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IsadorABC

Collecte, collection , collectage - 31/10 06:08

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16min |31/10/2024|

16

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Transcription

  • Speaker #0

    Isadora BC, le podcast où une comédienne et un poète échangent autour d'un café. La comédienne c'est Clarence Massiani, le poète c'est Régis Decaime. Et aujourd'hui, nous allons parler du collectage. Alors Clarence, tu te définis comme comédienne, raconteuse d'histoire. collectrice de paroles. Et c'est ce dernier aspect, justement, que nous allons évoquer aujourd'hui. Et notamment, via un blog que tu animes et qui s'appelle...

  • Speaker #1

    collectage.com

  • Speaker #0

    Merci pour cette précision. Donc, collectage.com. J'invite tous les auditeurs à s'y rendre. Et on peut lire sur ce site un sous-titre. On a trois mots. Collection. collecte et collectage. Donc ces trois mots, ils évoquent effectivement l'idée de rassembler des objets, des données. Est-ce que tu pourrais nous évoquer leur différence, leur subtilité ?

  • Speaker #1

    La collection se réfère généralement à un ensemble d'objets que l'on rassemble et que l'on conserve, comme par exemple collectionner les tas. Les collectes s'appliquent... souvent au processus de rassemblement de fonds, de données ou d'objets pour une cause spécifique ou dans un but précis. Par exemple, lorsque l'on collecte des informations dans le cadre d'une enquête. Le collectage est un mot un peu moins courant et se rapproche plutôt du domaine de la recherche ethnographique ou culturelle. Il se réfère souvent à la collecte de témoignages, de récits, de musiques traditionnelles. en général pour préserver la mémoire culturelle d'un groupe ou d'une région. Et j'aimerais ajouter que le blog que j'ai créé permet de poursuivre le travail de collectage et de spectacle vivant au-delà du spectacle.

  • Speaker #0

    D'accord. Donc, chacun de ces termes, on le comprend bien, impliquent un acte de rassemblement, mais à chaque fois dans des contextes un petit peu différents. C'est bien ce qu'on peut percevoir sur ton blog. Mais également, je voudrais évoquer le fait qu'il y a un article, il y a le lien sur ton blog, un article que tu as écrit qui s'appelle L'art de collecter la parole qui est paru en juin 2020 dans la revue Nectar, qu'on peut trouver sur Kerninfo actuellement. D'ailleurs, nous mettrons le lien pour les auditeurs que ça peut intéresser sur le site Isadora BC. Est-ce que tu peux nous parler de cet article, Clarence, s'il te plaît ?

  • Speaker #1

    Tout à fait, c'est un article qui va témoigner de ma longue expérience auprès des différents publics du processus de collectage, à partir du moment où je suis chez eux à les interviewer, jusqu'au moment du spectacle vivant où ils peuvent être... public, expédateur de leurs propres paroles.

  • Speaker #0

    D'accord. Donc, on a cet article, mais quand on regarde ton blog, dès le début, on a un article qui s'appelle De la difficulté des corps dans le décor Pour nos éditeurs habituels, ça va leur rappeler un podcast, puisqu'on a déjà traité de cet ouvrage. Mais ce qui est intéressant, là, en l'occurrence, c'est que ce sont des extraits de lecture que tu as fait.

  • Speaker #1

    Oui, parce que j'avais envie que l'on explore cet ouvrage qui n'est pas encore publié sous la forme de quelques extraits audios afin de pouvoir à la fois entendre ma voix orale lire, mais également entendre le langage écrit à travers ma voix.

  • Speaker #0

    Effectivement. Alors, on a cet article-là de la difficulté des corps où tu as des extraits de lecture. Et juste à côté, on a un autre article qui s'appelle Le Nord de la France On n'est plus du tout dans des extraits de lecture, mais on est au fait dans des extraits sonores.

  • Speaker #1

    Alors, je voudrais préciser que lorsque je collecte la parole des gens, les collectes, les interviews ne sont pas utilisées pour être entendues. Elles sont utilisées pour que moi je puisse ensuite écouter les paroles et les réécrire. Mais cependant... Mais il y a quand même quelques extraits que j'ai voulu faire entendre et notamment sur ce travail de ces trois années dans les Hauts-de-France pour que l'on puisse aussi percevoir la richesse et la diversité de tous les publics que je rencontre.

  • Speaker #0

    Merci. L'article aussi qui est à côté, on a... également cette collection d'extraits sonores. Donc, ce ne sont pas des lectures, je précise bien, ce sont des extraits sonores. C'est un spectacle apparemment qui s'appelle Dynamitry de Cuny, où il y a eu tout un collectage assez important d'après ce que je comprends.

  • Speaker #1

    Le plus long.

  • Speaker #0

    Oui, le plus long, c'est-à-dire ?

  • Speaker #1

    80 heures.

  • Speaker #0

    Oui, c'est énorme. 80 heures.

  • Speaker #1

    Ça veut dire à peu près 6 mois à 1 an de collecte.

  • Speaker #0

    D'accord. Donc, on reviendra à... Dans un podcast prochain sur ce thème-là, donc on ne va pas le développer là, parce qu'il y a plein de choses à en dire, assez intéressantes, il y a un article ensuite qui m'intéresse particulièrement, qui s'appelle Mots et décors Alors, on n'est pas du tout dans des extraits sonores comme précédemment, mais on est dans des images. Et ce qui m'intéresse, c'est le fait que Dans ces images, il y a des mots. Donc la littérature, tout d'un coup, elle arrive, elle se mélange, elle rentre dans les images. Est-ce que tu peux nous en dire un mot ?

  • Speaker #1

    Oui, c'était un temps de travail dans un territoire, mais au moment de la crise du Covid. Nous étions en plein confinement et comme je ne pouvais pas travailler directement avec les gens, J'ai écrit des listes de mots et je les ai séparés. Ensuite, je les ai posés dans les paysages différents du territoire et j'ai pris des photos de chaque mot dans un paysage précis. Ensuite, ça a permis, à travers un blog, de pouvoir poursuivre un travail avec le public, mais de façon numérique. à partir de ces photos.

  • Speaker #0

    D'accord. Alors, ces photos, elles sont particulièrement intéressantes. Et juste à côté, tu as un autre article qui va nous donner une autre idée, une autre possibilité, un autre éventail de ce travail de collectage. C'est un article qui s'appelle Désordre littéraire Et donc ça, j'aime beaucoup, moi, cet article-là. Je le trouve vraiment intéressant. Est-ce que tu peux nous en parler ?

  • Speaker #1

    C'est un travail qui... que j'ai réalisé avec des enfants de maternelle et de primaire. Et l'idée étant d'apporter des livres et de les donner aux enfants. Alors, c'est quelque chose qui paraît un peu banal, mais il faut savoir que lorsque je suis arrivée dans les écoles, beaucoup de maîtresses ne donnaient pas les livres.

  • Speaker #0

    Les petits, j'imagine. Oui, les petits,

  • Speaker #1

    de la maternelle à la primaire. C'est-à-dire que... Il y avait l'idée qu'il fallait faire attention avec un livre. Voilà, c'était pas le départ, c'est qu'il fallait faire attention. Donc, moi, j'avais envie qu'on démystifie, qu'on désacralise cet objet. Et donc, j'ai apporté des vieilles encyclopédies, des vieux dictionnaires. Et ce qui était intéressant, c'était de voir ces enfants tout petits attraper ces objets très lourds, les poser, les partager, en ouvrir les pages. faire défiler les pages, se montrer ces pages remplies de mots qu'ils ne pouvaient pas lire ni comprendre. Donc déjà, cette première approche du livre, c'était vraiment passionnant et, j'ai envie de dire, joyeux. Joyeux pour les enfants de pouvoir s'emparer du livre. Et puis ensuite, il y a eu un deuxième processus qui était de se dire qu'est-ce qu'on va faire de... Qu'est-ce qu'on va faire de ces livres ? Qu'est-ce qu'on pourrait en faire ? Et donc, il y a eu l'idée d'organiser des créations comme des sculptures. Et en discutant, en collectant leurs paroles, il y a eu l'idée de créer une tour de livres. Il y a un enfant qui a posé un livre, puis un deuxième, puis un troisième. Tout d'un coup, on est allé vers une tour de livres pour monter jusqu'au ciel. Ou bien, certains ont fait un cœur géant pour dire leur amour du livre. D'autres ont créé un chemin de livre et ils me disaient qu'en suivant un livre et puis un autre, ils iraient comme ça jusqu'à chez eux ou jusqu'à l'école. Donc voilà, de toutes ces paroles et de toutes ces constructions, j'en ai ensuite écrit des phrases poétiques qui accompagnaient. la sculpture qui était prise en photo.

  • Speaker #0

    C'est ça, donc on a les images, on a différentes images d'objets, un chemin, un cœur, un avion, j'invite les auditeurs à se rendre sur le blog, et à chaque fois il y a des phrases qui vont un peu illustrer les propos des enfants. C'est les propos des enfants, d'accord. On passe à un autre article totalement différent qui s'appelle Ville nouvelle, Moissy-Cramaïel 77. Est-ce que tu peux nous parler de ce travail ou de cet article ?

  • Speaker #1

    C'est un travail qui s'est fait au sein de l'espace arc-en-ciel, qui est un centre social à Moissy-Cramaïel, où j'ai collecté de façon collective. À savoir que là, nous étions une bonne vingtaine de personnes, des familles. beaucoup de femmes avec des enfants, mais il y avait quelques hommes. Et l'idée, ce qui était intéressant, c'était que c'était des gens qui, évidemment, fréquentaient ce lieu, mais qui parfois ne partageaient pas la parole à travers les activités, autant qu'au moment d'un collectage. Et là, donc, c'était vraiment une rencontre entre eux, de s'entendre parler à la fois de leur vie, de leur passé, de... du déménagement d'un pays à l'autre. Et ça permettait aussi à ce que les gens, tout d'un coup, réalisent qu'ils avaient des choses en commun, des passions, qu'ils habitaient non loin l'un de l'autre, etc. Donc, c'était des très, très beaux moments comme ça, de rencontre et de partage. Et avec ces paroles, nous n'avons pas fait un spectacle, mais une performance. Donc, j'étais accompagnée d'une violoncelliste et j'ai redonné une espèce de portrait. de ce qu'ils m'ont raconté. Et ce qui était étonnant dans ce contexte-là, c'était que certaines d'entre elles n'avaient pas compris que leurs paroles allaient être mises en avant. Et je me souviens très bien de les regarder pendant que je racontais et que je voyais au départ une forme de stupeur et presque un peu de colère. Et puis tout d'un coup, au fur et à mesure du récit, il y avait comme une acceptation. qu'elle portait en elle une histoire et que cette histoire était donnée à voix haute et de façon collective devant tout le monde. Et donc prenait une importance.

  • Speaker #0

    D'accord. Dans ce blog, on continue sur cet éventail, Il y a un article qui est un peu différent, puisque ce n'est pas une collecte, ni sonore, ni d'image. C'est un article que tu as écrit et qui s'appelle Qu'est-ce que le collectage ? Tu poses toi-même la question Qu'est-ce que le collectage ? Est-ce que tu veux bien nous lire un extrait de ce texte ?

  • Speaker #1

    Moi, comédienne, je dois, en fonction des projets portés par la compagnie, aller puiser mon texte. à la bouche du passant, de l'habitant, de celui qui deviendrait le spectateur. Cette démarche de collecte consiste à capter la parole sur un support numérique, puis à la travailler à l'écrit pour ensuite la produire sur scène. Il ne s'agit pas de collecte pour faire une collection, comme on a dit précédemment, comme certains... recueillent les musiques folkloriques ou les contes traditionnels. Non, ce collectage s'apparente à la prise d'un instantané, comme un croquis ou une image dans un instant T ou un lieu X. Car le contexte définit l'œuvre, le contexte est l'essence même de la création.

  • Speaker #0

    Je te remercie beaucoup Clarence. Alors ce texte, je trouve qu'il explique très très bien la démarche. Moi j'invite les gens à aller sur le blog, parce qu'on ne va pas dire tous les articles qu'on peut trouver sur ce blog. On a par exemple un objet, une histoire, qui est vraiment un processus intéressant. On a des mots, des images. On a songe d'une ville. On a Agora aussi, où c'est une série de photos avec un mot à chaque fois. On a coquillages et crustacés. Alors ça c'est assez amusant, parce que c'est une série de... de photos. Il y a plein de choses à découvrir. Pour conclure, en tant que poète, je t'ai écrit un poème sur le collectage. J'espère que tu vas bien vouloir nous le lire.

  • Speaker #1

    Dans le jardin des souvenirs, je marche. Objets et histoires sont des phares, épaves du temps, je les accueille. Souvenirs ravis, cailloux ronds, pleurs éphémères, rêves flottants, je tisse un récit, un fil, une vie, un abri collectant la beauté, assemblant des bribes caléidoscopes de l'existant. Je trouve ma place, ma résistance.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Clarence.

  • Speaker #1

    Merci Régis.

  • Speaker #0

    On va terminer là et j'espère que cette... Ce petit podcast va générer du flux sur ton blog, parce que c'est vraiment passionnant ce que tu nous montres à voir sur ce blog collectage.com. On va mettre le lien sur le site, bien sûr, isadorabc.com. Et j'invite tous les auditeurs à nous retrouver dès jeudi prochain pour un autre podcast.

  • Speaker #1

    À bientôt !

  • Speaker #0

    À bientôt !

  • Speaker #1

    Sous-tit

Transcription

  • Speaker #0

    Isadora BC, le podcast où une comédienne et un poète échangent autour d'un café. La comédienne c'est Clarence Massiani, le poète c'est Régis Decaime. Et aujourd'hui, nous allons parler du collectage. Alors Clarence, tu te définis comme comédienne, raconteuse d'histoire. collectrice de paroles. Et c'est ce dernier aspect, justement, que nous allons évoquer aujourd'hui. Et notamment, via un blog que tu animes et qui s'appelle...

  • Speaker #1

    collectage.com

  • Speaker #0

    Merci pour cette précision. Donc, collectage.com. J'invite tous les auditeurs à s'y rendre. Et on peut lire sur ce site un sous-titre. On a trois mots. Collection. collecte et collectage. Donc ces trois mots, ils évoquent effectivement l'idée de rassembler des objets, des données. Est-ce que tu pourrais nous évoquer leur différence, leur subtilité ?

  • Speaker #1

    La collection se réfère généralement à un ensemble d'objets que l'on rassemble et que l'on conserve, comme par exemple collectionner les tas. Les collectes s'appliquent... souvent au processus de rassemblement de fonds, de données ou d'objets pour une cause spécifique ou dans un but précis. Par exemple, lorsque l'on collecte des informations dans le cadre d'une enquête. Le collectage est un mot un peu moins courant et se rapproche plutôt du domaine de la recherche ethnographique ou culturelle. Il se réfère souvent à la collecte de témoignages, de récits, de musiques traditionnelles. en général pour préserver la mémoire culturelle d'un groupe ou d'une région. Et j'aimerais ajouter que le blog que j'ai créé permet de poursuivre le travail de collectage et de spectacle vivant au-delà du spectacle.

  • Speaker #0

    D'accord. Donc, chacun de ces termes, on le comprend bien, impliquent un acte de rassemblement, mais à chaque fois dans des contextes un petit peu différents. C'est bien ce qu'on peut percevoir sur ton blog. Mais également, je voudrais évoquer le fait qu'il y a un article, il y a le lien sur ton blog, un article que tu as écrit qui s'appelle L'art de collecter la parole qui est paru en juin 2020 dans la revue Nectar, qu'on peut trouver sur Kerninfo actuellement. D'ailleurs, nous mettrons le lien pour les auditeurs que ça peut intéresser sur le site Isadora BC. Est-ce que tu peux nous parler de cet article, Clarence, s'il te plaît ?

  • Speaker #1

    Tout à fait, c'est un article qui va témoigner de ma longue expérience auprès des différents publics du processus de collectage, à partir du moment où je suis chez eux à les interviewer, jusqu'au moment du spectacle vivant où ils peuvent être... public, expédateur de leurs propres paroles.

  • Speaker #0

    D'accord. Donc, on a cet article, mais quand on regarde ton blog, dès le début, on a un article qui s'appelle De la difficulté des corps dans le décor Pour nos éditeurs habituels, ça va leur rappeler un podcast, puisqu'on a déjà traité de cet ouvrage. Mais ce qui est intéressant, là, en l'occurrence, c'est que ce sont des extraits de lecture que tu as fait.

  • Speaker #1

    Oui, parce que j'avais envie que l'on explore cet ouvrage qui n'est pas encore publié sous la forme de quelques extraits audios afin de pouvoir à la fois entendre ma voix orale lire, mais également entendre le langage écrit à travers ma voix.

  • Speaker #0

    Effectivement. Alors, on a cet article-là de la difficulté des corps où tu as des extraits de lecture. Et juste à côté, on a un autre article qui s'appelle Le Nord de la France On n'est plus du tout dans des extraits de lecture, mais on est au fait dans des extraits sonores.

  • Speaker #1

    Alors, je voudrais préciser que lorsque je collecte la parole des gens, les collectes, les interviews ne sont pas utilisées pour être entendues. Elles sont utilisées pour que moi je puisse ensuite écouter les paroles et les réécrire. Mais cependant... Mais il y a quand même quelques extraits que j'ai voulu faire entendre et notamment sur ce travail de ces trois années dans les Hauts-de-France pour que l'on puisse aussi percevoir la richesse et la diversité de tous les publics que je rencontre.

  • Speaker #0

    Merci. L'article aussi qui est à côté, on a... également cette collection d'extraits sonores. Donc, ce ne sont pas des lectures, je précise bien, ce sont des extraits sonores. C'est un spectacle apparemment qui s'appelle Dynamitry de Cuny, où il y a eu tout un collectage assez important d'après ce que je comprends.

  • Speaker #1

    Le plus long.

  • Speaker #0

    Oui, le plus long, c'est-à-dire ?

  • Speaker #1

    80 heures.

  • Speaker #0

    Oui, c'est énorme. 80 heures.

  • Speaker #1

    Ça veut dire à peu près 6 mois à 1 an de collecte.

  • Speaker #0

    D'accord. Donc, on reviendra à... Dans un podcast prochain sur ce thème-là, donc on ne va pas le développer là, parce qu'il y a plein de choses à en dire, assez intéressantes, il y a un article ensuite qui m'intéresse particulièrement, qui s'appelle Mots et décors Alors, on n'est pas du tout dans des extraits sonores comme précédemment, mais on est dans des images. Et ce qui m'intéresse, c'est le fait que Dans ces images, il y a des mots. Donc la littérature, tout d'un coup, elle arrive, elle se mélange, elle rentre dans les images. Est-ce que tu peux nous en dire un mot ?

  • Speaker #1

    Oui, c'était un temps de travail dans un territoire, mais au moment de la crise du Covid. Nous étions en plein confinement et comme je ne pouvais pas travailler directement avec les gens, J'ai écrit des listes de mots et je les ai séparés. Ensuite, je les ai posés dans les paysages différents du territoire et j'ai pris des photos de chaque mot dans un paysage précis. Ensuite, ça a permis, à travers un blog, de pouvoir poursuivre un travail avec le public, mais de façon numérique. à partir de ces photos.

  • Speaker #0

    D'accord. Alors, ces photos, elles sont particulièrement intéressantes. Et juste à côté, tu as un autre article qui va nous donner une autre idée, une autre possibilité, un autre éventail de ce travail de collectage. C'est un article qui s'appelle Désordre littéraire Et donc ça, j'aime beaucoup, moi, cet article-là. Je le trouve vraiment intéressant. Est-ce que tu peux nous en parler ?

  • Speaker #1

    C'est un travail qui... que j'ai réalisé avec des enfants de maternelle et de primaire. Et l'idée étant d'apporter des livres et de les donner aux enfants. Alors, c'est quelque chose qui paraît un peu banal, mais il faut savoir que lorsque je suis arrivée dans les écoles, beaucoup de maîtresses ne donnaient pas les livres.

  • Speaker #0

    Les petits, j'imagine. Oui, les petits,

  • Speaker #1

    de la maternelle à la primaire. C'est-à-dire que... Il y avait l'idée qu'il fallait faire attention avec un livre. Voilà, c'était pas le départ, c'est qu'il fallait faire attention. Donc, moi, j'avais envie qu'on démystifie, qu'on désacralise cet objet. Et donc, j'ai apporté des vieilles encyclopédies, des vieux dictionnaires. Et ce qui était intéressant, c'était de voir ces enfants tout petits attraper ces objets très lourds, les poser, les partager, en ouvrir les pages. faire défiler les pages, se montrer ces pages remplies de mots qu'ils ne pouvaient pas lire ni comprendre. Donc déjà, cette première approche du livre, c'était vraiment passionnant et, j'ai envie de dire, joyeux. Joyeux pour les enfants de pouvoir s'emparer du livre. Et puis ensuite, il y a eu un deuxième processus qui était de se dire qu'est-ce qu'on va faire de... Qu'est-ce qu'on va faire de ces livres ? Qu'est-ce qu'on pourrait en faire ? Et donc, il y a eu l'idée d'organiser des créations comme des sculptures. Et en discutant, en collectant leurs paroles, il y a eu l'idée de créer une tour de livres. Il y a un enfant qui a posé un livre, puis un deuxième, puis un troisième. Tout d'un coup, on est allé vers une tour de livres pour monter jusqu'au ciel. Ou bien, certains ont fait un cœur géant pour dire leur amour du livre. D'autres ont créé un chemin de livre et ils me disaient qu'en suivant un livre et puis un autre, ils iraient comme ça jusqu'à chez eux ou jusqu'à l'école. Donc voilà, de toutes ces paroles et de toutes ces constructions, j'en ai ensuite écrit des phrases poétiques qui accompagnaient. la sculpture qui était prise en photo.

  • Speaker #0

    C'est ça, donc on a les images, on a différentes images d'objets, un chemin, un cœur, un avion, j'invite les auditeurs à se rendre sur le blog, et à chaque fois il y a des phrases qui vont un peu illustrer les propos des enfants. C'est les propos des enfants, d'accord. On passe à un autre article totalement différent qui s'appelle Ville nouvelle, Moissy-Cramaïel 77. Est-ce que tu peux nous parler de ce travail ou de cet article ?

  • Speaker #1

    C'est un travail qui s'est fait au sein de l'espace arc-en-ciel, qui est un centre social à Moissy-Cramaïel, où j'ai collecté de façon collective. À savoir que là, nous étions une bonne vingtaine de personnes, des familles. beaucoup de femmes avec des enfants, mais il y avait quelques hommes. Et l'idée, ce qui était intéressant, c'était que c'était des gens qui, évidemment, fréquentaient ce lieu, mais qui parfois ne partageaient pas la parole à travers les activités, autant qu'au moment d'un collectage. Et là, donc, c'était vraiment une rencontre entre eux, de s'entendre parler à la fois de leur vie, de leur passé, de... du déménagement d'un pays à l'autre. Et ça permettait aussi à ce que les gens, tout d'un coup, réalisent qu'ils avaient des choses en commun, des passions, qu'ils habitaient non loin l'un de l'autre, etc. Donc, c'était des très, très beaux moments comme ça, de rencontre et de partage. Et avec ces paroles, nous n'avons pas fait un spectacle, mais une performance. Donc, j'étais accompagnée d'une violoncelliste et j'ai redonné une espèce de portrait. de ce qu'ils m'ont raconté. Et ce qui était étonnant dans ce contexte-là, c'était que certaines d'entre elles n'avaient pas compris que leurs paroles allaient être mises en avant. Et je me souviens très bien de les regarder pendant que je racontais et que je voyais au départ une forme de stupeur et presque un peu de colère. Et puis tout d'un coup, au fur et à mesure du récit, il y avait comme une acceptation. qu'elle portait en elle une histoire et que cette histoire était donnée à voix haute et de façon collective devant tout le monde. Et donc prenait une importance.

  • Speaker #0

    D'accord. Dans ce blog, on continue sur cet éventail, Il y a un article qui est un peu différent, puisque ce n'est pas une collecte, ni sonore, ni d'image. C'est un article que tu as écrit et qui s'appelle Qu'est-ce que le collectage ? Tu poses toi-même la question Qu'est-ce que le collectage ? Est-ce que tu veux bien nous lire un extrait de ce texte ?

  • Speaker #1

    Moi, comédienne, je dois, en fonction des projets portés par la compagnie, aller puiser mon texte. à la bouche du passant, de l'habitant, de celui qui deviendrait le spectateur. Cette démarche de collecte consiste à capter la parole sur un support numérique, puis à la travailler à l'écrit pour ensuite la produire sur scène. Il ne s'agit pas de collecte pour faire une collection, comme on a dit précédemment, comme certains... recueillent les musiques folkloriques ou les contes traditionnels. Non, ce collectage s'apparente à la prise d'un instantané, comme un croquis ou une image dans un instant T ou un lieu X. Car le contexte définit l'œuvre, le contexte est l'essence même de la création.

  • Speaker #0

    Je te remercie beaucoup Clarence. Alors ce texte, je trouve qu'il explique très très bien la démarche. Moi j'invite les gens à aller sur le blog, parce qu'on ne va pas dire tous les articles qu'on peut trouver sur ce blog. On a par exemple un objet, une histoire, qui est vraiment un processus intéressant. On a des mots, des images. On a songe d'une ville. On a Agora aussi, où c'est une série de photos avec un mot à chaque fois. On a coquillages et crustacés. Alors ça c'est assez amusant, parce que c'est une série de... de photos. Il y a plein de choses à découvrir. Pour conclure, en tant que poète, je t'ai écrit un poème sur le collectage. J'espère que tu vas bien vouloir nous le lire.

  • Speaker #1

    Dans le jardin des souvenirs, je marche. Objets et histoires sont des phares, épaves du temps, je les accueille. Souvenirs ravis, cailloux ronds, pleurs éphémères, rêves flottants, je tisse un récit, un fil, une vie, un abri collectant la beauté, assemblant des bribes caléidoscopes de l'existant. Je trouve ma place, ma résistance.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Clarence.

  • Speaker #1

    Merci Régis.

  • Speaker #0

    On va terminer là et j'espère que cette... Ce petit podcast va générer du flux sur ton blog, parce que c'est vraiment passionnant ce que tu nous montres à voir sur ce blog collectage.com. On va mettre le lien sur le site, bien sûr, isadorabc.com. Et j'invite tous les auditeurs à nous retrouver dès jeudi prochain pour un autre podcast.

  • Speaker #1

    À bientôt !

  • Speaker #0

    À bientôt !

  • Speaker #1

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  • Speaker #0

    Isadora BC, le podcast où une comédienne et un poète échangent autour d'un café. La comédienne c'est Clarence Massiani, le poète c'est Régis Decaime. Et aujourd'hui, nous allons parler du collectage. Alors Clarence, tu te définis comme comédienne, raconteuse d'histoire. collectrice de paroles. Et c'est ce dernier aspect, justement, que nous allons évoquer aujourd'hui. Et notamment, via un blog que tu animes et qui s'appelle...

  • Speaker #1

    collectage.com

  • Speaker #0

    Merci pour cette précision. Donc, collectage.com. J'invite tous les auditeurs à s'y rendre. Et on peut lire sur ce site un sous-titre. On a trois mots. Collection. collecte et collectage. Donc ces trois mots, ils évoquent effectivement l'idée de rassembler des objets, des données. Est-ce que tu pourrais nous évoquer leur différence, leur subtilité ?

  • Speaker #1

    La collection se réfère généralement à un ensemble d'objets que l'on rassemble et que l'on conserve, comme par exemple collectionner les tas. Les collectes s'appliquent... souvent au processus de rassemblement de fonds, de données ou d'objets pour une cause spécifique ou dans un but précis. Par exemple, lorsque l'on collecte des informations dans le cadre d'une enquête. Le collectage est un mot un peu moins courant et se rapproche plutôt du domaine de la recherche ethnographique ou culturelle. Il se réfère souvent à la collecte de témoignages, de récits, de musiques traditionnelles. en général pour préserver la mémoire culturelle d'un groupe ou d'une région. Et j'aimerais ajouter que le blog que j'ai créé permet de poursuivre le travail de collectage et de spectacle vivant au-delà du spectacle.

  • Speaker #0

    D'accord. Donc, chacun de ces termes, on le comprend bien, impliquent un acte de rassemblement, mais à chaque fois dans des contextes un petit peu différents. C'est bien ce qu'on peut percevoir sur ton blog. Mais également, je voudrais évoquer le fait qu'il y a un article, il y a le lien sur ton blog, un article que tu as écrit qui s'appelle L'art de collecter la parole qui est paru en juin 2020 dans la revue Nectar, qu'on peut trouver sur Kerninfo actuellement. D'ailleurs, nous mettrons le lien pour les auditeurs que ça peut intéresser sur le site Isadora BC. Est-ce que tu peux nous parler de cet article, Clarence, s'il te plaît ?

  • Speaker #1

    Tout à fait, c'est un article qui va témoigner de ma longue expérience auprès des différents publics du processus de collectage, à partir du moment où je suis chez eux à les interviewer, jusqu'au moment du spectacle vivant où ils peuvent être... public, expédateur de leurs propres paroles.

  • Speaker #0

    D'accord. Donc, on a cet article, mais quand on regarde ton blog, dès le début, on a un article qui s'appelle De la difficulté des corps dans le décor Pour nos éditeurs habituels, ça va leur rappeler un podcast, puisqu'on a déjà traité de cet ouvrage. Mais ce qui est intéressant, là, en l'occurrence, c'est que ce sont des extraits de lecture que tu as fait.

  • Speaker #1

    Oui, parce que j'avais envie que l'on explore cet ouvrage qui n'est pas encore publié sous la forme de quelques extraits audios afin de pouvoir à la fois entendre ma voix orale lire, mais également entendre le langage écrit à travers ma voix.

  • Speaker #0

    Effectivement. Alors, on a cet article-là de la difficulté des corps où tu as des extraits de lecture. Et juste à côté, on a un autre article qui s'appelle Le Nord de la France On n'est plus du tout dans des extraits de lecture, mais on est au fait dans des extraits sonores.

  • Speaker #1

    Alors, je voudrais préciser que lorsque je collecte la parole des gens, les collectes, les interviews ne sont pas utilisées pour être entendues. Elles sont utilisées pour que moi je puisse ensuite écouter les paroles et les réécrire. Mais cependant... Mais il y a quand même quelques extraits que j'ai voulu faire entendre et notamment sur ce travail de ces trois années dans les Hauts-de-France pour que l'on puisse aussi percevoir la richesse et la diversité de tous les publics que je rencontre.

  • Speaker #0

    Merci. L'article aussi qui est à côté, on a... également cette collection d'extraits sonores. Donc, ce ne sont pas des lectures, je précise bien, ce sont des extraits sonores. C'est un spectacle apparemment qui s'appelle Dynamitry de Cuny, où il y a eu tout un collectage assez important d'après ce que je comprends.

  • Speaker #1

    Le plus long.

  • Speaker #0

    Oui, le plus long, c'est-à-dire ?

  • Speaker #1

    80 heures.

  • Speaker #0

    Oui, c'est énorme. 80 heures.

  • Speaker #1

    Ça veut dire à peu près 6 mois à 1 an de collecte.

  • Speaker #0

    D'accord. Donc, on reviendra à... Dans un podcast prochain sur ce thème-là, donc on ne va pas le développer là, parce qu'il y a plein de choses à en dire, assez intéressantes, il y a un article ensuite qui m'intéresse particulièrement, qui s'appelle Mots et décors Alors, on n'est pas du tout dans des extraits sonores comme précédemment, mais on est dans des images. Et ce qui m'intéresse, c'est le fait que Dans ces images, il y a des mots. Donc la littérature, tout d'un coup, elle arrive, elle se mélange, elle rentre dans les images. Est-ce que tu peux nous en dire un mot ?

  • Speaker #1

    Oui, c'était un temps de travail dans un territoire, mais au moment de la crise du Covid. Nous étions en plein confinement et comme je ne pouvais pas travailler directement avec les gens, J'ai écrit des listes de mots et je les ai séparés. Ensuite, je les ai posés dans les paysages différents du territoire et j'ai pris des photos de chaque mot dans un paysage précis. Ensuite, ça a permis, à travers un blog, de pouvoir poursuivre un travail avec le public, mais de façon numérique. à partir de ces photos.

  • Speaker #0

    D'accord. Alors, ces photos, elles sont particulièrement intéressantes. Et juste à côté, tu as un autre article qui va nous donner une autre idée, une autre possibilité, un autre éventail de ce travail de collectage. C'est un article qui s'appelle Désordre littéraire Et donc ça, j'aime beaucoup, moi, cet article-là. Je le trouve vraiment intéressant. Est-ce que tu peux nous en parler ?

  • Speaker #1

    C'est un travail qui... que j'ai réalisé avec des enfants de maternelle et de primaire. Et l'idée étant d'apporter des livres et de les donner aux enfants. Alors, c'est quelque chose qui paraît un peu banal, mais il faut savoir que lorsque je suis arrivée dans les écoles, beaucoup de maîtresses ne donnaient pas les livres.

  • Speaker #0

    Les petits, j'imagine. Oui, les petits,

  • Speaker #1

    de la maternelle à la primaire. C'est-à-dire que... Il y avait l'idée qu'il fallait faire attention avec un livre. Voilà, c'était pas le départ, c'est qu'il fallait faire attention. Donc, moi, j'avais envie qu'on démystifie, qu'on désacralise cet objet. Et donc, j'ai apporté des vieilles encyclopédies, des vieux dictionnaires. Et ce qui était intéressant, c'était de voir ces enfants tout petits attraper ces objets très lourds, les poser, les partager, en ouvrir les pages. faire défiler les pages, se montrer ces pages remplies de mots qu'ils ne pouvaient pas lire ni comprendre. Donc déjà, cette première approche du livre, c'était vraiment passionnant et, j'ai envie de dire, joyeux. Joyeux pour les enfants de pouvoir s'emparer du livre. Et puis ensuite, il y a eu un deuxième processus qui était de se dire qu'est-ce qu'on va faire de... Qu'est-ce qu'on va faire de ces livres ? Qu'est-ce qu'on pourrait en faire ? Et donc, il y a eu l'idée d'organiser des créations comme des sculptures. Et en discutant, en collectant leurs paroles, il y a eu l'idée de créer une tour de livres. Il y a un enfant qui a posé un livre, puis un deuxième, puis un troisième. Tout d'un coup, on est allé vers une tour de livres pour monter jusqu'au ciel. Ou bien, certains ont fait un cœur géant pour dire leur amour du livre. D'autres ont créé un chemin de livre et ils me disaient qu'en suivant un livre et puis un autre, ils iraient comme ça jusqu'à chez eux ou jusqu'à l'école. Donc voilà, de toutes ces paroles et de toutes ces constructions, j'en ai ensuite écrit des phrases poétiques qui accompagnaient. la sculpture qui était prise en photo.

  • Speaker #0

    C'est ça, donc on a les images, on a différentes images d'objets, un chemin, un cœur, un avion, j'invite les auditeurs à se rendre sur le blog, et à chaque fois il y a des phrases qui vont un peu illustrer les propos des enfants. C'est les propos des enfants, d'accord. On passe à un autre article totalement différent qui s'appelle Ville nouvelle, Moissy-Cramaïel 77. Est-ce que tu peux nous parler de ce travail ou de cet article ?

  • Speaker #1

    C'est un travail qui s'est fait au sein de l'espace arc-en-ciel, qui est un centre social à Moissy-Cramaïel, où j'ai collecté de façon collective. À savoir que là, nous étions une bonne vingtaine de personnes, des familles. beaucoup de femmes avec des enfants, mais il y avait quelques hommes. Et l'idée, ce qui était intéressant, c'était que c'était des gens qui, évidemment, fréquentaient ce lieu, mais qui parfois ne partageaient pas la parole à travers les activités, autant qu'au moment d'un collectage. Et là, donc, c'était vraiment une rencontre entre eux, de s'entendre parler à la fois de leur vie, de leur passé, de... du déménagement d'un pays à l'autre. Et ça permettait aussi à ce que les gens, tout d'un coup, réalisent qu'ils avaient des choses en commun, des passions, qu'ils habitaient non loin l'un de l'autre, etc. Donc, c'était des très, très beaux moments comme ça, de rencontre et de partage. Et avec ces paroles, nous n'avons pas fait un spectacle, mais une performance. Donc, j'étais accompagnée d'une violoncelliste et j'ai redonné une espèce de portrait. de ce qu'ils m'ont raconté. Et ce qui était étonnant dans ce contexte-là, c'était que certaines d'entre elles n'avaient pas compris que leurs paroles allaient être mises en avant. Et je me souviens très bien de les regarder pendant que je racontais et que je voyais au départ une forme de stupeur et presque un peu de colère. Et puis tout d'un coup, au fur et à mesure du récit, il y avait comme une acceptation. qu'elle portait en elle une histoire et que cette histoire était donnée à voix haute et de façon collective devant tout le monde. Et donc prenait une importance.

  • Speaker #0

    D'accord. Dans ce blog, on continue sur cet éventail, Il y a un article qui est un peu différent, puisque ce n'est pas une collecte, ni sonore, ni d'image. C'est un article que tu as écrit et qui s'appelle Qu'est-ce que le collectage ? Tu poses toi-même la question Qu'est-ce que le collectage ? Est-ce que tu veux bien nous lire un extrait de ce texte ?

  • Speaker #1

    Moi, comédienne, je dois, en fonction des projets portés par la compagnie, aller puiser mon texte. à la bouche du passant, de l'habitant, de celui qui deviendrait le spectateur. Cette démarche de collecte consiste à capter la parole sur un support numérique, puis à la travailler à l'écrit pour ensuite la produire sur scène. Il ne s'agit pas de collecte pour faire une collection, comme on a dit précédemment, comme certains... recueillent les musiques folkloriques ou les contes traditionnels. Non, ce collectage s'apparente à la prise d'un instantané, comme un croquis ou une image dans un instant T ou un lieu X. Car le contexte définit l'œuvre, le contexte est l'essence même de la création.

  • Speaker #0

    Je te remercie beaucoup Clarence. Alors ce texte, je trouve qu'il explique très très bien la démarche. Moi j'invite les gens à aller sur le blog, parce qu'on ne va pas dire tous les articles qu'on peut trouver sur ce blog. On a par exemple un objet, une histoire, qui est vraiment un processus intéressant. On a des mots, des images. On a songe d'une ville. On a Agora aussi, où c'est une série de photos avec un mot à chaque fois. On a coquillages et crustacés. Alors ça c'est assez amusant, parce que c'est une série de... de photos. Il y a plein de choses à découvrir. Pour conclure, en tant que poète, je t'ai écrit un poème sur le collectage. J'espère que tu vas bien vouloir nous le lire.

  • Speaker #1

    Dans le jardin des souvenirs, je marche. Objets et histoires sont des phares, épaves du temps, je les accueille. Souvenirs ravis, cailloux ronds, pleurs éphémères, rêves flottants, je tisse un récit, un fil, une vie, un abri collectant la beauté, assemblant des bribes caléidoscopes de l'existant. Je trouve ma place, ma résistance.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Clarence.

  • Speaker #1

    Merci Régis.

  • Speaker #0

    On va terminer là et j'espère que cette... Ce petit podcast va générer du flux sur ton blog, parce que c'est vraiment passionnant ce que tu nous montres à voir sur ce blog collectage.com. On va mettre le lien sur le site, bien sûr, isadorabc.com. Et j'invite tous les auditeurs à nous retrouver dès jeudi prochain pour un autre podcast.

  • Speaker #1

    À bientôt !

  • Speaker #0

    À bientôt !

  • Speaker #1

    Sous-tit

Transcription

  • Speaker #0

    Isadora BC, le podcast où une comédienne et un poète échangent autour d'un café. La comédienne c'est Clarence Massiani, le poète c'est Régis Decaime. Et aujourd'hui, nous allons parler du collectage. Alors Clarence, tu te définis comme comédienne, raconteuse d'histoire. collectrice de paroles. Et c'est ce dernier aspect, justement, que nous allons évoquer aujourd'hui. Et notamment, via un blog que tu animes et qui s'appelle...

  • Speaker #1

    collectage.com

  • Speaker #0

    Merci pour cette précision. Donc, collectage.com. J'invite tous les auditeurs à s'y rendre. Et on peut lire sur ce site un sous-titre. On a trois mots. Collection. collecte et collectage. Donc ces trois mots, ils évoquent effectivement l'idée de rassembler des objets, des données. Est-ce que tu pourrais nous évoquer leur différence, leur subtilité ?

  • Speaker #1

    La collection se réfère généralement à un ensemble d'objets que l'on rassemble et que l'on conserve, comme par exemple collectionner les tas. Les collectes s'appliquent... souvent au processus de rassemblement de fonds, de données ou d'objets pour une cause spécifique ou dans un but précis. Par exemple, lorsque l'on collecte des informations dans le cadre d'une enquête. Le collectage est un mot un peu moins courant et se rapproche plutôt du domaine de la recherche ethnographique ou culturelle. Il se réfère souvent à la collecte de témoignages, de récits, de musiques traditionnelles. en général pour préserver la mémoire culturelle d'un groupe ou d'une région. Et j'aimerais ajouter que le blog que j'ai créé permet de poursuivre le travail de collectage et de spectacle vivant au-delà du spectacle.

  • Speaker #0

    D'accord. Donc, chacun de ces termes, on le comprend bien, impliquent un acte de rassemblement, mais à chaque fois dans des contextes un petit peu différents. C'est bien ce qu'on peut percevoir sur ton blog. Mais également, je voudrais évoquer le fait qu'il y a un article, il y a le lien sur ton blog, un article que tu as écrit qui s'appelle L'art de collecter la parole qui est paru en juin 2020 dans la revue Nectar, qu'on peut trouver sur Kerninfo actuellement. D'ailleurs, nous mettrons le lien pour les auditeurs que ça peut intéresser sur le site Isadora BC. Est-ce que tu peux nous parler de cet article, Clarence, s'il te plaît ?

  • Speaker #1

    Tout à fait, c'est un article qui va témoigner de ma longue expérience auprès des différents publics du processus de collectage, à partir du moment où je suis chez eux à les interviewer, jusqu'au moment du spectacle vivant où ils peuvent être... public, expédateur de leurs propres paroles.

  • Speaker #0

    D'accord. Donc, on a cet article, mais quand on regarde ton blog, dès le début, on a un article qui s'appelle De la difficulté des corps dans le décor Pour nos éditeurs habituels, ça va leur rappeler un podcast, puisqu'on a déjà traité de cet ouvrage. Mais ce qui est intéressant, là, en l'occurrence, c'est que ce sont des extraits de lecture que tu as fait.

  • Speaker #1

    Oui, parce que j'avais envie que l'on explore cet ouvrage qui n'est pas encore publié sous la forme de quelques extraits audios afin de pouvoir à la fois entendre ma voix orale lire, mais également entendre le langage écrit à travers ma voix.

  • Speaker #0

    Effectivement. Alors, on a cet article-là de la difficulté des corps où tu as des extraits de lecture. Et juste à côté, on a un autre article qui s'appelle Le Nord de la France On n'est plus du tout dans des extraits de lecture, mais on est au fait dans des extraits sonores.

  • Speaker #1

    Alors, je voudrais préciser que lorsque je collecte la parole des gens, les collectes, les interviews ne sont pas utilisées pour être entendues. Elles sont utilisées pour que moi je puisse ensuite écouter les paroles et les réécrire. Mais cependant... Mais il y a quand même quelques extraits que j'ai voulu faire entendre et notamment sur ce travail de ces trois années dans les Hauts-de-France pour que l'on puisse aussi percevoir la richesse et la diversité de tous les publics que je rencontre.

  • Speaker #0

    Merci. L'article aussi qui est à côté, on a... également cette collection d'extraits sonores. Donc, ce ne sont pas des lectures, je précise bien, ce sont des extraits sonores. C'est un spectacle apparemment qui s'appelle Dynamitry de Cuny, où il y a eu tout un collectage assez important d'après ce que je comprends.

  • Speaker #1

    Le plus long.

  • Speaker #0

    Oui, le plus long, c'est-à-dire ?

  • Speaker #1

    80 heures.

  • Speaker #0

    Oui, c'est énorme. 80 heures.

  • Speaker #1

    Ça veut dire à peu près 6 mois à 1 an de collecte.

  • Speaker #0

    D'accord. Donc, on reviendra à... Dans un podcast prochain sur ce thème-là, donc on ne va pas le développer là, parce qu'il y a plein de choses à en dire, assez intéressantes, il y a un article ensuite qui m'intéresse particulièrement, qui s'appelle Mots et décors Alors, on n'est pas du tout dans des extraits sonores comme précédemment, mais on est dans des images. Et ce qui m'intéresse, c'est le fait que Dans ces images, il y a des mots. Donc la littérature, tout d'un coup, elle arrive, elle se mélange, elle rentre dans les images. Est-ce que tu peux nous en dire un mot ?

  • Speaker #1

    Oui, c'était un temps de travail dans un territoire, mais au moment de la crise du Covid. Nous étions en plein confinement et comme je ne pouvais pas travailler directement avec les gens, J'ai écrit des listes de mots et je les ai séparés. Ensuite, je les ai posés dans les paysages différents du territoire et j'ai pris des photos de chaque mot dans un paysage précis. Ensuite, ça a permis, à travers un blog, de pouvoir poursuivre un travail avec le public, mais de façon numérique. à partir de ces photos.

  • Speaker #0

    D'accord. Alors, ces photos, elles sont particulièrement intéressantes. Et juste à côté, tu as un autre article qui va nous donner une autre idée, une autre possibilité, un autre éventail de ce travail de collectage. C'est un article qui s'appelle Désordre littéraire Et donc ça, j'aime beaucoup, moi, cet article-là. Je le trouve vraiment intéressant. Est-ce que tu peux nous en parler ?

  • Speaker #1

    C'est un travail qui... que j'ai réalisé avec des enfants de maternelle et de primaire. Et l'idée étant d'apporter des livres et de les donner aux enfants. Alors, c'est quelque chose qui paraît un peu banal, mais il faut savoir que lorsque je suis arrivée dans les écoles, beaucoup de maîtresses ne donnaient pas les livres.

  • Speaker #0

    Les petits, j'imagine. Oui, les petits,

  • Speaker #1

    de la maternelle à la primaire. C'est-à-dire que... Il y avait l'idée qu'il fallait faire attention avec un livre. Voilà, c'était pas le départ, c'est qu'il fallait faire attention. Donc, moi, j'avais envie qu'on démystifie, qu'on désacralise cet objet. Et donc, j'ai apporté des vieilles encyclopédies, des vieux dictionnaires. Et ce qui était intéressant, c'était de voir ces enfants tout petits attraper ces objets très lourds, les poser, les partager, en ouvrir les pages. faire défiler les pages, se montrer ces pages remplies de mots qu'ils ne pouvaient pas lire ni comprendre. Donc déjà, cette première approche du livre, c'était vraiment passionnant et, j'ai envie de dire, joyeux. Joyeux pour les enfants de pouvoir s'emparer du livre. Et puis ensuite, il y a eu un deuxième processus qui était de se dire qu'est-ce qu'on va faire de... Qu'est-ce qu'on va faire de ces livres ? Qu'est-ce qu'on pourrait en faire ? Et donc, il y a eu l'idée d'organiser des créations comme des sculptures. Et en discutant, en collectant leurs paroles, il y a eu l'idée de créer une tour de livres. Il y a un enfant qui a posé un livre, puis un deuxième, puis un troisième. Tout d'un coup, on est allé vers une tour de livres pour monter jusqu'au ciel. Ou bien, certains ont fait un cœur géant pour dire leur amour du livre. D'autres ont créé un chemin de livre et ils me disaient qu'en suivant un livre et puis un autre, ils iraient comme ça jusqu'à chez eux ou jusqu'à l'école. Donc voilà, de toutes ces paroles et de toutes ces constructions, j'en ai ensuite écrit des phrases poétiques qui accompagnaient. la sculpture qui était prise en photo.

  • Speaker #0

    C'est ça, donc on a les images, on a différentes images d'objets, un chemin, un cœur, un avion, j'invite les auditeurs à se rendre sur le blog, et à chaque fois il y a des phrases qui vont un peu illustrer les propos des enfants. C'est les propos des enfants, d'accord. On passe à un autre article totalement différent qui s'appelle Ville nouvelle, Moissy-Cramaïel 77. Est-ce que tu peux nous parler de ce travail ou de cet article ?

  • Speaker #1

    C'est un travail qui s'est fait au sein de l'espace arc-en-ciel, qui est un centre social à Moissy-Cramaïel, où j'ai collecté de façon collective. À savoir que là, nous étions une bonne vingtaine de personnes, des familles. beaucoup de femmes avec des enfants, mais il y avait quelques hommes. Et l'idée, ce qui était intéressant, c'était que c'était des gens qui, évidemment, fréquentaient ce lieu, mais qui parfois ne partageaient pas la parole à travers les activités, autant qu'au moment d'un collectage. Et là, donc, c'était vraiment une rencontre entre eux, de s'entendre parler à la fois de leur vie, de leur passé, de... du déménagement d'un pays à l'autre. Et ça permettait aussi à ce que les gens, tout d'un coup, réalisent qu'ils avaient des choses en commun, des passions, qu'ils habitaient non loin l'un de l'autre, etc. Donc, c'était des très, très beaux moments comme ça, de rencontre et de partage. Et avec ces paroles, nous n'avons pas fait un spectacle, mais une performance. Donc, j'étais accompagnée d'une violoncelliste et j'ai redonné une espèce de portrait. de ce qu'ils m'ont raconté. Et ce qui était étonnant dans ce contexte-là, c'était que certaines d'entre elles n'avaient pas compris que leurs paroles allaient être mises en avant. Et je me souviens très bien de les regarder pendant que je racontais et que je voyais au départ une forme de stupeur et presque un peu de colère. Et puis tout d'un coup, au fur et à mesure du récit, il y avait comme une acceptation. qu'elle portait en elle une histoire et que cette histoire était donnée à voix haute et de façon collective devant tout le monde. Et donc prenait une importance.

  • Speaker #0

    D'accord. Dans ce blog, on continue sur cet éventail, Il y a un article qui est un peu différent, puisque ce n'est pas une collecte, ni sonore, ni d'image. C'est un article que tu as écrit et qui s'appelle Qu'est-ce que le collectage ? Tu poses toi-même la question Qu'est-ce que le collectage ? Est-ce que tu veux bien nous lire un extrait de ce texte ?

  • Speaker #1

    Moi, comédienne, je dois, en fonction des projets portés par la compagnie, aller puiser mon texte. à la bouche du passant, de l'habitant, de celui qui deviendrait le spectateur. Cette démarche de collecte consiste à capter la parole sur un support numérique, puis à la travailler à l'écrit pour ensuite la produire sur scène. Il ne s'agit pas de collecte pour faire une collection, comme on a dit précédemment, comme certains... recueillent les musiques folkloriques ou les contes traditionnels. Non, ce collectage s'apparente à la prise d'un instantané, comme un croquis ou une image dans un instant T ou un lieu X. Car le contexte définit l'œuvre, le contexte est l'essence même de la création.

  • Speaker #0

    Je te remercie beaucoup Clarence. Alors ce texte, je trouve qu'il explique très très bien la démarche. Moi j'invite les gens à aller sur le blog, parce qu'on ne va pas dire tous les articles qu'on peut trouver sur ce blog. On a par exemple un objet, une histoire, qui est vraiment un processus intéressant. On a des mots, des images. On a songe d'une ville. On a Agora aussi, où c'est une série de photos avec un mot à chaque fois. On a coquillages et crustacés. Alors ça c'est assez amusant, parce que c'est une série de... de photos. Il y a plein de choses à découvrir. Pour conclure, en tant que poète, je t'ai écrit un poème sur le collectage. J'espère que tu vas bien vouloir nous le lire.

  • Speaker #1

    Dans le jardin des souvenirs, je marche. Objets et histoires sont des phares, épaves du temps, je les accueille. Souvenirs ravis, cailloux ronds, pleurs éphémères, rêves flottants, je tisse un récit, un fil, une vie, un abri collectant la beauté, assemblant des bribes caléidoscopes de l'existant. Je trouve ma place, ma résistance.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Clarence.

  • Speaker #1

    Merci Régis.

  • Speaker #0

    On va terminer là et j'espère que cette... Ce petit podcast va générer du flux sur ton blog, parce que c'est vraiment passionnant ce que tu nous montres à voir sur ce blog collectage.com. On va mettre le lien sur le site, bien sûr, isadorabc.com. Et j'invite tous les auditeurs à nous retrouver dès jeudi prochain pour un autre podcast.

  • Speaker #1

    À bientôt !

  • Speaker #0

    À bientôt !

  • Speaker #1

    Sous-tit

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