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L'éco des solutions le magazine des acteurs du changement

Deza Nguembok Une vie, un handicap, une couleure, une mission

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59min |27/09/2024|

44

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Description

Le sommet de la Francophonie se tiens en France ce week-end à Villers Cotret avec comme thème « entreprendre créer et Innover en Francophonie » et Deza Nguembock coche toutes les cases elle est Camrounaise, fondatrice d’une entreprise de conseil et stratégie en communication et qui plus est pratique l’art de la photographie. Mais Deza Nguembock c’est aussi une polio à l’âge de 4 ans, une lourde opération de la colonne vertébrale vers 21 ans, des études en France et aux USA et un engagement fort au travers de sa fondation AHADI ( la promesse). Permettre l’émergence du leadership des Femmes en Situation de Handicap. Un exemple vivant que la résilience n’est pas juste un concept. Elle a su transformer Son handicap en force pour mener un combat contre l'exclusion et pour l'inclusion


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Malgré les obstacles qu'impose la société à ceux dont les corps diffèrent des normes. Son parcours est à la croisière des dimensions personnelles et professionnelles et offre une richesse qui se nourrit dans ses propres épreuves, devenant ainsi un chemin d'exemple pour ceux et celles qui choisissent de dépendre. Désane Gembock a été touchée par le handicap dès son plus jeune âge. Son corps marqué par cette réalité physique devient malgré lui un terrain de bataille contre l'exclusion et le rejet. Et si dans les premiers instants de sa vie, son handicap semble vouloir définir ses limites, Désa s'affranchit rapidement de ses murs invisibles. C'est là, dans cette résilience précoce que se forge la femme combative qu'elle est devenue. Après avoir poursuivi des études en communication et en relations publiques, elle fait de son quotidien un vecteur de changement, fondant en 2011 son agence EH Lab, éthique et handicap. Son entreprise n'est... n'est pas qu'un outil commercial, c'est aussi une arme subtile contre les stéréotypes, un moyen de redonner voix et visage à des millions de personnes souvent ignorées ou invisibilisées, avec ce fameux slogan piétinant le handicap. Elle se concentre sur le consulting, en accessibilité, sensibilisation, communication inclusive. Les entreprises françaises, encore hésitantes face à la diversité corporelle et sensorielle, trouvent en Désa une voie qui éveille les consciences et qui secoue doucement mais fermement les préjugés latins. Cependant, son approche n'est pas celle du militantisme agressif. Elle adopte une stratégie peut-être plus subtile, s'inspirant de son propre vécu, insufflant une dose de pédagogie dans chacune de ses actions. Parallèlement à son engagement entrepreneurial, Deza multiplie les projets, surtout autour de la culture. Son exposition photographique, Piétinement, en est un exemple frappant. Par ce biais, elle interroge les représentations visuelles du handicap, démontrant que le corps handicapé n'est pas une image déformée. à compatir, mais une partie intégrante du paysage social esthétique. Alors, sa volonté d'agir en collaboration avec les institutions et les entreprises pourrait apparaître aux yeux de certains militants plus radicaux comme une forme de compromis. L'équilibre qu'elle tente de maintenir entre le monde institutionnel et la cause des personnes en situation de handicap, révèle, relève peut-être parfois d'un exercice périlleux. Pourtant, c'est précisément cette dualité, ce refus de tout ou rien, qui rend son action singulière et finalement efficace. Dans sa quête pour une société inclusive, Désa Nengbok a su tisser un réseau solide autour d'elle, unissant à la fois les acteurs économiques, politiques, associatifs. Mais son combat ne s'arrête pas aux portes de l'entreprise ou de la galerie d'art. Membre de nombreux conseils et panels, elle participe activement à des discussions politiques, des débats publics liés au handicap, prenant une approche politique et systémique du sujet. Ce qui la distingue, c'est son pragmatisme, un pragmatisme teinté d'une lucidité. qu'une seule personne ayant vécu les épreuves de la marginalisation peut pleinement appréhender. Désa Nengbok est celle qui, en silence, transforme le monde sans éclats excessifs, sans coups de poing médiatiques. Elle avance avec la persévérance des grands bâtisseurs. Bonjour Désa.

  • Speaker #1

    Bonjour Patrick.

  • Speaker #0

    Bienvenue dans l'écho des solutions. Bienvenue dans l'écho des solutions. L'écho des solutions. Patrick Longchamp. Voilà, bonjour à toutes et à tous. Nous sommes à quelques jours de l'ouverture du sommet de la francophonie qui va se tenir en France. Après près de 33 ans d'absence dans notre pays, il se tiendra du 4 au 6 octobre. Et il nous a semblé tout à fait naturel de vous offrir le portrait d'une femme entrepreneur dans l'âme, mais aussi d'origine africaine et donc francophone, avec un petit truc en plus, comme on dit désormais. Deza est handicapée, vous venez de l'entendre, et donc restreinte et ralentie dans sa mobilité. Mais je vous rassure, pas dans sa tête. Et c'est cette intelligence vive et son désir de faire avancer la vision et la prise en compte des femmes en situation de handicap que je vous propose de découvrir au travers de son parcours. Rebonjour Deza.

  • Speaker #1

    Bonjour Patrick, je suis très impressionnée par tout ça.

  • Speaker #0

    Vous êtes impressionnée par tout ça. Ma première question avant que nous rentrions dans le vif du sujet Deza, c'est comment vous vous sentez au début de cet entretien ?

  • Speaker #1

    Je suis très très bien, je me sens comme à la maison.

  • Speaker #0

    Comme à la maison.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Et on en profite d'ailleurs pour remercier le centre des jeunes dirigeants qui nous accueille pour cet enregistrement à son siège national. Désa, si vous aviez le pouvoir de faire apparaître une photo idéale, celle qui n'a jamais été prise, qui ne sera peut-être même jamais prise, ce serait laquelle ? Si vous deviez nous la décrire, elle serait comment cette photo ?

  • Speaker #1

    Alors c'est une photo qui ressemble à une photo de famille. Je suis quelque part dans les bras de mes parents, surtout mon père qui me portait beaucoup. Quand j'étais souffrante à 4 ans, à l'âge de 4 ans, à Yaoundé dans un hôpital. À côté de mon père, il y a mon petit frère qui a juste un an et demi d'écart avec moi. Ma grande soeur de l'autre côté, ma mère derrière mon père, deux ou trois voisines qui nous entouraient. C'est une image qui m'a accompagnée.

  • Speaker #0

    Il y aurait quoi comme paysage ? Ce serait à Yaoundé tout ça ?

  • Speaker #1

    Exactement à Yaoundé, mais dans un hôpital puisque j'étais entre 4 ans et 9 ans très souvent à l'hôpital. Quand ce n'était pas à l'hôpital occidental, c'était chez les guérisseurs.

  • Speaker #0

    On pourrait peut-être d'ailleurs mettre cette description dans l'outil d'intelligence artificielle. Comme vous le savez, parce que vous avez écouté les portraits précédents, cette introduction, ce portrait, il est fait à partir de ce que l'intelligence artificielle, le chat GPT a pu trouver. sur les réseaux, ce que moi j'ai pu lui apporter aussi comme matière. Qu'est-ce que vous en pensez ? Est-ce qu'il y a des choses qui ont été non dites ? Est-ce qu'il y a des choses qui ont été peut-être trop magnifiées, d'autres pas assez ? Comment vous le ressentez ce portrait ? Est-ce qu'il y aurait des petites touches à rapporter ?

  • Speaker #1

    Ça fait bizarre de s'entendre, de se présenter, d'écrire de cette manière. Je trouvais que c'était... Enfin, je n'avais pas l'impression que c'était moi.

  • Speaker #0

    Vous n'avez pas l'impression que c'était vous ?

  • Speaker #1

    Non, pas du tout. Mais bon, c'est le sens du combat quand même que je mène. Il y a beaucoup de choses qui étaient très justement dites, mais j'ai l'impression, avec un peu de recul, que ça fait beaucoup. Je n'ai pas l'impression que j'arrive à réaliser tout ce qui a été dit là.

  • Speaker #0

    On a beaucoup de choses à dire. On a peu de temps, enfin peu de temps. On a quand même 50 minutes pour échanger. On va bien sûr évoquer dans une première partie votre actualité. C'est la fondation Ahadi. Ahadi, oui.

  • Speaker #1

    Ahadi qui veut dire en swahili, promesse.

  • Speaker #0

    Alors on va justement voir quelles sont les promesses que vous voulez tenir au travers de cette fondation. Dans la première partie, vous serez notre invité éco de cette semaine. Dans la deuxième partie, on découvrira votre parcours depuis Yaoundé jusqu'à aujourd'hui ici au CJD. Et puis votre invité, c'est Charlotte de Villemorin qui est votre invitée des 7 minutes pour changer le monde parce que vous pensez qu'elle peut changer un peu la donne. Vous nous en direz peut-être un petit peu plus pour nous la présenter quand elle nous aura rejointe. Mais pourquoi ? D'abord, ce choix, Charlotte, elle représente quoi ?

  • Speaker #1

    Charlotte, c'est la nouvelle génération de femmes en situation de handicap qui doivent aujourd'hui prendre la place dans la lumière autour de la table des décisions, des hautes décisions pour éclairer les politiques publiques sur le handicap. On en a marre que ce soit toujours des personnes non concernées par le handicap qui prennent les décisions en haute place.

  • Speaker #0

    Et on va tout de suite ouvrir d'ailleurs cette première partie. Vous êtes notre invité écho de cette semaine d'ESA, juste après cette petite virgule. Et on se retrouve.

  • Speaker #1

    L'invité éco,

  • Speaker #0

    Patrick Longchamp. Alors Désa, on va parler de votre actualité, mais il y a deux faits d'actualité que j'aimerais évoquer avec vous, deux faits marquants. Le premier, c'est le nouveau gouvernement, pas de ministère du handicap.

  • Speaker #1

    Mais finalement, avec la pression qui a été mise depuis samedi soir, j'ai écrit une première tribune dès l'annonce de ce gouvernement. Il a été annoncé hier qu'il y aura finalement un ministre délégué en charge du handicap.

  • Speaker #0

    On ne sait pas qui encore.

  • Speaker #1

    On ne sait pas. On a entendu dire que c'est une femme, mais on ne sait pas qui.

  • Speaker #0

    Alors ce qui aurait été très bien c'est que ce soit une personne en situation de handicap qui soit nommée ministre du handicap ou pas ?

  • Speaker #1

    Pas nécessairement, les personnes handicapées ont beaucoup d'expertise, peuvent apporter un éclairage, peu importe le ministère qu'on leur donne Il ne faut pas être assigné au handicap parce qu'on est en situation de handicap Alors il y avait eu un député qui avait été,

  • Speaker #0

    mais bon malheureusement il a été rattrapé par d'autres affaires Comme quoi, mais c'est intéressant, comme quoi la personne handicapée peut être aussi une personne comme les autres Mais...

  • Speaker #1

    Avec les mêmes vies et les mêmes bontés. Une personne handicapée, c'est une personne comme les autres. C'est un citoyen comme les autres. Il faut éviter de croire que parce qu'on est handicapé, on va forcément être des anges.

  • Speaker #0

    C'est ça, exactement. Et les Jeux paralympiques, comment vous les avez vécu ? Alors j'ai vu sur les réseaux sociaux que vous les avez vécu difficilement pour atteindre, et vous n'êtes pas la seule, Caroline Fruchot qu'on avait reçue avec vous d'ailleurs à la fin de la saison dernière. ont aussi relaté que ce n'était pas si simple que ça pour arriver aux tribunes. Mais en tout cas, on a bien mis en avant ces sportifs de haut niveau pendant ces Jeux paralympiques.

  • Speaker #1

    Ce qui est tout à fait normal. C'est une tribune exceptionnelle pour parler du handicap, surtout pour montrer à quel point les personnes handicapées sont capables de faire des choses lorsque les barrières sont levées. C'est ce que j'aimerais que tout le monde retienne. Les sportifs en situation de handicap ont les moyens de performer. C'est avec beaucoup d'entraînement, beaucoup de persévérance. qu'ils arrivent à faire ce qu'ils ont pu nous montrer durant cette période paralympique.

  • Speaker #0

    Alors on va rentrer directement dans le vif du sujet parce que le Covid, et on en parlera peut-être tout à l'heure, a eu raison de la première entreprise. Mais comme on dit, il n'y a peut-être qu'en France où l'échec est un échec. Au-delà des anglo-saxons, l'échec est plutôt un levier de réussite. Vous repartez sur un autre projet qui est la fondation AAD.

  • Speaker #1

    Je reviens juste sur EH Lab, qui a été une très belle aventure. Mais en fait... Cette aventure est arrivée à son terme parce qu'aussi... Quelque chose d'autre m'appelait. AHADI Foundation m'appelait. C'est une mission qui est beaucoup plus grande.

  • Speaker #0

    Donc, ce n'est pas que la COVID et le fait que l'activité économique se soit ralentie ?

  • Speaker #1

    J'ai envie de dire qu'en fait, c'est un prétexte pour passer à autre chose. Bien sûr, le COVID a beaucoup impacté EHLAB, mais le projet AHADI est encore beaucoup plus important que ce que j'ai pu faire auparavant.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'on peut dire que le premier projet d'entreprise était un petit peu l'incubateur ?

  • Speaker #1

    Exactement, parce que de toute façon, c'est ce que j'arrive à faire avec AHADI en un an. C'est parce que j'ai tout accumulé tout au long de toutes ces années avec EHLAB que j'ai pu aller aussi vite. Parce qu'aujourd'hui, quand j'arrive et que je présente ARADI, on a l'impression que c'est un projet d'une décennie.

  • Speaker #0

    Alors parlez-nous un peu d'ARADI, de cette promesse que vous nous faites.

  • Speaker #1

    La promesse, c'est la promesse d'accompagner l'autonomisation des femmes en situation de handicap à travers le monde, au-delà de cette autonomisation économique, parce que c'est vraiment le nerf de la guerre. Pour moi, il est important que les personnes handicapées puissent être... financièrement indépendantes pour pouvoir prendre en charge leur vie et au-delà de leur propre vie, c'est aussi leur communauté. Mais Hadis, son combat essentiel, c'est d'amener les femmes en situation de handicap dans les instances de décision à la fois sociale, économique et politique.

  • Speaker #0

    Et ça, c'est votre premier programme, pouvoir d'agir et leadership chez les femmes.

  • Speaker #1

    Oui, très bien, parce que le leadership n'a jamais été utilisé pour les personnes en situation de handicap. On parle toujours d'aider les personnes handicapées, et on parle... On pense toujours à ces personnes comme des victimes de la vie, des victimes de leur handicap. On ne voit pas ces personnes comme des acteurs et des actrices qui peuvent aussi changer le monde. Donc aujourd'hui, on va utiliser ce levier pour montrer que derrière le handicap, derrière la vulnérabilité, il y a beaucoup de richesses et que ces personnes-là peuvent, comme tous les autres citoyens, prendre la part autour de la table. des décisions.

  • Speaker #0

    Chacun à son niveau, parce que le handicap c'est quelque chose de très large. A tel point d'ailleurs, je vais revenir peut-être sur les Jeux paralympiques, mais Pascal Andrieux nous le disait, et vous le connaissez bien, Pascal nous le disait à la fin de la saison dernière, par exemple les trisomiques étaient exclus des Jeux paralympiques, alors qu'ils sont quand même porteurs aussi d'un handicap. Donc la différence des handicaps fait aussi qu'on peut avoir une vision de la société qui se concentrent, et d'ailleurs très souvent le handicap c'est lié à un fauteuil dans l'esprit du genre.

  • Speaker #1

    Dans l'imaginaire collectif parce qu'on a utilisé ces symboles, oubliant que les personnes en situation de handicap représentent moins de 5% de la population. J'ai envie de dire que cette façon de cloisonner le handicap, c'est ça qui amène aussi cette tension, parce que si on voyait une seule communauté qui pouvait défendre les droits des personnes handicapées, on n'en serait pas là, parce qu'il faut dire que c'est une question de droit. Si les personnes handicapées sont traitées de la manière dont elles sont traitées aujourd'hui, c'est simplement parce que leurs droits ne sont pas respectés. Donc on va remettre ce sujet sur la table pour essayer de faire respecter les engagements qui sont pris par notre État, à la fois au niveau européen et au niveau des Nations Unies.

  • Speaker #0

    Alors racontez-nous un peu l'histoire, cette promesse du pouvoir d'agir et leadership, ce programme. Il est constitué comment ? Qu'est-ce que vous allez développer au sein de ce premier programme ? Parce qu'il y a un autre versant qui rejoint aussi ce qui était dit dans l'introduction. une autre version plus culturelle aussi. Mais sur ce premier programme.

  • Speaker #1

    Le programme phare, c'est le programme. En fait, Ahadi Foundation a une mission. C'est la transformation des perceptions du handicap à travers le leadership qui est utilisé comme levier d'émancipation économique pour amener les femmes handicapées dans les hautes instances décisionnelles à la fois politiques, sociales et économiques. En partant d'un groupe de rôle modèle, c'est des femmes qui sont déjà établies dans leur carrière. On va... les choisir sur trois critères. Elles doivent être soit chefs d'entreprise, soit élus politiques, soit cadres en entreprise avec l'idée qu'elles vont être accélérées dans leur leadership pour ouvrir la voie à d'autres femmes handicapées qui seront accompagnées à travers les communautés créées par nos ambassadrices. Ces femmes handicapées, elles seront choisies sans critères. Il faut juste qu'elles aspirent à devenir des leaders à leur tour. On va les accompagner avec un programme de développement personnel et ensuite elles seront accompagnées dans des programmes d'incubation. soit politique, soit économique, soit entrepreneuriale. Donc l'idée, c'est vraiment de créer une communauté solide, solidaire, crédible de femmes handicapées à l'échelle internationale pour partager des pratiques, mettre la pression à nos États qui ne respectent pas nos droits. On va leur demander de respecter cette charte des Nations Unies, cette Convention des Nations Unies sur quatre articles qui sont les discriminations croisées pour les filles et les femmes handicapées, l'accessibilité, la question épineuse. Pour nous, à Paris, on la vit au quotidien. On est tous des médaillés olympiques du quotidien à cause de l'inaccessibilité de la ville. On va leur demander de respecter sur l'employabilité, évidemment, et la participation à la vie politique. Parce qu'il est aujourd'hui inacceptable qu'en 2024... On parle de gouvernement, on ne voit aucune personne handicapée qui est nommée à aucun poste.

  • Speaker #0

    Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que ces personnes qui seront repérées à l'échelle mondiale, qui vont pouvoir être accélérées finalement dans leur appréhension du leadership, ça veut dire quoi ? Ça veut dire que tout ce réseau va être à l'affût des postes dans des conseils d'administration, dans des ministères, dans des hautes instances de l'ONU, pour dire, écoutez, là, il y a un poste, on va pousser cette candidature-là parce que cette femme-là... elle est top et elle va faire un travail aussi bon qu'une femme ou un homme.

  • Speaker #1

    D'abord, on crée des outils pour accélérer leur leadership. Ça veut dire les outiller pour qu'elles puissent évidemment briller avec tout ce qu'elles peuvent avoir dans les domaines respectifs qu'elles ont, à la fois dans les entreprises privées, à la fois dans la politique et à la fois dans la création d'entreprises. Il faut impérativement, enfin, ça part aussi de l'ordre. propre désir. On n'est pas là pour les pousser là où elles ne veulent pas être. C'est à elles de briller. Nous, on leur apporte juste l'écosystème, l'influence nécessaire pour qu'elles puissent être repérées. D'abord, la première chose à dire, c'est qu'une fois qu'elles sont accélérées dans leur leadership, elles vont entamer un dialogue. C'est ce dialogue-là qui permet à nos États de respecter, de garantir à l'échelle de 2030 les droits des personnes handicapées sur les quatre articles.

  • Speaker #0

    Est-ce que ça veut dire, par exemple, qu'il faut aussi les inclure dans des programmes comme l'IHEDN, comme... toutes ces instituts qui forment, alors pas forcément des leaders, mais en tout cas qui créent des réseaux d'influencers et de leaders.

  • Speaker #1

    Il faut impérativement qu'elles soient dans ces réseaux. On crée d'abord une communauté, une communauté qui a un espace bienveillant, sécurisant, pour leur permettre d'être elles-mêmes, de partager entre elles, de s'auto-émuler pour aller encore à un autre niveau, pour les amener dans un second temps dans tous ces écosystèmes où on parle de leadership, où on parle de leadership féminin.

  • Speaker #0

    Hadi et Odoxa ont révélé dans une récente étude qu'en France, il y avait encore de forts préjugés sur la question du handicap. Pour vous, quels sont les leviers qu'il faut actionner pour faire évoluer ces mentalités ?

  • Speaker #1

    Moi, je pense qu'en montrant, parce que déjà, dans l'inconscient collectif, il y a une présomption d'incompétence avec le handicap. Dès qu'on dit handicap, on voit tout ce qui est négatif. En montrant la possibilité que ces femmes-là, elles ont déjà ce leadership dans les médias, partout dans la société. on pourra déjà piétiner les préjugés de l'incompétence des personnes handicapées. Donc il faut donner de la visibilité.

  • Speaker #0

    En fait, il faut lever le levier de la peur. Il faut enlever la peur, la crainte, la complexité que peut générer notre esprit sur la question du handicap, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Je pense que le mot handicap, en lui-même, il crée beaucoup de peur. Il crée envie. Il faudrait le changer ? Pas nécessairement, il faudrait juste qu'on l'appréhende différemment. C'est pour ça qu'on est là pour travailler, et de faire en sorte que les personnes... qui soient en situation de handicap ou celles qui n'ont pas de handicap, puissent se rencontrer. Parce que c'est dans la rencontre qu'on va créer cette connaissance et cette acceptation des différences.

  • Speaker #0

    Alors vous avez travaillé également avec un autre programme qui s'appelle Arts et Culture, parce qu'on voit bien que l'art, la photographie vous est propre. D'ailleurs, quand on regarde sur Internet vos photos, c'est des photos extrêmement artistiques, de très belles robes. Vous jouez avec votre handicap, avec votre béquille, avec... avec ce qui est votre personnalité et ce qui fait quelque chose de beau, peut-être parfois même plus beau qu'une jolie photo de chez Harcourt. Excusez-moi si Harcourt nous écoute. Mais pourquoi agriculture ? Pourquoi avoir intégré cette notion d'art chez Aedi ? C'est une autre promesse ?

  • Speaker #1

    En réalité, c'est juste le prolongement de ce que j'ai toujours fait. Avant même EH Lab, l'art a précédé tout ce que j'ai fait. C'est une façon déjà de se rencontrer avec soi-même. À travers l'art, on peut aussi rencontrer l'autre, l'autre qui est différent. Ça permet vraiment cette création de connaissances, ce développement d'interconnaissances qui permet de dépasser le handicap et de rencontrer la personne humaine. Donc en réalité, la promesse de transformer les perceptions du handicap passe non seulement par l'exemple de ces femmes leaders, mais ça passera par les installations artistiques. qui vont donner une tribune aux personnes handicapées de nos communautés et de venir éclairer les publics sur leur réalité de vie.

  • Speaker #0

    Comme quoi la beauté peut sauver le monde, l'art peut sauver le monde ?

  • Speaker #1

    L'art sauve le monde. Moi, je pense que l'art m'a sauvée. S'il n'y avait pas l'art, je ne pense pas que je serais la même femme en face de vous.

  • Speaker #0

    Alors vous vous êtes engagée autrement, parce qu'on parlait de leadership. En 2022, vous vous présentez aux élections législatives. J'ai regardé le score. Bon, ce n'était pas un gros score, mais ça a été une tribune pour vous.

  • Speaker #1

    Je dois d'abord rappeler que j'ai pris cette décision de me présenter à un mois et demi des élections législatives. Donc ça a été un challenge réussi. Vous étiez non plus dans la circonscription. Non seulement ça, je n'étais pas en politique. Je me suis présentée comme candidate indépendante en un mois et demi. Il fallait faire valider déjà la candidature. Ça a été un long chemin de combattant. Et ensuite, il fallait faire imprimer d'abord les bulletins. Ça, c'était aussi un autre challenge. Je pense que si je n'avais pas eu mon agence de communication précédemment, ça n'aurait juste pas été possible. Et j'ai eu seulement trois semaines de campagne avec les autres candidats qui passaient leur temps à enlever nos affiches de campagne. Donc ça a été une belle expérience pour moi. qui va me préparer à la suite dans quelques mois.

  • Speaker #0

    Et Charlotte de Villemorin, qu'on va recevoir à la fin de cette émission, elle a été candidate aux législatives en 2023. Qu'est-ce que vous gardez de cette campagne, Deza ?

  • Speaker #1

    D'abord, je me suis engagée pour une raison principale, c'était de parler à la jeunesse. Parce qu'en fait, le soir de la réélection d'Emmanuel Macron, je me suis sentie profondément attristée, alors que j'ai voté pour lui et je ne voulais pas du tout... Le contraire de ce pourquoi on se lève tous les jours pour se battre contre. Alors je me suis dit qu'il se passe quelque chose de grave dans le pays et que si je devais rester là, il fallait impérativement faire quelque chose.

  • Speaker #0

    Je vous propose qu'on retrouve Maxime Pavlac pour la chronique des entrepreneurs et dirigeants chrétiens. Et ça va dans le droit fil de ce que vous dites. Maxime revient sur ce paradoxe entre ces personnes du nord de la France qui ont vécu des traumatismes liés aux raisons climatiques, aux inondations en particulier. et qui, paradoxalement, ont voté de manière très majoritaire pour le Rassemblement national. On écoute, on retrouve tout de suite Maxime Pavlac et on échange après justement sur ce paradoxe.

  • Speaker #2

    Pour une économie du bien commun, la chronique des entrepreneurs et dirigeants chrétiens, Maxime Pavlac.

  • Speaker #0

    Voilà, il est donc temps de retrouver à nouveau pour cette nouvelle saison Maxime Pavlac. Bonjour Maxime.

  • Speaker #3

    Bonjour Patrick.

  • Speaker #0

    Alors aujourd'hui, Maxime, vous souhaitez revenir sur la montée du vote écolo-sceptique lors des... dernières élections qui remontent au mois de juin, Maxime.

  • Speaker #3

    Oui, effectivement. Je voudrais faire écho à une chronique de Stéphane Mandart dans le journal Le Monde qui évoquait le paradoxe observé à Blendec, dans le Nord-Pas-de-Calais, lors des élections européennes et qui s'est d'ailleurs confirmé aux législatives. En fait, cette ville a été l'épicentre des inondations qui ont frappé le nord de la France il y a quelques mois maintenant et pourtant... Malgré les effets désastreux du dérèglement climatique, les habitants ont massivement voté pour le Rassemblement national, un parti qui est notoirement écolo-sceptique.

  • Speaker #0

    Cela semble effectivement paradoxal. Comment est-ce que l'on peut expliquer cela, Maxime ?

  • Speaker #3

    Évidemment, je pense que l'écologie n'est pas le seul ou principal catalyseur du vote RN. Mais cependant, les témoignages sur place révèlent un sentiment de fatalité et une colère dirigée contre les écolos. Une habitante disait par exemple tout le monde est en colère contre ces écolos qui préfèrent sauver les grenouilles plutôt que sauver les maisons C'est un langage martelé par certains politiques qui détourne la responsabilité des inondations vers des mesures de protection de la biodiversité, alors que les véritables causes sont évidemment ailleurs.

  • Speaker #0

    Alors quelles sont ces causes, Maxime, ces causes réelles de ces inondations ?

  • Speaker #3

    Ces inondations exceptionnelles résultent du dérèglement climatique, avec... des pluies d'une intensité exceptionnelle, combinées à l'urbanisation excessive, la bétonisation des sols et certaines pratiques agricoles. En fait, le taux de bétonisation des sols est là-bas, dans le Nord-Pas-de-Calais, bien au-dessus de la moyenne nationale. Par ailleurs, l'industrialisation de l'agriculture a contribué à cette situation par l'arrachage des haies et la dégradation des terres arables. Ces facteurs rendent des paysages moins résilients face aux précipitations extrêmes. qui sont, il faut le dire, plus fréquentes et plus intenses du fait du dérèglement climatique. Donc améliorer les infrastructures fluviales et les canaux, c'est bien sûr nécessaire, mais il ne faut pas perdre de vue les origines premières de cette catastrophe.

  • Speaker #0

    Alors est-ce qu'il n'y a pas, Maxime, un manque de compréhension des véritables enjeux, en fait ?

  • Speaker #3

    Si, absolument. En fait, nous sommes face à une crise de l'intelligibilité du monde, où les liens de causalité sont brouillés. Les habitants votent pour des politiques qui aggravent leur situation, pensant résoudre leurs problèmes immédiats. Et c'est là que réside le danger d'une proposition politique qui prospère sur la détresse et la désinformation. Néanmoins, l'écologie politique a, je pense, sa part de responsabilité en ayant parfois donné l'impression qu'elle faisait passer la nature avant les hommes.

  • Speaker #0

    Alors comment est-ce que l'on pourrait, Maxime, changer cette perception et faire comprendre les véritables enjeux aux citoyens ?

  • Speaker #3

    Je pense que ce qui est central, c'est que l'écologie doit toujours agir avec l'homme au centre. Nous n'agissons pas pour sauver la planète, mais pour sauver notre maison commune et donc l'homme qui y habite. C'est une vision chrétienne d'une écologie humaine. Il est crucial que l'écologie politique intègre cette dimension. Une écologie intégrale doit inclure la justice sociale et le respect de la création. En mettant l'homme au cœur de nos préoccupations écologiques, nous pouvons réellement avancer et éviter que les électeurs ne votent contre leurs propres intérêts.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Maxime Pavlac. On se retrouve le mois prochain pour une prochaine chronique des entrepreneurs et dirigeants chrétiens avec vous et avec Nicolas Masson la semaine prochaine. Merci beaucoup. Nous, on continue notre émission. Vous êtes dans l'écho des solutions, un visage d'entrepreneur avec Désa Nengbok.

  • Speaker #2

    RCS,

  • Speaker #0

    l'écho des solutions. C'est assez paradoxal d'Esa de voir qu'à la fois le climat vient impacter des foyers et que d'un autre côté, le Rassemblement national arrive en tête dans ces régions. Qu'est-ce que vous en pensez ? Comment ça vous fait réagir ?

  • Speaker #1

    Je pense en réalité que ce que j'ai essayé de porter dans ma campagne, c'est d'expérimenter des solutions à l'échelle de nos quartiers. C'est là où ça doit se passer. Parce que les gens, ils sont là, ils attendent que les politiques apportent des réponses. Les politiques, malheureusement, ne nous apportent pas des solutions. Il faut une vraie démocratie participative. Il faut aller sur les territoires, expérimenter des solutions parce que les gens qui vivent ces problématiques, ils ont des idées de solutions. Il faut les expérimenter pour les amener à participer, avoir le sentiment de participer. Et c'est comme ça qu'on va faire changer les choses.

  • Speaker #0

    Je vous ai demandé de choisir... Une musique, une chanson pour nous accompagner et pour faire une petite respiration dans cette émission. Qu'est-ce que vous avez choisi, Deza ?

  • Speaker #1

    Alors, je dirais une chanson de Mélodie Gardot. With love in Paris.

  • Speaker #0

    With love ?

  • Speaker #1

    With love.

  • Speaker #0

    With love.

  • Speaker #1

    With love from Paris.

  • Speaker #0

    From Paris. Mélodie Gardot.

  • Speaker #1

    From Paris with love.

  • Speaker #0

    Mélodie Gardot. Mélodie Gardot. Sur RCF, on est avec Deza Nengbok pour son portrait et son visage d'entrepreneur. On se retrouve tout de suite après pour évoquer votre parcours, Deza.

  • Speaker #2

    Maybe one day I will see you soon With love, my love A kiss beneath the moon

  • Speaker #0

    Alors Désart, on va défiler votre histoire au fur et à mesure de cet échange, mais on va juste laisser votre invitée qui vient de nous rejoindre, Charlotte de Villemorin, nous rejoindre. On va la laisser rentrer dans le studio, notre studio d'un jour ici au Centre des Jeunes Dirigeants. Bonjour Charlotte, soyez la bienvenue. Prenez place à côté et puis on vous donnera la parole à la fin de notre émission. pour nos 7 minutes pour changer le monde. Deza, quels sont les grands moments de votre enfance que vous gardez à Yaoundé ? Et puis on verra à partir de quel âge vous avez quitté le Cameroun pour venir en France.

  • Speaker #1

    Je commencerais par dire que j'ai grandi d'abord à Ezeka avant d'être transférée à Yaoundé, parce que je suis tombée malade. A Yaoundé, c'était... Une période où j'étais souffrante, j'étais hospitalisée.

  • Speaker #0

    Iseka, c'est votre village natal ? C'est là où vous êtes née ?

  • Speaker #1

    Non, je ne suis pas née à Iseka. Mon père était professeur, donc il a été beaucoup affecté. Je suis née à Otele.

  • Speaker #0

    Lors d'une désaffectation, ensuite mon père a décidé de retourner à Ezeca qui était une petite ville à côté de son village natal où il a créé un collège où il a accompagné pas mal de personnes qui n'avaient pas de diplôme mais qui travaillaient à l'époque coloniale. Et donc j'ai été malade à 4 ans et j'ai été transférée à Yaoundé. Donc j'ai passé beaucoup de temps dans les hôpitaux à Yaoundé. Cette période, elle était douloureuse mais elle était à la fois familiale, elle était chaleureuse. La chaleur familiale m'a porté et c'est ce qui continue de me porter aujourd'hui. Parce que très tôt, la souffrance était effacée par la présence. Au-delà de ma famille, c'est toute la communauté, c'est les personnes du quartier qui étaient toujours, qui délaillaient mes parents et qui étaient toujours à mon chevet. C'est ce que je garde de cette période.

  • Speaker #1

    Et comment vous avez vécu cette période de la maladie ? Vous dites, il y a eu cette chaleur humaine qui était autour de moi. Vous compreniez que ça allait impacter votre vie à ce moment-là ou pas encore ? Vous n'en aviez pas encore conscience réelle ?

  • Speaker #0

    Je n'avais pas conscience des impôts. impact douloureux ou sociétaux que ça pouvait engendrer plus tard. J'avais conscience que j'étais une enfant malade, mais au-delà de la maladie, quand j'ai pu récupérer un peu d'énergie, je suis retournée à l'école, j'ai pu être avec les autres enfants, c'est les autres enfants qui trouvaient toujours des solutions. Au Cameroun, il y a toujours un plan B, un plan C, un plan

  • Speaker #1

    D. Vous dites d'ailleurs que peut-être l'Afrique du Cameroun dans laquelle vous avez vécu était peut-être plus... plus à même à accepter la personne en situation de handicap que lorsque vous êtes arrivée en France.

  • Speaker #0

    Oui, la différence a été flagrante quand je me suis inscrite à la Sorbonne Nouvelle. Je suis rentrée le premier jour en fauteuil roulant, je n'avais pas conscience. Je n'avais pas dit que j'étais handicapée, je n'avais pas conscience qu'il fallait l'annoncer. Et donc je me suis retrouvée face aux escaliers, il n'y avait pas de plan B. Comme toujours au Cameroun, on a trouvé des solutions.

  • Speaker #1

    On trouve toujours des solutions. À quel âge vous prenez vraiment conscience de ce handicap et à quel moment vous vous dites de ce handicap qui peut être une faiblesse pour le monde extérieur,

  • Speaker #0

    je vais en faire ma force en fait ça je ne me le dis pas je me le dis pas, je me rends juste compte que je suis en train de le faire je suis en train d'agir, parce que c'est quand je suis rentrée dans le monde professionnel, que j'ai commencé à chercher du travail, que je mettais naïvement la mention de travailleur handicapé sur mon CV et qu'il ne se passait rien, c'est là où la conscience a commencé à grandir j'ai compris en enlevant... La mention de travailleurs handicapés, mon téléphone n'a pas arrêté de sonner. Là, je me suis dit qu'il faut agir et je suis rentrée dans cette action. Mais ça n'a pas été quelque chose de réfléchi en amont. C'est juste la situation m'a propulsée à agir.

  • Speaker #1

    À quel âge et pourquoi vous quittez le Cameroun ? Pour les soins ou pour les études ?

  • Speaker #0

    Pour les soins, je suis partie du Cameroun parce que j'étais très fatiguée. J'avais une insuffisance respiratoire très sévère. Je ne pouvais pas parler à cette époque comme je vous parle là maintenant. J'étais très essoufflée. Et donc, il fallait avoir une arthrodèse qui est une opération. on ouvre la colonne vertébrale pour fixer la scoliose pour qu'elle ne continue pas d'évoluer. Et c'est comme ça que j'ai récupéré un peu de capacité respiratoire.

  • Speaker #1

    Vous aviez quel âge à ce moment-là ?

  • Speaker #0

    J'avais 21 ans quand je suis arrivée, c'était en 96.

  • Speaker #1

    En 96. Et là, ce sont les études et la communication. Vous y allez par conviction ? C'est vers ça que vous vous êtes... Vous vous destinez au départ ?

  • Speaker #0

    Non, en fait, j'ai commencé par faire LLCE, Langue, Littérature, Civilisation étrangère. Donc, je me destinais à être traductrice ou professeure d'université. Après, à un moment donné, j'avais envie de bifurquer en communication et ce n'était pas possible en France. Une fois qu'on a choisi un cursus en l'UIRES.

  • Speaker #1

    À l'époque, à l'époque. Ça s'est vachement amélioré.

  • Speaker #0

    C'est très bien. Et après, j'ai choisi d'aller aux États-Unis pour pouvoir faire autre chose.

  • Speaker #1

    Donc, finalement, vous avez une triple culture, une culture africaine, une culture... Anglo-saxonne et américaine, une culture française. Est-ce que c'est le fruit de ces trois cultures qui font que vous êtes la Désa d'aujourd'hui, en plus du handicap ?

  • Speaker #0

    Je pense définitivement que oui, le fait de voyager, d'aller à la rencontre d'autres cultures, d'aller à la rencontre d'autres réalités, permet cette ouverture. Mais j'ai envie de dire que c'est quand même ma famille, c'est quand même de là où je viens, que ce socle-là a été ancré, très profondément ancré. Parce que dans ma famille, c'était déjà une mini société. Je suis septième d'une fratrie de douze. Mais il n'y a jamais eu que mes frères et sœurs et mes parents. Il y a toujours eu des cousins, des cousines, des oncles, des tantes. À chaque fois, il y a eu une trentaine de personnes dans mon foyer familial.

  • Speaker #1

    Quelles sont les personnes qui vous ont marquées dans votre famille ? J'appelle ça souvent les héros du quotidien.

  • Speaker #0

    Mes parents, mon père et ma mère. Mais en réalité, en regardant notre histoire aujourd'hui, je vois que ma grand-mère, la mère de mon père. La mère de mon père a été une héroïne par son parcours.

  • Speaker #1

    Comment ça ? Quel était le parcours de cette grand-mère et pourquoi ?

  • Speaker #0

    Cette grand-mère, elle a été mariée quand elle avait à peine 14 ans. Donc, elle a été mariée à un homme qui avait... je pense plus de 50 ans, qui est morte très tôt, parce que mon père n'avait que 4 ans quand son père est mort. Et dans ce village-là, à l'époque, quand un homme meurt, la femme, la veuve, est donnée à son beau-frère, à quelqu'un de la famille. Et ma grand-mère, à l'époque, elle a dit non, elle ne resterait pas. Elle a payé sa dot, elle a travaillé pour payer sa dot et s'affranchir. Et c'est comme ça qu'elle est repartie du village avec mon père et ma tante.

  • Speaker #1

    On va évoquer un peu cette agence de communication, le LH Lab.

  • Speaker #0

    Oui, H Lab, Esthétique et Handicap Lab.

  • Speaker #1

    Esthétique et Handicap Lab. Racontez-nous un peu cette entreprise. C'était une auto-entreprise, vous avez eu des collaborateurs, vous avez été en situation de management ?

  • Speaker #0

    C'était une société commerciale, c'était une SARL. C'était d'ailleurs la première société commerciale en France avec une mission sociale. A l'époque, quand je l'ai créée en 2011, il n'y avait pas d'entreprise en mission. J'ai mis sur l'objet social, faire évoluer. Les perceptions du handicap à travers des campagnes grand public. C'est ce que je fais. C'était une société avec une partie non-profit qui était autour des campagnes artistiques qui n'étaient pas commandées par un client. C'est moi qui décidais de développer une campagne à travers une thématique et de la déployer. Et ensuite, il y avait un offre business qui permettait de gagner de l'argent pour développer mes campagnes et payer mes salariés. J'avais huit salariés à l'époque.

  • Speaker #1

    Huit salariés dans cette entreprise. Quand vous commencez, vous commencez toute seule, bien évidemment. Exactement. Vous allez convaincre les banques, peut-être ? pour aider ? Comment vous avez fait votre entreprise, Deza ?

  • Speaker #0

    En fait, j'avais travaillé précédemment dans une autre agence de com, et j'ai décidé de partir. Au lieu de gagner, je ne sais pas, pour l'emploi, des allocations, j'ai demandé à prendre tout ça en une seule fois, et j'ai investi cet argent dans mon entreprise. Ensuite, j'ai gagné quelques prix qui m'ont permis d'investir. Les entreprises ou les banques ont été très réticentes. Parce que quand on est en situation de handicap, évidemment, il faut donner des cautions, des cautions qui sont très compliquées.

  • Speaker #1

    On va dire femmes et en situation de handicap. Femmes,

  • Speaker #0

    poids et handicap. Il y a un cumul de handicap qui constitue une réelle barrière quand on veut entreprendre. Mais heureusement, on a pu faire des choses qui ont pu convaincre.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que vous gardez de cette période de chef d'entreprise ? Je ne parle pas de l'action que vous avez menée, de cette période de chef d'entreprise. parce qu'on le dit bien et on est ici au Centre des Jeunes Dirigeants, on apprend parfois à gérer une entreprise, on apprend la gestion, on apprend le management et je mets des guillemets autour de ça, mais on n'apprend pas forcément toujours à être dirigeante ou dirigeant d'entreprise. Qu'est-ce que vous avez appris dans cette période de direction d'entreprise et de management de 8 collaborateurs ?

  • Speaker #0

    J'ai appris qu'il faut déjà prendre soin de soi. Parce qu'en réalité, les dirigeants d'entreprise sont toujours en train de prendre soin des autres. On demande beaucoup de garanties. Qu'est-ce qu'on fait pour les salariés ? Il n'y a personne qui, en réalité, s'occupe du chef d'entreprise.

  • Speaker #1

    Le premier capitale non matériel de l'entreprise,

  • Speaker #0

    c'est la personnelle. J'ai appris à prendre soin de moi, au-delà de prendre soin de mon écosystème.

  • Speaker #1

    Et vous en gardez plutôt un bon souvenir. Vous avez envie de retrouver une situation de management, de collaborateurs, de manager des équipes. Ça vous plaît, ça ?

  • Speaker #0

    Là, j'ai créé Hazy Foundation. Et vous êtes déjà combien ? J'ai une salariée. J'ai une autre salariée qui va arriver le mois prochain. C'est vrai que... En fermant EHLAB, je n'avais plus envie de me diriger avec beaucoup de salariés. Mais en réalité, quand on a des projets avec beaucoup d'ambition, on est obligé d'avoir des ressources humaines pour pouvoir faire avancer les choses. Sinon, ça n'avance pas.

  • Speaker #1

    Absolument. Chef d'entreprise, ce n'est pas un métier à proprement parler. C'est une vocation d'être entrepreneur. Vous aviez cette vocation d'être entrepreneur ou vous l'avez découverte au fur et à mesure ?

  • Speaker #0

    En fait, en regardant derrière moi... père,

  • Speaker #1

    c'était un entrepreneur,

  • Speaker #0

    puisqu'il a fondé ce collège qui a accompagné plus de 1000 diplômés à ESECA. Et donc, cette fibre entrepreneuriale existait déjà dans ma famille. C'est vrai qu'en finissant mes études, j'avais juste envie de trouver un travail. Malheureusement, ou heureusement aujourd'hui, ces discriminations auxquelles j'ai été confrontée très tôt m'ont propulsé dans l'entrepreneuriat et c'est très bien comme ça.

  • Speaker #1

    Comment vous avez réussi à... à prendre soin de moi et prendre soin de soi, est-ce que ça passait par l'art ? C'était ça votre manière de prendre soin de vous ?

  • Speaker #0

    Je vous ai dit tout à l'heure que l'art m'a sauvé la vie. En fait, si l'art n'existait pas, je ne serais pas la même personne ou je ne serais même tout simplement pas là. Parce que j'arrive à me projeter au travers de tout ce qui est création artistique, c'est le chant, c'est le dessin, c'est l'écriture. Aujourd'hui, c'est aussi beaucoup de photos, vous l'avez dit, dans le portrait que vous avez fait de moi. C'est tout ça qui me permet de prendre du recul avec toute la violence du monde dans lequel on se trouve pour pouvoir apporter un... Des réponses qui permettent de bouger les lignes.

  • Speaker #1

    Quel est votre plus grand souvenir artistique ? Celui qui vous touche encore quand vous en parlez ou quand vous le revoyez ? Il y en a un particulier ?

  • Speaker #0

    Si je pense au travail qu'on a fait depuis le début, c'est Esthétique et Handicap. C'est le concept Esthétique et Handicap qui a été... Quand j'ai écrit ce concept, je l'ai envoyé à trois villes. Paris, New York et la ville du Cap. Et la ville du Cap a été la première à nous dire Ok, c'est un projet qui nous intéresse. On vous donne 20 000 euros. Et c'est comme ça, réellement, que tout a commencé. Et quand je regarde encore ces photos, ces photos sont d'une actualité brûlante.

  • Speaker #1

    Une actualité brûlante. On a dit aussi dans le portrait qu'on a fait que vous êtes allé à la rencontre des entreprises et des entrepreneurs. Est-ce que vous avez le sentiment depuis le début des années 2000, 2011, depuis le lancement de l'entreprise Esthétique et Handicap Lab, que les entreprises ont commencé et prennent vraiment conscience de la nécessité de l'inclusion des personnes en situation de handicap ? à l'intérieur des entreprises. Je n'aime pas le mot inclusion d'ailleurs, je le trouve assez moche parce qu'inclusion, du vivre ensemble peut-être des personnes en situation de handicap et non handicapées à l'intérieur des entreprises.

  • Speaker #0

    C'est certain qu'il y a beaucoup de choses qui bougent aujourd'hui. Peut-être grâce à la loi qui encourage les entreprises à faire des actions, à intégrer plus de personnes différentes dans leur rang et certaines entreprises se rendent compte aussi que lorsqu'elles ont des personnes différentes, elles ont une capacité. de création de richesses et d'innovation qui est un peu plus importante, ça c'est certain. Mais si on devait demander aux entreprises de faire un bilan sur les recrutements qui ont été faits, sur l'accompagnement de ces travailleurs en situation de handicap, sur leur évolution de carrière, je pense qu'on serait très loin de ce qu'ils devraient faire. Donc quand les choses sont faites avec contrainte, je pense qu'elles ne sont pas forcément bien faites. Si on crée des postes qui sont des postes dédiés aux personnes handicapées, ça veut dire qu'en réalité ce ne sont pas des postes qui ont vocation à évoluer dans l'entreprise. Or, quand on recrute un salarié, peu importe sa situation, on devrait pouvoir l'accompagner dans l'évolution de carrière.

  • Speaker #1

    Et certaines entreprises, je ne crois pas en avoir reçu ici directement, mais j'en ai vu apparaître dans le fil des actus que je peux suivre. Il y a des entreprises aujourd'hui qui disent finalement, chez les personnes en situation de handicap, il y a de vraies richesses à exploiter, ne serait-ce que chez les personnes trisomies. que ce soit aussi chez les personnes autistes. On voit tout le travail qui est fait chez Andros. Alors certes, c'est lié au départ à une situation personnelle. Je pense aussi à Jean-Marc Richard et l'AMIPI dans le domaine plus industriel. Aujourd'hui, il y a des vraies richesses. Finalement, le handicap fait sortir des super pouvoirs parfois chez les...

  • Speaker #0

    Je dirais de faire attention avec ça. En réalité, pour moi, quand je me lève le matin, je ne me dis pas j'ai envie d'être une super héroïne qui fait des choses. incroyable, extraordinaire. Les personnes handicapées n'ont pas besoin d'avoir encore cette charge. Parce que c'est une charge mentale de dire oui, c'est des personnes exceptionnelles. Donc ça va leur permettre de se surpasser.

  • Speaker #1

    Je me suis peut-être mal exprimé. Je ne disais pas des super pouvoirs, je disais peut-être des talents que d'autres personnes n'auront pas.

  • Speaker #0

    Dans tous les cas, ce qu'on doit dire, enfin, ce qu'on doit retenir, c'est que quand les personnes sont les mêmes personnes, elles vont avoir la même façon de penser. Elles vont avoir une... une capacité d'innover qui est restreinte. Quand les personnes sont différentes, elles vont amener d'autres manières de faire et c'est ça qui crée la richesse dans une entreprise.

  • Speaker #1

    Comment aujourd'hui les entreprises pourraient aller plus loin sur cette question du handicap ? Quels seraient les leviers aujourd'hui qu'il faudrait actionner ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'il faut inviter les personnes handicapées autour de la table. Il faut arrêter de prendre des décisions pour les personnes. En fait, il faut arrêter de juste consulter des personnes et ne pas prendre en compte ce qu'elles disent. Il faut qu'elles soient. Dans toutes les équipes, dans toutes les instances de décision, pour pouvoir éclairer les audiences sur les différentes questions que ce soit, sur la question de l'accessibilité, sur la question des innovations, sur la question de l'inclusion, il faut impérativement qu'elles soient partie prenante.

  • Speaker #1

    On va parler de... Je vais revenir un petit peu en arrière. Quelles sont les leçons que vous tirez ? On ne va pas parler de l'échec, on va parler de la fin d'Esthétique.

  • Speaker #0

    et handicap. J'ai envie de vous dire quelque chose parce que en réalité, quand je suis allée au tribunal de commerce pour liquider EFLAB, non, pas du tout. En fait, les juges m'ont écoutée et m'ont dit qu'on n'aime pas fermer des entreprises comme la vôtre. Qu'est-ce qu'on peut faire pour sauver cette entreprise ? En réalité, j'ai beaucoup de camarades que j'ai rencontrés dans une association de dirigeants qui ont liquidé. leur entreprise, toutes les histoires de liquidation étaient très douloureuses, la mienne pas du tout j'étais juste arrivé à la fin d'un cycle et il y a autre chose de beaucoup plus grand qui m'appelait et c'est ce que je suis en train de faire aujourd'hui pendant 10 ans j'ai géré EHLAB avec des personnes extraordinaires, on a fait des projets incroyables, on a touché des millions de personnes à travers des campagnes qu'on a portées Mais enfin...

  • Speaker #1

    Piétinons le handicap. Piétinons les préjugés.

  • Speaker #0

    Piétinons les préjugés.

  • Speaker #1

    Piétinons les préjugés.

  • Speaker #0

    On va pas penser que les handicapés,

  • Speaker #1

    c'est un dommage.

  • Speaker #0

    On a fait des choses incroyables et ces choses-là continuent de me porter dans le nouveau projet que j'ai aujourd'hui, surtout sur la partie agriculture.

  • Speaker #1

    On va évoquer, on est sur RCF, les radios chrétiennes francophones, et Dieu dans tout ça, disait Jacques Chancel à la fin de chacune de ses interviews dans Radioscopie. Et il y a une place pour la spiritualité, pour Dieu ?

  • Speaker #0

    Bien sûr. Je suis née et j'ai grandi dans une famille de croyants. Mes parents, on a commencé toute notre vie, toutes les matinées, on se levait en prière et en chant. C'était du gospel tous les matins, 5 heures du matin, une prière et la journée commençait comme ça. Et donc oui, c'est resté...

  • Speaker #1

    Quelque chose de fort.

  • Speaker #0

    Si je suis là aujourd'hui, ce n'est pas par hasard.

  • Speaker #1

    J'y vais un peu avec mes gros sabots. Vous nous chanteriez quelque chose déjà ? Vous avez dit que le chant et le gospel, c'était quelque chose qui vous... Alors,

  • Speaker #0

    qu'est-ce que c'est ? Qu'est-ce que vous nous avez chanté ? Alors, c'est un chant spirituel qui dit... Quand tu es là, sur Terre, qu'est-ce que tu fais ? Et quand ce sera la fin, où est-ce que tu vas aller ?

  • Speaker #1

    Est-ce que la foi guide certaines de vos décisions, Deza ?

  • Speaker #0

    J'ai envie de dire que ma vie n'est pas une vie par hasard.

  • Speaker #1

    C'est une profession de foi ?

  • Speaker #0

    En réalité, si je ne suis pas morte, c'est que j'avais quelque chose à perdre. Et cette chose-là ne dépend pas de moi. C'est quelque chose qui me dépasse. Donc, en réalité, quand je me lève le matin, je me demande simplement d'avoir... l'éclairage nécessaire pour continuer cette mission.

  • Speaker #1

    Et vous priez tous les matins ?

  • Speaker #0

    Ma vie en soi est une prière. Je n'ai pas besoin de me mettre à genoux pour prier, mais ma vie est une prière.

  • Speaker #1

    Et comment est-ce que, justement, vous conciliez cette vie dans le monde professionnel et la vie spirituelle ? Elle est commune tout le temps, c'est ce que vous venez de dire. Finalement, il y a une forme d'unité de vie qui a été trouvée.

  • Speaker #0

    Pour moi, il n'y a aucune séparation. C'est un tout. Je le vis comme ça. Je suis dans la gratitude de pouvoir faire ce que je fais. Et si j'arrive à faire ce que je fais, c'est qu'il y a un éclairage, une lumière qui m'accompagne. Il y a des histoires qui m'ont été racontées par mes parents quand j'étais petite, mais quand on est petit, on se dit, mais qu'est-ce qu'ils disent ? Peut-être qu'ils hallucinent, mais c'est des histoires un peu mystiques, parce qu'ils disent que quand je suis née, j'avais une étoile sur le front. C'est peut-être une allégorie pour raconter quelque chose que tout le monde ne peut pas comprendre.

  • Speaker #1

    Et là, on retrouve toute la culture africaine. Il y a des fois, des jours, on se lève, on dit à quoi bon ? Rien à faire, ils ne bougeront jamais, j'en ai ras-le-bol, je veux tout laisser tomber. Ou est-ce que vous avez cette foi, justement, cheville au corps, ce positivisme ancré en vous qui fait que le doute n'a pas ou peu de prise sur vous ?

  • Speaker #0

    Le doute n'a pas de prise sur moi. Par contre, il arrive des moments où on se rend bien compte que ce n'est pas simple. Il faut persévérer. Mais je le disais à mon ami tout à l'heure, c'est toutes les petites attentions qu'on peut recevoir de tout le monde qui contribuent à nous faire continuer le chemin. Parce que le chemin, non, il n'est pas simple. Quand on veut apporter des changements systémiques dans un système, dans une société qui a été construite d'une certaine manière, ça demande beaucoup d'efforts, ça demande beaucoup de persévérance, beaucoup de courage. Et si on est tout seul, si on est vraiment tout seul, et qu'on a le sentiment que la tâche est très lourde, que la croix est très lourde à porter, on peut avoir un sentiment comme ça de lâcher tout. Mais l'environnement permet de continuer le combat.

  • Speaker #1

    On a parlé du doute. Est-ce qu'il y a des regrets, des décisions que vous avez ? Non, non, non. Vous dites, j'aurais pas dû.

  • Speaker #0

    Non, non, non. Pour moi, en réalité, tout est expérience. On apprend. On apprend de ce que vous pouvez appeler horreur. Pour moi, c'est des leçons. Des leçons qui permettent d'aller encore plus loin.

  • Speaker #1

    On arrive quasiment au terme de cet échange. On aurait pu continuer encore des heures déjà, mais on va laisser la place à Charlotte de Villemorin, qui est votre invitée des 7 minutes pour changer le monde. Pourquoi Charlotte particulièrement ?

  • Speaker #0

    Alors, Charlotte, c'est une série à l'entrepreneur. C'est cette nouvelle génération de femmes en situation de handicap qui brillent, qui contribuent à faire définitivement bouger les lignes sur les questions de l'accessibilité. L'accessibilité qui est... un poids, une épine dans la botte des personnes en situation de handicap. Et les solutions qu'elles proposent sont pour moi innovantes et permettent... à notre société d'être meilleure.

  • Speaker #1

    Alors on fait une petite virgule pour nos 7 minutes pour changer le monde et puis on se retrouve tout de suite à la fin d'ESA pour évoquer justement cet échange.

  • Speaker #2

    7 minutes pour changer le monde l'écho des solutions.

  • Speaker #1

    Voilà 7 minutes pour changer le monde avec vous Charlotte de Villemora, je suis ravi de vous recevoir j'ai appris votre nom quand d'ESA est arrivé dans les studios j'avais pu partager au deux sens du terme ce qui vous est arrivé dans le TGV et Et qui a été partagé à des milliers et des milliers de... Et je l'ai repartagé sur ma page parce qu'en effet, on en parlait avec Deza, cette accessibilité du quotidien, ce n'est pas la première fois, je pense, que ça vous arrive. Deza vous a présenté comme une entrepreneuse. Qu'est-ce que vous faites ? Je vous découvre un peu en même temps parce que je ne savais pas qui j'aurais en face de moi à ce moment-là. Je découvre en même temps Charlotte de Villemorin. Qu'est-ce que vous faites dans la vie ? Quelle est votre entreprise ? Dans quoi vous êtes entrepreneuse ?

  • Speaker #2

    Alors, je suis entrepreneur depuis un peu plus de 10 ans maintenant. J'ai créé une première entreprise en 2014 qui s'appelle Willys, qui proposait en fait le premier site de location de voitures aménagées pour les personnes en fauteuil entre particuliers. Il y a eu un gros boom de l'économie collaborative, de la location entre particuliers, Airbnb, Drivee, etc. Moi, je me suis dit, quand on est en fauteuil... On a besoin d'une voiture aménagée pour se déplacer, parce que les transports ne sont pas accessibles, on ne peut pas prendre les taxis facilement, il n'y a pas de VTC non plus. Bref, il faut une voiture aménagée. Mais ce sont des voitures qui coûtent cher. Tout le monde n'a pas la chance de pouvoir être propriétaire. Ou quand on se déplace en train, il faut une voiture à l'arrivée. Donc j'ai créé le site Willys, qui permettait de mettre en relation les propriétaires de voitures aménagées avec les personnes en fauteuil. à cause d'un handicap ou à cause de l'âge qui avait besoin de se déplacer. Donc ça c'est une première entreprise que j'ai développée pendant 8 ans, qui maintenant appartient à APF France Handicap. Et depuis un peu plus d'un an, je suis sur un nouveau projet. Alors là j'ai redoublé d'ambition, peut-être décuplé d'ambition. Nouvelle entreprise qui s'appelle NewAV. En fait, Newave, c'est un startup studio autour de la voiture aménagée. Donc,

  • Speaker #1

    toujours la voiture,

  • Speaker #2

    toujours les voitures. Mon truc, c'est la mobilité, la voiture. Je suis convaincue qu'on a besoin de la voiture pour se déplacer quand on est en fauteuil. Et du coup, Newave, on a notamment deux projets phares. Un premier projet industriel complètement fou, où on travaille sur la première voiture électrique accessible. pour les personnes en fauteuil.

  • Speaker #1

    Donc l'écomobilité pour les personnes en situation d'handicap.

  • Speaker #2

    Est-ce que figurez-vous que la mobilité verte, c'est une catastrophe pour l'accessibilité et en fait on régresse énormément en termes d'accès. Les voitures électriques qui sont partout aujourd'hui et qui demain seront vraiment au cœur du parc. Ces voitures-là, on ne peut plus faire rentrer de personnes en fauteuil dedans parce que l'architecture n'a pas été... pensé pour tenir compte des besoins des personnes en fauteuil et on a mis des packs batterie dans le plancher. Donc on ne peut plus abaisser les voitures. Exactement. Demain, il n'y aura plus de voitures si on ne fait rien pour les personnes en fauteuil. Alors que la voiture, c'est vraiment le moyen de se déplacer quand on est en fauteuil. Donc c'est à l'échelle de l'ensemble de l'industrie automobile qu'il y a un problème. Donc on travaille là-dessus et on travaille en parallèle sur l'économie, Le lancement de la première offre de leasing auto accessible aux personnes en fauteuil. Parce que, pareil, en fait, jusque récemment, les personnes avec un handicap n'étaient pas recevables vis-à-vis des partenaires. Des partenaires automobiles.

  • Speaker #1

    Exactement. Pour accéder. Pour accéder. Et ça avance bien cette R&D parce que ça fait deux ans maintenant que vous êtes dessus. On arrive à sortir les premiers véhicules.

  • Speaker #2

    Alors c'est très long un chantier automobile. C'est aussi très cher.

  • Speaker #1

    Oui, parce qu'il faut des partenaires industriels. Est-ce que ça veut dire qu'on se rapproche de grandes marques qui veulent travailler avec vous ? Est-ce que ça veut dire qu'on crée une nouvelle marque de voitures ?

  • Speaker #2

    L'idée, c'est de ne pas travailler seule. Il y a des gens qui savent très bien faire. la construction de voitures, l'assemblage, etc. Nous, on apporte un éclairage différent et on convainc les partenaires automobiles qu'en fait, une voiture accessible... aux personnes les moins mobiles, c'est une voiture super pour plein d'autres gens. Pas que pour les personnes avec un handicap, mais pour toutes les familles nombreuses qui ont besoin de place dans la voiture.

  • Speaker #1

    On ne parle plus de handicap, on parle de modularité du véhicule. Et donc en effet, ça ouvre un marché un peu plus grand, parce que les partenaires automobiles vous diront si c'est pour 5% de la population, sachant que sur la 5% de la population... il y a 10% qui sont en fauteuil, ils vont dire il n'y a pas de marché derrière, il n'y a pas de business. Alors que là, avec la modularité, vous ouvrez un marché beaucoup plus large. Et les familles nombreuses sont souvent exclues aussi d'ailleurs de ces parcs.

  • Speaker #2

    Tout à fait. Et l'idée, c'est vraiment de se dire que quand un design est accessible, ça bénéficie au plus grand nombre.

  • Speaker #1

    Vous êtes née entrepreneuse ou vous êtes devenue entrepreneuse ? Parce qu'il n'y avait pas d'autre job ou parce qu'il y avait un besoin et vous vous êtes dit ce besoin, je vais le faire en créant ma boîte ?

  • Speaker #2

    Non, moi, j'ai commencé à travailler en agence de publicité après mes études.

  • Speaker #1

    Ah, aussi dans la com, comme Desa.

  • Speaker #2

    C'est vrai, on a un peu en commun avec Desa. J'ai fait une grande école de communication et j'ai commencé à travailler en agence de pub, en stratégie de marque. Pour moi, ce qui m'a fait pivoter, on va dire, et choisir l'entrepreneuriat. C'était la question du sens. Et je me disais, est-ce que j'ai envie que ma vie soit consacrée à faire des powerpoints ou des bouteilles de shampoing ? Peut-être pas. Et en fait, moi, j'avais un besoin très concret, qui était que j'avais besoin de me déplacer. Et je me suis dit, en fait, à un moment, on n'est jamais mieux servi que par soi-même. Donc, je vais créer la solution dont j'ai besoin. Et je ne suis pas la seule qui en a besoin. Ça bénéficiera à plein d'autres gens. Et c'est comme ça que j'ai découvert l'entrepreneuriat. Et pour le coup, j'ai vraiment très vite su que c'était fait pour moi, que j'étais faite pour l'entrepreneuriat, parce que moi, j'aime créer, j'aime rassembler les gens, j'aime convaincre. J'aime quand on me dit que ce n'est pas possible et que c'est très compliqué. J'aime bien craquer l'allumette au début qui fait que...

  • Speaker #1

    On leur a dit que c'était impossible et c'est pour ça qu'ils l'ont fait, disent certains. Charlotte, on se retrouvera, je pense, pour soit un portrait, un visage d'entrepreneur, soit dans une autre émission, peut-être autour justement de l'écomobilité, parce que ce sont des sujets qu'on aborde aussi dans l'éco des solutions. Merci beaucoup d'avoir fait le déplacement jusqu'à nous pour ce portrait d'entrepreneur et d'être l'invité de Deza. On fait une petite virgule et je me retrouve juste avec Deza pour clore cette émission.

  • Speaker #2

    L'éco des solutions,

  • Speaker #1

    Patrick Longchamp. On arrive au terme de cette émission. Déza, ma première question, c'était comment vous vous sentiez au début de cette émission ? Ma dernière question, c'est comment vous vous sentez à la fin de cette émission ?

  • Speaker #0

    Je me sens très bien et surtout avec Charlotte à mes côtés. Merci beaucoup.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Déza, de cet échange avec vous. J'étais ravi d'avoir cette veille d'ouverture de ce sommet de la francophonie, de pouvoir évoquer à la fois une femme entrepreneur, francophone, noire. handicapée et qui donne toute sa vie justement pour faire émerger la place des femmes en situation de handicap dans les organes décisionnaires de notre et de nos cités merci beaucoup nous, on se retrouve la semaine prochaine pour une prochaine émission de l'éco des solutions d'ici là, portez-vous toutes et tous très très bien, on se retrouve sur les réseaux sociaux bien évidemment, sur les plateformes respectives de podcast si vous voulez nous écouter en replay, abonnez-vous parce que l'abonnement fait bouger l'algorithme et donc il y aura plus de gens qui pourront écouter déjà, que ceux qui nous écoutent déjà sur les ondes hertziennes. Merci à vous toutes et à vous tous. Bonne écoute de vos radios chrétiennes. À très bientôt. Au revoir.

Description

Le sommet de la Francophonie se tiens en France ce week-end à Villers Cotret avec comme thème « entreprendre créer et Innover en Francophonie » et Deza Nguembock coche toutes les cases elle est Camrounaise, fondatrice d’une entreprise de conseil et stratégie en communication et qui plus est pratique l’art de la photographie. Mais Deza Nguembock c’est aussi une polio à l’âge de 4 ans, une lourde opération de la colonne vertébrale vers 21 ans, des études en France et aux USA et un engagement fort au travers de sa fondation AHADI ( la promesse). Permettre l’émergence du leadership des Femmes en Situation de Handicap. Un exemple vivant que la résilience n’est pas juste un concept. Elle a su transformer Son handicap en force pour mener un combat contre l'exclusion et pour l'inclusion


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Malgré les obstacles qu'impose la société à ceux dont les corps diffèrent des normes. Son parcours est à la croisière des dimensions personnelles et professionnelles et offre une richesse qui se nourrit dans ses propres épreuves, devenant ainsi un chemin d'exemple pour ceux et celles qui choisissent de dépendre. Désane Gembock a été touchée par le handicap dès son plus jeune âge. Son corps marqué par cette réalité physique devient malgré lui un terrain de bataille contre l'exclusion et le rejet. Et si dans les premiers instants de sa vie, son handicap semble vouloir définir ses limites, Désa s'affranchit rapidement de ses murs invisibles. C'est là, dans cette résilience précoce que se forge la femme combative qu'elle est devenue. Après avoir poursuivi des études en communication et en relations publiques, elle fait de son quotidien un vecteur de changement, fondant en 2011 son agence EH Lab, éthique et handicap. Son entreprise n'est... n'est pas qu'un outil commercial, c'est aussi une arme subtile contre les stéréotypes, un moyen de redonner voix et visage à des millions de personnes souvent ignorées ou invisibilisées, avec ce fameux slogan piétinant le handicap. Elle se concentre sur le consulting, en accessibilité, sensibilisation, communication inclusive. Les entreprises françaises, encore hésitantes face à la diversité corporelle et sensorielle, trouvent en Désa une voie qui éveille les consciences et qui secoue doucement mais fermement les préjugés latins. Cependant, son approche n'est pas celle du militantisme agressif. Elle adopte une stratégie peut-être plus subtile, s'inspirant de son propre vécu, insufflant une dose de pédagogie dans chacune de ses actions. Parallèlement à son engagement entrepreneurial, Deza multiplie les projets, surtout autour de la culture. Son exposition photographique, Piétinement, en est un exemple frappant. Par ce biais, elle interroge les représentations visuelles du handicap, démontrant que le corps handicapé n'est pas une image déformée. à compatir, mais une partie intégrante du paysage social esthétique. Alors, sa volonté d'agir en collaboration avec les institutions et les entreprises pourrait apparaître aux yeux de certains militants plus radicaux comme une forme de compromis. L'équilibre qu'elle tente de maintenir entre le monde institutionnel et la cause des personnes en situation de handicap, révèle, relève peut-être parfois d'un exercice périlleux. Pourtant, c'est précisément cette dualité, ce refus de tout ou rien, qui rend son action singulière et finalement efficace. Dans sa quête pour une société inclusive, Désa Nengbok a su tisser un réseau solide autour d'elle, unissant à la fois les acteurs économiques, politiques, associatifs. Mais son combat ne s'arrête pas aux portes de l'entreprise ou de la galerie d'art. Membre de nombreux conseils et panels, elle participe activement à des discussions politiques, des débats publics liés au handicap, prenant une approche politique et systémique du sujet. Ce qui la distingue, c'est son pragmatisme, un pragmatisme teinté d'une lucidité. qu'une seule personne ayant vécu les épreuves de la marginalisation peut pleinement appréhender. Désa Nengbok est celle qui, en silence, transforme le monde sans éclats excessifs, sans coups de poing médiatiques. Elle avance avec la persévérance des grands bâtisseurs. Bonjour Désa.

  • Speaker #1

    Bonjour Patrick.

  • Speaker #0

    Bienvenue dans l'écho des solutions. Bienvenue dans l'écho des solutions. L'écho des solutions. Patrick Longchamp. Voilà, bonjour à toutes et à tous. Nous sommes à quelques jours de l'ouverture du sommet de la francophonie qui va se tenir en France. Après près de 33 ans d'absence dans notre pays, il se tiendra du 4 au 6 octobre. Et il nous a semblé tout à fait naturel de vous offrir le portrait d'une femme entrepreneur dans l'âme, mais aussi d'origine africaine et donc francophone, avec un petit truc en plus, comme on dit désormais. Deza est handicapée, vous venez de l'entendre, et donc restreinte et ralentie dans sa mobilité. Mais je vous rassure, pas dans sa tête. Et c'est cette intelligence vive et son désir de faire avancer la vision et la prise en compte des femmes en situation de handicap que je vous propose de découvrir au travers de son parcours. Rebonjour Deza.

  • Speaker #1

    Bonjour Patrick, je suis très impressionnée par tout ça.

  • Speaker #0

    Vous êtes impressionnée par tout ça. Ma première question avant que nous rentrions dans le vif du sujet Deza, c'est comment vous vous sentez au début de cet entretien ?

  • Speaker #1

    Je suis très très bien, je me sens comme à la maison.

  • Speaker #0

    Comme à la maison.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Et on en profite d'ailleurs pour remercier le centre des jeunes dirigeants qui nous accueille pour cet enregistrement à son siège national. Désa, si vous aviez le pouvoir de faire apparaître une photo idéale, celle qui n'a jamais été prise, qui ne sera peut-être même jamais prise, ce serait laquelle ? Si vous deviez nous la décrire, elle serait comment cette photo ?

  • Speaker #1

    Alors c'est une photo qui ressemble à une photo de famille. Je suis quelque part dans les bras de mes parents, surtout mon père qui me portait beaucoup. Quand j'étais souffrante à 4 ans, à l'âge de 4 ans, à Yaoundé dans un hôpital. À côté de mon père, il y a mon petit frère qui a juste un an et demi d'écart avec moi. Ma grande soeur de l'autre côté, ma mère derrière mon père, deux ou trois voisines qui nous entouraient. C'est une image qui m'a accompagnée.

  • Speaker #0

    Il y aurait quoi comme paysage ? Ce serait à Yaoundé tout ça ?

  • Speaker #1

    Exactement à Yaoundé, mais dans un hôpital puisque j'étais entre 4 ans et 9 ans très souvent à l'hôpital. Quand ce n'était pas à l'hôpital occidental, c'était chez les guérisseurs.

  • Speaker #0

    On pourrait peut-être d'ailleurs mettre cette description dans l'outil d'intelligence artificielle. Comme vous le savez, parce que vous avez écouté les portraits précédents, cette introduction, ce portrait, il est fait à partir de ce que l'intelligence artificielle, le chat GPT a pu trouver. sur les réseaux, ce que moi j'ai pu lui apporter aussi comme matière. Qu'est-ce que vous en pensez ? Est-ce qu'il y a des choses qui ont été non dites ? Est-ce qu'il y a des choses qui ont été peut-être trop magnifiées, d'autres pas assez ? Comment vous le ressentez ce portrait ? Est-ce qu'il y aurait des petites touches à rapporter ?

  • Speaker #1

    Ça fait bizarre de s'entendre, de se présenter, d'écrire de cette manière. Je trouvais que c'était... Enfin, je n'avais pas l'impression que c'était moi.

  • Speaker #0

    Vous n'avez pas l'impression que c'était vous ?

  • Speaker #1

    Non, pas du tout. Mais bon, c'est le sens du combat quand même que je mène. Il y a beaucoup de choses qui étaient très justement dites, mais j'ai l'impression, avec un peu de recul, que ça fait beaucoup. Je n'ai pas l'impression que j'arrive à réaliser tout ce qui a été dit là.

  • Speaker #0

    On a beaucoup de choses à dire. On a peu de temps, enfin peu de temps. On a quand même 50 minutes pour échanger. On va bien sûr évoquer dans une première partie votre actualité. C'est la fondation Ahadi. Ahadi, oui.

  • Speaker #1

    Ahadi qui veut dire en swahili, promesse.

  • Speaker #0

    Alors on va justement voir quelles sont les promesses que vous voulez tenir au travers de cette fondation. Dans la première partie, vous serez notre invité éco de cette semaine. Dans la deuxième partie, on découvrira votre parcours depuis Yaoundé jusqu'à aujourd'hui ici au CJD. Et puis votre invité, c'est Charlotte de Villemorin qui est votre invitée des 7 minutes pour changer le monde parce que vous pensez qu'elle peut changer un peu la donne. Vous nous en direz peut-être un petit peu plus pour nous la présenter quand elle nous aura rejointe. Mais pourquoi ? D'abord, ce choix, Charlotte, elle représente quoi ?

  • Speaker #1

    Charlotte, c'est la nouvelle génération de femmes en situation de handicap qui doivent aujourd'hui prendre la place dans la lumière autour de la table des décisions, des hautes décisions pour éclairer les politiques publiques sur le handicap. On en a marre que ce soit toujours des personnes non concernées par le handicap qui prennent les décisions en haute place.

  • Speaker #0

    Et on va tout de suite ouvrir d'ailleurs cette première partie. Vous êtes notre invité écho de cette semaine d'ESA, juste après cette petite virgule. Et on se retrouve.

  • Speaker #1

    L'invité éco,

  • Speaker #0

    Patrick Longchamp. Alors Désa, on va parler de votre actualité, mais il y a deux faits d'actualité que j'aimerais évoquer avec vous, deux faits marquants. Le premier, c'est le nouveau gouvernement, pas de ministère du handicap.

  • Speaker #1

    Mais finalement, avec la pression qui a été mise depuis samedi soir, j'ai écrit une première tribune dès l'annonce de ce gouvernement. Il a été annoncé hier qu'il y aura finalement un ministre délégué en charge du handicap.

  • Speaker #0

    On ne sait pas qui encore.

  • Speaker #1

    On ne sait pas. On a entendu dire que c'est une femme, mais on ne sait pas qui.

  • Speaker #0

    Alors ce qui aurait été très bien c'est que ce soit une personne en situation de handicap qui soit nommée ministre du handicap ou pas ?

  • Speaker #1

    Pas nécessairement, les personnes handicapées ont beaucoup d'expertise, peuvent apporter un éclairage, peu importe le ministère qu'on leur donne Il ne faut pas être assigné au handicap parce qu'on est en situation de handicap Alors il y avait eu un député qui avait été,

  • Speaker #0

    mais bon malheureusement il a été rattrapé par d'autres affaires Comme quoi, mais c'est intéressant, comme quoi la personne handicapée peut être aussi une personne comme les autres Mais...

  • Speaker #1

    Avec les mêmes vies et les mêmes bontés. Une personne handicapée, c'est une personne comme les autres. C'est un citoyen comme les autres. Il faut éviter de croire que parce qu'on est handicapé, on va forcément être des anges.

  • Speaker #0

    C'est ça, exactement. Et les Jeux paralympiques, comment vous les avez vécu ? Alors j'ai vu sur les réseaux sociaux que vous les avez vécu difficilement pour atteindre, et vous n'êtes pas la seule, Caroline Fruchot qu'on avait reçue avec vous d'ailleurs à la fin de la saison dernière. ont aussi relaté que ce n'était pas si simple que ça pour arriver aux tribunes. Mais en tout cas, on a bien mis en avant ces sportifs de haut niveau pendant ces Jeux paralympiques.

  • Speaker #1

    Ce qui est tout à fait normal. C'est une tribune exceptionnelle pour parler du handicap, surtout pour montrer à quel point les personnes handicapées sont capables de faire des choses lorsque les barrières sont levées. C'est ce que j'aimerais que tout le monde retienne. Les sportifs en situation de handicap ont les moyens de performer. C'est avec beaucoup d'entraînement, beaucoup de persévérance. qu'ils arrivent à faire ce qu'ils ont pu nous montrer durant cette période paralympique.

  • Speaker #0

    Alors on va rentrer directement dans le vif du sujet parce que le Covid, et on en parlera peut-être tout à l'heure, a eu raison de la première entreprise. Mais comme on dit, il n'y a peut-être qu'en France où l'échec est un échec. Au-delà des anglo-saxons, l'échec est plutôt un levier de réussite. Vous repartez sur un autre projet qui est la fondation AAD.

  • Speaker #1

    Je reviens juste sur EH Lab, qui a été une très belle aventure. Mais en fait... Cette aventure est arrivée à son terme parce qu'aussi... Quelque chose d'autre m'appelait. AHADI Foundation m'appelait. C'est une mission qui est beaucoup plus grande.

  • Speaker #0

    Donc, ce n'est pas que la COVID et le fait que l'activité économique se soit ralentie ?

  • Speaker #1

    J'ai envie de dire qu'en fait, c'est un prétexte pour passer à autre chose. Bien sûr, le COVID a beaucoup impacté EHLAB, mais le projet AHADI est encore beaucoup plus important que ce que j'ai pu faire auparavant.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'on peut dire que le premier projet d'entreprise était un petit peu l'incubateur ?

  • Speaker #1

    Exactement, parce que de toute façon, c'est ce que j'arrive à faire avec AHADI en un an. C'est parce que j'ai tout accumulé tout au long de toutes ces années avec EHLAB que j'ai pu aller aussi vite. Parce qu'aujourd'hui, quand j'arrive et que je présente ARADI, on a l'impression que c'est un projet d'une décennie.

  • Speaker #0

    Alors parlez-nous un peu d'ARADI, de cette promesse que vous nous faites.

  • Speaker #1

    La promesse, c'est la promesse d'accompagner l'autonomisation des femmes en situation de handicap à travers le monde, au-delà de cette autonomisation économique, parce que c'est vraiment le nerf de la guerre. Pour moi, il est important que les personnes handicapées puissent être... financièrement indépendantes pour pouvoir prendre en charge leur vie et au-delà de leur propre vie, c'est aussi leur communauté. Mais Hadis, son combat essentiel, c'est d'amener les femmes en situation de handicap dans les instances de décision à la fois sociale, économique et politique.

  • Speaker #0

    Et ça, c'est votre premier programme, pouvoir d'agir et leadership chez les femmes.

  • Speaker #1

    Oui, très bien, parce que le leadership n'a jamais été utilisé pour les personnes en situation de handicap. On parle toujours d'aider les personnes handicapées, et on parle... On pense toujours à ces personnes comme des victimes de la vie, des victimes de leur handicap. On ne voit pas ces personnes comme des acteurs et des actrices qui peuvent aussi changer le monde. Donc aujourd'hui, on va utiliser ce levier pour montrer que derrière le handicap, derrière la vulnérabilité, il y a beaucoup de richesses et que ces personnes-là peuvent, comme tous les autres citoyens, prendre la part autour de la table. des décisions.

  • Speaker #0

    Chacun à son niveau, parce que le handicap c'est quelque chose de très large. A tel point d'ailleurs, je vais revenir peut-être sur les Jeux paralympiques, mais Pascal Andrieux nous le disait, et vous le connaissez bien, Pascal nous le disait à la fin de la saison dernière, par exemple les trisomiques étaient exclus des Jeux paralympiques, alors qu'ils sont quand même porteurs aussi d'un handicap. Donc la différence des handicaps fait aussi qu'on peut avoir une vision de la société qui se concentrent, et d'ailleurs très souvent le handicap c'est lié à un fauteuil dans l'esprit du genre.

  • Speaker #1

    Dans l'imaginaire collectif parce qu'on a utilisé ces symboles, oubliant que les personnes en situation de handicap représentent moins de 5% de la population. J'ai envie de dire que cette façon de cloisonner le handicap, c'est ça qui amène aussi cette tension, parce que si on voyait une seule communauté qui pouvait défendre les droits des personnes handicapées, on n'en serait pas là, parce qu'il faut dire que c'est une question de droit. Si les personnes handicapées sont traitées de la manière dont elles sont traitées aujourd'hui, c'est simplement parce que leurs droits ne sont pas respectés. Donc on va remettre ce sujet sur la table pour essayer de faire respecter les engagements qui sont pris par notre État, à la fois au niveau européen et au niveau des Nations Unies.

  • Speaker #0

    Alors racontez-nous un peu l'histoire, cette promesse du pouvoir d'agir et leadership, ce programme. Il est constitué comment ? Qu'est-ce que vous allez développer au sein de ce premier programme ? Parce qu'il y a un autre versant qui rejoint aussi ce qui était dit dans l'introduction. une autre version plus culturelle aussi. Mais sur ce premier programme.

  • Speaker #1

    Le programme phare, c'est le programme. En fait, Ahadi Foundation a une mission. C'est la transformation des perceptions du handicap à travers le leadership qui est utilisé comme levier d'émancipation économique pour amener les femmes handicapées dans les hautes instances décisionnelles à la fois politiques, sociales et économiques. En partant d'un groupe de rôle modèle, c'est des femmes qui sont déjà établies dans leur carrière. On va... les choisir sur trois critères. Elles doivent être soit chefs d'entreprise, soit élus politiques, soit cadres en entreprise avec l'idée qu'elles vont être accélérées dans leur leadership pour ouvrir la voie à d'autres femmes handicapées qui seront accompagnées à travers les communautés créées par nos ambassadrices. Ces femmes handicapées, elles seront choisies sans critères. Il faut juste qu'elles aspirent à devenir des leaders à leur tour. On va les accompagner avec un programme de développement personnel et ensuite elles seront accompagnées dans des programmes d'incubation. soit politique, soit économique, soit entrepreneuriale. Donc l'idée, c'est vraiment de créer une communauté solide, solidaire, crédible de femmes handicapées à l'échelle internationale pour partager des pratiques, mettre la pression à nos États qui ne respectent pas nos droits. On va leur demander de respecter cette charte des Nations Unies, cette Convention des Nations Unies sur quatre articles qui sont les discriminations croisées pour les filles et les femmes handicapées, l'accessibilité, la question épineuse. Pour nous, à Paris, on la vit au quotidien. On est tous des médaillés olympiques du quotidien à cause de l'inaccessibilité de la ville. On va leur demander de respecter sur l'employabilité, évidemment, et la participation à la vie politique. Parce qu'il est aujourd'hui inacceptable qu'en 2024... On parle de gouvernement, on ne voit aucune personne handicapée qui est nommée à aucun poste.

  • Speaker #0

    Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que ces personnes qui seront repérées à l'échelle mondiale, qui vont pouvoir être accélérées finalement dans leur appréhension du leadership, ça veut dire quoi ? Ça veut dire que tout ce réseau va être à l'affût des postes dans des conseils d'administration, dans des ministères, dans des hautes instances de l'ONU, pour dire, écoutez, là, il y a un poste, on va pousser cette candidature-là parce que cette femme-là... elle est top et elle va faire un travail aussi bon qu'une femme ou un homme.

  • Speaker #1

    D'abord, on crée des outils pour accélérer leur leadership. Ça veut dire les outiller pour qu'elles puissent évidemment briller avec tout ce qu'elles peuvent avoir dans les domaines respectifs qu'elles ont, à la fois dans les entreprises privées, à la fois dans la politique et à la fois dans la création d'entreprises. Il faut impérativement, enfin, ça part aussi de l'ordre. propre désir. On n'est pas là pour les pousser là où elles ne veulent pas être. C'est à elles de briller. Nous, on leur apporte juste l'écosystème, l'influence nécessaire pour qu'elles puissent être repérées. D'abord, la première chose à dire, c'est qu'une fois qu'elles sont accélérées dans leur leadership, elles vont entamer un dialogue. C'est ce dialogue-là qui permet à nos États de respecter, de garantir à l'échelle de 2030 les droits des personnes handicapées sur les quatre articles.

  • Speaker #0

    Est-ce que ça veut dire, par exemple, qu'il faut aussi les inclure dans des programmes comme l'IHEDN, comme... toutes ces instituts qui forment, alors pas forcément des leaders, mais en tout cas qui créent des réseaux d'influencers et de leaders.

  • Speaker #1

    Il faut impérativement qu'elles soient dans ces réseaux. On crée d'abord une communauté, une communauté qui a un espace bienveillant, sécurisant, pour leur permettre d'être elles-mêmes, de partager entre elles, de s'auto-émuler pour aller encore à un autre niveau, pour les amener dans un second temps dans tous ces écosystèmes où on parle de leadership, où on parle de leadership féminin.

  • Speaker #0

    Hadi et Odoxa ont révélé dans une récente étude qu'en France, il y avait encore de forts préjugés sur la question du handicap. Pour vous, quels sont les leviers qu'il faut actionner pour faire évoluer ces mentalités ?

  • Speaker #1

    Moi, je pense qu'en montrant, parce que déjà, dans l'inconscient collectif, il y a une présomption d'incompétence avec le handicap. Dès qu'on dit handicap, on voit tout ce qui est négatif. En montrant la possibilité que ces femmes-là, elles ont déjà ce leadership dans les médias, partout dans la société. on pourra déjà piétiner les préjugés de l'incompétence des personnes handicapées. Donc il faut donner de la visibilité.

  • Speaker #0

    En fait, il faut lever le levier de la peur. Il faut enlever la peur, la crainte, la complexité que peut générer notre esprit sur la question du handicap, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Je pense que le mot handicap, en lui-même, il crée beaucoup de peur. Il crée envie. Il faudrait le changer ? Pas nécessairement, il faudrait juste qu'on l'appréhende différemment. C'est pour ça qu'on est là pour travailler, et de faire en sorte que les personnes... qui soient en situation de handicap ou celles qui n'ont pas de handicap, puissent se rencontrer. Parce que c'est dans la rencontre qu'on va créer cette connaissance et cette acceptation des différences.

  • Speaker #0

    Alors vous avez travaillé également avec un autre programme qui s'appelle Arts et Culture, parce qu'on voit bien que l'art, la photographie vous est propre. D'ailleurs, quand on regarde sur Internet vos photos, c'est des photos extrêmement artistiques, de très belles robes. Vous jouez avec votre handicap, avec votre béquille, avec... avec ce qui est votre personnalité et ce qui fait quelque chose de beau, peut-être parfois même plus beau qu'une jolie photo de chez Harcourt. Excusez-moi si Harcourt nous écoute. Mais pourquoi agriculture ? Pourquoi avoir intégré cette notion d'art chez Aedi ? C'est une autre promesse ?

  • Speaker #1

    En réalité, c'est juste le prolongement de ce que j'ai toujours fait. Avant même EH Lab, l'art a précédé tout ce que j'ai fait. C'est une façon déjà de se rencontrer avec soi-même. À travers l'art, on peut aussi rencontrer l'autre, l'autre qui est différent. Ça permet vraiment cette création de connaissances, ce développement d'interconnaissances qui permet de dépasser le handicap et de rencontrer la personne humaine. Donc en réalité, la promesse de transformer les perceptions du handicap passe non seulement par l'exemple de ces femmes leaders, mais ça passera par les installations artistiques. qui vont donner une tribune aux personnes handicapées de nos communautés et de venir éclairer les publics sur leur réalité de vie.

  • Speaker #0

    Comme quoi la beauté peut sauver le monde, l'art peut sauver le monde ?

  • Speaker #1

    L'art sauve le monde. Moi, je pense que l'art m'a sauvée. S'il n'y avait pas l'art, je ne pense pas que je serais la même femme en face de vous.

  • Speaker #0

    Alors vous vous êtes engagée autrement, parce qu'on parlait de leadership. En 2022, vous vous présentez aux élections législatives. J'ai regardé le score. Bon, ce n'était pas un gros score, mais ça a été une tribune pour vous.

  • Speaker #1

    Je dois d'abord rappeler que j'ai pris cette décision de me présenter à un mois et demi des élections législatives. Donc ça a été un challenge réussi. Vous étiez non plus dans la circonscription. Non seulement ça, je n'étais pas en politique. Je me suis présentée comme candidate indépendante en un mois et demi. Il fallait faire valider déjà la candidature. Ça a été un long chemin de combattant. Et ensuite, il fallait faire imprimer d'abord les bulletins. Ça, c'était aussi un autre challenge. Je pense que si je n'avais pas eu mon agence de communication précédemment, ça n'aurait juste pas été possible. Et j'ai eu seulement trois semaines de campagne avec les autres candidats qui passaient leur temps à enlever nos affiches de campagne. Donc ça a été une belle expérience pour moi. qui va me préparer à la suite dans quelques mois.

  • Speaker #0

    Et Charlotte de Villemorin, qu'on va recevoir à la fin de cette émission, elle a été candidate aux législatives en 2023. Qu'est-ce que vous gardez de cette campagne, Deza ?

  • Speaker #1

    D'abord, je me suis engagée pour une raison principale, c'était de parler à la jeunesse. Parce qu'en fait, le soir de la réélection d'Emmanuel Macron, je me suis sentie profondément attristée, alors que j'ai voté pour lui et je ne voulais pas du tout... Le contraire de ce pourquoi on se lève tous les jours pour se battre contre. Alors je me suis dit qu'il se passe quelque chose de grave dans le pays et que si je devais rester là, il fallait impérativement faire quelque chose.

  • Speaker #0

    Je vous propose qu'on retrouve Maxime Pavlac pour la chronique des entrepreneurs et dirigeants chrétiens. Et ça va dans le droit fil de ce que vous dites. Maxime revient sur ce paradoxe entre ces personnes du nord de la France qui ont vécu des traumatismes liés aux raisons climatiques, aux inondations en particulier. et qui, paradoxalement, ont voté de manière très majoritaire pour le Rassemblement national. On écoute, on retrouve tout de suite Maxime Pavlac et on échange après justement sur ce paradoxe.

  • Speaker #2

    Pour une économie du bien commun, la chronique des entrepreneurs et dirigeants chrétiens, Maxime Pavlac.

  • Speaker #0

    Voilà, il est donc temps de retrouver à nouveau pour cette nouvelle saison Maxime Pavlac. Bonjour Maxime.

  • Speaker #3

    Bonjour Patrick.

  • Speaker #0

    Alors aujourd'hui, Maxime, vous souhaitez revenir sur la montée du vote écolo-sceptique lors des... dernières élections qui remontent au mois de juin, Maxime.

  • Speaker #3

    Oui, effectivement. Je voudrais faire écho à une chronique de Stéphane Mandart dans le journal Le Monde qui évoquait le paradoxe observé à Blendec, dans le Nord-Pas-de-Calais, lors des élections européennes et qui s'est d'ailleurs confirmé aux législatives. En fait, cette ville a été l'épicentre des inondations qui ont frappé le nord de la France il y a quelques mois maintenant et pourtant... Malgré les effets désastreux du dérèglement climatique, les habitants ont massivement voté pour le Rassemblement national, un parti qui est notoirement écolo-sceptique.

  • Speaker #0

    Cela semble effectivement paradoxal. Comment est-ce que l'on peut expliquer cela, Maxime ?

  • Speaker #3

    Évidemment, je pense que l'écologie n'est pas le seul ou principal catalyseur du vote RN. Mais cependant, les témoignages sur place révèlent un sentiment de fatalité et une colère dirigée contre les écolos. Une habitante disait par exemple tout le monde est en colère contre ces écolos qui préfèrent sauver les grenouilles plutôt que sauver les maisons C'est un langage martelé par certains politiques qui détourne la responsabilité des inondations vers des mesures de protection de la biodiversité, alors que les véritables causes sont évidemment ailleurs.

  • Speaker #0

    Alors quelles sont ces causes, Maxime, ces causes réelles de ces inondations ?

  • Speaker #3

    Ces inondations exceptionnelles résultent du dérèglement climatique, avec... des pluies d'une intensité exceptionnelle, combinées à l'urbanisation excessive, la bétonisation des sols et certaines pratiques agricoles. En fait, le taux de bétonisation des sols est là-bas, dans le Nord-Pas-de-Calais, bien au-dessus de la moyenne nationale. Par ailleurs, l'industrialisation de l'agriculture a contribué à cette situation par l'arrachage des haies et la dégradation des terres arables. Ces facteurs rendent des paysages moins résilients face aux précipitations extrêmes. qui sont, il faut le dire, plus fréquentes et plus intenses du fait du dérèglement climatique. Donc améliorer les infrastructures fluviales et les canaux, c'est bien sûr nécessaire, mais il ne faut pas perdre de vue les origines premières de cette catastrophe.

  • Speaker #0

    Alors est-ce qu'il n'y a pas, Maxime, un manque de compréhension des véritables enjeux, en fait ?

  • Speaker #3

    Si, absolument. En fait, nous sommes face à une crise de l'intelligibilité du monde, où les liens de causalité sont brouillés. Les habitants votent pour des politiques qui aggravent leur situation, pensant résoudre leurs problèmes immédiats. Et c'est là que réside le danger d'une proposition politique qui prospère sur la détresse et la désinformation. Néanmoins, l'écologie politique a, je pense, sa part de responsabilité en ayant parfois donné l'impression qu'elle faisait passer la nature avant les hommes.

  • Speaker #0

    Alors comment est-ce que l'on pourrait, Maxime, changer cette perception et faire comprendre les véritables enjeux aux citoyens ?

  • Speaker #3

    Je pense que ce qui est central, c'est que l'écologie doit toujours agir avec l'homme au centre. Nous n'agissons pas pour sauver la planète, mais pour sauver notre maison commune et donc l'homme qui y habite. C'est une vision chrétienne d'une écologie humaine. Il est crucial que l'écologie politique intègre cette dimension. Une écologie intégrale doit inclure la justice sociale et le respect de la création. En mettant l'homme au cœur de nos préoccupations écologiques, nous pouvons réellement avancer et éviter que les électeurs ne votent contre leurs propres intérêts.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Maxime Pavlac. On se retrouve le mois prochain pour une prochaine chronique des entrepreneurs et dirigeants chrétiens avec vous et avec Nicolas Masson la semaine prochaine. Merci beaucoup. Nous, on continue notre émission. Vous êtes dans l'écho des solutions, un visage d'entrepreneur avec Désa Nengbok.

  • Speaker #2

    RCS,

  • Speaker #0

    l'écho des solutions. C'est assez paradoxal d'Esa de voir qu'à la fois le climat vient impacter des foyers et que d'un autre côté, le Rassemblement national arrive en tête dans ces régions. Qu'est-ce que vous en pensez ? Comment ça vous fait réagir ?

  • Speaker #1

    Je pense en réalité que ce que j'ai essayé de porter dans ma campagne, c'est d'expérimenter des solutions à l'échelle de nos quartiers. C'est là où ça doit se passer. Parce que les gens, ils sont là, ils attendent que les politiques apportent des réponses. Les politiques, malheureusement, ne nous apportent pas des solutions. Il faut une vraie démocratie participative. Il faut aller sur les territoires, expérimenter des solutions parce que les gens qui vivent ces problématiques, ils ont des idées de solutions. Il faut les expérimenter pour les amener à participer, avoir le sentiment de participer. Et c'est comme ça qu'on va faire changer les choses.

  • Speaker #0

    Je vous ai demandé de choisir... Une musique, une chanson pour nous accompagner et pour faire une petite respiration dans cette émission. Qu'est-ce que vous avez choisi, Deza ?

  • Speaker #1

    Alors, je dirais une chanson de Mélodie Gardot. With love in Paris.

  • Speaker #0

    With love ?

  • Speaker #1

    With love.

  • Speaker #0

    With love.

  • Speaker #1

    With love from Paris.

  • Speaker #0

    From Paris. Mélodie Gardot.

  • Speaker #1

    From Paris with love.

  • Speaker #0

    Mélodie Gardot. Mélodie Gardot. Sur RCF, on est avec Deza Nengbok pour son portrait et son visage d'entrepreneur. On se retrouve tout de suite après pour évoquer votre parcours, Deza.

  • Speaker #2

    Maybe one day I will see you soon With love, my love A kiss beneath the moon

  • Speaker #0

    Alors Désart, on va défiler votre histoire au fur et à mesure de cet échange, mais on va juste laisser votre invitée qui vient de nous rejoindre, Charlotte de Villemorin, nous rejoindre. On va la laisser rentrer dans le studio, notre studio d'un jour ici au Centre des Jeunes Dirigeants. Bonjour Charlotte, soyez la bienvenue. Prenez place à côté et puis on vous donnera la parole à la fin de notre émission. pour nos 7 minutes pour changer le monde. Deza, quels sont les grands moments de votre enfance que vous gardez à Yaoundé ? Et puis on verra à partir de quel âge vous avez quitté le Cameroun pour venir en France.

  • Speaker #1

    Je commencerais par dire que j'ai grandi d'abord à Ezeka avant d'être transférée à Yaoundé, parce que je suis tombée malade. A Yaoundé, c'était... Une période où j'étais souffrante, j'étais hospitalisée.

  • Speaker #0

    Iseka, c'est votre village natal ? C'est là où vous êtes née ?

  • Speaker #1

    Non, je ne suis pas née à Iseka. Mon père était professeur, donc il a été beaucoup affecté. Je suis née à Otele.

  • Speaker #0

    Lors d'une désaffectation, ensuite mon père a décidé de retourner à Ezeca qui était une petite ville à côté de son village natal où il a créé un collège où il a accompagné pas mal de personnes qui n'avaient pas de diplôme mais qui travaillaient à l'époque coloniale. Et donc j'ai été malade à 4 ans et j'ai été transférée à Yaoundé. Donc j'ai passé beaucoup de temps dans les hôpitaux à Yaoundé. Cette période, elle était douloureuse mais elle était à la fois familiale, elle était chaleureuse. La chaleur familiale m'a porté et c'est ce qui continue de me porter aujourd'hui. Parce que très tôt, la souffrance était effacée par la présence. Au-delà de ma famille, c'est toute la communauté, c'est les personnes du quartier qui étaient toujours, qui délaillaient mes parents et qui étaient toujours à mon chevet. C'est ce que je garde de cette période.

  • Speaker #1

    Et comment vous avez vécu cette période de la maladie ? Vous dites, il y a eu cette chaleur humaine qui était autour de moi. Vous compreniez que ça allait impacter votre vie à ce moment-là ou pas encore ? Vous n'en aviez pas encore conscience réelle ?

  • Speaker #0

    Je n'avais pas conscience des impôts. impact douloureux ou sociétaux que ça pouvait engendrer plus tard. J'avais conscience que j'étais une enfant malade, mais au-delà de la maladie, quand j'ai pu récupérer un peu d'énergie, je suis retournée à l'école, j'ai pu être avec les autres enfants, c'est les autres enfants qui trouvaient toujours des solutions. Au Cameroun, il y a toujours un plan B, un plan C, un plan

  • Speaker #1

    D. Vous dites d'ailleurs que peut-être l'Afrique du Cameroun dans laquelle vous avez vécu était peut-être plus... plus à même à accepter la personne en situation de handicap que lorsque vous êtes arrivée en France.

  • Speaker #0

    Oui, la différence a été flagrante quand je me suis inscrite à la Sorbonne Nouvelle. Je suis rentrée le premier jour en fauteuil roulant, je n'avais pas conscience. Je n'avais pas dit que j'étais handicapée, je n'avais pas conscience qu'il fallait l'annoncer. Et donc je me suis retrouvée face aux escaliers, il n'y avait pas de plan B. Comme toujours au Cameroun, on a trouvé des solutions.

  • Speaker #1

    On trouve toujours des solutions. À quel âge vous prenez vraiment conscience de ce handicap et à quel moment vous vous dites de ce handicap qui peut être une faiblesse pour le monde extérieur,

  • Speaker #0

    je vais en faire ma force en fait ça je ne me le dis pas je me le dis pas, je me rends juste compte que je suis en train de le faire je suis en train d'agir, parce que c'est quand je suis rentrée dans le monde professionnel, que j'ai commencé à chercher du travail, que je mettais naïvement la mention de travailleur handicapé sur mon CV et qu'il ne se passait rien, c'est là où la conscience a commencé à grandir j'ai compris en enlevant... La mention de travailleurs handicapés, mon téléphone n'a pas arrêté de sonner. Là, je me suis dit qu'il faut agir et je suis rentrée dans cette action. Mais ça n'a pas été quelque chose de réfléchi en amont. C'est juste la situation m'a propulsée à agir.

  • Speaker #1

    À quel âge et pourquoi vous quittez le Cameroun ? Pour les soins ou pour les études ?

  • Speaker #0

    Pour les soins, je suis partie du Cameroun parce que j'étais très fatiguée. J'avais une insuffisance respiratoire très sévère. Je ne pouvais pas parler à cette époque comme je vous parle là maintenant. J'étais très essoufflée. Et donc, il fallait avoir une arthrodèse qui est une opération. on ouvre la colonne vertébrale pour fixer la scoliose pour qu'elle ne continue pas d'évoluer. Et c'est comme ça que j'ai récupéré un peu de capacité respiratoire.

  • Speaker #1

    Vous aviez quel âge à ce moment-là ?

  • Speaker #0

    J'avais 21 ans quand je suis arrivée, c'était en 96.

  • Speaker #1

    En 96. Et là, ce sont les études et la communication. Vous y allez par conviction ? C'est vers ça que vous vous êtes... Vous vous destinez au départ ?

  • Speaker #0

    Non, en fait, j'ai commencé par faire LLCE, Langue, Littérature, Civilisation étrangère. Donc, je me destinais à être traductrice ou professeure d'université. Après, à un moment donné, j'avais envie de bifurquer en communication et ce n'était pas possible en France. Une fois qu'on a choisi un cursus en l'UIRES.

  • Speaker #1

    À l'époque, à l'époque. Ça s'est vachement amélioré.

  • Speaker #0

    C'est très bien. Et après, j'ai choisi d'aller aux États-Unis pour pouvoir faire autre chose.

  • Speaker #1

    Donc, finalement, vous avez une triple culture, une culture africaine, une culture... Anglo-saxonne et américaine, une culture française. Est-ce que c'est le fruit de ces trois cultures qui font que vous êtes la Désa d'aujourd'hui, en plus du handicap ?

  • Speaker #0

    Je pense définitivement que oui, le fait de voyager, d'aller à la rencontre d'autres cultures, d'aller à la rencontre d'autres réalités, permet cette ouverture. Mais j'ai envie de dire que c'est quand même ma famille, c'est quand même de là où je viens, que ce socle-là a été ancré, très profondément ancré. Parce que dans ma famille, c'était déjà une mini société. Je suis septième d'une fratrie de douze. Mais il n'y a jamais eu que mes frères et sœurs et mes parents. Il y a toujours eu des cousins, des cousines, des oncles, des tantes. À chaque fois, il y a eu une trentaine de personnes dans mon foyer familial.

  • Speaker #1

    Quelles sont les personnes qui vous ont marquées dans votre famille ? J'appelle ça souvent les héros du quotidien.

  • Speaker #0

    Mes parents, mon père et ma mère. Mais en réalité, en regardant notre histoire aujourd'hui, je vois que ma grand-mère, la mère de mon père. La mère de mon père a été une héroïne par son parcours.

  • Speaker #1

    Comment ça ? Quel était le parcours de cette grand-mère et pourquoi ?

  • Speaker #0

    Cette grand-mère, elle a été mariée quand elle avait à peine 14 ans. Donc, elle a été mariée à un homme qui avait... je pense plus de 50 ans, qui est morte très tôt, parce que mon père n'avait que 4 ans quand son père est mort. Et dans ce village-là, à l'époque, quand un homme meurt, la femme, la veuve, est donnée à son beau-frère, à quelqu'un de la famille. Et ma grand-mère, à l'époque, elle a dit non, elle ne resterait pas. Elle a payé sa dot, elle a travaillé pour payer sa dot et s'affranchir. Et c'est comme ça qu'elle est repartie du village avec mon père et ma tante.

  • Speaker #1

    On va évoquer un peu cette agence de communication, le LH Lab.

  • Speaker #0

    Oui, H Lab, Esthétique et Handicap Lab.

  • Speaker #1

    Esthétique et Handicap Lab. Racontez-nous un peu cette entreprise. C'était une auto-entreprise, vous avez eu des collaborateurs, vous avez été en situation de management ?

  • Speaker #0

    C'était une société commerciale, c'était une SARL. C'était d'ailleurs la première société commerciale en France avec une mission sociale. A l'époque, quand je l'ai créée en 2011, il n'y avait pas d'entreprise en mission. J'ai mis sur l'objet social, faire évoluer. Les perceptions du handicap à travers des campagnes grand public. C'est ce que je fais. C'était une société avec une partie non-profit qui était autour des campagnes artistiques qui n'étaient pas commandées par un client. C'est moi qui décidais de développer une campagne à travers une thématique et de la déployer. Et ensuite, il y avait un offre business qui permettait de gagner de l'argent pour développer mes campagnes et payer mes salariés. J'avais huit salariés à l'époque.

  • Speaker #1

    Huit salariés dans cette entreprise. Quand vous commencez, vous commencez toute seule, bien évidemment. Exactement. Vous allez convaincre les banques, peut-être ? pour aider ? Comment vous avez fait votre entreprise, Deza ?

  • Speaker #0

    En fait, j'avais travaillé précédemment dans une autre agence de com, et j'ai décidé de partir. Au lieu de gagner, je ne sais pas, pour l'emploi, des allocations, j'ai demandé à prendre tout ça en une seule fois, et j'ai investi cet argent dans mon entreprise. Ensuite, j'ai gagné quelques prix qui m'ont permis d'investir. Les entreprises ou les banques ont été très réticentes. Parce que quand on est en situation de handicap, évidemment, il faut donner des cautions, des cautions qui sont très compliquées.

  • Speaker #1

    On va dire femmes et en situation de handicap. Femmes,

  • Speaker #0

    poids et handicap. Il y a un cumul de handicap qui constitue une réelle barrière quand on veut entreprendre. Mais heureusement, on a pu faire des choses qui ont pu convaincre.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que vous gardez de cette période de chef d'entreprise ? Je ne parle pas de l'action que vous avez menée, de cette période de chef d'entreprise. parce qu'on le dit bien et on est ici au Centre des Jeunes Dirigeants, on apprend parfois à gérer une entreprise, on apprend la gestion, on apprend le management et je mets des guillemets autour de ça, mais on n'apprend pas forcément toujours à être dirigeante ou dirigeant d'entreprise. Qu'est-ce que vous avez appris dans cette période de direction d'entreprise et de management de 8 collaborateurs ?

  • Speaker #0

    J'ai appris qu'il faut déjà prendre soin de soi. Parce qu'en réalité, les dirigeants d'entreprise sont toujours en train de prendre soin des autres. On demande beaucoup de garanties. Qu'est-ce qu'on fait pour les salariés ? Il n'y a personne qui, en réalité, s'occupe du chef d'entreprise.

  • Speaker #1

    Le premier capitale non matériel de l'entreprise,

  • Speaker #0

    c'est la personnelle. J'ai appris à prendre soin de moi, au-delà de prendre soin de mon écosystème.

  • Speaker #1

    Et vous en gardez plutôt un bon souvenir. Vous avez envie de retrouver une situation de management, de collaborateurs, de manager des équipes. Ça vous plaît, ça ?

  • Speaker #0

    Là, j'ai créé Hazy Foundation. Et vous êtes déjà combien ? J'ai une salariée. J'ai une autre salariée qui va arriver le mois prochain. C'est vrai que... En fermant EHLAB, je n'avais plus envie de me diriger avec beaucoup de salariés. Mais en réalité, quand on a des projets avec beaucoup d'ambition, on est obligé d'avoir des ressources humaines pour pouvoir faire avancer les choses. Sinon, ça n'avance pas.

  • Speaker #1

    Absolument. Chef d'entreprise, ce n'est pas un métier à proprement parler. C'est une vocation d'être entrepreneur. Vous aviez cette vocation d'être entrepreneur ou vous l'avez découverte au fur et à mesure ?

  • Speaker #0

    En fait, en regardant derrière moi... père,

  • Speaker #1

    c'était un entrepreneur,

  • Speaker #0

    puisqu'il a fondé ce collège qui a accompagné plus de 1000 diplômés à ESECA. Et donc, cette fibre entrepreneuriale existait déjà dans ma famille. C'est vrai qu'en finissant mes études, j'avais juste envie de trouver un travail. Malheureusement, ou heureusement aujourd'hui, ces discriminations auxquelles j'ai été confrontée très tôt m'ont propulsé dans l'entrepreneuriat et c'est très bien comme ça.

  • Speaker #1

    Comment vous avez réussi à... à prendre soin de moi et prendre soin de soi, est-ce que ça passait par l'art ? C'était ça votre manière de prendre soin de vous ?

  • Speaker #0

    Je vous ai dit tout à l'heure que l'art m'a sauvé la vie. En fait, si l'art n'existait pas, je ne serais pas la même personne ou je ne serais même tout simplement pas là. Parce que j'arrive à me projeter au travers de tout ce qui est création artistique, c'est le chant, c'est le dessin, c'est l'écriture. Aujourd'hui, c'est aussi beaucoup de photos, vous l'avez dit, dans le portrait que vous avez fait de moi. C'est tout ça qui me permet de prendre du recul avec toute la violence du monde dans lequel on se trouve pour pouvoir apporter un... Des réponses qui permettent de bouger les lignes.

  • Speaker #1

    Quel est votre plus grand souvenir artistique ? Celui qui vous touche encore quand vous en parlez ou quand vous le revoyez ? Il y en a un particulier ?

  • Speaker #0

    Si je pense au travail qu'on a fait depuis le début, c'est Esthétique et Handicap. C'est le concept Esthétique et Handicap qui a été... Quand j'ai écrit ce concept, je l'ai envoyé à trois villes. Paris, New York et la ville du Cap. Et la ville du Cap a été la première à nous dire Ok, c'est un projet qui nous intéresse. On vous donne 20 000 euros. Et c'est comme ça, réellement, que tout a commencé. Et quand je regarde encore ces photos, ces photos sont d'une actualité brûlante.

  • Speaker #1

    Une actualité brûlante. On a dit aussi dans le portrait qu'on a fait que vous êtes allé à la rencontre des entreprises et des entrepreneurs. Est-ce que vous avez le sentiment depuis le début des années 2000, 2011, depuis le lancement de l'entreprise Esthétique et Handicap Lab, que les entreprises ont commencé et prennent vraiment conscience de la nécessité de l'inclusion des personnes en situation de handicap ? à l'intérieur des entreprises. Je n'aime pas le mot inclusion d'ailleurs, je le trouve assez moche parce qu'inclusion, du vivre ensemble peut-être des personnes en situation de handicap et non handicapées à l'intérieur des entreprises.

  • Speaker #0

    C'est certain qu'il y a beaucoup de choses qui bougent aujourd'hui. Peut-être grâce à la loi qui encourage les entreprises à faire des actions, à intégrer plus de personnes différentes dans leur rang et certaines entreprises se rendent compte aussi que lorsqu'elles ont des personnes différentes, elles ont une capacité. de création de richesses et d'innovation qui est un peu plus importante, ça c'est certain. Mais si on devait demander aux entreprises de faire un bilan sur les recrutements qui ont été faits, sur l'accompagnement de ces travailleurs en situation de handicap, sur leur évolution de carrière, je pense qu'on serait très loin de ce qu'ils devraient faire. Donc quand les choses sont faites avec contrainte, je pense qu'elles ne sont pas forcément bien faites. Si on crée des postes qui sont des postes dédiés aux personnes handicapées, ça veut dire qu'en réalité ce ne sont pas des postes qui ont vocation à évoluer dans l'entreprise. Or, quand on recrute un salarié, peu importe sa situation, on devrait pouvoir l'accompagner dans l'évolution de carrière.

  • Speaker #1

    Et certaines entreprises, je ne crois pas en avoir reçu ici directement, mais j'en ai vu apparaître dans le fil des actus que je peux suivre. Il y a des entreprises aujourd'hui qui disent finalement, chez les personnes en situation de handicap, il y a de vraies richesses à exploiter, ne serait-ce que chez les personnes trisomies. que ce soit aussi chez les personnes autistes. On voit tout le travail qui est fait chez Andros. Alors certes, c'est lié au départ à une situation personnelle. Je pense aussi à Jean-Marc Richard et l'AMIPI dans le domaine plus industriel. Aujourd'hui, il y a des vraies richesses. Finalement, le handicap fait sortir des super pouvoirs parfois chez les...

  • Speaker #0

    Je dirais de faire attention avec ça. En réalité, pour moi, quand je me lève le matin, je ne me dis pas j'ai envie d'être une super héroïne qui fait des choses. incroyable, extraordinaire. Les personnes handicapées n'ont pas besoin d'avoir encore cette charge. Parce que c'est une charge mentale de dire oui, c'est des personnes exceptionnelles. Donc ça va leur permettre de se surpasser.

  • Speaker #1

    Je me suis peut-être mal exprimé. Je ne disais pas des super pouvoirs, je disais peut-être des talents que d'autres personnes n'auront pas.

  • Speaker #0

    Dans tous les cas, ce qu'on doit dire, enfin, ce qu'on doit retenir, c'est que quand les personnes sont les mêmes personnes, elles vont avoir la même façon de penser. Elles vont avoir une... une capacité d'innover qui est restreinte. Quand les personnes sont différentes, elles vont amener d'autres manières de faire et c'est ça qui crée la richesse dans une entreprise.

  • Speaker #1

    Comment aujourd'hui les entreprises pourraient aller plus loin sur cette question du handicap ? Quels seraient les leviers aujourd'hui qu'il faudrait actionner ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'il faut inviter les personnes handicapées autour de la table. Il faut arrêter de prendre des décisions pour les personnes. En fait, il faut arrêter de juste consulter des personnes et ne pas prendre en compte ce qu'elles disent. Il faut qu'elles soient. Dans toutes les équipes, dans toutes les instances de décision, pour pouvoir éclairer les audiences sur les différentes questions que ce soit, sur la question de l'accessibilité, sur la question des innovations, sur la question de l'inclusion, il faut impérativement qu'elles soient partie prenante.

  • Speaker #1

    On va parler de... Je vais revenir un petit peu en arrière. Quelles sont les leçons que vous tirez ? On ne va pas parler de l'échec, on va parler de la fin d'Esthétique.

  • Speaker #0

    et handicap. J'ai envie de vous dire quelque chose parce que en réalité, quand je suis allée au tribunal de commerce pour liquider EFLAB, non, pas du tout. En fait, les juges m'ont écoutée et m'ont dit qu'on n'aime pas fermer des entreprises comme la vôtre. Qu'est-ce qu'on peut faire pour sauver cette entreprise ? En réalité, j'ai beaucoup de camarades que j'ai rencontrés dans une association de dirigeants qui ont liquidé. leur entreprise, toutes les histoires de liquidation étaient très douloureuses, la mienne pas du tout j'étais juste arrivé à la fin d'un cycle et il y a autre chose de beaucoup plus grand qui m'appelait et c'est ce que je suis en train de faire aujourd'hui pendant 10 ans j'ai géré EHLAB avec des personnes extraordinaires, on a fait des projets incroyables, on a touché des millions de personnes à travers des campagnes qu'on a portées Mais enfin...

  • Speaker #1

    Piétinons le handicap. Piétinons les préjugés.

  • Speaker #0

    Piétinons les préjugés.

  • Speaker #1

    Piétinons les préjugés.

  • Speaker #0

    On va pas penser que les handicapés,

  • Speaker #1

    c'est un dommage.

  • Speaker #0

    On a fait des choses incroyables et ces choses-là continuent de me porter dans le nouveau projet que j'ai aujourd'hui, surtout sur la partie agriculture.

  • Speaker #1

    On va évoquer, on est sur RCF, les radios chrétiennes francophones, et Dieu dans tout ça, disait Jacques Chancel à la fin de chacune de ses interviews dans Radioscopie. Et il y a une place pour la spiritualité, pour Dieu ?

  • Speaker #0

    Bien sûr. Je suis née et j'ai grandi dans une famille de croyants. Mes parents, on a commencé toute notre vie, toutes les matinées, on se levait en prière et en chant. C'était du gospel tous les matins, 5 heures du matin, une prière et la journée commençait comme ça. Et donc oui, c'est resté...

  • Speaker #1

    Quelque chose de fort.

  • Speaker #0

    Si je suis là aujourd'hui, ce n'est pas par hasard.

  • Speaker #1

    J'y vais un peu avec mes gros sabots. Vous nous chanteriez quelque chose déjà ? Vous avez dit que le chant et le gospel, c'était quelque chose qui vous... Alors,

  • Speaker #0

    qu'est-ce que c'est ? Qu'est-ce que vous nous avez chanté ? Alors, c'est un chant spirituel qui dit... Quand tu es là, sur Terre, qu'est-ce que tu fais ? Et quand ce sera la fin, où est-ce que tu vas aller ?

  • Speaker #1

    Est-ce que la foi guide certaines de vos décisions, Deza ?

  • Speaker #0

    J'ai envie de dire que ma vie n'est pas une vie par hasard.

  • Speaker #1

    C'est une profession de foi ?

  • Speaker #0

    En réalité, si je ne suis pas morte, c'est que j'avais quelque chose à perdre. Et cette chose-là ne dépend pas de moi. C'est quelque chose qui me dépasse. Donc, en réalité, quand je me lève le matin, je me demande simplement d'avoir... l'éclairage nécessaire pour continuer cette mission.

  • Speaker #1

    Et vous priez tous les matins ?

  • Speaker #0

    Ma vie en soi est une prière. Je n'ai pas besoin de me mettre à genoux pour prier, mais ma vie est une prière.

  • Speaker #1

    Et comment est-ce que, justement, vous conciliez cette vie dans le monde professionnel et la vie spirituelle ? Elle est commune tout le temps, c'est ce que vous venez de dire. Finalement, il y a une forme d'unité de vie qui a été trouvée.

  • Speaker #0

    Pour moi, il n'y a aucune séparation. C'est un tout. Je le vis comme ça. Je suis dans la gratitude de pouvoir faire ce que je fais. Et si j'arrive à faire ce que je fais, c'est qu'il y a un éclairage, une lumière qui m'accompagne. Il y a des histoires qui m'ont été racontées par mes parents quand j'étais petite, mais quand on est petit, on se dit, mais qu'est-ce qu'ils disent ? Peut-être qu'ils hallucinent, mais c'est des histoires un peu mystiques, parce qu'ils disent que quand je suis née, j'avais une étoile sur le front. C'est peut-être une allégorie pour raconter quelque chose que tout le monde ne peut pas comprendre.

  • Speaker #1

    Et là, on retrouve toute la culture africaine. Il y a des fois, des jours, on se lève, on dit à quoi bon ? Rien à faire, ils ne bougeront jamais, j'en ai ras-le-bol, je veux tout laisser tomber. Ou est-ce que vous avez cette foi, justement, cheville au corps, ce positivisme ancré en vous qui fait que le doute n'a pas ou peu de prise sur vous ?

  • Speaker #0

    Le doute n'a pas de prise sur moi. Par contre, il arrive des moments où on se rend bien compte que ce n'est pas simple. Il faut persévérer. Mais je le disais à mon ami tout à l'heure, c'est toutes les petites attentions qu'on peut recevoir de tout le monde qui contribuent à nous faire continuer le chemin. Parce que le chemin, non, il n'est pas simple. Quand on veut apporter des changements systémiques dans un système, dans une société qui a été construite d'une certaine manière, ça demande beaucoup d'efforts, ça demande beaucoup de persévérance, beaucoup de courage. Et si on est tout seul, si on est vraiment tout seul, et qu'on a le sentiment que la tâche est très lourde, que la croix est très lourde à porter, on peut avoir un sentiment comme ça de lâcher tout. Mais l'environnement permet de continuer le combat.

  • Speaker #1

    On a parlé du doute. Est-ce qu'il y a des regrets, des décisions que vous avez ? Non, non, non. Vous dites, j'aurais pas dû.

  • Speaker #0

    Non, non, non. Pour moi, en réalité, tout est expérience. On apprend. On apprend de ce que vous pouvez appeler horreur. Pour moi, c'est des leçons. Des leçons qui permettent d'aller encore plus loin.

  • Speaker #1

    On arrive quasiment au terme de cet échange. On aurait pu continuer encore des heures déjà, mais on va laisser la place à Charlotte de Villemorin, qui est votre invitée des 7 minutes pour changer le monde. Pourquoi Charlotte particulièrement ?

  • Speaker #0

    Alors, Charlotte, c'est une série à l'entrepreneur. C'est cette nouvelle génération de femmes en situation de handicap qui brillent, qui contribuent à faire définitivement bouger les lignes sur les questions de l'accessibilité. L'accessibilité qui est... un poids, une épine dans la botte des personnes en situation de handicap. Et les solutions qu'elles proposent sont pour moi innovantes et permettent... à notre société d'être meilleure.

  • Speaker #1

    Alors on fait une petite virgule pour nos 7 minutes pour changer le monde et puis on se retrouve tout de suite à la fin d'ESA pour évoquer justement cet échange.

  • Speaker #2

    7 minutes pour changer le monde l'écho des solutions.

  • Speaker #1

    Voilà 7 minutes pour changer le monde avec vous Charlotte de Villemora, je suis ravi de vous recevoir j'ai appris votre nom quand d'ESA est arrivé dans les studios j'avais pu partager au deux sens du terme ce qui vous est arrivé dans le TGV et Et qui a été partagé à des milliers et des milliers de... Et je l'ai repartagé sur ma page parce qu'en effet, on en parlait avec Deza, cette accessibilité du quotidien, ce n'est pas la première fois, je pense, que ça vous arrive. Deza vous a présenté comme une entrepreneuse. Qu'est-ce que vous faites ? Je vous découvre un peu en même temps parce que je ne savais pas qui j'aurais en face de moi à ce moment-là. Je découvre en même temps Charlotte de Villemorin. Qu'est-ce que vous faites dans la vie ? Quelle est votre entreprise ? Dans quoi vous êtes entrepreneuse ?

  • Speaker #2

    Alors, je suis entrepreneur depuis un peu plus de 10 ans maintenant. J'ai créé une première entreprise en 2014 qui s'appelle Willys, qui proposait en fait le premier site de location de voitures aménagées pour les personnes en fauteuil entre particuliers. Il y a eu un gros boom de l'économie collaborative, de la location entre particuliers, Airbnb, Drivee, etc. Moi, je me suis dit, quand on est en fauteuil... On a besoin d'une voiture aménagée pour se déplacer, parce que les transports ne sont pas accessibles, on ne peut pas prendre les taxis facilement, il n'y a pas de VTC non plus. Bref, il faut une voiture aménagée. Mais ce sont des voitures qui coûtent cher. Tout le monde n'a pas la chance de pouvoir être propriétaire. Ou quand on se déplace en train, il faut une voiture à l'arrivée. Donc j'ai créé le site Willys, qui permettait de mettre en relation les propriétaires de voitures aménagées avec les personnes en fauteuil. à cause d'un handicap ou à cause de l'âge qui avait besoin de se déplacer. Donc ça c'est une première entreprise que j'ai développée pendant 8 ans, qui maintenant appartient à APF France Handicap. Et depuis un peu plus d'un an, je suis sur un nouveau projet. Alors là j'ai redoublé d'ambition, peut-être décuplé d'ambition. Nouvelle entreprise qui s'appelle NewAV. En fait, Newave, c'est un startup studio autour de la voiture aménagée. Donc,

  • Speaker #1

    toujours la voiture,

  • Speaker #2

    toujours les voitures. Mon truc, c'est la mobilité, la voiture. Je suis convaincue qu'on a besoin de la voiture pour se déplacer quand on est en fauteuil. Et du coup, Newave, on a notamment deux projets phares. Un premier projet industriel complètement fou, où on travaille sur la première voiture électrique accessible. pour les personnes en fauteuil.

  • Speaker #1

    Donc l'écomobilité pour les personnes en situation d'handicap.

  • Speaker #2

    Est-ce que figurez-vous que la mobilité verte, c'est une catastrophe pour l'accessibilité et en fait on régresse énormément en termes d'accès. Les voitures électriques qui sont partout aujourd'hui et qui demain seront vraiment au cœur du parc. Ces voitures-là, on ne peut plus faire rentrer de personnes en fauteuil dedans parce que l'architecture n'a pas été... pensé pour tenir compte des besoins des personnes en fauteuil et on a mis des packs batterie dans le plancher. Donc on ne peut plus abaisser les voitures. Exactement. Demain, il n'y aura plus de voitures si on ne fait rien pour les personnes en fauteuil. Alors que la voiture, c'est vraiment le moyen de se déplacer quand on est en fauteuil. Donc c'est à l'échelle de l'ensemble de l'industrie automobile qu'il y a un problème. Donc on travaille là-dessus et on travaille en parallèle sur l'économie, Le lancement de la première offre de leasing auto accessible aux personnes en fauteuil. Parce que, pareil, en fait, jusque récemment, les personnes avec un handicap n'étaient pas recevables vis-à-vis des partenaires. Des partenaires automobiles.

  • Speaker #1

    Exactement. Pour accéder. Pour accéder. Et ça avance bien cette R&D parce que ça fait deux ans maintenant que vous êtes dessus. On arrive à sortir les premiers véhicules.

  • Speaker #2

    Alors c'est très long un chantier automobile. C'est aussi très cher.

  • Speaker #1

    Oui, parce qu'il faut des partenaires industriels. Est-ce que ça veut dire qu'on se rapproche de grandes marques qui veulent travailler avec vous ? Est-ce que ça veut dire qu'on crée une nouvelle marque de voitures ?

  • Speaker #2

    L'idée, c'est de ne pas travailler seule. Il y a des gens qui savent très bien faire. la construction de voitures, l'assemblage, etc. Nous, on apporte un éclairage différent et on convainc les partenaires automobiles qu'en fait, une voiture accessible... aux personnes les moins mobiles, c'est une voiture super pour plein d'autres gens. Pas que pour les personnes avec un handicap, mais pour toutes les familles nombreuses qui ont besoin de place dans la voiture.

  • Speaker #1

    On ne parle plus de handicap, on parle de modularité du véhicule. Et donc en effet, ça ouvre un marché un peu plus grand, parce que les partenaires automobiles vous diront si c'est pour 5% de la population, sachant que sur la 5% de la population... il y a 10% qui sont en fauteuil, ils vont dire il n'y a pas de marché derrière, il n'y a pas de business. Alors que là, avec la modularité, vous ouvrez un marché beaucoup plus large. Et les familles nombreuses sont souvent exclues aussi d'ailleurs de ces parcs.

  • Speaker #2

    Tout à fait. Et l'idée, c'est vraiment de se dire que quand un design est accessible, ça bénéficie au plus grand nombre.

  • Speaker #1

    Vous êtes née entrepreneuse ou vous êtes devenue entrepreneuse ? Parce qu'il n'y avait pas d'autre job ou parce qu'il y avait un besoin et vous vous êtes dit ce besoin, je vais le faire en créant ma boîte ?

  • Speaker #2

    Non, moi, j'ai commencé à travailler en agence de publicité après mes études.

  • Speaker #1

    Ah, aussi dans la com, comme Desa.

  • Speaker #2

    C'est vrai, on a un peu en commun avec Desa. J'ai fait une grande école de communication et j'ai commencé à travailler en agence de pub, en stratégie de marque. Pour moi, ce qui m'a fait pivoter, on va dire, et choisir l'entrepreneuriat. C'était la question du sens. Et je me disais, est-ce que j'ai envie que ma vie soit consacrée à faire des powerpoints ou des bouteilles de shampoing ? Peut-être pas. Et en fait, moi, j'avais un besoin très concret, qui était que j'avais besoin de me déplacer. Et je me suis dit, en fait, à un moment, on n'est jamais mieux servi que par soi-même. Donc, je vais créer la solution dont j'ai besoin. Et je ne suis pas la seule qui en a besoin. Ça bénéficiera à plein d'autres gens. Et c'est comme ça que j'ai découvert l'entrepreneuriat. Et pour le coup, j'ai vraiment très vite su que c'était fait pour moi, que j'étais faite pour l'entrepreneuriat, parce que moi, j'aime créer, j'aime rassembler les gens, j'aime convaincre. J'aime quand on me dit que ce n'est pas possible et que c'est très compliqué. J'aime bien craquer l'allumette au début qui fait que...

  • Speaker #1

    On leur a dit que c'était impossible et c'est pour ça qu'ils l'ont fait, disent certains. Charlotte, on se retrouvera, je pense, pour soit un portrait, un visage d'entrepreneur, soit dans une autre émission, peut-être autour justement de l'écomobilité, parce que ce sont des sujets qu'on aborde aussi dans l'éco des solutions. Merci beaucoup d'avoir fait le déplacement jusqu'à nous pour ce portrait d'entrepreneur et d'être l'invité de Deza. On fait une petite virgule et je me retrouve juste avec Deza pour clore cette émission.

  • Speaker #2

    L'éco des solutions,

  • Speaker #1

    Patrick Longchamp. On arrive au terme de cette émission. Déza, ma première question, c'était comment vous vous sentiez au début de cette émission ? Ma dernière question, c'est comment vous vous sentez à la fin de cette émission ?

  • Speaker #0

    Je me sens très bien et surtout avec Charlotte à mes côtés. Merci beaucoup.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Déza, de cet échange avec vous. J'étais ravi d'avoir cette veille d'ouverture de ce sommet de la francophonie, de pouvoir évoquer à la fois une femme entrepreneur, francophone, noire. handicapée et qui donne toute sa vie justement pour faire émerger la place des femmes en situation de handicap dans les organes décisionnaires de notre et de nos cités merci beaucoup nous, on se retrouve la semaine prochaine pour une prochaine émission de l'éco des solutions d'ici là, portez-vous toutes et tous très très bien, on se retrouve sur les réseaux sociaux bien évidemment, sur les plateformes respectives de podcast si vous voulez nous écouter en replay, abonnez-vous parce que l'abonnement fait bouger l'algorithme et donc il y aura plus de gens qui pourront écouter déjà, que ceux qui nous écoutent déjà sur les ondes hertziennes. Merci à vous toutes et à vous tous. Bonne écoute de vos radios chrétiennes. À très bientôt. Au revoir.

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Description

Le sommet de la Francophonie se tiens en France ce week-end à Villers Cotret avec comme thème « entreprendre créer et Innover en Francophonie » et Deza Nguembock coche toutes les cases elle est Camrounaise, fondatrice d’une entreprise de conseil et stratégie en communication et qui plus est pratique l’art de la photographie. Mais Deza Nguembock c’est aussi une polio à l’âge de 4 ans, une lourde opération de la colonne vertébrale vers 21 ans, des études en France et aux USA et un engagement fort au travers de sa fondation AHADI ( la promesse). Permettre l’émergence du leadership des Femmes en Situation de Handicap. Un exemple vivant que la résilience n’est pas juste un concept. Elle a su transformer Son handicap en force pour mener un combat contre l'exclusion et pour l'inclusion


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Malgré les obstacles qu'impose la société à ceux dont les corps diffèrent des normes. Son parcours est à la croisière des dimensions personnelles et professionnelles et offre une richesse qui se nourrit dans ses propres épreuves, devenant ainsi un chemin d'exemple pour ceux et celles qui choisissent de dépendre. Désane Gembock a été touchée par le handicap dès son plus jeune âge. Son corps marqué par cette réalité physique devient malgré lui un terrain de bataille contre l'exclusion et le rejet. Et si dans les premiers instants de sa vie, son handicap semble vouloir définir ses limites, Désa s'affranchit rapidement de ses murs invisibles. C'est là, dans cette résilience précoce que se forge la femme combative qu'elle est devenue. Après avoir poursuivi des études en communication et en relations publiques, elle fait de son quotidien un vecteur de changement, fondant en 2011 son agence EH Lab, éthique et handicap. Son entreprise n'est... n'est pas qu'un outil commercial, c'est aussi une arme subtile contre les stéréotypes, un moyen de redonner voix et visage à des millions de personnes souvent ignorées ou invisibilisées, avec ce fameux slogan piétinant le handicap. Elle se concentre sur le consulting, en accessibilité, sensibilisation, communication inclusive. Les entreprises françaises, encore hésitantes face à la diversité corporelle et sensorielle, trouvent en Désa une voie qui éveille les consciences et qui secoue doucement mais fermement les préjugés latins. Cependant, son approche n'est pas celle du militantisme agressif. Elle adopte une stratégie peut-être plus subtile, s'inspirant de son propre vécu, insufflant une dose de pédagogie dans chacune de ses actions. Parallèlement à son engagement entrepreneurial, Deza multiplie les projets, surtout autour de la culture. Son exposition photographique, Piétinement, en est un exemple frappant. Par ce biais, elle interroge les représentations visuelles du handicap, démontrant que le corps handicapé n'est pas une image déformée. à compatir, mais une partie intégrante du paysage social esthétique. Alors, sa volonté d'agir en collaboration avec les institutions et les entreprises pourrait apparaître aux yeux de certains militants plus radicaux comme une forme de compromis. L'équilibre qu'elle tente de maintenir entre le monde institutionnel et la cause des personnes en situation de handicap, révèle, relève peut-être parfois d'un exercice périlleux. Pourtant, c'est précisément cette dualité, ce refus de tout ou rien, qui rend son action singulière et finalement efficace. Dans sa quête pour une société inclusive, Désa Nengbok a su tisser un réseau solide autour d'elle, unissant à la fois les acteurs économiques, politiques, associatifs. Mais son combat ne s'arrête pas aux portes de l'entreprise ou de la galerie d'art. Membre de nombreux conseils et panels, elle participe activement à des discussions politiques, des débats publics liés au handicap, prenant une approche politique et systémique du sujet. Ce qui la distingue, c'est son pragmatisme, un pragmatisme teinté d'une lucidité. qu'une seule personne ayant vécu les épreuves de la marginalisation peut pleinement appréhender. Désa Nengbok est celle qui, en silence, transforme le monde sans éclats excessifs, sans coups de poing médiatiques. Elle avance avec la persévérance des grands bâtisseurs. Bonjour Désa.

  • Speaker #1

    Bonjour Patrick.

  • Speaker #0

    Bienvenue dans l'écho des solutions. Bienvenue dans l'écho des solutions. L'écho des solutions. Patrick Longchamp. Voilà, bonjour à toutes et à tous. Nous sommes à quelques jours de l'ouverture du sommet de la francophonie qui va se tenir en France. Après près de 33 ans d'absence dans notre pays, il se tiendra du 4 au 6 octobre. Et il nous a semblé tout à fait naturel de vous offrir le portrait d'une femme entrepreneur dans l'âme, mais aussi d'origine africaine et donc francophone, avec un petit truc en plus, comme on dit désormais. Deza est handicapée, vous venez de l'entendre, et donc restreinte et ralentie dans sa mobilité. Mais je vous rassure, pas dans sa tête. Et c'est cette intelligence vive et son désir de faire avancer la vision et la prise en compte des femmes en situation de handicap que je vous propose de découvrir au travers de son parcours. Rebonjour Deza.

  • Speaker #1

    Bonjour Patrick, je suis très impressionnée par tout ça.

  • Speaker #0

    Vous êtes impressionnée par tout ça. Ma première question avant que nous rentrions dans le vif du sujet Deza, c'est comment vous vous sentez au début de cet entretien ?

  • Speaker #1

    Je suis très très bien, je me sens comme à la maison.

  • Speaker #0

    Comme à la maison.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Et on en profite d'ailleurs pour remercier le centre des jeunes dirigeants qui nous accueille pour cet enregistrement à son siège national. Désa, si vous aviez le pouvoir de faire apparaître une photo idéale, celle qui n'a jamais été prise, qui ne sera peut-être même jamais prise, ce serait laquelle ? Si vous deviez nous la décrire, elle serait comment cette photo ?

  • Speaker #1

    Alors c'est une photo qui ressemble à une photo de famille. Je suis quelque part dans les bras de mes parents, surtout mon père qui me portait beaucoup. Quand j'étais souffrante à 4 ans, à l'âge de 4 ans, à Yaoundé dans un hôpital. À côté de mon père, il y a mon petit frère qui a juste un an et demi d'écart avec moi. Ma grande soeur de l'autre côté, ma mère derrière mon père, deux ou trois voisines qui nous entouraient. C'est une image qui m'a accompagnée.

  • Speaker #0

    Il y aurait quoi comme paysage ? Ce serait à Yaoundé tout ça ?

  • Speaker #1

    Exactement à Yaoundé, mais dans un hôpital puisque j'étais entre 4 ans et 9 ans très souvent à l'hôpital. Quand ce n'était pas à l'hôpital occidental, c'était chez les guérisseurs.

  • Speaker #0

    On pourrait peut-être d'ailleurs mettre cette description dans l'outil d'intelligence artificielle. Comme vous le savez, parce que vous avez écouté les portraits précédents, cette introduction, ce portrait, il est fait à partir de ce que l'intelligence artificielle, le chat GPT a pu trouver. sur les réseaux, ce que moi j'ai pu lui apporter aussi comme matière. Qu'est-ce que vous en pensez ? Est-ce qu'il y a des choses qui ont été non dites ? Est-ce qu'il y a des choses qui ont été peut-être trop magnifiées, d'autres pas assez ? Comment vous le ressentez ce portrait ? Est-ce qu'il y aurait des petites touches à rapporter ?

  • Speaker #1

    Ça fait bizarre de s'entendre, de se présenter, d'écrire de cette manière. Je trouvais que c'était... Enfin, je n'avais pas l'impression que c'était moi.

  • Speaker #0

    Vous n'avez pas l'impression que c'était vous ?

  • Speaker #1

    Non, pas du tout. Mais bon, c'est le sens du combat quand même que je mène. Il y a beaucoup de choses qui étaient très justement dites, mais j'ai l'impression, avec un peu de recul, que ça fait beaucoup. Je n'ai pas l'impression que j'arrive à réaliser tout ce qui a été dit là.

  • Speaker #0

    On a beaucoup de choses à dire. On a peu de temps, enfin peu de temps. On a quand même 50 minutes pour échanger. On va bien sûr évoquer dans une première partie votre actualité. C'est la fondation Ahadi. Ahadi, oui.

  • Speaker #1

    Ahadi qui veut dire en swahili, promesse.

  • Speaker #0

    Alors on va justement voir quelles sont les promesses que vous voulez tenir au travers de cette fondation. Dans la première partie, vous serez notre invité éco de cette semaine. Dans la deuxième partie, on découvrira votre parcours depuis Yaoundé jusqu'à aujourd'hui ici au CJD. Et puis votre invité, c'est Charlotte de Villemorin qui est votre invitée des 7 minutes pour changer le monde parce que vous pensez qu'elle peut changer un peu la donne. Vous nous en direz peut-être un petit peu plus pour nous la présenter quand elle nous aura rejointe. Mais pourquoi ? D'abord, ce choix, Charlotte, elle représente quoi ?

  • Speaker #1

    Charlotte, c'est la nouvelle génération de femmes en situation de handicap qui doivent aujourd'hui prendre la place dans la lumière autour de la table des décisions, des hautes décisions pour éclairer les politiques publiques sur le handicap. On en a marre que ce soit toujours des personnes non concernées par le handicap qui prennent les décisions en haute place.

  • Speaker #0

    Et on va tout de suite ouvrir d'ailleurs cette première partie. Vous êtes notre invité écho de cette semaine d'ESA, juste après cette petite virgule. Et on se retrouve.

  • Speaker #1

    L'invité éco,

  • Speaker #0

    Patrick Longchamp. Alors Désa, on va parler de votre actualité, mais il y a deux faits d'actualité que j'aimerais évoquer avec vous, deux faits marquants. Le premier, c'est le nouveau gouvernement, pas de ministère du handicap.

  • Speaker #1

    Mais finalement, avec la pression qui a été mise depuis samedi soir, j'ai écrit une première tribune dès l'annonce de ce gouvernement. Il a été annoncé hier qu'il y aura finalement un ministre délégué en charge du handicap.

  • Speaker #0

    On ne sait pas qui encore.

  • Speaker #1

    On ne sait pas. On a entendu dire que c'est une femme, mais on ne sait pas qui.

  • Speaker #0

    Alors ce qui aurait été très bien c'est que ce soit une personne en situation de handicap qui soit nommée ministre du handicap ou pas ?

  • Speaker #1

    Pas nécessairement, les personnes handicapées ont beaucoup d'expertise, peuvent apporter un éclairage, peu importe le ministère qu'on leur donne Il ne faut pas être assigné au handicap parce qu'on est en situation de handicap Alors il y avait eu un député qui avait été,

  • Speaker #0

    mais bon malheureusement il a été rattrapé par d'autres affaires Comme quoi, mais c'est intéressant, comme quoi la personne handicapée peut être aussi une personne comme les autres Mais...

  • Speaker #1

    Avec les mêmes vies et les mêmes bontés. Une personne handicapée, c'est une personne comme les autres. C'est un citoyen comme les autres. Il faut éviter de croire que parce qu'on est handicapé, on va forcément être des anges.

  • Speaker #0

    C'est ça, exactement. Et les Jeux paralympiques, comment vous les avez vécu ? Alors j'ai vu sur les réseaux sociaux que vous les avez vécu difficilement pour atteindre, et vous n'êtes pas la seule, Caroline Fruchot qu'on avait reçue avec vous d'ailleurs à la fin de la saison dernière. ont aussi relaté que ce n'était pas si simple que ça pour arriver aux tribunes. Mais en tout cas, on a bien mis en avant ces sportifs de haut niveau pendant ces Jeux paralympiques.

  • Speaker #1

    Ce qui est tout à fait normal. C'est une tribune exceptionnelle pour parler du handicap, surtout pour montrer à quel point les personnes handicapées sont capables de faire des choses lorsque les barrières sont levées. C'est ce que j'aimerais que tout le monde retienne. Les sportifs en situation de handicap ont les moyens de performer. C'est avec beaucoup d'entraînement, beaucoup de persévérance. qu'ils arrivent à faire ce qu'ils ont pu nous montrer durant cette période paralympique.

  • Speaker #0

    Alors on va rentrer directement dans le vif du sujet parce que le Covid, et on en parlera peut-être tout à l'heure, a eu raison de la première entreprise. Mais comme on dit, il n'y a peut-être qu'en France où l'échec est un échec. Au-delà des anglo-saxons, l'échec est plutôt un levier de réussite. Vous repartez sur un autre projet qui est la fondation AAD.

  • Speaker #1

    Je reviens juste sur EH Lab, qui a été une très belle aventure. Mais en fait... Cette aventure est arrivée à son terme parce qu'aussi... Quelque chose d'autre m'appelait. AHADI Foundation m'appelait. C'est une mission qui est beaucoup plus grande.

  • Speaker #0

    Donc, ce n'est pas que la COVID et le fait que l'activité économique se soit ralentie ?

  • Speaker #1

    J'ai envie de dire qu'en fait, c'est un prétexte pour passer à autre chose. Bien sûr, le COVID a beaucoup impacté EHLAB, mais le projet AHADI est encore beaucoup plus important que ce que j'ai pu faire auparavant.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'on peut dire que le premier projet d'entreprise était un petit peu l'incubateur ?

  • Speaker #1

    Exactement, parce que de toute façon, c'est ce que j'arrive à faire avec AHADI en un an. C'est parce que j'ai tout accumulé tout au long de toutes ces années avec EHLAB que j'ai pu aller aussi vite. Parce qu'aujourd'hui, quand j'arrive et que je présente ARADI, on a l'impression que c'est un projet d'une décennie.

  • Speaker #0

    Alors parlez-nous un peu d'ARADI, de cette promesse que vous nous faites.

  • Speaker #1

    La promesse, c'est la promesse d'accompagner l'autonomisation des femmes en situation de handicap à travers le monde, au-delà de cette autonomisation économique, parce que c'est vraiment le nerf de la guerre. Pour moi, il est important que les personnes handicapées puissent être... financièrement indépendantes pour pouvoir prendre en charge leur vie et au-delà de leur propre vie, c'est aussi leur communauté. Mais Hadis, son combat essentiel, c'est d'amener les femmes en situation de handicap dans les instances de décision à la fois sociale, économique et politique.

  • Speaker #0

    Et ça, c'est votre premier programme, pouvoir d'agir et leadership chez les femmes.

  • Speaker #1

    Oui, très bien, parce que le leadership n'a jamais été utilisé pour les personnes en situation de handicap. On parle toujours d'aider les personnes handicapées, et on parle... On pense toujours à ces personnes comme des victimes de la vie, des victimes de leur handicap. On ne voit pas ces personnes comme des acteurs et des actrices qui peuvent aussi changer le monde. Donc aujourd'hui, on va utiliser ce levier pour montrer que derrière le handicap, derrière la vulnérabilité, il y a beaucoup de richesses et que ces personnes-là peuvent, comme tous les autres citoyens, prendre la part autour de la table. des décisions.

  • Speaker #0

    Chacun à son niveau, parce que le handicap c'est quelque chose de très large. A tel point d'ailleurs, je vais revenir peut-être sur les Jeux paralympiques, mais Pascal Andrieux nous le disait, et vous le connaissez bien, Pascal nous le disait à la fin de la saison dernière, par exemple les trisomiques étaient exclus des Jeux paralympiques, alors qu'ils sont quand même porteurs aussi d'un handicap. Donc la différence des handicaps fait aussi qu'on peut avoir une vision de la société qui se concentrent, et d'ailleurs très souvent le handicap c'est lié à un fauteuil dans l'esprit du genre.

  • Speaker #1

    Dans l'imaginaire collectif parce qu'on a utilisé ces symboles, oubliant que les personnes en situation de handicap représentent moins de 5% de la population. J'ai envie de dire que cette façon de cloisonner le handicap, c'est ça qui amène aussi cette tension, parce que si on voyait une seule communauté qui pouvait défendre les droits des personnes handicapées, on n'en serait pas là, parce qu'il faut dire que c'est une question de droit. Si les personnes handicapées sont traitées de la manière dont elles sont traitées aujourd'hui, c'est simplement parce que leurs droits ne sont pas respectés. Donc on va remettre ce sujet sur la table pour essayer de faire respecter les engagements qui sont pris par notre État, à la fois au niveau européen et au niveau des Nations Unies.

  • Speaker #0

    Alors racontez-nous un peu l'histoire, cette promesse du pouvoir d'agir et leadership, ce programme. Il est constitué comment ? Qu'est-ce que vous allez développer au sein de ce premier programme ? Parce qu'il y a un autre versant qui rejoint aussi ce qui était dit dans l'introduction. une autre version plus culturelle aussi. Mais sur ce premier programme.

  • Speaker #1

    Le programme phare, c'est le programme. En fait, Ahadi Foundation a une mission. C'est la transformation des perceptions du handicap à travers le leadership qui est utilisé comme levier d'émancipation économique pour amener les femmes handicapées dans les hautes instances décisionnelles à la fois politiques, sociales et économiques. En partant d'un groupe de rôle modèle, c'est des femmes qui sont déjà établies dans leur carrière. On va... les choisir sur trois critères. Elles doivent être soit chefs d'entreprise, soit élus politiques, soit cadres en entreprise avec l'idée qu'elles vont être accélérées dans leur leadership pour ouvrir la voie à d'autres femmes handicapées qui seront accompagnées à travers les communautés créées par nos ambassadrices. Ces femmes handicapées, elles seront choisies sans critères. Il faut juste qu'elles aspirent à devenir des leaders à leur tour. On va les accompagner avec un programme de développement personnel et ensuite elles seront accompagnées dans des programmes d'incubation. soit politique, soit économique, soit entrepreneuriale. Donc l'idée, c'est vraiment de créer une communauté solide, solidaire, crédible de femmes handicapées à l'échelle internationale pour partager des pratiques, mettre la pression à nos États qui ne respectent pas nos droits. On va leur demander de respecter cette charte des Nations Unies, cette Convention des Nations Unies sur quatre articles qui sont les discriminations croisées pour les filles et les femmes handicapées, l'accessibilité, la question épineuse. Pour nous, à Paris, on la vit au quotidien. On est tous des médaillés olympiques du quotidien à cause de l'inaccessibilité de la ville. On va leur demander de respecter sur l'employabilité, évidemment, et la participation à la vie politique. Parce qu'il est aujourd'hui inacceptable qu'en 2024... On parle de gouvernement, on ne voit aucune personne handicapée qui est nommée à aucun poste.

  • Speaker #0

    Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que ces personnes qui seront repérées à l'échelle mondiale, qui vont pouvoir être accélérées finalement dans leur appréhension du leadership, ça veut dire quoi ? Ça veut dire que tout ce réseau va être à l'affût des postes dans des conseils d'administration, dans des ministères, dans des hautes instances de l'ONU, pour dire, écoutez, là, il y a un poste, on va pousser cette candidature-là parce que cette femme-là... elle est top et elle va faire un travail aussi bon qu'une femme ou un homme.

  • Speaker #1

    D'abord, on crée des outils pour accélérer leur leadership. Ça veut dire les outiller pour qu'elles puissent évidemment briller avec tout ce qu'elles peuvent avoir dans les domaines respectifs qu'elles ont, à la fois dans les entreprises privées, à la fois dans la politique et à la fois dans la création d'entreprises. Il faut impérativement, enfin, ça part aussi de l'ordre. propre désir. On n'est pas là pour les pousser là où elles ne veulent pas être. C'est à elles de briller. Nous, on leur apporte juste l'écosystème, l'influence nécessaire pour qu'elles puissent être repérées. D'abord, la première chose à dire, c'est qu'une fois qu'elles sont accélérées dans leur leadership, elles vont entamer un dialogue. C'est ce dialogue-là qui permet à nos États de respecter, de garantir à l'échelle de 2030 les droits des personnes handicapées sur les quatre articles.

  • Speaker #0

    Est-ce que ça veut dire, par exemple, qu'il faut aussi les inclure dans des programmes comme l'IHEDN, comme... toutes ces instituts qui forment, alors pas forcément des leaders, mais en tout cas qui créent des réseaux d'influencers et de leaders.

  • Speaker #1

    Il faut impérativement qu'elles soient dans ces réseaux. On crée d'abord une communauté, une communauté qui a un espace bienveillant, sécurisant, pour leur permettre d'être elles-mêmes, de partager entre elles, de s'auto-émuler pour aller encore à un autre niveau, pour les amener dans un second temps dans tous ces écosystèmes où on parle de leadership, où on parle de leadership féminin.

  • Speaker #0

    Hadi et Odoxa ont révélé dans une récente étude qu'en France, il y avait encore de forts préjugés sur la question du handicap. Pour vous, quels sont les leviers qu'il faut actionner pour faire évoluer ces mentalités ?

  • Speaker #1

    Moi, je pense qu'en montrant, parce que déjà, dans l'inconscient collectif, il y a une présomption d'incompétence avec le handicap. Dès qu'on dit handicap, on voit tout ce qui est négatif. En montrant la possibilité que ces femmes-là, elles ont déjà ce leadership dans les médias, partout dans la société. on pourra déjà piétiner les préjugés de l'incompétence des personnes handicapées. Donc il faut donner de la visibilité.

  • Speaker #0

    En fait, il faut lever le levier de la peur. Il faut enlever la peur, la crainte, la complexité que peut générer notre esprit sur la question du handicap, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Je pense que le mot handicap, en lui-même, il crée beaucoup de peur. Il crée envie. Il faudrait le changer ? Pas nécessairement, il faudrait juste qu'on l'appréhende différemment. C'est pour ça qu'on est là pour travailler, et de faire en sorte que les personnes... qui soient en situation de handicap ou celles qui n'ont pas de handicap, puissent se rencontrer. Parce que c'est dans la rencontre qu'on va créer cette connaissance et cette acceptation des différences.

  • Speaker #0

    Alors vous avez travaillé également avec un autre programme qui s'appelle Arts et Culture, parce qu'on voit bien que l'art, la photographie vous est propre. D'ailleurs, quand on regarde sur Internet vos photos, c'est des photos extrêmement artistiques, de très belles robes. Vous jouez avec votre handicap, avec votre béquille, avec... avec ce qui est votre personnalité et ce qui fait quelque chose de beau, peut-être parfois même plus beau qu'une jolie photo de chez Harcourt. Excusez-moi si Harcourt nous écoute. Mais pourquoi agriculture ? Pourquoi avoir intégré cette notion d'art chez Aedi ? C'est une autre promesse ?

  • Speaker #1

    En réalité, c'est juste le prolongement de ce que j'ai toujours fait. Avant même EH Lab, l'art a précédé tout ce que j'ai fait. C'est une façon déjà de se rencontrer avec soi-même. À travers l'art, on peut aussi rencontrer l'autre, l'autre qui est différent. Ça permet vraiment cette création de connaissances, ce développement d'interconnaissances qui permet de dépasser le handicap et de rencontrer la personne humaine. Donc en réalité, la promesse de transformer les perceptions du handicap passe non seulement par l'exemple de ces femmes leaders, mais ça passera par les installations artistiques. qui vont donner une tribune aux personnes handicapées de nos communautés et de venir éclairer les publics sur leur réalité de vie.

  • Speaker #0

    Comme quoi la beauté peut sauver le monde, l'art peut sauver le monde ?

  • Speaker #1

    L'art sauve le monde. Moi, je pense que l'art m'a sauvée. S'il n'y avait pas l'art, je ne pense pas que je serais la même femme en face de vous.

  • Speaker #0

    Alors vous vous êtes engagée autrement, parce qu'on parlait de leadership. En 2022, vous vous présentez aux élections législatives. J'ai regardé le score. Bon, ce n'était pas un gros score, mais ça a été une tribune pour vous.

  • Speaker #1

    Je dois d'abord rappeler que j'ai pris cette décision de me présenter à un mois et demi des élections législatives. Donc ça a été un challenge réussi. Vous étiez non plus dans la circonscription. Non seulement ça, je n'étais pas en politique. Je me suis présentée comme candidate indépendante en un mois et demi. Il fallait faire valider déjà la candidature. Ça a été un long chemin de combattant. Et ensuite, il fallait faire imprimer d'abord les bulletins. Ça, c'était aussi un autre challenge. Je pense que si je n'avais pas eu mon agence de communication précédemment, ça n'aurait juste pas été possible. Et j'ai eu seulement trois semaines de campagne avec les autres candidats qui passaient leur temps à enlever nos affiches de campagne. Donc ça a été une belle expérience pour moi. qui va me préparer à la suite dans quelques mois.

  • Speaker #0

    Et Charlotte de Villemorin, qu'on va recevoir à la fin de cette émission, elle a été candidate aux législatives en 2023. Qu'est-ce que vous gardez de cette campagne, Deza ?

  • Speaker #1

    D'abord, je me suis engagée pour une raison principale, c'était de parler à la jeunesse. Parce qu'en fait, le soir de la réélection d'Emmanuel Macron, je me suis sentie profondément attristée, alors que j'ai voté pour lui et je ne voulais pas du tout... Le contraire de ce pourquoi on se lève tous les jours pour se battre contre. Alors je me suis dit qu'il se passe quelque chose de grave dans le pays et que si je devais rester là, il fallait impérativement faire quelque chose.

  • Speaker #0

    Je vous propose qu'on retrouve Maxime Pavlac pour la chronique des entrepreneurs et dirigeants chrétiens. Et ça va dans le droit fil de ce que vous dites. Maxime revient sur ce paradoxe entre ces personnes du nord de la France qui ont vécu des traumatismes liés aux raisons climatiques, aux inondations en particulier. et qui, paradoxalement, ont voté de manière très majoritaire pour le Rassemblement national. On écoute, on retrouve tout de suite Maxime Pavlac et on échange après justement sur ce paradoxe.

  • Speaker #2

    Pour une économie du bien commun, la chronique des entrepreneurs et dirigeants chrétiens, Maxime Pavlac.

  • Speaker #0

    Voilà, il est donc temps de retrouver à nouveau pour cette nouvelle saison Maxime Pavlac. Bonjour Maxime.

  • Speaker #3

    Bonjour Patrick.

  • Speaker #0

    Alors aujourd'hui, Maxime, vous souhaitez revenir sur la montée du vote écolo-sceptique lors des... dernières élections qui remontent au mois de juin, Maxime.

  • Speaker #3

    Oui, effectivement. Je voudrais faire écho à une chronique de Stéphane Mandart dans le journal Le Monde qui évoquait le paradoxe observé à Blendec, dans le Nord-Pas-de-Calais, lors des élections européennes et qui s'est d'ailleurs confirmé aux législatives. En fait, cette ville a été l'épicentre des inondations qui ont frappé le nord de la France il y a quelques mois maintenant et pourtant... Malgré les effets désastreux du dérèglement climatique, les habitants ont massivement voté pour le Rassemblement national, un parti qui est notoirement écolo-sceptique.

  • Speaker #0

    Cela semble effectivement paradoxal. Comment est-ce que l'on peut expliquer cela, Maxime ?

  • Speaker #3

    Évidemment, je pense que l'écologie n'est pas le seul ou principal catalyseur du vote RN. Mais cependant, les témoignages sur place révèlent un sentiment de fatalité et une colère dirigée contre les écolos. Une habitante disait par exemple tout le monde est en colère contre ces écolos qui préfèrent sauver les grenouilles plutôt que sauver les maisons C'est un langage martelé par certains politiques qui détourne la responsabilité des inondations vers des mesures de protection de la biodiversité, alors que les véritables causes sont évidemment ailleurs.

  • Speaker #0

    Alors quelles sont ces causes, Maxime, ces causes réelles de ces inondations ?

  • Speaker #3

    Ces inondations exceptionnelles résultent du dérèglement climatique, avec... des pluies d'une intensité exceptionnelle, combinées à l'urbanisation excessive, la bétonisation des sols et certaines pratiques agricoles. En fait, le taux de bétonisation des sols est là-bas, dans le Nord-Pas-de-Calais, bien au-dessus de la moyenne nationale. Par ailleurs, l'industrialisation de l'agriculture a contribué à cette situation par l'arrachage des haies et la dégradation des terres arables. Ces facteurs rendent des paysages moins résilients face aux précipitations extrêmes. qui sont, il faut le dire, plus fréquentes et plus intenses du fait du dérèglement climatique. Donc améliorer les infrastructures fluviales et les canaux, c'est bien sûr nécessaire, mais il ne faut pas perdre de vue les origines premières de cette catastrophe.

  • Speaker #0

    Alors est-ce qu'il n'y a pas, Maxime, un manque de compréhension des véritables enjeux, en fait ?

  • Speaker #3

    Si, absolument. En fait, nous sommes face à une crise de l'intelligibilité du monde, où les liens de causalité sont brouillés. Les habitants votent pour des politiques qui aggravent leur situation, pensant résoudre leurs problèmes immédiats. Et c'est là que réside le danger d'une proposition politique qui prospère sur la détresse et la désinformation. Néanmoins, l'écologie politique a, je pense, sa part de responsabilité en ayant parfois donné l'impression qu'elle faisait passer la nature avant les hommes.

  • Speaker #0

    Alors comment est-ce que l'on pourrait, Maxime, changer cette perception et faire comprendre les véritables enjeux aux citoyens ?

  • Speaker #3

    Je pense que ce qui est central, c'est que l'écologie doit toujours agir avec l'homme au centre. Nous n'agissons pas pour sauver la planète, mais pour sauver notre maison commune et donc l'homme qui y habite. C'est une vision chrétienne d'une écologie humaine. Il est crucial que l'écologie politique intègre cette dimension. Une écologie intégrale doit inclure la justice sociale et le respect de la création. En mettant l'homme au cœur de nos préoccupations écologiques, nous pouvons réellement avancer et éviter que les électeurs ne votent contre leurs propres intérêts.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Maxime Pavlac. On se retrouve le mois prochain pour une prochaine chronique des entrepreneurs et dirigeants chrétiens avec vous et avec Nicolas Masson la semaine prochaine. Merci beaucoup. Nous, on continue notre émission. Vous êtes dans l'écho des solutions, un visage d'entrepreneur avec Désa Nengbok.

  • Speaker #2

    RCS,

  • Speaker #0

    l'écho des solutions. C'est assez paradoxal d'Esa de voir qu'à la fois le climat vient impacter des foyers et que d'un autre côté, le Rassemblement national arrive en tête dans ces régions. Qu'est-ce que vous en pensez ? Comment ça vous fait réagir ?

  • Speaker #1

    Je pense en réalité que ce que j'ai essayé de porter dans ma campagne, c'est d'expérimenter des solutions à l'échelle de nos quartiers. C'est là où ça doit se passer. Parce que les gens, ils sont là, ils attendent que les politiques apportent des réponses. Les politiques, malheureusement, ne nous apportent pas des solutions. Il faut une vraie démocratie participative. Il faut aller sur les territoires, expérimenter des solutions parce que les gens qui vivent ces problématiques, ils ont des idées de solutions. Il faut les expérimenter pour les amener à participer, avoir le sentiment de participer. Et c'est comme ça qu'on va faire changer les choses.

  • Speaker #0

    Je vous ai demandé de choisir... Une musique, une chanson pour nous accompagner et pour faire une petite respiration dans cette émission. Qu'est-ce que vous avez choisi, Deza ?

  • Speaker #1

    Alors, je dirais une chanson de Mélodie Gardot. With love in Paris.

  • Speaker #0

    With love ?

  • Speaker #1

    With love.

  • Speaker #0

    With love.

  • Speaker #1

    With love from Paris.

  • Speaker #0

    From Paris. Mélodie Gardot.

  • Speaker #1

    From Paris with love.

  • Speaker #0

    Mélodie Gardot. Mélodie Gardot. Sur RCF, on est avec Deza Nengbok pour son portrait et son visage d'entrepreneur. On se retrouve tout de suite après pour évoquer votre parcours, Deza.

  • Speaker #2

    Maybe one day I will see you soon With love, my love A kiss beneath the moon

  • Speaker #0

    Alors Désart, on va défiler votre histoire au fur et à mesure de cet échange, mais on va juste laisser votre invitée qui vient de nous rejoindre, Charlotte de Villemorin, nous rejoindre. On va la laisser rentrer dans le studio, notre studio d'un jour ici au Centre des Jeunes Dirigeants. Bonjour Charlotte, soyez la bienvenue. Prenez place à côté et puis on vous donnera la parole à la fin de notre émission. pour nos 7 minutes pour changer le monde. Deza, quels sont les grands moments de votre enfance que vous gardez à Yaoundé ? Et puis on verra à partir de quel âge vous avez quitté le Cameroun pour venir en France.

  • Speaker #1

    Je commencerais par dire que j'ai grandi d'abord à Ezeka avant d'être transférée à Yaoundé, parce que je suis tombée malade. A Yaoundé, c'était... Une période où j'étais souffrante, j'étais hospitalisée.

  • Speaker #0

    Iseka, c'est votre village natal ? C'est là où vous êtes née ?

  • Speaker #1

    Non, je ne suis pas née à Iseka. Mon père était professeur, donc il a été beaucoup affecté. Je suis née à Otele.

  • Speaker #0

    Lors d'une désaffectation, ensuite mon père a décidé de retourner à Ezeca qui était une petite ville à côté de son village natal où il a créé un collège où il a accompagné pas mal de personnes qui n'avaient pas de diplôme mais qui travaillaient à l'époque coloniale. Et donc j'ai été malade à 4 ans et j'ai été transférée à Yaoundé. Donc j'ai passé beaucoup de temps dans les hôpitaux à Yaoundé. Cette période, elle était douloureuse mais elle était à la fois familiale, elle était chaleureuse. La chaleur familiale m'a porté et c'est ce qui continue de me porter aujourd'hui. Parce que très tôt, la souffrance était effacée par la présence. Au-delà de ma famille, c'est toute la communauté, c'est les personnes du quartier qui étaient toujours, qui délaillaient mes parents et qui étaient toujours à mon chevet. C'est ce que je garde de cette période.

  • Speaker #1

    Et comment vous avez vécu cette période de la maladie ? Vous dites, il y a eu cette chaleur humaine qui était autour de moi. Vous compreniez que ça allait impacter votre vie à ce moment-là ou pas encore ? Vous n'en aviez pas encore conscience réelle ?

  • Speaker #0

    Je n'avais pas conscience des impôts. impact douloureux ou sociétaux que ça pouvait engendrer plus tard. J'avais conscience que j'étais une enfant malade, mais au-delà de la maladie, quand j'ai pu récupérer un peu d'énergie, je suis retournée à l'école, j'ai pu être avec les autres enfants, c'est les autres enfants qui trouvaient toujours des solutions. Au Cameroun, il y a toujours un plan B, un plan C, un plan

  • Speaker #1

    D. Vous dites d'ailleurs que peut-être l'Afrique du Cameroun dans laquelle vous avez vécu était peut-être plus... plus à même à accepter la personne en situation de handicap que lorsque vous êtes arrivée en France.

  • Speaker #0

    Oui, la différence a été flagrante quand je me suis inscrite à la Sorbonne Nouvelle. Je suis rentrée le premier jour en fauteuil roulant, je n'avais pas conscience. Je n'avais pas dit que j'étais handicapée, je n'avais pas conscience qu'il fallait l'annoncer. Et donc je me suis retrouvée face aux escaliers, il n'y avait pas de plan B. Comme toujours au Cameroun, on a trouvé des solutions.

  • Speaker #1

    On trouve toujours des solutions. À quel âge vous prenez vraiment conscience de ce handicap et à quel moment vous vous dites de ce handicap qui peut être une faiblesse pour le monde extérieur,

  • Speaker #0

    je vais en faire ma force en fait ça je ne me le dis pas je me le dis pas, je me rends juste compte que je suis en train de le faire je suis en train d'agir, parce que c'est quand je suis rentrée dans le monde professionnel, que j'ai commencé à chercher du travail, que je mettais naïvement la mention de travailleur handicapé sur mon CV et qu'il ne se passait rien, c'est là où la conscience a commencé à grandir j'ai compris en enlevant... La mention de travailleurs handicapés, mon téléphone n'a pas arrêté de sonner. Là, je me suis dit qu'il faut agir et je suis rentrée dans cette action. Mais ça n'a pas été quelque chose de réfléchi en amont. C'est juste la situation m'a propulsée à agir.

  • Speaker #1

    À quel âge et pourquoi vous quittez le Cameroun ? Pour les soins ou pour les études ?

  • Speaker #0

    Pour les soins, je suis partie du Cameroun parce que j'étais très fatiguée. J'avais une insuffisance respiratoire très sévère. Je ne pouvais pas parler à cette époque comme je vous parle là maintenant. J'étais très essoufflée. Et donc, il fallait avoir une arthrodèse qui est une opération. on ouvre la colonne vertébrale pour fixer la scoliose pour qu'elle ne continue pas d'évoluer. Et c'est comme ça que j'ai récupéré un peu de capacité respiratoire.

  • Speaker #1

    Vous aviez quel âge à ce moment-là ?

  • Speaker #0

    J'avais 21 ans quand je suis arrivée, c'était en 96.

  • Speaker #1

    En 96. Et là, ce sont les études et la communication. Vous y allez par conviction ? C'est vers ça que vous vous êtes... Vous vous destinez au départ ?

  • Speaker #0

    Non, en fait, j'ai commencé par faire LLCE, Langue, Littérature, Civilisation étrangère. Donc, je me destinais à être traductrice ou professeure d'université. Après, à un moment donné, j'avais envie de bifurquer en communication et ce n'était pas possible en France. Une fois qu'on a choisi un cursus en l'UIRES.

  • Speaker #1

    À l'époque, à l'époque. Ça s'est vachement amélioré.

  • Speaker #0

    C'est très bien. Et après, j'ai choisi d'aller aux États-Unis pour pouvoir faire autre chose.

  • Speaker #1

    Donc, finalement, vous avez une triple culture, une culture africaine, une culture... Anglo-saxonne et américaine, une culture française. Est-ce que c'est le fruit de ces trois cultures qui font que vous êtes la Désa d'aujourd'hui, en plus du handicap ?

  • Speaker #0

    Je pense définitivement que oui, le fait de voyager, d'aller à la rencontre d'autres cultures, d'aller à la rencontre d'autres réalités, permet cette ouverture. Mais j'ai envie de dire que c'est quand même ma famille, c'est quand même de là où je viens, que ce socle-là a été ancré, très profondément ancré. Parce que dans ma famille, c'était déjà une mini société. Je suis septième d'une fratrie de douze. Mais il n'y a jamais eu que mes frères et sœurs et mes parents. Il y a toujours eu des cousins, des cousines, des oncles, des tantes. À chaque fois, il y a eu une trentaine de personnes dans mon foyer familial.

  • Speaker #1

    Quelles sont les personnes qui vous ont marquées dans votre famille ? J'appelle ça souvent les héros du quotidien.

  • Speaker #0

    Mes parents, mon père et ma mère. Mais en réalité, en regardant notre histoire aujourd'hui, je vois que ma grand-mère, la mère de mon père. La mère de mon père a été une héroïne par son parcours.

  • Speaker #1

    Comment ça ? Quel était le parcours de cette grand-mère et pourquoi ?

  • Speaker #0

    Cette grand-mère, elle a été mariée quand elle avait à peine 14 ans. Donc, elle a été mariée à un homme qui avait... je pense plus de 50 ans, qui est morte très tôt, parce que mon père n'avait que 4 ans quand son père est mort. Et dans ce village-là, à l'époque, quand un homme meurt, la femme, la veuve, est donnée à son beau-frère, à quelqu'un de la famille. Et ma grand-mère, à l'époque, elle a dit non, elle ne resterait pas. Elle a payé sa dot, elle a travaillé pour payer sa dot et s'affranchir. Et c'est comme ça qu'elle est repartie du village avec mon père et ma tante.

  • Speaker #1

    On va évoquer un peu cette agence de communication, le LH Lab.

  • Speaker #0

    Oui, H Lab, Esthétique et Handicap Lab.

  • Speaker #1

    Esthétique et Handicap Lab. Racontez-nous un peu cette entreprise. C'était une auto-entreprise, vous avez eu des collaborateurs, vous avez été en situation de management ?

  • Speaker #0

    C'était une société commerciale, c'était une SARL. C'était d'ailleurs la première société commerciale en France avec une mission sociale. A l'époque, quand je l'ai créée en 2011, il n'y avait pas d'entreprise en mission. J'ai mis sur l'objet social, faire évoluer. Les perceptions du handicap à travers des campagnes grand public. C'est ce que je fais. C'était une société avec une partie non-profit qui était autour des campagnes artistiques qui n'étaient pas commandées par un client. C'est moi qui décidais de développer une campagne à travers une thématique et de la déployer. Et ensuite, il y avait un offre business qui permettait de gagner de l'argent pour développer mes campagnes et payer mes salariés. J'avais huit salariés à l'époque.

  • Speaker #1

    Huit salariés dans cette entreprise. Quand vous commencez, vous commencez toute seule, bien évidemment. Exactement. Vous allez convaincre les banques, peut-être ? pour aider ? Comment vous avez fait votre entreprise, Deza ?

  • Speaker #0

    En fait, j'avais travaillé précédemment dans une autre agence de com, et j'ai décidé de partir. Au lieu de gagner, je ne sais pas, pour l'emploi, des allocations, j'ai demandé à prendre tout ça en une seule fois, et j'ai investi cet argent dans mon entreprise. Ensuite, j'ai gagné quelques prix qui m'ont permis d'investir. Les entreprises ou les banques ont été très réticentes. Parce que quand on est en situation de handicap, évidemment, il faut donner des cautions, des cautions qui sont très compliquées.

  • Speaker #1

    On va dire femmes et en situation de handicap. Femmes,

  • Speaker #0

    poids et handicap. Il y a un cumul de handicap qui constitue une réelle barrière quand on veut entreprendre. Mais heureusement, on a pu faire des choses qui ont pu convaincre.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que vous gardez de cette période de chef d'entreprise ? Je ne parle pas de l'action que vous avez menée, de cette période de chef d'entreprise. parce qu'on le dit bien et on est ici au Centre des Jeunes Dirigeants, on apprend parfois à gérer une entreprise, on apprend la gestion, on apprend le management et je mets des guillemets autour de ça, mais on n'apprend pas forcément toujours à être dirigeante ou dirigeant d'entreprise. Qu'est-ce que vous avez appris dans cette période de direction d'entreprise et de management de 8 collaborateurs ?

  • Speaker #0

    J'ai appris qu'il faut déjà prendre soin de soi. Parce qu'en réalité, les dirigeants d'entreprise sont toujours en train de prendre soin des autres. On demande beaucoup de garanties. Qu'est-ce qu'on fait pour les salariés ? Il n'y a personne qui, en réalité, s'occupe du chef d'entreprise.

  • Speaker #1

    Le premier capitale non matériel de l'entreprise,

  • Speaker #0

    c'est la personnelle. J'ai appris à prendre soin de moi, au-delà de prendre soin de mon écosystème.

  • Speaker #1

    Et vous en gardez plutôt un bon souvenir. Vous avez envie de retrouver une situation de management, de collaborateurs, de manager des équipes. Ça vous plaît, ça ?

  • Speaker #0

    Là, j'ai créé Hazy Foundation. Et vous êtes déjà combien ? J'ai une salariée. J'ai une autre salariée qui va arriver le mois prochain. C'est vrai que... En fermant EHLAB, je n'avais plus envie de me diriger avec beaucoup de salariés. Mais en réalité, quand on a des projets avec beaucoup d'ambition, on est obligé d'avoir des ressources humaines pour pouvoir faire avancer les choses. Sinon, ça n'avance pas.

  • Speaker #1

    Absolument. Chef d'entreprise, ce n'est pas un métier à proprement parler. C'est une vocation d'être entrepreneur. Vous aviez cette vocation d'être entrepreneur ou vous l'avez découverte au fur et à mesure ?

  • Speaker #0

    En fait, en regardant derrière moi... père,

  • Speaker #1

    c'était un entrepreneur,

  • Speaker #0

    puisqu'il a fondé ce collège qui a accompagné plus de 1000 diplômés à ESECA. Et donc, cette fibre entrepreneuriale existait déjà dans ma famille. C'est vrai qu'en finissant mes études, j'avais juste envie de trouver un travail. Malheureusement, ou heureusement aujourd'hui, ces discriminations auxquelles j'ai été confrontée très tôt m'ont propulsé dans l'entrepreneuriat et c'est très bien comme ça.

  • Speaker #1

    Comment vous avez réussi à... à prendre soin de moi et prendre soin de soi, est-ce que ça passait par l'art ? C'était ça votre manière de prendre soin de vous ?

  • Speaker #0

    Je vous ai dit tout à l'heure que l'art m'a sauvé la vie. En fait, si l'art n'existait pas, je ne serais pas la même personne ou je ne serais même tout simplement pas là. Parce que j'arrive à me projeter au travers de tout ce qui est création artistique, c'est le chant, c'est le dessin, c'est l'écriture. Aujourd'hui, c'est aussi beaucoup de photos, vous l'avez dit, dans le portrait que vous avez fait de moi. C'est tout ça qui me permet de prendre du recul avec toute la violence du monde dans lequel on se trouve pour pouvoir apporter un... Des réponses qui permettent de bouger les lignes.

  • Speaker #1

    Quel est votre plus grand souvenir artistique ? Celui qui vous touche encore quand vous en parlez ou quand vous le revoyez ? Il y en a un particulier ?

  • Speaker #0

    Si je pense au travail qu'on a fait depuis le début, c'est Esthétique et Handicap. C'est le concept Esthétique et Handicap qui a été... Quand j'ai écrit ce concept, je l'ai envoyé à trois villes. Paris, New York et la ville du Cap. Et la ville du Cap a été la première à nous dire Ok, c'est un projet qui nous intéresse. On vous donne 20 000 euros. Et c'est comme ça, réellement, que tout a commencé. Et quand je regarde encore ces photos, ces photos sont d'une actualité brûlante.

  • Speaker #1

    Une actualité brûlante. On a dit aussi dans le portrait qu'on a fait que vous êtes allé à la rencontre des entreprises et des entrepreneurs. Est-ce que vous avez le sentiment depuis le début des années 2000, 2011, depuis le lancement de l'entreprise Esthétique et Handicap Lab, que les entreprises ont commencé et prennent vraiment conscience de la nécessité de l'inclusion des personnes en situation de handicap ? à l'intérieur des entreprises. Je n'aime pas le mot inclusion d'ailleurs, je le trouve assez moche parce qu'inclusion, du vivre ensemble peut-être des personnes en situation de handicap et non handicapées à l'intérieur des entreprises.

  • Speaker #0

    C'est certain qu'il y a beaucoup de choses qui bougent aujourd'hui. Peut-être grâce à la loi qui encourage les entreprises à faire des actions, à intégrer plus de personnes différentes dans leur rang et certaines entreprises se rendent compte aussi que lorsqu'elles ont des personnes différentes, elles ont une capacité. de création de richesses et d'innovation qui est un peu plus importante, ça c'est certain. Mais si on devait demander aux entreprises de faire un bilan sur les recrutements qui ont été faits, sur l'accompagnement de ces travailleurs en situation de handicap, sur leur évolution de carrière, je pense qu'on serait très loin de ce qu'ils devraient faire. Donc quand les choses sont faites avec contrainte, je pense qu'elles ne sont pas forcément bien faites. Si on crée des postes qui sont des postes dédiés aux personnes handicapées, ça veut dire qu'en réalité ce ne sont pas des postes qui ont vocation à évoluer dans l'entreprise. Or, quand on recrute un salarié, peu importe sa situation, on devrait pouvoir l'accompagner dans l'évolution de carrière.

  • Speaker #1

    Et certaines entreprises, je ne crois pas en avoir reçu ici directement, mais j'en ai vu apparaître dans le fil des actus que je peux suivre. Il y a des entreprises aujourd'hui qui disent finalement, chez les personnes en situation de handicap, il y a de vraies richesses à exploiter, ne serait-ce que chez les personnes trisomies. que ce soit aussi chez les personnes autistes. On voit tout le travail qui est fait chez Andros. Alors certes, c'est lié au départ à une situation personnelle. Je pense aussi à Jean-Marc Richard et l'AMIPI dans le domaine plus industriel. Aujourd'hui, il y a des vraies richesses. Finalement, le handicap fait sortir des super pouvoirs parfois chez les...

  • Speaker #0

    Je dirais de faire attention avec ça. En réalité, pour moi, quand je me lève le matin, je ne me dis pas j'ai envie d'être une super héroïne qui fait des choses. incroyable, extraordinaire. Les personnes handicapées n'ont pas besoin d'avoir encore cette charge. Parce que c'est une charge mentale de dire oui, c'est des personnes exceptionnelles. Donc ça va leur permettre de se surpasser.

  • Speaker #1

    Je me suis peut-être mal exprimé. Je ne disais pas des super pouvoirs, je disais peut-être des talents que d'autres personnes n'auront pas.

  • Speaker #0

    Dans tous les cas, ce qu'on doit dire, enfin, ce qu'on doit retenir, c'est que quand les personnes sont les mêmes personnes, elles vont avoir la même façon de penser. Elles vont avoir une... une capacité d'innover qui est restreinte. Quand les personnes sont différentes, elles vont amener d'autres manières de faire et c'est ça qui crée la richesse dans une entreprise.

  • Speaker #1

    Comment aujourd'hui les entreprises pourraient aller plus loin sur cette question du handicap ? Quels seraient les leviers aujourd'hui qu'il faudrait actionner ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'il faut inviter les personnes handicapées autour de la table. Il faut arrêter de prendre des décisions pour les personnes. En fait, il faut arrêter de juste consulter des personnes et ne pas prendre en compte ce qu'elles disent. Il faut qu'elles soient. Dans toutes les équipes, dans toutes les instances de décision, pour pouvoir éclairer les audiences sur les différentes questions que ce soit, sur la question de l'accessibilité, sur la question des innovations, sur la question de l'inclusion, il faut impérativement qu'elles soient partie prenante.

  • Speaker #1

    On va parler de... Je vais revenir un petit peu en arrière. Quelles sont les leçons que vous tirez ? On ne va pas parler de l'échec, on va parler de la fin d'Esthétique.

  • Speaker #0

    et handicap. J'ai envie de vous dire quelque chose parce que en réalité, quand je suis allée au tribunal de commerce pour liquider EFLAB, non, pas du tout. En fait, les juges m'ont écoutée et m'ont dit qu'on n'aime pas fermer des entreprises comme la vôtre. Qu'est-ce qu'on peut faire pour sauver cette entreprise ? En réalité, j'ai beaucoup de camarades que j'ai rencontrés dans une association de dirigeants qui ont liquidé. leur entreprise, toutes les histoires de liquidation étaient très douloureuses, la mienne pas du tout j'étais juste arrivé à la fin d'un cycle et il y a autre chose de beaucoup plus grand qui m'appelait et c'est ce que je suis en train de faire aujourd'hui pendant 10 ans j'ai géré EHLAB avec des personnes extraordinaires, on a fait des projets incroyables, on a touché des millions de personnes à travers des campagnes qu'on a portées Mais enfin...

  • Speaker #1

    Piétinons le handicap. Piétinons les préjugés.

  • Speaker #0

    Piétinons les préjugés.

  • Speaker #1

    Piétinons les préjugés.

  • Speaker #0

    On va pas penser que les handicapés,

  • Speaker #1

    c'est un dommage.

  • Speaker #0

    On a fait des choses incroyables et ces choses-là continuent de me porter dans le nouveau projet que j'ai aujourd'hui, surtout sur la partie agriculture.

  • Speaker #1

    On va évoquer, on est sur RCF, les radios chrétiennes francophones, et Dieu dans tout ça, disait Jacques Chancel à la fin de chacune de ses interviews dans Radioscopie. Et il y a une place pour la spiritualité, pour Dieu ?

  • Speaker #0

    Bien sûr. Je suis née et j'ai grandi dans une famille de croyants. Mes parents, on a commencé toute notre vie, toutes les matinées, on se levait en prière et en chant. C'était du gospel tous les matins, 5 heures du matin, une prière et la journée commençait comme ça. Et donc oui, c'est resté...

  • Speaker #1

    Quelque chose de fort.

  • Speaker #0

    Si je suis là aujourd'hui, ce n'est pas par hasard.

  • Speaker #1

    J'y vais un peu avec mes gros sabots. Vous nous chanteriez quelque chose déjà ? Vous avez dit que le chant et le gospel, c'était quelque chose qui vous... Alors,

  • Speaker #0

    qu'est-ce que c'est ? Qu'est-ce que vous nous avez chanté ? Alors, c'est un chant spirituel qui dit... Quand tu es là, sur Terre, qu'est-ce que tu fais ? Et quand ce sera la fin, où est-ce que tu vas aller ?

  • Speaker #1

    Est-ce que la foi guide certaines de vos décisions, Deza ?

  • Speaker #0

    J'ai envie de dire que ma vie n'est pas une vie par hasard.

  • Speaker #1

    C'est une profession de foi ?

  • Speaker #0

    En réalité, si je ne suis pas morte, c'est que j'avais quelque chose à perdre. Et cette chose-là ne dépend pas de moi. C'est quelque chose qui me dépasse. Donc, en réalité, quand je me lève le matin, je me demande simplement d'avoir... l'éclairage nécessaire pour continuer cette mission.

  • Speaker #1

    Et vous priez tous les matins ?

  • Speaker #0

    Ma vie en soi est une prière. Je n'ai pas besoin de me mettre à genoux pour prier, mais ma vie est une prière.

  • Speaker #1

    Et comment est-ce que, justement, vous conciliez cette vie dans le monde professionnel et la vie spirituelle ? Elle est commune tout le temps, c'est ce que vous venez de dire. Finalement, il y a une forme d'unité de vie qui a été trouvée.

  • Speaker #0

    Pour moi, il n'y a aucune séparation. C'est un tout. Je le vis comme ça. Je suis dans la gratitude de pouvoir faire ce que je fais. Et si j'arrive à faire ce que je fais, c'est qu'il y a un éclairage, une lumière qui m'accompagne. Il y a des histoires qui m'ont été racontées par mes parents quand j'étais petite, mais quand on est petit, on se dit, mais qu'est-ce qu'ils disent ? Peut-être qu'ils hallucinent, mais c'est des histoires un peu mystiques, parce qu'ils disent que quand je suis née, j'avais une étoile sur le front. C'est peut-être une allégorie pour raconter quelque chose que tout le monde ne peut pas comprendre.

  • Speaker #1

    Et là, on retrouve toute la culture africaine. Il y a des fois, des jours, on se lève, on dit à quoi bon ? Rien à faire, ils ne bougeront jamais, j'en ai ras-le-bol, je veux tout laisser tomber. Ou est-ce que vous avez cette foi, justement, cheville au corps, ce positivisme ancré en vous qui fait que le doute n'a pas ou peu de prise sur vous ?

  • Speaker #0

    Le doute n'a pas de prise sur moi. Par contre, il arrive des moments où on se rend bien compte que ce n'est pas simple. Il faut persévérer. Mais je le disais à mon ami tout à l'heure, c'est toutes les petites attentions qu'on peut recevoir de tout le monde qui contribuent à nous faire continuer le chemin. Parce que le chemin, non, il n'est pas simple. Quand on veut apporter des changements systémiques dans un système, dans une société qui a été construite d'une certaine manière, ça demande beaucoup d'efforts, ça demande beaucoup de persévérance, beaucoup de courage. Et si on est tout seul, si on est vraiment tout seul, et qu'on a le sentiment que la tâche est très lourde, que la croix est très lourde à porter, on peut avoir un sentiment comme ça de lâcher tout. Mais l'environnement permet de continuer le combat.

  • Speaker #1

    On a parlé du doute. Est-ce qu'il y a des regrets, des décisions que vous avez ? Non, non, non. Vous dites, j'aurais pas dû.

  • Speaker #0

    Non, non, non. Pour moi, en réalité, tout est expérience. On apprend. On apprend de ce que vous pouvez appeler horreur. Pour moi, c'est des leçons. Des leçons qui permettent d'aller encore plus loin.

  • Speaker #1

    On arrive quasiment au terme de cet échange. On aurait pu continuer encore des heures déjà, mais on va laisser la place à Charlotte de Villemorin, qui est votre invitée des 7 minutes pour changer le monde. Pourquoi Charlotte particulièrement ?

  • Speaker #0

    Alors, Charlotte, c'est une série à l'entrepreneur. C'est cette nouvelle génération de femmes en situation de handicap qui brillent, qui contribuent à faire définitivement bouger les lignes sur les questions de l'accessibilité. L'accessibilité qui est... un poids, une épine dans la botte des personnes en situation de handicap. Et les solutions qu'elles proposent sont pour moi innovantes et permettent... à notre société d'être meilleure.

  • Speaker #1

    Alors on fait une petite virgule pour nos 7 minutes pour changer le monde et puis on se retrouve tout de suite à la fin d'ESA pour évoquer justement cet échange.

  • Speaker #2

    7 minutes pour changer le monde l'écho des solutions.

  • Speaker #1

    Voilà 7 minutes pour changer le monde avec vous Charlotte de Villemora, je suis ravi de vous recevoir j'ai appris votre nom quand d'ESA est arrivé dans les studios j'avais pu partager au deux sens du terme ce qui vous est arrivé dans le TGV et Et qui a été partagé à des milliers et des milliers de... Et je l'ai repartagé sur ma page parce qu'en effet, on en parlait avec Deza, cette accessibilité du quotidien, ce n'est pas la première fois, je pense, que ça vous arrive. Deza vous a présenté comme une entrepreneuse. Qu'est-ce que vous faites ? Je vous découvre un peu en même temps parce que je ne savais pas qui j'aurais en face de moi à ce moment-là. Je découvre en même temps Charlotte de Villemorin. Qu'est-ce que vous faites dans la vie ? Quelle est votre entreprise ? Dans quoi vous êtes entrepreneuse ?

  • Speaker #2

    Alors, je suis entrepreneur depuis un peu plus de 10 ans maintenant. J'ai créé une première entreprise en 2014 qui s'appelle Willys, qui proposait en fait le premier site de location de voitures aménagées pour les personnes en fauteuil entre particuliers. Il y a eu un gros boom de l'économie collaborative, de la location entre particuliers, Airbnb, Drivee, etc. Moi, je me suis dit, quand on est en fauteuil... On a besoin d'une voiture aménagée pour se déplacer, parce que les transports ne sont pas accessibles, on ne peut pas prendre les taxis facilement, il n'y a pas de VTC non plus. Bref, il faut une voiture aménagée. Mais ce sont des voitures qui coûtent cher. Tout le monde n'a pas la chance de pouvoir être propriétaire. Ou quand on se déplace en train, il faut une voiture à l'arrivée. Donc j'ai créé le site Willys, qui permettait de mettre en relation les propriétaires de voitures aménagées avec les personnes en fauteuil. à cause d'un handicap ou à cause de l'âge qui avait besoin de se déplacer. Donc ça c'est une première entreprise que j'ai développée pendant 8 ans, qui maintenant appartient à APF France Handicap. Et depuis un peu plus d'un an, je suis sur un nouveau projet. Alors là j'ai redoublé d'ambition, peut-être décuplé d'ambition. Nouvelle entreprise qui s'appelle NewAV. En fait, Newave, c'est un startup studio autour de la voiture aménagée. Donc,

  • Speaker #1

    toujours la voiture,

  • Speaker #2

    toujours les voitures. Mon truc, c'est la mobilité, la voiture. Je suis convaincue qu'on a besoin de la voiture pour se déplacer quand on est en fauteuil. Et du coup, Newave, on a notamment deux projets phares. Un premier projet industriel complètement fou, où on travaille sur la première voiture électrique accessible. pour les personnes en fauteuil.

  • Speaker #1

    Donc l'écomobilité pour les personnes en situation d'handicap.

  • Speaker #2

    Est-ce que figurez-vous que la mobilité verte, c'est une catastrophe pour l'accessibilité et en fait on régresse énormément en termes d'accès. Les voitures électriques qui sont partout aujourd'hui et qui demain seront vraiment au cœur du parc. Ces voitures-là, on ne peut plus faire rentrer de personnes en fauteuil dedans parce que l'architecture n'a pas été... pensé pour tenir compte des besoins des personnes en fauteuil et on a mis des packs batterie dans le plancher. Donc on ne peut plus abaisser les voitures. Exactement. Demain, il n'y aura plus de voitures si on ne fait rien pour les personnes en fauteuil. Alors que la voiture, c'est vraiment le moyen de se déplacer quand on est en fauteuil. Donc c'est à l'échelle de l'ensemble de l'industrie automobile qu'il y a un problème. Donc on travaille là-dessus et on travaille en parallèle sur l'économie, Le lancement de la première offre de leasing auto accessible aux personnes en fauteuil. Parce que, pareil, en fait, jusque récemment, les personnes avec un handicap n'étaient pas recevables vis-à-vis des partenaires. Des partenaires automobiles.

  • Speaker #1

    Exactement. Pour accéder. Pour accéder. Et ça avance bien cette R&D parce que ça fait deux ans maintenant que vous êtes dessus. On arrive à sortir les premiers véhicules.

  • Speaker #2

    Alors c'est très long un chantier automobile. C'est aussi très cher.

  • Speaker #1

    Oui, parce qu'il faut des partenaires industriels. Est-ce que ça veut dire qu'on se rapproche de grandes marques qui veulent travailler avec vous ? Est-ce que ça veut dire qu'on crée une nouvelle marque de voitures ?

  • Speaker #2

    L'idée, c'est de ne pas travailler seule. Il y a des gens qui savent très bien faire. la construction de voitures, l'assemblage, etc. Nous, on apporte un éclairage différent et on convainc les partenaires automobiles qu'en fait, une voiture accessible... aux personnes les moins mobiles, c'est une voiture super pour plein d'autres gens. Pas que pour les personnes avec un handicap, mais pour toutes les familles nombreuses qui ont besoin de place dans la voiture.

  • Speaker #1

    On ne parle plus de handicap, on parle de modularité du véhicule. Et donc en effet, ça ouvre un marché un peu plus grand, parce que les partenaires automobiles vous diront si c'est pour 5% de la population, sachant que sur la 5% de la population... il y a 10% qui sont en fauteuil, ils vont dire il n'y a pas de marché derrière, il n'y a pas de business. Alors que là, avec la modularité, vous ouvrez un marché beaucoup plus large. Et les familles nombreuses sont souvent exclues aussi d'ailleurs de ces parcs.

  • Speaker #2

    Tout à fait. Et l'idée, c'est vraiment de se dire que quand un design est accessible, ça bénéficie au plus grand nombre.

  • Speaker #1

    Vous êtes née entrepreneuse ou vous êtes devenue entrepreneuse ? Parce qu'il n'y avait pas d'autre job ou parce qu'il y avait un besoin et vous vous êtes dit ce besoin, je vais le faire en créant ma boîte ?

  • Speaker #2

    Non, moi, j'ai commencé à travailler en agence de publicité après mes études.

  • Speaker #1

    Ah, aussi dans la com, comme Desa.

  • Speaker #2

    C'est vrai, on a un peu en commun avec Desa. J'ai fait une grande école de communication et j'ai commencé à travailler en agence de pub, en stratégie de marque. Pour moi, ce qui m'a fait pivoter, on va dire, et choisir l'entrepreneuriat. C'était la question du sens. Et je me disais, est-ce que j'ai envie que ma vie soit consacrée à faire des powerpoints ou des bouteilles de shampoing ? Peut-être pas. Et en fait, moi, j'avais un besoin très concret, qui était que j'avais besoin de me déplacer. Et je me suis dit, en fait, à un moment, on n'est jamais mieux servi que par soi-même. Donc, je vais créer la solution dont j'ai besoin. Et je ne suis pas la seule qui en a besoin. Ça bénéficiera à plein d'autres gens. Et c'est comme ça que j'ai découvert l'entrepreneuriat. Et pour le coup, j'ai vraiment très vite su que c'était fait pour moi, que j'étais faite pour l'entrepreneuriat, parce que moi, j'aime créer, j'aime rassembler les gens, j'aime convaincre. J'aime quand on me dit que ce n'est pas possible et que c'est très compliqué. J'aime bien craquer l'allumette au début qui fait que...

  • Speaker #1

    On leur a dit que c'était impossible et c'est pour ça qu'ils l'ont fait, disent certains. Charlotte, on se retrouvera, je pense, pour soit un portrait, un visage d'entrepreneur, soit dans une autre émission, peut-être autour justement de l'écomobilité, parce que ce sont des sujets qu'on aborde aussi dans l'éco des solutions. Merci beaucoup d'avoir fait le déplacement jusqu'à nous pour ce portrait d'entrepreneur et d'être l'invité de Deza. On fait une petite virgule et je me retrouve juste avec Deza pour clore cette émission.

  • Speaker #2

    L'éco des solutions,

  • Speaker #1

    Patrick Longchamp. On arrive au terme de cette émission. Déza, ma première question, c'était comment vous vous sentiez au début de cette émission ? Ma dernière question, c'est comment vous vous sentez à la fin de cette émission ?

  • Speaker #0

    Je me sens très bien et surtout avec Charlotte à mes côtés. Merci beaucoup.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Déza, de cet échange avec vous. J'étais ravi d'avoir cette veille d'ouverture de ce sommet de la francophonie, de pouvoir évoquer à la fois une femme entrepreneur, francophone, noire. handicapée et qui donne toute sa vie justement pour faire émerger la place des femmes en situation de handicap dans les organes décisionnaires de notre et de nos cités merci beaucoup nous, on se retrouve la semaine prochaine pour une prochaine émission de l'éco des solutions d'ici là, portez-vous toutes et tous très très bien, on se retrouve sur les réseaux sociaux bien évidemment, sur les plateformes respectives de podcast si vous voulez nous écouter en replay, abonnez-vous parce que l'abonnement fait bouger l'algorithme et donc il y aura plus de gens qui pourront écouter déjà, que ceux qui nous écoutent déjà sur les ondes hertziennes. Merci à vous toutes et à vous tous. Bonne écoute de vos radios chrétiennes. À très bientôt. Au revoir.

Description

Le sommet de la Francophonie se tiens en France ce week-end à Villers Cotret avec comme thème « entreprendre créer et Innover en Francophonie » et Deza Nguembock coche toutes les cases elle est Camrounaise, fondatrice d’une entreprise de conseil et stratégie en communication et qui plus est pratique l’art de la photographie. Mais Deza Nguembock c’est aussi une polio à l’âge de 4 ans, une lourde opération de la colonne vertébrale vers 21 ans, des études en France et aux USA et un engagement fort au travers de sa fondation AHADI ( la promesse). Permettre l’émergence du leadership des Femmes en Situation de Handicap. Un exemple vivant que la résilience n’est pas juste un concept. Elle a su transformer Son handicap en force pour mener un combat contre l'exclusion et pour l'inclusion


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Malgré les obstacles qu'impose la société à ceux dont les corps diffèrent des normes. Son parcours est à la croisière des dimensions personnelles et professionnelles et offre une richesse qui se nourrit dans ses propres épreuves, devenant ainsi un chemin d'exemple pour ceux et celles qui choisissent de dépendre. Désane Gembock a été touchée par le handicap dès son plus jeune âge. Son corps marqué par cette réalité physique devient malgré lui un terrain de bataille contre l'exclusion et le rejet. Et si dans les premiers instants de sa vie, son handicap semble vouloir définir ses limites, Désa s'affranchit rapidement de ses murs invisibles. C'est là, dans cette résilience précoce que se forge la femme combative qu'elle est devenue. Après avoir poursuivi des études en communication et en relations publiques, elle fait de son quotidien un vecteur de changement, fondant en 2011 son agence EH Lab, éthique et handicap. Son entreprise n'est... n'est pas qu'un outil commercial, c'est aussi une arme subtile contre les stéréotypes, un moyen de redonner voix et visage à des millions de personnes souvent ignorées ou invisibilisées, avec ce fameux slogan piétinant le handicap. Elle se concentre sur le consulting, en accessibilité, sensibilisation, communication inclusive. Les entreprises françaises, encore hésitantes face à la diversité corporelle et sensorielle, trouvent en Désa une voie qui éveille les consciences et qui secoue doucement mais fermement les préjugés latins. Cependant, son approche n'est pas celle du militantisme agressif. Elle adopte une stratégie peut-être plus subtile, s'inspirant de son propre vécu, insufflant une dose de pédagogie dans chacune de ses actions. Parallèlement à son engagement entrepreneurial, Deza multiplie les projets, surtout autour de la culture. Son exposition photographique, Piétinement, en est un exemple frappant. Par ce biais, elle interroge les représentations visuelles du handicap, démontrant que le corps handicapé n'est pas une image déformée. à compatir, mais une partie intégrante du paysage social esthétique. Alors, sa volonté d'agir en collaboration avec les institutions et les entreprises pourrait apparaître aux yeux de certains militants plus radicaux comme une forme de compromis. L'équilibre qu'elle tente de maintenir entre le monde institutionnel et la cause des personnes en situation de handicap, révèle, relève peut-être parfois d'un exercice périlleux. Pourtant, c'est précisément cette dualité, ce refus de tout ou rien, qui rend son action singulière et finalement efficace. Dans sa quête pour une société inclusive, Désa Nengbok a su tisser un réseau solide autour d'elle, unissant à la fois les acteurs économiques, politiques, associatifs. Mais son combat ne s'arrête pas aux portes de l'entreprise ou de la galerie d'art. Membre de nombreux conseils et panels, elle participe activement à des discussions politiques, des débats publics liés au handicap, prenant une approche politique et systémique du sujet. Ce qui la distingue, c'est son pragmatisme, un pragmatisme teinté d'une lucidité. qu'une seule personne ayant vécu les épreuves de la marginalisation peut pleinement appréhender. Désa Nengbok est celle qui, en silence, transforme le monde sans éclats excessifs, sans coups de poing médiatiques. Elle avance avec la persévérance des grands bâtisseurs. Bonjour Désa.

  • Speaker #1

    Bonjour Patrick.

  • Speaker #0

    Bienvenue dans l'écho des solutions. Bienvenue dans l'écho des solutions. L'écho des solutions. Patrick Longchamp. Voilà, bonjour à toutes et à tous. Nous sommes à quelques jours de l'ouverture du sommet de la francophonie qui va se tenir en France. Après près de 33 ans d'absence dans notre pays, il se tiendra du 4 au 6 octobre. Et il nous a semblé tout à fait naturel de vous offrir le portrait d'une femme entrepreneur dans l'âme, mais aussi d'origine africaine et donc francophone, avec un petit truc en plus, comme on dit désormais. Deza est handicapée, vous venez de l'entendre, et donc restreinte et ralentie dans sa mobilité. Mais je vous rassure, pas dans sa tête. Et c'est cette intelligence vive et son désir de faire avancer la vision et la prise en compte des femmes en situation de handicap que je vous propose de découvrir au travers de son parcours. Rebonjour Deza.

  • Speaker #1

    Bonjour Patrick, je suis très impressionnée par tout ça.

  • Speaker #0

    Vous êtes impressionnée par tout ça. Ma première question avant que nous rentrions dans le vif du sujet Deza, c'est comment vous vous sentez au début de cet entretien ?

  • Speaker #1

    Je suis très très bien, je me sens comme à la maison.

  • Speaker #0

    Comme à la maison.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Et on en profite d'ailleurs pour remercier le centre des jeunes dirigeants qui nous accueille pour cet enregistrement à son siège national. Désa, si vous aviez le pouvoir de faire apparaître une photo idéale, celle qui n'a jamais été prise, qui ne sera peut-être même jamais prise, ce serait laquelle ? Si vous deviez nous la décrire, elle serait comment cette photo ?

  • Speaker #1

    Alors c'est une photo qui ressemble à une photo de famille. Je suis quelque part dans les bras de mes parents, surtout mon père qui me portait beaucoup. Quand j'étais souffrante à 4 ans, à l'âge de 4 ans, à Yaoundé dans un hôpital. À côté de mon père, il y a mon petit frère qui a juste un an et demi d'écart avec moi. Ma grande soeur de l'autre côté, ma mère derrière mon père, deux ou trois voisines qui nous entouraient. C'est une image qui m'a accompagnée.

  • Speaker #0

    Il y aurait quoi comme paysage ? Ce serait à Yaoundé tout ça ?

  • Speaker #1

    Exactement à Yaoundé, mais dans un hôpital puisque j'étais entre 4 ans et 9 ans très souvent à l'hôpital. Quand ce n'était pas à l'hôpital occidental, c'était chez les guérisseurs.

  • Speaker #0

    On pourrait peut-être d'ailleurs mettre cette description dans l'outil d'intelligence artificielle. Comme vous le savez, parce que vous avez écouté les portraits précédents, cette introduction, ce portrait, il est fait à partir de ce que l'intelligence artificielle, le chat GPT a pu trouver. sur les réseaux, ce que moi j'ai pu lui apporter aussi comme matière. Qu'est-ce que vous en pensez ? Est-ce qu'il y a des choses qui ont été non dites ? Est-ce qu'il y a des choses qui ont été peut-être trop magnifiées, d'autres pas assez ? Comment vous le ressentez ce portrait ? Est-ce qu'il y aurait des petites touches à rapporter ?

  • Speaker #1

    Ça fait bizarre de s'entendre, de se présenter, d'écrire de cette manière. Je trouvais que c'était... Enfin, je n'avais pas l'impression que c'était moi.

  • Speaker #0

    Vous n'avez pas l'impression que c'était vous ?

  • Speaker #1

    Non, pas du tout. Mais bon, c'est le sens du combat quand même que je mène. Il y a beaucoup de choses qui étaient très justement dites, mais j'ai l'impression, avec un peu de recul, que ça fait beaucoup. Je n'ai pas l'impression que j'arrive à réaliser tout ce qui a été dit là.

  • Speaker #0

    On a beaucoup de choses à dire. On a peu de temps, enfin peu de temps. On a quand même 50 minutes pour échanger. On va bien sûr évoquer dans une première partie votre actualité. C'est la fondation Ahadi. Ahadi, oui.

  • Speaker #1

    Ahadi qui veut dire en swahili, promesse.

  • Speaker #0

    Alors on va justement voir quelles sont les promesses que vous voulez tenir au travers de cette fondation. Dans la première partie, vous serez notre invité éco de cette semaine. Dans la deuxième partie, on découvrira votre parcours depuis Yaoundé jusqu'à aujourd'hui ici au CJD. Et puis votre invité, c'est Charlotte de Villemorin qui est votre invitée des 7 minutes pour changer le monde parce que vous pensez qu'elle peut changer un peu la donne. Vous nous en direz peut-être un petit peu plus pour nous la présenter quand elle nous aura rejointe. Mais pourquoi ? D'abord, ce choix, Charlotte, elle représente quoi ?

  • Speaker #1

    Charlotte, c'est la nouvelle génération de femmes en situation de handicap qui doivent aujourd'hui prendre la place dans la lumière autour de la table des décisions, des hautes décisions pour éclairer les politiques publiques sur le handicap. On en a marre que ce soit toujours des personnes non concernées par le handicap qui prennent les décisions en haute place.

  • Speaker #0

    Et on va tout de suite ouvrir d'ailleurs cette première partie. Vous êtes notre invité écho de cette semaine d'ESA, juste après cette petite virgule. Et on se retrouve.

  • Speaker #1

    L'invité éco,

  • Speaker #0

    Patrick Longchamp. Alors Désa, on va parler de votre actualité, mais il y a deux faits d'actualité que j'aimerais évoquer avec vous, deux faits marquants. Le premier, c'est le nouveau gouvernement, pas de ministère du handicap.

  • Speaker #1

    Mais finalement, avec la pression qui a été mise depuis samedi soir, j'ai écrit une première tribune dès l'annonce de ce gouvernement. Il a été annoncé hier qu'il y aura finalement un ministre délégué en charge du handicap.

  • Speaker #0

    On ne sait pas qui encore.

  • Speaker #1

    On ne sait pas. On a entendu dire que c'est une femme, mais on ne sait pas qui.

  • Speaker #0

    Alors ce qui aurait été très bien c'est que ce soit une personne en situation de handicap qui soit nommée ministre du handicap ou pas ?

  • Speaker #1

    Pas nécessairement, les personnes handicapées ont beaucoup d'expertise, peuvent apporter un éclairage, peu importe le ministère qu'on leur donne Il ne faut pas être assigné au handicap parce qu'on est en situation de handicap Alors il y avait eu un député qui avait été,

  • Speaker #0

    mais bon malheureusement il a été rattrapé par d'autres affaires Comme quoi, mais c'est intéressant, comme quoi la personne handicapée peut être aussi une personne comme les autres Mais...

  • Speaker #1

    Avec les mêmes vies et les mêmes bontés. Une personne handicapée, c'est une personne comme les autres. C'est un citoyen comme les autres. Il faut éviter de croire que parce qu'on est handicapé, on va forcément être des anges.

  • Speaker #0

    C'est ça, exactement. Et les Jeux paralympiques, comment vous les avez vécu ? Alors j'ai vu sur les réseaux sociaux que vous les avez vécu difficilement pour atteindre, et vous n'êtes pas la seule, Caroline Fruchot qu'on avait reçue avec vous d'ailleurs à la fin de la saison dernière. ont aussi relaté que ce n'était pas si simple que ça pour arriver aux tribunes. Mais en tout cas, on a bien mis en avant ces sportifs de haut niveau pendant ces Jeux paralympiques.

  • Speaker #1

    Ce qui est tout à fait normal. C'est une tribune exceptionnelle pour parler du handicap, surtout pour montrer à quel point les personnes handicapées sont capables de faire des choses lorsque les barrières sont levées. C'est ce que j'aimerais que tout le monde retienne. Les sportifs en situation de handicap ont les moyens de performer. C'est avec beaucoup d'entraînement, beaucoup de persévérance. qu'ils arrivent à faire ce qu'ils ont pu nous montrer durant cette période paralympique.

  • Speaker #0

    Alors on va rentrer directement dans le vif du sujet parce que le Covid, et on en parlera peut-être tout à l'heure, a eu raison de la première entreprise. Mais comme on dit, il n'y a peut-être qu'en France où l'échec est un échec. Au-delà des anglo-saxons, l'échec est plutôt un levier de réussite. Vous repartez sur un autre projet qui est la fondation AAD.

  • Speaker #1

    Je reviens juste sur EH Lab, qui a été une très belle aventure. Mais en fait... Cette aventure est arrivée à son terme parce qu'aussi... Quelque chose d'autre m'appelait. AHADI Foundation m'appelait. C'est une mission qui est beaucoup plus grande.

  • Speaker #0

    Donc, ce n'est pas que la COVID et le fait que l'activité économique se soit ralentie ?

  • Speaker #1

    J'ai envie de dire qu'en fait, c'est un prétexte pour passer à autre chose. Bien sûr, le COVID a beaucoup impacté EHLAB, mais le projet AHADI est encore beaucoup plus important que ce que j'ai pu faire auparavant.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'on peut dire que le premier projet d'entreprise était un petit peu l'incubateur ?

  • Speaker #1

    Exactement, parce que de toute façon, c'est ce que j'arrive à faire avec AHADI en un an. C'est parce que j'ai tout accumulé tout au long de toutes ces années avec EHLAB que j'ai pu aller aussi vite. Parce qu'aujourd'hui, quand j'arrive et que je présente ARADI, on a l'impression que c'est un projet d'une décennie.

  • Speaker #0

    Alors parlez-nous un peu d'ARADI, de cette promesse que vous nous faites.

  • Speaker #1

    La promesse, c'est la promesse d'accompagner l'autonomisation des femmes en situation de handicap à travers le monde, au-delà de cette autonomisation économique, parce que c'est vraiment le nerf de la guerre. Pour moi, il est important que les personnes handicapées puissent être... financièrement indépendantes pour pouvoir prendre en charge leur vie et au-delà de leur propre vie, c'est aussi leur communauté. Mais Hadis, son combat essentiel, c'est d'amener les femmes en situation de handicap dans les instances de décision à la fois sociale, économique et politique.

  • Speaker #0

    Et ça, c'est votre premier programme, pouvoir d'agir et leadership chez les femmes.

  • Speaker #1

    Oui, très bien, parce que le leadership n'a jamais été utilisé pour les personnes en situation de handicap. On parle toujours d'aider les personnes handicapées, et on parle... On pense toujours à ces personnes comme des victimes de la vie, des victimes de leur handicap. On ne voit pas ces personnes comme des acteurs et des actrices qui peuvent aussi changer le monde. Donc aujourd'hui, on va utiliser ce levier pour montrer que derrière le handicap, derrière la vulnérabilité, il y a beaucoup de richesses et que ces personnes-là peuvent, comme tous les autres citoyens, prendre la part autour de la table. des décisions.

  • Speaker #0

    Chacun à son niveau, parce que le handicap c'est quelque chose de très large. A tel point d'ailleurs, je vais revenir peut-être sur les Jeux paralympiques, mais Pascal Andrieux nous le disait, et vous le connaissez bien, Pascal nous le disait à la fin de la saison dernière, par exemple les trisomiques étaient exclus des Jeux paralympiques, alors qu'ils sont quand même porteurs aussi d'un handicap. Donc la différence des handicaps fait aussi qu'on peut avoir une vision de la société qui se concentrent, et d'ailleurs très souvent le handicap c'est lié à un fauteuil dans l'esprit du genre.

  • Speaker #1

    Dans l'imaginaire collectif parce qu'on a utilisé ces symboles, oubliant que les personnes en situation de handicap représentent moins de 5% de la population. J'ai envie de dire que cette façon de cloisonner le handicap, c'est ça qui amène aussi cette tension, parce que si on voyait une seule communauté qui pouvait défendre les droits des personnes handicapées, on n'en serait pas là, parce qu'il faut dire que c'est une question de droit. Si les personnes handicapées sont traitées de la manière dont elles sont traitées aujourd'hui, c'est simplement parce que leurs droits ne sont pas respectés. Donc on va remettre ce sujet sur la table pour essayer de faire respecter les engagements qui sont pris par notre État, à la fois au niveau européen et au niveau des Nations Unies.

  • Speaker #0

    Alors racontez-nous un peu l'histoire, cette promesse du pouvoir d'agir et leadership, ce programme. Il est constitué comment ? Qu'est-ce que vous allez développer au sein de ce premier programme ? Parce qu'il y a un autre versant qui rejoint aussi ce qui était dit dans l'introduction. une autre version plus culturelle aussi. Mais sur ce premier programme.

  • Speaker #1

    Le programme phare, c'est le programme. En fait, Ahadi Foundation a une mission. C'est la transformation des perceptions du handicap à travers le leadership qui est utilisé comme levier d'émancipation économique pour amener les femmes handicapées dans les hautes instances décisionnelles à la fois politiques, sociales et économiques. En partant d'un groupe de rôle modèle, c'est des femmes qui sont déjà établies dans leur carrière. On va... les choisir sur trois critères. Elles doivent être soit chefs d'entreprise, soit élus politiques, soit cadres en entreprise avec l'idée qu'elles vont être accélérées dans leur leadership pour ouvrir la voie à d'autres femmes handicapées qui seront accompagnées à travers les communautés créées par nos ambassadrices. Ces femmes handicapées, elles seront choisies sans critères. Il faut juste qu'elles aspirent à devenir des leaders à leur tour. On va les accompagner avec un programme de développement personnel et ensuite elles seront accompagnées dans des programmes d'incubation. soit politique, soit économique, soit entrepreneuriale. Donc l'idée, c'est vraiment de créer une communauté solide, solidaire, crédible de femmes handicapées à l'échelle internationale pour partager des pratiques, mettre la pression à nos États qui ne respectent pas nos droits. On va leur demander de respecter cette charte des Nations Unies, cette Convention des Nations Unies sur quatre articles qui sont les discriminations croisées pour les filles et les femmes handicapées, l'accessibilité, la question épineuse. Pour nous, à Paris, on la vit au quotidien. On est tous des médaillés olympiques du quotidien à cause de l'inaccessibilité de la ville. On va leur demander de respecter sur l'employabilité, évidemment, et la participation à la vie politique. Parce qu'il est aujourd'hui inacceptable qu'en 2024... On parle de gouvernement, on ne voit aucune personne handicapée qui est nommée à aucun poste.

  • Speaker #0

    Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que ces personnes qui seront repérées à l'échelle mondiale, qui vont pouvoir être accélérées finalement dans leur appréhension du leadership, ça veut dire quoi ? Ça veut dire que tout ce réseau va être à l'affût des postes dans des conseils d'administration, dans des ministères, dans des hautes instances de l'ONU, pour dire, écoutez, là, il y a un poste, on va pousser cette candidature-là parce que cette femme-là... elle est top et elle va faire un travail aussi bon qu'une femme ou un homme.

  • Speaker #1

    D'abord, on crée des outils pour accélérer leur leadership. Ça veut dire les outiller pour qu'elles puissent évidemment briller avec tout ce qu'elles peuvent avoir dans les domaines respectifs qu'elles ont, à la fois dans les entreprises privées, à la fois dans la politique et à la fois dans la création d'entreprises. Il faut impérativement, enfin, ça part aussi de l'ordre. propre désir. On n'est pas là pour les pousser là où elles ne veulent pas être. C'est à elles de briller. Nous, on leur apporte juste l'écosystème, l'influence nécessaire pour qu'elles puissent être repérées. D'abord, la première chose à dire, c'est qu'une fois qu'elles sont accélérées dans leur leadership, elles vont entamer un dialogue. C'est ce dialogue-là qui permet à nos États de respecter, de garantir à l'échelle de 2030 les droits des personnes handicapées sur les quatre articles.

  • Speaker #0

    Est-ce que ça veut dire, par exemple, qu'il faut aussi les inclure dans des programmes comme l'IHEDN, comme... toutes ces instituts qui forment, alors pas forcément des leaders, mais en tout cas qui créent des réseaux d'influencers et de leaders.

  • Speaker #1

    Il faut impérativement qu'elles soient dans ces réseaux. On crée d'abord une communauté, une communauté qui a un espace bienveillant, sécurisant, pour leur permettre d'être elles-mêmes, de partager entre elles, de s'auto-émuler pour aller encore à un autre niveau, pour les amener dans un second temps dans tous ces écosystèmes où on parle de leadership, où on parle de leadership féminin.

  • Speaker #0

    Hadi et Odoxa ont révélé dans une récente étude qu'en France, il y avait encore de forts préjugés sur la question du handicap. Pour vous, quels sont les leviers qu'il faut actionner pour faire évoluer ces mentalités ?

  • Speaker #1

    Moi, je pense qu'en montrant, parce que déjà, dans l'inconscient collectif, il y a une présomption d'incompétence avec le handicap. Dès qu'on dit handicap, on voit tout ce qui est négatif. En montrant la possibilité que ces femmes-là, elles ont déjà ce leadership dans les médias, partout dans la société. on pourra déjà piétiner les préjugés de l'incompétence des personnes handicapées. Donc il faut donner de la visibilité.

  • Speaker #0

    En fait, il faut lever le levier de la peur. Il faut enlever la peur, la crainte, la complexité que peut générer notre esprit sur la question du handicap, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Je pense que le mot handicap, en lui-même, il crée beaucoup de peur. Il crée envie. Il faudrait le changer ? Pas nécessairement, il faudrait juste qu'on l'appréhende différemment. C'est pour ça qu'on est là pour travailler, et de faire en sorte que les personnes... qui soient en situation de handicap ou celles qui n'ont pas de handicap, puissent se rencontrer. Parce que c'est dans la rencontre qu'on va créer cette connaissance et cette acceptation des différences.

  • Speaker #0

    Alors vous avez travaillé également avec un autre programme qui s'appelle Arts et Culture, parce qu'on voit bien que l'art, la photographie vous est propre. D'ailleurs, quand on regarde sur Internet vos photos, c'est des photos extrêmement artistiques, de très belles robes. Vous jouez avec votre handicap, avec votre béquille, avec... avec ce qui est votre personnalité et ce qui fait quelque chose de beau, peut-être parfois même plus beau qu'une jolie photo de chez Harcourt. Excusez-moi si Harcourt nous écoute. Mais pourquoi agriculture ? Pourquoi avoir intégré cette notion d'art chez Aedi ? C'est une autre promesse ?

  • Speaker #1

    En réalité, c'est juste le prolongement de ce que j'ai toujours fait. Avant même EH Lab, l'art a précédé tout ce que j'ai fait. C'est une façon déjà de se rencontrer avec soi-même. À travers l'art, on peut aussi rencontrer l'autre, l'autre qui est différent. Ça permet vraiment cette création de connaissances, ce développement d'interconnaissances qui permet de dépasser le handicap et de rencontrer la personne humaine. Donc en réalité, la promesse de transformer les perceptions du handicap passe non seulement par l'exemple de ces femmes leaders, mais ça passera par les installations artistiques. qui vont donner une tribune aux personnes handicapées de nos communautés et de venir éclairer les publics sur leur réalité de vie.

  • Speaker #0

    Comme quoi la beauté peut sauver le monde, l'art peut sauver le monde ?

  • Speaker #1

    L'art sauve le monde. Moi, je pense que l'art m'a sauvée. S'il n'y avait pas l'art, je ne pense pas que je serais la même femme en face de vous.

  • Speaker #0

    Alors vous vous êtes engagée autrement, parce qu'on parlait de leadership. En 2022, vous vous présentez aux élections législatives. J'ai regardé le score. Bon, ce n'était pas un gros score, mais ça a été une tribune pour vous.

  • Speaker #1

    Je dois d'abord rappeler que j'ai pris cette décision de me présenter à un mois et demi des élections législatives. Donc ça a été un challenge réussi. Vous étiez non plus dans la circonscription. Non seulement ça, je n'étais pas en politique. Je me suis présentée comme candidate indépendante en un mois et demi. Il fallait faire valider déjà la candidature. Ça a été un long chemin de combattant. Et ensuite, il fallait faire imprimer d'abord les bulletins. Ça, c'était aussi un autre challenge. Je pense que si je n'avais pas eu mon agence de communication précédemment, ça n'aurait juste pas été possible. Et j'ai eu seulement trois semaines de campagne avec les autres candidats qui passaient leur temps à enlever nos affiches de campagne. Donc ça a été une belle expérience pour moi. qui va me préparer à la suite dans quelques mois.

  • Speaker #0

    Et Charlotte de Villemorin, qu'on va recevoir à la fin de cette émission, elle a été candidate aux législatives en 2023. Qu'est-ce que vous gardez de cette campagne, Deza ?

  • Speaker #1

    D'abord, je me suis engagée pour une raison principale, c'était de parler à la jeunesse. Parce qu'en fait, le soir de la réélection d'Emmanuel Macron, je me suis sentie profondément attristée, alors que j'ai voté pour lui et je ne voulais pas du tout... Le contraire de ce pourquoi on se lève tous les jours pour se battre contre. Alors je me suis dit qu'il se passe quelque chose de grave dans le pays et que si je devais rester là, il fallait impérativement faire quelque chose.

  • Speaker #0

    Je vous propose qu'on retrouve Maxime Pavlac pour la chronique des entrepreneurs et dirigeants chrétiens. Et ça va dans le droit fil de ce que vous dites. Maxime revient sur ce paradoxe entre ces personnes du nord de la France qui ont vécu des traumatismes liés aux raisons climatiques, aux inondations en particulier. et qui, paradoxalement, ont voté de manière très majoritaire pour le Rassemblement national. On écoute, on retrouve tout de suite Maxime Pavlac et on échange après justement sur ce paradoxe.

  • Speaker #2

    Pour une économie du bien commun, la chronique des entrepreneurs et dirigeants chrétiens, Maxime Pavlac.

  • Speaker #0

    Voilà, il est donc temps de retrouver à nouveau pour cette nouvelle saison Maxime Pavlac. Bonjour Maxime.

  • Speaker #3

    Bonjour Patrick.

  • Speaker #0

    Alors aujourd'hui, Maxime, vous souhaitez revenir sur la montée du vote écolo-sceptique lors des... dernières élections qui remontent au mois de juin, Maxime.

  • Speaker #3

    Oui, effectivement. Je voudrais faire écho à une chronique de Stéphane Mandart dans le journal Le Monde qui évoquait le paradoxe observé à Blendec, dans le Nord-Pas-de-Calais, lors des élections européennes et qui s'est d'ailleurs confirmé aux législatives. En fait, cette ville a été l'épicentre des inondations qui ont frappé le nord de la France il y a quelques mois maintenant et pourtant... Malgré les effets désastreux du dérèglement climatique, les habitants ont massivement voté pour le Rassemblement national, un parti qui est notoirement écolo-sceptique.

  • Speaker #0

    Cela semble effectivement paradoxal. Comment est-ce que l'on peut expliquer cela, Maxime ?

  • Speaker #3

    Évidemment, je pense que l'écologie n'est pas le seul ou principal catalyseur du vote RN. Mais cependant, les témoignages sur place révèlent un sentiment de fatalité et une colère dirigée contre les écolos. Une habitante disait par exemple tout le monde est en colère contre ces écolos qui préfèrent sauver les grenouilles plutôt que sauver les maisons C'est un langage martelé par certains politiques qui détourne la responsabilité des inondations vers des mesures de protection de la biodiversité, alors que les véritables causes sont évidemment ailleurs.

  • Speaker #0

    Alors quelles sont ces causes, Maxime, ces causes réelles de ces inondations ?

  • Speaker #3

    Ces inondations exceptionnelles résultent du dérèglement climatique, avec... des pluies d'une intensité exceptionnelle, combinées à l'urbanisation excessive, la bétonisation des sols et certaines pratiques agricoles. En fait, le taux de bétonisation des sols est là-bas, dans le Nord-Pas-de-Calais, bien au-dessus de la moyenne nationale. Par ailleurs, l'industrialisation de l'agriculture a contribué à cette situation par l'arrachage des haies et la dégradation des terres arables. Ces facteurs rendent des paysages moins résilients face aux précipitations extrêmes. qui sont, il faut le dire, plus fréquentes et plus intenses du fait du dérèglement climatique. Donc améliorer les infrastructures fluviales et les canaux, c'est bien sûr nécessaire, mais il ne faut pas perdre de vue les origines premières de cette catastrophe.

  • Speaker #0

    Alors est-ce qu'il n'y a pas, Maxime, un manque de compréhension des véritables enjeux, en fait ?

  • Speaker #3

    Si, absolument. En fait, nous sommes face à une crise de l'intelligibilité du monde, où les liens de causalité sont brouillés. Les habitants votent pour des politiques qui aggravent leur situation, pensant résoudre leurs problèmes immédiats. Et c'est là que réside le danger d'une proposition politique qui prospère sur la détresse et la désinformation. Néanmoins, l'écologie politique a, je pense, sa part de responsabilité en ayant parfois donné l'impression qu'elle faisait passer la nature avant les hommes.

  • Speaker #0

    Alors comment est-ce que l'on pourrait, Maxime, changer cette perception et faire comprendre les véritables enjeux aux citoyens ?

  • Speaker #3

    Je pense que ce qui est central, c'est que l'écologie doit toujours agir avec l'homme au centre. Nous n'agissons pas pour sauver la planète, mais pour sauver notre maison commune et donc l'homme qui y habite. C'est une vision chrétienne d'une écologie humaine. Il est crucial que l'écologie politique intègre cette dimension. Une écologie intégrale doit inclure la justice sociale et le respect de la création. En mettant l'homme au cœur de nos préoccupations écologiques, nous pouvons réellement avancer et éviter que les électeurs ne votent contre leurs propres intérêts.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Maxime Pavlac. On se retrouve le mois prochain pour une prochaine chronique des entrepreneurs et dirigeants chrétiens avec vous et avec Nicolas Masson la semaine prochaine. Merci beaucoup. Nous, on continue notre émission. Vous êtes dans l'écho des solutions, un visage d'entrepreneur avec Désa Nengbok.

  • Speaker #2

    RCS,

  • Speaker #0

    l'écho des solutions. C'est assez paradoxal d'Esa de voir qu'à la fois le climat vient impacter des foyers et que d'un autre côté, le Rassemblement national arrive en tête dans ces régions. Qu'est-ce que vous en pensez ? Comment ça vous fait réagir ?

  • Speaker #1

    Je pense en réalité que ce que j'ai essayé de porter dans ma campagne, c'est d'expérimenter des solutions à l'échelle de nos quartiers. C'est là où ça doit se passer. Parce que les gens, ils sont là, ils attendent que les politiques apportent des réponses. Les politiques, malheureusement, ne nous apportent pas des solutions. Il faut une vraie démocratie participative. Il faut aller sur les territoires, expérimenter des solutions parce que les gens qui vivent ces problématiques, ils ont des idées de solutions. Il faut les expérimenter pour les amener à participer, avoir le sentiment de participer. Et c'est comme ça qu'on va faire changer les choses.

  • Speaker #0

    Je vous ai demandé de choisir... Une musique, une chanson pour nous accompagner et pour faire une petite respiration dans cette émission. Qu'est-ce que vous avez choisi, Deza ?

  • Speaker #1

    Alors, je dirais une chanson de Mélodie Gardot. With love in Paris.

  • Speaker #0

    With love ?

  • Speaker #1

    With love.

  • Speaker #0

    With love.

  • Speaker #1

    With love from Paris.

  • Speaker #0

    From Paris. Mélodie Gardot.

  • Speaker #1

    From Paris with love.

  • Speaker #0

    Mélodie Gardot. Mélodie Gardot. Sur RCF, on est avec Deza Nengbok pour son portrait et son visage d'entrepreneur. On se retrouve tout de suite après pour évoquer votre parcours, Deza.

  • Speaker #2

    Maybe one day I will see you soon With love, my love A kiss beneath the moon

  • Speaker #0

    Alors Désart, on va défiler votre histoire au fur et à mesure de cet échange, mais on va juste laisser votre invitée qui vient de nous rejoindre, Charlotte de Villemorin, nous rejoindre. On va la laisser rentrer dans le studio, notre studio d'un jour ici au Centre des Jeunes Dirigeants. Bonjour Charlotte, soyez la bienvenue. Prenez place à côté et puis on vous donnera la parole à la fin de notre émission. pour nos 7 minutes pour changer le monde. Deza, quels sont les grands moments de votre enfance que vous gardez à Yaoundé ? Et puis on verra à partir de quel âge vous avez quitté le Cameroun pour venir en France.

  • Speaker #1

    Je commencerais par dire que j'ai grandi d'abord à Ezeka avant d'être transférée à Yaoundé, parce que je suis tombée malade. A Yaoundé, c'était... Une période où j'étais souffrante, j'étais hospitalisée.

  • Speaker #0

    Iseka, c'est votre village natal ? C'est là où vous êtes née ?

  • Speaker #1

    Non, je ne suis pas née à Iseka. Mon père était professeur, donc il a été beaucoup affecté. Je suis née à Otele.

  • Speaker #0

    Lors d'une désaffectation, ensuite mon père a décidé de retourner à Ezeca qui était une petite ville à côté de son village natal où il a créé un collège où il a accompagné pas mal de personnes qui n'avaient pas de diplôme mais qui travaillaient à l'époque coloniale. Et donc j'ai été malade à 4 ans et j'ai été transférée à Yaoundé. Donc j'ai passé beaucoup de temps dans les hôpitaux à Yaoundé. Cette période, elle était douloureuse mais elle était à la fois familiale, elle était chaleureuse. La chaleur familiale m'a porté et c'est ce qui continue de me porter aujourd'hui. Parce que très tôt, la souffrance était effacée par la présence. Au-delà de ma famille, c'est toute la communauté, c'est les personnes du quartier qui étaient toujours, qui délaillaient mes parents et qui étaient toujours à mon chevet. C'est ce que je garde de cette période.

  • Speaker #1

    Et comment vous avez vécu cette période de la maladie ? Vous dites, il y a eu cette chaleur humaine qui était autour de moi. Vous compreniez que ça allait impacter votre vie à ce moment-là ou pas encore ? Vous n'en aviez pas encore conscience réelle ?

  • Speaker #0

    Je n'avais pas conscience des impôts. impact douloureux ou sociétaux que ça pouvait engendrer plus tard. J'avais conscience que j'étais une enfant malade, mais au-delà de la maladie, quand j'ai pu récupérer un peu d'énergie, je suis retournée à l'école, j'ai pu être avec les autres enfants, c'est les autres enfants qui trouvaient toujours des solutions. Au Cameroun, il y a toujours un plan B, un plan C, un plan

  • Speaker #1

    D. Vous dites d'ailleurs que peut-être l'Afrique du Cameroun dans laquelle vous avez vécu était peut-être plus... plus à même à accepter la personne en situation de handicap que lorsque vous êtes arrivée en France.

  • Speaker #0

    Oui, la différence a été flagrante quand je me suis inscrite à la Sorbonne Nouvelle. Je suis rentrée le premier jour en fauteuil roulant, je n'avais pas conscience. Je n'avais pas dit que j'étais handicapée, je n'avais pas conscience qu'il fallait l'annoncer. Et donc je me suis retrouvée face aux escaliers, il n'y avait pas de plan B. Comme toujours au Cameroun, on a trouvé des solutions.

  • Speaker #1

    On trouve toujours des solutions. À quel âge vous prenez vraiment conscience de ce handicap et à quel moment vous vous dites de ce handicap qui peut être une faiblesse pour le monde extérieur,

  • Speaker #0

    je vais en faire ma force en fait ça je ne me le dis pas je me le dis pas, je me rends juste compte que je suis en train de le faire je suis en train d'agir, parce que c'est quand je suis rentrée dans le monde professionnel, que j'ai commencé à chercher du travail, que je mettais naïvement la mention de travailleur handicapé sur mon CV et qu'il ne se passait rien, c'est là où la conscience a commencé à grandir j'ai compris en enlevant... La mention de travailleurs handicapés, mon téléphone n'a pas arrêté de sonner. Là, je me suis dit qu'il faut agir et je suis rentrée dans cette action. Mais ça n'a pas été quelque chose de réfléchi en amont. C'est juste la situation m'a propulsée à agir.

  • Speaker #1

    À quel âge et pourquoi vous quittez le Cameroun ? Pour les soins ou pour les études ?

  • Speaker #0

    Pour les soins, je suis partie du Cameroun parce que j'étais très fatiguée. J'avais une insuffisance respiratoire très sévère. Je ne pouvais pas parler à cette époque comme je vous parle là maintenant. J'étais très essoufflée. Et donc, il fallait avoir une arthrodèse qui est une opération. on ouvre la colonne vertébrale pour fixer la scoliose pour qu'elle ne continue pas d'évoluer. Et c'est comme ça que j'ai récupéré un peu de capacité respiratoire.

  • Speaker #1

    Vous aviez quel âge à ce moment-là ?

  • Speaker #0

    J'avais 21 ans quand je suis arrivée, c'était en 96.

  • Speaker #1

    En 96. Et là, ce sont les études et la communication. Vous y allez par conviction ? C'est vers ça que vous vous êtes... Vous vous destinez au départ ?

  • Speaker #0

    Non, en fait, j'ai commencé par faire LLCE, Langue, Littérature, Civilisation étrangère. Donc, je me destinais à être traductrice ou professeure d'université. Après, à un moment donné, j'avais envie de bifurquer en communication et ce n'était pas possible en France. Une fois qu'on a choisi un cursus en l'UIRES.

  • Speaker #1

    À l'époque, à l'époque. Ça s'est vachement amélioré.

  • Speaker #0

    C'est très bien. Et après, j'ai choisi d'aller aux États-Unis pour pouvoir faire autre chose.

  • Speaker #1

    Donc, finalement, vous avez une triple culture, une culture africaine, une culture... Anglo-saxonne et américaine, une culture française. Est-ce que c'est le fruit de ces trois cultures qui font que vous êtes la Désa d'aujourd'hui, en plus du handicap ?

  • Speaker #0

    Je pense définitivement que oui, le fait de voyager, d'aller à la rencontre d'autres cultures, d'aller à la rencontre d'autres réalités, permet cette ouverture. Mais j'ai envie de dire que c'est quand même ma famille, c'est quand même de là où je viens, que ce socle-là a été ancré, très profondément ancré. Parce que dans ma famille, c'était déjà une mini société. Je suis septième d'une fratrie de douze. Mais il n'y a jamais eu que mes frères et sœurs et mes parents. Il y a toujours eu des cousins, des cousines, des oncles, des tantes. À chaque fois, il y a eu une trentaine de personnes dans mon foyer familial.

  • Speaker #1

    Quelles sont les personnes qui vous ont marquées dans votre famille ? J'appelle ça souvent les héros du quotidien.

  • Speaker #0

    Mes parents, mon père et ma mère. Mais en réalité, en regardant notre histoire aujourd'hui, je vois que ma grand-mère, la mère de mon père. La mère de mon père a été une héroïne par son parcours.

  • Speaker #1

    Comment ça ? Quel était le parcours de cette grand-mère et pourquoi ?

  • Speaker #0

    Cette grand-mère, elle a été mariée quand elle avait à peine 14 ans. Donc, elle a été mariée à un homme qui avait... je pense plus de 50 ans, qui est morte très tôt, parce que mon père n'avait que 4 ans quand son père est mort. Et dans ce village-là, à l'époque, quand un homme meurt, la femme, la veuve, est donnée à son beau-frère, à quelqu'un de la famille. Et ma grand-mère, à l'époque, elle a dit non, elle ne resterait pas. Elle a payé sa dot, elle a travaillé pour payer sa dot et s'affranchir. Et c'est comme ça qu'elle est repartie du village avec mon père et ma tante.

  • Speaker #1

    On va évoquer un peu cette agence de communication, le LH Lab.

  • Speaker #0

    Oui, H Lab, Esthétique et Handicap Lab.

  • Speaker #1

    Esthétique et Handicap Lab. Racontez-nous un peu cette entreprise. C'était une auto-entreprise, vous avez eu des collaborateurs, vous avez été en situation de management ?

  • Speaker #0

    C'était une société commerciale, c'était une SARL. C'était d'ailleurs la première société commerciale en France avec une mission sociale. A l'époque, quand je l'ai créée en 2011, il n'y avait pas d'entreprise en mission. J'ai mis sur l'objet social, faire évoluer. Les perceptions du handicap à travers des campagnes grand public. C'est ce que je fais. C'était une société avec une partie non-profit qui était autour des campagnes artistiques qui n'étaient pas commandées par un client. C'est moi qui décidais de développer une campagne à travers une thématique et de la déployer. Et ensuite, il y avait un offre business qui permettait de gagner de l'argent pour développer mes campagnes et payer mes salariés. J'avais huit salariés à l'époque.

  • Speaker #1

    Huit salariés dans cette entreprise. Quand vous commencez, vous commencez toute seule, bien évidemment. Exactement. Vous allez convaincre les banques, peut-être ? pour aider ? Comment vous avez fait votre entreprise, Deza ?

  • Speaker #0

    En fait, j'avais travaillé précédemment dans une autre agence de com, et j'ai décidé de partir. Au lieu de gagner, je ne sais pas, pour l'emploi, des allocations, j'ai demandé à prendre tout ça en une seule fois, et j'ai investi cet argent dans mon entreprise. Ensuite, j'ai gagné quelques prix qui m'ont permis d'investir. Les entreprises ou les banques ont été très réticentes. Parce que quand on est en situation de handicap, évidemment, il faut donner des cautions, des cautions qui sont très compliquées.

  • Speaker #1

    On va dire femmes et en situation de handicap. Femmes,

  • Speaker #0

    poids et handicap. Il y a un cumul de handicap qui constitue une réelle barrière quand on veut entreprendre. Mais heureusement, on a pu faire des choses qui ont pu convaincre.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que vous gardez de cette période de chef d'entreprise ? Je ne parle pas de l'action que vous avez menée, de cette période de chef d'entreprise. parce qu'on le dit bien et on est ici au Centre des Jeunes Dirigeants, on apprend parfois à gérer une entreprise, on apprend la gestion, on apprend le management et je mets des guillemets autour de ça, mais on n'apprend pas forcément toujours à être dirigeante ou dirigeant d'entreprise. Qu'est-ce que vous avez appris dans cette période de direction d'entreprise et de management de 8 collaborateurs ?

  • Speaker #0

    J'ai appris qu'il faut déjà prendre soin de soi. Parce qu'en réalité, les dirigeants d'entreprise sont toujours en train de prendre soin des autres. On demande beaucoup de garanties. Qu'est-ce qu'on fait pour les salariés ? Il n'y a personne qui, en réalité, s'occupe du chef d'entreprise.

  • Speaker #1

    Le premier capitale non matériel de l'entreprise,

  • Speaker #0

    c'est la personnelle. J'ai appris à prendre soin de moi, au-delà de prendre soin de mon écosystème.

  • Speaker #1

    Et vous en gardez plutôt un bon souvenir. Vous avez envie de retrouver une situation de management, de collaborateurs, de manager des équipes. Ça vous plaît, ça ?

  • Speaker #0

    Là, j'ai créé Hazy Foundation. Et vous êtes déjà combien ? J'ai une salariée. J'ai une autre salariée qui va arriver le mois prochain. C'est vrai que... En fermant EHLAB, je n'avais plus envie de me diriger avec beaucoup de salariés. Mais en réalité, quand on a des projets avec beaucoup d'ambition, on est obligé d'avoir des ressources humaines pour pouvoir faire avancer les choses. Sinon, ça n'avance pas.

  • Speaker #1

    Absolument. Chef d'entreprise, ce n'est pas un métier à proprement parler. C'est une vocation d'être entrepreneur. Vous aviez cette vocation d'être entrepreneur ou vous l'avez découverte au fur et à mesure ?

  • Speaker #0

    En fait, en regardant derrière moi... père,

  • Speaker #1

    c'était un entrepreneur,

  • Speaker #0

    puisqu'il a fondé ce collège qui a accompagné plus de 1000 diplômés à ESECA. Et donc, cette fibre entrepreneuriale existait déjà dans ma famille. C'est vrai qu'en finissant mes études, j'avais juste envie de trouver un travail. Malheureusement, ou heureusement aujourd'hui, ces discriminations auxquelles j'ai été confrontée très tôt m'ont propulsé dans l'entrepreneuriat et c'est très bien comme ça.

  • Speaker #1

    Comment vous avez réussi à... à prendre soin de moi et prendre soin de soi, est-ce que ça passait par l'art ? C'était ça votre manière de prendre soin de vous ?

  • Speaker #0

    Je vous ai dit tout à l'heure que l'art m'a sauvé la vie. En fait, si l'art n'existait pas, je ne serais pas la même personne ou je ne serais même tout simplement pas là. Parce que j'arrive à me projeter au travers de tout ce qui est création artistique, c'est le chant, c'est le dessin, c'est l'écriture. Aujourd'hui, c'est aussi beaucoup de photos, vous l'avez dit, dans le portrait que vous avez fait de moi. C'est tout ça qui me permet de prendre du recul avec toute la violence du monde dans lequel on se trouve pour pouvoir apporter un... Des réponses qui permettent de bouger les lignes.

  • Speaker #1

    Quel est votre plus grand souvenir artistique ? Celui qui vous touche encore quand vous en parlez ou quand vous le revoyez ? Il y en a un particulier ?

  • Speaker #0

    Si je pense au travail qu'on a fait depuis le début, c'est Esthétique et Handicap. C'est le concept Esthétique et Handicap qui a été... Quand j'ai écrit ce concept, je l'ai envoyé à trois villes. Paris, New York et la ville du Cap. Et la ville du Cap a été la première à nous dire Ok, c'est un projet qui nous intéresse. On vous donne 20 000 euros. Et c'est comme ça, réellement, que tout a commencé. Et quand je regarde encore ces photos, ces photos sont d'une actualité brûlante.

  • Speaker #1

    Une actualité brûlante. On a dit aussi dans le portrait qu'on a fait que vous êtes allé à la rencontre des entreprises et des entrepreneurs. Est-ce que vous avez le sentiment depuis le début des années 2000, 2011, depuis le lancement de l'entreprise Esthétique et Handicap Lab, que les entreprises ont commencé et prennent vraiment conscience de la nécessité de l'inclusion des personnes en situation de handicap ? à l'intérieur des entreprises. Je n'aime pas le mot inclusion d'ailleurs, je le trouve assez moche parce qu'inclusion, du vivre ensemble peut-être des personnes en situation de handicap et non handicapées à l'intérieur des entreprises.

  • Speaker #0

    C'est certain qu'il y a beaucoup de choses qui bougent aujourd'hui. Peut-être grâce à la loi qui encourage les entreprises à faire des actions, à intégrer plus de personnes différentes dans leur rang et certaines entreprises se rendent compte aussi que lorsqu'elles ont des personnes différentes, elles ont une capacité. de création de richesses et d'innovation qui est un peu plus importante, ça c'est certain. Mais si on devait demander aux entreprises de faire un bilan sur les recrutements qui ont été faits, sur l'accompagnement de ces travailleurs en situation de handicap, sur leur évolution de carrière, je pense qu'on serait très loin de ce qu'ils devraient faire. Donc quand les choses sont faites avec contrainte, je pense qu'elles ne sont pas forcément bien faites. Si on crée des postes qui sont des postes dédiés aux personnes handicapées, ça veut dire qu'en réalité ce ne sont pas des postes qui ont vocation à évoluer dans l'entreprise. Or, quand on recrute un salarié, peu importe sa situation, on devrait pouvoir l'accompagner dans l'évolution de carrière.

  • Speaker #1

    Et certaines entreprises, je ne crois pas en avoir reçu ici directement, mais j'en ai vu apparaître dans le fil des actus que je peux suivre. Il y a des entreprises aujourd'hui qui disent finalement, chez les personnes en situation de handicap, il y a de vraies richesses à exploiter, ne serait-ce que chez les personnes trisomies. que ce soit aussi chez les personnes autistes. On voit tout le travail qui est fait chez Andros. Alors certes, c'est lié au départ à une situation personnelle. Je pense aussi à Jean-Marc Richard et l'AMIPI dans le domaine plus industriel. Aujourd'hui, il y a des vraies richesses. Finalement, le handicap fait sortir des super pouvoirs parfois chez les...

  • Speaker #0

    Je dirais de faire attention avec ça. En réalité, pour moi, quand je me lève le matin, je ne me dis pas j'ai envie d'être une super héroïne qui fait des choses. incroyable, extraordinaire. Les personnes handicapées n'ont pas besoin d'avoir encore cette charge. Parce que c'est une charge mentale de dire oui, c'est des personnes exceptionnelles. Donc ça va leur permettre de se surpasser.

  • Speaker #1

    Je me suis peut-être mal exprimé. Je ne disais pas des super pouvoirs, je disais peut-être des talents que d'autres personnes n'auront pas.

  • Speaker #0

    Dans tous les cas, ce qu'on doit dire, enfin, ce qu'on doit retenir, c'est que quand les personnes sont les mêmes personnes, elles vont avoir la même façon de penser. Elles vont avoir une... une capacité d'innover qui est restreinte. Quand les personnes sont différentes, elles vont amener d'autres manières de faire et c'est ça qui crée la richesse dans une entreprise.

  • Speaker #1

    Comment aujourd'hui les entreprises pourraient aller plus loin sur cette question du handicap ? Quels seraient les leviers aujourd'hui qu'il faudrait actionner ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'il faut inviter les personnes handicapées autour de la table. Il faut arrêter de prendre des décisions pour les personnes. En fait, il faut arrêter de juste consulter des personnes et ne pas prendre en compte ce qu'elles disent. Il faut qu'elles soient. Dans toutes les équipes, dans toutes les instances de décision, pour pouvoir éclairer les audiences sur les différentes questions que ce soit, sur la question de l'accessibilité, sur la question des innovations, sur la question de l'inclusion, il faut impérativement qu'elles soient partie prenante.

  • Speaker #1

    On va parler de... Je vais revenir un petit peu en arrière. Quelles sont les leçons que vous tirez ? On ne va pas parler de l'échec, on va parler de la fin d'Esthétique.

  • Speaker #0

    et handicap. J'ai envie de vous dire quelque chose parce que en réalité, quand je suis allée au tribunal de commerce pour liquider EFLAB, non, pas du tout. En fait, les juges m'ont écoutée et m'ont dit qu'on n'aime pas fermer des entreprises comme la vôtre. Qu'est-ce qu'on peut faire pour sauver cette entreprise ? En réalité, j'ai beaucoup de camarades que j'ai rencontrés dans une association de dirigeants qui ont liquidé. leur entreprise, toutes les histoires de liquidation étaient très douloureuses, la mienne pas du tout j'étais juste arrivé à la fin d'un cycle et il y a autre chose de beaucoup plus grand qui m'appelait et c'est ce que je suis en train de faire aujourd'hui pendant 10 ans j'ai géré EHLAB avec des personnes extraordinaires, on a fait des projets incroyables, on a touché des millions de personnes à travers des campagnes qu'on a portées Mais enfin...

  • Speaker #1

    Piétinons le handicap. Piétinons les préjugés.

  • Speaker #0

    Piétinons les préjugés.

  • Speaker #1

    Piétinons les préjugés.

  • Speaker #0

    On va pas penser que les handicapés,

  • Speaker #1

    c'est un dommage.

  • Speaker #0

    On a fait des choses incroyables et ces choses-là continuent de me porter dans le nouveau projet que j'ai aujourd'hui, surtout sur la partie agriculture.

  • Speaker #1

    On va évoquer, on est sur RCF, les radios chrétiennes francophones, et Dieu dans tout ça, disait Jacques Chancel à la fin de chacune de ses interviews dans Radioscopie. Et il y a une place pour la spiritualité, pour Dieu ?

  • Speaker #0

    Bien sûr. Je suis née et j'ai grandi dans une famille de croyants. Mes parents, on a commencé toute notre vie, toutes les matinées, on se levait en prière et en chant. C'était du gospel tous les matins, 5 heures du matin, une prière et la journée commençait comme ça. Et donc oui, c'est resté...

  • Speaker #1

    Quelque chose de fort.

  • Speaker #0

    Si je suis là aujourd'hui, ce n'est pas par hasard.

  • Speaker #1

    J'y vais un peu avec mes gros sabots. Vous nous chanteriez quelque chose déjà ? Vous avez dit que le chant et le gospel, c'était quelque chose qui vous... Alors,

  • Speaker #0

    qu'est-ce que c'est ? Qu'est-ce que vous nous avez chanté ? Alors, c'est un chant spirituel qui dit... Quand tu es là, sur Terre, qu'est-ce que tu fais ? Et quand ce sera la fin, où est-ce que tu vas aller ?

  • Speaker #1

    Est-ce que la foi guide certaines de vos décisions, Deza ?

  • Speaker #0

    J'ai envie de dire que ma vie n'est pas une vie par hasard.

  • Speaker #1

    C'est une profession de foi ?

  • Speaker #0

    En réalité, si je ne suis pas morte, c'est que j'avais quelque chose à perdre. Et cette chose-là ne dépend pas de moi. C'est quelque chose qui me dépasse. Donc, en réalité, quand je me lève le matin, je me demande simplement d'avoir... l'éclairage nécessaire pour continuer cette mission.

  • Speaker #1

    Et vous priez tous les matins ?

  • Speaker #0

    Ma vie en soi est une prière. Je n'ai pas besoin de me mettre à genoux pour prier, mais ma vie est une prière.

  • Speaker #1

    Et comment est-ce que, justement, vous conciliez cette vie dans le monde professionnel et la vie spirituelle ? Elle est commune tout le temps, c'est ce que vous venez de dire. Finalement, il y a une forme d'unité de vie qui a été trouvée.

  • Speaker #0

    Pour moi, il n'y a aucune séparation. C'est un tout. Je le vis comme ça. Je suis dans la gratitude de pouvoir faire ce que je fais. Et si j'arrive à faire ce que je fais, c'est qu'il y a un éclairage, une lumière qui m'accompagne. Il y a des histoires qui m'ont été racontées par mes parents quand j'étais petite, mais quand on est petit, on se dit, mais qu'est-ce qu'ils disent ? Peut-être qu'ils hallucinent, mais c'est des histoires un peu mystiques, parce qu'ils disent que quand je suis née, j'avais une étoile sur le front. C'est peut-être une allégorie pour raconter quelque chose que tout le monde ne peut pas comprendre.

  • Speaker #1

    Et là, on retrouve toute la culture africaine. Il y a des fois, des jours, on se lève, on dit à quoi bon ? Rien à faire, ils ne bougeront jamais, j'en ai ras-le-bol, je veux tout laisser tomber. Ou est-ce que vous avez cette foi, justement, cheville au corps, ce positivisme ancré en vous qui fait que le doute n'a pas ou peu de prise sur vous ?

  • Speaker #0

    Le doute n'a pas de prise sur moi. Par contre, il arrive des moments où on se rend bien compte que ce n'est pas simple. Il faut persévérer. Mais je le disais à mon ami tout à l'heure, c'est toutes les petites attentions qu'on peut recevoir de tout le monde qui contribuent à nous faire continuer le chemin. Parce que le chemin, non, il n'est pas simple. Quand on veut apporter des changements systémiques dans un système, dans une société qui a été construite d'une certaine manière, ça demande beaucoup d'efforts, ça demande beaucoup de persévérance, beaucoup de courage. Et si on est tout seul, si on est vraiment tout seul, et qu'on a le sentiment que la tâche est très lourde, que la croix est très lourde à porter, on peut avoir un sentiment comme ça de lâcher tout. Mais l'environnement permet de continuer le combat.

  • Speaker #1

    On a parlé du doute. Est-ce qu'il y a des regrets, des décisions que vous avez ? Non, non, non. Vous dites, j'aurais pas dû.

  • Speaker #0

    Non, non, non. Pour moi, en réalité, tout est expérience. On apprend. On apprend de ce que vous pouvez appeler horreur. Pour moi, c'est des leçons. Des leçons qui permettent d'aller encore plus loin.

  • Speaker #1

    On arrive quasiment au terme de cet échange. On aurait pu continuer encore des heures déjà, mais on va laisser la place à Charlotte de Villemorin, qui est votre invitée des 7 minutes pour changer le monde. Pourquoi Charlotte particulièrement ?

  • Speaker #0

    Alors, Charlotte, c'est une série à l'entrepreneur. C'est cette nouvelle génération de femmes en situation de handicap qui brillent, qui contribuent à faire définitivement bouger les lignes sur les questions de l'accessibilité. L'accessibilité qui est... un poids, une épine dans la botte des personnes en situation de handicap. Et les solutions qu'elles proposent sont pour moi innovantes et permettent... à notre société d'être meilleure.

  • Speaker #1

    Alors on fait une petite virgule pour nos 7 minutes pour changer le monde et puis on se retrouve tout de suite à la fin d'ESA pour évoquer justement cet échange.

  • Speaker #2

    7 minutes pour changer le monde l'écho des solutions.

  • Speaker #1

    Voilà 7 minutes pour changer le monde avec vous Charlotte de Villemora, je suis ravi de vous recevoir j'ai appris votre nom quand d'ESA est arrivé dans les studios j'avais pu partager au deux sens du terme ce qui vous est arrivé dans le TGV et Et qui a été partagé à des milliers et des milliers de... Et je l'ai repartagé sur ma page parce qu'en effet, on en parlait avec Deza, cette accessibilité du quotidien, ce n'est pas la première fois, je pense, que ça vous arrive. Deza vous a présenté comme une entrepreneuse. Qu'est-ce que vous faites ? Je vous découvre un peu en même temps parce que je ne savais pas qui j'aurais en face de moi à ce moment-là. Je découvre en même temps Charlotte de Villemorin. Qu'est-ce que vous faites dans la vie ? Quelle est votre entreprise ? Dans quoi vous êtes entrepreneuse ?

  • Speaker #2

    Alors, je suis entrepreneur depuis un peu plus de 10 ans maintenant. J'ai créé une première entreprise en 2014 qui s'appelle Willys, qui proposait en fait le premier site de location de voitures aménagées pour les personnes en fauteuil entre particuliers. Il y a eu un gros boom de l'économie collaborative, de la location entre particuliers, Airbnb, Drivee, etc. Moi, je me suis dit, quand on est en fauteuil... On a besoin d'une voiture aménagée pour se déplacer, parce que les transports ne sont pas accessibles, on ne peut pas prendre les taxis facilement, il n'y a pas de VTC non plus. Bref, il faut une voiture aménagée. Mais ce sont des voitures qui coûtent cher. Tout le monde n'a pas la chance de pouvoir être propriétaire. Ou quand on se déplace en train, il faut une voiture à l'arrivée. Donc j'ai créé le site Willys, qui permettait de mettre en relation les propriétaires de voitures aménagées avec les personnes en fauteuil. à cause d'un handicap ou à cause de l'âge qui avait besoin de se déplacer. Donc ça c'est une première entreprise que j'ai développée pendant 8 ans, qui maintenant appartient à APF France Handicap. Et depuis un peu plus d'un an, je suis sur un nouveau projet. Alors là j'ai redoublé d'ambition, peut-être décuplé d'ambition. Nouvelle entreprise qui s'appelle NewAV. En fait, Newave, c'est un startup studio autour de la voiture aménagée. Donc,

  • Speaker #1

    toujours la voiture,

  • Speaker #2

    toujours les voitures. Mon truc, c'est la mobilité, la voiture. Je suis convaincue qu'on a besoin de la voiture pour se déplacer quand on est en fauteuil. Et du coup, Newave, on a notamment deux projets phares. Un premier projet industriel complètement fou, où on travaille sur la première voiture électrique accessible. pour les personnes en fauteuil.

  • Speaker #1

    Donc l'écomobilité pour les personnes en situation d'handicap.

  • Speaker #2

    Est-ce que figurez-vous que la mobilité verte, c'est une catastrophe pour l'accessibilité et en fait on régresse énormément en termes d'accès. Les voitures électriques qui sont partout aujourd'hui et qui demain seront vraiment au cœur du parc. Ces voitures-là, on ne peut plus faire rentrer de personnes en fauteuil dedans parce que l'architecture n'a pas été... pensé pour tenir compte des besoins des personnes en fauteuil et on a mis des packs batterie dans le plancher. Donc on ne peut plus abaisser les voitures. Exactement. Demain, il n'y aura plus de voitures si on ne fait rien pour les personnes en fauteuil. Alors que la voiture, c'est vraiment le moyen de se déplacer quand on est en fauteuil. Donc c'est à l'échelle de l'ensemble de l'industrie automobile qu'il y a un problème. Donc on travaille là-dessus et on travaille en parallèle sur l'économie, Le lancement de la première offre de leasing auto accessible aux personnes en fauteuil. Parce que, pareil, en fait, jusque récemment, les personnes avec un handicap n'étaient pas recevables vis-à-vis des partenaires. Des partenaires automobiles.

  • Speaker #1

    Exactement. Pour accéder. Pour accéder. Et ça avance bien cette R&D parce que ça fait deux ans maintenant que vous êtes dessus. On arrive à sortir les premiers véhicules.

  • Speaker #2

    Alors c'est très long un chantier automobile. C'est aussi très cher.

  • Speaker #1

    Oui, parce qu'il faut des partenaires industriels. Est-ce que ça veut dire qu'on se rapproche de grandes marques qui veulent travailler avec vous ? Est-ce que ça veut dire qu'on crée une nouvelle marque de voitures ?

  • Speaker #2

    L'idée, c'est de ne pas travailler seule. Il y a des gens qui savent très bien faire. la construction de voitures, l'assemblage, etc. Nous, on apporte un éclairage différent et on convainc les partenaires automobiles qu'en fait, une voiture accessible... aux personnes les moins mobiles, c'est une voiture super pour plein d'autres gens. Pas que pour les personnes avec un handicap, mais pour toutes les familles nombreuses qui ont besoin de place dans la voiture.

  • Speaker #1

    On ne parle plus de handicap, on parle de modularité du véhicule. Et donc en effet, ça ouvre un marché un peu plus grand, parce que les partenaires automobiles vous diront si c'est pour 5% de la population, sachant que sur la 5% de la population... il y a 10% qui sont en fauteuil, ils vont dire il n'y a pas de marché derrière, il n'y a pas de business. Alors que là, avec la modularité, vous ouvrez un marché beaucoup plus large. Et les familles nombreuses sont souvent exclues aussi d'ailleurs de ces parcs.

  • Speaker #2

    Tout à fait. Et l'idée, c'est vraiment de se dire que quand un design est accessible, ça bénéficie au plus grand nombre.

  • Speaker #1

    Vous êtes née entrepreneuse ou vous êtes devenue entrepreneuse ? Parce qu'il n'y avait pas d'autre job ou parce qu'il y avait un besoin et vous vous êtes dit ce besoin, je vais le faire en créant ma boîte ?

  • Speaker #2

    Non, moi, j'ai commencé à travailler en agence de publicité après mes études.

  • Speaker #1

    Ah, aussi dans la com, comme Desa.

  • Speaker #2

    C'est vrai, on a un peu en commun avec Desa. J'ai fait une grande école de communication et j'ai commencé à travailler en agence de pub, en stratégie de marque. Pour moi, ce qui m'a fait pivoter, on va dire, et choisir l'entrepreneuriat. C'était la question du sens. Et je me disais, est-ce que j'ai envie que ma vie soit consacrée à faire des powerpoints ou des bouteilles de shampoing ? Peut-être pas. Et en fait, moi, j'avais un besoin très concret, qui était que j'avais besoin de me déplacer. Et je me suis dit, en fait, à un moment, on n'est jamais mieux servi que par soi-même. Donc, je vais créer la solution dont j'ai besoin. Et je ne suis pas la seule qui en a besoin. Ça bénéficiera à plein d'autres gens. Et c'est comme ça que j'ai découvert l'entrepreneuriat. Et pour le coup, j'ai vraiment très vite su que c'était fait pour moi, que j'étais faite pour l'entrepreneuriat, parce que moi, j'aime créer, j'aime rassembler les gens, j'aime convaincre. J'aime quand on me dit que ce n'est pas possible et que c'est très compliqué. J'aime bien craquer l'allumette au début qui fait que...

  • Speaker #1

    On leur a dit que c'était impossible et c'est pour ça qu'ils l'ont fait, disent certains. Charlotte, on se retrouvera, je pense, pour soit un portrait, un visage d'entrepreneur, soit dans une autre émission, peut-être autour justement de l'écomobilité, parce que ce sont des sujets qu'on aborde aussi dans l'éco des solutions. Merci beaucoup d'avoir fait le déplacement jusqu'à nous pour ce portrait d'entrepreneur et d'être l'invité de Deza. On fait une petite virgule et je me retrouve juste avec Deza pour clore cette émission.

  • Speaker #2

    L'éco des solutions,

  • Speaker #1

    Patrick Longchamp. On arrive au terme de cette émission. Déza, ma première question, c'était comment vous vous sentiez au début de cette émission ? Ma dernière question, c'est comment vous vous sentez à la fin de cette émission ?

  • Speaker #0

    Je me sens très bien et surtout avec Charlotte à mes côtés. Merci beaucoup.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Déza, de cet échange avec vous. J'étais ravi d'avoir cette veille d'ouverture de ce sommet de la francophonie, de pouvoir évoquer à la fois une femme entrepreneur, francophone, noire. handicapée et qui donne toute sa vie justement pour faire émerger la place des femmes en situation de handicap dans les organes décisionnaires de notre et de nos cités merci beaucoup nous, on se retrouve la semaine prochaine pour une prochaine émission de l'éco des solutions d'ici là, portez-vous toutes et tous très très bien, on se retrouve sur les réseaux sociaux bien évidemment, sur les plateformes respectives de podcast si vous voulez nous écouter en replay, abonnez-vous parce que l'abonnement fait bouger l'algorithme et donc il y aura plus de gens qui pourront écouter déjà, que ceux qui nous écoutent déjà sur les ondes hertziennes. Merci à vous toutes et à vous tous. Bonne écoute de vos radios chrétiennes. À très bientôt. Au revoir.

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