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Le OV Show

Diomansy Kamara : Un Parcours de Vie Exceptionnel entre Football, Éducation et Engagement en Afrique

Diomansy Kamara : Un Parcours de Vie Exceptionnel entre Football, Éducation et Engagement en Afrique

1h41 |16/03/2025
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Description


Quel est le secret d'un parcours de vie exceptionnel qui transforme le rêve d'un jeune footballeur en réalité ? Dans cet épisode captivant du OV Show, Olivier Vullierme reçoit Diomansy Kamara, un ancien footballeur professionnel d'origine sénégalaise, dont l'histoire inspire et motive. Ensemble, ils plongent dans le monde fascinant du football, un véritable ascenseur social pour Diomansy, qui a su naviguer à travers des clubs prestigieux en France, en Italie et en Angleterre, tout en portant fièrement les couleurs de l'équipe nationale du Sénégal.

Diomansy partage avec passion les défis et les triomphes de sa carrière, soulignant l'importance du travail acharné et de la détermination pour réussir dans le sport. Mais au-delà des terrains de football, il évoque son engagement profond envers sa communauté et son désir de redonner à la jeunesse. En parlant de son projet ambitieux de création d'une académie de football en Afrique, il met en lumière l'importance d'offrir aux jeunes talents non seulement une formation sportive de qualité, mais aussi une éducation qui les prépare à un avenir brillant.

Dans ce dialogue inspirant, Diomansy aborde également sa foi musulmane et son parcours spirituel, témoignant de l'impact de ces valeurs sur sa vie et sa carrière. Il aspire à transmettre des leçons de vie précieuses à la jeunesse, en soulignant la nécessité de solidarité entre les joueurs africains et l'importance de créer un environnement favorable pour les talents émergents. Cet épisode du OV Show est une véritable ode à l'inspiration, à la motivation et à l'entrepreneuriat, offrant des clés pour comprendre les secrets de réussite qui peuvent changer des vies.

Rejoignez-nous pour découvrir les histoires captivantes de Diomansy Kamara, un entrepreneur passionné du sport qui incarne le changement et l'espoir pour la diaspora africaine. Que vous soyez un jeune footballeur en herbe, un passionné de sport ou simplement en quête de motivation, cet épisode est fait pour vous. Ne manquez pas cette occasion unique d'apprendre des parcours de vie exceptionnels et de vous inspirer pour votre propre carrière. Écoutez le OV Show et laissez-vous motiver par les récits puissants de ceux qui ont osé rêver grand.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Donc moi, j'ai toujours vu le football comme un ascenseur social. J'ai toujours été celui qui me dit, j'attends ce moment. Il y en a qui le subissent, moi je le vis. Les choses s'obtiennent par le travail. Le talent, c'est bien, mais le talent ne suffit pas. Le plus beau souvenir, c'est avec les lumières. Les gens, ils ne lisent pas le Coran, ils vous lisent vous. Ils disent que c'est toi le musulman. Là, ce camarade-là est un cas.

  • Speaker #1

    Je reçois un homme de cœur, un homme qui fait bouger les choses pour le continent, un homme engagé, un sporer. Je reçois Monsieur Joe Mancini Camara dans les off-show. Bonjour, grand frère.

  • Speaker #0

    Elle est top.

  • Speaker #1

    Tu as vu, c'est histoire de se mettre dans le showtime, dans le showbiz, tu vois. Comment vas-tu ?

  • Speaker #0

    Ça va super et toi ?

  • Speaker #1

    En forme ?

  • Speaker #0

    Impeccable.

  • Speaker #1

    Bien installé ? Très,

  • Speaker #0

    très bien installé.

  • Speaker #1

    Alhamdoulilah. Alhamdoulilah. Déjà, merci d'être venu. parce que pour ceux qui ne savent pas, mais ça fait plusieurs fois qu'on se parle, qu'on essaye de coordonner, mais c'est dur de gérer beaucoup de choses et de trouver du temps, mais Alhamdoulilah, il a trouvé le temps, on est assis, on va discuter.

  • Speaker #0

    C'est un plaisir, franchement, c'est vrai qu'on s'est loupé pas mal de fois, mais j'ai suivi ce que tu faisais, c'était important pour moi aujourd'hui d'être présent et de pouvoir avoir cet échange.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, merci beaucoup. Et moi, c'est un honneur de te recevoir parce que je vais apprendre à connaître l'homme. qui est Diomo Sikamara. Et ça me fait énormément plaisir d'avoir cette discussion avec toi. Et pour te mettre tout de suite dans le bain, la première question que je pose à tous mes invités, c'est la question la plus dure du podcast. Après, tu verras, tout le reste, elle est facile. Mais la question la plus dure, c'est comment tu te présentes aujourd'hui à quelqu'un qui ne te connaît pas ?

  • Speaker #0

    Ah, ça, c'est toujours la chose la plus...

  • Speaker #1

    C'est vrai,

  • Speaker #0

    parce qu'il y a ce que les gens voient de toi, mais il y a ce que toi également, tu penses de ta personne. Moi, je pense que je suis quelqu'un de très humble et je me définis comme un enfant du continent. Ok. Voilà. Même si je suis né à Paris, j'ai grandi à Paris, mais aujourd'hui, voilà, issu de la mixité pour le papa sénégalais et la maman française, je me définis vraiment comme un, non pas un enfant du Sénégal, mais un enfant du continent africain.

  • Speaker #1

    Ouais. Ok. Parfait. Là, c'est bien placé. Ça a bien placé le cadre. Maintenant, on va pouvoir rentrer dans les stars. Comme tu dis, toi, tu es né, grandi à Paris.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait.

  • Speaker #1

    Comment c'était l'enfance de Diomo Asikamara ?

  • Speaker #0

    Non, une enfance un peu comme beaucoup d'enfants de la banlieue parisienne. Mon papa est issu de la Médina. Donc, il est parti quand il avait à peu près une vingtaine d'années. quelqu'un qui joue au foot. Donc, il est parti là-bas pour essayer de devenir footballeur professionnel.

  • Speaker #1

    Donc, le papa était footballeur.

  • Speaker #0

    Il a joué au Djarav. C'est quelqu'un qui a grandi ici avec la passion du football. Donc, il est parti en France très... jeune et c'est là où l'a rencontré ma maman et moi j'ai grandi en région parisienne avec ma grande soeur et mon petit frère donc voilà une enfance posée aimante avec des parents bienveillants et bien évidemment dans les quartiers populaires là

  • Speaker #1

    où il ya toutes les problématiques que l'on peut comprendre la question que je vais te poser c'est parce que en tant que métis je comprends un petit peu ça déjà c'était comment d'être métisse à cette époque-là, tu vois. Et est-ce que tu prends conscience très vite que tu es un petit peu différent des autres de par ton métissage ou du fait de ton entourage, il n'y avait pas de distinction ?

  • Speaker #0

    Non, mais moi, je suis né en 1980. Donc, il faut replacer les choses dans leur contexte. C'est aujourd'hui où on fait une différence de genre. Dire celui-là est métisse. Non, moi, j'ai grandi dans une mixité culturelle qui était hallucinante. Moi, ça n'a jamais été un problème, le métissage. J'ai grandi avec des Camerounais, des Guinéens, des Algériens, des Marocains, des Libanais, avec des Antillais. Donc en fait, on a toujours grandi dans cette mixité. Et au-delà de cela, même sur les aspects religieux. qu'aujourd'hui, il y a beaucoup de problèmes. Mais moi, j'ai grandi avec mes amis, ils étaient chrétiens, ils étaient musulmans, ils étaient juifs, il y avait des athées. Donc en fait, on a toujours grandi dans une mixité culturelle et sociale qui n'a jamais créé un problème. Donc moi, j'ai grandi vraiment avec aucun souci. Ma maman, elle était française chrétienne, mon papa, il était... sénégalais-musulmans. Et en fait, moi, j'ai eu vraiment les deux cultures et ça m'a permis aujourd'hui de me construire et d'avoir une vue d'ensemble beaucoup plus tolérante que certaines personnes.

  • Speaker #1

    C'est marrant parce que moi, c'est le contraire. C'est le papa qui est pensé, Chrétien, la maman qui est sénégalaise-musulmane. J'ai vécu dans le monde parallèle. Mais comme tu dis, je trouve aussi, c'est vrai que je pense que c'est cette génération de réseaux où tout le monde a la parole, tout le monde a le droit de parler, qui, justement, crée ces tensions, ces différences, ces regards. Et là, justement, comme tout le monde peut parler, mais tout le monde n'a pas la réflexion qu'il faut pour parler, tu as souvent des gens qui ne devraient pas parler, qui se permettent et qui créent ces trucs-là. Mais bon, jeunesse, bien. Est-ce que tu rentres dans le foot très vite jeune parce que le papa joue au foot ? Ou est-ce qu'il essaie de ne pas te mettre dedans et c'est toi qui y vas ?

  • Speaker #0

    Non, non, non. Après, moi, j'ai commencé à jouer à l'âge de 5-6 ans. Après, comme tous les gamins du quartier, on était en bas, on jouait. Moi, j'ai grandi à Gennevilliers, dans le 92, une banlieue parisienne. Donc non, non, le papa, c'est pas... Papa, c'est quelqu'un de bienveillant. Ce n'est pas quelqu'un qui pousse son enfant en disant « Aujourd'hui, je n'ai pas forcément fait la carrière que je souhaitais et je vais mettre une pression sur mon enfant, comme on peut le voir aujourd'hui avec le projet Mbappé. » On aura peut-être le temps d'en rediscuter. À l'époque même, le football ne brassait pas autant d'argent qu'aujourd'hui. Donc, la priorité était très souvent mise sur les études. On disait, voilà, il faut que tu aies ton bac, il faut que tu travailles bien à l'école. Et le football, c'était entre guillemets un petit peu secondaire, parce qu'on savait que c'était beaucoup d'appelés, très peu d'élus. Donc, en réalité, moi, j'ai eu une enfance où j'étais assez bon, très jeune, mais le papa ne m'a jamais poussé plus que cela. Par contre, il y a eu un accompagnement qui m'a permis après de pouvoir devenir footballeur professionnel, parce que ça, c'est quelque chose de très important d'avoir des personnes autour de soi qui vont te permettre de tirer le maximum de tes... de ton potentiel pour pouvoir atteindre tes objectifs. Donc de ce côté là, oui, le papa était bienveillant. On s'est beaucoup entraîné ensemble. Le samedi matin, il venait voir tous mes matchs. On a travaillé beaucoup sur les points à améliorer, mais je n'ai jamais ressenti la pression familiale pour me dire il faut que tu fasses carrière. C'est ça,

  • Speaker #1

    ça doit être des beaux souvenirs de s'entraîner avec son père.

  • Speaker #0

    C'était magnifique. C'est surtout le pied gauche. Moi, je me rappelle, c'est... Quand je suis devenu footballer, j'avais la faculté de pouvoir frapper aussi bien du pied droit que du pied gauche. Mais ça, c'est le papa. Dès que j'avais 10 ans, 11 ans, on allait au parc et il me disait « Allez Joe, il faut travailler ton pied gauche, il faut travailler ton pied gauche. » Donc j'ai beaucoup travaillé le pied gauche. Et ça, c'est des souvenirs qui me sont restés marqués, de comprendre que les choses s'obtiennent par le travail. Le talent, c'est bien, mais le talent ne suffit pas à atteindre ses objectifs. C'est vraiment être bosseur, travailleur qui vous permet d'arriver à vos ambitions.

  • Speaker #1

    et dans ta jeunesse est-ce que tu viens souvent au Sénégal ?

  • Speaker #0

    ouais mon premier voyage au Sénégal c'est quand j'avais 6 ans tu t'en souviens ?

  • Speaker #1

    ouais la première fois c'est tu t'en souviens tout le temps en fait moi je peux pas m'en souvenir parce que moi je suis né ici tu vois donc moi c'est différent parce que moi je quitte à 4 ans le Sénégal et c'est pour ça que moi c'est intéressant de voir comment toi Quand tu arrives la première fois, c'est quoi ton ressenti, tes souvenirs que tu as quand tu viens la première fois au Sénégal ?

  • Speaker #0

    Non, moi, c'est les odeurs. C'est le monde, les quartiers populaires. Comme j'ai dit, nous, on est originaire de la Médina. Nous, c'est famille, l'accueil, la bienveillance. Donc non, franchement, directement, on joue au football. Les gens sont dans la rue, on est là, on joue au football. Donc moi, mon premier voyage, j'avais 6 ans. Et de mes 6 à 18 ans, j'ai dû venir. 5-6 fois, on essaye de venir tous les 2 ans. Après, déplacer toute une famille,

  • Speaker #1

    ça coûte de l'argent.

  • Speaker #0

    Donc avec le papa, on essaie de venir tous les 2-3 ans minimum. Donc j'ai fait 5-6 voyages avant de venir à Paris. en équipe nationale. Et on faisait des longues périodes. On faisait des périodes de un mois et j'avais aussi, on a deux familles avec qui on était très proches. Une famille capverdienne, les Abalos, et une famille sénégalaise, un frère à moi, la Sana Dumbia. Et on essayait souvent de venir. ensemble et on faisait des... Un mois et demi, vous savez, quand on venait, on venait les vacances de juillet et je vais au août, je les passe pratiquement tout le temps ici. Donc j'étais beaucoup entre les parcelles à Sény et la Médina.

  • Speaker #1

    Donc de beaux souvenirs au Sénégal pendant les vacances.

  • Speaker #0

    Ouais, top.

  • Speaker #1

    Et donc, tu fais ton parcours scolaire. À quel moment le football devient plus sérieux ? À quel moment tu sens que, OK, j'ai peut-être des skills différents que les autres de mon âge et qu'il y a un potentiel de pouvoir peut-être faire une carrière ou peut-être faire quelque chose ?

  • Speaker #0

    Non, ça arrivait très jeune. Parce que moi, en fait, je jouais à Gennevilliers dans le club local qui s'appelait le CSMG à l'âge de 10 ans. Déjà, des recruteurs viennent à la maison pour que j'atteigne un centre de formation. Donc voilà, à 10 ans. Mais le papa disait que j'étais trop jeune. Donc il y a eu le PSG qui est venu, le Red Star et le Racing. C'était les clubs un peu phares de la région parisienne. Donc le papa m'a dit, à 10 ans, tu ne pars pas. On a tenté 12 ans et à 12 ans, on prendra la décision. Et donc, les trois recruteurs sont venus à la maison et on a décidé d'aller au Red Star. Parce qu'en fait, c'était le club qui était le moins loin et mon père ne voulait pas que je rentre en centre de formation. Il m'a dit, voilà, moi... je préfère t'accompagner, être à côté de toi, mais que t'aies quand même l'affection familiale et de pas juste aller dans le centre de formation. Donc à partir de l'âge de 12 ans, là je suis rentré au Red Star. Je faisais un sport études, mais j'étais pas en centre de formation comme les autres jeunes ont pu faire. par le passé.

  • Speaker #1

    J'avoue que ça, effectivement, tu gardes, parce que pour les gens qui ne se rendent pas compte, moi j'ai joué longtemps au basket. Donc moi, au contraire de toi, j'ai eu beaucoup de demandes de centres de formation, mes parents se sont toujours refusés. Donc déjà, ma première question c'est, comment toi t'as vécu de 10 ans à 12 ans, quand tu vois des recruteurs qui viennent, que tu sais que c'est ton rêve à ce moment-là de devenir footballeur, et qu'on te dit non, tu ne peux pas aller en centre de formation, et pour replacer pour les gens, quand tu vois... en centre de formation, c'est que tu vas du lundi au samedi, tu es au centre, tu t'entraînes tous les jours, tu manges au centre, tu dors au centre. De temps en temps, tu rentres à la maison si tu n'es pas trop loin le week-end. C'est ça,

  • Speaker #0

    tout à fait.

  • Speaker #1

    Mais pour ceux qui sont loin, tu ne rentres pas le week-end. Tu attends quand il y a des vacances scolaires, tu peux rentrer. Et pour ceux qui sont bons, même quand il y a des vacances scolaires, tu vas jouer en équipe régionale ou départementale. Donc, les gens qui ne se rendent pas compte que c'est des enfants... qui rentrent dans un engrenage où c'est non-stop. On te demande de la performance, de la performance, de la performance, très vite, très tôt et non-stop. Donc mentalement, sur des gamins, ça peut être beaucoup de pression. Et comme tu disais tout à l'heure, il y a très peu d'élus. Il y en a beaucoup qui veulent essayer, mais il y a très peu d'élus. Donc même la pression psychologique, moi je pense que c'est ça que mes parents avaient peur. C'est de se dire... Déjà, ils n'avaient pas confiance au niveau scolaire de ces centres-là, parce que mon père est prof de maths. Donc, ils avaient peur que quand tu sors, tu ne sois pas bon à l'école. Alors qu'en fait, aujourd'hui, on se rend compte qu'ils ont des très bons niveaux et qu'il y en a beaucoup qui deviennent kinés ou docteurs, qui se spécialisent dans la médecine du sport ou dans les activités du sport. Ils avaient peur de ça et ils avaient surtout peur de... Tu vas donner beaucoup de trucs, si tu as une blessure, si tu as quelque chose, après on te jette, quoi. Donc moi, c'est comment tu vis de 10 ans à 12 ans quand tu vois ces recruteurs venir et que finalement tu te rends compte que tu ne peux pas y aller. Et comment tu vis... justement, allez, maintenant que tu es au Red Star, qu'est-ce que ça t'a fait quand tu t'es essayé ? Là, je commence un objectif professionnel.

  • Speaker #0

    Non, c'est vrai que là, je vais revenir sur ce que tu as dit sur les centres de formation parce que les gens disent souvent, oui, les... les footballeurs, c'est des privilégiés, les footballeurs sont trop payés. Mais c'est vrai qu'il y a une statistique qui est sortie sur les dix dernières années. Sur 100 enfants qui rentrent en centre de formation, il n'y en a que deux ou trois qui deviennent footballeurs professionnels. Ça veut dire que c'est 3%. En fait, c'est juste hallucinant. Et sur les 3%, il y en a peut-être un qui fera carrière. Donc, en réalité, c'est un monde qui est très, très dur. C'est un monde où tu passes complètement à côté de ta jeunesse. Ça veut dire que tu es 12, tu as 18 ans. tu es dans un milieu déjà entre guillemets professionnel, où il y a beaucoup de concurrence, où il n'y a pas forcément des gens qui te veulent du bien, où c'est H24 la performance, la performance, la performance. Donc moi, je pense que c'est ça que mes parents ont voulu éviter. Et moi, de mes 10 à 12 ans, la première fois, par exemple, que le recruteur du PSG est venu à la maison et que mes parents m'ont dit tu n'y vas pas, en fait, pour moi, ce n'était pas audible.

  • Speaker #1

    C'est sûr.

  • Speaker #0

    J'ai dit attends, j'ai le PSG. En plus,

  • Speaker #1

    en tant que jeune Parisien, à mon avis, tu supportais le PSG.

  • Speaker #0

    Voilà. Ça aurait été mon rêve de jouer au PSG. Et dès très jeune, mes parents m'ont dit « Non, mais tu ne peux pas y aller, ceci et cela. » Mais après, c'est des gens... La chance que j'ai eu avec mes parents, c'est que mes parents, c'est des gens qui étaient très ouverts à la discussion. Ils ont toujours été dans le dialogue. Ce n'est pas le papa ou la maman qui disent « C'est comme ça, c'est comme ça. » Et donc, ils m'ont dit « Non, je mensille pour telle et telle raison. Aujourd'hui, tu es jeune, on va te donner l'opportunité. Tu as du talent et qu'on sort. » Et donc, on avait fait un petit pacte. Mes parents m'ont dit « Non. » tu continues ta progression et dans deux ans, on te permettra de pouvoir, si tu continues comme ça, partir au start. Donc à partir de ce moment-là, on s'est challengé et j'ai dit que si c'était le cas, donc aucun souci. deux ans après on a continué à discuter avec les recruteurs et c'est là qu'on a choisi le Red Star parce que c'était le moins loin la petite contrainte c'était que je devais me lever très tôt c'était à une heure et demie donc le papa il m'a dit voilà tu rentreras pas en centre de Varsan mais est-ce que tu es prêt à faire les sacrifices pour revenir tard faire tes devoirs et qu'on sort et Et voilà, ça, c'était un peu ce qui était difficile parce que je partais très tôt le matin, je dormais très tard le soir pour finir tous les devoirs et consorts. Mais sinon, c'était une très, très, très, très belle expérience.

  • Speaker #1

    Mais c'est bien parce que c'est deux choses, je trouve, qui résument ton caractère d'aujourd'hui. Comme tu as dit, tes parents étaient beaucoup dans la discussion. Je trouve que c'est quelque chose qu'on retrouve chez toi aujourd'hui. Tu es quelqu'un qui discute, tu es quelqu'un qui explique beaucoup sur tes réseaux, beaucoup de choses. Donc, je pense qu'ils t'ont transmis ça sans que tu te rendes compte à ce moment-là. Et je trouve que... Comme tu dis, tu partais très tôt, tu rentrais très tard, mais ça montre déjà ta détermination. Parce que tu n'as pas beaucoup de gamins qui, à 12 ans, oui, tu vas le faire un mois, tu vas le faire deux mois. Quand l'hiver arrive, que tu pars, il fait nuit, tu rentres, il fait nuit, il fait froid. Si tu n'as pas la détermination, si tu n'as pas envie de faire ça, tu t'arrêtes très vite.

  • Speaker #0

    Non, c'est clair. Et surtout, la chance que j'ai eue, c'est que mon ami Lallasana, avec qui on joue dans le même club, avait aussi d'énormes qualités. Et voilà, nous, les recruteurs... on voulait un peu les deux. En fait, ça nous a permis, pendant toute notre enfance, de...

  • Speaker #1

    C'est top, ça.

  • Speaker #0

    Oui, oui. C'était un des deals pour pouvoir accepter un des clubs. OK. Voilà, parce que lui, il était défenseur central, moi, j'étais attaquant, on était un peu les deux pépites. de notre club. Et donc, on a dit, voilà, l'équipe qui nous prendrait tous les deux, on irait...

  • Speaker #1

    C'est cool ça, d'avoir son pote avec qui tu vas.

  • Speaker #0

    J'ai un meilleur pote. On habitait à un palier d'écart. Tous les matins, pendant six ans, on ne s'est pas lâchés.

  • Speaker #1

    Incroyable.

  • Speaker #0

    Oui, c'était top.

  • Speaker #1

    Ah ouais, ça doit être top, ça de ouf. Vous devez avoir des souvenirs, des anecdotes tous les deux.

  • Speaker #0

    En fait, je le considère comme mon frère. Ouais, c'est ton frère. On s'est connu, on avait 6 ans. On a joué de 6 ans à 18 ans ensemble. Et donc, c'est la famille Dumbia, la Sana. Ton papa s'y dit, Gabi, c'est avec eux que je venais tout le temps, tout le temps au Sénégal. Donc non, non, c'était... Ouais, c'est un frère. Et ça m'a... Dans les moments difficiles, c'est important d'avoir des gens sur qui s'appuyer. Et après, tu parlais du passage de Genevieve Loretta, et c'est là quand même que tu te prends une petite claque parce que moi dans mon club formateur j'étais vraiment celui que la pépite voilà un peu dur et quand je suis arrivé là bas en fait le red star faut savoir qu'ils prennent tous les meilleurs de la région paris elle savent dire non pas pas seulement du 92, mais vraiment du 93, du 95, tous les petits de Pierrefitte, de Saint-Denis, de Sarcelles, de Gennevilliers, d'Épinay. Et quand je suis arrivé là-bas, je me suis dit, c'est chaud. Vraiment.

  • Speaker #1

    En fait, je rigole. Je rigole parce que les gens qui suivent les podcasts, ils vont déjà avoir entendu cette anecdote, mais il faut que je te raconte une anecdote. Moi, je joue au basket, comme je t'ai dit. Et à un moment, Nike, ils font un... un tournoi à Paris. C'est la première fois qu'ils font un tournoi Nike. Il y avait un ou deux joueurs NBA qui étaient venus et tout. Moi, j'étais en équipe départementale. Équipe régionale, j'avais fait présélection équipe de France basket. Je me dis, je suis bon. J'ai un petit niveau. Tu vois, ça va. Je me dis, je vais aller faire le camp à Paris. Inch'Allah, ça va bien se passer. Ah mon gars, je suis arrivé à Paris. C'est là que tu vois que... Moi, j'étais en Charente-Maritime. Il y a la Charente-Maritime et le reste de la France et il y a les joueurs de Paris. C'était un vivier. Paris, c'est un vivier incroyable de talents. Et on le voit aujourd'hui avec tous les talents qui sortent, que ce soit dans le foot et dans le basket. Donc, quand tu te retrouves, toi, avec le meilleur du meilleur de cette Ausha, tu prends une claque.

  • Speaker #0

    En fait, c'est ça. Parce que toi, tu as l'habitude, tu fais tes tournois, tu vis dans ta réalité à toi. Tu gagnes les matchs, on te dit que tu es le plus beau, tu es le plus fort. Mais là, c'est vraiment la première fois où, quand je suis arrivé là-bas, je me rappelle les premiers entraînements. En fait... J'avais pas l'habitude de voir des gens qui étaient plus forts que moi. Mais moi, j'étais vraiment pas un des meilleurs. Je suis arrivé, je me suis dit, putain, ouais. Là, c'est chaud. J'ai dit, il y a vraiment... Et c'est là où je pense que mon mindset directement est la tournée. Je me suis dit, il va falloir que je travaille. Il va vraiment falloir. Et puis, moi, petit, j'étais chétif. j'étais très chétif et donc tu t'es arrivé en avec était beaucoup plus costaud qui allait beaucoup plus vite donc c'est là où quand même moi j'ai j'ai réfléchi différemment je me suis dit va falloir que je prenne les informations plus vite il va falloir que je réfléchisse plus vite que les autres tu as un gabarit qui n'est pas de la même manière que tes coéquipiers en fait c'est comme les Espagnols si tu vois les Espagnols ils sont très chétifs ils sont petits mais ça ne les empêche pas de pouvoir pratiquer un football qui est complètement différent ils ont dominé ces dernières années parce qu'il y a une intelligence dans le jeu qui fait que tu dois réfléchir avant les autres parce que sinon physiquement tu ne peux pas tenir donc ça quand même ça a été le premier choc de me dire qu'il y a des petits qui sont plus talentueux que moi et qu'il va vraiment falloir que je travaille et développer d'autres skills pour pouvoir atteindre le niveau et jouer en équipe. A l'époque, ça s'appelait les nationaux. Tu avais trois catégories, tu avais PHD, HTN Nationaux. Et pour être en nationaux, moins 13, moins 15, moins 17, il va vraiment falloir que tu travailles. Et grâce à Dieu, j'ai réussi quand même à atteindre un assez haut niveau de performance qui m'a permis après, par la suite, de faire la carrière que j'ai pu faire.

  • Speaker #1

    Et moi, où je trouve que c'est très, très fort, ce que tu fais et ce que toute votre génération, vous faites, tu vois, ce que je compare à aujourd'hui, ce qu'il ne faut pas que les gens oublient, c'est qu'il y a très peu de documentation. Ce n'est pas comme aujourd'hui où tu vois un Cristiano Ronaldo qui s'entraîne, tu vois un autre qui s'entraîne, tu vois leur détermination, tu vois leur entraînement, tu vois les efforts qu'ils font. On avait très peu de documentation à l'époque. Donc, la... seule documentation qu'on avait, c'était Téléfoot. Tu regardais un peu Téléfoot le dimanche. Donc, tu n'as pas autant d'inspiration, je vais dire. Tu n'as pas autant de modèles qui te montrent les efforts qu'ils font pour rester à ce niveau-là. Donc, te remettre en question à cet âge-là, déjà, et te dire que, ok... je ne suis pas fort dans ça, il faut que je développe ça, il faut que je fasse ça. Pour arriver à ça, on en revient à ce côté déterminé de Diomansi Camara qui a un objectif et qui ne lâche pas et qui dit, je vais aller là-bas. Je suis conscient de mes forces, je suis conscient de mes faiblesses, je suis conscient de ce que je dois travailler et je vais le faire. Et ce qui est fort, c'est que tu le fais de 12 ans, donc à 18 ans, tu restes Red Star.

  • Speaker #0

    Voilà, ça fait.

  • Speaker #1

    Des belles années ?

  • Speaker #0

    Magnifiques. En fait, comme je vous dis, c'est les plus beaux souvenirs. Nous, on était vraiment, dans la région parisienne, on était vraiment une équipe d'élite. Comme je vous ai dit, c'est le vivier. On sait qu'en région parisienne, la plupart, aujourd'hui même, vous voyez les footballeurs de l'équipe de France, ils viennent tous de la région parisienne. On dit que... Où est-ce qu'il y a le plus grand vivier ? C'est dans la région parisienne. Par exemple, au Brésil, ça va être Rio. Par exemple, en Afrique, on dit où est-ce qu'il y a un des plus grands viviers ? C'est Abidjan. C'est la réalité quand tu commences un peu à rentrer dans le monde. Ah ouais,

  • Speaker #1

    j'aurais pensé Chauvin, j'aurais pensé Sénégal.

  • Speaker #0

    Abidjan, en fait, ils ont une manière, ils appellent ça le maracana. Ça veut dire que les jeunes de 12 à 13 ans, ils jouent déjà pieds nus, il y a des spectateurs. Au Sénégal, on a une qualité intrinsèque extraordinaire, mais au niveau du football des jeunes, il n'est pas forcément autant développé que tu peux aller voir en Côte d'Ivoire. Quand tu vas en Côte d'Ivoire, tu vas sur les tournois des jeunes, c'est juste hallucinant. dans chaque quartier tu peux prendre une pépite et te dire que c'est extraordinaire après qualité intrinsèque, le Sénégalais le Guinéen, l'Ivoirien ils sont à peu près au même niveau mais eux dans leur manière de fonctionner et travailler ils sont à des années-lumière et donc non non pour revenir sur mes années au Retzar, c'était magnifique beaucoup de travail, beaucoup de sacrifices mais ce côté détermination je pense que tu l'as vécu aussi Merci On vient de la banlieue. Et donc, le banlieusard de nature, il a envie de s'en sortir. On vit dans des conditions qui sont difficiles. Les parents ne roulent pas sur l'or. Donc, en fait, tous les enfants, comme il disait Kerry James, le banlieusard, il se débrouille. On est là, on a un objectif. On est tous là à se tirer les uns vers l'autre pour se dire on a envie de changer la situation sociale de notre famille. Et c'est ça qui nous motive au quotidien. On ne peut pas se dire non, aujourd'hui, on est bien. Non, ce n'est pas vrai. Tu es bien dans ta structure familiale. Tu es bien dans l'amour. affectif, mais tu sais que t'es dans une réalité qui est compliquée et que tes parents, ils sont en difficulté. Donc moi, j'ai toujours vu le football comme un ascenseur social. Je me suis jamais dit, je veux devenir footballeur pour être une star. Non. Je me suis dit, voilà, aujourd'hui, mes parents, ils sont en difficulté et on prend ces responsabilités très jeunes. Tu te vois, tu te dis, si j'arrive à sortir de la misère... J'achète une maison à mes parents. Mon père, il n'a pas forcément la voiture que tu souhaites. Je vais lui acheter cette voiture-là. Et moi, c'est ça qui m'a toujours motivé. Ce n'est pas de me dire, je vais faire la une des magasines. Non, il faut que je réussisse pour mes parents. Pour leur donner l'opportunité. possibilité de changer de cadre de vie. C'est moi ce qui m'a toujours poussé vers l'avant et ce qui m'a motivé chaque jour lorsque c'était compliqué.

  • Speaker #1

    Bien sûr, c'est un moteur différent. C'est sûr que le moteur de je veux être une star et le moteur de je veux impacter ma famille, il n'est pas le même. Donc, on comprend encore plus pourquoi tu es focus très rapidement dans ce projet.

  • Speaker #0

    Et après, comme tu dis. Pour recontextualiser, dans le sens où le téléphone commence à arriver, on n'a pas accès aux ordinateurs, il n'y a pas de YouTube, comme tu disais, aujourd'hui il y a des speakers, des gens qui te motivent, on te dit il faut faire... Non, aujourd'hui toi tu dois te... créer ton propre environnement, tu dois créer tes propres clés pour pouvoir arriver à tes objectifs. Aujourd'hui, tu vas sur YouTube, tu vas sur Instagram, tout le monde te motive, on te dit qu'il faut faire comme ci, il faut faire comme ça. Tu as tes modèles, la société elle a évolué. Nous, à l'époque, il fallait faire avec les moyens du bord.

  • Speaker #1

    Tu construis seul.

  • Speaker #0

    Voilà. Tu te mets dans ta barque, tu rames et tu essaies d'arriver le plus loin possible.

  • Speaker #1

    Et donc, quand les années Red Star terminent, tu vas où ?

  • Speaker #0

    Donc, moi, je reste jusqu'à... Et c'est là où c'est intéressant parce que ma mère, c'est quelqu'un... Le côté sportif, c'était le papa.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Le côté scolaire, c'était la maman. Même si elle n'a pas fait de grandes études, c'est quelqu'un qui est très intelligent, qui lisait beaucoup. Donc nous, on a beaucoup baigné dans la lecture. La maman devait lire pratiquement un livre par mois. l'être humain, c'est son savoir. Elle nous a toujours inculqué l'amour des lettres. Donc moi, j'étais beaucoup plus littéraire que Mathieu. Par exemple, ma soeur, elle a fait un bac plus. à la fin anthropologie. Mon petit frère, il a un bac plus 6. Donc, on est dans une famille où...

  • Speaker #1

    Les études, c'est important.

  • Speaker #0

    À l'époque, on nous disait il faut étudier, il faut étudier, il faut étudier. Donc, moi, à l'âge de 17 ans, j'ai l'opportunité d'aller faire un test en Suisse. D'accord. Donc, mes parents me disent OK, il n'y a pas de problème, va faire ton test. C'était pendant la période scolaire. Donc là, je pars en Suisse. Je fais un test dans un club qui s'appelle Bellin Sona. Et j'ai mon agent actuel. On a... on en reparlera, qui me trouve ce test avec un Suisse qui s'appelle Adriano Di Victorio et je pars là-bas tranquillement dans mon test. Mais c'est l'année du bac.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et donc moi j'arrive en Suisse et au bout de trois jours... l'italien me dit non je m'en suis, je vais t'amener en Italie je lui dis non mais je suis bien en Suisse il me dit non non non t'es en train de faire un bon test mais moi j'ai un autre projet pour toi j'ai une autre vision et il me dit tu vas aller dans le sud de l'Italie en 4ème division On est en Suisse, en deuxième division. Qu'est-ce que je vais aller faire en quatrième division italienne ? Moi, je dois passer mon bac cette année. On va perdre du temps. Laisse-moi faire mon test ici. Si ça se passe bien, ensuite, on voit. Il me dit non, non, non, je t'amène en Italie. Donc, moi, je pars en Italie. je fais mon test en quatrième division le club s'appelle Catanzaro et là-bas c'est vraiment c'est comme l'Afrique tu ressens l'amour des gens il y a 20 000 spectateurs dans le stade alors que t'es en quatrième division tu te dis à l'époque c'était c'est un club historique là-bas en Italie malgré qu'ils soient en quatrième division t'as 20 000 spectateurs ouais moi j'arrive par exemple le jeudi je fais mon entraînement jeudi, vendredi, samedi et le dimanche je vais au stade et je vais au stade je vois 20 000 un stade l'atmosphère et tout ça je passe mon test et le président il me dit tu repars pas le président italien il dit non non toi tu restes là il me dit tu pars plus Donc je dis comment ça ? Il me dit non, non, non. Il dit toi, je ne te perds pas et tout ça. Et tu ne repars plus. Je dis non, mais moi, je suis venu deux semaines. En fait, je n'ai pas mes affaires et tout ça. Et donc il me dit non, non, non. On ne te fait pas repartir. Et donc là, on commence les négociations et tout ça. Et c'est là où ça a été compliqué parce que la maman m'a dit, pour elle, c'était pas audible.

  • Speaker #1

    Il y a le bac, mon fils, tu peux pas rester là.

  • Speaker #0

    Elle me dit, comment ça tu reviens pas ? Je dis, non, non, non, maman, t'as vu, je vais devenir footballeur. Et c'est là où le papa, vraiment, il a... Il m'a permis de réaliser mon... Mes parents, ils ont failli même se séparer à cause de beaucoup de sa face et ma mère, elle a dit, non, mais alors que aujourd'hui, si tu peux signer professionnel, pourquoi attendre ? Donc j'ai dit le bac et en fait, c'est ce que j'ai expliqué à ma mère. J'ai dit, laisse-moi vivre mon aventure. tu sais que je suis un garçon posé, raisonné, consort. Et si jamais ça ne devait pas se passer comme ça devrait se passer, je reviens, je reprends mes études et mon bac, je l'aurai. Mais elle, dans sa tête, c'était non. Et ton bac, quoi qu'il arrive, minimum, tu as ça. Et ensuite, tu peux continuer. Donc, on a eu des négociations à gauche, à droite. Et finalement, elle m'a laissé. J'ai pu signer mon contrat professionnel en Italie. Donc, moi, je suis parti. En fait, je n'étais même pas encore majeur. J'ai quitté la France et j'ai signé professionnel en quatrième division italienne.

  • Speaker #1

    Non mais comme tu dis, pour que les gens se rendent compte, c'est vrai qu'aujourd'hui on parlait tout à l'heure en rigolant des projets Mbappé et tout, mais c'est vrai qu'on n'est pas encore dans cette mondialisation du football, on n'est pas encore dans tous ces parents qui rêvent que leur enfant pète le jackpot parce qu'il joue. Et puis en tant que parent qui est aimant, surtout vous, quand je vois les valeurs qu'il y a.

  • Speaker #0

    La maman, il y a toujours l'inquiétude s'il a une blessure, s'il ne joue pas et tout ça. Donc, elle, elle veut juste protéger son fils en se disant, peu importe ce qu'il arrive dans le foot, si c'est fini, au moins il a ce bac-là qui peut lui amener à faire autre chose. Et je comprends aussi le papa qui a son rêve d'être footballeur, qui voit son fils qui peut peut-être vivre ce rêve-là, tu vois, et qui a envie de le pousser. Donc, j'imagine la... Dualité pour les parents et la dualité pour le fils aussi. D'entendre les deux parents chacun qui te dit « Oui, mais ça, oui, mais ça, ça ne doit pas être facile. » Mais donc, bref, tu signes. Donc, tu signes en pleine saison ou tu signes et tu commences la saison d'après ?

  • Speaker #1

    En fait, ce qui était compliqué, c'est que moi, j'étais encore sous contrat au Red Star. D'accord. Donc, normalement, tu vas juste faire tes tests. Moi, je me rappelle, c'était au mois d'octobre. Et d'octobre à janvier, maintenant, il faut discuter avec le Red Star pour qu'ils puissent me libérer. Mais en fait, c'est les présidents un peu... Je n'ai pas envie de dire mafioso, mais...

  • Speaker #0

    Oui, on voit l'atmosphère. Un peu gangster.

  • Speaker #1

    Oui, il t'a dit, tu ne bouges pas. Il m'a dit, t'es là, on va te trouver. Tu ne bouges pas. En fait, le président avait son fils, et c'est son fils qui gérait le club. Et lui, il est vraiment tombé amoureux de moi. et comme tu parles à l'époque il n'y avait pas énormément de joueurs qui partaient à l'étranger ça commençait un peu cet exode des joueurs formés en France qui partaient je me rappelle il y avait Ousmane Dabou qui avait également le même problème du côté de l'Inter et donc en fait il y avait vraiment un peu ce conflit entre les fédérations de dire attends nous on est en train de former nos meilleurs jeunes et maintenant ils partent à l'étranger donc il y a eu un conflit pendant... Pendant deux mois, de octobre jusqu'à janvier, je n'ai pas pu jouer avec eux. De toute manière, ce n'était pas la période des transferts. Et au mois de janvier, ils ont communiqué avec le Red Star et qu'on sort. Et j'ai réussi à me libérer et à jouer mon premier match là-bas en Italie.

  • Speaker #0

    Justement, ce premier match, ça fait quoi pour des gens qui ne sont pas footballeurs, qui ne sont jamais rentrés sur un terrain avec un stade ? Comme tu dis, là, c'est 20 000 personnes. On va parler de stades où tu as joué, où il y a plus. Est-ce que tu peux nous décrire, ça fait quoi quand tu rentres dans un stade où tu es dans le couloir, avant d'entrer dans le stade, où tu entends le stade qui est vivant déjà, ça fait quoi d'être dans le vestiaire, de porter ton premier maillot professionnel et d'y aller ?

  • Speaker #1

    En fait, le truc, c'est qu'il y a plusieurs approches. Moi, j'ai toujours été celui qui me dit j'attends ce moment. Il y en a qui le subissent, moi je le vis. Ça veut dire que j'étais excité à l'idée de pouvoir jouer et montrer mes qualités. C'est que tu te visualises quand tu es jeune, quand tu pars dans ton lit, tu t'allonges, tu te dis putain...

  • Speaker #0

    Le jour où.

  • Speaker #1

    Le jour où. Donnez-moi cette opportunité. Et c'était marrant, le premier match en plus, c'était le dernier jour du Mercato et en fait, le président m'avait fait une surprise, il avait fait venir ma famille. Ah. Ouais. C'était la grande... Tu sais, à l'italienne, à l'ancienne. Et je me rappelle, mon père, il avait une Renault 25 à l'époque et ils sont... Tu sais, il n'y a pas le moyen de prendre... ou quoi que ce soit. Ils ont fait la route pendant un jour et demi. C'est 2000 kilomètres.

  • Speaker #0

    Et toi, tu ne savais pas qu'ils venaient ?

  • Speaker #1

    Non, je ne savais pas. Et donc, en fait, le président me dit non, tu vas avoir une surprise et tout ça. Et la veille du match, je vois mes parents dans les tribunes.

  • Speaker #0

    Oh là là !

  • Speaker #1

    Le jour du match, en fait. Juste avant, moi, je me rappelle mon idole de jeunesse, c'était Georges Houé. Ah !

  • Speaker #0

    grand.

  • Speaker #1

    Ah, Mr. Dior. Oui,

  • Speaker #0

    oui.

  • Speaker #1

    Et lui, il jouait toujours avec des chaussures rouges. Et mon père, il sait que j'aimais trop les... Moi, j'ai toujours aimé les chaussures de couleur. Même en équipe nationale, je jouais avec chaussures orange, jaune. Et mon père, il m'a ramené... Ah,

  • Speaker #0

    t'inquiète. Pour ceux qui voient le plan large, vous voyez les couleurs.

  • Speaker #1

    Il y en a toujours, les couleurs. Et donc, en fait, c'est marrant. Il est venu... Il m'a jeté ma paire de godasses. Non, c'est incroyable. Le stade était comme ça. Il y avait des chaussures rouges. C'est des anecdotes. C'est fou. Je me rappellerai tout.

  • Speaker #0

    Bien sûr.

  • Speaker #1

    Il m'a ramené mes chaussures rouges. Il me les jette comme ça. Parce que j'étais remplaçant. Je les vois comme ça. Et mes parents, ils étaient là et tout ça. Et je rentrais à quoi ? Il y avait 1-1. Je rentrais à 20 minutes de la fin. J'avais 18 ans. J'étais un faux-folet. J'attendais. J'ai dit, fais-moi rentrer, fais-moi. Et je suis rentré premier. J'ai fait passe. L'attaque, on l'a torturé à Emar. Et on a gagné 2-1 le derby. Et c'était un gros derby.

  • Speaker #0

    Oui, une victoire,

  • Speaker #1

    passe décisif. Directe. J'ai pris le ballon, j'ai éliminé deux.

  • Speaker #0

    Le papa, il devait être content. Le papa, il devait être...

  • Speaker #1

    Non, il était aux anges. Il pouvait s'évanouir. Oui,

  • Speaker #0

    tu as ton fils qui...

  • Speaker #1

    premier match premier ballon passe D direct Alhamdoulilah ça fait incroyable comme sensation c'était magnifique et en fait ils étaient arrivés le vendredi donc ils devaient faire juste le week-end et le président il était tellement content il a dit allez je vous reste toute la semaine elle a tout payé c'est la grande classe grands hôtels les amis dans un grand palace et tout ça et tu sais nous Les parents viennent de la banlieue. Donc tu sais, émerveillé, tu vois ton fils, ses consorts. Là, la maman qui est en larmes. Après, à la fin du match, il les a fait rentrer sur le terrain.

  • Speaker #0

    Oh là là !

  • Speaker #1

    Ils ont traversé tout le terrain.

  • Speaker #0

    Tu me donnes des frissons. Ça doit être un sentiment même pour toi, le fiston. Tu dois être fier de te dire...

  • Speaker #1

    Non, je suis fier. C'est ce moment-là où j'ai dit, ouais, tout ça, ça a payé. Il a ouvert la tribune, ils sont descendus de la tribune présidentielle, il les a fait rentrer et tout ça. Donc à ce moment-là, je me suis dit, ouais, l'aventure, elle commence maintenant.

  • Speaker #0

    Et le premier but ?

  • Speaker #1

    Le premier but, j'ai marqué deux ou trois matchs après. En fait, de janvier à juin, j'ai marqué huit buts. J'étais tout jeune, j'étais 18 ans, j'étais l'attraction. À cette époque, il n'y avait que deux Français. Il y était deux Français. Wow, que deux ? Deux Français sénégalais. L'autre, vous le connaissez même très bien, c'était Patrice Evra.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Patrice Evra, il était du côté de Marsala, et moi, j'étais du côté de Catanzaro. Donc, on était deux, et il y avait un peu une hype sur nous. Donc, j'ai fait six mois, vraiment, mais je me suis vite adapté. Et puis, j'ai vite appris la langue, parce que je me suis dit, c'est important. de pouvoir communiquer avec...

  • Speaker #0

    Le staff, les supporters, tout le monde.

  • Speaker #1

    Voilà. Mais la première année, les six premiers mois, quand même, c'est difficile parce que tu es tout seul et qu'on sort. Et au bout de six mois, j'ai demandé à faire... faire venir un ami à moi. Parce que j'avais un vrai rapport avec le président et j'avais un autre ami à moi qui s'appelait Cédric Mattingou-Costeau, un bon défenseur et tout ça. Et je leur ai dit, regardez, moi j'ai un ami à moi aussi qui est très bon, qui est défenseur central et ça va m'aider dans mon adaptation. Est-ce que c'est possible ? Il m'a dit, fais-le venir, on l'amène en test et tout ça. Et il a fait son test. Et ça s'est bien passé. Un peu comme au Red Star où j'avais mon ami Lassandra. Là, je suis parti en Italie. J'ai ramené un pote à moi, Cédric Matingu. On est restés un an après ensemble à Catanzaro. Ça m'a beaucoup aidé. On s'est beaucoup associés pour pouvoir réussir à aller le plus haut possible.

  • Speaker #0

    Je suis obligé de te poser une question par rapport à l'Italie. Parce que... Moi, c'est un de mes championnats préférés. Je suis désolé, peut-être que tu vas être fâché avec moi. Mon équipe de cœur, c'est le Milan AC.

  • Speaker #1

    Mais moi, c'est le Milan. Ah,

  • Speaker #0

    ok.

  • Speaker #1

    On est dans le même bateau. On est dans le même bateau.

  • Speaker #0

    Mais malheureusement, l'Italie est aussi très connue pour beaucoup de racisme. J'imagine que tu en as vécu dans tes matchs. Et si tu en as vécu, comment tu gérais ça ?

  • Speaker #1

    C'est vrai que, en fait, je ne sais pas si je veux dire que c'est un pays raciste, c'est un pays ignorant. Les gens sont ignorants. Le racisme, c'est pas qu'il a peur de l'autre. C'est pas qu'il n'aime pas ta couleur de peau. Il te dit que l'Africain va se comporter comme ci, l'Africain va se comporter comme ça. regarde l'immigration en France, elle a commencé dans les années 70. En Italie, c'est 90-2000. Donc, ils n'ont pas eu le même recul que peuvent l'avoir d'autres pays.

  • Speaker #0

    Je ne savais pas que c'était beaucoup plus tard.

  • Speaker #1

    C'était beaucoup, beaucoup plus tard. En France, quand même, la situation de nos parents... Donc, tu vois des parents qui sont quand même bien en place, qui ont une certaine situation. La plupart des gens en Italie, surtout moi, je suis allé en Italie dans les années 2000. Donc, c'était vraiment les flux migratoires, les gens qui arrivent, qui n'ont pas de travail. Il y a un peu de délinquance. Donc, tu n'as pas des gens quand même, à part les sportifs ou les acteurs,

  • Speaker #0

    qui sont dans la classe moyenne ou établie. Donc,

  • Speaker #1

    eux, ils voient le bas de l'immigration. Donc, ça, ça leur fait peur. Et puis, l'Italie, elle est sondée en deux. Ça veut dire que tu as de 1 000 ans à reprendre. à Rome, et tout ce qui est de Rome à la Calabre, à la Sicile, ils sont même racistes entre eux. On les appelle les Zingari. Zingari, c'est un mot très péjoratif, comme pour dire les gens du voyage, la jeton, des choses comme ça. Donc même entre eux, les Italiens, ils ne s'aiment pas. Le nord capitaliste... Et t'as le sud travailleur. D'accord. Et ils disent que non, vous, vous profitez des aides sociales de l'État. Nous, sud du nord, c'est nous qui tenons la capitale. Donc vraiment, t'as ce côté-là sondé en deux. Moi, j'étais en Calabre. Oui,

  • Speaker #0

    tu as dit dans le sud.

  • Speaker #1

    Dans le sud. Donc dans le sud, j'ai jamais eu de soucis. Ok. Tu fais partie d'un des leurs. D'accord. Au bout d'un an et demi, moi, je signe après à Modène, au Quai Vauvéron, qui est dans le nord. Chievo-Véron, il faut savoir que Véron, c'est une des villes les plus racistes d'Italie. Véron, c'est où tu as les saluts nazis, où les gens disent qu'on ne veut aucun noir qui joue dans notre équipe. Donc moi, j'arrive dans cette ville-là. Là, l'atmosphère, elle est complètement différente. Tu sais, là, ça n'a rien à voir. Même, on te dit, fais attention quand tu te promènes en ville et qu'on sort. Moi, après, j'ai grandi en banlieue, donc me dire, fais attention. Mais c'est vrai que même en jouant en série A, il y avait beaucoup de racisme. Et en fait... moi ça m'a beaucoup perturbé parce que je me disais attends... Il y a beaucoup d'Africains ou de joueurs qui jouent là. Pourquoi en fait ? Mais quand tu creuses un peu plus, en dehors du stade, il n'y a jamais eu de problème.

  • Speaker #0

    Oui, effectivement. C'est vrai que de mon aspect à moi, j'ai l'impression que je vois rarement d'informations passer pour dire qu'il y a eu des actes racistes, de violences en Italie. Je vois les stades. Effectivement, oui, on parle de racisme dans les stades. Mais je n'ai jamais vu passer de choses... Tu vois, en dehors des stades, tu vois. Jamais.

  • Speaker #1

    C'est comme en Espagne. En Espagne, ils font des cristanges et tout ça. Et donc, Samuel Eto'o... Mais nous, on était une génération où on ne laissait pas passer, en fait. Et tu vas le combattre, on va dire ça ou ça. Mais après, c'est aux instances qu'il aurait dû... qui aurait dû sévir parce que c'est un mal qui engraine le football depuis de trop nombreuses années. Donc, ce n'est pas normal qu'aujourd'hui, il n'y ait pas des sanctions. Et ce serait très simple. On regarde aujourd'hui, on dit s'il y a des cris homophobes, on arrête le match, on met des amendes. Pourquoi ne pas prendre des amendes ? les mêmes résolutions lorsqu'il y a du racisme. En fait, c'est juste incompréhensible. Mais à notre échelle, à nous, en tant que joueurs, c'est compliqué. Où on s'unit tous ensemble, on se dit voilà, il faut faire des actes non pas isolés et on se dit que voilà, une journée, on ne joue pas ou qu'on sort. Mais tant qu'on n'aura pas l'appui des fédérations et surtout de l'UFA ou de la FIFA, malheureusement, on sera toujours dans ce problème-là dans les stades de football.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça parce qu'en tout cas, nous, grand public, quand on regarde ça, on se dit On se dit que ça a l'air simple à régler comme problème, comme tu dis, effectivement. Et tu vois, moi, je me dis, quand des joueurs prennent la décision de quitter le terrain parce qu'il y a des cris racistes... Est-ce qu'ils sont sanctionnés d'arrêter un match ? C'est ça la question que je me pose à chaque fois. Parce que je me dis, ils arrêtent quand même une économie, ils arrêtent quand même un business. Est-ce que la FIFA ou la fédération punit ces joueurs-là ?

  • Speaker #1

    En fait, on te dit, tu n'as pas le droit de sortir. Donc, tu aurais une sanction. Mais nous, ce qu'on ne comprend pas, c'est... Demain, on dit qu'on est une équipe, c'est un collectif. Pourquoi c'est toujours le joueur qu'on agresse qui doit réagir ? Moi, aujourd'hui, si on crie sur un de mes coéquipiers, pourquoi ce ne serait pas à ses coéquipiers de sortir et de montrer l'exemple ? En fait, c'est toujours ça. On l'a vu récemment avec Vinicius. On dit qu'aujourd'hui, on est une grande institution, il y a des choses qu'on ne peut pas... Mais voilà, c'est à tout le monde de prendre la décision, de se dire que si vous touchez un de mes camarades, c'est comme si tu touchais... l'institution et on sort tous ensemble. Et en fait, c'est vraiment un problème qu'il va falloir qu'on puisse résoudre dans les années à venir. Mais je te dis, c'est vraiment de l'ignorance. C'est pas du...

  • Speaker #0

    C'est pas du racisme fondamental. C'est juste qu'ils ne connaissent pas l'autre. Et comme ils ont peur de l'autre parce qu'ils ne le connaissent pas, ils sont juste...

  • Speaker #1

    Ils sont là, ils sont dans les stades, ils font leur petite grima.

  • Speaker #0

    Ils ont bu quelques verres.

  • Speaker #1

    Le racisme en tant que tel où tu attaques la... Moi, j'ai grandi à Paris où... À l'époque où il y avait les nazis au Parc des Princes, où il y avait Auteuil contre Boulogne, ça c'est du racisme. Quand tu sors à la fin du stade, où tu dois courir, parce que les gens aussi t'attrapent, ils vont te frapper toi, ta famille. Là, il y avait des vraies tensions. Dans un stade de football, tu le ressens, ça te perturbe. Oui et non, parce qu'il y en a certains, même ça les motive. Quand tu fais un cri de singe ou quelque chose comme ça, on a l'extérieur, et c'est souvent, quand tu ne sais pas chez toi, ça va décupler tes forces. Tu dis maintenant, donne-moi la balle, je vais vous faire la mayonnaise et dès que je vous marque un but, je vais aller vous provoquer. Donc en réalité, ça fait souvent l'effet inverse de ce qu'ils attendent. Mais c'est vrai que c'est un problème qui est récurrent dans le football et il faudrait qu'à un moment, ça cesse.

  • Speaker #0

    Et donc toi, tu arrives à Véronne, qui est connue pour être une ville peut-être avarie. Comment ça se passe avec les supporters ? Comment tu arrives dans cet univers-là ?

  • Speaker #1

    En fait, moi, j'ai la chance parce que je fais un an et demi en... en série C et au bout d'un an et demi on m'achète en série A donc déjà pour moi c'est le juste avant de partir en vacances j'avais fait mes 6 mois 6 bons mois un an j'ai à peine 19 ans 19 ans et demi et on me dit ouais on me dit tu pars à Milan je dis ok il me dit tu pars à Milan et tout ça parce qu'en Italie ils appellent ils appellent ça le calcio mercato c'est pas c'est pas comme en France où chacun non t'as une journée ouais tu as toute une semaine où tu as tous les directeurs sportifs, tous les présidents qui se rassemblent dans un grand lieu et qui font leur business. D'accord. Donc, on me dit, ouais, tu pars à Milan, il y a le Calcio Mercato. Je dis, ouais, mais c'est les vacances. Il m'a dit, non, on a une surprise pour toi. Mon agent, il vient et tout ça. Et j'arrive à Milan. Et j'avais à l'époque deux ou trois clubs qui me voulaient de Serie A. Et on monte avec le président de Catanzaro. Et moi, en 72 heures, j'apprends que je joue à... Tu vas en Serie A.

  • Speaker #0

    Pour les gens qui nous écoutent ou qui regardent, qui ne savent pas, la Serie A, c'est le plus haut niveau. Du football italien. Là, tu es au top du football italien.

  • Speaker #1

    Et puis moi, c'est les années 2000. Donc, c'est les années où il y a les...

  • Speaker #0

    Il y a la Juventus.

  • Speaker #1

    C'est la grande série A, les Del Piero, les Baggio.

  • Speaker #0

    Tchétchenko, il joue encore à deux.

  • Speaker #1

    Tchétchenko, c'est la... La crème. À l'époque, aujourd'hui, c'est la première ligue. À l'époque, c'est la série A. C'est la rire. T'es en série A, t'es... Donc moi, j'arrive en série A et je vais au Kévo Véron. Il y a deux équipes à Véron. Tu as Véron et Kévo Véron. Et moi, j'ai signé Dieu Merci au Kévo Véron. Et donc là, je fais vraiment le grand saut. Oui,

  • Speaker #0

    parce que ça, tu parles de série 4 à série A.

  • Speaker #1

    Parce qu'en fait, le truc, c'est que... Et c'est là où l'argent a été fort. Parce que quand moi, je voulais signer en Suisse, il me dit non, je m'en signe. Va là-bas, tu verras que... ta progression, elle sera plus importante que si tu allais... Mais moi, pour moi, à l'époque, je me disais, attends, deuxième division, pour moi, c'est bien. Tu m'amènes, mais non, bon. Après, moi, je suis une personne de challenge, de défi. Et donc, j'ai dit non, OK. Et quand je suis parti là-bas... vraiment, moi, c'est l'amour et le respect. À partir du moment où tu me donnes de l'amour et du respect, moi, je peux donner ma vie pour toi. Je suis quelqu'un de...

  • Speaker #0

    Entier.

  • Speaker #1

    Voilà. C'est comme par exemple, moi, ma femme, je l'ai connue, j'avais 21, 22 ans, ça fait plus de 20 ans qu'on est ensemble. Donc moi, je suis vraiment lié aux gens. Mes amis d'enfants, c'est toujours mes amis d'aujourd'hui. C'est... J'ai pas beaucoup de gens autour de moi, mais si on est ensemble, on est...

  • Speaker #0

    La fondation, elle est solide.

  • Speaker #1

    Voilà. Moi, mon agent qui m'a pris à 17 ans, Aujourd'hui, j'en ai 44, c'est toujours le même agent. On a cheminé tout le temps ensemble. Après, on a créé notre école de football et qu'on sort. Donc, je suis quelqu'un qui aime avoir des personnes vraies à côté de soi. Parce que c'est très important également dans ton cheminement, des personnes qui peuvent te dire la vérité. Beaucoup de jeunes sont autour de personnes qui vont venir se coller à toi une fois que tu arrives là-haut. Et à un certain moment, tu peux un peu partir à gauche, à droite. Mais il y a certaines personnes qui t'ont connu quand tu étais rien, qui peuvent te taper là. Ça, ce n'est pas la direction. Mais comporte-toi de cette manière-là. c'est ce qui a toujours été ma force, c'est d'avoir vraiment des personnes qui peuvent te dire, ça tu le fais bien, ça tu le fais mal, et on se corrige les uns les autres. Donc c'est vrai que faire ce saut de qualité arrivé en Serie A, en fait c'était quelque chose que moi j'avais programmé dans mon esprit. Je me suis dit, il y a une autre étape de France 1, vas-y c'est parti. Et donc j'arrive au Kiev-Overon et tout ça, et j'ai fait ma préparation, mais très rapidement, je vois que le niveau est encore super élevé. Je me suis dit, jusqu'à l'arrivée de stars faut que tu te réadapte voilà et donc en fait eux ils me proposent deux choix ou de partir en me demande voilà aujourd'hui je mens et on a envie de continuer sa progression et moi j'étais 5 ans ils disent un jeune avec beaucoup de potentiel mais nous on va prêter donc tu as deux choix ou tu pars en prêt en france à l'époque avait saint-etienne qui me voulait ouais ou tu restes en Italie et on a un club un peu partenaire qui s'appelle Modène, qui est en série B. On connaît bien l'entraîneur et consorts et tu vas aller jouer en série B. Et comme moi, je suis tombé amoureux de l'Italie, j'ai bien aimé. Non, t'as vu ?

  • Speaker #0

    Je reste.

  • Speaker #1

    Je reste et je suis parti en série B à Modène.

  • Speaker #0

    Tu fais combien de temps là-bas ?

  • Speaker #1

    Modène, en fait, il m'envoie en prêt, mais c'était un prêt avec une option d'achat. D'accord. Donc les gars, ils disent, OK, nous, on vous le prend en prêt, mais on met une option d'achat. Donc à l'époque, je crois que c'était 3 millions de... C'était comme une somme assez importante. Et Modène, c'était une équipe qui venait juste de monter de série C. D'accord. Donc c'était une équipe qui était encore jeune, qui était bonne et tout ça. Et cette année-là, on gagne le championnat direct. Wow. Moi, j'ai à peine 19-20 ans et là, on descend. Je marque une dizaine de buts et on gagne le championnat. Wow.

  • Speaker #0

    ça doit être ça doit être une sensation quand même c'est ça, quand tu as vécu une saison et que tu finis la saison et que tu gagnes le championnat de te dire que tous ces efforts ont payé, ont servi et regarde on est les champions.

  • Speaker #1

    Et puis ça, c'est les choix. Donc moi, je vais à Modène. Là, je parle vraiment bien italien. Je suis bien acclimaté. J'ai des partenaires qui sont extraordinaires. J'étais encore le seul étranger dans cette équipe-là. Donc, tu attires la lumière. Donc, directement, c'est même là où l'équipe du Sénégal commence à s'intéresser à moi. Mais on était en série B et l'équipe du Sénégal à cette époque, c'est El Hadjidou, Henri Camara, Fatiga. Donc, c'est la grosse équipe du Sénégal. Donc moi, j'ai toujours ça. en ligne de mire je dis bon il faut que je franchisse mes étapes mais l'Italie va me permettre d'avoir les lumières sur moi donc on finit l'année on est champion et directement on monte on monte en série A ouais et c'est là où maintenant arrive le conflit parce que c'est ça j'allais dire t'as ton équipe qui t'a acheté qui

  • Speaker #0

    est en série A qui t'a prêté à une équipe qui est en série B mais maintenant vous vous êtes monté vous êtes en série A voilà comment ça se passe ?

  • Speaker #1

    donc maintenant ils disent Nous, vous nous rendez Diomancy, on vous l'a traité.

  • Speaker #0

    On ne le veut pas comme adversaire, nous,

  • Speaker #1

    on le veut dans notre équipe. Et l'équipe, là, ils disent que non, Diomancy, c'est notre joueur, on ne vous le rend pas. Et en fait, ils ont un système en Italie, maintenant ils l'ont enlevé, ils appellent ça les boosts. La busta, c'est quoi ? C'est l'enveloppe. D'accord. Ça veut dire que les deux clubs se rencontrent, parce qu'au départ, ils leur ont fait un prêt avec une option d'achat. L'option a été élevée. Ils ont dit que non, nous, on veut récupérer notre joueur. Et si tu veux récupérer ton joueur, maintenant, vous prenez des enveloppes. D'accord. Chacun met un chèque. Celui qui met la plus grosse mise garde le joueur. C'est comme ça ? Oui, c'est comme ça. Le football, à l'époque, c'était...

  • Speaker #0

    C'est chacun qui met un chèque dans une enveloppe. On ouvre, qui a mis le plus, c'est lui qui garde.

  • Speaker #1

    Voilà. Donc, les gars, ils se disent que non. C'est comme ça. C'est incroyable.

  • Speaker #0

    C'est le Far West,

  • Speaker #1

    le truc. Genre, toi, tu te dis, bon, à peu près combien on va mettre ? Ils avaient mis à peu près 3 millions. Ça, c'était le diritto di riscato. Ça veut dire, ça, c'était l'option d'achat. Comme ça a sauté. Ils se sont dit, Kévo, c'est un club qui avait plus d'argent que Modène. Donc, ils se sont dit, non, ce qu'on va mettre dans leur... Ils ne peuvent pas s'aligner. Et en fait, la Modène, à cette époque-là, ils ont fait le record. Et ils ont... ils ont mis plus que Kévo donc quand ils ont ouvert les bouses pour moi j'étais sûr de repartir au Kévo et ils m'ont dit ramène tes affaires et tout ça et le jour où ils ouvrent les bouses ils disent que c'est je m'en suis tu restes à Modène ah ouais même les deux clubs ils se sont beaucoup beaucoup engueulés parce qu'en fait c'était un club satellite et à partir de ce moment là ils se sont t'as créé la séparation entre les deux t'as créé la rupture ils se sont trop chauffés ça les a trop énervés c'est incroyable ce système là d'enveloppe j'ai appelé les enveloppes la bousse

  • Speaker #0

    Et donc là, tu es en Syria.

  • Speaker #1

    Et donc là, je reste à Modène en Syria et je fais deux ans là-bas. Et c'est à ce moment-là aussi que je suis appelé. C'est ma première année de Syria où je suis directement appelé avec l'équipe de l'Institut de la Sérégale.

  • Speaker #0

    Non, t'inquiète, on arrive à ça. Tu vas nous raconter ça. Donc là, tu arrives à Syria. C'est... Le Jomansi Kamara qui commençait au Red Star, comment il se sent quand il se dit « Ok, là je suis en série, ça y est, là je vais affronter, comme tu as dit, je vais affronter les Tchétchenko, je vais affronter les Maldini. » Est-ce que Maldini joue encore quand tu… ?

  • Speaker #1

    Moi c'est Maldini, Costa Corta… Parce que c'est ça toi,

  • Speaker #0

    moi je parle des attaquants, mais c'est les défenseurs qui étaient sur toi, qui toi tu devais affronter.

  • Speaker #1

    C'est Maldini, Maldini c'est un de mes plus gros… Maldini, Nesta, Cafu, Dida, non c'était là. C'était le Graal. Non, c'était le Graal.

  • Speaker #0

    En tant qu'attaquant, quand tu devais les affronter, comment t'étais la veille avant d'être affronté ?

  • Speaker #1

    En fait, moi, je suis... Je sais pas... En fait, il faut avoir beaucoup de confiance en soi. Ouais, non, t'as pas le choix. Et en fait, c'est ça, c'est que moi, c'était le défi de me dire, ouais...

  • Speaker #0

    Je vais leur montrer.

  • Speaker #1

    Je vais leur montrer. Et moi, je me rappelle mon agent qui avait... Même quand on faisait des petits matchs de quartier et tout ça, il s'appelle Serran Diabaté, il me disait, je m'en sers à plique, toi. Parce que quand tu joueras en Serie A, tu ne pourras pas laisser... Et moi, je lui dis, mais qu'est-ce que tu me racontes ? On est au quartier, c'est rentre.

  • Speaker #0

    Ah, lui, il avait déjà la vision de t'amener. Lui,

  • Speaker #1

    il avait la vision. Il me disait, et je me rappellerai toute ma vie, le premier match qu'on a joué contre le Milan, et je l'ai vu dans les tribunes, même lui, il avait mis sa cravate, son costard, et on rigolait. Il me disait, qu'est-ce que je te disais, Diop ? C'est réel.

  • Speaker #0

    Donc,

  • Speaker #1

    non, non, c'est... Et moi, en Italie, c'est là où on m'a... Parce que moi, j'étais quelqu'un d'assez élégant sur le terrain. J'étais quelqu'un quand même, comment je courais, comment je me déplaçais. Et c'est là où on m'a surnommé ma première année la gazelle d'Afrique. La gazelle d'Afrique. Parce qu'ils disent que t'es... Oui,

  • Speaker #0

    t'es élégant, t'es fluide.

  • Speaker #1

    Et donc non, même contre le Milan, j'ai tout le temps... Les gros matchs, les gros affiches, j'étais présent. Le Milan, j'ai marqué. L'Inter, j'ai marqué. Contre la Juve, contre la Roma. Je ne marquais pas beaucoup. Je ne vais pas te marquer 20 buts. Mais les gros matchs, je suis là.

  • Speaker #0

    En fait, tu aimes la pression.

  • Speaker #1

    J'aimais bien ces matchs-là.

  • Speaker #0

    L'adrénaline, elle est au maximum.

  • Speaker #1

    Et en fait, le premier match de Serie A, c'est ça qui est marrant. C'est qu'en Italie, ils ont une coutume. Les trois équipes promues, tu joues les trois meilleures équipes du championnat. Ça veut dire que ton premier match en Serie A...

  • Speaker #0

    C'est direct dans le feu du...

  • Speaker #1

    Ou tu joues le Milan, ou tu joues la Juve ou l'Inter. Et moi, mon premier match, je me rappelle, c'est contre la Rome à l'Olimpico. 80 000 personnes.

  • Speaker #0

    80 000 personnes !

  • Speaker #1

    Donc là, tu passes de 20 à 80. Je me fais par quatre. Pareil, c'était la grande Romain, Francesco Totti, Montella, Aldair, c'était là le Gafon, Emerson.

  • Speaker #0

    En fait, tu sais, à chaque fois que je regarde des matchs de foot, surtout des gros matchs, j'essaie toujours de me dire, mais qu'est-ce que les joueurs doivent ressentir quand tu rentres sur le terrain que tu as ? Comme tu dis, tu as un mur. Un mur de personnes devant toi.

  • Speaker #1

    Et nous, c'est notre premier match. Ça veut dire que nous, on est promu. On est la petite équipe moderne et tout ça. Et tu arrives à l'Olympico. Et tu sais, c'est la première du championnat. Donc, ça veut dire que le stade est plein. Plein, craqué. Et pareil, là, je m'échauffe. Mais franchement, là, mes jambes, quand même, c'est un peu... C'est un peu un problème.

  • Speaker #0

    Là, c'est sérieux.

  • Speaker #1

    Là, quand même, quand il m'a appelé, c'était mon premier match en série 1. Mais pareil, au bout de 5-6 minutes, pareil, bam, bam, bam.

  • Speaker #0

    Oui, de toute façon, je pense que tu as le côté humain qui, effectivement, c'est la première fois, donc tu es un petit peu perdu. Mais une fois que le joueur se met en mode, allez, là, c'est le match et tout, tu as tellement d'automatisme, tu as tellement d'expérience dans les jambes et dans le truc que tu ne vois plus, finalement, les supporters.

  • Speaker #1

    Et puis, à 20 ans, tu es inconscient. Tu sais, quand tu es jeune, c'est comme quand tu ne vois pas le danger. Oui. moi tout ce que j'attendais je dis coach mets moi dedans et je le regardais je le regardais je le regardais et pareil là je rentre au bout de 5 6 minutes boum boum boum je fais une belle action pas décisive on marque et on a gagné premier match premier match ah ouais vous venez de monter et vous gagnez le premier match avec l'aroma l'aroma 2 et puis ça les gens peuvent aller Aujourd'hui, il y a Internet. On ne va pas raconter des histoires. Tout ce qu'on dit là,

  • Speaker #0

    c'est vérifiable.

  • Speaker #1

    Si vous regardez Rome-Modène, je crois que c'était en 2003, on a gagné 2-1 le premier match. Moi, j'ai fait une passe décisive à l'attaquant, il s'appelle Skouli. Pour vérifier, on a gagné 2-1. Moi, c'était un magnifique souvenir.

  • Speaker #0

    Macha, ça doit être des souvenirs. En fait, je ne sais pas si vous, footballeur... On vous le dit, que vous vivez quand même une vie qui est incroyable, qu'il n'y a pas beaucoup de personnes qui vont vivre ça, mais je ne sais pas si vous vous en rendez compte. Est-ce que tu t'en rends compte pendant que tu es joué ou après ta carrière ?

  • Speaker #1

    Non, tu t'en rends compte parce qu'en fait, moi j'ai tous mes amis qui ont souhaité devenir footballers professionnels. Donc tu vois un peu le regard qu'ils ont. Et en fait, moi ce que je me suis toujours dit, c'est que si je réussis, en fait il faut que ça profite aux autres. C'est ce qu'il disait mon papa, mon papa il me dit... t'es comme une bouteille d'huile, quand tu la laisses tomber, si elle éclabousse, il faut que t'éclabousses tous ceux qui sont à côté de toi. Donc nous, en fait, ma carrière, je l'ai vécue avec tous mes amis. Ça veut dire qu'en Italie, il y a beaucoup de joueurs, tu vois, ils font venir leurs amis. Et la chance que j'ai eu, c'est que moi je n'ai pas été en centre de formation, c'est là où je vois que le papa a été très intelligent. Regardez un joueur comme Mbappé aujourd'hui, il est très isolé. Il a expliqué même dans ses centres de formation. Voilà, tu ne fais pas les mêmes. Moi, j'ai grandi dans le quartier, dans la banlieue. Ça veut dire que ma réussite, c'était la réussite de tout le quartier. Ça veut dire qu'ils étaient tous derrière moi. Et le jour où j'ai réussi, les gars, on va tous profiter. Donc ça veut dire que moi, quand je jouais le MI, j'avais cinq, six potes qui étaient là. Et en fait, ils m'ont... ont suivi toute ma carrière. Et c'est ça pour moi qui a été magnifique, c'est qu'à travers ma réussite, les autres, ils ont pu vivre un petit peu le côté professionnel. Et moi, ça me remettait toujours les pieds sur terre de me dire, putain, quand même, je suis chanceux. Mes potes, ils aimeraient être à ma place. Mais vas-y, les gars, je suis devant, je suis la locomotive. Vous êtes les wagons,

  • Speaker #0

    mais on avance tous.

  • Speaker #1

    On avance tous ensemble.

  • Speaker #0

    Incroyable. Et donc, tu joues en Italie pendant combien d'années ?

  • Speaker #1

    En fait, j'ai... comme je t'ai dit on est monté à Serie A je fais deux ans en Serie A au bout de mes deux ans de Serie A après je pars en Angleterre tu pars en Angleterre quel club déjà le plus par rapport à Smurfs exactement Harry Redknapp lui il adorait les joueurs africains je me rappelle j'étais déjà à cette époque après j'étais déjà en équipe nationale on avait fait un match Sénégal-Côte d'Ivoire à Paris il était venu il m'a vu et tout ça et à l'époque il y avait Yakubu l'attaquant du Nigeria il y avait Lomana Lua-Lua il a à RDC. Il y avait Alucissé. Les gens ne savent pas, moi j'ai joué avec Alucissé à Portsmouth. Il y avait Amdifai, un autre Sénégalais. Il y avait Valéry Mézac, un Camerounais qui est décédé après un accident tragique. Mais il y avait beaucoup de...

  • Speaker #0

    Il y avait une base africaine.

  • Speaker #1

    Et donc, je suis allé directement à Portsmouth et on a fait une très bonne... Parce qu'après, moi mon rêve aussi, c'était la première ligue. La première ligue commençait à prendre de l'impact avec les Thierry Henry, avec les Anelka, avec tous les grands attaquants. Moi, j'ai toujours eu ce truc de... Le football italien, il est bien, mais c'est très tactique. C'est tout le temps... Moi, j'aime les espaces, j'aime courir.

  • Speaker #0

    Le football anglais, il est plus dans courir.

  • Speaker #1

    C'est plus mon ADN. L'ADN du championnat. À l'époque, il y avait Henri Camara, Papou Pajob. Tous les Sénégalais étaient là-bas. Moi, j'étais un des seuls avec Ferdinand Collier en Italie. Je me disais, putain, j'ai envie d'aller en première ligue. Dès que j'ai eu l'opportunité...

  • Speaker #0

    Après, il y a eu un très bon transfert. En Modène, le cycle était fermé. J'ai fait mes trois ans et après, je suis parti pour dix ans en Premier League.

  • Speaker #1

    Mais tu l'as dit, entre-temps, avant l'Angleterre, tu fais ta première sélection avec l'équipe du Sénégal. Là, je suis obligé de faire un passage dessus parce que, pareil, je reviens au papa. Mais le papa, il a dû être tellement fier quand il a dû porter le maillot la première fois.

  • Speaker #0

    En fait, ce qui est intéressant par rapport à ça, c'est que Moi, j'ai fait les pré-France. Quand t'es en région parisienne et qu'on sort. Donc, il y en a beaucoup qui rêvent de jouer pour l'équipe de France. Moi, mon rêve, ça a toujours été de jouer pour le Sénégal. Dès le départ. Parce qu'en fait, je me suis dit, c'est comme ça que je vais repayer mon papa. je porterais le moyao de l'équipe nationale pour lui. Moi, déjà, par exemple, je m'appelle Jomansi Kamara. Jomansi, c'est le nom de mon grand-père. Il a donné le nom du grand-père, donc moi, j'ai vraiment cet héritage familial.

  • Speaker #1

    C'est ancré dans...

  • Speaker #0

    Et à chaque fois que je venais, par exemple...

  • Speaker #1

    D'ailleurs, excuse-moi, t'interrompes, dans mes petites recherches, Kamara avec un K, parce qu'il y a eu une faute administrative.

  • Speaker #0

    Les Français, là... Moi, toute la famille est avec un C. Et en fait, quand il est parti faire la documentation, ils ont tout écrit avec un K. Après,

  • Speaker #1

    c'était compliqué pour changer. Donc, il est resté avec le K.

  • Speaker #0

    Je me rappelle même ma première sélection. Mon ami Alugo Loco, que je salue au passage, il avait écrit l'article, ce Kamara-là est un K.

  • Speaker #1

    Ah, joli jeu de mots. Pas mal, pas mal, pas mal. J'aime ça.

  • Speaker #0

    Il a fait un truc sympa.

  • Speaker #1

    Donc, première sélection.

  • Speaker #0

    Ouais, donc, première sélection. Je ne vais jamais l'oublier, en fait. Et ce qui est marrant, c'est qu'à l'époque, il y avait l'équipe du Jimens, Thierry Gilardi. Donc, c'était la grosse émission. Et il disait, le franco-sénégalais combat. Moi, je me disais, dès que l'équipe nationale m'appelle, je réponds. Et en fait, c'est pour ça aussi que j'ai eu beaucoup cet amour avec les Sénégalais. C'est que je n'ai pas été celui qui a hésité en disant non. À l'époque, je te le disais, nous, on était deux à jouer en Serie A avec moi. Et Ferdinand Colli du côté de Pérouse. Et on se voyait, on s'affrontait, il me disait alors, il faut venir. J'ai dit non, moi, dès qu'il m'appelle, je viens. Et à l'époque, il y avait un agent sénégalais qui travaillait un peu avec la FED, qui s'appelait Sidifal. Il est venu me voir, il m'a dit, l'équipe nationale qui est intéressée, qu'on sort. Alors, il dit, moi, il m'appelle. Et j'arrive. Voilà. Et donc, ils m'ont appelé en fin 2002, début 2003. Et le premier match, c'était Sénégal-Maroc. OK. Et regarde comment Dieu fait bien les choses. Toujours. C'est le premier match à Paris.

  • Speaker #1

    Hé ! Donc, tu as toute la famille qui est là, tous les copains qui sont là. Aïe, aïe, aïe. Aïe, aïe, aïe.

  • Speaker #0

    C'est pas au-delà. Ah oui. T'imagines ? Oui. C'est pas en allant. Oui. Premier match de l'équipe nationale. C'était pas au pays, c'était à Paris, région parisienne où moi j'ai grandi. Sénégal. Sénégal.

  • Speaker #1

    Non, j'imagine.

  • Speaker #0

    Et donc en fait, je me rappelle, la veille, on joue en fait contre la Roma. C'était pareil et tout ça. marque un très beau but. Une balle lobée, Thierry Gilardi parle et dit « L'équipe de France commence. » Le soir, on m'appelle, on me dit « Oui, John Mancier, on va te convoquer en équipe nationale. » Je me rappelle, j'étais trop content et qu'on sort et tout. Et moi, je voulais aussi me démarquer en équipe nationale parce que tu vois, t'arrives, les gens, ils sont là. Je me rappelle le matin, j'étais parti m'acheter un costume smalto.

  • Speaker #1

    Ça, c'est le côté italien.

  • Speaker #0

    Je me dis, t'as vu, je vais arriver en équipe nationale, mais classe. J'ai toujours voulu avoir ce côté-là de dire, ouais, les footballeurs, vous êtes des voyous. Ah, les footballeurs, vous vous habitez. Non, le footballeur, c'est quelqu'un aussi qui peut s'habiller d'une certaine manière, qui peut être un... Donc, je me rappelle, j'avais acheté un beau costume smalto. Et j'étais parti à le prendre. Le premier qui m'a accueilli en équipe nationale, c'est Eladji Diouf. Il est venu, je rentre comme ça dans le hall. Et en fait, c'était une manière de me donner confiance et du respect. Eladji m'a accueilli. Et après, depuis, avec Eladji, ça fait plus de 20 ans. Il y a des gens qui ne comprennent pas. Ils disent, ouais, c'est l'eau et le feu. C'est deux caractères.

  • Speaker #1

    On pourrait penser que c'est deux caractères différemment différents.

  • Speaker #0

    Mais Eladji, pour moi, c'est un grand frère. Ma première sélection, en fait, il m'a accueilli, on a joué à Paris. C'était contre le Maroc, il disait archi froid, mais j'avais toute la famille, tous les amis. C'est un souvenir extraordinaire. La première fois que j'ai mis le mot de l'équipe nationale.

  • Speaker #1

    J'allais demander quand tu arrives dans le vestiaire et que tu vois le maillot qui est là, avec ton nom dessus, ton numéro, que tu le mets et tu dis ça y est.

  • Speaker #0

    En fait, le seul truc, c'est qu'il m'avait... Ils avaient mis John Mancy sur le maillot. Et ils m'avaient donné le numéro 9. Et je me rappelle, on avait malheureusement perdu contre le Maroc. Mais il y avait eu un envahissement de terrain. C'était à Charletti. C'était un bordel comme pas possible. Mais ça restera un souvenir magnifique. l'équipe nationale c'est ce que je dis souvent tu peux jouer dans 10 clubs 15 mais l'équipe nationale c'est autre chose t'as qu'une équipe nationale c'est-à-dire le maillot de l'équipe nationale c'est celui que tu dois le plus plus plus respecter Tu as des millions de gens derrière toi, c'est le monde. Il n'y a pas plus beau que... C'est le Graal, en fait. Quand tu arrives à Lille, tu représentes ton pays. C'est le maximum. C'est le maximum.

  • Speaker #1

    Ça doit être une sensation incroyable. Et le premier match au Sénégal ?

  • Speaker #0

    Le premier match au Sénégal, c'était un match éliminatoire, à Paris, je me rappelle. Et en fait, c'était marrant parce que toute ma famille, je leur disais, je vais jouer avec l'équipe nationale. Ils me disaient, regarde le petit Parisien. Ils ne savent pas te jauger, tu vois. Ils me disent, toi, tu parles, tu parles. Ils me disent... Ma famille m'en vit, j'avais 6 ans. Et puis je grandissais.

  • Speaker #1

    Tu parles de ta famille qui est ici au Sénégal ? Ici, ici.

  • Speaker #0

    Et j'avais un cousin, Baba Karbaji Dembo. Il me disait, toi tu parles trop, arrête de parler. Je disais,

  • Speaker #1

    toi... Il est fou.

  • Speaker #0

    Voilà ! Il me disait, toi t'as la bouche. Est-ce que tu sais ? Je lui ai dit, toi, quand je vais jouer, tu vas me demander pardon. Et je me rappelle, la première fois que je suis arrivé, c'est lui qui est venu m'accueillir. Il m'a pris dans ses bras, il pleurait. En fait, on était au gorge d'Iraman. On était au Gordia Rama. Et quand j'arrive, peut-être 400, 500 personnes. En fait, toute ma famille de la Medina était venue. Parce qu'à l'époque, c'était une fierté.

  • Speaker #1

    L'ensemble du quartier qui est dans l'équipe nationale.

  • Speaker #0

    C'est pas comme maintenant. Maintenant, aujourd'hui, ça s'est démocratisé. L'équipe nationale... elle est à... Diabinajo, Radisson, tout ça. Non, nous, on était au Concordia. On était dans le cœur de la ville. Les entraînements, il y avait 30 000 personnes. Les entraînements, ils étaient ouverts du lundi au jeudi. Tu fermais juste le vendredi. Nous, on était vraiment le... C'est pour ça qu'il y a eu cette proximité avec le peuple.

  • Speaker #1

    Effectivement, ça se comprend beaucoup plus.

  • Speaker #0

    J'étais au Léopold Cédar Saint-Gaure. Nous, toutes les séances, en fait, les entraîneurs disaient non. Les enfants arrivent à travers vous. On est en équipe nationale. Les séances d'entraînement sont ouvertes. Pourquoi on va fermer la séance d'entraînement ? La veille du match, quand tu dois faire le système tactique et qu'on sort, tu fermes le vendredi. Mais tu l'as une semaine. Toute la semaine, les gens veulent venir vous voir, ils viennent. Moi, je suis dit, nous, on faisait des entraînements avec 30 000 personnes. C'était plein. Donc, quand j'arrive, toute ma famille dit tam-tam. en fait ils ont vu le petit Diomancy qui a grandi, à maintenant celui qui arrive en équipe nationale en équipe nationale je me rappellerai toute ma vie, après on avait gagné 2-3-0 mais franchement c'est les plus beaux souvenirs avec les Lyons dans ta carrière si tu dois choisir tu préfères tes souvenirs avec les Lyons ? et pourtant j'ai eu mes plus grosses blessures, je me suis fait les croiser en équipe nationale contre le Liberia j'ai eu mes grosses blessures avec l'équipe nationale mais les émotions que j'ai ressenties H0, sans signe nulle part ailleurs. C'est même à ce moment-là que je me suis dit, dès que j'arrête ma carrière, je vais m'installer ici. Dès le départ, je me suis dit, ça,

  • Speaker #1

    ici, je suis chez moi.

  • Speaker #0

    C'est à la maison. Ici, je vis. Ici, j'ai envie de me battre pour ces gens-là. J'ai envie, une fois que je vais arrêter le football, de créer certaines choses. Ici, c'est chez moi. C'est vraiment l'équipe nationale pour moi.

  • Speaker #1

    Ça a solidifié encore plus la relation avec le Sénégal.

  • Speaker #0

    100 fois. Et puis, l'amour des gens. Tu sais, quand les gens te rendent ce que toi, leur donnent, ça, ça n'a pas de prix.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Ça n'a pas de prix.

  • Speaker #1

    Donc, toi après, tu repars en Angleterre. Tu fais combien d'années en Angleterre ?

  • Speaker #0

    J'ai fait 10 ans.

  • Speaker #1

    10 ans en Angleterre.

  • Speaker #0

    10 ans en première ligue. Wow. De mes 22-23 jusqu'à 33 ans. J'ai fait un petit passage par l'Écosse, au Celtic. Et j'avais un de mes entraîneurs là qui était parti au Celtic. Moi, je suis quelqu'un qui aime voyager. Et j'ai eu pas mal de blessures. Un moment, quand j'étais à Fulham, j'ai arrêté pendant 8 mois, 10 mois. Et j'avais besoin de reprendre du temps de jeu. Et donc, j'avais mon entraîneur Tony Bobway qui était parti du côté du Celtic. Et je suis parti un an au Celtic. Ouais, extraordinaire aussi.

  • Speaker #1

    Et donc, après l'Angleterre, est-ce que tu vas dans un autre championnat ?

  • Speaker #0

    En fait, moi, voilà. Moi, j'avais 33 ans. Donc, j'ai fait 10 ans et tout ça. Et après, j'étais en fin de contrat. Donc, j'avais ou l'opportunité d'aller dans les pays du golf. À l'époque, il y avait les pays du golf qui... qui était Dubaï et Consor donc j'avais reçu une offre là-bas et puis après j'ai eu un club j'ai un club turc et moi à 33 ans j'avais encore envie de jouer ouais je me suis dit c'est bien d'aller à Dubaï et Consor mais où est-ce que je peux me rapprocher de ma religion ? Parce que si moi, je suis quelqu'un d'assez religieux...

  • Speaker #1

    Ouais, non, on va y venir sur ce sujet-là.

  • Speaker #0

    Pour moi, j'avais besoin de découvrir autre chose et je me suis dit, ah, la Turquie, ouais. Et à ce moment-là aussi, il y avait Dembaba, Moussa So, Isardia, Doudou Jacques Fatih. Il y avait une petite communauté sénégalaise là-bas et ils me disaient, c'est la Turquie qu'on sort. Et donc, je suis parti trois ans, j'ai fait trois ans à Eskişir.

  • Speaker #1

    Les supporters turcs, ça doit être quelque chose. Non,

  • Speaker #0

    c'est la Turquie. moi en fait c'est ça que j'aime le football pour moi c'est la passion j'ai toujours aimé ce côté sulfureux des ambiances de malade après quand tu joues Fenerbahce Galatasaray Peshikta ça doit être une folie les stades là-bas quand c'est des gros derbis non même nous franchement on est arrivé là-bas Eskichir c'était un bon petit club C'était un bon club qui se maintenait. En deux ou trois ans, on a fait de très bonnes chances de qualifier en Coupe d'Europe. On a fini cinquième. On a fait des préliminaires de barrage pour jouer l'Europa League contre Marseille. Donc vraiment, là-bas, ma première année, j'ai mis 15 buts. J'avais 33 ans. Donc non, franchement, j'ai super expérience de vie à la Turquie.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu avais une célébration ?

  • Speaker #0

    Oui, moi, c'était ça.

  • Speaker #1

    La folie.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Tu vois, même avec... Alors ma femme, son plus grand rêve, c'est de courir et de sauter sur les genoux et de glisser. C'est-à-dire qu'à chaque fois qu'elle voit cette célébration d'un joueur de foot, elle se dit mais ça doit être une sensation quand tu fais ça, que tu as un stade qui crie parce que tu as marqué et que tu glisses dans le truc à chaque fois.

  • Speaker #0

    L'adrénaline, tu sais marquer. Moi, des fois, c'est ça qui me manque. Oui, j'imagine. Ce n'est pas deux jours.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu en rêves ? Ça, c'est une question que je me pose. Maintenant, tu n'es plus dans la carrière, tu ne joues plus. Mais est-ce que ça t'arrive quand tu dors de re-réveiller quand tu as marqué un peu plus ?

  • Speaker #0

    Non, en fait, c'est le... l'émotion, la sensation. Le sport, en fait, c'est transmettre des émotions et des sensations. Et en fait, ça, tu le vis. Pour moi, il n'y a pas plus beau que marquer un but. Marquer un but dans les dernières minutes. Par exemple, quand Sadio marque le but contre l'Égypte. Oui,

  • Speaker #1

    non. Le niveau de pression, je n'imagine pas, mais le niveau de délivrance,

  • Speaker #0

    quand tu le mets. C'est ça. À la dernière minute, tu marques des buts extra-hauts. Des recours. Franchement, c'est... Et moi, ma salubration, parce qu'à l'époque, quand j'étais en Angleterre, j'ai eu pas mal d'offres et après je m'étais cassé le métatars en fait mon président moi c'est ce que j'ai malheureusement très souvent eu dans mes dans mes clubs les présidents ne voulait pas me laisser partir ah ouais attaché à l'eau était souvent attaché à moi en fait j'ai souvent eu des offres et je devais partir à moi je devais partir au pg ça s'est pas fait je vais partir à bordeaux c'est pas fait je devais partir au milan c'est parfait si tu avais joué au pg non ça c'était mon rêve c'est ça que j'avais dit à ça qu'il manque non je te jure

  • Speaker #1

    C'est pas trop tard.

  • Speaker #0

    Non. J'ai failli, mais malheureusement, ça ne s'est pas fait. Et en fait, mon président, à l'époque, quand j'étais à West Brom, pendant la période du Mercato, il ne m'a pas laissé partir. Et après, il me disait non, entraîne-toi et ceci, cela, le temps qu'on trouve. Et quand je m'entraîne, je me casse, je me fais une blessure au métatars et je suis absent trois mois. Et donc, en fait, il m'a empêché de partir où je voulais.

  • Speaker #1

    OK.

  • Speaker #0

    Et donc, en fait, ça, je l'ai très mal vécu. Et le premier match où je suis revenu, on jouait West Bromleitz, je rentre, après trois mois de blessure, et on gagne 4-2, je marque deux buts. Et dès que je marque, je vais voir le président et je lui fais comme ça. Je t'ai fâché avec lui. Je lui ai dit, mais toi, t'es... je lui ai dit toi t'es fou et en fait lui il l'a mal pris deuxième match deuxième but je vais le voir et je lui ai dit encore t'es fou et lui il savait que c'était pour lui le week-end d'après je marque encore deux buts et après je me suis dit ah ouais ça c'est ça c'est ma célébration et après elle

  • Speaker #1

    est restée comme ça mais c'est fou ce que tu dis parce que tu vois pareil nous grand public on se rend pas compte de tout ce qui est politique dans le jeu et tu vois je pense que tu marques Et toi,

  • Speaker #0

    tu vas provoquer ton directeur. Je lui dis, t'es fou. Et en fait, c'est comme ça, ça me... Tu sais, l'adrénaline, on sort.

  • Speaker #1

    Comment, à ce moment-là, tu marques ? Et là, ta première réaction, c'est pas, je vais voir les supporters. C'est, je vais te montrer que...

  • Speaker #0

    Voilà, voilà. Mais en fait, c'est pour ça que le football, c'est beau. Je me rappelle aussi un jour d'une célébration d'Ade Bayor. Tu te rappelles quand il était parti du coach.

  • Speaker #1

    Il a ru tout le terrain pour aller voir les anciens supporters.

  • Speaker #0

    En fait, des fois, là, tu...

  • Speaker #1

    T'as folie.

  • Speaker #0

    Le sang monte au cerveau et tu réfléchis plus. C'est ça aussi qui est beau. Ça fait partie du sport de haut niveau.

  • Speaker #1

    Donc, tu finis ta carrière de footballeur en Turquie.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Et avant d'arriver à la suite, après ta carrière de footballeur, ça c'est une des questions fortes pour moi pendant notre discussion. À quel moment tu embrasses l'islam dans ta vie ? Parce que pour les gens qui te suivent, pour les gens qui te connaissent, Tu es quelqu'un qui fait beaucoup de rappels, qui est très engagé, qui défend les valeurs de cette religion énormément, qui va souvent faire des pèlerinages et tout, et qui transmet de très beaux messages par rapport à notre religion. Mais en tant qu'enfant métisse, comme tu l'as dit tout à l'heure, tu as la maman qui est catholique, le papa musulman. Est-ce que toi, tu découvres ta religion très jeune ou c'est plus un peu comme moi, moi dans l'adolescence. Moi, c'est dans l'adolescence, je vais dire fin d'adolescence, 18 ans, 19 ans, que je me dis que je me considère musulman, je suis musulman et je veux embrasser cette religion-là. Comment toi, ça arrive dans ta vie ?

  • Speaker #0

    Pour moi, c'est très simple. Tu sais, même dans la religion musulmane, on dit que c'est le papa qui transmet la religion. Donc moi, je n'ai musulman, je ne suis pas quelqu'un qui me suis converti ou moi, Ma maman m'a initié au christianisme. Non, mon père. Vous êtes musulman,

  • Speaker #1

    mes enfants seront musulmans. Voilà. D'accord.

  • Speaker #0

    Donc il y a eu tout le temps cette tolérance-là, que ce soit ma soeur, mon petit frère. On ne mange pas de porc, on est musulmans. Notre maman, elle respecte ça. Donc ça, c'est le papa. Et après, il y a différence entre être musulman et pratiquant. Donc ça veut dire que moi, je grandis un peu comme tous les enfants. Tu pries, tu ne pries pas, tu fais des trucs à gauche, ton adolescence et tout ça. Moi où j'ai vraiment commencé à me rapprocher de l'islam, c'est vers les coups de 16-17 ans. Même mes voyages ici au Sénégal me faisaient du bien. Et j'ai toujours eu cette... Par contre, j'ai toujours eu beaucoup de tolérance envers tout. toutes les religions. Moi, j'ai toujours eu ce cheminement spirituel de comprendre pourquoi tu faisais les choses. Et pour moi, l'islam, c'est juste la continuité du judaïsme, du christianisme, et ensuite, tu arrives à l'islam. Donc, en fait, pour moi, c'est quelque chose de très logique. Et après, ma pratique, elle a été... Elle a augmenté au fil des ans. Et puis, moi, je pense que la religion, c'est quelque chose de très personnel. Mais dans le monde dans lequel on vit actuellement, on dénigre tellement... l'islam que moi je me dis c'est important qu'on véhicule certaines paroles et que nous personnes des médias ou personnes un peu un peu du pouvoir public on puisse apporter une autre image et véhiculer certaines paroles qui font qu'elles vont contrecarrer ce que les médias populaires et tout et c'est la même image de non moi je suis quelqu'un je vais pas mettre en avant ma religion ou ma pratique point Mais je me suis dit, et en fait, ça, c'est un de mes premiers voyages que j'ai fait à la Mecque. En fait, moi, je suis parti très jeune à la Mecque faire ma première Oumra. Parce que nous-mêmes, dans l'équipe nationale sénégale, on était une petite communauté où on était quand même pas mal religieux. Donc, moi, ma première Oumra, je l'ai fait, j'avais 23 ans. à différence d'autres jeunes qui aiment se dire moi tiens j'ai 22-23 ans je vais aller non moi je me suis dit Dieu m'a beaucoup donné il m'a permis de réaliser mon plus grand rêve d'aider ma famille donc on est parti d'Embaba, Moussasso Issiardia, Jacques Fatih il y avait à l'époque Djibril Sidibé aussi qui était en équipe de France, on est parti à 6 et on a fait la première Oumra à 23 ans, et donc ça ça m'a beaucoup ouvert l'esprit sur comment me comporter en communauté quelle était l'importance d'être un sportif de haut niveau parce que grâce à Dieu on a réussi à rencontrer Cher Soudaïs pour ceux qui ne le connaissent pas c'est l'imam de la Mecque c'est un des plus grands récitateurs au monde, c'est comme si dans le football ... si vous croisez Cristiano Ronaldo ou Messi. Donc lui, pour avoir audience avec lui, c'est...

  • Speaker #1

    C'est extraordinaire.

  • Speaker #0

    Très, très compliqué. Et donc, il y a un grand frère qui s'appelle Abdel Rachid, un ancien footballeur qui s'est converti. Lui, il avait pas mal de connaissances là-bas. On a réussi à rencontrer l'imam de la Mecque. Et en fait, lui, il nous a donné deux conseils. Donc, on était là, on a dit, cher, est-ce que tu peux... Il a dit, le premier conseil que je vous donne, c'est accueillir toujours les gens avec un visage souriant. Lui, tu le vois, c'est une lumière. Tu sais, quand il arrive à la mer, quand il va faire ses... Il a des gardes du corps, c'est une personnalité, mais l'aura qu'il dégage... Et tu sais, beaucoup de gens disent dans l'islam, les gens sont fermés. L'islam, c'est... Assalamu alaikum, c'est que la paix soit pour toi. L'islam, c'est une religion de paix. Ceux qui veulent essayer...

  • Speaker #1

    La diaboliser, de toute façon, oui.

  • Speaker #0

    C'est la paix. Donc, lui nous a dit, première des choses, visage souriant. Parce que les gens, ils vous lisent, ils vous regardent. Si tu as le visage fermé, directement, tu peux... éloigner des gens de la religion. Et le deuxième conseil, il a dit le bon comportement. Il a dit, et un comportement parce que les gens, ils lisent pas le Coran, ils vous lisent vous. Ils disent que c'est toi le musulman. Regarde comment tu vas te comporter. Il dit, vous, en tant que footballeur, vous êtes des ambassadeurs de la religion. Donc essayez toujours d'avoir un bon comportement. C'est pas par la parole, c'est par ce que vous faites. Les gens, ils vous lisent vous. Et moi, c'est quelque chose qui m'a marqué. Je me suis dit, ah, quand même, il va toujours falloir essayer d'avoir un comportement bon. en adéquation avec nos paroles. Et même des fois, sans parler, les gens vont te regarder. C'est comme tes enfants. Toi, tu as des enfants. Les enfants, ils sont beaucoup dans le mimétisme. Ils ne sont pas là. Tu ne parles pas, tu vas faire ta prière. Ton fils ou ta fille vont venir, elle va prier.

  • Speaker #1

    Effectivement.

  • Speaker #0

    Donc, moi, j'ai toujours eu un peu ce côté spirituel. Et après, j'ai fait quatre ou cinq ou moins. Et l'année dernière, grâce à Dieu, j'ai pu faire mon hajj. Donc, ça, c'était le maximum.

  • Speaker #1

    Et c'est fort, comme tu dis, qu'à 23 ans, surtout quand tu es dans... ce milieu-là, d'être conscient et de ne pas être attiré justement par la pas des lumières de l'autre côté, de la célébrité et tout, et de te dire que j'ai une conscience, j'ai une responsabilité vis-à-vis de l'opportunité que Dieu m'a donnée et je me dois de saisir cette opportunité et de... et de faire au mieux avec la chance que j'ai pour apporter aux autres. Et donc, tu finis ta carrière de footballeur. Quand tu finis, est-ce que tu as déjà la vision de ce que tu fais actuellement ? On va y venir, c'est-à-dire le développement de jeunes, création de centres de formation et tout. Ou est-ce que c'est quelque chose que, quand tu finis ta carrière, tu t'arrêtes et tu te dis après, je vais voir ce que je vais faire ? Ou c'est quelque chose qui est déjà visualisé ?

  • Speaker #0

    En fait, moi, c'est exact. Moi, je vis dans l'instant présent. C'est bien de préparer, mais c'est bien de ne pas trop se projeter. Parce qu'aujourd'hui, on est là.

  • Speaker #1

    Exactement, on n'a aucune garantie.

  • Speaker #0

    Donc moi, en fait, dans ma structuration, je me suis dit que je vais me marier aussi très jeune. D'accord. C'était parce que... comme tu l'as dit, les strass, paillettes, tu peux très, très rapidement te perdre. Ça veut dire que chaque âge a ses plaisirs, mais à un certain moment, il faut savoir dans quelle direction tu vas aller. Donc moi, la femme avec qui j'étais très jeune, je ne me suis pas dit, ah ben maintenant, c'était difficile quand on était en bas. Une fois que j'arrive en haut...

  • Speaker #1

    Allez, salut ! Non, non.

  • Speaker #0

    Dans la vie, il faut être reconnaissant. C'est ce que j'inculque également aux jeunes avec qui on travaille. C'est que ceux qui t'ont aidé ou ceux qui t'ont soutenu, quand c'était compliqué, c'est eux les premiers qui doivent être bénéficiaires de ta réussite. Et donc moi, j'ai décidé à 22-23 ans déjà, je me suis marié. Et après, j'ai fondé ma famille. Donc ce socle familial, ça m'a beaucoup permis d'avancer. Je te le dis, même si aujourd'hui, je n'aurais pas eu ma femme, il y a beaucoup d'erreurs que j'aurais faites. Et donc, nous, qu'est-ce qu'on a décidé ? On a... on a décidé d'avoir un certain capital. Et à la fin, parce que tu ne sais jamais où est-ce que tu vas finir les opportunités de vie et qu'on sort, moi, j'ai arrêté à 35 ans. Et ça, à 35 ans, je me suis dit, bon, maintenant, voilà, on a un petit peu capitalisé. Qu'est-ce qu'on va faire ? Donc, c'est venu au fur et à mesure, mais c'est pareil. Je me suis dit... Il y en a par exemple qui vont se projeter. Aujourd'hui, on peut voir Abib Bey, par exemple, entraîneur. Lui, il a toujours eu l'âme d'entraîneur. Abib, même quand on était en équipe nationale, il prenait ses notes. Il a toujours Omar Dhaf paré. Donc, ils avaient vraiment cette fibre-là. j'avais beaucoup plus la fibre fondation je voulais être vraiment dans le social je me suis dit s'il faut que je fasse quelque chose c'est dans l'impact social voilà parce que j'ai beaucoup travaillé ici avec l'Empire des Enfants avec SOS Enfants donc j'ai toujours eu ce côté de give back ça veut dire que Dieu il m'a donné quelque chose comment je vais pouvoir le rendre parce que mon papa il me disait une chose très souvent il m'a dit le plus important dans la vie c'est pas que que tu aies réussi à être footballeur professionnel. Le bon Dieu ne va pas te dire, voilà aujourd'hui, il va te dire, qu'est-ce que tu as fait de ta notoriété ? C'est ça. Voilà.

  • Speaker #1

    Tu seras jugé sur tes actes.

  • Speaker #0

    Ce n'est pas sur combien de... On dit, oui, tu as gagné le Ballon d'Or, tu as gagné la Ligue des Champs. OK. Bon, maintenant, comment tu mets ta notoriété au service de la communauté ? Dieu va te dire, j'ai donné cet argent, qu'est-ce que tu as fait avec cet argent ? Tu avais l'opportunité d'être impactant sur les jeunes. Est-ce que tu as été impactant sur les jeunes ? Donc nous, en 2015, quand j'arrête ma carrière, avec mon épouse, Un terrain ici, on avait notre maison, on a dit à Dieu, on prend les bagages, on prend les enfants et on rentre en Afrique.

  • Speaker #1

    Masha'Allah. J'ai une question. Finalement, ton bac à 17 ans, tu l'as passé ?

  • Speaker #0

    Non, je ne l'ai pas passé.

  • Speaker #1

    Parce que ma question, c'est quand tu finis à 35 ans, est-ce que ta maman dit bon ? Maintenant, ça y est, tu le passes le bac ?

  • Speaker #0

    Je suis le seul de la famille qui n'a pas eu son diplôme. On rigole avec mon frère et ma sœur, mais bon, on a eu le diplôme de la vie.

  • Speaker #1

    Exactement. Donc, tu rentres au Sénégal avec ta famille. Ta femme, elle est sénégalaise ?

  • Speaker #0

    Ma femme, elle est mauricienne réunionnaise.

  • Speaker #1

    Mauricienne réunionnaise, ok. Les enfants, ils doivent être magnifiques. MashaAllah.

  • Speaker #0

    Elles sont pas mal.

  • Speaker #1

    Mais elle, elle connaissait le Sénégal de venir avec toi.

  • Speaker #0

    Oui, on venait en fait. Elle m'a suivi et elle, c'est pareil. Tu sais, quand tu commences à voyager, au départ... Paris, tu as des grandes lumières. Et là, Paris, c'est magnifique. Mais quand tu commences à sortir, tu te dis que non, tu ne peux pas vivre à Paris. Tu vas à Londres. Londres et Paris, c'est deux mentalités qui sont complètement différentes. Moi, j'ai vécu à Rome, j'ai vécu à Istanbul, j'ai vécu à Ankara. j'ai fait à peu près tous les pays du monde même à la fin de ma carrière j'ai même joué en Inde trois mois oui c'est vrai j'avais vu ça parce qu'en fait quand je rentre au Sénégal moi je suis quelqu'un quand même je fais attention je m'entraîne et tout ça et à l'époque il y a un agent Bruno Satin il me dit mais Diomansi pourquoi t'arrêtes de jouer tu peux encore tu peux encore, je dis non mais t'as vu moi ça y est c'est bon je vais rentrer dans le monde des affaires et qu'on sort et je me dis non on est en train de lancer une ligue avec Olivier Dacourt et tout ça, il y a Très Aigué il y a Nelka, il y a Consor il y a une draft, ça peut être sympa, et moi j'aime voyager en fait je trouve que découvrir des cultures c'est bien de jouer au foot mais c'est bien aussi de voir les choses à Ausha droite donc je pars en Inde Je laisse ma femme et mes filles ici et je pars en un de quatre mois. Donc après, une fois qu'on ferme cette parenthèse, tu sais ce qui est très important, c'est que dans ta structure familiale, c'est qu'il faut que ton épouse, elle soit bien quelque part. Parce que moi, je suis quelqu'un qui voyage beaucoup. Donc je lui ai dit...

  • Speaker #1

    Où est-ce que tu te sens bien ?

  • Speaker #0

    Voilà. Et elle, dès le départ, elle m'a dit, moi je me sens bien au Sénégal. Ah ça va. Donc on a dit, si c'est le Sénégal, alors on avait déjà notre maison. On a dit, allez, on rentre au Sénégal. On avait ce projet de faire un immeuble pour sécuriser nos investissements et également travailler dans le football et dans le social. C'est ça,

  • Speaker #1

    parce qu'aujourd'hui, maintenant, tu travailles beaucoup, toujours dans le football, mais beaucoup avec des jeunes aujourd'hui. Si je ne dis pas de bêtises, tu as monté une école qui est au Mali.

  • Speaker #0

    Tout à fait.

  • Speaker #1

    Exactement. Depuis combien de temps cette école existe ?

  • Speaker #0

    En fait, le concept... Moi j'ai travaillé avec mon agent, lui c'était un malien. Il m'a donné l'opportunité, donc pendant 20 ans on a cheminé et à la fin on a dit erreur. créant notre propre école de football. Parce qu'on voyait, en fait, moi, c'est ce qui me dérangeait, c'est que je voyais qu'il y avait beaucoup de talent en Afrique, mais les gens, ils venaient trop l'exploiter. Ça veut dire qu'aujourd'hui, on pouvait former un jeune et les Européens venaient et ils payaient des cacahuètes pour prendre nos jeunes. Et surtout, la... La qualité aussi de l'enseignement, elle n'était pas au niveau que moi je...

  • Speaker #1

    Que tu avais connu.

  • Speaker #0

    Que j'avais connu. Donc je me suis dit, viens on crée une académie ici pour pouvoir aujourd'hui rendre au football ce que le football m'a donné. C'est-à-dire que moi j'ai réussi, j'ai vu que ça a été un ascenseur social pour moi. Au lieu de créer une fondation où je travaille avec les jeunes, je vais mettre un projet global, football, éthique, et on crée notre structure. Et comme on avait les personnes ressources directement sur place, parce que ce qui fait... fait le projet, c'est pas l'argent. Il y a beaucoup de gens qui se disent tiens, j'ai investi de l'argent. Non.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as les bonnes personnes pour construire, mener ce projet ?

  • Speaker #0

    Parce que quand la barque va tanguer, il faut que tu aies des personnes solides. Et nous, on avait vraiment ces personnes-là qui étaient directement au Mali. Et c'est pour ça qu'on a appelé notre projet Afrique Football Elite. Parce qu'on ne le situe pas dans un lieu, mais dans un espace-temps. Ça veut dire que c'est au Mali, mais avec la vision de se dire qu'on va prendre les meilleurs de la Côte d'Ivoire, du Mali et du Sénégal, et Et en agrandissant, on va créer des petites surcursales, une plus tard au Sénégal et une plus tard au Côte d'Ivoire. Donc, c'est vraiment un projet panafricain fait par des personnes panafricaines parce que tout notre staff est pratiquement ivoirien. Les fondateurs sont maliens et sénégalais. Et ça prouve que l'Afrique unie, on est capable de pouvoir faire vraiment des très belles choses. Et ça, on me l'a dit, oui, mais John Mansi, pourquoi tu n'as pas créé ça au Sénégal ? J'ai dit, nul n'est prophète dans son pays. Pour moi, le but, c'est de montrer que moi, je travaille pour la jeunesse africaine. Je ne travaille pas pour un pays. Pour moi, les frontières, c'est... Avant, le Sénégal, c'était l'empire du monde dingue. Si on connaît vraiment l'histoire de l'Afrique, aujourd'hui, on a mis des barrières. On se dit, on se fait la guerre entre les Maliens, les Sénégalais. Non, nous, on est Africains. Ça veut dire que moi, ça me fait plaisir de représenter, quand je vais dans un club, un petit Ivoirien, un petit Sénégalais, un petit Malien. Bien évidemment qu'on a envie de développer notre pays. Mais le pays, le développement du pays, ce n'est pas l'endroit où tu vas mettre ta base. C'est comment tu vas travailler ta société. ta structure pour après arriver à ce niveau-là. Et c'est comme ça notamment qu'après, j'ai découvert Nicolas Jackson avec lequel on a travaillé. Donc moi, j'ai vraiment une vision panafricaine de me dire que nous, les grands frères aujourd'hui, on va être là pour les protéger, pour avoir un enseignement de qualité et ensuite, pour venir chercher des jeunes chez nous, ça va coûter. parce que vous n'allez plus venir aujourd'hui piller nos ressources, venir prendre nos jeunes footballeurs, les amener là-bas. Et après,

  • Speaker #1

    c'est vous qui vous faites de l'argent sur eux.

  • Speaker #0

    Voilà, avec votre méthodologie. Donc nous, on est vraiment au début, au milieu et à la fin. On forme. On fait partir les joueurs. Moi, je n'aime pas dire vendre. On les fait partir et ensuite, on les accompagne.

  • Speaker #1

    Et surtout, vous les accompagnez énormément parce que pour suivre un petit peu ton contenu, ce que tu fais, j'ai vu que le pauvre Nicolas Jackson a subi énormément de critiques en début de saison et en fin de saison dernière, début de saison. Et j'ai vu comment tu as pris régulièrement la parole, régulièrement la parole pour le défendre, régulièrement la parole pour critiquer un petit peu ces médias. qui était prêt à le descendre tout de suite sur la place publique pour vendre des gros titres, vendre des trucs. Et aujourd'hui, quand on voit les performances qu'il fait en ce moment, plus personne ne dit rien. Et moi, j'ai trouvé ça vraiment fort de... C'est ça, que tu ne te laisses pas marcher sur les pieds et que tu crois en ce jeune que tu as découvert, tu crois en son potentiel, tu connais son potentiel. Et je trouve que lui-même, ça doit le galvaniser de dire que...

  • Speaker #0

    Mon grand frère, là, il est avec moi. Comme tu as dit, quand ça tombe, il est avec moi et il ne me laisse pas tomber.

  • Speaker #1

    Après, comme tu l'as dit tout à l'heure, il y a quelque chose, c'est aujourd'hui les réseaux. Ça a un impact tellement néfaste. Tout le monde aujourd'hui peut parler, dire tout et n'importe quoi. Et tant que pour moi ce sont les médias français ou les médias européens qui tombent sur nos jours africains, entre guillemets ça va pas me déranger. Mais quand c'est nos propres frères, c'est là où quand je vois par exemple un Obi-Mikael, la manière dont il s'est comporté en essayant de descendre le petit, c'est là où moi ça me fait mal. c'est pour ça par exemple que moi j'avais décidé aussi de travailler à Canal+, en tant que consultant, pour que nos voix portent, qui parle pour nous, qui parle pour nos joueurs. Moi j'aime bien le football et les concerts mais à un moment c'est ce qu'on s'est dit avec les Patrick Mboma, avec les Fousey Diawara, avec les… les Kabaddi Awara, il faut qu'on soit dans les médias. Il faut que les gens nous entendent. Il faut qu'on puisse faire barrière. Parce que si tu les laisses, ils vont pouvoir dire tout et n'importe quoi. Et moi, c'est pour ça que, quand je travaille à Canal+, Afrique, c'est pas pour me dire, voilà, aujourd'hui, je suis content. Non, notre voix va compter. S'il faut qu'on puisse protéger nos jeunes, on va également le dire avec notre vision, avec notre pragmatisme. Et Nicolas Jackson, c'est quelqu'un qui a reçu beaucoup de critiques.

  • Speaker #0

    Énormément.

  • Speaker #1

    Moi, je l'ai connu, il était au village. Jackson. La première fois que je l'ai vu, j'ai dit, ce petit, c'est un génie. il va faire de très grandes choses. Qui est sorti d'un village en Casamance en cinq ans à arriver à Chelsea. Donc, il a eu un parcours extraordinaire. Bien évidemment, il va faire des erreurs. Il y a encore quelques déchets techniques. Il doit s'améliorer. Ça, on n'en dit ce qu'on vient pas. Mais ce qu'il a réussi à faire en si peu de temps, c'est extraordinaire en fait. Tu vois un petit qui est passé du Casa à Villareal, de Villareal à Chelsea. Il a eu une ascension fulgurante. Et ces mêmes gens veulent nous expliquer que lui, il ne sait pas jouer au football ou qu'il n'est pas capable. capable de marquer des buts, alors que le petit, en même pas deux ou trois ans, il est déjà à 40 buts entre la Liga et la Première Ligue. Donc en fait, c'est de la méchanceté. C'est toujours avoir un regard qui est différent. Et moi, à ce moment-là, je me dis non, je ne peux pas te laisser. Donc c'est là où nous, les grands frères, on va prendre position avec toujours de l'objectivité. Parce que la critique positive, pour moi, elle est importante, même pour le footballeur. Tu as toujours une marge de progression. Mais être méchant pour méchant, pour moi, je ne peux pas laisser passer. Mais après, le plus important, par exemple, c'est... Nicolas Jackson, moi dans mon accompagnement c'est quel homme tu es en train de devenir. Quand je vois qu'il était dans des situations compliquées et qu'aujourd'hui il a acheté une maison à sa maman au Sénégal et qu'on était là dans cette situation. structure. Moi, c'est là où je suis fier. Et c'est là où je me dis, il est en train de donner le bon chemin. Quand il va dans son village et qu'il achète tout le matériel scolaire pour tous les enfants d'où il est issu, qu'il donne des sadakas, qu'il fait des réparations de mosquées, qu'il donne des sacs de riz, c'est là où je me dis ouais, on a réussi. Tout ce que vous dites. ça peut pas le toucher parce que moi c'est l'homme que t'es en train de devenir qui me fait comprendre que oui ce qu'on est en train de faire avec toi on est sur le beau chemin et on va continuer à les protéger et oui ils ont besoin d'avoir ce soutien de ces grands frères qui sont là Par exemple, Didier Drogba, il a pris la parole pour dire laisser Jackson. Moi aussi, quand je suis venu à Chelsea, c'était compliqué. Il a même pris son téléphone et il a parlé avec lui. On a parlé, Didier m'a dit, passe-moi le petit, je vais parler. A Debailleur, la même chose. A Debailleur, il m'a dit, il l'a appelé. et en fait il faut qu'on arrive à créer une coalition de se dire que non nous les Africains on doit être solidaires les uns avec les autres mais comment une personne par exemple aujourd'hui comme Obi Mikel qui est un grand, qui a fait énormément de choses pourquoi tu vas tomber sur le petit pour essayer de le descendre devant les autres non ça nous on peut pas l'accepter et on va toujours le combattre

  • Speaker #0

    C'est fort que quand même aujourd'hui tous en tant qu'anciens footballeurs vous ayez gardé quand même ce lien tous ensemble, tu vois vous avez été adversaires en équipe nationales, dans des clubs et tout. Mais aujourd'hui, on sent vraiment, comme tu le dis, un Didier Drobois qui t'appelle et tout, un débailleur qui t'appelle. Vous avez cette unité. J'ai l'impression quand on vous regarde un petit peu ensemble, dès qu'il y a des grandes compétitions et tout, on sent ce côté grande famille. Tu vois, quand on vous voit tous ensemble et tout. Et pour que le grand public aussi peut-être s'en rende compte, parce que comme tu dis, toi, quand tu vas pour être sur un plateau canal, excuse-moi, mais financièrement, t'en as pas besoin. c'est pas ça qui va te faire donc c'est vraiment que tu le fais parce que tu penses que c'est nécessaire que ta voix en tout cas que tu sois là pour défendre ces gens là et c'est pour ça que j'insiste beaucoup sur ça c'est pour que les gens comprennent que quand tu vas là-bas c'est parce que ça te tient à coeur et que t'as vraiment envie de défendre ces jeunes là et pour clore un petit peu notre discussion parce que je pourrais parler pendant des heures avec toi j'ai tellement de questions foot et tout et tout ça mais c'est quoi tes questions où tu te vois dans 5 ans ? Est-ce que tu te projettes à ce niveau-là déjà ? Ou est-ce que, comme tu disais tout à l'heure, tu préfères rester dans le... D to D, au pire, tu vois sur six mois, mais tu ne veux pas aller aussi loin et tu avances. Comment tu avances ?

  • Speaker #1

    Déjà, se répondre sur la question de ce qu'on a réussi à créer entre les adversaires d'hier et aujourd'hui, les ramifications où vraiment... On est comme des frères. Ça veut dire qu'aujourd'hui, que ce soit Djedji Ausha, Adé Bayor, Samuel Eto'o, Djedrogba, toutes les légendes du football africain, on a un grand frère qui s'appelle Anthony Bafoué, qui est lui au Ghana. Moi, j'ai travaillé à la CAF en tant que THD, Technical Study Group. En fait, j'étais rentré pour amener mon expertise sur le football africain et comprendre quelles étaient les problématiques et comment on pourrait être impactant sur le développement du football africain. Donc, j'ai travaillé pendant quatre ans là-bas. et en fait lui il a créé un petit organisme qui s'appelle les légendes du football africain et c'est à ce moment là qu'il les a tous réunis il a dit attendez à un moment nous il faut qu'on fasse bloc il y a le Varieté Club de France ils font pourquoi nous l'Afrique on réfléchirait pas en une seule et même voix et il a créé cette petite association qui s'appelle les légendes du football africain c'est pour ça que tu nous vois très fréquemment faire des matchs de football ou quand il y a des grandes cérémonies à la CAF il faut qu'on sorte tous les anciens footers parce qu'on dit il y a les politiques mais en fait qui sont les vrais acteurs ? Les vrais acteurs sont les joueurs. Et on avait écarté les joueurs de cette petite... Mais c'est un peu ce petit engrenage, parce que le joueur, lui, il va toujours regarder l'intérêt du footballeur. On n'est pas dans des histoires de... Oui, non, non, non, on voit... Non, l'important, c'est comment on peut faire pour que nos petits frères, aujourd'hui, puissent récolter ce que nous, on avait sommé. Parce qu'en réalité, nous, on est des éclaireurs. Nous, on est partis là-bas, on a ouvert la voie. Maintenant, ce que nous, on a fait, ça doit servir à... à nos petits frères et c'est pour ça que moi des fois je n'arrive pas à comprendre que certains ne veulent pas que les petits soient meilleurs que nous oui à notre époque mais nous c'est fini notre temps il est passé moi aujourd'hui si je vois un Jackson il est à Chelsea mais c'est là où j'ai réussi avec ce que j'ai réussi à faire je suis là les petits conformes ils sont là mais après dans 10 ans il faut que d'autres petits soient là il faut que c'est pas normal qu'aujourd'hui dans le football un George Weah on ait qu'un seul ballon d'or africain un ballon d'or surtout les talents à Yaya Touré mériter un Samuel Hunt, un Drogba, non. Donc ça veut dire que nous, on doit viser l'excellence petit à petit, petit à petit, petit à petit. Et c'est pour ça que tout à l'heure, quand on disait qu'on a fait une coalition, on a fait une coalition, on va être beaucoup plus forts tous ensemble. Ça, c'était le premier point. Sur le deuxième point de Canal+. Regardez un Abibé. Abibé, quand il va sur les plateaux télé, il ne se démonte pas. Quand je vais sur un plateau télé, je ne me remonte pas. On ne va pas se démonter. Pourquoi ? Parce qu'on a eu la même réalité que vous. On a joué dans les mêmes championnats que vous. On a eu les mêmes titres que vous. Vous avez fait des Coupes du Monde, Coupe d'Afrique, Coupe d'Europe. Ça veut dire qu'on a à égalité.

  • Speaker #0

    Ce que vous avez vécu, on l'a vécu.

  • Speaker #1

    Voilà. Et on a la chance qu'avec, normalement, Canal+, Afrique, qu'un grand directeur, Pierre Chodzek, qui lui donne la parole et nous dit ne vous bridez pas. Moi, à un moment, pourquoi j'ai fait l'émission droit dans les yeux ? On voit Sadio Mane, il fait des saisons extraordinaires, on a du mal à le placer dans le ballon d'or. Ça veut dire que on a un vrai problème d'archives. Et c'est ce que tu disais, on le disait même en off. Le Sénégal, il a été champion d'Afrique. Elles sont les images. Ce n'est pas possible. On doit vivre à travers ça. On doit se dire que nous, dans dix ans, regardez ce qu'ils ont fait les petits frères, regardez ce qu'a fait un Néla Djidjouf, regardez ce qu'a fait un Khalilou Fadiga, regardez ce qu'a fait un Sadio Mane. Mais on n'a pas d'archives. Donc, à un certain moment, il faut que nous aussi, on arrive à placer le curseur un peu plus haut dans les médias. C'est pour ça qu'aujourd'hui, ton podcast, il est trop intéressant. Non, mais c'est la réalité. Nous, on regarde. Moi, je me dis, Olivier, il est en train de donner de la force. Il donne la parole à ceux qu'on n'entend pas. Demain, un petit jeune va être à l'autre bout du monde. Allez, je vais sur YouTube. Je regarde. Ah ouais, ça, c'est inspirant. Nous, on doit être des inspirations. C'est pour ça, même ton T-shirt. On doit être des inspirations. On doit être inspiré de vous dire. Toi, tu vois, du moment où il est à la télé, moi aussi, je peux être à la télé. Il sait parler. Moi aussi, je vais apprendre à parler. On ne va pas se mettre... On ne va plus se minimiser. Nous, l'Africain, on est là. On va continuer à rêver grand et à avoir de grandes aspirations. Et après, comme tu le dis, tu disais sur où est-ce que je me vois, moi, je ne suis pas quelqu'un de politique. Il y a beaucoup de gens qui m'ont dit, ouais, John Monsi, on aimerait bien que tu sois président de la Fédération Sénégalaise de foot. Non. Moi, je peux travailler avec toi sans être dans les petits papiers. Moi, ça fait dix ans que, dès que j'ai arrêté ma carrière de football, je suis avec l'équipe nationale du Sénégal. Je parle tout le temps avec le président. J'ai un très bon rapport avec les joueurs. Moi, je me vois comme un... Moi, comme une petite fourmi. Moi, je suis un bosseur. Moi, j'aime le terrain. Ce que j'aime, c'est développer mon académie, être aux côtés des jeunes, avoir le... le plus, le plus, le plus, le plus de joueurs que j'arrive à faire sortir parce que à partir du moment où je fais sortir un joueur, je fais sortir toute sa famille.

  • Speaker #0

    Ah oui, et ça impacte toute une communauté.

  • Speaker #1

    Et donc moi, c'est... Moi, je serai toujours dans le milieu du football parce que le milieu du football, c'est ce qui me fait vibrer. Mais je me vois développer mon académie et je ne me verrai jamais dans des instances. J'avais la possibilité de travailler à la CAF, de travailler avec la Fédération, de rester dans les médias. Mais non, moi, mon cœur de métier, c'est...

  • Speaker #0

    Être sur le terrain, rencontrer les jeunes.

  • Speaker #1

    C'est être sur la terre, sur la boue, découvrir, rencontrer.

  • Speaker #0

    On le voit. C'est pour ça que j'insiste beaucoup. J'invite beaucoup vraiment les gens à te suivre sur les réseaux parce qu'on le voit. On te voit sur les... petits terrains en Côte d'Ivoire, dans les petits quartiers, en train de d'échanger avec les jeunes, de rencontrer ces jeunes. Et même, tu vois, même si ces jeunes-là ne sortent pas du quartier, le fait de te rencontrer, les gens... ne se rendent pas compte la bouffée d'air que ça peut leur faire de se dire, j'ai rencontré un joueur de football professionnel. Ils ne sont pas loin, ils sont là. Ça permet de visualiser pour ces jeunes et de leur donner. J'imagine quand tu leur racontes ton histoire et tout, ils doivent se dire, ok, il y a du travail. Et c'est ça surtout, leur faire comprendre qu'il y a énormément de travail pour devenir un joueur professionnel. Donc vraiment, chapeau, chapeau, chapeau pour tout ce que vous faites. Et donc... Je ne veux pas te retenir plus longtemps parce qu'à 1h40, on est dans les temps.

  • Speaker #1

    C'est bien, c'est un match de football.

  • Speaker #0

    On est dans les matchs de football. Mais en tout cas, c'est un énorme plaisir d'avoir pu échanger avec toi. J'attendais depuis longtemps cette conversation. Je suis encore plus fan de l'homme, tu vois, maintenant qu'on a discuté ensemble et que je connais un peu plus ton parcours. Parce que comme je te le disais en off, j'aime découvrir mes invités quand je leur parle. Je n'aime pas faire de travail de recherche et tout. Et quel parcours ? quel parcours de vie, quel parcours exceptionnel je te souhaite de continuer d'inspirer encore beaucoup de jeunes de nous aider à faire sortir des talents et quand je parle de talent je parle pas forcément même de joueurs, que ça soit peut-être un futur grand entraîneur un futur grand préparateur physique parce que souvent les gens quand ils pensent formation football ils pensent que aux joueurs mais il y a tellement de un ensemble, un écosystème à développer je te souhaite de continuer de rêver, grand et de nous faire rêver avec tous tes projets. Et en tout cas, merci énormément pour le temps que tu as pris de venir échanger avec nous. Je vous invite à aller surtout suivre Joe Manci sur ses réseaux. Allez lui donner de la force, allez voir tout ce qu'il fait et vous allez voir qu'il est hyper inspirant au quotidien. Ce n'est pas que dans la discussion, c'est au quotidien qu'il est inspirant. En tout cas, la team incroyable, je vous souhaite de passer un excellent dimanche et je vous dis à très vite pour un nouvel épisode.

  • Speaker #1

    Peace !

  • Speaker #0

    All Souls

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Enfance et mixité

    02:56

  • Premiers pas dans le foot

    09:44

  • Les débuts en Italie

    24:55

  • Le premier match professionnel

    31:15

  • Racisme & montée en Série A

    36:38

  • L’équipe nationale du Sénégal

    59:18

  • Sa célébration iconique & fin de carrière

    01:07:16

  • La place de l’Islam dans sa vie

    01:12:48

  • L’après football, son centre de formation

    01:19:14

  • Son engagement pour les joueurs africains

    01:27:52

  • Son ambition & projets à venir

    01:33:41

  • Conclusion

    01:39:59

Description


Quel est le secret d'un parcours de vie exceptionnel qui transforme le rêve d'un jeune footballeur en réalité ? Dans cet épisode captivant du OV Show, Olivier Vullierme reçoit Diomansy Kamara, un ancien footballeur professionnel d'origine sénégalaise, dont l'histoire inspire et motive. Ensemble, ils plongent dans le monde fascinant du football, un véritable ascenseur social pour Diomansy, qui a su naviguer à travers des clubs prestigieux en France, en Italie et en Angleterre, tout en portant fièrement les couleurs de l'équipe nationale du Sénégal.

Diomansy partage avec passion les défis et les triomphes de sa carrière, soulignant l'importance du travail acharné et de la détermination pour réussir dans le sport. Mais au-delà des terrains de football, il évoque son engagement profond envers sa communauté et son désir de redonner à la jeunesse. En parlant de son projet ambitieux de création d'une académie de football en Afrique, il met en lumière l'importance d'offrir aux jeunes talents non seulement une formation sportive de qualité, mais aussi une éducation qui les prépare à un avenir brillant.

Dans ce dialogue inspirant, Diomansy aborde également sa foi musulmane et son parcours spirituel, témoignant de l'impact de ces valeurs sur sa vie et sa carrière. Il aspire à transmettre des leçons de vie précieuses à la jeunesse, en soulignant la nécessité de solidarité entre les joueurs africains et l'importance de créer un environnement favorable pour les talents émergents. Cet épisode du OV Show est une véritable ode à l'inspiration, à la motivation et à l'entrepreneuriat, offrant des clés pour comprendre les secrets de réussite qui peuvent changer des vies.

Rejoignez-nous pour découvrir les histoires captivantes de Diomansy Kamara, un entrepreneur passionné du sport qui incarne le changement et l'espoir pour la diaspora africaine. Que vous soyez un jeune footballeur en herbe, un passionné de sport ou simplement en quête de motivation, cet épisode est fait pour vous. Ne manquez pas cette occasion unique d'apprendre des parcours de vie exceptionnels et de vous inspirer pour votre propre carrière. Écoutez le OV Show et laissez-vous motiver par les récits puissants de ceux qui ont osé rêver grand.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Donc moi, j'ai toujours vu le football comme un ascenseur social. J'ai toujours été celui qui me dit, j'attends ce moment. Il y en a qui le subissent, moi je le vis. Les choses s'obtiennent par le travail. Le talent, c'est bien, mais le talent ne suffit pas. Le plus beau souvenir, c'est avec les lumières. Les gens, ils ne lisent pas le Coran, ils vous lisent vous. Ils disent que c'est toi le musulman. Là, ce camarade-là est un cas.

  • Speaker #1

    Je reçois un homme de cœur, un homme qui fait bouger les choses pour le continent, un homme engagé, un sporer. Je reçois Monsieur Joe Mancini Camara dans les off-show. Bonjour, grand frère.

  • Speaker #0

    Elle est top.

  • Speaker #1

    Tu as vu, c'est histoire de se mettre dans le showtime, dans le showbiz, tu vois. Comment vas-tu ?

  • Speaker #0

    Ça va super et toi ?

  • Speaker #1

    En forme ?

  • Speaker #0

    Impeccable.

  • Speaker #1

    Bien installé ? Très,

  • Speaker #0

    très bien installé.

  • Speaker #1

    Alhamdoulilah. Alhamdoulilah. Déjà, merci d'être venu. parce que pour ceux qui ne savent pas, mais ça fait plusieurs fois qu'on se parle, qu'on essaye de coordonner, mais c'est dur de gérer beaucoup de choses et de trouver du temps, mais Alhamdoulilah, il a trouvé le temps, on est assis, on va discuter.

  • Speaker #0

    C'est un plaisir, franchement, c'est vrai qu'on s'est loupé pas mal de fois, mais j'ai suivi ce que tu faisais, c'était important pour moi aujourd'hui d'être présent et de pouvoir avoir cet échange.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, merci beaucoup. Et moi, c'est un honneur de te recevoir parce que je vais apprendre à connaître l'homme. qui est Diomo Sikamara. Et ça me fait énormément plaisir d'avoir cette discussion avec toi. Et pour te mettre tout de suite dans le bain, la première question que je pose à tous mes invités, c'est la question la plus dure du podcast. Après, tu verras, tout le reste, elle est facile. Mais la question la plus dure, c'est comment tu te présentes aujourd'hui à quelqu'un qui ne te connaît pas ?

  • Speaker #0

    Ah, ça, c'est toujours la chose la plus...

  • Speaker #1

    C'est vrai,

  • Speaker #0

    parce qu'il y a ce que les gens voient de toi, mais il y a ce que toi également, tu penses de ta personne. Moi, je pense que je suis quelqu'un de très humble et je me définis comme un enfant du continent. Ok. Voilà. Même si je suis né à Paris, j'ai grandi à Paris, mais aujourd'hui, voilà, issu de la mixité pour le papa sénégalais et la maman française, je me définis vraiment comme un, non pas un enfant du Sénégal, mais un enfant du continent africain.

  • Speaker #1

    Ouais. Ok. Parfait. Là, c'est bien placé. Ça a bien placé le cadre. Maintenant, on va pouvoir rentrer dans les stars. Comme tu dis, toi, tu es né, grandi à Paris.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait.

  • Speaker #1

    Comment c'était l'enfance de Diomo Asikamara ?

  • Speaker #0

    Non, une enfance un peu comme beaucoup d'enfants de la banlieue parisienne. Mon papa est issu de la Médina. Donc, il est parti quand il avait à peu près une vingtaine d'années. quelqu'un qui joue au foot. Donc, il est parti là-bas pour essayer de devenir footballeur professionnel.

  • Speaker #1

    Donc, le papa était footballeur.

  • Speaker #0

    Il a joué au Djarav. C'est quelqu'un qui a grandi ici avec la passion du football. Donc, il est parti en France très... jeune et c'est là où l'a rencontré ma maman et moi j'ai grandi en région parisienne avec ma grande soeur et mon petit frère donc voilà une enfance posée aimante avec des parents bienveillants et bien évidemment dans les quartiers populaires là

  • Speaker #1

    où il ya toutes les problématiques que l'on peut comprendre la question que je vais te poser c'est parce que en tant que métis je comprends un petit peu ça déjà c'était comment d'être métisse à cette époque-là, tu vois. Et est-ce que tu prends conscience très vite que tu es un petit peu différent des autres de par ton métissage ou du fait de ton entourage, il n'y avait pas de distinction ?

  • Speaker #0

    Non, mais moi, je suis né en 1980. Donc, il faut replacer les choses dans leur contexte. C'est aujourd'hui où on fait une différence de genre. Dire celui-là est métisse. Non, moi, j'ai grandi dans une mixité culturelle qui était hallucinante. Moi, ça n'a jamais été un problème, le métissage. J'ai grandi avec des Camerounais, des Guinéens, des Algériens, des Marocains, des Libanais, avec des Antillais. Donc en fait, on a toujours grandi dans cette mixité. Et au-delà de cela, même sur les aspects religieux. qu'aujourd'hui, il y a beaucoup de problèmes. Mais moi, j'ai grandi avec mes amis, ils étaient chrétiens, ils étaient musulmans, ils étaient juifs, il y avait des athées. Donc en fait, on a toujours grandi dans une mixité culturelle et sociale qui n'a jamais créé un problème. Donc moi, j'ai grandi vraiment avec aucun souci. Ma maman, elle était française chrétienne, mon papa, il était... sénégalais-musulmans. Et en fait, moi, j'ai eu vraiment les deux cultures et ça m'a permis aujourd'hui de me construire et d'avoir une vue d'ensemble beaucoup plus tolérante que certaines personnes.

  • Speaker #1

    C'est marrant parce que moi, c'est le contraire. C'est le papa qui est pensé, Chrétien, la maman qui est sénégalaise-musulmane. J'ai vécu dans le monde parallèle. Mais comme tu dis, je trouve aussi, c'est vrai que je pense que c'est cette génération de réseaux où tout le monde a la parole, tout le monde a le droit de parler, qui, justement, crée ces tensions, ces différences, ces regards. Et là, justement, comme tout le monde peut parler, mais tout le monde n'a pas la réflexion qu'il faut pour parler, tu as souvent des gens qui ne devraient pas parler, qui se permettent et qui créent ces trucs-là. Mais bon, jeunesse, bien. Est-ce que tu rentres dans le foot très vite jeune parce que le papa joue au foot ? Ou est-ce qu'il essaie de ne pas te mettre dedans et c'est toi qui y vas ?

  • Speaker #0

    Non, non, non. Après, moi, j'ai commencé à jouer à l'âge de 5-6 ans. Après, comme tous les gamins du quartier, on était en bas, on jouait. Moi, j'ai grandi à Gennevilliers, dans le 92, une banlieue parisienne. Donc non, non, le papa, c'est pas... Papa, c'est quelqu'un de bienveillant. Ce n'est pas quelqu'un qui pousse son enfant en disant « Aujourd'hui, je n'ai pas forcément fait la carrière que je souhaitais et je vais mettre une pression sur mon enfant, comme on peut le voir aujourd'hui avec le projet Mbappé. » On aura peut-être le temps d'en rediscuter. À l'époque même, le football ne brassait pas autant d'argent qu'aujourd'hui. Donc, la priorité était très souvent mise sur les études. On disait, voilà, il faut que tu aies ton bac, il faut que tu travailles bien à l'école. Et le football, c'était entre guillemets un petit peu secondaire, parce qu'on savait que c'était beaucoup d'appelés, très peu d'élus. Donc, en réalité, moi, j'ai eu une enfance où j'étais assez bon, très jeune, mais le papa ne m'a jamais poussé plus que cela. Par contre, il y a eu un accompagnement qui m'a permis après de pouvoir devenir footballeur professionnel, parce que ça, c'est quelque chose de très important d'avoir des personnes autour de soi qui vont te permettre de tirer le maximum de tes... de ton potentiel pour pouvoir atteindre tes objectifs. Donc de ce côté là, oui, le papa était bienveillant. On s'est beaucoup entraîné ensemble. Le samedi matin, il venait voir tous mes matchs. On a travaillé beaucoup sur les points à améliorer, mais je n'ai jamais ressenti la pression familiale pour me dire il faut que tu fasses carrière. C'est ça,

  • Speaker #1

    ça doit être des beaux souvenirs de s'entraîner avec son père.

  • Speaker #0

    C'était magnifique. C'est surtout le pied gauche. Moi, je me rappelle, c'est... Quand je suis devenu footballer, j'avais la faculté de pouvoir frapper aussi bien du pied droit que du pied gauche. Mais ça, c'est le papa. Dès que j'avais 10 ans, 11 ans, on allait au parc et il me disait « Allez Joe, il faut travailler ton pied gauche, il faut travailler ton pied gauche. » Donc j'ai beaucoup travaillé le pied gauche. Et ça, c'est des souvenirs qui me sont restés marqués, de comprendre que les choses s'obtiennent par le travail. Le talent, c'est bien, mais le talent ne suffit pas à atteindre ses objectifs. C'est vraiment être bosseur, travailleur qui vous permet d'arriver à vos ambitions.

  • Speaker #1

    et dans ta jeunesse est-ce que tu viens souvent au Sénégal ?

  • Speaker #0

    ouais mon premier voyage au Sénégal c'est quand j'avais 6 ans tu t'en souviens ?

  • Speaker #1

    ouais la première fois c'est tu t'en souviens tout le temps en fait moi je peux pas m'en souvenir parce que moi je suis né ici tu vois donc moi c'est différent parce que moi je quitte à 4 ans le Sénégal et c'est pour ça que moi c'est intéressant de voir comment toi Quand tu arrives la première fois, c'est quoi ton ressenti, tes souvenirs que tu as quand tu viens la première fois au Sénégal ?

  • Speaker #0

    Non, moi, c'est les odeurs. C'est le monde, les quartiers populaires. Comme j'ai dit, nous, on est originaire de la Médina. Nous, c'est famille, l'accueil, la bienveillance. Donc non, franchement, directement, on joue au football. Les gens sont dans la rue, on est là, on joue au football. Donc moi, mon premier voyage, j'avais 6 ans. Et de mes 6 à 18 ans, j'ai dû venir. 5-6 fois, on essaye de venir tous les 2 ans. Après, déplacer toute une famille,

  • Speaker #1

    ça coûte de l'argent.

  • Speaker #0

    Donc avec le papa, on essaie de venir tous les 2-3 ans minimum. Donc j'ai fait 5-6 voyages avant de venir à Paris. en équipe nationale. Et on faisait des longues périodes. On faisait des périodes de un mois et j'avais aussi, on a deux familles avec qui on était très proches. Une famille capverdienne, les Abalos, et une famille sénégalaise, un frère à moi, la Sana Dumbia. Et on essayait souvent de venir. ensemble et on faisait des... Un mois et demi, vous savez, quand on venait, on venait les vacances de juillet et je vais au août, je les passe pratiquement tout le temps ici. Donc j'étais beaucoup entre les parcelles à Sény et la Médina.

  • Speaker #1

    Donc de beaux souvenirs au Sénégal pendant les vacances.

  • Speaker #0

    Ouais, top.

  • Speaker #1

    Et donc, tu fais ton parcours scolaire. À quel moment le football devient plus sérieux ? À quel moment tu sens que, OK, j'ai peut-être des skills différents que les autres de mon âge et qu'il y a un potentiel de pouvoir peut-être faire une carrière ou peut-être faire quelque chose ?

  • Speaker #0

    Non, ça arrivait très jeune. Parce que moi, en fait, je jouais à Gennevilliers dans le club local qui s'appelait le CSMG à l'âge de 10 ans. Déjà, des recruteurs viennent à la maison pour que j'atteigne un centre de formation. Donc voilà, à 10 ans. Mais le papa disait que j'étais trop jeune. Donc il y a eu le PSG qui est venu, le Red Star et le Racing. C'était les clubs un peu phares de la région parisienne. Donc le papa m'a dit, à 10 ans, tu ne pars pas. On a tenté 12 ans et à 12 ans, on prendra la décision. Et donc, les trois recruteurs sont venus à la maison et on a décidé d'aller au Red Star. Parce qu'en fait, c'était le club qui était le moins loin et mon père ne voulait pas que je rentre en centre de formation. Il m'a dit, voilà, moi... je préfère t'accompagner, être à côté de toi, mais que t'aies quand même l'affection familiale et de pas juste aller dans le centre de formation. Donc à partir de l'âge de 12 ans, là je suis rentré au Red Star. Je faisais un sport études, mais j'étais pas en centre de formation comme les autres jeunes ont pu faire. par le passé.

  • Speaker #1

    J'avoue que ça, effectivement, tu gardes, parce que pour les gens qui ne se rendent pas compte, moi j'ai joué longtemps au basket. Donc moi, au contraire de toi, j'ai eu beaucoup de demandes de centres de formation, mes parents se sont toujours refusés. Donc déjà, ma première question c'est, comment toi t'as vécu de 10 ans à 12 ans, quand tu vois des recruteurs qui viennent, que tu sais que c'est ton rêve à ce moment-là de devenir footballeur, et qu'on te dit non, tu ne peux pas aller en centre de formation, et pour replacer pour les gens, quand tu vois... en centre de formation, c'est que tu vas du lundi au samedi, tu es au centre, tu t'entraînes tous les jours, tu manges au centre, tu dors au centre. De temps en temps, tu rentres à la maison si tu n'es pas trop loin le week-end. C'est ça,

  • Speaker #0

    tout à fait.

  • Speaker #1

    Mais pour ceux qui sont loin, tu ne rentres pas le week-end. Tu attends quand il y a des vacances scolaires, tu peux rentrer. Et pour ceux qui sont bons, même quand il y a des vacances scolaires, tu vas jouer en équipe régionale ou départementale. Donc, les gens qui ne se rendent pas compte que c'est des enfants... qui rentrent dans un engrenage où c'est non-stop. On te demande de la performance, de la performance, de la performance, très vite, très tôt et non-stop. Donc mentalement, sur des gamins, ça peut être beaucoup de pression. Et comme tu disais tout à l'heure, il y a très peu d'élus. Il y en a beaucoup qui veulent essayer, mais il y a très peu d'élus. Donc même la pression psychologique, moi je pense que c'est ça que mes parents avaient peur. C'est de se dire... Déjà, ils n'avaient pas confiance au niveau scolaire de ces centres-là, parce que mon père est prof de maths. Donc, ils avaient peur que quand tu sors, tu ne sois pas bon à l'école. Alors qu'en fait, aujourd'hui, on se rend compte qu'ils ont des très bons niveaux et qu'il y en a beaucoup qui deviennent kinés ou docteurs, qui se spécialisent dans la médecine du sport ou dans les activités du sport. Ils avaient peur de ça et ils avaient surtout peur de... Tu vas donner beaucoup de trucs, si tu as une blessure, si tu as quelque chose, après on te jette, quoi. Donc moi, c'est comment tu vis de 10 ans à 12 ans quand tu vois ces recruteurs venir et que finalement tu te rends compte que tu ne peux pas y aller. Et comment tu vis... justement, allez, maintenant que tu es au Red Star, qu'est-ce que ça t'a fait quand tu t'es essayé ? Là, je commence un objectif professionnel.

  • Speaker #0

    Non, c'est vrai que là, je vais revenir sur ce que tu as dit sur les centres de formation parce que les gens disent souvent, oui, les... les footballeurs, c'est des privilégiés, les footballeurs sont trop payés. Mais c'est vrai qu'il y a une statistique qui est sortie sur les dix dernières années. Sur 100 enfants qui rentrent en centre de formation, il n'y en a que deux ou trois qui deviennent footballeurs professionnels. Ça veut dire que c'est 3%. En fait, c'est juste hallucinant. Et sur les 3%, il y en a peut-être un qui fera carrière. Donc, en réalité, c'est un monde qui est très, très dur. C'est un monde où tu passes complètement à côté de ta jeunesse. Ça veut dire que tu es 12, tu as 18 ans. tu es dans un milieu déjà entre guillemets professionnel, où il y a beaucoup de concurrence, où il n'y a pas forcément des gens qui te veulent du bien, où c'est H24 la performance, la performance, la performance. Donc moi, je pense que c'est ça que mes parents ont voulu éviter. Et moi, de mes 10 à 12 ans, la première fois, par exemple, que le recruteur du PSG est venu à la maison et que mes parents m'ont dit tu n'y vas pas, en fait, pour moi, ce n'était pas audible.

  • Speaker #1

    C'est sûr.

  • Speaker #0

    J'ai dit attends, j'ai le PSG. En plus,

  • Speaker #1

    en tant que jeune Parisien, à mon avis, tu supportais le PSG.

  • Speaker #0

    Voilà. Ça aurait été mon rêve de jouer au PSG. Et dès très jeune, mes parents m'ont dit « Non, mais tu ne peux pas y aller, ceci et cela. » Mais après, c'est des gens... La chance que j'ai eu avec mes parents, c'est que mes parents, c'est des gens qui étaient très ouverts à la discussion. Ils ont toujours été dans le dialogue. Ce n'est pas le papa ou la maman qui disent « C'est comme ça, c'est comme ça. » Et donc, ils m'ont dit « Non, je mensille pour telle et telle raison. Aujourd'hui, tu es jeune, on va te donner l'opportunité. Tu as du talent et qu'on sort. » Et donc, on avait fait un petit pacte. Mes parents m'ont dit « Non. » tu continues ta progression et dans deux ans, on te permettra de pouvoir, si tu continues comme ça, partir au start. Donc à partir de ce moment-là, on s'est challengé et j'ai dit que si c'était le cas, donc aucun souci. deux ans après on a continué à discuter avec les recruteurs et c'est là qu'on a choisi le Red Star parce que c'était le moins loin la petite contrainte c'était que je devais me lever très tôt c'était à une heure et demie donc le papa il m'a dit voilà tu rentreras pas en centre de Varsan mais est-ce que tu es prêt à faire les sacrifices pour revenir tard faire tes devoirs et qu'on sort et Et voilà, ça, c'était un peu ce qui était difficile parce que je partais très tôt le matin, je dormais très tard le soir pour finir tous les devoirs et consorts. Mais sinon, c'était une très, très, très, très belle expérience.

  • Speaker #1

    Mais c'est bien parce que c'est deux choses, je trouve, qui résument ton caractère d'aujourd'hui. Comme tu as dit, tes parents étaient beaucoup dans la discussion. Je trouve que c'est quelque chose qu'on retrouve chez toi aujourd'hui. Tu es quelqu'un qui discute, tu es quelqu'un qui explique beaucoup sur tes réseaux, beaucoup de choses. Donc, je pense qu'ils t'ont transmis ça sans que tu te rendes compte à ce moment-là. Et je trouve que... Comme tu dis, tu partais très tôt, tu rentrais très tard, mais ça montre déjà ta détermination. Parce que tu n'as pas beaucoup de gamins qui, à 12 ans, oui, tu vas le faire un mois, tu vas le faire deux mois. Quand l'hiver arrive, que tu pars, il fait nuit, tu rentres, il fait nuit, il fait froid. Si tu n'as pas la détermination, si tu n'as pas envie de faire ça, tu t'arrêtes très vite.

  • Speaker #0

    Non, c'est clair. Et surtout, la chance que j'ai eue, c'est que mon ami Lallasana, avec qui on joue dans le même club, avait aussi d'énormes qualités. Et voilà, nous, les recruteurs... on voulait un peu les deux. En fait, ça nous a permis, pendant toute notre enfance, de...

  • Speaker #1

    C'est top, ça.

  • Speaker #0

    Oui, oui. C'était un des deals pour pouvoir accepter un des clubs. OK. Voilà, parce que lui, il était défenseur central, moi, j'étais attaquant, on était un peu les deux pépites. de notre club. Et donc, on a dit, voilà, l'équipe qui nous prendrait tous les deux, on irait...

  • Speaker #1

    C'est cool ça, d'avoir son pote avec qui tu vas.

  • Speaker #0

    J'ai un meilleur pote. On habitait à un palier d'écart. Tous les matins, pendant six ans, on ne s'est pas lâchés.

  • Speaker #1

    Incroyable.

  • Speaker #0

    Oui, c'était top.

  • Speaker #1

    Ah ouais, ça doit être top, ça de ouf. Vous devez avoir des souvenirs, des anecdotes tous les deux.

  • Speaker #0

    En fait, je le considère comme mon frère. Ouais, c'est ton frère. On s'est connu, on avait 6 ans. On a joué de 6 ans à 18 ans ensemble. Et donc, c'est la famille Dumbia, la Sana. Ton papa s'y dit, Gabi, c'est avec eux que je venais tout le temps, tout le temps au Sénégal. Donc non, non, c'était... Ouais, c'est un frère. Et ça m'a... Dans les moments difficiles, c'est important d'avoir des gens sur qui s'appuyer. Et après, tu parlais du passage de Genevieve Loretta, et c'est là quand même que tu te prends une petite claque parce que moi dans mon club formateur j'étais vraiment celui que la pépite voilà un peu dur et quand je suis arrivé là bas en fait le red star faut savoir qu'ils prennent tous les meilleurs de la région paris elle savent dire non pas pas seulement du 92, mais vraiment du 93, du 95, tous les petits de Pierrefitte, de Saint-Denis, de Sarcelles, de Gennevilliers, d'Épinay. Et quand je suis arrivé là-bas, je me suis dit, c'est chaud. Vraiment.

  • Speaker #1

    En fait, je rigole. Je rigole parce que les gens qui suivent les podcasts, ils vont déjà avoir entendu cette anecdote, mais il faut que je te raconte une anecdote. Moi, je joue au basket, comme je t'ai dit. Et à un moment, Nike, ils font un... un tournoi à Paris. C'est la première fois qu'ils font un tournoi Nike. Il y avait un ou deux joueurs NBA qui étaient venus et tout. Moi, j'étais en équipe départementale. Équipe régionale, j'avais fait présélection équipe de France basket. Je me dis, je suis bon. J'ai un petit niveau. Tu vois, ça va. Je me dis, je vais aller faire le camp à Paris. Inch'Allah, ça va bien se passer. Ah mon gars, je suis arrivé à Paris. C'est là que tu vois que... Moi, j'étais en Charente-Maritime. Il y a la Charente-Maritime et le reste de la France et il y a les joueurs de Paris. C'était un vivier. Paris, c'est un vivier incroyable de talents. Et on le voit aujourd'hui avec tous les talents qui sortent, que ce soit dans le foot et dans le basket. Donc, quand tu te retrouves, toi, avec le meilleur du meilleur de cette Ausha, tu prends une claque.

  • Speaker #0

    En fait, c'est ça. Parce que toi, tu as l'habitude, tu fais tes tournois, tu vis dans ta réalité à toi. Tu gagnes les matchs, on te dit que tu es le plus beau, tu es le plus fort. Mais là, c'est vraiment la première fois où, quand je suis arrivé là-bas, je me rappelle les premiers entraînements. En fait... J'avais pas l'habitude de voir des gens qui étaient plus forts que moi. Mais moi, j'étais vraiment pas un des meilleurs. Je suis arrivé, je me suis dit, putain, ouais. Là, c'est chaud. J'ai dit, il y a vraiment... Et c'est là où je pense que mon mindset directement est la tournée. Je me suis dit, il va falloir que je travaille. Il va vraiment falloir. Et puis, moi, petit, j'étais chétif. j'étais très chétif et donc tu t'es arrivé en avec était beaucoup plus costaud qui allait beaucoup plus vite donc c'est là où quand même moi j'ai j'ai réfléchi différemment je me suis dit va falloir que je prenne les informations plus vite il va falloir que je réfléchisse plus vite que les autres tu as un gabarit qui n'est pas de la même manière que tes coéquipiers en fait c'est comme les Espagnols si tu vois les Espagnols ils sont très chétifs ils sont petits mais ça ne les empêche pas de pouvoir pratiquer un football qui est complètement différent ils ont dominé ces dernières années parce qu'il y a une intelligence dans le jeu qui fait que tu dois réfléchir avant les autres parce que sinon physiquement tu ne peux pas tenir donc ça quand même ça a été le premier choc de me dire qu'il y a des petits qui sont plus talentueux que moi et qu'il va vraiment falloir que je travaille et développer d'autres skills pour pouvoir atteindre le niveau et jouer en équipe. A l'époque, ça s'appelait les nationaux. Tu avais trois catégories, tu avais PHD, HTN Nationaux. Et pour être en nationaux, moins 13, moins 15, moins 17, il va vraiment falloir que tu travailles. Et grâce à Dieu, j'ai réussi quand même à atteindre un assez haut niveau de performance qui m'a permis après, par la suite, de faire la carrière que j'ai pu faire.

  • Speaker #1

    Et moi, où je trouve que c'est très, très fort, ce que tu fais et ce que toute votre génération, vous faites, tu vois, ce que je compare à aujourd'hui, ce qu'il ne faut pas que les gens oublient, c'est qu'il y a très peu de documentation. Ce n'est pas comme aujourd'hui où tu vois un Cristiano Ronaldo qui s'entraîne, tu vois un autre qui s'entraîne, tu vois leur détermination, tu vois leur entraînement, tu vois les efforts qu'ils font. On avait très peu de documentation à l'époque. Donc, la... seule documentation qu'on avait, c'était Téléfoot. Tu regardais un peu Téléfoot le dimanche. Donc, tu n'as pas autant d'inspiration, je vais dire. Tu n'as pas autant de modèles qui te montrent les efforts qu'ils font pour rester à ce niveau-là. Donc, te remettre en question à cet âge-là, déjà, et te dire que, ok... je ne suis pas fort dans ça, il faut que je développe ça, il faut que je fasse ça. Pour arriver à ça, on en revient à ce côté déterminé de Diomansi Camara qui a un objectif et qui ne lâche pas et qui dit, je vais aller là-bas. Je suis conscient de mes forces, je suis conscient de mes faiblesses, je suis conscient de ce que je dois travailler et je vais le faire. Et ce qui est fort, c'est que tu le fais de 12 ans, donc à 18 ans, tu restes Red Star.

  • Speaker #0

    Voilà, ça fait.

  • Speaker #1

    Des belles années ?

  • Speaker #0

    Magnifiques. En fait, comme je vous dis, c'est les plus beaux souvenirs. Nous, on était vraiment, dans la région parisienne, on était vraiment une équipe d'élite. Comme je vous ai dit, c'est le vivier. On sait qu'en région parisienne, la plupart, aujourd'hui même, vous voyez les footballeurs de l'équipe de France, ils viennent tous de la région parisienne. On dit que... Où est-ce qu'il y a le plus grand vivier ? C'est dans la région parisienne. Par exemple, au Brésil, ça va être Rio. Par exemple, en Afrique, on dit où est-ce qu'il y a un des plus grands viviers ? C'est Abidjan. C'est la réalité quand tu commences un peu à rentrer dans le monde. Ah ouais,

  • Speaker #1

    j'aurais pensé Chauvin, j'aurais pensé Sénégal.

  • Speaker #0

    Abidjan, en fait, ils ont une manière, ils appellent ça le maracana. Ça veut dire que les jeunes de 12 à 13 ans, ils jouent déjà pieds nus, il y a des spectateurs. Au Sénégal, on a une qualité intrinsèque extraordinaire, mais au niveau du football des jeunes, il n'est pas forcément autant développé que tu peux aller voir en Côte d'Ivoire. Quand tu vas en Côte d'Ivoire, tu vas sur les tournois des jeunes, c'est juste hallucinant. dans chaque quartier tu peux prendre une pépite et te dire que c'est extraordinaire après qualité intrinsèque, le Sénégalais le Guinéen, l'Ivoirien ils sont à peu près au même niveau mais eux dans leur manière de fonctionner et travailler ils sont à des années-lumière et donc non non pour revenir sur mes années au Retzar, c'était magnifique beaucoup de travail, beaucoup de sacrifices mais ce côté détermination je pense que tu l'as vécu aussi Merci On vient de la banlieue. Et donc, le banlieusard de nature, il a envie de s'en sortir. On vit dans des conditions qui sont difficiles. Les parents ne roulent pas sur l'or. Donc, en fait, tous les enfants, comme il disait Kerry James, le banlieusard, il se débrouille. On est là, on a un objectif. On est tous là à se tirer les uns vers l'autre pour se dire on a envie de changer la situation sociale de notre famille. Et c'est ça qui nous motive au quotidien. On ne peut pas se dire non, aujourd'hui, on est bien. Non, ce n'est pas vrai. Tu es bien dans ta structure familiale. Tu es bien dans l'amour. affectif, mais tu sais que t'es dans une réalité qui est compliquée et que tes parents, ils sont en difficulté. Donc moi, j'ai toujours vu le football comme un ascenseur social. Je me suis jamais dit, je veux devenir footballeur pour être une star. Non. Je me suis dit, voilà, aujourd'hui, mes parents, ils sont en difficulté et on prend ces responsabilités très jeunes. Tu te vois, tu te dis, si j'arrive à sortir de la misère... J'achète une maison à mes parents. Mon père, il n'a pas forcément la voiture que tu souhaites. Je vais lui acheter cette voiture-là. Et moi, c'est ça qui m'a toujours motivé. Ce n'est pas de me dire, je vais faire la une des magasines. Non, il faut que je réussisse pour mes parents. Pour leur donner l'opportunité. possibilité de changer de cadre de vie. C'est moi ce qui m'a toujours poussé vers l'avant et ce qui m'a motivé chaque jour lorsque c'était compliqué.

  • Speaker #1

    Bien sûr, c'est un moteur différent. C'est sûr que le moteur de je veux être une star et le moteur de je veux impacter ma famille, il n'est pas le même. Donc, on comprend encore plus pourquoi tu es focus très rapidement dans ce projet.

  • Speaker #0

    Et après, comme tu dis. Pour recontextualiser, dans le sens où le téléphone commence à arriver, on n'a pas accès aux ordinateurs, il n'y a pas de YouTube, comme tu disais, aujourd'hui il y a des speakers, des gens qui te motivent, on te dit il faut faire... Non, aujourd'hui toi tu dois te... créer ton propre environnement, tu dois créer tes propres clés pour pouvoir arriver à tes objectifs. Aujourd'hui, tu vas sur YouTube, tu vas sur Instagram, tout le monde te motive, on te dit qu'il faut faire comme ci, il faut faire comme ça. Tu as tes modèles, la société elle a évolué. Nous, à l'époque, il fallait faire avec les moyens du bord.

  • Speaker #1

    Tu construis seul.

  • Speaker #0

    Voilà. Tu te mets dans ta barque, tu rames et tu essaies d'arriver le plus loin possible.

  • Speaker #1

    Et donc, quand les années Red Star terminent, tu vas où ?

  • Speaker #0

    Donc, moi, je reste jusqu'à... Et c'est là où c'est intéressant parce que ma mère, c'est quelqu'un... Le côté sportif, c'était le papa.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Le côté scolaire, c'était la maman. Même si elle n'a pas fait de grandes études, c'est quelqu'un qui est très intelligent, qui lisait beaucoup. Donc nous, on a beaucoup baigné dans la lecture. La maman devait lire pratiquement un livre par mois. l'être humain, c'est son savoir. Elle nous a toujours inculqué l'amour des lettres. Donc moi, j'étais beaucoup plus littéraire que Mathieu. Par exemple, ma soeur, elle a fait un bac plus. à la fin anthropologie. Mon petit frère, il a un bac plus 6. Donc, on est dans une famille où...

  • Speaker #1

    Les études, c'est important.

  • Speaker #0

    À l'époque, on nous disait il faut étudier, il faut étudier, il faut étudier. Donc, moi, à l'âge de 17 ans, j'ai l'opportunité d'aller faire un test en Suisse. D'accord. Donc, mes parents me disent OK, il n'y a pas de problème, va faire ton test. C'était pendant la période scolaire. Donc là, je pars en Suisse. Je fais un test dans un club qui s'appelle Bellin Sona. Et j'ai mon agent actuel. On a... on en reparlera, qui me trouve ce test avec un Suisse qui s'appelle Adriano Di Victorio et je pars là-bas tranquillement dans mon test. Mais c'est l'année du bac.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et donc moi j'arrive en Suisse et au bout de trois jours... l'italien me dit non je m'en suis, je vais t'amener en Italie je lui dis non mais je suis bien en Suisse il me dit non non non t'es en train de faire un bon test mais moi j'ai un autre projet pour toi j'ai une autre vision et il me dit tu vas aller dans le sud de l'Italie en 4ème division On est en Suisse, en deuxième division. Qu'est-ce que je vais aller faire en quatrième division italienne ? Moi, je dois passer mon bac cette année. On va perdre du temps. Laisse-moi faire mon test ici. Si ça se passe bien, ensuite, on voit. Il me dit non, non, non, je t'amène en Italie. Donc, moi, je pars en Italie. je fais mon test en quatrième division le club s'appelle Catanzaro et là-bas c'est vraiment c'est comme l'Afrique tu ressens l'amour des gens il y a 20 000 spectateurs dans le stade alors que t'es en quatrième division tu te dis à l'époque c'était c'est un club historique là-bas en Italie malgré qu'ils soient en quatrième division t'as 20 000 spectateurs ouais moi j'arrive par exemple le jeudi je fais mon entraînement jeudi, vendredi, samedi et le dimanche je vais au stade et je vais au stade je vois 20 000 un stade l'atmosphère et tout ça je passe mon test et le président il me dit tu repars pas le président italien il dit non non toi tu restes là il me dit tu pars plus Donc je dis comment ça ? Il me dit non, non, non. Il dit toi, je ne te perds pas et tout ça. Et tu ne repars plus. Je dis non, mais moi, je suis venu deux semaines. En fait, je n'ai pas mes affaires et tout ça. Et donc il me dit non, non, non. On ne te fait pas repartir. Et donc là, on commence les négociations et tout ça. Et c'est là où ça a été compliqué parce que la maman m'a dit, pour elle, c'était pas audible.

  • Speaker #1

    Il y a le bac, mon fils, tu peux pas rester là.

  • Speaker #0

    Elle me dit, comment ça tu reviens pas ? Je dis, non, non, non, maman, t'as vu, je vais devenir footballeur. Et c'est là où le papa, vraiment, il a... Il m'a permis de réaliser mon... Mes parents, ils ont failli même se séparer à cause de beaucoup de sa face et ma mère, elle a dit, non, mais alors que aujourd'hui, si tu peux signer professionnel, pourquoi attendre ? Donc j'ai dit le bac et en fait, c'est ce que j'ai expliqué à ma mère. J'ai dit, laisse-moi vivre mon aventure. tu sais que je suis un garçon posé, raisonné, consort. Et si jamais ça ne devait pas se passer comme ça devrait se passer, je reviens, je reprends mes études et mon bac, je l'aurai. Mais elle, dans sa tête, c'était non. Et ton bac, quoi qu'il arrive, minimum, tu as ça. Et ensuite, tu peux continuer. Donc, on a eu des négociations à gauche, à droite. Et finalement, elle m'a laissé. J'ai pu signer mon contrat professionnel en Italie. Donc, moi, je suis parti. En fait, je n'étais même pas encore majeur. J'ai quitté la France et j'ai signé professionnel en quatrième division italienne.

  • Speaker #1

    Non mais comme tu dis, pour que les gens se rendent compte, c'est vrai qu'aujourd'hui on parlait tout à l'heure en rigolant des projets Mbappé et tout, mais c'est vrai qu'on n'est pas encore dans cette mondialisation du football, on n'est pas encore dans tous ces parents qui rêvent que leur enfant pète le jackpot parce qu'il joue. Et puis en tant que parent qui est aimant, surtout vous, quand je vois les valeurs qu'il y a.

  • Speaker #0

    La maman, il y a toujours l'inquiétude s'il a une blessure, s'il ne joue pas et tout ça. Donc, elle, elle veut juste protéger son fils en se disant, peu importe ce qu'il arrive dans le foot, si c'est fini, au moins il a ce bac-là qui peut lui amener à faire autre chose. Et je comprends aussi le papa qui a son rêve d'être footballeur, qui voit son fils qui peut peut-être vivre ce rêve-là, tu vois, et qui a envie de le pousser. Donc, j'imagine la... Dualité pour les parents et la dualité pour le fils aussi. D'entendre les deux parents chacun qui te dit « Oui, mais ça, oui, mais ça, ça ne doit pas être facile. » Mais donc, bref, tu signes. Donc, tu signes en pleine saison ou tu signes et tu commences la saison d'après ?

  • Speaker #1

    En fait, ce qui était compliqué, c'est que moi, j'étais encore sous contrat au Red Star. D'accord. Donc, normalement, tu vas juste faire tes tests. Moi, je me rappelle, c'était au mois d'octobre. Et d'octobre à janvier, maintenant, il faut discuter avec le Red Star pour qu'ils puissent me libérer. Mais en fait, c'est les présidents un peu... Je n'ai pas envie de dire mafioso, mais...

  • Speaker #0

    Oui, on voit l'atmosphère. Un peu gangster.

  • Speaker #1

    Oui, il t'a dit, tu ne bouges pas. Il m'a dit, t'es là, on va te trouver. Tu ne bouges pas. En fait, le président avait son fils, et c'est son fils qui gérait le club. Et lui, il est vraiment tombé amoureux de moi. et comme tu parles à l'époque il n'y avait pas énormément de joueurs qui partaient à l'étranger ça commençait un peu cet exode des joueurs formés en France qui partaient je me rappelle il y avait Ousmane Dabou qui avait également le même problème du côté de l'Inter et donc en fait il y avait vraiment un peu ce conflit entre les fédérations de dire attends nous on est en train de former nos meilleurs jeunes et maintenant ils partent à l'étranger donc il y a eu un conflit pendant... Pendant deux mois, de octobre jusqu'à janvier, je n'ai pas pu jouer avec eux. De toute manière, ce n'était pas la période des transferts. Et au mois de janvier, ils ont communiqué avec le Red Star et qu'on sort. Et j'ai réussi à me libérer et à jouer mon premier match là-bas en Italie.

  • Speaker #0

    Justement, ce premier match, ça fait quoi pour des gens qui ne sont pas footballeurs, qui ne sont jamais rentrés sur un terrain avec un stade ? Comme tu dis, là, c'est 20 000 personnes. On va parler de stades où tu as joué, où il y a plus. Est-ce que tu peux nous décrire, ça fait quoi quand tu rentres dans un stade où tu es dans le couloir, avant d'entrer dans le stade, où tu entends le stade qui est vivant déjà, ça fait quoi d'être dans le vestiaire, de porter ton premier maillot professionnel et d'y aller ?

  • Speaker #1

    En fait, le truc, c'est qu'il y a plusieurs approches. Moi, j'ai toujours été celui qui me dit j'attends ce moment. Il y en a qui le subissent, moi je le vis. Ça veut dire que j'étais excité à l'idée de pouvoir jouer et montrer mes qualités. C'est que tu te visualises quand tu es jeune, quand tu pars dans ton lit, tu t'allonges, tu te dis putain...

  • Speaker #0

    Le jour où.

  • Speaker #1

    Le jour où. Donnez-moi cette opportunité. Et c'était marrant, le premier match en plus, c'était le dernier jour du Mercato et en fait, le président m'avait fait une surprise, il avait fait venir ma famille. Ah. Ouais. C'était la grande... Tu sais, à l'italienne, à l'ancienne. Et je me rappelle, mon père, il avait une Renault 25 à l'époque et ils sont... Tu sais, il n'y a pas le moyen de prendre... ou quoi que ce soit. Ils ont fait la route pendant un jour et demi. C'est 2000 kilomètres.

  • Speaker #0

    Et toi, tu ne savais pas qu'ils venaient ?

  • Speaker #1

    Non, je ne savais pas. Et donc, en fait, le président me dit non, tu vas avoir une surprise et tout ça. Et la veille du match, je vois mes parents dans les tribunes.

  • Speaker #0

    Oh là là !

  • Speaker #1

    Le jour du match, en fait. Juste avant, moi, je me rappelle mon idole de jeunesse, c'était Georges Houé. Ah !

  • Speaker #0

    grand.

  • Speaker #1

    Ah, Mr. Dior. Oui,

  • Speaker #0

    oui.

  • Speaker #1

    Et lui, il jouait toujours avec des chaussures rouges. Et mon père, il sait que j'aimais trop les... Moi, j'ai toujours aimé les chaussures de couleur. Même en équipe nationale, je jouais avec chaussures orange, jaune. Et mon père, il m'a ramené... Ah,

  • Speaker #0

    t'inquiète. Pour ceux qui voient le plan large, vous voyez les couleurs.

  • Speaker #1

    Il y en a toujours, les couleurs. Et donc, en fait, c'est marrant. Il est venu... Il m'a jeté ma paire de godasses. Non, c'est incroyable. Le stade était comme ça. Il y avait des chaussures rouges. C'est des anecdotes. C'est fou. Je me rappellerai tout.

  • Speaker #0

    Bien sûr.

  • Speaker #1

    Il m'a ramené mes chaussures rouges. Il me les jette comme ça. Parce que j'étais remplaçant. Je les vois comme ça. Et mes parents, ils étaient là et tout ça. Et je rentrais à quoi ? Il y avait 1-1. Je rentrais à 20 minutes de la fin. J'avais 18 ans. J'étais un faux-folet. J'attendais. J'ai dit, fais-moi rentrer, fais-moi. Et je suis rentré premier. J'ai fait passe. L'attaque, on l'a torturé à Emar. Et on a gagné 2-1 le derby. Et c'était un gros derby.

  • Speaker #0

    Oui, une victoire,

  • Speaker #1

    passe décisif. Directe. J'ai pris le ballon, j'ai éliminé deux.

  • Speaker #0

    Le papa, il devait être content. Le papa, il devait être...

  • Speaker #1

    Non, il était aux anges. Il pouvait s'évanouir. Oui,

  • Speaker #0

    tu as ton fils qui...

  • Speaker #1

    premier match premier ballon passe D direct Alhamdoulilah ça fait incroyable comme sensation c'était magnifique et en fait ils étaient arrivés le vendredi donc ils devaient faire juste le week-end et le président il était tellement content il a dit allez je vous reste toute la semaine elle a tout payé c'est la grande classe grands hôtels les amis dans un grand palace et tout ça et tu sais nous Les parents viennent de la banlieue. Donc tu sais, émerveillé, tu vois ton fils, ses consorts. Là, la maman qui est en larmes. Après, à la fin du match, il les a fait rentrer sur le terrain.

  • Speaker #0

    Oh là là !

  • Speaker #1

    Ils ont traversé tout le terrain.

  • Speaker #0

    Tu me donnes des frissons. Ça doit être un sentiment même pour toi, le fiston. Tu dois être fier de te dire...

  • Speaker #1

    Non, je suis fier. C'est ce moment-là où j'ai dit, ouais, tout ça, ça a payé. Il a ouvert la tribune, ils sont descendus de la tribune présidentielle, il les a fait rentrer et tout ça. Donc à ce moment-là, je me suis dit, ouais, l'aventure, elle commence maintenant.

  • Speaker #0

    Et le premier but ?

  • Speaker #1

    Le premier but, j'ai marqué deux ou trois matchs après. En fait, de janvier à juin, j'ai marqué huit buts. J'étais tout jeune, j'étais 18 ans, j'étais l'attraction. À cette époque, il n'y avait que deux Français. Il y était deux Français. Wow, que deux ? Deux Français sénégalais. L'autre, vous le connaissez même très bien, c'était Patrice Evra.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Patrice Evra, il était du côté de Marsala, et moi, j'étais du côté de Catanzaro. Donc, on était deux, et il y avait un peu une hype sur nous. Donc, j'ai fait six mois, vraiment, mais je me suis vite adapté. Et puis, j'ai vite appris la langue, parce que je me suis dit, c'est important. de pouvoir communiquer avec...

  • Speaker #0

    Le staff, les supporters, tout le monde.

  • Speaker #1

    Voilà. Mais la première année, les six premiers mois, quand même, c'est difficile parce que tu es tout seul et qu'on sort. Et au bout de six mois, j'ai demandé à faire... faire venir un ami à moi. Parce que j'avais un vrai rapport avec le président et j'avais un autre ami à moi qui s'appelait Cédric Mattingou-Costeau, un bon défenseur et tout ça. Et je leur ai dit, regardez, moi j'ai un ami à moi aussi qui est très bon, qui est défenseur central et ça va m'aider dans mon adaptation. Est-ce que c'est possible ? Il m'a dit, fais-le venir, on l'amène en test et tout ça. Et il a fait son test. Et ça s'est bien passé. Un peu comme au Red Star où j'avais mon ami Lassandra. Là, je suis parti en Italie. J'ai ramené un pote à moi, Cédric Matingu. On est restés un an après ensemble à Catanzaro. Ça m'a beaucoup aidé. On s'est beaucoup associés pour pouvoir réussir à aller le plus haut possible.

  • Speaker #0

    Je suis obligé de te poser une question par rapport à l'Italie. Parce que... Moi, c'est un de mes championnats préférés. Je suis désolé, peut-être que tu vas être fâché avec moi. Mon équipe de cœur, c'est le Milan AC.

  • Speaker #1

    Mais moi, c'est le Milan. Ah,

  • Speaker #0

    ok.

  • Speaker #1

    On est dans le même bateau. On est dans le même bateau.

  • Speaker #0

    Mais malheureusement, l'Italie est aussi très connue pour beaucoup de racisme. J'imagine que tu en as vécu dans tes matchs. Et si tu en as vécu, comment tu gérais ça ?

  • Speaker #1

    C'est vrai que, en fait, je ne sais pas si je veux dire que c'est un pays raciste, c'est un pays ignorant. Les gens sont ignorants. Le racisme, c'est pas qu'il a peur de l'autre. C'est pas qu'il n'aime pas ta couleur de peau. Il te dit que l'Africain va se comporter comme ci, l'Africain va se comporter comme ça. regarde l'immigration en France, elle a commencé dans les années 70. En Italie, c'est 90-2000. Donc, ils n'ont pas eu le même recul que peuvent l'avoir d'autres pays.

  • Speaker #0

    Je ne savais pas que c'était beaucoup plus tard.

  • Speaker #1

    C'était beaucoup, beaucoup plus tard. En France, quand même, la situation de nos parents... Donc, tu vois des parents qui sont quand même bien en place, qui ont une certaine situation. La plupart des gens en Italie, surtout moi, je suis allé en Italie dans les années 2000. Donc, c'était vraiment les flux migratoires, les gens qui arrivent, qui n'ont pas de travail. Il y a un peu de délinquance. Donc, tu n'as pas des gens quand même, à part les sportifs ou les acteurs,

  • Speaker #0

    qui sont dans la classe moyenne ou établie. Donc,

  • Speaker #1

    eux, ils voient le bas de l'immigration. Donc, ça, ça leur fait peur. Et puis, l'Italie, elle est sondée en deux. Ça veut dire que tu as de 1 000 ans à reprendre. à Rome, et tout ce qui est de Rome à la Calabre, à la Sicile, ils sont même racistes entre eux. On les appelle les Zingari. Zingari, c'est un mot très péjoratif, comme pour dire les gens du voyage, la jeton, des choses comme ça. Donc même entre eux, les Italiens, ils ne s'aiment pas. Le nord capitaliste... Et t'as le sud travailleur. D'accord. Et ils disent que non, vous, vous profitez des aides sociales de l'État. Nous, sud du nord, c'est nous qui tenons la capitale. Donc vraiment, t'as ce côté-là sondé en deux. Moi, j'étais en Calabre. Oui,

  • Speaker #0

    tu as dit dans le sud.

  • Speaker #1

    Dans le sud. Donc dans le sud, j'ai jamais eu de soucis. Ok. Tu fais partie d'un des leurs. D'accord. Au bout d'un an et demi, moi, je signe après à Modène, au Quai Vauvéron, qui est dans le nord. Chievo-Véron, il faut savoir que Véron, c'est une des villes les plus racistes d'Italie. Véron, c'est où tu as les saluts nazis, où les gens disent qu'on ne veut aucun noir qui joue dans notre équipe. Donc moi, j'arrive dans cette ville-là. Là, l'atmosphère, elle est complètement différente. Tu sais, là, ça n'a rien à voir. Même, on te dit, fais attention quand tu te promènes en ville et qu'on sort. Moi, après, j'ai grandi en banlieue, donc me dire, fais attention. Mais c'est vrai que même en jouant en série A, il y avait beaucoup de racisme. Et en fait... moi ça m'a beaucoup perturbé parce que je me disais attends... Il y a beaucoup d'Africains ou de joueurs qui jouent là. Pourquoi en fait ? Mais quand tu creuses un peu plus, en dehors du stade, il n'y a jamais eu de problème.

  • Speaker #0

    Oui, effectivement. C'est vrai que de mon aspect à moi, j'ai l'impression que je vois rarement d'informations passer pour dire qu'il y a eu des actes racistes, de violences en Italie. Je vois les stades. Effectivement, oui, on parle de racisme dans les stades. Mais je n'ai jamais vu passer de choses... Tu vois, en dehors des stades, tu vois. Jamais.

  • Speaker #1

    C'est comme en Espagne. En Espagne, ils font des cristanges et tout ça. Et donc, Samuel Eto'o... Mais nous, on était une génération où on ne laissait pas passer, en fait. Et tu vas le combattre, on va dire ça ou ça. Mais après, c'est aux instances qu'il aurait dû... qui aurait dû sévir parce que c'est un mal qui engraine le football depuis de trop nombreuses années. Donc, ce n'est pas normal qu'aujourd'hui, il n'y ait pas des sanctions. Et ce serait très simple. On regarde aujourd'hui, on dit s'il y a des cris homophobes, on arrête le match, on met des amendes. Pourquoi ne pas prendre des amendes ? les mêmes résolutions lorsqu'il y a du racisme. En fait, c'est juste incompréhensible. Mais à notre échelle, à nous, en tant que joueurs, c'est compliqué. Où on s'unit tous ensemble, on se dit voilà, il faut faire des actes non pas isolés et on se dit que voilà, une journée, on ne joue pas ou qu'on sort. Mais tant qu'on n'aura pas l'appui des fédérations et surtout de l'UFA ou de la FIFA, malheureusement, on sera toujours dans ce problème-là dans les stades de football.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça parce qu'en tout cas, nous, grand public, quand on regarde ça, on se dit On se dit que ça a l'air simple à régler comme problème, comme tu dis, effectivement. Et tu vois, moi, je me dis, quand des joueurs prennent la décision de quitter le terrain parce qu'il y a des cris racistes... Est-ce qu'ils sont sanctionnés d'arrêter un match ? C'est ça la question que je me pose à chaque fois. Parce que je me dis, ils arrêtent quand même une économie, ils arrêtent quand même un business. Est-ce que la FIFA ou la fédération punit ces joueurs-là ?

  • Speaker #1

    En fait, on te dit, tu n'as pas le droit de sortir. Donc, tu aurais une sanction. Mais nous, ce qu'on ne comprend pas, c'est... Demain, on dit qu'on est une équipe, c'est un collectif. Pourquoi c'est toujours le joueur qu'on agresse qui doit réagir ? Moi, aujourd'hui, si on crie sur un de mes coéquipiers, pourquoi ce ne serait pas à ses coéquipiers de sortir et de montrer l'exemple ? En fait, c'est toujours ça. On l'a vu récemment avec Vinicius. On dit qu'aujourd'hui, on est une grande institution, il y a des choses qu'on ne peut pas... Mais voilà, c'est à tout le monde de prendre la décision, de se dire que si vous touchez un de mes camarades, c'est comme si tu touchais... l'institution et on sort tous ensemble. Et en fait, c'est vraiment un problème qu'il va falloir qu'on puisse résoudre dans les années à venir. Mais je te dis, c'est vraiment de l'ignorance. C'est pas du...

  • Speaker #0

    C'est pas du racisme fondamental. C'est juste qu'ils ne connaissent pas l'autre. Et comme ils ont peur de l'autre parce qu'ils ne le connaissent pas, ils sont juste...

  • Speaker #1

    Ils sont là, ils sont dans les stades, ils font leur petite grima.

  • Speaker #0

    Ils ont bu quelques verres.

  • Speaker #1

    Le racisme en tant que tel où tu attaques la... Moi, j'ai grandi à Paris où... À l'époque où il y avait les nazis au Parc des Princes, où il y avait Auteuil contre Boulogne, ça c'est du racisme. Quand tu sors à la fin du stade, où tu dois courir, parce que les gens aussi t'attrapent, ils vont te frapper toi, ta famille. Là, il y avait des vraies tensions. Dans un stade de football, tu le ressens, ça te perturbe. Oui et non, parce qu'il y en a certains, même ça les motive. Quand tu fais un cri de singe ou quelque chose comme ça, on a l'extérieur, et c'est souvent, quand tu ne sais pas chez toi, ça va décupler tes forces. Tu dis maintenant, donne-moi la balle, je vais vous faire la mayonnaise et dès que je vous marque un but, je vais aller vous provoquer. Donc en réalité, ça fait souvent l'effet inverse de ce qu'ils attendent. Mais c'est vrai que c'est un problème qui est récurrent dans le football et il faudrait qu'à un moment, ça cesse.

  • Speaker #0

    Et donc toi, tu arrives à Véronne, qui est connue pour être une ville peut-être avarie. Comment ça se passe avec les supporters ? Comment tu arrives dans cet univers-là ?

  • Speaker #1

    En fait, moi, j'ai la chance parce que je fais un an et demi en... en série C et au bout d'un an et demi on m'achète en série A donc déjà pour moi c'est le juste avant de partir en vacances j'avais fait mes 6 mois 6 bons mois un an j'ai à peine 19 ans 19 ans et demi et on me dit ouais on me dit tu pars à Milan je dis ok il me dit tu pars à Milan et tout ça parce qu'en Italie ils appellent ils appellent ça le calcio mercato c'est pas c'est pas comme en France où chacun non t'as une journée ouais tu as toute une semaine où tu as tous les directeurs sportifs, tous les présidents qui se rassemblent dans un grand lieu et qui font leur business. D'accord. Donc, on me dit, ouais, tu pars à Milan, il y a le Calcio Mercato. Je dis, ouais, mais c'est les vacances. Il m'a dit, non, on a une surprise pour toi. Mon agent, il vient et tout ça. Et j'arrive à Milan. Et j'avais à l'époque deux ou trois clubs qui me voulaient de Serie A. Et on monte avec le président de Catanzaro. Et moi, en 72 heures, j'apprends que je joue à... Tu vas en Serie A.

  • Speaker #0

    Pour les gens qui nous écoutent ou qui regardent, qui ne savent pas, la Serie A, c'est le plus haut niveau. Du football italien. Là, tu es au top du football italien.

  • Speaker #1

    Et puis moi, c'est les années 2000. Donc, c'est les années où il y a les...

  • Speaker #0

    Il y a la Juventus.

  • Speaker #1

    C'est la grande série A, les Del Piero, les Baggio.

  • Speaker #0

    Tchétchenko, il joue encore à deux.

  • Speaker #1

    Tchétchenko, c'est la... La crème. À l'époque, aujourd'hui, c'est la première ligue. À l'époque, c'est la série A. C'est la rire. T'es en série A, t'es... Donc moi, j'arrive en série A et je vais au Kévo Véron. Il y a deux équipes à Véron. Tu as Véron et Kévo Véron. Et moi, j'ai signé Dieu Merci au Kévo Véron. Et donc là, je fais vraiment le grand saut. Oui,

  • Speaker #0

    parce que ça, tu parles de série 4 à série A.

  • Speaker #1

    Parce qu'en fait, le truc, c'est que... Et c'est là où l'argent a été fort. Parce que quand moi, je voulais signer en Suisse, il me dit non, je m'en signe. Va là-bas, tu verras que... ta progression, elle sera plus importante que si tu allais... Mais moi, pour moi, à l'époque, je me disais, attends, deuxième division, pour moi, c'est bien. Tu m'amènes, mais non, bon. Après, moi, je suis une personne de challenge, de défi. Et donc, j'ai dit non, OK. Et quand je suis parti là-bas... vraiment, moi, c'est l'amour et le respect. À partir du moment où tu me donnes de l'amour et du respect, moi, je peux donner ma vie pour toi. Je suis quelqu'un de...

  • Speaker #0

    Entier.

  • Speaker #1

    Voilà. C'est comme par exemple, moi, ma femme, je l'ai connue, j'avais 21, 22 ans, ça fait plus de 20 ans qu'on est ensemble. Donc moi, je suis vraiment lié aux gens. Mes amis d'enfants, c'est toujours mes amis d'aujourd'hui. C'est... J'ai pas beaucoup de gens autour de moi, mais si on est ensemble, on est...

  • Speaker #0

    La fondation, elle est solide.

  • Speaker #1

    Voilà. Moi, mon agent qui m'a pris à 17 ans, Aujourd'hui, j'en ai 44, c'est toujours le même agent. On a cheminé tout le temps ensemble. Après, on a créé notre école de football et qu'on sort. Donc, je suis quelqu'un qui aime avoir des personnes vraies à côté de soi. Parce que c'est très important également dans ton cheminement, des personnes qui peuvent te dire la vérité. Beaucoup de jeunes sont autour de personnes qui vont venir se coller à toi une fois que tu arrives là-haut. Et à un certain moment, tu peux un peu partir à gauche, à droite. Mais il y a certaines personnes qui t'ont connu quand tu étais rien, qui peuvent te taper là. Ça, ce n'est pas la direction. Mais comporte-toi de cette manière-là. c'est ce qui a toujours été ma force, c'est d'avoir vraiment des personnes qui peuvent te dire, ça tu le fais bien, ça tu le fais mal, et on se corrige les uns les autres. Donc c'est vrai que faire ce saut de qualité arrivé en Serie A, en fait c'était quelque chose que moi j'avais programmé dans mon esprit. Je me suis dit, il y a une autre étape de France 1, vas-y c'est parti. Et donc j'arrive au Kiev-Overon et tout ça, et j'ai fait ma préparation, mais très rapidement, je vois que le niveau est encore super élevé. Je me suis dit, jusqu'à l'arrivée de stars faut que tu te réadapte voilà et donc en fait eux ils me proposent deux choix ou de partir en me demande voilà aujourd'hui je mens et on a envie de continuer sa progression et moi j'étais 5 ans ils disent un jeune avec beaucoup de potentiel mais nous on va prêter donc tu as deux choix ou tu pars en prêt en france à l'époque avait saint-etienne qui me voulait ouais ou tu restes en Italie et on a un club un peu partenaire qui s'appelle Modène, qui est en série B. On connaît bien l'entraîneur et consorts et tu vas aller jouer en série B. Et comme moi, je suis tombé amoureux de l'Italie, j'ai bien aimé. Non, t'as vu ?

  • Speaker #0

    Je reste.

  • Speaker #1

    Je reste et je suis parti en série B à Modène.

  • Speaker #0

    Tu fais combien de temps là-bas ?

  • Speaker #1

    Modène, en fait, il m'envoie en prêt, mais c'était un prêt avec une option d'achat. D'accord. Donc les gars, ils disent, OK, nous, on vous le prend en prêt, mais on met une option d'achat. Donc à l'époque, je crois que c'était 3 millions de... C'était comme une somme assez importante. Et Modène, c'était une équipe qui venait juste de monter de série C. D'accord. Donc c'était une équipe qui était encore jeune, qui était bonne et tout ça. Et cette année-là, on gagne le championnat direct. Wow. Moi, j'ai à peine 19-20 ans et là, on descend. Je marque une dizaine de buts et on gagne le championnat. Wow.

  • Speaker #0

    ça doit être ça doit être une sensation quand même c'est ça, quand tu as vécu une saison et que tu finis la saison et que tu gagnes le championnat de te dire que tous ces efforts ont payé, ont servi et regarde on est les champions.

  • Speaker #1

    Et puis ça, c'est les choix. Donc moi, je vais à Modène. Là, je parle vraiment bien italien. Je suis bien acclimaté. J'ai des partenaires qui sont extraordinaires. J'étais encore le seul étranger dans cette équipe-là. Donc, tu attires la lumière. Donc, directement, c'est même là où l'équipe du Sénégal commence à s'intéresser à moi. Mais on était en série B et l'équipe du Sénégal à cette époque, c'est El Hadjidou, Henri Camara, Fatiga. Donc, c'est la grosse équipe du Sénégal. Donc moi, j'ai toujours ça. en ligne de mire je dis bon il faut que je franchisse mes étapes mais l'Italie va me permettre d'avoir les lumières sur moi donc on finit l'année on est champion et directement on monte on monte en série A ouais et c'est là où maintenant arrive le conflit parce que c'est ça j'allais dire t'as ton équipe qui t'a acheté qui

  • Speaker #0

    est en série A qui t'a prêté à une équipe qui est en série B mais maintenant vous vous êtes monté vous êtes en série A voilà comment ça se passe ?

  • Speaker #1

    donc maintenant ils disent Nous, vous nous rendez Diomancy, on vous l'a traité.

  • Speaker #0

    On ne le veut pas comme adversaire, nous,

  • Speaker #1

    on le veut dans notre équipe. Et l'équipe, là, ils disent que non, Diomancy, c'est notre joueur, on ne vous le rend pas. Et en fait, ils ont un système en Italie, maintenant ils l'ont enlevé, ils appellent ça les boosts. La busta, c'est quoi ? C'est l'enveloppe. D'accord. Ça veut dire que les deux clubs se rencontrent, parce qu'au départ, ils leur ont fait un prêt avec une option d'achat. L'option a été élevée. Ils ont dit que non, nous, on veut récupérer notre joueur. Et si tu veux récupérer ton joueur, maintenant, vous prenez des enveloppes. D'accord. Chacun met un chèque. Celui qui met la plus grosse mise garde le joueur. C'est comme ça ? Oui, c'est comme ça. Le football, à l'époque, c'était...

  • Speaker #0

    C'est chacun qui met un chèque dans une enveloppe. On ouvre, qui a mis le plus, c'est lui qui garde.

  • Speaker #1

    Voilà. Donc, les gars, ils se disent que non. C'est comme ça. C'est incroyable.

  • Speaker #0

    C'est le Far West,

  • Speaker #1

    le truc. Genre, toi, tu te dis, bon, à peu près combien on va mettre ? Ils avaient mis à peu près 3 millions. Ça, c'était le diritto di riscato. Ça veut dire, ça, c'était l'option d'achat. Comme ça a sauté. Ils se sont dit, Kévo, c'est un club qui avait plus d'argent que Modène. Donc, ils se sont dit, non, ce qu'on va mettre dans leur... Ils ne peuvent pas s'aligner. Et en fait, la Modène, à cette époque-là, ils ont fait le record. Et ils ont... ils ont mis plus que Kévo donc quand ils ont ouvert les bouses pour moi j'étais sûr de repartir au Kévo et ils m'ont dit ramène tes affaires et tout ça et le jour où ils ouvrent les bouses ils disent que c'est je m'en suis tu restes à Modène ah ouais même les deux clubs ils se sont beaucoup beaucoup engueulés parce qu'en fait c'était un club satellite et à partir de ce moment là ils se sont t'as créé la séparation entre les deux t'as créé la rupture ils se sont trop chauffés ça les a trop énervés c'est incroyable ce système là d'enveloppe j'ai appelé les enveloppes la bousse

  • Speaker #0

    Et donc là, tu es en Syria.

  • Speaker #1

    Et donc là, je reste à Modène en Syria et je fais deux ans là-bas. Et c'est à ce moment-là aussi que je suis appelé. C'est ma première année de Syria où je suis directement appelé avec l'équipe de l'Institut de la Sérégale.

  • Speaker #0

    Non, t'inquiète, on arrive à ça. Tu vas nous raconter ça. Donc là, tu arrives à Syria. C'est... Le Jomansi Kamara qui commençait au Red Star, comment il se sent quand il se dit « Ok, là je suis en série, ça y est, là je vais affronter, comme tu as dit, je vais affronter les Tchétchenko, je vais affronter les Maldini. » Est-ce que Maldini joue encore quand tu… ?

  • Speaker #1

    Moi c'est Maldini, Costa Corta… Parce que c'est ça toi,

  • Speaker #0

    moi je parle des attaquants, mais c'est les défenseurs qui étaient sur toi, qui toi tu devais affronter.

  • Speaker #1

    C'est Maldini, Maldini c'est un de mes plus gros… Maldini, Nesta, Cafu, Dida, non c'était là. C'était le Graal. Non, c'était le Graal.

  • Speaker #0

    En tant qu'attaquant, quand tu devais les affronter, comment t'étais la veille avant d'être affronté ?

  • Speaker #1

    En fait, moi, je suis... Je sais pas... En fait, il faut avoir beaucoup de confiance en soi. Ouais, non, t'as pas le choix. Et en fait, c'est ça, c'est que moi, c'était le défi de me dire, ouais...

  • Speaker #0

    Je vais leur montrer.

  • Speaker #1

    Je vais leur montrer. Et moi, je me rappelle mon agent qui avait... Même quand on faisait des petits matchs de quartier et tout ça, il s'appelle Serran Diabaté, il me disait, je m'en sers à plique, toi. Parce que quand tu joueras en Serie A, tu ne pourras pas laisser... Et moi, je lui dis, mais qu'est-ce que tu me racontes ? On est au quartier, c'est rentre.

  • Speaker #0

    Ah, lui, il avait déjà la vision de t'amener. Lui,

  • Speaker #1

    il avait la vision. Il me disait, et je me rappellerai toute ma vie, le premier match qu'on a joué contre le Milan, et je l'ai vu dans les tribunes, même lui, il avait mis sa cravate, son costard, et on rigolait. Il me disait, qu'est-ce que je te disais, Diop ? C'est réel.

  • Speaker #0

    Donc,

  • Speaker #1

    non, non, c'est... Et moi, en Italie, c'est là où on m'a... Parce que moi, j'étais quelqu'un d'assez élégant sur le terrain. J'étais quelqu'un quand même, comment je courais, comment je me déplaçais. Et c'est là où on m'a surnommé ma première année la gazelle d'Afrique. La gazelle d'Afrique. Parce qu'ils disent que t'es... Oui,

  • Speaker #0

    t'es élégant, t'es fluide.

  • Speaker #1

    Et donc non, même contre le Milan, j'ai tout le temps... Les gros matchs, les gros affiches, j'étais présent. Le Milan, j'ai marqué. L'Inter, j'ai marqué. Contre la Juve, contre la Roma. Je ne marquais pas beaucoup. Je ne vais pas te marquer 20 buts. Mais les gros matchs, je suis là.

  • Speaker #0

    En fait, tu aimes la pression.

  • Speaker #1

    J'aimais bien ces matchs-là.

  • Speaker #0

    L'adrénaline, elle est au maximum.

  • Speaker #1

    Et en fait, le premier match de Serie A, c'est ça qui est marrant. C'est qu'en Italie, ils ont une coutume. Les trois équipes promues, tu joues les trois meilleures équipes du championnat. Ça veut dire que ton premier match en Serie A...

  • Speaker #0

    C'est direct dans le feu du...

  • Speaker #1

    Ou tu joues le Milan, ou tu joues la Juve ou l'Inter. Et moi, mon premier match, je me rappelle, c'est contre la Rome à l'Olimpico. 80 000 personnes.

  • Speaker #0

    80 000 personnes !

  • Speaker #1

    Donc là, tu passes de 20 à 80. Je me fais par quatre. Pareil, c'était la grande Romain, Francesco Totti, Montella, Aldair, c'était là le Gafon, Emerson.

  • Speaker #0

    En fait, tu sais, à chaque fois que je regarde des matchs de foot, surtout des gros matchs, j'essaie toujours de me dire, mais qu'est-ce que les joueurs doivent ressentir quand tu rentres sur le terrain que tu as ? Comme tu dis, tu as un mur. Un mur de personnes devant toi.

  • Speaker #1

    Et nous, c'est notre premier match. Ça veut dire que nous, on est promu. On est la petite équipe moderne et tout ça. Et tu arrives à l'Olympico. Et tu sais, c'est la première du championnat. Donc, ça veut dire que le stade est plein. Plein, craqué. Et pareil, là, je m'échauffe. Mais franchement, là, mes jambes, quand même, c'est un peu... C'est un peu un problème.

  • Speaker #0

    Là, c'est sérieux.

  • Speaker #1

    Là, quand même, quand il m'a appelé, c'était mon premier match en série 1. Mais pareil, au bout de 5-6 minutes, pareil, bam, bam, bam.

  • Speaker #0

    Oui, de toute façon, je pense que tu as le côté humain qui, effectivement, c'est la première fois, donc tu es un petit peu perdu. Mais une fois que le joueur se met en mode, allez, là, c'est le match et tout, tu as tellement d'automatisme, tu as tellement d'expérience dans les jambes et dans le truc que tu ne vois plus, finalement, les supporters.

  • Speaker #1

    Et puis, à 20 ans, tu es inconscient. Tu sais, quand tu es jeune, c'est comme quand tu ne vois pas le danger. Oui. moi tout ce que j'attendais je dis coach mets moi dedans et je le regardais je le regardais je le regardais et pareil là je rentre au bout de 5 6 minutes boum boum boum je fais une belle action pas décisive on marque et on a gagné premier match premier match ah ouais vous venez de monter et vous gagnez le premier match avec l'aroma l'aroma 2 et puis ça les gens peuvent aller Aujourd'hui, il y a Internet. On ne va pas raconter des histoires. Tout ce qu'on dit là,

  • Speaker #0

    c'est vérifiable.

  • Speaker #1

    Si vous regardez Rome-Modène, je crois que c'était en 2003, on a gagné 2-1 le premier match. Moi, j'ai fait une passe décisive à l'attaquant, il s'appelle Skouli. Pour vérifier, on a gagné 2-1. Moi, c'était un magnifique souvenir.

  • Speaker #0

    Macha, ça doit être des souvenirs. En fait, je ne sais pas si vous, footballeur... On vous le dit, que vous vivez quand même une vie qui est incroyable, qu'il n'y a pas beaucoup de personnes qui vont vivre ça, mais je ne sais pas si vous vous en rendez compte. Est-ce que tu t'en rends compte pendant que tu es joué ou après ta carrière ?

  • Speaker #1

    Non, tu t'en rends compte parce qu'en fait, moi j'ai tous mes amis qui ont souhaité devenir footballers professionnels. Donc tu vois un peu le regard qu'ils ont. Et en fait, moi ce que je me suis toujours dit, c'est que si je réussis, en fait il faut que ça profite aux autres. C'est ce qu'il disait mon papa, mon papa il me dit... t'es comme une bouteille d'huile, quand tu la laisses tomber, si elle éclabousse, il faut que t'éclabousses tous ceux qui sont à côté de toi. Donc nous, en fait, ma carrière, je l'ai vécue avec tous mes amis. Ça veut dire qu'en Italie, il y a beaucoup de joueurs, tu vois, ils font venir leurs amis. Et la chance que j'ai eu, c'est que moi je n'ai pas été en centre de formation, c'est là où je vois que le papa a été très intelligent. Regardez un joueur comme Mbappé aujourd'hui, il est très isolé. Il a expliqué même dans ses centres de formation. Voilà, tu ne fais pas les mêmes. Moi, j'ai grandi dans le quartier, dans la banlieue. Ça veut dire que ma réussite, c'était la réussite de tout le quartier. Ça veut dire qu'ils étaient tous derrière moi. Et le jour où j'ai réussi, les gars, on va tous profiter. Donc ça veut dire que moi, quand je jouais le MI, j'avais cinq, six potes qui étaient là. Et en fait, ils m'ont... ont suivi toute ma carrière. Et c'est ça pour moi qui a été magnifique, c'est qu'à travers ma réussite, les autres, ils ont pu vivre un petit peu le côté professionnel. Et moi, ça me remettait toujours les pieds sur terre de me dire, putain, quand même, je suis chanceux. Mes potes, ils aimeraient être à ma place. Mais vas-y, les gars, je suis devant, je suis la locomotive. Vous êtes les wagons,

  • Speaker #0

    mais on avance tous.

  • Speaker #1

    On avance tous ensemble.

  • Speaker #0

    Incroyable. Et donc, tu joues en Italie pendant combien d'années ?

  • Speaker #1

    En fait, j'ai... comme je t'ai dit on est monté à Serie A je fais deux ans en Serie A au bout de mes deux ans de Serie A après je pars en Angleterre tu pars en Angleterre quel club déjà le plus par rapport à Smurfs exactement Harry Redknapp lui il adorait les joueurs africains je me rappelle j'étais déjà à cette époque après j'étais déjà en équipe nationale on avait fait un match Sénégal-Côte d'Ivoire à Paris il était venu il m'a vu et tout ça et à l'époque il y avait Yakubu l'attaquant du Nigeria il y avait Lomana Lua-Lua il a à RDC. Il y avait Alucissé. Les gens ne savent pas, moi j'ai joué avec Alucissé à Portsmouth. Il y avait Amdifai, un autre Sénégalais. Il y avait Valéry Mézac, un Camerounais qui est décédé après un accident tragique. Mais il y avait beaucoup de...

  • Speaker #0

    Il y avait une base africaine.

  • Speaker #1

    Et donc, je suis allé directement à Portsmouth et on a fait une très bonne... Parce qu'après, moi mon rêve aussi, c'était la première ligue. La première ligue commençait à prendre de l'impact avec les Thierry Henry, avec les Anelka, avec tous les grands attaquants. Moi, j'ai toujours eu ce truc de... Le football italien, il est bien, mais c'est très tactique. C'est tout le temps... Moi, j'aime les espaces, j'aime courir.

  • Speaker #0

    Le football anglais, il est plus dans courir.

  • Speaker #1

    C'est plus mon ADN. L'ADN du championnat. À l'époque, il y avait Henri Camara, Papou Pajob. Tous les Sénégalais étaient là-bas. Moi, j'étais un des seuls avec Ferdinand Collier en Italie. Je me disais, putain, j'ai envie d'aller en première ligue. Dès que j'ai eu l'opportunité...

  • Speaker #0

    Après, il y a eu un très bon transfert. En Modène, le cycle était fermé. J'ai fait mes trois ans et après, je suis parti pour dix ans en Premier League.

  • Speaker #1

    Mais tu l'as dit, entre-temps, avant l'Angleterre, tu fais ta première sélection avec l'équipe du Sénégal. Là, je suis obligé de faire un passage dessus parce que, pareil, je reviens au papa. Mais le papa, il a dû être tellement fier quand il a dû porter le maillot la première fois.

  • Speaker #0

    En fait, ce qui est intéressant par rapport à ça, c'est que Moi, j'ai fait les pré-France. Quand t'es en région parisienne et qu'on sort. Donc, il y en a beaucoup qui rêvent de jouer pour l'équipe de France. Moi, mon rêve, ça a toujours été de jouer pour le Sénégal. Dès le départ. Parce qu'en fait, je me suis dit, c'est comme ça que je vais repayer mon papa. je porterais le moyao de l'équipe nationale pour lui. Moi, déjà, par exemple, je m'appelle Jomansi Kamara. Jomansi, c'est le nom de mon grand-père. Il a donné le nom du grand-père, donc moi, j'ai vraiment cet héritage familial.

  • Speaker #1

    C'est ancré dans...

  • Speaker #0

    Et à chaque fois que je venais, par exemple...

  • Speaker #1

    D'ailleurs, excuse-moi, t'interrompes, dans mes petites recherches, Kamara avec un K, parce qu'il y a eu une faute administrative.

  • Speaker #0

    Les Français, là... Moi, toute la famille est avec un C. Et en fait, quand il est parti faire la documentation, ils ont tout écrit avec un K. Après,

  • Speaker #1

    c'était compliqué pour changer. Donc, il est resté avec le K.

  • Speaker #0

    Je me rappelle même ma première sélection. Mon ami Alugo Loco, que je salue au passage, il avait écrit l'article, ce Kamara-là est un K.

  • Speaker #1

    Ah, joli jeu de mots. Pas mal, pas mal, pas mal. J'aime ça.

  • Speaker #0

    Il a fait un truc sympa.

  • Speaker #1

    Donc, première sélection.

  • Speaker #0

    Ouais, donc, première sélection. Je ne vais jamais l'oublier, en fait. Et ce qui est marrant, c'est qu'à l'époque, il y avait l'équipe du Jimens, Thierry Gilardi. Donc, c'était la grosse émission. Et il disait, le franco-sénégalais combat. Moi, je me disais, dès que l'équipe nationale m'appelle, je réponds. Et en fait, c'est pour ça aussi que j'ai eu beaucoup cet amour avec les Sénégalais. C'est que je n'ai pas été celui qui a hésité en disant non. À l'époque, je te le disais, nous, on était deux à jouer en Serie A avec moi. Et Ferdinand Colli du côté de Pérouse. Et on se voyait, on s'affrontait, il me disait alors, il faut venir. J'ai dit non, moi, dès qu'il m'appelle, je viens. Et à l'époque, il y avait un agent sénégalais qui travaillait un peu avec la FED, qui s'appelait Sidifal. Il est venu me voir, il m'a dit, l'équipe nationale qui est intéressée, qu'on sort. Alors, il dit, moi, il m'appelle. Et j'arrive. Voilà. Et donc, ils m'ont appelé en fin 2002, début 2003. Et le premier match, c'était Sénégal-Maroc. OK. Et regarde comment Dieu fait bien les choses. Toujours. C'est le premier match à Paris.

  • Speaker #1

    Hé ! Donc, tu as toute la famille qui est là, tous les copains qui sont là. Aïe, aïe, aïe. Aïe, aïe, aïe.

  • Speaker #0

    C'est pas au-delà. Ah oui. T'imagines ? Oui. C'est pas en allant. Oui. Premier match de l'équipe nationale. C'était pas au pays, c'était à Paris, région parisienne où moi j'ai grandi. Sénégal. Sénégal.

  • Speaker #1

    Non, j'imagine.

  • Speaker #0

    Et donc en fait, je me rappelle, la veille, on joue en fait contre la Roma. C'était pareil et tout ça. marque un très beau but. Une balle lobée, Thierry Gilardi parle et dit « L'équipe de France commence. » Le soir, on m'appelle, on me dit « Oui, John Mancier, on va te convoquer en équipe nationale. » Je me rappelle, j'étais trop content et qu'on sort et tout. Et moi, je voulais aussi me démarquer en équipe nationale parce que tu vois, t'arrives, les gens, ils sont là. Je me rappelle le matin, j'étais parti m'acheter un costume smalto.

  • Speaker #1

    Ça, c'est le côté italien.

  • Speaker #0

    Je me dis, t'as vu, je vais arriver en équipe nationale, mais classe. J'ai toujours voulu avoir ce côté-là de dire, ouais, les footballeurs, vous êtes des voyous. Ah, les footballeurs, vous vous habitez. Non, le footballeur, c'est quelqu'un aussi qui peut s'habiller d'une certaine manière, qui peut être un... Donc, je me rappelle, j'avais acheté un beau costume smalto. Et j'étais parti à le prendre. Le premier qui m'a accueilli en équipe nationale, c'est Eladji Diouf. Il est venu, je rentre comme ça dans le hall. Et en fait, c'était une manière de me donner confiance et du respect. Eladji m'a accueilli. Et après, depuis, avec Eladji, ça fait plus de 20 ans. Il y a des gens qui ne comprennent pas. Ils disent, ouais, c'est l'eau et le feu. C'est deux caractères.

  • Speaker #1

    On pourrait penser que c'est deux caractères différemment différents.

  • Speaker #0

    Mais Eladji, pour moi, c'est un grand frère. Ma première sélection, en fait, il m'a accueilli, on a joué à Paris. C'était contre le Maroc, il disait archi froid, mais j'avais toute la famille, tous les amis. C'est un souvenir extraordinaire. La première fois que j'ai mis le mot de l'équipe nationale.

  • Speaker #1

    J'allais demander quand tu arrives dans le vestiaire et que tu vois le maillot qui est là, avec ton nom dessus, ton numéro, que tu le mets et tu dis ça y est.

  • Speaker #0

    En fait, le seul truc, c'est qu'il m'avait... Ils avaient mis John Mancy sur le maillot. Et ils m'avaient donné le numéro 9. Et je me rappelle, on avait malheureusement perdu contre le Maroc. Mais il y avait eu un envahissement de terrain. C'était à Charletti. C'était un bordel comme pas possible. Mais ça restera un souvenir magnifique. l'équipe nationale c'est ce que je dis souvent tu peux jouer dans 10 clubs 15 mais l'équipe nationale c'est autre chose t'as qu'une équipe nationale c'est-à-dire le maillot de l'équipe nationale c'est celui que tu dois le plus plus plus respecter Tu as des millions de gens derrière toi, c'est le monde. Il n'y a pas plus beau que... C'est le Graal, en fait. Quand tu arrives à Lille, tu représentes ton pays. C'est le maximum. C'est le maximum.

  • Speaker #1

    Ça doit être une sensation incroyable. Et le premier match au Sénégal ?

  • Speaker #0

    Le premier match au Sénégal, c'était un match éliminatoire, à Paris, je me rappelle. Et en fait, c'était marrant parce que toute ma famille, je leur disais, je vais jouer avec l'équipe nationale. Ils me disaient, regarde le petit Parisien. Ils ne savent pas te jauger, tu vois. Ils me disent, toi, tu parles, tu parles. Ils me disent... Ma famille m'en vit, j'avais 6 ans. Et puis je grandissais.

  • Speaker #1

    Tu parles de ta famille qui est ici au Sénégal ? Ici, ici.

  • Speaker #0

    Et j'avais un cousin, Baba Karbaji Dembo. Il me disait, toi tu parles trop, arrête de parler. Je disais,

  • Speaker #1

    toi... Il est fou.

  • Speaker #0

    Voilà ! Il me disait, toi t'as la bouche. Est-ce que tu sais ? Je lui ai dit, toi, quand je vais jouer, tu vas me demander pardon. Et je me rappelle, la première fois que je suis arrivé, c'est lui qui est venu m'accueillir. Il m'a pris dans ses bras, il pleurait. En fait, on était au gorge d'Iraman. On était au Gordia Rama. Et quand j'arrive, peut-être 400, 500 personnes. En fait, toute ma famille de la Medina était venue. Parce qu'à l'époque, c'était une fierté.

  • Speaker #1

    L'ensemble du quartier qui est dans l'équipe nationale.

  • Speaker #0

    C'est pas comme maintenant. Maintenant, aujourd'hui, ça s'est démocratisé. L'équipe nationale... elle est à... Diabinajo, Radisson, tout ça. Non, nous, on était au Concordia. On était dans le cœur de la ville. Les entraînements, il y avait 30 000 personnes. Les entraînements, ils étaient ouverts du lundi au jeudi. Tu fermais juste le vendredi. Nous, on était vraiment le... C'est pour ça qu'il y a eu cette proximité avec le peuple.

  • Speaker #1

    Effectivement, ça se comprend beaucoup plus.

  • Speaker #0

    J'étais au Léopold Cédar Saint-Gaure. Nous, toutes les séances, en fait, les entraîneurs disaient non. Les enfants arrivent à travers vous. On est en équipe nationale. Les séances d'entraînement sont ouvertes. Pourquoi on va fermer la séance d'entraînement ? La veille du match, quand tu dois faire le système tactique et qu'on sort, tu fermes le vendredi. Mais tu l'as une semaine. Toute la semaine, les gens veulent venir vous voir, ils viennent. Moi, je suis dit, nous, on faisait des entraînements avec 30 000 personnes. C'était plein. Donc, quand j'arrive, toute ma famille dit tam-tam. en fait ils ont vu le petit Diomancy qui a grandi, à maintenant celui qui arrive en équipe nationale en équipe nationale je me rappellerai toute ma vie, après on avait gagné 2-3-0 mais franchement c'est les plus beaux souvenirs avec les Lyons dans ta carrière si tu dois choisir tu préfères tes souvenirs avec les Lyons ? et pourtant j'ai eu mes plus grosses blessures, je me suis fait les croiser en équipe nationale contre le Liberia j'ai eu mes grosses blessures avec l'équipe nationale mais les émotions que j'ai ressenties H0, sans signe nulle part ailleurs. C'est même à ce moment-là que je me suis dit, dès que j'arrête ma carrière, je vais m'installer ici. Dès le départ, je me suis dit, ça,

  • Speaker #1

    ici, je suis chez moi.

  • Speaker #0

    C'est à la maison. Ici, je vis. Ici, j'ai envie de me battre pour ces gens-là. J'ai envie, une fois que je vais arrêter le football, de créer certaines choses. Ici, c'est chez moi. C'est vraiment l'équipe nationale pour moi.

  • Speaker #1

    Ça a solidifié encore plus la relation avec le Sénégal.

  • Speaker #0

    100 fois. Et puis, l'amour des gens. Tu sais, quand les gens te rendent ce que toi, leur donnent, ça, ça n'a pas de prix.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Ça n'a pas de prix.

  • Speaker #1

    Donc, toi après, tu repars en Angleterre. Tu fais combien d'années en Angleterre ?

  • Speaker #0

    J'ai fait 10 ans.

  • Speaker #1

    10 ans en Angleterre.

  • Speaker #0

    10 ans en première ligue. Wow. De mes 22-23 jusqu'à 33 ans. J'ai fait un petit passage par l'Écosse, au Celtic. Et j'avais un de mes entraîneurs là qui était parti au Celtic. Moi, je suis quelqu'un qui aime voyager. Et j'ai eu pas mal de blessures. Un moment, quand j'étais à Fulham, j'ai arrêté pendant 8 mois, 10 mois. Et j'avais besoin de reprendre du temps de jeu. Et donc, j'avais mon entraîneur Tony Bobway qui était parti du côté du Celtic. Et je suis parti un an au Celtic. Ouais, extraordinaire aussi.

  • Speaker #1

    Et donc, après l'Angleterre, est-ce que tu vas dans un autre championnat ?

  • Speaker #0

    En fait, moi, voilà. Moi, j'avais 33 ans. Donc, j'ai fait 10 ans et tout ça. Et après, j'étais en fin de contrat. Donc, j'avais ou l'opportunité d'aller dans les pays du golf. À l'époque, il y avait les pays du golf qui... qui était Dubaï et Consor donc j'avais reçu une offre là-bas et puis après j'ai eu un club j'ai un club turc et moi à 33 ans j'avais encore envie de jouer ouais je me suis dit c'est bien d'aller à Dubaï et Consor mais où est-ce que je peux me rapprocher de ma religion ? Parce que si moi, je suis quelqu'un d'assez religieux...

  • Speaker #1

    Ouais, non, on va y venir sur ce sujet-là.

  • Speaker #0

    Pour moi, j'avais besoin de découvrir autre chose et je me suis dit, ah, la Turquie, ouais. Et à ce moment-là aussi, il y avait Dembaba, Moussa So, Isardia, Doudou Jacques Fatih. Il y avait une petite communauté sénégalaise là-bas et ils me disaient, c'est la Turquie qu'on sort. Et donc, je suis parti trois ans, j'ai fait trois ans à Eskişir.

  • Speaker #1

    Les supporters turcs, ça doit être quelque chose. Non,

  • Speaker #0

    c'est la Turquie. moi en fait c'est ça que j'aime le football pour moi c'est la passion j'ai toujours aimé ce côté sulfureux des ambiances de malade après quand tu joues Fenerbahce Galatasaray Peshikta ça doit être une folie les stades là-bas quand c'est des gros derbis non même nous franchement on est arrivé là-bas Eskichir c'était un bon petit club C'était un bon club qui se maintenait. En deux ou trois ans, on a fait de très bonnes chances de qualifier en Coupe d'Europe. On a fini cinquième. On a fait des préliminaires de barrage pour jouer l'Europa League contre Marseille. Donc vraiment, là-bas, ma première année, j'ai mis 15 buts. J'avais 33 ans. Donc non, franchement, j'ai super expérience de vie à la Turquie.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu avais une célébration ?

  • Speaker #0

    Oui, moi, c'était ça.

  • Speaker #1

    La folie.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Tu vois, même avec... Alors ma femme, son plus grand rêve, c'est de courir et de sauter sur les genoux et de glisser. C'est-à-dire qu'à chaque fois qu'elle voit cette célébration d'un joueur de foot, elle se dit mais ça doit être une sensation quand tu fais ça, que tu as un stade qui crie parce que tu as marqué et que tu glisses dans le truc à chaque fois.

  • Speaker #0

    L'adrénaline, tu sais marquer. Moi, des fois, c'est ça qui me manque. Oui, j'imagine. Ce n'est pas deux jours.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu en rêves ? Ça, c'est une question que je me pose. Maintenant, tu n'es plus dans la carrière, tu ne joues plus. Mais est-ce que ça t'arrive quand tu dors de re-réveiller quand tu as marqué un peu plus ?

  • Speaker #0

    Non, en fait, c'est le... l'émotion, la sensation. Le sport, en fait, c'est transmettre des émotions et des sensations. Et en fait, ça, tu le vis. Pour moi, il n'y a pas plus beau que marquer un but. Marquer un but dans les dernières minutes. Par exemple, quand Sadio marque le but contre l'Égypte. Oui,

  • Speaker #1

    non. Le niveau de pression, je n'imagine pas, mais le niveau de délivrance,

  • Speaker #0

    quand tu le mets. C'est ça. À la dernière minute, tu marques des buts extra-hauts. Des recours. Franchement, c'est... Et moi, ma salubration, parce qu'à l'époque, quand j'étais en Angleterre, j'ai eu pas mal d'offres et après je m'étais cassé le métatars en fait mon président moi c'est ce que j'ai malheureusement très souvent eu dans mes dans mes clubs les présidents ne voulait pas me laisser partir ah ouais attaché à l'eau était souvent attaché à moi en fait j'ai souvent eu des offres et je devais partir à moi je devais partir au pg ça s'est pas fait je vais partir à bordeaux c'est pas fait je devais partir au milan c'est parfait si tu avais joué au pg non ça c'était mon rêve c'est ça que j'avais dit à ça qu'il manque non je te jure

  • Speaker #1

    C'est pas trop tard.

  • Speaker #0

    Non. J'ai failli, mais malheureusement, ça ne s'est pas fait. Et en fait, mon président, à l'époque, quand j'étais à West Brom, pendant la période du Mercato, il ne m'a pas laissé partir. Et après, il me disait non, entraîne-toi et ceci, cela, le temps qu'on trouve. Et quand je m'entraîne, je me casse, je me fais une blessure au métatars et je suis absent trois mois. Et donc, en fait, il m'a empêché de partir où je voulais.

  • Speaker #1

    OK.

  • Speaker #0

    Et donc, en fait, ça, je l'ai très mal vécu. Et le premier match où je suis revenu, on jouait West Bromleitz, je rentre, après trois mois de blessure, et on gagne 4-2, je marque deux buts. Et dès que je marque, je vais voir le président et je lui fais comme ça. Je t'ai fâché avec lui. Je lui ai dit, mais toi, t'es... je lui ai dit toi t'es fou et en fait lui il l'a mal pris deuxième match deuxième but je vais le voir et je lui ai dit encore t'es fou et lui il savait que c'était pour lui le week-end d'après je marque encore deux buts et après je me suis dit ah ouais ça c'est ça c'est ma célébration et après elle

  • Speaker #1

    est restée comme ça mais c'est fou ce que tu dis parce que tu vois pareil nous grand public on se rend pas compte de tout ce qui est politique dans le jeu et tu vois je pense que tu marques Et toi,

  • Speaker #0

    tu vas provoquer ton directeur. Je lui dis, t'es fou. Et en fait, c'est comme ça, ça me... Tu sais, l'adrénaline, on sort.

  • Speaker #1

    Comment, à ce moment-là, tu marques ? Et là, ta première réaction, c'est pas, je vais voir les supporters. C'est, je vais te montrer que...

  • Speaker #0

    Voilà, voilà. Mais en fait, c'est pour ça que le football, c'est beau. Je me rappelle aussi un jour d'une célébration d'Ade Bayor. Tu te rappelles quand il était parti du coach.

  • Speaker #1

    Il a ru tout le terrain pour aller voir les anciens supporters.

  • Speaker #0

    En fait, des fois, là, tu...

  • Speaker #1

    T'as folie.

  • Speaker #0

    Le sang monte au cerveau et tu réfléchis plus. C'est ça aussi qui est beau. Ça fait partie du sport de haut niveau.

  • Speaker #1

    Donc, tu finis ta carrière de footballeur en Turquie.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Et avant d'arriver à la suite, après ta carrière de footballeur, ça c'est une des questions fortes pour moi pendant notre discussion. À quel moment tu embrasses l'islam dans ta vie ? Parce que pour les gens qui te suivent, pour les gens qui te connaissent, Tu es quelqu'un qui fait beaucoup de rappels, qui est très engagé, qui défend les valeurs de cette religion énormément, qui va souvent faire des pèlerinages et tout, et qui transmet de très beaux messages par rapport à notre religion. Mais en tant qu'enfant métisse, comme tu l'as dit tout à l'heure, tu as la maman qui est catholique, le papa musulman. Est-ce que toi, tu découvres ta religion très jeune ou c'est plus un peu comme moi, moi dans l'adolescence. Moi, c'est dans l'adolescence, je vais dire fin d'adolescence, 18 ans, 19 ans, que je me dis que je me considère musulman, je suis musulman et je veux embrasser cette religion-là. Comment toi, ça arrive dans ta vie ?

  • Speaker #0

    Pour moi, c'est très simple. Tu sais, même dans la religion musulmane, on dit que c'est le papa qui transmet la religion. Donc moi, je n'ai musulman, je ne suis pas quelqu'un qui me suis converti ou moi, Ma maman m'a initié au christianisme. Non, mon père. Vous êtes musulman,

  • Speaker #1

    mes enfants seront musulmans. Voilà. D'accord.

  • Speaker #0

    Donc il y a eu tout le temps cette tolérance-là, que ce soit ma soeur, mon petit frère. On ne mange pas de porc, on est musulmans. Notre maman, elle respecte ça. Donc ça, c'est le papa. Et après, il y a différence entre être musulman et pratiquant. Donc ça veut dire que moi, je grandis un peu comme tous les enfants. Tu pries, tu ne pries pas, tu fais des trucs à gauche, ton adolescence et tout ça. Moi où j'ai vraiment commencé à me rapprocher de l'islam, c'est vers les coups de 16-17 ans. Même mes voyages ici au Sénégal me faisaient du bien. Et j'ai toujours eu cette... Par contre, j'ai toujours eu beaucoup de tolérance envers tout. toutes les religions. Moi, j'ai toujours eu ce cheminement spirituel de comprendre pourquoi tu faisais les choses. Et pour moi, l'islam, c'est juste la continuité du judaïsme, du christianisme, et ensuite, tu arrives à l'islam. Donc, en fait, pour moi, c'est quelque chose de très logique. Et après, ma pratique, elle a été... Elle a augmenté au fil des ans. Et puis, moi, je pense que la religion, c'est quelque chose de très personnel. Mais dans le monde dans lequel on vit actuellement, on dénigre tellement... l'islam que moi je me dis c'est important qu'on véhicule certaines paroles et que nous personnes des médias ou personnes un peu un peu du pouvoir public on puisse apporter une autre image et véhiculer certaines paroles qui font qu'elles vont contrecarrer ce que les médias populaires et tout et c'est la même image de non moi je suis quelqu'un je vais pas mettre en avant ma religion ou ma pratique point Mais je me suis dit, et en fait, ça, c'est un de mes premiers voyages que j'ai fait à la Mecque. En fait, moi, je suis parti très jeune à la Mecque faire ma première Oumra. Parce que nous-mêmes, dans l'équipe nationale sénégale, on était une petite communauté où on était quand même pas mal religieux. Donc, moi, ma première Oumra, je l'ai fait, j'avais 23 ans. à différence d'autres jeunes qui aiment se dire moi tiens j'ai 22-23 ans je vais aller non moi je me suis dit Dieu m'a beaucoup donné il m'a permis de réaliser mon plus grand rêve d'aider ma famille donc on est parti d'Embaba, Moussasso Issiardia, Jacques Fatih il y avait à l'époque Djibril Sidibé aussi qui était en équipe de France, on est parti à 6 et on a fait la première Oumra à 23 ans, et donc ça ça m'a beaucoup ouvert l'esprit sur comment me comporter en communauté quelle était l'importance d'être un sportif de haut niveau parce que grâce à Dieu on a réussi à rencontrer Cher Soudaïs pour ceux qui ne le connaissent pas c'est l'imam de la Mecque c'est un des plus grands récitateurs au monde, c'est comme si dans le football ... si vous croisez Cristiano Ronaldo ou Messi. Donc lui, pour avoir audience avec lui, c'est...

  • Speaker #1

    C'est extraordinaire.

  • Speaker #0

    Très, très compliqué. Et donc, il y a un grand frère qui s'appelle Abdel Rachid, un ancien footballeur qui s'est converti. Lui, il avait pas mal de connaissances là-bas. On a réussi à rencontrer l'imam de la Mecque. Et en fait, lui, il nous a donné deux conseils. Donc, on était là, on a dit, cher, est-ce que tu peux... Il a dit, le premier conseil que je vous donne, c'est accueillir toujours les gens avec un visage souriant. Lui, tu le vois, c'est une lumière. Tu sais, quand il arrive à la mer, quand il va faire ses... Il a des gardes du corps, c'est une personnalité, mais l'aura qu'il dégage... Et tu sais, beaucoup de gens disent dans l'islam, les gens sont fermés. L'islam, c'est... Assalamu alaikum, c'est que la paix soit pour toi. L'islam, c'est une religion de paix. Ceux qui veulent essayer...

  • Speaker #1

    La diaboliser, de toute façon, oui.

  • Speaker #0

    C'est la paix. Donc, lui nous a dit, première des choses, visage souriant. Parce que les gens, ils vous lisent, ils vous regardent. Si tu as le visage fermé, directement, tu peux... éloigner des gens de la religion. Et le deuxième conseil, il a dit le bon comportement. Il a dit, et un comportement parce que les gens, ils lisent pas le Coran, ils vous lisent vous. Ils disent que c'est toi le musulman. Regarde comment tu vas te comporter. Il dit, vous, en tant que footballeur, vous êtes des ambassadeurs de la religion. Donc essayez toujours d'avoir un bon comportement. C'est pas par la parole, c'est par ce que vous faites. Les gens, ils vous lisent vous. Et moi, c'est quelque chose qui m'a marqué. Je me suis dit, ah, quand même, il va toujours falloir essayer d'avoir un comportement bon. en adéquation avec nos paroles. Et même des fois, sans parler, les gens vont te regarder. C'est comme tes enfants. Toi, tu as des enfants. Les enfants, ils sont beaucoup dans le mimétisme. Ils ne sont pas là. Tu ne parles pas, tu vas faire ta prière. Ton fils ou ta fille vont venir, elle va prier.

  • Speaker #1

    Effectivement.

  • Speaker #0

    Donc, moi, j'ai toujours eu un peu ce côté spirituel. Et après, j'ai fait quatre ou cinq ou moins. Et l'année dernière, grâce à Dieu, j'ai pu faire mon hajj. Donc, ça, c'était le maximum.

  • Speaker #1

    Et c'est fort, comme tu dis, qu'à 23 ans, surtout quand tu es dans... ce milieu-là, d'être conscient et de ne pas être attiré justement par la pas des lumières de l'autre côté, de la célébrité et tout, et de te dire que j'ai une conscience, j'ai une responsabilité vis-à-vis de l'opportunité que Dieu m'a donnée et je me dois de saisir cette opportunité et de... et de faire au mieux avec la chance que j'ai pour apporter aux autres. Et donc, tu finis ta carrière de footballeur. Quand tu finis, est-ce que tu as déjà la vision de ce que tu fais actuellement ? On va y venir, c'est-à-dire le développement de jeunes, création de centres de formation et tout. Ou est-ce que c'est quelque chose que, quand tu finis ta carrière, tu t'arrêtes et tu te dis après, je vais voir ce que je vais faire ? Ou c'est quelque chose qui est déjà visualisé ?

  • Speaker #0

    En fait, moi, c'est exact. Moi, je vis dans l'instant présent. C'est bien de préparer, mais c'est bien de ne pas trop se projeter. Parce qu'aujourd'hui, on est là.

  • Speaker #1

    Exactement, on n'a aucune garantie.

  • Speaker #0

    Donc moi, en fait, dans ma structuration, je me suis dit que je vais me marier aussi très jeune. D'accord. C'était parce que... comme tu l'as dit, les strass, paillettes, tu peux très, très rapidement te perdre. Ça veut dire que chaque âge a ses plaisirs, mais à un certain moment, il faut savoir dans quelle direction tu vas aller. Donc moi, la femme avec qui j'étais très jeune, je ne me suis pas dit, ah ben maintenant, c'était difficile quand on était en bas. Une fois que j'arrive en haut...

  • Speaker #1

    Allez, salut ! Non, non.

  • Speaker #0

    Dans la vie, il faut être reconnaissant. C'est ce que j'inculque également aux jeunes avec qui on travaille. C'est que ceux qui t'ont aidé ou ceux qui t'ont soutenu, quand c'était compliqué, c'est eux les premiers qui doivent être bénéficiaires de ta réussite. Et donc moi, j'ai décidé à 22-23 ans déjà, je me suis marié. Et après, j'ai fondé ma famille. Donc ce socle familial, ça m'a beaucoup permis d'avancer. Je te le dis, même si aujourd'hui, je n'aurais pas eu ma femme, il y a beaucoup d'erreurs que j'aurais faites. Et donc, nous, qu'est-ce qu'on a décidé ? On a... on a décidé d'avoir un certain capital. Et à la fin, parce que tu ne sais jamais où est-ce que tu vas finir les opportunités de vie et qu'on sort, moi, j'ai arrêté à 35 ans. Et ça, à 35 ans, je me suis dit, bon, maintenant, voilà, on a un petit peu capitalisé. Qu'est-ce qu'on va faire ? Donc, c'est venu au fur et à mesure, mais c'est pareil. Je me suis dit... Il y en a par exemple qui vont se projeter. Aujourd'hui, on peut voir Abib Bey, par exemple, entraîneur. Lui, il a toujours eu l'âme d'entraîneur. Abib, même quand on était en équipe nationale, il prenait ses notes. Il a toujours Omar Dhaf paré. Donc, ils avaient vraiment cette fibre-là. j'avais beaucoup plus la fibre fondation je voulais être vraiment dans le social je me suis dit s'il faut que je fasse quelque chose c'est dans l'impact social voilà parce que j'ai beaucoup travaillé ici avec l'Empire des Enfants avec SOS Enfants donc j'ai toujours eu ce côté de give back ça veut dire que Dieu il m'a donné quelque chose comment je vais pouvoir le rendre parce que mon papa il me disait une chose très souvent il m'a dit le plus important dans la vie c'est pas que que tu aies réussi à être footballeur professionnel. Le bon Dieu ne va pas te dire, voilà aujourd'hui, il va te dire, qu'est-ce que tu as fait de ta notoriété ? C'est ça. Voilà.

  • Speaker #1

    Tu seras jugé sur tes actes.

  • Speaker #0

    Ce n'est pas sur combien de... On dit, oui, tu as gagné le Ballon d'Or, tu as gagné la Ligue des Champs. OK. Bon, maintenant, comment tu mets ta notoriété au service de la communauté ? Dieu va te dire, j'ai donné cet argent, qu'est-ce que tu as fait avec cet argent ? Tu avais l'opportunité d'être impactant sur les jeunes. Est-ce que tu as été impactant sur les jeunes ? Donc nous, en 2015, quand j'arrête ma carrière, avec mon épouse, Un terrain ici, on avait notre maison, on a dit à Dieu, on prend les bagages, on prend les enfants et on rentre en Afrique.

  • Speaker #1

    Masha'Allah. J'ai une question. Finalement, ton bac à 17 ans, tu l'as passé ?

  • Speaker #0

    Non, je ne l'ai pas passé.

  • Speaker #1

    Parce que ma question, c'est quand tu finis à 35 ans, est-ce que ta maman dit bon ? Maintenant, ça y est, tu le passes le bac ?

  • Speaker #0

    Je suis le seul de la famille qui n'a pas eu son diplôme. On rigole avec mon frère et ma sœur, mais bon, on a eu le diplôme de la vie.

  • Speaker #1

    Exactement. Donc, tu rentres au Sénégal avec ta famille. Ta femme, elle est sénégalaise ?

  • Speaker #0

    Ma femme, elle est mauricienne réunionnaise.

  • Speaker #1

    Mauricienne réunionnaise, ok. Les enfants, ils doivent être magnifiques. MashaAllah.

  • Speaker #0

    Elles sont pas mal.

  • Speaker #1

    Mais elle, elle connaissait le Sénégal de venir avec toi.

  • Speaker #0

    Oui, on venait en fait. Elle m'a suivi et elle, c'est pareil. Tu sais, quand tu commences à voyager, au départ... Paris, tu as des grandes lumières. Et là, Paris, c'est magnifique. Mais quand tu commences à sortir, tu te dis que non, tu ne peux pas vivre à Paris. Tu vas à Londres. Londres et Paris, c'est deux mentalités qui sont complètement différentes. Moi, j'ai vécu à Rome, j'ai vécu à Istanbul, j'ai vécu à Ankara. j'ai fait à peu près tous les pays du monde même à la fin de ma carrière j'ai même joué en Inde trois mois oui c'est vrai j'avais vu ça parce qu'en fait quand je rentre au Sénégal moi je suis quelqu'un quand même je fais attention je m'entraîne et tout ça et à l'époque il y a un agent Bruno Satin il me dit mais Diomansi pourquoi t'arrêtes de jouer tu peux encore tu peux encore, je dis non mais t'as vu moi ça y est c'est bon je vais rentrer dans le monde des affaires et qu'on sort et je me dis non on est en train de lancer une ligue avec Olivier Dacourt et tout ça, il y a Très Aigué il y a Nelka, il y a Consor il y a une draft, ça peut être sympa, et moi j'aime voyager en fait je trouve que découvrir des cultures c'est bien de jouer au foot mais c'est bien aussi de voir les choses à Ausha droite donc je pars en Inde Je laisse ma femme et mes filles ici et je pars en un de quatre mois. Donc après, une fois qu'on ferme cette parenthèse, tu sais ce qui est très important, c'est que dans ta structure familiale, c'est qu'il faut que ton épouse, elle soit bien quelque part. Parce que moi, je suis quelqu'un qui voyage beaucoup. Donc je lui ai dit...

  • Speaker #1

    Où est-ce que tu te sens bien ?

  • Speaker #0

    Voilà. Et elle, dès le départ, elle m'a dit, moi je me sens bien au Sénégal. Ah ça va. Donc on a dit, si c'est le Sénégal, alors on avait déjà notre maison. On a dit, allez, on rentre au Sénégal. On avait ce projet de faire un immeuble pour sécuriser nos investissements et également travailler dans le football et dans le social. C'est ça,

  • Speaker #1

    parce qu'aujourd'hui, maintenant, tu travailles beaucoup, toujours dans le football, mais beaucoup avec des jeunes aujourd'hui. Si je ne dis pas de bêtises, tu as monté une école qui est au Mali.

  • Speaker #0

    Tout à fait.

  • Speaker #1

    Exactement. Depuis combien de temps cette école existe ?

  • Speaker #0

    En fait, le concept... Moi j'ai travaillé avec mon agent, lui c'était un malien. Il m'a donné l'opportunité, donc pendant 20 ans on a cheminé et à la fin on a dit erreur. créant notre propre école de football. Parce qu'on voyait, en fait, moi, c'est ce qui me dérangeait, c'est que je voyais qu'il y avait beaucoup de talent en Afrique, mais les gens, ils venaient trop l'exploiter. Ça veut dire qu'aujourd'hui, on pouvait former un jeune et les Européens venaient et ils payaient des cacahuètes pour prendre nos jeunes. Et surtout, la... La qualité aussi de l'enseignement, elle n'était pas au niveau que moi je...

  • Speaker #1

    Que tu avais connu.

  • Speaker #0

    Que j'avais connu. Donc je me suis dit, viens on crée une académie ici pour pouvoir aujourd'hui rendre au football ce que le football m'a donné. C'est-à-dire que moi j'ai réussi, j'ai vu que ça a été un ascenseur social pour moi. Au lieu de créer une fondation où je travaille avec les jeunes, je vais mettre un projet global, football, éthique, et on crée notre structure. Et comme on avait les personnes ressources directement sur place, parce que ce qui fait... fait le projet, c'est pas l'argent. Il y a beaucoup de gens qui se disent tiens, j'ai investi de l'argent. Non.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as les bonnes personnes pour construire, mener ce projet ?

  • Speaker #0

    Parce que quand la barque va tanguer, il faut que tu aies des personnes solides. Et nous, on avait vraiment ces personnes-là qui étaient directement au Mali. Et c'est pour ça qu'on a appelé notre projet Afrique Football Elite. Parce qu'on ne le situe pas dans un lieu, mais dans un espace-temps. Ça veut dire que c'est au Mali, mais avec la vision de se dire qu'on va prendre les meilleurs de la Côte d'Ivoire, du Mali et du Sénégal, et Et en agrandissant, on va créer des petites surcursales, une plus tard au Sénégal et une plus tard au Côte d'Ivoire. Donc, c'est vraiment un projet panafricain fait par des personnes panafricaines parce que tout notre staff est pratiquement ivoirien. Les fondateurs sont maliens et sénégalais. Et ça prouve que l'Afrique unie, on est capable de pouvoir faire vraiment des très belles choses. Et ça, on me l'a dit, oui, mais John Mansi, pourquoi tu n'as pas créé ça au Sénégal ? J'ai dit, nul n'est prophète dans son pays. Pour moi, le but, c'est de montrer que moi, je travaille pour la jeunesse africaine. Je ne travaille pas pour un pays. Pour moi, les frontières, c'est... Avant, le Sénégal, c'était l'empire du monde dingue. Si on connaît vraiment l'histoire de l'Afrique, aujourd'hui, on a mis des barrières. On se dit, on se fait la guerre entre les Maliens, les Sénégalais. Non, nous, on est Africains. Ça veut dire que moi, ça me fait plaisir de représenter, quand je vais dans un club, un petit Ivoirien, un petit Sénégalais, un petit Malien. Bien évidemment qu'on a envie de développer notre pays. Mais le pays, le développement du pays, ce n'est pas l'endroit où tu vas mettre ta base. C'est comment tu vas travailler ta société. ta structure pour après arriver à ce niveau-là. Et c'est comme ça notamment qu'après, j'ai découvert Nicolas Jackson avec lequel on a travaillé. Donc moi, j'ai vraiment une vision panafricaine de me dire que nous, les grands frères aujourd'hui, on va être là pour les protéger, pour avoir un enseignement de qualité et ensuite, pour venir chercher des jeunes chez nous, ça va coûter. parce que vous n'allez plus venir aujourd'hui piller nos ressources, venir prendre nos jeunes footballeurs, les amener là-bas. Et après,

  • Speaker #1

    c'est vous qui vous faites de l'argent sur eux.

  • Speaker #0

    Voilà, avec votre méthodologie. Donc nous, on est vraiment au début, au milieu et à la fin. On forme. On fait partir les joueurs. Moi, je n'aime pas dire vendre. On les fait partir et ensuite, on les accompagne.

  • Speaker #1

    Et surtout, vous les accompagnez énormément parce que pour suivre un petit peu ton contenu, ce que tu fais, j'ai vu que le pauvre Nicolas Jackson a subi énormément de critiques en début de saison et en fin de saison dernière, début de saison. Et j'ai vu comment tu as pris régulièrement la parole, régulièrement la parole pour le défendre, régulièrement la parole pour critiquer un petit peu ces médias. qui était prêt à le descendre tout de suite sur la place publique pour vendre des gros titres, vendre des trucs. Et aujourd'hui, quand on voit les performances qu'il fait en ce moment, plus personne ne dit rien. Et moi, j'ai trouvé ça vraiment fort de... C'est ça, que tu ne te laisses pas marcher sur les pieds et que tu crois en ce jeune que tu as découvert, tu crois en son potentiel, tu connais son potentiel. Et je trouve que lui-même, ça doit le galvaniser de dire que...

  • Speaker #0

    Mon grand frère, là, il est avec moi. Comme tu as dit, quand ça tombe, il est avec moi et il ne me laisse pas tomber.

  • Speaker #1

    Après, comme tu l'as dit tout à l'heure, il y a quelque chose, c'est aujourd'hui les réseaux. Ça a un impact tellement néfaste. Tout le monde aujourd'hui peut parler, dire tout et n'importe quoi. Et tant que pour moi ce sont les médias français ou les médias européens qui tombent sur nos jours africains, entre guillemets ça va pas me déranger. Mais quand c'est nos propres frères, c'est là où quand je vois par exemple un Obi-Mikael, la manière dont il s'est comporté en essayant de descendre le petit, c'est là où moi ça me fait mal. c'est pour ça par exemple que moi j'avais décidé aussi de travailler à Canal+, en tant que consultant, pour que nos voix portent, qui parle pour nous, qui parle pour nos joueurs. Moi j'aime bien le football et les concerts mais à un moment c'est ce qu'on s'est dit avec les Patrick Mboma, avec les Fousey Diawara, avec les… les Kabaddi Awara, il faut qu'on soit dans les médias. Il faut que les gens nous entendent. Il faut qu'on puisse faire barrière. Parce que si tu les laisses, ils vont pouvoir dire tout et n'importe quoi. Et moi, c'est pour ça que, quand je travaille à Canal+, Afrique, c'est pas pour me dire, voilà, aujourd'hui, je suis content. Non, notre voix va compter. S'il faut qu'on puisse protéger nos jeunes, on va également le dire avec notre vision, avec notre pragmatisme. Et Nicolas Jackson, c'est quelqu'un qui a reçu beaucoup de critiques.

  • Speaker #0

    Énormément.

  • Speaker #1

    Moi, je l'ai connu, il était au village. Jackson. La première fois que je l'ai vu, j'ai dit, ce petit, c'est un génie. il va faire de très grandes choses. Qui est sorti d'un village en Casamance en cinq ans à arriver à Chelsea. Donc, il a eu un parcours extraordinaire. Bien évidemment, il va faire des erreurs. Il y a encore quelques déchets techniques. Il doit s'améliorer. Ça, on n'en dit ce qu'on vient pas. Mais ce qu'il a réussi à faire en si peu de temps, c'est extraordinaire en fait. Tu vois un petit qui est passé du Casa à Villareal, de Villareal à Chelsea. Il a eu une ascension fulgurante. Et ces mêmes gens veulent nous expliquer que lui, il ne sait pas jouer au football ou qu'il n'est pas capable. capable de marquer des buts, alors que le petit, en même pas deux ou trois ans, il est déjà à 40 buts entre la Liga et la Première Ligue. Donc en fait, c'est de la méchanceté. C'est toujours avoir un regard qui est différent. Et moi, à ce moment-là, je me dis non, je ne peux pas te laisser. Donc c'est là où nous, les grands frères, on va prendre position avec toujours de l'objectivité. Parce que la critique positive, pour moi, elle est importante, même pour le footballeur. Tu as toujours une marge de progression. Mais être méchant pour méchant, pour moi, je ne peux pas laisser passer. Mais après, le plus important, par exemple, c'est... Nicolas Jackson, moi dans mon accompagnement c'est quel homme tu es en train de devenir. Quand je vois qu'il était dans des situations compliquées et qu'aujourd'hui il a acheté une maison à sa maman au Sénégal et qu'on était là dans cette situation. structure. Moi, c'est là où je suis fier. Et c'est là où je me dis, il est en train de donner le bon chemin. Quand il va dans son village et qu'il achète tout le matériel scolaire pour tous les enfants d'où il est issu, qu'il donne des sadakas, qu'il fait des réparations de mosquées, qu'il donne des sacs de riz, c'est là où je me dis ouais, on a réussi. Tout ce que vous dites. ça peut pas le toucher parce que moi c'est l'homme que t'es en train de devenir qui me fait comprendre que oui ce qu'on est en train de faire avec toi on est sur le beau chemin et on va continuer à les protéger et oui ils ont besoin d'avoir ce soutien de ces grands frères qui sont là Par exemple, Didier Drogba, il a pris la parole pour dire laisser Jackson. Moi aussi, quand je suis venu à Chelsea, c'était compliqué. Il a même pris son téléphone et il a parlé avec lui. On a parlé, Didier m'a dit, passe-moi le petit, je vais parler. A Debailleur, la même chose. A Debailleur, il m'a dit, il l'a appelé. et en fait il faut qu'on arrive à créer une coalition de se dire que non nous les Africains on doit être solidaires les uns avec les autres mais comment une personne par exemple aujourd'hui comme Obi Mikel qui est un grand, qui a fait énormément de choses pourquoi tu vas tomber sur le petit pour essayer de le descendre devant les autres non ça nous on peut pas l'accepter et on va toujours le combattre

  • Speaker #0

    C'est fort que quand même aujourd'hui tous en tant qu'anciens footballeurs vous ayez gardé quand même ce lien tous ensemble, tu vois vous avez été adversaires en équipe nationales, dans des clubs et tout. Mais aujourd'hui, on sent vraiment, comme tu le dis, un Didier Drobois qui t'appelle et tout, un débailleur qui t'appelle. Vous avez cette unité. J'ai l'impression quand on vous regarde un petit peu ensemble, dès qu'il y a des grandes compétitions et tout, on sent ce côté grande famille. Tu vois, quand on vous voit tous ensemble et tout. Et pour que le grand public aussi peut-être s'en rende compte, parce que comme tu dis, toi, quand tu vas pour être sur un plateau canal, excuse-moi, mais financièrement, t'en as pas besoin. c'est pas ça qui va te faire donc c'est vraiment que tu le fais parce que tu penses que c'est nécessaire que ta voix en tout cas que tu sois là pour défendre ces gens là et c'est pour ça que j'insiste beaucoup sur ça c'est pour que les gens comprennent que quand tu vas là-bas c'est parce que ça te tient à coeur et que t'as vraiment envie de défendre ces jeunes là et pour clore un petit peu notre discussion parce que je pourrais parler pendant des heures avec toi j'ai tellement de questions foot et tout et tout ça mais c'est quoi tes questions où tu te vois dans 5 ans ? Est-ce que tu te projettes à ce niveau-là déjà ? Ou est-ce que, comme tu disais tout à l'heure, tu préfères rester dans le... D to D, au pire, tu vois sur six mois, mais tu ne veux pas aller aussi loin et tu avances. Comment tu avances ?

  • Speaker #1

    Déjà, se répondre sur la question de ce qu'on a réussi à créer entre les adversaires d'hier et aujourd'hui, les ramifications où vraiment... On est comme des frères. Ça veut dire qu'aujourd'hui, que ce soit Djedji Ausha, Adé Bayor, Samuel Eto'o, Djedrogba, toutes les légendes du football africain, on a un grand frère qui s'appelle Anthony Bafoué, qui est lui au Ghana. Moi, j'ai travaillé à la CAF en tant que THD, Technical Study Group. En fait, j'étais rentré pour amener mon expertise sur le football africain et comprendre quelles étaient les problématiques et comment on pourrait être impactant sur le développement du football africain. Donc, j'ai travaillé pendant quatre ans là-bas. et en fait lui il a créé un petit organisme qui s'appelle les légendes du football africain et c'est à ce moment là qu'il les a tous réunis il a dit attendez à un moment nous il faut qu'on fasse bloc il y a le Varieté Club de France ils font pourquoi nous l'Afrique on réfléchirait pas en une seule et même voix et il a créé cette petite association qui s'appelle les légendes du football africain c'est pour ça que tu nous vois très fréquemment faire des matchs de football ou quand il y a des grandes cérémonies à la CAF il faut qu'on sorte tous les anciens footers parce qu'on dit il y a les politiques mais en fait qui sont les vrais acteurs ? Les vrais acteurs sont les joueurs. Et on avait écarté les joueurs de cette petite... Mais c'est un peu ce petit engrenage, parce que le joueur, lui, il va toujours regarder l'intérêt du footballeur. On n'est pas dans des histoires de... Oui, non, non, non, on voit... Non, l'important, c'est comment on peut faire pour que nos petits frères, aujourd'hui, puissent récolter ce que nous, on avait sommé. Parce qu'en réalité, nous, on est des éclaireurs. Nous, on est partis là-bas, on a ouvert la voie. Maintenant, ce que nous, on a fait, ça doit servir à... à nos petits frères et c'est pour ça que moi des fois je n'arrive pas à comprendre que certains ne veulent pas que les petits soient meilleurs que nous oui à notre époque mais nous c'est fini notre temps il est passé moi aujourd'hui si je vois un Jackson il est à Chelsea mais c'est là où j'ai réussi avec ce que j'ai réussi à faire je suis là les petits conformes ils sont là mais après dans 10 ans il faut que d'autres petits soient là il faut que c'est pas normal qu'aujourd'hui dans le football un George Weah on ait qu'un seul ballon d'or africain un ballon d'or surtout les talents à Yaya Touré mériter un Samuel Hunt, un Drogba, non. Donc ça veut dire que nous, on doit viser l'excellence petit à petit, petit à petit, petit à petit. Et c'est pour ça que tout à l'heure, quand on disait qu'on a fait une coalition, on a fait une coalition, on va être beaucoup plus forts tous ensemble. Ça, c'était le premier point. Sur le deuxième point de Canal+. Regardez un Abibé. Abibé, quand il va sur les plateaux télé, il ne se démonte pas. Quand je vais sur un plateau télé, je ne me remonte pas. On ne va pas se démonter. Pourquoi ? Parce qu'on a eu la même réalité que vous. On a joué dans les mêmes championnats que vous. On a eu les mêmes titres que vous. Vous avez fait des Coupes du Monde, Coupe d'Afrique, Coupe d'Europe. Ça veut dire qu'on a à égalité.

  • Speaker #0

    Ce que vous avez vécu, on l'a vécu.

  • Speaker #1

    Voilà. Et on a la chance qu'avec, normalement, Canal+, Afrique, qu'un grand directeur, Pierre Chodzek, qui lui donne la parole et nous dit ne vous bridez pas. Moi, à un moment, pourquoi j'ai fait l'émission droit dans les yeux ? On voit Sadio Mane, il fait des saisons extraordinaires, on a du mal à le placer dans le ballon d'or. Ça veut dire que on a un vrai problème d'archives. Et c'est ce que tu disais, on le disait même en off. Le Sénégal, il a été champion d'Afrique. Elles sont les images. Ce n'est pas possible. On doit vivre à travers ça. On doit se dire que nous, dans dix ans, regardez ce qu'ils ont fait les petits frères, regardez ce qu'a fait un Néla Djidjouf, regardez ce qu'a fait un Khalilou Fadiga, regardez ce qu'a fait un Sadio Mane. Mais on n'a pas d'archives. Donc, à un certain moment, il faut que nous aussi, on arrive à placer le curseur un peu plus haut dans les médias. C'est pour ça qu'aujourd'hui, ton podcast, il est trop intéressant. Non, mais c'est la réalité. Nous, on regarde. Moi, je me dis, Olivier, il est en train de donner de la force. Il donne la parole à ceux qu'on n'entend pas. Demain, un petit jeune va être à l'autre bout du monde. Allez, je vais sur YouTube. Je regarde. Ah ouais, ça, c'est inspirant. Nous, on doit être des inspirations. C'est pour ça, même ton T-shirt. On doit être des inspirations. On doit être inspiré de vous dire. Toi, tu vois, du moment où il est à la télé, moi aussi, je peux être à la télé. Il sait parler. Moi aussi, je vais apprendre à parler. On ne va pas se mettre... On ne va plus se minimiser. Nous, l'Africain, on est là. On va continuer à rêver grand et à avoir de grandes aspirations. Et après, comme tu le dis, tu disais sur où est-ce que je me vois, moi, je ne suis pas quelqu'un de politique. Il y a beaucoup de gens qui m'ont dit, ouais, John Monsi, on aimerait bien que tu sois président de la Fédération Sénégalaise de foot. Non. Moi, je peux travailler avec toi sans être dans les petits papiers. Moi, ça fait dix ans que, dès que j'ai arrêté ma carrière de football, je suis avec l'équipe nationale du Sénégal. Je parle tout le temps avec le président. J'ai un très bon rapport avec les joueurs. Moi, je me vois comme un... Moi, comme une petite fourmi. Moi, je suis un bosseur. Moi, j'aime le terrain. Ce que j'aime, c'est développer mon académie, être aux côtés des jeunes, avoir le... le plus, le plus, le plus, le plus de joueurs que j'arrive à faire sortir parce que à partir du moment où je fais sortir un joueur, je fais sortir toute sa famille.

  • Speaker #0

    Ah oui, et ça impacte toute une communauté.

  • Speaker #1

    Et donc moi, c'est... Moi, je serai toujours dans le milieu du football parce que le milieu du football, c'est ce qui me fait vibrer. Mais je me vois développer mon académie et je ne me verrai jamais dans des instances. J'avais la possibilité de travailler à la CAF, de travailler avec la Fédération, de rester dans les médias. Mais non, moi, mon cœur de métier, c'est...

  • Speaker #0

    Être sur le terrain, rencontrer les jeunes.

  • Speaker #1

    C'est être sur la terre, sur la boue, découvrir, rencontrer.

  • Speaker #0

    On le voit. C'est pour ça que j'insiste beaucoup. J'invite beaucoup vraiment les gens à te suivre sur les réseaux parce qu'on le voit. On te voit sur les... petits terrains en Côte d'Ivoire, dans les petits quartiers, en train de d'échanger avec les jeunes, de rencontrer ces jeunes. Et même, tu vois, même si ces jeunes-là ne sortent pas du quartier, le fait de te rencontrer, les gens... ne se rendent pas compte la bouffée d'air que ça peut leur faire de se dire, j'ai rencontré un joueur de football professionnel. Ils ne sont pas loin, ils sont là. Ça permet de visualiser pour ces jeunes et de leur donner. J'imagine quand tu leur racontes ton histoire et tout, ils doivent se dire, ok, il y a du travail. Et c'est ça surtout, leur faire comprendre qu'il y a énormément de travail pour devenir un joueur professionnel. Donc vraiment, chapeau, chapeau, chapeau pour tout ce que vous faites. Et donc... Je ne veux pas te retenir plus longtemps parce qu'à 1h40, on est dans les temps.

  • Speaker #1

    C'est bien, c'est un match de football.

  • Speaker #0

    On est dans les matchs de football. Mais en tout cas, c'est un énorme plaisir d'avoir pu échanger avec toi. J'attendais depuis longtemps cette conversation. Je suis encore plus fan de l'homme, tu vois, maintenant qu'on a discuté ensemble et que je connais un peu plus ton parcours. Parce que comme je te le disais en off, j'aime découvrir mes invités quand je leur parle. Je n'aime pas faire de travail de recherche et tout. Et quel parcours ? quel parcours de vie, quel parcours exceptionnel je te souhaite de continuer d'inspirer encore beaucoup de jeunes de nous aider à faire sortir des talents et quand je parle de talent je parle pas forcément même de joueurs, que ça soit peut-être un futur grand entraîneur un futur grand préparateur physique parce que souvent les gens quand ils pensent formation football ils pensent que aux joueurs mais il y a tellement de un ensemble, un écosystème à développer je te souhaite de continuer de rêver, grand et de nous faire rêver avec tous tes projets. Et en tout cas, merci énormément pour le temps que tu as pris de venir échanger avec nous. Je vous invite à aller surtout suivre Joe Manci sur ses réseaux. Allez lui donner de la force, allez voir tout ce qu'il fait et vous allez voir qu'il est hyper inspirant au quotidien. Ce n'est pas que dans la discussion, c'est au quotidien qu'il est inspirant. En tout cas, la team incroyable, je vous souhaite de passer un excellent dimanche et je vous dis à très vite pour un nouvel épisode.

  • Speaker #1

    Peace !

  • Speaker #0

    All Souls

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Enfance et mixité

    02:56

  • Premiers pas dans le foot

    09:44

  • Les débuts en Italie

    24:55

  • Le premier match professionnel

    31:15

  • Racisme & montée en Série A

    36:38

  • L’équipe nationale du Sénégal

    59:18

  • Sa célébration iconique & fin de carrière

    01:07:16

  • La place de l’Islam dans sa vie

    01:12:48

  • L’après football, son centre de formation

    01:19:14

  • Son engagement pour les joueurs africains

    01:27:52

  • Son ambition & projets à venir

    01:33:41

  • Conclusion

    01:39:59

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Description


Quel est le secret d'un parcours de vie exceptionnel qui transforme le rêve d'un jeune footballeur en réalité ? Dans cet épisode captivant du OV Show, Olivier Vullierme reçoit Diomansy Kamara, un ancien footballeur professionnel d'origine sénégalaise, dont l'histoire inspire et motive. Ensemble, ils plongent dans le monde fascinant du football, un véritable ascenseur social pour Diomansy, qui a su naviguer à travers des clubs prestigieux en France, en Italie et en Angleterre, tout en portant fièrement les couleurs de l'équipe nationale du Sénégal.

Diomansy partage avec passion les défis et les triomphes de sa carrière, soulignant l'importance du travail acharné et de la détermination pour réussir dans le sport. Mais au-delà des terrains de football, il évoque son engagement profond envers sa communauté et son désir de redonner à la jeunesse. En parlant de son projet ambitieux de création d'une académie de football en Afrique, il met en lumière l'importance d'offrir aux jeunes talents non seulement une formation sportive de qualité, mais aussi une éducation qui les prépare à un avenir brillant.

Dans ce dialogue inspirant, Diomansy aborde également sa foi musulmane et son parcours spirituel, témoignant de l'impact de ces valeurs sur sa vie et sa carrière. Il aspire à transmettre des leçons de vie précieuses à la jeunesse, en soulignant la nécessité de solidarité entre les joueurs africains et l'importance de créer un environnement favorable pour les talents émergents. Cet épisode du OV Show est une véritable ode à l'inspiration, à la motivation et à l'entrepreneuriat, offrant des clés pour comprendre les secrets de réussite qui peuvent changer des vies.

Rejoignez-nous pour découvrir les histoires captivantes de Diomansy Kamara, un entrepreneur passionné du sport qui incarne le changement et l'espoir pour la diaspora africaine. Que vous soyez un jeune footballeur en herbe, un passionné de sport ou simplement en quête de motivation, cet épisode est fait pour vous. Ne manquez pas cette occasion unique d'apprendre des parcours de vie exceptionnels et de vous inspirer pour votre propre carrière. Écoutez le OV Show et laissez-vous motiver par les récits puissants de ceux qui ont osé rêver grand.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Donc moi, j'ai toujours vu le football comme un ascenseur social. J'ai toujours été celui qui me dit, j'attends ce moment. Il y en a qui le subissent, moi je le vis. Les choses s'obtiennent par le travail. Le talent, c'est bien, mais le talent ne suffit pas. Le plus beau souvenir, c'est avec les lumières. Les gens, ils ne lisent pas le Coran, ils vous lisent vous. Ils disent que c'est toi le musulman. Là, ce camarade-là est un cas.

  • Speaker #1

    Je reçois un homme de cœur, un homme qui fait bouger les choses pour le continent, un homme engagé, un sporer. Je reçois Monsieur Joe Mancini Camara dans les off-show. Bonjour, grand frère.

  • Speaker #0

    Elle est top.

  • Speaker #1

    Tu as vu, c'est histoire de se mettre dans le showtime, dans le showbiz, tu vois. Comment vas-tu ?

  • Speaker #0

    Ça va super et toi ?

  • Speaker #1

    En forme ?

  • Speaker #0

    Impeccable.

  • Speaker #1

    Bien installé ? Très,

  • Speaker #0

    très bien installé.

  • Speaker #1

    Alhamdoulilah. Alhamdoulilah. Déjà, merci d'être venu. parce que pour ceux qui ne savent pas, mais ça fait plusieurs fois qu'on se parle, qu'on essaye de coordonner, mais c'est dur de gérer beaucoup de choses et de trouver du temps, mais Alhamdoulilah, il a trouvé le temps, on est assis, on va discuter.

  • Speaker #0

    C'est un plaisir, franchement, c'est vrai qu'on s'est loupé pas mal de fois, mais j'ai suivi ce que tu faisais, c'était important pour moi aujourd'hui d'être présent et de pouvoir avoir cet échange.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, merci beaucoup. Et moi, c'est un honneur de te recevoir parce que je vais apprendre à connaître l'homme. qui est Diomo Sikamara. Et ça me fait énormément plaisir d'avoir cette discussion avec toi. Et pour te mettre tout de suite dans le bain, la première question que je pose à tous mes invités, c'est la question la plus dure du podcast. Après, tu verras, tout le reste, elle est facile. Mais la question la plus dure, c'est comment tu te présentes aujourd'hui à quelqu'un qui ne te connaît pas ?

  • Speaker #0

    Ah, ça, c'est toujours la chose la plus...

  • Speaker #1

    C'est vrai,

  • Speaker #0

    parce qu'il y a ce que les gens voient de toi, mais il y a ce que toi également, tu penses de ta personne. Moi, je pense que je suis quelqu'un de très humble et je me définis comme un enfant du continent. Ok. Voilà. Même si je suis né à Paris, j'ai grandi à Paris, mais aujourd'hui, voilà, issu de la mixité pour le papa sénégalais et la maman française, je me définis vraiment comme un, non pas un enfant du Sénégal, mais un enfant du continent africain.

  • Speaker #1

    Ouais. Ok. Parfait. Là, c'est bien placé. Ça a bien placé le cadre. Maintenant, on va pouvoir rentrer dans les stars. Comme tu dis, toi, tu es né, grandi à Paris.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait.

  • Speaker #1

    Comment c'était l'enfance de Diomo Asikamara ?

  • Speaker #0

    Non, une enfance un peu comme beaucoup d'enfants de la banlieue parisienne. Mon papa est issu de la Médina. Donc, il est parti quand il avait à peu près une vingtaine d'années. quelqu'un qui joue au foot. Donc, il est parti là-bas pour essayer de devenir footballeur professionnel.

  • Speaker #1

    Donc, le papa était footballeur.

  • Speaker #0

    Il a joué au Djarav. C'est quelqu'un qui a grandi ici avec la passion du football. Donc, il est parti en France très... jeune et c'est là où l'a rencontré ma maman et moi j'ai grandi en région parisienne avec ma grande soeur et mon petit frère donc voilà une enfance posée aimante avec des parents bienveillants et bien évidemment dans les quartiers populaires là

  • Speaker #1

    où il ya toutes les problématiques que l'on peut comprendre la question que je vais te poser c'est parce que en tant que métis je comprends un petit peu ça déjà c'était comment d'être métisse à cette époque-là, tu vois. Et est-ce que tu prends conscience très vite que tu es un petit peu différent des autres de par ton métissage ou du fait de ton entourage, il n'y avait pas de distinction ?

  • Speaker #0

    Non, mais moi, je suis né en 1980. Donc, il faut replacer les choses dans leur contexte. C'est aujourd'hui où on fait une différence de genre. Dire celui-là est métisse. Non, moi, j'ai grandi dans une mixité culturelle qui était hallucinante. Moi, ça n'a jamais été un problème, le métissage. J'ai grandi avec des Camerounais, des Guinéens, des Algériens, des Marocains, des Libanais, avec des Antillais. Donc en fait, on a toujours grandi dans cette mixité. Et au-delà de cela, même sur les aspects religieux. qu'aujourd'hui, il y a beaucoup de problèmes. Mais moi, j'ai grandi avec mes amis, ils étaient chrétiens, ils étaient musulmans, ils étaient juifs, il y avait des athées. Donc en fait, on a toujours grandi dans une mixité culturelle et sociale qui n'a jamais créé un problème. Donc moi, j'ai grandi vraiment avec aucun souci. Ma maman, elle était française chrétienne, mon papa, il était... sénégalais-musulmans. Et en fait, moi, j'ai eu vraiment les deux cultures et ça m'a permis aujourd'hui de me construire et d'avoir une vue d'ensemble beaucoup plus tolérante que certaines personnes.

  • Speaker #1

    C'est marrant parce que moi, c'est le contraire. C'est le papa qui est pensé, Chrétien, la maman qui est sénégalaise-musulmane. J'ai vécu dans le monde parallèle. Mais comme tu dis, je trouve aussi, c'est vrai que je pense que c'est cette génération de réseaux où tout le monde a la parole, tout le monde a le droit de parler, qui, justement, crée ces tensions, ces différences, ces regards. Et là, justement, comme tout le monde peut parler, mais tout le monde n'a pas la réflexion qu'il faut pour parler, tu as souvent des gens qui ne devraient pas parler, qui se permettent et qui créent ces trucs-là. Mais bon, jeunesse, bien. Est-ce que tu rentres dans le foot très vite jeune parce que le papa joue au foot ? Ou est-ce qu'il essaie de ne pas te mettre dedans et c'est toi qui y vas ?

  • Speaker #0

    Non, non, non. Après, moi, j'ai commencé à jouer à l'âge de 5-6 ans. Après, comme tous les gamins du quartier, on était en bas, on jouait. Moi, j'ai grandi à Gennevilliers, dans le 92, une banlieue parisienne. Donc non, non, le papa, c'est pas... Papa, c'est quelqu'un de bienveillant. Ce n'est pas quelqu'un qui pousse son enfant en disant « Aujourd'hui, je n'ai pas forcément fait la carrière que je souhaitais et je vais mettre une pression sur mon enfant, comme on peut le voir aujourd'hui avec le projet Mbappé. » On aura peut-être le temps d'en rediscuter. À l'époque même, le football ne brassait pas autant d'argent qu'aujourd'hui. Donc, la priorité était très souvent mise sur les études. On disait, voilà, il faut que tu aies ton bac, il faut que tu travailles bien à l'école. Et le football, c'était entre guillemets un petit peu secondaire, parce qu'on savait que c'était beaucoup d'appelés, très peu d'élus. Donc, en réalité, moi, j'ai eu une enfance où j'étais assez bon, très jeune, mais le papa ne m'a jamais poussé plus que cela. Par contre, il y a eu un accompagnement qui m'a permis après de pouvoir devenir footballeur professionnel, parce que ça, c'est quelque chose de très important d'avoir des personnes autour de soi qui vont te permettre de tirer le maximum de tes... de ton potentiel pour pouvoir atteindre tes objectifs. Donc de ce côté là, oui, le papa était bienveillant. On s'est beaucoup entraîné ensemble. Le samedi matin, il venait voir tous mes matchs. On a travaillé beaucoup sur les points à améliorer, mais je n'ai jamais ressenti la pression familiale pour me dire il faut que tu fasses carrière. C'est ça,

  • Speaker #1

    ça doit être des beaux souvenirs de s'entraîner avec son père.

  • Speaker #0

    C'était magnifique. C'est surtout le pied gauche. Moi, je me rappelle, c'est... Quand je suis devenu footballer, j'avais la faculté de pouvoir frapper aussi bien du pied droit que du pied gauche. Mais ça, c'est le papa. Dès que j'avais 10 ans, 11 ans, on allait au parc et il me disait « Allez Joe, il faut travailler ton pied gauche, il faut travailler ton pied gauche. » Donc j'ai beaucoup travaillé le pied gauche. Et ça, c'est des souvenirs qui me sont restés marqués, de comprendre que les choses s'obtiennent par le travail. Le talent, c'est bien, mais le talent ne suffit pas à atteindre ses objectifs. C'est vraiment être bosseur, travailleur qui vous permet d'arriver à vos ambitions.

  • Speaker #1

    et dans ta jeunesse est-ce que tu viens souvent au Sénégal ?

  • Speaker #0

    ouais mon premier voyage au Sénégal c'est quand j'avais 6 ans tu t'en souviens ?

  • Speaker #1

    ouais la première fois c'est tu t'en souviens tout le temps en fait moi je peux pas m'en souvenir parce que moi je suis né ici tu vois donc moi c'est différent parce que moi je quitte à 4 ans le Sénégal et c'est pour ça que moi c'est intéressant de voir comment toi Quand tu arrives la première fois, c'est quoi ton ressenti, tes souvenirs que tu as quand tu viens la première fois au Sénégal ?

  • Speaker #0

    Non, moi, c'est les odeurs. C'est le monde, les quartiers populaires. Comme j'ai dit, nous, on est originaire de la Médina. Nous, c'est famille, l'accueil, la bienveillance. Donc non, franchement, directement, on joue au football. Les gens sont dans la rue, on est là, on joue au football. Donc moi, mon premier voyage, j'avais 6 ans. Et de mes 6 à 18 ans, j'ai dû venir. 5-6 fois, on essaye de venir tous les 2 ans. Après, déplacer toute une famille,

  • Speaker #1

    ça coûte de l'argent.

  • Speaker #0

    Donc avec le papa, on essaie de venir tous les 2-3 ans minimum. Donc j'ai fait 5-6 voyages avant de venir à Paris. en équipe nationale. Et on faisait des longues périodes. On faisait des périodes de un mois et j'avais aussi, on a deux familles avec qui on était très proches. Une famille capverdienne, les Abalos, et une famille sénégalaise, un frère à moi, la Sana Dumbia. Et on essayait souvent de venir. ensemble et on faisait des... Un mois et demi, vous savez, quand on venait, on venait les vacances de juillet et je vais au août, je les passe pratiquement tout le temps ici. Donc j'étais beaucoup entre les parcelles à Sény et la Médina.

  • Speaker #1

    Donc de beaux souvenirs au Sénégal pendant les vacances.

  • Speaker #0

    Ouais, top.

  • Speaker #1

    Et donc, tu fais ton parcours scolaire. À quel moment le football devient plus sérieux ? À quel moment tu sens que, OK, j'ai peut-être des skills différents que les autres de mon âge et qu'il y a un potentiel de pouvoir peut-être faire une carrière ou peut-être faire quelque chose ?

  • Speaker #0

    Non, ça arrivait très jeune. Parce que moi, en fait, je jouais à Gennevilliers dans le club local qui s'appelait le CSMG à l'âge de 10 ans. Déjà, des recruteurs viennent à la maison pour que j'atteigne un centre de formation. Donc voilà, à 10 ans. Mais le papa disait que j'étais trop jeune. Donc il y a eu le PSG qui est venu, le Red Star et le Racing. C'était les clubs un peu phares de la région parisienne. Donc le papa m'a dit, à 10 ans, tu ne pars pas. On a tenté 12 ans et à 12 ans, on prendra la décision. Et donc, les trois recruteurs sont venus à la maison et on a décidé d'aller au Red Star. Parce qu'en fait, c'était le club qui était le moins loin et mon père ne voulait pas que je rentre en centre de formation. Il m'a dit, voilà, moi... je préfère t'accompagner, être à côté de toi, mais que t'aies quand même l'affection familiale et de pas juste aller dans le centre de formation. Donc à partir de l'âge de 12 ans, là je suis rentré au Red Star. Je faisais un sport études, mais j'étais pas en centre de formation comme les autres jeunes ont pu faire. par le passé.

  • Speaker #1

    J'avoue que ça, effectivement, tu gardes, parce que pour les gens qui ne se rendent pas compte, moi j'ai joué longtemps au basket. Donc moi, au contraire de toi, j'ai eu beaucoup de demandes de centres de formation, mes parents se sont toujours refusés. Donc déjà, ma première question c'est, comment toi t'as vécu de 10 ans à 12 ans, quand tu vois des recruteurs qui viennent, que tu sais que c'est ton rêve à ce moment-là de devenir footballeur, et qu'on te dit non, tu ne peux pas aller en centre de formation, et pour replacer pour les gens, quand tu vois... en centre de formation, c'est que tu vas du lundi au samedi, tu es au centre, tu t'entraînes tous les jours, tu manges au centre, tu dors au centre. De temps en temps, tu rentres à la maison si tu n'es pas trop loin le week-end. C'est ça,

  • Speaker #0

    tout à fait.

  • Speaker #1

    Mais pour ceux qui sont loin, tu ne rentres pas le week-end. Tu attends quand il y a des vacances scolaires, tu peux rentrer. Et pour ceux qui sont bons, même quand il y a des vacances scolaires, tu vas jouer en équipe régionale ou départementale. Donc, les gens qui ne se rendent pas compte que c'est des enfants... qui rentrent dans un engrenage où c'est non-stop. On te demande de la performance, de la performance, de la performance, très vite, très tôt et non-stop. Donc mentalement, sur des gamins, ça peut être beaucoup de pression. Et comme tu disais tout à l'heure, il y a très peu d'élus. Il y en a beaucoup qui veulent essayer, mais il y a très peu d'élus. Donc même la pression psychologique, moi je pense que c'est ça que mes parents avaient peur. C'est de se dire... Déjà, ils n'avaient pas confiance au niveau scolaire de ces centres-là, parce que mon père est prof de maths. Donc, ils avaient peur que quand tu sors, tu ne sois pas bon à l'école. Alors qu'en fait, aujourd'hui, on se rend compte qu'ils ont des très bons niveaux et qu'il y en a beaucoup qui deviennent kinés ou docteurs, qui se spécialisent dans la médecine du sport ou dans les activités du sport. Ils avaient peur de ça et ils avaient surtout peur de... Tu vas donner beaucoup de trucs, si tu as une blessure, si tu as quelque chose, après on te jette, quoi. Donc moi, c'est comment tu vis de 10 ans à 12 ans quand tu vois ces recruteurs venir et que finalement tu te rends compte que tu ne peux pas y aller. Et comment tu vis... justement, allez, maintenant que tu es au Red Star, qu'est-ce que ça t'a fait quand tu t'es essayé ? Là, je commence un objectif professionnel.

  • Speaker #0

    Non, c'est vrai que là, je vais revenir sur ce que tu as dit sur les centres de formation parce que les gens disent souvent, oui, les... les footballeurs, c'est des privilégiés, les footballeurs sont trop payés. Mais c'est vrai qu'il y a une statistique qui est sortie sur les dix dernières années. Sur 100 enfants qui rentrent en centre de formation, il n'y en a que deux ou trois qui deviennent footballeurs professionnels. Ça veut dire que c'est 3%. En fait, c'est juste hallucinant. Et sur les 3%, il y en a peut-être un qui fera carrière. Donc, en réalité, c'est un monde qui est très, très dur. C'est un monde où tu passes complètement à côté de ta jeunesse. Ça veut dire que tu es 12, tu as 18 ans. tu es dans un milieu déjà entre guillemets professionnel, où il y a beaucoup de concurrence, où il n'y a pas forcément des gens qui te veulent du bien, où c'est H24 la performance, la performance, la performance. Donc moi, je pense que c'est ça que mes parents ont voulu éviter. Et moi, de mes 10 à 12 ans, la première fois, par exemple, que le recruteur du PSG est venu à la maison et que mes parents m'ont dit tu n'y vas pas, en fait, pour moi, ce n'était pas audible.

  • Speaker #1

    C'est sûr.

  • Speaker #0

    J'ai dit attends, j'ai le PSG. En plus,

  • Speaker #1

    en tant que jeune Parisien, à mon avis, tu supportais le PSG.

  • Speaker #0

    Voilà. Ça aurait été mon rêve de jouer au PSG. Et dès très jeune, mes parents m'ont dit « Non, mais tu ne peux pas y aller, ceci et cela. » Mais après, c'est des gens... La chance que j'ai eu avec mes parents, c'est que mes parents, c'est des gens qui étaient très ouverts à la discussion. Ils ont toujours été dans le dialogue. Ce n'est pas le papa ou la maman qui disent « C'est comme ça, c'est comme ça. » Et donc, ils m'ont dit « Non, je mensille pour telle et telle raison. Aujourd'hui, tu es jeune, on va te donner l'opportunité. Tu as du talent et qu'on sort. » Et donc, on avait fait un petit pacte. Mes parents m'ont dit « Non. » tu continues ta progression et dans deux ans, on te permettra de pouvoir, si tu continues comme ça, partir au start. Donc à partir de ce moment-là, on s'est challengé et j'ai dit que si c'était le cas, donc aucun souci. deux ans après on a continué à discuter avec les recruteurs et c'est là qu'on a choisi le Red Star parce que c'était le moins loin la petite contrainte c'était que je devais me lever très tôt c'était à une heure et demie donc le papa il m'a dit voilà tu rentreras pas en centre de Varsan mais est-ce que tu es prêt à faire les sacrifices pour revenir tard faire tes devoirs et qu'on sort et Et voilà, ça, c'était un peu ce qui était difficile parce que je partais très tôt le matin, je dormais très tard le soir pour finir tous les devoirs et consorts. Mais sinon, c'était une très, très, très, très belle expérience.

  • Speaker #1

    Mais c'est bien parce que c'est deux choses, je trouve, qui résument ton caractère d'aujourd'hui. Comme tu as dit, tes parents étaient beaucoup dans la discussion. Je trouve que c'est quelque chose qu'on retrouve chez toi aujourd'hui. Tu es quelqu'un qui discute, tu es quelqu'un qui explique beaucoup sur tes réseaux, beaucoup de choses. Donc, je pense qu'ils t'ont transmis ça sans que tu te rendes compte à ce moment-là. Et je trouve que... Comme tu dis, tu partais très tôt, tu rentrais très tard, mais ça montre déjà ta détermination. Parce que tu n'as pas beaucoup de gamins qui, à 12 ans, oui, tu vas le faire un mois, tu vas le faire deux mois. Quand l'hiver arrive, que tu pars, il fait nuit, tu rentres, il fait nuit, il fait froid. Si tu n'as pas la détermination, si tu n'as pas envie de faire ça, tu t'arrêtes très vite.

  • Speaker #0

    Non, c'est clair. Et surtout, la chance que j'ai eue, c'est que mon ami Lallasana, avec qui on joue dans le même club, avait aussi d'énormes qualités. Et voilà, nous, les recruteurs... on voulait un peu les deux. En fait, ça nous a permis, pendant toute notre enfance, de...

  • Speaker #1

    C'est top, ça.

  • Speaker #0

    Oui, oui. C'était un des deals pour pouvoir accepter un des clubs. OK. Voilà, parce que lui, il était défenseur central, moi, j'étais attaquant, on était un peu les deux pépites. de notre club. Et donc, on a dit, voilà, l'équipe qui nous prendrait tous les deux, on irait...

  • Speaker #1

    C'est cool ça, d'avoir son pote avec qui tu vas.

  • Speaker #0

    J'ai un meilleur pote. On habitait à un palier d'écart. Tous les matins, pendant six ans, on ne s'est pas lâchés.

  • Speaker #1

    Incroyable.

  • Speaker #0

    Oui, c'était top.

  • Speaker #1

    Ah ouais, ça doit être top, ça de ouf. Vous devez avoir des souvenirs, des anecdotes tous les deux.

  • Speaker #0

    En fait, je le considère comme mon frère. Ouais, c'est ton frère. On s'est connu, on avait 6 ans. On a joué de 6 ans à 18 ans ensemble. Et donc, c'est la famille Dumbia, la Sana. Ton papa s'y dit, Gabi, c'est avec eux que je venais tout le temps, tout le temps au Sénégal. Donc non, non, c'était... Ouais, c'est un frère. Et ça m'a... Dans les moments difficiles, c'est important d'avoir des gens sur qui s'appuyer. Et après, tu parlais du passage de Genevieve Loretta, et c'est là quand même que tu te prends une petite claque parce que moi dans mon club formateur j'étais vraiment celui que la pépite voilà un peu dur et quand je suis arrivé là bas en fait le red star faut savoir qu'ils prennent tous les meilleurs de la région paris elle savent dire non pas pas seulement du 92, mais vraiment du 93, du 95, tous les petits de Pierrefitte, de Saint-Denis, de Sarcelles, de Gennevilliers, d'Épinay. Et quand je suis arrivé là-bas, je me suis dit, c'est chaud. Vraiment.

  • Speaker #1

    En fait, je rigole. Je rigole parce que les gens qui suivent les podcasts, ils vont déjà avoir entendu cette anecdote, mais il faut que je te raconte une anecdote. Moi, je joue au basket, comme je t'ai dit. Et à un moment, Nike, ils font un... un tournoi à Paris. C'est la première fois qu'ils font un tournoi Nike. Il y avait un ou deux joueurs NBA qui étaient venus et tout. Moi, j'étais en équipe départementale. Équipe régionale, j'avais fait présélection équipe de France basket. Je me dis, je suis bon. J'ai un petit niveau. Tu vois, ça va. Je me dis, je vais aller faire le camp à Paris. Inch'Allah, ça va bien se passer. Ah mon gars, je suis arrivé à Paris. C'est là que tu vois que... Moi, j'étais en Charente-Maritime. Il y a la Charente-Maritime et le reste de la France et il y a les joueurs de Paris. C'était un vivier. Paris, c'est un vivier incroyable de talents. Et on le voit aujourd'hui avec tous les talents qui sortent, que ce soit dans le foot et dans le basket. Donc, quand tu te retrouves, toi, avec le meilleur du meilleur de cette Ausha, tu prends une claque.

  • Speaker #0

    En fait, c'est ça. Parce que toi, tu as l'habitude, tu fais tes tournois, tu vis dans ta réalité à toi. Tu gagnes les matchs, on te dit que tu es le plus beau, tu es le plus fort. Mais là, c'est vraiment la première fois où, quand je suis arrivé là-bas, je me rappelle les premiers entraînements. En fait... J'avais pas l'habitude de voir des gens qui étaient plus forts que moi. Mais moi, j'étais vraiment pas un des meilleurs. Je suis arrivé, je me suis dit, putain, ouais. Là, c'est chaud. J'ai dit, il y a vraiment... Et c'est là où je pense que mon mindset directement est la tournée. Je me suis dit, il va falloir que je travaille. Il va vraiment falloir. Et puis, moi, petit, j'étais chétif. j'étais très chétif et donc tu t'es arrivé en avec était beaucoup plus costaud qui allait beaucoup plus vite donc c'est là où quand même moi j'ai j'ai réfléchi différemment je me suis dit va falloir que je prenne les informations plus vite il va falloir que je réfléchisse plus vite que les autres tu as un gabarit qui n'est pas de la même manière que tes coéquipiers en fait c'est comme les Espagnols si tu vois les Espagnols ils sont très chétifs ils sont petits mais ça ne les empêche pas de pouvoir pratiquer un football qui est complètement différent ils ont dominé ces dernières années parce qu'il y a une intelligence dans le jeu qui fait que tu dois réfléchir avant les autres parce que sinon physiquement tu ne peux pas tenir donc ça quand même ça a été le premier choc de me dire qu'il y a des petits qui sont plus talentueux que moi et qu'il va vraiment falloir que je travaille et développer d'autres skills pour pouvoir atteindre le niveau et jouer en équipe. A l'époque, ça s'appelait les nationaux. Tu avais trois catégories, tu avais PHD, HTN Nationaux. Et pour être en nationaux, moins 13, moins 15, moins 17, il va vraiment falloir que tu travailles. Et grâce à Dieu, j'ai réussi quand même à atteindre un assez haut niveau de performance qui m'a permis après, par la suite, de faire la carrière que j'ai pu faire.

  • Speaker #1

    Et moi, où je trouve que c'est très, très fort, ce que tu fais et ce que toute votre génération, vous faites, tu vois, ce que je compare à aujourd'hui, ce qu'il ne faut pas que les gens oublient, c'est qu'il y a très peu de documentation. Ce n'est pas comme aujourd'hui où tu vois un Cristiano Ronaldo qui s'entraîne, tu vois un autre qui s'entraîne, tu vois leur détermination, tu vois leur entraînement, tu vois les efforts qu'ils font. On avait très peu de documentation à l'époque. Donc, la... seule documentation qu'on avait, c'était Téléfoot. Tu regardais un peu Téléfoot le dimanche. Donc, tu n'as pas autant d'inspiration, je vais dire. Tu n'as pas autant de modèles qui te montrent les efforts qu'ils font pour rester à ce niveau-là. Donc, te remettre en question à cet âge-là, déjà, et te dire que, ok... je ne suis pas fort dans ça, il faut que je développe ça, il faut que je fasse ça. Pour arriver à ça, on en revient à ce côté déterminé de Diomansi Camara qui a un objectif et qui ne lâche pas et qui dit, je vais aller là-bas. Je suis conscient de mes forces, je suis conscient de mes faiblesses, je suis conscient de ce que je dois travailler et je vais le faire. Et ce qui est fort, c'est que tu le fais de 12 ans, donc à 18 ans, tu restes Red Star.

  • Speaker #0

    Voilà, ça fait.

  • Speaker #1

    Des belles années ?

  • Speaker #0

    Magnifiques. En fait, comme je vous dis, c'est les plus beaux souvenirs. Nous, on était vraiment, dans la région parisienne, on était vraiment une équipe d'élite. Comme je vous ai dit, c'est le vivier. On sait qu'en région parisienne, la plupart, aujourd'hui même, vous voyez les footballeurs de l'équipe de France, ils viennent tous de la région parisienne. On dit que... Où est-ce qu'il y a le plus grand vivier ? C'est dans la région parisienne. Par exemple, au Brésil, ça va être Rio. Par exemple, en Afrique, on dit où est-ce qu'il y a un des plus grands viviers ? C'est Abidjan. C'est la réalité quand tu commences un peu à rentrer dans le monde. Ah ouais,

  • Speaker #1

    j'aurais pensé Chauvin, j'aurais pensé Sénégal.

  • Speaker #0

    Abidjan, en fait, ils ont une manière, ils appellent ça le maracana. Ça veut dire que les jeunes de 12 à 13 ans, ils jouent déjà pieds nus, il y a des spectateurs. Au Sénégal, on a une qualité intrinsèque extraordinaire, mais au niveau du football des jeunes, il n'est pas forcément autant développé que tu peux aller voir en Côte d'Ivoire. Quand tu vas en Côte d'Ivoire, tu vas sur les tournois des jeunes, c'est juste hallucinant. dans chaque quartier tu peux prendre une pépite et te dire que c'est extraordinaire après qualité intrinsèque, le Sénégalais le Guinéen, l'Ivoirien ils sont à peu près au même niveau mais eux dans leur manière de fonctionner et travailler ils sont à des années-lumière et donc non non pour revenir sur mes années au Retzar, c'était magnifique beaucoup de travail, beaucoup de sacrifices mais ce côté détermination je pense que tu l'as vécu aussi Merci On vient de la banlieue. Et donc, le banlieusard de nature, il a envie de s'en sortir. On vit dans des conditions qui sont difficiles. Les parents ne roulent pas sur l'or. Donc, en fait, tous les enfants, comme il disait Kerry James, le banlieusard, il se débrouille. On est là, on a un objectif. On est tous là à se tirer les uns vers l'autre pour se dire on a envie de changer la situation sociale de notre famille. Et c'est ça qui nous motive au quotidien. On ne peut pas se dire non, aujourd'hui, on est bien. Non, ce n'est pas vrai. Tu es bien dans ta structure familiale. Tu es bien dans l'amour. affectif, mais tu sais que t'es dans une réalité qui est compliquée et que tes parents, ils sont en difficulté. Donc moi, j'ai toujours vu le football comme un ascenseur social. Je me suis jamais dit, je veux devenir footballeur pour être une star. Non. Je me suis dit, voilà, aujourd'hui, mes parents, ils sont en difficulté et on prend ces responsabilités très jeunes. Tu te vois, tu te dis, si j'arrive à sortir de la misère... J'achète une maison à mes parents. Mon père, il n'a pas forcément la voiture que tu souhaites. Je vais lui acheter cette voiture-là. Et moi, c'est ça qui m'a toujours motivé. Ce n'est pas de me dire, je vais faire la une des magasines. Non, il faut que je réussisse pour mes parents. Pour leur donner l'opportunité. possibilité de changer de cadre de vie. C'est moi ce qui m'a toujours poussé vers l'avant et ce qui m'a motivé chaque jour lorsque c'était compliqué.

  • Speaker #1

    Bien sûr, c'est un moteur différent. C'est sûr que le moteur de je veux être une star et le moteur de je veux impacter ma famille, il n'est pas le même. Donc, on comprend encore plus pourquoi tu es focus très rapidement dans ce projet.

  • Speaker #0

    Et après, comme tu dis. Pour recontextualiser, dans le sens où le téléphone commence à arriver, on n'a pas accès aux ordinateurs, il n'y a pas de YouTube, comme tu disais, aujourd'hui il y a des speakers, des gens qui te motivent, on te dit il faut faire... Non, aujourd'hui toi tu dois te... créer ton propre environnement, tu dois créer tes propres clés pour pouvoir arriver à tes objectifs. Aujourd'hui, tu vas sur YouTube, tu vas sur Instagram, tout le monde te motive, on te dit qu'il faut faire comme ci, il faut faire comme ça. Tu as tes modèles, la société elle a évolué. Nous, à l'époque, il fallait faire avec les moyens du bord.

  • Speaker #1

    Tu construis seul.

  • Speaker #0

    Voilà. Tu te mets dans ta barque, tu rames et tu essaies d'arriver le plus loin possible.

  • Speaker #1

    Et donc, quand les années Red Star terminent, tu vas où ?

  • Speaker #0

    Donc, moi, je reste jusqu'à... Et c'est là où c'est intéressant parce que ma mère, c'est quelqu'un... Le côté sportif, c'était le papa.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Le côté scolaire, c'était la maman. Même si elle n'a pas fait de grandes études, c'est quelqu'un qui est très intelligent, qui lisait beaucoup. Donc nous, on a beaucoup baigné dans la lecture. La maman devait lire pratiquement un livre par mois. l'être humain, c'est son savoir. Elle nous a toujours inculqué l'amour des lettres. Donc moi, j'étais beaucoup plus littéraire que Mathieu. Par exemple, ma soeur, elle a fait un bac plus. à la fin anthropologie. Mon petit frère, il a un bac plus 6. Donc, on est dans une famille où...

  • Speaker #1

    Les études, c'est important.

  • Speaker #0

    À l'époque, on nous disait il faut étudier, il faut étudier, il faut étudier. Donc, moi, à l'âge de 17 ans, j'ai l'opportunité d'aller faire un test en Suisse. D'accord. Donc, mes parents me disent OK, il n'y a pas de problème, va faire ton test. C'était pendant la période scolaire. Donc là, je pars en Suisse. Je fais un test dans un club qui s'appelle Bellin Sona. Et j'ai mon agent actuel. On a... on en reparlera, qui me trouve ce test avec un Suisse qui s'appelle Adriano Di Victorio et je pars là-bas tranquillement dans mon test. Mais c'est l'année du bac.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et donc moi j'arrive en Suisse et au bout de trois jours... l'italien me dit non je m'en suis, je vais t'amener en Italie je lui dis non mais je suis bien en Suisse il me dit non non non t'es en train de faire un bon test mais moi j'ai un autre projet pour toi j'ai une autre vision et il me dit tu vas aller dans le sud de l'Italie en 4ème division On est en Suisse, en deuxième division. Qu'est-ce que je vais aller faire en quatrième division italienne ? Moi, je dois passer mon bac cette année. On va perdre du temps. Laisse-moi faire mon test ici. Si ça se passe bien, ensuite, on voit. Il me dit non, non, non, je t'amène en Italie. Donc, moi, je pars en Italie. je fais mon test en quatrième division le club s'appelle Catanzaro et là-bas c'est vraiment c'est comme l'Afrique tu ressens l'amour des gens il y a 20 000 spectateurs dans le stade alors que t'es en quatrième division tu te dis à l'époque c'était c'est un club historique là-bas en Italie malgré qu'ils soient en quatrième division t'as 20 000 spectateurs ouais moi j'arrive par exemple le jeudi je fais mon entraînement jeudi, vendredi, samedi et le dimanche je vais au stade et je vais au stade je vois 20 000 un stade l'atmosphère et tout ça je passe mon test et le président il me dit tu repars pas le président italien il dit non non toi tu restes là il me dit tu pars plus Donc je dis comment ça ? Il me dit non, non, non. Il dit toi, je ne te perds pas et tout ça. Et tu ne repars plus. Je dis non, mais moi, je suis venu deux semaines. En fait, je n'ai pas mes affaires et tout ça. Et donc il me dit non, non, non. On ne te fait pas repartir. Et donc là, on commence les négociations et tout ça. Et c'est là où ça a été compliqué parce que la maman m'a dit, pour elle, c'était pas audible.

  • Speaker #1

    Il y a le bac, mon fils, tu peux pas rester là.

  • Speaker #0

    Elle me dit, comment ça tu reviens pas ? Je dis, non, non, non, maman, t'as vu, je vais devenir footballeur. Et c'est là où le papa, vraiment, il a... Il m'a permis de réaliser mon... Mes parents, ils ont failli même se séparer à cause de beaucoup de sa face et ma mère, elle a dit, non, mais alors que aujourd'hui, si tu peux signer professionnel, pourquoi attendre ? Donc j'ai dit le bac et en fait, c'est ce que j'ai expliqué à ma mère. J'ai dit, laisse-moi vivre mon aventure. tu sais que je suis un garçon posé, raisonné, consort. Et si jamais ça ne devait pas se passer comme ça devrait se passer, je reviens, je reprends mes études et mon bac, je l'aurai. Mais elle, dans sa tête, c'était non. Et ton bac, quoi qu'il arrive, minimum, tu as ça. Et ensuite, tu peux continuer. Donc, on a eu des négociations à gauche, à droite. Et finalement, elle m'a laissé. J'ai pu signer mon contrat professionnel en Italie. Donc, moi, je suis parti. En fait, je n'étais même pas encore majeur. J'ai quitté la France et j'ai signé professionnel en quatrième division italienne.

  • Speaker #1

    Non mais comme tu dis, pour que les gens se rendent compte, c'est vrai qu'aujourd'hui on parlait tout à l'heure en rigolant des projets Mbappé et tout, mais c'est vrai qu'on n'est pas encore dans cette mondialisation du football, on n'est pas encore dans tous ces parents qui rêvent que leur enfant pète le jackpot parce qu'il joue. Et puis en tant que parent qui est aimant, surtout vous, quand je vois les valeurs qu'il y a.

  • Speaker #0

    La maman, il y a toujours l'inquiétude s'il a une blessure, s'il ne joue pas et tout ça. Donc, elle, elle veut juste protéger son fils en se disant, peu importe ce qu'il arrive dans le foot, si c'est fini, au moins il a ce bac-là qui peut lui amener à faire autre chose. Et je comprends aussi le papa qui a son rêve d'être footballeur, qui voit son fils qui peut peut-être vivre ce rêve-là, tu vois, et qui a envie de le pousser. Donc, j'imagine la... Dualité pour les parents et la dualité pour le fils aussi. D'entendre les deux parents chacun qui te dit « Oui, mais ça, oui, mais ça, ça ne doit pas être facile. » Mais donc, bref, tu signes. Donc, tu signes en pleine saison ou tu signes et tu commences la saison d'après ?

  • Speaker #1

    En fait, ce qui était compliqué, c'est que moi, j'étais encore sous contrat au Red Star. D'accord. Donc, normalement, tu vas juste faire tes tests. Moi, je me rappelle, c'était au mois d'octobre. Et d'octobre à janvier, maintenant, il faut discuter avec le Red Star pour qu'ils puissent me libérer. Mais en fait, c'est les présidents un peu... Je n'ai pas envie de dire mafioso, mais...

  • Speaker #0

    Oui, on voit l'atmosphère. Un peu gangster.

  • Speaker #1

    Oui, il t'a dit, tu ne bouges pas. Il m'a dit, t'es là, on va te trouver. Tu ne bouges pas. En fait, le président avait son fils, et c'est son fils qui gérait le club. Et lui, il est vraiment tombé amoureux de moi. et comme tu parles à l'époque il n'y avait pas énormément de joueurs qui partaient à l'étranger ça commençait un peu cet exode des joueurs formés en France qui partaient je me rappelle il y avait Ousmane Dabou qui avait également le même problème du côté de l'Inter et donc en fait il y avait vraiment un peu ce conflit entre les fédérations de dire attends nous on est en train de former nos meilleurs jeunes et maintenant ils partent à l'étranger donc il y a eu un conflit pendant... Pendant deux mois, de octobre jusqu'à janvier, je n'ai pas pu jouer avec eux. De toute manière, ce n'était pas la période des transferts. Et au mois de janvier, ils ont communiqué avec le Red Star et qu'on sort. Et j'ai réussi à me libérer et à jouer mon premier match là-bas en Italie.

  • Speaker #0

    Justement, ce premier match, ça fait quoi pour des gens qui ne sont pas footballeurs, qui ne sont jamais rentrés sur un terrain avec un stade ? Comme tu dis, là, c'est 20 000 personnes. On va parler de stades où tu as joué, où il y a plus. Est-ce que tu peux nous décrire, ça fait quoi quand tu rentres dans un stade où tu es dans le couloir, avant d'entrer dans le stade, où tu entends le stade qui est vivant déjà, ça fait quoi d'être dans le vestiaire, de porter ton premier maillot professionnel et d'y aller ?

  • Speaker #1

    En fait, le truc, c'est qu'il y a plusieurs approches. Moi, j'ai toujours été celui qui me dit j'attends ce moment. Il y en a qui le subissent, moi je le vis. Ça veut dire que j'étais excité à l'idée de pouvoir jouer et montrer mes qualités. C'est que tu te visualises quand tu es jeune, quand tu pars dans ton lit, tu t'allonges, tu te dis putain...

  • Speaker #0

    Le jour où.

  • Speaker #1

    Le jour où. Donnez-moi cette opportunité. Et c'était marrant, le premier match en plus, c'était le dernier jour du Mercato et en fait, le président m'avait fait une surprise, il avait fait venir ma famille. Ah. Ouais. C'était la grande... Tu sais, à l'italienne, à l'ancienne. Et je me rappelle, mon père, il avait une Renault 25 à l'époque et ils sont... Tu sais, il n'y a pas le moyen de prendre... ou quoi que ce soit. Ils ont fait la route pendant un jour et demi. C'est 2000 kilomètres.

  • Speaker #0

    Et toi, tu ne savais pas qu'ils venaient ?

  • Speaker #1

    Non, je ne savais pas. Et donc, en fait, le président me dit non, tu vas avoir une surprise et tout ça. Et la veille du match, je vois mes parents dans les tribunes.

  • Speaker #0

    Oh là là !

  • Speaker #1

    Le jour du match, en fait. Juste avant, moi, je me rappelle mon idole de jeunesse, c'était Georges Houé. Ah !

  • Speaker #0

    grand.

  • Speaker #1

    Ah, Mr. Dior. Oui,

  • Speaker #0

    oui.

  • Speaker #1

    Et lui, il jouait toujours avec des chaussures rouges. Et mon père, il sait que j'aimais trop les... Moi, j'ai toujours aimé les chaussures de couleur. Même en équipe nationale, je jouais avec chaussures orange, jaune. Et mon père, il m'a ramené... Ah,

  • Speaker #0

    t'inquiète. Pour ceux qui voient le plan large, vous voyez les couleurs.

  • Speaker #1

    Il y en a toujours, les couleurs. Et donc, en fait, c'est marrant. Il est venu... Il m'a jeté ma paire de godasses. Non, c'est incroyable. Le stade était comme ça. Il y avait des chaussures rouges. C'est des anecdotes. C'est fou. Je me rappellerai tout.

  • Speaker #0

    Bien sûr.

  • Speaker #1

    Il m'a ramené mes chaussures rouges. Il me les jette comme ça. Parce que j'étais remplaçant. Je les vois comme ça. Et mes parents, ils étaient là et tout ça. Et je rentrais à quoi ? Il y avait 1-1. Je rentrais à 20 minutes de la fin. J'avais 18 ans. J'étais un faux-folet. J'attendais. J'ai dit, fais-moi rentrer, fais-moi. Et je suis rentré premier. J'ai fait passe. L'attaque, on l'a torturé à Emar. Et on a gagné 2-1 le derby. Et c'était un gros derby.

  • Speaker #0

    Oui, une victoire,

  • Speaker #1

    passe décisif. Directe. J'ai pris le ballon, j'ai éliminé deux.

  • Speaker #0

    Le papa, il devait être content. Le papa, il devait être...

  • Speaker #1

    Non, il était aux anges. Il pouvait s'évanouir. Oui,

  • Speaker #0

    tu as ton fils qui...

  • Speaker #1

    premier match premier ballon passe D direct Alhamdoulilah ça fait incroyable comme sensation c'était magnifique et en fait ils étaient arrivés le vendredi donc ils devaient faire juste le week-end et le président il était tellement content il a dit allez je vous reste toute la semaine elle a tout payé c'est la grande classe grands hôtels les amis dans un grand palace et tout ça et tu sais nous Les parents viennent de la banlieue. Donc tu sais, émerveillé, tu vois ton fils, ses consorts. Là, la maman qui est en larmes. Après, à la fin du match, il les a fait rentrer sur le terrain.

  • Speaker #0

    Oh là là !

  • Speaker #1

    Ils ont traversé tout le terrain.

  • Speaker #0

    Tu me donnes des frissons. Ça doit être un sentiment même pour toi, le fiston. Tu dois être fier de te dire...

  • Speaker #1

    Non, je suis fier. C'est ce moment-là où j'ai dit, ouais, tout ça, ça a payé. Il a ouvert la tribune, ils sont descendus de la tribune présidentielle, il les a fait rentrer et tout ça. Donc à ce moment-là, je me suis dit, ouais, l'aventure, elle commence maintenant.

  • Speaker #0

    Et le premier but ?

  • Speaker #1

    Le premier but, j'ai marqué deux ou trois matchs après. En fait, de janvier à juin, j'ai marqué huit buts. J'étais tout jeune, j'étais 18 ans, j'étais l'attraction. À cette époque, il n'y avait que deux Français. Il y était deux Français. Wow, que deux ? Deux Français sénégalais. L'autre, vous le connaissez même très bien, c'était Patrice Evra.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Patrice Evra, il était du côté de Marsala, et moi, j'étais du côté de Catanzaro. Donc, on était deux, et il y avait un peu une hype sur nous. Donc, j'ai fait six mois, vraiment, mais je me suis vite adapté. Et puis, j'ai vite appris la langue, parce que je me suis dit, c'est important. de pouvoir communiquer avec...

  • Speaker #0

    Le staff, les supporters, tout le monde.

  • Speaker #1

    Voilà. Mais la première année, les six premiers mois, quand même, c'est difficile parce que tu es tout seul et qu'on sort. Et au bout de six mois, j'ai demandé à faire... faire venir un ami à moi. Parce que j'avais un vrai rapport avec le président et j'avais un autre ami à moi qui s'appelait Cédric Mattingou-Costeau, un bon défenseur et tout ça. Et je leur ai dit, regardez, moi j'ai un ami à moi aussi qui est très bon, qui est défenseur central et ça va m'aider dans mon adaptation. Est-ce que c'est possible ? Il m'a dit, fais-le venir, on l'amène en test et tout ça. Et il a fait son test. Et ça s'est bien passé. Un peu comme au Red Star où j'avais mon ami Lassandra. Là, je suis parti en Italie. J'ai ramené un pote à moi, Cédric Matingu. On est restés un an après ensemble à Catanzaro. Ça m'a beaucoup aidé. On s'est beaucoup associés pour pouvoir réussir à aller le plus haut possible.

  • Speaker #0

    Je suis obligé de te poser une question par rapport à l'Italie. Parce que... Moi, c'est un de mes championnats préférés. Je suis désolé, peut-être que tu vas être fâché avec moi. Mon équipe de cœur, c'est le Milan AC.

  • Speaker #1

    Mais moi, c'est le Milan. Ah,

  • Speaker #0

    ok.

  • Speaker #1

    On est dans le même bateau. On est dans le même bateau.

  • Speaker #0

    Mais malheureusement, l'Italie est aussi très connue pour beaucoup de racisme. J'imagine que tu en as vécu dans tes matchs. Et si tu en as vécu, comment tu gérais ça ?

  • Speaker #1

    C'est vrai que, en fait, je ne sais pas si je veux dire que c'est un pays raciste, c'est un pays ignorant. Les gens sont ignorants. Le racisme, c'est pas qu'il a peur de l'autre. C'est pas qu'il n'aime pas ta couleur de peau. Il te dit que l'Africain va se comporter comme ci, l'Africain va se comporter comme ça. regarde l'immigration en France, elle a commencé dans les années 70. En Italie, c'est 90-2000. Donc, ils n'ont pas eu le même recul que peuvent l'avoir d'autres pays.

  • Speaker #0

    Je ne savais pas que c'était beaucoup plus tard.

  • Speaker #1

    C'était beaucoup, beaucoup plus tard. En France, quand même, la situation de nos parents... Donc, tu vois des parents qui sont quand même bien en place, qui ont une certaine situation. La plupart des gens en Italie, surtout moi, je suis allé en Italie dans les années 2000. Donc, c'était vraiment les flux migratoires, les gens qui arrivent, qui n'ont pas de travail. Il y a un peu de délinquance. Donc, tu n'as pas des gens quand même, à part les sportifs ou les acteurs,

  • Speaker #0

    qui sont dans la classe moyenne ou établie. Donc,

  • Speaker #1

    eux, ils voient le bas de l'immigration. Donc, ça, ça leur fait peur. Et puis, l'Italie, elle est sondée en deux. Ça veut dire que tu as de 1 000 ans à reprendre. à Rome, et tout ce qui est de Rome à la Calabre, à la Sicile, ils sont même racistes entre eux. On les appelle les Zingari. Zingari, c'est un mot très péjoratif, comme pour dire les gens du voyage, la jeton, des choses comme ça. Donc même entre eux, les Italiens, ils ne s'aiment pas. Le nord capitaliste... Et t'as le sud travailleur. D'accord. Et ils disent que non, vous, vous profitez des aides sociales de l'État. Nous, sud du nord, c'est nous qui tenons la capitale. Donc vraiment, t'as ce côté-là sondé en deux. Moi, j'étais en Calabre. Oui,

  • Speaker #0

    tu as dit dans le sud.

  • Speaker #1

    Dans le sud. Donc dans le sud, j'ai jamais eu de soucis. Ok. Tu fais partie d'un des leurs. D'accord. Au bout d'un an et demi, moi, je signe après à Modène, au Quai Vauvéron, qui est dans le nord. Chievo-Véron, il faut savoir que Véron, c'est une des villes les plus racistes d'Italie. Véron, c'est où tu as les saluts nazis, où les gens disent qu'on ne veut aucun noir qui joue dans notre équipe. Donc moi, j'arrive dans cette ville-là. Là, l'atmosphère, elle est complètement différente. Tu sais, là, ça n'a rien à voir. Même, on te dit, fais attention quand tu te promènes en ville et qu'on sort. Moi, après, j'ai grandi en banlieue, donc me dire, fais attention. Mais c'est vrai que même en jouant en série A, il y avait beaucoup de racisme. Et en fait... moi ça m'a beaucoup perturbé parce que je me disais attends... Il y a beaucoup d'Africains ou de joueurs qui jouent là. Pourquoi en fait ? Mais quand tu creuses un peu plus, en dehors du stade, il n'y a jamais eu de problème.

  • Speaker #0

    Oui, effectivement. C'est vrai que de mon aspect à moi, j'ai l'impression que je vois rarement d'informations passer pour dire qu'il y a eu des actes racistes, de violences en Italie. Je vois les stades. Effectivement, oui, on parle de racisme dans les stades. Mais je n'ai jamais vu passer de choses... Tu vois, en dehors des stades, tu vois. Jamais.

  • Speaker #1

    C'est comme en Espagne. En Espagne, ils font des cristanges et tout ça. Et donc, Samuel Eto'o... Mais nous, on était une génération où on ne laissait pas passer, en fait. Et tu vas le combattre, on va dire ça ou ça. Mais après, c'est aux instances qu'il aurait dû... qui aurait dû sévir parce que c'est un mal qui engraine le football depuis de trop nombreuses années. Donc, ce n'est pas normal qu'aujourd'hui, il n'y ait pas des sanctions. Et ce serait très simple. On regarde aujourd'hui, on dit s'il y a des cris homophobes, on arrête le match, on met des amendes. Pourquoi ne pas prendre des amendes ? les mêmes résolutions lorsqu'il y a du racisme. En fait, c'est juste incompréhensible. Mais à notre échelle, à nous, en tant que joueurs, c'est compliqué. Où on s'unit tous ensemble, on se dit voilà, il faut faire des actes non pas isolés et on se dit que voilà, une journée, on ne joue pas ou qu'on sort. Mais tant qu'on n'aura pas l'appui des fédérations et surtout de l'UFA ou de la FIFA, malheureusement, on sera toujours dans ce problème-là dans les stades de football.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça parce qu'en tout cas, nous, grand public, quand on regarde ça, on se dit On se dit que ça a l'air simple à régler comme problème, comme tu dis, effectivement. Et tu vois, moi, je me dis, quand des joueurs prennent la décision de quitter le terrain parce qu'il y a des cris racistes... Est-ce qu'ils sont sanctionnés d'arrêter un match ? C'est ça la question que je me pose à chaque fois. Parce que je me dis, ils arrêtent quand même une économie, ils arrêtent quand même un business. Est-ce que la FIFA ou la fédération punit ces joueurs-là ?

  • Speaker #1

    En fait, on te dit, tu n'as pas le droit de sortir. Donc, tu aurais une sanction. Mais nous, ce qu'on ne comprend pas, c'est... Demain, on dit qu'on est une équipe, c'est un collectif. Pourquoi c'est toujours le joueur qu'on agresse qui doit réagir ? Moi, aujourd'hui, si on crie sur un de mes coéquipiers, pourquoi ce ne serait pas à ses coéquipiers de sortir et de montrer l'exemple ? En fait, c'est toujours ça. On l'a vu récemment avec Vinicius. On dit qu'aujourd'hui, on est une grande institution, il y a des choses qu'on ne peut pas... Mais voilà, c'est à tout le monde de prendre la décision, de se dire que si vous touchez un de mes camarades, c'est comme si tu touchais... l'institution et on sort tous ensemble. Et en fait, c'est vraiment un problème qu'il va falloir qu'on puisse résoudre dans les années à venir. Mais je te dis, c'est vraiment de l'ignorance. C'est pas du...

  • Speaker #0

    C'est pas du racisme fondamental. C'est juste qu'ils ne connaissent pas l'autre. Et comme ils ont peur de l'autre parce qu'ils ne le connaissent pas, ils sont juste...

  • Speaker #1

    Ils sont là, ils sont dans les stades, ils font leur petite grima.

  • Speaker #0

    Ils ont bu quelques verres.

  • Speaker #1

    Le racisme en tant que tel où tu attaques la... Moi, j'ai grandi à Paris où... À l'époque où il y avait les nazis au Parc des Princes, où il y avait Auteuil contre Boulogne, ça c'est du racisme. Quand tu sors à la fin du stade, où tu dois courir, parce que les gens aussi t'attrapent, ils vont te frapper toi, ta famille. Là, il y avait des vraies tensions. Dans un stade de football, tu le ressens, ça te perturbe. Oui et non, parce qu'il y en a certains, même ça les motive. Quand tu fais un cri de singe ou quelque chose comme ça, on a l'extérieur, et c'est souvent, quand tu ne sais pas chez toi, ça va décupler tes forces. Tu dis maintenant, donne-moi la balle, je vais vous faire la mayonnaise et dès que je vous marque un but, je vais aller vous provoquer. Donc en réalité, ça fait souvent l'effet inverse de ce qu'ils attendent. Mais c'est vrai que c'est un problème qui est récurrent dans le football et il faudrait qu'à un moment, ça cesse.

  • Speaker #0

    Et donc toi, tu arrives à Véronne, qui est connue pour être une ville peut-être avarie. Comment ça se passe avec les supporters ? Comment tu arrives dans cet univers-là ?

  • Speaker #1

    En fait, moi, j'ai la chance parce que je fais un an et demi en... en série C et au bout d'un an et demi on m'achète en série A donc déjà pour moi c'est le juste avant de partir en vacances j'avais fait mes 6 mois 6 bons mois un an j'ai à peine 19 ans 19 ans et demi et on me dit ouais on me dit tu pars à Milan je dis ok il me dit tu pars à Milan et tout ça parce qu'en Italie ils appellent ils appellent ça le calcio mercato c'est pas c'est pas comme en France où chacun non t'as une journée ouais tu as toute une semaine où tu as tous les directeurs sportifs, tous les présidents qui se rassemblent dans un grand lieu et qui font leur business. D'accord. Donc, on me dit, ouais, tu pars à Milan, il y a le Calcio Mercato. Je dis, ouais, mais c'est les vacances. Il m'a dit, non, on a une surprise pour toi. Mon agent, il vient et tout ça. Et j'arrive à Milan. Et j'avais à l'époque deux ou trois clubs qui me voulaient de Serie A. Et on monte avec le président de Catanzaro. Et moi, en 72 heures, j'apprends que je joue à... Tu vas en Serie A.

  • Speaker #0

    Pour les gens qui nous écoutent ou qui regardent, qui ne savent pas, la Serie A, c'est le plus haut niveau. Du football italien. Là, tu es au top du football italien.

  • Speaker #1

    Et puis moi, c'est les années 2000. Donc, c'est les années où il y a les...

  • Speaker #0

    Il y a la Juventus.

  • Speaker #1

    C'est la grande série A, les Del Piero, les Baggio.

  • Speaker #0

    Tchétchenko, il joue encore à deux.

  • Speaker #1

    Tchétchenko, c'est la... La crème. À l'époque, aujourd'hui, c'est la première ligue. À l'époque, c'est la série A. C'est la rire. T'es en série A, t'es... Donc moi, j'arrive en série A et je vais au Kévo Véron. Il y a deux équipes à Véron. Tu as Véron et Kévo Véron. Et moi, j'ai signé Dieu Merci au Kévo Véron. Et donc là, je fais vraiment le grand saut. Oui,

  • Speaker #0

    parce que ça, tu parles de série 4 à série A.

  • Speaker #1

    Parce qu'en fait, le truc, c'est que... Et c'est là où l'argent a été fort. Parce que quand moi, je voulais signer en Suisse, il me dit non, je m'en signe. Va là-bas, tu verras que... ta progression, elle sera plus importante que si tu allais... Mais moi, pour moi, à l'époque, je me disais, attends, deuxième division, pour moi, c'est bien. Tu m'amènes, mais non, bon. Après, moi, je suis une personne de challenge, de défi. Et donc, j'ai dit non, OK. Et quand je suis parti là-bas... vraiment, moi, c'est l'amour et le respect. À partir du moment où tu me donnes de l'amour et du respect, moi, je peux donner ma vie pour toi. Je suis quelqu'un de...

  • Speaker #0

    Entier.

  • Speaker #1

    Voilà. C'est comme par exemple, moi, ma femme, je l'ai connue, j'avais 21, 22 ans, ça fait plus de 20 ans qu'on est ensemble. Donc moi, je suis vraiment lié aux gens. Mes amis d'enfants, c'est toujours mes amis d'aujourd'hui. C'est... J'ai pas beaucoup de gens autour de moi, mais si on est ensemble, on est...

  • Speaker #0

    La fondation, elle est solide.

  • Speaker #1

    Voilà. Moi, mon agent qui m'a pris à 17 ans, Aujourd'hui, j'en ai 44, c'est toujours le même agent. On a cheminé tout le temps ensemble. Après, on a créé notre école de football et qu'on sort. Donc, je suis quelqu'un qui aime avoir des personnes vraies à côté de soi. Parce que c'est très important également dans ton cheminement, des personnes qui peuvent te dire la vérité. Beaucoup de jeunes sont autour de personnes qui vont venir se coller à toi une fois que tu arrives là-haut. Et à un certain moment, tu peux un peu partir à gauche, à droite. Mais il y a certaines personnes qui t'ont connu quand tu étais rien, qui peuvent te taper là. Ça, ce n'est pas la direction. Mais comporte-toi de cette manière-là. c'est ce qui a toujours été ma force, c'est d'avoir vraiment des personnes qui peuvent te dire, ça tu le fais bien, ça tu le fais mal, et on se corrige les uns les autres. Donc c'est vrai que faire ce saut de qualité arrivé en Serie A, en fait c'était quelque chose que moi j'avais programmé dans mon esprit. Je me suis dit, il y a une autre étape de France 1, vas-y c'est parti. Et donc j'arrive au Kiev-Overon et tout ça, et j'ai fait ma préparation, mais très rapidement, je vois que le niveau est encore super élevé. Je me suis dit, jusqu'à l'arrivée de stars faut que tu te réadapte voilà et donc en fait eux ils me proposent deux choix ou de partir en me demande voilà aujourd'hui je mens et on a envie de continuer sa progression et moi j'étais 5 ans ils disent un jeune avec beaucoup de potentiel mais nous on va prêter donc tu as deux choix ou tu pars en prêt en france à l'époque avait saint-etienne qui me voulait ouais ou tu restes en Italie et on a un club un peu partenaire qui s'appelle Modène, qui est en série B. On connaît bien l'entraîneur et consorts et tu vas aller jouer en série B. Et comme moi, je suis tombé amoureux de l'Italie, j'ai bien aimé. Non, t'as vu ?

  • Speaker #0

    Je reste.

  • Speaker #1

    Je reste et je suis parti en série B à Modène.

  • Speaker #0

    Tu fais combien de temps là-bas ?

  • Speaker #1

    Modène, en fait, il m'envoie en prêt, mais c'était un prêt avec une option d'achat. D'accord. Donc les gars, ils disent, OK, nous, on vous le prend en prêt, mais on met une option d'achat. Donc à l'époque, je crois que c'était 3 millions de... C'était comme une somme assez importante. Et Modène, c'était une équipe qui venait juste de monter de série C. D'accord. Donc c'était une équipe qui était encore jeune, qui était bonne et tout ça. Et cette année-là, on gagne le championnat direct. Wow. Moi, j'ai à peine 19-20 ans et là, on descend. Je marque une dizaine de buts et on gagne le championnat. Wow.

  • Speaker #0

    ça doit être ça doit être une sensation quand même c'est ça, quand tu as vécu une saison et que tu finis la saison et que tu gagnes le championnat de te dire que tous ces efforts ont payé, ont servi et regarde on est les champions.

  • Speaker #1

    Et puis ça, c'est les choix. Donc moi, je vais à Modène. Là, je parle vraiment bien italien. Je suis bien acclimaté. J'ai des partenaires qui sont extraordinaires. J'étais encore le seul étranger dans cette équipe-là. Donc, tu attires la lumière. Donc, directement, c'est même là où l'équipe du Sénégal commence à s'intéresser à moi. Mais on était en série B et l'équipe du Sénégal à cette époque, c'est El Hadjidou, Henri Camara, Fatiga. Donc, c'est la grosse équipe du Sénégal. Donc moi, j'ai toujours ça. en ligne de mire je dis bon il faut que je franchisse mes étapes mais l'Italie va me permettre d'avoir les lumières sur moi donc on finit l'année on est champion et directement on monte on monte en série A ouais et c'est là où maintenant arrive le conflit parce que c'est ça j'allais dire t'as ton équipe qui t'a acheté qui

  • Speaker #0

    est en série A qui t'a prêté à une équipe qui est en série B mais maintenant vous vous êtes monté vous êtes en série A voilà comment ça se passe ?

  • Speaker #1

    donc maintenant ils disent Nous, vous nous rendez Diomancy, on vous l'a traité.

  • Speaker #0

    On ne le veut pas comme adversaire, nous,

  • Speaker #1

    on le veut dans notre équipe. Et l'équipe, là, ils disent que non, Diomancy, c'est notre joueur, on ne vous le rend pas. Et en fait, ils ont un système en Italie, maintenant ils l'ont enlevé, ils appellent ça les boosts. La busta, c'est quoi ? C'est l'enveloppe. D'accord. Ça veut dire que les deux clubs se rencontrent, parce qu'au départ, ils leur ont fait un prêt avec une option d'achat. L'option a été élevée. Ils ont dit que non, nous, on veut récupérer notre joueur. Et si tu veux récupérer ton joueur, maintenant, vous prenez des enveloppes. D'accord. Chacun met un chèque. Celui qui met la plus grosse mise garde le joueur. C'est comme ça ? Oui, c'est comme ça. Le football, à l'époque, c'était...

  • Speaker #0

    C'est chacun qui met un chèque dans une enveloppe. On ouvre, qui a mis le plus, c'est lui qui garde.

  • Speaker #1

    Voilà. Donc, les gars, ils se disent que non. C'est comme ça. C'est incroyable.

  • Speaker #0

    C'est le Far West,

  • Speaker #1

    le truc. Genre, toi, tu te dis, bon, à peu près combien on va mettre ? Ils avaient mis à peu près 3 millions. Ça, c'était le diritto di riscato. Ça veut dire, ça, c'était l'option d'achat. Comme ça a sauté. Ils se sont dit, Kévo, c'est un club qui avait plus d'argent que Modène. Donc, ils se sont dit, non, ce qu'on va mettre dans leur... Ils ne peuvent pas s'aligner. Et en fait, la Modène, à cette époque-là, ils ont fait le record. Et ils ont... ils ont mis plus que Kévo donc quand ils ont ouvert les bouses pour moi j'étais sûr de repartir au Kévo et ils m'ont dit ramène tes affaires et tout ça et le jour où ils ouvrent les bouses ils disent que c'est je m'en suis tu restes à Modène ah ouais même les deux clubs ils se sont beaucoup beaucoup engueulés parce qu'en fait c'était un club satellite et à partir de ce moment là ils se sont t'as créé la séparation entre les deux t'as créé la rupture ils se sont trop chauffés ça les a trop énervés c'est incroyable ce système là d'enveloppe j'ai appelé les enveloppes la bousse

  • Speaker #0

    Et donc là, tu es en Syria.

  • Speaker #1

    Et donc là, je reste à Modène en Syria et je fais deux ans là-bas. Et c'est à ce moment-là aussi que je suis appelé. C'est ma première année de Syria où je suis directement appelé avec l'équipe de l'Institut de la Sérégale.

  • Speaker #0

    Non, t'inquiète, on arrive à ça. Tu vas nous raconter ça. Donc là, tu arrives à Syria. C'est... Le Jomansi Kamara qui commençait au Red Star, comment il se sent quand il se dit « Ok, là je suis en série, ça y est, là je vais affronter, comme tu as dit, je vais affronter les Tchétchenko, je vais affronter les Maldini. » Est-ce que Maldini joue encore quand tu… ?

  • Speaker #1

    Moi c'est Maldini, Costa Corta… Parce que c'est ça toi,

  • Speaker #0

    moi je parle des attaquants, mais c'est les défenseurs qui étaient sur toi, qui toi tu devais affronter.

  • Speaker #1

    C'est Maldini, Maldini c'est un de mes plus gros… Maldini, Nesta, Cafu, Dida, non c'était là. C'était le Graal. Non, c'était le Graal.

  • Speaker #0

    En tant qu'attaquant, quand tu devais les affronter, comment t'étais la veille avant d'être affronté ?

  • Speaker #1

    En fait, moi, je suis... Je sais pas... En fait, il faut avoir beaucoup de confiance en soi. Ouais, non, t'as pas le choix. Et en fait, c'est ça, c'est que moi, c'était le défi de me dire, ouais...

  • Speaker #0

    Je vais leur montrer.

  • Speaker #1

    Je vais leur montrer. Et moi, je me rappelle mon agent qui avait... Même quand on faisait des petits matchs de quartier et tout ça, il s'appelle Serran Diabaté, il me disait, je m'en sers à plique, toi. Parce que quand tu joueras en Serie A, tu ne pourras pas laisser... Et moi, je lui dis, mais qu'est-ce que tu me racontes ? On est au quartier, c'est rentre.

  • Speaker #0

    Ah, lui, il avait déjà la vision de t'amener. Lui,

  • Speaker #1

    il avait la vision. Il me disait, et je me rappellerai toute ma vie, le premier match qu'on a joué contre le Milan, et je l'ai vu dans les tribunes, même lui, il avait mis sa cravate, son costard, et on rigolait. Il me disait, qu'est-ce que je te disais, Diop ? C'est réel.

  • Speaker #0

    Donc,

  • Speaker #1

    non, non, c'est... Et moi, en Italie, c'est là où on m'a... Parce que moi, j'étais quelqu'un d'assez élégant sur le terrain. J'étais quelqu'un quand même, comment je courais, comment je me déplaçais. Et c'est là où on m'a surnommé ma première année la gazelle d'Afrique. La gazelle d'Afrique. Parce qu'ils disent que t'es... Oui,

  • Speaker #0

    t'es élégant, t'es fluide.

  • Speaker #1

    Et donc non, même contre le Milan, j'ai tout le temps... Les gros matchs, les gros affiches, j'étais présent. Le Milan, j'ai marqué. L'Inter, j'ai marqué. Contre la Juve, contre la Roma. Je ne marquais pas beaucoup. Je ne vais pas te marquer 20 buts. Mais les gros matchs, je suis là.

  • Speaker #0

    En fait, tu aimes la pression.

  • Speaker #1

    J'aimais bien ces matchs-là.

  • Speaker #0

    L'adrénaline, elle est au maximum.

  • Speaker #1

    Et en fait, le premier match de Serie A, c'est ça qui est marrant. C'est qu'en Italie, ils ont une coutume. Les trois équipes promues, tu joues les trois meilleures équipes du championnat. Ça veut dire que ton premier match en Serie A...

  • Speaker #0

    C'est direct dans le feu du...

  • Speaker #1

    Ou tu joues le Milan, ou tu joues la Juve ou l'Inter. Et moi, mon premier match, je me rappelle, c'est contre la Rome à l'Olimpico. 80 000 personnes.

  • Speaker #0

    80 000 personnes !

  • Speaker #1

    Donc là, tu passes de 20 à 80. Je me fais par quatre. Pareil, c'était la grande Romain, Francesco Totti, Montella, Aldair, c'était là le Gafon, Emerson.

  • Speaker #0

    En fait, tu sais, à chaque fois que je regarde des matchs de foot, surtout des gros matchs, j'essaie toujours de me dire, mais qu'est-ce que les joueurs doivent ressentir quand tu rentres sur le terrain que tu as ? Comme tu dis, tu as un mur. Un mur de personnes devant toi.

  • Speaker #1

    Et nous, c'est notre premier match. Ça veut dire que nous, on est promu. On est la petite équipe moderne et tout ça. Et tu arrives à l'Olympico. Et tu sais, c'est la première du championnat. Donc, ça veut dire que le stade est plein. Plein, craqué. Et pareil, là, je m'échauffe. Mais franchement, là, mes jambes, quand même, c'est un peu... C'est un peu un problème.

  • Speaker #0

    Là, c'est sérieux.

  • Speaker #1

    Là, quand même, quand il m'a appelé, c'était mon premier match en série 1. Mais pareil, au bout de 5-6 minutes, pareil, bam, bam, bam.

  • Speaker #0

    Oui, de toute façon, je pense que tu as le côté humain qui, effectivement, c'est la première fois, donc tu es un petit peu perdu. Mais une fois que le joueur se met en mode, allez, là, c'est le match et tout, tu as tellement d'automatisme, tu as tellement d'expérience dans les jambes et dans le truc que tu ne vois plus, finalement, les supporters.

  • Speaker #1

    Et puis, à 20 ans, tu es inconscient. Tu sais, quand tu es jeune, c'est comme quand tu ne vois pas le danger. Oui. moi tout ce que j'attendais je dis coach mets moi dedans et je le regardais je le regardais je le regardais et pareil là je rentre au bout de 5 6 minutes boum boum boum je fais une belle action pas décisive on marque et on a gagné premier match premier match ah ouais vous venez de monter et vous gagnez le premier match avec l'aroma l'aroma 2 et puis ça les gens peuvent aller Aujourd'hui, il y a Internet. On ne va pas raconter des histoires. Tout ce qu'on dit là,

  • Speaker #0

    c'est vérifiable.

  • Speaker #1

    Si vous regardez Rome-Modène, je crois que c'était en 2003, on a gagné 2-1 le premier match. Moi, j'ai fait une passe décisive à l'attaquant, il s'appelle Skouli. Pour vérifier, on a gagné 2-1. Moi, c'était un magnifique souvenir.

  • Speaker #0

    Macha, ça doit être des souvenirs. En fait, je ne sais pas si vous, footballeur... On vous le dit, que vous vivez quand même une vie qui est incroyable, qu'il n'y a pas beaucoup de personnes qui vont vivre ça, mais je ne sais pas si vous vous en rendez compte. Est-ce que tu t'en rends compte pendant que tu es joué ou après ta carrière ?

  • Speaker #1

    Non, tu t'en rends compte parce qu'en fait, moi j'ai tous mes amis qui ont souhaité devenir footballers professionnels. Donc tu vois un peu le regard qu'ils ont. Et en fait, moi ce que je me suis toujours dit, c'est que si je réussis, en fait il faut que ça profite aux autres. C'est ce qu'il disait mon papa, mon papa il me dit... t'es comme une bouteille d'huile, quand tu la laisses tomber, si elle éclabousse, il faut que t'éclabousses tous ceux qui sont à côté de toi. Donc nous, en fait, ma carrière, je l'ai vécue avec tous mes amis. Ça veut dire qu'en Italie, il y a beaucoup de joueurs, tu vois, ils font venir leurs amis. Et la chance que j'ai eu, c'est que moi je n'ai pas été en centre de formation, c'est là où je vois que le papa a été très intelligent. Regardez un joueur comme Mbappé aujourd'hui, il est très isolé. Il a expliqué même dans ses centres de formation. Voilà, tu ne fais pas les mêmes. Moi, j'ai grandi dans le quartier, dans la banlieue. Ça veut dire que ma réussite, c'était la réussite de tout le quartier. Ça veut dire qu'ils étaient tous derrière moi. Et le jour où j'ai réussi, les gars, on va tous profiter. Donc ça veut dire que moi, quand je jouais le MI, j'avais cinq, six potes qui étaient là. Et en fait, ils m'ont... ont suivi toute ma carrière. Et c'est ça pour moi qui a été magnifique, c'est qu'à travers ma réussite, les autres, ils ont pu vivre un petit peu le côté professionnel. Et moi, ça me remettait toujours les pieds sur terre de me dire, putain, quand même, je suis chanceux. Mes potes, ils aimeraient être à ma place. Mais vas-y, les gars, je suis devant, je suis la locomotive. Vous êtes les wagons,

  • Speaker #0

    mais on avance tous.

  • Speaker #1

    On avance tous ensemble.

  • Speaker #0

    Incroyable. Et donc, tu joues en Italie pendant combien d'années ?

  • Speaker #1

    En fait, j'ai... comme je t'ai dit on est monté à Serie A je fais deux ans en Serie A au bout de mes deux ans de Serie A après je pars en Angleterre tu pars en Angleterre quel club déjà le plus par rapport à Smurfs exactement Harry Redknapp lui il adorait les joueurs africains je me rappelle j'étais déjà à cette époque après j'étais déjà en équipe nationale on avait fait un match Sénégal-Côte d'Ivoire à Paris il était venu il m'a vu et tout ça et à l'époque il y avait Yakubu l'attaquant du Nigeria il y avait Lomana Lua-Lua il a à RDC. Il y avait Alucissé. Les gens ne savent pas, moi j'ai joué avec Alucissé à Portsmouth. Il y avait Amdifai, un autre Sénégalais. Il y avait Valéry Mézac, un Camerounais qui est décédé après un accident tragique. Mais il y avait beaucoup de...

  • Speaker #0

    Il y avait une base africaine.

  • Speaker #1

    Et donc, je suis allé directement à Portsmouth et on a fait une très bonne... Parce qu'après, moi mon rêve aussi, c'était la première ligue. La première ligue commençait à prendre de l'impact avec les Thierry Henry, avec les Anelka, avec tous les grands attaquants. Moi, j'ai toujours eu ce truc de... Le football italien, il est bien, mais c'est très tactique. C'est tout le temps... Moi, j'aime les espaces, j'aime courir.

  • Speaker #0

    Le football anglais, il est plus dans courir.

  • Speaker #1

    C'est plus mon ADN. L'ADN du championnat. À l'époque, il y avait Henri Camara, Papou Pajob. Tous les Sénégalais étaient là-bas. Moi, j'étais un des seuls avec Ferdinand Collier en Italie. Je me disais, putain, j'ai envie d'aller en première ligue. Dès que j'ai eu l'opportunité...

  • Speaker #0

    Après, il y a eu un très bon transfert. En Modène, le cycle était fermé. J'ai fait mes trois ans et après, je suis parti pour dix ans en Premier League.

  • Speaker #1

    Mais tu l'as dit, entre-temps, avant l'Angleterre, tu fais ta première sélection avec l'équipe du Sénégal. Là, je suis obligé de faire un passage dessus parce que, pareil, je reviens au papa. Mais le papa, il a dû être tellement fier quand il a dû porter le maillot la première fois.

  • Speaker #0

    En fait, ce qui est intéressant par rapport à ça, c'est que Moi, j'ai fait les pré-France. Quand t'es en région parisienne et qu'on sort. Donc, il y en a beaucoup qui rêvent de jouer pour l'équipe de France. Moi, mon rêve, ça a toujours été de jouer pour le Sénégal. Dès le départ. Parce qu'en fait, je me suis dit, c'est comme ça que je vais repayer mon papa. je porterais le moyao de l'équipe nationale pour lui. Moi, déjà, par exemple, je m'appelle Jomansi Kamara. Jomansi, c'est le nom de mon grand-père. Il a donné le nom du grand-père, donc moi, j'ai vraiment cet héritage familial.

  • Speaker #1

    C'est ancré dans...

  • Speaker #0

    Et à chaque fois que je venais, par exemple...

  • Speaker #1

    D'ailleurs, excuse-moi, t'interrompes, dans mes petites recherches, Kamara avec un K, parce qu'il y a eu une faute administrative.

  • Speaker #0

    Les Français, là... Moi, toute la famille est avec un C. Et en fait, quand il est parti faire la documentation, ils ont tout écrit avec un K. Après,

  • Speaker #1

    c'était compliqué pour changer. Donc, il est resté avec le K.

  • Speaker #0

    Je me rappelle même ma première sélection. Mon ami Alugo Loco, que je salue au passage, il avait écrit l'article, ce Kamara-là est un K.

  • Speaker #1

    Ah, joli jeu de mots. Pas mal, pas mal, pas mal. J'aime ça.

  • Speaker #0

    Il a fait un truc sympa.

  • Speaker #1

    Donc, première sélection.

  • Speaker #0

    Ouais, donc, première sélection. Je ne vais jamais l'oublier, en fait. Et ce qui est marrant, c'est qu'à l'époque, il y avait l'équipe du Jimens, Thierry Gilardi. Donc, c'était la grosse émission. Et il disait, le franco-sénégalais combat. Moi, je me disais, dès que l'équipe nationale m'appelle, je réponds. Et en fait, c'est pour ça aussi que j'ai eu beaucoup cet amour avec les Sénégalais. C'est que je n'ai pas été celui qui a hésité en disant non. À l'époque, je te le disais, nous, on était deux à jouer en Serie A avec moi. Et Ferdinand Colli du côté de Pérouse. Et on se voyait, on s'affrontait, il me disait alors, il faut venir. J'ai dit non, moi, dès qu'il m'appelle, je viens. Et à l'époque, il y avait un agent sénégalais qui travaillait un peu avec la FED, qui s'appelait Sidifal. Il est venu me voir, il m'a dit, l'équipe nationale qui est intéressée, qu'on sort. Alors, il dit, moi, il m'appelle. Et j'arrive. Voilà. Et donc, ils m'ont appelé en fin 2002, début 2003. Et le premier match, c'était Sénégal-Maroc. OK. Et regarde comment Dieu fait bien les choses. Toujours. C'est le premier match à Paris.

  • Speaker #1

    Hé ! Donc, tu as toute la famille qui est là, tous les copains qui sont là. Aïe, aïe, aïe. Aïe, aïe, aïe.

  • Speaker #0

    C'est pas au-delà. Ah oui. T'imagines ? Oui. C'est pas en allant. Oui. Premier match de l'équipe nationale. C'était pas au pays, c'était à Paris, région parisienne où moi j'ai grandi. Sénégal. Sénégal.

  • Speaker #1

    Non, j'imagine.

  • Speaker #0

    Et donc en fait, je me rappelle, la veille, on joue en fait contre la Roma. C'était pareil et tout ça. marque un très beau but. Une balle lobée, Thierry Gilardi parle et dit « L'équipe de France commence. » Le soir, on m'appelle, on me dit « Oui, John Mancier, on va te convoquer en équipe nationale. » Je me rappelle, j'étais trop content et qu'on sort et tout. Et moi, je voulais aussi me démarquer en équipe nationale parce que tu vois, t'arrives, les gens, ils sont là. Je me rappelle le matin, j'étais parti m'acheter un costume smalto.

  • Speaker #1

    Ça, c'est le côté italien.

  • Speaker #0

    Je me dis, t'as vu, je vais arriver en équipe nationale, mais classe. J'ai toujours voulu avoir ce côté-là de dire, ouais, les footballeurs, vous êtes des voyous. Ah, les footballeurs, vous vous habitez. Non, le footballeur, c'est quelqu'un aussi qui peut s'habiller d'une certaine manière, qui peut être un... Donc, je me rappelle, j'avais acheté un beau costume smalto. Et j'étais parti à le prendre. Le premier qui m'a accueilli en équipe nationale, c'est Eladji Diouf. Il est venu, je rentre comme ça dans le hall. Et en fait, c'était une manière de me donner confiance et du respect. Eladji m'a accueilli. Et après, depuis, avec Eladji, ça fait plus de 20 ans. Il y a des gens qui ne comprennent pas. Ils disent, ouais, c'est l'eau et le feu. C'est deux caractères.

  • Speaker #1

    On pourrait penser que c'est deux caractères différemment différents.

  • Speaker #0

    Mais Eladji, pour moi, c'est un grand frère. Ma première sélection, en fait, il m'a accueilli, on a joué à Paris. C'était contre le Maroc, il disait archi froid, mais j'avais toute la famille, tous les amis. C'est un souvenir extraordinaire. La première fois que j'ai mis le mot de l'équipe nationale.

  • Speaker #1

    J'allais demander quand tu arrives dans le vestiaire et que tu vois le maillot qui est là, avec ton nom dessus, ton numéro, que tu le mets et tu dis ça y est.

  • Speaker #0

    En fait, le seul truc, c'est qu'il m'avait... Ils avaient mis John Mancy sur le maillot. Et ils m'avaient donné le numéro 9. Et je me rappelle, on avait malheureusement perdu contre le Maroc. Mais il y avait eu un envahissement de terrain. C'était à Charletti. C'était un bordel comme pas possible. Mais ça restera un souvenir magnifique. l'équipe nationale c'est ce que je dis souvent tu peux jouer dans 10 clubs 15 mais l'équipe nationale c'est autre chose t'as qu'une équipe nationale c'est-à-dire le maillot de l'équipe nationale c'est celui que tu dois le plus plus plus respecter Tu as des millions de gens derrière toi, c'est le monde. Il n'y a pas plus beau que... C'est le Graal, en fait. Quand tu arrives à Lille, tu représentes ton pays. C'est le maximum. C'est le maximum.

  • Speaker #1

    Ça doit être une sensation incroyable. Et le premier match au Sénégal ?

  • Speaker #0

    Le premier match au Sénégal, c'était un match éliminatoire, à Paris, je me rappelle. Et en fait, c'était marrant parce que toute ma famille, je leur disais, je vais jouer avec l'équipe nationale. Ils me disaient, regarde le petit Parisien. Ils ne savent pas te jauger, tu vois. Ils me disent, toi, tu parles, tu parles. Ils me disent... Ma famille m'en vit, j'avais 6 ans. Et puis je grandissais.

  • Speaker #1

    Tu parles de ta famille qui est ici au Sénégal ? Ici, ici.

  • Speaker #0

    Et j'avais un cousin, Baba Karbaji Dembo. Il me disait, toi tu parles trop, arrête de parler. Je disais,

  • Speaker #1

    toi... Il est fou.

  • Speaker #0

    Voilà ! Il me disait, toi t'as la bouche. Est-ce que tu sais ? Je lui ai dit, toi, quand je vais jouer, tu vas me demander pardon. Et je me rappelle, la première fois que je suis arrivé, c'est lui qui est venu m'accueillir. Il m'a pris dans ses bras, il pleurait. En fait, on était au gorge d'Iraman. On était au Gordia Rama. Et quand j'arrive, peut-être 400, 500 personnes. En fait, toute ma famille de la Medina était venue. Parce qu'à l'époque, c'était une fierté.

  • Speaker #1

    L'ensemble du quartier qui est dans l'équipe nationale.

  • Speaker #0

    C'est pas comme maintenant. Maintenant, aujourd'hui, ça s'est démocratisé. L'équipe nationale... elle est à... Diabinajo, Radisson, tout ça. Non, nous, on était au Concordia. On était dans le cœur de la ville. Les entraînements, il y avait 30 000 personnes. Les entraînements, ils étaient ouverts du lundi au jeudi. Tu fermais juste le vendredi. Nous, on était vraiment le... C'est pour ça qu'il y a eu cette proximité avec le peuple.

  • Speaker #1

    Effectivement, ça se comprend beaucoup plus.

  • Speaker #0

    J'étais au Léopold Cédar Saint-Gaure. Nous, toutes les séances, en fait, les entraîneurs disaient non. Les enfants arrivent à travers vous. On est en équipe nationale. Les séances d'entraînement sont ouvertes. Pourquoi on va fermer la séance d'entraînement ? La veille du match, quand tu dois faire le système tactique et qu'on sort, tu fermes le vendredi. Mais tu l'as une semaine. Toute la semaine, les gens veulent venir vous voir, ils viennent. Moi, je suis dit, nous, on faisait des entraînements avec 30 000 personnes. C'était plein. Donc, quand j'arrive, toute ma famille dit tam-tam. en fait ils ont vu le petit Diomancy qui a grandi, à maintenant celui qui arrive en équipe nationale en équipe nationale je me rappellerai toute ma vie, après on avait gagné 2-3-0 mais franchement c'est les plus beaux souvenirs avec les Lyons dans ta carrière si tu dois choisir tu préfères tes souvenirs avec les Lyons ? et pourtant j'ai eu mes plus grosses blessures, je me suis fait les croiser en équipe nationale contre le Liberia j'ai eu mes grosses blessures avec l'équipe nationale mais les émotions que j'ai ressenties H0, sans signe nulle part ailleurs. C'est même à ce moment-là que je me suis dit, dès que j'arrête ma carrière, je vais m'installer ici. Dès le départ, je me suis dit, ça,

  • Speaker #1

    ici, je suis chez moi.

  • Speaker #0

    C'est à la maison. Ici, je vis. Ici, j'ai envie de me battre pour ces gens-là. J'ai envie, une fois que je vais arrêter le football, de créer certaines choses. Ici, c'est chez moi. C'est vraiment l'équipe nationale pour moi.

  • Speaker #1

    Ça a solidifié encore plus la relation avec le Sénégal.

  • Speaker #0

    100 fois. Et puis, l'amour des gens. Tu sais, quand les gens te rendent ce que toi, leur donnent, ça, ça n'a pas de prix.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Ça n'a pas de prix.

  • Speaker #1

    Donc, toi après, tu repars en Angleterre. Tu fais combien d'années en Angleterre ?

  • Speaker #0

    J'ai fait 10 ans.

  • Speaker #1

    10 ans en Angleterre.

  • Speaker #0

    10 ans en première ligue. Wow. De mes 22-23 jusqu'à 33 ans. J'ai fait un petit passage par l'Écosse, au Celtic. Et j'avais un de mes entraîneurs là qui était parti au Celtic. Moi, je suis quelqu'un qui aime voyager. Et j'ai eu pas mal de blessures. Un moment, quand j'étais à Fulham, j'ai arrêté pendant 8 mois, 10 mois. Et j'avais besoin de reprendre du temps de jeu. Et donc, j'avais mon entraîneur Tony Bobway qui était parti du côté du Celtic. Et je suis parti un an au Celtic. Ouais, extraordinaire aussi.

  • Speaker #1

    Et donc, après l'Angleterre, est-ce que tu vas dans un autre championnat ?

  • Speaker #0

    En fait, moi, voilà. Moi, j'avais 33 ans. Donc, j'ai fait 10 ans et tout ça. Et après, j'étais en fin de contrat. Donc, j'avais ou l'opportunité d'aller dans les pays du golf. À l'époque, il y avait les pays du golf qui... qui était Dubaï et Consor donc j'avais reçu une offre là-bas et puis après j'ai eu un club j'ai un club turc et moi à 33 ans j'avais encore envie de jouer ouais je me suis dit c'est bien d'aller à Dubaï et Consor mais où est-ce que je peux me rapprocher de ma religion ? Parce que si moi, je suis quelqu'un d'assez religieux...

  • Speaker #1

    Ouais, non, on va y venir sur ce sujet-là.

  • Speaker #0

    Pour moi, j'avais besoin de découvrir autre chose et je me suis dit, ah, la Turquie, ouais. Et à ce moment-là aussi, il y avait Dembaba, Moussa So, Isardia, Doudou Jacques Fatih. Il y avait une petite communauté sénégalaise là-bas et ils me disaient, c'est la Turquie qu'on sort. Et donc, je suis parti trois ans, j'ai fait trois ans à Eskişir.

  • Speaker #1

    Les supporters turcs, ça doit être quelque chose. Non,

  • Speaker #0

    c'est la Turquie. moi en fait c'est ça que j'aime le football pour moi c'est la passion j'ai toujours aimé ce côté sulfureux des ambiances de malade après quand tu joues Fenerbahce Galatasaray Peshikta ça doit être une folie les stades là-bas quand c'est des gros derbis non même nous franchement on est arrivé là-bas Eskichir c'était un bon petit club C'était un bon club qui se maintenait. En deux ou trois ans, on a fait de très bonnes chances de qualifier en Coupe d'Europe. On a fini cinquième. On a fait des préliminaires de barrage pour jouer l'Europa League contre Marseille. Donc vraiment, là-bas, ma première année, j'ai mis 15 buts. J'avais 33 ans. Donc non, franchement, j'ai super expérience de vie à la Turquie.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu avais une célébration ?

  • Speaker #0

    Oui, moi, c'était ça.

  • Speaker #1

    La folie.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Tu vois, même avec... Alors ma femme, son plus grand rêve, c'est de courir et de sauter sur les genoux et de glisser. C'est-à-dire qu'à chaque fois qu'elle voit cette célébration d'un joueur de foot, elle se dit mais ça doit être une sensation quand tu fais ça, que tu as un stade qui crie parce que tu as marqué et que tu glisses dans le truc à chaque fois.

  • Speaker #0

    L'adrénaline, tu sais marquer. Moi, des fois, c'est ça qui me manque. Oui, j'imagine. Ce n'est pas deux jours.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu en rêves ? Ça, c'est une question que je me pose. Maintenant, tu n'es plus dans la carrière, tu ne joues plus. Mais est-ce que ça t'arrive quand tu dors de re-réveiller quand tu as marqué un peu plus ?

  • Speaker #0

    Non, en fait, c'est le... l'émotion, la sensation. Le sport, en fait, c'est transmettre des émotions et des sensations. Et en fait, ça, tu le vis. Pour moi, il n'y a pas plus beau que marquer un but. Marquer un but dans les dernières minutes. Par exemple, quand Sadio marque le but contre l'Égypte. Oui,

  • Speaker #1

    non. Le niveau de pression, je n'imagine pas, mais le niveau de délivrance,

  • Speaker #0

    quand tu le mets. C'est ça. À la dernière minute, tu marques des buts extra-hauts. Des recours. Franchement, c'est... Et moi, ma salubration, parce qu'à l'époque, quand j'étais en Angleterre, j'ai eu pas mal d'offres et après je m'étais cassé le métatars en fait mon président moi c'est ce que j'ai malheureusement très souvent eu dans mes dans mes clubs les présidents ne voulait pas me laisser partir ah ouais attaché à l'eau était souvent attaché à moi en fait j'ai souvent eu des offres et je devais partir à moi je devais partir au pg ça s'est pas fait je vais partir à bordeaux c'est pas fait je devais partir au milan c'est parfait si tu avais joué au pg non ça c'était mon rêve c'est ça que j'avais dit à ça qu'il manque non je te jure

  • Speaker #1

    C'est pas trop tard.

  • Speaker #0

    Non. J'ai failli, mais malheureusement, ça ne s'est pas fait. Et en fait, mon président, à l'époque, quand j'étais à West Brom, pendant la période du Mercato, il ne m'a pas laissé partir. Et après, il me disait non, entraîne-toi et ceci, cela, le temps qu'on trouve. Et quand je m'entraîne, je me casse, je me fais une blessure au métatars et je suis absent trois mois. Et donc, en fait, il m'a empêché de partir où je voulais.

  • Speaker #1

    OK.

  • Speaker #0

    Et donc, en fait, ça, je l'ai très mal vécu. Et le premier match où je suis revenu, on jouait West Bromleitz, je rentre, après trois mois de blessure, et on gagne 4-2, je marque deux buts. Et dès que je marque, je vais voir le président et je lui fais comme ça. Je t'ai fâché avec lui. Je lui ai dit, mais toi, t'es... je lui ai dit toi t'es fou et en fait lui il l'a mal pris deuxième match deuxième but je vais le voir et je lui ai dit encore t'es fou et lui il savait que c'était pour lui le week-end d'après je marque encore deux buts et après je me suis dit ah ouais ça c'est ça c'est ma célébration et après elle

  • Speaker #1

    est restée comme ça mais c'est fou ce que tu dis parce que tu vois pareil nous grand public on se rend pas compte de tout ce qui est politique dans le jeu et tu vois je pense que tu marques Et toi,

  • Speaker #0

    tu vas provoquer ton directeur. Je lui dis, t'es fou. Et en fait, c'est comme ça, ça me... Tu sais, l'adrénaline, on sort.

  • Speaker #1

    Comment, à ce moment-là, tu marques ? Et là, ta première réaction, c'est pas, je vais voir les supporters. C'est, je vais te montrer que...

  • Speaker #0

    Voilà, voilà. Mais en fait, c'est pour ça que le football, c'est beau. Je me rappelle aussi un jour d'une célébration d'Ade Bayor. Tu te rappelles quand il était parti du coach.

  • Speaker #1

    Il a ru tout le terrain pour aller voir les anciens supporters.

  • Speaker #0

    En fait, des fois, là, tu...

  • Speaker #1

    T'as folie.

  • Speaker #0

    Le sang monte au cerveau et tu réfléchis plus. C'est ça aussi qui est beau. Ça fait partie du sport de haut niveau.

  • Speaker #1

    Donc, tu finis ta carrière de footballeur en Turquie.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Et avant d'arriver à la suite, après ta carrière de footballeur, ça c'est une des questions fortes pour moi pendant notre discussion. À quel moment tu embrasses l'islam dans ta vie ? Parce que pour les gens qui te suivent, pour les gens qui te connaissent, Tu es quelqu'un qui fait beaucoup de rappels, qui est très engagé, qui défend les valeurs de cette religion énormément, qui va souvent faire des pèlerinages et tout, et qui transmet de très beaux messages par rapport à notre religion. Mais en tant qu'enfant métisse, comme tu l'as dit tout à l'heure, tu as la maman qui est catholique, le papa musulman. Est-ce que toi, tu découvres ta religion très jeune ou c'est plus un peu comme moi, moi dans l'adolescence. Moi, c'est dans l'adolescence, je vais dire fin d'adolescence, 18 ans, 19 ans, que je me dis que je me considère musulman, je suis musulman et je veux embrasser cette religion-là. Comment toi, ça arrive dans ta vie ?

  • Speaker #0

    Pour moi, c'est très simple. Tu sais, même dans la religion musulmane, on dit que c'est le papa qui transmet la religion. Donc moi, je n'ai musulman, je ne suis pas quelqu'un qui me suis converti ou moi, Ma maman m'a initié au christianisme. Non, mon père. Vous êtes musulman,

  • Speaker #1

    mes enfants seront musulmans. Voilà. D'accord.

  • Speaker #0

    Donc il y a eu tout le temps cette tolérance-là, que ce soit ma soeur, mon petit frère. On ne mange pas de porc, on est musulmans. Notre maman, elle respecte ça. Donc ça, c'est le papa. Et après, il y a différence entre être musulman et pratiquant. Donc ça veut dire que moi, je grandis un peu comme tous les enfants. Tu pries, tu ne pries pas, tu fais des trucs à gauche, ton adolescence et tout ça. Moi où j'ai vraiment commencé à me rapprocher de l'islam, c'est vers les coups de 16-17 ans. Même mes voyages ici au Sénégal me faisaient du bien. Et j'ai toujours eu cette... Par contre, j'ai toujours eu beaucoup de tolérance envers tout. toutes les religions. Moi, j'ai toujours eu ce cheminement spirituel de comprendre pourquoi tu faisais les choses. Et pour moi, l'islam, c'est juste la continuité du judaïsme, du christianisme, et ensuite, tu arrives à l'islam. Donc, en fait, pour moi, c'est quelque chose de très logique. Et après, ma pratique, elle a été... Elle a augmenté au fil des ans. Et puis, moi, je pense que la religion, c'est quelque chose de très personnel. Mais dans le monde dans lequel on vit actuellement, on dénigre tellement... l'islam que moi je me dis c'est important qu'on véhicule certaines paroles et que nous personnes des médias ou personnes un peu un peu du pouvoir public on puisse apporter une autre image et véhiculer certaines paroles qui font qu'elles vont contrecarrer ce que les médias populaires et tout et c'est la même image de non moi je suis quelqu'un je vais pas mettre en avant ma religion ou ma pratique point Mais je me suis dit, et en fait, ça, c'est un de mes premiers voyages que j'ai fait à la Mecque. En fait, moi, je suis parti très jeune à la Mecque faire ma première Oumra. Parce que nous-mêmes, dans l'équipe nationale sénégale, on était une petite communauté où on était quand même pas mal religieux. Donc, moi, ma première Oumra, je l'ai fait, j'avais 23 ans. à différence d'autres jeunes qui aiment se dire moi tiens j'ai 22-23 ans je vais aller non moi je me suis dit Dieu m'a beaucoup donné il m'a permis de réaliser mon plus grand rêve d'aider ma famille donc on est parti d'Embaba, Moussasso Issiardia, Jacques Fatih il y avait à l'époque Djibril Sidibé aussi qui était en équipe de France, on est parti à 6 et on a fait la première Oumra à 23 ans, et donc ça ça m'a beaucoup ouvert l'esprit sur comment me comporter en communauté quelle était l'importance d'être un sportif de haut niveau parce que grâce à Dieu on a réussi à rencontrer Cher Soudaïs pour ceux qui ne le connaissent pas c'est l'imam de la Mecque c'est un des plus grands récitateurs au monde, c'est comme si dans le football ... si vous croisez Cristiano Ronaldo ou Messi. Donc lui, pour avoir audience avec lui, c'est...

  • Speaker #1

    C'est extraordinaire.

  • Speaker #0

    Très, très compliqué. Et donc, il y a un grand frère qui s'appelle Abdel Rachid, un ancien footballeur qui s'est converti. Lui, il avait pas mal de connaissances là-bas. On a réussi à rencontrer l'imam de la Mecque. Et en fait, lui, il nous a donné deux conseils. Donc, on était là, on a dit, cher, est-ce que tu peux... Il a dit, le premier conseil que je vous donne, c'est accueillir toujours les gens avec un visage souriant. Lui, tu le vois, c'est une lumière. Tu sais, quand il arrive à la mer, quand il va faire ses... Il a des gardes du corps, c'est une personnalité, mais l'aura qu'il dégage... Et tu sais, beaucoup de gens disent dans l'islam, les gens sont fermés. L'islam, c'est... Assalamu alaikum, c'est que la paix soit pour toi. L'islam, c'est une religion de paix. Ceux qui veulent essayer...

  • Speaker #1

    La diaboliser, de toute façon, oui.

  • Speaker #0

    C'est la paix. Donc, lui nous a dit, première des choses, visage souriant. Parce que les gens, ils vous lisent, ils vous regardent. Si tu as le visage fermé, directement, tu peux... éloigner des gens de la religion. Et le deuxième conseil, il a dit le bon comportement. Il a dit, et un comportement parce que les gens, ils lisent pas le Coran, ils vous lisent vous. Ils disent que c'est toi le musulman. Regarde comment tu vas te comporter. Il dit, vous, en tant que footballeur, vous êtes des ambassadeurs de la religion. Donc essayez toujours d'avoir un bon comportement. C'est pas par la parole, c'est par ce que vous faites. Les gens, ils vous lisent vous. Et moi, c'est quelque chose qui m'a marqué. Je me suis dit, ah, quand même, il va toujours falloir essayer d'avoir un comportement bon. en adéquation avec nos paroles. Et même des fois, sans parler, les gens vont te regarder. C'est comme tes enfants. Toi, tu as des enfants. Les enfants, ils sont beaucoup dans le mimétisme. Ils ne sont pas là. Tu ne parles pas, tu vas faire ta prière. Ton fils ou ta fille vont venir, elle va prier.

  • Speaker #1

    Effectivement.

  • Speaker #0

    Donc, moi, j'ai toujours eu un peu ce côté spirituel. Et après, j'ai fait quatre ou cinq ou moins. Et l'année dernière, grâce à Dieu, j'ai pu faire mon hajj. Donc, ça, c'était le maximum.

  • Speaker #1

    Et c'est fort, comme tu dis, qu'à 23 ans, surtout quand tu es dans... ce milieu-là, d'être conscient et de ne pas être attiré justement par la pas des lumières de l'autre côté, de la célébrité et tout, et de te dire que j'ai une conscience, j'ai une responsabilité vis-à-vis de l'opportunité que Dieu m'a donnée et je me dois de saisir cette opportunité et de... et de faire au mieux avec la chance que j'ai pour apporter aux autres. Et donc, tu finis ta carrière de footballeur. Quand tu finis, est-ce que tu as déjà la vision de ce que tu fais actuellement ? On va y venir, c'est-à-dire le développement de jeunes, création de centres de formation et tout. Ou est-ce que c'est quelque chose que, quand tu finis ta carrière, tu t'arrêtes et tu te dis après, je vais voir ce que je vais faire ? Ou c'est quelque chose qui est déjà visualisé ?

  • Speaker #0

    En fait, moi, c'est exact. Moi, je vis dans l'instant présent. C'est bien de préparer, mais c'est bien de ne pas trop se projeter. Parce qu'aujourd'hui, on est là.

  • Speaker #1

    Exactement, on n'a aucune garantie.

  • Speaker #0

    Donc moi, en fait, dans ma structuration, je me suis dit que je vais me marier aussi très jeune. D'accord. C'était parce que... comme tu l'as dit, les strass, paillettes, tu peux très, très rapidement te perdre. Ça veut dire que chaque âge a ses plaisirs, mais à un certain moment, il faut savoir dans quelle direction tu vas aller. Donc moi, la femme avec qui j'étais très jeune, je ne me suis pas dit, ah ben maintenant, c'était difficile quand on était en bas. Une fois que j'arrive en haut...

  • Speaker #1

    Allez, salut ! Non, non.

  • Speaker #0

    Dans la vie, il faut être reconnaissant. C'est ce que j'inculque également aux jeunes avec qui on travaille. C'est que ceux qui t'ont aidé ou ceux qui t'ont soutenu, quand c'était compliqué, c'est eux les premiers qui doivent être bénéficiaires de ta réussite. Et donc moi, j'ai décidé à 22-23 ans déjà, je me suis marié. Et après, j'ai fondé ma famille. Donc ce socle familial, ça m'a beaucoup permis d'avancer. Je te le dis, même si aujourd'hui, je n'aurais pas eu ma femme, il y a beaucoup d'erreurs que j'aurais faites. Et donc, nous, qu'est-ce qu'on a décidé ? On a... on a décidé d'avoir un certain capital. Et à la fin, parce que tu ne sais jamais où est-ce que tu vas finir les opportunités de vie et qu'on sort, moi, j'ai arrêté à 35 ans. Et ça, à 35 ans, je me suis dit, bon, maintenant, voilà, on a un petit peu capitalisé. Qu'est-ce qu'on va faire ? Donc, c'est venu au fur et à mesure, mais c'est pareil. Je me suis dit... Il y en a par exemple qui vont se projeter. Aujourd'hui, on peut voir Abib Bey, par exemple, entraîneur. Lui, il a toujours eu l'âme d'entraîneur. Abib, même quand on était en équipe nationale, il prenait ses notes. Il a toujours Omar Dhaf paré. Donc, ils avaient vraiment cette fibre-là. j'avais beaucoup plus la fibre fondation je voulais être vraiment dans le social je me suis dit s'il faut que je fasse quelque chose c'est dans l'impact social voilà parce que j'ai beaucoup travaillé ici avec l'Empire des Enfants avec SOS Enfants donc j'ai toujours eu ce côté de give back ça veut dire que Dieu il m'a donné quelque chose comment je vais pouvoir le rendre parce que mon papa il me disait une chose très souvent il m'a dit le plus important dans la vie c'est pas que que tu aies réussi à être footballeur professionnel. Le bon Dieu ne va pas te dire, voilà aujourd'hui, il va te dire, qu'est-ce que tu as fait de ta notoriété ? C'est ça. Voilà.

  • Speaker #1

    Tu seras jugé sur tes actes.

  • Speaker #0

    Ce n'est pas sur combien de... On dit, oui, tu as gagné le Ballon d'Or, tu as gagné la Ligue des Champs. OK. Bon, maintenant, comment tu mets ta notoriété au service de la communauté ? Dieu va te dire, j'ai donné cet argent, qu'est-ce que tu as fait avec cet argent ? Tu avais l'opportunité d'être impactant sur les jeunes. Est-ce que tu as été impactant sur les jeunes ? Donc nous, en 2015, quand j'arrête ma carrière, avec mon épouse, Un terrain ici, on avait notre maison, on a dit à Dieu, on prend les bagages, on prend les enfants et on rentre en Afrique.

  • Speaker #1

    Masha'Allah. J'ai une question. Finalement, ton bac à 17 ans, tu l'as passé ?

  • Speaker #0

    Non, je ne l'ai pas passé.

  • Speaker #1

    Parce que ma question, c'est quand tu finis à 35 ans, est-ce que ta maman dit bon ? Maintenant, ça y est, tu le passes le bac ?

  • Speaker #0

    Je suis le seul de la famille qui n'a pas eu son diplôme. On rigole avec mon frère et ma sœur, mais bon, on a eu le diplôme de la vie.

  • Speaker #1

    Exactement. Donc, tu rentres au Sénégal avec ta famille. Ta femme, elle est sénégalaise ?

  • Speaker #0

    Ma femme, elle est mauricienne réunionnaise.

  • Speaker #1

    Mauricienne réunionnaise, ok. Les enfants, ils doivent être magnifiques. MashaAllah.

  • Speaker #0

    Elles sont pas mal.

  • Speaker #1

    Mais elle, elle connaissait le Sénégal de venir avec toi.

  • Speaker #0

    Oui, on venait en fait. Elle m'a suivi et elle, c'est pareil. Tu sais, quand tu commences à voyager, au départ... Paris, tu as des grandes lumières. Et là, Paris, c'est magnifique. Mais quand tu commences à sortir, tu te dis que non, tu ne peux pas vivre à Paris. Tu vas à Londres. Londres et Paris, c'est deux mentalités qui sont complètement différentes. Moi, j'ai vécu à Rome, j'ai vécu à Istanbul, j'ai vécu à Ankara. j'ai fait à peu près tous les pays du monde même à la fin de ma carrière j'ai même joué en Inde trois mois oui c'est vrai j'avais vu ça parce qu'en fait quand je rentre au Sénégal moi je suis quelqu'un quand même je fais attention je m'entraîne et tout ça et à l'époque il y a un agent Bruno Satin il me dit mais Diomansi pourquoi t'arrêtes de jouer tu peux encore tu peux encore, je dis non mais t'as vu moi ça y est c'est bon je vais rentrer dans le monde des affaires et qu'on sort et je me dis non on est en train de lancer une ligue avec Olivier Dacourt et tout ça, il y a Très Aigué il y a Nelka, il y a Consor il y a une draft, ça peut être sympa, et moi j'aime voyager en fait je trouve que découvrir des cultures c'est bien de jouer au foot mais c'est bien aussi de voir les choses à Ausha droite donc je pars en Inde Je laisse ma femme et mes filles ici et je pars en un de quatre mois. Donc après, une fois qu'on ferme cette parenthèse, tu sais ce qui est très important, c'est que dans ta structure familiale, c'est qu'il faut que ton épouse, elle soit bien quelque part. Parce que moi, je suis quelqu'un qui voyage beaucoup. Donc je lui ai dit...

  • Speaker #1

    Où est-ce que tu te sens bien ?

  • Speaker #0

    Voilà. Et elle, dès le départ, elle m'a dit, moi je me sens bien au Sénégal. Ah ça va. Donc on a dit, si c'est le Sénégal, alors on avait déjà notre maison. On a dit, allez, on rentre au Sénégal. On avait ce projet de faire un immeuble pour sécuriser nos investissements et également travailler dans le football et dans le social. C'est ça,

  • Speaker #1

    parce qu'aujourd'hui, maintenant, tu travailles beaucoup, toujours dans le football, mais beaucoup avec des jeunes aujourd'hui. Si je ne dis pas de bêtises, tu as monté une école qui est au Mali.

  • Speaker #0

    Tout à fait.

  • Speaker #1

    Exactement. Depuis combien de temps cette école existe ?

  • Speaker #0

    En fait, le concept... Moi j'ai travaillé avec mon agent, lui c'était un malien. Il m'a donné l'opportunité, donc pendant 20 ans on a cheminé et à la fin on a dit erreur. créant notre propre école de football. Parce qu'on voyait, en fait, moi, c'est ce qui me dérangeait, c'est que je voyais qu'il y avait beaucoup de talent en Afrique, mais les gens, ils venaient trop l'exploiter. Ça veut dire qu'aujourd'hui, on pouvait former un jeune et les Européens venaient et ils payaient des cacahuètes pour prendre nos jeunes. Et surtout, la... La qualité aussi de l'enseignement, elle n'était pas au niveau que moi je...

  • Speaker #1

    Que tu avais connu.

  • Speaker #0

    Que j'avais connu. Donc je me suis dit, viens on crée une académie ici pour pouvoir aujourd'hui rendre au football ce que le football m'a donné. C'est-à-dire que moi j'ai réussi, j'ai vu que ça a été un ascenseur social pour moi. Au lieu de créer une fondation où je travaille avec les jeunes, je vais mettre un projet global, football, éthique, et on crée notre structure. Et comme on avait les personnes ressources directement sur place, parce que ce qui fait... fait le projet, c'est pas l'argent. Il y a beaucoup de gens qui se disent tiens, j'ai investi de l'argent. Non.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as les bonnes personnes pour construire, mener ce projet ?

  • Speaker #0

    Parce que quand la barque va tanguer, il faut que tu aies des personnes solides. Et nous, on avait vraiment ces personnes-là qui étaient directement au Mali. Et c'est pour ça qu'on a appelé notre projet Afrique Football Elite. Parce qu'on ne le situe pas dans un lieu, mais dans un espace-temps. Ça veut dire que c'est au Mali, mais avec la vision de se dire qu'on va prendre les meilleurs de la Côte d'Ivoire, du Mali et du Sénégal, et Et en agrandissant, on va créer des petites surcursales, une plus tard au Sénégal et une plus tard au Côte d'Ivoire. Donc, c'est vraiment un projet panafricain fait par des personnes panafricaines parce que tout notre staff est pratiquement ivoirien. Les fondateurs sont maliens et sénégalais. Et ça prouve que l'Afrique unie, on est capable de pouvoir faire vraiment des très belles choses. Et ça, on me l'a dit, oui, mais John Mansi, pourquoi tu n'as pas créé ça au Sénégal ? J'ai dit, nul n'est prophète dans son pays. Pour moi, le but, c'est de montrer que moi, je travaille pour la jeunesse africaine. Je ne travaille pas pour un pays. Pour moi, les frontières, c'est... Avant, le Sénégal, c'était l'empire du monde dingue. Si on connaît vraiment l'histoire de l'Afrique, aujourd'hui, on a mis des barrières. On se dit, on se fait la guerre entre les Maliens, les Sénégalais. Non, nous, on est Africains. Ça veut dire que moi, ça me fait plaisir de représenter, quand je vais dans un club, un petit Ivoirien, un petit Sénégalais, un petit Malien. Bien évidemment qu'on a envie de développer notre pays. Mais le pays, le développement du pays, ce n'est pas l'endroit où tu vas mettre ta base. C'est comment tu vas travailler ta société. ta structure pour après arriver à ce niveau-là. Et c'est comme ça notamment qu'après, j'ai découvert Nicolas Jackson avec lequel on a travaillé. Donc moi, j'ai vraiment une vision panafricaine de me dire que nous, les grands frères aujourd'hui, on va être là pour les protéger, pour avoir un enseignement de qualité et ensuite, pour venir chercher des jeunes chez nous, ça va coûter. parce que vous n'allez plus venir aujourd'hui piller nos ressources, venir prendre nos jeunes footballeurs, les amener là-bas. Et après,

  • Speaker #1

    c'est vous qui vous faites de l'argent sur eux.

  • Speaker #0

    Voilà, avec votre méthodologie. Donc nous, on est vraiment au début, au milieu et à la fin. On forme. On fait partir les joueurs. Moi, je n'aime pas dire vendre. On les fait partir et ensuite, on les accompagne.

  • Speaker #1

    Et surtout, vous les accompagnez énormément parce que pour suivre un petit peu ton contenu, ce que tu fais, j'ai vu que le pauvre Nicolas Jackson a subi énormément de critiques en début de saison et en fin de saison dernière, début de saison. Et j'ai vu comment tu as pris régulièrement la parole, régulièrement la parole pour le défendre, régulièrement la parole pour critiquer un petit peu ces médias. qui était prêt à le descendre tout de suite sur la place publique pour vendre des gros titres, vendre des trucs. Et aujourd'hui, quand on voit les performances qu'il fait en ce moment, plus personne ne dit rien. Et moi, j'ai trouvé ça vraiment fort de... C'est ça, que tu ne te laisses pas marcher sur les pieds et que tu crois en ce jeune que tu as découvert, tu crois en son potentiel, tu connais son potentiel. Et je trouve que lui-même, ça doit le galvaniser de dire que...

  • Speaker #0

    Mon grand frère, là, il est avec moi. Comme tu as dit, quand ça tombe, il est avec moi et il ne me laisse pas tomber.

  • Speaker #1

    Après, comme tu l'as dit tout à l'heure, il y a quelque chose, c'est aujourd'hui les réseaux. Ça a un impact tellement néfaste. Tout le monde aujourd'hui peut parler, dire tout et n'importe quoi. Et tant que pour moi ce sont les médias français ou les médias européens qui tombent sur nos jours africains, entre guillemets ça va pas me déranger. Mais quand c'est nos propres frères, c'est là où quand je vois par exemple un Obi-Mikael, la manière dont il s'est comporté en essayant de descendre le petit, c'est là où moi ça me fait mal. c'est pour ça par exemple que moi j'avais décidé aussi de travailler à Canal+, en tant que consultant, pour que nos voix portent, qui parle pour nous, qui parle pour nos joueurs. Moi j'aime bien le football et les concerts mais à un moment c'est ce qu'on s'est dit avec les Patrick Mboma, avec les Fousey Diawara, avec les… les Kabaddi Awara, il faut qu'on soit dans les médias. Il faut que les gens nous entendent. Il faut qu'on puisse faire barrière. Parce que si tu les laisses, ils vont pouvoir dire tout et n'importe quoi. Et moi, c'est pour ça que, quand je travaille à Canal+, Afrique, c'est pas pour me dire, voilà, aujourd'hui, je suis content. Non, notre voix va compter. S'il faut qu'on puisse protéger nos jeunes, on va également le dire avec notre vision, avec notre pragmatisme. Et Nicolas Jackson, c'est quelqu'un qui a reçu beaucoup de critiques.

  • Speaker #0

    Énormément.

  • Speaker #1

    Moi, je l'ai connu, il était au village. Jackson. La première fois que je l'ai vu, j'ai dit, ce petit, c'est un génie. il va faire de très grandes choses. Qui est sorti d'un village en Casamance en cinq ans à arriver à Chelsea. Donc, il a eu un parcours extraordinaire. Bien évidemment, il va faire des erreurs. Il y a encore quelques déchets techniques. Il doit s'améliorer. Ça, on n'en dit ce qu'on vient pas. Mais ce qu'il a réussi à faire en si peu de temps, c'est extraordinaire en fait. Tu vois un petit qui est passé du Casa à Villareal, de Villareal à Chelsea. Il a eu une ascension fulgurante. Et ces mêmes gens veulent nous expliquer que lui, il ne sait pas jouer au football ou qu'il n'est pas capable. capable de marquer des buts, alors que le petit, en même pas deux ou trois ans, il est déjà à 40 buts entre la Liga et la Première Ligue. Donc en fait, c'est de la méchanceté. C'est toujours avoir un regard qui est différent. Et moi, à ce moment-là, je me dis non, je ne peux pas te laisser. Donc c'est là où nous, les grands frères, on va prendre position avec toujours de l'objectivité. Parce que la critique positive, pour moi, elle est importante, même pour le footballeur. Tu as toujours une marge de progression. Mais être méchant pour méchant, pour moi, je ne peux pas laisser passer. Mais après, le plus important, par exemple, c'est... Nicolas Jackson, moi dans mon accompagnement c'est quel homme tu es en train de devenir. Quand je vois qu'il était dans des situations compliquées et qu'aujourd'hui il a acheté une maison à sa maman au Sénégal et qu'on était là dans cette situation. structure. Moi, c'est là où je suis fier. Et c'est là où je me dis, il est en train de donner le bon chemin. Quand il va dans son village et qu'il achète tout le matériel scolaire pour tous les enfants d'où il est issu, qu'il donne des sadakas, qu'il fait des réparations de mosquées, qu'il donne des sacs de riz, c'est là où je me dis ouais, on a réussi. Tout ce que vous dites. ça peut pas le toucher parce que moi c'est l'homme que t'es en train de devenir qui me fait comprendre que oui ce qu'on est en train de faire avec toi on est sur le beau chemin et on va continuer à les protéger et oui ils ont besoin d'avoir ce soutien de ces grands frères qui sont là Par exemple, Didier Drogba, il a pris la parole pour dire laisser Jackson. Moi aussi, quand je suis venu à Chelsea, c'était compliqué. Il a même pris son téléphone et il a parlé avec lui. On a parlé, Didier m'a dit, passe-moi le petit, je vais parler. A Debailleur, la même chose. A Debailleur, il m'a dit, il l'a appelé. et en fait il faut qu'on arrive à créer une coalition de se dire que non nous les Africains on doit être solidaires les uns avec les autres mais comment une personne par exemple aujourd'hui comme Obi Mikel qui est un grand, qui a fait énormément de choses pourquoi tu vas tomber sur le petit pour essayer de le descendre devant les autres non ça nous on peut pas l'accepter et on va toujours le combattre

  • Speaker #0

    C'est fort que quand même aujourd'hui tous en tant qu'anciens footballeurs vous ayez gardé quand même ce lien tous ensemble, tu vois vous avez été adversaires en équipe nationales, dans des clubs et tout. Mais aujourd'hui, on sent vraiment, comme tu le dis, un Didier Drobois qui t'appelle et tout, un débailleur qui t'appelle. Vous avez cette unité. J'ai l'impression quand on vous regarde un petit peu ensemble, dès qu'il y a des grandes compétitions et tout, on sent ce côté grande famille. Tu vois, quand on vous voit tous ensemble et tout. Et pour que le grand public aussi peut-être s'en rende compte, parce que comme tu dis, toi, quand tu vas pour être sur un plateau canal, excuse-moi, mais financièrement, t'en as pas besoin. c'est pas ça qui va te faire donc c'est vraiment que tu le fais parce que tu penses que c'est nécessaire que ta voix en tout cas que tu sois là pour défendre ces gens là et c'est pour ça que j'insiste beaucoup sur ça c'est pour que les gens comprennent que quand tu vas là-bas c'est parce que ça te tient à coeur et que t'as vraiment envie de défendre ces jeunes là et pour clore un petit peu notre discussion parce que je pourrais parler pendant des heures avec toi j'ai tellement de questions foot et tout et tout ça mais c'est quoi tes questions où tu te vois dans 5 ans ? Est-ce que tu te projettes à ce niveau-là déjà ? Ou est-ce que, comme tu disais tout à l'heure, tu préfères rester dans le... D to D, au pire, tu vois sur six mois, mais tu ne veux pas aller aussi loin et tu avances. Comment tu avances ?

  • Speaker #1

    Déjà, se répondre sur la question de ce qu'on a réussi à créer entre les adversaires d'hier et aujourd'hui, les ramifications où vraiment... On est comme des frères. Ça veut dire qu'aujourd'hui, que ce soit Djedji Ausha, Adé Bayor, Samuel Eto'o, Djedrogba, toutes les légendes du football africain, on a un grand frère qui s'appelle Anthony Bafoué, qui est lui au Ghana. Moi, j'ai travaillé à la CAF en tant que THD, Technical Study Group. En fait, j'étais rentré pour amener mon expertise sur le football africain et comprendre quelles étaient les problématiques et comment on pourrait être impactant sur le développement du football africain. Donc, j'ai travaillé pendant quatre ans là-bas. et en fait lui il a créé un petit organisme qui s'appelle les légendes du football africain et c'est à ce moment là qu'il les a tous réunis il a dit attendez à un moment nous il faut qu'on fasse bloc il y a le Varieté Club de France ils font pourquoi nous l'Afrique on réfléchirait pas en une seule et même voix et il a créé cette petite association qui s'appelle les légendes du football africain c'est pour ça que tu nous vois très fréquemment faire des matchs de football ou quand il y a des grandes cérémonies à la CAF il faut qu'on sorte tous les anciens footers parce qu'on dit il y a les politiques mais en fait qui sont les vrais acteurs ? Les vrais acteurs sont les joueurs. Et on avait écarté les joueurs de cette petite... Mais c'est un peu ce petit engrenage, parce que le joueur, lui, il va toujours regarder l'intérêt du footballeur. On n'est pas dans des histoires de... Oui, non, non, non, on voit... Non, l'important, c'est comment on peut faire pour que nos petits frères, aujourd'hui, puissent récolter ce que nous, on avait sommé. Parce qu'en réalité, nous, on est des éclaireurs. Nous, on est partis là-bas, on a ouvert la voie. Maintenant, ce que nous, on a fait, ça doit servir à... à nos petits frères et c'est pour ça que moi des fois je n'arrive pas à comprendre que certains ne veulent pas que les petits soient meilleurs que nous oui à notre époque mais nous c'est fini notre temps il est passé moi aujourd'hui si je vois un Jackson il est à Chelsea mais c'est là où j'ai réussi avec ce que j'ai réussi à faire je suis là les petits conformes ils sont là mais après dans 10 ans il faut que d'autres petits soient là il faut que c'est pas normal qu'aujourd'hui dans le football un George Weah on ait qu'un seul ballon d'or africain un ballon d'or surtout les talents à Yaya Touré mériter un Samuel Hunt, un Drogba, non. Donc ça veut dire que nous, on doit viser l'excellence petit à petit, petit à petit, petit à petit. Et c'est pour ça que tout à l'heure, quand on disait qu'on a fait une coalition, on a fait une coalition, on va être beaucoup plus forts tous ensemble. Ça, c'était le premier point. Sur le deuxième point de Canal+. Regardez un Abibé. Abibé, quand il va sur les plateaux télé, il ne se démonte pas. Quand je vais sur un plateau télé, je ne me remonte pas. On ne va pas se démonter. Pourquoi ? Parce qu'on a eu la même réalité que vous. On a joué dans les mêmes championnats que vous. On a eu les mêmes titres que vous. Vous avez fait des Coupes du Monde, Coupe d'Afrique, Coupe d'Europe. Ça veut dire qu'on a à égalité.

  • Speaker #0

    Ce que vous avez vécu, on l'a vécu.

  • Speaker #1

    Voilà. Et on a la chance qu'avec, normalement, Canal+, Afrique, qu'un grand directeur, Pierre Chodzek, qui lui donne la parole et nous dit ne vous bridez pas. Moi, à un moment, pourquoi j'ai fait l'émission droit dans les yeux ? On voit Sadio Mane, il fait des saisons extraordinaires, on a du mal à le placer dans le ballon d'or. Ça veut dire que on a un vrai problème d'archives. Et c'est ce que tu disais, on le disait même en off. Le Sénégal, il a été champion d'Afrique. Elles sont les images. Ce n'est pas possible. On doit vivre à travers ça. On doit se dire que nous, dans dix ans, regardez ce qu'ils ont fait les petits frères, regardez ce qu'a fait un Néla Djidjouf, regardez ce qu'a fait un Khalilou Fadiga, regardez ce qu'a fait un Sadio Mane. Mais on n'a pas d'archives. Donc, à un certain moment, il faut que nous aussi, on arrive à placer le curseur un peu plus haut dans les médias. C'est pour ça qu'aujourd'hui, ton podcast, il est trop intéressant. Non, mais c'est la réalité. Nous, on regarde. Moi, je me dis, Olivier, il est en train de donner de la force. Il donne la parole à ceux qu'on n'entend pas. Demain, un petit jeune va être à l'autre bout du monde. Allez, je vais sur YouTube. Je regarde. Ah ouais, ça, c'est inspirant. Nous, on doit être des inspirations. C'est pour ça, même ton T-shirt. On doit être des inspirations. On doit être inspiré de vous dire. Toi, tu vois, du moment où il est à la télé, moi aussi, je peux être à la télé. Il sait parler. Moi aussi, je vais apprendre à parler. On ne va pas se mettre... On ne va plus se minimiser. Nous, l'Africain, on est là. On va continuer à rêver grand et à avoir de grandes aspirations. Et après, comme tu le dis, tu disais sur où est-ce que je me vois, moi, je ne suis pas quelqu'un de politique. Il y a beaucoup de gens qui m'ont dit, ouais, John Monsi, on aimerait bien que tu sois président de la Fédération Sénégalaise de foot. Non. Moi, je peux travailler avec toi sans être dans les petits papiers. Moi, ça fait dix ans que, dès que j'ai arrêté ma carrière de football, je suis avec l'équipe nationale du Sénégal. Je parle tout le temps avec le président. J'ai un très bon rapport avec les joueurs. Moi, je me vois comme un... Moi, comme une petite fourmi. Moi, je suis un bosseur. Moi, j'aime le terrain. Ce que j'aime, c'est développer mon académie, être aux côtés des jeunes, avoir le... le plus, le plus, le plus, le plus de joueurs que j'arrive à faire sortir parce que à partir du moment où je fais sortir un joueur, je fais sortir toute sa famille.

  • Speaker #0

    Ah oui, et ça impacte toute une communauté.

  • Speaker #1

    Et donc moi, c'est... Moi, je serai toujours dans le milieu du football parce que le milieu du football, c'est ce qui me fait vibrer. Mais je me vois développer mon académie et je ne me verrai jamais dans des instances. J'avais la possibilité de travailler à la CAF, de travailler avec la Fédération, de rester dans les médias. Mais non, moi, mon cœur de métier, c'est...

  • Speaker #0

    Être sur le terrain, rencontrer les jeunes.

  • Speaker #1

    C'est être sur la terre, sur la boue, découvrir, rencontrer.

  • Speaker #0

    On le voit. C'est pour ça que j'insiste beaucoup. J'invite beaucoup vraiment les gens à te suivre sur les réseaux parce qu'on le voit. On te voit sur les... petits terrains en Côte d'Ivoire, dans les petits quartiers, en train de d'échanger avec les jeunes, de rencontrer ces jeunes. Et même, tu vois, même si ces jeunes-là ne sortent pas du quartier, le fait de te rencontrer, les gens... ne se rendent pas compte la bouffée d'air que ça peut leur faire de se dire, j'ai rencontré un joueur de football professionnel. Ils ne sont pas loin, ils sont là. Ça permet de visualiser pour ces jeunes et de leur donner. J'imagine quand tu leur racontes ton histoire et tout, ils doivent se dire, ok, il y a du travail. Et c'est ça surtout, leur faire comprendre qu'il y a énormément de travail pour devenir un joueur professionnel. Donc vraiment, chapeau, chapeau, chapeau pour tout ce que vous faites. Et donc... Je ne veux pas te retenir plus longtemps parce qu'à 1h40, on est dans les temps.

  • Speaker #1

    C'est bien, c'est un match de football.

  • Speaker #0

    On est dans les matchs de football. Mais en tout cas, c'est un énorme plaisir d'avoir pu échanger avec toi. J'attendais depuis longtemps cette conversation. Je suis encore plus fan de l'homme, tu vois, maintenant qu'on a discuté ensemble et que je connais un peu plus ton parcours. Parce que comme je te le disais en off, j'aime découvrir mes invités quand je leur parle. Je n'aime pas faire de travail de recherche et tout. Et quel parcours ? quel parcours de vie, quel parcours exceptionnel je te souhaite de continuer d'inspirer encore beaucoup de jeunes de nous aider à faire sortir des talents et quand je parle de talent je parle pas forcément même de joueurs, que ça soit peut-être un futur grand entraîneur un futur grand préparateur physique parce que souvent les gens quand ils pensent formation football ils pensent que aux joueurs mais il y a tellement de un ensemble, un écosystème à développer je te souhaite de continuer de rêver, grand et de nous faire rêver avec tous tes projets. Et en tout cas, merci énormément pour le temps que tu as pris de venir échanger avec nous. Je vous invite à aller surtout suivre Joe Manci sur ses réseaux. Allez lui donner de la force, allez voir tout ce qu'il fait et vous allez voir qu'il est hyper inspirant au quotidien. Ce n'est pas que dans la discussion, c'est au quotidien qu'il est inspirant. En tout cas, la team incroyable, je vous souhaite de passer un excellent dimanche et je vous dis à très vite pour un nouvel épisode.

  • Speaker #1

    Peace !

  • Speaker #0

    All Souls

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Enfance et mixité

    02:56

  • Premiers pas dans le foot

    09:44

  • Les débuts en Italie

    24:55

  • Le premier match professionnel

    31:15

  • Racisme & montée en Série A

    36:38

  • L’équipe nationale du Sénégal

    59:18

  • Sa célébration iconique & fin de carrière

    01:07:16

  • La place de l’Islam dans sa vie

    01:12:48

  • L’après football, son centre de formation

    01:19:14

  • Son engagement pour les joueurs africains

    01:27:52

  • Son ambition & projets à venir

    01:33:41

  • Conclusion

    01:39:59

Description


Quel est le secret d'un parcours de vie exceptionnel qui transforme le rêve d'un jeune footballeur en réalité ? Dans cet épisode captivant du OV Show, Olivier Vullierme reçoit Diomansy Kamara, un ancien footballeur professionnel d'origine sénégalaise, dont l'histoire inspire et motive. Ensemble, ils plongent dans le monde fascinant du football, un véritable ascenseur social pour Diomansy, qui a su naviguer à travers des clubs prestigieux en France, en Italie et en Angleterre, tout en portant fièrement les couleurs de l'équipe nationale du Sénégal.

Diomansy partage avec passion les défis et les triomphes de sa carrière, soulignant l'importance du travail acharné et de la détermination pour réussir dans le sport. Mais au-delà des terrains de football, il évoque son engagement profond envers sa communauté et son désir de redonner à la jeunesse. En parlant de son projet ambitieux de création d'une académie de football en Afrique, il met en lumière l'importance d'offrir aux jeunes talents non seulement une formation sportive de qualité, mais aussi une éducation qui les prépare à un avenir brillant.

Dans ce dialogue inspirant, Diomansy aborde également sa foi musulmane et son parcours spirituel, témoignant de l'impact de ces valeurs sur sa vie et sa carrière. Il aspire à transmettre des leçons de vie précieuses à la jeunesse, en soulignant la nécessité de solidarité entre les joueurs africains et l'importance de créer un environnement favorable pour les talents émergents. Cet épisode du OV Show est une véritable ode à l'inspiration, à la motivation et à l'entrepreneuriat, offrant des clés pour comprendre les secrets de réussite qui peuvent changer des vies.

Rejoignez-nous pour découvrir les histoires captivantes de Diomansy Kamara, un entrepreneur passionné du sport qui incarne le changement et l'espoir pour la diaspora africaine. Que vous soyez un jeune footballeur en herbe, un passionné de sport ou simplement en quête de motivation, cet épisode est fait pour vous. Ne manquez pas cette occasion unique d'apprendre des parcours de vie exceptionnels et de vous inspirer pour votre propre carrière. Écoutez le OV Show et laissez-vous motiver par les récits puissants de ceux qui ont osé rêver grand.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Donc moi, j'ai toujours vu le football comme un ascenseur social. J'ai toujours été celui qui me dit, j'attends ce moment. Il y en a qui le subissent, moi je le vis. Les choses s'obtiennent par le travail. Le talent, c'est bien, mais le talent ne suffit pas. Le plus beau souvenir, c'est avec les lumières. Les gens, ils ne lisent pas le Coran, ils vous lisent vous. Ils disent que c'est toi le musulman. Là, ce camarade-là est un cas.

  • Speaker #1

    Je reçois un homme de cœur, un homme qui fait bouger les choses pour le continent, un homme engagé, un sporer. Je reçois Monsieur Joe Mancini Camara dans les off-show. Bonjour, grand frère.

  • Speaker #0

    Elle est top.

  • Speaker #1

    Tu as vu, c'est histoire de se mettre dans le showtime, dans le showbiz, tu vois. Comment vas-tu ?

  • Speaker #0

    Ça va super et toi ?

  • Speaker #1

    En forme ?

  • Speaker #0

    Impeccable.

  • Speaker #1

    Bien installé ? Très,

  • Speaker #0

    très bien installé.

  • Speaker #1

    Alhamdoulilah. Alhamdoulilah. Déjà, merci d'être venu. parce que pour ceux qui ne savent pas, mais ça fait plusieurs fois qu'on se parle, qu'on essaye de coordonner, mais c'est dur de gérer beaucoup de choses et de trouver du temps, mais Alhamdoulilah, il a trouvé le temps, on est assis, on va discuter.

  • Speaker #0

    C'est un plaisir, franchement, c'est vrai qu'on s'est loupé pas mal de fois, mais j'ai suivi ce que tu faisais, c'était important pour moi aujourd'hui d'être présent et de pouvoir avoir cet échange.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, merci beaucoup. Et moi, c'est un honneur de te recevoir parce que je vais apprendre à connaître l'homme. qui est Diomo Sikamara. Et ça me fait énormément plaisir d'avoir cette discussion avec toi. Et pour te mettre tout de suite dans le bain, la première question que je pose à tous mes invités, c'est la question la plus dure du podcast. Après, tu verras, tout le reste, elle est facile. Mais la question la plus dure, c'est comment tu te présentes aujourd'hui à quelqu'un qui ne te connaît pas ?

  • Speaker #0

    Ah, ça, c'est toujours la chose la plus...

  • Speaker #1

    C'est vrai,

  • Speaker #0

    parce qu'il y a ce que les gens voient de toi, mais il y a ce que toi également, tu penses de ta personne. Moi, je pense que je suis quelqu'un de très humble et je me définis comme un enfant du continent. Ok. Voilà. Même si je suis né à Paris, j'ai grandi à Paris, mais aujourd'hui, voilà, issu de la mixité pour le papa sénégalais et la maman française, je me définis vraiment comme un, non pas un enfant du Sénégal, mais un enfant du continent africain.

  • Speaker #1

    Ouais. Ok. Parfait. Là, c'est bien placé. Ça a bien placé le cadre. Maintenant, on va pouvoir rentrer dans les stars. Comme tu dis, toi, tu es né, grandi à Paris.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait.

  • Speaker #1

    Comment c'était l'enfance de Diomo Asikamara ?

  • Speaker #0

    Non, une enfance un peu comme beaucoup d'enfants de la banlieue parisienne. Mon papa est issu de la Médina. Donc, il est parti quand il avait à peu près une vingtaine d'années. quelqu'un qui joue au foot. Donc, il est parti là-bas pour essayer de devenir footballeur professionnel.

  • Speaker #1

    Donc, le papa était footballeur.

  • Speaker #0

    Il a joué au Djarav. C'est quelqu'un qui a grandi ici avec la passion du football. Donc, il est parti en France très... jeune et c'est là où l'a rencontré ma maman et moi j'ai grandi en région parisienne avec ma grande soeur et mon petit frère donc voilà une enfance posée aimante avec des parents bienveillants et bien évidemment dans les quartiers populaires là

  • Speaker #1

    où il ya toutes les problématiques que l'on peut comprendre la question que je vais te poser c'est parce que en tant que métis je comprends un petit peu ça déjà c'était comment d'être métisse à cette époque-là, tu vois. Et est-ce que tu prends conscience très vite que tu es un petit peu différent des autres de par ton métissage ou du fait de ton entourage, il n'y avait pas de distinction ?

  • Speaker #0

    Non, mais moi, je suis né en 1980. Donc, il faut replacer les choses dans leur contexte. C'est aujourd'hui où on fait une différence de genre. Dire celui-là est métisse. Non, moi, j'ai grandi dans une mixité culturelle qui était hallucinante. Moi, ça n'a jamais été un problème, le métissage. J'ai grandi avec des Camerounais, des Guinéens, des Algériens, des Marocains, des Libanais, avec des Antillais. Donc en fait, on a toujours grandi dans cette mixité. Et au-delà de cela, même sur les aspects religieux. qu'aujourd'hui, il y a beaucoup de problèmes. Mais moi, j'ai grandi avec mes amis, ils étaient chrétiens, ils étaient musulmans, ils étaient juifs, il y avait des athées. Donc en fait, on a toujours grandi dans une mixité culturelle et sociale qui n'a jamais créé un problème. Donc moi, j'ai grandi vraiment avec aucun souci. Ma maman, elle était française chrétienne, mon papa, il était... sénégalais-musulmans. Et en fait, moi, j'ai eu vraiment les deux cultures et ça m'a permis aujourd'hui de me construire et d'avoir une vue d'ensemble beaucoup plus tolérante que certaines personnes.

  • Speaker #1

    C'est marrant parce que moi, c'est le contraire. C'est le papa qui est pensé, Chrétien, la maman qui est sénégalaise-musulmane. J'ai vécu dans le monde parallèle. Mais comme tu dis, je trouve aussi, c'est vrai que je pense que c'est cette génération de réseaux où tout le monde a la parole, tout le monde a le droit de parler, qui, justement, crée ces tensions, ces différences, ces regards. Et là, justement, comme tout le monde peut parler, mais tout le monde n'a pas la réflexion qu'il faut pour parler, tu as souvent des gens qui ne devraient pas parler, qui se permettent et qui créent ces trucs-là. Mais bon, jeunesse, bien. Est-ce que tu rentres dans le foot très vite jeune parce que le papa joue au foot ? Ou est-ce qu'il essaie de ne pas te mettre dedans et c'est toi qui y vas ?

  • Speaker #0

    Non, non, non. Après, moi, j'ai commencé à jouer à l'âge de 5-6 ans. Après, comme tous les gamins du quartier, on était en bas, on jouait. Moi, j'ai grandi à Gennevilliers, dans le 92, une banlieue parisienne. Donc non, non, le papa, c'est pas... Papa, c'est quelqu'un de bienveillant. Ce n'est pas quelqu'un qui pousse son enfant en disant « Aujourd'hui, je n'ai pas forcément fait la carrière que je souhaitais et je vais mettre une pression sur mon enfant, comme on peut le voir aujourd'hui avec le projet Mbappé. » On aura peut-être le temps d'en rediscuter. À l'époque même, le football ne brassait pas autant d'argent qu'aujourd'hui. Donc, la priorité était très souvent mise sur les études. On disait, voilà, il faut que tu aies ton bac, il faut que tu travailles bien à l'école. Et le football, c'était entre guillemets un petit peu secondaire, parce qu'on savait que c'était beaucoup d'appelés, très peu d'élus. Donc, en réalité, moi, j'ai eu une enfance où j'étais assez bon, très jeune, mais le papa ne m'a jamais poussé plus que cela. Par contre, il y a eu un accompagnement qui m'a permis après de pouvoir devenir footballeur professionnel, parce que ça, c'est quelque chose de très important d'avoir des personnes autour de soi qui vont te permettre de tirer le maximum de tes... de ton potentiel pour pouvoir atteindre tes objectifs. Donc de ce côté là, oui, le papa était bienveillant. On s'est beaucoup entraîné ensemble. Le samedi matin, il venait voir tous mes matchs. On a travaillé beaucoup sur les points à améliorer, mais je n'ai jamais ressenti la pression familiale pour me dire il faut que tu fasses carrière. C'est ça,

  • Speaker #1

    ça doit être des beaux souvenirs de s'entraîner avec son père.

  • Speaker #0

    C'était magnifique. C'est surtout le pied gauche. Moi, je me rappelle, c'est... Quand je suis devenu footballer, j'avais la faculté de pouvoir frapper aussi bien du pied droit que du pied gauche. Mais ça, c'est le papa. Dès que j'avais 10 ans, 11 ans, on allait au parc et il me disait « Allez Joe, il faut travailler ton pied gauche, il faut travailler ton pied gauche. » Donc j'ai beaucoup travaillé le pied gauche. Et ça, c'est des souvenirs qui me sont restés marqués, de comprendre que les choses s'obtiennent par le travail. Le talent, c'est bien, mais le talent ne suffit pas à atteindre ses objectifs. C'est vraiment être bosseur, travailleur qui vous permet d'arriver à vos ambitions.

  • Speaker #1

    et dans ta jeunesse est-ce que tu viens souvent au Sénégal ?

  • Speaker #0

    ouais mon premier voyage au Sénégal c'est quand j'avais 6 ans tu t'en souviens ?

  • Speaker #1

    ouais la première fois c'est tu t'en souviens tout le temps en fait moi je peux pas m'en souvenir parce que moi je suis né ici tu vois donc moi c'est différent parce que moi je quitte à 4 ans le Sénégal et c'est pour ça que moi c'est intéressant de voir comment toi Quand tu arrives la première fois, c'est quoi ton ressenti, tes souvenirs que tu as quand tu viens la première fois au Sénégal ?

  • Speaker #0

    Non, moi, c'est les odeurs. C'est le monde, les quartiers populaires. Comme j'ai dit, nous, on est originaire de la Médina. Nous, c'est famille, l'accueil, la bienveillance. Donc non, franchement, directement, on joue au football. Les gens sont dans la rue, on est là, on joue au football. Donc moi, mon premier voyage, j'avais 6 ans. Et de mes 6 à 18 ans, j'ai dû venir. 5-6 fois, on essaye de venir tous les 2 ans. Après, déplacer toute une famille,

  • Speaker #1

    ça coûte de l'argent.

  • Speaker #0

    Donc avec le papa, on essaie de venir tous les 2-3 ans minimum. Donc j'ai fait 5-6 voyages avant de venir à Paris. en équipe nationale. Et on faisait des longues périodes. On faisait des périodes de un mois et j'avais aussi, on a deux familles avec qui on était très proches. Une famille capverdienne, les Abalos, et une famille sénégalaise, un frère à moi, la Sana Dumbia. Et on essayait souvent de venir. ensemble et on faisait des... Un mois et demi, vous savez, quand on venait, on venait les vacances de juillet et je vais au août, je les passe pratiquement tout le temps ici. Donc j'étais beaucoup entre les parcelles à Sény et la Médina.

  • Speaker #1

    Donc de beaux souvenirs au Sénégal pendant les vacances.

  • Speaker #0

    Ouais, top.

  • Speaker #1

    Et donc, tu fais ton parcours scolaire. À quel moment le football devient plus sérieux ? À quel moment tu sens que, OK, j'ai peut-être des skills différents que les autres de mon âge et qu'il y a un potentiel de pouvoir peut-être faire une carrière ou peut-être faire quelque chose ?

  • Speaker #0

    Non, ça arrivait très jeune. Parce que moi, en fait, je jouais à Gennevilliers dans le club local qui s'appelait le CSMG à l'âge de 10 ans. Déjà, des recruteurs viennent à la maison pour que j'atteigne un centre de formation. Donc voilà, à 10 ans. Mais le papa disait que j'étais trop jeune. Donc il y a eu le PSG qui est venu, le Red Star et le Racing. C'était les clubs un peu phares de la région parisienne. Donc le papa m'a dit, à 10 ans, tu ne pars pas. On a tenté 12 ans et à 12 ans, on prendra la décision. Et donc, les trois recruteurs sont venus à la maison et on a décidé d'aller au Red Star. Parce qu'en fait, c'était le club qui était le moins loin et mon père ne voulait pas que je rentre en centre de formation. Il m'a dit, voilà, moi... je préfère t'accompagner, être à côté de toi, mais que t'aies quand même l'affection familiale et de pas juste aller dans le centre de formation. Donc à partir de l'âge de 12 ans, là je suis rentré au Red Star. Je faisais un sport études, mais j'étais pas en centre de formation comme les autres jeunes ont pu faire. par le passé.

  • Speaker #1

    J'avoue que ça, effectivement, tu gardes, parce que pour les gens qui ne se rendent pas compte, moi j'ai joué longtemps au basket. Donc moi, au contraire de toi, j'ai eu beaucoup de demandes de centres de formation, mes parents se sont toujours refusés. Donc déjà, ma première question c'est, comment toi t'as vécu de 10 ans à 12 ans, quand tu vois des recruteurs qui viennent, que tu sais que c'est ton rêve à ce moment-là de devenir footballeur, et qu'on te dit non, tu ne peux pas aller en centre de formation, et pour replacer pour les gens, quand tu vois... en centre de formation, c'est que tu vas du lundi au samedi, tu es au centre, tu t'entraînes tous les jours, tu manges au centre, tu dors au centre. De temps en temps, tu rentres à la maison si tu n'es pas trop loin le week-end. C'est ça,

  • Speaker #0

    tout à fait.

  • Speaker #1

    Mais pour ceux qui sont loin, tu ne rentres pas le week-end. Tu attends quand il y a des vacances scolaires, tu peux rentrer. Et pour ceux qui sont bons, même quand il y a des vacances scolaires, tu vas jouer en équipe régionale ou départementale. Donc, les gens qui ne se rendent pas compte que c'est des enfants... qui rentrent dans un engrenage où c'est non-stop. On te demande de la performance, de la performance, de la performance, très vite, très tôt et non-stop. Donc mentalement, sur des gamins, ça peut être beaucoup de pression. Et comme tu disais tout à l'heure, il y a très peu d'élus. Il y en a beaucoup qui veulent essayer, mais il y a très peu d'élus. Donc même la pression psychologique, moi je pense que c'est ça que mes parents avaient peur. C'est de se dire... Déjà, ils n'avaient pas confiance au niveau scolaire de ces centres-là, parce que mon père est prof de maths. Donc, ils avaient peur que quand tu sors, tu ne sois pas bon à l'école. Alors qu'en fait, aujourd'hui, on se rend compte qu'ils ont des très bons niveaux et qu'il y en a beaucoup qui deviennent kinés ou docteurs, qui se spécialisent dans la médecine du sport ou dans les activités du sport. Ils avaient peur de ça et ils avaient surtout peur de... Tu vas donner beaucoup de trucs, si tu as une blessure, si tu as quelque chose, après on te jette, quoi. Donc moi, c'est comment tu vis de 10 ans à 12 ans quand tu vois ces recruteurs venir et que finalement tu te rends compte que tu ne peux pas y aller. Et comment tu vis... justement, allez, maintenant que tu es au Red Star, qu'est-ce que ça t'a fait quand tu t'es essayé ? Là, je commence un objectif professionnel.

  • Speaker #0

    Non, c'est vrai que là, je vais revenir sur ce que tu as dit sur les centres de formation parce que les gens disent souvent, oui, les... les footballeurs, c'est des privilégiés, les footballeurs sont trop payés. Mais c'est vrai qu'il y a une statistique qui est sortie sur les dix dernières années. Sur 100 enfants qui rentrent en centre de formation, il n'y en a que deux ou trois qui deviennent footballeurs professionnels. Ça veut dire que c'est 3%. En fait, c'est juste hallucinant. Et sur les 3%, il y en a peut-être un qui fera carrière. Donc, en réalité, c'est un monde qui est très, très dur. C'est un monde où tu passes complètement à côté de ta jeunesse. Ça veut dire que tu es 12, tu as 18 ans. tu es dans un milieu déjà entre guillemets professionnel, où il y a beaucoup de concurrence, où il n'y a pas forcément des gens qui te veulent du bien, où c'est H24 la performance, la performance, la performance. Donc moi, je pense que c'est ça que mes parents ont voulu éviter. Et moi, de mes 10 à 12 ans, la première fois, par exemple, que le recruteur du PSG est venu à la maison et que mes parents m'ont dit tu n'y vas pas, en fait, pour moi, ce n'était pas audible.

  • Speaker #1

    C'est sûr.

  • Speaker #0

    J'ai dit attends, j'ai le PSG. En plus,

  • Speaker #1

    en tant que jeune Parisien, à mon avis, tu supportais le PSG.

  • Speaker #0

    Voilà. Ça aurait été mon rêve de jouer au PSG. Et dès très jeune, mes parents m'ont dit « Non, mais tu ne peux pas y aller, ceci et cela. » Mais après, c'est des gens... La chance que j'ai eu avec mes parents, c'est que mes parents, c'est des gens qui étaient très ouverts à la discussion. Ils ont toujours été dans le dialogue. Ce n'est pas le papa ou la maman qui disent « C'est comme ça, c'est comme ça. » Et donc, ils m'ont dit « Non, je mensille pour telle et telle raison. Aujourd'hui, tu es jeune, on va te donner l'opportunité. Tu as du talent et qu'on sort. » Et donc, on avait fait un petit pacte. Mes parents m'ont dit « Non. » tu continues ta progression et dans deux ans, on te permettra de pouvoir, si tu continues comme ça, partir au start. Donc à partir de ce moment-là, on s'est challengé et j'ai dit que si c'était le cas, donc aucun souci. deux ans après on a continué à discuter avec les recruteurs et c'est là qu'on a choisi le Red Star parce que c'était le moins loin la petite contrainte c'était que je devais me lever très tôt c'était à une heure et demie donc le papa il m'a dit voilà tu rentreras pas en centre de Varsan mais est-ce que tu es prêt à faire les sacrifices pour revenir tard faire tes devoirs et qu'on sort et Et voilà, ça, c'était un peu ce qui était difficile parce que je partais très tôt le matin, je dormais très tard le soir pour finir tous les devoirs et consorts. Mais sinon, c'était une très, très, très, très belle expérience.

  • Speaker #1

    Mais c'est bien parce que c'est deux choses, je trouve, qui résument ton caractère d'aujourd'hui. Comme tu as dit, tes parents étaient beaucoup dans la discussion. Je trouve que c'est quelque chose qu'on retrouve chez toi aujourd'hui. Tu es quelqu'un qui discute, tu es quelqu'un qui explique beaucoup sur tes réseaux, beaucoup de choses. Donc, je pense qu'ils t'ont transmis ça sans que tu te rendes compte à ce moment-là. Et je trouve que... Comme tu dis, tu partais très tôt, tu rentrais très tard, mais ça montre déjà ta détermination. Parce que tu n'as pas beaucoup de gamins qui, à 12 ans, oui, tu vas le faire un mois, tu vas le faire deux mois. Quand l'hiver arrive, que tu pars, il fait nuit, tu rentres, il fait nuit, il fait froid. Si tu n'as pas la détermination, si tu n'as pas envie de faire ça, tu t'arrêtes très vite.

  • Speaker #0

    Non, c'est clair. Et surtout, la chance que j'ai eue, c'est que mon ami Lallasana, avec qui on joue dans le même club, avait aussi d'énormes qualités. Et voilà, nous, les recruteurs... on voulait un peu les deux. En fait, ça nous a permis, pendant toute notre enfance, de...

  • Speaker #1

    C'est top, ça.

  • Speaker #0

    Oui, oui. C'était un des deals pour pouvoir accepter un des clubs. OK. Voilà, parce que lui, il était défenseur central, moi, j'étais attaquant, on était un peu les deux pépites. de notre club. Et donc, on a dit, voilà, l'équipe qui nous prendrait tous les deux, on irait...

  • Speaker #1

    C'est cool ça, d'avoir son pote avec qui tu vas.

  • Speaker #0

    J'ai un meilleur pote. On habitait à un palier d'écart. Tous les matins, pendant six ans, on ne s'est pas lâchés.

  • Speaker #1

    Incroyable.

  • Speaker #0

    Oui, c'était top.

  • Speaker #1

    Ah ouais, ça doit être top, ça de ouf. Vous devez avoir des souvenirs, des anecdotes tous les deux.

  • Speaker #0

    En fait, je le considère comme mon frère. Ouais, c'est ton frère. On s'est connu, on avait 6 ans. On a joué de 6 ans à 18 ans ensemble. Et donc, c'est la famille Dumbia, la Sana. Ton papa s'y dit, Gabi, c'est avec eux que je venais tout le temps, tout le temps au Sénégal. Donc non, non, c'était... Ouais, c'est un frère. Et ça m'a... Dans les moments difficiles, c'est important d'avoir des gens sur qui s'appuyer. Et après, tu parlais du passage de Genevieve Loretta, et c'est là quand même que tu te prends une petite claque parce que moi dans mon club formateur j'étais vraiment celui que la pépite voilà un peu dur et quand je suis arrivé là bas en fait le red star faut savoir qu'ils prennent tous les meilleurs de la région paris elle savent dire non pas pas seulement du 92, mais vraiment du 93, du 95, tous les petits de Pierrefitte, de Saint-Denis, de Sarcelles, de Gennevilliers, d'Épinay. Et quand je suis arrivé là-bas, je me suis dit, c'est chaud. Vraiment.

  • Speaker #1

    En fait, je rigole. Je rigole parce que les gens qui suivent les podcasts, ils vont déjà avoir entendu cette anecdote, mais il faut que je te raconte une anecdote. Moi, je joue au basket, comme je t'ai dit. Et à un moment, Nike, ils font un... un tournoi à Paris. C'est la première fois qu'ils font un tournoi Nike. Il y avait un ou deux joueurs NBA qui étaient venus et tout. Moi, j'étais en équipe départementale. Équipe régionale, j'avais fait présélection équipe de France basket. Je me dis, je suis bon. J'ai un petit niveau. Tu vois, ça va. Je me dis, je vais aller faire le camp à Paris. Inch'Allah, ça va bien se passer. Ah mon gars, je suis arrivé à Paris. C'est là que tu vois que... Moi, j'étais en Charente-Maritime. Il y a la Charente-Maritime et le reste de la France et il y a les joueurs de Paris. C'était un vivier. Paris, c'est un vivier incroyable de talents. Et on le voit aujourd'hui avec tous les talents qui sortent, que ce soit dans le foot et dans le basket. Donc, quand tu te retrouves, toi, avec le meilleur du meilleur de cette Ausha, tu prends une claque.

  • Speaker #0

    En fait, c'est ça. Parce que toi, tu as l'habitude, tu fais tes tournois, tu vis dans ta réalité à toi. Tu gagnes les matchs, on te dit que tu es le plus beau, tu es le plus fort. Mais là, c'est vraiment la première fois où, quand je suis arrivé là-bas, je me rappelle les premiers entraînements. En fait... J'avais pas l'habitude de voir des gens qui étaient plus forts que moi. Mais moi, j'étais vraiment pas un des meilleurs. Je suis arrivé, je me suis dit, putain, ouais. Là, c'est chaud. J'ai dit, il y a vraiment... Et c'est là où je pense que mon mindset directement est la tournée. Je me suis dit, il va falloir que je travaille. Il va vraiment falloir. Et puis, moi, petit, j'étais chétif. j'étais très chétif et donc tu t'es arrivé en avec était beaucoup plus costaud qui allait beaucoup plus vite donc c'est là où quand même moi j'ai j'ai réfléchi différemment je me suis dit va falloir que je prenne les informations plus vite il va falloir que je réfléchisse plus vite que les autres tu as un gabarit qui n'est pas de la même manière que tes coéquipiers en fait c'est comme les Espagnols si tu vois les Espagnols ils sont très chétifs ils sont petits mais ça ne les empêche pas de pouvoir pratiquer un football qui est complètement différent ils ont dominé ces dernières années parce qu'il y a une intelligence dans le jeu qui fait que tu dois réfléchir avant les autres parce que sinon physiquement tu ne peux pas tenir donc ça quand même ça a été le premier choc de me dire qu'il y a des petits qui sont plus talentueux que moi et qu'il va vraiment falloir que je travaille et développer d'autres skills pour pouvoir atteindre le niveau et jouer en équipe. A l'époque, ça s'appelait les nationaux. Tu avais trois catégories, tu avais PHD, HTN Nationaux. Et pour être en nationaux, moins 13, moins 15, moins 17, il va vraiment falloir que tu travailles. Et grâce à Dieu, j'ai réussi quand même à atteindre un assez haut niveau de performance qui m'a permis après, par la suite, de faire la carrière que j'ai pu faire.

  • Speaker #1

    Et moi, où je trouve que c'est très, très fort, ce que tu fais et ce que toute votre génération, vous faites, tu vois, ce que je compare à aujourd'hui, ce qu'il ne faut pas que les gens oublient, c'est qu'il y a très peu de documentation. Ce n'est pas comme aujourd'hui où tu vois un Cristiano Ronaldo qui s'entraîne, tu vois un autre qui s'entraîne, tu vois leur détermination, tu vois leur entraînement, tu vois les efforts qu'ils font. On avait très peu de documentation à l'époque. Donc, la... seule documentation qu'on avait, c'était Téléfoot. Tu regardais un peu Téléfoot le dimanche. Donc, tu n'as pas autant d'inspiration, je vais dire. Tu n'as pas autant de modèles qui te montrent les efforts qu'ils font pour rester à ce niveau-là. Donc, te remettre en question à cet âge-là, déjà, et te dire que, ok... je ne suis pas fort dans ça, il faut que je développe ça, il faut que je fasse ça. Pour arriver à ça, on en revient à ce côté déterminé de Diomansi Camara qui a un objectif et qui ne lâche pas et qui dit, je vais aller là-bas. Je suis conscient de mes forces, je suis conscient de mes faiblesses, je suis conscient de ce que je dois travailler et je vais le faire. Et ce qui est fort, c'est que tu le fais de 12 ans, donc à 18 ans, tu restes Red Star.

  • Speaker #0

    Voilà, ça fait.

  • Speaker #1

    Des belles années ?

  • Speaker #0

    Magnifiques. En fait, comme je vous dis, c'est les plus beaux souvenirs. Nous, on était vraiment, dans la région parisienne, on était vraiment une équipe d'élite. Comme je vous ai dit, c'est le vivier. On sait qu'en région parisienne, la plupart, aujourd'hui même, vous voyez les footballeurs de l'équipe de France, ils viennent tous de la région parisienne. On dit que... Où est-ce qu'il y a le plus grand vivier ? C'est dans la région parisienne. Par exemple, au Brésil, ça va être Rio. Par exemple, en Afrique, on dit où est-ce qu'il y a un des plus grands viviers ? C'est Abidjan. C'est la réalité quand tu commences un peu à rentrer dans le monde. Ah ouais,

  • Speaker #1

    j'aurais pensé Chauvin, j'aurais pensé Sénégal.

  • Speaker #0

    Abidjan, en fait, ils ont une manière, ils appellent ça le maracana. Ça veut dire que les jeunes de 12 à 13 ans, ils jouent déjà pieds nus, il y a des spectateurs. Au Sénégal, on a une qualité intrinsèque extraordinaire, mais au niveau du football des jeunes, il n'est pas forcément autant développé que tu peux aller voir en Côte d'Ivoire. Quand tu vas en Côte d'Ivoire, tu vas sur les tournois des jeunes, c'est juste hallucinant. dans chaque quartier tu peux prendre une pépite et te dire que c'est extraordinaire après qualité intrinsèque, le Sénégalais le Guinéen, l'Ivoirien ils sont à peu près au même niveau mais eux dans leur manière de fonctionner et travailler ils sont à des années-lumière et donc non non pour revenir sur mes années au Retzar, c'était magnifique beaucoup de travail, beaucoup de sacrifices mais ce côté détermination je pense que tu l'as vécu aussi Merci On vient de la banlieue. Et donc, le banlieusard de nature, il a envie de s'en sortir. On vit dans des conditions qui sont difficiles. Les parents ne roulent pas sur l'or. Donc, en fait, tous les enfants, comme il disait Kerry James, le banlieusard, il se débrouille. On est là, on a un objectif. On est tous là à se tirer les uns vers l'autre pour se dire on a envie de changer la situation sociale de notre famille. Et c'est ça qui nous motive au quotidien. On ne peut pas se dire non, aujourd'hui, on est bien. Non, ce n'est pas vrai. Tu es bien dans ta structure familiale. Tu es bien dans l'amour. affectif, mais tu sais que t'es dans une réalité qui est compliquée et que tes parents, ils sont en difficulté. Donc moi, j'ai toujours vu le football comme un ascenseur social. Je me suis jamais dit, je veux devenir footballeur pour être une star. Non. Je me suis dit, voilà, aujourd'hui, mes parents, ils sont en difficulté et on prend ces responsabilités très jeunes. Tu te vois, tu te dis, si j'arrive à sortir de la misère... J'achète une maison à mes parents. Mon père, il n'a pas forcément la voiture que tu souhaites. Je vais lui acheter cette voiture-là. Et moi, c'est ça qui m'a toujours motivé. Ce n'est pas de me dire, je vais faire la une des magasines. Non, il faut que je réussisse pour mes parents. Pour leur donner l'opportunité. possibilité de changer de cadre de vie. C'est moi ce qui m'a toujours poussé vers l'avant et ce qui m'a motivé chaque jour lorsque c'était compliqué.

  • Speaker #1

    Bien sûr, c'est un moteur différent. C'est sûr que le moteur de je veux être une star et le moteur de je veux impacter ma famille, il n'est pas le même. Donc, on comprend encore plus pourquoi tu es focus très rapidement dans ce projet.

  • Speaker #0

    Et après, comme tu dis. Pour recontextualiser, dans le sens où le téléphone commence à arriver, on n'a pas accès aux ordinateurs, il n'y a pas de YouTube, comme tu disais, aujourd'hui il y a des speakers, des gens qui te motivent, on te dit il faut faire... Non, aujourd'hui toi tu dois te... créer ton propre environnement, tu dois créer tes propres clés pour pouvoir arriver à tes objectifs. Aujourd'hui, tu vas sur YouTube, tu vas sur Instagram, tout le monde te motive, on te dit qu'il faut faire comme ci, il faut faire comme ça. Tu as tes modèles, la société elle a évolué. Nous, à l'époque, il fallait faire avec les moyens du bord.

  • Speaker #1

    Tu construis seul.

  • Speaker #0

    Voilà. Tu te mets dans ta barque, tu rames et tu essaies d'arriver le plus loin possible.

  • Speaker #1

    Et donc, quand les années Red Star terminent, tu vas où ?

  • Speaker #0

    Donc, moi, je reste jusqu'à... Et c'est là où c'est intéressant parce que ma mère, c'est quelqu'un... Le côté sportif, c'était le papa.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Le côté scolaire, c'était la maman. Même si elle n'a pas fait de grandes études, c'est quelqu'un qui est très intelligent, qui lisait beaucoup. Donc nous, on a beaucoup baigné dans la lecture. La maman devait lire pratiquement un livre par mois. l'être humain, c'est son savoir. Elle nous a toujours inculqué l'amour des lettres. Donc moi, j'étais beaucoup plus littéraire que Mathieu. Par exemple, ma soeur, elle a fait un bac plus. à la fin anthropologie. Mon petit frère, il a un bac plus 6. Donc, on est dans une famille où...

  • Speaker #1

    Les études, c'est important.

  • Speaker #0

    À l'époque, on nous disait il faut étudier, il faut étudier, il faut étudier. Donc, moi, à l'âge de 17 ans, j'ai l'opportunité d'aller faire un test en Suisse. D'accord. Donc, mes parents me disent OK, il n'y a pas de problème, va faire ton test. C'était pendant la période scolaire. Donc là, je pars en Suisse. Je fais un test dans un club qui s'appelle Bellin Sona. Et j'ai mon agent actuel. On a... on en reparlera, qui me trouve ce test avec un Suisse qui s'appelle Adriano Di Victorio et je pars là-bas tranquillement dans mon test. Mais c'est l'année du bac.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et donc moi j'arrive en Suisse et au bout de trois jours... l'italien me dit non je m'en suis, je vais t'amener en Italie je lui dis non mais je suis bien en Suisse il me dit non non non t'es en train de faire un bon test mais moi j'ai un autre projet pour toi j'ai une autre vision et il me dit tu vas aller dans le sud de l'Italie en 4ème division On est en Suisse, en deuxième division. Qu'est-ce que je vais aller faire en quatrième division italienne ? Moi, je dois passer mon bac cette année. On va perdre du temps. Laisse-moi faire mon test ici. Si ça se passe bien, ensuite, on voit. Il me dit non, non, non, je t'amène en Italie. Donc, moi, je pars en Italie. je fais mon test en quatrième division le club s'appelle Catanzaro et là-bas c'est vraiment c'est comme l'Afrique tu ressens l'amour des gens il y a 20 000 spectateurs dans le stade alors que t'es en quatrième division tu te dis à l'époque c'était c'est un club historique là-bas en Italie malgré qu'ils soient en quatrième division t'as 20 000 spectateurs ouais moi j'arrive par exemple le jeudi je fais mon entraînement jeudi, vendredi, samedi et le dimanche je vais au stade et je vais au stade je vois 20 000 un stade l'atmosphère et tout ça je passe mon test et le président il me dit tu repars pas le président italien il dit non non toi tu restes là il me dit tu pars plus Donc je dis comment ça ? Il me dit non, non, non. Il dit toi, je ne te perds pas et tout ça. Et tu ne repars plus. Je dis non, mais moi, je suis venu deux semaines. En fait, je n'ai pas mes affaires et tout ça. Et donc il me dit non, non, non. On ne te fait pas repartir. Et donc là, on commence les négociations et tout ça. Et c'est là où ça a été compliqué parce que la maman m'a dit, pour elle, c'était pas audible.

  • Speaker #1

    Il y a le bac, mon fils, tu peux pas rester là.

  • Speaker #0

    Elle me dit, comment ça tu reviens pas ? Je dis, non, non, non, maman, t'as vu, je vais devenir footballeur. Et c'est là où le papa, vraiment, il a... Il m'a permis de réaliser mon... Mes parents, ils ont failli même se séparer à cause de beaucoup de sa face et ma mère, elle a dit, non, mais alors que aujourd'hui, si tu peux signer professionnel, pourquoi attendre ? Donc j'ai dit le bac et en fait, c'est ce que j'ai expliqué à ma mère. J'ai dit, laisse-moi vivre mon aventure. tu sais que je suis un garçon posé, raisonné, consort. Et si jamais ça ne devait pas se passer comme ça devrait se passer, je reviens, je reprends mes études et mon bac, je l'aurai. Mais elle, dans sa tête, c'était non. Et ton bac, quoi qu'il arrive, minimum, tu as ça. Et ensuite, tu peux continuer. Donc, on a eu des négociations à gauche, à droite. Et finalement, elle m'a laissé. J'ai pu signer mon contrat professionnel en Italie. Donc, moi, je suis parti. En fait, je n'étais même pas encore majeur. J'ai quitté la France et j'ai signé professionnel en quatrième division italienne.

  • Speaker #1

    Non mais comme tu dis, pour que les gens se rendent compte, c'est vrai qu'aujourd'hui on parlait tout à l'heure en rigolant des projets Mbappé et tout, mais c'est vrai qu'on n'est pas encore dans cette mondialisation du football, on n'est pas encore dans tous ces parents qui rêvent que leur enfant pète le jackpot parce qu'il joue. Et puis en tant que parent qui est aimant, surtout vous, quand je vois les valeurs qu'il y a.

  • Speaker #0

    La maman, il y a toujours l'inquiétude s'il a une blessure, s'il ne joue pas et tout ça. Donc, elle, elle veut juste protéger son fils en se disant, peu importe ce qu'il arrive dans le foot, si c'est fini, au moins il a ce bac-là qui peut lui amener à faire autre chose. Et je comprends aussi le papa qui a son rêve d'être footballeur, qui voit son fils qui peut peut-être vivre ce rêve-là, tu vois, et qui a envie de le pousser. Donc, j'imagine la... Dualité pour les parents et la dualité pour le fils aussi. D'entendre les deux parents chacun qui te dit « Oui, mais ça, oui, mais ça, ça ne doit pas être facile. » Mais donc, bref, tu signes. Donc, tu signes en pleine saison ou tu signes et tu commences la saison d'après ?

  • Speaker #1

    En fait, ce qui était compliqué, c'est que moi, j'étais encore sous contrat au Red Star. D'accord. Donc, normalement, tu vas juste faire tes tests. Moi, je me rappelle, c'était au mois d'octobre. Et d'octobre à janvier, maintenant, il faut discuter avec le Red Star pour qu'ils puissent me libérer. Mais en fait, c'est les présidents un peu... Je n'ai pas envie de dire mafioso, mais...

  • Speaker #0

    Oui, on voit l'atmosphère. Un peu gangster.

  • Speaker #1

    Oui, il t'a dit, tu ne bouges pas. Il m'a dit, t'es là, on va te trouver. Tu ne bouges pas. En fait, le président avait son fils, et c'est son fils qui gérait le club. Et lui, il est vraiment tombé amoureux de moi. et comme tu parles à l'époque il n'y avait pas énormément de joueurs qui partaient à l'étranger ça commençait un peu cet exode des joueurs formés en France qui partaient je me rappelle il y avait Ousmane Dabou qui avait également le même problème du côté de l'Inter et donc en fait il y avait vraiment un peu ce conflit entre les fédérations de dire attends nous on est en train de former nos meilleurs jeunes et maintenant ils partent à l'étranger donc il y a eu un conflit pendant... Pendant deux mois, de octobre jusqu'à janvier, je n'ai pas pu jouer avec eux. De toute manière, ce n'était pas la période des transferts. Et au mois de janvier, ils ont communiqué avec le Red Star et qu'on sort. Et j'ai réussi à me libérer et à jouer mon premier match là-bas en Italie.

  • Speaker #0

    Justement, ce premier match, ça fait quoi pour des gens qui ne sont pas footballeurs, qui ne sont jamais rentrés sur un terrain avec un stade ? Comme tu dis, là, c'est 20 000 personnes. On va parler de stades où tu as joué, où il y a plus. Est-ce que tu peux nous décrire, ça fait quoi quand tu rentres dans un stade où tu es dans le couloir, avant d'entrer dans le stade, où tu entends le stade qui est vivant déjà, ça fait quoi d'être dans le vestiaire, de porter ton premier maillot professionnel et d'y aller ?

  • Speaker #1

    En fait, le truc, c'est qu'il y a plusieurs approches. Moi, j'ai toujours été celui qui me dit j'attends ce moment. Il y en a qui le subissent, moi je le vis. Ça veut dire que j'étais excité à l'idée de pouvoir jouer et montrer mes qualités. C'est que tu te visualises quand tu es jeune, quand tu pars dans ton lit, tu t'allonges, tu te dis putain...

  • Speaker #0

    Le jour où.

  • Speaker #1

    Le jour où. Donnez-moi cette opportunité. Et c'était marrant, le premier match en plus, c'était le dernier jour du Mercato et en fait, le président m'avait fait une surprise, il avait fait venir ma famille. Ah. Ouais. C'était la grande... Tu sais, à l'italienne, à l'ancienne. Et je me rappelle, mon père, il avait une Renault 25 à l'époque et ils sont... Tu sais, il n'y a pas le moyen de prendre... ou quoi que ce soit. Ils ont fait la route pendant un jour et demi. C'est 2000 kilomètres.

  • Speaker #0

    Et toi, tu ne savais pas qu'ils venaient ?

  • Speaker #1

    Non, je ne savais pas. Et donc, en fait, le président me dit non, tu vas avoir une surprise et tout ça. Et la veille du match, je vois mes parents dans les tribunes.

  • Speaker #0

    Oh là là !

  • Speaker #1

    Le jour du match, en fait. Juste avant, moi, je me rappelle mon idole de jeunesse, c'était Georges Houé. Ah !

  • Speaker #0

    grand.

  • Speaker #1

    Ah, Mr. Dior. Oui,

  • Speaker #0

    oui.

  • Speaker #1

    Et lui, il jouait toujours avec des chaussures rouges. Et mon père, il sait que j'aimais trop les... Moi, j'ai toujours aimé les chaussures de couleur. Même en équipe nationale, je jouais avec chaussures orange, jaune. Et mon père, il m'a ramené... Ah,

  • Speaker #0

    t'inquiète. Pour ceux qui voient le plan large, vous voyez les couleurs.

  • Speaker #1

    Il y en a toujours, les couleurs. Et donc, en fait, c'est marrant. Il est venu... Il m'a jeté ma paire de godasses. Non, c'est incroyable. Le stade était comme ça. Il y avait des chaussures rouges. C'est des anecdotes. C'est fou. Je me rappellerai tout.

  • Speaker #0

    Bien sûr.

  • Speaker #1

    Il m'a ramené mes chaussures rouges. Il me les jette comme ça. Parce que j'étais remplaçant. Je les vois comme ça. Et mes parents, ils étaient là et tout ça. Et je rentrais à quoi ? Il y avait 1-1. Je rentrais à 20 minutes de la fin. J'avais 18 ans. J'étais un faux-folet. J'attendais. J'ai dit, fais-moi rentrer, fais-moi. Et je suis rentré premier. J'ai fait passe. L'attaque, on l'a torturé à Emar. Et on a gagné 2-1 le derby. Et c'était un gros derby.

  • Speaker #0

    Oui, une victoire,

  • Speaker #1

    passe décisif. Directe. J'ai pris le ballon, j'ai éliminé deux.

  • Speaker #0

    Le papa, il devait être content. Le papa, il devait être...

  • Speaker #1

    Non, il était aux anges. Il pouvait s'évanouir. Oui,

  • Speaker #0

    tu as ton fils qui...

  • Speaker #1

    premier match premier ballon passe D direct Alhamdoulilah ça fait incroyable comme sensation c'était magnifique et en fait ils étaient arrivés le vendredi donc ils devaient faire juste le week-end et le président il était tellement content il a dit allez je vous reste toute la semaine elle a tout payé c'est la grande classe grands hôtels les amis dans un grand palace et tout ça et tu sais nous Les parents viennent de la banlieue. Donc tu sais, émerveillé, tu vois ton fils, ses consorts. Là, la maman qui est en larmes. Après, à la fin du match, il les a fait rentrer sur le terrain.

  • Speaker #0

    Oh là là !

  • Speaker #1

    Ils ont traversé tout le terrain.

  • Speaker #0

    Tu me donnes des frissons. Ça doit être un sentiment même pour toi, le fiston. Tu dois être fier de te dire...

  • Speaker #1

    Non, je suis fier. C'est ce moment-là où j'ai dit, ouais, tout ça, ça a payé. Il a ouvert la tribune, ils sont descendus de la tribune présidentielle, il les a fait rentrer et tout ça. Donc à ce moment-là, je me suis dit, ouais, l'aventure, elle commence maintenant.

  • Speaker #0

    Et le premier but ?

  • Speaker #1

    Le premier but, j'ai marqué deux ou trois matchs après. En fait, de janvier à juin, j'ai marqué huit buts. J'étais tout jeune, j'étais 18 ans, j'étais l'attraction. À cette époque, il n'y avait que deux Français. Il y était deux Français. Wow, que deux ? Deux Français sénégalais. L'autre, vous le connaissez même très bien, c'était Patrice Evra.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Patrice Evra, il était du côté de Marsala, et moi, j'étais du côté de Catanzaro. Donc, on était deux, et il y avait un peu une hype sur nous. Donc, j'ai fait six mois, vraiment, mais je me suis vite adapté. Et puis, j'ai vite appris la langue, parce que je me suis dit, c'est important. de pouvoir communiquer avec...

  • Speaker #0

    Le staff, les supporters, tout le monde.

  • Speaker #1

    Voilà. Mais la première année, les six premiers mois, quand même, c'est difficile parce que tu es tout seul et qu'on sort. Et au bout de six mois, j'ai demandé à faire... faire venir un ami à moi. Parce que j'avais un vrai rapport avec le président et j'avais un autre ami à moi qui s'appelait Cédric Mattingou-Costeau, un bon défenseur et tout ça. Et je leur ai dit, regardez, moi j'ai un ami à moi aussi qui est très bon, qui est défenseur central et ça va m'aider dans mon adaptation. Est-ce que c'est possible ? Il m'a dit, fais-le venir, on l'amène en test et tout ça. Et il a fait son test. Et ça s'est bien passé. Un peu comme au Red Star où j'avais mon ami Lassandra. Là, je suis parti en Italie. J'ai ramené un pote à moi, Cédric Matingu. On est restés un an après ensemble à Catanzaro. Ça m'a beaucoup aidé. On s'est beaucoup associés pour pouvoir réussir à aller le plus haut possible.

  • Speaker #0

    Je suis obligé de te poser une question par rapport à l'Italie. Parce que... Moi, c'est un de mes championnats préférés. Je suis désolé, peut-être que tu vas être fâché avec moi. Mon équipe de cœur, c'est le Milan AC.

  • Speaker #1

    Mais moi, c'est le Milan. Ah,

  • Speaker #0

    ok.

  • Speaker #1

    On est dans le même bateau. On est dans le même bateau.

  • Speaker #0

    Mais malheureusement, l'Italie est aussi très connue pour beaucoup de racisme. J'imagine que tu en as vécu dans tes matchs. Et si tu en as vécu, comment tu gérais ça ?

  • Speaker #1

    C'est vrai que, en fait, je ne sais pas si je veux dire que c'est un pays raciste, c'est un pays ignorant. Les gens sont ignorants. Le racisme, c'est pas qu'il a peur de l'autre. C'est pas qu'il n'aime pas ta couleur de peau. Il te dit que l'Africain va se comporter comme ci, l'Africain va se comporter comme ça. regarde l'immigration en France, elle a commencé dans les années 70. En Italie, c'est 90-2000. Donc, ils n'ont pas eu le même recul que peuvent l'avoir d'autres pays.

  • Speaker #0

    Je ne savais pas que c'était beaucoup plus tard.

  • Speaker #1

    C'était beaucoup, beaucoup plus tard. En France, quand même, la situation de nos parents... Donc, tu vois des parents qui sont quand même bien en place, qui ont une certaine situation. La plupart des gens en Italie, surtout moi, je suis allé en Italie dans les années 2000. Donc, c'était vraiment les flux migratoires, les gens qui arrivent, qui n'ont pas de travail. Il y a un peu de délinquance. Donc, tu n'as pas des gens quand même, à part les sportifs ou les acteurs,

  • Speaker #0

    qui sont dans la classe moyenne ou établie. Donc,

  • Speaker #1

    eux, ils voient le bas de l'immigration. Donc, ça, ça leur fait peur. Et puis, l'Italie, elle est sondée en deux. Ça veut dire que tu as de 1 000 ans à reprendre. à Rome, et tout ce qui est de Rome à la Calabre, à la Sicile, ils sont même racistes entre eux. On les appelle les Zingari. Zingari, c'est un mot très péjoratif, comme pour dire les gens du voyage, la jeton, des choses comme ça. Donc même entre eux, les Italiens, ils ne s'aiment pas. Le nord capitaliste... Et t'as le sud travailleur. D'accord. Et ils disent que non, vous, vous profitez des aides sociales de l'État. Nous, sud du nord, c'est nous qui tenons la capitale. Donc vraiment, t'as ce côté-là sondé en deux. Moi, j'étais en Calabre. Oui,

  • Speaker #0

    tu as dit dans le sud.

  • Speaker #1

    Dans le sud. Donc dans le sud, j'ai jamais eu de soucis. Ok. Tu fais partie d'un des leurs. D'accord. Au bout d'un an et demi, moi, je signe après à Modène, au Quai Vauvéron, qui est dans le nord. Chievo-Véron, il faut savoir que Véron, c'est une des villes les plus racistes d'Italie. Véron, c'est où tu as les saluts nazis, où les gens disent qu'on ne veut aucun noir qui joue dans notre équipe. Donc moi, j'arrive dans cette ville-là. Là, l'atmosphère, elle est complètement différente. Tu sais, là, ça n'a rien à voir. Même, on te dit, fais attention quand tu te promènes en ville et qu'on sort. Moi, après, j'ai grandi en banlieue, donc me dire, fais attention. Mais c'est vrai que même en jouant en série A, il y avait beaucoup de racisme. Et en fait... moi ça m'a beaucoup perturbé parce que je me disais attends... Il y a beaucoup d'Africains ou de joueurs qui jouent là. Pourquoi en fait ? Mais quand tu creuses un peu plus, en dehors du stade, il n'y a jamais eu de problème.

  • Speaker #0

    Oui, effectivement. C'est vrai que de mon aspect à moi, j'ai l'impression que je vois rarement d'informations passer pour dire qu'il y a eu des actes racistes, de violences en Italie. Je vois les stades. Effectivement, oui, on parle de racisme dans les stades. Mais je n'ai jamais vu passer de choses... Tu vois, en dehors des stades, tu vois. Jamais.

  • Speaker #1

    C'est comme en Espagne. En Espagne, ils font des cristanges et tout ça. Et donc, Samuel Eto'o... Mais nous, on était une génération où on ne laissait pas passer, en fait. Et tu vas le combattre, on va dire ça ou ça. Mais après, c'est aux instances qu'il aurait dû... qui aurait dû sévir parce que c'est un mal qui engraine le football depuis de trop nombreuses années. Donc, ce n'est pas normal qu'aujourd'hui, il n'y ait pas des sanctions. Et ce serait très simple. On regarde aujourd'hui, on dit s'il y a des cris homophobes, on arrête le match, on met des amendes. Pourquoi ne pas prendre des amendes ? les mêmes résolutions lorsqu'il y a du racisme. En fait, c'est juste incompréhensible. Mais à notre échelle, à nous, en tant que joueurs, c'est compliqué. Où on s'unit tous ensemble, on se dit voilà, il faut faire des actes non pas isolés et on se dit que voilà, une journée, on ne joue pas ou qu'on sort. Mais tant qu'on n'aura pas l'appui des fédérations et surtout de l'UFA ou de la FIFA, malheureusement, on sera toujours dans ce problème-là dans les stades de football.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça parce qu'en tout cas, nous, grand public, quand on regarde ça, on se dit On se dit que ça a l'air simple à régler comme problème, comme tu dis, effectivement. Et tu vois, moi, je me dis, quand des joueurs prennent la décision de quitter le terrain parce qu'il y a des cris racistes... Est-ce qu'ils sont sanctionnés d'arrêter un match ? C'est ça la question que je me pose à chaque fois. Parce que je me dis, ils arrêtent quand même une économie, ils arrêtent quand même un business. Est-ce que la FIFA ou la fédération punit ces joueurs-là ?

  • Speaker #1

    En fait, on te dit, tu n'as pas le droit de sortir. Donc, tu aurais une sanction. Mais nous, ce qu'on ne comprend pas, c'est... Demain, on dit qu'on est une équipe, c'est un collectif. Pourquoi c'est toujours le joueur qu'on agresse qui doit réagir ? Moi, aujourd'hui, si on crie sur un de mes coéquipiers, pourquoi ce ne serait pas à ses coéquipiers de sortir et de montrer l'exemple ? En fait, c'est toujours ça. On l'a vu récemment avec Vinicius. On dit qu'aujourd'hui, on est une grande institution, il y a des choses qu'on ne peut pas... Mais voilà, c'est à tout le monde de prendre la décision, de se dire que si vous touchez un de mes camarades, c'est comme si tu touchais... l'institution et on sort tous ensemble. Et en fait, c'est vraiment un problème qu'il va falloir qu'on puisse résoudre dans les années à venir. Mais je te dis, c'est vraiment de l'ignorance. C'est pas du...

  • Speaker #0

    C'est pas du racisme fondamental. C'est juste qu'ils ne connaissent pas l'autre. Et comme ils ont peur de l'autre parce qu'ils ne le connaissent pas, ils sont juste...

  • Speaker #1

    Ils sont là, ils sont dans les stades, ils font leur petite grima.

  • Speaker #0

    Ils ont bu quelques verres.

  • Speaker #1

    Le racisme en tant que tel où tu attaques la... Moi, j'ai grandi à Paris où... À l'époque où il y avait les nazis au Parc des Princes, où il y avait Auteuil contre Boulogne, ça c'est du racisme. Quand tu sors à la fin du stade, où tu dois courir, parce que les gens aussi t'attrapent, ils vont te frapper toi, ta famille. Là, il y avait des vraies tensions. Dans un stade de football, tu le ressens, ça te perturbe. Oui et non, parce qu'il y en a certains, même ça les motive. Quand tu fais un cri de singe ou quelque chose comme ça, on a l'extérieur, et c'est souvent, quand tu ne sais pas chez toi, ça va décupler tes forces. Tu dis maintenant, donne-moi la balle, je vais vous faire la mayonnaise et dès que je vous marque un but, je vais aller vous provoquer. Donc en réalité, ça fait souvent l'effet inverse de ce qu'ils attendent. Mais c'est vrai que c'est un problème qui est récurrent dans le football et il faudrait qu'à un moment, ça cesse.

  • Speaker #0

    Et donc toi, tu arrives à Véronne, qui est connue pour être une ville peut-être avarie. Comment ça se passe avec les supporters ? Comment tu arrives dans cet univers-là ?

  • Speaker #1

    En fait, moi, j'ai la chance parce que je fais un an et demi en... en série C et au bout d'un an et demi on m'achète en série A donc déjà pour moi c'est le juste avant de partir en vacances j'avais fait mes 6 mois 6 bons mois un an j'ai à peine 19 ans 19 ans et demi et on me dit ouais on me dit tu pars à Milan je dis ok il me dit tu pars à Milan et tout ça parce qu'en Italie ils appellent ils appellent ça le calcio mercato c'est pas c'est pas comme en France où chacun non t'as une journée ouais tu as toute une semaine où tu as tous les directeurs sportifs, tous les présidents qui se rassemblent dans un grand lieu et qui font leur business. D'accord. Donc, on me dit, ouais, tu pars à Milan, il y a le Calcio Mercato. Je dis, ouais, mais c'est les vacances. Il m'a dit, non, on a une surprise pour toi. Mon agent, il vient et tout ça. Et j'arrive à Milan. Et j'avais à l'époque deux ou trois clubs qui me voulaient de Serie A. Et on monte avec le président de Catanzaro. Et moi, en 72 heures, j'apprends que je joue à... Tu vas en Serie A.

  • Speaker #0

    Pour les gens qui nous écoutent ou qui regardent, qui ne savent pas, la Serie A, c'est le plus haut niveau. Du football italien. Là, tu es au top du football italien.

  • Speaker #1

    Et puis moi, c'est les années 2000. Donc, c'est les années où il y a les...

  • Speaker #0

    Il y a la Juventus.

  • Speaker #1

    C'est la grande série A, les Del Piero, les Baggio.

  • Speaker #0

    Tchétchenko, il joue encore à deux.

  • Speaker #1

    Tchétchenko, c'est la... La crème. À l'époque, aujourd'hui, c'est la première ligue. À l'époque, c'est la série A. C'est la rire. T'es en série A, t'es... Donc moi, j'arrive en série A et je vais au Kévo Véron. Il y a deux équipes à Véron. Tu as Véron et Kévo Véron. Et moi, j'ai signé Dieu Merci au Kévo Véron. Et donc là, je fais vraiment le grand saut. Oui,

  • Speaker #0

    parce que ça, tu parles de série 4 à série A.

  • Speaker #1

    Parce qu'en fait, le truc, c'est que... Et c'est là où l'argent a été fort. Parce que quand moi, je voulais signer en Suisse, il me dit non, je m'en signe. Va là-bas, tu verras que... ta progression, elle sera plus importante que si tu allais... Mais moi, pour moi, à l'époque, je me disais, attends, deuxième division, pour moi, c'est bien. Tu m'amènes, mais non, bon. Après, moi, je suis une personne de challenge, de défi. Et donc, j'ai dit non, OK. Et quand je suis parti là-bas... vraiment, moi, c'est l'amour et le respect. À partir du moment où tu me donnes de l'amour et du respect, moi, je peux donner ma vie pour toi. Je suis quelqu'un de...

  • Speaker #0

    Entier.

  • Speaker #1

    Voilà. C'est comme par exemple, moi, ma femme, je l'ai connue, j'avais 21, 22 ans, ça fait plus de 20 ans qu'on est ensemble. Donc moi, je suis vraiment lié aux gens. Mes amis d'enfants, c'est toujours mes amis d'aujourd'hui. C'est... J'ai pas beaucoup de gens autour de moi, mais si on est ensemble, on est...

  • Speaker #0

    La fondation, elle est solide.

  • Speaker #1

    Voilà. Moi, mon agent qui m'a pris à 17 ans, Aujourd'hui, j'en ai 44, c'est toujours le même agent. On a cheminé tout le temps ensemble. Après, on a créé notre école de football et qu'on sort. Donc, je suis quelqu'un qui aime avoir des personnes vraies à côté de soi. Parce que c'est très important également dans ton cheminement, des personnes qui peuvent te dire la vérité. Beaucoup de jeunes sont autour de personnes qui vont venir se coller à toi une fois que tu arrives là-haut. Et à un certain moment, tu peux un peu partir à gauche, à droite. Mais il y a certaines personnes qui t'ont connu quand tu étais rien, qui peuvent te taper là. Ça, ce n'est pas la direction. Mais comporte-toi de cette manière-là. c'est ce qui a toujours été ma force, c'est d'avoir vraiment des personnes qui peuvent te dire, ça tu le fais bien, ça tu le fais mal, et on se corrige les uns les autres. Donc c'est vrai que faire ce saut de qualité arrivé en Serie A, en fait c'était quelque chose que moi j'avais programmé dans mon esprit. Je me suis dit, il y a une autre étape de France 1, vas-y c'est parti. Et donc j'arrive au Kiev-Overon et tout ça, et j'ai fait ma préparation, mais très rapidement, je vois que le niveau est encore super élevé. Je me suis dit, jusqu'à l'arrivée de stars faut que tu te réadapte voilà et donc en fait eux ils me proposent deux choix ou de partir en me demande voilà aujourd'hui je mens et on a envie de continuer sa progression et moi j'étais 5 ans ils disent un jeune avec beaucoup de potentiel mais nous on va prêter donc tu as deux choix ou tu pars en prêt en france à l'époque avait saint-etienne qui me voulait ouais ou tu restes en Italie et on a un club un peu partenaire qui s'appelle Modène, qui est en série B. On connaît bien l'entraîneur et consorts et tu vas aller jouer en série B. Et comme moi, je suis tombé amoureux de l'Italie, j'ai bien aimé. Non, t'as vu ?

  • Speaker #0

    Je reste.

  • Speaker #1

    Je reste et je suis parti en série B à Modène.

  • Speaker #0

    Tu fais combien de temps là-bas ?

  • Speaker #1

    Modène, en fait, il m'envoie en prêt, mais c'était un prêt avec une option d'achat. D'accord. Donc les gars, ils disent, OK, nous, on vous le prend en prêt, mais on met une option d'achat. Donc à l'époque, je crois que c'était 3 millions de... C'était comme une somme assez importante. Et Modène, c'était une équipe qui venait juste de monter de série C. D'accord. Donc c'était une équipe qui était encore jeune, qui était bonne et tout ça. Et cette année-là, on gagne le championnat direct. Wow. Moi, j'ai à peine 19-20 ans et là, on descend. Je marque une dizaine de buts et on gagne le championnat. Wow.

  • Speaker #0

    ça doit être ça doit être une sensation quand même c'est ça, quand tu as vécu une saison et que tu finis la saison et que tu gagnes le championnat de te dire que tous ces efforts ont payé, ont servi et regarde on est les champions.

  • Speaker #1

    Et puis ça, c'est les choix. Donc moi, je vais à Modène. Là, je parle vraiment bien italien. Je suis bien acclimaté. J'ai des partenaires qui sont extraordinaires. J'étais encore le seul étranger dans cette équipe-là. Donc, tu attires la lumière. Donc, directement, c'est même là où l'équipe du Sénégal commence à s'intéresser à moi. Mais on était en série B et l'équipe du Sénégal à cette époque, c'est El Hadjidou, Henri Camara, Fatiga. Donc, c'est la grosse équipe du Sénégal. Donc moi, j'ai toujours ça. en ligne de mire je dis bon il faut que je franchisse mes étapes mais l'Italie va me permettre d'avoir les lumières sur moi donc on finit l'année on est champion et directement on monte on monte en série A ouais et c'est là où maintenant arrive le conflit parce que c'est ça j'allais dire t'as ton équipe qui t'a acheté qui

  • Speaker #0

    est en série A qui t'a prêté à une équipe qui est en série B mais maintenant vous vous êtes monté vous êtes en série A voilà comment ça se passe ?

  • Speaker #1

    donc maintenant ils disent Nous, vous nous rendez Diomancy, on vous l'a traité.

  • Speaker #0

    On ne le veut pas comme adversaire, nous,

  • Speaker #1

    on le veut dans notre équipe. Et l'équipe, là, ils disent que non, Diomancy, c'est notre joueur, on ne vous le rend pas. Et en fait, ils ont un système en Italie, maintenant ils l'ont enlevé, ils appellent ça les boosts. La busta, c'est quoi ? C'est l'enveloppe. D'accord. Ça veut dire que les deux clubs se rencontrent, parce qu'au départ, ils leur ont fait un prêt avec une option d'achat. L'option a été élevée. Ils ont dit que non, nous, on veut récupérer notre joueur. Et si tu veux récupérer ton joueur, maintenant, vous prenez des enveloppes. D'accord. Chacun met un chèque. Celui qui met la plus grosse mise garde le joueur. C'est comme ça ? Oui, c'est comme ça. Le football, à l'époque, c'était...

  • Speaker #0

    C'est chacun qui met un chèque dans une enveloppe. On ouvre, qui a mis le plus, c'est lui qui garde.

  • Speaker #1

    Voilà. Donc, les gars, ils se disent que non. C'est comme ça. C'est incroyable.

  • Speaker #0

    C'est le Far West,

  • Speaker #1

    le truc. Genre, toi, tu te dis, bon, à peu près combien on va mettre ? Ils avaient mis à peu près 3 millions. Ça, c'était le diritto di riscato. Ça veut dire, ça, c'était l'option d'achat. Comme ça a sauté. Ils se sont dit, Kévo, c'est un club qui avait plus d'argent que Modène. Donc, ils se sont dit, non, ce qu'on va mettre dans leur... Ils ne peuvent pas s'aligner. Et en fait, la Modène, à cette époque-là, ils ont fait le record. Et ils ont... ils ont mis plus que Kévo donc quand ils ont ouvert les bouses pour moi j'étais sûr de repartir au Kévo et ils m'ont dit ramène tes affaires et tout ça et le jour où ils ouvrent les bouses ils disent que c'est je m'en suis tu restes à Modène ah ouais même les deux clubs ils se sont beaucoup beaucoup engueulés parce qu'en fait c'était un club satellite et à partir de ce moment là ils se sont t'as créé la séparation entre les deux t'as créé la rupture ils se sont trop chauffés ça les a trop énervés c'est incroyable ce système là d'enveloppe j'ai appelé les enveloppes la bousse

  • Speaker #0

    Et donc là, tu es en Syria.

  • Speaker #1

    Et donc là, je reste à Modène en Syria et je fais deux ans là-bas. Et c'est à ce moment-là aussi que je suis appelé. C'est ma première année de Syria où je suis directement appelé avec l'équipe de l'Institut de la Sérégale.

  • Speaker #0

    Non, t'inquiète, on arrive à ça. Tu vas nous raconter ça. Donc là, tu arrives à Syria. C'est... Le Jomansi Kamara qui commençait au Red Star, comment il se sent quand il se dit « Ok, là je suis en série, ça y est, là je vais affronter, comme tu as dit, je vais affronter les Tchétchenko, je vais affronter les Maldini. » Est-ce que Maldini joue encore quand tu… ?

  • Speaker #1

    Moi c'est Maldini, Costa Corta… Parce que c'est ça toi,

  • Speaker #0

    moi je parle des attaquants, mais c'est les défenseurs qui étaient sur toi, qui toi tu devais affronter.

  • Speaker #1

    C'est Maldini, Maldini c'est un de mes plus gros… Maldini, Nesta, Cafu, Dida, non c'était là. C'était le Graal. Non, c'était le Graal.

  • Speaker #0

    En tant qu'attaquant, quand tu devais les affronter, comment t'étais la veille avant d'être affronté ?

  • Speaker #1

    En fait, moi, je suis... Je sais pas... En fait, il faut avoir beaucoup de confiance en soi. Ouais, non, t'as pas le choix. Et en fait, c'est ça, c'est que moi, c'était le défi de me dire, ouais...

  • Speaker #0

    Je vais leur montrer.

  • Speaker #1

    Je vais leur montrer. Et moi, je me rappelle mon agent qui avait... Même quand on faisait des petits matchs de quartier et tout ça, il s'appelle Serran Diabaté, il me disait, je m'en sers à plique, toi. Parce que quand tu joueras en Serie A, tu ne pourras pas laisser... Et moi, je lui dis, mais qu'est-ce que tu me racontes ? On est au quartier, c'est rentre.

  • Speaker #0

    Ah, lui, il avait déjà la vision de t'amener. Lui,

  • Speaker #1

    il avait la vision. Il me disait, et je me rappellerai toute ma vie, le premier match qu'on a joué contre le Milan, et je l'ai vu dans les tribunes, même lui, il avait mis sa cravate, son costard, et on rigolait. Il me disait, qu'est-ce que je te disais, Diop ? C'est réel.

  • Speaker #0

    Donc,

  • Speaker #1

    non, non, c'est... Et moi, en Italie, c'est là où on m'a... Parce que moi, j'étais quelqu'un d'assez élégant sur le terrain. J'étais quelqu'un quand même, comment je courais, comment je me déplaçais. Et c'est là où on m'a surnommé ma première année la gazelle d'Afrique. La gazelle d'Afrique. Parce qu'ils disent que t'es... Oui,

  • Speaker #0

    t'es élégant, t'es fluide.

  • Speaker #1

    Et donc non, même contre le Milan, j'ai tout le temps... Les gros matchs, les gros affiches, j'étais présent. Le Milan, j'ai marqué. L'Inter, j'ai marqué. Contre la Juve, contre la Roma. Je ne marquais pas beaucoup. Je ne vais pas te marquer 20 buts. Mais les gros matchs, je suis là.

  • Speaker #0

    En fait, tu aimes la pression.

  • Speaker #1

    J'aimais bien ces matchs-là.

  • Speaker #0

    L'adrénaline, elle est au maximum.

  • Speaker #1

    Et en fait, le premier match de Serie A, c'est ça qui est marrant. C'est qu'en Italie, ils ont une coutume. Les trois équipes promues, tu joues les trois meilleures équipes du championnat. Ça veut dire que ton premier match en Serie A...

  • Speaker #0

    C'est direct dans le feu du...

  • Speaker #1

    Ou tu joues le Milan, ou tu joues la Juve ou l'Inter. Et moi, mon premier match, je me rappelle, c'est contre la Rome à l'Olimpico. 80 000 personnes.

  • Speaker #0

    80 000 personnes !

  • Speaker #1

    Donc là, tu passes de 20 à 80. Je me fais par quatre. Pareil, c'était la grande Romain, Francesco Totti, Montella, Aldair, c'était là le Gafon, Emerson.

  • Speaker #0

    En fait, tu sais, à chaque fois que je regarde des matchs de foot, surtout des gros matchs, j'essaie toujours de me dire, mais qu'est-ce que les joueurs doivent ressentir quand tu rentres sur le terrain que tu as ? Comme tu dis, tu as un mur. Un mur de personnes devant toi.

  • Speaker #1

    Et nous, c'est notre premier match. Ça veut dire que nous, on est promu. On est la petite équipe moderne et tout ça. Et tu arrives à l'Olympico. Et tu sais, c'est la première du championnat. Donc, ça veut dire que le stade est plein. Plein, craqué. Et pareil, là, je m'échauffe. Mais franchement, là, mes jambes, quand même, c'est un peu... C'est un peu un problème.

  • Speaker #0

    Là, c'est sérieux.

  • Speaker #1

    Là, quand même, quand il m'a appelé, c'était mon premier match en série 1. Mais pareil, au bout de 5-6 minutes, pareil, bam, bam, bam.

  • Speaker #0

    Oui, de toute façon, je pense que tu as le côté humain qui, effectivement, c'est la première fois, donc tu es un petit peu perdu. Mais une fois que le joueur se met en mode, allez, là, c'est le match et tout, tu as tellement d'automatisme, tu as tellement d'expérience dans les jambes et dans le truc que tu ne vois plus, finalement, les supporters.

  • Speaker #1

    Et puis, à 20 ans, tu es inconscient. Tu sais, quand tu es jeune, c'est comme quand tu ne vois pas le danger. Oui. moi tout ce que j'attendais je dis coach mets moi dedans et je le regardais je le regardais je le regardais et pareil là je rentre au bout de 5 6 minutes boum boum boum je fais une belle action pas décisive on marque et on a gagné premier match premier match ah ouais vous venez de monter et vous gagnez le premier match avec l'aroma l'aroma 2 et puis ça les gens peuvent aller Aujourd'hui, il y a Internet. On ne va pas raconter des histoires. Tout ce qu'on dit là,

  • Speaker #0

    c'est vérifiable.

  • Speaker #1

    Si vous regardez Rome-Modène, je crois que c'était en 2003, on a gagné 2-1 le premier match. Moi, j'ai fait une passe décisive à l'attaquant, il s'appelle Skouli. Pour vérifier, on a gagné 2-1. Moi, c'était un magnifique souvenir.

  • Speaker #0

    Macha, ça doit être des souvenirs. En fait, je ne sais pas si vous, footballeur... On vous le dit, que vous vivez quand même une vie qui est incroyable, qu'il n'y a pas beaucoup de personnes qui vont vivre ça, mais je ne sais pas si vous vous en rendez compte. Est-ce que tu t'en rends compte pendant que tu es joué ou après ta carrière ?

  • Speaker #1

    Non, tu t'en rends compte parce qu'en fait, moi j'ai tous mes amis qui ont souhaité devenir footballers professionnels. Donc tu vois un peu le regard qu'ils ont. Et en fait, moi ce que je me suis toujours dit, c'est que si je réussis, en fait il faut que ça profite aux autres. C'est ce qu'il disait mon papa, mon papa il me dit... t'es comme une bouteille d'huile, quand tu la laisses tomber, si elle éclabousse, il faut que t'éclabousses tous ceux qui sont à côté de toi. Donc nous, en fait, ma carrière, je l'ai vécue avec tous mes amis. Ça veut dire qu'en Italie, il y a beaucoup de joueurs, tu vois, ils font venir leurs amis. Et la chance que j'ai eu, c'est que moi je n'ai pas été en centre de formation, c'est là où je vois que le papa a été très intelligent. Regardez un joueur comme Mbappé aujourd'hui, il est très isolé. Il a expliqué même dans ses centres de formation. Voilà, tu ne fais pas les mêmes. Moi, j'ai grandi dans le quartier, dans la banlieue. Ça veut dire que ma réussite, c'était la réussite de tout le quartier. Ça veut dire qu'ils étaient tous derrière moi. Et le jour où j'ai réussi, les gars, on va tous profiter. Donc ça veut dire que moi, quand je jouais le MI, j'avais cinq, six potes qui étaient là. Et en fait, ils m'ont... ont suivi toute ma carrière. Et c'est ça pour moi qui a été magnifique, c'est qu'à travers ma réussite, les autres, ils ont pu vivre un petit peu le côté professionnel. Et moi, ça me remettait toujours les pieds sur terre de me dire, putain, quand même, je suis chanceux. Mes potes, ils aimeraient être à ma place. Mais vas-y, les gars, je suis devant, je suis la locomotive. Vous êtes les wagons,

  • Speaker #0

    mais on avance tous.

  • Speaker #1

    On avance tous ensemble.

  • Speaker #0

    Incroyable. Et donc, tu joues en Italie pendant combien d'années ?

  • Speaker #1

    En fait, j'ai... comme je t'ai dit on est monté à Serie A je fais deux ans en Serie A au bout de mes deux ans de Serie A après je pars en Angleterre tu pars en Angleterre quel club déjà le plus par rapport à Smurfs exactement Harry Redknapp lui il adorait les joueurs africains je me rappelle j'étais déjà à cette époque après j'étais déjà en équipe nationale on avait fait un match Sénégal-Côte d'Ivoire à Paris il était venu il m'a vu et tout ça et à l'époque il y avait Yakubu l'attaquant du Nigeria il y avait Lomana Lua-Lua il a à RDC. Il y avait Alucissé. Les gens ne savent pas, moi j'ai joué avec Alucissé à Portsmouth. Il y avait Amdifai, un autre Sénégalais. Il y avait Valéry Mézac, un Camerounais qui est décédé après un accident tragique. Mais il y avait beaucoup de...

  • Speaker #0

    Il y avait une base africaine.

  • Speaker #1

    Et donc, je suis allé directement à Portsmouth et on a fait une très bonne... Parce qu'après, moi mon rêve aussi, c'était la première ligue. La première ligue commençait à prendre de l'impact avec les Thierry Henry, avec les Anelka, avec tous les grands attaquants. Moi, j'ai toujours eu ce truc de... Le football italien, il est bien, mais c'est très tactique. C'est tout le temps... Moi, j'aime les espaces, j'aime courir.

  • Speaker #0

    Le football anglais, il est plus dans courir.

  • Speaker #1

    C'est plus mon ADN. L'ADN du championnat. À l'époque, il y avait Henri Camara, Papou Pajob. Tous les Sénégalais étaient là-bas. Moi, j'étais un des seuls avec Ferdinand Collier en Italie. Je me disais, putain, j'ai envie d'aller en première ligue. Dès que j'ai eu l'opportunité...

  • Speaker #0

    Après, il y a eu un très bon transfert. En Modène, le cycle était fermé. J'ai fait mes trois ans et après, je suis parti pour dix ans en Premier League.

  • Speaker #1

    Mais tu l'as dit, entre-temps, avant l'Angleterre, tu fais ta première sélection avec l'équipe du Sénégal. Là, je suis obligé de faire un passage dessus parce que, pareil, je reviens au papa. Mais le papa, il a dû être tellement fier quand il a dû porter le maillot la première fois.

  • Speaker #0

    En fait, ce qui est intéressant par rapport à ça, c'est que Moi, j'ai fait les pré-France. Quand t'es en région parisienne et qu'on sort. Donc, il y en a beaucoup qui rêvent de jouer pour l'équipe de France. Moi, mon rêve, ça a toujours été de jouer pour le Sénégal. Dès le départ. Parce qu'en fait, je me suis dit, c'est comme ça que je vais repayer mon papa. je porterais le moyao de l'équipe nationale pour lui. Moi, déjà, par exemple, je m'appelle Jomansi Kamara. Jomansi, c'est le nom de mon grand-père. Il a donné le nom du grand-père, donc moi, j'ai vraiment cet héritage familial.

  • Speaker #1

    C'est ancré dans...

  • Speaker #0

    Et à chaque fois que je venais, par exemple...

  • Speaker #1

    D'ailleurs, excuse-moi, t'interrompes, dans mes petites recherches, Kamara avec un K, parce qu'il y a eu une faute administrative.

  • Speaker #0

    Les Français, là... Moi, toute la famille est avec un C. Et en fait, quand il est parti faire la documentation, ils ont tout écrit avec un K. Après,

  • Speaker #1

    c'était compliqué pour changer. Donc, il est resté avec le K.

  • Speaker #0

    Je me rappelle même ma première sélection. Mon ami Alugo Loco, que je salue au passage, il avait écrit l'article, ce Kamara-là est un K.

  • Speaker #1

    Ah, joli jeu de mots. Pas mal, pas mal, pas mal. J'aime ça.

  • Speaker #0

    Il a fait un truc sympa.

  • Speaker #1

    Donc, première sélection.

  • Speaker #0

    Ouais, donc, première sélection. Je ne vais jamais l'oublier, en fait. Et ce qui est marrant, c'est qu'à l'époque, il y avait l'équipe du Jimens, Thierry Gilardi. Donc, c'était la grosse émission. Et il disait, le franco-sénégalais combat. Moi, je me disais, dès que l'équipe nationale m'appelle, je réponds. Et en fait, c'est pour ça aussi que j'ai eu beaucoup cet amour avec les Sénégalais. C'est que je n'ai pas été celui qui a hésité en disant non. À l'époque, je te le disais, nous, on était deux à jouer en Serie A avec moi. Et Ferdinand Colli du côté de Pérouse. Et on se voyait, on s'affrontait, il me disait alors, il faut venir. J'ai dit non, moi, dès qu'il m'appelle, je viens. Et à l'époque, il y avait un agent sénégalais qui travaillait un peu avec la FED, qui s'appelait Sidifal. Il est venu me voir, il m'a dit, l'équipe nationale qui est intéressée, qu'on sort. Alors, il dit, moi, il m'appelle. Et j'arrive. Voilà. Et donc, ils m'ont appelé en fin 2002, début 2003. Et le premier match, c'était Sénégal-Maroc. OK. Et regarde comment Dieu fait bien les choses. Toujours. C'est le premier match à Paris.

  • Speaker #1

    Hé ! Donc, tu as toute la famille qui est là, tous les copains qui sont là. Aïe, aïe, aïe. Aïe, aïe, aïe.

  • Speaker #0

    C'est pas au-delà. Ah oui. T'imagines ? Oui. C'est pas en allant. Oui. Premier match de l'équipe nationale. C'était pas au pays, c'était à Paris, région parisienne où moi j'ai grandi. Sénégal. Sénégal.

  • Speaker #1

    Non, j'imagine.

  • Speaker #0

    Et donc en fait, je me rappelle, la veille, on joue en fait contre la Roma. C'était pareil et tout ça. marque un très beau but. Une balle lobée, Thierry Gilardi parle et dit « L'équipe de France commence. » Le soir, on m'appelle, on me dit « Oui, John Mancier, on va te convoquer en équipe nationale. » Je me rappelle, j'étais trop content et qu'on sort et tout. Et moi, je voulais aussi me démarquer en équipe nationale parce que tu vois, t'arrives, les gens, ils sont là. Je me rappelle le matin, j'étais parti m'acheter un costume smalto.

  • Speaker #1

    Ça, c'est le côté italien.

  • Speaker #0

    Je me dis, t'as vu, je vais arriver en équipe nationale, mais classe. J'ai toujours voulu avoir ce côté-là de dire, ouais, les footballeurs, vous êtes des voyous. Ah, les footballeurs, vous vous habitez. Non, le footballeur, c'est quelqu'un aussi qui peut s'habiller d'une certaine manière, qui peut être un... Donc, je me rappelle, j'avais acheté un beau costume smalto. Et j'étais parti à le prendre. Le premier qui m'a accueilli en équipe nationale, c'est Eladji Diouf. Il est venu, je rentre comme ça dans le hall. Et en fait, c'était une manière de me donner confiance et du respect. Eladji m'a accueilli. Et après, depuis, avec Eladji, ça fait plus de 20 ans. Il y a des gens qui ne comprennent pas. Ils disent, ouais, c'est l'eau et le feu. C'est deux caractères.

  • Speaker #1

    On pourrait penser que c'est deux caractères différemment différents.

  • Speaker #0

    Mais Eladji, pour moi, c'est un grand frère. Ma première sélection, en fait, il m'a accueilli, on a joué à Paris. C'était contre le Maroc, il disait archi froid, mais j'avais toute la famille, tous les amis. C'est un souvenir extraordinaire. La première fois que j'ai mis le mot de l'équipe nationale.

  • Speaker #1

    J'allais demander quand tu arrives dans le vestiaire et que tu vois le maillot qui est là, avec ton nom dessus, ton numéro, que tu le mets et tu dis ça y est.

  • Speaker #0

    En fait, le seul truc, c'est qu'il m'avait... Ils avaient mis John Mancy sur le maillot. Et ils m'avaient donné le numéro 9. Et je me rappelle, on avait malheureusement perdu contre le Maroc. Mais il y avait eu un envahissement de terrain. C'était à Charletti. C'était un bordel comme pas possible. Mais ça restera un souvenir magnifique. l'équipe nationale c'est ce que je dis souvent tu peux jouer dans 10 clubs 15 mais l'équipe nationale c'est autre chose t'as qu'une équipe nationale c'est-à-dire le maillot de l'équipe nationale c'est celui que tu dois le plus plus plus respecter Tu as des millions de gens derrière toi, c'est le monde. Il n'y a pas plus beau que... C'est le Graal, en fait. Quand tu arrives à Lille, tu représentes ton pays. C'est le maximum. C'est le maximum.

  • Speaker #1

    Ça doit être une sensation incroyable. Et le premier match au Sénégal ?

  • Speaker #0

    Le premier match au Sénégal, c'était un match éliminatoire, à Paris, je me rappelle. Et en fait, c'était marrant parce que toute ma famille, je leur disais, je vais jouer avec l'équipe nationale. Ils me disaient, regarde le petit Parisien. Ils ne savent pas te jauger, tu vois. Ils me disent, toi, tu parles, tu parles. Ils me disent... Ma famille m'en vit, j'avais 6 ans. Et puis je grandissais.

  • Speaker #1

    Tu parles de ta famille qui est ici au Sénégal ? Ici, ici.

  • Speaker #0

    Et j'avais un cousin, Baba Karbaji Dembo. Il me disait, toi tu parles trop, arrête de parler. Je disais,

  • Speaker #1

    toi... Il est fou.

  • Speaker #0

    Voilà ! Il me disait, toi t'as la bouche. Est-ce que tu sais ? Je lui ai dit, toi, quand je vais jouer, tu vas me demander pardon. Et je me rappelle, la première fois que je suis arrivé, c'est lui qui est venu m'accueillir. Il m'a pris dans ses bras, il pleurait. En fait, on était au gorge d'Iraman. On était au Gordia Rama. Et quand j'arrive, peut-être 400, 500 personnes. En fait, toute ma famille de la Medina était venue. Parce qu'à l'époque, c'était une fierté.

  • Speaker #1

    L'ensemble du quartier qui est dans l'équipe nationale.

  • Speaker #0

    C'est pas comme maintenant. Maintenant, aujourd'hui, ça s'est démocratisé. L'équipe nationale... elle est à... Diabinajo, Radisson, tout ça. Non, nous, on était au Concordia. On était dans le cœur de la ville. Les entraînements, il y avait 30 000 personnes. Les entraînements, ils étaient ouverts du lundi au jeudi. Tu fermais juste le vendredi. Nous, on était vraiment le... C'est pour ça qu'il y a eu cette proximité avec le peuple.

  • Speaker #1

    Effectivement, ça se comprend beaucoup plus.

  • Speaker #0

    J'étais au Léopold Cédar Saint-Gaure. Nous, toutes les séances, en fait, les entraîneurs disaient non. Les enfants arrivent à travers vous. On est en équipe nationale. Les séances d'entraînement sont ouvertes. Pourquoi on va fermer la séance d'entraînement ? La veille du match, quand tu dois faire le système tactique et qu'on sort, tu fermes le vendredi. Mais tu l'as une semaine. Toute la semaine, les gens veulent venir vous voir, ils viennent. Moi, je suis dit, nous, on faisait des entraînements avec 30 000 personnes. C'était plein. Donc, quand j'arrive, toute ma famille dit tam-tam. en fait ils ont vu le petit Diomancy qui a grandi, à maintenant celui qui arrive en équipe nationale en équipe nationale je me rappellerai toute ma vie, après on avait gagné 2-3-0 mais franchement c'est les plus beaux souvenirs avec les Lyons dans ta carrière si tu dois choisir tu préfères tes souvenirs avec les Lyons ? et pourtant j'ai eu mes plus grosses blessures, je me suis fait les croiser en équipe nationale contre le Liberia j'ai eu mes grosses blessures avec l'équipe nationale mais les émotions que j'ai ressenties H0, sans signe nulle part ailleurs. C'est même à ce moment-là que je me suis dit, dès que j'arrête ma carrière, je vais m'installer ici. Dès le départ, je me suis dit, ça,

  • Speaker #1

    ici, je suis chez moi.

  • Speaker #0

    C'est à la maison. Ici, je vis. Ici, j'ai envie de me battre pour ces gens-là. J'ai envie, une fois que je vais arrêter le football, de créer certaines choses. Ici, c'est chez moi. C'est vraiment l'équipe nationale pour moi.

  • Speaker #1

    Ça a solidifié encore plus la relation avec le Sénégal.

  • Speaker #0

    100 fois. Et puis, l'amour des gens. Tu sais, quand les gens te rendent ce que toi, leur donnent, ça, ça n'a pas de prix.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Ça n'a pas de prix.

  • Speaker #1

    Donc, toi après, tu repars en Angleterre. Tu fais combien d'années en Angleterre ?

  • Speaker #0

    J'ai fait 10 ans.

  • Speaker #1

    10 ans en Angleterre.

  • Speaker #0

    10 ans en première ligue. Wow. De mes 22-23 jusqu'à 33 ans. J'ai fait un petit passage par l'Écosse, au Celtic. Et j'avais un de mes entraîneurs là qui était parti au Celtic. Moi, je suis quelqu'un qui aime voyager. Et j'ai eu pas mal de blessures. Un moment, quand j'étais à Fulham, j'ai arrêté pendant 8 mois, 10 mois. Et j'avais besoin de reprendre du temps de jeu. Et donc, j'avais mon entraîneur Tony Bobway qui était parti du côté du Celtic. Et je suis parti un an au Celtic. Ouais, extraordinaire aussi.

  • Speaker #1

    Et donc, après l'Angleterre, est-ce que tu vas dans un autre championnat ?

  • Speaker #0

    En fait, moi, voilà. Moi, j'avais 33 ans. Donc, j'ai fait 10 ans et tout ça. Et après, j'étais en fin de contrat. Donc, j'avais ou l'opportunité d'aller dans les pays du golf. À l'époque, il y avait les pays du golf qui... qui était Dubaï et Consor donc j'avais reçu une offre là-bas et puis après j'ai eu un club j'ai un club turc et moi à 33 ans j'avais encore envie de jouer ouais je me suis dit c'est bien d'aller à Dubaï et Consor mais où est-ce que je peux me rapprocher de ma religion ? Parce que si moi, je suis quelqu'un d'assez religieux...

  • Speaker #1

    Ouais, non, on va y venir sur ce sujet-là.

  • Speaker #0

    Pour moi, j'avais besoin de découvrir autre chose et je me suis dit, ah, la Turquie, ouais. Et à ce moment-là aussi, il y avait Dembaba, Moussa So, Isardia, Doudou Jacques Fatih. Il y avait une petite communauté sénégalaise là-bas et ils me disaient, c'est la Turquie qu'on sort. Et donc, je suis parti trois ans, j'ai fait trois ans à Eskişir.

  • Speaker #1

    Les supporters turcs, ça doit être quelque chose. Non,

  • Speaker #0

    c'est la Turquie. moi en fait c'est ça que j'aime le football pour moi c'est la passion j'ai toujours aimé ce côté sulfureux des ambiances de malade après quand tu joues Fenerbahce Galatasaray Peshikta ça doit être une folie les stades là-bas quand c'est des gros derbis non même nous franchement on est arrivé là-bas Eskichir c'était un bon petit club C'était un bon club qui se maintenait. En deux ou trois ans, on a fait de très bonnes chances de qualifier en Coupe d'Europe. On a fini cinquième. On a fait des préliminaires de barrage pour jouer l'Europa League contre Marseille. Donc vraiment, là-bas, ma première année, j'ai mis 15 buts. J'avais 33 ans. Donc non, franchement, j'ai super expérience de vie à la Turquie.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu avais une célébration ?

  • Speaker #0

    Oui, moi, c'était ça.

  • Speaker #1

    La folie.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Tu vois, même avec... Alors ma femme, son plus grand rêve, c'est de courir et de sauter sur les genoux et de glisser. C'est-à-dire qu'à chaque fois qu'elle voit cette célébration d'un joueur de foot, elle se dit mais ça doit être une sensation quand tu fais ça, que tu as un stade qui crie parce que tu as marqué et que tu glisses dans le truc à chaque fois.

  • Speaker #0

    L'adrénaline, tu sais marquer. Moi, des fois, c'est ça qui me manque. Oui, j'imagine. Ce n'est pas deux jours.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu en rêves ? Ça, c'est une question que je me pose. Maintenant, tu n'es plus dans la carrière, tu ne joues plus. Mais est-ce que ça t'arrive quand tu dors de re-réveiller quand tu as marqué un peu plus ?

  • Speaker #0

    Non, en fait, c'est le... l'émotion, la sensation. Le sport, en fait, c'est transmettre des émotions et des sensations. Et en fait, ça, tu le vis. Pour moi, il n'y a pas plus beau que marquer un but. Marquer un but dans les dernières minutes. Par exemple, quand Sadio marque le but contre l'Égypte. Oui,

  • Speaker #1

    non. Le niveau de pression, je n'imagine pas, mais le niveau de délivrance,

  • Speaker #0

    quand tu le mets. C'est ça. À la dernière minute, tu marques des buts extra-hauts. Des recours. Franchement, c'est... Et moi, ma salubration, parce qu'à l'époque, quand j'étais en Angleterre, j'ai eu pas mal d'offres et après je m'étais cassé le métatars en fait mon président moi c'est ce que j'ai malheureusement très souvent eu dans mes dans mes clubs les présidents ne voulait pas me laisser partir ah ouais attaché à l'eau était souvent attaché à moi en fait j'ai souvent eu des offres et je devais partir à moi je devais partir au pg ça s'est pas fait je vais partir à bordeaux c'est pas fait je devais partir au milan c'est parfait si tu avais joué au pg non ça c'était mon rêve c'est ça que j'avais dit à ça qu'il manque non je te jure

  • Speaker #1

    C'est pas trop tard.

  • Speaker #0

    Non. J'ai failli, mais malheureusement, ça ne s'est pas fait. Et en fait, mon président, à l'époque, quand j'étais à West Brom, pendant la période du Mercato, il ne m'a pas laissé partir. Et après, il me disait non, entraîne-toi et ceci, cela, le temps qu'on trouve. Et quand je m'entraîne, je me casse, je me fais une blessure au métatars et je suis absent trois mois. Et donc, en fait, il m'a empêché de partir où je voulais.

  • Speaker #1

    OK.

  • Speaker #0

    Et donc, en fait, ça, je l'ai très mal vécu. Et le premier match où je suis revenu, on jouait West Bromleitz, je rentre, après trois mois de blessure, et on gagne 4-2, je marque deux buts. Et dès que je marque, je vais voir le président et je lui fais comme ça. Je t'ai fâché avec lui. Je lui ai dit, mais toi, t'es... je lui ai dit toi t'es fou et en fait lui il l'a mal pris deuxième match deuxième but je vais le voir et je lui ai dit encore t'es fou et lui il savait que c'était pour lui le week-end d'après je marque encore deux buts et après je me suis dit ah ouais ça c'est ça c'est ma célébration et après elle

  • Speaker #1

    est restée comme ça mais c'est fou ce que tu dis parce que tu vois pareil nous grand public on se rend pas compte de tout ce qui est politique dans le jeu et tu vois je pense que tu marques Et toi,

  • Speaker #0

    tu vas provoquer ton directeur. Je lui dis, t'es fou. Et en fait, c'est comme ça, ça me... Tu sais, l'adrénaline, on sort.

  • Speaker #1

    Comment, à ce moment-là, tu marques ? Et là, ta première réaction, c'est pas, je vais voir les supporters. C'est, je vais te montrer que...

  • Speaker #0

    Voilà, voilà. Mais en fait, c'est pour ça que le football, c'est beau. Je me rappelle aussi un jour d'une célébration d'Ade Bayor. Tu te rappelles quand il était parti du coach.

  • Speaker #1

    Il a ru tout le terrain pour aller voir les anciens supporters.

  • Speaker #0

    En fait, des fois, là, tu...

  • Speaker #1

    T'as folie.

  • Speaker #0

    Le sang monte au cerveau et tu réfléchis plus. C'est ça aussi qui est beau. Ça fait partie du sport de haut niveau.

  • Speaker #1

    Donc, tu finis ta carrière de footballeur en Turquie.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Et avant d'arriver à la suite, après ta carrière de footballeur, ça c'est une des questions fortes pour moi pendant notre discussion. À quel moment tu embrasses l'islam dans ta vie ? Parce que pour les gens qui te suivent, pour les gens qui te connaissent, Tu es quelqu'un qui fait beaucoup de rappels, qui est très engagé, qui défend les valeurs de cette religion énormément, qui va souvent faire des pèlerinages et tout, et qui transmet de très beaux messages par rapport à notre religion. Mais en tant qu'enfant métisse, comme tu l'as dit tout à l'heure, tu as la maman qui est catholique, le papa musulman. Est-ce que toi, tu découvres ta religion très jeune ou c'est plus un peu comme moi, moi dans l'adolescence. Moi, c'est dans l'adolescence, je vais dire fin d'adolescence, 18 ans, 19 ans, que je me dis que je me considère musulman, je suis musulman et je veux embrasser cette religion-là. Comment toi, ça arrive dans ta vie ?

  • Speaker #0

    Pour moi, c'est très simple. Tu sais, même dans la religion musulmane, on dit que c'est le papa qui transmet la religion. Donc moi, je n'ai musulman, je ne suis pas quelqu'un qui me suis converti ou moi, Ma maman m'a initié au christianisme. Non, mon père. Vous êtes musulman,

  • Speaker #1

    mes enfants seront musulmans. Voilà. D'accord.

  • Speaker #0

    Donc il y a eu tout le temps cette tolérance-là, que ce soit ma soeur, mon petit frère. On ne mange pas de porc, on est musulmans. Notre maman, elle respecte ça. Donc ça, c'est le papa. Et après, il y a différence entre être musulman et pratiquant. Donc ça veut dire que moi, je grandis un peu comme tous les enfants. Tu pries, tu ne pries pas, tu fais des trucs à gauche, ton adolescence et tout ça. Moi où j'ai vraiment commencé à me rapprocher de l'islam, c'est vers les coups de 16-17 ans. Même mes voyages ici au Sénégal me faisaient du bien. Et j'ai toujours eu cette... Par contre, j'ai toujours eu beaucoup de tolérance envers tout. toutes les religions. Moi, j'ai toujours eu ce cheminement spirituel de comprendre pourquoi tu faisais les choses. Et pour moi, l'islam, c'est juste la continuité du judaïsme, du christianisme, et ensuite, tu arrives à l'islam. Donc, en fait, pour moi, c'est quelque chose de très logique. Et après, ma pratique, elle a été... Elle a augmenté au fil des ans. Et puis, moi, je pense que la religion, c'est quelque chose de très personnel. Mais dans le monde dans lequel on vit actuellement, on dénigre tellement... l'islam que moi je me dis c'est important qu'on véhicule certaines paroles et que nous personnes des médias ou personnes un peu un peu du pouvoir public on puisse apporter une autre image et véhiculer certaines paroles qui font qu'elles vont contrecarrer ce que les médias populaires et tout et c'est la même image de non moi je suis quelqu'un je vais pas mettre en avant ma religion ou ma pratique point Mais je me suis dit, et en fait, ça, c'est un de mes premiers voyages que j'ai fait à la Mecque. En fait, moi, je suis parti très jeune à la Mecque faire ma première Oumra. Parce que nous-mêmes, dans l'équipe nationale sénégale, on était une petite communauté où on était quand même pas mal religieux. Donc, moi, ma première Oumra, je l'ai fait, j'avais 23 ans. à différence d'autres jeunes qui aiment se dire moi tiens j'ai 22-23 ans je vais aller non moi je me suis dit Dieu m'a beaucoup donné il m'a permis de réaliser mon plus grand rêve d'aider ma famille donc on est parti d'Embaba, Moussasso Issiardia, Jacques Fatih il y avait à l'époque Djibril Sidibé aussi qui était en équipe de France, on est parti à 6 et on a fait la première Oumra à 23 ans, et donc ça ça m'a beaucoup ouvert l'esprit sur comment me comporter en communauté quelle était l'importance d'être un sportif de haut niveau parce que grâce à Dieu on a réussi à rencontrer Cher Soudaïs pour ceux qui ne le connaissent pas c'est l'imam de la Mecque c'est un des plus grands récitateurs au monde, c'est comme si dans le football ... si vous croisez Cristiano Ronaldo ou Messi. Donc lui, pour avoir audience avec lui, c'est...

  • Speaker #1

    C'est extraordinaire.

  • Speaker #0

    Très, très compliqué. Et donc, il y a un grand frère qui s'appelle Abdel Rachid, un ancien footballeur qui s'est converti. Lui, il avait pas mal de connaissances là-bas. On a réussi à rencontrer l'imam de la Mecque. Et en fait, lui, il nous a donné deux conseils. Donc, on était là, on a dit, cher, est-ce que tu peux... Il a dit, le premier conseil que je vous donne, c'est accueillir toujours les gens avec un visage souriant. Lui, tu le vois, c'est une lumière. Tu sais, quand il arrive à la mer, quand il va faire ses... Il a des gardes du corps, c'est une personnalité, mais l'aura qu'il dégage... Et tu sais, beaucoup de gens disent dans l'islam, les gens sont fermés. L'islam, c'est... Assalamu alaikum, c'est que la paix soit pour toi. L'islam, c'est une religion de paix. Ceux qui veulent essayer...

  • Speaker #1

    La diaboliser, de toute façon, oui.

  • Speaker #0

    C'est la paix. Donc, lui nous a dit, première des choses, visage souriant. Parce que les gens, ils vous lisent, ils vous regardent. Si tu as le visage fermé, directement, tu peux... éloigner des gens de la religion. Et le deuxième conseil, il a dit le bon comportement. Il a dit, et un comportement parce que les gens, ils lisent pas le Coran, ils vous lisent vous. Ils disent que c'est toi le musulman. Regarde comment tu vas te comporter. Il dit, vous, en tant que footballeur, vous êtes des ambassadeurs de la religion. Donc essayez toujours d'avoir un bon comportement. C'est pas par la parole, c'est par ce que vous faites. Les gens, ils vous lisent vous. Et moi, c'est quelque chose qui m'a marqué. Je me suis dit, ah, quand même, il va toujours falloir essayer d'avoir un comportement bon. en adéquation avec nos paroles. Et même des fois, sans parler, les gens vont te regarder. C'est comme tes enfants. Toi, tu as des enfants. Les enfants, ils sont beaucoup dans le mimétisme. Ils ne sont pas là. Tu ne parles pas, tu vas faire ta prière. Ton fils ou ta fille vont venir, elle va prier.

  • Speaker #1

    Effectivement.

  • Speaker #0

    Donc, moi, j'ai toujours eu un peu ce côté spirituel. Et après, j'ai fait quatre ou cinq ou moins. Et l'année dernière, grâce à Dieu, j'ai pu faire mon hajj. Donc, ça, c'était le maximum.

  • Speaker #1

    Et c'est fort, comme tu dis, qu'à 23 ans, surtout quand tu es dans... ce milieu-là, d'être conscient et de ne pas être attiré justement par la pas des lumières de l'autre côté, de la célébrité et tout, et de te dire que j'ai une conscience, j'ai une responsabilité vis-à-vis de l'opportunité que Dieu m'a donnée et je me dois de saisir cette opportunité et de... et de faire au mieux avec la chance que j'ai pour apporter aux autres. Et donc, tu finis ta carrière de footballeur. Quand tu finis, est-ce que tu as déjà la vision de ce que tu fais actuellement ? On va y venir, c'est-à-dire le développement de jeunes, création de centres de formation et tout. Ou est-ce que c'est quelque chose que, quand tu finis ta carrière, tu t'arrêtes et tu te dis après, je vais voir ce que je vais faire ? Ou c'est quelque chose qui est déjà visualisé ?

  • Speaker #0

    En fait, moi, c'est exact. Moi, je vis dans l'instant présent. C'est bien de préparer, mais c'est bien de ne pas trop se projeter. Parce qu'aujourd'hui, on est là.

  • Speaker #1

    Exactement, on n'a aucune garantie.

  • Speaker #0

    Donc moi, en fait, dans ma structuration, je me suis dit que je vais me marier aussi très jeune. D'accord. C'était parce que... comme tu l'as dit, les strass, paillettes, tu peux très, très rapidement te perdre. Ça veut dire que chaque âge a ses plaisirs, mais à un certain moment, il faut savoir dans quelle direction tu vas aller. Donc moi, la femme avec qui j'étais très jeune, je ne me suis pas dit, ah ben maintenant, c'était difficile quand on était en bas. Une fois que j'arrive en haut...

  • Speaker #1

    Allez, salut ! Non, non.

  • Speaker #0

    Dans la vie, il faut être reconnaissant. C'est ce que j'inculque également aux jeunes avec qui on travaille. C'est que ceux qui t'ont aidé ou ceux qui t'ont soutenu, quand c'était compliqué, c'est eux les premiers qui doivent être bénéficiaires de ta réussite. Et donc moi, j'ai décidé à 22-23 ans déjà, je me suis marié. Et après, j'ai fondé ma famille. Donc ce socle familial, ça m'a beaucoup permis d'avancer. Je te le dis, même si aujourd'hui, je n'aurais pas eu ma femme, il y a beaucoup d'erreurs que j'aurais faites. Et donc, nous, qu'est-ce qu'on a décidé ? On a... on a décidé d'avoir un certain capital. Et à la fin, parce que tu ne sais jamais où est-ce que tu vas finir les opportunités de vie et qu'on sort, moi, j'ai arrêté à 35 ans. Et ça, à 35 ans, je me suis dit, bon, maintenant, voilà, on a un petit peu capitalisé. Qu'est-ce qu'on va faire ? Donc, c'est venu au fur et à mesure, mais c'est pareil. Je me suis dit... Il y en a par exemple qui vont se projeter. Aujourd'hui, on peut voir Abib Bey, par exemple, entraîneur. Lui, il a toujours eu l'âme d'entraîneur. Abib, même quand on était en équipe nationale, il prenait ses notes. Il a toujours Omar Dhaf paré. Donc, ils avaient vraiment cette fibre-là. j'avais beaucoup plus la fibre fondation je voulais être vraiment dans le social je me suis dit s'il faut que je fasse quelque chose c'est dans l'impact social voilà parce que j'ai beaucoup travaillé ici avec l'Empire des Enfants avec SOS Enfants donc j'ai toujours eu ce côté de give back ça veut dire que Dieu il m'a donné quelque chose comment je vais pouvoir le rendre parce que mon papa il me disait une chose très souvent il m'a dit le plus important dans la vie c'est pas que que tu aies réussi à être footballeur professionnel. Le bon Dieu ne va pas te dire, voilà aujourd'hui, il va te dire, qu'est-ce que tu as fait de ta notoriété ? C'est ça. Voilà.

  • Speaker #1

    Tu seras jugé sur tes actes.

  • Speaker #0

    Ce n'est pas sur combien de... On dit, oui, tu as gagné le Ballon d'Or, tu as gagné la Ligue des Champs. OK. Bon, maintenant, comment tu mets ta notoriété au service de la communauté ? Dieu va te dire, j'ai donné cet argent, qu'est-ce que tu as fait avec cet argent ? Tu avais l'opportunité d'être impactant sur les jeunes. Est-ce que tu as été impactant sur les jeunes ? Donc nous, en 2015, quand j'arrête ma carrière, avec mon épouse, Un terrain ici, on avait notre maison, on a dit à Dieu, on prend les bagages, on prend les enfants et on rentre en Afrique.

  • Speaker #1

    Masha'Allah. J'ai une question. Finalement, ton bac à 17 ans, tu l'as passé ?

  • Speaker #0

    Non, je ne l'ai pas passé.

  • Speaker #1

    Parce que ma question, c'est quand tu finis à 35 ans, est-ce que ta maman dit bon ? Maintenant, ça y est, tu le passes le bac ?

  • Speaker #0

    Je suis le seul de la famille qui n'a pas eu son diplôme. On rigole avec mon frère et ma sœur, mais bon, on a eu le diplôme de la vie.

  • Speaker #1

    Exactement. Donc, tu rentres au Sénégal avec ta famille. Ta femme, elle est sénégalaise ?

  • Speaker #0

    Ma femme, elle est mauricienne réunionnaise.

  • Speaker #1

    Mauricienne réunionnaise, ok. Les enfants, ils doivent être magnifiques. MashaAllah.

  • Speaker #0

    Elles sont pas mal.

  • Speaker #1

    Mais elle, elle connaissait le Sénégal de venir avec toi.

  • Speaker #0

    Oui, on venait en fait. Elle m'a suivi et elle, c'est pareil. Tu sais, quand tu commences à voyager, au départ... Paris, tu as des grandes lumières. Et là, Paris, c'est magnifique. Mais quand tu commences à sortir, tu te dis que non, tu ne peux pas vivre à Paris. Tu vas à Londres. Londres et Paris, c'est deux mentalités qui sont complètement différentes. Moi, j'ai vécu à Rome, j'ai vécu à Istanbul, j'ai vécu à Ankara. j'ai fait à peu près tous les pays du monde même à la fin de ma carrière j'ai même joué en Inde trois mois oui c'est vrai j'avais vu ça parce qu'en fait quand je rentre au Sénégal moi je suis quelqu'un quand même je fais attention je m'entraîne et tout ça et à l'époque il y a un agent Bruno Satin il me dit mais Diomansi pourquoi t'arrêtes de jouer tu peux encore tu peux encore, je dis non mais t'as vu moi ça y est c'est bon je vais rentrer dans le monde des affaires et qu'on sort et je me dis non on est en train de lancer une ligue avec Olivier Dacourt et tout ça, il y a Très Aigué il y a Nelka, il y a Consor il y a une draft, ça peut être sympa, et moi j'aime voyager en fait je trouve que découvrir des cultures c'est bien de jouer au foot mais c'est bien aussi de voir les choses à Ausha droite donc je pars en Inde Je laisse ma femme et mes filles ici et je pars en un de quatre mois. Donc après, une fois qu'on ferme cette parenthèse, tu sais ce qui est très important, c'est que dans ta structure familiale, c'est qu'il faut que ton épouse, elle soit bien quelque part. Parce que moi, je suis quelqu'un qui voyage beaucoup. Donc je lui ai dit...

  • Speaker #1

    Où est-ce que tu te sens bien ?

  • Speaker #0

    Voilà. Et elle, dès le départ, elle m'a dit, moi je me sens bien au Sénégal. Ah ça va. Donc on a dit, si c'est le Sénégal, alors on avait déjà notre maison. On a dit, allez, on rentre au Sénégal. On avait ce projet de faire un immeuble pour sécuriser nos investissements et également travailler dans le football et dans le social. C'est ça,

  • Speaker #1

    parce qu'aujourd'hui, maintenant, tu travailles beaucoup, toujours dans le football, mais beaucoup avec des jeunes aujourd'hui. Si je ne dis pas de bêtises, tu as monté une école qui est au Mali.

  • Speaker #0

    Tout à fait.

  • Speaker #1

    Exactement. Depuis combien de temps cette école existe ?

  • Speaker #0

    En fait, le concept... Moi j'ai travaillé avec mon agent, lui c'était un malien. Il m'a donné l'opportunité, donc pendant 20 ans on a cheminé et à la fin on a dit erreur. créant notre propre école de football. Parce qu'on voyait, en fait, moi, c'est ce qui me dérangeait, c'est que je voyais qu'il y avait beaucoup de talent en Afrique, mais les gens, ils venaient trop l'exploiter. Ça veut dire qu'aujourd'hui, on pouvait former un jeune et les Européens venaient et ils payaient des cacahuètes pour prendre nos jeunes. Et surtout, la... La qualité aussi de l'enseignement, elle n'était pas au niveau que moi je...

  • Speaker #1

    Que tu avais connu.

  • Speaker #0

    Que j'avais connu. Donc je me suis dit, viens on crée une académie ici pour pouvoir aujourd'hui rendre au football ce que le football m'a donné. C'est-à-dire que moi j'ai réussi, j'ai vu que ça a été un ascenseur social pour moi. Au lieu de créer une fondation où je travaille avec les jeunes, je vais mettre un projet global, football, éthique, et on crée notre structure. Et comme on avait les personnes ressources directement sur place, parce que ce qui fait... fait le projet, c'est pas l'argent. Il y a beaucoup de gens qui se disent tiens, j'ai investi de l'argent. Non.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as les bonnes personnes pour construire, mener ce projet ?

  • Speaker #0

    Parce que quand la barque va tanguer, il faut que tu aies des personnes solides. Et nous, on avait vraiment ces personnes-là qui étaient directement au Mali. Et c'est pour ça qu'on a appelé notre projet Afrique Football Elite. Parce qu'on ne le situe pas dans un lieu, mais dans un espace-temps. Ça veut dire que c'est au Mali, mais avec la vision de se dire qu'on va prendre les meilleurs de la Côte d'Ivoire, du Mali et du Sénégal, et Et en agrandissant, on va créer des petites surcursales, une plus tard au Sénégal et une plus tard au Côte d'Ivoire. Donc, c'est vraiment un projet panafricain fait par des personnes panafricaines parce que tout notre staff est pratiquement ivoirien. Les fondateurs sont maliens et sénégalais. Et ça prouve que l'Afrique unie, on est capable de pouvoir faire vraiment des très belles choses. Et ça, on me l'a dit, oui, mais John Mansi, pourquoi tu n'as pas créé ça au Sénégal ? J'ai dit, nul n'est prophète dans son pays. Pour moi, le but, c'est de montrer que moi, je travaille pour la jeunesse africaine. Je ne travaille pas pour un pays. Pour moi, les frontières, c'est... Avant, le Sénégal, c'était l'empire du monde dingue. Si on connaît vraiment l'histoire de l'Afrique, aujourd'hui, on a mis des barrières. On se dit, on se fait la guerre entre les Maliens, les Sénégalais. Non, nous, on est Africains. Ça veut dire que moi, ça me fait plaisir de représenter, quand je vais dans un club, un petit Ivoirien, un petit Sénégalais, un petit Malien. Bien évidemment qu'on a envie de développer notre pays. Mais le pays, le développement du pays, ce n'est pas l'endroit où tu vas mettre ta base. C'est comment tu vas travailler ta société. ta structure pour après arriver à ce niveau-là. Et c'est comme ça notamment qu'après, j'ai découvert Nicolas Jackson avec lequel on a travaillé. Donc moi, j'ai vraiment une vision panafricaine de me dire que nous, les grands frères aujourd'hui, on va être là pour les protéger, pour avoir un enseignement de qualité et ensuite, pour venir chercher des jeunes chez nous, ça va coûter. parce que vous n'allez plus venir aujourd'hui piller nos ressources, venir prendre nos jeunes footballeurs, les amener là-bas. Et après,

  • Speaker #1

    c'est vous qui vous faites de l'argent sur eux.

  • Speaker #0

    Voilà, avec votre méthodologie. Donc nous, on est vraiment au début, au milieu et à la fin. On forme. On fait partir les joueurs. Moi, je n'aime pas dire vendre. On les fait partir et ensuite, on les accompagne.

  • Speaker #1

    Et surtout, vous les accompagnez énormément parce que pour suivre un petit peu ton contenu, ce que tu fais, j'ai vu que le pauvre Nicolas Jackson a subi énormément de critiques en début de saison et en fin de saison dernière, début de saison. Et j'ai vu comment tu as pris régulièrement la parole, régulièrement la parole pour le défendre, régulièrement la parole pour critiquer un petit peu ces médias. qui était prêt à le descendre tout de suite sur la place publique pour vendre des gros titres, vendre des trucs. Et aujourd'hui, quand on voit les performances qu'il fait en ce moment, plus personne ne dit rien. Et moi, j'ai trouvé ça vraiment fort de... C'est ça, que tu ne te laisses pas marcher sur les pieds et que tu crois en ce jeune que tu as découvert, tu crois en son potentiel, tu connais son potentiel. Et je trouve que lui-même, ça doit le galvaniser de dire que...

  • Speaker #0

    Mon grand frère, là, il est avec moi. Comme tu as dit, quand ça tombe, il est avec moi et il ne me laisse pas tomber.

  • Speaker #1

    Après, comme tu l'as dit tout à l'heure, il y a quelque chose, c'est aujourd'hui les réseaux. Ça a un impact tellement néfaste. Tout le monde aujourd'hui peut parler, dire tout et n'importe quoi. Et tant que pour moi ce sont les médias français ou les médias européens qui tombent sur nos jours africains, entre guillemets ça va pas me déranger. Mais quand c'est nos propres frères, c'est là où quand je vois par exemple un Obi-Mikael, la manière dont il s'est comporté en essayant de descendre le petit, c'est là où moi ça me fait mal. c'est pour ça par exemple que moi j'avais décidé aussi de travailler à Canal+, en tant que consultant, pour que nos voix portent, qui parle pour nous, qui parle pour nos joueurs. Moi j'aime bien le football et les concerts mais à un moment c'est ce qu'on s'est dit avec les Patrick Mboma, avec les Fousey Diawara, avec les… les Kabaddi Awara, il faut qu'on soit dans les médias. Il faut que les gens nous entendent. Il faut qu'on puisse faire barrière. Parce que si tu les laisses, ils vont pouvoir dire tout et n'importe quoi. Et moi, c'est pour ça que, quand je travaille à Canal+, Afrique, c'est pas pour me dire, voilà, aujourd'hui, je suis content. Non, notre voix va compter. S'il faut qu'on puisse protéger nos jeunes, on va également le dire avec notre vision, avec notre pragmatisme. Et Nicolas Jackson, c'est quelqu'un qui a reçu beaucoup de critiques.

  • Speaker #0

    Énormément.

  • Speaker #1

    Moi, je l'ai connu, il était au village. Jackson. La première fois que je l'ai vu, j'ai dit, ce petit, c'est un génie. il va faire de très grandes choses. Qui est sorti d'un village en Casamance en cinq ans à arriver à Chelsea. Donc, il a eu un parcours extraordinaire. Bien évidemment, il va faire des erreurs. Il y a encore quelques déchets techniques. Il doit s'améliorer. Ça, on n'en dit ce qu'on vient pas. Mais ce qu'il a réussi à faire en si peu de temps, c'est extraordinaire en fait. Tu vois un petit qui est passé du Casa à Villareal, de Villareal à Chelsea. Il a eu une ascension fulgurante. Et ces mêmes gens veulent nous expliquer que lui, il ne sait pas jouer au football ou qu'il n'est pas capable. capable de marquer des buts, alors que le petit, en même pas deux ou trois ans, il est déjà à 40 buts entre la Liga et la Première Ligue. Donc en fait, c'est de la méchanceté. C'est toujours avoir un regard qui est différent. Et moi, à ce moment-là, je me dis non, je ne peux pas te laisser. Donc c'est là où nous, les grands frères, on va prendre position avec toujours de l'objectivité. Parce que la critique positive, pour moi, elle est importante, même pour le footballeur. Tu as toujours une marge de progression. Mais être méchant pour méchant, pour moi, je ne peux pas laisser passer. Mais après, le plus important, par exemple, c'est... Nicolas Jackson, moi dans mon accompagnement c'est quel homme tu es en train de devenir. Quand je vois qu'il était dans des situations compliquées et qu'aujourd'hui il a acheté une maison à sa maman au Sénégal et qu'on était là dans cette situation. structure. Moi, c'est là où je suis fier. Et c'est là où je me dis, il est en train de donner le bon chemin. Quand il va dans son village et qu'il achète tout le matériel scolaire pour tous les enfants d'où il est issu, qu'il donne des sadakas, qu'il fait des réparations de mosquées, qu'il donne des sacs de riz, c'est là où je me dis ouais, on a réussi. Tout ce que vous dites. ça peut pas le toucher parce que moi c'est l'homme que t'es en train de devenir qui me fait comprendre que oui ce qu'on est en train de faire avec toi on est sur le beau chemin et on va continuer à les protéger et oui ils ont besoin d'avoir ce soutien de ces grands frères qui sont là Par exemple, Didier Drogba, il a pris la parole pour dire laisser Jackson. Moi aussi, quand je suis venu à Chelsea, c'était compliqué. Il a même pris son téléphone et il a parlé avec lui. On a parlé, Didier m'a dit, passe-moi le petit, je vais parler. A Debailleur, la même chose. A Debailleur, il m'a dit, il l'a appelé. et en fait il faut qu'on arrive à créer une coalition de se dire que non nous les Africains on doit être solidaires les uns avec les autres mais comment une personne par exemple aujourd'hui comme Obi Mikel qui est un grand, qui a fait énormément de choses pourquoi tu vas tomber sur le petit pour essayer de le descendre devant les autres non ça nous on peut pas l'accepter et on va toujours le combattre

  • Speaker #0

    C'est fort que quand même aujourd'hui tous en tant qu'anciens footballeurs vous ayez gardé quand même ce lien tous ensemble, tu vois vous avez été adversaires en équipe nationales, dans des clubs et tout. Mais aujourd'hui, on sent vraiment, comme tu le dis, un Didier Drobois qui t'appelle et tout, un débailleur qui t'appelle. Vous avez cette unité. J'ai l'impression quand on vous regarde un petit peu ensemble, dès qu'il y a des grandes compétitions et tout, on sent ce côté grande famille. Tu vois, quand on vous voit tous ensemble et tout. Et pour que le grand public aussi peut-être s'en rende compte, parce que comme tu dis, toi, quand tu vas pour être sur un plateau canal, excuse-moi, mais financièrement, t'en as pas besoin. c'est pas ça qui va te faire donc c'est vraiment que tu le fais parce que tu penses que c'est nécessaire que ta voix en tout cas que tu sois là pour défendre ces gens là et c'est pour ça que j'insiste beaucoup sur ça c'est pour que les gens comprennent que quand tu vas là-bas c'est parce que ça te tient à coeur et que t'as vraiment envie de défendre ces jeunes là et pour clore un petit peu notre discussion parce que je pourrais parler pendant des heures avec toi j'ai tellement de questions foot et tout et tout ça mais c'est quoi tes questions où tu te vois dans 5 ans ? Est-ce que tu te projettes à ce niveau-là déjà ? Ou est-ce que, comme tu disais tout à l'heure, tu préfères rester dans le... D to D, au pire, tu vois sur six mois, mais tu ne veux pas aller aussi loin et tu avances. Comment tu avances ?

  • Speaker #1

    Déjà, se répondre sur la question de ce qu'on a réussi à créer entre les adversaires d'hier et aujourd'hui, les ramifications où vraiment... On est comme des frères. Ça veut dire qu'aujourd'hui, que ce soit Djedji Ausha, Adé Bayor, Samuel Eto'o, Djedrogba, toutes les légendes du football africain, on a un grand frère qui s'appelle Anthony Bafoué, qui est lui au Ghana. Moi, j'ai travaillé à la CAF en tant que THD, Technical Study Group. En fait, j'étais rentré pour amener mon expertise sur le football africain et comprendre quelles étaient les problématiques et comment on pourrait être impactant sur le développement du football africain. Donc, j'ai travaillé pendant quatre ans là-bas. et en fait lui il a créé un petit organisme qui s'appelle les légendes du football africain et c'est à ce moment là qu'il les a tous réunis il a dit attendez à un moment nous il faut qu'on fasse bloc il y a le Varieté Club de France ils font pourquoi nous l'Afrique on réfléchirait pas en une seule et même voix et il a créé cette petite association qui s'appelle les légendes du football africain c'est pour ça que tu nous vois très fréquemment faire des matchs de football ou quand il y a des grandes cérémonies à la CAF il faut qu'on sorte tous les anciens footers parce qu'on dit il y a les politiques mais en fait qui sont les vrais acteurs ? Les vrais acteurs sont les joueurs. Et on avait écarté les joueurs de cette petite... Mais c'est un peu ce petit engrenage, parce que le joueur, lui, il va toujours regarder l'intérêt du footballeur. On n'est pas dans des histoires de... Oui, non, non, non, on voit... Non, l'important, c'est comment on peut faire pour que nos petits frères, aujourd'hui, puissent récolter ce que nous, on avait sommé. Parce qu'en réalité, nous, on est des éclaireurs. Nous, on est partis là-bas, on a ouvert la voie. Maintenant, ce que nous, on a fait, ça doit servir à... à nos petits frères et c'est pour ça que moi des fois je n'arrive pas à comprendre que certains ne veulent pas que les petits soient meilleurs que nous oui à notre époque mais nous c'est fini notre temps il est passé moi aujourd'hui si je vois un Jackson il est à Chelsea mais c'est là où j'ai réussi avec ce que j'ai réussi à faire je suis là les petits conformes ils sont là mais après dans 10 ans il faut que d'autres petits soient là il faut que c'est pas normal qu'aujourd'hui dans le football un George Weah on ait qu'un seul ballon d'or africain un ballon d'or surtout les talents à Yaya Touré mériter un Samuel Hunt, un Drogba, non. Donc ça veut dire que nous, on doit viser l'excellence petit à petit, petit à petit, petit à petit. Et c'est pour ça que tout à l'heure, quand on disait qu'on a fait une coalition, on a fait une coalition, on va être beaucoup plus forts tous ensemble. Ça, c'était le premier point. Sur le deuxième point de Canal+. Regardez un Abibé. Abibé, quand il va sur les plateaux télé, il ne se démonte pas. Quand je vais sur un plateau télé, je ne me remonte pas. On ne va pas se démonter. Pourquoi ? Parce qu'on a eu la même réalité que vous. On a joué dans les mêmes championnats que vous. On a eu les mêmes titres que vous. Vous avez fait des Coupes du Monde, Coupe d'Afrique, Coupe d'Europe. Ça veut dire qu'on a à égalité.

  • Speaker #0

    Ce que vous avez vécu, on l'a vécu.

  • Speaker #1

    Voilà. Et on a la chance qu'avec, normalement, Canal+, Afrique, qu'un grand directeur, Pierre Chodzek, qui lui donne la parole et nous dit ne vous bridez pas. Moi, à un moment, pourquoi j'ai fait l'émission droit dans les yeux ? On voit Sadio Mane, il fait des saisons extraordinaires, on a du mal à le placer dans le ballon d'or. Ça veut dire que on a un vrai problème d'archives. Et c'est ce que tu disais, on le disait même en off. Le Sénégal, il a été champion d'Afrique. Elles sont les images. Ce n'est pas possible. On doit vivre à travers ça. On doit se dire que nous, dans dix ans, regardez ce qu'ils ont fait les petits frères, regardez ce qu'a fait un Néla Djidjouf, regardez ce qu'a fait un Khalilou Fadiga, regardez ce qu'a fait un Sadio Mane. Mais on n'a pas d'archives. Donc, à un certain moment, il faut que nous aussi, on arrive à placer le curseur un peu plus haut dans les médias. C'est pour ça qu'aujourd'hui, ton podcast, il est trop intéressant. Non, mais c'est la réalité. Nous, on regarde. Moi, je me dis, Olivier, il est en train de donner de la force. Il donne la parole à ceux qu'on n'entend pas. Demain, un petit jeune va être à l'autre bout du monde. Allez, je vais sur YouTube. Je regarde. Ah ouais, ça, c'est inspirant. Nous, on doit être des inspirations. C'est pour ça, même ton T-shirt. On doit être des inspirations. On doit être inspiré de vous dire. Toi, tu vois, du moment où il est à la télé, moi aussi, je peux être à la télé. Il sait parler. Moi aussi, je vais apprendre à parler. On ne va pas se mettre... On ne va plus se minimiser. Nous, l'Africain, on est là. On va continuer à rêver grand et à avoir de grandes aspirations. Et après, comme tu le dis, tu disais sur où est-ce que je me vois, moi, je ne suis pas quelqu'un de politique. Il y a beaucoup de gens qui m'ont dit, ouais, John Monsi, on aimerait bien que tu sois président de la Fédération Sénégalaise de foot. Non. Moi, je peux travailler avec toi sans être dans les petits papiers. Moi, ça fait dix ans que, dès que j'ai arrêté ma carrière de football, je suis avec l'équipe nationale du Sénégal. Je parle tout le temps avec le président. J'ai un très bon rapport avec les joueurs. Moi, je me vois comme un... Moi, comme une petite fourmi. Moi, je suis un bosseur. Moi, j'aime le terrain. Ce que j'aime, c'est développer mon académie, être aux côtés des jeunes, avoir le... le plus, le plus, le plus, le plus de joueurs que j'arrive à faire sortir parce que à partir du moment où je fais sortir un joueur, je fais sortir toute sa famille.

  • Speaker #0

    Ah oui, et ça impacte toute une communauté.

  • Speaker #1

    Et donc moi, c'est... Moi, je serai toujours dans le milieu du football parce que le milieu du football, c'est ce qui me fait vibrer. Mais je me vois développer mon académie et je ne me verrai jamais dans des instances. J'avais la possibilité de travailler à la CAF, de travailler avec la Fédération, de rester dans les médias. Mais non, moi, mon cœur de métier, c'est...

  • Speaker #0

    Être sur le terrain, rencontrer les jeunes.

  • Speaker #1

    C'est être sur la terre, sur la boue, découvrir, rencontrer.

  • Speaker #0

    On le voit. C'est pour ça que j'insiste beaucoup. J'invite beaucoup vraiment les gens à te suivre sur les réseaux parce qu'on le voit. On te voit sur les... petits terrains en Côte d'Ivoire, dans les petits quartiers, en train de d'échanger avec les jeunes, de rencontrer ces jeunes. Et même, tu vois, même si ces jeunes-là ne sortent pas du quartier, le fait de te rencontrer, les gens... ne se rendent pas compte la bouffée d'air que ça peut leur faire de se dire, j'ai rencontré un joueur de football professionnel. Ils ne sont pas loin, ils sont là. Ça permet de visualiser pour ces jeunes et de leur donner. J'imagine quand tu leur racontes ton histoire et tout, ils doivent se dire, ok, il y a du travail. Et c'est ça surtout, leur faire comprendre qu'il y a énormément de travail pour devenir un joueur professionnel. Donc vraiment, chapeau, chapeau, chapeau pour tout ce que vous faites. Et donc... Je ne veux pas te retenir plus longtemps parce qu'à 1h40, on est dans les temps.

  • Speaker #1

    C'est bien, c'est un match de football.

  • Speaker #0

    On est dans les matchs de football. Mais en tout cas, c'est un énorme plaisir d'avoir pu échanger avec toi. J'attendais depuis longtemps cette conversation. Je suis encore plus fan de l'homme, tu vois, maintenant qu'on a discuté ensemble et que je connais un peu plus ton parcours. Parce que comme je te le disais en off, j'aime découvrir mes invités quand je leur parle. Je n'aime pas faire de travail de recherche et tout. Et quel parcours ? quel parcours de vie, quel parcours exceptionnel je te souhaite de continuer d'inspirer encore beaucoup de jeunes de nous aider à faire sortir des talents et quand je parle de talent je parle pas forcément même de joueurs, que ça soit peut-être un futur grand entraîneur un futur grand préparateur physique parce que souvent les gens quand ils pensent formation football ils pensent que aux joueurs mais il y a tellement de un ensemble, un écosystème à développer je te souhaite de continuer de rêver, grand et de nous faire rêver avec tous tes projets. Et en tout cas, merci énormément pour le temps que tu as pris de venir échanger avec nous. Je vous invite à aller surtout suivre Joe Manci sur ses réseaux. Allez lui donner de la force, allez voir tout ce qu'il fait et vous allez voir qu'il est hyper inspirant au quotidien. Ce n'est pas que dans la discussion, c'est au quotidien qu'il est inspirant. En tout cas, la team incroyable, je vous souhaite de passer un excellent dimanche et je vous dis à très vite pour un nouvel épisode.

  • Speaker #1

    Peace !

  • Speaker #0

    All Souls

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Enfance et mixité

    02:56

  • Premiers pas dans le foot

    09:44

  • Les débuts en Italie

    24:55

  • Le premier match professionnel

    31:15

  • Racisme & montée en Série A

    36:38

  • L’équipe nationale du Sénégal

    59:18

  • Sa célébration iconique & fin de carrière

    01:07:16

  • La place de l’Islam dans sa vie

    01:12:48

  • L’après football, son centre de formation

    01:19:14

  • Son engagement pour les joueurs africains

    01:27:52

  • Son ambition & projets à venir

    01:33:41

  • Conclusion

    01:39:59

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