- Speaker #0
Bonjour à tous, la Grande Famille c'est quoi ? C'est une conversation où j'invite des personnes au grand cœur. Vous y retrouverez des femmes et des hommes de multiples nationalités qui ont un point commun, celui de partager un morceau de leur vie. Alors sans plus attendre, je laisse place au podcast de la Grande Famille. Bienvenue sur le podcast de la Grande Famille. Merci Audrey et Benjamin d'avoir accepté cette invitation sur cet épisode qui, aujourd'hui, est avec les deux parents. Donc, c'est plutôt sympa de pouvoir faire un enregistrement à trois. D'habitude, c'est l'un ou l'autre des parents qui témoignent. Et là, de pouvoir le faire ensemble, je trouve que c'est encore différent. Vous, vous avez deux filles. Je ne vais pas dire petites parce qu'elles sont plus petites. Lou et Lynn et vous avez accueilli deux au-pères il y a déjà maintenant quelques années je vous laisse vous présenter et puis naturellement nous expliquer comment vous avez vécu cette expérience et avec un peu de recul en plus comment vous le voyez aujourd'hui sur les enfants sur leur éducation, sur ce que ça a pu leur apporter du coup enchantée
- Speaker #1
Audrey la maman ... Donc de petites filles, c'est toujours des petites filles, mais maintenant effectivement elles sont grandes, elles ont 10 ans et 6 ans, mais pour nous c'est toujours des enfants, bien qu'on sent quand même qu'on a moins en moins de la main et qu'elles sont en train de faire plus en plus de choses sans nous, donc effectivement elles grandissent. On avait pris le parti de partir sur le système au pair au début parce qu'on travaillait beaucoup et on avait besoin d'être hyper sécurisé par quelqu'un qui vive avec nous et qui comprenne notre mode de fonctionnement. être au plus près de nos enfants, donc c'était un choix plutôt organisationnel au départ. Et après, on voulait absolument qu'elles apprennent une langue petite et qu'elles aient une vision un peu plus large du monde que le milieu familial et l'univers des parents qui, finalement, tout le monde se ressemble un petit peu. Donc pour nous, c'était hyper intéressant d'accueillir quelqu'un à la maison. Et en fait, je pense qu'on ne se rendait pas compte de l'expérience que ça a été. au démarrage, en fait, entre l'idée d'avoir une opère et ce qu'on vit quand on a une opère. C'est indescriptible. Enfin, voilà, on ne pouvait pas s'y attendre. Et c'était vraiment une super expérience, surtout avec la première qui nous avait rejoint, qui s'appelait Laura et qui venait de Colombie et qui est arrivée dans la famille un peu comme une personne qui vient au milieu d'une famille qui est un peu constituée avec des enfants bas âge et des parents qui courent partout. Et en fait, elle nous a intégré la famille. C'était vraiment un moment... Un moment fou, c'est marrant j'en parle avec émotion. Si tu veux un peu parler de Laura Benji.
- Speaker #2
Je vais recontextualiser un petit peu moi. Il faut savoir qu'on a eu un parcours compliqué avec la première, avec de nombreuses, nombreuses hospitalisations. Et ce qui fait que quand on a repris vraiment le travail tous les deux, on avait besoin de quelqu'un, mais on avait besoin de quelqu'un de confiance. Et c'est vrai qu'on avait au départ réfléchi à un système de nounou plein temps ou autre. Et en fait, on s'est rendu compte que la fragilité qu'on avait de laisser la petite, justement par rapport à ce parcours, on avait vraiment besoin de quelqu'un dont on ait confiance et qui soit consciente de l'importance que ça représentait pour nous de garder nos enfants. Ce n'était pas simplement être la maison comme on peut imaginer une nounou. On avait vraiment beaucoup plus à tenter. Et c'est là où l'idée de... Enfin, l'idée. La proposition d'avoir une opère est arrivée. Et c'est vrai qu'on est parti dans l'idée sans avoir la vision globale de tout ce que ça représentait. Enfin, cette sécurité qu'il y a à nous offrir, mais tout notre travail aussi, la responsabilité qu'on va avoir envers elle aussi. Parce qu'elles ne viennent pas juste pour garder notre enfant, elles viennent pour découvrir une culture, s'imprimer de la vie. Et en fait, ce n'est pas comme quand on passe... Moi, c'était ma première surprise, c'était... Ce n'est pas comme quand une nounou arrive à 8h et que nous, on doit partir à 8h15, on donne trois consignes, tout ça. Là, il y a l'intégration dans la famille. Quand je dis un enfant supplémentaire, c'est presque ça. Parce que c'est la rassurer, lui faire comprendre comment on fonctionne, lui faire présenter nos familles, qu'elle connaisse tout l'univers en fait et qu'elle s'en imprègne. En fait, tout ça, on ne l'avait pas intégré au départ. Et on est parti à fond la caisse. Et on s'est rendu compte au bout d'un moment, assez rapidement, que la pauvre, on ne lui avait pas donné toutes ces clés-là, toutes lesquelles on avait besoin en fait. Et donc, du coup, ça s'est fait, notamment avec Manula, qui nous a accompagnés là-dessus, pour justement lui dire, attention, c'est quelqu'un de la famille, donc du coup, il faut lui donner plus de temps, lui consacrer plus de choses. L'aspect matériel ne représente que 10% là-dedans, en fait. Donc, il y a beaucoup plus à donner. Et une fois qu'on a mis ça en place, ça a été vraiment au-delà de ce qu'on attendait de nous, en fait. Ça a été au-delà parce que... Dans notre système de fonctionnement, comme Audrey disait, on travaillait beaucoup, mais dans le travail beaucoup, même quand c'est bien cadré, il y a toujours des imprévus. Le fait d'avoir une au pair nous permettait d'être agiles en confiance. C'est-à-dire qu'on pouvait rentrer tard, on pouvait se permettre de faire plus de choses. On pouvait aussi se donner du temps à nous deux de se retrouver à des moments sans forcément se dire « oui, mais quel loulou, comment on va faire ? » « Est-ce que tu crois qu'elle va… ? Attention, on va faire… » Voilà. Il y avait une agilité en confiance. Et après, bien sûr, quand vous intégrez quelqu'un de plus de un mois, deux mois, trois mois, qu'elle nous donne énormément, parce qu'on a eu la chance que Laura nous donne énormément, elle était assez sereine là-dessus, en fait, elle fait partie... J'ai du mal à dire faire partie de la famille, parce que pour moi, la famille, c'est quelqu'un de très important, mais elle était avec nous. Elle faisait vraiment partie du clan, on va dire. Et elle a accepté les enfants, elle nous a acceptés, nous, déjà. C'était pas mal. Mais après, l'avantage qu'on a eu, c'était qu'une personne qui était très responsable. et très débrouillarde et autonome. Et c'est vrai que ça nous a beaucoup, beaucoup facilité et aidé là-dessus. Alors, voilà. Après, le personnage, peut-être, Audrey, un petit peu...
- Speaker #1
Oui, parce qu'en fait, on ne se rend pas compte. Ils arrivent quand même de... Enfin, elle arrivait de Colombie, en l'occurrence. Nous, on l'a prise comme ça parce qu'elle avait l'air de bien se débrouiller. Mais pour eux, c'est un choc hyper important. D'ailleurs, je ne sais pas si tu te souviens, mais la première semaine ou la deuxième semaine, elle s'est bloquée le dos. Et tu vois, il y a un peu quelque chose qui était en réaction à... Ils prennent aussi la tempête, ils sont loin de leur famille, ils sont dans une famille. Elle nous disait même, on en a discuté, mais quand c'était fini, elle nous disait même, je n'osais pas manger complètement l'assiette, je n'osais pas me resservir parce que j'avais peur d'être mal élevée et tout. Tout ça, nous, on n'a rien vu, on avait l'impression qu'elle était bien, que nous, on avait l'impression d'être, vas-y, sers-toi et tout. Mais en fait, elle n'osait pas et ça a été très, très dur pour elle, au point qu'elle se bloque le dos, quand pour moi, c'est quelque chose de très intérieur de se bloquer le dos parce que... Tu ne sais plus quoi faire, et tu es coincé. C'est vraiment mécanique. Et en fait, on n'a rien vu jusqu'à ce qu'on en parle après. Et après, elle a été beaucoup mieux parce qu'elle s'est habituée, elle était hyper agile. Mais pour eux, c'est quand même quelque chose de pas simple et la famille ne le voit pas forcément.
- Speaker #2
Oui, la phase de démarrage, elle est essentielle parce qu'il faut lui donner du temps. Mais vraiment, en fait, pour vraiment que ça se passe bien, il faut vraiment, vraiment donner du temps. Quand je dis du temps, c'est du vrai temps, quoi. De l'attention, lui expliquer les choses échanger avec elle, la rassurer, lui dire voilà, t'inquiète pas, ça va bien se passer. Tu te rappelles, au début, être avec elle dans les 3, 4, 5, même la première semaine avec les enfants à chaque fois, pour qu'elles comprennent, parce que pour les enfants aussi, c'est quelqu'un de nouveau. Alors il y a l'excitation du début, mais après, comment ça se passe, les enfants en demandent beaucoup, encore plus presque à nous, à Laura. C'est quelque chose qu'il faut... pour que ça soit exceptionnel, il faut sortir du cadre classique, en fait, au départ. Il faut se dire, ok, elle va venir, mais pour que ça soit bien, il faut vraiment qu'on lui consacre du temps. Alors, c'est paradoxal, parce qu'on prend une fille au père pour avoir du temps, mais en tout cas, il faut faire un investissement de temps pour vraiment avoir ce temps de qualité derrière. Mais il y a un vrai investissement humain à donner, et ce n'est pas juste l'explication. Il y a vraiment la dimension humaine. C'est quelque chose qui est vraiment intégré, en tout cas. Mais bon, après, nous, on a mis un peu de temps avec ça.
- Speaker #1
On ne l'a pas vue parce que comme elle était super débrouillarde, on avait vraiment l'impression de tout rouler en fait. Mais c'est toi qui avais eu cette démarche en lui disant, même en le disant dès le départ, il faut que Laura soit bien, si on veut qu'elle soit bien avec nos enfants et qu'elle puisse s'épanouir. Et du coup, tu l'avais accompagnée dans plein de trucs. Je me souviens, à l'auto-école, ça a été une bonne tranche de vie.
- Speaker #0
Vous pouvez nous raconter un peu. Donc, vous, vous habitez à Anglette, Benjamin et Audrey, et Laura, la fille au père dont vous parlez, qui est colombienne, emmenait les enfants en voiture à leurs activités et à l'école.
- Speaker #1
Exactement, oui.
- Speaker #0
Et nous expliquez ce challenge de la conduite qui reste toujours un challenge pour une au-père et pour les parents. Oui,
- Speaker #2
parce qu'ils savent, ils partent du principe qu'ils savent conduire. Et c'est vrai que c'est un fonctionnement différent, c'est une voiture automatique. différentes c'est pas forcément des gens qui ont beaucoup d'expérience de conduite début c'était après folklore parce que moi je l'accompagnais à tous les matins l'école avec elle en tant que du t'accompagner presque en fait mais on s'est rendu compte que la notion de confiance elle est compliquée dans la conduite et donc du coup c'était un parti pris on a décidé vraiment de lui faire passer est-ce que le permis enfin quand j'ai permis je vais trop loin mais on a je crois qu'on a pris une dizaine de heures de cours pour nous vraiment sécure peut-être été un peu trop loin mais du coup tout le monde était sécure, elle, elle était sécure sur la voiture, elle était sécure sur le fait de pouvoir transporter les enfants. Nous, on était sécurisés aussi. C'est un petit investissement qui était nécessaire, on va dire, vu de là où on partait. Mais de là où on partait, de son niveau de conduite et de notre exigence aussi. Parce que ça aurait pu très bien aller à d'autres personnes. En fait, il faut être en accord entre l'investissement et l'attente qu'on a. C'est tout simple.
- Speaker #0
Je pense que, moi, je le conseille systématiquement, c'est-à-dire que C'est-à-dire que dans tous les cas, elles viennent d'un autre pays où le code de la route est différent du code de la route français. Donc c'est indispensable d'avoir quelques heures de conduite et puis d'avoir quelqu'un qui ne soit pas les parents. qu'il puisse juger aussi de son niveau de conduite, parce que c'est vrai que pour une au-père, conduire, c'est un facteur de stress extrêmement fort, parce qu'au-delà de plaire aux parents et de plaire aux enfants, elle doit aussi plaire dans sa conduite. Alors, quand on sait déjà au sein d'un couple, comme la conduite peut être un sujet, pour une au-père, qui ne parle pas forcément bien la langue au démarrage, c'est quand même un niveau de stress important.
- Speaker #2
Mais tu vois, ça me fait penser à un truc, et je m'en suis rendu compte après, c'est qu'il y a un élément qui est important dans la relation qu'on a avec eux, c'est qu'il y a aussi cette considération d'employé-employeur. Et du coup, ça augmente le stress pour elle, en fait. Et ça, j'en avais discuté avec elle, dans le sens où on ne représente pas que les parents. C'est des gens bien éduqués, donc du coup, il y a ce côté, je n'ai pas envie de dire hiérarchique, ou patron, ou je ne sais pas quoi, qui fait qu'il y a un stress, mais décuplée au moment d'une bêtise, au moment de mal faire et donc du coup être à côté. Moi j'étais à côté d'elle pour aller... C'est pas qu'elle conduisait mal, c'est qu'elle était mais ultra stressée. Parce qu'il y avait mon papa qui était à côté d'elle et cette vision qu'elle pouvait avoir de nous qu'on était un peu en gros le permis pour qu'elle passe ici, qu'elle vive à Biarritz et qu'on la paie ou des choses comme ça. On a un double visage en fait qui décuple le stress. Et ça, je m'en suis rendu compte quand on en a discuté parce que... On a réussi dans la relation à casser ça, qu'elle ne s'adresse qu'à une seule personne, en fait. Tout le reste, ce n'est que l'organisation. Mais ce n'était pas simple. Franchement, maintenant, on en rigole, mais c'est vrai qu'au début...
- Speaker #0
Ça a créé des périodes de stress. Mais tu l'expliques bien. Et c'est pour ça que c'est une expérience et un apprentissage extrêmement accélérés, finalement, d'être au pair. Parce qu'il y a un apprentissage linguistique, culturel, mais Aussi, les aupères vivent dans l'intimité de la famille, donc elles s'imprègnent aussi de codes culturels, pas uniquement professionnels, mais aussi de la vie personnelle. Et donc, il n'y a presque plus de limites entre toutes les sphères qui soient à la fois émotionnelles, intellectuelles. Enfin, on touche à tout finalement. Et c'est en ça que, pour elles, en tout cas, c'est une expérience qui leur permet d'accélérer. leur maturité et dont elles ressortent avec beaucoup de clés et des compétences qui sont finalement très variées.
- Speaker #2
Mais c'est là où en fait quand tu accueilles, tu as du recul, il y a quand même dans la famille une préparation à avoir avant même qu'elle arrive, de savoir ok, déjà préparer les enfants bien sûr, il y a ce côté comment on va lui donner le cadre tout en lui disant c'est cool. Tu vois, il y a un côté on l'accueille, on veut qu'elle soit à l'aise et tout ça. mais il y a aussi le cadre à donner. Et en fait, il n'y a que le temps qui te permet ça. Parce que si tu mets tout ça sur 3-4 jours ou même une semaine, c'est un truc beaucoup plus rigide. Alors que là, l'idée, c'est de dire, on va prendre le temps. Moi, je me souviens, on me disait tout le temps, mais c'est cool, t'inquiète, on est une famille plutôt cool, ça va bien se passer, t'inquiète pas. Et après, on se disait, mais à force de lui dire ça, ça va être n'importe quoi. Donc du coup, on arrivait, on disait, oui, mais alors attention, en fait, il faut que ça se fasse... plus naturellement dans le temps. C'est là où le temps de qualité à donner au départ, il est important. Nous, on n'avait pas du tout défini. Je ne me rappelle pas, Audrey, comment ça va se passer, comment on va être, comment on organise le planning à son arrivée pour pouvoir être présent avec elle. On avait parti dans la même lessiveuse.
- Speaker #1
On avait essayé de préparer, mais on ne s'attendait pas à ce qui nous est arrivé. Depuis le début, on avait prévu des choses. On s'est dit, ça va se passer comme ça, elle, plutôt comme ça, donc ça, ça va lui plaire et tout. Et en fait, on avait fait des plans sur la comète, il y a plein de choses qu'on n'avait pas faites. Tu parlais du temps qu'on a mis à s'apprivoiser, à ce qu'elle se sente bien, à ce qu'on ait confiance. Je ne me rappelle plus exactement, je me demande si on n'a pas mis à peu près trois mois, vraiment pour être… Alors qu'on aurait pu mettre… Je pense qu'en un mois maintenant, avec une expérience, tu peux avoir quelque chose. Et pour les deux parties, parce que je pense qu'elle, elle a eu des moments difficiles aussi. En plus, on le disait tout à l'heure, tu rentres dans la vie de la famille. Donc si en plus, dans la famille, à ce moment-là, il y a des événements, pour le coup, c'était chez elle, ça décuple le truc parce que loin de chez toi, pas de repères. Pour peu que tu sois encore en phase où tu ne peux pas vraiment parler avec la famille, tu n'es pas encore à l'aise. C'est vraiment des émotions et des moments de vie pour tout le monde qui sont... décuplée et en plus elle a eu des essais familiaux au début, elle n'était pas encore super à l'aise et nous on n'arrivait pas à la lire parce que elle disait pas grand chose de négatif, c'était toujours hyper bien, tu sais conduire oui oui génial, tu sais faire ça tout ça bien alors que parce qu'elle est hyper volontaire, parce qu'elle voulait toujours bien faire mais c'est sûr que On aurait dû détecter, on aurait dû la questionner, on aurait dû plus la soigner.
- Speaker #2
Oui, mais beaucoup plus. Et en fait, avec du recul, l'intéressement à elle, on aurait dû aller plus loin, genre prendre le temps de faire des visios avec sa famille à elle. Montre-nous comment c'est là-bas, montre-nous qui est ta famille. On n'avait pas pris conscience. On a pris conscience, on va te montrer qui...
- Speaker #1
On aime.
- Speaker #2
Comme tu viens chez nous, tu dois comprendre chez nous. Alors qu'on aurait dû comprendre aussi chez elle. pour mieux la comprendre, elle, en fait. Et on aurait compris le traumatisme que ça représente de quitter une famille, surtout qu'ils sont, à la base, très, très famille. On s'en est rendu compte. C'est quelque chose de... Laura, tu rappelles, s'est fait tout tatouer. Donc, l'intégration de la famille, je pense que ce serait une clé à refaire. Moi, ça serait vraiment quelque chose où je lui donnerais du temps et de faire des vidéos qu'elle nous présente, les parents. On l'a fait avec... Angie. Angie. On l'a fait avec Angie, où elle nous avait présenté ses parents, on avait échangé, et ça avait été sympa, ça. C'était franchement un truc cool.
- Speaker #0
Après, vous le disiez tout à l'heure en introduction, c'était aussi une période de vie pour vous qui était très soutenue, extrêmement rythmée, avec beaucoup de déplacements, de souvenirs. Et donc, ce que vous constatez aujourd'hui avec du recul, Au moment où vous l'aviez vécu, vous n'aviez pas non plus la même disponibilité pour le réaliser. C'est pour ça que vous avez opté pour cette solution-là. Est-ce que vous pouvez nous expliquer, toi Audrey, nous parler un peu de ton parcours et de ce que tu fais comme métier ? Et toi aussi Benjamin ?
- Speaker #1
Du coup, moi je travaille dans le courtage en prêt immobilier. J'étais au bord d'une grosse société française qui était basée à Paris. Et du coup, à l'époque, je faisais 3-4 jours par semaine à Paris. Départ à 6h du mat le lundi, retour le jeudi soir à 23h, avec un rythme de vie hyper soutenu, des enfants en bas âge. Et en fait, une vie à 100 à l'heure, on n'avait pas le recul qu'on a aujourd'hui, des enfants jeunes, et en fait, on prenait tout de front en permanence. Et on additionnait des choses dans notre vie en disant, on n'a pas assez de temps, on veut de la sécurité pour les enfants, on met une fille au père. et puis bah Bah tiens, ça on n'a pas le temps pour le faire, ben voilà, on trouvait des solutions partout et en fait on était une période de vie où on ne s'était jamais posé pour se dire ok, qu'est-ce qui est important, sur quoi on ne veut plus passer plus de temps, la famille c'est capital, est-ce qu'on n'est pas en train de rater des moments de vie parce qu'on est à 100 à l'heure et en fait elle a fait partie de tout ce tourbillon. Et d'ailleurs ça a été essentiel de l'avoir à ce moment-là parce qu'on avait vraiment besoin de quelqu'un et je pense qu'aujourd'hui si... Si on avait une opère, on le prendrait vraiment différemment. D'ailleurs, on a pris beaucoup de recul là-dessus, parce qu'aussi, on a changé de façon, voire de vie. On a pris, ça fait 5-6 ans, mais c'est des années essentielles avec des enfants qui ont grandi aussi, et nous, on a recentré nos centres d'intérêt. Mais c'est vrai qu'à ce moment-là, c'était vraiment une vie un peu de dingue, quand même.
- Speaker #2
Pour moi, à l'époque, comme Audrey l'a expliqué, c'était 2-3 jours à Paris. Donc, il reste 2 jours dans la semaine. Donc en fait, on s'organisait, Audrey faisait du lundi au mercredi. On se jetait les clés sur les parkings d'aéroports le mercredi soir et moi, je faisais le jeudi-vendredi à Paris. Donc c'est là où l'organisation était un peu en stress. On se suffisait un peu de l'organisation pour beaucoup de choses. Et moi, à l'époque, en fait, j'ai développé une application B2B dans une startup et on venait de lever, donc on avait énormément de rencontres et de rendez-vous. Notamment, on avait rentré un gros client, il fallait vraiment être très présent. Et donc, il y a tout ce stress, en fait. Et Audrey, elle a dit un mot qui était important, c'est vrai qu'on avait l'impression de rater des moments de vie. Et quand tu es absent, mais que tu sais que tu es sécure, tu as moins l'impression de rater, dans le sens où, le soir, on faisait une visio avec les enfants, Laura, et elle nous racontait tout. Sinon, si on pose la question à des enfants, ils nous disent, très bien, on avance. Alors que Laura, elle nous faisait des petits films, des vidéos, on échangeait beaucoup.
- Speaker #1
On avait une appli. Tu te souviens, on avait chargé l'air. Et du coup, Laura, elle nous fait courir la journée des enfants. C'était top.
- Speaker #2
Mais c'était top, mais ce n'était pas une excuse, en fait. Ce n'était pas le truc. Mais c'est vrai que c'était, je ne sais pas comment dire, ça faisait plus partie de... J'ai moins l'impression de rater, en tout cas, comme tu disais tout à l'heure, des moments.
- Speaker #0
Et après, vous aviez aussi un contexte, si vous ne voulez pas en parler, dites-le-moi naturellement, parce que je comprendrai tout à fait. Vous en avez parlé que Lynn a eu des hospitalisations. Il y a eu ce contexte-là aussi, à la période où Laura était là, de mémoire.
- Speaker #2
Oui, en fait, Laura est arrivée juste après. Moi, j'arrivais, je rentrais. Alors en fait, pour recontextualiser, Lynn, elle a fait de 0 à 5 ans que des hôpitaux. Et en gros, quand nous, on est arrivés à Biarritz, donc moi, j'avais démissionné les six derniers mois où je vivais à Necker avec Lynn et en centre de rééducation. Donc quand Laura est arrivée, ça faisait deux, trois mois qu'on était revenus. Donc, quand vous vivez six mois de proximité en amputale avec votre fille, je peux vous dire que c'est chasse gardée qui veut l'approcher. Mais bon, donc, ça s'est passé comme ça. Et la particularité, c'est juste pour… En gros, l'Ine, si elle marchait trop, elle se cassait. Si elle ne marchait pas assez, elle ne se remportait pas. Et ça, il n'y avait pas de guide de dire, c'est cinq minutes de marche, dix minutes de marche, ça, ça, ça. Ça, c'était au pif au mètre. Et donc, Laura, elle est arrivée dans ce tourbillon-là en plus. Et c'est là où elle a été magique, dans le sens où elle a compris. Et automatiquement, quand vous avez un enfant un peu en difficulté, ça resserre d'autant plus les liens entre elle et la opère. Parce qu'il y a ce sentiment de la pauvre, qui optimise la proximité, la douceur qu'elle a pu apporter. Parce qu'on voulait à tout prix re-sociabiliser Lynn à l'école. Donc, du coup, on a mis Lynn à l'école. Et on ne voulait pas lui priver d'aucune activité. Par exemple, quand ils ont fait des sorties d'équitation au cheval, j'avais demandé à Laura d'aller au cours avec les profs et que c'est elle qui tienne le cheval.
- Speaker #1
Ah, j'avoue.
- Speaker #2
J'avoue, les profs. Tu te souviens de ça ? Je pense qu'elle m'a plu pour un an.
- Speaker #1
Parce qu'il lui a dit, tu suis, tu mets un coussin au cas où elle tombe, tu vois.
- Speaker #2
J'avais plus confiance en Laura qu'au coach, en fait. donc j'avais dit voilà il faut que et bon voilà et donc Laura elle avait organisé son planning parce que la journée elle a son planning donc elle avait été cool c'était pas en fait ça a toujours été des demandes ça n'a jamais été on n'a jamais rien imposé et c'est pour ça qu'elle en prenant conscience du contexte elle a accepté ça alors on n'a pas abusé bien sûr mais pareil pour la piscine ou des choses comme ça mais on a toujours trouvé un mode de fonctionnement qui va à tout le monde parce que On ne l'a pas dit tout à l'heure, mais elle, elle a vraiment une vie à côté. Elle a l'école. Ce qui est crucial, je ne sais pas s'il faut donner des clés, c'est que l'opère ait une vie sociale à côté de nous. C'est crucial. Donc, il faut lui donner du temps pour qu'elle ait cette vie sociale. Si elle n'est pas bien, ça ne se passera pas bien. Et donc, du coup, il faut lui donner du temps, lui faire rencontrer des gens. Enfin, nous, on n'a pas eu besoin parce qu'elle était quelqu'un qui était complètement solaire. Mais en tout cas, lui donner le temps et les moyens pour... qu'elle rencontre du monde donc du coup si elle a besoin de s'inscrire dans un groupe c'est le zade pour des cours des spécifiques n'importe quoi il faut l'accompagner là dedans parce que c'est ce noyau là qui va le permettre d'être au top avec nous quoi et c'est vraiment ce qui s'est passé nous on a eu la chance d'avoir six opères à la maison de temps en temps la piste pour le film du dimanche soir voilà c'était cette étape franchement nous a apporté plein de choses c'était C'était la maison d'accueil,
- Speaker #1
à un moment on était en train de manger. Et Laura nous avait dit ça ne vous dérange pas s'il y a du monde qui vient ? Non, non, pas de problème et tout. Je lui ai dit par contre, nous on a du monde qui arrive, donc à telle heure il faut que ce soit rangé, le reste de la journée vous faites ce que vous voulez. Et Benji était avec ses copains d'apéro et là il a vu les huit filles au père les unes derrière les autres qui sont passées devant la dégulterie. Vous me la regardez comme ça genre, qu'est-ce qui se passe dans le fond de ta maison ? Elles nous étaient toutes coucou par la fenêtre, c'était génial.
- Speaker #2
Oui, parce qu'elles avaient l'habitude de venir, donc elles me connaissaient, elles se connaissaient, et oui, j'étais halluciné. Mais ouais, non, c'est vrai que le contexte familial était assez particulier, la pauvre, quand elle est arrivée. Et pas que ça,
- Speaker #1
je te rappelle que dans l'année, on est...
- Speaker #2
Et Lou était toute petite aussi.
- Speaker #1
Oui, Lou était bébé, ouais. Mais même nous, on ne l'a pas vue parce qu'elle était discrète et tout, mais on est quand même sortis, donc on s'est fait virer tous les deux cette année-là. Et évidemment, quand tu te fais virer, c'est jamais du jour au lendemain. Donc, s'il y a une espèce de tension, ça ne se passe pas bien au boulot tous les deux. Donc, du coup, on parle de ça. Quand le sujet, on en parle entre nous, mais bien sûr que la fille au père qui est une éponge au milieu de nous, elle sent tout ça. Elle montait avec les enfants. Le soir, normalement, on lui dit non, on gère nos enfants. Toi, tu fais ta vie, tu peux sortir, machin et tout. Il y a énormément de soin. J'allais avec les filles parce qu'elles sentaient qu'on était dans nos discussions, qu'on était dans un moment de tension. Elle a été cruciale dans ces moments-là. Et elle, elle a dû se dire, mais la famille de fou, quoi. Parce qu'il se passe quand même un truc, au milieu de... Il rentrait de l'hôpital, puis après, il y a ça. Une année, c'est court et il se passe tellement de choses à la fois. Et elle, elle a eu un condensé d'événements dans la famille. Plus ces événements à elle, qui étaient quand même assez impressionnants. Et avec le recul, on se dit heureusement qu'elle était là. Ouais, heureusement.
- Speaker #2
On aurait applaudi.
- Speaker #0
C'est vrai qu'avec le témoignage que vous donnez des périodes de vie et de ce que vous avez vécu, qui est extrêmement fort sur le plan humain, de ce qu'on peut encaisser dans la vie, ce que je lis, et c'est ce que je constate, et ce qui fait aussi la passion que j'ai de faire ce qu'on fait ensemble, c'est que finalement, elle est comme un tampon qui permet d'aider à maintenir l'équilibre socio-affectifs au sein de la famille par rapport à des tempêtes que l'on peut traverser à certaines périodes de vie en fait.
- Speaker #2
Complètement. Des fois tu ne le sais pas que tu es dans la tempête non plus.
- Speaker #0
Si on pouvait tout prévoir ça serait beau mais c'est pas ça la vie en fait. Donc on se fait souvent surprendre. Alors pour le coup on a parlé beaucoup de Laura. Donc Laura, elle est colombienne. Pour la petite histoire, elle avait fait des études d'ingénieur. Et par la suite, elle a repris des études en France. Et maintenant, elle travaille en France. Donc elle fait partie de ces parcours de vie d'opère. Pour qui l'expérience opère, c'est un tremplin aussi à l'expatriation. Vous avez toujours des contacts avec elle ?
- Speaker #1
Oui, bien sûr. Encore elle, elle souhaite tous les anniversaires des filles. C'est incroyable. Et puis on se suit sur les réseaux sociaux. Donc dès qu'on poste une photo des enfants, c'est la première à liker. Et du coup, elle habite à Toulouse avec son copain. Et pareil, on la suit. Elle est hyper épanouie. On voit bien qu'elle est comme elle est. Puis dès qu'elle passe à Biarritz, on essaye de se catcher pour se voir parce qu'elle a envie de voir les filles. Même si avec les réseaux sociaux, maintenant, on arrive à garder un super contact visuel et elle les voit grandir. Mais c'est vrai que c'est... Et les filles nous en parlent encore, pourtant elles étaient petites et à 5-6 ans, t'as plus trop de souvenirs. Elles se souviennent de Laura, quand elles corrent en espagnol, elles se souviennent que c'est Laura qui leur a appris l'espagnol. Donc vraiment, on a gardé contact. On ne sait pas si c'est parce que c'était la première ou si c'est parce que c'était elle, mais vraiment, il y a un lien particulier avec elle.
- Speaker #0
Je pense que c'est parce que c'était elle. Alors la première, c'est toujours marquant une première fois, mais... mais c'est vraiment la personne qui fait le souvenir et qui fait qu'on vit une expérience aussi forte. C'est la personnalité, je pense.
- Speaker #2
En fait, tout le contexte était compliqué. Elle a été essentielle dans ce remue-là. Ce qui a créé quelque chose de fort et ce qui a été d'autant plus dur pour la suivante en termes d'intégration, parce qu'on avait toutes les billes, on avait l'expérience, on avait tout, et on a raté quand même parce que... mais parce qu'on était on attendait le copier-coller l'erreur elle a été là et du coup on n'a pas donné de chance le contexte était aussi particulier mais elle était différente bien sûr mais du coup elle a eu moins de chance parce que trop d'attente le problème c'est qu'on n'a pas comparé un début avec un début on a comparé une fin avec un début et
- Speaker #0
donc du coup c'est pas possible en fait c'est hyper intéressant que tu dises ça parce qu'on a quand même beaucoup de familles qui a... ont des opères depuis de nombreuses années. Et chaque année, c'est quand même un gros challenge de se dire est-ce que la personne va réussir à... Parce que chaque année, il y a une exigence supplémentaire parce que les souvenirs des précédentes, et puis avec le temps, on ne se souvient que du positif, mais on reviendra aussi, il n'y a pas que du positif, il y a aussi des difficultés. Et donc, on ne se souvient que du positif, donc on attend quelque chose de rapide qui soit aussi bien que tout ce qu'on a cumulé. Et c'est vrai, ce que tu dis est très juste, Benjamin, c'est qu'on compare la fin d'une expérience qui a duré dix mois avec une qui démarre où on recommence à zéro. Et donc, le challenge est grand.
- Speaker #2
Non, non, mais c'est... Enfin, pour elle.
- Speaker #0
Oui, pour elle. Pour celle qui arrive.
- Speaker #2
Pour elle, oui, parce que pourtant, on avait... Enfin, on a essayé tout ça, mais bon, je pense qu'on était... On avait vrillé peut-être psychologiquement sur ces aspects-là, et bon.
- Speaker #1
À l'intégration de Angie, Laura, elle avait été... hyper acteur, je sais pas si tu te souviens elle était revenue deux semaines chez nous pour accompagner Angie dans le...
- Speaker #0
Elle lui expliquait en espagnol comment est-ce qu'on fonctionnait, l'accompagner dans ce qui avait été dur pour elle ces premières semaines, pour accompagner Angie, pour lui expliquer ça t'inquiète pas, je te conseille de faire ça, il fonctionne comme ça, fais comme ça. Elle lui donnait des tours de conduite dans le quartier. Laura, elle se mettait à la place qu'on avait eue pour que ce soit plus facile pour Angie. Je pense qu'elle a peut-être moins de notre part, parce que comme tu dis, on attendait une deuxième Laura. mais L'accompagnement qu'elle a eu par Laura, il était quand même exceptionnel. Et ça, c'est pas donné à tout le monde.
- Speaker #1
Est-ce qu'on avait déjà validé le fait qu'Engie soit là, alors que Laura était encore là, je crois ? Parce que je me souviens qu'elles avaient vachement échangé en WhatsApp et tout ça.
- Speaker #0
Oui, avant même, on était en train de discuter avec Manuela pour trouver. Et quand on avait choisi Angie, Laura avait échangé avec elle, avec la famille, avec les parents qui étaient inquiets. de savoir où est-ce qu'elle allait arriver pour leur expliquer « Moi, je viens de passer un an chez eux, ils sont comme ça. » Non, elle avait vraiment joué un rôle hyper important. D'ailleurs, elle l'a protégée un peu parce qu'elle était revenue au moment où c'était un peu difficile avec Angie. Et elle avait fait un peu le médiateur entre la famille en lui expliquant « Voilà comment Angie perçoit certaines choses. » Elle avait vraiment été, encore une fois, hyper importante. L'intégration a été 100 fois meilleure pour Angie. Je pense que là, pour le coup, c'était une personnalité qui n'allait pas avec notre façon de vivre à 200 à l'heure. C'est pour ça que ça n'a pas matché, mais ça avait été quand même plus facile.
- Speaker #1
On avait besoin de plus d'accompagnement et elle était beaucoup moins autonome. Du coup, on n'a pas eu la patience et l'énergie pour plus accompagner, malheureusement, N'Ziva.
- Speaker #2
Oui, et ça ne fonctionne pas à tous les coups. C'est aussi ça, la vérité. Ça ne marche pas tout le temps. Quand ça se passe bien, c'est encore plus... plus exceptionnel parce que parfois, ça peut ne pas fonctionner. La question que j'avais, c'est pour toi, Audrey, le fait d'avoir une au-pair à la maison, est-ce qu'à un moment, ça t'a questionné sur ta place de maman ?
- Speaker #0
Alors, en fait, je ne pensais pas parce qu'encore une fois, j'étais à 2000 à l'heure et c'est un jour où en fait, moi, j'adorais réveiller les enfants parce qu'on arrive, ils sont endormis, donc ils sont un peu comme des princes. Les voir dormir, c'est toujours un moment un peu... Et le premier regard où ils vous regardent un peu comme la certaine merveille du monde. Et c'est des moments, ça ne dure pas longtemps, mais c'est des moments importants. Et en fait, je me suis retrouvée plusieurs fois dans la cuisine, en train de, dans le jus, à moitié habillée, en train de commencer à préparer le petit-déj. Et du coup, Laura montait, les réveillait. Je me disais, mais non, mais moi, je veux inverser. En fait, c'est le moment, c'est ce moment-là que je préfère. Et puis, en fait, c'est elle qui le fait. Et c'est vrai qu'il y a des moments où je me disais, voilà déjà que j'ai pas beaucoup de temps et c'est des petits moments de vie où je me suis dit ouais je rate des trucs en plus que de la jalousie c'était vraiment et t'arrivais pas à lui dire bah écoute c'est moi qui les réveille est-ce que tu peux toi préparer le petit-déj bah en fait c'était même pas c'était même pas cadré en fait des fois c'était ou même elle montait le petit-déj était déjà fait et moi je m'étais levée un peu trop tard elle était déjà montée et puis évidemment si jamais elle était pas montée j'y allais avant mais il y a plusieurs fois où je me suis dit ah Ce moment-là, je ne le rattraperai jamais. Et elle l'a pris. En fait, elle l'a pris dans l'organisation pour être plus épique. Merci. Il y a des moments aussi où les enfants se disputaient beaucoup. Et puis du coup, non mais arrêtez. J'avais pris la posture. Bon, voilà, il faut que ça s'arrête. Ça n'a pas de sens, vos disputes et tout. Et là, Laura était partie. Je me souviens, elles étaient dans une espèce de cabane en plastique qu'on avait. Elles étaient assises dans la cabane petite. Elle avait dit aux filles, venez, asseyez-vous tous dans la cabane. Donc, je les écoutais de loin dans le jardin. Et Laura avait été d'une façon extrêmement pédagogique pour quelqu'un qui n'a pas d'enfant, qui n'a pas d'expérience, juste elle l'a fait au bon sens et elle était là. Alors Lou, qu'est-ce que tu penses de la situation avec Lynn ? D'accord. Et Lynn, attendez, écoutez-vous parler. Elle m'avait scotché, je me dis mais ça c'est mon rôle ? Et je suis en train d'apprendre comment faire en sorte que les enfants parlent entre eux parce que la nounou l'a fait, c'était génial. Mais en même temps, les mots où tu te dis je donne mon rôle à quelqu'un. Et ouais, ça fait un petit pincement au cœur, tu vois, c'est un peu délicat, mais si elle n'avait pas été là, je n'aurais jamais eu l'idée de faire ça comme ça. Et voilà, donc c'était que du positif au final. Mais c'est vrai qu'il y a des petits moments où on se dit, c'est moi la maman, quoi.
- Speaker #1
Moi, je n'ai pas vécu ça, mais parce que je n'ai pas été bon, dans le sens où je ne voulais surtout pas... que Laura se considère comme une exécutante en fait, ou je sais pas comment dire. Et du coup, je voulais pas lui dire « est-ce que tu peux faire les courses ? » ou « est-ce que tu peux faire ça ? » Du coup, je faisais à manger... Et les moments de qualité, justement, avec les enfants, c'est elle qui les avait. Parce que je voulais surtout pas lui dire, bon, allez, tu fais à manger, et voilà. Et en fait, je me suis imposé ça, et ça a pas été très très bon, ça, parce que j'ai pas réussi à tirer le mieux, tu vois, de ce que j'aurais pu faire dans la relation avec les enfants, quoi. Après, là, je parle de quart d'heure ou de demi-heure, quoi, tu vois. Mais je m'imposais les tâches, tu vois, de faire les cours, faire le repas quand on était par là, tout ça, parce que je voulais... pas parce que Laura faisait mal à manger, mais parce que...
- Speaker #0
Elle t'a dit quand même le saumon fumé. Elle nous poilait le saumon fumé. Parce qu'en fait, elle nous a appris qu'en Colombie, en fait, ils font tout cuire. Je pense que ça doit être des problèmes de qualité de nourriture ou je ne sais pas. Et donc, du coup, tout était poilé. Donc, elle nous poilait le maïs. Elle nous a fait des plats complètement improbables. Elle a dit, j'ai senti ça.
- Speaker #1
Ah, ils nous avaient fait du jambon blanc poêlé avec des trucs, genre... Du coup, bon, voilà, donc tu comprends. On laissait faire une fois par semaine. Les filles, elles étaient cash avec elles.
- Speaker #0
Là, c'est pas bon du tout, Laurent, c'est pas bon du tout.
- Speaker #2
Mais en fait, ce que tu dis, Benjamin, c'est qu'il y a un juste équilibre entre une forme de management et d'éducation, finalement, parce que c'est un peu ça, l'opère, elle est entre... notre enfant ou un lien de parenté, un lien familial, et quelqu'un qui travaille pour nous. Donc, c'est de trouver le juste équilibre entre l'intégrer et la personne à lui.
- Speaker #1
Il n'est pas simple à trouver cet équilibre.
- Speaker #2
Oui.
- Speaker #1
Dans la relation et la perception que tu ne veux pas donner, des trucs comme ça. Mais ce que je veux dire, je rebondissais juste sur ce que disait Audrey, parce que c'est vrai que je me suis dit, moi aussi, je fais la bouffe et les courses, et du coup, je n'ai pas ces moments de qualité. Je ne les avais pas avant quand on n'était pas là non plus. Je faisais les courses et la bouffe avec les enfants, donc c'était pas forcément mieux. Au moins, les enfants, ils avaient un moment de qualité, que ce soit avec moi ou avec quelqu'un d'autre. Mais eux, ils avaient un vrai moment de qualité. C'était pas dans un stress de quelqu'un qui court ou quoi. Mais c'est vrai qu'il y a cet équilibre de dire, bon, OK, comment on s'organise ? Toi, t'étais plus cool, enfin plus cool. T'as mieux géré ça, Audrey, que moi. Tu laissais faire et puis elle le faisait naturellement. Parce que Laura, enfin, l'opère naturellement. Elle connaît les tâches qu'il y a à faire et elle sait si on en fait une, elle sait ce qu'il reste à faire. Et elle, ce n'est pas elle de se dire, OK, je vais lui empêcher de faire la bouffe. Donc, c'est leur amendement de qualité avec les enfants. C'est quand même à nous de voir ce raisonnement-là.
- Speaker #2
Bien sûr. Et finalement, elle va faire ce qu'on lui demande de faire aussi. Donc, quand c'est bien timé et cadré, d'où ce que vous disiez en introduction, la nécessité de cadrer les choses en amont et de préparer à l'intégration. et c'est dans cette phase de onboarding dont vous parliez qui est, moi j'estime qui prend environ 4 à 6 semaines mais ça dépend toujours des contextes, des familles et aussi des opères pendant lesquelles il y a un moment un investissement humain et tu l'expliquais très bien tout à l'heure Benjamin qui est important. On va s'arrêter là pour terminer, est-ce que vous auriez une anecdote ou un conseil à nous donner avec lequel on pourrait repartir ?
- Speaker #1
Non, l'anecdote, pas vraiment. Moi, je me souviens très bien le jour où elle est repartie. C'est le jour où elle est partie qu'on a pris conscience de la place qu'elle avait pris dans la famille parce que ça fait déjà tout le monde chialer. Mais il y avait un gros trou béant quand même. Alors que d'habitude, les week-ends, elle partait. On avait une organisation où on avait l'habitude qu'elle ne soit pas là. Mais là, on savait qu'elle ne reviendrait pas. Je me souviens de ce trou-là. Et la deuxième chose, l'anecdote, c'est quand on a eu une discussion de la perception des Français des Français c'est-à-dire des Colombiens. Et c'est là où on a pris conscience que l'onboarding est vraiment nécessaire parce qu'ils avaient l'impression, en fait, ils ont une vision des Français très, pas moyenâgeuse, mais à l'époque de Louis XIV, tu vois, où on ne se lave pas, où c'est une fois par semaine. où on ne sent pas bon. Et la pauvre, je crois qu'elle était venue une fois en France, elle avait pris le métro, ça a tué. Donc du coup, elle avait vraiment cette vision-là. Et elle nous racontait que ses parents disaient « Mais il se lave ? » Et ça m'a fait tilt parce que nous, Lynn et Lou, elles se changeaient trois fois par jour. Les week-ends, je disais à Laura, « Attends, elles ne vont pas se changer trois fois par jour, ça va. » Et donc du coup, je me dis qu'on a dû faire la relation entre « il pue, il ne passe pas » et « lui, il ne veut pas » . Je me dis, putain, au début, elle a dû vraiment... C'est ça, en fait, quand tu comprends... C'est une question qui est importante. Comment les Français sont perçus chez toi, c'est important parce que ça permet d'accélérer certaines choses. Parce que j'ai pris conscience de plein de trucs après. Il y a cette anecdote-là, mais elle avait plein de visions particulières sur nous, en fait. Et ses parents, je me souviens de cette histoire. Mais ils se lavent vraiment. Alors, du coup... Et elle, oui, oui, oui, pour l'instant, ils sont propres.
- Speaker #0
Elle était même allée chercher, elle nous avait raconté, elle allait chercher le bilan de lessive et on mettait des lingettes dans notre sèche-linge qui rendait le linge qui sentait, bref, très bon. Et elle leur a dit, ils ont même ça, les linges sentent très bon. Donc vraiment, t'inquiète pas, quoi. Il y a aussi des clichés sur la nourriture parce que... On mange des escargots parce qu'on mange des huîtres. Donc quand elle nous a raconté ça, c'est un malin plaisir à lui faire goûter tous ces trucs-là pour qu'elle ait vraiment son expérience. On l'a filmé en train de goûter des huîtres, on a fait des escargots, on a fait tous les clichés. Elle, elle a adoré parce qu'elle était hyper curieuse de tout. Elle dit, là, je vais raconter à ma famille. Je vais lui dire, heureusement que ce n'était pas au début.
- Speaker #2
Merci à tous les deux de ce partage. J'ai eu le sentiment que... C'était une période de vie qui était quand même intense et d'en reparler, c'était aussi émouvant. Donc merci de nous avoir partagé en toute transparence et intimité cette période de votre vie. Merci pour votre confiance, c'était un super moment pour moi. Et puis je pense que pour les personnes qui nous écoutent, c'est des clés supplémentaires. et une vision encore différente de ce qu'on peut vivre quand on vit une expérience au pair. Donc, merci pour tout ça, vous deux.
- Speaker #1
Merci à toi.
- Speaker #0
Merci à toi. À bientôt. À très bientôt.
- Speaker #3
C'est la fin de cet épisode. Je vous remercie pour votre écoute.
- Speaker #2
Comme à chaque fois,
- Speaker #3
j'ai pris un réel plaisir à mieux connaître notre invité. Et si vous aussi, vous aimez... La Grande Famille. Je vous invite à le partager sur les réseaux sociaux et à en parler autour de vous. Et surtout, surtout, je vous serais extrêmement reconnaissante de prendre deux minutes pour mettre un avis 5 étoiles sur la plateforme d'écoute de votre choix. Je vous dis à très bientôt.