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Le bijou comme un bisou #120 Thierry Vendome, ses épées d'académiciens cover
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Le bijou comme un bisou

Le bijou comme un bisou #120 Thierry Vendome, ses épées d'académiciens

Le bijou comme un bisou #120 Thierry Vendome, ses épées d'académiciens

26min |27/04/2024
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Le bijou comme un bisou #120 Thierry Vendome, ses épées d'académiciens

Le bijou comme un bisou #120 Thierry Vendome, ses épées d'académiciens

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Description

Parce que chaque semaine qui commence est un nouveau départ j'avais envie de vous lire une histoire alors je vous propose le bijou comme un bisou pour parler avec Thierry Vendome des épées d'académiciens.


Parce que réaliser une épée d'académicien, pour un joaillier c'est le Graal : une pièce technique, compliquée, pour une personne exceptionnelle, pour un monde exceptionnel où L'image du joaillier est mise en jeu car c’est vraiment la pièce d'exception qui représente l'académicien tout en gardant le style du créateur joaillier.


La 1e épée réalisé par Thierry Vendome date de 1996. Il avait glisser son dessin ceux de son père et c'est celui que Jacques Dupâquier a choisi. Parce que le "J" et le "D" formait la garde dans un mouvement design. Les symboles ont été placés dans des cercles dans la garde. D'abord les armoiries de famille. Puisle souvenir du 11 novembre 1940 où il a fait partie des étudiants qui ont défilés face aux nazis en entonnant la Marseillaise au pied de l'Arc de Triomphe. Le troisième symbole est la région du Vexin où il a eu des responsabilités, par la croix pâtée du Vexin. En quatrième symbole, il y a le Drakar, car la Normandieest sa région du cœur. En cinquième, la Malakite, qui représente l'écologie. Et enfin, une devise, Béatus Laborans, je travaille dans la joie.

L'épée est très pure, très monochrome. C'est de l'argent, avec la poignée en cristal de quartz transparent. Jacques Dupâquier est un grand démographe donc je l'ai traduit par des mouvements d'argent polis ou mats qui représentent les gens qui bougent avec le temps.



La deuxième épée était pour Pascal Ory qui était venu acheté une épée pour sa femme le jour où il a appris sa nommination, au 1e tour, à l'Académie Francaise. Le 1e symbole est la gidouille, le symbole collège de pataphysique, où il est officier, et qui est une spirale. J'en ai fait le mouvement de la garde. Le deuxième symbole ce sont les empreintes digitales de son épouse et de ses quatre enfants que j'ai gravées sur la chape de la garde. Le troisième symbole, le tricolore français car Pascal Ory a travaillé sur la nation, je l'ai incarné par le choix des matières : le bleu par le lapis lazuli de la poignée. Le blanc, c'est l'argent. Et le rouge, c'est le jaspe rouge. En quatrième symbole, l'allégorie de l'histoire tenant un phylactère (l'ancêtre de la bulle de bande dessinée) par un dessin de Catherine Meurisse, qui est aussi académicienne et une dessinatrice de l'équipe de Charlie Hebdo. J'ai créé une découpe dans l'argent et le rouge du jaspe apparaît en dessous. En cinquième symbole sur la lame de l'épée dans l'acier est gravée cette phrase "Nulla dies sine linea" qui veut dire pas un jour sans une ligne en hommage à son père. Le sixième symbole est le style art déco que j'ai représenté par le galucha sur le fourreau de l'épée.


La 3e épée, est celle de Philippe Walter, un grand chimiste français Il est venu avec sa rapière du XVIe siècle. Le 1e symbole en lien avec la préhistoire est un morceau de défense de mammouth que j'ai traillé sur la forme d'un prisme. qui viennent se fondre dans les orgues dorées. Le 2e symbole autre symbole est une évocation des cristaux de l'Orionite qui sont de moins d'1mn et présents dans la peinture ancienne et j'ai recréé en cristal de roche. En 3e symbole ce sont 4 mots materia, coloris, ombra, lume gravé avec l'écriture de Léonard de Vinci. En 5e symbole, la peinture noire absolue du fourreau qui capte à 99,4% la lumière. Le 6e symbole, est une bague amovible qui est sur l'épée et peut s'enlever et se porter en bague et en pendentif en hommage à sa femme et à sa fille Morgane, car elle sertit une morganite.


Je suis Anne Desmarest de Jotemps et je donne une voix aux bijoux chaque dimanche. Faites moi plaisir : abonnez-vous et partagez cet épisode sur vos réseaux sociaux. Je vous souhaite une jolie semaine et plein de bisous comme un bijou


Transcription

  • Speaker #0

    Je sais que vous aimez les histoires de bijoux. Alors aujourd'hui, je vous propose, juste après avoir écouté ce podcast, d'aller sur un autre podcast, La Voix des Bijoux. C'est le tout nouveau podcast de l'École des Arts Joyés avec le soutien de Van Cleef et Arpels. Il se présente en saison de quatre histoires, en version française comme en anglais. Et rien que dans la première saison, on y évoque le collier de Jeanne Dubarry,

  • Speaker #1

    comme les grilles de mariage de Rihanna.

  • Speaker #0

    Je suis sûre que vous pensez comme moi,

  • Speaker #1

    des podcasts de bijoux, il n'y en aura jamais assez.

  • Speaker #0

    Alors, pour écouter La Voix des Bijoux, c'est sur le site de l'École des Arts Joyés et sur toutes les plateformes d'écoute. Vous le reconnaîtrez facilement sur votre application préférée, car la vignette, c'est la broche Rubilips de Salvador Dali reproduite par Henri Caxton. Alors, à vos écouteurs !

  • Speaker #1

    parce que chaque semaine qui commence est un nouveau départ j'avais envie de vous lire une histoire alors je vous propose le bijou comme un bisou du dimanche soir

  • Speaker #0

    Aujourd'hui,

  • Speaker #1

    j'ai le plaisir d'être avec Thierry Vandeau. Alors évidemment, il y a une infinité de choses dont je voudrais qu'on discute avec Thierry. Alors on a décidé de ne parler que d'une chose, les épées. Les épées d'académiciens qui ont été réalisées par Thierry Vandeau.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Bonjour Thierry.

  • Thierry Vendome

    Bonjour Anne.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Dis-moi Thierry, réaliser une épée d'académiciens, pour un joaillier c'est quand même le Graal, non ?

  • Thierry Vendome

    Oui, parce qu'en fait, c'est une pièce hyper technique, compliquée. Il ne faut pas se louper parce qu'en fait, c'est pour une personne assez exceptionnelle, pour un monde exceptionnel, parce que c'est le monde de l'Académie française. C'est l'image du joaillier qui est mise en jeu quand même, pour vraiment la pièce d'exception dans notre profession.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Justement, tu viens de l'aborder, une épée d'académicien, ce n'est pas seulement une épée. Ça doit représenter l'académicien. Donc, chaque épée... est différente et donc elle ne doit pas être seulement une création hyper géniale du joaillier, elle doit être en plus une création qui raconte toute l'histoire de l'académicien.

  • Thierry Vendome

    C'est ça, oui. En fait, l'académicien, il met tous ses symboles, tous ses moments forts de sa vie, tout ce qu'il a envie d'exprimer se retrouve lisible sur l'épée, mais en gardant le style du créateur joaillier, bien sûr. Ça, c'est important.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Alors, ta première épée, c'était quand ?

  • Thierry Vendome

    Ah, ma première épée date de 1996. C'était totalement inattendu pour moi, car j'avais glissé un de mes dessins dans les dizaines de dessins que mon père avait présentés à l'académicien. Le jour où l'académicien est venu au magasin pour choisir son choix de dessin, moi j'étais en Normandie, j'étais en vacances à cette période-là. et en fait il a choisi mon dessin sur la dizaine de dessins de mon père et mon père m'appelle, me dit c'est toi qui vas réaliser l'épée parce qu'il a choisi ton projet et je suis revenu à l'établi et j'étais très heureux parce que c'est ma première épée C'est formidable. Mon père en a réalisé neuf. Ce n'était pas non plus une nouveauté pour lui, il savait ce que c'était, mais pour moi, c'était vraiment quelque chose d'unique à l'époque. Il avait choisi mon épée, le jac du paquet, parce que j'avais mis sur la garde un J et un D qui étaient très visibles, en fait. Ça a été le choix de l'académicien. Et à partir de ça, j'ai réalisé les différents symboles qu'il souhaitait.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Le J et le D, c'est la manière dont avait décoré la garde. Voilà, exactement. Avec ? un arrondi comme si tu avais fait un trait de peinture, mais en métal.

  • Thierry Vendome

    Oui, c'est un peu ça, c'est vrai. Il y a un côté un peu dynamique dans les lettres. Ça lui a plu.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Et on était en quelle année ?

  • Thierry Vendome

    En 1996. Je sais qu'aujourd'hui, je ne ferai plus ce type de design. C'est quand même il y a 30 ans maintenant. Aujourd'hui, j'ai un travail qui est sur un jeu de matière, de brutalité. Et à l'époque, c'était plus dans une esthétique design. Enfin, c'était très, très design.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Alors justement, dévoile-nous tous les symboles que tu as placés dans cette épée et qui ont été traduits par ta créativité.

  • Thierry Vendome

    Alors, il y a en premier symbole les armoiries de famille, je les ai placées. J'ai passé aussi un acte de courage qu'il avait eu à l'époque le 11 novembre 1940. Les étudiants ont défilé face aux nazis en entonnant la Marseillaise. C'est une histoire assez incroyable. Donc, il y a eu plusieurs centaines d'étudiants. qui sont trouvés au pied de l'Arc de Triomphe en entonnant la Marseillaise. C'est un truc complètement dingue. Il y a un risque énorme. Et donc, il souhaitait que ça soit représenté parce que lui-même faisait partie des étudiants. Ensuite, il y a eu en troisième symbole, la région du Vexin, par la croix pâtée du Vexin. C'est une région dont il s'est occupé, il a eu des responsabilités. Ensuite, en quatrième symbole, il y a eu le Dracar, car il avait une maison à Saint-Valaougue, en Normandie. Donc c'est une région du cœur pour lui. En cinquième, la Malakite, qui représentait l'écologie. Et enfin, une devise, Béatus Laborans, je travaille dans la joie.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Les six symboles que tu as placés sur cette épée, ils ne sont pas tous sur la garde ?

  • Thierry Vendome

    Je n'ai rien mis sur la lame. Elle est très pure, cette épée. Elle est vraiment très sobre, elle est très monochrome. C'est de l'argent, c'est une poignée qui est un cristal de quartz transparent, très pur. Jacques Dupac, je ne sais pas si on l'a dit, mais c'est un grand démographe. Il avait fait l'encyclopédie de la démographie française en quatre volumes de la préhistoire à nos jours.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Et donc, ça se traduisait comment alors ?

  • Thierry Vendome

    La démographie ?

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Oui, dans ton DP.

  • Thierry Vendome

    Eh bien, c'est par des mouvements d'argent qui sont polis ou mates. Pour moi, c'était les différentes peuplades, différents villages, des gens qui bougeaient avec le temps, qui évoluaient. Donc, il y avait des grands, des fins, des mates, des polis. Toute une circulation de mouvements, de motifs en argent.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Et la malachite, tu l'as mise où ? Et la croix pâtée du vexin ?

  • Thierry Vendome

    Alors, en fait, tous ces symboles, je les ai mis dans des cercles. C'était vraiment dans l'esprit de l'époque. Je faisais tout un travail sur le bijou qui s'appelait Galaxy, sur le thème des cercles transpercés.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    L'épée, c'est bien sûr le corps de l'épée. Il y a la garde et puis il y a le fourreau.

  • Thierry Vendome

    Et la lame.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Et la lame. Là, le travail de symbole dont tu parles, il est tout autour de la garde.

  • Thierry Vendome

    Oui, sur cette épée, tout est recentré autour de la garde. Tout à fait. Il n'y a rien sur la lame. Et sur le bas du fourreau, le fourreau est en cuir noir. J'y ai posé un motif en argent. avec différents mouvements d'argent que l'on retrouve sur la garde de l'épée.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Alors, on va aborder la deuxième. C'était pour quel académicien ?

  • Thierry Vendome

    Alors, c'est pour Pascal Horry, qui est un historien français. Et Pascal Horry m'a téléphoné un jour pour venir choisir une bague pour son épouse. Son épouse s'appelle Anne.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Comme moi, nana.

  • Thierry Vendome

    Et donc, il est venu au magasin un jour. Donc, on s'est pris rendez-vous. Et je commence à sortir quelques modèles. Et ce qui m'étonne vraiment, ce qui me demande, mais quel est le nom de tel modèle ? Pourquoi ce nom ? et la signification, pourquoi la signification et donc je lui ai dit c'est incroyable personne n'avait fait ça jusqu'à maintenant tu demandes le nom d'un modèle mais après tu demandes pas la signification, sauf que Pascal Horry voulait savoir la signification du nom comme cette bague swirl qu'il a pris dans les mains et qu'il a dit swirl, swirl, puis il a fait un mouvement de la main en spirale comme ça qui partait vers l'air et je trouvais ça très drôle c'était très sympathique et donc on a convenu d'une bague c'est une bague branche que je lui ai réalisé il rentre chez lui et il apprend le jour même qu'il est pris à l'académie française il est nommé au premier tour un truc incroyable et donc en rentrant chez lui il a un message sur son répondeur, une amie lui dit j'ai appris que tu es nommé à l'académie française j'ai la personne pour toi pour faire l'épée c'est Thierry Vendôme et il sortait de chez moi et donc le lendemain son épouse vient me voir et m'apprend la bonne nouvelle elle me dit mais est-ce que vous faites vous même des épées ? alors là mes cheveux sont dressés j'étais tout excité, tout énervé, c'était formidable j'allais faire une épée ça faisait 20 ans que j'avais pas fait d'épée c'est un truc incroyable J'ai travaillé, j'ai dessiné. Le soir, je rentrais à la maison, je dessinais sans avoir les symboles. Puis un jour, il est venu, il m'a donné la liste de ses symboles et je me suis remis à dessiner tous les soirs. Je prenais des calques, je dessinais, je mettais un papier, je mettais un calque par-dessus, j'améliorais, j'améliorais. et mon épouse était dans mon dos et me dit mais c'est incroyable plus personne travaille comme toi avec le calque aujourd'hui tout le monde travaille sur ordinateur et toi je te vois encore travailler à l'ancienne avec tes calques elle était émerveillée de me voir encore je sais pas mais travailler de cette façon donc finalement tu en avais fait combien ? j'en ai une bonne quinzaine, vingtaine j'ai vraiment pas mal travaillé sur ce projet qui m'a vraiment plu C'était pas simple parce qu'en fait, il m'a donné sept symboles à peu près, mais tellement importants, très forts, qu'il fallait faire harmoniser tout ça en une pièce. C'était pas évident. Alors écoute, je vais te dire la liste des symboles. Il y a la gilouille rayonnante, parce que je l'ai fait rayonner. C'est une forme en spirale. Et la gilouille, c'est le symbole collège de pataphysique, parce que notre Pascal Horry est officier du collège de pataphysique, les pataphysiciens. C'est en fait une académie parallèle à l'académie française, qui regroupe des intellectuels. mais c'est assez farfelu comme idée. Tu as des gens comme Boris Vian, là Boris Vian a fait venir Henri Salvador, tu as des gens du monde de l'art, des écrivains de différents domaines, mais toujours d'un esprit assez coquin, assez rigolo. Donc la gilouille qui est leur symbole, je l'ai réalisé, donc cette spirale, et je m'en suis servi pour faire cette garde qui part comme ça d'une façon dynamique en l'air. et en fait je me souvenais aussi de ce mouvement de la main que Pascal Horry avait fait pour cette bague swirl où il partait avec sa main en l'air et j'ai repris ce mouvement de sa main tout ça, ça m'avait inspiré cette garde d'épée le deuxième symbole sont les empreintes digitales de son épouse Anne et de ses quatre enfants que j'ai repris et gravées sur la chape de la garde c'est la partie qui se retrouve sur la lame qui tient la lame j'ai travaillé sur le... Une technique que je fais pour mes alliances, c'est-à-dire que je prends les empreintes de doigts de mes clients, les empreintes digitales, et je les transforme en alliances.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Et tu les graves ?

  • Thierry Vendome

    Et je les grave dans l'or. Là, c'était de l'argent. Donc, le troisième symbole, le tricolore français, incarné par le choix des matières, l'apis azuli, donc la poignée, il fait le bleu. Le blanc, c'est l'argent. Et le rouge, c'est le jaspe rouge. Alors pourquoi le tricolore français ? Parce qu'Alhori a beaucoup travaillé sur la nation, sur le thème de la France, sur différentes époques sombres ou plus joyeuses comme les expositions universelles. Il a travaillé aussi sur la collaboration pendant la guerre. Il a travaillé sur un dictionnaire des étrangers qui font la France. Puis aussi, il fait rentrer les gens au Panthéon. Comme Josephine Baker, il y a trois ans, il s'est occupé de l'organisation. pour l'entrée au Panthéon. Et là, il s'occupait dernièrement de Missac Manouchian. Moi, ça m'a touché personnellement. je ne sais pas si tu le sais, mais Manouchian était proche de ma famille. Missac Manouchian venait souvent chez mes grands-parents parce que il n'avait plus de famille, il était orphelin, et il avait besoin de retrouver un esprit familial. Et donc, il s'entourait de ma famille, de mon arrière-grand-mère, de mes grands-parents. Il avait ma mère sur les genoux, et il passait des soirées merveilleuses. Et mon grand-père, qui était son grand-ami, lui disait... pourquoi tu restes toujours à discuter avec ma mère ? Et il disait, mais Mylène, tu sais pas, moi je n'ai pas de famille. Et là, j'ai l'impression d'avoir une famille. Et donc, c'est très touchant tout ça. Et aujourd'hui, son entrée au Panthéon, pour moi, était vraiment très important.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Et en plus, faite par l'académicien qui t'avait commandé l'épée.

  • Thierry Vendome

    Oui, le monde est petit.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Et donc, c'est pour ça que tu respectes ce symbole tricolore. Et donc, tu l'as matérialisé. comment tu as mis une pierre bleu-blanc-rouge ?

  • Thierry Vendome

    Alors, ce tricolore, je vais te dire, et je l'ai voulu qu'il soit très visible, c'est-à-dire qu'on soit à 10 mètres, et bien on voit que sur cette épée, ça fait le bleu-blanc-rouge français. Je voulais qu'il crache ce bleu-blanc-rouge, je voulais qu'il soit fort. Et donc la poignée en lapis bleue, et la partie très importante de l'épée, d'ailleurs, ça m'a créé pas mal de soucis, parce qu'il y a un problème de poids. Il ne fallait pas qu'elle soit trop lourde, cette épée. Franchement, l'apis azuli est une matière lourde, ce n'était pas évident. Ce tricolore prend en fait toute l'épée, c'est-à-dire qu'aussi bien il y a une partie rouge qui est sur le fourreau, le jaspe, la partie d'argent, elle est en dessous de la poignée, sur cette partie qui fait le lien entre la lame et la poignée, qui s'appelle la chape. Le tricolore est vraiment très visible. Donc en quatrième symbole, l'allégorie de l'histoire tenant un phylactère. Le phylactère, en fait, c'est l'ancêtre de la bulle de bande dessinée. En hommage actif de Pascal Horry pour le neuvième art, la bande dessinée. Le dessin, on le tient de Catherine Meurisse, qui est aussi académicienne et qui est une dessinatrice de l'équipe de Charlie Hebdo. et donc c'est elle qui a dessiné cette allégorie qui n'était pas évident du tout pour moi de le mettre dans mon style de mon épée mais bon je pense y être arrivé par une découpe dans l'argent et ça fait une dentelle où on voit le rouge du jaspe apparaître en dessous en cinquième symbole sur la lame de l'épée dans l'acier est gravée cette phrase nous la diès sine linea qui veut dire pas un jour sans une ligne et donc c'est en hommage à son père voilà Le sixième symbole est le style art déco que j'ai représenté par le galucha sur le fourreau de l'épée.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Il est de quelle couleur ton galucha ?

  • Thierry Vendome

    Bien noir, il est très sombre. Je voudrais rajouter que j'ai été vraiment aidé par quelques artisans. C'est la personne qui a fait le fourreau, Dominique Imbert, qui a été vraiment d'une aide formidable pour un travail incroyable. Placer ce galucha... qui n'est pas évident à travailler. Donc, il a fait un très, très, très beau travail. Ensuite, j'ai eu l'aide aussi d'une personne qui compte beaucoup pour moi. C'est André Arcos, qui est le joaillier avec qui j'ai travaillé chez mon père, puisque c'était le chef d'atelier et il a été mon maître d'apprentissage. Donc, tout au long de la réalisation de cette épée pour Pascal Horry, je faisais appel à lui. Et il me conseillait, tu devrais faire ci, tu devrais ça, n'oublie pas ça et tout. J'avais vraiment... beaucoup de chance de l'avoir.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Alors comment tu l'as fait connaître ?

  • Thierry Vendome

    Il y a une histoire incroyable, c'est qu'un jour Marie Valanay, présidente de l'école des arts joailliers, rentre au magasin et je lui dis, Marie, j'ai une très bonne nouvelle à t'annoncer, j'ai la réalisation d'une épée à faire, celle de Pascal Horry. Et je lui montre les quelques dessins et là... elle prend son téléphone et d'un ton sérieux elle dit bon demain réunion on doit réfléchir pour la réalisation d'un film sur une épée d'académicien celle que Thierry Vendôme va réaliser pour Pascal Horry et elle m'a financé comme ça un film par l'équipe de Beaux-Arts Magazine qui est venue au magasin pendant plusieurs jours à me demander de faire 5-6 fois les mêmes gestes avec différents objectifs, ça a été assez technique et le résultat est visible aujourd'hui sur Youtube.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Trop fort ! Donc en fait, cette épée que tu as bichonnée, inventée, créée et qui un jour est partie comme ça, tu peux continuer à la voir en film et puis... Je suppose que tu la vois aussi à la télé ?

  • Thierry Vendome

    Alors, je surveille mon Pascal Horry par Instagram, en fait. Je regarde sur le site de l'Institut de France où on voit toutes les cérémonies. Je vois Pascal avec l'épée, qu'il le tient vraiment avec beaucoup de fierté. J'ai beaucoup de plaisir à le voir tenir cette épée, bien sûr.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Malgré son poids ?

  • Thierry Vendome

    Malgré son poids.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Parce que finalement, elle fait 1,8 kg, tu m'as dit, non ?

  • Thierry Vendome

    1,6 kg. Un peu grossier. Oui, j'ai essayé de baisser son poids au maximum. Je n'ai pas pu faire plus, et là, ça fait 1,6 kg, ce qui est lourd. En tout cas, c'est une belle aventure.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Donc, on va passer à la troisième épée. Tu en feras d'autres, bien sûr. Cette troisième épée, c'est la plus récente, et c'est celle de

  • Thierry Vendome

    Philippe Walter, un grand chimiste français. Et c'est un scientifique, c'est un homme incroyable qui passe de l'archéologie, il va décortiquer la Joconde, aussi bien de Marc Grotko, le peintre contemporain. Il agit sur différents secteurs du monde de notre époque. Il a un métier de scientifique, d'archéologue, de chimiste. et donc avec ça c'était très intéressant de travailler sur une épée bien sûr

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Comme c'est LE scientifique de l'art, c'était vraiment la croisée des chemins là Alors comment est-il arrivé chez toi ?

  • Thierry Vendome

    Alors c'est Sophie Lefebvre que je pense est venue déjà derrière ton micro pour une émission sur Jean Vendôme donc Sophie qui est une très bonne amie est venue avec Philippe Walter et ont collaboré ensemble au centre de recherche des musées nationaux. Sophie Lefebvre était chargée de la communication. Ils sont venus un jour accompagnés d'une épée, qui est en fait une rapière du XVIe siècle. auquel tenait Philippe Walter. Il fallait, à partir de cette épée, je puisse créer quelque chose de contemporain dessus, tout en gardant le côté XVIe siècle de l'épée. Donc il y avait une conversation entre deux mondes, le monde contemporain et le monde du XVIe siècle.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Donc c'est vraiment une conversation, comme tu dis, qui est vraiment logique avec l'académicien et son métier. Mais pour toi, c'était un nouveau défi encore une fois.

  • Thierry Vendome

    Oui, complètement. mais quelque part je pensais à la philosophie de mon travail en voyant cette épée du XVIe siècle, parce que je travaille beaucoup les aciers rouillés qui ont une histoire, qui ont un vécu, que je vais lier à mon esprit contemporain, précieux, joaillerie, aussi bien ça a été les monnaies chinoises, les vieilles faïences que j'ai récupérées. Donc j'aime bien lier déjà une histoire vécue à quelque chose de contemporain. Donc quelque part je le voyais. Comme un ami, cette épée du XVIe siècle, il y avait une esthétique forte qui était présente, avec des courbes en acier, c'était très beau, très puissant, et ça m'a vraiment plu de démarrer cette aventure avec Philippe Walter.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Si je me souviens bien, cette rapière, puisque c'est le nom de l'épée du XVIe siècle, elle a une lame extrêmement fine et d'un seul coup, il y a toute une espèce de mouvement, de rotation des volutes qui sont autour de la garde. Complètement. Du coup, ça a déjà toute une esthétique très forte et très intéressante, très légère, qui pourrait être à la fois aérienne. Alors, c'est toujours des cercles, mais ce n'est pas du tout le style de ta première épée, même s'il y a aussi des volutes. Oui, oui. Ça pourrait être un croisement avec ce qu'on pourrait appeler presque l'art nouveau, mais ce n'est pas exactement ça. Donc, combien tu as fait de dessins, Lady N'too ?

  • Thierry Vendome

    Oui, j'en ai fait une bonne dizaine aussi. C'est pareil, oui, effectivement. Je m'en suis servi d'un plus, quelque part, de cette forme biscornue. Je ne sais pas. Non, non, mais c'était quand même une très belle esthétique.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Donc, lui, il avait combien de symboles ?

  • Thierry Vendome

    Alors, lui, il en a sept. Sept symboles. Donc, il y a l'ivoire de mammouth qui est présent sur la forme d'un prisme. qui viennent se fondre dans les orgues dorées. Donc c'est le lien avec la préhistoire. C'est lui qui m'a apporté ce morceau de défense de mammouth sur lequel j'ai fait les découpes. Un autre symbole, il y a la sculpture des cristaux de quartz taillés par le lapidaire René Ruch, mon lapidaire, avec qui je travaille depuis une trentaine d'années. C'est une évocation des cristaux de l'Orionite. Ce cristal à l'Orionite... C'est un cristal qui se limite à 1 mm de grandeur. Ça se voit avec des loupes, avec des binoculaires. Tu ne vois pas ça à la huile nue. C'est des cristaux que l'on retrouve dans la peinture ancienne. Et avec ces cristaux, pour la représenter, j'ai fait des recherches. J'ai fait tailler des cristaux de quartz dans la forme de ces cristaux de l'ornite, mais dans des dimensions beaucoup plus imposantes. et comme c'est fragile je les ai mis à l'intérieur de la garde et elles sont protégées par les mouvements du XVIe siècle ces fameux mouvements en acier qui servent de pare-choc et ça marche très bien ensemble ensuite il y a la gravure sur le vermeil sur le fourreau j'ai repris avec l'écriture de Léonard de Vinci ces quatre mots materia, coloris, ombra et lume donc matériaux couleurs, ombres et lumières. Je les ai repris sur le vermeil qui recouvre le fourreau et c'est gravé avec l'écriture de Léonard de Vinci. L'académicien souhaitait... que cela soit réalisé. Enfin, en cinquième symbole, la peinture noire sur ce même fourreau, réalisé par toujours Dominique Imbert, c'est une peinture innovante qui capte à 99,4% la lumière. C'est le noir absolu. Cette couleur est totalement nouvelle. Du coup, ça fait disparaître les formes. Voilà. T'as l'impression d'un fourreau en velours noir. C'est assez étonnant. Ce qui est amusant, c'est que c'est très fragile. Ce qui est amusant, c'est que lui est venu avec la peinture, avec son pistolet à peinture, et dans le magasin, je voyais mon académicien en train de reprendre son fourreau juste avant la cérémonie le lendemain. Et enfin, en sixième symbole, assez important, parce que novateur, je pense, une bague. Une bague qui vient s'installer dans l'épée. En fait, la bague, elle s'introduit comme un élément de l'épée. La bague est réalisée... en hommage à son épouse, c'est pour le rappel de la famille, c'est une bague qui se retire, son épouse pourra la porter. Et sur la bague, rien de plus qu'une morganite. Pourquoi une morganite ? Sa fille s'appelle Morgane. Donc tout a un rapport.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Donc en fait, ces femmes, si je peux dire ça, sont symbolisées par cette bague qui se met sur la garde et qui saute, qui s'enlève. Voilà, voilà. Et tu es le premier joaillé à avoir fait la première épée avec bague amovible.

  • Thierry Vendome

    Oui, j'en connais pas d'autres en tout cas. Donc ça fait bague et amovible, elle fait pendentif aussi. Ça fait bague et pendentif.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Comme d'habitude, chez toi, ça s'applique.

  • Thierry Vendome

    J'aime bien que l'objet fasse plusieurs fonctions.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    L'or de l'anneau est complètement travaillé dans cet or un peu sauvage que tu aimes dire. De loin, on dirait justement cette écorce d'or sur un rocher, travaillée par miracle, en fait.

  • Thierry Vendome

    C'est sûr, parce qu'en fait, sur l'épée, la rapière du XVIe siècle, à l'origine, ce qui terminait cette épée, on appelle ça le pommeau. Et le pommeau était en forme de gland. Je le faisais très moche. J'étais très content de le recouvrir par ce motif d'écorce. Et cette bague, ça faisait une finition beaucoup plus fine, beaucoup plus élégante. Et ça fonctionnait avec le fourreau, l'esthétique du fourreau. Donc ça fait une continuité qui est plutôt assez réussie, je pense.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Maintenant que tu as réalisé une épée pour laquelle on t'a préféré à ton papa, une épée pour laquelle tu as mis des éléments de bande dessinée, ce qui est quand même extraordinaire pour le travail de Thierry Bonhomme, ce n'est pas ton habitude. Une épée dans laquelle tu as créé la seule bague l'amovible des épées d'académicien, quel serait donc ton rêve maintenant pour créer comme épée d'académicien ?

  • Thierry Vendome

    Moi, vraiment, j'aimerais travailler pour une femme académicienne. Je trouve ça formidable. Il y a tellement peu d'académiciennes, trop peu aujourd'hui, il faut vraiment que les femmes puissent être plus nombreuses à l'académie et faire une épée. J'aimerais vraiment faire un travail sur le vitrail de couleurs, de minéraux, quelque chose de beaucoup plus coloré.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Dans ton vitrail, tu mettrais quoi ?

  • Thierry Vendome

    Des tourmalines, des fleurs d'améthyste, plein de minéraux, des opales, des choses très vives, un feu d'artifice de couleurs, bien sûr.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Eh bien, on va te le souhaiter.

  • Thierry Vendome

    Merci.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Merci beaucoup Thierry pour cette interview sur les épées d'académiciens.

  • Thierry Vendome

    Merci Anne.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    A bientôt. Ici se termine cette histoire de bijoux. Je suis Anne Desmarais de Jotan et je donne une voix aux bijoux chaque dimanche. Et si vous aussi vous avez envie de faire parler vos bijoux et votre maison, je serai ravie de vous accompagner pour réaliser votre podcast de marque ou vous accueillir en partenaire dans mes podcasts natifs. Nos prochains rendez-vous seront sur le podcast Thématique. Il était une fois le bijou en alternance avec le podcast Brillante et ce podcast Le Bijou comme un bisou. faites moi plaisir soutenez moi en mettant des avis, des étoiles sur Spotify ou Apple Podcast en vous abonnant et en partageant cet épisode sur vos réseaux sociaux je vous souhaite une jolie semaine et plein de bisous comme un bijou

Description

Parce que chaque semaine qui commence est un nouveau départ j'avais envie de vous lire une histoire alors je vous propose le bijou comme un bisou pour parler avec Thierry Vendome des épées d'académiciens.


Parce que réaliser une épée d'académicien, pour un joaillier c'est le Graal : une pièce technique, compliquée, pour une personne exceptionnelle, pour un monde exceptionnel où L'image du joaillier est mise en jeu car c’est vraiment la pièce d'exception qui représente l'académicien tout en gardant le style du créateur joaillier.


La 1e épée réalisé par Thierry Vendome date de 1996. Il avait glisser son dessin ceux de son père et c'est celui que Jacques Dupâquier a choisi. Parce que le "J" et le "D" formait la garde dans un mouvement design. Les symboles ont été placés dans des cercles dans la garde. D'abord les armoiries de famille. Puisle souvenir du 11 novembre 1940 où il a fait partie des étudiants qui ont défilés face aux nazis en entonnant la Marseillaise au pied de l'Arc de Triomphe. Le troisième symbole est la région du Vexin où il a eu des responsabilités, par la croix pâtée du Vexin. En quatrième symbole, il y a le Drakar, car la Normandieest sa région du cœur. En cinquième, la Malakite, qui représente l'écologie. Et enfin, une devise, Béatus Laborans, je travaille dans la joie.

L'épée est très pure, très monochrome. C'est de l'argent, avec la poignée en cristal de quartz transparent. Jacques Dupâquier est un grand démographe donc je l'ai traduit par des mouvements d'argent polis ou mats qui représentent les gens qui bougent avec le temps.



La deuxième épée était pour Pascal Ory qui était venu acheté une épée pour sa femme le jour où il a appris sa nommination, au 1e tour, à l'Académie Francaise. Le 1e symbole est la gidouille, le symbole collège de pataphysique, où il est officier, et qui est une spirale. J'en ai fait le mouvement de la garde. Le deuxième symbole ce sont les empreintes digitales de son épouse et de ses quatre enfants que j'ai gravées sur la chape de la garde. Le troisième symbole, le tricolore français car Pascal Ory a travaillé sur la nation, je l'ai incarné par le choix des matières : le bleu par le lapis lazuli de la poignée. Le blanc, c'est l'argent. Et le rouge, c'est le jaspe rouge. En quatrième symbole, l'allégorie de l'histoire tenant un phylactère (l'ancêtre de la bulle de bande dessinée) par un dessin de Catherine Meurisse, qui est aussi académicienne et une dessinatrice de l'équipe de Charlie Hebdo. J'ai créé une découpe dans l'argent et le rouge du jaspe apparaît en dessous. En cinquième symbole sur la lame de l'épée dans l'acier est gravée cette phrase "Nulla dies sine linea" qui veut dire pas un jour sans une ligne en hommage à son père. Le sixième symbole est le style art déco que j'ai représenté par le galucha sur le fourreau de l'épée.


La 3e épée, est celle de Philippe Walter, un grand chimiste français Il est venu avec sa rapière du XVIe siècle. Le 1e symbole en lien avec la préhistoire est un morceau de défense de mammouth que j'ai traillé sur la forme d'un prisme. qui viennent se fondre dans les orgues dorées. Le 2e symbole autre symbole est une évocation des cristaux de l'Orionite qui sont de moins d'1mn et présents dans la peinture ancienne et j'ai recréé en cristal de roche. En 3e symbole ce sont 4 mots materia, coloris, ombra, lume gravé avec l'écriture de Léonard de Vinci. En 5e symbole, la peinture noire absolue du fourreau qui capte à 99,4% la lumière. Le 6e symbole, est une bague amovible qui est sur l'épée et peut s'enlever et se porter en bague et en pendentif en hommage à sa femme et à sa fille Morgane, car elle sertit une morganite.


Je suis Anne Desmarest de Jotemps et je donne une voix aux bijoux chaque dimanche. Faites moi plaisir : abonnez-vous et partagez cet épisode sur vos réseaux sociaux. Je vous souhaite une jolie semaine et plein de bisous comme un bijou


Transcription

  • Speaker #0

    Je sais que vous aimez les histoires de bijoux. Alors aujourd'hui, je vous propose, juste après avoir écouté ce podcast, d'aller sur un autre podcast, La Voix des Bijoux. C'est le tout nouveau podcast de l'École des Arts Joyés avec le soutien de Van Cleef et Arpels. Il se présente en saison de quatre histoires, en version française comme en anglais. Et rien que dans la première saison, on y évoque le collier de Jeanne Dubarry,

  • Speaker #1

    comme les grilles de mariage de Rihanna.

  • Speaker #0

    Je suis sûre que vous pensez comme moi,

  • Speaker #1

    des podcasts de bijoux, il n'y en aura jamais assez.

  • Speaker #0

    Alors, pour écouter La Voix des Bijoux, c'est sur le site de l'École des Arts Joyés et sur toutes les plateformes d'écoute. Vous le reconnaîtrez facilement sur votre application préférée, car la vignette, c'est la broche Rubilips de Salvador Dali reproduite par Henri Caxton. Alors, à vos écouteurs !

  • Speaker #1

    parce que chaque semaine qui commence est un nouveau départ j'avais envie de vous lire une histoire alors je vous propose le bijou comme un bisou du dimanche soir

  • Speaker #0

    Aujourd'hui,

  • Speaker #1

    j'ai le plaisir d'être avec Thierry Vandeau. Alors évidemment, il y a une infinité de choses dont je voudrais qu'on discute avec Thierry. Alors on a décidé de ne parler que d'une chose, les épées. Les épées d'académiciens qui ont été réalisées par Thierry Vandeau.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Bonjour Thierry.

  • Thierry Vendome

    Bonjour Anne.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Dis-moi Thierry, réaliser une épée d'académiciens, pour un joaillier c'est quand même le Graal, non ?

  • Thierry Vendome

    Oui, parce qu'en fait, c'est une pièce hyper technique, compliquée. Il ne faut pas se louper parce qu'en fait, c'est pour une personne assez exceptionnelle, pour un monde exceptionnel, parce que c'est le monde de l'Académie française. C'est l'image du joaillier qui est mise en jeu quand même, pour vraiment la pièce d'exception dans notre profession.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Justement, tu viens de l'aborder, une épée d'académicien, ce n'est pas seulement une épée. Ça doit représenter l'académicien. Donc, chaque épée... est différente et donc elle ne doit pas être seulement une création hyper géniale du joaillier, elle doit être en plus une création qui raconte toute l'histoire de l'académicien.

  • Thierry Vendome

    C'est ça, oui. En fait, l'académicien, il met tous ses symboles, tous ses moments forts de sa vie, tout ce qu'il a envie d'exprimer se retrouve lisible sur l'épée, mais en gardant le style du créateur joaillier, bien sûr. Ça, c'est important.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Alors, ta première épée, c'était quand ?

  • Thierry Vendome

    Ah, ma première épée date de 1996. C'était totalement inattendu pour moi, car j'avais glissé un de mes dessins dans les dizaines de dessins que mon père avait présentés à l'académicien. Le jour où l'académicien est venu au magasin pour choisir son choix de dessin, moi j'étais en Normandie, j'étais en vacances à cette période-là. et en fait il a choisi mon dessin sur la dizaine de dessins de mon père et mon père m'appelle, me dit c'est toi qui vas réaliser l'épée parce qu'il a choisi ton projet et je suis revenu à l'établi et j'étais très heureux parce que c'est ma première épée C'est formidable. Mon père en a réalisé neuf. Ce n'était pas non plus une nouveauté pour lui, il savait ce que c'était, mais pour moi, c'était vraiment quelque chose d'unique à l'époque. Il avait choisi mon épée, le jac du paquet, parce que j'avais mis sur la garde un J et un D qui étaient très visibles, en fait. Ça a été le choix de l'académicien. Et à partir de ça, j'ai réalisé les différents symboles qu'il souhaitait.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Le J et le D, c'est la manière dont avait décoré la garde. Voilà, exactement. Avec ? un arrondi comme si tu avais fait un trait de peinture, mais en métal.

  • Thierry Vendome

    Oui, c'est un peu ça, c'est vrai. Il y a un côté un peu dynamique dans les lettres. Ça lui a plu.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Et on était en quelle année ?

  • Thierry Vendome

    En 1996. Je sais qu'aujourd'hui, je ne ferai plus ce type de design. C'est quand même il y a 30 ans maintenant. Aujourd'hui, j'ai un travail qui est sur un jeu de matière, de brutalité. Et à l'époque, c'était plus dans une esthétique design. Enfin, c'était très, très design.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Alors justement, dévoile-nous tous les symboles que tu as placés dans cette épée et qui ont été traduits par ta créativité.

  • Thierry Vendome

    Alors, il y a en premier symbole les armoiries de famille, je les ai placées. J'ai passé aussi un acte de courage qu'il avait eu à l'époque le 11 novembre 1940. Les étudiants ont défilé face aux nazis en entonnant la Marseillaise. C'est une histoire assez incroyable. Donc, il y a eu plusieurs centaines d'étudiants. qui sont trouvés au pied de l'Arc de Triomphe en entonnant la Marseillaise. C'est un truc complètement dingue. Il y a un risque énorme. Et donc, il souhaitait que ça soit représenté parce que lui-même faisait partie des étudiants. Ensuite, il y a eu en troisième symbole, la région du Vexin, par la croix pâtée du Vexin. C'est une région dont il s'est occupé, il a eu des responsabilités. Ensuite, en quatrième symbole, il y a eu le Dracar, car il avait une maison à Saint-Valaougue, en Normandie. Donc c'est une région du cœur pour lui. En cinquième, la Malakite, qui représentait l'écologie. Et enfin, une devise, Béatus Laborans, je travaille dans la joie.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Les six symboles que tu as placés sur cette épée, ils ne sont pas tous sur la garde ?

  • Thierry Vendome

    Je n'ai rien mis sur la lame. Elle est très pure, cette épée. Elle est vraiment très sobre, elle est très monochrome. C'est de l'argent, c'est une poignée qui est un cristal de quartz transparent, très pur. Jacques Dupac, je ne sais pas si on l'a dit, mais c'est un grand démographe. Il avait fait l'encyclopédie de la démographie française en quatre volumes de la préhistoire à nos jours.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Et donc, ça se traduisait comment alors ?

  • Thierry Vendome

    La démographie ?

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Oui, dans ton DP.

  • Thierry Vendome

    Eh bien, c'est par des mouvements d'argent qui sont polis ou mates. Pour moi, c'était les différentes peuplades, différents villages, des gens qui bougeaient avec le temps, qui évoluaient. Donc, il y avait des grands, des fins, des mates, des polis. Toute une circulation de mouvements, de motifs en argent.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Et la malachite, tu l'as mise où ? Et la croix pâtée du vexin ?

  • Thierry Vendome

    Alors, en fait, tous ces symboles, je les ai mis dans des cercles. C'était vraiment dans l'esprit de l'époque. Je faisais tout un travail sur le bijou qui s'appelait Galaxy, sur le thème des cercles transpercés.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    L'épée, c'est bien sûr le corps de l'épée. Il y a la garde et puis il y a le fourreau.

  • Thierry Vendome

    Et la lame.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Et la lame. Là, le travail de symbole dont tu parles, il est tout autour de la garde.

  • Thierry Vendome

    Oui, sur cette épée, tout est recentré autour de la garde. Tout à fait. Il n'y a rien sur la lame. Et sur le bas du fourreau, le fourreau est en cuir noir. J'y ai posé un motif en argent. avec différents mouvements d'argent que l'on retrouve sur la garde de l'épée.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Alors, on va aborder la deuxième. C'était pour quel académicien ?

  • Thierry Vendome

    Alors, c'est pour Pascal Horry, qui est un historien français. Et Pascal Horry m'a téléphoné un jour pour venir choisir une bague pour son épouse. Son épouse s'appelle Anne.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Comme moi, nana.

  • Thierry Vendome

    Et donc, il est venu au magasin un jour. Donc, on s'est pris rendez-vous. Et je commence à sortir quelques modèles. Et ce qui m'étonne vraiment, ce qui me demande, mais quel est le nom de tel modèle ? Pourquoi ce nom ? et la signification, pourquoi la signification et donc je lui ai dit c'est incroyable personne n'avait fait ça jusqu'à maintenant tu demandes le nom d'un modèle mais après tu demandes pas la signification, sauf que Pascal Horry voulait savoir la signification du nom comme cette bague swirl qu'il a pris dans les mains et qu'il a dit swirl, swirl, puis il a fait un mouvement de la main en spirale comme ça qui partait vers l'air et je trouvais ça très drôle c'était très sympathique et donc on a convenu d'une bague c'est une bague branche que je lui ai réalisé il rentre chez lui et il apprend le jour même qu'il est pris à l'académie française il est nommé au premier tour un truc incroyable et donc en rentrant chez lui il a un message sur son répondeur, une amie lui dit j'ai appris que tu es nommé à l'académie française j'ai la personne pour toi pour faire l'épée c'est Thierry Vendôme et il sortait de chez moi et donc le lendemain son épouse vient me voir et m'apprend la bonne nouvelle elle me dit mais est-ce que vous faites vous même des épées ? alors là mes cheveux sont dressés j'étais tout excité, tout énervé, c'était formidable j'allais faire une épée ça faisait 20 ans que j'avais pas fait d'épée c'est un truc incroyable J'ai travaillé, j'ai dessiné. Le soir, je rentrais à la maison, je dessinais sans avoir les symboles. Puis un jour, il est venu, il m'a donné la liste de ses symboles et je me suis remis à dessiner tous les soirs. Je prenais des calques, je dessinais, je mettais un papier, je mettais un calque par-dessus, j'améliorais, j'améliorais. et mon épouse était dans mon dos et me dit mais c'est incroyable plus personne travaille comme toi avec le calque aujourd'hui tout le monde travaille sur ordinateur et toi je te vois encore travailler à l'ancienne avec tes calques elle était émerveillée de me voir encore je sais pas mais travailler de cette façon donc finalement tu en avais fait combien ? j'en ai une bonne quinzaine, vingtaine j'ai vraiment pas mal travaillé sur ce projet qui m'a vraiment plu C'était pas simple parce qu'en fait, il m'a donné sept symboles à peu près, mais tellement importants, très forts, qu'il fallait faire harmoniser tout ça en une pièce. C'était pas évident. Alors écoute, je vais te dire la liste des symboles. Il y a la gilouille rayonnante, parce que je l'ai fait rayonner. C'est une forme en spirale. Et la gilouille, c'est le symbole collège de pataphysique, parce que notre Pascal Horry est officier du collège de pataphysique, les pataphysiciens. C'est en fait une académie parallèle à l'académie française, qui regroupe des intellectuels. mais c'est assez farfelu comme idée. Tu as des gens comme Boris Vian, là Boris Vian a fait venir Henri Salvador, tu as des gens du monde de l'art, des écrivains de différents domaines, mais toujours d'un esprit assez coquin, assez rigolo. Donc la gilouille qui est leur symbole, je l'ai réalisé, donc cette spirale, et je m'en suis servi pour faire cette garde qui part comme ça d'une façon dynamique en l'air. et en fait je me souvenais aussi de ce mouvement de la main que Pascal Horry avait fait pour cette bague swirl où il partait avec sa main en l'air et j'ai repris ce mouvement de sa main tout ça, ça m'avait inspiré cette garde d'épée le deuxième symbole sont les empreintes digitales de son épouse Anne et de ses quatre enfants que j'ai repris et gravées sur la chape de la garde c'est la partie qui se retrouve sur la lame qui tient la lame j'ai travaillé sur le... Une technique que je fais pour mes alliances, c'est-à-dire que je prends les empreintes de doigts de mes clients, les empreintes digitales, et je les transforme en alliances.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Et tu les graves ?

  • Thierry Vendome

    Et je les grave dans l'or. Là, c'était de l'argent. Donc, le troisième symbole, le tricolore français, incarné par le choix des matières, l'apis azuli, donc la poignée, il fait le bleu. Le blanc, c'est l'argent. Et le rouge, c'est le jaspe rouge. Alors pourquoi le tricolore français ? Parce qu'Alhori a beaucoup travaillé sur la nation, sur le thème de la France, sur différentes époques sombres ou plus joyeuses comme les expositions universelles. Il a travaillé aussi sur la collaboration pendant la guerre. Il a travaillé sur un dictionnaire des étrangers qui font la France. Puis aussi, il fait rentrer les gens au Panthéon. Comme Josephine Baker, il y a trois ans, il s'est occupé de l'organisation. pour l'entrée au Panthéon. Et là, il s'occupait dernièrement de Missac Manouchian. Moi, ça m'a touché personnellement. je ne sais pas si tu le sais, mais Manouchian était proche de ma famille. Missac Manouchian venait souvent chez mes grands-parents parce que il n'avait plus de famille, il était orphelin, et il avait besoin de retrouver un esprit familial. Et donc, il s'entourait de ma famille, de mon arrière-grand-mère, de mes grands-parents. Il avait ma mère sur les genoux, et il passait des soirées merveilleuses. Et mon grand-père, qui était son grand-ami, lui disait... pourquoi tu restes toujours à discuter avec ma mère ? Et il disait, mais Mylène, tu sais pas, moi je n'ai pas de famille. Et là, j'ai l'impression d'avoir une famille. Et donc, c'est très touchant tout ça. Et aujourd'hui, son entrée au Panthéon, pour moi, était vraiment très important.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Et en plus, faite par l'académicien qui t'avait commandé l'épée.

  • Thierry Vendome

    Oui, le monde est petit.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Et donc, c'est pour ça que tu respectes ce symbole tricolore. Et donc, tu l'as matérialisé. comment tu as mis une pierre bleu-blanc-rouge ?

  • Thierry Vendome

    Alors, ce tricolore, je vais te dire, et je l'ai voulu qu'il soit très visible, c'est-à-dire qu'on soit à 10 mètres, et bien on voit que sur cette épée, ça fait le bleu-blanc-rouge français. Je voulais qu'il crache ce bleu-blanc-rouge, je voulais qu'il soit fort. Et donc la poignée en lapis bleue, et la partie très importante de l'épée, d'ailleurs, ça m'a créé pas mal de soucis, parce qu'il y a un problème de poids. Il ne fallait pas qu'elle soit trop lourde, cette épée. Franchement, l'apis azuli est une matière lourde, ce n'était pas évident. Ce tricolore prend en fait toute l'épée, c'est-à-dire qu'aussi bien il y a une partie rouge qui est sur le fourreau, le jaspe, la partie d'argent, elle est en dessous de la poignée, sur cette partie qui fait le lien entre la lame et la poignée, qui s'appelle la chape. Le tricolore est vraiment très visible. Donc en quatrième symbole, l'allégorie de l'histoire tenant un phylactère. Le phylactère, en fait, c'est l'ancêtre de la bulle de bande dessinée. En hommage actif de Pascal Horry pour le neuvième art, la bande dessinée. Le dessin, on le tient de Catherine Meurisse, qui est aussi académicienne et qui est une dessinatrice de l'équipe de Charlie Hebdo. et donc c'est elle qui a dessiné cette allégorie qui n'était pas évident du tout pour moi de le mettre dans mon style de mon épée mais bon je pense y être arrivé par une découpe dans l'argent et ça fait une dentelle où on voit le rouge du jaspe apparaître en dessous en cinquième symbole sur la lame de l'épée dans l'acier est gravée cette phrase nous la diès sine linea qui veut dire pas un jour sans une ligne et donc c'est en hommage à son père voilà Le sixième symbole est le style art déco que j'ai représenté par le galucha sur le fourreau de l'épée.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Il est de quelle couleur ton galucha ?

  • Thierry Vendome

    Bien noir, il est très sombre. Je voudrais rajouter que j'ai été vraiment aidé par quelques artisans. C'est la personne qui a fait le fourreau, Dominique Imbert, qui a été vraiment d'une aide formidable pour un travail incroyable. Placer ce galucha... qui n'est pas évident à travailler. Donc, il a fait un très, très, très beau travail. Ensuite, j'ai eu l'aide aussi d'une personne qui compte beaucoup pour moi. C'est André Arcos, qui est le joaillier avec qui j'ai travaillé chez mon père, puisque c'était le chef d'atelier et il a été mon maître d'apprentissage. Donc, tout au long de la réalisation de cette épée pour Pascal Horry, je faisais appel à lui. Et il me conseillait, tu devrais faire ci, tu devrais ça, n'oublie pas ça et tout. J'avais vraiment... beaucoup de chance de l'avoir.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Alors comment tu l'as fait connaître ?

  • Thierry Vendome

    Il y a une histoire incroyable, c'est qu'un jour Marie Valanay, présidente de l'école des arts joailliers, rentre au magasin et je lui dis, Marie, j'ai une très bonne nouvelle à t'annoncer, j'ai la réalisation d'une épée à faire, celle de Pascal Horry. Et je lui montre les quelques dessins et là... elle prend son téléphone et d'un ton sérieux elle dit bon demain réunion on doit réfléchir pour la réalisation d'un film sur une épée d'académicien celle que Thierry Vendôme va réaliser pour Pascal Horry et elle m'a financé comme ça un film par l'équipe de Beaux-Arts Magazine qui est venue au magasin pendant plusieurs jours à me demander de faire 5-6 fois les mêmes gestes avec différents objectifs, ça a été assez technique et le résultat est visible aujourd'hui sur Youtube.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Trop fort ! Donc en fait, cette épée que tu as bichonnée, inventée, créée et qui un jour est partie comme ça, tu peux continuer à la voir en film et puis... Je suppose que tu la vois aussi à la télé ?

  • Thierry Vendome

    Alors, je surveille mon Pascal Horry par Instagram, en fait. Je regarde sur le site de l'Institut de France où on voit toutes les cérémonies. Je vois Pascal avec l'épée, qu'il le tient vraiment avec beaucoup de fierté. J'ai beaucoup de plaisir à le voir tenir cette épée, bien sûr.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Malgré son poids ?

  • Thierry Vendome

    Malgré son poids.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Parce que finalement, elle fait 1,8 kg, tu m'as dit, non ?

  • Thierry Vendome

    1,6 kg. Un peu grossier. Oui, j'ai essayé de baisser son poids au maximum. Je n'ai pas pu faire plus, et là, ça fait 1,6 kg, ce qui est lourd. En tout cas, c'est une belle aventure.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Donc, on va passer à la troisième épée. Tu en feras d'autres, bien sûr. Cette troisième épée, c'est la plus récente, et c'est celle de

  • Thierry Vendome

    Philippe Walter, un grand chimiste français. Et c'est un scientifique, c'est un homme incroyable qui passe de l'archéologie, il va décortiquer la Joconde, aussi bien de Marc Grotko, le peintre contemporain. Il agit sur différents secteurs du monde de notre époque. Il a un métier de scientifique, d'archéologue, de chimiste. et donc avec ça c'était très intéressant de travailler sur une épée bien sûr

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Comme c'est LE scientifique de l'art, c'était vraiment la croisée des chemins là Alors comment est-il arrivé chez toi ?

  • Thierry Vendome

    Alors c'est Sophie Lefebvre que je pense est venue déjà derrière ton micro pour une émission sur Jean Vendôme donc Sophie qui est une très bonne amie est venue avec Philippe Walter et ont collaboré ensemble au centre de recherche des musées nationaux. Sophie Lefebvre était chargée de la communication. Ils sont venus un jour accompagnés d'une épée, qui est en fait une rapière du XVIe siècle. auquel tenait Philippe Walter. Il fallait, à partir de cette épée, je puisse créer quelque chose de contemporain dessus, tout en gardant le côté XVIe siècle de l'épée. Donc il y avait une conversation entre deux mondes, le monde contemporain et le monde du XVIe siècle.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Donc c'est vraiment une conversation, comme tu dis, qui est vraiment logique avec l'académicien et son métier. Mais pour toi, c'était un nouveau défi encore une fois.

  • Thierry Vendome

    Oui, complètement. mais quelque part je pensais à la philosophie de mon travail en voyant cette épée du XVIe siècle, parce que je travaille beaucoup les aciers rouillés qui ont une histoire, qui ont un vécu, que je vais lier à mon esprit contemporain, précieux, joaillerie, aussi bien ça a été les monnaies chinoises, les vieilles faïences que j'ai récupérées. Donc j'aime bien lier déjà une histoire vécue à quelque chose de contemporain. Donc quelque part je le voyais. Comme un ami, cette épée du XVIe siècle, il y avait une esthétique forte qui était présente, avec des courbes en acier, c'était très beau, très puissant, et ça m'a vraiment plu de démarrer cette aventure avec Philippe Walter.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Si je me souviens bien, cette rapière, puisque c'est le nom de l'épée du XVIe siècle, elle a une lame extrêmement fine et d'un seul coup, il y a toute une espèce de mouvement, de rotation des volutes qui sont autour de la garde. Complètement. Du coup, ça a déjà toute une esthétique très forte et très intéressante, très légère, qui pourrait être à la fois aérienne. Alors, c'est toujours des cercles, mais ce n'est pas du tout le style de ta première épée, même s'il y a aussi des volutes. Oui, oui. Ça pourrait être un croisement avec ce qu'on pourrait appeler presque l'art nouveau, mais ce n'est pas exactement ça. Donc, combien tu as fait de dessins, Lady N'too ?

  • Thierry Vendome

    Oui, j'en ai fait une bonne dizaine aussi. C'est pareil, oui, effectivement. Je m'en suis servi d'un plus, quelque part, de cette forme biscornue. Je ne sais pas. Non, non, mais c'était quand même une très belle esthétique.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Donc, lui, il avait combien de symboles ?

  • Thierry Vendome

    Alors, lui, il en a sept. Sept symboles. Donc, il y a l'ivoire de mammouth qui est présent sur la forme d'un prisme. qui viennent se fondre dans les orgues dorées. Donc c'est le lien avec la préhistoire. C'est lui qui m'a apporté ce morceau de défense de mammouth sur lequel j'ai fait les découpes. Un autre symbole, il y a la sculpture des cristaux de quartz taillés par le lapidaire René Ruch, mon lapidaire, avec qui je travaille depuis une trentaine d'années. C'est une évocation des cristaux de l'Orionite. Ce cristal à l'Orionite... C'est un cristal qui se limite à 1 mm de grandeur. Ça se voit avec des loupes, avec des binoculaires. Tu ne vois pas ça à la huile nue. C'est des cristaux que l'on retrouve dans la peinture ancienne. Et avec ces cristaux, pour la représenter, j'ai fait des recherches. J'ai fait tailler des cristaux de quartz dans la forme de ces cristaux de l'ornite, mais dans des dimensions beaucoup plus imposantes. et comme c'est fragile je les ai mis à l'intérieur de la garde et elles sont protégées par les mouvements du XVIe siècle ces fameux mouvements en acier qui servent de pare-choc et ça marche très bien ensemble ensuite il y a la gravure sur le vermeil sur le fourreau j'ai repris avec l'écriture de Léonard de Vinci ces quatre mots materia, coloris, ombra et lume donc matériaux couleurs, ombres et lumières. Je les ai repris sur le vermeil qui recouvre le fourreau et c'est gravé avec l'écriture de Léonard de Vinci. L'académicien souhaitait... que cela soit réalisé. Enfin, en cinquième symbole, la peinture noire sur ce même fourreau, réalisé par toujours Dominique Imbert, c'est une peinture innovante qui capte à 99,4% la lumière. C'est le noir absolu. Cette couleur est totalement nouvelle. Du coup, ça fait disparaître les formes. Voilà. T'as l'impression d'un fourreau en velours noir. C'est assez étonnant. Ce qui est amusant, c'est que c'est très fragile. Ce qui est amusant, c'est que lui est venu avec la peinture, avec son pistolet à peinture, et dans le magasin, je voyais mon académicien en train de reprendre son fourreau juste avant la cérémonie le lendemain. Et enfin, en sixième symbole, assez important, parce que novateur, je pense, une bague. Une bague qui vient s'installer dans l'épée. En fait, la bague, elle s'introduit comme un élément de l'épée. La bague est réalisée... en hommage à son épouse, c'est pour le rappel de la famille, c'est une bague qui se retire, son épouse pourra la porter. Et sur la bague, rien de plus qu'une morganite. Pourquoi une morganite ? Sa fille s'appelle Morgane. Donc tout a un rapport.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Donc en fait, ces femmes, si je peux dire ça, sont symbolisées par cette bague qui se met sur la garde et qui saute, qui s'enlève. Voilà, voilà. Et tu es le premier joaillé à avoir fait la première épée avec bague amovible.

  • Thierry Vendome

    Oui, j'en connais pas d'autres en tout cas. Donc ça fait bague et amovible, elle fait pendentif aussi. Ça fait bague et pendentif.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Comme d'habitude, chez toi, ça s'applique.

  • Thierry Vendome

    J'aime bien que l'objet fasse plusieurs fonctions.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    L'or de l'anneau est complètement travaillé dans cet or un peu sauvage que tu aimes dire. De loin, on dirait justement cette écorce d'or sur un rocher, travaillée par miracle, en fait.

  • Thierry Vendome

    C'est sûr, parce qu'en fait, sur l'épée, la rapière du XVIe siècle, à l'origine, ce qui terminait cette épée, on appelle ça le pommeau. Et le pommeau était en forme de gland. Je le faisais très moche. J'étais très content de le recouvrir par ce motif d'écorce. Et cette bague, ça faisait une finition beaucoup plus fine, beaucoup plus élégante. Et ça fonctionnait avec le fourreau, l'esthétique du fourreau. Donc ça fait une continuité qui est plutôt assez réussie, je pense.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Maintenant que tu as réalisé une épée pour laquelle on t'a préféré à ton papa, une épée pour laquelle tu as mis des éléments de bande dessinée, ce qui est quand même extraordinaire pour le travail de Thierry Bonhomme, ce n'est pas ton habitude. Une épée dans laquelle tu as créé la seule bague l'amovible des épées d'académicien, quel serait donc ton rêve maintenant pour créer comme épée d'académicien ?

  • Thierry Vendome

    Moi, vraiment, j'aimerais travailler pour une femme académicienne. Je trouve ça formidable. Il y a tellement peu d'académiciennes, trop peu aujourd'hui, il faut vraiment que les femmes puissent être plus nombreuses à l'académie et faire une épée. J'aimerais vraiment faire un travail sur le vitrail de couleurs, de minéraux, quelque chose de beaucoup plus coloré.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Dans ton vitrail, tu mettrais quoi ?

  • Thierry Vendome

    Des tourmalines, des fleurs d'améthyste, plein de minéraux, des opales, des choses très vives, un feu d'artifice de couleurs, bien sûr.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Eh bien, on va te le souhaiter.

  • Thierry Vendome

    Merci.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Merci beaucoup Thierry pour cette interview sur les épées d'académiciens.

  • Thierry Vendome

    Merci Anne.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    A bientôt. Ici se termine cette histoire de bijoux. Je suis Anne Desmarais de Jotan et je donne une voix aux bijoux chaque dimanche. Et si vous aussi vous avez envie de faire parler vos bijoux et votre maison, je serai ravie de vous accompagner pour réaliser votre podcast de marque ou vous accueillir en partenaire dans mes podcasts natifs. Nos prochains rendez-vous seront sur le podcast Thématique. Il était une fois le bijou en alternance avec le podcast Brillante et ce podcast Le Bijou comme un bisou. faites moi plaisir soutenez moi en mettant des avis, des étoiles sur Spotify ou Apple Podcast en vous abonnant et en partageant cet épisode sur vos réseaux sociaux je vous souhaite une jolie semaine et plein de bisous comme un bijou

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Description

Parce que chaque semaine qui commence est un nouveau départ j'avais envie de vous lire une histoire alors je vous propose le bijou comme un bisou pour parler avec Thierry Vendome des épées d'académiciens.


Parce que réaliser une épée d'académicien, pour un joaillier c'est le Graal : une pièce technique, compliquée, pour une personne exceptionnelle, pour un monde exceptionnel où L'image du joaillier est mise en jeu car c’est vraiment la pièce d'exception qui représente l'académicien tout en gardant le style du créateur joaillier.


La 1e épée réalisé par Thierry Vendome date de 1996. Il avait glisser son dessin ceux de son père et c'est celui que Jacques Dupâquier a choisi. Parce que le "J" et le "D" formait la garde dans un mouvement design. Les symboles ont été placés dans des cercles dans la garde. D'abord les armoiries de famille. Puisle souvenir du 11 novembre 1940 où il a fait partie des étudiants qui ont défilés face aux nazis en entonnant la Marseillaise au pied de l'Arc de Triomphe. Le troisième symbole est la région du Vexin où il a eu des responsabilités, par la croix pâtée du Vexin. En quatrième symbole, il y a le Drakar, car la Normandieest sa région du cœur. En cinquième, la Malakite, qui représente l'écologie. Et enfin, une devise, Béatus Laborans, je travaille dans la joie.

L'épée est très pure, très monochrome. C'est de l'argent, avec la poignée en cristal de quartz transparent. Jacques Dupâquier est un grand démographe donc je l'ai traduit par des mouvements d'argent polis ou mats qui représentent les gens qui bougent avec le temps.



La deuxième épée était pour Pascal Ory qui était venu acheté une épée pour sa femme le jour où il a appris sa nommination, au 1e tour, à l'Académie Francaise. Le 1e symbole est la gidouille, le symbole collège de pataphysique, où il est officier, et qui est une spirale. J'en ai fait le mouvement de la garde. Le deuxième symbole ce sont les empreintes digitales de son épouse et de ses quatre enfants que j'ai gravées sur la chape de la garde. Le troisième symbole, le tricolore français car Pascal Ory a travaillé sur la nation, je l'ai incarné par le choix des matières : le bleu par le lapis lazuli de la poignée. Le blanc, c'est l'argent. Et le rouge, c'est le jaspe rouge. En quatrième symbole, l'allégorie de l'histoire tenant un phylactère (l'ancêtre de la bulle de bande dessinée) par un dessin de Catherine Meurisse, qui est aussi académicienne et une dessinatrice de l'équipe de Charlie Hebdo. J'ai créé une découpe dans l'argent et le rouge du jaspe apparaît en dessous. En cinquième symbole sur la lame de l'épée dans l'acier est gravée cette phrase "Nulla dies sine linea" qui veut dire pas un jour sans une ligne en hommage à son père. Le sixième symbole est le style art déco que j'ai représenté par le galucha sur le fourreau de l'épée.


La 3e épée, est celle de Philippe Walter, un grand chimiste français Il est venu avec sa rapière du XVIe siècle. Le 1e symbole en lien avec la préhistoire est un morceau de défense de mammouth que j'ai traillé sur la forme d'un prisme. qui viennent se fondre dans les orgues dorées. Le 2e symbole autre symbole est une évocation des cristaux de l'Orionite qui sont de moins d'1mn et présents dans la peinture ancienne et j'ai recréé en cristal de roche. En 3e symbole ce sont 4 mots materia, coloris, ombra, lume gravé avec l'écriture de Léonard de Vinci. En 5e symbole, la peinture noire absolue du fourreau qui capte à 99,4% la lumière. Le 6e symbole, est une bague amovible qui est sur l'épée et peut s'enlever et se porter en bague et en pendentif en hommage à sa femme et à sa fille Morgane, car elle sertit une morganite.


Je suis Anne Desmarest de Jotemps et je donne une voix aux bijoux chaque dimanche. Faites moi plaisir : abonnez-vous et partagez cet épisode sur vos réseaux sociaux. Je vous souhaite une jolie semaine et plein de bisous comme un bijou


Transcription

  • Speaker #0

    Je sais que vous aimez les histoires de bijoux. Alors aujourd'hui, je vous propose, juste après avoir écouté ce podcast, d'aller sur un autre podcast, La Voix des Bijoux. C'est le tout nouveau podcast de l'École des Arts Joyés avec le soutien de Van Cleef et Arpels. Il se présente en saison de quatre histoires, en version française comme en anglais. Et rien que dans la première saison, on y évoque le collier de Jeanne Dubarry,

  • Speaker #1

    comme les grilles de mariage de Rihanna.

  • Speaker #0

    Je suis sûre que vous pensez comme moi,

  • Speaker #1

    des podcasts de bijoux, il n'y en aura jamais assez.

  • Speaker #0

    Alors, pour écouter La Voix des Bijoux, c'est sur le site de l'École des Arts Joyés et sur toutes les plateformes d'écoute. Vous le reconnaîtrez facilement sur votre application préférée, car la vignette, c'est la broche Rubilips de Salvador Dali reproduite par Henri Caxton. Alors, à vos écouteurs !

  • Speaker #1

    parce que chaque semaine qui commence est un nouveau départ j'avais envie de vous lire une histoire alors je vous propose le bijou comme un bisou du dimanche soir

  • Speaker #0

    Aujourd'hui,

  • Speaker #1

    j'ai le plaisir d'être avec Thierry Vandeau. Alors évidemment, il y a une infinité de choses dont je voudrais qu'on discute avec Thierry. Alors on a décidé de ne parler que d'une chose, les épées. Les épées d'académiciens qui ont été réalisées par Thierry Vandeau.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Bonjour Thierry.

  • Thierry Vendome

    Bonjour Anne.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Dis-moi Thierry, réaliser une épée d'académiciens, pour un joaillier c'est quand même le Graal, non ?

  • Thierry Vendome

    Oui, parce qu'en fait, c'est une pièce hyper technique, compliquée. Il ne faut pas se louper parce qu'en fait, c'est pour une personne assez exceptionnelle, pour un monde exceptionnel, parce que c'est le monde de l'Académie française. C'est l'image du joaillier qui est mise en jeu quand même, pour vraiment la pièce d'exception dans notre profession.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Justement, tu viens de l'aborder, une épée d'académicien, ce n'est pas seulement une épée. Ça doit représenter l'académicien. Donc, chaque épée... est différente et donc elle ne doit pas être seulement une création hyper géniale du joaillier, elle doit être en plus une création qui raconte toute l'histoire de l'académicien.

  • Thierry Vendome

    C'est ça, oui. En fait, l'académicien, il met tous ses symboles, tous ses moments forts de sa vie, tout ce qu'il a envie d'exprimer se retrouve lisible sur l'épée, mais en gardant le style du créateur joaillier, bien sûr. Ça, c'est important.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Alors, ta première épée, c'était quand ?

  • Thierry Vendome

    Ah, ma première épée date de 1996. C'était totalement inattendu pour moi, car j'avais glissé un de mes dessins dans les dizaines de dessins que mon père avait présentés à l'académicien. Le jour où l'académicien est venu au magasin pour choisir son choix de dessin, moi j'étais en Normandie, j'étais en vacances à cette période-là. et en fait il a choisi mon dessin sur la dizaine de dessins de mon père et mon père m'appelle, me dit c'est toi qui vas réaliser l'épée parce qu'il a choisi ton projet et je suis revenu à l'établi et j'étais très heureux parce que c'est ma première épée C'est formidable. Mon père en a réalisé neuf. Ce n'était pas non plus une nouveauté pour lui, il savait ce que c'était, mais pour moi, c'était vraiment quelque chose d'unique à l'époque. Il avait choisi mon épée, le jac du paquet, parce que j'avais mis sur la garde un J et un D qui étaient très visibles, en fait. Ça a été le choix de l'académicien. Et à partir de ça, j'ai réalisé les différents symboles qu'il souhaitait.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Le J et le D, c'est la manière dont avait décoré la garde. Voilà, exactement. Avec ? un arrondi comme si tu avais fait un trait de peinture, mais en métal.

  • Thierry Vendome

    Oui, c'est un peu ça, c'est vrai. Il y a un côté un peu dynamique dans les lettres. Ça lui a plu.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Et on était en quelle année ?

  • Thierry Vendome

    En 1996. Je sais qu'aujourd'hui, je ne ferai plus ce type de design. C'est quand même il y a 30 ans maintenant. Aujourd'hui, j'ai un travail qui est sur un jeu de matière, de brutalité. Et à l'époque, c'était plus dans une esthétique design. Enfin, c'était très, très design.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Alors justement, dévoile-nous tous les symboles que tu as placés dans cette épée et qui ont été traduits par ta créativité.

  • Thierry Vendome

    Alors, il y a en premier symbole les armoiries de famille, je les ai placées. J'ai passé aussi un acte de courage qu'il avait eu à l'époque le 11 novembre 1940. Les étudiants ont défilé face aux nazis en entonnant la Marseillaise. C'est une histoire assez incroyable. Donc, il y a eu plusieurs centaines d'étudiants. qui sont trouvés au pied de l'Arc de Triomphe en entonnant la Marseillaise. C'est un truc complètement dingue. Il y a un risque énorme. Et donc, il souhaitait que ça soit représenté parce que lui-même faisait partie des étudiants. Ensuite, il y a eu en troisième symbole, la région du Vexin, par la croix pâtée du Vexin. C'est une région dont il s'est occupé, il a eu des responsabilités. Ensuite, en quatrième symbole, il y a eu le Dracar, car il avait une maison à Saint-Valaougue, en Normandie. Donc c'est une région du cœur pour lui. En cinquième, la Malakite, qui représentait l'écologie. Et enfin, une devise, Béatus Laborans, je travaille dans la joie.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Les six symboles que tu as placés sur cette épée, ils ne sont pas tous sur la garde ?

  • Thierry Vendome

    Je n'ai rien mis sur la lame. Elle est très pure, cette épée. Elle est vraiment très sobre, elle est très monochrome. C'est de l'argent, c'est une poignée qui est un cristal de quartz transparent, très pur. Jacques Dupac, je ne sais pas si on l'a dit, mais c'est un grand démographe. Il avait fait l'encyclopédie de la démographie française en quatre volumes de la préhistoire à nos jours.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Et donc, ça se traduisait comment alors ?

  • Thierry Vendome

    La démographie ?

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Oui, dans ton DP.

  • Thierry Vendome

    Eh bien, c'est par des mouvements d'argent qui sont polis ou mates. Pour moi, c'était les différentes peuplades, différents villages, des gens qui bougeaient avec le temps, qui évoluaient. Donc, il y avait des grands, des fins, des mates, des polis. Toute une circulation de mouvements, de motifs en argent.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Et la malachite, tu l'as mise où ? Et la croix pâtée du vexin ?

  • Thierry Vendome

    Alors, en fait, tous ces symboles, je les ai mis dans des cercles. C'était vraiment dans l'esprit de l'époque. Je faisais tout un travail sur le bijou qui s'appelait Galaxy, sur le thème des cercles transpercés.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    L'épée, c'est bien sûr le corps de l'épée. Il y a la garde et puis il y a le fourreau.

  • Thierry Vendome

    Et la lame.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Et la lame. Là, le travail de symbole dont tu parles, il est tout autour de la garde.

  • Thierry Vendome

    Oui, sur cette épée, tout est recentré autour de la garde. Tout à fait. Il n'y a rien sur la lame. Et sur le bas du fourreau, le fourreau est en cuir noir. J'y ai posé un motif en argent. avec différents mouvements d'argent que l'on retrouve sur la garde de l'épée.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Alors, on va aborder la deuxième. C'était pour quel académicien ?

  • Thierry Vendome

    Alors, c'est pour Pascal Horry, qui est un historien français. Et Pascal Horry m'a téléphoné un jour pour venir choisir une bague pour son épouse. Son épouse s'appelle Anne.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Comme moi, nana.

  • Thierry Vendome

    Et donc, il est venu au magasin un jour. Donc, on s'est pris rendez-vous. Et je commence à sortir quelques modèles. Et ce qui m'étonne vraiment, ce qui me demande, mais quel est le nom de tel modèle ? Pourquoi ce nom ? et la signification, pourquoi la signification et donc je lui ai dit c'est incroyable personne n'avait fait ça jusqu'à maintenant tu demandes le nom d'un modèle mais après tu demandes pas la signification, sauf que Pascal Horry voulait savoir la signification du nom comme cette bague swirl qu'il a pris dans les mains et qu'il a dit swirl, swirl, puis il a fait un mouvement de la main en spirale comme ça qui partait vers l'air et je trouvais ça très drôle c'était très sympathique et donc on a convenu d'une bague c'est une bague branche que je lui ai réalisé il rentre chez lui et il apprend le jour même qu'il est pris à l'académie française il est nommé au premier tour un truc incroyable et donc en rentrant chez lui il a un message sur son répondeur, une amie lui dit j'ai appris que tu es nommé à l'académie française j'ai la personne pour toi pour faire l'épée c'est Thierry Vendôme et il sortait de chez moi et donc le lendemain son épouse vient me voir et m'apprend la bonne nouvelle elle me dit mais est-ce que vous faites vous même des épées ? alors là mes cheveux sont dressés j'étais tout excité, tout énervé, c'était formidable j'allais faire une épée ça faisait 20 ans que j'avais pas fait d'épée c'est un truc incroyable J'ai travaillé, j'ai dessiné. Le soir, je rentrais à la maison, je dessinais sans avoir les symboles. Puis un jour, il est venu, il m'a donné la liste de ses symboles et je me suis remis à dessiner tous les soirs. Je prenais des calques, je dessinais, je mettais un papier, je mettais un calque par-dessus, j'améliorais, j'améliorais. et mon épouse était dans mon dos et me dit mais c'est incroyable plus personne travaille comme toi avec le calque aujourd'hui tout le monde travaille sur ordinateur et toi je te vois encore travailler à l'ancienne avec tes calques elle était émerveillée de me voir encore je sais pas mais travailler de cette façon donc finalement tu en avais fait combien ? j'en ai une bonne quinzaine, vingtaine j'ai vraiment pas mal travaillé sur ce projet qui m'a vraiment plu C'était pas simple parce qu'en fait, il m'a donné sept symboles à peu près, mais tellement importants, très forts, qu'il fallait faire harmoniser tout ça en une pièce. C'était pas évident. Alors écoute, je vais te dire la liste des symboles. Il y a la gilouille rayonnante, parce que je l'ai fait rayonner. C'est une forme en spirale. Et la gilouille, c'est le symbole collège de pataphysique, parce que notre Pascal Horry est officier du collège de pataphysique, les pataphysiciens. C'est en fait une académie parallèle à l'académie française, qui regroupe des intellectuels. mais c'est assez farfelu comme idée. Tu as des gens comme Boris Vian, là Boris Vian a fait venir Henri Salvador, tu as des gens du monde de l'art, des écrivains de différents domaines, mais toujours d'un esprit assez coquin, assez rigolo. Donc la gilouille qui est leur symbole, je l'ai réalisé, donc cette spirale, et je m'en suis servi pour faire cette garde qui part comme ça d'une façon dynamique en l'air. et en fait je me souvenais aussi de ce mouvement de la main que Pascal Horry avait fait pour cette bague swirl où il partait avec sa main en l'air et j'ai repris ce mouvement de sa main tout ça, ça m'avait inspiré cette garde d'épée le deuxième symbole sont les empreintes digitales de son épouse Anne et de ses quatre enfants que j'ai repris et gravées sur la chape de la garde c'est la partie qui se retrouve sur la lame qui tient la lame j'ai travaillé sur le... Une technique que je fais pour mes alliances, c'est-à-dire que je prends les empreintes de doigts de mes clients, les empreintes digitales, et je les transforme en alliances.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Et tu les graves ?

  • Thierry Vendome

    Et je les grave dans l'or. Là, c'était de l'argent. Donc, le troisième symbole, le tricolore français, incarné par le choix des matières, l'apis azuli, donc la poignée, il fait le bleu. Le blanc, c'est l'argent. Et le rouge, c'est le jaspe rouge. Alors pourquoi le tricolore français ? Parce qu'Alhori a beaucoup travaillé sur la nation, sur le thème de la France, sur différentes époques sombres ou plus joyeuses comme les expositions universelles. Il a travaillé aussi sur la collaboration pendant la guerre. Il a travaillé sur un dictionnaire des étrangers qui font la France. Puis aussi, il fait rentrer les gens au Panthéon. Comme Josephine Baker, il y a trois ans, il s'est occupé de l'organisation. pour l'entrée au Panthéon. Et là, il s'occupait dernièrement de Missac Manouchian. Moi, ça m'a touché personnellement. je ne sais pas si tu le sais, mais Manouchian était proche de ma famille. Missac Manouchian venait souvent chez mes grands-parents parce que il n'avait plus de famille, il était orphelin, et il avait besoin de retrouver un esprit familial. Et donc, il s'entourait de ma famille, de mon arrière-grand-mère, de mes grands-parents. Il avait ma mère sur les genoux, et il passait des soirées merveilleuses. Et mon grand-père, qui était son grand-ami, lui disait... pourquoi tu restes toujours à discuter avec ma mère ? Et il disait, mais Mylène, tu sais pas, moi je n'ai pas de famille. Et là, j'ai l'impression d'avoir une famille. Et donc, c'est très touchant tout ça. Et aujourd'hui, son entrée au Panthéon, pour moi, était vraiment très important.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Et en plus, faite par l'académicien qui t'avait commandé l'épée.

  • Thierry Vendome

    Oui, le monde est petit.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Et donc, c'est pour ça que tu respectes ce symbole tricolore. Et donc, tu l'as matérialisé. comment tu as mis une pierre bleu-blanc-rouge ?

  • Thierry Vendome

    Alors, ce tricolore, je vais te dire, et je l'ai voulu qu'il soit très visible, c'est-à-dire qu'on soit à 10 mètres, et bien on voit que sur cette épée, ça fait le bleu-blanc-rouge français. Je voulais qu'il crache ce bleu-blanc-rouge, je voulais qu'il soit fort. Et donc la poignée en lapis bleue, et la partie très importante de l'épée, d'ailleurs, ça m'a créé pas mal de soucis, parce qu'il y a un problème de poids. Il ne fallait pas qu'elle soit trop lourde, cette épée. Franchement, l'apis azuli est une matière lourde, ce n'était pas évident. Ce tricolore prend en fait toute l'épée, c'est-à-dire qu'aussi bien il y a une partie rouge qui est sur le fourreau, le jaspe, la partie d'argent, elle est en dessous de la poignée, sur cette partie qui fait le lien entre la lame et la poignée, qui s'appelle la chape. Le tricolore est vraiment très visible. Donc en quatrième symbole, l'allégorie de l'histoire tenant un phylactère. Le phylactère, en fait, c'est l'ancêtre de la bulle de bande dessinée. En hommage actif de Pascal Horry pour le neuvième art, la bande dessinée. Le dessin, on le tient de Catherine Meurisse, qui est aussi académicienne et qui est une dessinatrice de l'équipe de Charlie Hebdo. et donc c'est elle qui a dessiné cette allégorie qui n'était pas évident du tout pour moi de le mettre dans mon style de mon épée mais bon je pense y être arrivé par une découpe dans l'argent et ça fait une dentelle où on voit le rouge du jaspe apparaître en dessous en cinquième symbole sur la lame de l'épée dans l'acier est gravée cette phrase nous la diès sine linea qui veut dire pas un jour sans une ligne et donc c'est en hommage à son père voilà Le sixième symbole est le style art déco que j'ai représenté par le galucha sur le fourreau de l'épée.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Il est de quelle couleur ton galucha ?

  • Thierry Vendome

    Bien noir, il est très sombre. Je voudrais rajouter que j'ai été vraiment aidé par quelques artisans. C'est la personne qui a fait le fourreau, Dominique Imbert, qui a été vraiment d'une aide formidable pour un travail incroyable. Placer ce galucha... qui n'est pas évident à travailler. Donc, il a fait un très, très, très beau travail. Ensuite, j'ai eu l'aide aussi d'une personne qui compte beaucoup pour moi. C'est André Arcos, qui est le joaillier avec qui j'ai travaillé chez mon père, puisque c'était le chef d'atelier et il a été mon maître d'apprentissage. Donc, tout au long de la réalisation de cette épée pour Pascal Horry, je faisais appel à lui. Et il me conseillait, tu devrais faire ci, tu devrais ça, n'oublie pas ça et tout. J'avais vraiment... beaucoup de chance de l'avoir.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Alors comment tu l'as fait connaître ?

  • Thierry Vendome

    Il y a une histoire incroyable, c'est qu'un jour Marie Valanay, présidente de l'école des arts joailliers, rentre au magasin et je lui dis, Marie, j'ai une très bonne nouvelle à t'annoncer, j'ai la réalisation d'une épée à faire, celle de Pascal Horry. Et je lui montre les quelques dessins et là... elle prend son téléphone et d'un ton sérieux elle dit bon demain réunion on doit réfléchir pour la réalisation d'un film sur une épée d'académicien celle que Thierry Vendôme va réaliser pour Pascal Horry et elle m'a financé comme ça un film par l'équipe de Beaux-Arts Magazine qui est venue au magasin pendant plusieurs jours à me demander de faire 5-6 fois les mêmes gestes avec différents objectifs, ça a été assez technique et le résultat est visible aujourd'hui sur Youtube.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Trop fort ! Donc en fait, cette épée que tu as bichonnée, inventée, créée et qui un jour est partie comme ça, tu peux continuer à la voir en film et puis... Je suppose que tu la vois aussi à la télé ?

  • Thierry Vendome

    Alors, je surveille mon Pascal Horry par Instagram, en fait. Je regarde sur le site de l'Institut de France où on voit toutes les cérémonies. Je vois Pascal avec l'épée, qu'il le tient vraiment avec beaucoup de fierté. J'ai beaucoup de plaisir à le voir tenir cette épée, bien sûr.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Malgré son poids ?

  • Thierry Vendome

    Malgré son poids.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Parce que finalement, elle fait 1,8 kg, tu m'as dit, non ?

  • Thierry Vendome

    1,6 kg. Un peu grossier. Oui, j'ai essayé de baisser son poids au maximum. Je n'ai pas pu faire plus, et là, ça fait 1,6 kg, ce qui est lourd. En tout cas, c'est une belle aventure.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Donc, on va passer à la troisième épée. Tu en feras d'autres, bien sûr. Cette troisième épée, c'est la plus récente, et c'est celle de

  • Thierry Vendome

    Philippe Walter, un grand chimiste français. Et c'est un scientifique, c'est un homme incroyable qui passe de l'archéologie, il va décortiquer la Joconde, aussi bien de Marc Grotko, le peintre contemporain. Il agit sur différents secteurs du monde de notre époque. Il a un métier de scientifique, d'archéologue, de chimiste. et donc avec ça c'était très intéressant de travailler sur une épée bien sûr

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Comme c'est LE scientifique de l'art, c'était vraiment la croisée des chemins là Alors comment est-il arrivé chez toi ?

  • Thierry Vendome

    Alors c'est Sophie Lefebvre que je pense est venue déjà derrière ton micro pour une émission sur Jean Vendôme donc Sophie qui est une très bonne amie est venue avec Philippe Walter et ont collaboré ensemble au centre de recherche des musées nationaux. Sophie Lefebvre était chargée de la communication. Ils sont venus un jour accompagnés d'une épée, qui est en fait une rapière du XVIe siècle. auquel tenait Philippe Walter. Il fallait, à partir de cette épée, je puisse créer quelque chose de contemporain dessus, tout en gardant le côté XVIe siècle de l'épée. Donc il y avait une conversation entre deux mondes, le monde contemporain et le monde du XVIe siècle.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Donc c'est vraiment une conversation, comme tu dis, qui est vraiment logique avec l'académicien et son métier. Mais pour toi, c'était un nouveau défi encore une fois.

  • Thierry Vendome

    Oui, complètement. mais quelque part je pensais à la philosophie de mon travail en voyant cette épée du XVIe siècle, parce que je travaille beaucoup les aciers rouillés qui ont une histoire, qui ont un vécu, que je vais lier à mon esprit contemporain, précieux, joaillerie, aussi bien ça a été les monnaies chinoises, les vieilles faïences que j'ai récupérées. Donc j'aime bien lier déjà une histoire vécue à quelque chose de contemporain. Donc quelque part je le voyais. Comme un ami, cette épée du XVIe siècle, il y avait une esthétique forte qui était présente, avec des courbes en acier, c'était très beau, très puissant, et ça m'a vraiment plu de démarrer cette aventure avec Philippe Walter.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Si je me souviens bien, cette rapière, puisque c'est le nom de l'épée du XVIe siècle, elle a une lame extrêmement fine et d'un seul coup, il y a toute une espèce de mouvement, de rotation des volutes qui sont autour de la garde. Complètement. Du coup, ça a déjà toute une esthétique très forte et très intéressante, très légère, qui pourrait être à la fois aérienne. Alors, c'est toujours des cercles, mais ce n'est pas du tout le style de ta première épée, même s'il y a aussi des volutes. Oui, oui. Ça pourrait être un croisement avec ce qu'on pourrait appeler presque l'art nouveau, mais ce n'est pas exactement ça. Donc, combien tu as fait de dessins, Lady N'too ?

  • Thierry Vendome

    Oui, j'en ai fait une bonne dizaine aussi. C'est pareil, oui, effectivement. Je m'en suis servi d'un plus, quelque part, de cette forme biscornue. Je ne sais pas. Non, non, mais c'était quand même une très belle esthétique.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Donc, lui, il avait combien de symboles ?

  • Thierry Vendome

    Alors, lui, il en a sept. Sept symboles. Donc, il y a l'ivoire de mammouth qui est présent sur la forme d'un prisme. qui viennent se fondre dans les orgues dorées. Donc c'est le lien avec la préhistoire. C'est lui qui m'a apporté ce morceau de défense de mammouth sur lequel j'ai fait les découpes. Un autre symbole, il y a la sculpture des cristaux de quartz taillés par le lapidaire René Ruch, mon lapidaire, avec qui je travaille depuis une trentaine d'années. C'est une évocation des cristaux de l'Orionite. Ce cristal à l'Orionite... C'est un cristal qui se limite à 1 mm de grandeur. Ça se voit avec des loupes, avec des binoculaires. Tu ne vois pas ça à la huile nue. C'est des cristaux que l'on retrouve dans la peinture ancienne. Et avec ces cristaux, pour la représenter, j'ai fait des recherches. J'ai fait tailler des cristaux de quartz dans la forme de ces cristaux de l'ornite, mais dans des dimensions beaucoup plus imposantes. et comme c'est fragile je les ai mis à l'intérieur de la garde et elles sont protégées par les mouvements du XVIe siècle ces fameux mouvements en acier qui servent de pare-choc et ça marche très bien ensemble ensuite il y a la gravure sur le vermeil sur le fourreau j'ai repris avec l'écriture de Léonard de Vinci ces quatre mots materia, coloris, ombra et lume donc matériaux couleurs, ombres et lumières. Je les ai repris sur le vermeil qui recouvre le fourreau et c'est gravé avec l'écriture de Léonard de Vinci. L'académicien souhaitait... que cela soit réalisé. Enfin, en cinquième symbole, la peinture noire sur ce même fourreau, réalisé par toujours Dominique Imbert, c'est une peinture innovante qui capte à 99,4% la lumière. C'est le noir absolu. Cette couleur est totalement nouvelle. Du coup, ça fait disparaître les formes. Voilà. T'as l'impression d'un fourreau en velours noir. C'est assez étonnant. Ce qui est amusant, c'est que c'est très fragile. Ce qui est amusant, c'est que lui est venu avec la peinture, avec son pistolet à peinture, et dans le magasin, je voyais mon académicien en train de reprendre son fourreau juste avant la cérémonie le lendemain. Et enfin, en sixième symbole, assez important, parce que novateur, je pense, une bague. Une bague qui vient s'installer dans l'épée. En fait, la bague, elle s'introduit comme un élément de l'épée. La bague est réalisée... en hommage à son épouse, c'est pour le rappel de la famille, c'est une bague qui se retire, son épouse pourra la porter. Et sur la bague, rien de plus qu'une morganite. Pourquoi une morganite ? Sa fille s'appelle Morgane. Donc tout a un rapport.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Donc en fait, ces femmes, si je peux dire ça, sont symbolisées par cette bague qui se met sur la garde et qui saute, qui s'enlève. Voilà, voilà. Et tu es le premier joaillé à avoir fait la première épée avec bague amovible.

  • Thierry Vendome

    Oui, j'en connais pas d'autres en tout cas. Donc ça fait bague et amovible, elle fait pendentif aussi. Ça fait bague et pendentif.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Comme d'habitude, chez toi, ça s'applique.

  • Thierry Vendome

    J'aime bien que l'objet fasse plusieurs fonctions.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    L'or de l'anneau est complètement travaillé dans cet or un peu sauvage que tu aimes dire. De loin, on dirait justement cette écorce d'or sur un rocher, travaillée par miracle, en fait.

  • Thierry Vendome

    C'est sûr, parce qu'en fait, sur l'épée, la rapière du XVIe siècle, à l'origine, ce qui terminait cette épée, on appelle ça le pommeau. Et le pommeau était en forme de gland. Je le faisais très moche. J'étais très content de le recouvrir par ce motif d'écorce. Et cette bague, ça faisait une finition beaucoup plus fine, beaucoup plus élégante. Et ça fonctionnait avec le fourreau, l'esthétique du fourreau. Donc ça fait une continuité qui est plutôt assez réussie, je pense.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Maintenant que tu as réalisé une épée pour laquelle on t'a préféré à ton papa, une épée pour laquelle tu as mis des éléments de bande dessinée, ce qui est quand même extraordinaire pour le travail de Thierry Bonhomme, ce n'est pas ton habitude. Une épée dans laquelle tu as créé la seule bague l'amovible des épées d'académicien, quel serait donc ton rêve maintenant pour créer comme épée d'académicien ?

  • Thierry Vendome

    Moi, vraiment, j'aimerais travailler pour une femme académicienne. Je trouve ça formidable. Il y a tellement peu d'académiciennes, trop peu aujourd'hui, il faut vraiment que les femmes puissent être plus nombreuses à l'académie et faire une épée. J'aimerais vraiment faire un travail sur le vitrail de couleurs, de minéraux, quelque chose de beaucoup plus coloré.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Dans ton vitrail, tu mettrais quoi ?

  • Thierry Vendome

    Des tourmalines, des fleurs d'améthyste, plein de minéraux, des opales, des choses très vives, un feu d'artifice de couleurs, bien sûr.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Eh bien, on va te le souhaiter.

  • Thierry Vendome

    Merci.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Merci beaucoup Thierry pour cette interview sur les épées d'académiciens.

  • Thierry Vendome

    Merci Anne.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    A bientôt. Ici se termine cette histoire de bijoux. Je suis Anne Desmarais de Jotan et je donne une voix aux bijoux chaque dimanche. Et si vous aussi vous avez envie de faire parler vos bijoux et votre maison, je serai ravie de vous accompagner pour réaliser votre podcast de marque ou vous accueillir en partenaire dans mes podcasts natifs. Nos prochains rendez-vous seront sur le podcast Thématique. Il était une fois le bijou en alternance avec le podcast Brillante et ce podcast Le Bijou comme un bisou. faites moi plaisir soutenez moi en mettant des avis, des étoiles sur Spotify ou Apple Podcast en vous abonnant et en partageant cet épisode sur vos réseaux sociaux je vous souhaite une jolie semaine et plein de bisous comme un bijou

Description

Parce que chaque semaine qui commence est un nouveau départ j'avais envie de vous lire une histoire alors je vous propose le bijou comme un bisou pour parler avec Thierry Vendome des épées d'académiciens.


Parce que réaliser une épée d'académicien, pour un joaillier c'est le Graal : une pièce technique, compliquée, pour une personne exceptionnelle, pour un monde exceptionnel où L'image du joaillier est mise en jeu car c’est vraiment la pièce d'exception qui représente l'académicien tout en gardant le style du créateur joaillier.


La 1e épée réalisé par Thierry Vendome date de 1996. Il avait glisser son dessin ceux de son père et c'est celui que Jacques Dupâquier a choisi. Parce que le "J" et le "D" formait la garde dans un mouvement design. Les symboles ont été placés dans des cercles dans la garde. D'abord les armoiries de famille. Puisle souvenir du 11 novembre 1940 où il a fait partie des étudiants qui ont défilés face aux nazis en entonnant la Marseillaise au pied de l'Arc de Triomphe. Le troisième symbole est la région du Vexin où il a eu des responsabilités, par la croix pâtée du Vexin. En quatrième symbole, il y a le Drakar, car la Normandieest sa région du cœur. En cinquième, la Malakite, qui représente l'écologie. Et enfin, une devise, Béatus Laborans, je travaille dans la joie.

L'épée est très pure, très monochrome. C'est de l'argent, avec la poignée en cristal de quartz transparent. Jacques Dupâquier est un grand démographe donc je l'ai traduit par des mouvements d'argent polis ou mats qui représentent les gens qui bougent avec le temps.



La deuxième épée était pour Pascal Ory qui était venu acheté une épée pour sa femme le jour où il a appris sa nommination, au 1e tour, à l'Académie Francaise. Le 1e symbole est la gidouille, le symbole collège de pataphysique, où il est officier, et qui est une spirale. J'en ai fait le mouvement de la garde. Le deuxième symbole ce sont les empreintes digitales de son épouse et de ses quatre enfants que j'ai gravées sur la chape de la garde. Le troisième symbole, le tricolore français car Pascal Ory a travaillé sur la nation, je l'ai incarné par le choix des matières : le bleu par le lapis lazuli de la poignée. Le blanc, c'est l'argent. Et le rouge, c'est le jaspe rouge. En quatrième symbole, l'allégorie de l'histoire tenant un phylactère (l'ancêtre de la bulle de bande dessinée) par un dessin de Catherine Meurisse, qui est aussi académicienne et une dessinatrice de l'équipe de Charlie Hebdo. J'ai créé une découpe dans l'argent et le rouge du jaspe apparaît en dessous. En cinquième symbole sur la lame de l'épée dans l'acier est gravée cette phrase "Nulla dies sine linea" qui veut dire pas un jour sans une ligne en hommage à son père. Le sixième symbole est le style art déco que j'ai représenté par le galucha sur le fourreau de l'épée.


La 3e épée, est celle de Philippe Walter, un grand chimiste français Il est venu avec sa rapière du XVIe siècle. Le 1e symbole en lien avec la préhistoire est un morceau de défense de mammouth que j'ai traillé sur la forme d'un prisme. qui viennent se fondre dans les orgues dorées. Le 2e symbole autre symbole est une évocation des cristaux de l'Orionite qui sont de moins d'1mn et présents dans la peinture ancienne et j'ai recréé en cristal de roche. En 3e symbole ce sont 4 mots materia, coloris, ombra, lume gravé avec l'écriture de Léonard de Vinci. En 5e symbole, la peinture noire absolue du fourreau qui capte à 99,4% la lumière. Le 6e symbole, est une bague amovible qui est sur l'épée et peut s'enlever et se porter en bague et en pendentif en hommage à sa femme et à sa fille Morgane, car elle sertit une morganite.


Je suis Anne Desmarest de Jotemps et je donne une voix aux bijoux chaque dimanche. Faites moi plaisir : abonnez-vous et partagez cet épisode sur vos réseaux sociaux. Je vous souhaite une jolie semaine et plein de bisous comme un bijou


Transcription

  • Speaker #0

    Je sais que vous aimez les histoires de bijoux. Alors aujourd'hui, je vous propose, juste après avoir écouté ce podcast, d'aller sur un autre podcast, La Voix des Bijoux. C'est le tout nouveau podcast de l'École des Arts Joyés avec le soutien de Van Cleef et Arpels. Il se présente en saison de quatre histoires, en version française comme en anglais. Et rien que dans la première saison, on y évoque le collier de Jeanne Dubarry,

  • Speaker #1

    comme les grilles de mariage de Rihanna.

  • Speaker #0

    Je suis sûre que vous pensez comme moi,

  • Speaker #1

    des podcasts de bijoux, il n'y en aura jamais assez.

  • Speaker #0

    Alors, pour écouter La Voix des Bijoux, c'est sur le site de l'École des Arts Joyés et sur toutes les plateformes d'écoute. Vous le reconnaîtrez facilement sur votre application préférée, car la vignette, c'est la broche Rubilips de Salvador Dali reproduite par Henri Caxton. Alors, à vos écouteurs !

  • Speaker #1

    parce que chaque semaine qui commence est un nouveau départ j'avais envie de vous lire une histoire alors je vous propose le bijou comme un bisou du dimanche soir

  • Speaker #0

    Aujourd'hui,

  • Speaker #1

    j'ai le plaisir d'être avec Thierry Vandeau. Alors évidemment, il y a une infinité de choses dont je voudrais qu'on discute avec Thierry. Alors on a décidé de ne parler que d'une chose, les épées. Les épées d'académiciens qui ont été réalisées par Thierry Vandeau.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Bonjour Thierry.

  • Thierry Vendome

    Bonjour Anne.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Dis-moi Thierry, réaliser une épée d'académiciens, pour un joaillier c'est quand même le Graal, non ?

  • Thierry Vendome

    Oui, parce qu'en fait, c'est une pièce hyper technique, compliquée. Il ne faut pas se louper parce qu'en fait, c'est pour une personne assez exceptionnelle, pour un monde exceptionnel, parce que c'est le monde de l'Académie française. C'est l'image du joaillier qui est mise en jeu quand même, pour vraiment la pièce d'exception dans notre profession.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Justement, tu viens de l'aborder, une épée d'académicien, ce n'est pas seulement une épée. Ça doit représenter l'académicien. Donc, chaque épée... est différente et donc elle ne doit pas être seulement une création hyper géniale du joaillier, elle doit être en plus une création qui raconte toute l'histoire de l'académicien.

  • Thierry Vendome

    C'est ça, oui. En fait, l'académicien, il met tous ses symboles, tous ses moments forts de sa vie, tout ce qu'il a envie d'exprimer se retrouve lisible sur l'épée, mais en gardant le style du créateur joaillier, bien sûr. Ça, c'est important.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Alors, ta première épée, c'était quand ?

  • Thierry Vendome

    Ah, ma première épée date de 1996. C'était totalement inattendu pour moi, car j'avais glissé un de mes dessins dans les dizaines de dessins que mon père avait présentés à l'académicien. Le jour où l'académicien est venu au magasin pour choisir son choix de dessin, moi j'étais en Normandie, j'étais en vacances à cette période-là. et en fait il a choisi mon dessin sur la dizaine de dessins de mon père et mon père m'appelle, me dit c'est toi qui vas réaliser l'épée parce qu'il a choisi ton projet et je suis revenu à l'établi et j'étais très heureux parce que c'est ma première épée C'est formidable. Mon père en a réalisé neuf. Ce n'était pas non plus une nouveauté pour lui, il savait ce que c'était, mais pour moi, c'était vraiment quelque chose d'unique à l'époque. Il avait choisi mon épée, le jac du paquet, parce que j'avais mis sur la garde un J et un D qui étaient très visibles, en fait. Ça a été le choix de l'académicien. Et à partir de ça, j'ai réalisé les différents symboles qu'il souhaitait.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Le J et le D, c'est la manière dont avait décoré la garde. Voilà, exactement. Avec ? un arrondi comme si tu avais fait un trait de peinture, mais en métal.

  • Thierry Vendome

    Oui, c'est un peu ça, c'est vrai. Il y a un côté un peu dynamique dans les lettres. Ça lui a plu.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Et on était en quelle année ?

  • Thierry Vendome

    En 1996. Je sais qu'aujourd'hui, je ne ferai plus ce type de design. C'est quand même il y a 30 ans maintenant. Aujourd'hui, j'ai un travail qui est sur un jeu de matière, de brutalité. Et à l'époque, c'était plus dans une esthétique design. Enfin, c'était très, très design.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Alors justement, dévoile-nous tous les symboles que tu as placés dans cette épée et qui ont été traduits par ta créativité.

  • Thierry Vendome

    Alors, il y a en premier symbole les armoiries de famille, je les ai placées. J'ai passé aussi un acte de courage qu'il avait eu à l'époque le 11 novembre 1940. Les étudiants ont défilé face aux nazis en entonnant la Marseillaise. C'est une histoire assez incroyable. Donc, il y a eu plusieurs centaines d'étudiants. qui sont trouvés au pied de l'Arc de Triomphe en entonnant la Marseillaise. C'est un truc complètement dingue. Il y a un risque énorme. Et donc, il souhaitait que ça soit représenté parce que lui-même faisait partie des étudiants. Ensuite, il y a eu en troisième symbole, la région du Vexin, par la croix pâtée du Vexin. C'est une région dont il s'est occupé, il a eu des responsabilités. Ensuite, en quatrième symbole, il y a eu le Dracar, car il avait une maison à Saint-Valaougue, en Normandie. Donc c'est une région du cœur pour lui. En cinquième, la Malakite, qui représentait l'écologie. Et enfin, une devise, Béatus Laborans, je travaille dans la joie.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Les six symboles que tu as placés sur cette épée, ils ne sont pas tous sur la garde ?

  • Thierry Vendome

    Je n'ai rien mis sur la lame. Elle est très pure, cette épée. Elle est vraiment très sobre, elle est très monochrome. C'est de l'argent, c'est une poignée qui est un cristal de quartz transparent, très pur. Jacques Dupac, je ne sais pas si on l'a dit, mais c'est un grand démographe. Il avait fait l'encyclopédie de la démographie française en quatre volumes de la préhistoire à nos jours.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Et donc, ça se traduisait comment alors ?

  • Thierry Vendome

    La démographie ?

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Oui, dans ton DP.

  • Thierry Vendome

    Eh bien, c'est par des mouvements d'argent qui sont polis ou mates. Pour moi, c'était les différentes peuplades, différents villages, des gens qui bougeaient avec le temps, qui évoluaient. Donc, il y avait des grands, des fins, des mates, des polis. Toute une circulation de mouvements, de motifs en argent.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Et la malachite, tu l'as mise où ? Et la croix pâtée du vexin ?

  • Thierry Vendome

    Alors, en fait, tous ces symboles, je les ai mis dans des cercles. C'était vraiment dans l'esprit de l'époque. Je faisais tout un travail sur le bijou qui s'appelait Galaxy, sur le thème des cercles transpercés.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    L'épée, c'est bien sûr le corps de l'épée. Il y a la garde et puis il y a le fourreau.

  • Thierry Vendome

    Et la lame.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Et la lame. Là, le travail de symbole dont tu parles, il est tout autour de la garde.

  • Thierry Vendome

    Oui, sur cette épée, tout est recentré autour de la garde. Tout à fait. Il n'y a rien sur la lame. Et sur le bas du fourreau, le fourreau est en cuir noir. J'y ai posé un motif en argent. avec différents mouvements d'argent que l'on retrouve sur la garde de l'épée.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Alors, on va aborder la deuxième. C'était pour quel académicien ?

  • Thierry Vendome

    Alors, c'est pour Pascal Horry, qui est un historien français. Et Pascal Horry m'a téléphoné un jour pour venir choisir une bague pour son épouse. Son épouse s'appelle Anne.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Comme moi, nana.

  • Thierry Vendome

    Et donc, il est venu au magasin un jour. Donc, on s'est pris rendez-vous. Et je commence à sortir quelques modèles. Et ce qui m'étonne vraiment, ce qui me demande, mais quel est le nom de tel modèle ? Pourquoi ce nom ? et la signification, pourquoi la signification et donc je lui ai dit c'est incroyable personne n'avait fait ça jusqu'à maintenant tu demandes le nom d'un modèle mais après tu demandes pas la signification, sauf que Pascal Horry voulait savoir la signification du nom comme cette bague swirl qu'il a pris dans les mains et qu'il a dit swirl, swirl, puis il a fait un mouvement de la main en spirale comme ça qui partait vers l'air et je trouvais ça très drôle c'était très sympathique et donc on a convenu d'une bague c'est une bague branche que je lui ai réalisé il rentre chez lui et il apprend le jour même qu'il est pris à l'académie française il est nommé au premier tour un truc incroyable et donc en rentrant chez lui il a un message sur son répondeur, une amie lui dit j'ai appris que tu es nommé à l'académie française j'ai la personne pour toi pour faire l'épée c'est Thierry Vendôme et il sortait de chez moi et donc le lendemain son épouse vient me voir et m'apprend la bonne nouvelle elle me dit mais est-ce que vous faites vous même des épées ? alors là mes cheveux sont dressés j'étais tout excité, tout énervé, c'était formidable j'allais faire une épée ça faisait 20 ans que j'avais pas fait d'épée c'est un truc incroyable J'ai travaillé, j'ai dessiné. Le soir, je rentrais à la maison, je dessinais sans avoir les symboles. Puis un jour, il est venu, il m'a donné la liste de ses symboles et je me suis remis à dessiner tous les soirs. Je prenais des calques, je dessinais, je mettais un papier, je mettais un calque par-dessus, j'améliorais, j'améliorais. et mon épouse était dans mon dos et me dit mais c'est incroyable plus personne travaille comme toi avec le calque aujourd'hui tout le monde travaille sur ordinateur et toi je te vois encore travailler à l'ancienne avec tes calques elle était émerveillée de me voir encore je sais pas mais travailler de cette façon donc finalement tu en avais fait combien ? j'en ai une bonne quinzaine, vingtaine j'ai vraiment pas mal travaillé sur ce projet qui m'a vraiment plu C'était pas simple parce qu'en fait, il m'a donné sept symboles à peu près, mais tellement importants, très forts, qu'il fallait faire harmoniser tout ça en une pièce. C'était pas évident. Alors écoute, je vais te dire la liste des symboles. Il y a la gilouille rayonnante, parce que je l'ai fait rayonner. C'est une forme en spirale. Et la gilouille, c'est le symbole collège de pataphysique, parce que notre Pascal Horry est officier du collège de pataphysique, les pataphysiciens. C'est en fait une académie parallèle à l'académie française, qui regroupe des intellectuels. mais c'est assez farfelu comme idée. Tu as des gens comme Boris Vian, là Boris Vian a fait venir Henri Salvador, tu as des gens du monde de l'art, des écrivains de différents domaines, mais toujours d'un esprit assez coquin, assez rigolo. Donc la gilouille qui est leur symbole, je l'ai réalisé, donc cette spirale, et je m'en suis servi pour faire cette garde qui part comme ça d'une façon dynamique en l'air. et en fait je me souvenais aussi de ce mouvement de la main que Pascal Horry avait fait pour cette bague swirl où il partait avec sa main en l'air et j'ai repris ce mouvement de sa main tout ça, ça m'avait inspiré cette garde d'épée le deuxième symbole sont les empreintes digitales de son épouse Anne et de ses quatre enfants que j'ai repris et gravées sur la chape de la garde c'est la partie qui se retrouve sur la lame qui tient la lame j'ai travaillé sur le... Une technique que je fais pour mes alliances, c'est-à-dire que je prends les empreintes de doigts de mes clients, les empreintes digitales, et je les transforme en alliances.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Et tu les graves ?

  • Thierry Vendome

    Et je les grave dans l'or. Là, c'était de l'argent. Donc, le troisième symbole, le tricolore français, incarné par le choix des matières, l'apis azuli, donc la poignée, il fait le bleu. Le blanc, c'est l'argent. Et le rouge, c'est le jaspe rouge. Alors pourquoi le tricolore français ? Parce qu'Alhori a beaucoup travaillé sur la nation, sur le thème de la France, sur différentes époques sombres ou plus joyeuses comme les expositions universelles. Il a travaillé aussi sur la collaboration pendant la guerre. Il a travaillé sur un dictionnaire des étrangers qui font la France. Puis aussi, il fait rentrer les gens au Panthéon. Comme Josephine Baker, il y a trois ans, il s'est occupé de l'organisation. pour l'entrée au Panthéon. Et là, il s'occupait dernièrement de Missac Manouchian. Moi, ça m'a touché personnellement. je ne sais pas si tu le sais, mais Manouchian était proche de ma famille. Missac Manouchian venait souvent chez mes grands-parents parce que il n'avait plus de famille, il était orphelin, et il avait besoin de retrouver un esprit familial. Et donc, il s'entourait de ma famille, de mon arrière-grand-mère, de mes grands-parents. Il avait ma mère sur les genoux, et il passait des soirées merveilleuses. Et mon grand-père, qui était son grand-ami, lui disait... pourquoi tu restes toujours à discuter avec ma mère ? Et il disait, mais Mylène, tu sais pas, moi je n'ai pas de famille. Et là, j'ai l'impression d'avoir une famille. Et donc, c'est très touchant tout ça. Et aujourd'hui, son entrée au Panthéon, pour moi, était vraiment très important.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Et en plus, faite par l'académicien qui t'avait commandé l'épée.

  • Thierry Vendome

    Oui, le monde est petit.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Et donc, c'est pour ça que tu respectes ce symbole tricolore. Et donc, tu l'as matérialisé. comment tu as mis une pierre bleu-blanc-rouge ?

  • Thierry Vendome

    Alors, ce tricolore, je vais te dire, et je l'ai voulu qu'il soit très visible, c'est-à-dire qu'on soit à 10 mètres, et bien on voit que sur cette épée, ça fait le bleu-blanc-rouge français. Je voulais qu'il crache ce bleu-blanc-rouge, je voulais qu'il soit fort. Et donc la poignée en lapis bleue, et la partie très importante de l'épée, d'ailleurs, ça m'a créé pas mal de soucis, parce qu'il y a un problème de poids. Il ne fallait pas qu'elle soit trop lourde, cette épée. Franchement, l'apis azuli est une matière lourde, ce n'était pas évident. Ce tricolore prend en fait toute l'épée, c'est-à-dire qu'aussi bien il y a une partie rouge qui est sur le fourreau, le jaspe, la partie d'argent, elle est en dessous de la poignée, sur cette partie qui fait le lien entre la lame et la poignée, qui s'appelle la chape. Le tricolore est vraiment très visible. Donc en quatrième symbole, l'allégorie de l'histoire tenant un phylactère. Le phylactère, en fait, c'est l'ancêtre de la bulle de bande dessinée. En hommage actif de Pascal Horry pour le neuvième art, la bande dessinée. Le dessin, on le tient de Catherine Meurisse, qui est aussi académicienne et qui est une dessinatrice de l'équipe de Charlie Hebdo. et donc c'est elle qui a dessiné cette allégorie qui n'était pas évident du tout pour moi de le mettre dans mon style de mon épée mais bon je pense y être arrivé par une découpe dans l'argent et ça fait une dentelle où on voit le rouge du jaspe apparaître en dessous en cinquième symbole sur la lame de l'épée dans l'acier est gravée cette phrase nous la diès sine linea qui veut dire pas un jour sans une ligne et donc c'est en hommage à son père voilà Le sixième symbole est le style art déco que j'ai représenté par le galucha sur le fourreau de l'épée.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Il est de quelle couleur ton galucha ?

  • Thierry Vendome

    Bien noir, il est très sombre. Je voudrais rajouter que j'ai été vraiment aidé par quelques artisans. C'est la personne qui a fait le fourreau, Dominique Imbert, qui a été vraiment d'une aide formidable pour un travail incroyable. Placer ce galucha... qui n'est pas évident à travailler. Donc, il a fait un très, très, très beau travail. Ensuite, j'ai eu l'aide aussi d'une personne qui compte beaucoup pour moi. C'est André Arcos, qui est le joaillier avec qui j'ai travaillé chez mon père, puisque c'était le chef d'atelier et il a été mon maître d'apprentissage. Donc, tout au long de la réalisation de cette épée pour Pascal Horry, je faisais appel à lui. Et il me conseillait, tu devrais faire ci, tu devrais ça, n'oublie pas ça et tout. J'avais vraiment... beaucoup de chance de l'avoir.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Alors comment tu l'as fait connaître ?

  • Thierry Vendome

    Il y a une histoire incroyable, c'est qu'un jour Marie Valanay, présidente de l'école des arts joailliers, rentre au magasin et je lui dis, Marie, j'ai une très bonne nouvelle à t'annoncer, j'ai la réalisation d'une épée à faire, celle de Pascal Horry. Et je lui montre les quelques dessins et là... elle prend son téléphone et d'un ton sérieux elle dit bon demain réunion on doit réfléchir pour la réalisation d'un film sur une épée d'académicien celle que Thierry Vendôme va réaliser pour Pascal Horry et elle m'a financé comme ça un film par l'équipe de Beaux-Arts Magazine qui est venue au magasin pendant plusieurs jours à me demander de faire 5-6 fois les mêmes gestes avec différents objectifs, ça a été assez technique et le résultat est visible aujourd'hui sur Youtube.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Trop fort ! Donc en fait, cette épée que tu as bichonnée, inventée, créée et qui un jour est partie comme ça, tu peux continuer à la voir en film et puis... Je suppose que tu la vois aussi à la télé ?

  • Thierry Vendome

    Alors, je surveille mon Pascal Horry par Instagram, en fait. Je regarde sur le site de l'Institut de France où on voit toutes les cérémonies. Je vois Pascal avec l'épée, qu'il le tient vraiment avec beaucoup de fierté. J'ai beaucoup de plaisir à le voir tenir cette épée, bien sûr.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Malgré son poids ?

  • Thierry Vendome

    Malgré son poids.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Parce que finalement, elle fait 1,8 kg, tu m'as dit, non ?

  • Thierry Vendome

    1,6 kg. Un peu grossier. Oui, j'ai essayé de baisser son poids au maximum. Je n'ai pas pu faire plus, et là, ça fait 1,6 kg, ce qui est lourd. En tout cas, c'est une belle aventure.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Donc, on va passer à la troisième épée. Tu en feras d'autres, bien sûr. Cette troisième épée, c'est la plus récente, et c'est celle de

  • Thierry Vendome

    Philippe Walter, un grand chimiste français. Et c'est un scientifique, c'est un homme incroyable qui passe de l'archéologie, il va décortiquer la Joconde, aussi bien de Marc Grotko, le peintre contemporain. Il agit sur différents secteurs du monde de notre époque. Il a un métier de scientifique, d'archéologue, de chimiste. et donc avec ça c'était très intéressant de travailler sur une épée bien sûr

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Comme c'est LE scientifique de l'art, c'était vraiment la croisée des chemins là Alors comment est-il arrivé chez toi ?

  • Thierry Vendome

    Alors c'est Sophie Lefebvre que je pense est venue déjà derrière ton micro pour une émission sur Jean Vendôme donc Sophie qui est une très bonne amie est venue avec Philippe Walter et ont collaboré ensemble au centre de recherche des musées nationaux. Sophie Lefebvre était chargée de la communication. Ils sont venus un jour accompagnés d'une épée, qui est en fait une rapière du XVIe siècle. auquel tenait Philippe Walter. Il fallait, à partir de cette épée, je puisse créer quelque chose de contemporain dessus, tout en gardant le côté XVIe siècle de l'épée. Donc il y avait une conversation entre deux mondes, le monde contemporain et le monde du XVIe siècle.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Donc c'est vraiment une conversation, comme tu dis, qui est vraiment logique avec l'académicien et son métier. Mais pour toi, c'était un nouveau défi encore une fois.

  • Thierry Vendome

    Oui, complètement. mais quelque part je pensais à la philosophie de mon travail en voyant cette épée du XVIe siècle, parce que je travaille beaucoup les aciers rouillés qui ont une histoire, qui ont un vécu, que je vais lier à mon esprit contemporain, précieux, joaillerie, aussi bien ça a été les monnaies chinoises, les vieilles faïences que j'ai récupérées. Donc j'aime bien lier déjà une histoire vécue à quelque chose de contemporain. Donc quelque part je le voyais. Comme un ami, cette épée du XVIe siècle, il y avait une esthétique forte qui était présente, avec des courbes en acier, c'était très beau, très puissant, et ça m'a vraiment plu de démarrer cette aventure avec Philippe Walter.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Si je me souviens bien, cette rapière, puisque c'est le nom de l'épée du XVIe siècle, elle a une lame extrêmement fine et d'un seul coup, il y a toute une espèce de mouvement, de rotation des volutes qui sont autour de la garde. Complètement. Du coup, ça a déjà toute une esthétique très forte et très intéressante, très légère, qui pourrait être à la fois aérienne. Alors, c'est toujours des cercles, mais ce n'est pas du tout le style de ta première épée, même s'il y a aussi des volutes. Oui, oui. Ça pourrait être un croisement avec ce qu'on pourrait appeler presque l'art nouveau, mais ce n'est pas exactement ça. Donc, combien tu as fait de dessins, Lady N'too ?

  • Thierry Vendome

    Oui, j'en ai fait une bonne dizaine aussi. C'est pareil, oui, effectivement. Je m'en suis servi d'un plus, quelque part, de cette forme biscornue. Je ne sais pas. Non, non, mais c'était quand même une très belle esthétique.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Donc, lui, il avait combien de symboles ?

  • Thierry Vendome

    Alors, lui, il en a sept. Sept symboles. Donc, il y a l'ivoire de mammouth qui est présent sur la forme d'un prisme. qui viennent se fondre dans les orgues dorées. Donc c'est le lien avec la préhistoire. C'est lui qui m'a apporté ce morceau de défense de mammouth sur lequel j'ai fait les découpes. Un autre symbole, il y a la sculpture des cristaux de quartz taillés par le lapidaire René Ruch, mon lapidaire, avec qui je travaille depuis une trentaine d'années. C'est une évocation des cristaux de l'Orionite. Ce cristal à l'Orionite... C'est un cristal qui se limite à 1 mm de grandeur. Ça se voit avec des loupes, avec des binoculaires. Tu ne vois pas ça à la huile nue. C'est des cristaux que l'on retrouve dans la peinture ancienne. Et avec ces cristaux, pour la représenter, j'ai fait des recherches. J'ai fait tailler des cristaux de quartz dans la forme de ces cristaux de l'ornite, mais dans des dimensions beaucoup plus imposantes. et comme c'est fragile je les ai mis à l'intérieur de la garde et elles sont protégées par les mouvements du XVIe siècle ces fameux mouvements en acier qui servent de pare-choc et ça marche très bien ensemble ensuite il y a la gravure sur le vermeil sur le fourreau j'ai repris avec l'écriture de Léonard de Vinci ces quatre mots materia, coloris, ombra et lume donc matériaux couleurs, ombres et lumières. Je les ai repris sur le vermeil qui recouvre le fourreau et c'est gravé avec l'écriture de Léonard de Vinci. L'académicien souhaitait... que cela soit réalisé. Enfin, en cinquième symbole, la peinture noire sur ce même fourreau, réalisé par toujours Dominique Imbert, c'est une peinture innovante qui capte à 99,4% la lumière. C'est le noir absolu. Cette couleur est totalement nouvelle. Du coup, ça fait disparaître les formes. Voilà. T'as l'impression d'un fourreau en velours noir. C'est assez étonnant. Ce qui est amusant, c'est que c'est très fragile. Ce qui est amusant, c'est que lui est venu avec la peinture, avec son pistolet à peinture, et dans le magasin, je voyais mon académicien en train de reprendre son fourreau juste avant la cérémonie le lendemain. Et enfin, en sixième symbole, assez important, parce que novateur, je pense, une bague. Une bague qui vient s'installer dans l'épée. En fait, la bague, elle s'introduit comme un élément de l'épée. La bague est réalisée... en hommage à son épouse, c'est pour le rappel de la famille, c'est une bague qui se retire, son épouse pourra la porter. Et sur la bague, rien de plus qu'une morganite. Pourquoi une morganite ? Sa fille s'appelle Morgane. Donc tout a un rapport.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Donc en fait, ces femmes, si je peux dire ça, sont symbolisées par cette bague qui se met sur la garde et qui saute, qui s'enlève. Voilà, voilà. Et tu es le premier joaillé à avoir fait la première épée avec bague amovible.

  • Thierry Vendome

    Oui, j'en connais pas d'autres en tout cas. Donc ça fait bague et amovible, elle fait pendentif aussi. Ça fait bague et pendentif.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Comme d'habitude, chez toi, ça s'applique.

  • Thierry Vendome

    J'aime bien que l'objet fasse plusieurs fonctions.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    L'or de l'anneau est complètement travaillé dans cet or un peu sauvage que tu aimes dire. De loin, on dirait justement cette écorce d'or sur un rocher, travaillée par miracle, en fait.

  • Thierry Vendome

    C'est sûr, parce qu'en fait, sur l'épée, la rapière du XVIe siècle, à l'origine, ce qui terminait cette épée, on appelle ça le pommeau. Et le pommeau était en forme de gland. Je le faisais très moche. J'étais très content de le recouvrir par ce motif d'écorce. Et cette bague, ça faisait une finition beaucoup plus fine, beaucoup plus élégante. Et ça fonctionnait avec le fourreau, l'esthétique du fourreau. Donc ça fait une continuité qui est plutôt assez réussie, je pense.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Maintenant que tu as réalisé une épée pour laquelle on t'a préféré à ton papa, une épée pour laquelle tu as mis des éléments de bande dessinée, ce qui est quand même extraordinaire pour le travail de Thierry Bonhomme, ce n'est pas ton habitude. Une épée dans laquelle tu as créé la seule bague l'amovible des épées d'académicien, quel serait donc ton rêve maintenant pour créer comme épée d'académicien ?

  • Thierry Vendome

    Moi, vraiment, j'aimerais travailler pour une femme académicienne. Je trouve ça formidable. Il y a tellement peu d'académiciennes, trop peu aujourd'hui, il faut vraiment que les femmes puissent être plus nombreuses à l'académie et faire une épée. J'aimerais vraiment faire un travail sur le vitrail de couleurs, de minéraux, quelque chose de beaucoup plus coloré.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Dans ton vitrail, tu mettrais quoi ?

  • Thierry Vendome

    Des tourmalines, des fleurs d'améthyste, plein de minéraux, des opales, des choses très vives, un feu d'artifice de couleurs, bien sûr.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Eh bien, on va te le souhaiter.

  • Thierry Vendome

    Merci.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    Merci beaucoup Thierry pour cette interview sur les épées d'académiciens.

  • Thierry Vendome

    Merci Anne.

  • Anne Desmarest de Jotemps

    A bientôt. Ici se termine cette histoire de bijoux. Je suis Anne Desmarais de Jotan et je donne une voix aux bijoux chaque dimanche. Et si vous aussi vous avez envie de faire parler vos bijoux et votre maison, je serai ravie de vous accompagner pour réaliser votre podcast de marque ou vous accueillir en partenaire dans mes podcasts natifs. Nos prochains rendez-vous seront sur le podcast Thématique. Il était une fois le bijou en alternance avec le podcast Brillante et ce podcast Le Bijou comme un bisou. faites moi plaisir soutenez moi en mettant des avis, des étoiles sur Spotify ou Apple Podcast en vous abonnant et en partageant cet épisode sur vos réseaux sociaux je vous souhaite une jolie semaine et plein de bisous comme un bijou

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