undefined cover
undefined cover
Episode 45 - Quand oser être soi devient un acte de résistance avec Kriss Stephany cover
Episode 45 - Quand oser être soi devient un acte de résistance avec Kriss Stephany cover
L'autre potentiel : j'ose ma différence !

Episode 45 - Quand oser être soi devient un acte de résistance avec Kriss Stephany

Episode 45 - Quand oser être soi devient un acte de résistance avec Kriss Stephany

30min |11/05/2025
Play
undefined cover
undefined cover
Episode 45 - Quand oser être soi devient un acte de résistance avec Kriss Stephany cover
Episode 45 - Quand oser être soi devient un acte de résistance avec Kriss Stephany cover
L'autre potentiel : j'ose ma différence !

Episode 45 - Quand oser être soi devient un acte de résistance avec Kriss Stephany

Episode 45 - Quand oser être soi devient un acte de résistance avec Kriss Stephany

30min |11/05/2025
Play

Description

Dans cette première partie d’un entretien vibrant de sincérité, Kriss Stephany nous livre un témoignage bouleversant et inspirant.


De son enfance marquée par le harcèlement, la violence et le silence, à son coming out douloureux mais libérateur, Kriss raconte avec force et sensibilité son chemin vers l’acceptation et l’affirmation de soi.


Entre discriminations subies, quête d'identité, étiquettes choisies ou imposées, et pouvoir transformateur de la “famille choisie”, cet épisode aborde sans détour les réalités vécues par les personnes LGBTQIA+, tout en faisant écho aux luttes de toutes celles et ceux qui osent sortir des cases.


Un moment d’authenticité rare, qui rappelle que derrière chaque différence se cache un autre potentiel. 💫


👉 À écouter absolument si vous vous sentez en décalage, si vous êtes parent, éducateur, ou simplement humain.


Vous pouvez retrouver Kriss Stephany sur LinkedIn ou Instagram


Je suis Marc Breugelmans, Coach Professionnel, Auteur de 'L'autre potentiel'.

J'illumine les étoiles de votre potentiel pour vous aider à devenir le/la leader de votre vie !

www.coachingetdecouvertes.be

Facebook

LinkedIn


Crédit Musique :

Creative Commons — Attribution 3.0 Unported — CC BY 3.0 Music promoted by Copyright Free Music - Background Music For Videos 👉    / @podcastbackgroundmusic  


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue, bienvenue dans le nouvel épisode de l'Autre Potentiel, j'ose ma différence. Le podcast qui, entre autres, donne la parole à celles et ceux qui ne rentrent pas dans les cases. Dans ce podcast, on explore les chemins de traverse, ceux qui demandent du courage, de l'audace et surtout l'envie d'être soi. A chaque épisode, je vous propose un moment de vérité, Merci. Un moment d'éclairage et aussi je donne la parole à des voix qui osent, des histoires qui bousculent, des parcours qui inspirent, car derrière chaque différence se cache un autre potentiel. Et aujourd'hui, je vous demande d'accueillir quelqu'un qui mérite pleinement sa place dans ce podcast. Il s'appelle Chris Stéphanie et nous l'accueillons directement. Bonjour Chris !

  • Speaker #1

    Bonjour Marc !

  • Speaker #0

    Alors, pour remettre un peu le contexte de ce podcast, on s'est rencontrés à un événement il y a deux, trois semaines de cela. Et lors de cet événement, il y avait un concours pour passer à la radio. Alors, je pense qu'on était nombreux à vouloir y aller. Je m'étais même dit, mais comment est-ce qu'on va pouvoir se départager ? Parce qu'on s'était mis en groupe de 8-9 et chacun devait se présenter en une minute. Et puis, ça a été, je pense, ça a été l'unanimité. une fois qu'on est en... écouter, une fois qu'on t'a entendu, ça sortait tellement de tes tripes, ce pitch en une minute pour te présenter que je vais te mettre au challenge de le refaire.

  • Speaker #1

    De réitérer.

  • Speaker #0

    C'était habituellement. Qui est qui Stéphanie ? Et voilà.

  • Speaker #1

    Et voilà, alors oui, pour remplacer le contexte, effectivement, on était 140. On était 140 et on avait une minute, pas une de plus. Je vais essayer de te le refaire dans les conditions de l'événement. Il y a un peu moins de monde dans mon salon aujourd'hui, mais ce n'est pas grave. J'ai commencé tout simplement par expliquer d'où est-ce que je venais. Quand j'étais petit, j'étais gros. J'étais androgyne, j'ai des longs cils, je sais que ça ne se voit pas là, mais j'ai des très longs cils, j'étais très androgyne. Et j'ai un nom de famille qui est Stéphanie, un prénom féminin. Autant te dire que j'ai eu des colibés, j'ai eu droit à énormément de moqueries. Et puis à l'adolescence, j'ai découvert que je préférais les garçons. Donc du coup, j'ai eu droit à beaucoup plus de discrimination. J'ai vécu la violence, qu'elle soit physique, qu'elle soit verbale. Et vraiment très très tôt, à un âge de 10-11 ans, j'ai subi le racket et j'ai surtout subi le silence parce que je n'avais personne à qui en parler. Ma famille était très masculiniste dans le sens où j'ai été élevé dans une famille de militaires. Donc vraiment un côté très macho, on va dire, et au Pays Basque. Double peine. Donc je n'avais personne pour en parler. J'avais toute une éducation très, très machiste, très compliquée, qui était écrasante. Et à 18 ans, je me suis barré de chez moi, tout simplement. Je suis parti à Paris en me disant, ça va être mieux, je vais pouvoir vivre ma vie. Et là, je me suis heurté à la discrimination systémique. J'en reparlerai tout à l'heure. Mais en gros, ça a continué dans l'entreprise, dans le milieu des entreprises. C'était la même chose, j'avoue. beau être complètement libéré et être moi-même, les moqueries, les attaques gratuites, les non-attributions de projets, etc. Je les ai vécues pendant très longtemps avant de réussir à prendre le dessus là-dessus et à devenir qui je suis aujourd'hui, c'est-à-dire un entrepreneur. J'ai un bar, j'ai un magasin. À côté de ça, j'ai aussi une émission radio, une chronique télé, où je parle justement de la communauté LGBTQIA+, de ses différences, et je m'attaque aujourd'hui... Je m'attaque, je n'aime pas le mot attaquer, mais à vous tous, tu as vu, je dis le mot tous, je vous expliquerai ça aussi tout à l'heure. À vous tous, parce que je suis convaincu qu'aujourd'hui, il y a énormément de LGBTQIA+, qui ne sont pas forcément dans le placard, mais qui sont écrasés par le système, qui sont écrasés par le manque de soutien, par le manque de reconnaissance. Et j'en appelle vraiment à chacune et chacun d'apprendre ce qu'est l'inclusion, d'apprendre ce qu'est l'échelle des privilèges. tout simplement, parce que ça va nous permettre d'inclure davantage les gens qui nous entourent, nos collègues, nos familles, nos enfants. Je peux vous assurer que lorsque l'on tend la main à un parent d'LGBTQA+, qui ne sait pas comment lui parler, qui ne sait pas comment l'écouter, qui ne sait pas comment le comprendre, on peut changer et sauver énormément de vies. Je te l'ai fait... Un peu plus d'une minute.

  • Speaker #0

    Oui, mais avec le cœur et j'en ai des frissons. Et donc, c'est effectivement un thème qu'on n'a pas encore exploré dans ce podcast. Et quand j'ai entendu ce pitch, quand je t'ai entendu le dire, comme tu le dis maintenant avec ton cœur, j'ai dit, mais lui, il faut que je l'interviewe parce qu'en fin de compte, quelles que soient nos différences, le combat, le combat est le même. C'est déjà oser l'avouer, oser se l'avouer. Et puis... Et puis la réalité est aussi le même, tu as parlé d'harcèlement. Et donc tout ça fait partie de tous ceux qui se sentent un peu en décalage par rapport à ce monde dans lequel on vit. Alors tu as parlé plusieurs fois de LGBTQIA+. Voilà, je l'ai dit dans le bon ordre, j'ai mon copion à son.

  • Speaker #1

    Félicitations !

  • Speaker #0

    Je n'ai aucun mérite.

  • Speaker #1

    Traduction !

  • Speaker #0

    Voilà, donc en fait, pour ceux et celles qui ne... qui n'y connaissent rien, c'est quoi le LGBTQIA+.

  • Speaker #1

    Alors, c'est assez simple, en fait, on ne va pas vous demander à tous de connaître par cœur toutes les lettres, de connaître leur traduction. En gros, LGBTQIA+, ce sont les lesbiennes, les gays, les bi, les transgenres, les queers, les intersexes, les asexués et tous ceux qui ne se reconnaissent pas forcément dans un de ces mots, mais qui ne correspondent pas non plus, on va dire au monde hétérosexuel ? Est-ce que ça te donne plus d'éléments ?

  • Speaker #0

    Oui, ça me donne plus d'éléments et ça m'amène une question.

  • Speaker #1

    Donc,

  • Speaker #0

    moi, je coache beaucoup de personnes qui sont au potentiel, hypersensibles, et ce que j'entends souvent de la part de toutes ces personnes, c'est, punaise, on m'a mis cette étiquette-là sur la tête. Et c'est aussi pour ça que moi, je préfère toujours parler de autres potentiels qui englobent toutes les différences. Ici, le LGBTQIA+, c'est autant d'étiquettes qu'on met sur la tête. C'est quoi l'idée qu'il y a derrière ? Parce qu'il y en a de plus en plus. Avant, on parlait de LGBT, puis après LGBTQ. J'ai eu des jeunes coachés qui m'ont appris beaucoup de choses, parce qu'il y a des lettres qui sont sans doute dans le plus. Et donc, voilà. Le commun des mortels peut ne plus s'y retrouver. Donc, en quoi c'est important de classifier comme ça ?

  • Speaker #1

    Tu parles très bien au niveau des étiquettes. L'étiquette, on a beau essayer pendant très longtemps la lutte pour l'égalité des droits, et notamment des personnes LGBT, donc là on remonte à quelques années en arrière, c'était l'idée de, on ne peut pas être défini par nos étiquettes. On voulait s'affranchir des étiquettes. Force est de constater qu'aujourd'hui, si on veut, ne serait-ce que... donner du sens aux différences, les étiquettes, on va en avoir besoin. Expliquer, mettre des mots sur quelque chose. Tu parlais des hauts potentiels, je pense qu'il y a énormément d'enfants et d'adultes aujourd'hui qui, rien que le fait d'avoir mis un mot sur leurs émotions, sur ce qui leur arrivait, leur permet aujourd'hui d'avancer beaucoup plus. Ces étiquettes, on en a besoin. Par contre, on va mettre une barrière là-dessus. Les étiquettes... Nous sommes les seuls, et quand je dis nous, c'est chaque individu est la seule personne qui peut définir son étiquette. C'est-à-dire que ni moi, Chris, ni toi, Marc, par exemple, ne peut décider que telle personne a telle ou telle étiquette. Même si elle le revendique. Le mieux, c'est de demander à la personne, si on ne sait pas. Moi, je me définis un peu comme un Rubik's Cube. Tu vois comment c'est un Rubik's Cube ? C'est un rubik's cube avec plein de petites cases, avec plein de couleurs que l'on tourne sans arrêt. Mais moi, c'est un peu la même chose. J'ai plein de cases, j'ai plein d'étiquettes. Et puis, il y a des jours où il y a certaines étiquettes qui sont plus fortes que d'autres. Moi, j'ai un haut potentiel aussi, je suis hyper émotif. C'était super cool de le savoir. Maintenant, j'étais content d'avoir une différence supplémentaire. Ça m'a fait un paquet de différences, c'est un peu le cumul des mandats. Et puis, je m'aperçois que finalement, je ne suis pas seul. Il y a beaucoup de gens dans le même état que moi, avec le même, peut-être, haut potentiel, ou peut-être même la même lettre que moi. Mais c'est vrai. que ce n'est pas ce qui me définit à 100% tout le temps. Ce qui me définit, c'est l'ensemble de ces étiquettes-là. Et des fois, lorsque je vais arriver à un rendez-vous, certaines étiquettes vont être un peu plus mises en avant que d'autres. Mais le principal à retenir là-dessus, c'est que toutes ces étiquettes me définissent. Ce n'est pas d'avoir honte d'avoir plein d'étiquettes, d'avoir plein de couleurs, de faire un arc-en-ciel avec mon Rubik's Cube. Et de ne jamais réussir à mettre qu'une seule couleur, que d'un seul côté. Ne pas réussir à faire mon rubik du banco. Les lettres, aujourd'hui, elles sont importantes non pas pour embêter le commun des mortels, comme tu disais tout à l'heure, elles sont faites simplement pour que chaque personne puisse se reconnaître et puisse avoir un... Une identité, tout simplement. On n'a pas souvent conscience du nombre de personnes qui sont dans une minorité. On n'a pas souvent conscience de tous ces gens à qui on ne donne pas un micro pour parler, à qui on ne donne même pas une oreille pour écouter. Et tous ces gens-là, ils n'existent pas, en fait. Ils sont souvent écrasés, ils sont souvent dans la difficulté de s'épanouir, mais ils existent. Alors si, par exemple, le maître... une lettre de plus dans LGBTQIA+, peut permettre à une personne d'exister, de se sentir mieux. Alors, je sais que le commun des mortels va dire, oui, ça va pour une personne quand même, mais en fait, c'est important. C'est chaque vécu qui est important, c'est chaque être humain qui est important et chaque étiquette le sera aussi. Donc oui, LGBTQIA+, on s'y fait au bout d'un moment. Tu sais, tu répètes trois fois, quatre fois pendant une semaine, on va faire une prescription. Mais après, ça va très, très bien se passer. Donc voilà, si tu vas au Canada, par exemple, au Québec notamment, tu vas souvent avoir à apparaître plein, plein de drapeaux. Ça aussi, il y en a énormément. Et puis, plein d'autres lettres encore. Je t'avoue que je ne les ai pas toutes, mais je trouve ça magnifique. Je trouve ça magnifique qu'un gouvernement, au Canada en plus, proche, pas très loin de Trump, tu vois, ça prend tout son sens en ce moment, ait juste envie de donner une voix à chacun et chacune de ces individus en les nommant. par l'étiquette qu'ils ont choisie. Alors l'étiquette, c'est peut-être pas très joli à dire. On l'appellera comme on veut, mais dans tous les cas, je trouve ça génialissime de pouvoir donner l'opportunité à chacune et chacun de dire j'existe, je suis et voilà qui je suis.

  • Speaker #0

    Vient maintenant dans ma tête une autre question parce que je sais qu'il y a aussi des jeunes qui écoutent ce podcast. Quand on se cherche, l'adolescence est un moment où on... On se révèle, on se cherche. Comment est-ce qu'avec tout ça, maintenant, on fait pour s'y retrouver, en fait ?

  • Speaker #1

    On a deux éléments à prendre en compte et deux éléments qui sont complètement l'opposé de l'autre. C'est que, premièrement, dans nos pays, on va prendre le cas de l'Europe, plutôt l'Europe de l'Ouest, mais de l'Europe en général. Oui, aujourd'hui, c'est plus facile. Et en même temps, ça n'a jamais été aussi dur. Et ça devient compliqué à expliquer. On a l'impression, en fait, aujourd'hui, que c'est plus facile, que c'est davantage rentré dans les mœurs, que c'est presque sécurisé, que les droits sont là et que c'est bon. Après tout, moi, je me souviens, j'ai une phrase qui me revient. Des fois, on me dit « Ah, ça va, vous avez le mariage, c'est bon, vous avez tout. » Et je me dis « Ok. » En fait, les gens sont tellement persuadés que c'est bon, il y a des lois, on est protégé par certaines lois. qui ne sont pas toujours mises en application, c'est autre chose, que c'est bon, c'est facile, on peut y aller. Mais du coup, plus personne ne se remet en question sur sa capacité à accepter, sur sa capacité à comprendre et à tendre la main. Ce qui se passe aujourd'hui, c'est qu'on a plein de jeunes qui ont plus de force que notre génération. Alors, pour expliquer notre génération, j'ai 45 ans, d'accord ? Donc oui, pour eux, c'est plus facile, mais c'est plus facile... dans un certain cadre. Si tu es dans une famille un peu moins ouverte, c'est souvent le cas des familles où il y a un peu plus de religion. Et ce, quelle que soit la religion, je tiens à le préciser, selon les origines, selon les coutumes, selon plein de choses, en fait, le parcours de vie de chacun, l'éducation de chaque personne, fait que ça va être plus ou moins bien reçu. Et ces enfants qui sont, ces adolescents souvent, qui ont envie d'éclore, qui ont envie de sortir du placard, pour donner l'expression... qui nous a suivi pendant des années, ils se disent « Ah, chouette ! Je peux le faire, je peux le faire, je peux le faire. » Et ils se retrouvent souvent face à une incompréhension totale. Je vais te reprendre un exemple, parce que je ne peux parler que de moi. Je ne peux pas donner, bien entendu, les histoires des gens qui m'entourent. Mais pour te parler de moi, j'ai une maman avec qui j'ai une famille formidable aujourd'hui. Ça n'a pas toujours été le cas, comme je te l'ai dit. Mais moi, quand j'étais adolescent, ma mère, je l'entendais dire « Ah ben tiens ! » Les homosexuels, il n'y a pas de souci. Moi, si mon fils était homosexuel, je n'aurais aucun problème, je l'accepterais sans souci. Mais quand c'est arrivé, ce n'est pas du tout ce qui s'est passé. Et je pense que ma mère a mis à peu près 20 ans, c'est-à-dire que je me suis marié en 2018. Je pense que c'est en 2018 que ça y est, elle a capté que ce n'était pas juste un passage, ce n'était pas juste une erreur, ce n'était pas juste anormal, c'était moi, c'était comme ça. Donc tu vois, entre ce qu'on pense et ce qui se passe sur la réalité, c'est compliqué. L'école, on a des programmes aujourd'hui, je parle d'Evras par exemple, ici en Belgique. qui est extrêmement décriée. Oui, on ose parler de sexualité, on ose parler de ci à nos adolescents, mais en fait, ce qu'il faut savoir, c'est qu'on ne parle pas directement de sexualité. On en parle bien sûr, mais le but dans ces programmes-là, c'est de donner des mots à des situations et de permettre aux adolescents de faire le truc dans ce qu'ils entendent et ce qu'ils voient et de permettre notamment de peut-être plus déceler les problèmes Merci. de pédophilie, les problèmes d'inceste, les problèmes de harcèlement quelconque et donc aussi de harcèlement face aux personnes LGBTQIA+. On estime, on sait, on ne va pas se mentir, moi je pense que si je remonte dans ma tête, j'ai su à l'âge de 6 ans que j'aimais les garçons. Mais je me suis menti et je me suis écrasé intérieurement jusqu'à l'âge de 11-12 ans où je me regardais dans un miroir en me disant, alors excuse-moi, je ne sais pas si j'ai le droit de le dire, Mais je me regardais dans le miroir en me disant « tu es pédé, tu es pédé, tu es pédé, tu es pédé » . Parce que c'est les insultes qu'on me donnait. Et je voulais savoir qui j'étais, donc j'essayais de me regarder dans le miroir et de me dire qui j'étais exactement. C'était violent. On se rend compte aujourd'hui que déjà dès l'âge de 12-13 ans, et parfois même plus jeune, certains enfants savent qu'ils ne sont pas dans le bon corps. C'est-à-dire qu'ils sont nés assignés d'un genre. et que ce n'est pas leur genre qui leur correspond. Tous ces enfants vont traverser un moment d'adolescence extrêmement horrible. Il faut se l'avouer. Non seulement d'un côté, l'accompagnement, tout ce qui est blocage d'hormones, etc., c'est extrêmement compliqué. Ce n'est pas extrêmement non plus très clair avec la loi. Ce n'est pas souvent compris par les parents. Et à l'école, il y a un rejet total. Il y a des moqueries qui sont souvent le fruit de ce qu'on voit à la maison aussi. Je me mets à la place... Franchement, moi, j'ai vécu une adolescence horrible à ce niveau-là. Ça m'a forgé. Aujourd'hui, je me suis débarrassé de toute la haine, de toute la colère, etc. Mais si je dois revenir en arrière, c'était horrible. C'était sûrement bien pire pour beaucoup plus de monde que moi. Mais aujourd'hui encore, je me dis « Waouh ! » Mon fils le plus grand a un petit ami qui est transgenre. et qui, dans sa famille, n'est absolument pas respecté dans le pronom choisi, qui n'a pas du tout... Comment dire ? Je ne sais même pas comment mettre les mots là-dessus, mais qui n'est pas respecté pour qui il est réellement, en fait. Parce que l'éducation fait que. Et pourtant, sa maman est extrêmement cool, super sympa, mais pas suffisamment, peut-être, informée, tout simplement. Des fois, c'est la bienveillance, c'est quelque chose qu'on... La bienveillance, on n'apprend pas à l'école. C'est peut-être quelque chose qu'on a besoin de développer ultérieurement. Je t'ai dit plein de choses, je te donnais tout ce qui me passe par le cœur et non pas par la tête. Et c'est vrai que c'est compliqué aujourd'hui de faire le tri. C'est aujourd'hui même très compliqué quand on est parent, quand on est à l'école, quand on est sur le milieu du travail, ou même quand on a dans notre famille des personnes LGBTQIA+, c'est extrêmement compliqué de se remettre en question et de se dire que peut-être on n'a pas les bons mots. Peut-être on n'a pas les bons gestes et peut-être on n'a pas les oreilles suffisamment ouvertes pour accéder à la bienveillance dont chacune et chacun a besoin.

  • Speaker #0

    Donc, si j'ai bien compris, c'est à partir de 12 ans que tu assumes ta différence, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Moi, c'est à partir de 12 ans où j'ai tenté d'assumer ma différence. Je l'ai assumée véritablement à partir… J'ai commencé à le dire aux premières personnes. J'avais 17 ans et j'ai vécu ma vie vraiment à 18 ans quand je suis parti.

  • Speaker #0

    Comment on fait pour oser sa différence ? Comment toi tu as fait ?

  • Speaker #1

    Il n'y a aucune règle. C'est Hunger Games. Alors ne tuez pas les autres bien sûr, ça n'a rien à voir. Mais je veux dire par là, c'est un parcours du combattant, c'est un parcours extrêmement personnel. Je ne vais pas te dire qu'il y a une solution en particulier. Par contre, je peux te dire qu'il existe des gens pour t'accompagner. Ça, c'est le plus important. Pour ma part, je me rappelle à l'âge de 17 ans, j'avais une petite amie, Morgane, que j'aime énormément. On est toujours extrêmement amis. Et on a tenté la chose. On a tenté. Et ça a été très drôle parce qu'après ça, elle m'a dit, écoute... M'en veux pas, mais je crois que je préfère les filles. Et du coup, instinctivement, moi, ça a été, écoute, m'en veux pas, mais je crois que je préfère les garçons. Donc, si tu veux, ça m'a permis de lâcher la pression, mais un truc de malade. Et Morgane est toujours dans ma vie aujourd'hui. Elle vit maintenant à Montréal avec sa femme et leur merveilleuse petite-fille. Et on en reparle de temps en temps, c'est extrêmement drôle. Ça m'a permis de relâcher la pression, un truc de malade. Et donc, par la suite, j'ai pu en parler à une de mes meilleures amies et puis à mon petit groupe d'amis qui devait être composé de 3-4 personnes. dont l'une était aussi mon ex-petite copine. Donc, de suite, ça a été les « Mais qu'est-ce que j'ai fait ? Pourquoi j'ai rien vu ? » Alors que, mince, ça se voyait quand même. Mais enfin, ça, c'est autre chose. Après, quand je suis parti, si tu veux, j'ai vécu des harcèlements pas drôles. Donc, des gens qui ont téléphoné à mes parents pour leur dire que j'étais pédé. J'utilise le mot exact. Donc, tu veux, je n'ai pas fait de coming out proprement dit. Comme on le voit à la télé, tu sais, où on s'assoit à table, on dit papa, maman, j'ai besoin de vous parler. Je suis homosexuel, je suis gay. Donc, je n'ai pas eu besoin de faire ça. Ça a été fait à ma place. Ça a été violent, du coup. Vraiment très, très, très violent. Et après, par la suite, ça a été, ben voilà, maman, mon père, ça a été compliqué aussi. Je ne lui ai pas parlé pendant très longtemps. Je te présente mon petit copain. Et ma mère n'a jamais voulu accepter le mot petit copain, en fait. C'était juste un copain. Simplement. Et ça a duré comme ça pendant très très longtemps. Et puis on s'est éloigné longtemps parce qu'un jour je lui ai dit « Écoute maman, si tu ne veux pas m'accepter telle que je suis, je n'ai plus envie de t'appeler. » Et c'est ce que j'ai fait. Je suis là pour vivre ma vie en fait. Et puis un jour, j'ai rappelé mes parents et je leur ai dit « Écoutez, j'ai rencontré quelqu'un, ça fait quelques années maintenant. Nous avons deux enfants. Je me marie. » Je vous propose de venir, je vous paye le voyage jusqu'à Bruxelles. Si vous voulez venir, si vous voulez faire partie de cet événement, voire même de ma vie. Moi, je m'étais apaisé entre-temps, tu vois. Et vous êtes les bienvenus. Et ils sont tous venus. Et ça a été... Là, j'en ai des frissons, j'en ai des larmes qui montent. Parce que ça a été une retrouvaille extraordinaire. Et je suis plein de gratitude de ce moment-là. Parce que j'ai pas eu ce que je voulais il y a 20 ans. Mais je l'ai eu 20 ans plus tard et c'était génial.

  • Speaker #0

    Oui. Et tu as dit, à ce moment-là, j'étais apaisé.

  • Speaker #1

    Oui. Oui, oui, oui. Parce que c'est lourd comme secret. C'est très, très lourd. C'est quelque chose qui te pèse. C'est-à-dire, ce n'est pas comme un haut potentiel qui s'aperçoit qu'il y a quelque chose qui ne va pas, mais qui n'a pas de mot à mettre dessus. Nous, on a des mots qui ont été mis dessus, mais par les autres. Et du coup, c'était pesant, c'était extrêmement pesant. Et puis, si je disais qui j'étais, véritablement, si j'assumais cette homosexualité, j'allais m'en prendre encore plus dans la gueule, parce que du coup, j'allais valider les insultes des autres. Et ça, c'était dur, c'était dur. Et donc, du coup, le dire à quelqu'un dont la réaction était bienveillante, positive, tu sais, c'est un petit peu comme si on te dit... quand tout le monde te dit que tu n'es pas normal et qu'un jour, tu as une personne qui te tend la main en te disant que tu es parfait comme tu es. Waouh ! Mais ça fait du bien. Ça fait du bien. Tu sais que les premières années, quand je suis parti vivre à Paris, donc de 18 ans à 24 ans, quand je rentrais dans mon pays basque natal, je faisais toujours des couleurs flashy à mes cheveux. Je mettais toujours des vêtements extrêmement gays. Tout simplement, je provoquais. J'avais envie de dire au monde entier, ça y est, maintenant je vis ma vie, je vous emmerde. Et tous ceux qui m'ont insulté, regardez, je vous le balance encore plus dans la tête. Du coup, j'ai découvert quelques temps plus tard que je n'étais pas moi-même non plus à ce moment-là en faisant ça. Mais tu vois, le poids de la discrimination, le poids de l'absence de bienveillance peut se faire ressentir bien au-delà d'un simple coming out. Et tout ça, c'est un accompagnement à faire. Tout ça, c'est... C'est pour ça que je te dis que c'est important de savoir qu'on peut compter sur quelqu'un lorsqu'on s'apprête à faire un coming out, lorsqu'on s'apprête à traverser peut-être une tempête. Alors peut-être parfois ça se passe super bien, des fois tu as des gens qui sont déçus, parce que les parents disent « ok, d'accord, c'est cool, on le savait un peu, mais on est content que tu nous le dises » . Et du coup on est déçus parce qu'on n'a pas eu le drama qu'on attendait, mais c'est quand même mieux.

  • Speaker #0

    Tu parles de coming out. Ça a quel impact sur l'environnement ? Parce que tu as beaucoup parlé de la famille, mais j'imagine aussi les amis, les proches. Comment ça se passe à ce moment-là, quand tu t'assumes en fin de compte ?

  • Speaker #1

    Moi, quand je m'assume, je dis au revoir à une bonne partie de ma vie.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    D'accord ? C'est un deuil à faire. C'est un deuil à faire parce qu'au début, tu ne comprends pas pourquoi certains te tournent le dos. Tu ne comprends pas pourquoi certains ne comprennent pas. Tu culpabilises beaucoup. Donc ça aussi, c'est un accompagnement important. Les psychologues sont très bons pour ça. D'accord ? Je ne vais pas parler de coaching là-dessus. Il y a un moment donné où un psy, c'est quand même super utile. Ce deuil, c'est un deuil classique finalement. Mais le plus important, c'est de comprendre que quand quelqu'un sort de ta vie parce que tu oses être qui tu es, il ne te mérite pas, tout simplement. Alors, bien sûr, ça fait mal, c'est des gens qu'on aime. Oui, parce que nous, on les aime. Mais eux, s'ils ne nous aiment pas tels que l'on est. Alors oui, c'est compliqué. Oui, ça demande des larmes. Parfois, ça passe par la colère, un deuil, tout simplement. et après quand on Des années plus tard, ce qui est très drôle, c'est que tu vois parfois des gens revenir dans ta vie en te disant « Ah, mais oui, j'ai vu ce que tu fais, c'est génial » , etc. Ils tendent une main comme si rien ne s'était passé auparavant et parfois, du coup, on est tenté de revenir dans cette amitié, de se dire « Ah, mais tiens, c'est cool » , etc. mais souvent je me suis aperçu en fait qu'ils sont tentés par revivre une amitié avec moi à condition que mes codes de vie correspondent quand même aux leurs. Donc, c'est-à-dire que, OK, je suis gay, c'est sympa, on ne va plus dire pédé, on va essayer de ne plus te vexer, mais si tu as une bonne réussite, que tu t'habilles bien et qu'en plus tu as des enfants, ça passe. Par contre, si tu es un peu excentrique, un petit peu efféminé, que tu mets du mascara ou du rouge à lèvres, peu importe, là, par contre, écoute, ouais, bon, on se dit bonjour sur Facebook. Tu vois la différence que tu as ? Donc, je le dis à long terme. Je suis qui je suis aujourd'hui. J'ai mis du temps, j'ai mis beaucoup d'années à pouvoir dire à quelqu'un, si tu ne me veux pas tel que je suis, ça ne m'intéresse pas. Et c'est valable pour la famille. Aujourd'hui, je parle avec mon père, avec ma mère, avec ma sœur, mais je n'ai plus aucun contact avec aucune autre personne de ma famille. et je le vis très bien.

  • Speaker #0

    Qui sont les remplacés ? Parce qu'on dit souvent que quand tu fais le vide comme ça autour de toi, que tu filtres ou que l'univers filtre pour toi, ça se remplit de personnes qui te ressemblent plus, qui ont les mêmes valeurs. Est-ce que c'est vrai ? Est-ce que c'est ce qui t'est arrivé ?

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. On a une notion, nous, dans la communauté, on appelle ça la famille choisie. Et la famille choisie, chez nous, c'est quelque chose d'extrêmement important parce que On s'aperçoit, et puis c'est super intéressant d'ailleurs, je le place comme ça, pour la déconstruction des familles et la reconstruction des vraies relations familiales, c'est que la famille choisie, on parle de véritable amour, inconditionnel. On parle véritablement d'entourage, de gens qui sont là pour te supporter, t'écouter, sans tout le poids de la famille, sans tout le poids de l'éducation, etc. Une famille choisie... J'en ai encore des frissons maintenant. Ça se voit,

  • Speaker #0

    j'allais dire, tu es rayonnant. Ton nom verbal, il est solaire.

  • Speaker #1

    Oui, mais c'est de la radio. Mais oui. Il y a un film qui est en train de sortir actuellement à Bruxelles sur la famille choisie qui reprend notamment le vécu de personnes non-binaires, de personnes transgenres, de personnes dragues. Et je pense que c'est vraiment un film que je vais aller voir très bientôt. Je crois qu'il sort la semaine prochaine. Il y a déjà quelques capsules sur Instagram, mais la famille choisie, oui, c'est un soutien extraordinaire. C'est, imagine-toi prendre toutes les qualités que tu voudrais et les offrir dans un... Tu sais, c'est bientôt la fête des mères. Tiens, bonne fête maman, je t'offre exactement tout ce dont j'ai besoin. Dans un monde idéal, ça se passerait comme ça. Dans le monde actuel, même si tu l'offres, les personnes ont du mal à comprendre. On a une éducation particulière, on a... un système qui nous a conditionnés, donc c'est plus compliqué. L'avantage de la famille choisie, c'est que cette boxe, elle la prend avec plaisir, elle la prend et elle l'apprend avec plaisir. Donc c'est des relations qui sont vachement plus saines, où il n'y a pas vraiment de jugement, où on va se dire ce qu'on en pense seulement quand l'autre nous l'a demandé. C'est le principe du coaching, notamment. C'est ça qui est génial ici, c'est apprendre Merci. à aider les personnes qui le demandent et apprendre à écouter les personnes qui ne veulent pas être aidées, qui veulent juste être écoutées. Enfin, voilà. Aujourd'hui, ça se traduit par des fêtes génialissimes. Moi, il m'est arrivé de... J'ai fêté Noël au mois d'août l'année dernière.

  • Speaker #0

    Génial. Voilà, comme ça, je pouvais avoir mes amis avec moi. C'était génialissime, on a fait une bonne fête. C'est ça, la famille choisie, c'est... Je ne sais pas comment la définir, j'aimerais te donner des mots vachement plus précis là-dessus, mais c'est tellement un ressenti plus qu'une définition.

  • Speaker #1

    Merci Chris pour cette famille choisie et toutes les émotions qui vont avec. Je propose de marquer une pause et je vous propose à toutes et tous de... de nous retrouver la semaine prochaine pour la suite et la fin de cet entretien avec Chris Stéphanie. À la semaine prochaine.

Description

Dans cette première partie d’un entretien vibrant de sincérité, Kriss Stephany nous livre un témoignage bouleversant et inspirant.


De son enfance marquée par le harcèlement, la violence et le silence, à son coming out douloureux mais libérateur, Kriss raconte avec force et sensibilité son chemin vers l’acceptation et l’affirmation de soi.


Entre discriminations subies, quête d'identité, étiquettes choisies ou imposées, et pouvoir transformateur de la “famille choisie”, cet épisode aborde sans détour les réalités vécues par les personnes LGBTQIA+, tout en faisant écho aux luttes de toutes celles et ceux qui osent sortir des cases.


Un moment d’authenticité rare, qui rappelle que derrière chaque différence se cache un autre potentiel. 💫


👉 À écouter absolument si vous vous sentez en décalage, si vous êtes parent, éducateur, ou simplement humain.


Vous pouvez retrouver Kriss Stephany sur LinkedIn ou Instagram


Je suis Marc Breugelmans, Coach Professionnel, Auteur de 'L'autre potentiel'.

J'illumine les étoiles de votre potentiel pour vous aider à devenir le/la leader de votre vie !

www.coachingetdecouvertes.be

Facebook

LinkedIn


Crédit Musique :

Creative Commons — Attribution 3.0 Unported — CC BY 3.0 Music promoted by Copyright Free Music - Background Music For Videos 👉    / @podcastbackgroundmusic  


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue, bienvenue dans le nouvel épisode de l'Autre Potentiel, j'ose ma différence. Le podcast qui, entre autres, donne la parole à celles et ceux qui ne rentrent pas dans les cases. Dans ce podcast, on explore les chemins de traverse, ceux qui demandent du courage, de l'audace et surtout l'envie d'être soi. A chaque épisode, je vous propose un moment de vérité, Merci. Un moment d'éclairage et aussi je donne la parole à des voix qui osent, des histoires qui bousculent, des parcours qui inspirent, car derrière chaque différence se cache un autre potentiel. Et aujourd'hui, je vous demande d'accueillir quelqu'un qui mérite pleinement sa place dans ce podcast. Il s'appelle Chris Stéphanie et nous l'accueillons directement. Bonjour Chris !

  • Speaker #1

    Bonjour Marc !

  • Speaker #0

    Alors, pour remettre un peu le contexte de ce podcast, on s'est rencontrés à un événement il y a deux, trois semaines de cela. Et lors de cet événement, il y avait un concours pour passer à la radio. Alors, je pense qu'on était nombreux à vouloir y aller. Je m'étais même dit, mais comment est-ce qu'on va pouvoir se départager ? Parce qu'on s'était mis en groupe de 8-9 et chacun devait se présenter en une minute. Et puis, ça a été, je pense, ça a été l'unanimité. une fois qu'on est en... écouter, une fois qu'on t'a entendu, ça sortait tellement de tes tripes, ce pitch en une minute pour te présenter que je vais te mettre au challenge de le refaire.

  • Speaker #1

    De réitérer.

  • Speaker #0

    C'était habituellement. Qui est qui Stéphanie ? Et voilà.

  • Speaker #1

    Et voilà, alors oui, pour remplacer le contexte, effectivement, on était 140. On était 140 et on avait une minute, pas une de plus. Je vais essayer de te le refaire dans les conditions de l'événement. Il y a un peu moins de monde dans mon salon aujourd'hui, mais ce n'est pas grave. J'ai commencé tout simplement par expliquer d'où est-ce que je venais. Quand j'étais petit, j'étais gros. J'étais androgyne, j'ai des longs cils, je sais que ça ne se voit pas là, mais j'ai des très longs cils, j'étais très androgyne. Et j'ai un nom de famille qui est Stéphanie, un prénom féminin. Autant te dire que j'ai eu des colibés, j'ai eu droit à énormément de moqueries. Et puis à l'adolescence, j'ai découvert que je préférais les garçons. Donc du coup, j'ai eu droit à beaucoup plus de discrimination. J'ai vécu la violence, qu'elle soit physique, qu'elle soit verbale. Et vraiment très très tôt, à un âge de 10-11 ans, j'ai subi le racket et j'ai surtout subi le silence parce que je n'avais personne à qui en parler. Ma famille était très masculiniste dans le sens où j'ai été élevé dans une famille de militaires. Donc vraiment un côté très macho, on va dire, et au Pays Basque. Double peine. Donc je n'avais personne pour en parler. J'avais toute une éducation très, très machiste, très compliquée, qui était écrasante. Et à 18 ans, je me suis barré de chez moi, tout simplement. Je suis parti à Paris en me disant, ça va être mieux, je vais pouvoir vivre ma vie. Et là, je me suis heurté à la discrimination systémique. J'en reparlerai tout à l'heure. Mais en gros, ça a continué dans l'entreprise, dans le milieu des entreprises. C'était la même chose, j'avoue. beau être complètement libéré et être moi-même, les moqueries, les attaques gratuites, les non-attributions de projets, etc. Je les ai vécues pendant très longtemps avant de réussir à prendre le dessus là-dessus et à devenir qui je suis aujourd'hui, c'est-à-dire un entrepreneur. J'ai un bar, j'ai un magasin. À côté de ça, j'ai aussi une émission radio, une chronique télé, où je parle justement de la communauté LGBTQIA+, de ses différences, et je m'attaque aujourd'hui... Je m'attaque, je n'aime pas le mot attaquer, mais à vous tous, tu as vu, je dis le mot tous, je vous expliquerai ça aussi tout à l'heure. À vous tous, parce que je suis convaincu qu'aujourd'hui, il y a énormément de LGBTQIA+, qui ne sont pas forcément dans le placard, mais qui sont écrasés par le système, qui sont écrasés par le manque de soutien, par le manque de reconnaissance. Et j'en appelle vraiment à chacune et chacun d'apprendre ce qu'est l'inclusion, d'apprendre ce qu'est l'échelle des privilèges. tout simplement, parce que ça va nous permettre d'inclure davantage les gens qui nous entourent, nos collègues, nos familles, nos enfants. Je peux vous assurer que lorsque l'on tend la main à un parent d'LGBTQA+, qui ne sait pas comment lui parler, qui ne sait pas comment l'écouter, qui ne sait pas comment le comprendre, on peut changer et sauver énormément de vies. Je te l'ai fait... Un peu plus d'une minute.

  • Speaker #0

    Oui, mais avec le cœur et j'en ai des frissons. Et donc, c'est effectivement un thème qu'on n'a pas encore exploré dans ce podcast. Et quand j'ai entendu ce pitch, quand je t'ai entendu le dire, comme tu le dis maintenant avec ton cœur, j'ai dit, mais lui, il faut que je l'interviewe parce qu'en fin de compte, quelles que soient nos différences, le combat, le combat est le même. C'est déjà oser l'avouer, oser se l'avouer. Et puis... Et puis la réalité est aussi le même, tu as parlé d'harcèlement. Et donc tout ça fait partie de tous ceux qui se sentent un peu en décalage par rapport à ce monde dans lequel on vit. Alors tu as parlé plusieurs fois de LGBTQIA+. Voilà, je l'ai dit dans le bon ordre, j'ai mon copion à son.

  • Speaker #1

    Félicitations !

  • Speaker #0

    Je n'ai aucun mérite.

  • Speaker #1

    Traduction !

  • Speaker #0

    Voilà, donc en fait, pour ceux et celles qui ne... qui n'y connaissent rien, c'est quoi le LGBTQIA+.

  • Speaker #1

    Alors, c'est assez simple, en fait, on ne va pas vous demander à tous de connaître par cœur toutes les lettres, de connaître leur traduction. En gros, LGBTQIA+, ce sont les lesbiennes, les gays, les bi, les transgenres, les queers, les intersexes, les asexués et tous ceux qui ne se reconnaissent pas forcément dans un de ces mots, mais qui ne correspondent pas non plus, on va dire au monde hétérosexuel ? Est-ce que ça te donne plus d'éléments ?

  • Speaker #0

    Oui, ça me donne plus d'éléments et ça m'amène une question.

  • Speaker #1

    Donc,

  • Speaker #0

    moi, je coache beaucoup de personnes qui sont au potentiel, hypersensibles, et ce que j'entends souvent de la part de toutes ces personnes, c'est, punaise, on m'a mis cette étiquette-là sur la tête. Et c'est aussi pour ça que moi, je préfère toujours parler de autres potentiels qui englobent toutes les différences. Ici, le LGBTQIA+, c'est autant d'étiquettes qu'on met sur la tête. C'est quoi l'idée qu'il y a derrière ? Parce qu'il y en a de plus en plus. Avant, on parlait de LGBT, puis après LGBTQ. J'ai eu des jeunes coachés qui m'ont appris beaucoup de choses, parce qu'il y a des lettres qui sont sans doute dans le plus. Et donc, voilà. Le commun des mortels peut ne plus s'y retrouver. Donc, en quoi c'est important de classifier comme ça ?

  • Speaker #1

    Tu parles très bien au niveau des étiquettes. L'étiquette, on a beau essayer pendant très longtemps la lutte pour l'égalité des droits, et notamment des personnes LGBT, donc là on remonte à quelques années en arrière, c'était l'idée de, on ne peut pas être défini par nos étiquettes. On voulait s'affranchir des étiquettes. Force est de constater qu'aujourd'hui, si on veut, ne serait-ce que... donner du sens aux différences, les étiquettes, on va en avoir besoin. Expliquer, mettre des mots sur quelque chose. Tu parlais des hauts potentiels, je pense qu'il y a énormément d'enfants et d'adultes aujourd'hui qui, rien que le fait d'avoir mis un mot sur leurs émotions, sur ce qui leur arrivait, leur permet aujourd'hui d'avancer beaucoup plus. Ces étiquettes, on en a besoin. Par contre, on va mettre une barrière là-dessus. Les étiquettes... Nous sommes les seuls, et quand je dis nous, c'est chaque individu est la seule personne qui peut définir son étiquette. C'est-à-dire que ni moi, Chris, ni toi, Marc, par exemple, ne peut décider que telle personne a telle ou telle étiquette. Même si elle le revendique. Le mieux, c'est de demander à la personne, si on ne sait pas. Moi, je me définis un peu comme un Rubik's Cube. Tu vois comment c'est un Rubik's Cube ? C'est un rubik's cube avec plein de petites cases, avec plein de couleurs que l'on tourne sans arrêt. Mais moi, c'est un peu la même chose. J'ai plein de cases, j'ai plein d'étiquettes. Et puis, il y a des jours où il y a certaines étiquettes qui sont plus fortes que d'autres. Moi, j'ai un haut potentiel aussi, je suis hyper émotif. C'était super cool de le savoir. Maintenant, j'étais content d'avoir une différence supplémentaire. Ça m'a fait un paquet de différences, c'est un peu le cumul des mandats. Et puis, je m'aperçois que finalement, je ne suis pas seul. Il y a beaucoup de gens dans le même état que moi, avec le même, peut-être, haut potentiel, ou peut-être même la même lettre que moi. Mais c'est vrai. que ce n'est pas ce qui me définit à 100% tout le temps. Ce qui me définit, c'est l'ensemble de ces étiquettes-là. Et des fois, lorsque je vais arriver à un rendez-vous, certaines étiquettes vont être un peu plus mises en avant que d'autres. Mais le principal à retenir là-dessus, c'est que toutes ces étiquettes me définissent. Ce n'est pas d'avoir honte d'avoir plein d'étiquettes, d'avoir plein de couleurs, de faire un arc-en-ciel avec mon Rubik's Cube. Et de ne jamais réussir à mettre qu'une seule couleur, que d'un seul côté. Ne pas réussir à faire mon rubik du banco. Les lettres, aujourd'hui, elles sont importantes non pas pour embêter le commun des mortels, comme tu disais tout à l'heure, elles sont faites simplement pour que chaque personne puisse se reconnaître et puisse avoir un... Une identité, tout simplement. On n'a pas souvent conscience du nombre de personnes qui sont dans une minorité. On n'a pas souvent conscience de tous ces gens à qui on ne donne pas un micro pour parler, à qui on ne donne même pas une oreille pour écouter. Et tous ces gens-là, ils n'existent pas, en fait. Ils sont souvent écrasés, ils sont souvent dans la difficulté de s'épanouir, mais ils existent. Alors si, par exemple, le maître... une lettre de plus dans LGBTQIA+, peut permettre à une personne d'exister, de se sentir mieux. Alors, je sais que le commun des mortels va dire, oui, ça va pour une personne quand même, mais en fait, c'est important. C'est chaque vécu qui est important, c'est chaque être humain qui est important et chaque étiquette le sera aussi. Donc oui, LGBTQIA+, on s'y fait au bout d'un moment. Tu sais, tu répètes trois fois, quatre fois pendant une semaine, on va faire une prescription. Mais après, ça va très, très bien se passer. Donc voilà, si tu vas au Canada, par exemple, au Québec notamment, tu vas souvent avoir à apparaître plein, plein de drapeaux. Ça aussi, il y en a énormément. Et puis, plein d'autres lettres encore. Je t'avoue que je ne les ai pas toutes, mais je trouve ça magnifique. Je trouve ça magnifique qu'un gouvernement, au Canada en plus, proche, pas très loin de Trump, tu vois, ça prend tout son sens en ce moment, ait juste envie de donner une voix à chacun et chacune de ces individus en les nommant. par l'étiquette qu'ils ont choisie. Alors l'étiquette, c'est peut-être pas très joli à dire. On l'appellera comme on veut, mais dans tous les cas, je trouve ça génialissime de pouvoir donner l'opportunité à chacune et chacun de dire j'existe, je suis et voilà qui je suis.

  • Speaker #0

    Vient maintenant dans ma tête une autre question parce que je sais qu'il y a aussi des jeunes qui écoutent ce podcast. Quand on se cherche, l'adolescence est un moment où on... On se révèle, on se cherche. Comment est-ce qu'avec tout ça, maintenant, on fait pour s'y retrouver, en fait ?

  • Speaker #1

    On a deux éléments à prendre en compte et deux éléments qui sont complètement l'opposé de l'autre. C'est que, premièrement, dans nos pays, on va prendre le cas de l'Europe, plutôt l'Europe de l'Ouest, mais de l'Europe en général. Oui, aujourd'hui, c'est plus facile. Et en même temps, ça n'a jamais été aussi dur. Et ça devient compliqué à expliquer. On a l'impression, en fait, aujourd'hui, que c'est plus facile, que c'est davantage rentré dans les mœurs, que c'est presque sécurisé, que les droits sont là et que c'est bon. Après tout, moi, je me souviens, j'ai une phrase qui me revient. Des fois, on me dit « Ah, ça va, vous avez le mariage, c'est bon, vous avez tout. » Et je me dis « Ok. » En fait, les gens sont tellement persuadés que c'est bon, il y a des lois, on est protégé par certaines lois. qui ne sont pas toujours mises en application, c'est autre chose, que c'est bon, c'est facile, on peut y aller. Mais du coup, plus personne ne se remet en question sur sa capacité à accepter, sur sa capacité à comprendre et à tendre la main. Ce qui se passe aujourd'hui, c'est qu'on a plein de jeunes qui ont plus de force que notre génération. Alors, pour expliquer notre génération, j'ai 45 ans, d'accord ? Donc oui, pour eux, c'est plus facile, mais c'est plus facile... dans un certain cadre. Si tu es dans une famille un peu moins ouverte, c'est souvent le cas des familles où il y a un peu plus de religion. Et ce, quelle que soit la religion, je tiens à le préciser, selon les origines, selon les coutumes, selon plein de choses, en fait, le parcours de vie de chacun, l'éducation de chaque personne, fait que ça va être plus ou moins bien reçu. Et ces enfants qui sont, ces adolescents souvent, qui ont envie d'éclore, qui ont envie de sortir du placard, pour donner l'expression... qui nous a suivi pendant des années, ils se disent « Ah, chouette ! Je peux le faire, je peux le faire, je peux le faire. » Et ils se retrouvent souvent face à une incompréhension totale. Je vais te reprendre un exemple, parce que je ne peux parler que de moi. Je ne peux pas donner, bien entendu, les histoires des gens qui m'entourent. Mais pour te parler de moi, j'ai une maman avec qui j'ai une famille formidable aujourd'hui. Ça n'a pas toujours été le cas, comme je te l'ai dit. Mais moi, quand j'étais adolescent, ma mère, je l'entendais dire « Ah ben tiens ! » Les homosexuels, il n'y a pas de souci. Moi, si mon fils était homosexuel, je n'aurais aucun problème, je l'accepterais sans souci. Mais quand c'est arrivé, ce n'est pas du tout ce qui s'est passé. Et je pense que ma mère a mis à peu près 20 ans, c'est-à-dire que je me suis marié en 2018. Je pense que c'est en 2018 que ça y est, elle a capté que ce n'était pas juste un passage, ce n'était pas juste une erreur, ce n'était pas juste anormal, c'était moi, c'était comme ça. Donc tu vois, entre ce qu'on pense et ce qui se passe sur la réalité, c'est compliqué. L'école, on a des programmes aujourd'hui, je parle d'Evras par exemple, ici en Belgique. qui est extrêmement décriée. Oui, on ose parler de sexualité, on ose parler de ci à nos adolescents, mais en fait, ce qu'il faut savoir, c'est qu'on ne parle pas directement de sexualité. On en parle bien sûr, mais le but dans ces programmes-là, c'est de donner des mots à des situations et de permettre aux adolescents de faire le truc dans ce qu'ils entendent et ce qu'ils voient et de permettre notamment de peut-être plus déceler les problèmes Merci. de pédophilie, les problèmes d'inceste, les problèmes de harcèlement quelconque et donc aussi de harcèlement face aux personnes LGBTQIA+. On estime, on sait, on ne va pas se mentir, moi je pense que si je remonte dans ma tête, j'ai su à l'âge de 6 ans que j'aimais les garçons. Mais je me suis menti et je me suis écrasé intérieurement jusqu'à l'âge de 11-12 ans où je me regardais dans un miroir en me disant, alors excuse-moi, je ne sais pas si j'ai le droit de le dire, Mais je me regardais dans le miroir en me disant « tu es pédé, tu es pédé, tu es pédé, tu es pédé » . Parce que c'est les insultes qu'on me donnait. Et je voulais savoir qui j'étais, donc j'essayais de me regarder dans le miroir et de me dire qui j'étais exactement. C'était violent. On se rend compte aujourd'hui que déjà dès l'âge de 12-13 ans, et parfois même plus jeune, certains enfants savent qu'ils ne sont pas dans le bon corps. C'est-à-dire qu'ils sont nés assignés d'un genre. et que ce n'est pas leur genre qui leur correspond. Tous ces enfants vont traverser un moment d'adolescence extrêmement horrible. Il faut se l'avouer. Non seulement d'un côté, l'accompagnement, tout ce qui est blocage d'hormones, etc., c'est extrêmement compliqué. Ce n'est pas extrêmement non plus très clair avec la loi. Ce n'est pas souvent compris par les parents. Et à l'école, il y a un rejet total. Il y a des moqueries qui sont souvent le fruit de ce qu'on voit à la maison aussi. Je me mets à la place... Franchement, moi, j'ai vécu une adolescence horrible à ce niveau-là. Ça m'a forgé. Aujourd'hui, je me suis débarrassé de toute la haine, de toute la colère, etc. Mais si je dois revenir en arrière, c'était horrible. C'était sûrement bien pire pour beaucoup plus de monde que moi. Mais aujourd'hui encore, je me dis « Waouh ! » Mon fils le plus grand a un petit ami qui est transgenre. et qui, dans sa famille, n'est absolument pas respecté dans le pronom choisi, qui n'a pas du tout... Comment dire ? Je ne sais même pas comment mettre les mots là-dessus, mais qui n'est pas respecté pour qui il est réellement, en fait. Parce que l'éducation fait que. Et pourtant, sa maman est extrêmement cool, super sympa, mais pas suffisamment, peut-être, informée, tout simplement. Des fois, c'est la bienveillance, c'est quelque chose qu'on... La bienveillance, on n'apprend pas à l'école. C'est peut-être quelque chose qu'on a besoin de développer ultérieurement. Je t'ai dit plein de choses, je te donnais tout ce qui me passe par le cœur et non pas par la tête. Et c'est vrai que c'est compliqué aujourd'hui de faire le tri. C'est aujourd'hui même très compliqué quand on est parent, quand on est à l'école, quand on est sur le milieu du travail, ou même quand on a dans notre famille des personnes LGBTQIA+, c'est extrêmement compliqué de se remettre en question et de se dire que peut-être on n'a pas les bons mots. Peut-être on n'a pas les bons gestes et peut-être on n'a pas les oreilles suffisamment ouvertes pour accéder à la bienveillance dont chacune et chacun a besoin.

  • Speaker #0

    Donc, si j'ai bien compris, c'est à partir de 12 ans que tu assumes ta différence, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Moi, c'est à partir de 12 ans où j'ai tenté d'assumer ma différence. Je l'ai assumée véritablement à partir… J'ai commencé à le dire aux premières personnes. J'avais 17 ans et j'ai vécu ma vie vraiment à 18 ans quand je suis parti.

  • Speaker #0

    Comment on fait pour oser sa différence ? Comment toi tu as fait ?

  • Speaker #1

    Il n'y a aucune règle. C'est Hunger Games. Alors ne tuez pas les autres bien sûr, ça n'a rien à voir. Mais je veux dire par là, c'est un parcours du combattant, c'est un parcours extrêmement personnel. Je ne vais pas te dire qu'il y a une solution en particulier. Par contre, je peux te dire qu'il existe des gens pour t'accompagner. Ça, c'est le plus important. Pour ma part, je me rappelle à l'âge de 17 ans, j'avais une petite amie, Morgane, que j'aime énormément. On est toujours extrêmement amis. Et on a tenté la chose. On a tenté. Et ça a été très drôle parce qu'après ça, elle m'a dit, écoute... M'en veux pas, mais je crois que je préfère les filles. Et du coup, instinctivement, moi, ça a été, écoute, m'en veux pas, mais je crois que je préfère les garçons. Donc, si tu veux, ça m'a permis de lâcher la pression, mais un truc de malade. Et Morgane est toujours dans ma vie aujourd'hui. Elle vit maintenant à Montréal avec sa femme et leur merveilleuse petite-fille. Et on en reparle de temps en temps, c'est extrêmement drôle. Ça m'a permis de relâcher la pression, un truc de malade. Et donc, par la suite, j'ai pu en parler à une de mes meilleures amies et puis à mon petit groupe d'amis qui devait être composé de 3-4 personnes. dont l'une était aussi mon ex-petite copine. Donc, de suite, ça a été les « Mais qu'est-ce que j'ai fait ? Pourquoi j'ai rien vu ? » Alors que, mince, ça se voyait quand même. Mais enfin, ça, c'est autre chose. Après, quand je suis parti, si tu veux, j'ai vécu des harcèlements pas drôles. Donc, des gens qui ont téléphoné à mes parents pour leur dire que j'étais pédé. J'utilise le mot exact. Donc, tu veux, je n'ai pas fait de coming out proprement dit. Comme on le voit à la télé, tu sais, où on s'assoit à table, on dit papa, maman, j'ai besoin de vous parler. Je suis homosexuel, je suis gay. Donc, je n'ai pas eu besoin de faire ça. Ça a été fait à ma place. Ça a été violent, du coup. Vraiment très, très, très violent. Et après, par la suite, ça a été, ben voilà, maman, mon père, ça a été compliqué aussi. Je ne lui ai pas parlé pendant très longtemps. Je te présente mon petit copain. Et ma mère n'a jamais voulu accepter le mot petit copain, en fait. C'était juste un copain. Simplement. Et ça a duré comme ça pendant très très longtemps. Et puis on s'est éloigné longtemps parce qu'un jour je lui ai dit « Écoute maman, si tu ne veux pas m'accepter telle que je suis, je n'ai plus envie de t'appeler. » Et c'est ce que j'ai fait. Je suis là pour vivre ma vie en fait. Et puis un jour, j'ai rappelé mes parents et je leur ai dit « Écoutez, j'ai rencontré quelqu'un, ça fait quelques années maintenant. Nous avons deux enfants. Je me marie. » Je vous propose de venir, je vous paye le voyage jusqu'à Bruxelles. Si vous voulez venir, si vous voulez faire partie de cet événement, voire même de ma vie. Moi, je m'étais apaisé entre-temps, tu vois. Et vous êtes les bienvenus. Et ils sont tous venus. Et ça a été... Là, j'en ai des frissons, j'en ai des larmes qui montent. Parce que ça a été une retrouvaille extraordinaire. Et je suis plein de gratitude de ce moment-là. Parce que j'ai pas eu ce que je voulais il y a 20 ans. Mais je l'ai eu 20 ans plus tard et c'était génial.

  • Speaker #0

    Oui. Et tu as dit, à ce moment-là, j'étais apaisé.

  • Speaker #1

    Oui. Oui, oui, oui. Parce que c'est lourd comme secret. C'est très, très lourd. C'est quelque chose qui te pèse. C'est-à-dire, ce n'est pas comme un haut potentiel qui s'aperçoit qu'il y a quelque chose qui ne va pas, mais qui n'a pas de mot à mettre dessus. Nous, on a des mots qui ont été mis dessus, mais par les autres. Et du coup, c'était pesant, c'était extrêmement pesant. Et puis, si je disais qui j'étais, véritablement, si j'assumais cette homosexualité, j'allais m'en prendre encore plus dans la gueule, parce que du coup, j'allais valider les insultes des autres. Et ça, c'était dur, c'était dur. Et donc, du coup, le dire à quelqu'un dont la réaction était bienveillante, positive, tu sais, c'est un petit peu comme si on te dit... quand tout le monde te dit que tu n'es pas normal et qu'un jour, tu as une personne qui te tend la main en te disant que tu es parfait comme tu es. Waouh ! Mais ça fait du bien. Ça fait du bien. Tu sais que les premières années, quand je suis parti vivre à Paris, donc de 18 ans à 24 ans, quand je rentrais dans mon pays basque natal, je faisais toujours des couleurs flashy à mes cheveux. Je mettais toujours des vêtements extrêmement gays. Tout simplement, je provoquais. J'avais envie de dire au monde entier, ça y est, maintenant je vis ma vie, je vous emmerde. Et tous ceux qui m'ont insulté, regardez, je vous le balance encore plus dans la tête. Du coup, j'ai découvert quelques temps plus tard que je n'étais pas moi-même non plus à ce moment-là en faisant ça. Mais tu vois, le poids de la discrimination, le poids de l'absence de bienveillance peut se faire ressentir bien au-delà d'un simple coming out. Et tout ça, c'est un accompagnement à faire. Tout ça, c'est... C'est pour ça que je te dis que c'est important de savoir qu'on peut compter sur quelqu'un lorsqu'on s'apprête à faire un coming out, lorsqu'on s'apprête à traverser peut-être une tempête. Alors peut-être parfois ça se passe super bien, des fois tu as des gens qui sont déçus, parce que les parents disent « ok, d'accord, c'est cool, on le savait un peu, mais on est content que tu nous le dises » . Et du coup on est déçus parce qu'on n'a pas eu le drama qu'on attendait, mais c'est quand même mieux.

  • Speaker #0

    Tu parles de coming out. Ça a quel impact sur l'environnement ? Parce que tu as beaucoup parlé de la famille, mais j'imagine aussi les amis, les proches. Comment ça se passe à ce moment-là, quand tu t'assumes en fin de compte ?

  • Speaker #1

    Moi, quand je m'assume, je dis au revoir à une bonne partie de ma vie.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    D'accord ? C'est un deuil à faire. C'est un deuil à faire parce qu'au début, tu ne comprends pas pourquoi certains te tournent le dos. Tu ne comprends pas pourquoi certains ne comprennent pas. Tu culpabilises beaucoup. Donc ça aussi, c'est un accompagnement important. Les psychologues sont très bons pour ça. D'accord ? Je ne vais pas parler de coaching là-dessus. Il y a un moment donné où un psy, c'est quand même super utile. Ce deuil, c'est un deuil classique finalement. Mais le plus important, c'est de comprendre que quand quelqu'un sort de ta vie parce que tu oses être qui tu es, il ne te mérite pas, tout simplement. Alors, bien sûr, ça fait mal, c'est des gens qu'on aime. Oui, parce que nous, on les aime. Mais eux, s'ils ne nous aiment pas tels que l'on est. Alors oui, c'est compliqué. Oui, ça demande des larmes. Parfois, ça passe par la colère, un deuil, tout simplement. et après quand on Des années plus tard, ce qui est très drôle, c'est que tu vois parfois des gens revenir dans ta vie en te disant « Ah, mais oui, j'ai vu ce que tu fais, c'est génial » , etc. Ils tendent une main comme si rien ne s'était passé auparavant et parfois, du coup, on est tenté de revenir dans cette amitié, de se dire « Ah, mais tiens, c'est cool » , etc. mais souvent je me suis aperçu en fait qu'ils sont tentés par revivre une amitié avec moi à condition que mes codes de vie correspondent quand même aux leurs. Donc, c'est-à-dire que, OK, je suis gay, c'est sympa, on ne va plus dire pédé, on va essayer de ne plus te vexer, mais si tu as une bonne réussite, que tu t'habilles bien et qu'en plus tu as des enfants, ça passe. Par contre, si tu es un peu excentrique, un petit peu efféminé, que tu mets du mascara ou du rouge à lèvres, peu importe, là, par contre, écoute, ouais, bon, on se dit bonjour sur Facebook. Tu vois la différence que tu as ? Donc, je le dis à long terme. Je suis qui je suis aujourd'hui. J'ai mis du temps, j'ai mis beaucoup d'années à pouvoir dire à quelqu'un, si tu ne me veux pas tel que je suis, ça ne m'intéresse pas. Et c'est valable pour la famille. Aujourd'hui, je parle avec mon père, avec ma mère, avec ma sœur, mais je n'ai plus aucun contact avec aucune autre personne de ma famille. et je le vis très bien.

  • Speaker #0

    Qui sont les remplacés ? Parce qu'on dit souvent que quand tu fais le vide comme ça autour de toi, que tu filtres ou que l'univers filtre pour toi, ça se remplit de personnes qui te ressemblent plus, qui ont les mêmes valeurs. Est-ce que c'est vrai ? Est-ce que c'est ce qui t'est arrivé ?

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. On a une notion, nous, dans la communauté, on appelle ça la famille choisie. Et la famille choisie, chez nous, c'est quelque chose d'extrêmement important parce que On s'aperçoit, et puis c'est super intéressant d'ailleurs, je le place comme ça, pour la déconstruction des familles et la reconstruction des vraies relations familiales, c'est que la famille choisie, on parle de véritable amour, inconditionnel. On parle véritablement d'entourage, de gens qui sont là pour te supporter, t'écouter, sans tout le poids de la famille, sans tout le poids de l'éducation, etc. Une famille choisie... J'en ai encore des frissons maintenant. Ça se voit,

  • Speaker #0

    j'allais dire, tu es rayonnant. Ton nom verbal, il est solaire.

  • Speaker #1

    Oui, mais c'est de la radio. Mais oui. Il y a un film qui est en train de sortir actuellement à Bruxelles sur la famille choisie qui reprend notamment le vécu de personnes non-binaires, de personnes transgenres, de personnes dragues. Et je pense que c'est vraiment un film que je vais aller voir très bientôt. Je crois qu'il sort la semaine prochaine. Il y a déjà quelques capsules sur Instagram, mais la famille choisie, oui, c'est un soutien extraordinaire. C'est, imagine-toi prendre toutes les qualités que tu voudrais et les offrir dans un... Tu sais, c'est bientôt la fête des mères. Tiens, bonne fête maman, je t'offre exactement tout ce dont j'ai besoin. Dans un monde idéal, ça se passerait comme ça. Dans le monde actuel, même si tu l'offres, les personnes ont du mal à comprendre. On a une éducation particulière, on a... un système qui nous a conditionnés, donc c'est plus compliqué. L'avantage de la famille choisie, c'est que cette boxe, elle la prend avec plaisir, elle la prend et elle l'apprend avec plaisir. Donc c'est des relations qui sont vachement plus saines, où il n'y a pas vraiment de jugement, où on va se dire ce qu'on en pense seulement quand l'autre nous l'a demandé. C'est le principe du coaching, notamment. C'est ça qui est génial ici, c'est apprendre Merci. à aider les personnes qui le demandent et apprendre à écouter les personnes qui ne veulent pas être aidées, qui veulent juste être écoutées. Enfin, voilà. Aujourd'hui, ça se traduit par des fêtes génialissimes. Moi, il m'est arrivé de... J'ai fêté Noël au mois d'août l'année dernière.

  • Speaker #0

    Génial. Voilà, comme ça, je pouvais avoir mes amis avec moi. C'était génialissime, on a fait une bonne fête. C'est ça, la famille choisie, c'est... Je ne sais pas comment la définir, j'aimerais te donner des mots vachement plus précis là-dessus, mais c'est tellement un ressenti plus qu'une définition.

  • Speaker #1

    Merci Chris pour cette famille choisie et toutes les émotions qui vont avec. Je propose de marquer une pause et je vous propose à toutes et tous de... de nous retrouver la semaine prochaine pour la suite et la fin de cet entretien avec Chris Stéphanie. À la semaine prochaine.

Share

Embed

You may also like

Description

Dans cette première partie d’un entretien vibrant de sincérité, Kriss Stephany nous livre un témoignage bouleversant et inspirant.


De son enfance marquée par le harcèlement, la violence et le silence, à son coming out douloureux mais libérateur, Kriss raconte avec force et sensibilité son chemin vers l’acceptation et l’affirmation de soi.


Entre discriminations subies, quête d'identité, étiquettes choisies ou imposées, et pouvoir transformateur de la “famille choisie”, cet épisode aborde sans détour les réalités vécues par les personnes LGBTQIA+, tout en faisant écho aux luttes de toutes celles et ceux qui osent sortir des cases.


Un moment d’authenticité rare, qui rappelle que derrière chaque différence se cache un autre potentiel. 💫


👉 À écouter absolument si vous vous sentez en décalage, si vous êtes parent, éducateur, ou simplement humain.


Vous pouvez retrouver Kriss Stephany sur LinkedIn ou Instagram


Je suis Marc Breugelmans, Coach Professionnel, Auteur de 'L'autre potentiel'.

J'illumine les étoiles de votre potentiel pour vous aider à devenir le/la leader de votre vie !

www.coachingetdecouvertes.be

Facebook

LinkedIn


Crédit Musique :

Creative Commons — Attribution 3.0 Unported — CC BY 3.0 Music promoted by Copyright Free Music - Background Music For Videos 👉    / @podcastbackgroundmusic  


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue, bienvenue dans le nouvel épisode de l'Autre Potentiel, j'ose ma différence. Le podcast qui, entre autres, donne la parole à celles et ceux qui ne rentrent pas dans les cases. Dans ce podcast, on explore les chemins de traverse, ceux qui demandent du courage, de l'audace et surtout l'envie d'être soi. A chaque épisode, je vous propose un moment de vérité, Merci. Un moment d'éclairage et aussi je donne la parole à des voix qui osent, des histoires qui bousculent, des parcours qui inspirent, car derrière chaque différence se cache un autre potentiel. Et aujourd'hui, je vous demande d'accueillir quelqu'un qui mérite pleinement sa place dans ce podcast. Il s'appelle Chris Stéphanie et nous l'accueillons directement. Bonjour Chris !

  • Speaker #1

    Bonjour Marc !

  • Speaker #0

    Alors, pour remettre un peu le contexte de ce podcast, on s'est rencontrés à un événement il y a deux, trois semaines de cela. Et lors de cet événement, il y avait un concours pour passer à la radio. Alors, je pense qu'on était nombreux à vouloir y aller. Je m'étais même dit, mais comment est-ce qu'on va pouvoir se départager ? Parce qu'on s'était mis en groupe de 8-9 et chacun devait se présenter en une minute. Et puis, ça a été, je pense, ça a été l'unanimité. une fois qu'on est en... écouter, une fois qu'on t'a entendu, ça sortait tellement de tes tripes, ce pitch en une minute pour te présenter que je vais te mettre au challenge de le refaire.

  • Speaker #1

    De réitérer.

  • Speaker #0

    C'était habituellement. Qui est qui Stéphanie ? Et voilà.

  • Speaker #1

    Et voilà, alors oui, pour remplacer le contexte, effectivement, on était 140. On était 140 et on avait une minute, pas une de plus. Je vais essayer de te le refaire dans les conditions de l'événement. Il y a un peu moins de monde dans mon salon aujourd'hui, mais ce n'est pas grave. J'ai commencé tout simplement par expliquer d'où est-ce que je venais. Quand j'étais petit, j'étais gros. J'étais androgyne, j'ai des longs cils, je sais que ça ne se voit pas là, mais j'ai des très longs cils, j'étais très androgyne. Et j'ai un nom de famille qui est Stéphanie, un prénom féminin. Autant te dire que j'ai eu des colibés, j'ai eu droit à énormément de moqueries. Et puis à l'adolescence, j'ai découvert que je préférais les garçons. Donc du coup, j'ai eu droit à beaucoup plus de discrimination. J'ai vécu la violence, qu'elle soit physique, qu'elle soit verbale. Et vraiment très très tôt, à un âge de 10-11 ans, j'ai subi le racket et j'ai surtout subi le silence parce que je n'avais personne à qui en parler. Ma famille était très masculiniste dans le sens où j'ai été élevé dans une famille de militaires. Donc vraiment un côté très macho, on va dire, et au Pays Basque. Double peine. Donc je n'avais personne pour en parler. J'avais toute une éducation très, très machiste, très compliquée, qui était écrasante. Et à 18 ans, je me suis barré de chez moi, tout simplement. Je suis parti à Paris en me disant, ça va être mieux, je vais pouvoir vivre ma vie. Et là, je me suis heurté à la discrimination systémique. J'en reparlerai tout à l'heure. Mais en gros, ça a continué dans l'entreprise, dans le milieu des entreprises. C'était la même chose, j'avoue. beau être complètement libéré et être moi-même, les moqueries, les attaques gratuites, les non-attributions de projets, etc. Je les ai vécues pendant très longtemps avant de réussir à prendre le dessus là-dessus et à devenir qui je suis aujourd'hui, c'est-à-dire un entrepreneur. J'ai un bar, j'ai un magasin. À côté de ça, j'ai aussi une émission radio, une chronique télé, où je parle justement de la communauté LGBTQIA+, de ses différences, et je m'attaque aujourd'hui... Je m'attaque, je n'aime pas le mot attaquer, mais à vous tous, tu as vu, je dis le mot tous, je vous expliquerai ça aussi tout à l'heure. À vous tous, parce que je suis convaincu qu'aujourd'hui, il y a énormément de LGBTQIA+, qui ne sont pas forcément dans le placard, mais qui sont écrasés par le système, qui sont écrasés par le manque de soutien, par le manque de reconnaissance. Et j'en appelle vraiment à chacune et chacun d'apprendre ce qu'est l'inclusion, d'apprendre ce qu'est l'échelle des privilèges. tout simplement, parce que ça va nous permettre d'inclure davantage les gens qui nous entourent, nos collègues, nos familles, nos enfants. Je peux vous assurer que lorsque l'on tend la main à un parent d'LGBTQA+, qui ne sait pas comment lui parler, qui ne sait pas comment l'écouter, qui ne sait pas comment le comprendre, on peut changer et sauver énormément de vies. Je te l'ai fait... Un peu plus d'une minute.

  • Speaker #0

    Oui, mais avec le cœur et j'en ai des frissons. Et donc, c'est effectivement un thème qu'on n'a pas encore exploré dans ce podcast. Et quand j'ai entendu ce pitch, quand je t'ai entendu le dire, comme tu le dis maintenant avec ton cœur, j'ai dit, mais lui, il faut que je l'interviewe parce qu'en fin de compte, quelles que soient nos différences, le combat, le combat est le même. C'est déjà oser l'avouer, oser se l'avouer. Et puis... Et puis la réalité est aussi le même, tu as parlé d'harcèlement. Et donc tout ça fait partie de tous ceux qui se sentent un peu en décalage par rapport à ce monde dans lequel on vit. Alors tu as parlé plusieurs fois de LGBTQIA+. Voilà, je l'ai dit dans le bon ordre, j'ai mon copion à son.

  • Speaker #1

    Félicitations !

  • Speaker #0

    Je n'ai aucun mérite.

  • Speaker #1

    Traduction !

  • Speaker #0

    Voilà, donc en fait, pour ceux et celles qui ne... qui n'y connaissent rien, c'est quoi le LGBTQIA+.

  • Speaker #1

    Alors, c'est assez simple, en fait, on ne va pas vous demander à tous de connaître par cœur toutes les lettres, de connaître leur traduction. En gros, LGBTQIA+, ce sont les lesbiennes, les gays, les bi, les transgenres, les queers, les intersexes, les asexués et tous ceux qui ne se reconnaissent pas forcément dans un de ces mots, mais qui ne correspondent pas non plus, on va dire au monde hétérosexuel ? Est-ce que ça te donne plus d'éléments ?

  • Speaker #0

    Oui, ça me donne plus d'éléments et ça m'amène une question.

  • Speaker #1

    Donc,

  • Speaker #0

    moi, je coache beaucoup de personnes qui sont au potentiel, hypersensibles, et ce que j'entends souvent de la part de toutes ces personnes, c'est, punaise, on m'a mis cette étiquette-là sur la tête. Et c'est aussi pour ça que moi, je préfère toujours parler de autres potentiels qui englobent toutes les différences. Ici, le LGBTQIA+, c'est autant d'étiquettes qu'on met sur la tête. C'est quoi l'idée qu'il y a derrière ? Parce qu'il y en a de plus en plus. Avant, on parlait de LGBT, puis après LGBTQ. J'ai eu des jeunes coachés qui m'ont appris beaucoup de choses, parce qu'il y a des lettres qui sont sans doute dans le plus. Et donc, voilà. Le commun des mortels peut ne plus s'y retrouver. Donc, en quoi c'est important de classifier comme ça ?

  • Speaker #1

    Tu parles très bien au niveau des étiquettes. L'étiquette, on a beau essayer pendant très longtemps la lutte pour l'égalité des droits, et notamment des personnes LGBT, donc là on remonte à quelques années en arrière, c'était l'idée de, on ne peut pas être défini par nos étiquettes. On voulait s'affranchir des étiquettes. Force est de constater qu'aujourd'hui, si on veut, ne serait-ce que... donner du sens aux différences, les étiquettes, on va en avoir besoin. Expliquer, mettre des mots sur quelque chose. Tu parlais des hauts potentiels, je pense qu'il y a énormément d'enfants et d'adultes aujourd'hui qui, rien que le fait d'avoir mis un mot sur leurs émotions, sur ce qui leur arrivait, leur permet aujourd'hui d'avancer beaucoup plus. Ces étiquettes, on en a besoin. Par contre, on va mettre une barrière là-dessus. Les étiquettes... Nous sommes les seuls, et quand je dis nous, c'est chaque individu est la seule personne qui peut définir son étiquette. C'est-à-dire que ni moi, Chris, ni toi, Marc, par exemple, ne peut décider que telle personne a telle ou telle étiquette. Même si elle le revendique. Le mieux, c'est de demander à la personne, si on ne sait pas. Moi, je me définis un peu comme un Rubik's Cube. Tu vois comment c'est un Rubik's Cube ? C'est un rubik's cube avec plein de petites cases, avec plein de couleurs que l'on tourne sans arrêt. Mais moi, c'est un peu la même chose. J'ai plein de cases, j'ai plein d'étiquettes. Et puis, il y a des jours où il y a certaines étiquettes qui sont plus fortes que d'autres. Moi, j'ai un haut potentiel aussi, je suis hyper émotif. C'était super cool de le savoir. Maintenant, j'étais content d'avoir une différence supplémentaire. Ça m'a fait un paquet de différences, c'est un peu le cumul des mandats. Et puis, je m'aperçois que finalement, je ne suis pas seul. Il y a beaucoup de gens dans le même état que moi, avec le même, peut-être, haut potentiel, ou peut-être même la même lettre que moi. Mais c'est vrai. que ce n'est pas ce qui me définit à 100% tout le temps. Ce qui me définit, c'est l'ensemble de ces étiquettes-là. Et des fois, lorsque je vais arriver à un rendez-vous, certaines étiquettes vont être un peu plus mises en avant que d'autres. Mais le principal à retenir là-dessus, c'est que toutes ces étiquettes me définissent. Ce n'est pas d'avoir honte d'avoir plein d'étiquettes, d'avoir plein de couleurs, de faire un arc-en-ciel avec mon Rubik's Cube. Et de ne jamais réussir à mettre qu'une seule couleur, que d'un seul côté. Ne pas réussir à faire mon rubik du banco. Les lettres, aujourd'hui, elles sont importantes non pas pour embêter le commun des mortels, comme tu disais tout à l'heure, elles sont faites simplement pour que chaque personne puisse se reconnaître et puisse avoir un... Une identité, tout simplement. On n'a pas souvent conscience du nombre de personnes qui sont dans une minorité. On n'a pas souvent conscience de tous ces gens à qui on ne donne pas un micro pour parler, à qui on ne donne même pas une oreille pour écouter. Et tous ces gens-là, ils n'existent pas, en fait. Ils sont souvent écrasés, ils sont souvent dans la difficulté de s'épanouir, mais ils existent. Alors si, par exemple, le maître... une lettre de plus dans LGBTQIA+, peut permettre à une personne d'exister, de se sentir mieux. Alors, je sais que le commun des mortels va dire, oui, ça va pour une personne quand même, mais en fait, c'est important. C'est chaque vécu qui est important, c'est chaque être humain qui est important et chaque étiquette le sera aussi. Donc oui, LGBTQIA+, on s'y fait au bout d'un moment. Tu sais, tu répètes trois fois, quatre fois pendant une semaine, on va faire une prescription. Mais après, ça va très, très bien se passer. Donc voilà, si tu vas au Canada, par exemple, au Québec notamment, tu vas souvent avoir à apparaître plein, plein de drapeaux. Ça aussi, il y en a énormément. Et puis, plein d'autres lettres encore. Je t'avoue que je ne les ai pas toutes, mais je trouve ça magnifique. Je trouve ça magnifique qu'un gouvernement, au Canada en plus, proche, pas très loin de Trump, tu vois, ça prend tout son sens en ce moment, ait juste envie de donner une voix à chacun et chacune de ces individus en les nommant. par l'étiquette qu'ils ont choisie. Alors l'étiquette, c'est peut-être pas très joli à dire. On l'appellera comme on veut, mais dans tous les cas, je trouve ça génialissime de pouvoir donner l'opportunité à chacune et chacun de dire j'existe, je suis et voilà qui je suis.

  • Speaker #0

    Vient maintenant dans ma tête une autre question parce que je sais qu'il y a aussi des jeunes qui écoutent ce podcast. Quand on se cherche, l'adolescence est un moment où on... On se révèle, on se cherche. Comment est-ce qu'avec tout ça, maintenant, on fait pour s'y retrouver, en fait ?

  • Speaker #1

    On a deux éléments à prendre en compte et deux éléments qui sont complètement l'opposé de l'autre. C'est que, premièrement, dans nos pays, on va prendre le cas de l'Europe, plutôt l'Europe de l'Ouest, mais de l'Europe en général. Oui, aujourd'hui, c'est plus facile. Et en même temps, ça n'a jamais été aussi dur. Et ça devient compliqué à expliquer. On a l'impression, en fait, aujourd'hui, que c'est plus facile, que c'est davantage rentré dans les mœurs, que c'est presque sécurisé, que les droits sont là et que c'est bon. Après tout, moi, je me souviens, j'ai une phrase qui me revient. Des fois, on me dit « Ah, ça va, vous avez le mariage, c'est bon, vous avez tout. » Et je me dis « Ok. » En fait, les gens sont tellement persuadés que c'est bon, il y a des lois, on est protégé par certaines lois. qui ne sont pas toujours mises en application, c'est autre chose, que c'est bon, c'est facile, on peut y aller. Mais du coup, plus personne ne se remet en question sur sa capacité à accepter, sur sa capacité à comprendre et à tendre la main. Ce qui se passe aujourd'hui, c'est qu'on a plein de jeunes qui ont plus de force que notre génération. Alors, pour expliquer notre génération, j'ai 45 ans, d'accord ? Donc oui, pour eux, c'est plus facile, mais c'est plus facile... dans un certain cadre. Si tu es dans une famille un peu moins ouverte, c'est souvent le cas des familles où il y a un peu plus de religion. Et ce, quelle que soit la religion, je tiens à le préciser, selon les origines, selon les coutumes, selon plein de choses, en fait, le parcours de vie de chacun, l'éducation de chaque personne, fait que ça va être plus ou moins bien reçu. Et ces enfants qui sont, ces adolescents souvent, qui ont envie d'éclore, qui ont envie de sortir du placard, pour donner l'expression... qui nous a suivi pendant des années, ils se disent « Ah, chouette ! Je peux le faire, je peux le faire, je peux le faire. » Et ils se retrouvent souvent face à une incompréhension totale. Je vais te reprendre un exemple, parce que je ne peux parler que de moi. Je ne peux pas donner, bien entendu, les histoires des gens qui m'entourent. Mais pour te parler de moi, j'ai une maman avec qui j'ai une famille formidable aujourd'hui. Ça n'a pas toujours été le cas, comme je te l'ai dit. Mais moi, quand j'étais adolescent, ma mère, je l'entendais dire « Ah ben tiens ! » Les homosexuels, il n'y a pas de souci. Moi, si mon fils était homosexuel, je n'aurais aucun problème, je l'accepterais sans souci. Mais quand c'est arrivé, ce n'est pas du tout ce qui s'est passé. Et je pense que ma mère a mis à peu près 20 ans, c'est-à-dire que je me suis marié en 2018. Je pense que c'est en 2018 que ça y est, elle a capté que ce n'était pas juste un passage, ce n'était pas juste une erreur, ce n'était pas juste anormal, c'était moi, c'était comme ça. Donc tu vois, entre ce qu'on pense et ce qui se passe sur la réalité, c'est compliqué. L'école, on a des programmes aujourd'hui, je parle d'Evras par exemple, ici en Belgique. qui est extrêmement décriée. Oui, on ose parler de sexualité, on ose parler de ci à nos adolescents, mais en fait, ce qu'il faut savoir, c'est qu'on ne parle pas directement de sexualité. On en parle bien sûr, mais le but dans ces programmes-là, c'est de donner des mots à des situations et de permettre aux adolescents de faire le truc dans ce qu'ils entendent et ce qu'ils voient et de permettre notamment de peut-être plus déceler les problèmes Merci. de pédophilie, les problèmes d'inceste, les problèmes de harcèlement quelconque et donc aussi de harcèlement face aux personnes LGBTQIA+. On estime, on sait, on ne va pas se mentir, moi je pense que si je remonte dans ma tête, j'ai su à l'âge de 6 ans que j'aimais les garçons. Mais je me suis menti et je me suis écrasé intérieurement jusqu'à l'âge de 11-12 ans où je me regardais dans un miroir en me disant, alors excuse-moi, je ne sais pas si j'ai le droit de le dire, Mais je me regardais dans le miroir en me disant « tu es pédé, tu es pédé, tu es pédé, tu es pédé » . Parce que c'est les insultes qu'on me donnait. Et je voulais savoir qui j'étais, donc j'essayais de me regarder dans le miroir et de me dire qui j'étais exactement. C'était violent. On se rend compte aujourd'hui que déjà dès l'âge de 12-13 ans, et parfois même plus jeune, certains enfants savent qu'ils ne sont pas dans le bon corps. C'est-à-dire qu'ils sont nés assignés d'un genre. et que ce n'est pas leur genre qui leur correspond. Tous ces enfants vont traverser un moment d'adolescence extrêmement horrible. Il faut se l'avouer. Non seulement d'un côté, l'accompagnement, tout ce qui est blocage d'hormones, etc., c'est extrêmement compliqué. Ce n'est pas extrêmement non plus très clair avec la loi. Ce n'est pas souvent compris par les parents. Et à l'école, il y a un rejet total. Il y a des moqueries qui sont souvent le fruit de ce qu'on voit à la maison aussi. Je me mets à la place... Franchement, moi, j'ai vécu une adolescence horrible à ce niveau-là. Ça m'a forgé. Aujourd'hui, je me suis débarrassé de toute la haine, de toute la colère, etc. Mais si je dois revenir en arrière, c'était horrible. C'était sûrement bien pire pour beaucoup plus de monde que moi. Mais aujourd'hui encore, je me dis « Waouh ! » Mon fils le plus grand a un petit ami qui est transgenre. et qui, dans sa famille, n'est absolument pas respecté dans le pronom choisi, qui n'a pas du tout... Comment dire ? Je ne sais même pas comment mettre les mots là-dessus, mais qui n'est pas respecté pour qui il est réellement, en fait. Parce que l'éducation fait que. Et pourtant, sa maman est extrêmement cool, super sympa, mais pas suffisamment, peut-être, informée, tout simplement. Des fois, c'est la bienveillance, c'est quelque chose qu'on... La bienveillance, on n'apprend pas à l'école. C'est peut-être quelque chose qu'on a besoin de développer ultérieurement. Je t'ai dit plein de choses, je te donnais tout ce qui me passe par le cœur et non pas par la tête. Et c'est vrai que c'est compliqué aujourd'hui de faire le tri. C'est aujourd'hui même très compliqué quand on est parent, quand on est à l'école, quand on est sur le milieu du travail, ou même quand on a dans notre famille des personnes LGBTQIA+, c'est extrêmement compliqué de se remettre en question et de se dire que peut-être on n'a pas les bons mots. Peut-être on n'a pas les bons gestes et peut-être on n'a pas les oreilles suffisamment ouvertes pour accéder à la bienveillance dont chacune et chacun a besoin.

  • Speaker #0

    Donc, si j'ai bien compris, c'est à partir de 12 ans que tu assumes ta différence, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Moi, c'est à partir de 12 ans où j'ai tenté d'assumer ma différence. Je l'ai assumée véritablement à partir… J'ai commencé à le dire aux premières personnes. J'avais 17 ans et j'ai vécu ma vie vraiment à 18 ans quand je suis parti.

  • Speaker #0

    Comment on fait pour oser sa différence ? Comment toi tu as fait ?

  • Speaker #1

    Il n'y a aucune règle. C'est Hunger Games. Alors ne tuez pas les autres bien sûr, ça n'a rien à voir. Mais je veux dire par là, c'est un parcours du combattant, c'est un parcours extrêmement personnel. Je ne vais pas te dire qu'il y a une solution en particulier. Par contre, je peux te dire qu'il existe des gens pour t'accompagner. Ça, c'est le plus important. Pour ma part, je me rappelle à l'âge de 17 ans, j'avais une petite amie, Morgane, que j'aime énormément. On est toujours extrêmement amis. Et on a tenté la chose. On a tenté. Et ça a été très drôle parce qu'après ça, elle m'a dit, écoute... M'en veux pas, mais je crois que je préfère les filles. Et du coup, instinctivement, moi, ça a été, écoute, m'en veux pas, mais je crois que je préfère les garçons. Donc, si tu veux, ça m'a permis de lâcher la pression, mais un truc de malade. Et Morgane est toujours dans ma vie aujourd'hui. Elle vit maintenant à Montréal avec sa femme et leur merveilleuse petite-fille. Et on en reparle de temps en temps, c'est extrêmement drôle. Ça m'a permis de relâcher la pression, un truc de malade. Et donc, par la suite, j'ai pu en parler à une de mes meilleures amies et puis à mon petit groupe d'amis qui devait être composé de 3-4 personnes. dont l'une était aussi mon ex-petite copine. Donc, de suite, ça a été les « Mais qu'est-ce que j'ai fait ? Pourquoi j'ai rien vu ? » Alors que, mince, ça se voyait quand même. Mais enfin, ça, c'est autre chose. Après, quand je suis parti, si tu veux, j'ai vécu des harcèlements pas drôles. Donc, des gens qui ont téléphoné à mes parents pour leur dire que j'étais pédé. J'utilise le mot exact. Donc, tu veux, je n'ai pas fait de coming out proprement dit. Comme on le voit à la télé, tu sais, où on s'assoit à table, on dit papa, maman, j'ai besoin de vous parler. Je suis homosexuel, je suis gay. Donc, je n'ai pas eu besoin de faire ça. Ça a été fait à ma place. Ça a été violent, du coup. Vraiment très, très, très violent. Et après, par la suite, ça a été, ben voilà, maman, mon père, ça a été compliqué aussi. Je ne lui ai pas parlé pendant très longtemps. Je te présente mon petit copain. Et ma mère n'a jamais voulu accepter le mot petit copain, en fait. C'était juste un copain. Simplement. Et ça a duré comme ça pendant très très longtemps. Et puis on s'est éloigné longtemps parce qu'un jour je lui ai dit « Écoute maman, si tu ne veux pas m'accepter telle que je suis, je n'ai plus envie de t'appeler. » Et c'est ce que j'ai fait. Je suis là pour vivre ma vie en fait. Et puis un jour, j'ai rappelé mes parents et je leur ai dit « Écoutez, j'ai rencontré quelqu'un, ça fait quelques années maintenant. Nous avons deux enfants. Je me marie. » Je vous propose de venir, je vous paye le voyage jusqu'à Bruxelles. Si vous voulez venir, si vous voulez faire partie de cet événement, voire même de ma vie. Moi, je m'étais apaisé entre-temps, tu vois. Et vous êtes les bienvenus. Et ils sont tous venus. Et ça a été... Là, j'en ai des frissons, j'en ai des larmes qui montent. Parce que ça a été une retrouvaille extraordinaire. Et je suis plein de gratitude de ce moment-là. Parce que j'ai pas eu ce que je voulais il y a 20 ans. Mais je l'ai eu 20 ans plus tard et c'était génial.

  • Speaker #0

    Oui. Et tu as dit, à ce moment-là, j'étais apaisé.

  • Speaker #1

    Oui. Oui, oui, oui. Parce que c'est lourd comme secret. C'est très, très lourd. C'est quelque chose qui te pèse. C'est-à-dire, ce n'est pas comme un haut potentiel qui s'aperçoit qu'il y a quelque chose qui ne va pas, mais qui n'a pas de mot à mettre dessus. Nous, on a des mots qui ont été mis dessus, mais par les autres. Et du coup, c'était pesant, c'était extrêmement pesant. Et puis, si je disais qui j'étais, véritablement, si j'assumais cette homosexualité, j'allais m'en prendre encore plus dans la gueule, parce que du coup, j'allais valider les insultes des autres. Et ça, c'était dur, c'était dur. Et donc, du coup, le dire à quelqu'un dont la réaction était bienveillante, positive, tu sais, c'est un petit peu comme si on te dit... quand tout le monde te dit que tu n'es pas normal et qu'un jour, tu as une personne qui te tend la main en te disant que tu es parfait comme tu es. Waouh ! Mais ça fait du bien. Ça fait du bien. Tu sais que les premières années, quand je suis parti vivre à Paris, donc de 18 ans à 24 ans, quand je rentrais dans mon pays basque natal, je faisais toujours des couleurs flashy à mes cheveux. Je mettais toujours des vêtements extrêmement gays. Tout simplement, je provoquais. J'avais envie de dire au monde entier, ça y est, maintenant je vis ma vie, je vous emmerde. Et tous ceux qui m'ont insulté, regardez, je vous le balance encore plus dans la tête. Du coup, j'ai découvert quelques temps plus tard que je n'étais pas moi-même non plus à ce moment-là en faisant ça. Mais tu vois, le poids de la discrimination, le poids de l'absence de bienveillance peut se faire ressentir bien au-delà d'un simple coming out. Et tout ça, c'est un accompagnement à faire. Tout ça, c'est... C'est pour ça que je te dis que c'est important de savoir qu'on peut compter sur quelqu'un lorsqu'on s'apprête à faire un coming out, lorsqu'on s'apprête à traverser peut-être une tempête. Alors peut-être parfois ça se passe super bien, des fois tu as des gens qui sont déçus, parce que les parents disent « ok, d'accord, c'est cool, on le savait un peu, mais on est content que tu nous le dises » . Et du coup on est déçus parce qu'on n'a pas eu le drama qu'on attendait, mais c'est quand même mieux.

  • Speaker #0

    Tu parles de coming out. Ça a quel impact sur l'environnement ? Parce que tu as beaucoup parlé de la famille, mais j'imagine aussi les amis, les proches. Comment ça se passe à ce moment-là, quand tu t'assumes en fin de compte ?

  • Speaker #1

    Moi, quand je m'assume, je dis au revoir à une bonne partie de ma vie.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    D'accord ? C'est un deuil à faire. C'est un deuil à faire parce qu'au début, tu ne comprends pas pourquoi certains te tournent le dos. Tu ne comprends pas pourquoi certains ne comprennent pas. Tu culpabilises beaucoup. Donc ça aussi, c'est un accompagnement important. Les psychologues sont très bons pour ça. D'accord ? Je ne vais pas parler de coaching là-dessus. Il y a un moment donné où un psy, c'est quand même super utile. Ce deuil, c'est un deuil classique finalement. Mais le plus important, c'est de comprendre que quand quelqu'un sort de ta vie parce que tu oses être qui tu es, il ne te mérite pas, tout simplement. Alors, bien sûr, ça fait mal, c'est des gens qu'on aime. Oui, parce que nous, on les aime. Mais eux, s'ils ne nous aiment pas tels que l'on est. Alors oui, c'est compliqué. Oui, ça demande des larmes. Parfois, ça passe par la colère, un deuil, tout simplement. et après quand on Des années plus tard, ce qui est très drôle, c'est que tu vois parfois des gens revenir dans ta vie en te disant « Ah, mais oui, j'ai vu ce que tu fais, c'est génial » , etc. Ils tendent une main comme si rien ne s'était passé auparavant et parfois, du coup, on est tenté de revenir dans cette amitié, de se dire « Ah, mais tiens, c'est cool » , etc. mais souvent je me suis aperçu en fait qu'ils sont tentés par revivre une amitié avec moi à condition que mes codes de vie correspondent quand même aux leurs. Donc, c'est-à-dire que, OK, je suis gay, c'est sympa, on ne va plus dire pédé, on va essayer de ne plus te vexer, mais si tu as une bonne réussite, que tu t'habilles bien et qu'en plus tu as des enfants, ça passe. Par contre, si tu es un peu excentrique, un petit peu efféminé, que tu mets du mascara ou du rouge à lèvres, peu importe, là, par contre, écoute, ouais, bon, on se dit bonjour sur Facebook. Tu vois la différence que tu as ? Donc, je le dis à long terme. Je suis qui je suis aujourd'hui. J'ai mis du temps, j'ai mis beaucoup d'années à pouvoir dire à quelqu'un, si tu ne me veux pas tel que je suis, ça ne m'intéresse pas. Et c'est valable pour la famille. Aujourd'hui, je parle avec mon père, avec ma mère, avec ma sœur, mais je n'ai plus aucun contact avec aucune autre personne de ma famille. et je le vis très bien.

  • Speaker #0

    Qui sont les remplacés ? Parce qu'on dit souvent que quand tu fais le vide comme ça autour de toi, que tu filtres ou que l'univers filtre pour toi, ça se remplit de personnes qui te ressemblent plus, qui ont les mêmes valeurs. Est-ce que c'est vrai ? Est-ce que c'est ce qui t'est arrivé ?

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. On a une notion, nous, dans la communauté, on appelle ça la famille choisie. Et la famille choisie, chez nous, c'est quelque chose d'extrêmement important parce que On s'aperçoit, et puis c'est super intéressant d'ailleurs, je le place comme ça, pour la déconstruction des familles et la reconstruction des vraies relations familiales, c'est que la famille choisie, on parle de véritable amour, inconditionnel. On parle véritablement d'entourage, de gens qui sont là pour te supporter, t'écouter, sans tout le poids de la famille, sans tout le poids de l'éducation, etc. Une famille choisie... J'en ai encore des frissons maintenant. Ça se voit,

  • Speaker #0

    j'allais dire, tu es rayonnant. Ton nom verbal, il est solaire.

  • Speaker #1

    Oui, mais c'est de la radio. Mais oui. Il y a un film qui est en train de sortir actuellement à Bruxelles sur la famille choisie qui reprend notamment le vécu de personnes non-binaires, de personnes transgenres, de personnes dragues. Et je pense que c'est vraiment un film que je vais aller voir très bientôt. Je crois qu'il sort la semaine prochaine. Il y a déjà quelques capsules sur Instagram, mais la famille choisie, oui, c'est un soutien extraordinaire. C'est, imagine-toi prendre toutes les qualités que tu voudrais et les offrir dans un... Tu sais, c'est bientôt la fête des mères. Tiens, bonne fête maman, je t'offre exactement tout ce dont j'ai besoin. Dans un monde idéal, ça se passerait comme ça. Dans le monde actuel, même si tu l'offres, les personnes ont du mal à comprendre. On a une éducation particulière, on a... un système qui nous a conditionnés, donc c'est plus compliqué. L'avantage de la famille choisie, c'est que cette boxe, elle la prend avec plaisir, elle la prend et elle l'apprend avec plaisir. Donc c'est des relations qui sont vachement plus saines, où il n'y a pas vraiment de jugement, où on va se dire ce qu'on en pense seulement quand l'autre nous l'a demandé. C'est le principe du coaching, notamment. C'est ça qui est génial ici, c'est apprendre Merci. à aider les personnes qui le demandent et apprendre à écouter les personnes qui ne veulent pas être aidées, qui veulent juste être écoutées. Enfin, voilà. Aujourd'hui, ça se traduit par des fêtes génialissimes. Moi, il m'est arrivé de... J'ai fêté Noël au mois d'août l'année dernière.

  • Speaker #0

    Génial. Voilà, comme ça, je pouvais avoir mes amis avec moi. C'était génialissime, on a fait une bonne fête. C'est ça, la famille choisie, c'est... Je ne sais pas comment la définir, j'aimerais te donner des mots vachement plus précis là-dessus, mais c'est tellement un ressenti plus qu'une définition.

  • Speaker #1

    Merci Chris pour cette famille choisie et toutes les émotions qui vont avec. Je propose de marquer une pause et je vous propose à toutes et tous de... de nous retrouver la semaine prochaine pour la suite et la fin de cet entretien avec Chris Stéphanie. À la semaine prochaine.

Description

Dans cette première partie d’un entretien vibrant de sincérité, Kriss Stephany nous livre un témoignage bouleversant et inspirant.


De son enfance marquée par le harcèlement, la violence et le silence, à son coming out douloureux mais libérateur, Kriss raconte avec force et sensibilité son chemin vers l’acceptation et l’affirmation de soi.


Entre discriminations subies, quête d'identité, étiquettes choisies ou imposées, et pouvoir transformateur de la “famille choisie”, cet épisode aborde sans détour les réalités vécues par les personnes LGBTQIA+, tout en faisant écho aux luttes de toutes celles et ceux qui osent sortir des cases.


Un moment d’authenticité rare, qui rappelle que derrière chaque différence se cache un autre potentiel. 💫


👉 À écouter absolument si vous vous sentez en décalage, si vous êtes parent, éducateur, ou simplement humain.


Vous pouvez retrouver Kriss Stephany sur LinkedIn ou Instagram


Je suis Marc Breugelmans, Coach Professionnel, Auteur de 'L'autre potentiel'.

J'illumine les étoiles de votre potentiel pour vous aider à devenir le/la leader de votre vie !

www.coachingetdecouvertes.be

Facebook

LinkedIn


Crédit Musique :

Creative Commons — Attribution 3.0 Unported — CC BY 3.0 Music promoted by Copyright Free Music - Background Music For Videos 👉    / @podcastbackgroundmusic  


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue, bienvenue dans le nouvel épisode de l'Autre Potentiel, j'ose ma différence. Le podcast qui, entre autres, donne la parole à celles et ceux qui ne rentrent pas dans les cases. Dans ce podcast, on explore les chemins de traverse, ceux qui demandent du courage, de l'audace et surtout l'envie d'être soi. A chaque épisode, je vous propose un moment de vérité, Merci. Un moment d'éclairage et aussi je donne la parole à des voix qui osent, des histoires qui bousculent, des parcours qui inspirent, car derrière chaque différence se cache un autre potentiel. Et aujourd'hui, je vous demande d'accueillir quelqu'un qui mérite pleinement sa place dans ce podcast. Il s'appelle Chris Stéphanie et nous l'accueillons directement. Bonjour Chris !

  • Speaker #1

    Bonjour Marc !

  • Speaker #0

    Alors, pour remettre un peu le contexte de ce podcast, on s'est rencontrés à un événement il y a deux, trois semaines de cela. Et lors de cet événement, il y avait un concours pour passer à la radio. Alors, je pense qu'on était nombreux à vouloir y aller. Je m'étais même dit, mais comment est-ce qu'on va pouvoir se départager ? Parce qu'on s'était mis en groupe de 8-9 et chacun devait se présenter en une minute. Et puis, ça a été, je pense, ça a été l'unanimité. une fois qu'on est en... écouter, une fois qu'on t'a entendu, ça sortait tellement de tes tripes, ce pitch en une minute pour te présenter que je vais te mettre au challenge de le refaire.

  • Speaker #1

    De réitérer.

  • Speaker #0

    C'était habituellement. Qui est qui Stéphanie ? Et voilà.

  • Speaker #1

    Et voilà, alors oui, pour remplacer le contexte, effectivement, on était 140. On était 140 et on avait une minute, pas une de plus. Je vais essayer de te le refaire dans les conditions de l'événement. Il y a un peu moins de monde dans mon salon aujourd'hui, mais ce n'est pas grave. J'ai commencé tout simplement par expliquer d'où est-ce que je venais. Quand j'étais petit, j'étais gros. J'étais androgyne, j'ai des longs cils, je sais que ça ne se voit pas là, mais j'ai des très longs cils, j'étais très androgyne. Et j'ai un nom de famille qui est Stéphanie, un prénom féminin. Autant te dire que j'ai eu des colibés, j'ai eu droit à énormément de moqueries. Et puis à l'adolescence, j'ai découvert que je préférais les garçons. Donc du coup, j'ai eu droit à beaucoup plus de discrimination. J'ai vécu la violence, qu'elle soit physique, qu'elle soit verbale. Et vraiment très très tôt, à un âge de 10-11 ans, j'ai subi le racket et j'ai surtout subi le silence parce que je n'avais personne à qui en parler. Ma famille était très masculiniste dans le sens où j'ai été élevé dans une famille de militaires. Donc vraiment un côté très macho, on va dire, et au Pays Basque. Double peine. Donc je n'avais personne pour en parler. J'avais toute une éducation très, très machiste, très compliquée, qui était écrasante. Et à 18 ans, je me suis barré de chez moi, tout simplement. Je suis parti à Paris en me disant, ça va être mieux, je vais pouvoir vivre ma vie. Et là, je me suis heurté à la discrimination systémique. J'en reparlerai tout à l'heure. Mais en gros, ça a continué dans l'entreprise, dans le milieu des entreprises. C'était la même chose, j'avoue. beau être complètement libéré et être moi-même, les moqueries, les attaques gratuites, les non-attributions de projets, etc. Je les ai vécues pendant très longtemps avant de réussir à prendre le dessus là-dessus et à devenir qui je suis aujourd'hui, c'est-à-dire un entrepreneur. J'ai un bar, j'ai un magasin. À côté de ça, j'ai aussi une émission radio, une chronique télé, où je parle justement de la communauté LGBTQIA+, de ses différences, et je m'attaque aujourd'hui... Je m'attaque, je n'aime pas le mot attaquer, mais à vous tous, tu as vu, je dis le mot tous, je vous expliquerai ça aussi tout à l'heure. À vous tous, parce que je suis convaincu qu'aujourd'hui, il y a énormément de LGBTQIA+, qui ne sont pas forcément dans le placard, mais qui sont écrasés par le système, qui sont écrasés par le manque de soutien, par le manque de reconnaissance. Et j'en appelle vraiment à chacune et chacun d'apprendre ce qu'est l'inclusion, d'apprendre ce qu'est l'échelle des privilèges. tout simplement, parce que ça va nous permettre d'inclure davantage les gens qui nous entourent, nos collègues, nos familles, nos enfants. Je peux vous assurer que lorsque l'on tend la main à un parent d'LGBTQA+, qui ne sait pas comment lui parler, qui ne sait pas comment l'écouter, qui ne sait pas comment le comprendre, on peut changer et sauver énormément de vies. Je te l'ai fait... Un peu plus d'une minute.

  • Speaker #0

    Oui, mais avec le cœur et j'en ai des frissons. Et donc, c'est effectivement un thème qu'on n'a pas encore exploré dans ce podcast. Et quand j'ai entendu ce pitch, quand je t'ai entendu le dire, comme tu le dis maintenant avec ton cœur, j'ai dit, mais lui, il faut que je l'interviewe parce qu'en fin de compte, quelles que soient nos différences, le combat, le combat est le même. C'est déjà oser l'avouer, oser se l'avouer. Et puis... Et puis la réalité est aussi le même, tu as parlé d'harcèlement. Et donc tout ça fait partie de tous ceux qui se sentent un peu en décalage par rapport à ce monde dans lequel on vit. Alors tu as parlé plusieurs fois de LGBTQIA+. Voilà, je l'ai dit dans le bon ordre, j'ai mon copion à son.

  • Speaker #1

    Félicitations !

  • Speaker #0

    Je n'ai aucun mérite.

  • Speaker #1

    Traduction !

  • Speaker #0

    Voilà, donc en fait, pour ceux et celles qui ne... qui n'y connaissent rien, c'est quoi le LGBTQIA+.

  • Speaker #1

    Alors, c'est assez simple, en fait, on ne va pas vous demander à tous de connaître par cœur toutes les lettres, de connaître leur traduction. En gros, LGBTQIA+, ce sont les lesbiennes, les gays, les bi, les transgenres, les queers, les intersexes, les asexués et tous ceux qui ne se reconnaissent pas forcément dans un de ces mots, mais qui ne correspondent pas non plus, on va dire au monde hétérosexuel ? Est-ce que ça te donne plus d'éléments ?

  • Speaker #0

    Oui, ça me donne plus d'éléments et ça m'amène une question.

  • Speaker #1

    Donc,

  • Speaker #0

    moi, je coache beaucoup de personnes qui sont au potentiel, hypersensibles, et ce que j'entends souvent de la part de toutes ces personnes, c'est, punaise, on m'a mis cette étiquette-là sur la tête. Et c'est aussi pour ça que moi, je préfère toujours parler de autres potentiels qui englobent toutes les différences. Ici, le LGBTQIA+, c'est autant d'étiquettes qu'on met sur la tête. C'est quoi l'idée qu'il y a derrière ? Parce qu'il y en a de plus en plus. Avant, on parlait de LGBT, puis après LGBTQ. J'ai eu des jeunes coachés qui m'ont appris beaucoup de choses, parce qu'il y a des lettres qui sont sans doute dans le plus. Et donc, voilà. Le commun des mortels peut ne plus s'y retrouver. Donc, en quoi c'est important de classifier comme ça ?

  • Speaker #1

    Tu parles très bien au niveau des étiquettes. L'étiquette, on a beau essayer pendant très longtemps la lutte pour l'égalité des droits, et notamment des personnes LGBT, donc là on remonte à quelques années en arrière, c'était l'idée de, on ne peut pas être défini par nos étiquettes. On voulait s'affranchir des étiquettes. Force est de constater qu'aujourd'hui, si on veut, ne serait-ce que... donner du sens aux différences, les étiquettes, on va en avoir besoin. Expliquer, mettre des mots sur quelque chose. Tu parlais des hauts potentiels, je pense qu'il y a énormément d'enfants et d'adultes aujourd'hui qui, rien que le fait d'avoir mis un mot sur leurs émotions, sur ce qui leur arrivait, leur permet aujourd'hui d'avancer beaucoup plus. Ces étiquettes, on en a besoin. Par contre, on va mettre une barrière là-dessus. Les étiquettes... Nous sommes les seuls, et quand je dis nous, c'est chaque individu est la seule personne qui peut définir son étiquette. C'est-à-dire que ni moi, Chris, ni toi, Marc, par exemple, ne peut décider que telle personne a telle ou telle étiquette. Même si elle le revendique. Le mieux, c'est de demander à la personne, si on ne sait pas. Moi, je me définis un peu comme un Rubik's Cube. Tu vois comment c'est un Rubik's Cube ? C'est un rubik's cube avec plein de petites cases, avec plein de couleurs que l'on tourne sans arrêt. Mais moi, c'est un peu la même chose. J'ai plein de cases, j'ai plein d'étiquettes. Et puis, il y a des jours où il y a certaines étiquettes qui sont plus fortes que d'autres. Moi, j'ai un haut potentiel aussi, je suis hyper émotif. C'était super cool de le savoir. Maintenant, j'étais content d'avoir une différence supplémentaire. Ça m'a fait un paquet de différences, c'est un peu le cumul des mandats. Et puis, je m'aperçois que finalement, je ne suis pas seul. Il y a beaucoup de gens dans le même état que moi, avec le même, peut-être, haut potentiel, ou peut-être même la même lettre que moi. Mais c'est vrai. que ce n'est pas ce qui me définit à 100% tout le temps. Ce qui me définit, c'est l'ensemble de ces étiquettes-là. Et des fois, lorsque je vais arriver à un rendez-vous, certaines étiquettes vont être un peu plus mises en avant que d'autres. Mais le principal à retenir là-dessus, c'est que toutes ces étiquettes me définissent. Ce n'est pas d'avoir honte d'avoir plein d'étiquettes, d'avoir plein de couleurs, de faire un arc-en-ciel avec mon Rubik's Cube. Et de ne jamais réussir à mettre qu'une seule couleur, que d'un seul côté. Ne pas réussir à faire mon rubik du banco. Les lettres, aujourd'hui, elles sont importantes non pas pour embêter le commun des mortels, comme tu disais tout à l'heure, elles sont faites simplement pour que chaque personne puisse se reconnaître et puisse avoir un... Une identité, tout simplement. On n'a pas souvent conscience du nombre de personnes qui sont dans une minorité. On n'a pas souvent conscience de tous ces gens à qui on ne donne pas un micro pour parler, à qui on ne donne même pas une oreille pour écouter. Et tous ces gens-là, ils n'existent pas, en fait. Ils sont souvent écrasés, ils sont souvent dans la difficulté de s'épanouir, mais ils existent. Alors si, par exemple, le maître... une lettre de plus dans LGBTQIA+, peut permettre à une personne d'exister, de se sentir mieux. Alors, je sais que le commun des mortels va dire, oui, ça va pour une personne quand même, mais en fait, c'est important. C'est chaque vécu qui est important, c'est chaque être humain qui est important et chaque étiquette le sera aussi. Donc oui, LGBTQIA+, on s'y fait au bout d'un moment. Tu sais, tu répètes trois fois, quatre fois pendant une semaine, on va faire une prescription. Mais après, ça va très, très bien se passer. Donc voilà, si tu vas au Canada, par exemple, au Québec notamment, tu vas souvent avoir à apparaître plein, plein de drapeaux. Ça aussi, il y en a énormément. Et puis, plein d'autres lettres encore. Je t'avoue que je ne les ai pas toutes, mais je trouve ça magnifique. Je trouve ça magnifique qu'un gouvernement, au Canada en plus, proche, pas très loin de Trump, tu vois, ça prend tout son sens en ce moment, ait juste envie de donner une voix à chacun et chacune de ces individus en les nommant. par l'étiquette qu'ils ont choisie. Alors l'étiquette, c'est peut-être pas très joli à dire. On l'appellera comme on veut, mais dans tous les cas, je trouve ça génialissime de pouvoir donner l'opportunité à chacune et chacun de dire j'existe, je suis et voilà qui je suis.

  • Speaker #0

    Vient maintenant dans ma tête une autre question parce que je sais qu'il y a aussi des jeunes qui écoutent ce podcast. Quand on se cherche, l'adolescence est un moment où on... On se révèle, on se cherche. Comment est-ce qu'avec tout ça, maintenant, on fait pour s'y retrouver, en fait ?

  • Speaker #1

    On a deux éléments à prendre en compte et deux éléments qui sont complètement l'opposé de l'autre. C'est que, premièrement, dans nos pays, on va prendre le cas de l'Europe, plutôt l'Europe de l'Ouest, mais de l'Europe en général. Oui, aujourd'hui, c'est plus facile. Et en même temps, ça n'a jamais été aussi dur. Et ça devient compliqué à expliquer. On a l'impression, en fait, aujourd'hui, que c'est plus facile, que c'est davantage rentré dans les mœurs, que c'est presque sécurisé, que les droits sont là et que c'est bon. Après tout, moi, je me souviens, j'ai une phrase qui me revient. Des fois, on me dit « Ah, ça va, vous avez le mariage, c'est bon, vous avez tout. » Et je me dis « Ok. » En fait, les gens sont tellement persuadés que c'est bon, il y a des lois, on est protégé par certaines lois. qui ne sont pas toujours mises en application, c'est autre chose, que c'est bon, c'est facile, on peut y aller. Mais du coup, plus personne ne se remet en question sur sa capacité à accepter, sur sa capacité à comprendre et à tendre la main. Ce qui se passe aujourd'hui, c'est qu'on a plein de jeunes qui ont plus de force que notre génération. Alors, pour expliquer notre génération, j'ai 45 ans, d'accord ? Donc oui, pour eux, c'est plus facile, mais c'est plus facile... dans un certain cadre. Si tu es dans une famille un peu moins ouverte, c'est souvent le cas des familles où il y a un peu plus de religion. Et ce, quelle que soit la religion, je tiens à le préciser, selon les origines, selon les coutumes, selon plein de choses, en fait, le parcours de vie de chacun, l'éducation de chaque personne, fait que ça va être plus ou moins bien reçu. Et ces enfants qui sont, ces adolescents souvent, qui ont envie d'éclore, qui ont envie de sortir du placard, pour donner l'expression... qui nous a suivi pendant des années, ils se disent « Ah, chouette ! Je peux le faire, je peux le faire, je peux le faire. » Et ils se retrouvent souvent face à une incompréhension totale. Je vais te reprendre un exemple, parce que je ne peux parler que de moi. Je ne peux pas donner, bien entendu, les histoires des gens qui m'entourent. Mais pour te parler de moi, j'ai une maman avec qui j'ai une famille formidable aujourd'hui. Ça n'a pas toujours été le cas, comme je te l'ai dit. Mais moi, quand j'étais adolescent, ma mère, je l'entendais dire « Ah ben tiens ! » Les homosexuels, il n'y a pas de souci. Moi, si mon fils était homosexuel, je n'aurais aucun problème, je l'accepterais sans souci. Mais quand c'est arrivé, ce n'est pas du tout ce qui s'est passé. Et je pense que ma mère a mis à peu près 20 ans, c'est-à-dire que je me suis marié en 2018. Je pense que c'est en 2018 que ça y est, elle a capté que ce n'était pas juste un passage, ce n'était pas juste une erreur, ce n'était pas juste anormal, c'était moi, c'était comme ça. Donc tu vois, entre ce qu'on pense et ce qui se passe sur la réalité, c'est compliqué. L'école, on a des programmes aujourd'hui, je parle d'Evras par exemple, ici en Belgique. qui est extrêmement décriée. Oui, on ose parler de sexualité, on ose parler de ci à nos adolescents, mais en fait, ce qu'il faut savoir, c'est qu'on ne parle pas directement de sexualité. On en parle bien sûr, mais le but dans ces programmes-là, c'est de donner des mots à des situations et de permettre aux adolescents de faire le truc dans ce qu'ils entendent et ce qu'ils voient et de permettre notamment de peut-être plus déceler les problèmes Merci. de pédophilie, les problèmes d'inceste, les problèmes de harcèlement quelconque et donc aussi de harcèlement face aux personnes LGBTQIA+. On estime, on sait, on ne va pas se mentir, moi je pense que si je remonte dans ma tête, j'ai su à l'âge de 6 ans que j'aimais les garçons. Mais je me suis menti et je me suis écrasé intérieurement jusqu'à l'âge de 11-12 ans où je me regardais dans un miroir en me disant, alors excuse-moi, je ne sais pas si j'ai le droit de le dire, Mais je me regardais dans le miroir en me disant « tu es pédé, tu es pédé, tu es pédé, tu es pédé » . Parce que c'est les insultes qu'on me donnait. Et je voulais savoir qui j'étais, donc j'essayais de me regarder dans le miroir et de me dire qui j'étais exactement. C'était violent. On se rend compte aujourd'hui que déjà dès l'âge de 12-13 ans, et parfois même plus jeune, certains enfants savent qu'ils ne sont pas dans le bon corps. C'est-à-dire qu'ils sont nés assignés d'un genre. et que ce n'est pas leur genre qui leur correspond. Tous ces enfants vont traverser un moment d'adolescence extrêmement horrible. Il faut se l'avouer. Non seulement d'un côté, l'accompagnement, tout ce qui est blocage d'hormones, etc., c'est extrêmement compliqué. Ce n'est pas extrêmement non plus très clair avec la loi. Ce n'est pas souvent compris par les parents. Et à l'école, il y a un rejet total. Il y a des moqueries qui sont souvent le fruit de ce qu'on voit à la maison aussi. Je me mets à la place... Franchement, moi, j'ai vécu une adolescence horrible à ce niveau-là. Ça m'a forgé. Aujourd'hui, je me suis débarrassé de toute la haine, de toute la colère, etc. Mais si je dois revenir en arrière, c'était horrible. C'était sûrement bien pire pour beaucoup plus de monde que moi. Mais aujourd'hui encore, je me dis « Waouh ! » Mon fils le plus grand a un petit ami qui est transgenre. et qui, dans sa famille, n'est absolument pas respecté dans le pronom choisi, qui n'a pas du tout... Comment dire ? Je ne sais même pas comment mettre les mots là-dessus, mais qui n'est pas respecté pour qui il est réellement, en fait. Parce que l'éducation fait que. Et pourtant, sa maman est extrêmement cool, super sympa, mais pas suffisamment, peut-être, informée, tout simplement. Des fois, c'est la bienveillance, c'est quelque chose qu'on... La bienveillance, on n'apprend pas à l'école. C'est peut-être quelque chose qu'on a besoin de développer ultérieurement. Je t'ai dit plein de choses, je te donnais tout ce qui me passe par le cœur et non pas par la tête. Et c'est vrai que c'est compliqué aujourd'hui de faire le tri. C'est aujourd'hui même très compliqué quand on est parent, quand on est à l'école, quand on est sur le milieu du travail, ou même quand on a dans notre famille des personnes LGBTQIA+, c'est extrêmement compliqué de se remettre en question et de se dire que peut-être on n'a pas les bons mots. Peut-être on n'a pas les bons gestes et peut-être on n'a pas les oreilles suffisamment ouvertes pour accéder à la bienveillance dont chacune et chacun a besoin.

  • Speaker #0

    Donc, si j'ai bien compris, c'est à partir de 12 ans que tu assumes ta différence, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Moi, c'est à partir de 12 ans où j'ai tenté d'assumer ma différence. Je l'ai assumée véritablement à partir… J'ai commencé à le dire aux premières personnes. J'avais 17 ans et j'ai vécu ma vie vraiment à 18 ans quand je suis parti.

  • Speaker #0

    Comment on fait pour oser sa différence ? Comment toi tu as fait ?

  • Speaker #1

    Il n'y a aucune règle. C'est Hunger Games. Alors ne tuez pas les autres bien sûr, ça n'a rien à voir. Mais je veux dire par là, c'est un parcours du combattant, c'est un parcours extrêmement personnel. Je ne vais pas te dire qu'il y a une solution en particulier. Par contre, je peux te dire qu'il existe des gens pour t'accompagner. Ça, c'est le plus important. Pour ma part, je me rappelle à l'âge de 17 ans, j'avais une petite amie, Morgane, que j'aime énormément. On est toujours extrêmement amis. Et on a tenté la chose. On a tenté. Et ça a été très drôle parce qu'après ça, elle m'a dit, écoute... M'en veux pas, mais je crois que je préfère les filles. Et du coup, instinctivement, moi, ça a été, écoute, m'en veux pas, mais je crois que je préfère les garçons. Donc, si tu veux, ça m'a permis de lâcher la pression, mais un truc de malade. Et Morgane est toujours dans ma vie aujourd'hui. Elle vit maintenant à Montréal avec sa femme et leur merveilleuse petite-fille. Et on en reparle de temps en temps, c'est extrêmement drôle. Ça m'a permis de relâcher la pression, un truc de malade. Et donc, par la suite, j'ai pu en parler à une de mes meilleures amies et puis à mon petit groupe d'amis qui devait être composé de 3-4 personnes. dont l'une était aussi mon ex-petite copine. Donc, de suite, ça a été les « Mais qu'est-ce que j'ai fait ? Pourquoi j'ai rien vu ? » Alors que, mince, ça se voyait quand même. Mais enfin, ça, c'est autre chose. Après, quand je suis parti, si tu veux, j'ai vécu des harcèlements pas drôles. Donc, des gens qui ont téléphoné à mes parents pour leur dire que j'étais pédé. J'utilise le mot exact. Donc, tu veux, je n'ai pas fait de coming out proprement dit. Comme on le voit à la télé, tu sais, où on s'assoit à table, on dit papa, maman, j'ai besoin de vous parler. Je suis homosexuel, je suis gay. Donc, je n'ai pas eu besoin de faire ça. Ça a été fait à ma place. Ça a été violent, du coup. Vraiment très, très, très violent. Et après, par la suite, ça a été, ben voilà, maman, mon père, ça a été compliqué aussi. Je ne lui ai pas parlé pendant très longtemps. Je te présente mon petit copain. Et ma mère n'a jamais voulu accepter le mot petit copain, en fait. C'était juste un copain. Simplement. Et ça a duré comme ça pendant très très longtemps. Et puis on s'est éloigné longtemps parce qu'un jour je lui ai dit « Écoute maman, si tu ne veux pas m'accepter telle que je suis, je n'ai plus envie de t'appeler. » Et c'est ce que j'ai fait. Je suis là pour vivre ma vie en fait. Et puis un jour, j'ai rappelé mes parents et je leur ai dit « Écoutez, j'ai rencontré quelqu'un, ça fait quelques années maintenant. Nous avons deux enfants. Je me marie. » Je vous propose de venir, je vous paye le voyage jusqu'à Bruxelles. Si vous voulez venir, si vous voulez faire partie de cet événement, voire même de ma vie. Moi, je m'étais apaisé entre-temps, tu vois. Et vous êtes les bienvenus. Et ils sont tous venus. Et ça a été... Là, j'en ai des frissons, j'en ai des larmes qui montent. Parce que ça a été une retrouvaille extraordinaire. Et je suis plein de gratitude de ce moment-là. Parce que j'ai pas eu ce que je voulais il y a 20 ans. Mais je l'ai eu 20 ans plus tard et c'était génial.

  • Speaker #0

    Oui. Et tu as dit, à ce moment-là, j'étais apaisé.

  • Speaker #1

    Oui. Oui, oui, oui. Parce que c'est lourd comme secret. C'est très, très lourd. C'est quelque chose qui te pèse. C'est-à-dire, ce n'est pas comme un haut potentiel qui s'aperçoit qu'il y a quelque chose qui ne va pas, mais qui n'a pas de mot à mettre dessus. Nous, on a des mots qui ont été mis dessus, mais par les autres. Et du coup, c'était pesant, c'était extrêmement pesant. Et puis, si je disais qui j'étais, véritablement, si j'assumais cette homosexualité, j'allais m'en prendre encore plus dans la gueule, parce que du coup, j'allais valider les insultes des autres. Et ça, c'était dur, c'était dur. Et donc, du coup, le dire à quelqu'un dont la réaction était bienveillante, positive, tu sais, c'est un petit peu comme si on te dit... quand tout le monde te dit que tu n'es pas normal et qu'un jour, tu as une personne qui te tend la main en te disant que tu es parfait comme tu es. Waouh ! Mais ça fait du bien. Ça fait du bien. Tu sais que les premières années, quand je suis parti vivre à Paris, donc de 18 ans à 24 ans, quand je rentrais dans mon pays basque natal, je faisais toujours des couleurs flashy à mes cheveux. Je mettais toujours des vêtements extrêmement gays. Tout simplement, je provoquais. J'avais envie de dire au monde entier, ça y est, maintenant je vis ma vie, je vous emmerde. Et tous ceux qui m'ont insulté, regardez, je vous le balance encore plus dans la tête. Du coup, j'ai découvert quelques temps plus tard que je n'étais pas moi-même non plus à ce moment-là en faisant ça. Mais tu vois, le poids de la discrimination, le poids de l'absence de bienveillance peut se faire ressentir bien au-delà d'un simple coming out. Et tout ça, c'est un accompagnement à faire. Tout ça, c'est... C'est pour ça que je te dis que c'est important de savoir qu'on peut compter sur quelqu'un lorsqu'on s'apprête à faire un coming out, lorsqu'on s'apprête à traverser peut-être une tempête. Alors peut-être parfois ça se passe super bien, des fois tu as des gens qui sont déçus, parce que les parents disent « ok, d'accord, c'est cool, on le savait un peu, mais on est content que tu nous le dises » . Et du coup on est déçus parce qu'on n'a pas eu le drama qu'on attendait, mais c'est quand même mieux.

  • Speaker #0

    Tu parles de coming out. Ça a quel impact sur l'environnement ? Parce que tu as beaucoup parlé de la famille, mais j'imagine aussi les amis, les proches. Comment ça se passe à ce moment-là, quand tu t'assumes en fin de compte ?

  • Speaker #1

    Moi, quand je m'assume, je dis au revoir à une bonne partie de ma vie.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    D'accord ? C'est un deuil à faire. C'est un deuil à faire parce qu'au début, tu ne comprends pas pourquoi certains te tournent le dos. Tu ne comprends pas pourquoi certains ne comprennent pas. Tu culpabilises beaucoup. Donc ça aussi, c'est un accompagnement important. Les psychologues sont très bons pour ça. D'accord ? Je ne vais pas parler de coaching là-dessus. Il y a un moment donné où un psy, c'est quand même super utile. Ce deuil, c'est un deuil classique finalement. Mais le plus important, c'est de comprendre que quand quelqu'un sort de ta vie parce que tu oses être qui tu es, il ne te mérite pas, tout simplement. Alors, bien sûr, ça fait mal, c'est des gens qu'on aime. Oui, parce que nous, on les aime. Mais eux, s'ils ne nous aiment pas tels que l'on est. Alors oui, c'est compliqué. Oui, ça demande des larmes. Parfois, ça passe par la colère, un deuil, tout simplement. et après quand on Des années plus tard, ce qui est très drôle, c'est que tu vois parfois des gens revenir dans ta vie en te disant « Ah, mais oui, j'ai vu ce que tu fais, c'est génial » , etc. Ils tendent une main comme si rien ne s'était passé auparavant et parfois, du coup, on est tenté de revenir dans cette amitié, de se dire « Ah, mais tiens, c'est cool » , etc. mais souvent je me suis aperçu en fait qu'ils sont tentés par revivre une amitié avec moi à condition que mes codes de vie correspondent quand même aux leurs. Donc, c'est-à-dire que, OK, je suis gay, c'est sympa, on ne va plus dire pédé, on va essayer de ne plus te vexer, mais si tu as une bonne réussite, que tu t'habilles bien et qu'en plus tu as des enfants, ça passe. Par contre, si tu es un peu excentrique, un petit peu efféminé, que tu mets du mascara ou du rouge à lèvres, peu importe, là, par contre, écoute, ouais, bon, on se dit bonjour sur Facebook. Tu vois la différence que tu as ? Donc, je le dis à long terme. Je suis qui je suis aujourd'hui. J'ai mis du temps, j'ai mis beaucoup d'années à pouvoir dire à quelqu'un, si tu ne me veux pas tel que je suis, ça ne m'intéresse pas. Et c'est valable pour la famille. Aujourd'hui, je parle avec mon père, avec ma mère, avec ma sœur, mais je n'ai plus aucun contact avec aucune autre personne de ma famille. et je le vis très bien.

  • Speaker #0

    Qui sont les remplacés ? Parce qu'on dit souvent que quand tu fais le vide comme ça autour de toi, que tu filtres ou que l'univers filtre pour toi, ça se remplit de personnes qui te ressemblent plus, qui ont les mêmes valeurs. Est-ce que c'est vrai ? Est-ce que c'est ce qui t'est arrivé ?

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. On a une notion, nous, dans la communauté, on appelle ça la famille choisie. Et la famille choisie, chez nous, c'est quelque chose d'extrêmement important parce que On s'aperçoit, et puis c'est super intéressant d'ailleurs, je le place comme ça, pour la déconstruction des familles et la reconstruction des vraies relations familiales, c'est que la famille choisie, on parle de véritable amour, inconditionnel. On parle véritablement d'entourage, de gens qui sont là pour te supporter, t'écouter, sans tout le poids de la famille, sans tout le poids de l'éducation, etc. Une famille choisie... J'en ai encore des frissons maintenant. Ça se voit,

  • Speaker #0

    j'allais dire, tu es rayonnant. Ton nom verbal, il est solaire.

  • Speaker #1

    Oui, mais c'est de la radio. Mais oui. Il y a un film qui est en train de sortir actuellement à Bruxelles sur la famille choisie qui reprend notamment le vécu de personnes non-binaires, de personnes transgenres, de personnes dragues. Et je pense que c'est vraiment un film que je vais aller voir très bientôt. Je crois qu'il sort la semaine prochaine. Il y a déjà quelques capsules sur Instagram, mais la famille choisie, oui, c'est un soutien extraordinaire. C'est, imagine-toi prendre toutes les qualités que tu voudrais et les offrir dans un... Tu sais, c'est bientôt la fête des mères. Tiens, bonne fête maman, je t'offre exactement tout ce dont j'ai besoin. Dans un monde idéal, ça se passerait comme ça. Dans le monde actuel, même si tu l'offres, les personnes ont du mal à comprendre. On a une éducation particulière, on a... un système qui nous a conditionnés, donc c'est plus compliqué. L'avantage de la famille choisie, c'est que cette boxe, elle la prend avec plaisir, elle la prend et elle l'apprend avec plaisir. Donc c'est des relations qui sont vachement plus saines, où il n'y a pas vraiment de jugement, où on va se dire ce qu'on en pense seulement quand l'autre nous l'a demandé. C'est le principe du coaching, notamment. C'est ça qui est génial ici, c'est apprendre Merci. à aider les personnes qui le demandent et apprendre à écouter les personnes qui ne veulent pas être aidées, qui veulent juste être écoutées. Enfin, voilà. Aujourd'hui, ça se traduit par des fêtes génialissimes. Moi, il m'est arrivé de... J'ai fêté Noël au mois d'août l'année dernière.

  • Speaker #0

    Génial. Voilà, comme ça, je pouvais avoir mes amis avec moi. C'était génialissime, on a fait une bonne fête. C'est ça, la famille choisie, c'est... Je ne sais pas comment la définir, j'aimerais te donner des mots vachement plus précis là-dessus, mais c'est tellement un ressenti plus qu'une définition.

  • Speaker #1

    Merci Chris pour cette famille choisie et toutes les émotions qui vont avec. Je propose de marquer une pause et je vous propose à toutes et tous de... de nous retrouver la semaine prochaine pour la suite et la fin de cet entretien avec Chris Stéphanie. À la semaine prochaine.

Share

Embed

You may also like