- Speaker #0
Bonjour,
- Speaker #1
bienvenue, alors quoi que vous fassiez là maintenant, c'est une super idée de vous brancher sur l'émission L'Autre Potentiel, j'ose ma différence. Aujourd'hui, nous repartons faire un petit détour du côté de la multipotentialité et je vous invite à découvrir, si vous ne le connaissez pas déjà, Pierre-Yves Cuvelier, un homme aux multiples projets. qui, à un moment donné de sa vie, comme il va nous l'expliquer, a payé quand même un prix assez lourd à cette multipotentialité. Et donc, c'est vraiment quelqu'un dont le témoignage, pour moi, m'est précieux et qui est très généreux en termes de pépites comme je les aime. Pierre-Yves, je l'ai découvert un peu par hasard. J'étais à un endroit où il était peu probable de me trouver. J'avais décidé d'aller à une journée. des entrepreneurs du cœur de Romain Clamaron sur Bruxelles. C'est le genre de truc que je ne fais jamais. Je ne sais pas pourquoi il y a quelque chose qui m'a tenté dans cette journée. J'ai passé une super journée. Et d'autant plus que c'est là que j'ai fait la rencontre, la découverte de cet homme multipotentiel qu'est Périf Cuvelier. Je vous laisse découvrir cela et je vous souhaite une belle écoute. Bonjour Pierre-Yves.
- Speaker #0
Bonjour cher Marc.
- Speaker #1
Merci d'avoir accepté mon invitation. Je t'ai invité parce qu'en termes de multipotentialité, je trouve que tu représentes très bien le sujet. Je me rappelle que j'étais venu te voir une fois avec ma femme. Tu nous avais pu expliquer tout ce que tu avais fait dans une session. Jam, c'est ça ?
- Speaker #0
Dans la salle de concert.
- Speaker #1
Dans la salle de concert, qui est un de tes projets. Et on en a eu deux heures, deux heures et demie, tu nous as tout expliqué.
- Speaker #0
Et moi,
- Speaker #1
je me suis sorti, je me suis dit,
- Speaker #0
mais waouh ! Waouh, je ne sais pas, waouh !
- Speaker #1
J'ai déjà plein d'idées,
- Speaker #0
Adam !
- Speaker #1
Alors toi, c'est exponentiel. Donc, explique-nous un petit peu qui tu es déjà, si tu devais te dire... Ça va être dur, ça. Te présenter en deux phrases, et puis après, on va voir ton parcours.
- Speaker #0
En deux phrases, voilà. Mais je m'appelle Pierre-Yves Cuvelier, donc je suis avant tout musicien et pianiste, surtout de formation de chœur, voilà. Et je pourrais dire, pour terminer, que je suis comme parmi d'autres, un être de lumière parmi d'autres, et qui essaye d'éclairer d'abord sa route et celle des autres par la même occasion. Voilà, dans sa mission de vie sur Terre, avec toute humilité possible, voilà.
- Speaker #1
Tu aurais parlé comme ça de toi, au tout début de tes projets ?
- Speaker #0
Non, pas du tout. Il y avait une conscience, mais latente, on va dire. Maintenant, il y a une évaluation de conscience qui s'est faite, notamment par le parcours de vie, un éclairage qui est venu appuyer, en tout cas, cette mission de vie qui est la mienne maintenant.
- Speaker #1
Explique-nous ce parcours. Je vais te laisser là, parce qu'attention,
- Speaker #0
mesdames et messieurs,
- Speaker #1
accrochez-vous, c'est factique.
- Speaker #0
Alors, j'ai trois frères, enfin j'ai deux frères, je suis le premier, donc mes parents, voilà, ma maman a attendu beaucoup avant que je naisse, puisqu'elle reste alitée quelques temps. pendant quelques mois, elle écoutait beaucoup de musique. Elle adorait la musique classique, etc. Et donc ça joue sur fatalement le fœtus. Tout ça s'est profité depuis Belle Nurette maintenant. Et donc je suis né avec cette envie de bouger d'une part, et puis de pouvoir être attiré par les sons, comme beaucoup de jeunes enfants aussi. Et donc, comme d'autres parents, mes parents étaient attentifs à ce développement. L'enfant, il y avait un piano chez mes grands-parents. Et donc j'étais toujours, sachant à peine marcher, en train d'aller toucher ce piano, d'être tout pensé. À 24, on peut d'une certaine manière dire ça, oui. Et donc très tôt, j'ai eu la chance de pouvoir commencer des cours de piano à l'âge de 2 ans, 2 ans et demi déjà. Et j'ai eu la chance d'avoir un professeur polonais qui n'avait pas d'enfant et qui m'a un peu pris comme son propre enfant. et une académie qui venait de s'ouvrir ici du côté de Grédoiseau. Donc ils avaient justement besoin d'élèves aussi, de quotas pour engager les profs et compagnie. Bon, ça c'est l'administration. Donc j'ai commencé avec un petit quart d'heure de cours, une demi-heure, etc. Et voilà, un peu à l'essai, sans savoir si ça allait matcher. Et ça s'est fait de manière tout à fait ludique, puisque mon professeur venait avec des tartes, je me rappelle, qu'elle découpait en quatre pour me faire comprendre les noirs, et puis les croches, ça faisait marcher, etc. C'était un petit peu des veilles musicales appliquées aussi. Donc elle m'apprenait la musique et moi je lui apprenais le français. parce qu'elle ne piffait pas un mot de français. Donc, elle était polonaise. Son mari aussi, c'était de très grands concertistes. Donc, ils m'ont vraiment pris sous leur aile. Donc, très vite, évidemment, comme un enfant absente, comme on fait maintenant dans les langues, entre autres, dans les écoles, on sait qu'on commence tôt, avant 5-6 ans, au niveau du cerveau, des hémisphères cérébraux, etc. Tout se mallait et se prépare, se forge plus vite, plus en profondeur, tout simplement. Donc, dès l'âge de 6-7 ans, je faisais déjà mes premiers concerts. Donc effectivement, j'étais considéré comme le petit Mozart de l'académie. J'ai eu la chance d'être baigné aussi dans une famille... qui était très amour, très ouverte aussi. Et j'avais un oncle qui était prêtre, qui était justement mon parrain, et qui avait une église du côté des Ardennes qui avait été restaurée complètement. On avait mis un faux plafond. Et il faisait de la musique là-bas, comme aux Etats-Unis. C'est de la musique comme les gospel. Il y avait un orgamon, de la batterie, guitare électrique, un vrai orchestre de rock. Voilà, mes parents qui étaient plutôt musique variété, classique ou classique, classique. Ben voilà, écouter du rock, de la batterie, c'était un peu différent de mon apprentissage classique en académie. Donc j'ai tout de suite matché. Et j'ai commencé à jouer tous les baptêmes, les enterrements, les mariages à Total. J'étais devenu un petit peu son organiste. de prédilection chaque fois que j'y revenais le week-end en vacances. Et donc ça, c'était mes premières bases en tant que musicien et ma première prise de confiance en moi, tout simplement, parce que déjà jouer devant 200, 300, 500 personnes dans des grandes églises, c'est quand même déjà impressionnant quand t'es un mouflet, tu vois.
- Speaker #1
C'est un super entraînement.
- Speaker #0
Voilà, et surtout pour l'oreille aussi, puisqu'il n'y avait pas de partition, il n'y avait rien du tout, donc je l'entendais chanter, il chantait super bien. et donc doré, je retrouvais les notes qu'il fallait pour l'accompagner de manière complètement intuitive et un approche, c'était que ça donc c'est la meilleure école que j'ai pu avoir et puis en grandissant, au début j'étais archi timide il faut dire, on habitait Bruxelles un tout petit peu je m'étais enfoui des écoles d'ailleurs je m'enfouis de l'école, je n'osais pas aller dans les fansifères et donc c'est vrai que cette timidité s'est transcendée assez rapidement. Jusqu'à l'âge de 6-7 ans, on ne sent pas le poids du concert du public. On a senti le poids et le stress arrivé. Et là, j'ai eu un déclic mental où je me suis dit non, ça ne peut pas me pervertir, ça ne peut pas me bloquer. Et je suis devenu, j'ai vraiment une transformation, je sens encore de personnalité, où je me suis dit non, je ne peux pas avoir peur. Et je suis devenu, on va dire, un baroudeur de façon de parler, où je n'ai plus peur de rien.
- Speaker #1
Comment ça s'est fait ? C'est bien de se dire je ne vais plus avoir peur.
- Speaker #0
C'est sur moi par la respiration tout simplement donc prendre conscience de sa respiration d'affronter le public, d'affronter ses peurs, de bien se préparer bien évidemment parce que si on n'est pas préparé lors d'une audition d'un concert, on n'est pas toujours à l'aise mais j'ai pris conscience de mon talent parce que les gens me le disaient je voyais bien que j'avais des facilités et que j'avais du plaisir par rapport à ça et donc j'ai mis en valeur ce talent d'une part et je me suis dit que J'étais fait pour ça d'une certaine manière. Je sentais qu'au plus profond de mes tripes, c'est quelque chose qui m'alignait. Je me suis senti vraiment aligné dans la musique, dans cet art qui m'a vraiment beaucoup servi socialement pour justement m'affranchir de ces petites peurs que j'avais avant. Par exemple, j'ai commencé le mouvement de jeunesse, etc. Et là, tout de suite, on a fait les badges troubadours et compagnie. On sait bien que c'est un courant qui permet de mettre à l'aise les enfants, de les émanciper par les responsabilités, la vie en groupe, sociale et compagnie. Et donc là-bas, je me rappelle qu'à l'âge de 7-8 ans, déjà mes chefs louaient des groupes électrogènes. Mes parents m'avaient acheté un petit clavier On Air, je pense, sur pile, et qu'on mettait sur des baffles pour alimenter la musique. Lors des veillées scouts, on faisait venir toute l'unité. Donc là, de nouveau, je jouais devant des centaines d'enfants qui me disaient Tu peux jouer libre max, tu peux jouer ci, etc. Même sans connaître les morceaux, j'écoutais un tout petit peu et tout de suite je reproduisais les choses. Et là, quel âge ? J'avais 7-8 ans. 7-8 ans ? C'est ça, voilà.
- Speaker #1
C'est déjà, waouh.
- Speaker #0
Et donc, ça commence assez jeune. À l'âge de 14 ans, j'étais parti, mes parents voulaient des bonnes études et des formations pour moi, donc ils m'ont envoyé chez les Jésuites à Bruxelles, au Collège Saint-Michel. Donc là-bas aussi, même chose, j'avais 12 ans, tu débarques à Bruxelles, la capitale, tu viens d'un petit village paumé du Béoué. Voilà, donc t'es dans tes petits souliers quand même, voilà. Et alors au premier cours, il y a un prof qui disait Qui sait jouer de la musique ici ? Les copains l'avaient appris, je vais jouer deux notes, un cours entre deux sonneries. Ils me font lever le doigt, 20 jours, un petit morceau, et tout de suite le prof a perçu le talent et il a créé pour occuper les élèves pendant les temps de midi, pour ne pas s'ennuyer dans le froid, faire les 400 coups dans les cours de récré. Il avait demandé l'autorisation aux jésuites de pouvoir créer une chorale, si tu veux, une chorale de rock, on jouait du Goldman, du Cabrel, du U2. tout ce qu'on voulait, et lui dirigeait cette chorale. J'étais avec des grands, 18 ans, 17 ans, qui sont tous devenus professionnels, c'est le hasard des choses, qui jouent dans des housses, tout ça dans pas mal de groupes connus maintenant. Et moi j'étais le petit quête qui débarquait là à 12 ans, qui jouait le synthé. Et donc deux fois par semaine, je jouais là-bas le temps de midi, et on animait les grandes messes, et puis dans la grande salle du collège, on faisait des concerts devant les 500, 2000 personnes, les 2000 places du collège. C'était aussi assez impressionnant. Et de fil en aiguille, les jésuites nous ont acheté les instruments. magnifique, batterie, on nous fait confiance, on échange, on animait, on célébra une fois par trimestre. De fil en aiguille en même temps, je mets 14 ans mais j'avais déjà fini l'académie, les 10 ans officiels depuis quelques années, voilà quoi faire et donc mon prof et ma directrice m'ont conseillé de faire le conservatoire. Evidemment j'étais encore en humanité donc pas facile et donc là les jésuites m'ont permis de brosser les cours pour pouvoir suivre les cours conservatoires à 14 ans. C'est pas tôt ça,
- Speaker #1
14 ans pour le conservatoire ?
- Speaker #0
C'est assez tôt, oui. Maintenant, ce n'est plus possible, parce qu'avec le décret de Bologne, on est obligé d'avoir 18 ans, avoir d'autres écoles. Et donc, j'étais déjà au niveau professionnel à 14 ans. Et à 16 ans, j'étais déjà multidiplômé, pris piano, solfège, contrepoint, harmonie, etc. Chef d'orchestre et compagnie. Ce qui m'a permis de gagner du temps dans mes études, tout simplement. Et de refaire toute la même section en jazz par la suite. Et là aussi, de nouveau, un petit peu le petit monton noir différent des autres. Puisque souvent au conservatoire, on t'apprend la virtuosité, jouer du Rachmaninoff et compagnie, des gros concertos, des grandes œuvres classiques. Mais l'oreille ne fonctionne pas. Et donc c'est vrai que c'est un problème pour beaucoup. Parce que dès qu'on vous demande de jouer Maître et Rejac ou l'harmoniser, c'est dans l'eau quoi. Voilà, moi ça l'est fait un peu tout seul. Et le directeur cherchait un musicien pour animer ses soirées. Puisqu'il était membre de la SABAM aussi, il y avait des soirées mondaines qu'il se faisait au conservatoire, il fallait animer. Et là j'ai un copain, enfin qui est devenu un ami, Jean-François Magent, qui est venu dans le groupe. il était le pianiste de Pierre Absat au fait il y avait un coup, Maljean Maljean,
- Speaker #1
c'est ça exactement alors là ça revient il y a longtemps il y a quelques années,
- Speaker #0
il cherchait quelqu'un pour le remplacer dans les hôtels il jouait à l'hôtel Astoria à Bruxelles, rue Royale et donc il m'a demandé de le remplacer il en a un petit peu marre donc je suis devenu titulaire de la musique à l'hôtel Royale, à l'Astoria donc j'ai joué pendant plus de 10 ans ce qui a payé mes études aussi j'ai joué 4 heures par jour ce qui m'a permis d'apprendre aussi le jeu d'impro de voler les pieds des gens qui commençaient à bouger quand la musique faisait mouche, rythmiquement, parlant aussi socialement, voir des gens de tout acabit, rentrer un peu dans le monde de l'entrepreneuriat, du business, notamment je parlais un petit peu avec les clients qui venaient là en passage, donc ça m'a donné envie aussi de faire d'autres choses, et ça c'était des étapes de ma vie qui m'ont vraiment beaucoup grandi. Et puis en parallèle, j'ai fait aussi les Romanes à 18 ans, ingénieur du son en même temps, à l'IAD, puisque j'ai terminé le conservatoire. Donc ça m'a permis d'avoir aussi une vision un petit peu plus classique, on va dire, des études.
- Speaker #1
Le conservatoire et l'ingénieur du son à l'IAD.
- Speaker #0
Oui, et les Romanes aussi.
- Speaker #1
Autant pas s'ennuyer en fin de compte.
- Speaker #0
Comme tu vois bien.
- Speaker #1
Je parlais de multipotentialité, juste un peu, ces études, bon, ça parle.
- Speaker #0
Tout en même temps. Et donc, ce n'était pas facile, mais voilà, j'avais l'habitude de bosser. J'étais un bosseur aussi, malgré les facultés de facilité, le travail ne s'empêche pas. Et puis, il a fallu faire un choix. Donc, il fallait plonger, je ne pouvais pas faire les trois en même temps, parce que c'était beaucoup de chats fouettés en même temps. Donc, j'ai choisi ce qui me faisait vibrer le plus, donc la musique. Et donc, j'ai continué là-dedans. En attendant, j'animais aussi toutes les écoles des villages, les chorales, tout ce qu'on voulait. J'étais assez connu dans la région et tout le monde me demandait pour donner des cours. Donc j'ai commencé à donner quelques cours de piano, etc. Un autre qui voulait de la batterie, puis de la trompette, du sax, de la guitare et compagnie, que je n'avais pas. Et donc j'ai décidé de lancer ma propre école de musique. Puisque tout était bouché en académie, tu sais bien, il y a des nominations, il faut attendre 10 ans pour trouver une place, et c'est assez compliqué. Donc tout de suite, j'ai lancé ma propre école, avec une méthodologie tout à fait à part, à laquelle je m'étais formé, qui est la méthode Williams, à Lyon, à Salamand, et dans d'autres contrées, puisque je n'ai pas même... parcourir l'Europe aussi, que ce soit pour des concerts, des concours internationaux, et puis en formation, les méthodes actives, au fait, c'est une nouvelle méthode d'enseigner, ou plutôt d'exploiter les talents existants qu'on faisait à l'avant-guerre, où on prenait les enfants doués, on va dire, ou élitistes, et qu'on mettait dans une maison comme en Russie, et pendant tout le reste de ta vie, tu étais logé ou en chie, et tu bossais 10-12 heures par jour. du cravaché pour les grands concours. Mais là, au contraire, on voulait justement offrir la musique à tout un chacun. Et donc, il y a toute la philosophie de Montessori, entre autres, de Dalkros, qui est assez connu aussi, Jacques Dalkros, où on fait sentir la musique par le rythme, par les pieds, par la danse, etc. La méthode Martenot et la méthode Suzuki, qui travaillent sur l'oreille. La méthode Karl Horff aussi, justement, avec des petits instruments comme les maracas, les tambourins, etc. On a un médecin dans les écoles et on fait écouter de la musique symphonique aux enfants, mais on leur fait participer en même temps. On devrait exorquer avec des petits instruments. Et maintenant, de cette méthode, il y a eu des principes pédagogiques qui ont été mis en place pour pouvoir apprendre la musique de manière sensorielle, c'est-à-dire vraiment de toucher, d'être dans l'action tout de suite, mais que la théorie vienne un peu après. Et donc là, j'ai pris le chemin complètement opposé du système classique, voilà, de Scanelli, où on fait deux, trois ans de solfège, on dégoûte tout le monde, et puis... Voilà, on passe à l'instrument quand tout va bien. Ici, j'ai fait vraiment l'inverse, c'est-à-dire vraiment pratiquer dans l'instant, dans la vie, dans la méthode globale, pour ensuite vraiment se développer plus analytiquement si on le souhaitait. Donc ça a fait mouche tout de suite, fatalement. Vu la popularité, on était un petit peu accueillis comme des... Enfin, je l'étais, comme un super-héros qu'on a dans les écoles, parce que fatalement, avec mes talents de scoutisme, d'animation, j'ai eu beaucoup de plaisir à le faire aussi. Et donc tout de suite, c'est monté à 200 élèves, 300 élèves, 400 élèves, 500 élèves, etc. C'était unique comme méthode. Je n'ai pas pu rester dans la maison de mes parents, puisque on avait creusé une cave avec mes frères, 18 containers de terre à la main. On a refait des fondations en dessous de la maison. pour créer mes salles de musique et accueillir tout le monde.
- Speaker #1
Ah oui, c'était ton école, quoi.
- Speaker #0
C'était mon école, voilà. Ça a grandi comme ça. Et puis, finalement, j'ai dû me déplacer dans le village. J'ai trouvé un super lieu, avec pas mal de terrain, de bâtiments, un ancien hangar de ferme et tout ça, que j'ai transformé pour en faire une salle de concert et une vraie école officielle de musique. On parle du Spatium. On parle du Spatium, voilà, qui était ma salle de concert du Spatium, qui est un ancien hangar de ferme de 200 m2 que j'ai complètement aménagé, isolé, etc. Et qui, effectivement, est une belle réussite. structurelles, avec des bâtiments pour accueillir vraiment suffisamment de monde. Et c'est là que ça a commencé à, excuse-moi le terme, à merder. Voilà. C'est à quel moment tu expliques ta merde au moment où ? Alors, c'est dans les années 2015, 2014-2015. C'était une année trop énorme, 750 élèves, 25 à 30 profs, 3 secrétaires, etc. Avec un temps plein sur le côté, puisque je suis salarié en tant que prof d'économie musique. fatalement on ne pouvait plus donner cours dans les ASBL classiques donc j'ai dû créer une société avec TVA etc donc fatalement comptable et tout ce qui va avec contrôle de médecine du travail et compagnie et donc c'est devenu trop grand pour moi finalement je n'ai pas pu gérer étant sur le terrain en même temps Je n'arrivais même plus à donner mes cours parce que je devais gérer les dents de structure, ramasser mes gaux de cigarette, nettoyer les feuilles, entretenir le bâtiment, construire le bâtiment, engager les profs, aller les remplacer quand ils n'étaient pas là, etc. Donc ça devenait vraiment très, très lourd à gérer.
- Speaker #1
Ce qui fait que tu tombes là-dedans, parce que j'imagine que ce n'était pas ta vocation de ramasser les mégots et tout, et de faire de l'administratif, de faire de la comptabilité, et en fait de commencer à tout coordonner et tout.
- Speaker #0
Mais parce qu'il n'y a pas les moyens.
- Speaker #1
Laisser ton côté, le musicien.
- Speaker #0
C'est ça. Quand tu montes comme ça, il y a tellement d'administration. Malheureusement, quand tu dois payer 25 profs, les engagés, quand tu dois payer les CDI, les CDD, les secrétaires, les comptables, etc., ça demande une somme de travail administratif absolument colossale. Sans compter l'entretien des bâtiments aussi, qui ont été démultipliés à 500 m² de bâtiments. Quand tu as du public, je n'ai pas les moyens, ce que tu demandais au niveau des cours, pour pouvoir payer des personnes supplémentaires. Oui,
- Speaker #1
ça je comprends. Mais à quel moment que ça s'avire ? Parce que ça grandit, ça grandit, j'imagine que t'as pas 25 profs d'un coup, à moins que...
- Speaker #0
Ça a vite monté, oui. Ça a vite monté,
- Speaker #1
t'as un prof qui voit pas le truc arriver.
- Speaker #0
Tu vois pas le truc arriver, alors tu sais que ça te coûte de l'argent, mais tu commences à remettre la petite cuillère, quoi, et puis au seau, et puis à la poubelle, voilà, et puis des tombes gros complets d'argent que tu mets dedans. Donc tout met à côté, j'ai dû créer des à-côtés pour pouvoir valider la continuité de mes activités, quoi. Donc je suis devenu le mécène de ma propre entreprise, finalement. C'est pour ça que tous les concerts que je faisais sur les côtés, j'ai créé un studio d'enregistrement aussi, professionnel aussi, ce qui ne marchait pas non plus financièrement. J'ai créé une boîte d'animation d'enfants, Anima Kids, qui marchait du tonnerre, mais on demande 200 balles d'animation aux enfants, aux parents, pardon, mais ça ne suffit pas non plus à... à remplir les caisses, même si tu fais toi-même. Donc là, j'ai dû m'investir avec Léné Rouge, Super Héros, Koh Lanta, la Total. Donc, je l'ai animé, animé tout ça avec des concepts un peu inédits. Du team building d'entreprise aussi. Voilà, donc ça, c'était assez loin. J'ai fait beaucoup de quad également, puisque dans les stages, pour pouvoir glaner... les enfants au-dessus de 18 ans, parce que souvent c'est les jeunes enfants, pour pouvoir trouver une autre différence d'âge et rentabiliser un petit peu les stages. J'ai commencé un petit peu avec ça, parce qu'il y avait une ancienne ferme chez mes grands-parents, avec quelques chevaux là-bas, qu'on louait avec mon oncle. J'adorais ça, moi j'étais un peu casse-cou à l'époque. J'ai dit ça va être chouette, et on va faire de nouveau au niveau éducatif. créer de l'éducation, comme la police fédérale le faisait avec les petits go-karts. Donc d'avoir les petits go-karts, de faire ça avec des vrais petits quattes à moteur. Tout de suite, ça a été la folie. J'ai organisé des stages, des concours, des compétitions de quattes. J'en ai eu jusqu'à 40, 50 quattes ici. Les parents ont voulu s'y mêler, donc j'ai fait du team building avec les quattes. C'était la folie, les gens me les bousillaient les uns après les autres. Il me fallait deux hommes pour les cacher. C'était tout le temps en panne, des lourdes responsabilités. Donc voilà, c'était un peu dans tous les sens. Et puis à un moment donné, ça fait couac, c'est-à-dire que la santé et les signaux d'alarme sont apparus. Alors tout d'abord, j'ai eu des contrôles fiscaux très calamiteux, jusqu'à 50-60 000 euros à rendre, même s'il n'y avait pas de fonds, mais on connaît le fisc, ils sont toujours à l'affût d'argent, donc des emprunts pour rembourser tout ça. J'ai eu des vols également, j'ai lancé un magasin de musique également, mais qui ne marchait pas suffisamment. avec internet qui arrivait, etc. Pas trouvé un bon vendeur, etc. Petit village aussi, donc il n'y avait pas assez de débit pour que ça rapporte. Et voilà, j'avais accueilli des gens au Spatium qui avaient vu ce magasin. Enfin, je ne peux pas le dire à 100%, mais il y avait un côté mafia, mafieux qui étaient là. Ils sont venus casser tous les châssis, enlever 75 000 euros de matériel. Et comme l'alarme n'a pas fonctionné, perte sèche aussi. Bon, boum, il faut l'avaler. Et puis j'ai demandé à un aide comptable également, mais qui s'est trouvé être pas très correct non plus. Donc... qui m'a dénoncé au fisc, qui m'a volé pas mal de matériel aussi. Et puis j'ai eu les inondations, il y a deux ans et demi maintenant. Donc voilà, c'était pas très agréable non plus. 80 centimètres d'eau dans tout, donc tout le matériel, tout racheter, tout reconstituer, aller à la brosse à dents, nettoyer les joints, les radiateurs, tout enlever, tout refaire. Ça m'a pris deux ans pour m'en remettre. Ça c'est aussi des choses qui sont pas très agréables. Et puis récemment encore, on m'avait demandé pour jouer des karaokés dans un club ici dans la région, un scandic criminel, tout mon matos cramé, la fille partie en fumée, donc rien de remboursé non plus, aussi plus de 75 000 euros qui partent en fumée, donc ça fait quand même beaucoup. Et puis jusqu'il y a trois ans, pendant que je faisais jouer mes élèves lors d'une audition, qu'on les préparait au fameux concert de fin d'année, c'était... La faim, dans le sens où j'ai eu un AVC, donc je me suis croulé. Donc en mangeant ma tartine chez moi, à quelques mètres de la salle de répétition, là au-dessus dans l'appartement, j'ai commencé à y voir la tête qui tourne, comme si on tombait en syncope, et je suis tombé à terre. J'avais encore la conscience, mais mon corps se paralysait, complètement plus de jambes, plus de bras, peu de rien du tout. J'ai tout de suite senti que ce n'était pas normal. Puisque j'étais un petit peu un rock, je travaillais 20 heures par jour, 22 heures par jour, nuit et jour, tout le temps.
- Speaker #1
Et c'est pas possible.
- Speaker #0
C'était presque pas possible. Donc voilà, je passais mes nuits à travailler. J'avais une grosse volonté. Le réveil sonnait, boum, en trois secondes, parti. Les tartines la veille dans le congélateur. Je mangeais dans la voiture. Je mangeais en un quart d'heure entre les trajets dans les écoles et compagnie. C'était vraiment une vie de bâton de chaise, on va dire. Et là, ma vie s'est arrêtée complètement, puisque j'étais paralysé complètement. Donc, on m'a fait les scans, l'hôpital.
- Speaker #1
Et il n'y avait personne dans l'appartement ?
- Speaker #0
Il n'y avait personne. J'ai juste pu ramper pour attacher, enfin, prendre mon GSM qui était en train de charger. J'ai appelé ma mère à l'aide, au secours. Elle est tout de suite venue. On a tout de suite appelé l'ambulance. J'ai eu la chance de pouvoir être pris en charge dans la demi-heure à l'hôpital avec les... les éléments qu'il fallait pour décoaguler le sang et compagnie. Je suis quand même resté 5-6 semaines aux soins intensifs. Et puis à l'hôpital pendant au moins un mois et demi également. Et puis toute la revalidation pendant un an et demi. Donc là où je dormais 10 heures par jour, j'avais fait un maquiné une heure, et tout réapprendre comme un bébé, à remarcher, à faire fonctionner ses doigts et compagnie. Donc c'était très très long.
- Speaker #1
Donc j'ai eu le temps de me poser des questions.
- Speaker #0
C'est à l'étage d'un an et demi ? Oui, c'est ça.
- Speaker #1
Et donc, parce que là tu faisais tellement de choses, comment est-ce que tout continue à tourner ?
- Speaker #0
Mais là, j'ai compris les signes, en fait.
- Speaker #1
Et quels signes ? Ça, je vous propose de le découvrir dimanche prochain, à partir de 8h. Merci de nous avoir écoutés. On continue cet entretien avec Pierre-Yves. Là, on va aller vraiment vers les pépites la semaine prochaine. Comment éviter, en fait, ce genre de situation, ce genre d'accident quand on est multiprojet ? Comment savoir quand s'arrêter ? Tout ça, on le découvre. la semaine prochaine. Et d'ici la semaine prochaine, je vous invite à réserver vos places pour J'ose ma voix qui est un petit peu le parallèle de cette émission ci, mais sur scène, justement au Spatium, la salle dont Pierre-Yves nous a parlé durant cette interview. J'ose ma voix une scène, des artistes et deux coachs, des personnes qui osent, qui osent leur différence. qui osent leur voix et qui sont inspirants. Et ils vont nous inspirer en musique, ils vont nous inspirer par leurs témoignages. Et puis j'aurai aussi le plaisir d'accueillir Lou B, Lou Bolland, qui fera un concert sur la scène du Spatium. C'est le samedi 23 novembre. Réservez vos places, il n'y aura pas de place pour tout le monde. Voilà, passez une belle semaine et on continue notre rencontre avec Pierre-Yves la semaine prochaine. C'est un vrai chouchou.