'avais connue sur le SPI West of France, qui est devenue une amie. On est très proches, une petite sœur ou une grande sœur ou je ne sais pas quoi. Enfin bref, on a monté aussi un projet ensemble. Et je frappe à la porte du chantier structure qui avait... notre bourroulec, notre Christian Bourroulec national.
- Speaker #1
Une super interview d'Envoi les éoliers qui est sortie cette semaine.
- Speaker #0
Jean-Marc Salin, qui n'est plus qu'était son associé. Et Christian, il me dit non. Mais Jean-Marc me dit, c'est quand même super intéressant. Bref, ils décident tous les deux de fermer le chantier structure des Quimper pendant trois mois et de s'expatrier. C'est eux qui ont construit le bateau, qui ont accepté le pari. Et Jean-Marc était... était hallucinant parce que c'est un garçon assez créatif et ils se complétaient bien tous les deux. Et c'est lui qui a convaincu Christian de venir construire le bateau et de monter l'exposition.
- Speaker #1
Une petite incise, c'est que le chantier structure en question, quand Christian repartira à Sainte-Marie, il fera Combrit. Il créera une V2 du chantier structure et c'est le chantier structure qui va donner naissance à tous les Pogo que plein de ministres connaissent. Les Pogo 1, 2, 3,
- Speaker #0
40.
- Speaker #1
C'est incroyable. Il a transmis à ses fils aujourd'hui. C'est pour ça que je fais une allusion à... Il y a une interview de Christian dans Volséville qui est vraiment incroyable. Moi qui ai bien connu ce chantier-là. Donc j'ignorais que c'était eux qui étaient...
- Speaker #0
Oui, c'est grâce à eux. Et alors, en fait, ils sont arrivés... Du coup, ils venaient de construire le mini-transat. de Marie-Agnès Perron, qui va disparaître dans la mini-transat qu'on va courir ensemble. Et on convient ensemble que... Donc moi, j'allais plutôt m'orienter vers un plan finaux, mais il y avait ce bon bateau, il y avait ce plan, enfin, ce moule qui existait du bateau de Marie-Agnès. Et du coup, ça permettait de réduire beaucoup les frais parce que... Parce que moi, à ce moment-là, j'ai pas de sponsor. Donc c'est un plan béret, du coup. C'est un plan béret. Donc je monte l'exposition, etc. Au passage, je monte un budget. Et ce qu'il fallait pendant l'exposition, c'est au moins construire la coque et la peindre. Il fallait le budget pour ça. On ne parlait même pas dans mon premier budget ni de voile ni de mât. Si, voile et mât, il y avait si quand même. Et la quille. Et persuadé que forcément, j'allais trouver très facilement un sponsor. Et l'exposition se passe. Génial. Et je n'ai toujours pas de sponsor. Et donc... elle est prolongée d'un mois. Ils décident de construire un deuxième mini-transat en bois. Celui peut-être, qui va courir la mini. Et Stéphane Della.
- Speaker #1
D'accord.
- Speaker #0
Et la fin de l'exposition arrive et ils me disent, Catherine, bon, j'ai toujours pas de sponsor, qu'est-ce que tu... Donc on réfléchit, comment je peux attirer un sponsor. J'ai dit, écoutez, moi j'aimerais organiser un baptême dans la Cité des Sciences. Et peut-être que je vais, grâce au baptême, attirer un sponsor, je vais faire venir des journalistes, etc. Et ok, on t'offre le buffet, l'espace, etc. Et je me dis, je vais monter une souscription pour m'aider. Il faut savoir que pour construire le bateau, j'ai emprunté 250 000 francs à la banque, que mon père, qui ne m'a pas donné un centime, mais mon père a accepté d'être caution. Il a juste un petit souci, c'est que si je ne le rembourse pas, il a mis une hypothèque quand même sur la maison de Suren. Ah oui,
- Speaker #1
bien.
- Speaker #0
Et donc, je suis un peu embêtée parce que je me dis, mais comment je vais faire ? Et donc, je commence à pondre comme j'avais facilement. Je me dis, je vais faire une feuille et je l'ai toujours. Je désire de baptiser mon bateau Océane, au pluriel. Et je crée une feuille. Et derrière, je mets un coupon pour bon de souscription. Et j'appelle un copain qui était juriste et je lui demande comment on fait pour monter une souscription. Et ce copain, je lui avais donné mon dossier de recherche de sponsor. Je fais une petite parenthèse, mon dossier qui avait été largement upgradé par Anne Combier, dont j'avais fait la connaissance à la New Largue. Anne avec laquelle je vais avoir, et Anne qui m'avait dit ton dossier, il n'est ni fait ni à faire. Je vais te montrer, etc. Et grâce à Anne, déjà. Elle ne m'a pas accompagnée après sur la mini-transat, mais elle m'avait déjà largement amélioré mon dossier.
- Speaker #1
Et Anne, qui était jusqu'à aujourd'hui, ou jusqu'à demain, je crois, qui était la team manager d'Aïenik Destaven,
- Speaker #0
qui laisse ta place. Et qui a managé mes projets de Vendée Globe. Qui est une femme, si ce n'est ma meilleure amie en tous les cas, top of the mountain.
- Speaker #1
Je vous conseille un excellent épisode du podcast Navigante que Tip & Chef produit. Où elle est passée. Elle est passée.
- Speaker #0
Elle est passée. Très grande dame de la Cour de l'Arche. Grande gatière aussi. Et j'appelle ce copain, je lui dis comment on fait pour monter une souscription. Il me dit écoute ton dossier, je l'ai donné à un copain au salon nautique. Il a donné à un copain qui je crois est le directeur de la com de Whirlpool. Je lui dis de qui ? Whirlpool tu sais c'est une boîte américaine. Et premier électro... Premier... Première entreprise d'électroménager aux Etats-Unis, ils viennent de racheter Philips, etc. Ils viennent de sponsoriser une véli-planchiste, Brigitte Jiménez, peut-être que ça les intéressera, etc. Et donc on est le lundi, le baptême a lieu le mercredi. On est le lundi, j'ai toujours pas un centime, j'ai pas de nom pour mon bateau, je sais même pas comment je vais le baptiser. Donc je me dis, je vais le baptiser Océane. Et donc le lundi, dans la journée, j'appelle le monsieur de Whirlpool. qui me dit, si vous voulez, on peut se voir, non, le mardi matin, on peut se voir cet après-midi. Et donc, je me mets, je me pomponne, je vais chercher à la Villette, la maquette, j'avais fait faire une maquette. par un très bon maquettiste. Je l'ai toujours, cette maquette. Je te raconterai.
- Speaker #1
T'as l'air de te garder,
- Speaker #0
en tout cas. C'est incroyable. Je vais chercher la maquette, j'ai mes dossiers, etc. Je mets tout ça dans la voiture. Voiture de maman, au passage. J'avais pas de voiture à l'époque. Et je vais voir le pouls. Son siège n'est pas très loin de chez mes parents, du reste. Et j'arrive un peu en avance. Je me garde pas très bien. Je rentre dans un café pour avaler un poireau vinaigrette. Je m'en souviendrai toujours. Et je ressors. Et ma voiture a disparu. Je suis à 5 minutes, c'est l'heure du rendez-vous avec peut-être le sponsor de ma vie. Et je vais arriver, les mains dans les poches. Ma voiture a disparu. Je comprends qu'elle est partie à la fourrière. Et je rentre dans le bâtiment de Whirlpool et à la queue, je demande, est-ce que je peux décaler le rendez-vous d'une petite heure parce que je voudrais récupérer, etc. Ils appellent Amaury Finas de Villene, qui est le directeur de la com. qui me fait monter en me disant « mais on n'a pas besoin de votre maquette et de vos dossiers pour se décider » . Donc, il m'emmène dans une salle de réunion avec celui qui va d'ailleurs prendre sa succession, Jean-Louis Reynaud, et il me dit « on vous écoute » . C'est une grande salle de réunion, immense, etc. Et je suis face à deux mecs que je ne connais pas. J'ai un bateau, je leur explique mon histoire, etc. Je leur dis « écoutez, je suis un peu désolée, j'ai arrivé un peu les mains vides, ma voiture est partie à la fourrière » . Et ils m'écoutent et ils me disent, ils laissent un temps de silence et ils me disent, écoutez, on va vous suivre, on a envie de vous suivre, mais ce que vous demandez, on ne peut pas. Je dis, ah bon, vous pouvez combien ? J'ai juste eu un emprunt à la banque, etc. Ils me disent la moitié. Je me dis donc, je peux rembourser l'emprunt de papa et je ne pourrais pas me payer, mais il va falloir que je serre la vis, mais je peux courir la midi. Mais je peux courir la minute. Et ils leur disent, si je vous dis oui, tout de suite, là, vous me signez un papier, c'est banco, je repars, etc. Ils me disent oui. Et on aura plusieurs...
- Speaker #1
C'était le bon vieux temps, quand même.
- Speaker #0
C'était le bon vieux temps. Ils m'ont signé un papier, je n'ai jamais eu de contrat avec eux à ce moment-là. Après, j'ai eu un gros contrat sur mon deuxième Vendée Globe, parce que le premier Vendée Globe, ça a été pareil. Et le lendemain, donc là, on est le mardi, je repars de chez eux avec des stickers Whirlpool. Et le lendemain, on baptise le bateau. Thalassa est présent, fait des images. J'avais fait faire une espèce de combinaison noire avec une ceinture en carbone Kevlar parce que je voulais montrer, en fait, ça, c'était la femme de communication. J'avais très envie de montrer la magie de la construction d'un bateau qu'à partir de rouleaux de tissu que je pouvais mettre autour avec une ceinture, on pouvait construire une coque solide. Et ça, c'était génial. Et là... Le bateau est... Finalement, donc, je repars. Je vais m'installer à Sainte-Marine, dans une maison qui était mitoyenne de la maison des parents Poupon. Et puis, je fais baptiser mon bateau à Sainte-Marine. Puis, je m'installe à la Trinité, etc. Je cours la mini-transat. Et ça a été vraiment... Là, je décide d'arrêter le journalisme.
- Speaker #1
Donc là, c'est la bascule. Mais bon, c'est aussi le fruit quand même d'une... d'années de... Oui. Je me revois beaucoup, en fait, dans tout ce que je raconte. Carrément,
- Speaker #0
oui.
- Speaker #1
Les années à toujours avoir un sac prêt et dispo et à faire des piges à droite, à gauche, etc. Mais ce moment de bascule, il y a quand même, d'abord, il faut que tu nous fasses un tout petit peu le récit de la mini-tronate que beaucoup d'autres ont fait avant toi ici sur ce podcast. Mais comment ça se passe ? Tu fais 12e ? Tu es dans les archives du site de la classe mini. Comment se passe cette mitraillade ? Parce qu'avant que tu dises, bon, maintenant, je plaque tout, je vais faire ça, je vais faire ça. Ce qui est un fantasme de plein de gens après les minis. Mais toi, comment il se passe ?
- Speaker #0
La course, toi aussi, la mini. Ok, les promos ?
- Speaker #1
Après toi. Mais du coup, est-ce que c'est une révélation supplémentaire ? Est-ce que c'est un chemin de croix ? Comment se passe cette... Parce que du coup, il n'y a pas beaucoup de courses de calife avant. Tu vois ? Tu vas courir après la
- Speaker #0
Mini ? Je vais courir quand même le Mini Fastnet. Que je cours... C'est en 92, deux ans plus tard, où je vais le gagner, etc. Mais en 91, je cours le Mini Fastnet avec... C'est pas là où je le cours avec Thierry Fagnon, je crois. Où on fait des pointes à plus de 20 nœuds en retour du Fastnet. Ces bateaux sont hallucinants. Je me souviens qu'en Baie-de-Quiberon...
- Speaker #1
Tu n'as pas beaucoup d'expérience en mini en fait. Non, non, non. Quand tu t'engages sur la mini, tu n'as pas beaucoup d'expérience.
- Speaker #0
Pour te dire, je vis une sortie en mer, j'embarque, comment il s'appelle ? Ça a été un grand figueriste aussi, que j'embarque avec moi en Baie-de-Quiberon. Et là, il me montre le potentiel du bateau. Et je me dis, waouh, ma fille, il va falloir que tu apprennes à appuyer sur l'accélérateur, etc. Pour répondre à ta question, en fait, je me dis, on verra si l'expérience me plaît ou pas. Il faut savoir que c'est en fait ma deuxième transat. Parce qu'il y a un épisode que j'ai... Pas évoqué, mais en 87, j'ai un copain qui a un bateau de croisière, qui est un Sunfees, qu'il me propose d'aller le chercher aux Antilles. Et je ramène ce bateau, comme skipper. J'embarque un copain et je trouve un gars sur place pour compléter l'équipage. Et je fais ma première transat en ramenant au mois de mars ou avril, je ne sais plus, un bateau de croisière depuis Martinique jusqu'à Quiberon. jusqu'à Saint-Père-de-Quiberon. Et je traverse au sextant. Donc déjà, je ne sais pas utiliser le sextant au départ. J'ai une patte de moteur, je fais la moitié de la traversée sans moteur et à la bougie. Mais je me perçois que mes points au sextant, ils ne sont pas plus faux que... Dès que je croise un cargo, je demande leur position et donc je compare. Mais j'apprends l'utilisation du sextant. J'ai une calculatrice qui n'est même pas une calculatrice astro.
- Speaker #1
C'était une bonne expérience.
- Speaker #0
C'était une super expérience. La mini Transat, je me dis, je verrai comment ça se passe. C'était l'époque où on partait de Douarnenez. Et c'est la dernière mini au sextant. Et on se tape une dépression monumentale dans le golfe de Gascogne. Il y a plusieurs bateaux qui... Alors, je ne sais plus s'il y a eu des déclenchements de balises, etc. Et c'est dans cette mini où il y a deux disparus. sur la première étape. Il y a Marie-Agnès Perron dont on retrouvera le bateau. Je ne sais pas ce qui s'est passé. J'étais beaucoup plus au large. Moi, j'avais décidé de contourner. J'étais plus en avant qu'elle sur la flotte. Et puis sur la deuxième, première étape, très chaud, mais malgré tout, j'ai du plaisir à être en mer. Je découvre aussi les marins. Il faut te dire que... Dans la période après, au moment du mini Fastnet, je fais la connaissance de Mijdej.
- Speaker #1
C'est la mini de Mijdej.
- Speaker #0
C'était la mini, il va gagner la deuxième étape. La première étape est gagnée par Damien Grémont. C'est une mini El General. C'est une mini aussi où tu as deux gars qui sont en chaise roulante. Denis Hugues, qui pendant la première étape, va croire. que mon sponsor va complètement délirer, il va croire que mon sponsor a décidé de le supprimer. À un moment, il fait même demi-tour, il a vécu cette Mini Transat, elle est dingue. Tu me posais la question tout à l'heure, si on se reconnaissait entre finishers du Vendée Globe, mais les promos de la Mini, ça crée...
- Speaker #1
C'est puissant.
- Speaker #0
C'est puissant. Je ne sais même pas si ce n'est pas presque plus puissant. C'est au moins aussi puissant, parce que cette course, elle est hallucinante. Parce qu'on est tous avec, alors maintenant peut-être que les gens ont plus de moyens ou je ne sais pas, mais elle est vraiment puissante. Damien Grimond, on a gardé, de manière indéfectible. Luc Bartissol aussi était là sur cette mini. Il a été le responsable technique de mon bateau avant mon deuxième Vendée Globe. Et donc il y a aussi cette intensité, on va dire, cette camaraderie, ces bateaux. Et moi j'ai adoré. La deuxième étape, j'adore. J'ai un cocotier dans mon spi, donc j'éclate mon grand spi. Je me retrouve en tête d'hommage. J'ai fait des images de ça que personne ne... Je filme tout. Ce qui est très drôle à l'époque, c'est que je filme tout, mais je n'en ai jamais rien fait.
- Speaker #1
Tu as des archives.
- Speaker #0
J'ai des archives qui ont toujours fait sourire notre ami Kérou. J'en ai qui réuseraient parce que c'est lui à l'époque qui avait peut-être, je ne sais pas, ou qui m'accompagnait en vidéo, etc. Et qui a eu mes archives. Et je me mets même à ma poêle devant la caméra où je montre comment on prend une douche, tu vois. Et Kérou, il a toujours menacé de sortir ses images de nulle part, etc. Et je me raconte beaucoup, mais je n'ai jamais rien fait de tout ça. En fait, la journaliste que je suis, la femme de communication, est super mauvaise. Je m'en suis rendue compte dans les années qui ont suivi. pour sa propre com, mais ce n'est pas mon sujet. Et je finis, et je suis en course, etc. Et derrière, il se trouve qu'à l'arrivée, alors j'ai beaucoup de plaisir, j'ai beaucoup de plaisir. En même temps, ce n'est pas facile non plus, parce que sur cette mini, on s'est chopé. une super dépression avec des orages monumentaux où je me retrouve dans la nuit à mettre des lunettes de soleil tellement il ya des clairs etc je coupe toutes les jeux même même à nouveau comme sur ma première expérience en solitaire je mets mon machin d'encre autour du mât etc mais j'aime ça les j'aime j'aime cette la vie en mer oui j'ai du plaisir et j'arrive en plus le bonheur, c'est que comme il y a eu énormément de médias qui ont couvert la construction de mon bateau à la Villette, notamment notre ami Yoshi Yabe, que j'ai encore vu au départ du Vendée Globe, qui est un journaliste, un photographe japonais. Il y a un Français qui veut, qui est un plaisancier, un metteur, qui est arrivé en Martinique, veut me racheter mon bateau. Ah ben, allô papa, je vais pouvoir te rembourter.
- Speaker #1
Je vais regarder ta maison.
- Speaker #0
Tu vas pouvoir, voilà, et je souffle, je lui vends le bateau, et du coup, je n'ai même pas besoin de rapatrier le bateau de l'autre côté. Et je me retrouve du coup avec un petit delta dessous, et je décide en 92.
- Speaker #1
Mais du coup, à l'arrivée, tu sais que tu vas, la décision que tu avais ok juste avant, qui est de dire, je vais arrêter d'être journaliste et je vais faire coureur pro, entre guillemets. Ta décision, elle date de ce moment-là ? C'est la mini qui te convainc que tu vas pouvoir faire, que tu veux faire que ça ?
- Speaker #0
En sortant de la construction de la Villette, je me dis, je tente le coup. On voit si la mini-transat, j'aime ça.
- Speaker #1
Donc, ça, c'est validé.
- Speaker #0
Et ça, c'est validé. Ça, c'est validé. Et du coup, en 92, c'est là... Alors, je ne sais plus très bien, parce qu'il y avait déjà eu la poste aussi, entre-temps. Et je pars ensuite, juste après la mini-transat. Là, je ne cesse de naviguer, en fait, comme équipière. Je pars naviguer avec la poste.
- Speaker #1
Et ça enchaîne, quoi.
- Speaker #0
Je fais mes deux transats juste après la mini. Je rentre de la mini, donc fin 91. non, puisque la deuxième étape c'est ça, pas 91 et je pars courir la route de la découverte, etc mais comme il me restait comme à la suite de ces deux transats j'ai adoré l'équipage déjà, j'aime naviguer en équipage mais je me rends compte que si je veux naviguer il faut que je poursuive en solitaire en fait, le solitaire ça a été à la fois du goût pour le solitaire, mais c'est aussi pour construire le contexte, pour me donner la chance de pouvoir naviguer. Puisque je ne peux plus naviguer, puisque je dois abandonner l'équipe de la tol.
- Speaker #1
Il y a essentiellement des hommes et faire sa place à bord en tant que femme est compliqué, donc autant naviguer en solitaire.
- Speaker #0
Et du coup, comme il me restait un petit delta entre la vente du bateau, il me restait un petit peu de sous avec l'argent que j'ai remboursé à la banque. J'ai loué le bateau qui était le... meilleur bateau de l'époque, que j'adorais, puisque je vais détendre le mien, qui était aussi un très bon bateau, mais je pense que Paris-Texas de Loïc Blanquen. Et Paris-Texas, Plan Phinoconc. Donc je savais que c'était construit par Thierry Fagnan. Et là, je cours le mini... Là, je gagne quasiment tout, sauf cet enfoiré de Fagnan. On court cette année-là, donc mini-fastnet. Je gagne le Mini Fastnet, je gagne le National, Mini Fastnet est en double, le National je cours avec Margimaud, on gagne. Je gagne la première étape de Van les Assorvanes, toujours au sextant. Et cet enfoiré de Fagnan, parce que quand on était au sextant, on était censé donner au bateau qui nous accompagnait notre position, il ne donne pas sa position de toute la deuxième étape. Et moi j'arrive au large de Belle-Île. persuadée que j'étais en tête sur la deuxième étape. J'ai fait... Et comme une conne, parce que je ne suis pas née compétitrice. Tu vois, ça, c'est un truc quand même. Je ne suis pas née compétitrice. Donc, il y a des moments où je lève le pied. Et là, je suis explosée de fatigue quand même. Le retour quand même des assorts, il est copieux. Je lève un peu le pied, c'est-à-dire que j'étais sous petit spi. Enfin, je ne sais pas, je renvoie. Je tarde, etc. Et là, j'entends Thierry Fagnan, cet enfoiré, qui appelle à la VHF, le sémaphore de Saint-Julien, et il donne sa position. Et cet enfoiré, il est devant moi. Et je comprends qu'on est en train de rentrer dans la baie de Quiberon. Donc, je m'imagine en tête. Et je comprends qu'il est juste devant moi. Et la ligne d'arrivée était dans le golfe du Morbihan. Il fallait remonter jusqu'à Vannes. Et je me paye la renverse dans le golfe. Et je te dis... pas, j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps en me disant mais je devais la gagner cette course. Enfin bref. Et donc cette année-là, je reçois des prix, etc. C'est comme ça que je rentre au lieu de Club de France. Les prix des espoirs de la course large de l'UNCL, etc. Et à la fin de l'année... Il y a la fameuse, on avait l'UNCL, donc l'Union Nationale de la Course au Large, organise un grand dîner et on est à table avec Anne Combier. C'est Anne qui nous a réunis, Anne Combier, Christine Briand, qui est championne du monde de 4-7. Christine Guilloux, qui naviguait énormément avec Bertrand, puis ensuite, elle a été la compagne aussi d'Alvarde. Et puis, c'est après qu'elle va être skipper. Du premier équipage féminin sur la
- Speaker #1
Volvo. IF, l'anglais du cadeau. Oui, les questions, je sais.
- Speaker #0
Un marin du large extraordinaire. Et toutes les quatre. Donc, on est fin 92, mais on est juste après, on est en plein Vendée Globe. Le deuxième Vendée Globe. Le deuxième Vendée Globe. Et moi, au départ du Vendée Globe, donc en novembre, début novembre, je suis au départ. Et alors qu'en 89, je suis à l'arrivée, je couvre l'événement pour Thalassa, la revue, etc. Et je me dis... « Waouh, cette course, elle est dingue, mais je ne serai jamais capable de la courir. » Entre-temps, la mini-transat, patati patata. Et je me dis, en 92, au départ, dans le chenal, je me dis, je serai au départ. Je courrai le Vendée Globe 96. Et je le partage avec un ami qui, après, quatre ans plus tard, m'a offert un trèfle à quatre feuilles. Parce que, enfin bon, peu importe. Et Anne, fin 92, nous dit, « Mais les filles, on a toutes envie de courir la Wheatbread. » On ne trouve pas d'embarquement. Pourquoi on ne montrait pas un équipage féminin ? Et là, on lance Challenge Océane. Et du coup, moi j'ai un partenaire qui s'appelle Whirlpool. Et entre 93, 94, 95 et quasiment tout 96, on monte un équipage féminin sur le Tour de l'Europe. Christine Briand nous embarque faire du match racing. On est même médaille de bronze au championnat du monde de match racing. Moi, le match race, Christine, je suis équipière, je tire sur les bouts, mais c'est pas bon. Et j'ai adoré le match race. Et puis, on essaie de trouver, de convaincre Whirlpool, de trouver d'autres partenaires. On monte, etc. Et on arrive à convaincre Whirlpool France qu'il faut convaincre Whirlpool Monde de nous financer un bateau à 40 millions de francs à l'époque. Et début 96. Je loue, nous louons en fait, avec Whirlpool. Moi, j'étais la solitaire de la bande. Je décide de courir la Transat anglaise, qui est donc l'Europe 1 star à l'époque. Je loue le bateau, on loue Fuji. Et on court, moi je cours la Transat anglaise en solitaire. Ma première Transat, j'avais entre-temps couru, ramené aussi bagages supérieurs en 94 après la route du Rhum. d'Alain Gauthier. Donc j'ai déjà un peu d'expérience en 60 pieds. J'ai navigué aussi sur le tour de l'Europe, avec Alain, avec Isabelle, etc. Puis aussi en multicoque. Moi, je cours la transat anglaise en solitaire début 96. Et au mois d'août, on court Québec-Saint-Malo en équipage féminin. Et puis, on attend la réponse de Whirlpool pour la Wheatbread. Et début septembre...
- Speaker #1
Je donne un élément de contexte, le Vendée Globe étant novembre 96, t'as toujours pas pris la décision de courir ?
- Speaker #0
Non, parce que, si tu veux, il y a un moment, quand on s'est réunis, avec les filles, il y a un moment, tu fais un choix, tu te dis, je peux pas, t'es mon sponsor. C'était surtout un choix de... Je trouvais ça... Moi aussi, je rêvais de la Whitbread. Et donc, alors que je m'étais dit, je serais au départ en 96, et ben tant pis, j'ai remis ça à 2000. J'avais... en 96,
- Speaker #1
j'ai 34 ans. Ça veut dire que tu vas quand même le prendre. Tu dis on est en septembre, mais tu ne sais toujours pas que tu vas le faire. Voilà, c'est ça.
- Speaker #0
C'est-à-dire qu'on est début septembre et enfin on a une réponse de Whirlpool Monde qui malheureusement nous dit non, on ne va pas vous suivre. Alors qu'on imaginait que Whirlpool était vachement intéressé par une course qui était plutôt anglo-saxonne. Bref, donc chacune repart dans son coin. Et puis moi, je suis invitée. Alors début septembre, il y a Janto qui m'appelle en me disant Catherine, t'en es où de ton envie de Vendée Globe ? Oh mais tu sais, attends, c'est pas deux mois du départ que... Je lui dis non, j'ai remis ça pour 2000. Il me dit, oh tu sais, il y a encore des coureurs, des skippers qui s'interrogent. Je lui dis, ah bon ? Mais ils sont malades, etc. On est quand même... Il me dit, bon, ok, d'accord. Et puis on raccroche. Et puis 15 jours plus tard, on est le 21 septembre. Et là, je suis invitée par une radio, je ne sais pas, je crois que c'est par Europe 2, enfin bref, je me retrouve à La Rochelle, au Grand Pavoie, et je tombe sur Jean-Luc Vanden Heide. VDH a entre les mains un papier qu'il roulait, etc. Et je lui dis « comment ça va ? » Il me dit « je suis un peu embêtée, le gars qui voulait louer mon bateau pour le Vendée Globe, il vient de se désister. » C'était Richard Wailto-Miles. Il venait de ramener le bateau de Jean-Luc de son boc et de son deuxième Vendée Globe, donc le cigare rouge. des États-Unis. Ça a été un de mes concurrents sur la transat anglaise avec Hélène MacArthur. Et donc, Jean-Luc me dit... J'étais là aussi parce que je participais à l'élection du bateau de l'année. Et j'étais dans le jury. Donc, on sortait tous les jours pour essayer les bateaux. Et Jean-Luc me dit... Je lui dis, mais ton bateau, il est prêt à partir ? Il dit, oh oui, tu sais, il n'y a pas grand-chose à faire. Il faut remettre un peu de plomb dans la quille. Il faut refaire l'électricité, il faut peut-être refaire un jeu de voile.
- Speaker #1
Il reste dix semaines, ça va le faire.
- Speaker #0
On était le 21 septembre et la course par le 3 novembre. Et là, j'ai le déclic. Mais c'est complètement dingue. Tu sais que, Pierre-Yves, je ne sais pas par quoi j'ai été habité ce jour-là. C'est complètement dingue. Je suis comme totalement excitée. Je dis à Jean-Luc, est-ce qu'on peut se mettre, on peut regarder un peu le budget ? Parce que moi, j'ai tout de suite le déclic. Je me dis, World Pool Monde nous a dit non. mais peut-être que Whirlpool France va me suivre sur le Vendée Globe. Il faut tout de suite que je croise Janteau pour savoir si je peux encore m'inscrire. Et je croise, et tout se fait par hasard. Je croise Janteau qui me dit « Ah ben oui, tu peux encore t'inscrire. La seule chose, il faut que tu partes faire ta qualif avant le 1er octobre. » Enfin, au plus tard le 1er octobre. Et on est le 21 septembre. Donc avec Jean-Luc, on fait un budget. Je me dis, il faut que j'ai un budget voile. Il faut, à l'époque, je travaillais beaucoup avec Incidence, et j'ai un très bon ami à l'époque chez Incidence, qui s'appelle Frédéric Charpaille, et je croise par hasard, ou je l'appelle, et je lui demande, est-ce qu'on peut faire un budget ? Donc on va à la voilerie, je fais un budget voile, etc. Et tout s'est passé comme ça. Et même, il y a eu un symbole extraordinaire, juste après avoir lâché, au moment où je déclic, où je lâche Jean-Luc, je lève la tête parce que je suis... A Uri, il y a un vol de signes au-dessus de notre tête. Et derrière, je croise Gilda Flau, peintre extraordinaire qui est un ami. Je dis, oh là là, dis donc Gilda, je viens de voir un truc extraordinaire. Je viens de voir un vol de signes au-dessus du bassin des Minimes. Il me dit, ils partaient où les signes ? Je lui ai même pas dit. Écoute, apparemment, ils partaient vers le sud. Tu vois, on est au mois de septembre, normal, ils partent vers le sud. Il me dit, suis les signes, chabou. Je lui dis, qu'est-ce qu'il y a fait avec ce truc ? Il part vers le sud. Alors tu vois tout de suite, oui, il part vers l'hiver du sud. Complètement malade. Et le lendemain, j'appelle Ruby en lui disant, écoute Ruby, je le mets dans la confidence. Notre Bernard Rubinstein National, qui pour le voyager, je lui dis écoute, je te mets dans la confidence, mais il faut que j'aille absolument voir un bateau au sable d'Olonne. Donc je lâche le jury du marin de l'année. Je vais au sable. Je vais voir le bateau, je rallonge la liste que Jean-Luc m'avait donnée, et j'appelle tout de suite les deux gars qui peuvent m'empêcher de le faire, ou qui peuvent m'aider à le faire. J'appelle Alvarde Mabir, avec lequel j'avais navigué sur le tour de l'Europe, et Lionel Lemont-Choix. Et Alvarde, parce qu'il me connaissait, il connaissait le bateau, j'avais grande confiance, et Lionel pour savoir aussi s'il me connaît, et s'il peut me donner un coup de main, etc. Et les deux me disent, séparément, Ça va être une opération commando à la Chabot, comme d'habitude, parce que j'en avais déjà fait d'autres. Mais écoute, le bateau, il est marin. Toi, tu viens de passer l'année sur l'eau. J'étais super bien sur l'eau. J'étais tout le temps sur l'eau. Et on s'en dit, allez, non, tu... OK. Et je demande à Lionel, t'es prêt à me suivre ? Il me dit oui. J'appelle Anne, Combier, qui me dit, non, non, non, t'es complètement malade.
- Speaker #1
La seule raisonnable dans l'histoire, quoi.
- Speaker #0
Ah non, moi, je refuse d'être responsable, de t'envoyer faire un tour du monde en solitaire. Enfin,
- Speaker #1
quelqu'un de sérieux.
- Speaker #0
Et j'appelle Whirlpool.
- Speaker #1
C'est génial.
- Speaker #0
J'appelle Whirlpool et j'ai dit à Morifonias de Villene, est-ce que... Écoute, il y a une opportunité, mais il me faut la réponse tout de suite. Il me dit, écoute, laisse-moi quand même réfléchir. Laisse-moi, je te donne une réponse à la fin de la semaine. On était là.
- Speaker #1
Tu leur demandes combien tu peux dire aujourd'hui ? Tu demandes combien pour...
- Speaker #0
On louait le bateau. C'était en francs. Je crois que ça nous a coûté un million et demi, un million deux, je crois, au total.
- Speaker #1
C'est une question de bateau. Le budget total, c'est un million deux. Oui,
- Speaker #0
parce qu'il faut remettre du plomb dans la... Il faut, il y a un... Voilà. Et j'appelle tout de suite... Hubert Desjoyeaux, pour savoir si avec Anne... Oui, j'appelle tout de suite Hubert. Pourquoi j'appelle Hubert ? Parce que le bateau a été construit chez CDK. Et je lui dis écoute Hubert, pour l'instant je n'ai pas la réponse du sponsor, mais je dois absolument préparer une équipe. J'appelle tout le monde. Lionel est prêt à coordonner les travaux. Hubert, il est prêt à accueillir le bateau à la fin de la calife. Et puis la voilerie est prête. J'ai le temps de faire un jeu de voile. J'appelle Zolive, notre Zolive nationale, pour l'électricité, pour l'électronique. Et puis, il y avait Spock aussi, qui était un copain de... Enfin bref, je réunis toute une équipe. Et même, je découvre, je fais connaissance de Patrick Julien, Juju, qui va nous donner un coup de main. Et donc, toute la semaine, je dis à tout le monde, écoutez, on fait comme si on partait. Vous me faites un... Voilà, vous regardez, on se met déjà en ordre de marche. Mais dès que j'ai la réponse de Whirlpool, etc. Le vendredi, coup de fil de Whirlpool. J'habitais à l'époque à Locke-Mariaquer. J'ai vu une maison avec un petit étage que je louais 3 francs 6 sous. Et Whirlpool m'a dit, écoute, Catherine, j'ai une mauvaise nouvelle. On va te suivre. Et alors là...
- Speaker #1
Pourquoi une mauvaise nouvelle ?
- Speaker #0
Parce que c'était un jeu de mots, etc. En fait, c'est de super nouvelles. En fait, ils avaient réussi à... a trouvé un budget de sponsoring avec un partenariat avec le groupe Europe 1 qui laissait de l'espace publicitaire en échange de quoi, eux, dégageaient une enveloppe. La seule chose, ils me disent, ils me disent, je ne pars pas sans Anne Combier, parce qu'Anne avait déjà managé, on avait couru sous les couleurs de Whirlpool et elle avait déjà managé, etc. Et Anne, elle m'en parlait encore il y a deux jours parce qu'on reparlait de tout son incroyable parcours. Elle m'a dit quand même. Et lui se fait fort de convaincre Anne. Parce qu'il me dit, moi, je ne pars pas sans Anne. Tous les deux, on ne partait pas sans Anne. Parce qu'il fallait gérer des contrats, payer les fournisseurs. Moi, je n'avais pas le temps. Et Anne finit par dire OK. Et donc, je rappelle. Du coup, j'appelle toute la bande. Et je leur ai dit, rendez-vous sur le bateau. Rendez-vous sur le bateau le lundi matin. puisque le recours de fil était, donc on était, je pense, le 30 septembre, tu vois. Et il fallait que le premier, je largue les amarres. Et on annonçait 45 nœuds dans le golfe de Gascogne. Faire les choses simples. Et donc, tout le monde est là et je répartis un peu les... Tout le monde, voilà, découvre ce qu'il y a à faire, etc. Et repars avec une job list. Et pendant les 10 jours, et je pars, donc le premier, je descends. Il n'y avait pas de moteur sur le bateau à l'époque. Donc je suis remorquée pour partir et le premier au matin Lionel me largue avec la bande pour partir faire ma calife. Et je me prends baston etc. Mais bon, j'étais pas plus embêtée que ça, un peu, je sais même pas si j'étais nauseeuse en tous les cas. Je tire mon bord, je tire des bords vers la pointe de la Bretagne et d'ailleurs je commence à prendre des notes. Et je me dis, c'est au large de la pointe de la Bretagne où je réalise que je vais partir faire le tour du monde dans un mois, même pas. Et là, vraiment, je prends conscience de ce que je suis en train de faire. Seulement maintenant que j'ai un mois et qu'il y a tout à faire. Et je pense qu'il y a une dose d'inconscience dans l'idée de partir. Enfin, il faut de l'inconscience. Et au large de la Bretagne, je ne sais plus à quel moment. Et à un moment, tu sais, c'est un bateau en carbone. J'entends un... Le cri, le bruit d'un dauphin, tu les entends parfaitement, tu les reconnais parfaitement au travers de la coque en carbone qui communique bien les sons. Et l'eau aussi. Je sors, il y en a un, il y en a dix, il y en a cent. Je me dis, après les signes, il y a d'autres signes. Les dauphins, ils veulent que j'y aille. Bref, je finis la calife, je ramène le bateau direction Port-la-Forêt. Hubert sort le bateau. Le met dans la cale, on remet du plan dans la quille, etc. Et là, une ruche autour du bateau, moi et Jean-Baptiste Léperon, JB, à qui je demande... de faire, c'est lui qui me propose, je crois. Il fait sa première, après son bateau, ce bateau a été le premier bateau qu'il a décoré. Il me fait une déco, etc. Et puis la ruche se met en œuvre et on rejoint la ligne de départ, les sables d'Olonne à temps, etc.
- Speaker #1
C'est complètement dingue comment ça résonne par rapport au niveau de préparation des marins d'aujourd'hui, par rapport à l'Everest en termes de préparation qu'est un Vendée Globe aujourd'hui. le niveau de professionnalité des équipes, la planification quatre ans avant, etc.
- Speaker #0
Ce que je vais vivre, moi, sur mon deuxième Vendée Globe.
- Speaker #1
Voilà, mais ça semble tellement surréaliste, même pas raisonnable. Anne Combier est la seule à avoir une réaction rationnelle.
- Speaker #0
Rationnelle,
- Speaker #1
complètement. C'est fascinant de l'époque. Et surtout, autant de professionnels qui disent « Oui, bien sûr, ça va le faire, on va y aller. » Mais après, on est porté, j'imagine, par justement... Pour le coup, cette forme d'inconscience doit porter un peu tout le monde en vivant.
- Speaker #0
C'est une opération commando à la Chabot. Et c'est amusant parce que j'y pensais hier. Je me disais, mais ce que je suis en train de faire avec l'Institut français de la mer, où j'essaie de relancer, etc. C'est dans ces moments. Tu sais, c'est un peu comme... Je vais prendre une comparaison pour un journaliste, mais pour plein de choses. C'est un peu le bouclage d'un canard. Tu vois, quand tu es... Moi, en fait, là où je suis bonne, C'est en fait, quand tu es pressé par le temps et que tu dois être très opérationnel et que tu coordonnes les choses et que tu es convaincu qu'il faut. En fait, le plus important, c'est de décider de faire quelque chose. Une fois que tu l'as décidé, je n'ai jamais remis en question. En fait, je trouve que le moment, la bascule, elle se fait quand tu prends la décision. Mais quand tu as pris la décision, je suis sûre que tu peux témoigner de la même chose aussi dans ton parcours. Non ?
- Speaker #1
Peut-être pas comme ça.
- Speaker #0
Et alors, ce qui est dingue, c'est qu'on va...
- Speaker #1
On avait Marc Tiersolin dans ce même podcast il y a 15 jours. Quand il raconte, lui, il fait une mise en chantier de bateau neuf du printemps pour le départ du Vendée Globe. Je pense que c'était aussi une autre époque en termes d'organisation.
- Speaker #0
Et c'était génial de pouvoir faire ça, objectivement.
- Speaker #1
Oui, bien sûr.
- Speaker #0
Parce que, alors je ne dis pas que ce n'est pas bien aujourd'hui de pouvoir faire toutes ces sélections, etc. On est vraiment passé dans un autre monde. Mais... Heureusement que ça a été possible en tous les cas pour moi. Et alors l'histoire...
- Speaker #1
Mais surtout ça passait, tu as fini le Vendée Globe, les projets étaient faits, ils étaient complètement incontournables, mais ils passaient.
- Speaker #0
Une clé de 14. Parce qu'en fait j'ai deux groupes électrogènes, j'ai pas de moteur, mais j'ai deux groupes électrogènes, et comme j'ai chaviré dans l'océan Indien, du reste j'aurais vraiment pu y rester, c'est un moment assez marquant de mon premier Vendée Globe. Mes groupes électrogènes sont tombés en pâte, j'ai jamais réussi à les démonter parce qu'il me manquait la bonne clé. Mais avant le départ, Il va m'arriver un truc aussi, que personne n'a vraiment su, parce qu'on ne l'a pas vraiment dit dans les médias, c'est que le jeudi, donc on part le dimanche, le jeudi, j'ai Jean-Yves Chauve, le médecin de la course, qui a pris mon dossier, quand même j'ai eu le temps de faire un dossier, etc., qui me dit « Catherine, j'ai un problème, je ne peux pas te laisser partir. » Parce que j'avais un problème à l'épaule, à l'époque, j'avais pas des luxations, c'est-à-dire que je me déboîtais pas complètement, j'avais ce qu'on appelle des subluxations. où tu te déboîtes à moitié, mais ça revient, mais tes ligaments sont un peu distendus. Et ça m'était arrivé pendant, notamment, ça m'était arrivé à ski, la première fois. Je participais déjà au Trophée Mer et Montagne et ça m'était arrivé sur la transat anglaise. Et Chauve m'avait appris un truc. Si ça t'arrive, il m'avait appris deux trucs. Si vraiment tu dois te déboîter, tu te fais un tour. Tu mets un bout autour de ton poignet. Le bout, tu lui fais faire le tour du winch et tu te dé-revoites, etc. Je connaissais aussi un autre truc parce que les hommes, quand ils se luxent, ils se font bien plus mal. C'était arrivé à Jerry Roof, il s'était suspendu à sa baume sur la transat anglaise. C'est arrivé à Poupon, c'est arrivé à Tabarly aussi de se luxer, etc. Et puis l'autre truc aussi que j'avais appris, c'était à me faire des strappings, en fait, pour tenir mon épaule, etc. Mais il me dit, je ne peux pas te laisser partir parce que si tu te déboîtes vraiment l'épaule sur le Vendée Globe, tu risques de perdre ton bras, etc. Moi, j'ai besoin de quelqu'un qui me contre-signe et j'ai besoin que tu vois quelqu'un. Il me prend le jeudi, il me prend un rendez-vous, enfin, il me dit ça le mercredi et j'ai rendez-vous jeudi à Paris. Je fais les Sables d'Olonne Paris à la Salle Pétrière au service du professeur Saillant. Je vois Saillant et je vois un de ses... Un de ces chirurgiens qui essaie de me déboîter les épaules, qui me dit « De toute façon, vous êtes l'axe des deux côtés. Vous avez autant de risques à droite qu'à gauche. Mais moi, je vous signe l'autorisation de partir. » Et donc, je retourne au sable et je pars et je largue. Et ce départ du Vendée Globe est extraordinaire. Extraordinaire. Je largue les amarres. J'ai l'impression que c'est toujours... beaucoup d'émotions quand j'en parle, en me disant je pars faire le tour du monde.
- Speaker #1
C'est là que tu te rends compte de ce que tu vas faire.
- Speaker #0
Sans savoir ce que tu as à dire.
- Speaker #1
Je cacherai ce qui a été pris dans le roche, et c'est en larguant les amarres que tu te rends compte de...
- Speaker #0
Je trouve que c'est... À la fois, je mesure que je suis en train de larguer les amarres et que je vais partir faire le tour du monde. Aujourd'hui, ça a l'air banal parce que le fait qu'il y en ait plein aujourd'hui, qu'ils le bouclent en 64 jours. J'ose à peine dire que je l'ai couru, je l'ai bouclé en fin 40. J'étais pas fière. Mais j'étais... c'est magique tu sais quand t'es gamin tu joues dans la cour de récré. Tu te dis allez on... tu te prends pour... pour... oui pour un explorateur. En fait je me prenais... voilà il y avait un côté exploration.
- Speaker #1
C'est à dire que la dimension symbolique du Vendée Globe qu'on oublie tous autant qu'on ait. Ce côté justement un peu romantique, de faire un tour de la planète. Toi, tu en avais un temps à ce moment-là.
- Speaker #0
J'en prends complètement conscience et je goûte à ce moment-là.
- Speaker #1
Certains vont faire le Vendée Globe. Je goûte au bonheur de larguer,
- Speaker #0
tu vois, de ce moment où tu largues les amarres et tu te dis la prochaine fois que je remets les amarres à terre, je remets le pied à terre, c'est là, ici, au sol. Mais entre-temps, je vais faire le tour de la planète. Et ça, j'en prends absolument la conscience. Avec une jouissance incroyable. C'est-à-dire que c'est un moment absolument délicieux. Ce n'est pas que je n'ai même pas peur. Oui, je suis peut-être inconsciente, mais je sais que cette histoire, je la veux. Et c'est très amusant parce que quand je vois le bonheur de ceux qui découvrent ça pour la première fois. Violette, tout le monde parle de Violette aujourd'hui, mais c'est vrai que tout le monde nous parle de sa fraîcheur. Oui, elle en parle bien de ça. mais elle n'est pas la seule à en parler du reste mais elle fait partie des... quand tu découvres ce bonheur de faire le tour du monde et puis j'ai un moment en plus et ça j'en parle aussi très régulièrement c'est très léger autour de moi parce que mes parents et notamment maman vivent ça c'est pas rien, j'ai quand même conscience que je pars et que peut-être que je ne vais pas revenir je suis obligée de me le dire quand même dans un coin de ma tête Et j'embrasse mes parents en me disant peut-être que je les embrasse pour la dernière fois, mais persuadé quand même que je vais revenir. Et maman qui me dit, pars libre et légère et ne te charge pas de nos émotions. Tu vois, ça je me dis qu'un jour il faudrait peut-être que j'écrive un bouquin dont le titre ce serait ça. C'était écrit, c'était encore écrit dans mon bateau. Tu vois, j'en ai toujours beaucoup d'émotions. Cette mère, je suis devenue mère moi depuis.
- Speaker #1
T'arriveras à dire ça à ton fils ? Ah oui, voilà.
- Speaker #0
Tu sais, c'est lui qui m'a écrit, parce qu'il connaît cette phrase. Avant le départ de Vendée Globe, de la Route du Rhum, il y a deux ans, ils me font, à un moment, ils me disent, barre-toi, va autre chose. Ils me disent, lui et son père, Jean-Marie, comme il s'appelle mon fils. Et je reviens et j'ai plein de phrases, des trucs que je découvre et des photos, tu sais, souvent. Ils font ça, les marins, les entourages. Je découvre des photos et j'ai une photo de maman dans un coin. Et j'ai l'écriture de mon fils autour de la photo. Je ne l'ai pas vue tout de suite, je l'ai vue, j'étais en mer. Et mon fils qui m'écrit par libre. Tu vois, c'est amusant parce que je trouve, maman a toujours... L'attitude de mes parents à chaque fois que j'ai largué les amarres a toujours été celle-ci. Et j'ai beaucoup de chance de ça. J'ai beaucoup de chance de ça. C'est ça qui m'a... aider à partir libre et légère. C'est-à-dire qu'au moment où je largue les amarres pour partir faire ce tour du monde, je suis en pleine possession de mes moyens. Et alors ?
- Speaker #1
Et tu n'es pas écrasé par cette émotion ? Tu arrives à en jouir, comme tu disais, de cette perspective-là ? Parce que c'était un grand enjeu, je n'ai jamais pris le parti Vendée Globe, mais pour le vivre depuis le ponton... L'émotion emporte tout et beaucoup de choses et donc pourrait emporter cette capacité à en profiter.
- Speaker #0
Tu te concentres sur le geste de Marin. C'est marrant parce qu'on en reparlait avec Thomas Coville. On était côte à côte sur le ponton quand Justine Métrou a largué les amarres. Et tu la vois, Justine, c'est elle qui récupérait les amarres et elle ne regardait même pas le ponton, etc. Et Thomas qui me redit ça, c'est-à-dire ce moment où tu pars, tu es... Tu... Tu es déjà, de toute façon, tu es déjà parti dans ta tête déjà depuis plusieurs jours, parce que tu as, comme tu le sais, tu te plonges déjà dans les prévus météos, etc. Tu regardes la route que tu vas faire, donc tu es déjà un peu parti. Donc non, c'est léger. Et le moment aussi qui est, et j'entends encore sa voix, le dernier à débarquer du bateau, c'est Lionel. Et Lionel, note le monchois, on le connaît, il a des côtés, c'est pas le plus... le plus expressif en matière d'émotion. Il est là, il a la voix qui chevrote. Il me dit, tu es prudente. Il me dit, tu reviens, tu reviens. Et c'est lui le premier qui est monté à bord quand je suis rentrée. C'est lui qui est premier. Mais l'émotion qu'il a aussi à mon arrivée, c'était... Voilà, mais c'est un moment de dingue. C'est un moment de dingue.
- Speaker #1
Et alors... tu as eu le temps de te projeter dans le Vendée Globe parce que comme c'est une opération commando mais pour le coup vraiment radicalement commando t'as envie de le faire mais c'est pas dans ton récit en tout cas tu ne le portes pas depuis 20 ans quoi est-ce que tu as eu le temps de te projeter dans le Vendée Globe et donc du coup celui que tu vis il est comme tu le pensais ou tu ne fais que découvrir des choses, comment est-ce que tu vis ce tour là ?
- Speaker #0
L'air de rien, je me suis quand même pas mal préparée, c'est-à-dire que pour les transats et même pour le Vendée Globe, j'ai fait des stages météo. J'ai quand même, je me suis, je te dis, voilà. Donc, je me suis déjà, j'ai l'impression de partir préparée.
- Speaker #1
Même s'il y a six semaines de préparation.
- Speaker #0
Même s'il y a six semaines, parce que, à ce moment-là, ce qui n'est pas toujours le cas en 60 pieds, parce qu'avec mon deuxième bateau, on va avoir beaucoup plus de périodes de chantier. qui sont un peu frustrants parce que du coup tu navigues pas, alors que là j'ai beaucoup beaucoup navigué cette année-là. Et donc, et même pour tout te dire, mon premier stage de météo pour la Mini Transat 91, je l'ai fait, je l'ai suivi à Toulouse avec les skippers qui allaient courir le Vendée Globe 92, et notamment Poupon. Et moi j'étais super impressionnée parce que je suivais un stage météo avec Monsieur Poupon, il y avait VDH aussi, ou je sais plus qui est-ce qu'il y avait. Non, je me sens préparée. Et après, tu sais, moi, j'ai toujours dit, quand tu pars et que tu ne sais pas, et je fais pareil avec tous les projets, c'est tellement énorme de te dire que tu vas partir faire le tour du monde qu'il faut saucissonner. En fait, tu te projettes dans un futur qui est appréhendable par ton esprit d'être humain. C'est-à-dire que tu arrives à te projeter dans les premières heures de course où il faut... franchir la ligne de départ sans se faire tamponner. Il faut traverser le golfe de Gascogne.
- Speaker #1
Alors, c'est quoi la séquence d'après ? Tu dis que tu séquences pour pouvoir préparer le futur dans des séquences proches. La séquence après le départ, c'est quoi ?
- Speaker #0
Oui, alors déjà, il faut comprendre que pour ce Vendée Globe, inscrite au dernier moment, je n'ai pas le bateau le plus rapide. Moi, mon objectif, ça va être de boucler mon tour, mais en même temps, j'aime la compétition. et je vais essayer de faire au mieux. Donc, quand je te dis que je séquence, c'est-à-dire que je me dis d'abord traverser le golfe de Gascogne, pour moi, il y a une grande séquence entre Cap Finistère ensuite et le Poteau Noir, puisque, comme tu le sais, il faut viser l'endroit où tu vas passer, etc. Et au fur et à mesure, tu rentres dans ta course, etc. C'est très rapidement... les plus rapides, les plus affûtés s'éloignent. Donc déjà, il y a le fameux la distanciation qui commence à toucher un peu le moral. Mais il faut rentrer dans ta course. Et heureusement, il y a autour de moi tout un paquet avec lequel je vais régater quasiment jusqu'au bout, à condition qu'il n'abandonne pas, puisqu'on est 15 au départ et on ne sera que 6 à l'arrivée. Et c'est surtout avec Pete Goss, dans toute cette descente de l'Atlantique, Ma grande rencontre, c'est Pitgoss, avec lequel on... Il faut se dire que ce Vendée Globe, c'est le dernier avec la BLU, donc les marins communiquent. un peu avec la terre pour les vacations radio, mais surtout entre eux. C'est-à-dire qu'on se donne des plages horaires et des fréquences radio sur lesquelles on se retrouve. Et on se fait plutôt par groupe avec lesquels on se tire la bourre. Et avec Pete, qui a un bateau un peu plus petit, qui est à 50 pieds, sur lequel je crois, c'est sur son bateau qu'Hélène MacArthur va courir la route du Rhum, me semble-t-il. Aquacorum et on ne se connaissait pas du tout avant le départ. Et on se découvre, on dialogue, on passe. J'ai des images où je passe l'équateur alors que je suis en ligne avec lui. Et la descente de l'Atlantique Sud, un vrai bonheur. Je découvre, si tu veux, je suis à la fois dans la compétition, mais aussi, je pense que je suis probablement plus, entre guillemets, aventurière que régatière, même si j'aime la régate. Au départ, je me voyais comme une super régatière. Je pensais que j'allais sur toute l'année, où en 92, j'ai eu plutôt des bons résultats en mini. Je me disais, je vais tout péter. J'étais vraiment, j'aime la compétition. Et même en croisière. j'ai toujours à vouloir régler, etc. Je ne lâche pas prise. Mais je n'ai pas non plus le background, forcément. Et moi, il y a des moments où je ne suis pas... Je me rends compte. Je mets du temps à me rendre compte. Je ne suis pas forcément dessus tout le temps. Je m'autorise, même si j'essaie quand même d'être dessus le maximum. En fait, il faut aussi que... Tu vas chercher ton jus parce que tu as du plaisir. Donc moi, j'ai une... J'ai une gestion de la bonne femme, du bateau et de la bonne femme, et du plaisir qui fait partie de l'essentiel. J'ai appris qu'on pouvait se faire mal. Hélène MacArthur, c'est une femme qui me disait, Mark Turner, que quelque part, ce n'est pas qu'elle aime se faire mal, elle est capable de se faire mal, Hélène. Et ça, ce n'est pas moi. Peut-être malheureusement. Ou heureusement, je ne sais pas ce qu'il faut dire. Cette descente de l'Atlantique Sud est magique. Je suis là. Toutes les nuits, à regarder la voûte céleste, à chercher la croix du Sud. J'ai un petit livre avec lequel je suis partie sur les étoiles. Combien de fois ils regardent les étoiles maintenant quand ils sont de leur bateau avec leur foiler ? Avec mes jumelles. Et j'ai un bonheur infini sur l'eau. Ce n'est pas forcément facile, mais etc. Et puis arrivent les mers du Sud. Et chaque séquence, j'ai vraiment l'impression, je me prépare, j'anticipe beaucoup. Je suis vraiment le marin qui anticipe. Parfois trop, mais j'anticipe. Et je suis celle, on est dans le paquet derrière. Alors, il y en a déjà plusieurs qui ont abandonné quand on arrive dans les mers du Sud, qui se prend la première très grosse dépression avant les Kerguelen, où je me retrouve à faire une double bêtise. Derrière un front où je dois avoir déjà plus de 60 nœuds de vent, etc. Une mer absolument... énorme. Je veux encore réduire la toile, alors qu'il faut garder de la toile. Et je n'empanne pas, parce que je me disais, je vais essayer de regagner un peu vers le nord. J'étais déjà assez sud. Et j'aurais dû empanner, parce que tu sais ce qui se passe. Tu as le front qui passe, donc le vent qui a longtemps été du nord-ouest a creusé. Tu as des vagues, une houle de nord-ouest. Mais quand il passe au sud-ouest, forcément, si tu es bâbord à mur, ça va... Bref. À un moment, il faut en paner. C'est même écrit dans la longue route de Moitessier. Il décrit, il fait un petit dessin. Il fait non, non, il faut en paner là. Si tu veux te retrouver perpendiculaire aux déferlantes. Et à un moment, sans doute parce que je n'en menais pas large, je ne sais pas combien j'avais de vent, parce que je pense que mon animaux n'étaient pas d'une fiabilité totale. Je vais dehors pour affaler complètement ma grand voile. Alors je suis sur un catch.
- Speaker #1
C'est un catch.
- Speaker #0
Voilà, c'est ça, c'est un catch. J'ai déjà plus de voile de tape-cul derrière. Puis le bateau, attends, en fait, je ne le connaissais pas. C'est-à-dire que je ne connaissais pas le bateau. J'ai fait ma calife. J'aurais pu, si j'avais passé toute l'année sur ce bateau-là, mais je ne le connaissais pas. Donc en fait, si tu veux, ma capacité à appuyer sur le champignon, elle est limitée par ma méconnaissance quand même du bateau. Ça ne m'empêche pas de naviguer toute la descente de l'Atlantique quasiment sous spie, mais quand même, je découvre le bateau et ce gréement. Et là, je veux complètement affaler ma grand voile, je m'attache en deux points et j'entends derrière moi arriver, j'entends le grondement d'une déferlante. Tu l'entends ? Je l'entends avant de la voir. J'entends le grondement et je me retourne et je comprends que le bateau va basculer.
- Speaker #1
Donc,
- Speaker #0
psychologiquement, je suis au pied de mât, attachée en deux points, en train d'essayer d'affaler la grand voile. Et j'ai du mal parce que tu sais, tu es au portant, etc. J'essaie d'affaler la grand voile et là, je n'ai plus le temps. Et ça va très, très vite. Et je comprends que le bateau, j'ai juste le temps de comprendre que le bateau va basculer, je ne sais pas jusqu'où. Et j'en serre le mât et je me dis, j'ai juste le temps de me dire. J'y reste ou j'y reste pas, c'est qu'on en reste à 34 ans, d'en finir à 34 ans. Et le bateau est bousculé par la déferlante. Je pense que je vais plus loin que la tête de mât dans l'eau. Mais heureusement, et ça c'est le plomb dans la quille, merci VDH et merci Hubert. Le bateau se redresse tout de suite. Donc, je suis toujours autour du mât. Mais là, je n'ai pas eu le temps d'avoir peur. Mais rétrospectivement, mon esprit a eu du mal à se dire, j'aurais pu faire le grand tour. Et je pense que si j'avais été plus loin, je ne serais plus là pour le raconter. Et là, je ressors de là totalement tremblante. Je rentre à quatre pattes dans le cockpit. Et là, c'est l'apocalypse. tous les bouts sont passés à l'eau. La grand voile, elle est à moitié arrachée du mât. Elle est déchirée à certains endroits. Je ne sais pas comment, d'ailleurs. Et je rentre, je ramasse, si tu veux, je fais les gestes de marin d'urgence. Et je rentre à l'intérieur en me disant, je vais me faire, je vais me poser deux secondes et je vais me prendre un bout de sucre, je ne sais pas quoi. Et j'arrive à l'intérieur, c'est l'apocalypse. Il y a deux banquettes dans le cigare rouge. Et donc les coffres, tout est rangé à l'intérieur. Normalement, les coffres sont fermés, mais peut-être que je n'avais pas mis. Est-ce que j'avais ? Je ne sais plus. Enfin, est-ce que je les avais fermés ou pas ? Je ne sais pas. J'ai mes boîtes à outils. J'ai retrouvé pendant longtemps. J'ai retrouvé des rondelles qui étaient collées au plafond. J'ai une bouteille d'huile d'olive que j'ai retrouvée. J'ai retrouvé de l'huile d'olive au plafond. Donc, ça te donne une idée. Mon ordinateur n'avait des ordi. À ce moment-là, on communiquait par écrit, par standard C. Et puis, mon agrafax est encore, enfin bref. Et là, je commence à ranger et là, je mesure que je ne suis pas passé loin. Et je préviens tout de suite, il se trouve que c'était juste avant notre vacation avec Pete. Et j'appelle Pete Goss pour le prévenir en lui disant, écoute, je viens de chavirer. Et il me dit, et Pete qui a fait les commandos de Marine, me dit Catherine, tu te poses, tu prends tout de suite un thé, prends-toi un thé et put six sugars. In your tea Six sugars in your tea Je m'en souviendrai toujours Et ça c'était avant Que les balises de détresse soient déclenchées Par les petits camarades Et là c'est un tournant quand même Je suis avant les Kerguelen C'est assez tôt dans l'Indien Puisque je pense que c'est pas très loin De Marion Island etc Je raconte tout ça dans mon Premier bouquin qui s'appelle Possible rêve Et je vais mettre des semaines à réparer progressivement, à me reconstruire, etc. Mais chaque avarie que je parviens à réparer, c'est des victoires de dingue. D'arriver à remettre mes chariots, j'en ai pas 36, il faut juste arriver à remettre un axe, des goupilles, des machins, des trucs. Il faut soulever la voile qui pèse un an de mort. Normalement, en équipage, il faudrait être 3-4 pour faire ça. et tu te trouves les solutions, etc. Et donc à chaque fois d'ailleurs aujourd'hui que j'entends un marin qui est face à... Je sais qu'il va trouver la solution, je ne sais pas comment, mais je suis à peu près sûre qu'il va trouver la solution. Et je retrouve cet état d'esprit où quand tu as trouvé la solution, tu es champion du monde. La course, tu peux arriver dernier, tu as réussi, tu as réussi ça. Parce que tu as... Je suis absolument convaincue pendant tout mon tour que je ne m'arrêterai pas et je ne veux pas envisager même l'hypothèse... de l'abandon. Donc, je mettrai le temps qu'il faudra, mais j'y arriverai.
- Speaker #1
C'est un projet de mode quand même, après cette vague.
- Speaker #0
Alors, si tu veux, après moi, il y a Raffaele Linelli qui déclenche sa balise de détresse. Et là, je suis en train de me dire, je suis juste... Mon esprit n'arrive même pas à envisager dans quelle situation il peut être. C'est-à-dire que moi, je me sens extrêmement vulnérable, mais finalement, mon bateau, il est entier. petit à petit j'arrive à régler les problèmes les uns après les autres mais je suis pas du tout en situation de déclencher une balise de détresse tout va bien quoi finalement donc si lui déclenche sa balise de détresse c'est qu'il est dans une situation extrême et heureusement que je ne vois pas les images à l'époque si tu veux cette... c'est quelque chose qu'il faut avoir en tête il faut comprendre qu'on en voit une image nous on a tout ça en tête c'est même une...
- Speaker #1
C'est un décor presque. Mais toi, tu ne l'as pas du tout, ça.
- Speaker #0
On n'a rien. Et même, on ne se... Sauf si tu as une glace à l'intérieur, un miroir dans ton bateau, tu ne te vois pas. Tu ne vois pas Dieu. Je n'ai pas vu Dieu. Je n'ai jamais eu personne en visio. Ça n'existe pas. Et donc, d'abord Raphaël, puis Thierry, puis... Tony Bully mort, je ne sais plus dans quel sens c'était pour Thierry et Tony. Et je suis toute cette histoire, je suis même déroutée au départ pour Raphaël Dinelli, on est dérouté Pete Goss et moi et finalement c'est Pete qui va les... Mais on enchaîne plusieurs dépressions monumentales, tu vois. Et donc, pendant cette période-là, je me reconstruis petit à petit. J'essaie de remettre un peu... Je suis plus en mode survie qu'en mode course, de toute évidence. Et puis les premiers, ils se sont barrés, etc. Entre-temps, t'as Isabelle qui a dû faire escale, avant même que je ne retourne. Et qui est déjà repartie. Qui est déjà repartie, puisqu'elle sera déjà devant moi, puisque... Au moment où Jerry Roof, on n'a plus de nouvelles, elle va faire partie de ceux qui ont fait demi-tour. Mais les victoires, c'est dingue. Il y a un truc sur lequel je n'ai jamais communiqué à l'époque, et avec le recul, finalement, j'aurais peut-être pu, c'est que je n'avais pas de moteur, deux groupes électrogènes que je n'ai jamais réussi à faire démarrer, donc il me restait un petit panneau solaire et un plus grand, et deux éoliennes. Dans le chat-virage, mes deux éoliennes... toutes les deux ont fini par rendre l'âme et à un moment je me suis dit j'ai pas le choix et bon je suis un peu technique je te disais que j'aurais aimé faire des études d'ingénieur mais je suis pas non plus très technique je suis pas très douée en électricité objectivement je suis pas très douée mais bon j'ai tenté avec deux éoliennes d'en faire une de chanter, je me souviens très bien j'ai chanté la bobine et j'ai demandé à la vacation à Philippe Janteau tu crois que je peux chanter la bobine ? Il m'a dit « Oui, oui, tu peux chanter la bobine » . Donc tu vois, c'était le truc. Et j'ai chanté la bobine et j'ai réussi. Le jour où mon éolienne m'a redonné du jus, j'étais championne du monde, mais du coup, quasiment des Keragelen ou de ce chavirage jusqu'à l'arrivée, en plus je suis tombée en panne de tout, etc., je me suis mise en mode totale sobriété. C'est-à-dire que sur ce bateau, il y avait des pilotes automatiques. qui étaient des vérins auto-helm. J'avais un auto-helm 2000, un auto-helm 4000. Donc, tu n'avais pas de mode vent à l'époque. Ça n'existait pas. Tu étais donc toujours en mode compas. J'ai mis du temps de mettre au mode vent sur mon bateau suivant. Et encore, je n'y étais pas tout le temps. Et je coupais tous les instruments. Je coupais tout le temps mon GPS. Je le rallumais. De temps en temps, je regardais. Je tenais mon estime. Donc, il fallait régulièrement. Mais je n'étais pas au sextant. J'avais mon GPS qui fonctionnait. Je l'allumais, etc.
- Speaker #1
C'est-à-dire que tu as barré ?
- Speaker #0
Non, je n'ai pas barré. Non ? Non. Mais en revanche, merci VDH, qui m'a beaucoup aidé dans ma préparation. Même dans les 15 jours, il m'a beaucoup aidé. Il m'a passé beaucoup d'infos. Jean-Luc, ce bateau, c'est sa philosophie. Bateau étroit qui peut descendre. plus léger, un bateau sobre, un bateau simple. Et il avait prévu pour le prêt un amarrage de barres. J'ai fait tout le prêt, tout le prêt de barres à marée.
- Speaker #1
Incroyable.
- Speaker #0
Parce que barres à marée, tu t'aperçois que, en fait, du coup, le bateau, quand tu règles bien ton amarrage de barres, tu fais du prêt océanique, en fait. Ça ne marche pas quand tu fais du côtier. Ce n'est pas terrible pour le côtier, quoique.
- Speaker #1
Mais au large, c'est gérable.
- Speaker #0
Mais au large, c'est super gérable. J'ai fait du capote à l'arrivée, j'ai eu que du prêt, j'ai fait que barre à marée. Et dans le sud, j'ai eu beaucoup de prêts, j'ai fait que barre à marée. Aïe,
- Speaker #1
d'où ma question.
- Speaker #0
Voilà, j'ai fait du... J'ai fait... Voilà, donc effectivement, mais cela dit...
- Speaker #1
Parce qu'au portant, tu aurais été obligée de barrer, quoi.
- Speaker #0
Oui, alors j'ai un peu barré pour me faire plaisir. J'ai fait un peu de speed dans le sud parce qu'il y a des endroits où j'ai eu du petit temps. Mais j'ai aussi été à la cape à plusieurs reprises parce que j'ai laissé passer un ancien cyclone qui descendait vers les mers du sud au large de la Nouvelle-Zélande. Et juste avant de passer le cap Horn, j'ai eu du vent contraire. Je me suis remise à la cape et à l'époque, je commençais à ne plus avoir aucun moyen de communication. Standard C, ça ne marchait plus, plus d'ordi. Je n'avais plus que la radio qui n'a quasiment pas marché dans le Pacifique. Et devant le cap Horn... Avant de passer le Cap Horn, je me suis mise à la cape. Et pour signifier à la direction de course, pour rassurer la terre parce que je devais avoir une vitesse négative, tu sais, sur les balises Argos, tu as une position présence à bord. Présence à bord, oui. Présence à bord. Donc, je mettais présence à bord régulièrement pour leur dire, écoutez, ma vitesse, elle doit vous inquiéter, mais tout va bien, etc. Et puis, j'avais des boules caisses. Et dans ces cas-là, quand je me mettais à la cape, je prenais un bouquin. J'ai lu 20 bouquins sur mon premier Vendée Globe. Mais tu sais quoi ? Celui qui a gagné, Christophe Hauguin, j'étais un peu... Et à la fin, je me suis dit, ça fait un peu tâche la navigatrice, la coureuse au large qui lit 20 bouquins. Christophe, il a aussi lu 20 bouquins sur ce Vendée Globe. Parce que t'es pas tout le temps non plus aux affaires.
- Speaker #1
Jamais la question de t'arrêter ne s'est... Non.
- Speaker #0
Non. Non, j'ai juste appris à un moment où j'ai réussi à avoir la terre, où j'ai réussi à avoir Anne Combier, que mon père était très agacé parce qu'il pensait que je voulais m'arrêter, parce qu'il trouvait que je faisais une route super nord, parce qu'à un moment, si tu veux, après les chavirages des uns et des autres, je pense du côté de Macari j'ai dû faire une route peut-être un peu nord parce que j'avais besoin de recharger mes batteries si tu compares ma route ma trajectoire par rapport à celle de Jean-Luc Vandenette qui a mis 116 jours avec le même bateau moi j'en ai mis 140 Jean-Luc avait un peu plus d'expérience du sud il connaissait déjà bien son bateau il avait couru le Boc avec etc Mais du coup, je n'étais pas très fière de ma course. J'ai fait mon tour du monde à essayer de naviguer de manière la plus propre possible. Mais je n'étais pas très fière. Mais j'étais aussi heureuse en mer. Donc si tu veux, il y a un moment, et puis il y a un moment, tu es complètement coupée du monde. Donc devant le cap-horde, là je comprends que ma BLU est en train de rendre l'âme et j'ai prévenu mon équipe. Ils ont trouvé des radioamateurs. un réseau de radioamateurs dont le point focal est au Canary. Et il y a un des radioamateurs qui est sur un bateau dans les canaux de Patagonie, qui prend contact avec moi en VHF. J'arrive à le contacter, je ne sais plus comment on se contacte. Un Italien que j'ai rencontré des années plus tard en naviguant en terre de feu, génial, qui a fait un guide sur les canaux de Patagonie d'ailleurs. Et il me donne des fréquences radio. Et il me dit, écoute, si tu tombes en panne, de toute façon, tous les soirs, à telle heure, sur telle fréquence, on te donnera la fréquence radio pour le lendemain. Et donc, ton équipe, on l'aura proposée tous les jours, ils te parleront à la même heure. Et donc, les dernières communications avec l'équipe, je les ai eues quasiment au moment du passage du Cap-Horte. Je ne sais même pas si c'était avant ou après. Je pense que c'était après parce que... J'ai entendu dans une vidéo de l'époque que je n'avais pas jamais vue, ma voix dans la communication radio avec la Terre, où je parle de mon passage du Cap Horn, qui est juste un moment de dingue, le plus beau jour de ma vie, etc. Bref, et donc du Cap Horn à l'arrivée, je ne vais communiquer avec personne, sauf un cargo au large du Brésil, à qui je croise. et à qui j'envoie l'info par VHF en lui disant « Est-ce que vous pouvez dire à mon équipe de continuer de me parler sur leurs fréquences radio parce que je les entends ? » Et j'avais ma petite… Tu sais que la radio en question… Donc j'avais un radio BLU émetteur-récepteur et une petite radio qui était celle de ma mini-transat, ma petite Sony,
- Speaker #1
une petite Sony CF7600,
- Speaker #0
qui est que j'ai mise dans le… Je l'ai prêtée à l'exposition, elle est dans le musée de la Marine. Je l'embrassais. Je l'embrassais dès que je les entendais. Si tu veux, cette radio, ça a été mon point de contact. Quand Anne me parlait, parce que c'était Anne. Anne me donnait des informations sur la course. Et notamment, on était quasiment... Donc, il y avait eu beaucoup d'abandons. Les premiers au passage du Cap Horn commençaient à arriver. Et je me tirais la bourre avec Pit Ghost. Donc, moi, si tu veux, ce qui me tenait... en haleine sur ma remontée de l'Atlantique, c'était d'arriver avant Pete Goss, qui avait un 50 pieds, moi j'avais un 60, donc je me suis dit quand même, je ne vais pas me faire doubler par un 50 pieds. Et avec Pete, en plus, on avait noué une super relation. Et on est arrivés le même jour. Et j'ai même, on ne l'a jamais dit, mais c'est Anne qui me l'a rappelé, je l'avais complètement oublié, Janto qui m'avait demandé de ralentir pour laisser Pete arriver, parce que de toute façon, il arrive avant moi, pour lui laisser le temps d'arriver. de remonter le chenal, etc. Donc à la fin, Anne m'a dit ça t'a complètement agacé d'être obligée de lever le pied. Mais en même temps, mes derniers moments, c'est drôle parce que comme les deux premiers ce coup-ci, Charlie et Johan, et même Sébastien, je suis arrivée au niveau de la pointe de la Bretagne. Et entre l'arrivée et puis le vent, il y a eu une bascule, je ne sais pas quoi, en tous les cas, je suis passée au sud des Glénans. J'ai fait les derniers mille sous-spies avec des dauphins autour, etc. Idyllique, idyllique. Et c'est au large de la Bretagne que j'ai pu... par VHF, appeler et entendre pour la première fois. J'ai passé quasiment 35 jours. Et les premiers visages que j'ai vus, c'est un bateau de pêche que j'ai croisé au large. Je les ai vus plusieurs années après, les pêcheurs qui m'ont dit « C'est nous que vous avez croisé, etc. » Je leur ai dit « Vous êtes les premiers visages que je vois. » Je revoyais des yeux qui me regardaient. C'était dingue. On voit qu'on est loin quand même de ce qu'on vit aujourd'hui. On parle de l'âge de pierre.
- Speaker #1
Du coup, c'est des expériences incroyables. Et du coup, le choc de l'arrivée avec le chenal, qui devient une tradition très ancrée aujourd'hui.
- Speaker #0
Mais à l'époque, tu ne savais pas que le chenal était une tradition très belle.
- Speaker #1
En tout cas, la tradition était très récente.
- Speaker #0
En fait, tu imagines, on est un dimanche, le 23 mars, il fait beau. Tu te dis qu'il y aura un peu de monde, il y aura peut-être quelques badauds sur les quais. Anne m'a juste dit, elle ne m'a pas dit grand-chose, elle m'a dit « attends-toi, je sais ce qu'il y a un petit peu de monde » . Et moi, il faut savoir qu'à la fois, tu sais, avant d'arriver, tu repenses à ta course, etc. Et moi, j'étais très imprégnée par cette idée que je n'étais pas fière de ma course, que je n'avais pas très bien navigué, que la compétitrice en moi… On va dire que l'aventurière était totalement... Ah bah attends, après ça a complètement...
- Speaker #1
Mais sur le coup ?
- Speaker #0
Au moment où j'ai franchi la ligne d'arrivée, là je me suis dit, wow, j'ai eu ce sentiment d'accomplissement, etc. Et c'est parce que, on va dire, les terriens m'ont dit c'est bien ce que tu as fait, que je me suis dit c'est pas si mal que ça, tu vois. Quant à être la première à boucler un tour du monde en solitaire et sans escale, c'est en étant interviewée que j'ai découvert que je n'y allais pas pour ça. Et je m'en foutais un peu parce que très honnêtement, on en discutait avec Isa l'autre jour quand on est allé voir Justine. Isabelle, elle pouvait gagner ce Vendée Globe. Mon titre de gloire, je lui dis, tu es quand même sympa. Je dois quand même mon titre de gloire à ta rupture de Safran parce que Isa, elle avait... tout. Et puis elle me redisait l'autre jour, elle me disait, tu n'imagines pas comme j'étais bien, j'étais bien cette année-là, je possédais mon bateau, je le possédais par cœur, etc. Je lui dis, tu n'as jamais regretté, ça n'a jamais été dur à digérer. Elle me dit, jamais, jamais, incroyable.
- Speaker #1
Et alors quand tu franchis la ligne et que le tri dans ces sentiments et ces émotions se fait progressivement entre passer de la... la déception sportive à l'accomplissement etc il ya un moment où tu sais déjà une question assez traditionnelle et d'ailleurs c'est presque un peu gênant quand on entend les journalistes poser les questions est ce que vous repartez alors qu'ils sont cramés et tout mais quand même il ya aussi beaucoup de réponses de langue de bois parce qu'il ya là qui savent déjà qu'ils peuvent repartir mais qu'ils veulent pas le dire enfin bref oui mais on est on est bon il ya la question qu'on pose sur le ponton et moi je pose la question maintenant souvent c'est pas tout à fait la même réponse mais du coup toi est ce que tu as une sensation est ce que tu sais que cette course là Et à l'époque, c'est encore une course de consécration. Du coup, à l'époque, on fait le Vendée Globe une seule fois. Ça ne devient pas les Jeux Olympiques. Ça ne devient pas une carrière de Jeux Olympiques. Toi, tu sais ? Tu as une sensation ?
- Speaker #0
J'ai changé d'avis. Je vais changer d'avis après. En fait, je sais très bien ce que je veux à ce moment-là. D'abord, je dis, ah non, jamais plus toute seule dans le Sud. Il faut te dire que sur les 140 jours, j'ai passé 70 jours.
- Speaker #1
La moitié.
- Speaker #0
J'ai pris... Tu imagines là, ceux qui ont couru en 70 jours, voire en 64.
- Speaker #1
C'est le temps que tu as mis dans le...
- Speaker #0
Moi, c'est le temps. J'ai passé 60 jours à faire le tour de l'Antarctique. Et ça a été, au regard des chavirages, ça a été quand même super éprouvant. Donc, je suis quand même très éprouvée. Et je dis non, jamais plus toute seule dans le Sud. En revanche, je rêvais déjà, parce que je ne t'ai pas raconté, mais j'avais déjà monté plusieurs dossiers pour le Boc. Avant de me convaincre d'aller courir. Avant... Avant 92, quand je... Enfin oui, je ne sais plus quand. Mes premiers projets sur le boxe, c'était... Je ne sais plus quand. Peu importe. Je rêvais de faire cette course en solitaire. Peut-être après mes deux Figaro. Avec Escale. Parce que je me disais, c'est quand même... Cette course, si tu veux, j'avais l'impression qu'elle était géniale. Et à mon arrivée, il y a Christophe Hogan, Isabelle Autissier qui sont là. Il y a Alain Gauthier aussi. Il y a quelques marins qui viennent m'accueillir. Et Isa et Christophe me disent tous les deux, tu devrais vraiment aller courir le Boc. Et moi, j'en avais envie parce que tu ne t'avales pas le sud d'un seul coup. Et c'est vraiment une course super. Tous les deux, ils étaient fans de Boc, etc. Donc, c'est le Boc que je veux courir. Et très rapidement, j'ai quand même envie d'y retourner. Mais avec escale, pas refaire un Vendée Globe. Et puis, il se trouve, il y a deux choses. Alors très rapidement, on repart sur un projet avec Whirlpool. Et on met le bateau en chantier. C'est Lionel qui me fait rencontrer Marc Lombard. Je fais d'abord, avant qu'il me fasse rencontrer Marc Lombard, j'avais pondu un cahier des charges. Et ça m'amuse d'entendre parler.
- Speaker #1
Là, du coup, ta projection, c'est le Boc ? Oui,
- Speaker #0
ma projection, c'est le Boc. Mais je suis très embêtée parce que Whirlpool veut que j'aille courir la route du Rhum.
- Speaker #1
Aïe !
- Speaker #0
Et la route du Rhum, si tu veux, quand tu n'es pas vraiment dans le milieu, tu ne sais pas que ce n'est pas compatible de faire le Boc et la route du Rhum. Je me dis, je vais peut-être réussir à les convaincre que c'est plutôt le Boc, etc. Parce que qui dit, tu ne vas pas faire construire un 60 pieds pour faire la route du Rhum. Tu vas construire un 60 pieds Imoca pour aller faire la route du Rhum. Et je ne me sens absolument pas du tout l'envie à ce moment-là de refaire un tour du monde en solitaire sans escale. C'est le Boc que je veux. Et puis même d'un point de vue...
- Speaker #1
Donc tu arrives à le faire passer à Whirlpool sur une sorte d'ambiguïté, quoi.
- Speaker #0
On est un peu dans l'ambiguïté. On est un peu dans l'ambiguïté. Moi, je leur dis le boc, mais j'avoue que je ne sais pas à quel moment ça... Je suis quand même bien embêtée, quand même, dans cette affaire. Et en plus, j'étais bien embêtée parce que j'étais persuadée que comme c'est une marque anglo-saxonne, que le boc, ça allait les intéresser. Mais la course ultime...
- Speaker #1
Ça part des US, etc.
- Speaker #0
Voilà.
- Speaker #1
Sauf que c'est Whirlpool France qui me finance.
- Speaker #0
Et donc, on lance quand même le projet. Je prends un cahier des charges. Ça m'amuse aujourd'hui parce que je suis à des années-lumières de la compétitivité d'un Charlie Dalin, d'une expertise de ces grands, grands, grands marins, ou d'un Johan Richaume. Mais je demande déjà dans mon cahier des charges, que j'ai dû garder du reste. Tu vois, j'ai des archives, il y a des trucs que je garde. Dans mon cahier des charges, je mets « je veux un bateau polyvalent » . À l'époque, moi je suis partie avec un bateau étroit parce que c'était l'opportunité, mais je vois bien que les bateaux larges sont… Mais on est à l'époque des bateaux qui sont des pelles à tarte, etc. Et moi je me rends compte qu'en fait, une partie de la descente de l'Atlantique, et surtout toute la remontée, et aussi dans le sud, sur mes 140 jours, j'ai fait énormément de prêts. Donc je me dis, il faut un bateau polyvalent. Ce n'est pas vrai qu'il faut uniquement un bateau de ripping, de portant, etc. Et du coup, il faut un bateau en plus qui se redresse en cas de chavirage. Mais là, si tu veux, la jauge évolue, etc. Et du reste, on est les premiers, avec le bateau qu'on va construire, à faire le premier test de redressement dans le port des Sables-de-Lode. Une autre histoire. Mais donc, je prends un cahier des charges, je veux un bateau polyvalent. J'étais capable, j'étais vachement fière de moi. Pour la première fois, j'ai un sponsor qui me propose de repartir sur 4 ans. J'arrête les opérations commando. J'ai la première fois un sponsor qui me dit on part sur 4 ans, on fait un bateau, etc. Et puis finalement, oui, à un moment, il a fallu se rendre à l'évidence que c'était la route du Rhum et que ça ne pouvait pas être le Boc. Donc, si c'était la route du Rhum, ce serait quand même le Vendée Globe. Et puis, Tu oublies que t'as souffert et à un moment, t'as vachement envie de retourner sur le Vendée Globe en disant « Je l'ai fait pour découvrir, maintenant j'y vais pour gagner. » Et on met au point avec Marc Lombard, Lionel et toute la bande un bateau génial qui a probablement été, si ce n'est le meilleur en tous les cas, l'un des meilleurs de sa génération, avec lequel on va faire quand même quelques performances, malheureusement en solo. Si j'ai été en tête de la route du Rhum pendant 15 jours avant de me laisser distancer, etc. Puis j'ai ma tête de mât qui casse avant l'arrivée. Mais on a gagné le Fastnet. On est les premiers Français. J'ai mon nom sur la coupe du Fastnet dont on fête les 100 ans cette année. En équipage, on a vachement bien gazé sur le Tour de l'Europe aussi, etc. Et puis, la course la plus extraordinaire que j'ai faite pendant ces quatre ans. Parce que tu vas voir que mon deuxième Vendée Globe, j'ai absolument tout oublié. C'est hallucinant cette histoire. C'est la Transat Jacques Vabre, avec Luc Bartuissol. Et on est en tête du début. Il faut que tu expliques un peu qui est Luc Bartissol.
- Speaker #1
Luc Bartissol, c'est un marin qui a fait construire... On a fait connaissance sur la Mini Transat en 91.
- Speaker #0
C'est la bande de la Mini.
- Speaker #1
C'est la bande de la Mini. Je vais leur dire. Promo 91. Lionel Lemanchois, promo 91. Le Déjoyeux qui m'a aussi régulièrement... Le professeur qui m'a régulièrement donné des bons conseils, etc. Promo 91.
- Speaker #0
Marc Tierselin qui finit juste derrière toi.
- Speaker #1
Marc Tierselin, promo 91. Le Montchois, puis plein d'autres.
- Speaker #0
Et dans ton équipe, quoi ?
- Speaker #1
Dans mon équipe, en fait, si tu veux, Lionel, à un moment, quand je l'embarque avec moi pour le deuxième bateau, pour le deuxième Vendée, il me dit, écoute, il n'y a qu'un truc, c'est que moi, je veux recourir la Mini et je ne vais pas être grouillot de chameau toute ma vie non plus. Et ça m'a fait marrer parce que Lionel, il avait d'autres prétentions. Je lui ai dit, écoute Lionel, qu'est-ce que je te comprends ? Et même, je vais t'aider pour Tamini. Et parce qu'à ce moment-là, j'ai été, grâce au travers de Patrice Rouanet, qui était un bon ami qui a créé Mécénat Chirurgie Cardiaque, dont Samantha porte les couleurs depuis des années. J'ai été marraine de Mécénat pendant 20 ans, moi. Et avec Patrice Rouanet, on crée un cœur, une voile, et on se dit, ce serait génial de voir Mécénat Chirurgie Cardiaque sur les bateaux, etc. Et on monte un projet. Ou avec Whirlpool. Je convainc Whirlpool et les partenaires de Whirlpool, ses clients, d'avoir un bateau qui s'appelle Messina Chirurgie Cardiaque. Et finalement, ils le financent. Et c'est le bateau de Genel qui prend malheureusement des maths dans cette mini. Je crois qu'il gagne la deuxième étape. Un truc comme ça. 240. Voilà. Donc Luc Bartissol. Je reviens à Luc Bartissol. Mais ça me fait plaisir de parler des marins qui sont avec moi, parce que dans Into the Wind, je pense qu'on est des solitaires, mais bien évidemment, on n'est pas seuls. Et Luc, donc Lionel, me quitte en cours. On savait qu'il m'accompagnait pour la construction du bateau, la mise au point, etc. Et qu'après, il partait courir la minie. Luc, je fais rentrer Luc, je lui propose de prendre la suite comme responsable technique. Et pour la Transat Jacques Vabre, plutôt que d'aller chercher un cadeau de la voile, ce qui est souvent le cas, j'ai l'impression, mais je préfère naviguer en équipe et qu'ensemble, on réfléchisse à comment optimiser le bateau pour le prochain vendée. Et on est en tête depuis le début et sur toute la course, malgré une course de malade, où il y a eu cette... Cet ancien cyclone, cette dépression où on a fait y couler et où on a perdu Paul Vatine et Jean Morel qui se sont retrouvés, enfin Jean Morel a été rescapé mais malheureusement voilà. On a eu une explosion à bord, on a explosé le SPI donc on avait plus de SPI, plus qu'un gène à cœur. On avait un point de passage obligé à Saint-Barthes, on a réussi à récupérer, on avait le droit de récupérer un tout petit SPI. que Incidence nous avait trouvé à un speed de bateau de croisière. Et on a traversé, on allait jusqu'à Cartagène à l'époque, le Havre-Cartagène, et on a traversé toute la mer des Caraïbes. C'est dans la mer des Caraïbes qu'on a eu l'explosion. Luc Bartissol brûlé au deuxième ou troisième degré. Moi je me barrais toute la journée, lui il barrait plutôt la nuit. Pour s'abriter du soleil. Pour s'abriter du soleil. J'ai des images où on le voit. J'ai vécu des moments épiques. Tiens, je lui ai même... À un moment, j'avais mis du tulgras lumière pour protéger ces brûlures. Et un jour, il m'a dit, Catherine, tu n'aurais pas un soutien-gorge à me prêter ? Parce qu'il fallait tenir, il voulait faire tenir ces bandes de tulgras lumière. Et malgré tout, on restait en tête. Parce que, en fait, comme on était en tête au début, on allait vers la dépression. On était routé par Bernaud qui nous a suggéré une route sauvegarde, mais on était quand même... Tous les autres avaient pris la route sud. Donc on leur a mis, on avait... A l'époque pour moi ça me paraissait énorme, aujourd'hui ça paraît ridicule, mais 200, 300 000 d'avance ça fait quand même beaucoup à l'époque. Et en mer des Caraïbes on est encore en tête. A l'approche de Carthagène on est encore en tête. Mais il y a Thomas Coville et Hervé Jean qui reviennent, qui reviennent, qui reviennent. Pétole à l'arrivée de nuit, des éclairs, des orages, des machins. Et cet enfoiré de Coville qui nous double. C'est la deuxième fois dans mon histoire. C'est deux arrivées que je n'ai pas digérées. Il y a trois choses que je n'ai pas digérées. Ça et puis mon débatage à deux jours de l'arrivée du deuxième Vendée Globe. Mais cette Transat Jacques Vabre, je l'ai... Petit pas m'a toujours dit avec beaucoup d'affection. Pour moi, c'est toi qui as gagné cette Transat-là. Mais non, je ne l'ai pas gagnée. Je n'ai pas gagné la Transat.
- Speaker #0
Et alors du coup, le deuxième Vendée Globe, parce que là, tu as changé de dimension. Bateau neuf, plus de structure, j'imagine que le budget...
- Speaker #1
Enfin j'ai un salaire !
- Speaker #0
Ah exactement ! Donc, ça commence à être très sérieux. Tes ambitions sont revues à la hausse. Oui, oui. Mais du coup, ce nouveau Vendée Globe, en plus, on a vraiment changé d'époque. Le 96-97 a été une édition épique qui a marqué les esprits et qui a aussi entraîné beaucoup de réformes dans l'organisation, dans le dessin des bateaux et probablement dans l'organisation et la préparation des marins. Mais du coup, toi, tu l'abordes comment, ce Vendée Globe-là ? C'est déjà le deuxième. Je ne dis pas qu'il y a une routine, mais le temps des pionniers n'est plus du tout le même.
- Speaker #1
Je vais te raconter l'histoire, mais avec le recul, parce que j'arrive à analyser aujourd'hui un peu comment j'ai vécu tout ça. Si le Vendée Globe était parti juste après la transat Jacques Vabre, tu ne refais pas l'histoire, mais j'aurais fait un autre Vendée Globe. J'étais tellement bien sur l'eau, j'étais tellement... Si tu veux, j'avais couru... Donc la... Qu'est-ce que j'avais couru ? Oui, juste après la Jacques Vabre, c'était avant la transat anglaise de 2000, etc. Et il s'est passé en 2000 plusieurs choses. Intime, la rentrée, partager ma vie, ça m'a un peu bouleversée. Qui m'avait dit que, j'ai dit tu sais, moi à la fin de l'année, j'ai le Vendée Globe et ça va être ma priorité, mais je te soutiendrai, et ça a été compliqué en fait. ça a été même l'enfer pendant la course parce qu'en fait il me souhaitait pas tant que ça il a très mal vécu ma course donc du coup je la vivais moins bien on a vécu le paramètre intime quoi le paramètre intime et les paramètres sportifs j'ai fait une grosse bêtise je le dirais je leur ai jamais dit à mon à mon éditeur j'ai accepté une demande commande de mon éditeur d'écrire un bouquin avant de partir alors j'aurais dû me concentrer sur ma course j'ai écrit un bouquin qui s'appelle entre deux mondes entre deux mers parce qu'on souhaitait raconter l'histoire du marin quand il est entre deux courses. Ça m'a pris un peu de temps. Troisième élément technique, et je finirai par un dernier élément plus intime, mais troisième élément technique, on a mis le bateau en chantier au retour de la Jacques Vabre. On avait quand même beaucoup de travaux à faire. Le bateau est rentré par cargo. Il n'était pas capable, on a eu des... On a eu une voie d'eau, il y avait vraiment besoin d'un gros chantier. Et à l'époque, Nordal Mabir, le frère d'Alvard, malheureusement qui n'est plus là, Nordal, qui a construit le bateau, venait d'ouvrir un chantier au sable de Lonne. Et en fait, on a un peu essuyé les plâtres du chantier. Et le chantier qui devait durer deux mois a duré cinq mois. Et on a fait des transformations, on a voulu... construire des ballast arrière, il n'y avait pas de ballast arrière sur mon bateau au départ, on s'est rendu compte que c'était quand même pas mal. À ce moment là je demandais déjà d'avoir une colonne de moulin à café parce que moi j'avais des winch classiques. Les gars me disaient mais tu sais ton bateau, tout le monde, non les colonnes de moulin à café tu y arriveras très bien donc ils n'en voulaient pas et enfin ils m'ont convaincu de ne pas en mettre plutôt. Et je sors de cinq mois de chantier, un chantier qui s'est fait dans un hiver qui était très rigoureux. J'ai eu à peine 15 jours pour naviguer avant la transat anglaise. Et je pars avec un bateau qu'on a alourdi, que je ne reconnais plus. On se paye cinq dépressions sur cette transat que va gagner Hélène MacArthur. Et dans la transat, je me retrouve à... J'avais une trinquette qui n'était pas sur un rouleur. Je me trouve à plusieurs reprises dans 50 nœuds de vent à aller affaler ma trinquette, prendre un riz dans ma trinquette à l'avant, tu vois, sur un bateau qui tape dans les vagues, etc. Une mer démontée. Je me dis, mais c'est totalement ridicule. Il faut que j'ai une trinquette sur un rouleur. Je ne peux pas partir sur le Vendée Globe sans trinquette. Je changeais quand même de dimension avec ce bateau. C'était pas... plus du tout. Il était beaucoup plus puissant que le premier, tu vois, quand même. Mais il était formidable, ce bateau, par ailleurs. Et puis, bien évidemment, au départ de la Transat anglaise, on découvre que sur le bateau d'Hélène, il y a des moulins à café. Hélène, elle avait vraiment fait un bateau de gonzesse. Quand je dis de gonzesse, elle avait fait un bateau qui était moins puissant que le mien, mais qui était beaucoup plus, à mon avis, taillé pour exploiter le maximum du potentiel du bateau. Et en plus... Avant l'arrivée, je boucle cette transat avec un safran cassé, puisque j'ai heurté un cétacé. Et je finis avec un safran. Donc le bateau, je faisais des 360. Il était ingouvernable. Donc je sors de cette transat en me disant, mais il y a du boulot à faire. Et je sors de cette transat et mon papa a un accident. a fait un AVC, il reste plusieurs mois dans le coma. Et voilà. Donc l'année 2000,
- Speaker #0
il y a une année où il ne fallait pas faire un Vendée Globe,
- Speaker #1
que je voudrais réécrire dans ma vie, parce que toutes les autres, je reprends, je ressigne tout de suite, mais l'année 2000. Et je pars, et c'est amusant parce que ceux qui me connaissent bien au départ, Je sens que je pars avec... Je sais que papa est malade. J'ai super envie d'y retourner en même temps. Tu vois, je suis dans des émotions complètement partagées, mais je n'ai pas la... Je peux le dire aujourd'hui avec le recul. Moi, je ne me voyais pas comme ça. Je me voyais à fond dedans. J'étais préparée, etc. Mais objectivement, j'étais... J'avais... Je n'étais pas complètement... Je relisais des trucs que j'ai écrits, que je n'ai montrés à personne. Surtout dans les mers du sud, ça a été dur. Toute la descente de l'Atlantique, ça s'est plutôt pas mal passé. J'ai fait une option est, qu'on dirait à la Jean Le Cam aujourd'hui. Mais moi j'ai fait... En fait, j'avais un instrument que j'adorais à bord. On commençait à recevoir des photosats des nuages. Et comme tu le sais, on n'a pas le droit à l'assistance météo. J'adorais, je me suis toujours éclatée à faire ma météo. La stratégie météo, j'adore ça. Je ne suis pas forcément très bonne, mais j'adore ça. J'y passais huit heures par jour, etc. Et je vois qu'il y a un passage, je ne suis pas très bien placée dans l'Atlantique Nord, et je chope un passage, je vois sur les photosates que le poteau noir, je peux le prendre à l'est, ce qu'on ne fait jamais. Et je le prends à l'est et je sors troisième. J'étais super fière, etc. Et puis comme une conne, j'ai trop serré l'anticyclone dans la descente de l'Atlantique et je rate le premier train de dépression. Et là, si tu veux, je vis que nos petits camarades, là, on le comprend mieux. Tu rates le premier train de dépression. Donc déjà, tu te dis, merde, comment je vais faire pour attraper devant ? Sauf avarie, sauf machin, etc. Tu rates le premier train. Et puis l'autre truc, c'est que ton esprit, il a oublié que tu as souffert sur le premier Vendée Globe. Tu as gommé, heureusement, on ne se souvient que des bons moments. On le redisait avec Yves Parly l'autre jour que je croisais aussi. Sur les pontons, tu ne te souviens que des bons moments, mais en revanche, quand tu te retrouves dans les mêmes situations, les mers un peu agitées, même si j'ai eu des conditions beaucoup plus safe que sur le premier, tu as un stress a priori. Tu te dis, je ne vais pas me reprendre cette dépression, tu vois les isobars qui sont collés les uns aux autres, tu te dis non, tu as une peur a priori. Et du coup, là, la compétitrice, elle est... Je suis toujours partagée, mais je sens que les coureurs, ils le sont encore. Entre l'envie d'appuyer sur le... Tu vois, la nécessité d'appuyer sur le champignon et mon incapacité d'appuyer parfois sur le champignon. Puis j'ai heurté probablement une baleine parce que j'ai heurté deux cétacés sur cette... Je me suis beaucoup... Ça fait quelques années que je m'occupe du sujet des collisions avec les cétacés parce que moi, j'en ai heurté assez souvent. Et j'ai eu une... grosse voie d'eau à l'entrée du Pacifique. Donc je me mets à la cape, j'essaie de réparer, etc. Parce que j'ai le problème de... Je rentre 500 litres d'eau, etc. Donc je repère du temps, je me retrouve dans un paquet où il y a Dominique Vavre et Thomas Coville. Mais alors que j'espérais être plutôt avec ceux qui étaient devant, et qui s'échappent. Même mon passage du Cap-Ordre, je suis au pied du Horde, mais je le passe la nuit.
- Speaker #0
Il n'y a rien qui va.
- Speaker #1
Je ne sais pas si... C'est bizarre parce que l'équipe de Nefertiti qui a fait mon film sur mon deuxième Vendée, c'est à croire qu'il... J'aurais dit, mais je n'ai pas d'autres images que celles que vous avez mises dans le film. J'ai l'impression que je n'ai pas le plaisir ou le bonheur que j'ai eu sur le premier. Et pourtant, je sais que j'ai eu énormément de plaisir. Mais, différent, je ne me souviens d'aucune date. Je ne sais pas quel jour on est parti. On est parti décalé parce qu'il y avait un bascule, etc. Je ne me souviens même pas du jour où j'ai passé le Cap Horn, du jour où je suis arrivée. En plus, je finis. J'allais rentrer. Je me paye un limbagot dans la remontée de l'Atlantique où je fais tout au près, etc. Et puis quand même, vers la fin, le bateau fonctionne bien. Je sens que je peux me gratter la cinquième place, peut-être. Et puis Patatras, au large du vide, j'allais enrouler le passé, le Cap Finistère, c'était pas loin quoi. Et Patatras, mon mât qui casse, mais en mille morceaux. Et j'avais un système pour faire un gamin de fortune avec la baume. mais en fait qui était super lourde, après avoir balancé tout par-dessus bord, parce que je n'ai pas eu d'autre choix que de balancer tout par-dessus bord. Tu vois, moi, la fille qui s'est engagée pour la préservation de la mer et du littoral, je ne suis pas très fière de ça. Je n'avais plus de voile qu'un tourmentin. Et dans la nuit, je me repose un peu, avant de savoir ce que je vais faire, et je suis projetée de ma bannette, et je tombe plat. à plat, tu sais, sur les omégas. Et je me pète une vertèbre. J'ai super mal au dos. Et là, j'appelle... Je regarde la météo. On prévoit du nord-est. Du nord-est, du nord-est. Rien pour... Parce que sous gréement de fortune, t'as plutôt intérêt à avoir du portant. Parce que sinon... Et là, c'est Hugues. C'est Luc. C'est Luc Bartissol qui me convainc de... d'abandonner. Moi, j'y arrivais pas. Moi, je dis... Il voit bien qu'il me dit Catherine, attends, là, la météo, même au mieux, t'arrives à faire ton grammant de fortune. Puis j'avais plus une goutte de carburant, mais à la limite, ça, c'était pas très grave. Mais si tu veux, du coup, ils sautent, ils me rejoignent tous à Vigo, en mer. Donc là, c'est l'abandon que j'ai jamais digéré. que j'ai jamais digéré. Des années plus tard, je me dis, mais ma fille, t'aurais dû le faire, ton gréement de fortune, par la porte ou par la fenêtre. Comment se fait-il que t'aies pas fait ton gréement de fortune ? Au passage, ils ont mis... Donc, on rejoint le port de Vigo. Je vais passer une radio. Effectivement, j'ai une apophis transverse de PT. Donc, je suis quand même pas très à l'aise. Au passage, j'ai mon... J'espère qu'il entendra pas, mais j'ai mon mec qui fait partie de l'équipe qui me rejoint en mer et qui m'engueule. parce qu'il avait prévu d'être à l'arrivée et qu'il ne pouvait plus être à l'arrivée parce que j'arrivais, il m'attendait. Et là, je me dis, ce n'est pas possible. Je vis ça. Et si tu veux, c'était dur de digérer quand même tout ça. Mais en même temps, je suis super contente de les retrouver tous, même maman et du voyage, etc. J'en retrouve ma famille et tout. On était au 95e jour de course quand même. 95 jours de course. Je m'attendais à un accueil chaleureux, etc. Je l'ai eu, mais pas par tout le monde. Et voilà, on fait un gréement de fortune. Et je rejoins, je décide que, voilà, on se dit, tu vas boucler ton tour. Et si tu veux, 24 ans plus tard, je suis fière d'avoir bouclé un deuxième tour du monde. Ce n'est pas en course. Je n'existe pas. Tout le monde, personne ne m'interroge jamais sur mon deuxième Vendée Globe. Je ne me souviens d'aucune. J'avais un bateau pour gagner. En plus, il y a eu l'émergence de cet extraterrestre d'Hélène MacArthur, et puis l'arrivée des trois premiers qui était hallucinante, le duel entre Mich et Hélène. Donc si tu veux, je n'existe pas. Moi, je n'existe pas sur le deuxième Vendée Globe. Et dans ma mémoire, ça existe. Ce qui existe, c'est que j'ai bouclé un deuxième tour. Et ce qui existe des années plus tard, c'est parce que là, je décide d'arrêter la compétition, mais parce que j'ai un peu de pression pour arrêter la compétition autour de moi, mais aussi parce que j'ai 40 ans, j'ai 39 ans, et que je me dis, j'ai envie de naviguer autrement, j'ai envie peut-être d'aller vers l'exploration.
- Speaker #0
Mais tu le sais en arrivant que c'est fini ?
- Speaker #1
Oui ! J'aurais très volontiers recouru à la Transat Jacques Vabre 2001, mais je pense que c'est un point de non-retour pour mon compagnon. Et du coup, j'abandonne cette idée et on vend le bateau. Tu as une opportunité pour le vendre, je le vends. Mais si tu veux, il y a eu toutes ces deux années, ce n'est pas le Vendée Globe dont j'avais rêvé, même si j'ai retrouvé énormément de sensations parce que ce bateau est génial, il était extraordinaire. Il y a six marins qui ont rebouclé des tours du Mont-Nord-Saint-Père.
- Speaker #0
Il a une histoire incroyable.
- Speaker #1
Il a une histoire incroyable. Il a été transformé récemment pour faire du transport maritime. Malheureusement, ce n'était pas si évident qu'il est à nouveau à vendre. Mais le pingouin, il est juste génial ce bateau. Donc ma fierté, si tu veux, parce que même au moment où je démathe, sur le moment même, je suis terriblement déçue. Mais la première pensée, c'est que je pense à... À Blouchetoube, je pense à Vincent, à toute l'équipe. Parce que je suis en train de scier. On avait le premier gréement textile. On a innové plein de choses sur ce bateau. On avait le premier gréement textile. Et je suis là en train de scier et je dis mais les mecs, je suis en train de... Vous avez fait un travail de dingue, le bateau, et je suis en train de pourrir. Tu ne peux pas savoir la déception que j'avais pour l'équipe. Vraiment, je me dis, moi je me console très vite, enfin pas très vite parce que tu vois, 22 ans après, je ne suis toujours pas consolée. Mais je me dis, il y a bien plus grave que ça à travers le monde. Je pourrais, je suis en bonne santé, je suis juste là en train de boucler un deuxième tour du monde, ce n'est pas grave. Mais sportivement parlant, franchement, la fille, elle aurait pu faire mieux. Je démathe, je me retrouve à scier un truc, etc. En plus, je n'existe plus, quoi. Et puis, vis-à-vis de tes partenaires, de tous ceux qui t'ont fait confiance, tu te sens minable, tu voudrais être six pieds sur le souterre, etc. Mais je me dis, on a conçu un super bateau. Je suis super fière de ce qu'on a fait. Pour moi, la grande J'ai une grande fierté d'avoir mis au point ce bateau, parce que là, il y a quand même un petit bout de moi dans ce bateau. Il y a bien évidemment beaucoup de Lionel. Au départ, je n'avais pas mis Lombard dans ma shortlist. J'en avais mis trois autres. Et Lionel m'a dit, tiens, c'est dommage, je t'aurais volontiers présenté Lombard. Malheureusement, le marque, il n'est plus là. Mais j'ai adoré la créativité. Il répondait vraiment à la polyvalence que je souhaitais. Et j'ai adoré concevoir ce bateau, j'ai adoré suivre la construction, le mettre au point, travailler avec Lionel et avec Lucky, avec Juju, avec toute l'équipe, avec Valérie Tissereau qui a beaucoup navigué aussi à bord, une fille de la militante aussi.
- Speaker #0
Mais sur cette fin de carrière sportive, la décision est prise de manière tranchée ou il se trouve que ça se délite comme ça ?
- Speaker #1
je ne veux pas remuer le couteau dans la plaie mais l'arrivée si tu veux tu imagines que quand j'arrive avant de rentrer dans le chenal parce que je vais avoir du monde pour me remonter dans le chenal ce que je te raconte je ne l'ai jamais raconté mon équipe le sait mais je suis en larmes je suis en larmes parce que j'ai une pression parce que je vis un truc dans ma vie privée qui est insupportable Et mon équipe m'engueule presque en me disant Catherine, attends, tu vas remonter, t'es en train de boucler, tu viens de faire un tour du monde, Catherine. Même t'arrives sous gréement de fortune, mais tu viens de faire un tour du monde. Il y a Anne Combier, il y a Frédéric Leonard, parce que l'équipe des Corées, à l'époque, c'était tous les deux. Et Frédéric, c'est tout juste, il m'engueule pas, quoi, franchement. Mon bon copain Charpaille aussi, il m'engueule à moitié, il y en a plusieurs qui m'engueulent en me disant Catherine, profite du moment présent. Tu as fait quand même quelque chose de bien. Mais si tu veux, j'ai tardé à rembouquer le chenal. Parce que je suis en larmes, parce qu'une déception qui est insurmontable. C'est pour ça que je comprends, tu vois, quand on est allé à l'arrivée de Justine, il y avait Pip A qui était là, qui a abandonné. Je lui ai parlé, je lui ai envoyé un message pendant la course en lui disant que je pouvais comprendre sa déception, parce que moi j'avais vécu ça. À la limite, pour moi c'était moins pire, parce que j'avais quand même quelque part fait mon tour du monde, tu vois. Dans ma tête, j'ai fait le tour du monde.
- Speaker #0
Son bateau est à Melbourne.
- Speaker #1
Et son bateau est à Melbourne. Et puis, c'est compliqué, là. C'est super compliqué. Et elle ne digère pas, là. Elle ne digère pas. Tu mets des années à digérer tout ça.
- Speaker #0
Et alors, la carrière sportive s'arrête. Alors, raconte-nous un petit peu comment... Tu as fait tellement de choses après. Je n'en ai pas fait le liste. J'ai essayé de faire une petite liste de tous tes engagements. Mais est-ce que tu peux nous raconter la mue de la coureuse au large ? bardé de logos, sponsors, performances, etc. En une... Alors, tu n'es pas activiste parce que tu rentres dans plein d'institutions, tu fais des trucs justement, tu vas avoir des missions officielles, tu vas très bien naviguer dans les ministères, etc. jusqu'à devenir députée européenne. Raconte-nous la mue, mais presque intellectuelle, de la coureuse, la journaliste de la coureuse, ça c'est un truc assez standard. En fait, on est quand même très nombreux. Mais par contre, la mue que toi tu accomplis ensuite, dans un second temps, qui est de devenir une spécialiste des institutions et de la défense d'être une tête de pont du lobby maritime au sens noble du terme, raconte-nous cette transformation-là, parce qu'elle est beaucoup moins commune, si ce n'est unique.
- Speaker #1
Elle est moins commune et pour tout te dire, que ce soit pendant cette...
- Speaker #0
Je te recommande, ça ne se fait pas en un ou deux ans.
- Speaker #1
Non, non, non, et puis ce n'était pas du tout l'objectif.
- Speaker #0
Ce n'est pas une opération commando.
- Speaker #1
Non, ce n'est pas une opération commando. Et surtout, que ce soit sur l'eau ou à terre après. J'ai jamais eu de plan de carrière. En fait, toujours ce qui m'a guidée, c'est un mélange entre mes envies... qui me pousse à m'orienter vers des projets, et les projets qui sont plus ou moins faciles à... qui aboutissent plus ou moins, plus ou moins faciles à construire, et des opportunités qui se présentent, et que je saisis. Ou à un moment, du coup, certaines opportunités, elles me détournent du projet en question, mais finalement, ça peut être pertinent. Quand j'arrête la course large, le truc dont j'ai envie, parce que j'ai vu des déchets sur la mine Transat pendant... J'en ai pas vu sur la route du Rhum il y a deux ans, mais en 91 j'en vois en plein milieu de l'Atlantique parce que je me suis retrouvée un moment dans la pétole. Et en 91, personne ne parlait des déchets en mer. Et ce jour-là est assez fondateur pour moi parce que je me suis dit, je voyais déjà en plongée sous-marine que je pratiquais, je voyais déjà des déchets sur le littoral, etc., ou en plongée. Mais je me suis dit, mais ce jour-là, comment en est-on arrivé là collectivement ? Si moi, j'en vois là au milieu, c'est-à-dire qu'il doit y avoir une hémorragie quelque part, qu'est-ce que je peux faire ? Je me suis sentie totalement incapable. Pendant mes années de course large, au fur et à mesure que j'avais un peu de médiatisation, il y a des ONG qui commençaient, elles, à agir, qui m'ont sollicité, notamment la fondation Nicolas Hulot et puis Sunfrider ou les premières des ONG qui étaient en Méditerranée, qui m'ont demandé de les soutenir, etc. Et j'ai commencé vraiment à m'intéresser au sujet. Et au début des années 2000, je découvre ce concept de développement durable, qui n'était pas neuf, il date de 1987, mais que personne ne prenait vraiment, dont peu de gens s'en paraient. Et en fait, ce concept, tu veux mettre de l'allumé ? Non,
- Speaker #0
non, la dimanche.
- Speaker #1
Ce concept m'intéresse beaucoup parce que je me dis, moi, je constate qu'il y a des problèmes. Mais finalement, il y a des solutions parce qu'il y a des gens. En fait, je commençais à découvrir qu'il y avait des solutions, des gens dont personne ne parlait. Et au début des années 2000, je ne sais pas si le journaliste que tu es s'en souvient, personne ne s'intéressait aux solutions. On ne parlait dans les médias que des problèmes. C'est très récent de s'intéresser aux solutions. Donc moi, je décide, je monte une association que je baptise Reporters Bleus. Et tu vas rigoler parce que l'un des premiers qui m'a... qui a collaboré à ce que j'essayais de faire avec Reporter Bleu, c'est Fabrice Amedeo, qui n'était pas du tout marin, qui faisait la régate à la Trinité, etc. Mais il a bien connu Reporter Bleu. Je décide d'aller explorer. Je veux un bateau d'exploration. Je veux racheter un bateau qui me fascine, qui est Antarctica. Donc le bateau de Jean-Louis Etienne, qui à ce moment-là s'appelle Seamaster. Et je monte un projet. pour essayer de racheter ce bateau. Parce que malheureusement, Peter Blake, qui après Jean-Louis Etienne, a récupéré ce bateau, ce bateau est Seasmaster, avec ce bateau, il mène des explorations, il sensibilise déjà sur l'état de la planète, et malheureusement, Peter Blake se fait tuer à bord. Peter Blake qui a gagné la Woodbred, qui a gagné la Coupe de l'Américain, etc. Et je veux racheter ce bateau. Et je m'associe à un moment avec un explorateur polaire, qui trouve un partenaire. Bref, on ne récupère pas le bateau. Mais du coup, je me dis que ce n'est pas grave. J'ai une histoire, malgré tout, avec ce qui va devenir Tara, puisque je vais le louer pour monter une expédition sur les traces de Sheckleton, dans une île subantarctique en 2004. J'ai monté une expédition qui s'appelle « Les montagnes du silence » avec un copain qui s'appelle Jean-Claude. Un copain guide de haute montagne qui comme moi était fasciné par l'histoire de Shackleton. Moi l'Odyssée de l'endurance, l'histoire de Shackleton, je l'ai lu pendant mon premier Vendée Globe. Ça m'a fait marrer parce que j'ai l'impression qu'il y en a un qui a lu, je ne sais pas quel est le skipper du Vendée Globe qui est encore en mer, qui a lu Shackleton. Et je suis fascinée par cette histoire.
- Speaker #0
Et on monte une expédition en 2004, où on refait toute la traversée de la Géorgie du Sud, etc. Cette expédition, elle a été pour moi un moment... On a partagé l'idée de monter cette expédition au retour de mon premier Vendée Globe en 98. On se rend compte parce que mon premier livre a reçu un prix que je reçois aux Arcs, avec Paul Pellecuer, il s'appelle ce guide. Et avec Polo, on décide de monter une expédition. On réussit. Il a un de ses copains qui est sourd, qui fait de la haute montagne et on décide de monter une expédition mer-montagne, marin, entendant et sourd, etc. Et on a fait un livre, on a fait un film là-dessus et cette expédition pour moi, j'en parle pas souvent parce que c'est une parenthèse exploratrice dans mon parcours depuis que j'ai arrêté la compétition. Mais c'est quand même vers ça que j'ai envie d'aller. Donc en 2000... Deux, je monte un premier projet. Puisque je ne peux pas racheter ce qui est devenu Tara, je décide de faire construire. Je me dis tant pis, je vais faire construire un bateau. Puisque je veux aller montrer les solutions, ce bateau va être une solution. Je demande au début à Daniel Andrieux, qui est un architecte avec lequel je rêvais de travailler, de me dessiner un bateau. Et à Luc Partisol, déjà très concerné par ces sujets-là. On commence à monter un premier projet. Et puis, finalement, je tombe sur les travaux. D'abord, je ne trouve pas The Sponsor. Impossible. C'est super compliqué. Alors que j'étais persuadée. J'essaie, si tu veux, de transférer la démarche innovante que j'ai connue avec le pingouin, le bateau de mon deuxième Vendée Globe, sur un bateau qui allait très vite, pour faire un bateau qui serait le moins impactant possible pour la planète. En me disant, toutes ces innovations qu'on connaît dans la course, dans la plaisance, il faut qu'elles sortent, il faut qu'on leur donne. C'est un bateau démonstrateur que je veux et avec ce bateau démonstrateur, je vais aller faire des documentaires à travers la planète sur les solutions en matière de développement durable. Ça s'appelle Reporter Bleu. Et j'ai jamais réussi à... Finalement, le bateau en cours de route, je découvre ici à Lorient. Il y a une conférence qui est donnée par un chercheur de l'UBS, Christophe Ballet, et je vais à cette conférence. Je ne connais pas Christophe. sur les matériaux biosourcés. Au moment où, avec Daniel Andrieux et Luc Bartissol, on s'interrogeait sur quels matériaux pour notre bateau. Et là, je découvre, il m'ouvre une fenêtre. Je me dis, mais c'est dingue, demain, on pourra peut-être faire des bateaux en lin, des machins, etc. C'était bien avant que Bilou se monte là-dedans. Enfin bref. Et du coup, ça oriente. Je décide de soutenir, de travailler avec eux. On monte un premier projet. Comme je ne trouvais pas de partenaire pour... pour construire le bateau. On s'associe dans un projet qui s'appelle Nave et Comate et on construit une embarcation totalement compostable qui va mettre plusieurs années à émerger. En parallèle, je montais le projet série documentaire puisque je voulais reprendre ma casquette de journaliste. Je mets 4 ans, 5 ans pour convaincre des télés, mais je réussis à convaincre une productrice, Anne Barère, et à convaincre, grâce à Georges Pernoud, France Télévisions. Et je pars tourner des documentaires. Je rencontre en Antarctique, sur Tara, parce qu'après notre expédition, je poursuis en Antarctique avec une équipe d'Ushuaïa TV. Je rencontre un des réalisateurs d'Ushuaïa TV qui veut bien réaliser mes documentaires. Et bon, bref, je réussis à monter quatre documentaires. Ça s'est appelé Cap sur la Terre. Ça a été diffusé en 2007. Ça a été tourné en 2006, diffusé en 2007 et en 2011. Et à l'époque, Borloo, qui entend parler par l'équipe de la Fondation Nicole à Hulot, parce que je suis ambassadrice du défi pour la terre de la Fondation, Borloo me confie une mission d'autisme et développement durable.
- Speaker #1
Et c'est la première incursion dans le secteur public.
- Speaker #0
J'ai eu une mission rémunérée par le ministère de l'écologie. Il y avait quatre axes que j'avais proposés au ministre, et notamment j'organisais ici, dans la cité de la voile, qui vient. ou qui est toujours en travaux ou qui va ouvrir une conférence sur les solutions. J'organise un appel à projet des ports de plaisance exemplaires et puis je travaille sur le verdissement de ce qu'on appelle le DAFN, le droit annuel de francisation. Et puis derrière, Borloo me propose, lance le Grenelle de la mer, après le Grenelle de l'environnement, je me retrouve embarquée dans cette réflexion collective du monde maritime où on constate que la mer est l'avenir de la Terre. Il y a des scientifiques, notamment Françoise Gaille. qui est devenue une de mes meilleures amies, qui est une femme extraordinaire, c'est notre grande dame de l'océanographie française. Et je préside un groupe de travail. sur l'éducation, la sensibilisation, la communication pour la mère. Je remets un rapport au ministre. Et derrière, il se trouve que le Conseil économique, social et environnemental, que je ne connaissais pas, je n'en avais jamais entendu parler, connaît une réforme. Il leur faut 50% de femmes et l'environnement entre. Donc, Borloo me propose de rentrer là. Pour tout te dire, c'est... pas exact. C'est Borloo qui est... La suggestion, elle est faite par quelqu'un qui est dans le cabinet de Jean-Louis Borloo, qui s'appelle Guylain Gomart. C'est lui qui m'a présenté avec quelqu'un d'autre aussi, avec... C'est des gens qui sont restés des amis. Un autre qui était son directeur de la com'. J'ai oublié son nom là tout de suite, mais vraiment, je leur dois beaucoup. Je rentre. Du coup, je me dis si je veux continuer à porter ce que j'ai porté sur le Grenelle, je vais rentrer au CESE. Et puis pendant le CESE, je monte une conférence sur la haute mer. Je lance l'appel de Paris pour la haute mer avec Romain Troublet. On monte un comité de pilotage qui est devenu, qu'on a transformé, qu'on a gardé. On crée la plateforme Océan et Climat en se disant, en 2014, on l'a créé en 2014, et en 2015, Paris accueille la COP21. Et il faut qu'on fasse entendre la voix de l'océan dans les négociations climatiques. Ça, les scientifiques nous disaient, c'est nécessaire, etc. Je sors de la COP21, où j'ai vraiment piloté pendant les premiers mois cette plateforme Océan et Climat. Ségolène Royal m'appelle un 24 décembre et me dit, Catherine, écoutez, je voudrais vous proposer d'être déléguée ministérielle à la mer et au littoral.
- Speaker #1
Mais comment tu as converti ? Ce savoir-faire de montage de projet dans un univers qui est essuie du sport, qui est assez...
- Speaker #0
Très bonne question.
- Speaker #1
On connaît bien. Parce que c'est un autre monde. Moi, je l'ai un tout petit peu connu, un tout petit peu, mais le monde des cabinets et le monde des institutions, il est très, très différent. Les leviers sont différents, les réseaux sont différents. Comment tu as converti cette capacité à monter des projets ? Tu es entrepreneuse quand même, globalement, depuis le début, on comprend bien ça. Mais entreprendre dans le secteur privé du sport, c'est quelque chose. Et entreprendre dans le secteur institutionnel français, c'est complètement autre chose. Comment tu as réussi à convertir ça ? Et être à l'aise, parce qu'on sent bien que tu es à l'aise et que c'est un monde qui te...
- Speaker #0
Oui, mais ça n'a pas été... Si tu veux, au fur et à mesure...
- Speaker #1
J'espère qu'on résume, mais quand même,
- Speaker #0
il y a... Je peux répondre aujourd'hui à la question, parce que je ne l'ai pas analysée tout de suite, parce que j'ai avancé, moi, si tu veux, de mission en mission.
- Speaker #1
Oui, ça, on a bien compris.
- Speaker #0
J'ai été baissée avec des convictions qui étaient fortes, etc. Petite parenthèse, en 2004, juste après... Au moment où... où j'allais partir pour mon expédition en Géorgie du Sud. En 2009, en 2014, à chaque échéance électorale du Parlement européen, des élections européennes, il y avait quelqu'un qui me proposait de partir et d'être numéro 2 sur sa liste en position éligible. Parce que j'étais sans doute en visibilité, je ne m'en rends pas compte. Donc à ce moment-là, on me proposait déjà de partir en politique. J'ai dit non, non, moi, ce n'est pas mon truc. Puis j'aime bien l'engagement de terrain, etc. Mais ta question, elle est très bonne et aujourd'hui, j'arrive à l'expliquer parce qu'il y a un vrai... En fait, on a une grande chance, nous, les coureurs au large ou dans la compétition, c'est qu'on a des échéances pour lesquelles tu te prépares. On apprend à anticiper. Donc, se préparer pour faire un Vendée Globe, ça suppose de mettre en place une équipe, des moyens financiers humains... etc., de s'entraîner, vraiment d'anticiper. Mais tu as un objectif qui est clair. Tu as une vision de ce que tu veux faire. Et pour moi, c'est ça la politique, en fait. Et aujourd'hui, dans tout ce que je fais, je ne suis vraiment pas la meilleure. Je sais que dans l'opérationnel, j'ai besoin d'une Anne Combier. J'ai besoin d'un pilote à côté de moi qui coordonne, qui coordonne les équipes. Mais moi, ce que je revendique aujourd'hui, c'est que je prétends avoir vraiment la vision sur le long terme et d'être capable d'identifier les étapes, les jalons pour y aller. Et comme j'ai de l'énergie, et si, il y a un truc super important, c'est que je me suis rendu compte, tu sais, dans tous mes projets bateau, je me suis rendu compte que finalement, j'avais meilleur que moi à tous les postes. Je dirais même sur l'eau, c'est un peu plus difficile à avaler après. Lionel Lemont-Choy, il est meilleur que moi dans le poste technique.
- Speaker #1
C'est la caractéristique majeure du grand entrepreneur.
- Speaker #0
Une Anne Convier.
- Speaker #1
Recruter des gens meilleurs que soi.
- Speaker #0
Oui, mais il y a un moment, si tu veux, je suis passée, super important, parce que je ne l'ai pas du tout évoqué, quand je passe de la mini-transat à l'aventure de Ausha Océane, donc c'est quasiment à suivre. La Mini Transat, je fais tout toute seule. J'ai juste eu un vaguement un préparateur, qui c'est drôle, il m'envoie des messages en ce moment, puis on s'est pas vus depuis des années. Mais j'étais toute seule, j'ai tout fait toute seule. Avec Challenges Océane, j'ai appris, j'ai dû apprendre à lâcher prise, à laisser d'autres s'occuper, parce qu'au début je faisais tout. Et donc j'ai appris avec Anne, Anne elle était meilleure que moi. Il y avait meilleur que moi dans Challenger, c'est un de quasiment à tous les postes. Sauf que moi, j'ai de l'énergie pour... Et en fait, je me suis rendu compte que... Tu sais, on dit que maman disait, mettez en œuvre... Vivez vos talents. Et en fait, tu mets des années à savoir quel est ton talent. Et un jour, je me suis dit, finalement, peut-être que mon talent à moi, c'est d'arriver à impulser une dynamique. Et ce que j'adore faire, c'est de mettre en œuvre les talents. J'adore, dans une équipe... quand les gens s'éclatent, à donner le meilleur d'eux-mêmes. En fait, c'est ça. J'ai adoré travailler avec Lionel parce que j'ai énormément de respect, en fait, pour tous les gens, énormément de respect pour Anne, etc. J'ai peut-être un leadership, mais qui est très participatif. Je ne sais pas comment le définir, d'ailleurs, parce que je ne l'ai pas analysé, tout ça. Mais je m'aperçois, je constate, je ne dis que dans le constat, pas vraiment dans l'analyse très fine, que je m'éclate. Quand dans mon équipe, les gens qui ont un talent hors normes peuvent mettre le meilleur d'eux-mêmes dans ce qu'ils font, qu'ils s'éclatent.
- Speaker #1
Et du coup, c'est la même méthodeau ? Depuis le début, c'est la même méthodologie ? Depuis quand tu étais au Parlement européen, quand tu étais à la tête d'une équipe avec des assistants parlementaires, etc. C'était la même méthodologie que ton challenge social ?
- Speaker #0
Et pourtant, ça n'a pas toujours été facile parce que j'ai connu aussi, ce n'est pas si simple. Au moment du Covid, j'ai eu un moment, une petite tension dans mon équipe, etc. Même j'en ai qui n'ont pas été très bien et qui ne sont pas revenus. Mais j'ai constitué une autre équipe avec laquelle je suis toujours en relation, etc. Mais je n'ai pas que de la réussite. Mais ce dont je suis sûre, je pense vraiment que les êtres humains, tu les réunis autour des projets. Tu vois, tu fédères autour d'un projet. Et je trouve que souvent, on manque... On avance, les gens souvent dans leur vie avancent sans construire un projet. En fait, moi j'aime me mettre en mode projet. Et je sais que j'ai besoin, tu vois là, dans ce que je suis en train d'entreprendre en ce moment, je suis dans ce moment-là où je repars sur un de mes projets avec l'Institut français de la mer avec très peu de moyens, mais où je suis quand même accompagnée par l'équipe qui essaie de passer la main. Et j'ai construit un projet d'avenir pour l'Institut français de la mer. Je leur ai proposé vraiment deux axes. J'ai réfléchi à quelle était la place d'une institution comme celle-ci aujourd'hui. Par exemple, il manque une institution qui soit ouverte sur la dimension européenne. Je viens de passer cinq ans à travailler au Parlement européen, à me rendre compte qu'en France, on n'a pas le réflexe européen. Et du coup, je me dis qu'il y a tout un champ que je peux apporter. Et puis, si tu veux... J'ai un réseau de dingue que je ne sais pas utiliser au passage. Donc là, j'ai besoin de mettre des gens avec moi pour savoir utiliser les réseaux. Mais c'est vrai qu'avec le temps, je sais là où je suis bonne, où est vraiment mon talent et là où je ne suis pas bonne.
- Speaker #1
Un petit mot sur justement le mandat européen. Pour le coup, il y a quand même un truc qui est très, très loin de tes bases, qui est la partie électorale.
- Speaker #0
Politique.
- Speaker #1
Politique, oui. Politique politicienne. C'est ça exactement. Il faut se faire élire. Je comprends qu'on vienne chercher pour aller sur les listes européennes, mais à un moment, il faut faire campagne. Il faut se valider, affronter les arguments, affronter, j'imagine, des choses. Quel regard tu as sur cette partie-là ? Toi qui n'es pas une professionnelle de la politique.
- Speaker #0
Et qui, je m'ai ensuite sentie totalement incapable pendant des années. C'est-à-dire que quand je te dis qu'à plusieurs reprises, on m'avait demandé, au-delà du fait que je pensais que ce n'était pas mon histoire, Je m'en sentais totalement incapable parce que moi je suis quelqu'un qui aime fédérer et que je ne me vois pas d'adversaire. Je me vois des concurrents sur un plan d'eau, mais c'est mes meilleurs amis. Tu vois ce que je veux dire, on partage des valeurs, etc. Et pour tout te dire, la troisième fois, j'ai vraiment failli y aller. Mais à ce moment-là, je pilotais pendant cinq ans. Piloter un projet de voilier du futur totalement éco-innovant qui a été labellisé par le programme d'investissement d'avenir. J'ai mis beaucoup, beaucoup, beaucoup de mois dans ce projet. Je rêve que des jeunes reprennent ce projet aujourd'hui parce qu'il est très systémique sur la transition que pourrait faire la plaisance. Et là, j'ai beaucoup hésité, mais j'étais soutenue à l'époque par un monsieur qui est devenu député européen, qui était vice-président de la région Pays de la Loire et qui me soutenait beaucoup. La région Pays de la Loire me soutenait beaucoup. Et lui m'a dit, mais si demain tu prends une casquette politique, tu vois, je te regarde. Aujourd'hui, tu es dans la société civile, ça va être compliqué. En plus, la personne qui me proposait était plutôt centriste, alors que Christophe Clergeau est socialiste. Et depuis, Christophe est resté un très bon ami. Et c'est lui qui a fait la différence. à qui je passe le flambeau pratiquement au Parlement européen sur les enjeux maritimes.
- Speaker #1
À chaque fois, c'était les centristes qui t'ont proposé le...
- Speaker #0
Non, la première fois, c'était le général Morillon. En fait, à chaque fois, c'était des gens que je ne connaissais pas.
- Speaker #1
Il était centriste.
- Speaker #0
Il était modem. C'était modem,
- Speaker #1
c'est ça.
- Speaker #0
Il était modem. J'étais très flattée. Il m'a dit, écoutez, j'ai lu votre bouquin sur votre premier Vendée Globe et je pense qu'on partage des valeurs. La deuxième fois, c'était...
- Speaker #1
Comme tu t'amènes vraiment à tout.
- Speaker #0
C'était Yannick Jadot. qui m'a proposé. C'était l'époque, voilà. C'était la grande époque d'Europe Écologie, les Verts et
- Speaker #1
Yannick. Quand ils ont fait 15%.
- Speaker #0
Ils ont fait, voilà. Et on avait été mis en relation par une vice-présidente de la région Bretagne qui était en charge de la mer, Yannick Morisseau, qui est une femme formidable. C'est elle qui lui avait suggéré. La troisième fois, c'est Jean Arthuis, qui était UDI, je crois.
- Speaker #1
Oui, anciennement CDS.
- Speaker #0
C'est ça. Donc plutôt centriste. J'ai beaucoup hésité parce qu'à chaque fois...
- Speaker #1
Mais ça ne se fait pas dans le bonhème.
- Speaker #0
Non, pas dans le modèle. Et en 2018, je venais de... En 2018, j'ai lancé, j'ai quitté mon poste de déléguée ministérielle à la maire au littoral, sur lequel j'aurais beaucoup de choses à dire. Parce que j'ai quand même piloté la première stratégie. Parce que je n'ai pas vraiment répondu à tes questions. Comment tu fais pour... J'ai adoré travailler pendant deux ans avec l'administration française.
- Speaker #1
Oui, parce que là, c'était un poste...
- Speaker #0
J'étais sous la ministre.
- Speaker #1
Exactement. C'est un poste au sein d'un ministère. J'avais mon bureau au ministère. C'est un poste de décideur au sein du ministère.
- Speaker #0
Et j'étais au cœur du réacteur. Je participais toutes les semaines à la grande réunion que la ministre organisait avec toutes les directions de l'administration centrale. J'avais des gens qui étaient hyper capés. J'avais moi qui et mon petit diplôme de journaliste dans la poche et un passage un peu éclair en mathématiques appliquées. Ça a été un peu ça avec la course au large où j'avais des Michel Desjouillots sur le plan d'eau et que des cadors. Là, il y avait des gens qui étaient tous polytechniciens, qui avaient un parcours incroyable. Et j'avais pour objectif d'animer, de faire l'animation sur tous les enjeux maritimes. Mon gros sujet, c'est qu'on ait une approche vraiment intégrée. qu'on développe l'économie maritime et qu'on s'occupe aussi de sauver l'océan, etc. Je crois qu'on a un avenir économique avec la mer, mais je pense qu'il faut aussi s'occuper de sauver l'océan. Et moi, je pense essayer de faire la synthèse de tout ça. Mais je me suis rendu compte que mon parcours de navigatrice, et ça a été vrai après au Parlement européen, me donne une légitimité pour parler de la mer. Parce que tu as bouclé un tour du monde. Mon Vendée Globe, comme me dit mon mari, enfin je dis mon mari, on n'est pas mariés, mais... L'adorable Jean-Marie, il me dit « Tu l'auras amorti ton Vendée Globe. Tu l'auras amorti. Si tu veux, aujourd'hui, mon titre, je suis présentée, mon titre de gloire est le truc que je ne suis jamais allée chercher, que je suis la première à avoir bouclé le tour du monde. Merci, merci la rupture de sa fronde Isabelle. » Etc. Et en fin de compte, ça me donne la légitimité. Et puis après, si tu veux, je fonctionne beaucoup avec la passion, comme tu l'entends. Voilà, mais donc, il s'est passé une chose en 2018. Pourquoi j'ai fini par accepter de partir au Parlement européen ? En 2018, en quittant mes fonctions de déléguée ministérielle à la maire au littoral, je démissionne parce que je veux pouvoir retrouver ma liberté de parole pour demander au président de la République un ministre de la maire à plein temps. Voilà.
- Speaker #1
Alors là, du coup, 2018, c'est Ségolène Royal ta ministre de la Téhétale ?
- Speaker #0
Il se trouve que Ségolène Royal me nomme en janvier 2016. et que quand arrive Macron en 2017 en mai 2017 c'est Nicolas Hulot qui est nommé et Hulot moi je le connais oui je ne suis pas dans un poste politique, je ne suis pas dans le cabinet je suis dans un poste de délégué ministériel et je reste et comme je viens j'ai réussi à convaincre Ségolène Royal Depuis le Grenelle de la mer, on n'avait pas sorti ce qu'on devait sortir. La France devait sortir sa stratégie nationale mer et littoral. Et je réussis à faire accoucher la France d'une stratégie nationale mer et littoral. Je travaille, je lance les premiers travaux sur la planification des espaces maritimes. Je te rassure, j'ai un bras droit qui est Olivier Laroussini, qui est super capé, X pont, machin, etc. Que je connais depuis longtemps, c'est lui. Quand il a vu que j'étais nommée, qu'il m'a dit « Catherine, tu ne voudrais pas me prendre dans ton équipe ? » parce qu'il était un peu mis au placard. Il est génial et ensemble, on pond cette stratégie nationale. Et du coup, Hulot arrive, je dis « Monsieur le ministre, j'aimerais bien te proposer que maintenant, on passe à un plan d'action. » Moi, je suis une femme d'action. Donc moi, j'ai envie, si tu veux, ça fait la grosse frustration que j'ai pendant toutes ces années-là. Je suis passionnée par la réflexion collective, mais il y a un moment, je ne veux pas faire que décider. Je veux qu'on passe à l'action. Et donc je propose un plan d'action, je n'ai pas de réponse. Je te passe les détails, je décide de démissionner parce que je me rends compte que l'eau, il ne peut pas être... Ce ministère, il est pléthorique, donc il n'a pas le temps de s'occuper. Quand il s'en occupe, il s'en occupe super bien. Et quand je démissionne, il était un peu... Je lui dis, Nicolas, tu es le ministre de la mer dont je rêve, parce que quand tu t'occupes de la mer, tu t'en occupes à fond. Mais bien, tu as vraiment ce qui est... Mais ce n'est pas suffisant. Donc il nous faut un ministre de la mer. Je sors de là, j'écris quatre pages. au premier ministre, au chef d'État. J'ai eu une réponse au passage. Et puis, j'ai un copain qui veut traverser l'Atlantique. Je dis à Jean-Marie, écoute, ça t'ennuie pas, j'ai besoin de retrouver la mer. Je me barre. Et en mer, je repense à cette notion d'océan, bien comme à l'humanité que j'ai découverte quelques années plus tôt sur un texte qu'on a écrit. Bref. Et en rentrant, je réunis les quelques experts, dont l'équipe de l'Institut français de la mer qui a créé un groupe de travail qui réfléchit sur le bien commun et on décide de lancer l'appel pour l'Océan bien commun de l'humanité et j'embarque la classe IMOCA dans cette affaire et puis quelques mois plus tard je suis auditionnée à l'Assemblée nationale par Marielle de Sarnez par le groupe d'études sur les terres australes les grands fonds marins etc dans lequel on avait déjà Jimmy était là déjà ? Oui il était déjà là et groupe co-présidée par Marielle de Sarnez et Jean-Luc Mélenchon, et je suis auditionnée pour parler des enjeux maritimes. Si tu veux, c'est devenu mon expertise quand même, depuis le Grenelle de la mer, et sur l'océan comme bien commun. Je suis juste auditionnée avec le secrétaire général de la mer, qui est un préfet hyper... Tu vois, je me retrouve avec des gens qui ont d'autres parcours que le mien. Mais encore une fois, mon parcours de navigatrice fait que ça me donne une légitimité, puis je bosse. en fait je suis une bosseuse aussi et puis Marielle elle c'est la numéro 2 de Bayrou historique c'est vraiment le bras droit de François Bayrou historique qui est une femme que je découvre beaucoup mieux parce que je le dis aujourd'hui parce que j'ai eu beaucoup d'affection pour elle mais la femme que je voyais au travers des médias m'était pas sympathique je le dis mais parce que je la trouvais historique parce que la politique, en général, j'avais du mal avec la politique. Et là, je découvre une femme absolument pleine d'empathie qui me dit « Catherine, mais tu sais, ce que tu portes au niveau national, tu devrais aller au niveau européen. C'est là où tu peux faire bouger les choses. » Je dis « Mais tu sais, ça fait plusieurs fois que je redonce. » Et puis finalement, les bois passent et puis elle me recontacte. Il y a quelqu'un dans mon équipe qui me pousse beaucoup, Christophe Madrol. et quelqu'un qui me dit tu devrais vraiment y aller, qui me remet en contact avec le Modem. Et finalement, je les rencontre et c'est très drôle parce que celui qui me scanne au Modem, c'est l'actuel ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barraud. Et je lui parle des enjeux maritimes. Je suis super fière aujourd'hui parce que j'étais avec son cabinet en visio hier. Il me dit le ministre, il est à fond sur la mer. Je lui dis, tu vois. Voilà. Et donc, j'ai passé cinq ans. J'ai été la navigatrice au Parlement européen. J'ai été Madame Océan. Avant moi, il y avait une autre, une Allemande, députée Allemande qui est devenue une amie, Gézinne Meissner. Elle m'appelle sa jumelle. Et derrière moi, aujourd'hui, il y a Christophe Clergeau. Donc, tu vois, on essaie de porter la voie de l'océan. Voilà. Et j'ai adoré cette expérience, qui n'est pas très éloignée finalement de... Alors j'ai pas du tout aimé la politique politicienne et je trouve que j'ai fait avancer des choses, je suis super fière de, tu vois, et si demain... la Commission européenne, au mois de juin à Nice, lance un pacte européen pour l'océan, eh bien, je serais très fière parce que c'est un peu l'héritage que j'ai laissé, avec des gens formidables que j'ai rencontrés. C'est l'équipe d'Europe Jacques Delors, Pascal Lamy, l'ancien commissaire européen, et Geneviève Ponce, avec lesquels, et puis un portugais, Thiago Pitada et Kouda. Enfin, cette effervescence... Euh... européenne. D'abord, je suis une européenne convaincue. Je crois beaucoup que l'Union fait la... Enfin, que le collectif, je crois beaucoup à la puissance du collectif. Et ensemble, on est en train de faire... Eux, ils sont géniaux. C'est une équipe géniale avec laquelle je suis en train de bosser, là, pour les conférences européennes de Nice. Donc, passionnant. Mais j'ai eu du mal à y aller jusqu'au bout du mandat. Ah,
- Speaker #1
voilà, c'est ce que je t'avais demandé. T'as pas voulu repiquer.
- Speaker #0
Non, parce que je crois que j'ai un cycle de 5 ans aussi. J'ai des cycles courts. J'ai des cycles courts. Je ne suis pas... Du reste, c'est pour ça que derrière moi, j'ai beaucoup de mal, tu vois, on y est déjà depuis un moment. J'ai plein de vie dans ma vie parce que une fois que les choses tournent, j'ai envie de passer à autre chose. Une fois que...
- Speaker #1
Là, ce n'est pas tout à fait la peine. Tu es au cœur du réacteur.
- Speaker #0
Tu es au cœur du réacteur. Mais je trouve... qu'on perd aussi beaucoup de temps. Je trouve que le processus législatif, il est trop lent. Et donc, je suis sortie en me disant où est-ce que je peux avoir plus d'impact ? Alors après, je suis rattrapée par la patrouille parce qu'on me remet dans des think tanks, l'Académie de la mer, l'Institut français de la mer. Mais aux deux, je leur dis, moi, j'aimerais bien qu'on arrive parce que, si tu veux, le politique aujourd'hui, il est tout puissant et en même temps, il n'est pas si puissant que ça parce que quand il tourne aussi vite que ce qu'on le voit tourner... Ils perdent de son efficacité. Donc aujourd'hui, pour moi, il n'y a pas qu'à convaincre les politiques, il faut aussi arriver à convaincre toute la société de transiter. C'est ça mon histoire avec le bien commun. Et je pense que le bien commun, quelque part, il y a plein de gens qui disent « mais à quoi ça sert ? » etc. Et en fait, pour moi, c'est une clé de mobilisation. En ce moment, tu vois, parce que j'ai réussi à boucler mon premier Vendée Globe, Je pense, je suis capable de monter des projets qui sont complètement démesurés. En fait, c'est ça. Tu vois, je crois aujourd'hui...
- Speaker #1
Ça, c'est pas le Vendée Globe, c'est la Mini Transat.
- Speaker #0
C'est très intéressant.
- Speaker #1
Mais bien sûr. Quand tu as fait la Mini, tu penses que tu peux tout faire. Pardon. Je pense que c'est parce que tu fais la Mini Transat, le Vendée Globe. Ils ne sont pas très nombreux à faire le Vendée Globe from scratch. Je fais un peu de provocation.
- Speaker #0
Mais tu as... C'est-à-dire qu'il n'y a pas de Vendée Globe si tu n'es pas passé par la mini. Non,
- Speaker #1
ce n'est pas ça que je veux dire. Il y en a qui le font, mais accomplir une mini-transat qui est à l'échelle d'une personne individuelle est énorme. C'est énorme. En tout cas, je fais partie de ceux qui l'ont fait et qui semblent, une fois qu'ils l'ont fait, qu'ils se sentent à peu près capables de tout faire.
- Speaker #0
Mais oui, mais en fait, si tu veux...
- Speaker #1
Et notamment à Vendée Globe. Donc, pour le reste...
- Speaker #0
Non, mais tu as parfaitement raison. C'est-à-dire que moi, aujourd'hui, je dis, parce que j'ai fait le Vendée Globe, mais si j'avais cours avec la mini-transat, j'aurais aussi dit la même chose. C'est-à-dire qu'en fait... d'y réussir, à accomplir. Et il n'y a pas de hiérarchie, d'ailleurs. Même si c'est un peu puissance 10. Le fait d'aller au bout. On a beaucoup de chance, nous, dans nos courses. On a une ligne de départ et on a une ligne d'arrivée. Donc, si tu veux, il y a un moment où tu es capable de faire les comptes. De te dire, ça, bon, j'aurais peut-être pu mieux faire, mais je l'ai fait, tu vois. Et ça, ça te... Ça te renforce, ça te donne de la force, en fait, pour la vie. Et donc, c'est vrai que quand je vais au Parlement européen, quand je m'exprime, j'ai réussi deux de mes dernières négociations. Là, j'ai adoré. J'ai réussi à faire voter quasiment à l'unanimité une résolution. Alors, ce n'est pas législatif, mais j'ai réussi à faire basculer ma collègue du PPE, donc c'est la droite du Parlement européen, sur... à une résolution sur ce qu'on appelle le deep sea mining, c'est-à-dire l'exploitation des grands fonds marins, parce qu'une résolution suite à la décision de la Norvège de lancer l'exploitation des grands fonds marins dans sa zone économique exclusive. Normalement, elle est souveraine, donc il n'y a pas de sujet. Sauf que la résolution qu'on a en France, on essaie de pousser même à l'interdiction, Macron a même parlé d'une interdiction, ou un minima d'un moratoire, parce que... les impacts d'une exploitation des grands fonds marins pourraient être colossaux. Et au départ, dans la négociation, tu représentes quand tu négocies, tu es rapporteur pour ton groupe. Tu représentes tout ton groupe politique, donc il faut déjà convaincre ton groupe politique que c'est ça que tu vas porter, et tu leur demandes mandat, mais il faut aussi convaincre les autres groupes politiques. Et sur les sujets maires... En fait, la navigatrice, elle a un petit tatou, et d'avoir réussi à convaincre, alors pas sur des sujets maritimes, mais en lui disant, parce qu'elle disait, moi je préfère demain acheter les ressources minérales profondes et les terres rares à la Norvège qu'à la Chine, je lui dis, t'as raison. Sauf que là, si les Norvégiens démarrent, les Chinois, ça va leur ouvrir la porte en grand pour aller exploiter les grands fonds marins, etc. Dans ce que j'ai gagné, ça a l'air ridicule, mais tu vois, tu as des cartons autour de toi. Je ne sais pas si quand tu reçois des paquets qu'on a commandés sur Internet, moi je ne le fais pas beaucoup, je n'aime pas trop, mais tu as toujours des chips pendant longtemps, tu as de moins en moins, mais tu as des chips de polystyrène. Polystyrène, ça fait partie des objets que j'ai vus le plus à la surface. C'est le 1% qui flotte là, 1% des déchets qui flottent en mer. Et j'ai réussi à faire interdire les chips de polystyrène. J'ai fait un amendement dans un texte sur les emballages et les déchets des emballages en disant « je veux éradiquer, nous devons interdire les chiffres de polystyrène à l'horizon de machin » . J'ai réussi à convaincre ma délégation, puis mon groupe politique, puis à le faire voter au Parlement européen après avoir bien argumenté, etc. Et c'est passé même en trilogue, c'est-à-dire le trilogue c'est la négociation finale. entre les trois institutions européennes que sont la Commission, le Parlement et le Conseil, donc les États membres. Et donc ce truc, le jour où tu verras une interdiction, tu pourras dire, « Chabot, c'est moi qui l'ai fait ! » Et puis ça, et puis la propulsion vélique, l'insertion de la propulsion vélique dans la décarbonation du transport maritime, etc. Donc tu vois, j'ai des petites victoires personnelles. Tu sais, c'est comme dans le Vendée Globe, quand tu arrives à réparer ton éolienne, c'est un peu pareil.
- Speaker #1
Allez, toute dernière question Catherine, et puis après je te libère, mais je pense qu'on pourrait y passer encore des heures. Au milieu de tout ça, en 2022, quelle mouche te pique pour que tu repartes faire une route du Rhum sur le même bateau que le Vendée Globe ? C'est quoi ? Nostalgie, un petit coup de...
- Speaker #0
De manque de mer, tu parles de la mer tous les jours, et en fait...
- Speaker #1
Tu n'avais pas besoin de faire tout ça.
- Speaker #0
Oui, en fait, pour tout te dire, depuis que j'ai arrêté la compétition, je n'ai pas du tout arrêté le bateau. Avec Jean-Marie que je rencontre en 2005, ça fait 20 ans, cette année ça fait 20 ans et avec lequel on a... Entre temps j'ai construit une famille. Jean-Marie est arrivé avec trois grands enfants, ils étaient encore gamins quand je les ai connus il y a 20 ans et ensemble on leur a fait un petit frère qui a 18 ans aujourd'hui. Donc entre temps, pendant toutes ces années là... Mon itinéraire, c'est important de le dire, il a aussi été marqué par le fait que je suis devenue maman et que c'est peut-être une aventure encore plus incroyable que j'ai vécue en mettant au monde mon grand com' que mon tour du monde. C'est juste génial. Ça m'est arrivé à un moment où je n'y croyais plus, à vrai dire. Et donc, mon parcours a été aussi très marqué. Par le temps que j'ai voulu donner aussi à ma famille. C'est-à-dire qu'il y a des moments, je me suis dit, ma fille, ton bateau d'exploration, tu fais comment pour éduquer ton fils, vivre avec la famille que tu t'es construite, etc. Mais malgré tout, et donc Jean-Marie, je l'ai connue, c'est un fan de voile. Et il décide, on s'est connus par Jean-Luc Vandenède, grâce au cigare rouge. On s'est connus le jour de l'arrivée du cigare rouge, quand Karen Lebovici boucle son Vendée Globe. En 2005, le 13 mars 2005, je décide d'aller à son arrivée pour la féliciter. Jean-Luc me propose d'embarquer avec lui sur Adrien et on va à l'encontre du cirque-gare rouge. Et à bord, il a un de ses amis, Jean-Marie Pâtier, qu'il a connu parce que quand il a fait sa troisième tentative, il a fait une tentative avec Adrien de son record du tour de monde à l'envers, il a dématé. Et Jean-Marie qui ne connaissait pas Jean-Luc lui a envoyé un message en lui disant Si vous voulez, je viens vous aider à ramener votre bateau. Jean-Luc lui a dit non, ce n'est pas la peine. Et puis finalement, il l'embarque. Je te la fais très courte. Bref, ils sont devenus très amis. Jean-Marie a fait quand même la moitié d'un tour du monde à la voile. C'est un marin plaisancier amateur, mais amateur éclairé. Et il rêvait comme plein de plaisanciers de courir la route du Rhum. Et en 2017, on savait tous les deux que le cigare rouge, il cherche un bateau pour la route du Rhum, pour courir dans la classe Rhum. Et on savait que le cigare rouge, il était à l'état d'épave à La Rochelle. Il se renseigne, le bateau, il allait partir à la casse. Il est finalement... La coque est vendue et le mât, enfin tout le bateau est vendu aux enchères. Il n'y a pas d'encherisseur, il achète une poignée de dollars. Il le fait restaurer et il court la route du Rhum 2018 et me voilà transformée en femme de marin pour la première fois de ma vie. Et j'ai trouvé ça génial. Il s'inscrit pour la route du Rhum 2022 et je voyais... Il vit une histoire formidable avec la route du Rhum 2018. Et je voyais que plus les années passaient, enfin le temps passait, et moins il n'avait plus le même enthousiasme que pour la route du Rhum 2018, dans la perspective de 2022. Et plus ça allait, plus moi je parlais de bateaux, etc. Et plus j'avais envie de retrouver la mer. Alors ensemble, on a recouru le Fastnet, on a couru, on a même gagné plusieurs courses avec les différents, on a acheté deux. On a d'abord acheté un X332, ça m'a fait bizarre de passer du pingouin au X332, je ne te cache pas. Un J122 qui a été un bateau formidable, on a gagné la Transmanche en double, etc. On a couru la Transquadra en 2008. Je n'ai pu courir que la première étape, parce que la deuxième étape, je ne voulais pas partir 15 jours sans mon gamin. Je suis un peu étonnée. Je me demande comment font les femmes qui laissent la... Là, j'ai pas pu. Et puis... Et puis finalement... Et puis, on a couru le Fastnet avec le cigare, etc. Donc j'ai quand même continué à naviguer. Mais là, il y avait plusieurs choses. Un, l'envie de retrouver la mer toute seule, le solitaire. J'allais fêter mes 60 ans. Et en fait, j'ai fêté mes 60 ans en coupant la ligne d'arrivée, quasiment. Et puis, au Parlement européen, les médias français se sont jamais intéressés à ce que je portais. En fait, objectivement, mon parcours ne m'intéresse pas beaucoup. Et merci de t'intéresser à moi aujourd'hui. Mais je ne fais pas forcément, comme je ne suis pas très bonne en com, j'ai mon petit bout de chemin, j'agis, mais voilà, peu importe. Et je me suis dit, si je veux mettre la lumière sur ce que je fais au Parlement européen, il faut que je reprenne la mer. Peut-être que ça va m'aider. Et donc, j'ai un... peu regardé comment moi, la députée européenne, je pouvais passer un mois sur l'eau. J'ai eu très peu de temps. Je pensais m'entraîner les week-ends. Je rentrais de Strasbourg, de Bruxelles, sur les rotules. Donc, je n'avais pas le temps de m'entraîner. J'ai couru une course obligatoire pour me qualifier. J'ai couru la... Comment ça s'appelle ? La Dream Cup, que j'ai gagnée. Bon, après, dans ma classe, sur le papier, il fallait que je gagne. Mais n'empêche que ça m'a un peu confortée. Et puis, j'ai pris le départ de la course sur un bateau que j'avais... Tu vois, qui sur le... Je fais deux, mais sur le papier, le bateau, il devait faire deux. Donc, voilà. Et je me suis à la fois régalée. J'ai trouvé ça dur parce que je n'étais pas entraînée, pas suffisamment. Mais ça a été un petit électrochoc. Mais j'ai des collègues qui m'ont regardé. Ceux qui s'intéressaient à mes sujets, etc. M'ont regardé. Ça m'a aidée. J'ai eu plus. J'ai eu beaucoup plus de médias pour parler de ce que je fais au Parlement européen grâce à la route du Rhum. Donc, ça a été gagnant sur tous les... Et tu sais le dernier truc ? Mon fils ne m'avait pas connu navigatrice. Et pour lui, dans la maison, le navigateur, c'était surtout papa.
- Speaker #1
Alors que bon, quand même, tu aurais mis l'église au centre du village. Sout en joignant l'utile et la grave.
- Speaker #0
Donc voilà, je me suis éclatée. Quel bonheur. Et puis, je vais te dire une chose. peut-être en conclusion aussi ce milieu des marins, j'ai vraiment l'impression t'as une famille là Pierre-Yves, toi t'es au coeur du réacteur encore c'est une famille que tu retrouves, c'est toujours ta famille pour la vie quoi, tu les retrouves j'ai un tel bonheur à retrouver les marins et c'est amusant parce que je me suis fait plusieurs familles j'ai eu la famille des journalistes la famille, je me suis fait des amis aussi en politique ... Et puis, dans tous les parcours que j'ai, dans toutes les... Mais la famille des marins, c'est quand même vraiment ma famille de cœur plus, plus,
- Speaker #1
plus. C'est une très belle conclusion. Je n'ai même pas besoin de la faire. C'est toi qui l'as faite et qui l'as parfaite, en fait. Merci beaucoup. Merci d'avoir partagé en longueur ton parcours. Je t'avais dit que ça a duré longtemps. On a un peu pulvérisé les timings, mais ce n'est pas grave parce que c'était plein d'histoires et plein de détails hyper intéressants. Merci à toi. Pour le coup, je pense qu'on fera peut-être un autre épisode dans quelques années, parce qu'à mon avis, ce n'est pas fini.
- Speaker #0
Non, ce n'est pas fini.
- Speaker #1
J'ai bien l'impression qu'il n'était pas du tout question de retraite. C'était le tout début de notre édition.
- Speaker #0
Je me dis que j'ai encore quelques années pour faire des choses, pour essayer d'avoir de l'impact. Et puis, les années passent vite, donc il y a urgence. Et puis, en même temps, on vient d'acheter un bateau de croisière. donc je vais continuer à naviguer en croisière aussi j'ai un mari qui n'a pas du tout l'intention que je passe ma vie non plus à faire la belle comme il dit à Paris à amortir ton Vendée Globe l'expression est vraiment très très forte c'est ça, à amortir mon Vendée Globe merci Catherine,
- Speaker #1
à bientôt
- Speaker #0
Merci Pierre.