- Speaker #0
RCF. Bonjour à toutes et à tous.
- Speaker #1
L'intelligence artificielle est devenue le sujet incontournable de ces jours et peut-être même du
- Speaker #0
XXIe siècle. Qu'elle soit perçue comme une révolution ou une menace, elle transforme malheureusement déjà nos vies, nos métiers, notre société. Loin d'être un simple outil... technologique, elle façonne un nouveau rapport au monde avec son lot d'opportunités mais aussi de risques. La preuve en est, c'est que l'Europe vient d'interdire l'IA affective, celle qui permet de reconnaître une émotion dans la prise de parole, pour éviter toute manipulation psychique grâce à l'intelligence artificielle. Alors que le sommet de l'Elysée sur l'IA ambitionne de positionner la France comme un acteur clé de cette mutation, une question me semble essentielle. Quel IA voulons-nous ? Une IA ? au service du plus grand nombre ou une IA réservée à une minorité d'experts et d'entreprises technologiques. Aujourd'hui, l'IA est encore loin d'être inclusive, l'accès aux formations reste limité, les biais algorithmiques renforcent parfois les discriminations existantes et les bénéfices de cette révolution profitent surtout aux pays les plus avancés technologiquement. Pourtant, la potentialité de l'intelligence artificielle pour l'éducation, l'emploi, la santé ou encore la lutte contre les inégalités. sont immenses. C'est ce combat que mène depuis plus de dix ans notre invité de cette semaine, l'un de nos invités de cette semaine, Frédéric Bardot, confondateur de Saint-Plon, en rendant les métiers du numérique accessibles au public les plus éloignés de l'emploi. Jeunes décrocheurs, réfugiés, personnes en situation de handicap, femmes dans la tech. Son message est clair, l'IA ne doit pas être un facteur d'exclusion mais bien un levier d'émancipation et d'insertion. Mais cette responsabilité ne peut pas reposer. uniquement sur quelques initiatives engagées comme celle de Frédéric, l'État, oui l'État, doit jouer aussi un rôle moteur en imposant peut-être plus de transparence sur les algorithmes, en facilitant l'accès aux formations et en encourageant les entreprises à intégrer l'inclusion dans leur stratégie numérique de l'intelligence artificielle. Les grandes plateformes de l'IA, aujourd'hui dominées par des intér��ts privés, doivent-elles aussi intégrer une dimension éthique et sociale à leur défi ? Innovation, pourquoi pas, ne pas penser une fondation de l'IA. L'Europe a déjà commencé avec l'IA Act à la réguler, il y a des progrès à faire. L'IA pour tous, ce n'est pas une utopie, c'est même une nécessité. Si nous voulons éviter une nouvelle fracture numérique qui deviendrait une fracture sociale, nous devons agir ici et maintenant pour que l'intelligence artificielle ne soit pas un privilège, mais bien un bien commun. Bienvenue dans l'éco des solutions. L'écho des solutions,
- Speaker #2
Patrick Longchamp.
- Speaker #0
Voilà,
- Speaker #1
bonjour à toutes et à tous, très très heureux de vous retrouver dans l'écho des solutions cette semaine.
- Speaker #0
Vous l'avez compris, on va parler d'intelligence artificielle et je vous rassure, c'est bien moi qui vous parle aujourd'hui. Ce n'est pas un robot qui a préenregistré cette émission. Peut-être d'ailleurs qu'on s'amusera durant l'émission à vous faire une pause musicale générée par l'intelligence artificielle. Ça peut être assez rigolo, même s'il y a des questions éthiques, des questions juridiques. Et c'est ce qu'on verra peut-être, même certainement,
- Speaker #1
avec notre invité du dossier de l'éco-désolution,
- Speaker #0
Frédéric Bardot, qui est propriétaire de ce qui est généré par l'intelligence artificielle. Alors, il y a des questions éthiques, il y a des questions d'inclusion, il y a des questions d'insertion, fractures numériques, enjeux sociétaux. Bref, l'IA, ce n'est pas juste un outil technique, c'est un enjeu qui va engager toute notre société qui vient. On évoquera aussi l'IA for Good avec le fonds de dotation Abilities. Et c'est Stéphane Bridel, son directeur général, qui interviendra à la fin de cette émission, dans les 7 minutes pour changer le monde, pour nous expliquer comment l'IA peut être au service du maintien à domicile de nos aidés et des personnes les plus fragiles. Et puis on retrouvera aussi notre invité éco. D'ailleurs, il arrive, il est là, Nicolas Jakubowicz. On ne parle pas d'IA avec lui, on va surtout parler de comptabilité, parce que vous le savez, aujourd'hui, plus de 60 000 entreprises... On déposait le bilan en 2024, c'est beaucoup. Et comment est-ce qu'on peut prévenir ces dépôts de bilan ? Quels sont les outils à mettre en place ? Quels sont les outils que l'on peut utiliser pour éviter justement et prévenir ces dépôts de bilan ? C'est ce qu'on voit tout de suite avec Nicolas Jakubowicz, dirigeant associé chez Exponence. Il est notre invité éco de cette semaine.
- Speaker #3
L'invité éco, Patrick Longchamp.
- Speaker #1
Je suis avec mon invité éco de cette semaine, Nicolas Jakubowicz, associé chez Exponents. Bonjour Nicolas. Merci beaucoup d'être avec nous. Plus de 60 000 défaillances d'entreprises recensées en France, 250 000 emplois qui sont menacés. On dit toujours, particulièrement dans les réseaux patronaux, qu'il vaut mieux prévenir que de déposer ou de mourir au sens de l'entreprise, et éviter de mourir tout bonnement. Alors, on va évoquer avec vous ces questions. Comment est-ce qu'on peut prévenir ? Comment on peut détecter de manière précoce ? Quelles sont les préventions financières ? Quels sont les différents modes ? Et quel rôle jouent les experts comptables et les commissaires aux comptes ? Nicolas Jakubowicz, c'est un vrai constat aujourd'hui. 67 000 défaillances d'entreprises, 250 000 emplois menacés. La Covid, les PGE sont une de ces raisons. D'aucuns disent que certaines entreprises sont en train de payer le PGE, c'est-à-dire qu'elles auraient pu mourir en 2020, elles ont eu un sursis jusqu'en 2024.
- Speaker #4
Ce qui est évident, c'est qu'il y a une chute brutale avec le quoi qu'il en coûte, avec les PGE, etc. Il y a une chute brutale des dépôts de bilan, ce qui est totalement anormal, mais l'économie était sous perfusion. Mais ce n'est pas le PGE, parce que le PGE, pour le coup, c'était plutôt bien calibré. Parce qu'au final, là, on est plutôt dans la période où on va rester un peu... à peu près 15% à l'échange de PGE, et l'État, Bercy tape sur 4 à 5% de défaillances qui sont partagées entre l'État, c'est-à-dire BPI et l'État, à 80-90%, et le reste pour les banques.
- Speaker #1
Alors quels sont les premiers signes ? Un peu comme dans le cancer ou dans les maladies, comment est-ce qu'on peut détecter de manière assez précoce que déjà ça ne va pas aller, et quelles sont les solutions à mettre en place assez rapidement quand on fait ce premier diagnostic ? En tout cas,
- Speaker #4
la solution... qui consiste à ne pas bouger et à ne rien faire est toujours la plus mauvaise solution. L'étape capitale à comprendre dans la gestion d'une entreprise, c'est qu'est-ce qu'est un état de cessation des paiements, puisque c'est cette boussole qui va conditionner le traitement des difficultés. Soit on est en amont, je l'ai dit, de cet état de cessation des paiements et on peut agir sur des mesures de prévention, soit on est en aval et on n'a pas le choix. On doit ouvrir des mesures, on doit ouvrir des procédures collectives. Il y a un effet stratégique, ça se prépare. Le passif se prépare, l'anticipation du passif, l'anticipation de la trésorerie, tout se prépare. Qu'on soit en procédure collective ou en procédure de prévention. Je donnerais deux chiffres. La procédure collective, c'est à peu près 90% d'échecs. La procédure de prévention, on est en amont de l'état de cessation des paiements, c'est à peu près 70% de réussite.
- Speaker #1
C'est très intéressant ce que vous dites Nicolas, parce qu'on a toujours l'impression que quand on rentre dans un système, que ce soit de procédure collective, de procédure de prévention, et moi je me souviens d'un... d'un ami entrepreneur qui a été en procédure collective, qui a été accompagné et qui s'est dit finalement plutôt que... Parce que quand on rentre en procédure collective, je pense que psychiquement, on est déjà dans la fermeture. Lui, il a pris le parti inverse de se dire que ça allait être un moyen, un levier, justement. Et vous êtes en train de nous dire que finalement, plutôt que d'aller dans le mur, rentrer dans ces systèmes de procédure collective qui existent, ou le mandat de conciliation dont on va parler, ça permet... aussi de sauvegarder des emplois, sauvegarder l'entreprise, même si elle ne va pas avoir la rentabilité escomptée pendant les quelques années qui suivent.
- Speaker #4
Alors oui, puisque la procédure collective, je l'ai dit, le redressement judiciaire, c'est vous étalez votre dette sur 10 ans, vous avez vos intérêts. Et donc, c'est imbattable. Dans de nombreux cas, la procédure collective est à proscrire parce que, certes, vous étalez votre passif, vous ne pouvez plus travailler. Donc, l'un dans l'autre, il vaut mieux quand même travailler. Je suis bien d'accord. Si on reprend les procédures de prévention, puisque mon ADN, c'est ça, la prévention, ce sont c'est le code de commerce qui prévoit ces dispositions, ces deux dispositifs qui s'appellent le mandat ad hoc ou la conciliation. La petite différence entre les deux, c'est que le mandat ad hoc, vous ne pouvez pas l'ouvrir si vous êtes en état de cessation des paiements. La conciliation, vous pouvez l'ouvrir même si vous êtes en état de cessation des paiements, mais pas pendant plus de 45 jours. La frontière est ténue et je voudrais quand même juste préciser ce qu'est l'état de cessation des paiements pour nos auditeurs, c'est faire face à son passif exigible avec son actif disponible. Qu'est-ce que l'actif disponible ?
- Speaker #1
C'est ce que j'ai dans le porte-monnaie. C'est-à-dire que si je ne peux pas payer mon pain et mon loyer, je suis en cessation de paiement.
- Speaker #4
Pour la majorité des entreprises, c'est votre trésorerie. Si je n'ai pas de quoi payer mon salarié, si je n'ai pas de quoi payer ma télé, si je n'ai pas de quoi payer mon URSAF, un instant P, ce n'est pas dramatique. Mais ethniquement, ça veut dire que je suis en état de cessation des paiements. Si demain, si le jour d'après, je reçois, j'encaisse une grosse créance client qui me permet d'appurer ce passif, je suis sorti de mon état de cessation des paiements. Ce qui est bien à retenir, c'est que ce qui est préjudiciable pour l'entreprise et pour son dirigeant... qui est synonyme de faute et potentiellement de sanction envers lui, c'est de conserver cet état pendant plus de 45 jours, puisque là, vous êtes en faute. Voilà, c'est ça que je voudrais que, s'il y a une chose à bien retenir, c'est ça, c'est assez votre boussole. Et si vous n'êtes pas au métat de cessation des paiements, si vous n'êtes pas plus de 45 jours, vous pouvez... adhérer à une mesure de prévention qui sont mandatoques et conciliations. On va conserver la conciliation. Et en fait, ces dispositifs permettent, sous l'égide du tribunal de commerce, qui va désigner un professionnel, un auxiliaire de justice, vous permettre de négocier avec vos créanciers pour trouver un allongement, des moratoires qui vous permettent de passer les phases difficiles pour faire en sorte de sortir de cette difficulté, de ne plus être en état de cessation des paiements et repartir de l'avant. Les procédures de prévention, donc mandat de conciliation, sont confidentielles. Et ça, c'est capital. Il faut que le dirigeant comprenne. Alors que la procédure collective, c'est que tout le monde est mis sur un plan d'égalité. C'est au cabis. Tout le monde, c'est pour ça que je dis que c'est délétère pour l'écosystème de l'entreprise. Tout le monde est au courant de la situation.
- Speaker #1
Et quel est le coût de la conciliation ? Parce que quand une entreprise ne va pas bien, que vous allez chercher un mandataire de conciliation, il faut le payer. Si vous êtes à la limite de la cessation de paiement, comment ça se finance ?
- Speaker #4
C'est très juste, oui, quand vous faites intervenir des professionnels, voilà. Donc c'était une question qui se pose. Chez nous, au sein d'Exponance, par exemple, puisqu'on a un service gestion risque et assurance, j'ai souhaité qu'on travaille sur une offre d'assurance santé entreprise, entre guillemets. Ça, ça existe. Il y a des assurances responsabilité civile qui prennent parfois en charge en cas de difficulté, évidemment, moyen-horaire, préavis, etc. Vous ne pouvez pas prendre l'assurance et puis dire, hop, je suis tout de suite en… Voilà, il faut que le modèle pour l'assureur ne soit pas délétère. Mais on travaille sur ces notions-là, justement, pour permettre une prise en charge par l'assurance d'un horaire exceptionnel dans le cadre d'une procédure, par exemple, de prévention. Alors effectivement, ça a un coût. Il faut désigner un autre lierre de justice qui aura la charge de négocier pour vous et pour votre entreprise avec les créanciers. il faudra bien souvent que l'expert comptable intervienne pour valider des prévisions, etc. Donc, il faudra que l'expert comptable accompagne plus l'entreprise. Mais c'est surtout dans cette relation avec l'entreprise, elle est différente. Avant, l'expert comptable, il est prêt pour faire la comptable, faire la déclaration, etc. Du jour où on est en situation de difficulté, une conciliation, en fait, ça se trouve devant le président du tribunal de commerce, qui vous reçoit en costume, voilà, vous n'êtes pas en... Vous n'êtes pas dans une salle d'audience avec le procureur. Le président du tribunal de commerce, il demande à ce que l'entrepreneur signe, justifie qu'il n'est pas en état de cessation d'épéments, et bien souvent, il demande à l'expert comptable également d'attester, de signer de l'état de l'entreprise. L'entrepreneur, c'est ce qu'il veut, mais quand il faut, moi ce que j'explique à mes clients, attendez, moi je me mouille avec vous. Si vous commencez à me balader, à ne pas tout me dire, ça ne va pas le faire. Et si moi je ne signe pas ? Si votre ex-staff comptable n'atteste pas que vous êtes en capacité d'ouvrir une mesure de prévention, qu'est-ce qu'il va penser de l'entreprise et de vous, le dirigeant du tribunal de commerce ? Donc, la relation, elle se transforme. Et moi, j'apprécie beaucoup, parce que quand on est dans la petite lutte, enfin, si tu ne vous tues pas, vous rends plus fort, c'est toujours pareil, selon la maxime populaire. Mais moi, j'apprécie ces phases de difficulté, parce que quand on en sort, on en sort grandit. L'entreprise en sort plus forte, le dirigeant a appris des choses, même si effectivement il y a des coûts, mais il y a le coût caché et le coût affiché. Il y a effectivement parfois un coût exceptionnel à subir quand on est en difficulté, je le comprends, mais qu'est-ce que ça vaut au regard du fait que l'entreprise part en liquidation parce qu'elle n'a pas été accompagnée et que le dirigeant voulait faire des économies ?
- Speaker #1
Alors, vous m'aviez prévenu que vous étiez bavard. On arrive au terme de cet échange. Nicolas, on rappelle qu'il y a des rôles importants. D'abord, ceux des experts comptables et des commissaires aux comptes qui sont là aussi pour vous accompagner. Il y a des choses qu'on n'a pas dites, mais qui sont primordiales. C'est les outils de pilotage et particulièrement les tableaux de trésorerie. S'ils sont bien tenus à jour, on peut percevoir précocement qu'on va aller dans le mur. Et puis, bien évidemment, il y a aussi tous les réseaux d'entrepreneurs. Et s'il y a une chose à retenir dans tout ça, c'est surtout ne rester pas seul face à vos problèmes, que ce soit avec votre expert comptable, avec des amis, avec vos réseaux. N'hésitez pas à en parler parce qu'on sait que le premier capital de l'entreprise, c'est la santé du dirigeant. On en a fait des émissions là-dessus et il faut bien le prendre en compte. Et si vous n'allez pas bien, il y a aussi des spécialistes de la santé du dirigeant. Alors, allez les voir. Merci beaucoup, Nicolas Jakubowicz, de nous avoir ouvert à ces questions, à ces solutions. à ces éléments de prévention et d'éclaircissement. Et je souhaite plein de courage à tous ceux et toutes celles qui sont face à ces problématiques. On sait combien c'est dur pour le sommeil. Ne restez pas seuls, c'est tout ce que je peux vous dire. Nous, on fait une pause musicale dans l'écho des solutions. On se retrouve tout de suite après avec Frédéric Bardot de Saint-Plan pour évoquer l'IA for Good.
- Speaker #3
Pour une économie du bien commun,
- Speaker #4
la chronique des entrepreneurs et dirigeants chrétiens,
- Speaker #3
Pierre Collignon.
- Speaker #0
Alors heureusement qu'il y a un réalisateur dans cette émission qui m'a rappelé qu'il y avait la chronique des entrepreneurs et dirigeants chrétiens avant la pause musicale. Bonjour Pierre.
- Speaker #4
Bonjour Patrick.
- Speaker #1
Alors aujourd'hui vous avez souhaité revenir sur un sujet qui vous est cher,
- Speaker #0
la jeunesse, souvent invoquée dans la politique comme dans l'économie, et qui peut servir parfois comme une forme de jeunisme.
- Speaker #1
Alors vous pointez... la difficulté de nos sociétés, où on a à faire la place aux jeunes,
- Speaker #0
c'est ça Pierre ? Oui,
- Speaker #5
d'abord vous le savez, j'ai toujours tendance à me méfier des a priori, et si vous regardez les chiffres, vous constaterez comme moi que la tranche d'âge des 15-24 ans reste, et de loin, la plus touchée en France avec un taux de chômage de 17,4%. On peut donc légitimement se poser la question de savoir comment reprocher à nos enfants leur crainte de rentrer dans le monde du travail quand on regarde le... peu d'empressement avec lequel apparemment en tout cas on les y attend. Et cette question souvent posée en amène une autre, nous qui avons en charge dans nos entreprises la formation de ceux qui vont nous succéder, quelle place sommes-nous prêts à leur accorder aujourd'hui ?
- Speaker #0
Alors voudriez-vous dire par la pierre que plus notre monde crie qu'il aime la jeunesse, moins il le prouve dans ses actes ?
- Speaker #5
Sans aller jusque-là, on peut simplement s'interroger sur la place que nous sommes prêts, nous les entrepreneurs en tout cas, à laisser leur chance aux plus jeunes. Et pourtant chacun d'entre nous a eu sa première chance. Vous aussi, Patrick. Difficile, souvent douloureuse, quelquefois, mais en tout cas toujours formatrice. Cette première chance nous a été donnée et c'était naturel et c'est naturel. Et si vos employeurs avaient conscience de nos limites, nombreuses d'ailleurs, ils savaient aussi accueillir avec confiance et corriger avec bienveillance.
- Speaker #1
Pourquoi les choses ont-elles tant changé ? Pourquoi serait-il plus difficile aujourd'hui,
- Speaker #0
Pierre, de recruter un junior à un poste ou avec un peu de temps et d'attention, il pourrait fort bien remplir sa tâche ?
- Speaker #5
En essayant de répondre à ces questions, on est tenté par quelques vraies fausses pistes. Vous savez, la conjoncture économique, le manque de maturité des jeunes, le faible niveau de leur formation qui conduit dans nos organisations à voir arriver des jeunes qui n'ont pas beaucoup de savoir-faire et quelquefois qui manquent de savoir-être. Mais si toutes ces réponses ne manquent pas de réalisme, objectivement, elles ne doivent pas nous cacher la question de fond. Croit-on encore aujourd'hui que la jeunesse est une chance pour nous ? pour notre économie et un atout pour nos entreprises. Quel risque est-on prêt à prendre pour les accueillir ?
- Speaker #0
Quelle réponse voudriez-vous apporter à cette interrogation ?
- Speaker #5
J'ai envie, avec Saint-Jean-Paul II, de parler de culture de vie. S'en écarter, nous dit-il, équivaut à se condamner soi-même au non-sens et au malheur, avec pour conséquence de pouvoir devenir aussi une menace pour l'existence d'autrui. Or, précisément, la jeunesse, c'est la vie, c'est l'avenir, et même si elle n'est pas exactement ce que l'on voudrait qu'elle soit, ça fait des millénaires que ça dure, il faut l'accueillir comme un don précieux, une fragile, mais une grande espérance. En donnant sa chance à un jeune, en l'aidant à se découvrir et à se dépasser, en contribuant à son éducation à travers son apprentissage de la réalité de l'entreprise, je crois qu'on lui fait le cadeau le plus précieux, la confiance et l'estime de soi. Et du même coup, on sert l'entreprise qui assure ainsi ce qu'il est convenu d'appeler aujourd'hui son développement durable.
- Speaker #1
Merci beaucoup Pierre. On fait tout de suite une pause musicale,
- Speaker #0
une pause musicale un petit peu. originale dans les codes et solutions, puisqu'elle n'est pas de moi. Elle est de l'intelligence artificielle. Voilà,
- Speaker #1
c'est parti.
- Speaker #0
Je vous laisse apprécier.
- Speaker #1
Et on retrouve tout de suite après notre invité de ce jour.
- Speaker #0
Il s'agit de Frédéric Parton, président cofondateur de
- Speaker #2
Simplon. Les petits chemins, tu calcules, tu prédis, mais tu ne ressens rien. Rêver d'inclusion dans tes circuits, enfin. Ni roi, ni puissant, ni pas froid, ni logique. Explore tous les cœurs souffrant de ces tragiques. ton algorithme diviniste, ton savoir, mais tu restes une illusion, vos espoirs, et à ce Oh oh, regarde ces visages ignorés par ma clarté, leur souffrance tu ne peux l'éclairer. Les richesses de l'âme tu n'écliches en chemin, mais l'humain est déluçant sans un peu de chaleur. Tu te prends devant comme un baisseur, mais n'est pas joli, sincèrement, sérieux.
- Speaker #0
C'était la complainte de l'IA solitaire générée par le logiciel Suno. Quelques éléments dans un prompt pourraient donner des indications pour la création d'un texte et puis l'intelligence artificielle fait le reste. J'espère que vous avez aimé. cette chanson dont personne n'est pour rien sinon un algorithme, des chiffres, des zéros et des 1 et puis peut-être un petit peu de toutes les données qui ont été intégrées, ce qui pose plein de questions, questions éthiques, questions morales, questions juridiques. C'est ce qu'on voit avec notre invité de cette semaine dans le dossier de l'éco-désolution. Il s'agit de Frédéric Bardot, cofondateur de Simplon. Il est avec nous dans l'éco-désolution cette semaine.
- Speaker #3
L'écho des solutions,
- Speaker #0
Patrick Longchamp.
- Speaker #1
Voilà, et on ouvre le dossier de l'écho des solutions. L'intelligence artificielle est au cœur des discussions en ce moment stratégiques en France et dans le monde d'ailleurs. Les Chinois ont sorti aussi la leur, d'Ipsic, alors que le sommet de l'Elysée sur l'IA vient de s'ouvrir et qui ambitionne de positionner la France comme un des leaders d'une IA souveraine, éthique et responsable. Des voix s'élèvent pour rappeler que cette révolution technologique ne doit pas creuser les inégalités, le fossé numérique ne doit pas se creuser encore plus et permettre de servir l'inclusion et le bien commun. Parmi ces acteurs engagés, Frédéric Bardot, cofondateur et président de Simplon, est l'un des pionniers du numérique inclusif. Il est notre invité du dossier de l'éco-désolution de cette semaine. Bonjour Frédéric.
- Speaker #3
Bonjour, merci de me recevoir.
- Speaker #1
On va évoquer avec vous justement cette question de l'IA. L'IA transforme à grande vitesse nos économies, nos modes de vie. Et les questions qu'on va essayer de se poser ensemble, c'est comment garantir que cette technologie profite à tous et à toutes, et pas seulement à une élite de la technologie. L'IA peut-elle devenir un outil d'insertion sociale et d'émancipation ? Vous l'avez prouvé avec Saint-Plon comme quoi le numérique pouvait être au cœur de l'insertion et de l'inclusion. Quel rôle doit jouer l'État pour encourager une IA vraiment inclusive ? C'est ce qu'on va voir avec vous. Le sommet de l'Élysée, c'est ouvert, vous y êtes complètement impliqué, Frédéric Bardot. Qu'est-ce qu'on doit attendre de ce sommet de l'Élysée ? Est-ce un Grenelle et un sommet parmi tant d'autres ? Ou est-ce qu'il y a une véritable volonté de l'État français, aujourd'hui, de mettre tous les acteurs autour de la table pour se dégager une présence dans ce monde impitoyable qu'est l'intelligence artificielle ?
- Speaker #3
Un petit peu tout ça, on verra après, mais c'est vrai que les ambitions sont fortes. Déjà, ce n'est pas forcément un sommet uniquement français, c'est en fait le quatrième sommet d'une série de sommets internationaux qui avant s'appelaient les sommets de la sécurité de l'IA, les Safety Summit. Nous, comme on ne fait jamais rien comme les autres, comme vous le savez, Emmanuel Macron a choisi de le renommer en sommet de l'action sur l'IA. On n'est plus sur la sécurité, on est sur l'action, et donc c'est un sommet international. Tout le gratin de l'IA mondiale va se retrouver à Paris et se retrouve à Paris. Il y a 1000 personnes au Grand Palais, c'est trié sur le volet. C'est un enjeu diplomatique très fort pour la France qui veut se placer comme étant une nation de premier rang en Europe déjà et aussi de peut-être deuxième, troisième ou quatrième rang au niveau mondial. Il y a beaucoup d'enjeux diplomatiques, beaucoup d'enjeux d'image et on espère aussi beaucoup d'enjeux pour les entreprises françaises, pour l'État et pour le grand public. Ce serait bien aussi qu'il y ait des petits ruissellements qui aillent jusqu'aux Français.
- Speaker #1
Le gouvernement met en avant une IA souveraine et responsable. Selon vous, quels sont les principaux défis qu'il faut aujourd'hui soulever pour arriver à une IA responsable ? On le voit bien, si on est sur DeepSeek, il est difficile d'interroger cette IA sur les manifestations de Tiananmen. De même, sur les IA américaines, on voit qu'elles peuvent être bloquées à un certain nombre de questions. Une IA souveraine et responsable, pour vous, c'est quoi exactement, Frédéric Bardot ?
- Speaker #3
Pour l'instant, c'est un rêve. C'est un rêve que toutes les nations font. Donc tous les modèles d'IA ressemblent à leurs constructeurs et aux nations qui les portent. Donc les modèles américains, ils déploient, on va dire, une énergie très forte sur le premier amendement et sur la liberté d'expression. Mais il y a une vision du monde américaine derrière. Si vous demandez qui a inventé l'aviation Ausha de GPT français qui s'appelle Mistral, il vous dira que c'est Louis Blériot. et Clément Hadder et tout ce que tu veux. Et si vous demandez la même chose à chaque GPT, il vous dira que c'est les frères Wright en Angleterre. Et donc, voilà. Donc, derrière, il y a des batailles effectivement idéologiques. Et donc, le chemin pour une IA souveraine, responsable et bio aussi, parce qu'il y a aussi l'impact écologique du numérique, il y a encore fort à faire. Il y a beaucoup de défis qui ne sont pas résolus, des problématiques de sécurité, de biais. Et donc, voilà. Et tous les mauvais usages qu'on peut faire aussi de ces outils. Donc, c'est un chemin, mais on est sur le chemin.
- Speaker #1
Vous êtes un grand observateur du numérique, puisque vous avez créé Simplon il y a déjà une bonne dizaine d'années maintenant, pour permettre l'insertion sociale par les métiers du numérique. L'IA, vous ne le découvrez pas aujourd'hui, on s'est croisés il y a quelques années. Il y a quelques années déjà, vous me parliez de cette importance de l'intelligence artificielle. On n'en parlait peut-être pas autant dans les médias actuellement. Quel est le risque de cette fracture sociale que peut engendrer l'IA, Frédéric Bardot ?
- Speaker #3
Oui, vous avez raison. Déjà, nous, on forme à l'IA à Saint-Plon depuis 2018, quand la France s'est dotée d'une stratégie, on appelle ça le plan Villani, du célèbre mathématicien Cédric Villani. Et donc, on a déjà formé plusieurs milliers de personnes qui étaient demandeurs d'emploi, qui n'étaient pas du tout dans l'IA ou dans les geeks, au métier de l'IA. Donc là, leur métier, c'est de, pas de créer des modèles d'IA, mais d'utiliser des modèles d'IA, de les mettre dans des applications, etc. Mais ces technologies-là, en fait, elles touchent le grand public. Il y a plus de 2 milliards de personnes qui ont joué avec cette DPT le mois dernier. C'est le service numérique qui a été le plus utilisé de l'histoire du numérique. Et donc, ça vient rajouter des super pouvoirs à des gens qui ne sont peut-être pas très qualifiés parce que ces modèles sont interrogeables en langage naturel. Ils sont multilingues, ils parlent plusieurs langues. Et en plus, pour les gens qui sont en situation de handicap, ça fait de la voix, ça fait des images, de la vidéo. Donc, c'est très intéressant, mais il y a un risque.
- Speaker #0
que si les personnes ne sont pas accompagnées pour utiliser ces usages, peut-être qu'ils croient chaque GPT sur parole ou qu'ils n'arrivent pas à s'en saisir alors que c'est une opportunité. Ces outils sont très inclusifs, donc il y a encore du boulot.
- Speaker #1
L'IA inclusif, il y a en effet encore beaucoup de travail pour le développer. Vous, les enjeux, et je pense qu'on en parlera avec notre invité des 7 minutes pour changer le monde. La question de... de la formation. On n'a pas mis le code tout de suite au programme scolaire. Il faut mettre l'IA, le code aujourd'hui, comme on apprend l'orthographe, les mathématiques.
- Speaker #0
Oui, je pense, parce qu'on a une chance historique d'avoir ces technologies-là qui sont en langage naturel. Donc, ça peut vraiment donner beaucoup de superpouvoir aux gens. Et donc, ça, il ne faut pas que ce soit un sujet supplémentaire pour que des gens déjà éduqués se saisissent de ça et que ça laisse sur le côté les autres. Et en plus, il y a un risque aussi que les gens se saisissent de ces technologies sans esprit critique. et croient les plagiats le fait de faire faire ses devoirs à la maison à chaque GPT c'est très dangereux parce qu'il y a des hallucinations il y a beaucoup d'erreurs entre une fois sur dix et une fois sur deux donc je pense qu'il faut éduquer à la prise en main de ça parce que ça peut être à la fois utile dans la vie personnelle et professionnelle mais ça peut être aussi délétère si c'est mal utilisé parce qu'on peut devenir assez rapidement feignant et croire
- Speaker #1
n'importe quoi au GPT c'est pas faux je m'amuse chaque mois avec ... avec ChatGPT pour faire le portrait de mes invités. Et alors, souvent, ils sont assez justes, parce que c'est des personnes qui ont des fortes notoriétés. Mais des fois, il y a quelques erreurs sur le département de naissance. Alors, on le corrige bien évidemment. Ça n'empêche pas l'action humaine. Le rapport Villani, vous le mentionnez, 2018, alertait déjà sur l'impact de l'IA sur l'emploi. Est-ce qu'il faut vraiment alerter sur la question de l'emploi ou est-ce que ce n'est pas tout simplement de nouveaux métiers qui sont en train de se créer, Frédéric Bardot, et qui ne vont pas forcément faire disparaître ? Comme je dis souvent, les maréchaux ferrants n'ont pas disparu parce que la voiture est arrivée.
- Speaker #0
Non, mais tout à fait. En plus, il y a de la littérature scientifique sur le sujet. En 2024, il y a eu un prix Nobel d'économie qui a été décerné à quelqu'un qui travaille au MIT, qui s'appelle Darren Assemogu, et qui travaille sur ces questions depuis plus de 20 ans. Et donc, en fait, l'IA et la technologie en général, c'était vrai pour les technologies d'avant. détruit de l'emploi et crée de l'emploi, mais elle en crée toujours plus qu'elle en détruit, et pas forcément que des emplois qualifiés, alors que des emplois non qualifiés disparaîtraient. Donc en fait, c'est une mutation qui est nécessaire et qui suit toutes les technologies. C'était le cas avec la machine à vapeur, avec les maréchaux ferrants, avec l'automobile, et ça va continuer. C'est vrai que ça fait un peu plus peur parce qu'on a des petits fantasmes à la Terminator. On a aussi des gens dans la Silicon Valley qui nous racontent qu'on va tous avoir un revenu minimum d'existence puisque les robots vont faire notre travail à notre place. Et on est loin de faire ça. Donc, il y a des métiers qui sont très exposés, d'autres moins. Mais ça va créer aussi de nouveaux emplois, de nouvelles compétences.
- Speaker #1
Justement, c'est quoi les nouveaux emplois qui émergent ? Vous qui formez chez Simplon au métier de l'IA depuis 2018, il y a certainement déjà des métiers qui sont dépassés. Il faut être en perpétuelle agilité. C'est quoi les nouveaux métiers qui émergent ? S'il y a des jeunes qui nous écoutent, qui ont envie de se passionner pour l'IA, c'est quoi les nouveaux métiers dans lesquels on peut venir ? Et quels sont ceux qui vont... Ce sera ma deuxième question, je ne vais pas poser trop de questions dans la question, mais quels sont ceux qui vont être impactés par l'IA, mais en bien, parce que ça va changer aussi la manière de travailler ?
- Speaker #0
C'est une question centrale. C'est un peu comme la transition écologique, on dit qu'il y a des métiers verts et des métiers perdissants. Là, il y a des métiers qui sont vraiment des métiers qui vont être peu liés à l'IA, donc des nouveaux métiers, de faire des modèles, de rééduquer des modèles, d'annoter les données qui permettent de nourrir les modèles. Il peut y avoir des dresseurs d'IA. Ça, ça existe déjà. C'est vrai, comme les dresseurs de Pokémon, mais pour les IA, pour les aligner, pour les rééduquer. Ça, c'est des métiers qui sont vraiment...
- Speaker #1
Qu'est-ce que vous avez dit ? Dresseur d'IA, ça veut dire que, par exemple, si on prend DeepSeek ou ChatGPT, à partir du moment où on rentre de la donnée et à un moment donné, on risque de dévier un petit peu les informations qui sont données. Donc, il faut redresser un petit peu les choses pour avoir toujours le même canal, un canal qui soit parfaitement aligné, c'est ça ?
- Speaker #0
C'est exactement ça et on appelle ça l'alignement. C'est une phase de rééducation. Après le training avec les ordinateurs, la puissance de calcul, il y a des humains qui viennent corriger en posant plein de questions pour mettre en difficulté le modèle, pour qu'il soit en phase avec la légalité, la moralité, mais aussi la vision du monde de son constructeur. C'est déjà le cas. Malheureusement, c'est plutôt des gens qui sont payés un dollar par jour dans des pays du Grand Sud qui font ça et qui ne sont pas forcément très édifiés et très grandis par ce genre de tâches. même si ça leur procure des revenus qui sont intéressants. Et donc, on peut imaginer effectivement que les gens qui vont concevoir ces alignements soient spécialisés en éthique et en morale des IA et qu'ils soient un peu des dresseurs d'IA et des redresseurs d'IA.
- Speaker #1
On parlera d'éthique et de morale après. Il y a d'autres métiers ?
- Speaker #0
Il y a tous les autres métiers.
- Speaker #1
Lesquels ? Alors, prompteur, c'est un des nouveaux métiers ?
- Speaker #0
Non, ce n'est pas un nouveau métier.
- Speaker #1
Non,
- Speaker #0
ce n'est pas un nouveau métier ? qu'on doit tous développer, vous comme moi. Et donc, un avocat, il va devoir déployer des compétences de prompte adaptées à son métier. Et c'est là où je voulais en venir. Ce n'est pas les métiers verdissants, mais en fait, tous les métiers vont être impactés par l'IA. Et les graphistes qui n'utilisent pas l'IA, les journalistes qui n'utilisent pas l'IA, les cuisiniers qui n'utilisent pas l'IA, risquent d'être effectivement dépassés par des collègues qui utiliseraient l'IA. Donc, ce n'est pas forcément l'IA qui va remplacer les gens, mais des gens qui utilisent l'IA qui pourraient remplacer des gens qui ne l'utilisent pas. Et donc... On dit que ça va faire la peau des traducteurs. Vu le niveau de traduction de certains modèles, je pense que les traducteurs ont encore de beaux jours devant eux. Peut-être qu'il y aura moins de traducteurs en volume, mais en fait, d'avoir des compétences de traduction, quand on maîtrise l'IA, ça peut être utile dans plein de choses. Il va y avoir des juristes qui vont faire de l'IA. Ça pose des nouveaux problèmes juridiques aussi. Est-ce qu'une IA a une personnalité juridique ? Est-ce que créer une image avec l'IA fait de la personne qui a prompté un auteur ? Là, les États-Unis viennent de dire que non. Même si vous avez fait 600 promptes pour avoir un super panda, le panda ne vous appartient pas. Ça crée plein de nouveaux métiers, mais aussi ça change... Ça change le fond du droit. Oui, tout à fait. Ça pose des problèmes de sécurité. Il y a maintenant des techniques de hackers qui sont spécifiques sur l'IA. Ça va impacter tous les métiers. Les community managers, les journalistes, les avocats. Peut-être pas les peintres en bâtiment. Peut-être le métier manuel.
- Speaker #1
Vous ne savez pas, si on met de l'IA par rapport à un robot qui peindrait les bâtiments avec de la projection, c'est bien possible qu'à un moment donné, ça arrive. On construit déjà des maisons en imprimant de 3D. Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas repeindre des maisons avec un robot qui saurait détecter la porosité et la quantité de peinture envoyée pour justement économiser de la peinture. J'en reviens rapidement sur la formation chez Saint-Plon. Quelles sont donc les formations aujourd'hui que vous développez sur l'IA ? L'alignement, vous m'avez dit que ça se passe à Madagascar. Oui, mais vous... Vous travaillez, vous formez, je dis Madagascar, en tout cas dans des pays pauvres ou en voie de développement. Quelles sont les formations que vous, vous développez chez Simplon sur l'IA, justement, pour les jeunes qui ont envie d'aller se former ?
- Speaker #0
Alors, il y a des formations professionnelles de l'IA. Donc, on a inventé un diplôme qui a été reconnu par l'État. En fait, avant, dans l'IA, il n'y avait que des bacs plus simples. Nous, on a montré que les entreprises avaient besoin aussi de profils intermédiaires, des bacs plus 3-4. Et donc, on a un diplôme qui est développeur ou développeuse en IA. Donc ça, c'est des développeurs qui intègrent des modèles d'IA dans des applications. Ça, c'est le premier métier qu'on peut faire chez Simplon. Il y en a plus de 2000 qui ont déjà été diplômés. Il y a des data engineers. Donc ça, c'est des gens qui préparent les données qui permettent d'entraîner les IA derrière. Il y a des chefs de projet IA. Donc ça, c'est des métiers pur IA. Et après, en fait, on regarde dans les métiers s'il y a des impacts sur l'IA. Donc ça, ça peut être, je ne sais pas, un community manager avec de l'IA ou des choses comme ça, la cybersécurité avec de l'IA. Et le troisième type de formation qu'on a à Simplon, Ce n'est pas pour devenir un professionnel de l'IA, mais pour utiliser l'IA dans un autre métier. Donc là, c'est des formations d'acculturation ou de prise en main de l'IA qu'on peut utiliser, qu'on soit journaliste, avocat ou demandeur d'emploi, mais qu'on cherche quelque chose dans la cuisine ou autre chose. C'est la puce de l'acculturation.
- Speaker #1
On parlait d'éthique et de morale dans l'IA. Aujourd'hui, on utilise beaucoup de chefs de GPT. C'est peut-être ceux qui ont le marketing le plus puissant aujourd'hui. Mais comme vous le dites, il y a aussi Mistral Haï, qui est notre bébé français. Aujourd'hui, on me dit, quand tu rentres de la donnée, je ne sais pas, je rentre le CV de Frédéric Bardot dans l'IA, on me dit, du point de vue éthique, ce n'est pas très moral parce que finalement, tu utilises le travail. Ou si je rentre un livre pour le résumer, tu rentres le travail. Donc finalement, quels sont les grands enjeux éthiques et moraux qui doivent être pensés quand on utilise l'IA ? Ce n'est pas... en tant que particulier, comme vous et moi, Frédéric, ou dans les entreprises ?
- Speaker #0
Il y a la question des biais d'abord, c'est-à-dire qu'on l'a dit, les constructeurs éduquent les IA pour correspondre à leur vision du monde, et puis les données qui ont servi pour entraîner un modèle rendent ce modèle prisonnier de son entraînement. Donc si on a donné que des photos d'informaticiens avec des lunettes et des barbes à une IA qui génère des images, si vous lui demandez une photo du réunion du service informatique, il n'y aura que des mecs avec des lunettes et des barbes. Donc ça, ça peut créer un dilemme. La deuxième chose, c'est effectivement la question du RGPD ou la question des données. La protection des données. La question du copyright. Il y a des modèles qui ont été entraînés sur du matériel copyrighté et personne n'a demandé l'autorisation aux auteurs pour entraîner les modèles. Donc ça, c'est vrai que ça pose un cas de conscience aussi, même dans les agences de communication. Et puis après, il y a à quoi on peut utiliser l'IA. Les spammers, je ne sais pas si vous avez remarqué, mais les spams sont de mieux en mieux faits en ce moment. Il n'y a plus de faute d'orthographe, il n'y a plus de petit caractère russe ou chinois. Les logos de l'assurance maladie sont parfaits parce qu'effectivement, les attaquants et les spammeurs utilisent ces technologies. Donc, à quoi on l'utilise ? Quels sont les modèles qu'on utilise et en quoi ils sont biaisés ? Qu'est-ce qu'on donne aux modèles aussi ? Parce que la légende urbaine, c'est de dire quand je donne un truc à chaque GPT, en fait, ça va apprendre à chaque GPT et donc, il va me voler mes données. Ce n'est pas vrai ? que ça se passe. Non, non, non. La donnée, elle est découpée en petits bouts, transformée en chiffres. Elle pourrait servir à utiliser, à entraîner le chat GPT d'après, mais ça ne change pas l'entraînement du chat GPT. Et mon CV que vous avez donné à chat GPT, en fait, il va être découpé façon puzzle et il va être mélangé avec des milliards d'autres données et personne ne retrouvera jamais mon CV dans le chat GPT 17.
- Speaker #1
C'est pour ça que quand beaucoup d'entreprises, je pense à ce petit objet qui fait fureur en ce moment sur Internet, le petit plot de... qui permet d'enregistrer des conférences, de les retracer en mindmap, etc. Ils font de la com sur la protection des données, mais à partir du moment où il n'y a pas de données vitales, ces données disparaissent dans un fourre-tout de chiffres, c'est ça ?
- Speaker #0
Oui, la question c'est effectivement, est-ce qu'il y a des données nominatives et personnelles ? Ça c'est encadré par le RGPD et par la CNIL, et après c'est où sont hébergées ces données ? Si elle finit sur un serveur américain et que sur la base du Patriot Act, Donald Trump veut s'en saisir et l'utiliser pour je ne sais pas quoi, effectivement, ça pose problème. Mais si c'est quelque chose qui est hébergé en France et qui respecte le RGPD, il n'y a aucun risque. Effectivement, c'est découpé façon puzzle. Ce ne sont pas des zéros et des 1, mais ce sont des tokens, donc ce sont des suites de chiffres et on ne peut pas retrouver le...
- Speaker #1
Donc, ce que vous nous dites, il vaut mieux utiliser Mistral AI parce que les données seront hébergées en France et qu'on a moins de risques de se faire attaquer par le Patriot Act. si jamais on utilise le chat GPT, c'est ça ?
- Speaker #0
En fait, on peut utiliser le chat GPT ou Gemini ou autre chose sur des serveurs Azure ou Google, mais qui sont en France et qui sont carrés au niveau de la législation. Ce n'est pas tant la nationalité du modèle de là où il est hébergé et sur quel serveur il tourne.
- Speaker #1
Comment est-ce que l'IA peut être au service de l'intérêt général ? C'est une vraie question, on le verra dans nos 7 minutes pour changer le monde d'ici quelques minutes avec l'enquête. et le livre blanc d'Habilitis sur justement comment l'IA peut être au service du maintien à domicile des personnes en fragilité. Comment est-ce que l'IA peut être au service de l'intérêt général ? Et est-ce que ce n'est pas un peu la voix dissonante de la France aujourd'hui ? Enfin, dissonante dans le bon sens du terme, par rapport au bruit mondial, d'avoir une pensée justement sur l'IA inclusive et porteuse de... d'intérêt général ?
- Speaker #0
C'est vrai que dans le concert des nations et la course aux armements, avoir les plus gros modèles et mettre le plus de milliards, c'est vrai qu'on est une voie un peu singulière. Ça, c'est vrai de la France en général, mais c'est vrai aussi de l'Europe. On a fait les high-act et c'est quelque chose qui commence à être copié parce qu'on est beaucoup plus protecteur. On est beaucoup plus attentif à l'impact écologique aussi. Aux États-Unis, ils se disent, non, on va mettre des centrales nucléaires au bout de nos serveurs et puis ça va bien se passer. Et effectivement, le souci de l'intérêt général, là, dans le cadre du sommet, il y a une fondation qui est créée et qui va lever 2,5 milliards. pour faire des projets d'intérêt général. Donc à quoi ça peut servir ? Déjà, les acteurs associatifs, c'est des organisations comme les autres. Donc pour leur productivité, pour leur efficacité, elles peuvent se servir de l'IA comme font les entreprises. Mais après, pour les bénéficiaires des acteurs de l'intérêt général, pour les personnes réfugiées, les personnes à la rue, je ne sais pas, les mères célibataires, parce que vous voulez protéger les animaux, le climat, là aussi, il peut y avoir un intérêt d'utiliser ces modèles qui sont… multilingues qui sont multimodaux qui sont en langage naturel qui permettent de traiter des grands volumes de données de les traduire de les résumer de les présenter et donc ça c'est vrai que c'est très intéressant pour les organisations et pour les bénéficiaires et ça c'est vrai qu'on n'entend pas beaucoup ça aux états unis tout le monde parle de make the world a better place de changer le monde et pour eux voilà changer le monde c'est avoir une IA super intelligente et qu'on n'ait plus besoin de travailler nous on voit pas ça comme ça en Europe
- Speaker #1
C'est vrai qu'aux États-Unis, on entend beaucoup parler de la Silicon Valley. On a souvent parlé de la France et de l'Europe comme étant un peu la Social Valley. L'IA, aujourd'hui, est-ce que vous avez le sentiment que quand on voit les 500 milliards injectés par les États-Unis et, je ne vais pas dire les 2,5 milliards de cette fondation, mais les pauvres quelques vingtaines, centaines de milliards qui sont injectés en Europe, on ne risque pas d'être un petit peu à la taine d'aucun... Comme Elon Musk, ils disent, vous avez d'abord fait une réglementation et après vous allez développer l'IA, vous avez déjà perdu.
- Speaker #0
C'est possible quand on a une vision du monde qui se dit que c'est l'innovation qui va changer le monde. Nous, en Europe, on n'a pas cette culture-là, on n'a pas 300 ans d'histoire comme les Américains, on en a plutôt 2000 ou 3000. Et donc, nous, on sait que l'innovation, elle peut être aussi délétère. Et on a à cœur de protéger nos citoyens. Et ça, c'est, à mon avis, une bonne chose. Après, s'il n'y a que de la régulation et pas assez d'argent pour faire de l'innovation, ça peut être un problème. Mais là où il y a eu un coup de tonnerre et un moment spoutnik de deep-seek, c'est qu'effectivement, avec des sommes largement inférieures à celles des géants américains, on arrive à faire des modèles qui sont flugos et qui sont efficaces. Donc, modulo l'histoire de Tiananmen, parce que je ne vais pas non plus donner un blanc-seing au Parti communiste chinois. On peut aussi faire plus avec moins. Et ça, de toute façon, en France, on va être obligé de le faire parce qu'on a moins.
- Speaker #1
L'IA et les services publics, c'est aussi une question. Aujourd'hui, l'IA commence à s'intégrer, je crois, dans les services publics pour être peut-être plus performant ?
- Speaker #0
Tout à fait. On a Albert. Albert, c'est l'IA, ne riez pas, des services publics. Elle s'appelle Albert. Ils ont toujours des noms un peu bizarres. Il y a Claude, il y a Lama. Nous, c'est Albert. Et donc, Albert, elle est en test auprès des agents publics. pour les aider à mieux rendre le service auprès des bénéficiaires. Pour l'instant, on ne parlera pas à Albert directement en tant qu'usager, mais c'est censé aider les fonctionnaires. Il y a des modèles qui peuvent aider aussi les personnels de l'Assemblée nationale à traiter les amendements, il y a des choses au niveau fiscal. Donc, il y a des expérimentations. La DSI de l'État est vraiment plutôt une bonne DSI qui fait les choses bien. Et donc là, au lieu de dire, oh là là, non, non, c'est le mal, on n'y va pas. En fait, on y va à notre rythme. notre mesure, mais oui, les services publics peuvent être augmentés, mais là encore, ce n'est pas rajouter des IA pour enlever des humains. C'est que les Français, ils veulent parler à des gens, donc on ne va pas se retrouver avec un chatbot au lieu d'avoir un fonctionnaire, mais si ça peut aider les fonctionnaires à être plus efficaces, je pense que le monde applaudira des deux mains.
- Speaker #1
Et puis pour certains politiques, ça va leur permettre peut-être de couper dans le budget des fonctionnaires en limitant leur nombre. Il y avait deux questions encore, Frédéric Bardot, on a parlé un peu d'écologie, vous parliez de centrales nucléaires aux Etats-Unis pour mettre au bout des serveurs. justement, comment écologie, environnement et IA, qui demandent énormément de traitements de données, peuvent-elles s'allier ? On nous culpabilise déjà, quand on utilise ChatGPT, de consommer et de polluer encore plus que quand on utilisait un moteur de recherche de chez Google.
- Speaker #0
Alors, la part de l'IA dans l'impact écologique du numérique est grandissante, elle est exponentielle, mais il faut un peu remettre l'église ou la mosquée au milieu du village. en disant que le numérique c'est 8% des gaz à effet de serre au niveau mondial, que 80% des impacts écologiques du numérique c'est le matériel des utilisateurs, les écrans plats, les consoles de jeux, les smartphones qu'on change tous les 12 mois, etc. Et dans les 20% qui restent, l'IA ne fait que 20% des 20%. Donc c'est 4% de 8%. Donc j'ai envie de dire, intéressons-nous à l'aviation, aux mangeurs de steak et de barbecue, et laissons-nous tranquille avec cette GPT.
- Speaker #1
J'aurais pu inviter Sandrine Rousseau, Frédéric Bardot. Et ma deuxième question, elle est liée aussi, elle revient un tout petit peu en arrière, parce qu'on est passé assez vite dessus. Vous parliez justement de ces IA. Aujourd'hui, on interroge ChatGPT, Mistral, DeepSeek et Gemini directement de nos ordinateurs. Comment aujourd'hui, les entreprises protègent-elles leurs données pour avoir des serveurs d'IA ? Il y en a 4-5 aujourd'hui. qui soit intégré à l'entreprise et qui soit fermé. ChatGPT permet aujourd'hui d'avoir un serveur complètement destiné à l'entreprise, qui n'est absolument pas grand public et qui va permettre peut-être à l'entreprise de générer sa propre IA. C'est ça aujourd'hui ? C'est comme ça que ça fonctionne ?
- Speaker #0
C'est exactement ça. C'est-à-dire que de la même manière que vous pouvez avoir avec un abonnement vos e-mails qui sont parfaitement protégés chez Microsoft ou chez Google ou je ne sais pas quoi, vous pouvez avoir votre... votre chat GPT ou votre Mistral qui tourne sur un serveur, même s'il est chez Microsoft ou chez Google, il est dans la case spéciale de votre employeur et de votre entreprise. Et donc, il est fermé, il ne communique pas. Et c'est exactement ce qui se passe dans les entreprises. Comme ça, ils peuvent avoir le meilleur des deux mondes, c'est-à-dire faire plein de choses, mais que rien ne sorte à l'extérieur et pouvoir livrer leurs données sans avoir aucune inquiétude.
- Speaker #1
Et les entreprises de taille moyenne, TPE, PME, comment ça s'y est intéressé, justement, à cette IA qui peut leur apporter... à la fois de l'analyse, de la stratégie, peut-être de la simplification de tâches, ou est-ce que c'est que les grands groupes qui aujourd'hui commencent à l'intégrer ? Non,
- Speaker #0
on a un retard sur les PME. VPI France et l'État et France Nume avaient essayé de porter l'effort là-dessus. Il y a encore du boulot. Effectivement, la notoriété est inférieure, l'usage est inférieur. Donc, c'est plutôt les grands groupes et les startups et un peu les geeks qui se sont jetés un peu là-dessus. Les associations, les TPE, PME sont un peu en retard. Alors qu'en fait, on a une majorité de tissus de TPE, PME en France, comme vous le savez. Et ce n'est pas juste les groupes du CAC 40. Donc, il y a encore, il faut prendre son bâton de pèlerin. Et là aussi, accompagner des usages qui soient responsables et ne pas mettre en difficulté nos PME qui n'ont pas besoin de ça maintenant. Mais ce serait bien pour leur compétitivité, effectivement, et pour les emplois dans les territoires.
- Speaker #1
Pour terminer, Frédéric Bardot, si vous aviez une demande, un souhait pour renforcer l'IA inclusive en France au gouvernement ou aux acteurs, ce serait quoi ?
- Speaker #0
Moi, je dis souvent l'IA, c'est comme le sexe chez les ados. Tout le monde en parle, mais personne ne pratique. Et donc, il faudrait former gratuitement tous les gens en France de 7 à 77 ans, en commençant par les personnes les plus éloignées, les moins éduquées. Parce que pour l'instant, tout le monde dit un peu n'importe quoi. Tout le monde apporte des terminators, de perdre son job. Alors qu'en fait, il y a des problèmes, mais ce n'est pas cela. Donc, il faut acculturer les gens massivement.
- Speaker #1
Merci beaucoup, Frédéric Bardot. Je vous remercie de ce long échange qui nous permet de poser. les bases d'une réflexion qu'on va continuer dans quelques semaines autour de l'IA, avec des personnes qui sont réellement enfin, réellement, qui sont impactées dans leur quotidien. Vous avez cette capacité à pouvoir nous donner de la hauteur et on va pouvoir creuser justement avec ceux et celles qui sont au quotidien en phase avec l'IA. Merci beaucoup Frédéric Bardot. On trouve tout de suite notre invité des 7 minutes pour changer le monde. Il s'agit de Stéphane Bridel, directeur général du fonds de dotation. Habilitis et on évoque la question justement de l'IA au service des plus fragiles.
- Speaker #0
7 minutes pour changer le monde l'écho des solutions.
- Speaker #1
Et on continue notre émission consacrée à l'intelligence artificielle pour évoquer quelque chose d'extrêmement concret et j'ai la joie d'accueillir mon invité des 7 minutes pour changer le monde, il s'agit de Stéphane Bridel, directeur général du fonds de dotation d'Habilitis qui... qui aujourd'hui, et il y a quelques jours, ont publié un livre blanc intitulé « IA et maintien à domicile, réalité ou fiction » . Bonjour Stéphane Bridel. Bonjour. Alors avec plusieurs partenaires et avec Via Voice, vous avez sorti ce livre blanc sur l'IA. L'IA et le maintien à domicile, je dois vous avouer qu'en préparant notre échange et en voyant apparaître ce livre blanc, je me suis dit « Ah tiens, je ne pensais pas qu'on pouvait mettre de l'IA dans le maintien à domicile pour plusieurs raisons » . D'abord parce que le domicile n'est pas forcément le lieu toujours connecté. Et puis parce que nos seniors ne sont pas forcément des gens habitués à l'intelligence artificielle. Alors comment l'IA, justement Stéphane Bridel, peut-elle avoir sa place aujourd'hui dans le maintien à domicile des seniors ou des personnes en fragilité ?
- Speaker #2
D'abord, on part d'un constat. Et le constat, c'est qu'une très large majorité des personnes vieillissantes, des personnes âgées, souhaitent rester à domicile. Donc ça, c'est flagrant. Le sondage le dit de manière spectaculaire et c'est normal. Les personnes souhaitent préserver leur intimité et être au plus longtemps possible en bonne santé chez elles à domicile. Mais pour rester à domicile et pour rester en bonne santé, l'IA justement peut y concourir. La robotique peut apporter des solutions. La prévention à la santé, le fait qu'il y ait une santé de plus en plus connectée. peut permettre à la personne, notamment en matière d'observance des traitements, peut permettre à la personne de demeurer le plus longtemps possible. Moi, je pense qu'il faut penser globalement au domicile. Le domicile, ce n'est pas simplement que d'être chez soi. Le domicile, c'est la vie sociale. Le domicile, c'est vivre dans la cité. Le domicile, c'est aussi pouvoir aller faire ses courses. C'est pouvoir faire livrer ses courses. Mais aussi pouvoir avoir accès à la vie culturelle du quartier. Et je pense qu'il faut penser la cité globalement. Et l'intelligence artificielle, justement, peut apporter des réponses dans cette globalité, en termes de mobilité, en termes d'accessibilité, en termes de biotique, on l'a dit, en termes de santé. Il faut que la société soit de plus en plus adaptée au vieillissement. Ce n'est pas aux personnes vieillissantes de s'adapter à la société, c'est à la société. D'ailleurs, c'est le fondement même de la loi, vous faites bientôt la loi de Pion-Sévrier 2005 sur le handicap, le fondement même de cette loi, c'est bien la citoyenneté. L'environnement au service de la citoyenneté.
- Speaker #1
L'environnement au service de la citoyenneté. On en avait fait d'ailleurs une émission, L'urbanisme du CAIR. Un ouvrage absolument passionnant, justement, comment on peut concevoir la ville de demain, la smart city, comme une ville qui prend soin. Alors, vous vous dites dans ce sondage, et c'est ce sondage qui révèle de fortes attentes, et vous l'avez dit Stéphane, en revanche, il y a des craintes. Quelles sont les craintes aujourd'hui ? Parce que qui dit maintien à domicile, dit aussi lever des... peur, c'est-à-dire vais-je en être capable et comment justement l'IA peut permettre de lever ces craintes chez nos seniors et chez personnes fragilisées.
- Speaker #2
Tout à fait et c'est d'ailleurs un travail à moyen terme si on veut faire basculer la société vers une acceptation de l'intelligence artificielle notamment à domicile. Effectivement, on le voit bien, une large majorité des Français et d'ailleurs généralement ceux qui n'ont pas accès aux nouvelles technologies. craignent cette nouvelle technologie, craignent d'abord le fait que leur liberté, leur soit en quelque sorte un peu, que leur intime leur soit privée. Et donc ça, je crois, la notion fondamentale, c'est la préservation de l'intimité, la préservation et la confidentialité des données. Ça, c'est important, c'est le cadre réglementaire que l'Europe, d'ailleurs, a construit par l'IAC. On en reparlera tout à l'heure, parce qu'il y a un cadre réglementaire, mais il ne faudrait pas que le... cadre réglementaire soit justement trop réglementaire. Mais ça, on en parlera tout à l'heure. Mais il faut lever les craintes. Et lever les craintes, c'est d'abord la sensibilisation La formation. Et d'abord, il faut, dès le plus jeune âge, sensibiliser les enfants aux nouvelles technologies. Et les enfants, c'est eux, ceux qui ont le plus d'impétence naturelle à l'évolution et à l'acceptation des nouvelles technologies, ils vivent avec. Il faut que, quand on rentre dans le marché du travail, par le biais de la formation continue, il y ait des formations, notamment par accord de branche, qui soient spécifiques. Parce qu'on le voit bien, il y a de plus en plus de salariés. qui ne suivent pas le train, en quelque sorte, des évolutions, parce qu'il y a une déconnexion numérique. Et cette fracture numérique, elle n'est pas simplement, on parle souvent de la fracture numérique dans les périphéries, dans les zones rurales, etc. Mais non, la rupture numérique, la fracture numérique, elle est aussi chez les salariés en entreprise. Donc, il faut là aussi une formation continue. Et puis, pour le secteur qui nous concerne plus précisément, le secteur de la santé, le secteur médico-social, il faut des modules de formation adaptés. Pour les professionnels, parce que les professionnels de la santé et les professionnels de médico-social, s'ils eux-mêmes n'ont pas cette appétence aux nouvelles technologies, ils pourront difficilement les faire accepter auprès des personnes qui les accompagnent.
- Speaker #1
Donc le premier module, si j'ai bien compris Stéphane Bridel, c'est la formation. Formons-nous et faisons que finalement cette fracture numérique se réduise et devienne presque une seconde nature. Qu'est-ce qu'aujourd'hui, de manière très concrète, l'intelligence artificielle peut apporter justement sur le maintien à domicile ?
- Speaker #2
Elle peut apporter beaucoup de choses. D'abord, c'est un peu ce qu'a nous tenu trois choses de bataille, c'est lutter contre l'isolement et l'isolement social. Par exemple, parce que le livre blanc que nous avons présenté, elle est la suite d'un appel à projet que nous avions lancé. Nous avions rencontré beaucoup de startups. Il y a beaucoup de choses qui se font, notamment par le biais des startups. Par exemple, Un robot à domicile, mais un robot humanisé, j'allais dire, qui ne vienne pas agresser la personne chez elle, mais qui soit posé telle décoration dans son salon, peut détecter, avant même que la personne soit en dépression, peut détecter les signes apparents de dépression et peuvent alerter. Ça, c'est de l'intelligence artificielle, de façon à ce que les professionnels puissent tout de suite intervenir au domicile. Le périmètre, il est très large. Je pense d'ailleurs que le périmètre, il est encore inconnu. en fait, parce que c'est une révolution que nous sommes en train de vivre. Nous sommes qu'au début, on voit bien, aujourd'hui même, il y a eu des annonces qui ont été faites par Mistral sur un déploiement encore nouveau sur l'IA populaire. Ça veut bien dire que nous ne sommes qu'aux prémices d'une nouvelle révolution, bien plus importante que l'a été celle d'Internet. Ça va révolutionner nos usages, notre façon de vivre en société et même notre façon de consommer. Donc, nous ne sommes qu'au début.
- Speaker #1
Donc ça va soulager à la fois le maintien à domicile, ça va soulager aussi les professionnels. Chez Abilitis, vous avez fait justement dans ce livre blanc six recommandations. Pour vous, c'est quoi les plus urgentes parmi ces six recommandations et qui vous semblent prioritaires pour accélérer justement cette intégration de l'IA au service des personnes et perte d'autonomie ? Vous avez parlé de la formation, il y en a d'autres ?
- Speaker #2
Oui, alors il y a la formation. Il y a évidemment la gouvernance, parce que tout part de là. S'il n'y a pas une… L'actualité fait qu'il y a une prise de conscience, qu'on le voit bien, a été créé un institut, l'annonce a été faite la semaine dernière. Donc c'est bien, ça veut dire qu'il y a une coordination interministérielle. Il faut un pilote. Quand il n'y a pas de pilote, quand il n'y a pas de volonté politique, quand il n'y a pas une volonté de l'action publique, on échoue. Et ça c'est important. Il y a aussi le modèle économique. Parce que l'investissement en santé, par exemple, c'est un véritable défi. Il y a demain, on pourra lutter pour... On pourra avoir des médicaments qui puissent intervenir de façon personnalisée dans le traitement et dans la guérison de la personne. Tout ça, c'est des investissements très importants. Il faut une prise de conscience. Donc, il faut pour cela avoir des moyens supplémentaires pour l'innovation. J'évoquais tout à l'heure le cadre réglementaire européen, l'IACT.
- Speaker #0
C'est important d'avoir un cadre réglementaire. Quand on n'a pas de cadre réglementaire, il peut se passer ce qui se passe, par exemple, aux États-Unis, où tous les leviers ont été levés. Donc, il faut un cadre. Mais il ne faut pas que ce cadre soit non plus un frein à l'innovation. Il faut trouver le bon équilibre entre une réglementation, mais aussi des incitations à l'innovation, de façon à aller de l'avant, à investir, parce que ça va coûter des milliards. Il faut bien en avoir conscience. Il faut que ces moyens soient déployés. Et puis... Moi, je pense qu'il faut, dans chaque territoire, dans chaque région, à minima dans chaque région, créer ce qu'on pourrait appeler une plateforme de l'intelligence artificielle, notamment pour le domicile. Il faut que tous les acteurs, toutes les filières économiques, sociales, technologiques, puissent s'associer pour non seulement réfléchir aux solutions de demain, mais faire que les nouveaux usages soient testés par les personnes elles-mêmes.
- Speaker #1
Et puis, bien évidemment, ça veut dire plus de transversalité, moins de silotage, ce qui, on le sait, en France, est assez compliqué, puisque chacun veut tirer un petit peu la couverture à soi. Merci beaucoup Stéphane Bridal, il y aura encore beaucoup de choses à dire, mais les gens peuvent aller sur le site d'Habilitis et télécharger justement votre livre blanc s'ils veulent en savoir plus. Au service de l'intérêt général, une vraie question qu'on a débattue pendant cette émission de l'éco des solutions. Merci beaucoup à tous nos invités. Nous, on se retrouve la semaine prochaine. D'ici là, portez-vous toutes et tous très très bien. On parlera de quelque chose de complètement différent la semaine prochaine, puisque vous savez que c'est la Saint-Valentin. Et on parlera justement de comment le couple, le travail et l'égalité fonctionnent. S'émanciper à deux, ce sera le thème de notre émission de la semaine prochaine. D'ici là, vous pouvez nous retrouver en podcast sur rcf.fr. podcast de vos plateformes préférées. A très bientôt, au revoir.