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Le Passage : parler d'adolescence autrement

Tabac, Puff, drogues… Comment parler addictions avec nos ados ? avec Ketty Deléris

Tabac, Puff, drogues… Comment parler addictions avec nos ados ? avec Ketty Deléris

42min |03/07/2025
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Tabac, Puff, drogues… Comment parler addictions avec nos ados ? avec Ketty Deléris

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Description

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En tant que médecin, mais aussi en tant que mère, je vois à quel point la question des addictions peut provoquer peur, colère, impuissance. On découvre une puff, un paquet de clopes, un message flou sur Snap, et tout de suite 1000 questions nous traversent. Mon ado va mal ? J'ai raté quelque chose ? Comment ouvrir le dialogue sans braquer, sans minimiser ?


J’ai reçu Ketty Déleris du compte @kettydls.addicto, tabacologue & autrice à l'approche déculpabilisante et ancrée dans la psychologie, la médecine.

On parle de santé, de bien-être, de ce passage particulier qu’est l’adolescence, où nos jeunes cherchent à s’affirmer, souvent en imitant le groupe. Ketty explique pourquoi un adolescent peut être tenté par la cigarette, l’alcool, la drogue, tout en sachant que “c’est mauvais”. À 15 ans, le long terme ne parle pas ! Ce qui compte, c’est l’instant, le regard des autres.


Ketty nous aide à trouver les bons mots et à mettre un cadre sans casser la confiance. On évoque les trois types de dépendance, les nouveaux modes de consommation, l’impact des réseaux sociaux, mais aussi les ressources concrètes comme les consultations jeunes consommateurs pour libérer la parole des ados.


Cet épisode vous apportera de la nuance, et du réconfort. Parce qu’accompagner notre enfant, ce n’est pas le contrôler : c’est lui transmettre comme on peut les compétences pour qu'il ose nous parler, même quand ça fait peur.


Resources :

Le livre "J'arrête vraiment de fumer" de Ketty Deléris

Consultations jeunes consommateurs (CJC)

Drogues Info Service

Fil santé Jeunes (numéro anonyme et gratuit)

Sources :

Enquete ENCLASS 2022


Le Passage est un podcast produit et animé par le Docteure Laure Geisler.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans Le Passage. Aujourd'hui, on va parler d'un moment que beaucoup de parents redoutent. Ce moment où, à peine sortis de l'enfance, nos ados nous confrontent à des réalités bien plus adultes. On ouvre un leurre-sac, on tombe sur un paquet de clopes ou une puff, et là, panique. On se demande pourquoi, qu'est-ce qu'on a loupé, comment réagir ? Bref, pour nous aider à y voir plus clair, j'ai la chance de recevoir Katie Deliris, tabacologue et experte des addictions. Si vous la connaissez pas encore, Katie, c'est la voix rassurante et déculpabilisante derrière le compte katiedls.addicto qui cartonne grâce à ses conseils concrets et accessibles. Elle est aussi l'autrice du livre J'arrête vraiment de fumer aux éditions Marabou. Avec Katie, on parle sans jugement mais avec beaucoup de clarté face au ressenti des ados. Pourquoi les ados consomment ? Pourquoi c'est pas forcément juste un effet de mode ? Et surtout, comment en tant que parent, on peut réagir de façon juste ? sans dramatiser, sans banaliser. Bref, un épisode précieux pour mieux comprendre et accompagner. Je vous souhaite une bonne écoute.

  • Speaker #1

    Hello Cathy, merci d'être avec nous. Merci Laure pour l'invitation.

  • Speaker #2

    Merci d'être avec nous dans Le Passage. Donc c'est quoi toi ? Est-ce que tu aurais une musique de ton adolescence ?

  • Speaker #1

    Alors, une musique, c'est difficile parce que moi, je te dirais deux. En fait, depuis tout le temps, j'ai écouté et du rap et de la techno. J'ai toujours fait les deux. DJ Mehdi, en fait, c'était moi. Donc, je dirais, s'il fallait choisir un son rap de mon adolescence, je dirais La Fonky Family, Gravée dans la Roche. Et en techno, je mettrais The Prodigy, No Good.

  • Speaker #2

    C'est bien, ça fait une bonne transition parce que je sais aussi que tu interviens Beaucoup dans le milieu notamment de la techno. Oui,

  • Speaker #1

    le festif.

  • Speaker #2

    Oui, le milieu festif, avec les DJs aussi qui se sensibilisent.

  • Speaker #1

    Tout à fait. De plus en plus, maintenant dans les soirées, dans les free parties, dans les festivals, il y a des stands de réduction des risques, j'allais dire stands de RDR, mais ça c'est l'abus de langage. Souvent, je vais dans ces soirées, je vérifie un petit peu comment ça fonctionne, s'ils ont tout ce qu'il faut, les bouchons d'oreilles, puis tout ce qu'il faut pour justement... avoir moins de risques si on prend des substances, donc le sérum chi, les kits de roule-tapail,

  • Speaker #2

    etc. Oui, c'est important de savoir que ça existe aussi, parce que l'idée, c'est d'accompagner au mieux. On n'est pas en train de promouvoir quoi que ce soit, on entend dire juste, si tu devais consommer, il ne m'a pas voulu car de toute façon,

  • Speaker #1

    c'est non. Exactement, parce qu'on sait très bien que dans la prévention, on regarde sur les paquets de cigarets, depuis des années, c'est marqué « fumé, tue » , et ça ne marche pas non plus, ce n'est pas si simple. Ça se saurait si c'était si simple. Il faut déjà un temps pour se préparer, à se dire est-ce que je suis prêt à vouloir arrêter ou pas, etc. Et donc, en attendant, il vaut mieux le faire de façon safe.

  • Speaker #2

    Et donc, toi, tu accompagnes ces soirées-là. Il y a pas mal d'ados aussi qui viennent te voir,

  • Speaker #1

    j'imagine ? Alors, de jeunes adultes en soirée, pas d'ados. Par contre, j'ai des ados sur mon compte Instagram ou TikTok qui viennent me voir, effectivement, pour me demander des conseils.

  • Speaker #2

    Alors, je te connais depuis un petit moment maintenant. On est toutes les deux sur TikTok aussi, notamment. Ça m'amène à un truc très léger. Tu parles des soirées, mais c'est vrai que c'est important aussi, les fautes de dires. de façon un peu légère, hyper accessible, des choses qui relèvent de thématiques qui font peur. Oui, les addictions, ça peut faire peur. Oui,

  • Speaker #1

    c'est légitime. Je pense que quand tu disais une maman ou un papa retrouvent un paquet de cigarettes dans le tiroir de son fils ou de sa fille, forcément, on s'inquiète parce qu'on sait que c'est mauvais pour la santé. Et notre peur, elle prend le dessus et c'est là où, généralement, le dialogue ne passe pas. Et on n'a pas les mots justes, donc je suis là pour essayer de donner les mots justes et lancer un dialogue entre les parents et les ados.

  • Speaker #2

    Et c'est tout l'objet de cet épisode. Merci beaucoup d'être là. Je pense que c'est important d'entendre aussi le point de vue des ados, parce que tu disais que les parents savent que ce n'est pas bon pour la santé, etc. Mais souvent, les ados aussi.

  • Speaker #1

    Bien sûr.

  • Speaker #2

    Je voudrais te partager quelques extraits. Et si c'était OK, on brief après.

  • Speaker #1

    OK. Simple pour moi de ne pas fumer, parce que mon grand-père, il est mort de ça. qu'il avait une maladie cardiaque ? Alors, la peur, c'est un bon moyen d'arrêter, je dirais, sur du court terme. Sur du long terme, ça ne marche pas très bien. Tu vois, par exemple, alors là, on va mettre le cas de l'ado un peu à part, mais quelqu'un qui fait un infarctus, il va arrêter de chumer, tout le temps à l'hôpital, et puis il va retourner chez lui et il va peut-être rechumer. En fait, tu as peur sur le moment, ça marche bien. Et puis, si on n'entretient pas les choses avec des vraies motivations profondes... Ça ne marche pas sur du long terme. Un ado ? Oui, la santé, c'est trop long pour lui. Comment tu veux qu'il se projette ? Et je dirais que c'est normal. Heureusement, ça veut dire qu'il est plutôt sain. On lui dit, tu risques d'avoir un cancer du poumon quand tu vas avoir 65 ans, il a 15 ans. Ouais, alors peut-être que là,

  • Speaker #2

    dans sa famille,

  • Speaker #1

    c'était très prégnant et qu'il a baigné là-dedans. Il a peut-être vu ses parents souffrir et que ça l'a vraiment touché. Mais il y en a d'autres, ça ne va pas les toucher parce que la santé, ce n'est pas quelque chose qui... qui va vraiment motiver un adolescent.

  • Speaker #2

    C'est vrai que les adolescents, et c'est normal, ils sont très obnubilés par, on va dire, les relations sociales. Oui, il est aussi d'être inclus dans un groupe.

  • Speaker #1

    Mais dans la balance décisionnelle, le fait d'appartenir à un groupe, de faire comme tout le monde, ça pèse bien plus que je vais peut-être avoir un cancer du poumon. C'est pour ça que ce n'est pas un bon argument pour les ados. Après, lui, ça a marché, tant mieux. Et heureusement.

  • Speaker #2

    Oui, tant mieux pour lui. Et je trouve ça... Très direct. Il démarre comme ça, oui, cette phrase très direct, très cash, mais il a bien aussi assimilé. Ce qu'on voit finalement, c'est que les ados, ils savent que c'est pas bon pour la santé.

  • Speaker #1

    C'est ça, ils le savent tous. C'est écrit partout. On leur rabâche depuis qu'ils sont tout petits. Ça fait partie des arguments. Il faut quand même le garder. C'est important. Il faut être factuel. Moi, quand on me demande des éléments, je vais être factuel sur la santé. Mais après, je vais essayer de trouver d'autres éléments.

  • Speaker #2

    OK, on écoute la suite ? Ouais.

  • Speaker #1

    C'est très simple,

  • Speaker #2

    si on veut en acheter sur les réseaux par exemple, il y en a plein qui vendent et qui peuvent livrer facilement à n'importe qui.

  • Speaker #1

    C'est vrai que les ados ont changé un peu leur façon de consommer et notamment depuis le Covid. C'est-à-dire que maintenant, on envoie des messages sur Snap et on a les livreurs qui viennent directement. C'est dingue. Et que ça soit, alors là on parle de tabac, mais ça peut être le protoxyde d'azote notamment, il se fait livrer en bas de chez soi. Ou d'autres produits, les tasses, tout ça.

  • Speaker #2

    Les bonbonnes, par exemple, de proto. Tu peux expliquer que ces bonbonnes qu'on va utiliser, nous, pour faire de la chantilly, par exemple, cette chose, aujourd'hui, il y a vraiment des recommandations. On ne peut pas les acheter sur une laineur. C'est très strict parce qu'on sait qu'il y a un mésusage. Les jeunes, ils vont mettre un ballon et inspirer cette gaze pour avoir cet effet euphorisant.

  • Speaker #1

    Alors maintenant, en plus, ils n'utilisent plus les petites cartouches dans les trucs de chantilly. Non. Ils utilisent des grosses bonbonnes, on appelle ça des tanks. On dirait des bouteilles de plongée. Donc c'est énorme. Justement, ils mettent la bouteille entre leurs cuisses. Donc elle est là, ça monte jusque là. C'est des grosses bouteilles. Et donc ça, c'est livré effectivement par Snap.

  • Speaker #2

    Un jeune qui est sur Snap, il n'y a pas de contrôle parental.

  • Speaker #1

    Non, c'est très difficile. Je pense que c'est pour ça qu'il est important d'en parler avec son enfant. Il faut ouvrir le dialogue. Il ne faut pas qu'il ait peur d'en parler. Merci. peur, il n'en parlera pas. Un adolescent, il va tester des choses. Quoi qu'il arrive, il va tester soit la cigarette, soit l'alcool. Parce que c'est vrai qu'en France, on normalise un peu le fait de boire, mais l'alcool, c'est une drogue aussi. Quoi qu'il arrive, l'ado, il va tester. Donc, il faut en parler avant ce qu'on appelle, nous, renforcer les compétences psychosociales. Apprendre à savoir dire non, avoir une bonne estime de soi, être persuadé que... On n'a pas besoin de consommer pour faire partie d'un groupe parce qu'on a des qualités. Bien sûr qu'on a des défauts, mais on est une personne humaine. Et ça, ça se travaille justement. Et puis après, il faut que l'ado ait le courage, et je dirais, de se dire je peux aller en parler à mes parents sans que j'ai peur d'être punie. Il faut instaurer un climat de confiance. Et si ça ne suffit pas, moi je dis toujours, c'est important que... Moi, j'ai... Par exemple, avec mon fils, j'ai toujours dit, si tu ne veux pas me parler de certaines choses que je comprends parce que je suis ta maman, sache que tu peux en parler à telle ou telle personne. C'est des amis de confiance. Et ces amis, je leur ai dit, par contre, s'ils vous parlent, vous ne le répétez pas. Je n'ai pas à savoir. Je vous fais confiance. Je sais que vous allez gérer. Et voilà. Et ça permet d'avoir aussi d'autres adultes référents qui peuvent justement aider sans qu'ils vont dire à mes parents, etc.

  • Speaker #2

    C'est chouette de trouver ce genre de personnes. Après, si c'est très compliqué d'avoir quelqu'un... Des fois, on vient de déménager, par exemple, on n'a pas de proche autour, on est un peu isolé, par exemple, et c'est compliqué.

  • Speaker #1

    C'est pour ça que c'est important aussi des fois de se dire je laisse mon ado ou pré-ado avec le médecin. Je ne suis pas obligée d'être là à la consulte, je peux attendre dans la salle d'attente. Et je pense que c'est important d'avoir cette bulle où l'ado peut avoir des questions. Ça me fait penser aujourd'hui, j'ai eu un jeune dans mes DM Insta qui me disait Donc, il avait pris un tas, une extasie, et il allait voir sa copine et il me disait, mais du coup, si j'embrasse ma copine, est-ce que je vais la contaminer ? Et tu vois, donc, heureusement qu'on est là pour leur répondre en lui disant, ben non, tu ne vas pas la contaminer. Reste sur toi. Par contre, toi, fais attention à telle chose ou telle chose. Et c'est important qu'il y ait des professionnels de santé qui peuvent accueillir ces questions-là.

  • Speaker #2

    Et tu sais, moi qui fais beaucoup de prévention, ce que j'aime, c'est de proposer aux parents de voir les jeunes seuls, mais même sans motif. Tu vois, je trouve que, tu vois, il y a un moment, le gamin, il a un pédiatre, il le voit jusqu'à ses 10, 11, voilà, souvent c'est le début de la puberté. et bien dire tout simplement, ça y est, tu peux peut-être y aller seule, si tu veux, je viens, ou si je viens en cours de consulte, c'est ok. Mais en fait, finalement, le soignant, il va forcément toucher à des choses. Bien sûr, les questions de harcèlement, des fondements, pareil aux parents. La conso, forcément, souvent. Et c'est vrai aussi qu'il y a des parents qui ne sont pas en mesure. Tu vois, le premier exemple du jeune qui disait, nous, il y a eu un décès à la famille. Des fois, les parents, ils... Ils n'ont pas les armes pour parler, c'est trop d'émotion. Oui,

  • Speaker #1

    quand c'est tes parents qui sont dehors de quelque chose, c'est pour ça que peut-être d'ailleurs ça a résonné chez lui, parce qu'il a peut-être vu cet énorme chagrin, ça a pu aussi le bouleverser sur sa façon d'être. Et oui, je pense que les professionnels de santé, c'est important qu'ils aient cet espace de parole avec l'ado seul.

  • Speaker #2

    Et pour revenir à Snap, toi t'en penses quoi ?

  • Speaker #1

    C'est un réseau social comme un autre. Je pense qu'il y a ce mode de consommation qui est arrivé avec les dealers qui sont beaucoup là-dessus. Si ce n'est pas Snap, ça sera TikTok ou autre. Donc, il faut se dire qu'on ne peut pas échapper à ça, malheureusement. Mais c'est vrai que maintenant, on ne va plus dans la rue voir son dealer. C'est le dealer qui vient en bas de chez vous et qui vous livre. Et c'est pour ça que c'est important de parler de ces choses. Il ne faut pas que ce soit tabou. Tu sais, c'est comme la sexualité avec les enfants, ça a longtemps été très tabou, on n'en parlait pas. Et on a bien remarqué que c'est là où on avait des comportements à risque. Je pense que les consommations, il ne faut plus que ça soit tabou. Surtout qu'il faut se dire que souvent, les parents, eux aussi, ils ont expérimenté quand ils étaient jeunes, la cigarette, l'alcool, voire d'autres produits. Donc, ils peuvent parler de ça aussi.

  • Speaker #2

    Une personne qui a consommé ou qui a testé des choses, est-ce qu'elle doit finalement le cacher à son ado ou plutôt en parler selon toi ?

  • Speaker #1

    Alors moi, je suis partienne de jamais mentir à son ado. Et d'ailleurs, c'est ce que j'explique aux parents quand ils découvrent une puff dans le tiroir. C'est plutôt de demander mais pourquoi tu as ça ? À quoi ça te sert ? Qu'est-ce que ça t'apporte ? Est-ce que tu connais les dangers ? Déjà, ça va être poser des questions ouvertes, pas fermées, et qu'on laisse... parler la personne. Et donc, l'ado, il a le droit de savoir aussi que nous, on a fait ces choses-là. Et justement, on peut en témoigner. On a peut-être eu des histoires pas sympas qui nous arrivaient. On sait aussi pourquoi, avec l'âge, on s'est dit « Hum, en fait, c'était pas super » . Donc, on a notre expérience à apporter.

  • Speaker #2

    Et à notre expérience, elle peut concerner aussi les personnes, par exemple, fumeuses, addictes. C'est très bien aussi de dire à son enfant « J'ai tenté d'arrêter, mais j'ai repris » . Ça prouve bien que ce n'est pas qu'une question de volonté, ce n'est pas si simple. Non mais j'en témoigne.

  • Speaker #1

    Et ce qui est important, ce n'est pas parce que, par exemple, on a des parents chumeurs qui découvrent que leur ado chume, qu'ils doivent tolérer. En fait, ça peut être, je garde le cadre en leur disant, regarde nous, on galère, etc. Donc, je te présente, la maison est non fumeuse, mais tu peux fumer sur le balcon ou dehors. Mais la maison reste non fumeuse. Alors, il faut qu'ils le fassent. Parce que si je fume à la maison, mais voilà, ça, c'est ce que je dis à mes patients, on essaye de fumer en extérieur pour pas justement la fumée tertiaire qui se dépose sur, tu sais, tous les meubles. Et c'est ça qui peut être toxique aussi. Donc, l'ado, on lui interdit pas, mais on lui met un cadre. Et ça, c'est très important, parce que si on commence à ne pas mettre de cadre, c'est là où la dépendance comportementale, elle s'accentue. Tiens, je viens de finir de manger, je vais allumer ma cigarette et puis je vais me mettre devant le canapé. Ou dès le matin, je vais allumer ma cigarette. Un ado qui vient de se réveiller, il n'a pas envie d'aller dehors fumer sa cigarette. Donc, ça va ralentir quand même sa consommation de mettre un cadre.

  • Speaker #2

    Est-ce que juste tu peux nous rappeler les trois types de dépendance liées à la cigarette ?

  • Speaker #1

    Dépendance physique, donc ça c'est le besoin de nicotine. On sait que la nicotine, c'est une des substances les plus addictives. Dépendance comportementale, c'est les habitudes. Je viens de finir un repas, j'allume une cigarette. Je bois un café, j'allume une cigarette. Voilà, la pause cigarette. Et il y a la dépendance psychologique. Je suis énervée, je vais aller fumer une cigarette pour m'apaiser. Ou je suis stressée, j'angoisse de quelque chose, je vais aller fumer une cigarette pour me calmer. Ou au contraire, ça peut être aussi les émotions. C'est la fête, je m'amuse, je vais sublimer ce moment avec une cigarette. Donc, c'est important de comprendre ces trois dépendances. L'arrêt du tabac, ce n'est pas juste je colle un patch, sinon ça serait trop simple.

  • Speaker #2

    Donc ça, le patch, c'est pour la dépendance ?

  • Speaker #1

    C'est pour la dépendance physique. Donc ça, c'est important pour les gens qui ont une dépendance physique élevée. Mais il faut retravailler le comportement, la gestion des émotions, tout ça, c'est important. Dans la grande majorité, un ado qui va commencer à fumer, c'est pour faire comme les autres, c'est pour rentrer dans ce groupe, c'est plutôt le côté festif. Mais il peut y avoir aussi que l'ado, il a mémorisé, parce qu'il a vu ça dans les films ou ses parents, que quand il fumait une cigarette, quand il était stressé, ça l'est calmé. Un ado qui peut ne pas aller très bien, il va se dire, tiens, je vais commencer à fumer parce que je ne vivais pas bien dans ma vie. C'est pour ça que quand on découvre des cigarettes, on a tendance, par an, à vouloir dire « Mais qu'est-ce que tu fais ? C'est mauvais pour ta santé. Mais il y a peut-être un mal-être aussi, ou pas. » Donc, c'est pour ça qu'il faut laisser la porte ouverte, dire « Mais en fait, pourquoi tu as besoin de ça ? Qu'est-ce que ça t'apporte ? Qu'est-ce que tu aimes là-dedans ? Qu'est-ce que tu n'aimes pas ? » Et en fait, c'est le faire parler.

  • Speaker #2

    Oui, justement, ça fait écho à la suite des extraits.

  • Speaker #1

    Moi,

  • Speaker #3

    finalement, ni mes parents, ni le collège m'a... dit de ne pas fumer. Moi, je trouve ça juste très gênant.

  • Speaker #1

    Typiquement, dans ce témoignage, on voit qu'il n'y a pas eu de discussion. C'était le sujet tabou de la conso, alors que je pense qu'il faut en parler. C'est ce qu'on disait tout à l'heure, c'est important. Et là, elle dit, en plus, au collège, ils n'en ont pas parlé. Alors, normalement, en SVT, on voit un petit peu, donc elle a peut-être oublié. Normalement, il y a vie affective et sexualité, il y a les consommations drogue, cannabis, tabac. Mais c'est vrai qu'on fait de la prévention des fois qui ne marche pas très bien. dans les écoles où on y va et on leur dit c'est pas bien de fumer, c'est mauvais pour la santé. C'est pour ça que ça se trouve, elle a oublié parce que ça ne lui parle pas et que c'est plutôt important d'essayer de comprendre, de déjouer les mécaniques. Moi, j'aime bien jouer sur ça, de leur montrer comment l'industrie du tabac les manipule. Par exemple, sur la puff, on voit bien comment ça arrivait comme ça. C'est un vrai travail marketing derrière. Ils ont quand même payé des influenceurs. Ils ont fait en sorte de mettre des bons goûts, un packaging super joli. Donc en plus, si tu vois tes influenceurs la voir tout le temps à la main ou autre, ils ont été hyper bons sur le marketing. Donc moi, c'est plutôt ça. J'essaye de leur expliquer comment on les manipule sans qu'ils s'en rendent compte. Et justement, ils sont à un moment de leur vie où il faut qu'ils se rendent compte que c'est eux qui doivent prendre leurs décisions, c'est plus leurs parents. Mais ça doit être encore moins l'industrie du tabac ou autre.

  • Speaker #2

    Et puis, ce qui n'est pas simple, je trouve qu'à ces âges-là, les enfants, ils ont vraiment un degré de maturité qui est complètement différent. Et c'est vrai qu'à la décharge des systèmes d'éducation, qui n'est pas facile, moi, je le connais plus sur le côté sexo, mais en addicto, je pense que c'est pareil. Il y a des jeunes qui sont prêts à entendre ça très bien, peut-être parce qu'ils ont un grand frère, une grande soeur, ils en ont parlé déjà un peu à la maison,

  • Speaker #1

    et d'autres, mais... pas évident, elles sont complètement larguées,

  • Speaker #2

    entre guillemets, et peut-être tombées aussi, parce que c'est pas de leur âge, bien sûr, entre guillemets. Voilà,

  • Speaker #1

    c'est ce qui est pas simple aussi. C'est pour ça que je pense que c'est bien de faire appel à l'éducation nationale, parce qu'ils ont l'habitude de leur jeune. Ils savent dans la classe qu'il y a un peu comme ça ou autre. Donc moi, je suis ravie quand les profs de SVT parlent des consommations, ça me va très bien. Allez-y,

  • Speaker #2

    on continue. Il y en a qui commencent à fumer dès le plus jeune âge parce que les fréquentations fausses. Ils disent par exemple qu'il y a les puffs électroniques. Ils disent oui, tu peux essayer une fois, tu ne vas pas devenir addict.

  • Speaker #1

    Et après, ils commencent à tomber dedans.

  • Speaker #2

    Et moi, c'est ça qui me fait peur. Donc justement, est-ce qu'on peut arrêter si on n'a testé qu'une seule fois ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est tellement propre à chacun. L'addiction, c'est la rencontre entre une personne, donc dans sa globalité, sa génétique, comment elle se sent dans sa tête. son estime de soi, ses problèmes, etc. Donc, c'est la personne, c'est le produit en lui-même. Il y a des produits plus ou moins addictifs. Donc, la nicotine, c'est extrêmement addictif. Ça fait partie des produits les plus addictifs, avec l'héroïne, la cocaïne, etc. Et il y a l'environnement. Effectivement, dans l'environnement, si on a des copains consommateurs, en fait, on normalise. Ça fait quand même assez longtemps que maintenant, ils se battent pour dénormaliser le tabac. Et ça marche. On voit qu'il y a de moins en moins de jeunes fumeurs en France. Mais, effectivement, maintenant, c'est de nouveaux produits. Et donc, c'est pour ça, c'est la rencontre entre le produit, la personne et l'environnement. Donc, la personne, est-ce qu'elle va arrêter d'un seul coup ou pas ? Ça dépend, en fait. Je n'ai pas de réponse à ça. Il y a des personnes qui vont être très vite physiquement dépendantes à la nicotine. Et puis d'autres qui vont se dire, du coup, grâce à ça... J'arrive à rentrer dans ce groupe, etc. Puis plus on va le refaire, ce geste, plus ça va nous donner une contenance, et puis après une dépendance, etc.

  • Speaker #2

    Et moralité, donc, si notre enfant a testé, on va dire, juste une fois, c'est pas très grave, c'est pas très grave.

  • Speaker #1

    C'est pas très grave, mais ça veut pas dire que c'est sans risque. Justement, il faut en parler, c'est pas anodin. Voilà, c'est parce qu'il a essayé une fois que ça y est, c'est un drogué. C'est ça que... Voilà. Et encore, qu'est-ce qu'il y a derrière ce mot ? Je n'aime pas tellement, mais ne paniquons pas. Je pense qu'il ne faut pas avoir de la panique, mais il ne faut pas banaliser. Donc, c'est dire, OK, tu as pris ça, mais pourquoi ? Qu'est-ce que ça t'apporte ? Est-ce que tu connais les dangers ? Parce que, aussi, des fois, ils ne sont pas au courant, vraiment, des dangers. Notamment la PEUF, au départ, ils savaient... Déjà, souvent, ils ne savent même pas combien il y a de nicotine dedans. Moi, je leur dis, mais il y a de la nicotine. Ça dépend des fois, mais à combien ? Et là, des fois, ils me disent « Oh non, c'est 0,2 » . En fait, 0,2, c'est 20 mg. C'est ce qu'il y a de plus fort en France. Non. C'est ce que, moi, je vais conseiller à des patients qui fument un paquet par jour.

  • Speaker #2

    Et tu vois, la puff, maintenant, c'est interdit en France. Toutefois, comme tu disais tout à l'heure, il y a aussi un peu ce clivage entre les drogues licites et illicites. Oui. Et le fait que ce soit licite, l'alcool aussi, le tabac. et bien ça rend, je trouve, le truc un peu moins dangereux, entre guillemets.

  • Speaker #1

    Oui, en fait, quand c'est licite, du coup, on peut faire plus de campagnes, justement, de prévention. On peut agir au niveau politique plus facilement. Quand c'est illicite, normalement, c'est interdit, ça ne devrait pas exister.

  • Speaker #2

    Aux yeux des gens, on a l'impression que c'est un peu moins grave.

  • Speaker #1

    L'alcool et le tabac, c'est ce qui tue le plus de personnes actuellement dans le monde. Le tabac, c'est la première cause de mortalité évitable et l'alcool, la deuxième. Donc non, c'est pas rien. C'est surtout qu'un fumeur qui va commencer à fumer vers 12, 13, 14 ans, il a de grandes chances de devenir dépendant. Parce que plus on consomme jeune, parce que la maturité cérébrale n'est pas encore faite, plus on a de risques de devenir dépendant.

  • Speaker #2

    Ça, c'est une phrase qu'on peut dire au GM. Je pense qu'il peut tout à fait intégrer. Le fait que ces sept ne sont dépendants, j'ai l'impression qu'ils comprennent.

  • Speaker #1

    Et puis, ils n'aiment pas être dépendants de quelque chose. Ils veulent garder leur indépendance, justement, parce qu'ils en ont marre que les parents choisissent pour eux. Moi, je joue beaucoup là-dessus.

  • Speaker #2

    Et je trouve que les générations d'aujourd'hui, d'ailleurs, pour avoir lu sur le sujet, tu sais, il y a aussi beaucoup d'éco-anxiétés. Avec le Covid,

  • Speaker #1

    il y a eu vraiment...

  • Speaker #2

    Moi, j'ai beaucoup d'empathie pour les jeunes. Ce n'est pas forcément simple en ce moment, mais c'est des jeunes qui ont besoin de liberté. Oui, et plus apparemment que les générations d'avant, qui ont plus peut-être envie de voyager. Et je trouve ça chouette de jouer sur cette notion-là. Oui, de libérer les verres. Mais toi, tu es peut-être quelqu'un qui a envie d'être libre. Là, tu es cantonnée à ça, ça va toucher à ton portefeuille, à ta santé, plein de trucs en fait. C'est ça.

  • Speaker #1

    Et souvent, moi je vais arriver, parce qu'ils me disent, oui, mais je ne fume pas beaucoup, je fume deux, trois cigarettes. Et moi, je me dis, mais tous les fumeurs ont commencé comme toi. Au départ, on fume tous deux, trois cigarettes, puis après c'est trois, quatre, puis quatre, cinq, et voilà. Justement, vu qu'il y a quand même une dépendance physique, si on a des récepteurs, jusqu'à ce que notre cerveau se stabilise. En gros, la génétique était faite pour avoir un taux d'un paquet ou un demi-paquet. Ça dépend des personnes. En quotidien ?

  • Speaker #2

    En fait,

  • Speaker #3

    ils ont des problèmes en dehors de la famille. C'est-à-dire que les copains, ça ne va pas. Et du coup, la seule solution, c'est la cigarette, même s'il y a d'autres solutions. Les jeunes, ils disent que la cigarette, elle apporte... Bye ! Je sais pas, en fait, ils sont populaires. En fait, ils pensent qu'ils sont populaires. En fait, c'est de la mode. Oui, en fait, ils pensent qu'ils sont populaires, voilà. Mais ça apporte rien. En vrai, ils pensent rien d'autre de la cigarette. Pour eux, c'est que le style, peut-être le goût aussi, pour pas décevoir leurs copains, ou peut-être qu'ils se sentent rejetés s'ils fument pas. Mais sinon, ils pensent rien d'autre.

  • Speaker #1

    Bah, c'est exactement ce qu'on dirait. Il y a beaucoup de choses à dire. Déjà, effectivement, on sait très bien que dans les films qu'on regarde, les séries, on glamourise énormément la cigarette. Moi, il n'y a pas longtemps, j'ai regardé sur Netflix Georgia Dina, je crois que c'est ça. Et en fait, la maman, elle est trop cool. Elle fume des joints, elle boit de l'alcool. C'est la super copine et on a toujours envie d'avoir une maman comme ça. Donc là, on glamourise. extrêmement le tabac, l'alcool, le cannabis. Et donc, l'ado qui regarde ça, il dit « Ah, je suis très clébée » . Mais ce n'est pas la vraie vie, en fait. On le sait très bien. Sauf que quand on est ado, on est influençable. Donc, il y a ça, le fait de... On se dit « C'est cool » , donc on glamourise. Et puis après, effectivement, il y a l'esprit de groupe, comme elle disait, pour ne pas être rejetée, se sentir aimée, se sentir valorisée. Donc ça, c'est ce que je disais. tellement important de travailler sur l'estime de soi. Il faut renforcer, travailler les compétences psychosociales, mais dès le plus jeune âge, leur faire comprendre qu'ils ont tous des qualités. Bien sûr qu'on a des défauts, mais on a tous des qualités. Avoir de l'empathie les uns pour les autres. Si tout le monde avait plus d'empathie, je pense qu'on ne serait pas là. Tu ne fumes pas, tu ne fais pas partie du groupe.

  • Speaker #2

    Tu disais, peut-être dès le plus jeune âge, je pense que le boulot des parents, ça va être peut-être même de relever ce que l'enfant n'a pas vu. Je trouve que quand son enfant a un comportement chouette, mais quel qu'il soit, peut-être de bienveillance ou une petite pensée pour quelqu'un, ou ne serait-ce qu'un gagneur en autonomie et que finalement, vous, vous le relevez. Et bien, peut-être que c'est cool juste tout simplement de le dire et de rattacher de l'émotion à ça. Je sais que dans mes formations psy, on me dit beaucoup ça. Plutôt que de dire c'est super ce que tu as fait, c'est beau, c'est bien, dire quelque chose qui ressemblerait plutôt à ça, ça me touche en fait. c'est des valeurs que j'adore qui sont belles qui sont pas que tout le monde n'a pas et toi t'as réussi à faire ça et d'amener un peu de l'émotion ça valorise d'avoir quelqu'un

  • Speaker #1

    qu'on aime et qui nous met un peu plus en lumière. C'est tellement important. Je pense que c'est le propre de l'être humain de relever plutôt les défauts. Parce que tout ce qui est positif, on a l'impression qu'en fait, c'est normal. Et ce n'est pas forcément normal. C'est justement que c'est de bien nous montrer.

  • Speaker #2

    Et puis peut-être, tu vois, on parle d'addiction ou de tests, de jeunes qui testent. Peut-être qu'on peut aussi tout simplement poser la question à notre ado avant de se retrouver dans des îles. Le signe compliqué de Merci. Je suis tombée sur le paquet de club dans le bureau, dans le sac à dos. Déjà fouiller, c'est limite quand même. Donc je pense qu'il ne faut pas fouiller. Il faut peut-être tout simplement jouer sur la confiance et dire mais est-ce qu'on t'a déjà proposé ça ? C'est ça. Est-ce que ça t'est arrivé ? Ou si ça devait t'arriver, tu penses que tu réagirais comment ?

  • Speaker #1

    En fait, ce que tu dis, c'est exactement ça. Comme je disais, il faut poser des questions ouvertes. Il faut les faire parler. C'est pas juste... T'as déjà fumé ? Non, c'est en fait, est-ce que tu as déjà été confronté ? Est-ce que tu vois des amis autour de toi qui utilisent ces produits ? Qu'est-ce que ça leur apporte ? Qu'est-ce que tu en penses d'ailleurs ? C'est plutôt ça. C'est qu'est-ce que tu penses des personnes de ton âge qui consomment ? C'est tout ça.

  • Speaker #2

    Il faut leur poser des questions et puis avoir un regard critique parce que là, tu te penses, ce sera peut-être... Ils ont plein de connexions. Toutes les meufs leur trouvent tout. Moi, j'ai l'air coincée. C'est ça aussi la réalité. Les jeunes, des fois, ils se sentent en décalage, malheureusement. Et peut-être de rajouter un petit peu, tu sais, ça ne va peut-être pas durer. Finalement, peut-être aujourd'hui, il faut avoir du caractère. C'est grave d'avoir du caractère aussi. C'est attirant. Oui, tout à fait. Toucher à ça.

  • Speaker #1

    Il y a plein d'autres choses qui peuvent être attirantes.

  • Speaker #2

    Faire du sport,

  • Speaker #1

    il y a plein d'autres choses que les consommations.

  • Speaker #2

    Si on allait toutes les deux vers la minute chiffres, j'aimerais bien donner quelques chiffres aujourd'hui, si tu es d'accord. Pour planter le décor, il y a une enquête qui s'appelle En classe, qui date de 2022, sur 9500 élèves. C'est toi qui m'as communiqué d'ailleurs,

  • Speaker #1

    c'est fini. Merci beaucoup.

  • Speaker #2

    Alors, vers la sixième, 26,9% des élèves ont déjà testé l'alcool. avec une majorité de garçons. Donc, en fait, ça permet justement aussi de lever le voile.

  • Speaker #1

    Je pense que justement, comme on n'est pas assez auprès des parents sur ces chiffres, il faut se dire que sur une classe, donc au collège, un quart a déjà testé une fois de l'alcool. C'est dingue. Il faut en parler. Ouais. Alors, après, je mettrais une nuance. La première drogue initiée en famille, c'est l'alcool, justement.

  • Speaker #2

    J'ai fait une vidéo, on travaillait toutes les deux avec la ministre des Cars. et j'avais fait une vidéo sur l'alcool notamment dans les gâteaux c'est des trucs qui peuvent paraître mais totalement dérisoires mais en réalité c'est connu maintenant,

  • Speaker #1

    on sait il reste des phrases d'alcool et puis même on peut être tenté des fois quand l'ado devient un peu plus grand de dire ah bah tiens c'est l'anniversaire etc allez tu peux goûter dans mon verre non et puis je vois très bien c'est ce moment un peu festif après peut-être qu'on est

  • Speaker #2

    On subit aussi, nous, notre éducation, nos parents. Il y avait aussi ce truc, entre guillemets, t'es un homme ou t'es une femme. Je ne sais pas si je me trompe, mais il y a un peu ce truc-là. Ça nous fait plaisir, mais en réalité, on n'a vraiment pas besoin de gamin.

  • Speaker #1

    Et puis, c'est important aussi, là, de remettre la place de l'adulte. C'est de se dire que quand on fête un événement, il n'est pas obligé de boire de l'alcool.

  • Speaker #0

    On peut aussi prendre d'autres boissons. C'est aussi à nous, adultes, de montrer ça. Parce que l'air de rien, on inculque dès le plus jeune âge aux enfants que fête ou célébrer quelque chose égale alcool. Et d'ailleurs, tu vois, souvent, quand on annonce une bonne nouvelle, on dit « Ah bah champagne ! » Mais en fait, n'importe quoi ! En fait, c'est fête ! Tiens, on va fêter ça ensemble ! On va se retrouver, on va partager ce moment de joie. C'est ça, en fait, le but, c'est de partager un moment de joie. C'est pas forcément de boire de l'alcool ensemble. On est invité, il nous dit « Ah bah je te sers un verre » . Non. « Bah pourquoi ? T'es malade ? Qu'est-ce qui se passe ? » « Oulala, t'es fatigué ? » Non, juste…

  • Speaker #1

    Ou juste « t'es pas fun » .

  • Speaker #0

    Oui, t'es pas fun. Faut limite se justifier. Alors qu'on n'aurait pas à se justifier. mais t'as mis un tee-shirt blanc. Mais pourquoi blanc ? Pourquoi pas bleu ? T'es malade ? Ah, t'es pas fun. Le blanc, c'est trop neutre. Je pense qu'on se rend pas compte. avant d'avoir expérimenté ce dry january. Donc oui, moi j'invite tout le monde à faire cette expérience, justement.

  • Speaker #1

    Je vais te donner d'autres chiffres. Alors, un collégien sur cinq a déjà vapoté avec une même conso de tabac de cigarette électronique entre les filles et les garçons. Ça, c'est intéressant, ça permet de remondir sur la cigarette électronique qui est finalement aussi une drogue.

  • Speaker #0

    Dès qu'il y a de la nicotine, la nicotine c'est une substance psychoactive, c'est une drogue. Donc oui, c'est une drogue.

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, on préfère finalement... vapoter plutôt que mener des cigarettes. Toutefois, on n'a quand même pas d'études sur le long terme.

  • Speaker #0

    Alors, un fumeur qui passe à la cigarette électronique pour arrêter son tabac, oui, c'est moins dangereux. Alors, on n'a pas d'études sur du long terme, mais on a quand même maintenant à peu près 15-20 ans de recul et on voit bien que c'est bien moins dangereux. Par contre, un non-fumeur qui passe à la cigarette électronique, alors on ne sait pas. Avec quoi on compare ? Il va falloir attendre de toute façon. Donc, ce n'est pas anodin de consommer un produit pour quelqu'un qui n'avait jamais rien mis d'autre dans ses promesses. En fait, la cigarette électronique, il faut voir ça comme une réduction des risques du tabac. Mais si c'est un non-fumeur, il n'y avait pas de risque.

  • Speaker #1

    Donc, l'ado qui dirait à son parent, j'ai envie de tester la cigarette électronique pour me sentir mieux.

  • Speaker #0

    Alors déjà, pour se sentir mieux, moi, je dirais, qu'est-ce qui se cache derrière ? Pourquoi te sentir mieux ? Pourquoi tu as besoin de ça ? Explique-moi.

  • Speaker #1

    Il existe des consultations GEM consommateurs. Donc, je parlais de se sentir mieux, mais voilà, si on a besoin d'aide, aujourd'hui, il existe ce type de consultation avec... Donc, c'est les parents et les jeunes, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Alors, les jeunes peuvent y aller tout seuls. Les parents peuvent y aller tout seuls, parce que aussi, des fois, ils peuvent avoir des questions. Ils peuvent être reçus les deux ensemble. C'est vraiment... Il n'y a aucun souci là-dessus. C'est gratuit et c'est anonyme. Donc ça, c'est hyper important pour le jeune, parce que des fois, un jeune qui consomme du cannabis, il n'ose pas en parler à ses parents, mais il sent bien que ça y est hyper pied. Il peut y aller vraiment sans crainte. Donc ça, c'est important. C'est hyper médicalisé comme l'hôpital. Il y a des psychologues, des éducateurs. J'adore, je suis fan de ce dispositif. Puis les personnes qui travaillent dans ces consultations de jeunes consommateurs, ils vont avoir les mots. déjà ils vont essayer de voir si la part d'inquiétude du parent, elle est justifiée ou non. Et pareil, le parent pourra parler avec le ou la psychologue de ce qu'il ressent, parce que ce n'est pas anodin, effectivement, de voir que la personne qu'on aime le plus au nom de son enfant, il prend des choses mauvaises pour sa santé, alors qu'on en a passé des nuits à les surveiller malades, etc. Donc forcément, ça réveille en nous des inquiétudes. Et c'est pour ça que vraiment, les consultations aux jeunes consommateurs, c'est et pour le jeune et pour les parents. Ça, c'est important.

  • Speaker #1

    Et donc on a parlé d'alcool et de tabac, on a parlé de cannabis aussi. Ils voient aussi par contre les premières expérimentations d'autres drogues comme la cocaïne.

  • Speaker #0

    La consommation chez les collégiens a diminué.

  • Speaker #1

    1,4% des jeunes de 17 ans ont déjà testé la cocaïne. On passe à 10% au lieu de 18 ans. La cocaïne est consommée de plus en plus tôt.

  • Speaker #0

    C'est inquiétant parce qu'elle devient de plus en plus banale. On est inondé malheureusement de cocaïne.

  • Speaker #1

    Et dans tous les milieux.

  • Speaker #0

    Mais alors oui, c'est pas que... Parce qu'au départ, on a l'impression que c'était vraiment les milieux aisés. Mais non, parce que maintenant, c'est devenu hyper abordable. C'est tous les milieux. Et c'est problématique parce qu'il n'y a pas de traitement de substitution pour la cocaïne. Donc, c'est-à-dire que quand, à la clinique, on a des personnes qui viennent nous voir, on va donner quelques traitements pour calmer les symptômes de sevrage. S'il y a des angoisses, on va mettre des anxiolytiques, des choses comme ça. Donc, on fait du bricolage. Puis après, c'est juste des thérapies comportementales, la gestion des émotions. Et on sait que la cocaïne, ça a une grosse dépendance psychologique. Le craving, il est tellement fort. On a tellement envie d'en reprendre et d'en reprendre parce que, justement, ça nous donne une sensation de surpuissance. Ça booste notre égo, notre estime de soi. Il faut faire très attention à ça parce qu'en plus, on la banalise de plus en plus. Pareil, moi, je vois sur les réseaux sociaux, c'est tourné avec de la blague. La dernière fois, je voyais une pub pour un café à Paris où ça commence avec du sucre, il y a une carte bleue comme ça. Et puis après, il dit, mais nous, ici, on ne fait que du café. Et en fait, ça, c'est problématique. Parce qu'en fait, on normalise un geste, on normalise plein de choses, et on en fait quelque chose de drôle et visible. C'est exactement ce que faisaient les publicitaires du tabac et de l'alcool avant. Maintenant, ça se fait ça pour la cocaïne. Donc, par pitié, ne faites pas de blagues sur ça. Voilà, c'est tout sauf drôle, parce que quand on est dépendant à la cocaïne, ça amène vraiment à des histoires. Moi, j'ai des patients qui ont perdu Tout ce qu'ils avaient dans leur vie à cause de ça, leur logement, leur famille. Il y a des, sans parler aussi, des trous au niveau de la cloison nasale. C'est vraiment dur.

  • Speaker #1

    C'est très dangereux. Moi, j'ai des patients qui sont concernés et ça peut être terrible. Et justement, pour revenir à ce passage de l'adolescence, est-ce qu'il y a des signes que les parents doivent connaître où ils pourraient repérer qu'il y a une addiction, qu'il y a de la consommation ?

  • Speaker #0

    On sent que notre ado, il est... Le jeune adulte, il a des changements d'humeur. Ça, il faut regarder s'il a tendance à s'isoler, s'il délaisse ses activités qu'il aimait bien auparavant. Par exemple, s'il allait jouer au foot avant ou qu'il allait faire d'autres activités, et puis il ne le fait plus maintenant. Ça, il faut faire attention. Donc là, on doit être vigilant et on doit lui en parler.

  • Speaker #1

    Il y a des facteurs qui vont faire que les jeunes consomment plus ?

  • Speaker #0

    Alors, ben... Il y a l'environnement, c'est ce que la jeune nous disait. On sait très bien, par exemple, que certains milieux, il y a plus de consommation. Les soirées techno, on sait qu'il y a beaucoup de consommation. Donc, moi qui adore la musique techno, je pense qu'il ne faut pas non plus dire « Ah bah, ça y est, il va dans une soirée techno, il va se droguer » . Non, je pense qu'il faut par contre en parler et préparer la personne à ce qu'il risque de voir et de ne pas être tenté, savoir dire non, etc.

  • Speaker #1

    Et c'est apprendre l'affirmation de soi.

  • Speaker #0

    c'est s'affirmer, se dire que On n'a pas besoin de ce produit pour s'amuser. Et d'ailleurs, moi j'ai plein de personnes qui me disent sur Insta, moi ce que je veux, c'est pouvoir retourner en soirée techno comme je faisais avant. J'avais juste la musique et je dansais et j'étais bien. Et effectivement, quand j'ai commencé à prendre des produits, c'était merveilleux. Puis une fois que je suis dépendante, je me rends compte que ce n'est plus merveilleux du tout. Je ne peux plus m'en passer parce que ce n'est plus qu'en soirée techno, c'est toute la journée. Et justement, ils voudraient bien redevenir comme avant, pouvoir kiffer la musique sans substance.

  • Speaker #1

    Est-ce que Kétit, c'est OK pour un jeu vrai-faux ? Vas-y,

  • Speaker #0

    c'est bon.

  • Speaker #1

    Vrai-faux numéro 1, l'alcool est le moyen de socialiser les ados.

  • Speaker #0

    De socialiser entre ados ? Oui, c'est vrai. Malheureusement, ils ont l'illusion que grâce à ça, ils vont se faire des amis, puis ils perdent leur désinhibition. Donc ils vont oser, ceux qui n'ont pas une grande estime d'eux-mêmes, ils vont oser faire des choses. Ils vont oser accoster, ils vont oser justement aller aborder plus facilement les autres. Donc malheureusement, oui, mais il faut qu'on arrive à dénormaliser ça et de dire que non, on n'a pas besoin d'alcool. On peut être cool sans consommer l'alcool,

  • Speaker #1

    mais bien sûr. Bref, au numéro 2, fumer du cannabis, c'est moins dangereux que fumer des clopes.

  • Speaker #0

    Déjà, son cannabis, on le fume avec du tabac. Donc, euh... Il y a quelques puristes qui vont consommer. C'est tout aussi dangereux. De toute façon, peu importe ce qu'on fume, que ce soit du tabac, du cannabis, des herbes de Provence, du papier. J'ai 20 000 histoires comme ça. C'est toxique parce que c'est la combustion qui est mauvaise pour les poumons. Après, le cannabis, on peut faire de la réduction de l'air. Si on le vaporise, effectivement, ça sera moins nocif pour les poumons. Mais c'est tout aussi dangereux pour notre cerveau. On se rappelle que mettre une substance... psychoactif sur un cerveau qui n'a pas fini sa maturation, donc avant 25 ans, c'est problématique. Vrai ou faux,

  • Speaker #1

    les médicaments peuvent-ils être addictifs ?

  • Speaker #0

    Vrai, on a tous les eaux qui y a C qui peuvent être addictifs. On va avoir aussi même certains somnifères. Après, on ne peut plus s'en passer. C'est-à-dire qu'on ne va pas réussir à dormir sans notre somnifère. Donc non, les médicaments peuvent être addictifs.

  • Speaker #1

    Vrai ou faux, le soutien familial n'est pas essentiel pour le rétablissement d'une addiction ? Faux.

  • Speaker #0

    le soutien familial, le soutien amical, parce que des fois, il faut être entouré de personnes qui nous aiment et qui nous soutiennent dans cette épreuve. Faire un sevrage, et vraiment, je ne me mise pas que ce soit la cigarette. L'alcool, la cocaïne, c'est très dur. Ça n'a rien à voir avec la volonté. Si on avait la volonté, on ne gaspillerait pas autant d'argent dans la substance, on n'irait pas jusqu'à se faire des trous dans les narines. Donc, il faut bien sûr avoir la volonté. Ça va être un des éléments, mais ce n'est pas que. D'ailleurs, moi, je parle plus de motivation. Il faut avoir de la motivation. Puis après, il faut trouver le bon timing, le soutien, justement pour nous aider dans les moments difficiles. des fois avoir Une épaule sur laquelle se pencher, ça fait du bien.

  • Speaker #1

    Et la famille et puis les amis, ça part. Oui, la famille. C'est-à-dire là-dessus, en se disant tout simplement, soyons bienveillants, avec ce truc de, je sais que tu galères, donc j'ai fait l'effort de ne pas filmer. Oui. Quand toi, tu es en période d'arrêt, par exemple, ou je fais un décoctel indifférent, etc., je pense que c'est un peu du bon sens.

  • Speaker #0

    Oui, mais en fait, c'est ça, on en revient à l'empathie, de la bienveillance. Je pense que si on faisait plus attention à tous les uns les autres, se donner du courage, ça fait du bien, ça nous permet de mieux repartir. Moi, je sais que j'ai beaucoup de messages sur Instagram qui me disent « Ah, j'ai échoué, etc. » Je dis « Mais alors non, tu n'as pas échoué. » « Faut pas. » T'es là à me poser la question, à me le dire, ça veut bien dire que t'es toujours dans la démarche. Donc non, c'est juste que t'as encore besoin de plus d'aide, de plus de soutien. Donc c'est à ce moment-là qu'il faut, dans l'entourage, resserrer. Plutôt que de dire, tu vois, t'as pas de volonté. Mais non, ils ont la volonté, c'est hyper dur. Souvent, moi, je fais l'analogie avec la femme enceinte qui accouche. Il y a des femmes qui accouchent avec péridurale, d'autres sans péridurale. Et ça veut pas dire que celle qui accouche sans péridurale, elle est plus courageuse ou autre. C'est juste une question de tolérance à la douleur. Il y a des gens qui sont plus sensibles et d'autres non. Et il y a des gens qui vont galérer à se sevrer parce que ça leur fait mal, le sevrage, c'est vraiment violent. Et ils n'y arrivent pas, donc ils ont besoin d'être hyper encouragés par les médecins, voir s'il y a des molécules, la psychologue, etc. Et puis d'autres vont dire « Ah, moi j'ai réussi du jour au lendemain » . C'est super, tant mieux pour toi. Chaque individu a sa propre histoire. Et voilà, il ne faut pas minimiser que le sevrage, c'est tout sauf facile.

  • Speaker #1

    En tout cas, on doit donc en retire, on accompagne nos enfants.

  • Speaker #0

    On a des manies, on leur en parle, et beaucoup de bienveillance.

  • Speaker #1

    Je suis sûre que tu as éclairé vraiment plein de parents. Pour ce sujet si compliqué, on peut le dire. On peut retrouver où ton travail ? Tu peux nous le donner.

  • Speaker #0

    Alors, sur Instagram ou TikTok. Sur Instagram et TikTok, de toute façon, j'ai le même nom. C'est ketty, K-E-T-Y, D-L-S, point, à Dicto.

  • Speaker #1

    Il y a aussi ton livre.

  • Speaker #0

    Mon livre, j'arrête vraiment de filmer aux éditions Marabout. Donc, dans toutes les librairies, sur Internet. Voilà, on le trouve partout.

  • Speaker #1

    On va donc partager l'extrait de cet épisode aussi sur nos réseaux.

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr. Merci beaucoup. Merci.

  • Speaker #2

    Merci d'avoir écouté cet épisode. Si vous êtes arrivé jusque là, c'est peut-être qu'il vous a plu. Alors n'hésitez pas à vous abonner à ce podcast, à lui laisser un avis 5 étoiles et un commentaire pour qu'il voyage davantage. Retrouvez-moi sur le cœur net, posez vos questions, partagez votre expérience et échangez avec une communauté franchement bienveillante. Et si vous voulez du concret, du précis, du vraiment utile au quotidien, inscrivez-vous à ma newsletter santé dans les notes de cet épisode. Au programme ! des tips, des docs, des recommandations médicales et psy pour vous éclairer et surtout vous aider vraiment.

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En tant que médecin, mais aussi en tant que mère, je vois à quel point la question des addictions peut provoquer peur, colère, impuissance. On découvre une puff, un paquet de clopes, un message flou sur Snap, et tout de suite 1000 questions nous traversent. Mon ado va mal ? J'ai raté quelque chose ? Comment ouvrir le dialogue sans braquer, sans minimiser ?


J’ai reçu Ketty Déleris du compte @kettydls.addicto, tabacologue & autrice à l'approche déculpabilisante et ancrée dans la psychologie, la médecine.

On parle de santé, de bien-être, de ce passage particulier qu’est l’adolescence, où nos jeunes cherchent à s’affirmer, souvent en imitant le groupe. Ketty explique pourquoi un adolescent peut être tenté par la cigarette, l’alcool, la drogue, tout en sachant que “c’est mauvais”. À 15 ans, le long terme ne parle pas ! Ce qui compte, c’est l’instant, le regard des autres.


Ketty nous aide à trouver les bons mots et à mettre un cadre sans casser la confiance. On évoque les trois types de dépendance, les nouveaux modes de consommation, l’impact des réseaux sociaux, mais aussi les ressources concrètes comme les consultations jeunes consommateurs pour libérer la parole des ados.


Cet épisode vous apportera de la nuance, et du réconfort. Parce qu’accompagner notre enfant, ce n’est pas le contrôler : c’est lui transmettre comme on peut les compétences pour qu'il ose nous parler, même quand ça fait peur.


Resources :

Le livre "J'arrête vraiment de fumer" de Ketty Deléris

Consultations jeunes consommateurs (CJC)

Drogues Info Service

Fil santé Jeunes (numéro anonyme et gratuit)

Sources :

Enquete ENCLASS 2022


Le Passage est un podcast produit et animé par le Docteure Laure Geisler.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans Le Passage. Aujourd'hui, on va parler d'un moment que beaucoup de parents redoutent. Ce moment où, à peine sortis de l'enfance, nos ados nous confrontent à des réalités bien plus adultes. On ouvre un leurre-sac, on tombe sur un paquet de clopes ou une puff, et là, panique. On se demande pourquoi, qu'est-ce qu'on a loupé, comment réagir ? Bref, pour nous aider à y voir plus clair, j'ai la chance de recevoir Katie Deliris, tabacologue et experte des addictions. Si vous la connaissez pas encore, Katie, c'est la voix rassurante et déculpabilisante derrière le compte katiedls.addicto qui cartonne grâce à ses conseils concrets et accessibles. Elle est aussi l'autrice du livre J'arrête vraiment de fumer aux éditions Marabou. Avec Katie, on parle sans jugement mais avec beaucoup de clarté face au ressenti des ados. Pourquoi les ados consomment ? Pourquoi c'est pas forcément juste un effet de mode ? Et surtout, comment en tant que parent, on peut réagir de façon juste ? sans dramatiser, sans banaliser. Bref, un épisode précieux pour mieux comprendre et accompagner. Je vous souhaite une bonne écoute.

  • Speaker #1

    Hello Cathy, merci d'être avec nous. Merci Laure pour l'invitation.

  • Speaker #2

    Merci d'être avec nous dans Le Passage. Donc c'est quoi toi ? Est-ce que tu aurais une musique de ton adolescence ?

  • Speaker #1

    Alors, une musique, c'est difficile parce que moi, je te dirais deux. En fait, depuis tout le temps, j'ai écouté et du rap et de la techno. J'ai toujours fait les deux. DJ Mehdi, en fait, c'était moi. Donc, je dirais, s'il fallait choisir un son rap de mon adolescence, je dirais La Fonky Family, Gravée dans la Roche. Et en techno, je mettrais The Prodigy, No Good.

  • Speaker #2

    C'est bien, ça fait une bonne transition parce que je sais aussi que tu interviens Beaucoup dans le milieu notamment de la techno. Oui,

  • Speaker #1

    le festif.

  • Speaker #2

    Oui, le milieu festif, avec les DJs aussi qui se sensibilisent.

  • Speaker #1

    Tout à fait. De plus en plus, maintenant dans les soirées, dans les free parties, dans les festivals, il y a des stands de réduction des risques, j'allais dire stands de RDR, mais ça c'est l'abus de langage. Souvent, je vais dans ces soirées, je vérifie un petit peu comment ça fonctionne, s'ils ont tout ce qu'il faut, les bouchons d'oreilles, puis tout ce qu'il faut pour justement... avoir moins de risques si on prend des substances, donc le sérum chi, les kits de roule-tapail,

  • Speaker #2

    etc. Oui, c'est important de savoir que ça existe aussi, parce que l'idée, c'est d'accompagner au mieux. On n'est pas en train de promouvoir quoi que ce soit, on entend dire juste, si tu devais consommer, il ne m'a pas voulu car de toute façon,

  • Speaker #1

    c'est non. Exactement, parce qu'on sait très bien que dans la prévention, on regarde sur les paquets de cigarets, depuis des années, c'est marqué « fumé, tue » , et ça ne marche pas non plus, ce n'est pas si simple. Ça se saurait si c'était si simple. Il faut déjà un temps pour se préparer, à se dire est-ce que je suis prêt à vouloir arrêter ou pas, etc. Et donc, en attendant, il vaut mieux le faire de façon safe.

  • Speaker #2

    Et donc, toi, tu accompagnes ces soirées-là. Il y a pas mal d'ados aussi qui viennent te voir,

  • Speaker #1

    j'imagine ? Alors, de jeunes adultes en soirée, pas d'ados. Par contre, j'ai des ados sur mon compte Instagram ou TikTok qui viennent me voir, effectivement, pour me demander des conseils.

  • Speaker #2

    Alors, je te connais depuis un petit moment maintenant. On est toutes les deux sur TikTok aussi, notamment. Ça m'amène à un truc très léger. Tu parles des soirées, mais c'est vrai que c'est important aussi, les fautes de dires. de façon un peu légère, hyper accessible, des choses qui relèvent de thématiques qui font peur. Oui, les addictions, ça peut faire peur. Oui,

  • Speaker #1

    c'est légitime. Je pense que quand tu disais une maman ou un papa retrouvent un paquet de cigarettes dans le tiroir de son fils ou de sa fille, forcément, on s'inquiète parce qu'on sait que c'est mauvais pour la santé. Et notre peur, elle prend le dessus et c'est là où, généralement, le dialogue ne passe pas. Et on n'a pas les mots justes, donc je suis là pour essayer de donner les mots justes et lancer un dialogue entre les parents et les ados.

  • Speaker #2

    Et c'est tout l'objet de cet épisode. Merci beaucoup d'être là. Je pense que c'est important d'entendre aussi le point de vue des ados, parce que tu disais que les parents savent que ce n'est pas bon pour la santé, etc. Mais souvent, les ados aussi.

  • Speaker #1

    Bien sûr.

  • Speaker #2

    Je voudrais te partager quelques extraits. Et si c'était OK, on brief après.

  • Speaker #1

    OK. Simple pour moi de ne pas fumer, parce que mon grand-père, il est mort de ça. qu'il avait une maladie cardiaque ? Alors, la peur, c'est un bon moyen d'arrêter, je dirais, sur du court terme. Sur du long terme, ça ne marche pas très bien. Tu vois, par exemple, alors là, on va mettre le cas de l'ado un peu à part, mais quelqu'un qui fait un infarctus, il va arrêter de chumer, tout le temps à l'hôpital, et puis il va retourner chez lui et il va peut-être rechumer. En fait, tu as peur sur le moment, ça marche bien. Et puis, si on n'entretient pas les choses avec des vraies motivations profondes... Ça ne marche pas sur du long terme. Un ado ? Oui, la santé, c'est trop long pour lui. Comment tu veux qu'il se projette ? Et je dirais que c'est normal. Heureusement, ça veut dire qu'il est plutôt sain. On lui dit, tu risques d'avoir un cancer du poumon quand tu vas avoir 65 ans, il a 15 ans. Ouais, alors peut-être que là,

  • Speaker #2

    dans sa famille,

  • Speaker #1

    c'était très prégnant et qu'il a baigné là-dedans. Il a peut-être vu ses parents souffrir et que ça l'a vraiment touché. Mais il y en a d'autres, ça ne va pas les toucher parce que la santé, ce n'est pas quelque chose qui... qui va vraiment motiver un adolescent.

  • Speaker #2

    C'est vrai que les adolescents, et c'est normal, ils sont très obnubilés par, on va dire, les relations sociales. Oui, il est aussi d'être inclus dans un groupe.

  • Speaker #1

    Mais dans la balance décisionnelle, le fait d'appartenir à un groupe, de faire comme tout le monde, ça pèse bien plus que je vais peut-être avoir un cancer du poumon. C'est pour ça que ce n'est pas un bon argument pour les ados. Après, lui, ça a marché, tant mieux. Et heureusement.

  • Speaker #2

    Oui, tant mieux pour lui. Et je trouve ça... Très direct. Il démarre comme ça, oui, cette phrase très direct, très cash, mais il a bien aussi assimilé. Ce qu'on voit finalement, c'est que les ados, ils savent que c'est pas bon pour la santé.

  • Speaker #1

    C'est ça, ils le savent tous. C'est écrit partout. On leur rabâche depuis qu'ils sont tout petits. Ça fait partie des arguments. Il faut quand même le garder. C'est important. Il faut être factuel. Moi, quand on me demande des éléments, je vais être factuel sur la santé. Mais après, je vais essayer de trouver d'autres éléments.

  • Speaker #2

    OK, on écoute la suite ? Ouais.

  • Speaker #1

    C'est très simple,

  • Speaker #2

    si on veut en acheter sur les réseaux par exemple, il y en a plein qui vendent et qui peuvent livrer facilement à n'importe qui.

  • Speaker #1

    C'est vrai que les ados ont changé un peu leur façon de consommer et notamment depuis le Covid. C'est-à-dire que maintenant, on envoie des messages sur Snap et on a les livreurs qui viennent directement. C'est dingue. Et que ça soit, alors là on parle de tabac, mais ça peut être le protoxyde d'azote notamment, il se fait livrer en bas de chez soi. Ou d'autres produits, les tasses, tout ça.

  • Speaker #2

    Les bonbonnes, par exemple, de proto. Tu peux expliquer que ces bonbonnes qu'on va utiliser, nous, pour faire de la chantilly, par exemple, cette chose, aujourd'hui, il y a vraiment des recommandations. On ne peut pas les acheter sur une laineur. C'est très strict parce qu'on sait qu'il y a un mésusage. Les jeunes, ils vont mettre un ballon et inspirer cette gaze pour avoir cet effet euphorisant.

  • Speaker #1

    Alors maintenant, en plus, ils n'utilisent plus les petites cartouches dans les trucs de chantilly. Non. Ils utilisent des grosses bonbonnes, on appelle ça des tanks. On dirait des bouteilles de plongée. Donc c'est énorme. Justement, ils mettent la bouteille entre leurs cuisses. Donc elle est là, ça monte jusque là. C'est des grosses bouteilles. Et donc ça, c'est livré effectivement par Snap.

  • Speaker #2

    Un jeune qui est sur Snap, il n'y a pas de contrôle parental.

  • Speaker #1

    Non, c'est très difficile. Je pense que c'est pour ça qu'il est important d'en parler avec son enfant. Il faut ouvrir le dialogue. Il ne faut pas qu'il ait peur d'en parler. Merci. peur, il n'en parlera pas. Un adolescent, il va tester des choses. Quoi qu'il arrive, il va tester soit la cigarette, soit l'alcool. Parce que c'est vrai qu'en France, on normalise un peu le fait de boire, mais l'alcool, c'est une drogue aussi. Quoi qu'il arrive, l'ado, il va tester. Donc, il faut en parler avant ce qu'on appelle, nous, renforcer les compétences psychosociales. Apprendre à savoir dire non, avoir une bonne estime de soi, être persuadé que... On n'a pas besoin de consommer pour faire partie d'un groupe parce qu'on a des qualités. Bien sûr qu'on a des défauts, mais on est une personne humaine. Et ça, ça se travaille justement. Et puis après, il faut que l'ado ait le courage, et je dirais, de se dire je peux aller en parler à mes parents sans que j'ai peur d'être punie. Il faut instaurer un climat de confiance. Et si ça ne suffit pas, moi je dis toujours, c'est important que... Moi, j'ai... Par exemple, avec mon fils, j'ai toujours dit, si tu ne veux pas me parler de certaines choses que je comprends parce que je suis ta maman, sache que tu peux en parler à telle ou telle personne. C'est des amis de confiance. Et ces amis, je leur ai dit, par contre, s'ils vous parlent, vous ne le répétez pas. Je n'ai pas à savoir. Je vous fais confiance. Je sais que vous allez gérer. Et voilà. Et ça permet d'avoir aussi d'autres adultes référents qui peuvent justement aider sans qu'ils vont dire à mes parents, etc.

  • Speaker #2

    C'est chouette de trouver ce genre de personnes. Après, si c'est très compliqué d'avoir quelqu'un... Des fois, on vient de déménager, par exemple, on n'a pas de proche autour, on est un peu isolé, par exemple, et c'est compliqué.

  • Speaker #1

    C'est pour ça que c'est important aussi des fois de se dire je laisse mon ado ou pré-ado avec le médecin. Je ne suis pas obligée d'être là à la consulte, je peux attendre dans la salle d'attente. Et je pense que c'est important d'avoir cette bulle où l'ado peut avoir des questions. Ça me fait penser aujourd'hui, j'ai eu un jeune dans mes DM Insta qui me disait Donc, il avait pris un tas, une extasie, et il allait voir sa copine et il me disait, mais du coup, si j'embrasse ma copine, est-ce que je vais la contaminer ? Et tu vois, donc, heureusement qu'on est là pour leur répondre en lui disant, ben non, tu ne vas pas la contaminer. Reste sur toi. Par contre, toi, fais attention à telle chose ou telle chose. Et c'est important qu'il y ait des professionnels de santé qui peuvent accueillir ces questions-là.

  • Speaker #2

    Et tu sais, moi qui fais beaucoup de prévention, ce que j'aime, c'est de proposer aux parents de voir les jeunes seuls, mais même sans motif. Tu vois, je trouve que, tu vois, il y a un moment, le gamin, il a un pédiatre, il le voit jusqu'à ses 10, 11, voilà, souvent c'est le début de la puberté. et bien dire tout simplement, ça y est, tu peux peut-être y aller seule, si tu veux, je viens, ou si je viens en cours de consulte, c'est ok. Mais en fait, finalement, le soignant, il va forcément toucher à des choses. Bien sûr, les questions de harcèlement, des fondements, pareil aux parents. La conso, forcément, souvent. Et c'est vrai aussi qu'il y a des parents qui ne sont pas en mesure. Tu vois, le premier exemple du jeune qui disait, nous, il y a eu un décès à la famille. Des fois, les parents, ils... Ils n'ont pas les armes pour parler, c'est trop d'émotion. Oui,

  • Speaker #1

    quand c'est tes parents qui sont dehors de quelque chose, c'est pour ça que peut-être d'ailleurs ça a résonné chez lui, parce qu'il a peut-être vu cet énorme chagrin, ça a pu aussi le bouleverser sur sa façon d'être. Et oui, je pense que les professionnels de santé, c'est important qu'ils aient cet espace de parole avec l'ado seul.

  • Speaker #2

    Et pour revenir à Snap, toi t'en penses quoi ?

  • Speaker #1

    C'est un réseau social comme un autre. Je pense qu'il y a ce mode de consommation qui est arrivé avec les dealers qui sont beaucoup là-dessus. Si ce n'est pas Snap, ça sera TikTok ou autre. Donc, il faut se dire qu'on ne peut pas échapper à ça, malheureusement. Mais c'est vrai que maintenant, on ne va plus dans la rue voir son dealer. C'est le dealer qui vient en bas de chez vous et qui vous livre. Et c'est pour ça que c'est important de parler de ces choses. Il ne faut pas que ce soit tabou. Tu sais, c'est comme la sexualité avec les enfants, ça a longtemps été très tabou, on n'en parlait pas. Et on a bien remarqué que c'est là où on avait des comportements à risque. Je pense que les consommations, il ne faut plus que ça soit tabou. Surtout qu'il faut se dire que souvent, les parents, eux aussi, ils ont expérimenté quand ils étaient jeunes, la cigarette, l'alcool, voire d'autres produits. Donc, ils peuvent parler de ça aussi.

  • Speaker #2

    Une personne qui a consommé ou qui a testé des choses, est-ce qu'elle doit finalement le cacher à son ado ou plutôt en parler selon toi ?

  • Speaker #1

    Alors moi, je suis partienne de jamais mentir à son ado. Et d'ailleurs, c'est ce que j'explique aux parents quand ils découvrent une puff dans le tiroir. C'est plutôt de demander mais pourquoi tu as ça ? À quoi ça te sert ? Qu'est-ce que ça t'apporte ? Est-ce que tu connais les dangers ? Déjà, ça va être poser des questions ouvertes, pas fermées, et qu'on laisse... parler la personne. Et donc, l'ado, il a le droit de savoir aussi que nous, on a fait ces choses-là. Et justement, on peut en témoigner. On a peut-être eu des histoires pas sympas qui nous arrivaient. On sait aussi pourquoi, avec l'âge, on s'est dit « Hum, en fait, c'était pas super » . Donc, on a notre expérience à apporter.

  • Speaker #2

    Et à notre expérience, elle peut concerner aussi les personnes, par exemple, fumeuses, addictes. C'est très bien aussi de dire à son enfant « J'ai tenté d'arrêter, mais j'ai repris » . Ça prouve bien que ce n'est pas qu'une question de volonté, ce n'est pas si simple. Non mais j'en témoigne.

  • Speaker #1

    Et ce qui est important, ce n'est pas parce que, par exemple, on a des parents chumeurs qui découvrent que leur ado chume, qu'ils doivent tolérer. En fait, ça peut être, je garde le cadre en leur disant, regarde nous, on galère, etc. Donc, je te présente, la maison est non fumeuse, mais tu peux fumer sur le balcon ou dehors. Mais la maison reste non fumeuse. Alors, il faut qu'ils le fassent. Parce que si je fume à la maison, mais voilà, ça, c'est ce que je dis à mes patients, on essaye de fumer en extérieur pour pas justement la fumée tertiaire qui se dépose sur, tu sais, tous les meubles. Et c'est ça qui peut être toxique aussi. Donc, l'ado, on lui interdit pas, mais on lui met un cadre. Et ça, c'est très important, parce que si on commence à ne pas mettre de cadre, c'est là où la dépendance comportementale, elle s'accentue. Tiens, je viens de finir de manger, je vais allumer ma cigarette et puis je vais me mettre devant le canapé. Ou dès le matin, je vais allumer ma cigarette. Un ado qui vient de se réveiller, il n'a pas envie d'aller dehors fumer sa cigarette. Donc, ça va ralentir quand même sa consommation de mettre un cadre.

  • Speaker #2

    Est-ce que juste tu peux nous rappeler les trois types de dépendance liées à la cigarette ?

  • Speaker #1

    Dépendance physique, donc ça c'est le besoin de nicotine. On sait que la nicotine, c'est une des substances les plus addictives. Dépendance comportementale, c'est les habitudes. Je viens de finir un repas, j'allume une cigarette. Je bois un café, j'allume une cigarette. Voilà, la pause cigarette. Et il y a la dépendance psychologique. Je suis énervée, je vais aller fumer une cigarette pour m'apaiser. Ou je suis stressée, j'angoisse de quelque chose, je vais aller fumer une cigarette pour me calmer. Ou au contraire, ça peut être aussi les émotions. C'est la fête, je m'amuse, je vais sublimer ce moment avec une cigarette. Donc, c'est important de comprendre ces trois dépendances. L'arrêt du tabac, ce n'est pas juste je colle un patch, sinon ça serait trop simple.

  • Speaker #2

    Donc ça, le patch, c'est pour la dépendance ?

  • Speaker #1

    C'est pour la dépendance physique. Donc ça, c'est important pour les gens qui ont une dépendance physique élevée. Mais il faut retravailler le comportement, la gestion des émotions, tout ça, c'est important. Dans la grande majorité, un ado qui va commencer à fumer, c'est pour faire comme les autres, c'est pour rentrer dans ce groupe, c'est plutôt le côté festif. Mais il peut y avoir aussi que l'ado, il a mémorisé, parce qu'il a vu ça dans les films ou ses parents, que quand il fumait une cigarette, quand il était stressé, ça l'est calmé. Un ado qui peut ne pas aller très bien, il va se dire, tiens, je vais commencer à fumer parce que je ne vivais pas bien dans ma vie. C'est pour ça que quand on découvre des cigarettes, on a tendance, par an, à vouloir dire « Mais qu'est-ce que tu fais ? C'est mauvais pour ta santé. Mais il y a peut-être un mal-être aussi, ou pas. » Donc, c'est pour ça qu'il faut laisser la porte ouverte, dire « Mais en fait, pourquoi tu as besoin de ça ? Qu'est-ce que ça t'apporte ? Qu'est-ce que tu aimes là-dedans ? Qu'est-ce que tu n'aimes pas ? » Et en fait, c'est le faire parler.

  • Speaker #2

    Oui, justement, ça fait écho à la suite des extraits.

  • Speaker #1

    Moi,

  • Speaker #3

    finalement, ni mes parents, ni le collège m'a... dit de ne pas fumer. Moi, je trouve ça juste très gênant.

  • Speaker #1

    Typiquement, dans ce témoignage, on voit qu'il n'y a pas eu de discussion. C'était le sujet tabou de la conso, alors que je pense qu'il faut en parler. C'est ce qu'on disait tout à l'heure, c'est important. Et là, elle dit, en plus, au collège, ils n'en ont pas parlé. Alors, normalement, en SVT, on voit un petit peu, donc elle a peut-être oublié. Normalement, il y a vie affective et sexualité, il y a les consommations drogue, cannabis, tabac. Mais c'est vrai qu'on fait de la prévention des fois qui ne marche pas très bien. dans les écoles où on y va et on leur dit c'est pas bien de fumer, c'est mauvais pour la santé. C'est pour ça que ça se trouve, elle a oublié parce que ça ne lui parle pas et que c'est plutôt important d'essayer de comprendre, de déjouer les mécaniques. Moi, j'aime bien jouer sur ça, de leur montrer comment l'industrie du tabac les manipule. Par exemple, sur la puff, on voit bien comment ça arrivait comme ça. C'est un vrai travail marketing derrière. Ils ont quand même payé des influenceurs. Ils ont fait en sorte de mettre des bons goûts, un packaging super joli. Donc en plus, si tu vois tes influenceurs la voir tout le temps à la main ou autre, ils ont été hyper bons sur le marketing. Donc moi, c'est plutôt ça. J'essaye de leur expliquer comment on les manipule sans qu'ils s'en rendent compte. Et justement, ils sont à un moment de leur vie où il faut qu'ils se rendent compte que c'est eux qui doivent prendre leurs décisions, c'est plus leurs parents. Mais ça doit être encore moins l'industrie du tabac ou autre.

  • Speaker #2

    Et puis, ce qui n'est pas simple, je trouve qu'à ces âges-là, les enfants, ils ont vraiment un degré de maturité qui est complètement différent. Et c'est vrai qu'à la décharge des systèmes d'éducation, qui n'est pas facile, moi, je le connais plus sur le côté sexo, mais en addicto, je pense que c'est pareil. Il y a des jeunes qui sont prêts à entendre ça très bien, peut-être parce qu'ils ont un grand frère, une grande soeur, ils en ont parlé déjà un peu à la maison,

  • Speaker #1

    et d'autres, mais... pas évident, elles sont complètement larguées,

  • Speaker #2

    entre guillemets, et peut-être tombées aussi, parce que c'est pas de leur âge, bien sûr, entre guillemets. Voilà,

  • Speaker #1

    c'est ce qui est pas simple aussi. C'est pour ça que je pense que c'est bien de faire appel à l'éducation nationale, parce qu'ils ont l'habitude de leur jeune. Ils savent dans la classe qu'il y a un peu comme ça ou autre. Donc moi, je suis ravie quand les profs de SVT parlent des consommations, ça me va très bien. Allez-y,

  • Speaker #2

    on continue. Il y en a qui commencent à fumer dès le plus jeune âge parce que les fréquentations fausses. Ils disent par exemple qu'il y a les puffs électroniques. Ils disent oui, tu peux essayer une fois, tu ne vas pas devenir addict.

  • Speaker #1

    Et après, ils commencent à tomber dedans.

  • Speaker #2

    Et moi, c'est ça qui me fait peur. Donc justement, est-ce qu'on peut arrêter si on n'a testé qu'une seule fois ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est tellement propre à chacun. L'addiction, c'est la rencontre entre une personne, donc dans sa globalité, sa génétique, comment elle se sent dans sa tête. son estime de soi, ses problèmes, etc. Donc, c'est la personne, c'est le produit en lui-même. Il y a des produits plus ou moins addictifs. Donc, la nicotine, c'est extrêmement addictif. Ça fait partie des produits les plus addictifs, avec l'héroïne, la cocaïne, etc. Et il y a l'environnement. Effectivement, dans l'environnement, si on a des copains consommateurs, en fait, on normalise. Ça fait quand même assez longtemps que maintenant, ils se battent pour dénormaliser le tabac. Et ça marche. On voit qu'il y a de moins en moins de jeunes fumeurs en France. Mais, effectivement, maintenant, c'est de nouveaux produits. Et donc, c'est pour ça, c'est la rencontre entre le produit, la personne et l'environnement. Donc, la personne, est-ce qu'elle va arrêter d'un seul coup ou pas ? Ça dépend, en fait. Je n'ai pas de réponse à ça. Il y a des personnes qui vont être très vite physiquement dépendantes à la nicotine. Et puis d'autres qui vont se dire, du coup, grâce à ça... J'arrive à rentrer dans ce groupe, etc. Puis plus on va le refaire, ce geste, plus ça va nous donner une contenance, et puis après une dépendance, etc.

  • Speaker #2

    Et moralité, donc, si notre enfant a testé, on va dire, juste une fois, c'est pas très grave, c'est pas très grave.

  • Speaker #1

    C'est pas très grave, mais ça veut pas dire que c'est sans risque. Justement, il faut en parler, c'est pas anodin. Voilà, c'est parce qu'il a essayé une fois que ça y est, c'est un drogué. C'est ça que... Voilà. Et encore, qu'est-ce qu'il y a derrière ce mot ? Je n'aime pas tellement, mais ne paniquons pas. Je pense qu'il ne faut pas avoir de la panique, mais il ne faut pas banaliser. Donc, c'est dire, OK, tu as pris ça, mais pourquoi ? Qu'est-ce que ça t'apporte ? Est-ce que tu connais les dangers ? Parce que, aussi, des fois, ils ne sont pas au courant, vraiment, des dangers. Notamment la PEUF, au départ, ils savaient... Déjà, souvent, ils ne savent même pas combien il y a de nicotine dedans. Moi, je leur dis, mais il y a de la nicotine. Ça dépend des fois, mais à combien ? Et là, des fois, ils me disent « Oh non, c'est 0,2 » . En fait, 0,2, c'est 20 mg. C'est ce qu'il y a de plus fort en France. Non. C'est ce que, moi, je vais conseiller à des patients qui fument un paquet par jour.

  • Speaker #2

    Et tu vois, la puff, maintenant, c'est interdit en France. Toutefois, comme tu disais tout à l'heure, il y a aussi un peu ce clivage entre les drogues licites et illicites. Oui. Et le fait que ce soit licite, l'alcool aussi, le tabac. et bien ça rend, je trouve, le truc un peu moins dangereux, entre guillemets.

  • Speaker #1

    Oui, en fait, quand c'est licite, du coup, on peut faire plus de campagnes, justement, de prévention. On peut agir au niveau politique plus facilement. Quand c'est illicite, normalement, c'est interdit, ça ne devrait pas exister.

  • Speaker #2

    Aux yeux des gens, on a l'impression que c'est un peu moins grave.

  • Speaker #1

    L'alcool et le tabac, c'est ce qui tue le plus de personnes actuellement dans le monde. Le tabac, c'est la première cause de mortalité évitable et l'alcool, la deuxième. Donc non, c'est pas rien. C'est surtout qu'un fumeur qui va commencer à fumer vers 12, 13, 14 ans, il a de grandes chances de devenir dépendant. Parce que plus on consomme jeune, parce que la maturité cérébrale n'est pas encore faite, plus on a de risques de devenir dépendant.

  • Speaker #2

    Ça, c'est une phrase qu'on peut dire au GM. Je pense qu'il peut tout à fait intégrer. Le fait que ces sept ne sont dépendants, j'ai l'impression qu'ils comprennent.

  • Speaker #1

    Et puis, ils n'aiment pas être dépendants de quelque chose. Ils veulent garder leur indépendance, justement, parce qu'ils en ont marre que les parents choisissent pour eux. Moi, je joue beaucoup là-dessus.

  • Speaker #2

    Et je trouve que les générations d'aujourd'hui, d'ailleurs, pour avoir lu sur le sujet, tu sais, il y a aussi beaucoup d'éco-anxiétés. Avec le Covid,

  • Speaker #1

    il y a eu vraiment...

  • Speaker #2

    Moi, j'ai beaucoup d'empathie pour les jeunes. Ce n'est pas forcément simple en ce moment, mais c'est des jeunes qui ont besoin de liberté. Oui, et plus apparemment que les générations d'avant, qui ont plus peut-être envie de voyager. Et je trouve ça chouette de jouer sur cette notion-là. Oui, de libérer les verres. Mais toi, tu es peut-être quelqu'un qui a envie d'être libre. Là, tu es cantonnée à ça, ça va toucher à ton portefeuille, à ta santé, plein de trucs en fait. C'est ça.

  • Speaker #1

    Et souvent, moi je vais arriver, parce qu'ils me disent, oui, mais je ne fume pas beaucoup, je fume deux, trois cigarettes. Et moi, je me dis, mais tous les fumeurs ont commencé comme toi. Au départ, on fume tous deux, trois cigarettes, puis après c'est trois, quatre, puis quatre, cinq, et voilà. Justement, vu qu'il y a quand même une dépendance physique, si on a des récepteurs, jusqu'à ce que notre cerveau se stabilise. En gros, la génétique était faite pour avoir un taux d'un paquet ou un demi-paquet. Ça dépend des personnes. En quotidien ?

  • Speaker #2

    En fait,

  • Speaker #3

    ils ont des problèmes en dehors de la famille. C'est-à-dire que les copains, ça ne va pas. Et du coup, la seule solution, c'est la cigarette, même s'il y a d'autres solutions. Les jeunes, ils disent que la cigarette, elle apporte... Bye ! Je sais pas, en fait, ils sont populaires. En fait, ils pensent qu'ils sont populaires. En fait, c'est de la mode. Oui, en fait, ils pensent qu'ils sont populaires, voilà. Mais ça apporte rien. En vrai, ils pensent rien d'autre de la cigarette. Pour eux, c'est que le style, peut-être le goût aussi, pour pas décevoir leurs copains, ou peut-être qu'ils se sentent rejetés s'ils fument pas. Mais sinon, ils pensent rien d'autre.

  • Speaker #1

    Bah, c'est exactement ce qu'on dirait. Il y a beaucoup de choses à dire. Déjà, effectivement, on sait très bien que dans les films qu'on regarde, les séries, on glamourise énormément la cigarette. Moi, il n'y a pas longtemps, j'ai regardé sur Netflix Georgia Dina, je crois que c'est ça. Et en fait, la maman, elle est trop cool. Elle fume des joints, elle boit de l'alcool. C'est la super copine et on a toujours envie d'avoir une maman comme ça. Donc là, on glamourise. extrêmement le tabac, l'alcool, le cannabis. Et donc, l'ado qui regarde ça, il dit « Ah, je suis très clébée » . Mais ce n'est pas la vraie vie, en fait. On le sait très bien. Sauf que quand on est ado, on est influençable. Donc, il y a ça, le fait de... On se dit « C'est cool » , donc on glamourise. Et puis après, effectivement, il y a l'esprit de groupe, comme elle disait, pour ne pas être rejetée, se sentir aimée, se sentir valorisée. Donc ça, c'est ce que je disais. tellement important de travailler sur l'estime de soi. Il faut renforcer, travailler les compétences psychosociales, mais dès le plus jeune âge, leur faire comprendre qu'ils ont tous des qualités. Bien sûr qu'on a des défauts, mais on a tous des qualités. Avoir de l'empathie les uns pour les autres. Si tout le monde avait plus d'empathie, je pense qu'on ne serait pas là. Tu ne fumes pas, tu ne fais pas partie du groupe.

  • Speaker #2

    Tu disais, peut-être dès le plus jeune âge, je pense que le boulot des parents, ça va être peut-être même de relever ce que l'enfant n'a pas vu. Je trouve que quand son enfant a un comportement chouette, mais quel qu'il soit, peut-être de bienveillance ou une petite pensée pour quelqu'un, ou ne serait-ce qu'un gagneur en autonomie et que finalement, vous, vous le relevez. Et bien, peut-être que c'est cool juste tout simplement de le dire et de rattacher de l'émotion à ça. Je sais que dans mes formations psy, on me dit beaucoup ça. Plutôt que de dire c'est super ce que tu as fait, c'est beau, c'est bien, dire quelque chose qui ressemblerait plutôt à ça, ça me touche en fait. c'est des valeurs que j'adore qui sont belles qui sont pas que tout le monde n'a pas et toi t'as réussi à faire ça et d'amener un peu de l'émotion ça valorise d'avoir quelqu'un

  • Speaker #1

    qu'on aime et qui nous met un peu plus en lumière. C'est tellement important. Je pense que c'est le propre de l'être humain de relever plutôt les défauts. Parce que tout ce qui est positif, on a l'impression qu'en fait, c'est normal. Et ce n'est pas forcément normal. C'est justement que c'est de bien nous montrer.

  • Speaker #2

    Et puis peut-être, tu vois, on parle d'addiction ou de tests, de jeunes qui testent. Peut-être qu'on peut aussi tout simplement poser la question à notre ado avant de se retrouver dans des îles. Le signe compliqué de Merci. Je suis tombée sur le paquet de club dans le bureau, dans le sac à dos. Déjà fouiller, c'est limite quand même. Donc je pense qu'il ne faut pas fouiller. Il faut peut-être tout simplement jouer sur la confiance et dire mais est-ce qu'on t'a déjà proposé ça ? C'est ça. Est-ce que ça t'est arrivé ? Ou si ça devait t'arriver, tu penses que tu réagirais comment ?

  • Speaker #1

    En fait, ce que tu dis, c'est exactement ça. Comme je disais, il faut poser des questions ouvertes. Il faut les faire parler. C'est pas juste... T'as déjà fumé ? Non, c'est en fait, est-ce que tu as déjà été confronté ? Est-ce que tu vois des amis autour de toi qui utilisent ces produits ? Qu'est-ce que ça leur apporte ? Qu'est-ce que tu en penses d'ailleurs ? C'est plutôt ça. C'est qu'est-ce que tu penses des personnes de ton âge qui consomment ? C'est tout ça.

  • Speaker #2

    Il faut leur poser des questions et puis avoir un regard critique parce que là, tu te penses, ce sera peut-être... Ils ont plein de connexions. Toutes les meufs leur trouvent tout. Moi, j'ai l'air coincée. C'est ça aussi la réalité. Les jeunes, des fois, ils se sentent en décalage, malheureusement. Et peut-être de rajouter un petit peu, tu sais, ça ne va peut-être pas durer. Finalement, peut-être aujourd'hui, il faut avoir du caractère. C'est grave d'avoir du caractère aussi. C'est attirant. Oui, tout à fait. Toucher à ça.

  • Speaker #1

    Il y a plein d'autres choses qui peuvent être attirantes.

  • Speaker #2

    Faire du sport,

  • Speaker #1

    il y a plein d'autres choses que les consommations.

  • Speaker #2

    Si on allait toutes les deux vers la minute chiffres, j'aimerais bien donner quelques chiffres aujourd'hui, si tu es d'accord. Pour planter le décor, il y a une enquête qui s'appelle En classe, qui date de 2022, sur 9500 élèves. C'est toi qui m'as communiqué d'ailleurs,

  • Speaker #1

    c'est fini. Merci beaucoup.

  • Speaker #2

    Alors, vers la sixième, 26,9% des élèves ont déjà testé l'alcool. avec une majorité de garçons. Donc, en fait, ça permet justement aussi de lever le voile.

  • Speaker #1

    Je pense que justement, comme on n'est pas assez auprès des parents sur ces chiffres, il faut se dire que sur une classe, donc au collège, un quart a déjà testé une fois de l'alcool. C'est dingue. Il faut en parler. Ouais. Alors, après, je mettrais une nuance. La première drogue initiée en famille, c'est l'alcool, justement.

  • Speaker #2

    J'ai fait une vidéo, on travaillait toutes les deux avec la ministre des Cars. et j'avais fait une vidéo sur l'alcool notamment dans les gâteaux c'est des trucs qui peuvent paraître mais totalement dérisoires mais en réalité c'est connu maintenant,

  • Speaker #1

    on sait il reste des phrases d'alcool et puis même on peut être tenté des fois quand l'ado devient un peu plus grand de dire ah bah tiens c'est l'anniversaire etc allez tu peux goûter dans mon verre non et puis je vois très bien c'est ce moment un peu festif après peut-être qu'on est

  • Speaker #2

    On subit aussi, nous, notre éducation, nos parents. Il y avait aussi ce truc, entre guillemets, t'es un homme ou t'es une femme. Je ne sais pas si je me trompe, mais il y a un peu ce truc-là. Ça nous fait plaisir, mais en réalité, on n'a vraiment pas besoin de gamin.

  • Speaker #1

    Et puis, c'est important aussi, là, de remettre la place de l'adulte. C'est de se dire que quand on fête un événement, il n'est pas obligé de boire de l'alcool.

  • Speaker #0

    On peut aussi prendre d'autres boissons. C'est aussi à nous, adultes, de montrer ça. Parce que l'air de rien, on inculque dès le plus jeune âge aux enfants que fête ou célébrer quelque chose égale alcool. Et d'ailleurs, tu vois, souvent, quand on annonce une bonne nouvelle, on dit « Ah bah champagne ! » Mais en fait, n'importe quoi ! En fait, c'est fête ! Tiens, on va fêter ça ensemble ! On va se retrouver, on va partager ce moment de joie. C'est ça, en fait, le but, c'est de partager un moment de joie. C'est pas forcément de boire de l'alcool ensemble. On est invité, il nous dit « Ah bah je te sers un verre » . Non. « Bah pourquoi ? T'es malade ? Qu'est-ce qui se passe ? » « Oulala, t'es fatigué ? » Non, juste…

  • Speaker #1

    Ou juste « t'es pas fun » .

  • Speaker #0

    Oui, t'es pas fun. Faut limite se justifier. Alors qu'on n'aurait pas à se justifier. mais t'as mis un tee-shirt blanc. Mais pourquoi blanc ? Pourquoi pas bleu ? T'es malade ? Ah, t'es pas fun. Le blanc, c'est trop neutre. Je pense qu'on se rend pas compte. avant d'avoir expérimenté ce dry january. Donc oui, moi j'invite tout le monde à faire cette expérience, justement.

  • Speaker #1

    Je vais te donner d'autres chiffres. Alors, un collégien sur cinq a déjà vapoté avec une même conso de tabac de cigarette électronique entre les filles et les garçons. Ça, c'est intéressant, ça permet de remondir sur la cigarette électronique qui est finalement aussi une drogue.

  • Speaker #0

    Dès qu'il y a de la nicotine, la nicotine c'est une substance psychoactive, c'est une drogue. Donc oui, c'est une drogue.

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, on préfère finalement... vapoter plutôt que mener des cigarettes. Toutefois, on n'a quand même pas d'études sur le long terme.

  • Speaker #0

    Alors, un fumeur qui passe à la cigarette électronique pour arrêter son tabac, oui, c'est moins dangereux. Alors, on n'a pas d'études sur du long terme, mais on a quand même maintenant à peu près 15-20 ans de recul et on voit bien que c'est bien moins dangereux. Par contre, un non-fumeur qui passe à la cigarette électronique, alors on ne sait pas. Avec quoi on compare ? Il va falloir attendre de toute façon. Donc, ce n'est pas anodin de consommer un produit pour quelqu'un qui n'avait jamais rien mis d'autre dans ses promesses. En fait, la cigarette électronique, il faut voir ça comme une réduction des risques du tabac. Mais si c'est un non-fumeur, il n'y avait pas de risque.

  • Speaker #1

    Donc, l'ado qui dirait à son parent, j'ai envie de tester la cigarette électronique pour me sentir mieux.

  • Speaker #0

    Alors déjà, pour se sentir mieux, moi, je dirais, qu'est-ce qui se cache derrière ? Pourquoi te sentir mieux ? Pourquoi tu as besoin de ça ? Explique-moi.

  • Speaker #1

    Il existe des consultations GEM consommateurs. Donc, je parlais de se sentir mieux, mais voilà, si on a besoin d'aide, aujourd'hui, il existe ce type de consultation avec... Donc, c'est les parents et les jeunes, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Alors, les jeunes peuvent y aller tout seuls. Les parents peuvent y aller tout seuls, parce que aussi, des fois, ils peuvent avoir des questions. Ils peuvent être reçus les deux ensemble. C'est vraiment... Il n'y a aucun souci là-dessus. C'est gratuit et c'est anonyme. Donc ça, c'est hyper important pour le jeune, parce que des fois, un jeune qui consomme du cannabis, il n'ose pas en parler à ses parents, mais il sent bien que ça y est hyper pied. Il peut y aller vraiment sans crainte. Donc ça, c'est important. C'est hyper médicalisé comme l'hôpital. Il y a des psychologues, des éducateurs. J'adore, je suis fan de ce dispositif. Puis les personnes qui travaillent dans ces consultations de jeunes consommateurs, ils vont avoir les mots. déjà ils vont essayer de voir si la part d'inquiétude du parent, elle est justifiée ou non. Et pareil, le parent pourra parler avec le ou la psychologue de ce qu'il ressent, parce que ce n'est pas anodin, effectivement, de voir que la personne qu'on aime le plus au nom de son enfant, il prend des choses mauvaises pour sa santé, alors qu'on en a passé des nuits à les surveiller malades, etc. Donc forcément, ça réveille en nous des inquiétudes. Et c'est pour ça que vraiment, les consultations aux jeunes consommateurs, c'est et pour le jeune et pour les parents. Ça, c'est important.

  • Speaker #1

    Et donc on a parlé d'alcool et de tabac, on a parlé de cannabis aussi. Ils voient aussi par contre les premières expérimentations d'autres drogues comme la cocaïne.

  • Speaker #0

    La consommation chez les collégiens a diminué.

  • Speaker #1

    1,4% des jeunes de 17 ans ont déjà testé la cocaïne. On passe à 10% au lieu de 18 ans. La cocaïne est consommée de plus en plus tôt.

  • Speaker #0

    C'est inquiétant parce qu'elle devient de plus en plus banale. On est inondé malheureusement de cocaïne.

  • Speaker #1

    Et dans tous les milieux.

  • Speaker #0

    Mais alors oui, c'est pas que... Parce qu'au départ, on a l'impression que c'était vraiment les milieux aisés. Mais non, parce que maintenant, c'est devenu hyper abordable. C'est tous les milieux. Et c'est problématique parce qu'il n'y a pas de traitement de substitution pour la cocaïne. Donc, c'est-à-dire que quand, à la clinique, on a des personnes qui viennent nous voir, on va donner quelques traitements pour calmer les symptômes de sevrage. S'il y a des angoisses, on va mettre des anxiolytiques, des choses comme ça. Donc, on fait du bricolage. Puis après, c'est juste des thérapies comportementales, la gestion des émotions. Et on sait que la cocaïne, ça a une grosse dépendance psychologique. Le craving, il est tellement fort. On a tellement envie d'en reprendre et d'en reprendre parce que, justement, ça nous donne une sensation de surpuissance. Ça booste notre égo, notre estime de soi. Il faut faire très attention à ça parce qu'en plus, on la banalise de plus en plus. Pareil, moi, je vois sur les réseaux sociaux, c'est tourné avec de la blague. La dernière fois, je voyais une pub pour un café à Paris où ça commence avec du sucre, il y a une carte bleue comme ça. Et puis après, il dit, mais nous, ici, on ne fait que du café. Et en fait, ça, c'est problématique. Parce qu'en fait, on normalise un geste, on normalise plein de choses, et on en fait quelque chose de drôle et visible. C'est exactement ce que faisaient les publicitaires du tabac et de l'alcool avant. Maintenant, ça se fait ça pour la cocaïne. Donc, par pitié, ne faites pas de blagues sur ça. Voilà, c'est tout sauf drôle, parce que quand on est dépendant à la cocaïne, ça amène vraiment à des histoires. Moi, j'ai des patients qui ont perdu Tout ce qu'ils avaient dans leur vie à cause de ça, leur logement, leur famille. Il y a des, sans parler aussi, des trous au niveau de la cloison nasale. C'est vraiment dur.

  • Speaker #1

    C'est très dangereux. Moi, j'ai des patients qui sont concernés et ça peut être terrible. Et justement, pour revenir à ce passage de l'adolescence, est-ce qu'il y a des signes que les parents doivent connaître où ils pourraient repérer qu'il y a une addiction, qu'il y a de la consommation ?

  • Speaker #0

    On sent que notre ado, il est... Le jeune adulte, il a des changements d'humeur. Ça, il faut regarder s'il a tendance à s'isoler, s'il délaisse ses activités qu'il aimait bien auparavant. Par exemple, s'il allait jouer au foot avant ou qu'il allait faire d'autres activités, et puis il ne le fait plus maintenant. Ça, il faut faire attention. Donc là, on doit être vigilant et on doit lui en parler.

  • Speaker #1

    Il y a des facteurs qui vont faire que les jeunes consomment plus ?

  • Speaker #0

    Alors, ben... Il y a l'environnement, c'est ce que la jeune nous disait. On sait très bien, par exemple, que certains milieux, il y a plus de consommation. Les soirées techno, on sait qu'il y a beaucoup de consommation. Donc, moi qui adore la musique techno, je pense qu'il ne faut pas non plus dire « Ah bah, ça y est, il va dans une soirée techno, il va se droguer » . Non, je pense qu'il faut par contre en parler et préparer la personne à ce qu'il risque de voir et de ne pas être tenté, savoir dire non, etc.

  • Speaker #1

    Et c'est apprendre l'affirmation de soi.

  • Speaker #0

    c'est s'affirmer, se dire que On n'a pas besoin de ce produit pour s'amuser. Et d'ailleurs, moi j'ai plein de personnes qui me disent sur Insta, moi ce que je veux, c'est pouvoir retourner en soirée techno comme je faisais avant. J'avais juste la musique et je dansais et j'étais bien. Et effectivement, quand j'ai commencé à prendre des produits, c'était merveilleux. Puis une fois que je suis dépendante, je me rends compte que ce n'est plus merveilleux du tout. Je ne peux plus m'en passer parce que ce n'est plus qu'en soirée techno, c'est toute la journée. Et justement, ils voudraient bien redevenir comme avant, pouvoir kiffer la musique sans substance.

  • Speaker #1

    Est-ce que Kétit, c'est OK pour un jeu vrai-faux ? Vas-y,

  • Speaker #0

    c'est bon.

  • Speaker #1

    Vrai-faux numéro 1, l'alcool est le moyen de socialiser les ados.

  • Speaker #0

    De socialiser entre ados ? Oui, c'est vrai. Malheureusement, ils ont l'illusion que grâce à ça, ils vont se faire des amis, puis ils perdent leur désinhibition. Donc ils vont oser, ceux qui n'ont pas une grande estime d'eux-mêmes, ils vont oser faire des choses. Ils vont oser accoster, ils vont oser justement aller aborder plus facilement les autres. Donc malheureusement, oui, mais il faut qu'on arrive à dénormaliser ça et de dire que non, on n'a pas besoin d'alcool. On peut être cool sans consommer l'alcool,

  • Speaker #1

    mais bien sûr. Bref, au numéro 2, fumer du cannabis, c'est moins dangereux que fumer des clopes.

  • Speaker #0

    Déjà, son cannabis, on le fume avec du tabac. Donc, euh... Il y a quelques puristes qui vont consommer. C'est tout aussi dangereux. De toute façon, peu importe ce qu'on fume, que ce soit du tabac, du cannabis, des herbes de Provence, du papier. J'ai 20 000 histoires comme ça. C'est toxique parce que c'est la combustion qui est mauvaise pour les poumons. Après, le cannabis, on peut faire de la réduction de l'air. Si on le vaporise, effectivement, ça sera moins nocif pour les poumons. Mais c'est tout aussi dangereux pour notre cerveau. On se rappelle que mettre une substance... psychoactif sur un cerveau qui n'a pas fini sa maturation, donc avant 25 ans, c'est problématique. Vrai ou faux,

  • Speaker #1

    les médicaments peuvent-ils être addictifs ?

  • Speaker #0

    Vrai, on a tous les eaux qui y a C qui peuvent être addictifs. On va avoir aussi même certains somnifères. Après, on ne peut plus s'en passer. C'est-à-dire qu'on ne va pas réussir à dormir sans notre somnifère. Donc non, les médicaments peuvent être addictifs.

  • Speaker #1

    Vrai ou faux, le soutien familial n'est pas essentiel pour le rétablissement d'une addiction ? Faux.

  • Speaker #0

    le soutien familial, le soutien amical, parce que des fois, il faut être entouré de personnes qui nous aiment et qui nous soutiennent dans cette épreuve. Faire un sevrage, et vraiment, je ne me mise pas que ce soit la cigarette. L'alcool, la cocaïne, c'est très dur. Ça n'a rien à voir avec la volonté. Si on avait la volonté, on ne gaspillerait pas autant d'argent dans la substance, on n'irait pas jusqu'à se faire des trous dans les narines. Donc, il faut bien sûr avoir la volonté. Ça va être un des éléments, mais ce n'est pas que. D'ailleurs, moi, je parle plus de motivation. Il faut avoir de la motivation. Puis après, il faut trouver le bon timing, le soutien, justement pour nous aider dans les moments difficiles. des fois avoir Une épaule sur laquelle se pencher, ça fait du bien.

  • Speaker #1

    Et la famille et puis les amis, ça part. Oui, la famille. C'est-à-dire là-dessus, en se disant tout simplement, soyons bienveillants, avec ce truc de, je sais que tu galères, donc j'ai fait l'effort de ne pas filmer. Oui. Quand toi, tu es en période d'arrêt, par exemple, ou je fais un décoctel indifférent, etc., je pense que c'est un peu du bon sens.

  • Speaker #0

    Oui, mais en fait, c'est ça, on en revient à l'empathie, de la bienveillance. Je pense que si on faisait plus attention à tous les uns les autres, se donner du courage, ça fait du bien, ça nous permet de mieux repartir. Moi, je sais que j'ai beaucoup de messages sur Instagram qui me disent « Ah, j'ai échoué, etc. » Je dis « Mais alors non, tu n'as pas échoué. » « Faut pas. » T'es là à me poser la question, à me le dire, ça veut bien dire que t'es toujours dans la démarche. Donc non, c'est juste que t'as encore besoin de plus d'aide, de plus de soutien. Donc c'est à ce moment-là qu'il faut, dans l'entourage, resserrer. Plutôt que de dire, tu vois, t'as pas de volonté. Mais non, ils ont la volonté, c'est hyper dur. Souvent, moi, je fais l'analogie avec la femme enceinte qui accouche. Il y a des femmes qui accouchent avec péridurale, d'autres sans péridurale. Et ça veut pas dire que celle qui accouche sans péridurale, elle est plus courageuse ou autre. C'est juste une question de tolérance à la douleur. Il y a des gens qui sont plus sensibles et d'autres non. Et il y a des gens qui vont galérer à se sevrer parce que ça leur fait mal, le sevrage, c'est vraiment violent. Et ils n'y arrivent pas, donc ils ont besoin d'être hyper encouragés par les médecins, voir s'il y a des molécules, la psychologue, etc. Et puis d'autres vont dire « Ah, moi j'ai réussi du jour au lendemain » . C'est super, tant mieux pour toi. Chaque individu a sa propre histoire. Et voilà, il ne faut pas minimiser que le sevrage, c'est tout sauf facile.

  • Speaker #1

    En tout cas, on doit donc en retire, on accompagne nos enfants.

  • Speaker #0

    On a des manies, on leur en parle, et beaucoup de bienveillance.

  • Speaker #1

    Je suis sûre que tu as éclairé vraiment plein de parents. Pour ce sujet si compliqué, on peut le dire. On peut retrouver où ton travail ? Tu peux nous le donner.

  • Speaker #0

    Alors, sur Instagram ou TikTok. Sur Instagram et TikTok, de toute façon, j'ai le même nom. C'est ketty, K-E-T-Y, D-L-S, point, à Dicto.

  • Speaker #1

    Il y a aussi ton livre.

  • Speaker #0

    Mon livre, j'arrête vraiment de filmer aux éditions Marabout. Donc, dans toutes les librairies, sur Internet. Voilà, on le trouve partout.

  • Speaker #1

    On va donc partager l'extrait de cet épisode aussi sur nos réseaux.

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr. Merci beaucoup. Merci.

  • Speaker #2

    Merci d'avoir écouté cet épisode. Si vous êtes arrivé jusque là, c'est peut-être qu'il vous a plu. Alors n'hésitez pas à vous abonner à ce podcast, à lui laisser un avis 5 étoiles et un commentaire pour qu'il voyage davantage. Retrouvez-moi sur le cœur net, posez vos questions, partagez votre expérience et échangez avec une communauté franchement bienveillante. Et si vous voulez du concret, du précis, du vraiment utile au quotidien, inscrivez-vous à ma newsletter santé dans les notes de cet épisode. Au programme ! des tips, des docs, des recommandations médicales et psy pour vous éclairer et surtout vous aider vraiment.

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En tant que médecin, mais aussi en tant que mère, je vois à quel point la question des addictions peut provoquer peur, colère, impuissance. On découvre une puff, un paquet de clopes, un message flou sur Snap, et tout de suite 1000 questions nous traversent. Mon ado va mal ? J'ai raté quelque chose ? Comment ouvrir le dialogue sans braquer, sans minimiser ?


J’ai reçu Ketty Déleris du compte @kettydls.addicto, tabacologue & autrice à l'approche déculpabilisante et ancrée dans la psychologie, la médecine.

On parle de santé, de bien-être, de ce passage particulier qu’est l’adolescence, où nos jeunes cherchent à s’affirmer, souvent en imitant le groupe. Ketty explique pourquoi un adolescent peut être tenté par la cigarette, l’alcool, la drogue, tout en sachant que “c’est mauvais”. À 15 ans, le long terme ne parle pas ! Ce qui compte, c’est l’instant, le regard des autres.


Ketty nous aide à trouver les bons mots et à mettre un cadre sans casser la confiance. On évoque les trois types de dépendance, les nouveaux modes de consommation, l’impact des réseaux sociaux, mais aussi les ressources concrètes comme les consultations jeunes consommateurs pour libérer la parole des ados.


Cet épisode vous apportera de la nuance, et du réconfort. Parce qu’accompagner notre enfant, ce n’est pas le contrôler : c’est lui transmettre comme on peut les compétences pour qu'il ose nous parler, même quand ça fait peur.


Resources :

Le livre "J'arrête vraiment de fumer" de Ketty Deléris

Consultations jeunes consommateurs (CJC)

Drogues Info Service

Fil santé Jeunes (numéro anonyme et gratuit)

Sources :

Enquete ENCLASS 2022


Le Passage est un podcast produit et animé par le Docteure Laure Geisler.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans Le Passage. Aujourd'hui, on va parler d'un moment que beaucoup de parents redoutent. Ce moment où, à peine sortis de l'enfance, nos ados nous confrontent à des réalités bien plus adultes. On ouvre un leurre-sac, on tombe sur un paquet de clopes ou une puff, et là, panique. On se demande pourquoi, qu'est-ce qu'on a loupé, comment réagir ? Bref, pour nous aider à y voir plus clair, j'ai la chance de recevoir Katie Deliris, tabacologue et experte des addictions. Si vous la connaissez pas encore, Katie, c'est la voix rassurante et déculpabilisante derrière le compte katiedls.addicto qui cartonne grâce à ses conseils concrets et accessibles. Elle est aussi l'autrice du livre J'arrête vraiment de fumer aux éditions Marabou. Avec Katie, on parle sans jugement mais avec beaucoup de clarté face au ressenti des ados. Pourquoi les ados consomment ? Pourquoi c'est pas forcément juste un effet de mode ? Et surtout, comment en tant que parent, on peut réagir de façon juste ? sans dramatiser, sans banaliser. Bref, un épisode précieux pour mieux comprendre et accompagner. Je vous souhaite une bonne écoute.

  • Speaker #1

    Hello Cathy, merci d'être avec nous. Merci Laure pour l'invitation.

  • Speaker #2

    Merci d'être avec nous dans Le Passage. Donc c'est quoi toi ? Est-ce que tu aurais une musique de ton adolescence ?

  • Speaker #1

    Alors, une musique, c'est difficile parce que moi, je te dirais deux. En fait, depuis tout le temps, j'ai écouté et du rap et de la techno. J'ai toujours fait les deux. DJ Mehdi, en fait, c'était moi. Donc, je dirais, s'il fallait choisir un son rap de mon adolescence, je dirais La Fonky Family, Gravée dans la Roche. Et en techno, je mettrais The Prodigy, No Good.

  • Speaker #2

    C'est bien, ça fait une bonne transition parce que je sais aussi que tu interviens Beaucoup dans le milieu notamment de la techno. Oui,

  • Speaker #1

    le festif.

  • Speaker #2

    Oui, le milieu festif, avec les DJs aussi qui se sensibilisent.

  • Speaker #1

    Tout à fait. De plus en plus, maintenant dans les soirées, dans les free parties, dans les festivals, il y a des stands de réduction des risques, j'allais dire stands de RDR, mais ça c'est l'abus de langage. Souvent, je vais dans ces soirées, je vérifie un petit peu comment ça fonctionne, s'ils ont tout ce qu'il faut, les bouchons d'oreilles, puis tout ce qu'il faut pour justement... avoir moins de risques si on prend des substances, donc le sérum chi, les kits de roule-tapail,

  • Speaker #2

    etc. Oui, c'est important de savoir que ça existe aussi, parce que l'idée, c'est d'accompagner au mieux. On n'est pas en train de promouvoir quoi que ce soit, on entend dire juste, si tu devais consommer, il ne m'a pas voulu car de toute façon,

  • Speaker #1

    c'est non. Exactement, parce qu'on sait très bien que dans la prévention, on regarde sur les paquets de cigarets, depuis des années, c'est marqué « fumé, tue » , et ça ne marche pas non plus, ce n'est pas si simple. Ça se saurait si c'était si simple. Il faut déjà un temps pour se préparer, à se dire est-ce que je suis prêt à vouloir arrêter ou pas, etc. Et donc, en attendant, il vaut mieux le faire de façon safe.

  • Speaker #2

    Et donc, toi, tu accompagnes ces soirées-là. Il y a pas mal d'ados aussi qui viennent te voir,

  • Speaker #1

    j'imagine ? Alors, de jeunes adultes en soirée, pas d'ados. Par contre, j'ai des ados sur mon compte Instagram ou TikTok qui viennent me voir, effectivement, pour me demander des conseils.

  • Speaker #2

    Alors, je te connais depuis un petit moment maintenant. On est toutes les deux sur TikTok aussi, notamment. Ça m'amène à un truc très léger. Tu parles des soirées, mais c'est vrai que c'est important aussi, les fautes de dires. de façon un peu légère, hyper accessible, des choses qui relèvent de thématiques qui font peur. Oui, les addictions, ça peut faire peur. Oui,

  • Speaker #1

    c'est légitime. Je pense que quand tu disais une maman ou un papa retrouvent un paquet de cigarettes dans le tiroir de son fils ou de sa fille, forcément, on s'inquiète parce qu'on sait que c'est mauvais pour la santé. Et notre peur, elle prend le dessus et c'est là où, généralement, le dialogue ne passe pas. Et on n'a pas les mots justes, donc je suis là pour essayer de donner les mots justes et lancer un dialogue entre les parents et les ados.

  • Speaker #2

    Et c'est tout l'objet de cet épisode. Merci beaucoup d'être là. Je pense que c'est important d'entendre aussi le point de vue des ados, parce que tu disais que les parents savent que ce n'est pas bon pour la santé, etc. Mais souvent, les ados aussi.

  • Speaker #1

    Bien sûr.

  • Speaker #2

    Je voudrais te partager quelques extraits. Et si c'était OK, on brief après.

  • Speaker #1

    OK. Simple pour moi de ne pas fumer, parce que mon grand-père, il est mort de ça. qu'il avait une maladie cardiaque ? Alors, la peur, c'est un bon moyen d'arrêter, je dirais, sur du court terme. Sur du long terme, ça ne marche pas très bien. Tu vois, par exemple, alors là, on va mettre le cas de l'ado un peu à part, mais quelqu'un qui fait un infarctus, il va arrêter de chumer, tout le temps à l'hôpital, et puis il va retourner chez lui et il va peut-être rechumer. En fait, tu as peur sur le moment, ça marche bien. Et puis, si on n'entretient pas les choses avec des vraies motivations profondes... Ça ne marche pas sur du long terme. Un ado ? Oui, la santé, c'est trop long pour lui. Comment tu veux qu'il se projette ? Et je dirais que c'est normal. Heureusement, ça veut dire qu'il est plutôt sain. On lui dit, tu risques d'avoir un cancer du poumon quand tu vas avoir 65 ans, il a 15 ans. Ouais, alors peut-être que là,

  • Speaker #2

    dans sa famille,

  • Speaker #1

    c'était très prégnant et qu'il a baigné là-dedans. Il a peut-être vu ses parents souffrir et que ça l'a vraiment touché. Mais il y en a d'autres, ça ne va pas les toucher parce que la santé, ce n'est pas quelque chose qui... qui va vraiment motiver un adolescent.

  • Speaker #2

    C'est vrai que les adolescents, et c'est normal, ils sont très obnubilés par, on va dire, les relations sociales. Oui, il est aussi d'être inclus dans un groupe.

  • Speaker #1

    Mais dans la balance décisionnelle, le fait d'appartenir à un groupe, de faire comme tout le monde, ça pèse bien plus que je vais peut-être avoir un cancer du poumon. C'est pour ça que ce n'est pas un bon argument pour les ados. Après, lui, ça a marché, tant mieux. Et heureusement.

  • Speaker #2

    Oui, tant mieux pour lui. Et je trouve ça... Très direct. Il démarre comme ça, oui, cette phrase très direct, très cash, mais il a bien aussi assimilé. Ce qu'on voit finalement, c'est que les ados, ils savent que c'est pas bon pour la santé.

  • Speaker #1

    C'est ça, ils le savent tous. C'est écrit partout. On leur rabâche depuis qu'ils sont tout petits. Ça fait partie des arguments. Il faut quand même le garder. C'est important. Il faut être factuel. Moi, quand on me demande des éléments, je vais être factuel sur la santé. Mais après, je vais essayer de trouver d'autres éléments.

  • Speaker #2

    OK, on écoute la suite ? Ouais.

  • Speaker #1

    C'est très simple,

  • Speaker #2

    si on veut en acheter sur les réseaux par exemple, il y en a plein qui vendent et qui peuvent livrer facilement à n'importe qui.

  • Speaker #1

    C'est vrai que les ados ont changé un peu leur façon de consommer et notamment depuis le Covid. C'est-à-dire que maintenant, on envoie des messages sur Snap et on a les livreurs qui viennent directement. C'est dingue. Et que ça soit, alors là on parle de tabac, mais ça peut être le protoxyde d'azote notamment, il se fait livrer en bas de chez soi. Ou d'autres produits, les tasses, tout ça.

  • Speaker #2

    Les bonbonnes, par exemple, de proto. Tu peux expliquer que ces bonbonnes qu'on va utiliser, nous, pour faire de la chantilly, par exemple, cette chose, aujourd'hui, il y a vraiment des recommandations. On ne peut pas les acheter sur une laineur. C'est très strict parce qu'on sait qu'il y a un mésusage. Les jeunes, ils vont mettre un ballon et inspirer cette gaze pour avoir cet effet euphorisant.

  • Speaker #1

    Alors maintenant, en plus, ils n'utilisent plus les petites cartouches dans les trucs de chantilly. Non. Ils utilisent des grosses bonbonnes, on appelle ça des tanks. On dirait des bouteilles de plongée. Donc c'est énorme. Justement, ils mettent la bouteille entre leurs cuisses. Donc elle est là, ça monte jusque là. C'est des grosses bouteilles. Et donc ça, c'est livré effectivement par Snap.

  • Speaker #2

    Un jeune qui est sur Snap, il n'y a pas de contrôle parental.

  • Speaker #1

    Non, c'est très difficile. Je pense que c'est pour ça qu'il est important d'en parler avec son enfant. Il faut ouvrir le dialogue. Il ne faut pas qu'il ait peur d'en parler. Merci. peur, il n'en parlera pas. Un adolescent, il va tester des choses. Quoi qu'il arrive, il va tester soit la cigarette, soit l'alcool. Parce que c'est vrai qu'en France, on normalise un peu le fait de boire, mais l'alcool, c'est une drogue aussi. Quoi qu'il arrive, l'ado, il va tester. Donc, il faut en parler avant ce qu'on appelle, nous, renforcer les compétences psychosociales. Apprendre à savoir dire non, avoir une bonne estime de soi, être persuadé que... On n'a pas besoin de consommer pour faire partie d'un groupe parce qu'on a des qualités. Bien sûr qu'on a des défauts, mais on est une personne humaine. Et ça, ça se travaille justement. Et puis après, il faut que l'ado ait le courage, et je dirais, de se dire je peux aller en parler à mes parents sans que j'ai peur d'être punie. Il faut instaurer un climat de confiance. Et si ça ne suffit pas, moi je dis toujours, c'est important que... Moi, j'ai... Par exemple, avec mon fils, j'ai toujours dit, si tu ne veux pas me parler de certaines choses que je comprends parce que je suis ta maman, sache que tu peux en parler à telle ou telle personne. C'est des amis de confiance. Et ces amis, je leur ai dit, par contre, s'ils vous parlent, vous ne le répétez pas. Je n'ai pas à savoir. Je vous fais confiance. Je sais que vous allez gérer. Et voilà. Et ça permet d'avoir aussi d'autres adultes référents qui peuvent justement aider sans qu'ils vont dire à mes parents, etc.

  • Speaker #2

    C'est chouette de trouver ce genre de personnes. Après, si c'est très compliqué d'avoir quelqu'un... Des fois, on vient de déménager, par exemple, on n'a pas de proche autour, on est un peu isolé, par exemple, et c'est compliqué.

  • Speaker #1

    C'est pour ça que c'est important aussi des fois de se dire je laisse mon ado ou pré-ado avec le médecin. Je ne suis pas obligée d'être là à la consulte, je peux attendre dans la salle d'attente. Et je pense que c'est important d'avoir cette bulle où l'ado peut avoir des questions. Ça me fait penser aujourd'hui, j'ai eu un jeune dans mes DM Insta qui me disait Donc, il avait pris un tas, une extasie, et il allait voir sa copine et il me disait, mais du coup, si j'embrasse ma copine, est-ce que je vais la contaminer ? Et tu vois, donc, heureusement qu'on est là pour leur répondre en lui disant, ben non, tu ne vas pas la contaminer. Reste sur toi. Par contre, toi, fais attention à telle chose ou telle chose. Et c'est important qu'il y ait des professionnels de santé qui peuvent accueillir ces questions-là.

  • Speaker #2

    Et tu sais, moi qui fais beaucoup de prévention, ce que j'aime, c'est de proposer aux parents de voir les jeunes seuls, mais même sans motif. Tu vois, je trouve que, tu vois, il y a un moment, le gamin, il a un pédiatre, il le voit jusqu'à ses 10, 11, voilà, souvent c'est le début de la puberté. et bien dire tout simplement, ça y est, tu peux peut-être y aller seule, si tu veux, je viens, ou si je viens en cours de consulte, c'est ok. Mais en fait, finalement, le soignant, il va forcément toucher à des choses. Bien sûr, les questions de harcèlement, des fondements, pareil aux parents. La conso, forcément, souvent. Et c'est vrai aussi qu'il y a des parents qui ne sont pas en mesure. Tu vois, le premier exemple du jeune qui disait, nous, il y a eu un décès à la famille. Des fois, les parents, ils... Ils n'ont pas les armes pour parler, c'est trop d'émotion. Oui,

  • Speaker #1

    quand c'est tes parents qui sont dehors de quelque chose, c'est pour ça que peut-être d'ailleurs ça a résonné chez lui, parce qu'il a peut-être vu cet énorme chagrin, ça a pu aussi le bouleverser sur sa façon d'être. Et oui, je pense que les professionnels de santé, c'est important qu'ils aient cet espace de parole avec l'ado seul.

  • Speaker #2

    Et pour revenir à Snap, toi t'en penses quoi ?

  • Speaker #1

    C'est un réseau social comme un autre. Je pense qu'il y a ce mode de consommation qui est arrivé avec les dealers qui sont beaucoup là-dessus. Si ce n'est pas Snap, ça sera TikTok ou autre. Donc, il faut se dire qu'on ne peut pas échapper à ça, malheureusement. Mais c'est vrai que maintenant, on ne va plus dans la rue voir son dealer. C'est le dealer qui vient en bas de chez vous et qui vous livre. Et c'est pour ça que c'est important de parler de ces choses. Il ne faut pas que ce soit tabou. Tu sais, c'est comme la sexualité avec les enfants, ça a longtemps été très tabou, on n'en parlait pas. Et on a bien remarqué que c'est là où on avait des comportements à risque. Je pense que les consommations, il ne faut plus que ça soit tabou. Surtout qu'il faut se dire que souvent, les parents, eux aussi, ils ont expérimenté quand ils étaient jeunes, la cigarette, l'alcool, voire d'autres produits. Donc, ils peuvent parler de ça aussi.

  • Speaker #2

    Une personne qui a consommé ou qui a testé des choses, est-ce qu'elle doit finalement le cacher à son ado ou plutôt en parler selon toi ?

  • Speaker #1

    Alors moi, je suis partienne de jamais mentir à son ado. Et d'ailleurs, c'est ce que j'explique aux parents quand ils découvrent une puff dans le tiroir. C'est plutôt de demander mais pourquoi tu as ça ? À quoi ça te sert ? Qu'est-ce que ça t'apporte ? Est-ce que tu connais les dangers ? Déjà, ça va être poser des questions ouvertes, pas fermées, et qu'on laisse... parler la personne. Et donc, l'ado, il a le droit de savoir aussi que nous, on a fait ces choses-là. Et justement, on peut en témoigner. On a peut-être eu des histoires pas sympas qui nous arrivaient. On sait aussi pourquoi, avec l'âge, on s'est dit « Hum, en fait, c'était pas super » . Donc, on a notre expérience à apporter.

  • Speaker #2

    Et à notre expérience, elle peut concerner aussi les personnes, par exemple, fumeuses, addictes. C'est très bien aussi de dire à son enfant « J'ai tenté d'arrêter, mais j'ai repris » . Ça prouve bien que ce n'est pas qu'une question de volonté, ce n'est pas si simple. Non mais j'en témoigne.

  • Speaker #1

    Et ce qui est important, ce n'est pas parce que, par exemple, on a des parents chumeurs qui découvrent que leur ado chume, qu'ils doivent tolérer. En fait, ça peut être, je garde le cadre en leur disant, regarde nous, on galère, etc. Donc, je te présente, la maison est non fumeuse, mais tu peux fumer sur le balcon ou dehors. Mais la maison reste non fumeuse. Alors, il faut qu'ils le fassent. Parce que si je fume à la maison, mais voilà, ça, c'est ce que je dis à mes patients, on essaye de fumer en extérieur pour pas justement la fumée tertiaire qui se dépose sur, tu sais, tous les meubles. Et c'est ça qui peut être toxique aussi. Donc, l'ado, on lui interdit pas, mais on lui met un cadre. Et ça, c'est très important, parce que si on commence à ne pas mettre de cadre, c'est là où la dépendance comportementale, elle s'accentue. Tiens, je viens de finir de manger, je vais allumer ma cigarette et puis je vais me mettre devant le canapé. Ou dès le matin, je vais allumer ma cigarette. Un ado qui vient de se réveiller, il n'a pas envie d'aller dehors fumer sa cigarette. Donc, ça va ralentir quand même sa consommation de mettre un cadre.

  • Speaker #2

    Est-ce que juste tu peux nous rappeler les trois types de dépendance liées à la cigarette ?

  • Speaker #1

    Dépendance physique, donc ça c'est le besoin de nicotine. On sait que la nicotine, c'est une des substances les plus addictives. Dépendance comportementale, c'est les habitudes. Je viens de finir un repas, j'allume une cigarette. Je bois un café, j'allume une cigarette. Voilà, la pause cigarette. Et il y a la dépendance psychologique. Je suis énervée, je vais aller fumer une cigarette pour m'apaiser. Ou je suis stressée, j'angoisse de quelque chose, je vais aller fumer une cigarette pour me calmer. Ou au contraire, ça peut être aussi les émotions. C'est la fête, je m'amuse, je vais sublimer ce moment avec une cigarette. Donc, c'est important de comprendre ces trois dépendances. L'arrêt du tabac, ce n'est pas juste je colle un patch, sinon ça serait trop simple.

  • Speaker #2

    Donc ça, le patch, c'est pour la dépendance ?

  • Speaker #1

    C'est pour la dépendance physique. Donc ça, c'est important pour les gens qui ont une dépendance physique élevée. Mais il faut retravailler le comportement, la gestion des émotions, tout ça, c'est important. Dans la grande majorité, un ado qui va commencer à fumer, c'est pour faire comme les autres, c'est pour rentrer dans ce groupe, c'est plutôt le côté festif. Mais il peut y avoir aussi que l'ado, il a mémorisé, parce qu'il a vu ça dans les films ou ses parents, que quand il fumait une cigarette, quand il était stressé, ça l'est calmé. Un ado qui peut ne pas aller très bien, il va se dire, tiens, je vais commencer à fumer parce que je ne vivais pas bien dans ma vie. C'est pour ça que quand on découvre des cigarettes, on a tendance, par an, à vouloir dire « Mais qu'est-ce que tu fais ? C'est mauvais pour ta santé. Mais il y a peut-être un mal-être aussi, ou pas. » Donc, c'est pour ça qu'il faut laisser la porte ouverte, dire « Mais en fait, pourquoi tu as besoin de ça ? Qu'est-ce que ça t'apporte ? Qu'est-ce que tu aimes là-dedans ? Qu'est-ce que tu n'aimes pas ? » Et en fait, c'est le faire parler.

  • Speaker #2

    Oui, justement, ça fait écho à la suite des extraits.

  • Speaker #1

    Moi,

  • Speaker #3

    finalement, ni mes parents, ni le collège m'a... dit de ne pas fumer. Moi, je trouve ça juste très gênant.

  • Speaker #1

    Typiquement, dans ce témoignage, on voit qu'il n'y a pas eu de discussion. C'était le sujet tabou de la conso, alors que je pense qu'il faut en parler. C'est ce qu'on disait tout à l'heure, c'est important. Et là, elle dit, en plus, au collège, ils n'en ont pas parlé. Alors, normalement, en SVT, on voit un petit peu, donc elle a peut-être oublié. Normalement, il y a vie affective et sexualité, il y a les consommations drogue, cannabis, tabac. Mais c'est vrai qu'on fait de la prévention des fois qui ne marche pas très bien. dans les écoles où on y va et on leur dit c'est pas bien de fumer, c'est mauvais pour la santé. C'est pour ça que ça se trouve, elle a oublié parce que ça ne lui parle pas et que c'est plutôt important d'essayer de comprendre, de déjouer les mécaniques. Moi, j'aime bien jouer sur ça, de leur montrer comment l'industrie du tabac les manipule. Par exemple, sur la puff, on voit bien comment ça arrivait comme ça. C'est un vrai travail marketing derrière. Ils ont quand même payé des influenceurs. Ils ont fait en sorte de mettre des bons goûts, un packaging super joli. Donc en plus, si tu vois tes influenceurs la voir tout le temps à la main ou autre, ils ont été hyper bons sur le marketing. Donc moi, c'est plutôt ça. J'essaye de leur expliquer comment on les manipule sans qu'ils s'en rendent compte. Et justement, ils sont à un moment de leur vie où il faut qu'ils se rendent compte que c'est eux qui doivent prendre leurs décisions, c'est plus leurs parents. Mais ça doit être encore moins l'industrie du tabac ou autre.

  • Speaker #2

    Et puis, ce qui n'est pas simple, je trouve qu'à ces âges-là, les enfants, ils ont vraiment un degré de maturité qui est complètement différent. Et c'est vrai qu'à la décharge des systèmes d'éducation, qui n'est pas facile, moi, je le connais plus sur le côté sexo, mais en addicto, je pense que c'est pareil. Il y a des jeunes qui sont prêts à entendre ça très bien, peut-être parce qu'ils ont un grand frère, une grande soeur, ils en ont parlé déjà un peu à la maison,

  • Speaker #1

    et d'autres, mais... pas évident, elles sont complètement larguées,

  • Speaker #2

    entre guillemets, et peut-être tombées aussi, parce que c'est pas de leur âge, bien sûr, entre guillemets. Voilà,

  • Speaker #1

    c'est ce qui est pas simple aussi. C'est pour ça que je pense que c'est bien de faire appel à l'éducation nationale, parce qu'ils ont l'habitude de leur jeune. Ils savent dans la classe qu'il y a un peu comme ça ou autre. Donc moi, je suis ravie quand les profs de SVT parlent des consommations, ça me va très bien. Allez-y,

  • Speaker #2

    on continue. Il y en a qui commencent à fumer dès le plus jeune âge parce que les fréquentations fausses. Ils disent par exemple qu'il y a les puffs électroniques. Ils disent oui, tu peux essayer une fois, tu ne vas pas devenir addict.

  • Speaker #1

    Et après, ils commencent à tomber dedans.

  • Speaker #2

    Et moi, c'est ça qui me fait peur. Donc justement, est-ce qu'on peut arrêter si on n'a testé qu'une seule fois ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est tellement propre à chacun. L'addiction, c'est la rencontre entre une personne, donc dans sa globalité, sa génétique, comment elle se sent dans sa tête. son estime de soi, ses problèmes, etc. Donc, c'est la personne, c'est le produit en lui-même. Il y a des produits plus ou moins addictifs. Donc, la nicotine, c'est extrêmement addictif. Ça fait partie des produits les plus addictifs, avec l'héroïne, la cocaïne, etc. Et il y a l'environnement. Effectivement, dans l'environnement, si on a des copains consommateurs, en fait, on normalise. Ça fait quand même assez longtemps que maintenant, ils se battent pour dénormaliser le tabac. Et ça marche. On voit qu'il y a de moins en moins de jeunes fumeurs en France. Mais, effectivement, maintenant, c'est de nouveaux produits. Et donc, c'est pour ça, c'est la rencontre entre le produit, la personne et l'environnement. Donc, la personne, est-ce qu'elle va arrêter d'un seul coup ou pas ? Ça dépend, en fait. Je n'ai pas de réponse à ça. Il y a des personnes qui vont être très vite physiquement dépendantes à la nicotine. Et puis d'autres qui vont se dire, du coup, grâce à ça... J'arrive à rentrer dans ce groupe, etc. Puis plus on va le refaire, ce geste, plus ça va nous donner une contenance, et puis après une dépendance, etc.

  • Speaker #2

    Et moralité, donc, si notre enfant a testé, on va dire, juste une fois, c'est pas très grave, c'est pas très grave.

  • Speaker #1

    C'est pas très grave, mais ça veut pas dire que c'est sans risque. Justement, il faut en parler, c'est pas anodin. Voilà, c'est parce qu'il a essayé une fois que ça y est, c'est un drogué. C'est ça que... Voilà. Et encore, qu'est-ce qu'il y a derrière ce mot ? Je n'aime pas tellement, mais ne paniquons pas. Je pense qu'il ne faut pas avoir de la panique, mais il ne faut pas banaliser. Donc, c'est dire, OK, tu as pris ça, mais pourquoi ? Qu'est-ce que ça t'apporte ? Est-ce que tu connais les dangers ? Parce que, aussi, des fois, ils ne sont pas au courant, vraiment, des dangers. Notamment la PEUF, au départ, ils savaient... Déjà, souvent, ils ne savent même pas combien il y a de nicotine dedans. Moi, je leur dis, mais il y a de la nicotine. Ça dépend des fois, mais à combien ? Et là, des fois, ils me disent « Oh non, c'est 0,2 » . En fait, 0,2, c'est 20 mg. C'est ce qu'il y a de plus fort en France. Non. C'est ce que, moi, je vais conseiller à des patients qui fument un paquet par jour.

  • Speaker #2

    Et tu vois, la puff, maintenant, c'est interdit en France. Toutefois, comme tu disais tout à l'heure, il y a aussi un peu ce clivage entre les drogues licites et illicites. Oui. Et le fait que ce soit licite, l'alcool aussi, le tabac. et bien ça rend, je trouve, le truc un peu moins dangereux, entre guillemets.

  • Speaker #1

    Oui, en fait, quand c'est licite, du coup, on peut faire plus de campagnes, justement, de prévention. On peut agir au niveau politique plus facilement. Quand c'est illicite, normalement, c'est interdit, ça ne devrait pas exister.

  • Speaker #2

    Aux yeux des gens, on a l'impression que c'est un peu moins grave.

  • Speaker #1

    L'alcool et le tabac, c'est ce qui tue le plus de personnes actuellement dans le monde. Le tabac, c'est la première cause de mortalité évitable et l'alcool, la deuxième. Donc non, c'est pas rien. C'est surtout qu'un fumeur qui va commencer à fumer vers 12, 13, 14 ans, il a de grandes chances de devenir dépendant. Parce que plus on consomme jeune, parce que la maturité cérébrale n'est pas encore faite, plus on a de risques de devenir dépendant.

  • Speaker #2

    Ça, c'est une phrase qu'on peut dire au GM. Je pense qu'il peut tout à fait intégrer. Le fait que ces sept ne sont dépendants, j'ai l'impression qu'ils comprennent.

  • Speaker #1

    Et puis, ils n'aiment pas être dépendants de quelque chose. Ils veulent garder leur indépendance, justement, parce qu'ils en ont marre que les parents choisissent pour eux. Moi, je joue beaucoup là-dessus.

  • Speaker #2

    Et je trouve que les générations d'aujourd'hui, d'ailleurs, pour avoir lu sur le sujet, tu sais, il y a aussi beaucoup d'éco-anxiétés. Avec le Covid,

  • Speaker #1

    il y a eu vraiment...

  • Speaker #2

    Moi, j'ai beaucoup d'empathie pour les jeunes. Ce n'est pas forcément simple en ce moment, mais c'est des jeunes qui ont besoin de liberté. Oui, et plus apparemment que les générations d'avant, qui ont plus peut-être envie de voyager. Et je trouve ça chouette de jouer sur cette notion-là. Oui, de libérer les verres. Mais toi, tu es peut-être quelqu'un qui a envie d'être libre. Là, tu es cantonnée à ça, ça va toucher à ton portefeuille, à ta santé, plein de trucs en fait. C'est ça.

  • Speaker #1

    Et souvent, moi je vais arriver, parce qu'ils me disent, oui, mais je ne fume pas beaucoup, je fume deux, trois cigarettes. Et moi, je me dis, mais tous les fumeurs ont commencé comme toi. Au départ, on fume tous deux, trois cigarettes, puis après c'est trois, quatre, puis quatre, cinq, et voilà. Justement, vu qu'il y a quand même une dépendance physique, si on a des récepteurs, jusqu'à ce que notre cerveau se stabilise. En gros, la génétique était faite pour avoir un taux d'un paquet ou un demi-paquet. Ça dépend des personnes. En quotidien ?

  • Speaker #2

    En fait,

  • Speaker #3

    ils ont des problèmes en dehors de la famille. C'est-à-dire que les copains, ça ne va pas. Et du coup, la seule solution, c'est la cigarette, même s'il y a d'autres solutions. Les jeunes, ils disent que la cigarette, elle apporte... Bye ! Je sais pas, en fait, ils sont populaires. En fait, ils pensent qu'ils sont populaires. En fait, c'est de la mode. Oui, en fait, ils pensent qu'ils sont populaires, voilà. Mais ça apporte rien. En vrai, ils pensent rien d'autre de la cigarette. Pour eux, c'est que le style, peut-être le goût aussi, pour pas décevoir leurs copains, ou peut-être qu'ils se sentent rejetés s'ils fument pas. Mais sinon, ils pensent rien d'autre.

  • Speaker #1

    Bah, c'est exactement ce qu'on dirait. Il y a beaucoup de choses à dire. Déjà, effectivement, on sait très bien que dans les films qu'on regarde, les séries, on glamourise énormément la cigarette. Moi, il n'y a pas longtemps, j'ai regardé sur Netflix Georgia Dina, je crois que c'est ça. Et en fait, la maman, elle est trop cool. Elle fume des joints, elle boit de l'alcool. C'est la super copine et on a toujours envie d'avoir une maman comme ça. Donc là, on glamourise. extrêmement le tabac, l'alcool, le cannabis. Et donc, l'ado qui regarde ça, il dit « Ah, je suis très clébée » . Mais ce n'est pas la vraie vie, en fait. On le sait très bien. Sauf que quand on est ado, on est influençable. Donc, il y a ça, le fait de... On se dit « C'est cool » , donc on glamourise. Et puis après, effectivement, il y a l'esprit de groupe, comme elle disait, pour ne pas être rejetée, se sentir aimée, se sentir valorisée. Donc ça, c'est ce que je disais. tellement important de travailler sur l'estime de soi. Il faut renforcer, travailler les compétences psychosociales, mais dès le plus jeune âge, leur faire comprendre qu'ils ont tous des qualités. Bien sûr qu'on a des défauts, mais on a tous des qualités. Avoir de l'empathie les uns pour les autres. Si tout le monde avait plus d'empathie, je pense qu'on ne serait pas là. Tu ne fumes pas, tu ne fais pas partie du groupe.

  • Speaker #2

    Tu disais, peut-être dès le plus jeune âge, je pense que le boulot des parents, ça va être peut-être même de relever ce que l'enfant n'a pas vu. Je trouve que quand son enfant a un comportement chouette, mais quel qu'il soit, peut-être de bienveillance ou une petite pensée pour quelqu'un, ou ne serait-ce qu'un gagneur en autonomie et que finalement, vous, vous le relevez. Et bien, peut-être que c'est cool juste tout simplement de le dire et de rattacher de l'émotion à ça. Je sais que dans mes formations psy, on me dit beaucoup ça. Plutôt que de dire c'est super ce que tu as fait, c'est beau, c'est bien, dire quelque chose qui ressemblerait plutôt à ça, ça me touche en fait. c'est des valeurs que j'adore qui sont belles qui sont pas que tout le monde n'a pas et toi t'as réussi à faire ça et d'amener un peu de l'émotion ça valorise d'avoir quelqu'un

  • Speaker #1

    qu'on aime et qui nous met un peu plus en lumière. C'est tellement important. Je pense que c'est le propre de l'être humain de relever plutôt les défauts. Parce que tout ce qui est positif, on a l'impression qu'en fait, c'est normal. Et ce n'est pas forcément normal. C'est justement que c'est de bien nous montrer.

  • Speaker #2

    Et puis peut-être, tu vois, on parle d'addiction ou de tests, de jeunes qui testent. Peut-être qu'on peut aussi tout simplement poser la question à notre ado avant de se retrouver dans des îles. Le signe compliqué de Merci. Je suis tombée sur le paquet de club dans le bureau, dans le sac à dos. Déjà fouiller, c'est limite quand même. Donc je pense qu'il ne faut pas fouiller. Il faut peut-être tout simplement jouer sur la confiance et dire mais est-ce qu'on t'a déjà proposé ça ? C'est ça. Est-ce que ça t'est arrivé ? Ou si ça devait t'arriver, tu penses que tu réagirais comment ?

  • Speaker #1

    En fait, ce que tu dis, c'est exactement ça. Comme je disais, il faut poser des questions ouvertes. Il faut les faire parler. C'est pas juste... T'as déjà fumé ? Non, c'est en fait, est-ce que tu as déjà été confronté ? Est-ce que tu vois des amis autour de toi qui utilisent ces produits ? Qu'est-ce que ça leur apporte ? Qu'est-ce que tu en penses d'ailleurs ? C'est plutôt ça. C'est qu'est-ce que tu penses des personnes de ton âge qui consomment ? C'est tout ça.

  • Speaker #2

    Il faut leur poser des questions et puis avoir un regard critique parce que là, tu te penses, ce sera peut-être... Ils ont plein de connexions. Toutes les meufs leur trouvent tout. Moi, j'ai l'air coincée. C'est ça aussi la réalité. Les jeunes, des fois, ils se sentent en décalage, malheureusement. Et peut-être de rajouter un petit peu, tu sais, ça ne va peut-être pas durer. Finalement, peut-être aujourd'hui, il faut avoir du caractère. C'est grave d'avoir du caractère aussi. C'est attirant. Oui, tout à fait. Toucher à ça.

  • Speaker #1

    Il y a plein d'autres choses qui peuvent être attirantes.

  • Speaker #2

    Faire du sport,

  • Speaker #1

    il y a plein d'autres choses que les consommations.

  • Speaker #2

    Si on allait toutes les deux vers la minute chiffres, j'aimerais bien donner quelques chiffres aujourd'hui, si tu es d'accord. Pour planter le décor, il y a une enquête qui s'appelle En classe, qui date de 2022, sur 9500 élèves. C'est toi qui m'as communiqué d'ailleurs,

  • Speaker #1

    c'est fini. Merci beaucoup.

  • Speaker #2

    Alors, vers la sixième, 26,9% des élèves ont déjà testé l'alcool. avec une majorité de garçons. Donc, en fait, ça permet justement aussi de lever le voile.

  • Speaker #1

    Je pense que justement, comme on n'est pas assez auprès des parents sur ces chiffres, il faut se dire que sur une classe, donc au collège, un quart a déjà testé une fois de l'alcool. C'est dingue. Il faut en parler. Ouais. Alors, après, je mettrais une nuance. La première drogue initiée en famille, c'est l'alcool, justement.

  • Speaker #2

    J'ai fait une vidéo, on travaillait toutes les deux avec la ministre des Cars. et j'avais fait une vidéo sur l'alcool notamment dans les gâteaux c'est des trucs qui peuvent paraître mais totalement dérisoires mais en réalité c'est connu maintenant,

  • Speaker #1

    on sait il reste des phrases d'alcool et puis même on peut être tenté des fois quand l'ado devient un peu plus grand de dire ah bah tiens c'est l'anniversaire etc allez tu peux goûter dans mon verre non et puis je vois très bien c'est ce moment un peu festif après peut-être qu'on est

  • Speaker #2

    On subit aussi, nous, notre éducation, nos parents. Il y avait aussi ce truc, entre guillemets, t'es un homme ou t'es une femme. Je ne sais pas si je me trompe, mais il y a un peu ce truc-là. Ça nous fait plaisir, mais en réalité, on n'a vraiment pas besoin de gamin.

  • Speaker #1

    Et puis, c'est important aussi, là, de remettre la place de l'adulte. C'est de se dire que quand on fête un événement, il n'est pas obligé de boire de l'alcool.

  • Speaker #0

    On peut aussi prendre d'autres boissons. C'est aussi à nous, adultes, de montrer ça. Parce que l'air de rien, on inculque dès le plus jeune âge aux enfants que fête ou célébrer quelque chose égale alcool. Et d'ailleurs, tu vois, souvent, quand on annonce une bonne nouvelle, on dit « Ah bah champagne ! » Mais en fait, n'importe quoi ! En fait, c'est fête ! Tiens, on va fêter ça ensemble ! On va se retrouver, on va partager ce moment de joie. C'est ça, en fait, le but, c'est de partager un moment de joie. C'est pas forcément de boire de l'alcool ensemble. On est invité, il nous dit « Ah bah je te sers un verre » . Non. « Bah pourquoi ? T'es malade ? Qu'est-ce qui se passe ? » « Oulala, t'es fatigué ? » Non, juste…

  • Speaker #1

    Ou juste « t'es pas fun » .

  • Speaker #0

    Oui, t'es pas fun. Faut limite se justifier. Alors qu'on n'aurait pas à se justifier. mais t'as mis un tee-shirt blanc. Mais pourquoi blanc ? Pourquoi pas bleu ? T'es malade ? Ah, t'es pas fun. Le blanc, c'est trop neutre. Je pense qu'on se rend pas compte. avant d'avoir expérimenté ce dry january. Donc oui, moi j'invite tout le monde à faire cette expérience, justement.

  • Speaker #1

    Je vais te donner d'autres chiffres. Alors, un collégien sur cinq a déjà vapoté avec une même conso de tabac de cigarette électronique entre les filles et les garçons. Ça, c'est intéressant, ça permet de remondir sur la cigarette électronique qui est finalement aussi une drogue.

  • Speaker #0

    Dès qu'il y a de la nicotine, la nicotine c'est une substance psychoactive, c'est une drogue. Donc oui, c'est une drogue.

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, on préfère finalement... vapoter plutôt que mener des cigarettes. Toutefois, on n'a quand même pas d'études sur le long terme.

  • Speaker #0

    Alors, un fumeur qui passe à la cigarette électronique pour arrêter son tabac, oui, c'est moins dangereux. Alors, on n'a pas d'études sur du long terme, mais on a quand même maintenant à peu près 15-20 ans de recul et on voit bien que c'est bien moins dangereux. Par contre, un non-fumeur qui passe à la cigarette électronique, alors on ne sait pas. Avec quoi on compare ? Il va falloir attendre de toute façon. Donc, ce n'est pas anodin de consommer un produit pour quelqu'un qui n'avait jamais rien mis d'autre dans ses promesses. En fait, la cigarette électronique, il faut voir ça comme une réduction des risques du tabac. Mais si c'est un non-fumeur, il n'y avait pas de risque.

  • Speaker #1

    Donc, l'ado qui dirait à son parent, j'ai envie de tester la cigarette électronique pour me sentir mieux.

  • Speaker #0

    Alors déjà, pour se sentir mieux, moi, je dirais, qu'est-ce qui se cache derrière ? Pourquoi te sentir mieux ? Pourquoi tu as besoin de ça ? Explique-moi.

  • Speaker #1

    Il existe des consultations GEM consommateurs. Donc, je parlais de se sentir mieux, mais voilà, si on a besoin d'aide, aujourd'hui, il existe ce type de consultation avec... Donc, c'est les parents et les jeunes, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Alors, les jeunes peuvent y aller tout seuls. Les parents peuvent y aller tout seuls, parce que aussi, des fois, ils peuvent avoir des questions. Ils peuvent être reçus les deux ensemble. C'est vraiment... Il n'y a aucun souci là-dessus. C'est gratuit et c'est anonyme. Donc ça, c'est hyper important pour le jeune, parce que des fois, un jeune qui consomme du cannabis, il n'ose pas en parler à ses parents, mais il sent bien que ça y est hyper pied. Il peut y aller vraiment sans crainte. Donc ça, c'est important. C'est hyper médicalisé comme l'hôpital. Il y a des psychologues, des éducateurs. J'adore, je suis fan de ce dispositif. Puis les personnes qui travaillent dans ces consultations de jeunes consommateurs, ils vont avoir les mots. déjà ils vont essayer de voir si la part d'inquiétude du parent, elle est justifiée ou non. Et pareil, le parent pourra parler avec le ou la psychologue de ce qu'il ressent, parce que ce n'est pas anodin, effectivement, de voir que la personne qu'on aime le plus au nom de son enfant, il prend des choses mauvaises pour sa santé, alors qu'on en a passé des nuits à les surveiller malades, etc. Donc forcément, ça réveille en nous des inquiétudes. Et c'est pour ça que vraiment, les consultations aux jeunes consommateurs, c'est et pour le jeune et pour les parents. Ça, c'est important.

  • Speaker #1

    Et donc on a parlé d'alcool et de tabac, on a parlé de cannabis aussi. Ils voient aussi par contre les premières expérimentations d'autres drogues comme la cocaïne.

  • Speaker #0

    La consommation chez les collégiens a diminué.

  • Speaker #1

    1,4% des jeunes de 17 ans ont déjà testé la cocaïne. On passe à 10% au lieu de 18 ans. La cocaïne est consommée de plus en plus tôt.

  • Speaker #0

    C'est inquiétant parce qu'elle devient de plus en plus banale. On est inondé malheureusement de cocaïne.

  • Speaker #1

    Et dans tous les milieux.

  • Speaker #0

    Mais alors oui, c'est pas que... Parce qu'au départ, on a l'impression que c'était vraiment les milieux aisés. Mais non, parce que maintenant, c'est devenu hyper abordable. C'est tous les milieux. Et c'est problématique parce qu'il n'y a pas de traitement de substitution pour la cocaïne. Donc, c'est-à-dire que quand, à la clinique, on a des personnes qui viennent nous voir, on va donner quelques traitements pour calmer les symptômes de sevrage. S'il y a des angoisses, on va mettre des anxiolytiques, des choses comme ça. Donc, on fait du bricolage. Puis après, c'est juste des thérapies comportementales, la gestion des émotions. Et on sait que la cocaïne, ça a une grosse dépendance psychologique. Le craving, il est tellement fort. On a tellement envie d'en reprendre et d'en reprendre parce que, justement, ça nous donne une sensation de surpuissance. Ça booste notre égo, notre estime de soi. Il faut faire très attention à ça parce qu'en plus, on la banalise de plus en plus. Pareil, moi, je vois sur les réseaux sociaux, c'est tourné avec de la blague. La dernière fois, je voyais une pub pour un café à Paris où ça commence avec du sucre, il y a une carte bleue comme ça. Et puis après, il dit, mais nous, ici, on ne fait que du café. Et en fait, ça, c'est problématique. Parce qu'en fait, on normalise un geste, on normalise plein de choses, et on en fait quelque chose de drôle et visible. C'est exactement ce que faisaient les publicitaires du tabac et de l'alcool avant. Maintenant, ça se fait ça pour la cocaïne. Donc, par pitié, ne faites pas de blagues sur ça. Voilà, c'est tout sauf drôle, parce que quand on est dépendant à la cocaïne, ça amène vraiment à des histoires. Moi, j'ai des patients qui ont perdu Tout ce qu'ils avaient dans leur vie à cause de ça, leur logement, leur famille. Il y a des, sans parler aussi, des trous au niveau de la cloison nasale. C'est vraiment dur.

  • Speaker #1

    C'est très dangereux. Moi, j'ai des patients qui sont concernés et ça peut être terrible. Et justement, pour revenir à ce passage de l'adolescence, est-ce qu'il y a des signes que les parents doivent connaître où ils pourraient repérer qu'il y a une addiction, qu'il y a de la consommation ?

  • Speaker #0

    On sent que notre ado, il est... Le jeune adulte, il a des changements d'humeur. Ça, il faut regarder s'il a tendance à s'isoler, s'il délaisse ses activités qu'il aimait bien auparavant. Par exemple, s'il allait jouer au foot avant ou qu'il allait faire d'autres activités, et puis il ne le fait plus maintenant. Ça, il faut faire attention. Donc là, on doit être vigilant et on doit lui en parler.

  • Speaker #1

    Il y a des facteurs qui vont faire que les jeunes consomment plus ?

  • Speaker #0

    Alors, ben... Il y a l'environnement, c'est ce que la jeune nous disait. On sait très bien, par exemple, que certains milieux, il y a plus de consommation. Les soirées techno, on sait qu'il y a beaucoup de consommation. Donc, moi qui adore la musique techno, je pense qu'il ne faut pas non plus dire « Ah bah, ça y est, il va dans une soirée techno, il va se droguer » . Non, je pense qu'il faut par contre en parler et préparer la personne à ce qu'il risque de voir et de ne pas être tenté, savoir dire non, etc.

  • Speaker #1

    Et c'est apprendre l'affirmation de soi.

  • Speaker #0

    c'est s'affirmer, se dire que On n'a pas besoin de ce produit pour s'amuser. Et d'ailleurs, moi j'ai plein de personnes qui me disent sur Insta, moi ce que je veux, c'est pouvoir retourner en soirée techno comme je faisais avant. J'avais juste la musique et je dansais et j'étais bien. Et effectivement, quand j'ai commencé à prendre des produits, c'était merveilleux. Puis une fois que je suis dépendante, je me rends compte que ce n'est plus merveilleux du tout. Je ne peux plus m'en passer parce que ce n'est plus qu'en soirée techno, c'est toute la journée. Et justement, ils voudraient bien redevenir comme avant, pouvoir kiffer la musique sans substance.

  • Speaker #1

    Est-ce que Kétit, c'est OK pour un jeu vrai-faux ? Vas-y,

  • Speaker #0

    c'est bon.

  • Speaker #1

    Vrai-faux numéro 1, l'alcool est le moyen de socialiser les ados.

  • Speaker #0

    De socialiser entre ados ? Oui, c'est vrai. Malheureusement, ils ont l'illusion que grâce à ça, ils vont se faire des amis, puis ils perdent leur désinhibition. Donc ils vont oser, ceux qui n'ont pas une grande estime d'eux-mêmes, ils vont oser faire des choses. Ils vont oser accoster, ils vont oser justement aller aborder plus facilement les autres. Donc malheureusement, oui, mais il faut qu'on arrive à dénormaliser ça et de dire que non, on n'a pas besoin d'alcool. On peut être cool sans consommer l'alcool,

  • Speaker #1

    mais bien sûr. Bref, au numéro 2, fumer du cannabis, c'est moins dangereux que fumer des clopes.

  • Speaker #0

    Déjà, son cannabis, on le fume avec du tabac. Donc, euh... Il y a quelques puristes qui vont consommer. C'est tout aussi dangereux. De toute façon, peu importe ce qu'on fume, que ce soit du tabac, du cannabis, des herbes de Provence, du papier. J'ai 20 000 histoires comme ça. C'est toxique parce que c'est la combustion qui est mauvaise pour les poumons. Après, le cannabis, on peut faire de la réduction de l'air. Si on le vaporise, effectivement, ça sera moins nocif pour les poumons. Mais c'est tout aussi dangereux pour notre cerveau. On se rappelle que mettre une substance... psychoactif sur un cerveau qui n'a pas fini sa maturation, donc avant 25 ans, c'est problématique. Vrai ou faux,

  • Speaker #1

    les médicaments peuvent-ils être addictifs ?

  • Speaker #0

    Vrai, on a tous les eaux qui y a C qui peuvent être addictifs. On va avoir aussi même certains somnifères. Après, on ne peut plus s'en passer. C'est-à-dire qu'on ne va pas réussir à dormir sans notre somnifère. Donc non, les médicaments peuvent être addictifs.

  • Speaker #1

    Vrai ou faux, le soutien familial n'est pas essentiel pour le rétablissement d'une addiction ? Faux.

  • Speaker #0

    le soutien familial, le soutien amical, parce que des fois, il faut être entouré de personnes qui nous aiment et qui nous soutiennent dans cette épreuve. Faire un sevrage, et vraiment, je ne me mise pas que ce soit la cigarette. L'alcool, la cocaïne, c'est très dur. Ça n'a rien à voir avec la volonté. Si on avait la volonté, on ne gaspillerait pas autant d'argent dans la substance, on n'irait pas jusqu'à se faire des trous dans les narines. Donc, il faut bien sûr avoir la volonté. Ça va être un des éléments, mais ce n'est pas que. D'ailleurs, moi, je parle plus de motivation. Il faut avoir de la motivation. Puis après, il faut trouver le bon timing, le soutien, justement pour nous aider dans les moments difficiles. des fois avoir Une épaule sur laquelle se pencher, ça fait du bien.

  • Speaker #1

    Et la famille et puis les amis, ça part. Oui, la famille. C'est-à-dire là-dessus, en se disant tout simplement, soyons bienveillants, avec ce truc de, je sais que tu galères, donc j'ai fait l'effort de ne pas filmer. Oui. Quand toi, tu es en période d'arrêt, par exemple, ou je fais un décoctel indifférent, etc., je pense que c'est un peu du bon sens.

  • Speaker #0

    Oui, mais en fait, c'est ça, on en revient à l'empathie, de la bienveillance. Je pense que si on faisait plus attention à tous les uns les autres, se donner du courage, ça fait du bien, ça nous permet de mieux repartir. Moi, je sais que j'ai beaucoup de messages sur Instagram qui me disent « Ah, j'ai échoué, etc. » Je dis « Mais alors non, tu n'as pas échoué. » « Faut pas. » T'es là à me poser la question, à me le dire, ça veut bien dire que t'es toujours dans la démarche. Donc non, c'est juste que t'as encore besoin de plus d'aide, de plus de soutien. Donc c'est à ce moment-là qu'il faut, dans l'entourage, resserrer. Plutôt que de dire, tu vois, t'as pas de volonté. Mais non, ils ont la volonté, c'est hyper dur. Souvent, moi, je fais l'analogie avec la femme enceinte qui accouche. Il y a des femmes qui accouchent avec péridurale, d'autres sans péridurale. Et ça veut pas dire que celle qui accouche sans péridurale, elle est plus courageuse ou autre. C'est juste une question de tolérance à la douleur. Il y a des gens qui sont plus sensibles et d'autres non. Et il y a des gens qui vont galérer à se sevrer parce que ça leur fait mal, le sevrage, c'est vraiment violent. Et ils n'y arrivent pas, donc ils ont besoin d'être hyper encouragés par les médecins, voir s'il y a des molécules, la psychologue, etc. Et puis d'autres vont dire « Ah, moi j'ai réussi du jour au lendemain » . C'est super, tant mieux pour toi. Chaque individu a sa propre histoire. Et voilà, il ne faut pas minimiser que le sevrage, c'est tout sauf facile.

  • Speaker #1

    En tout cas, on doit donc en retire, on accompagne nos enfants.

  • Speaker #0

    On a des manies, on leur en parle, et beaucoup de bienveillance.

  • Speaker #1

    Je suis sûre que tu as éclairé vraiment plein de parents. Pour ce sujet si compliqué, on peut le dire. On peut retrouver où ton travail ? Tu peux nous le donner.

  • Speaker #0

    Alors, sur Instagram ou TikTok. Sur Instagram et TikTok, de toute façon, j'ai le même nom. C'est ketty, K-E-T-Y, D-L-S, point, à Dicto.

  • Speaker #1

    Il y a aussi ton livre.

  • Speaker #0

    Mon livre, j'arrête vraiment de filmer aux éditions Marabout. Donc, dans toutes les librairies, sur Internet. Voilà, on le trouve partout.

  • Speaker #1

    On va donc partager l'extrait de cet épisode aussi sur nos réseaux.

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr. Merci beaucoup. Merci.

  • Speaker #2

    Merci d'avoir écouté cet épisode. Si vous êtes arrivé jusque là, c'est peut-être qu'il vous a plu. Alors n'hésitez pas à vous abonner à ce podcast, à lui laisser un avis 5 étoiles et un commentaire pour qu'il voyage davantage. Retrouvez-moi sur le cœur net, posez vos questions, partagez votre expérience et échangez avec une communauté franchement bienveillante. Et si vous voulez du concret, du précis, du vraiment utile au quotidien, inscrivez-vous à ma newsletter santé dans les notes de cet épisode. Au programme ! des tips, des docs, des recommandations médicales et psy pour vous éclairer et surtout vous aider vraiment.

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En tant que médecin, mais aussi en tant que mère, je vois à quel point la question des addictions peut provoquer peur, colère, impuissance. On découvre une puff, un paquet de clopes, un message flou sur Snap, et tout de suite 1000 questions nous traversent. Mon ado va mal ? J'ai raté quelque chose ? Comment ouvrir le dialogue sans braquer, sans minimiser ?


J’ai reçu Ketty Déleris du compte @kettydls.addicto, tabacologue & autrice à l'approche déculpabilisante et ancrée dans la psychologie, la médecine.

On parle de santé, de bien-être, de ce passage particulier qu’est l’adolescence, où nos jeunes cherchent à s’affirmer, souvent en imitant le groupe. Ketty explique pourquoi un adolescent peut être tenté par la cigarette, l’alcool, la drogue, tout en sachant que “c’est mauvais”. À 15 ans, le long terme ne parle pas ! Ce qui compte, c’est l’instant, le regard des autres.


Ketty nous aide à trouver les bons mots et à mettre un cadre sans casser la confiance. On évoque les trois types de dépendance, les nouveaux modes de consommation, l’impact des réseaux sociaux, mais aussi les ressources concrètes comme les consultations jeunes consommateurs pour libérer la parole des ados.


Cet épisode vous apportera de la nuance, et du réconfort. Parce qu’accompagner notre enfant, ce n’est pas le contrôler : c’est lui transmettre comme on peut les compétences pour qu'il ose nous parler, même quand ça fait peur.


Resources :

Le livre "J'arrête vraiment de fumer" de Ketty Deléris

Consultations jeunes consommateurs (CJC)

Drogues Info Service

Fil santé Jeunes (numéro anonyme et gratuit)

Sources :

Enquete ENCLASS 2022


Le Passage est un podcast produit et animé par le Docteure Laure Geisler.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans Le Passage. Aujourd'hui, on va parler d'un moment que beaucoup de parents redoutent. Ce moment où, à peine sortis de l'enfance, nos ados nous confrontent à des réalités bien plus adultes. On ouvre un leurre-sac, on tombe sur un paquet de clopes ou une puff, et là, panique. On se demande pourquoi, qu'est-ce qu'on a loupé, comment réagir ? Bref, pour nous aider à y voir plus clair, j'ai la chance de recevoir Katie Deliris, tabacologue et experte des addictions. Si vous la connaissez pas encore, Katie, c'est la voix rassurante et déculpabilisante derrière le compte katiedls.addicto qui cartonne grâce à ses conseils concrets et accessibles. Elle est aussi l'autrice du livre J'arrête vraiment de fumer aux éditions Marabou. Avec Katie, on parle sans jugement mais avec beaucoup de clarté face au ressenti des ados. Pourquoi les ados consomment ? Pourquoi c'est pas forcément juste un effet de mode ? Et surtout, comment en tant que parent, on peut réagir de façon juste ? sans dramatiser, sans banaliser. Bref, un épisode précieux pour mieux comprendre et accompagner. Je vous souhaite une bonne écoute.

  • Speaker #1

    Hello Cathy, merci d'être avec nous. Merci Laure pour l'invitation.

  • Speaker #2

    Merci d'être avec nous dans Le Passage. Donc c'est quoi toi ? Est-ce que tu aurais une musique de ton adolescence ?

  • Speaker #1

    Alors, une musique, c'est difficile parce que moi, je te dirais deux. En fait, depuis tout le temps, j'ai écouté et du rap et de la techno. J'ai toujours fait les deux. DJ Mehdi, en fait, c'était moi. Donc, je dirais, s'il fallait choisir un son rap de mon adolescence, je dirais La Fonky Family, Gravée dans la Roche. Et en techno, je mettrais The Prodigy, No Good.

  • Speaker #2

    C'est bien, ça fait une bonne transition parce que je sais aussi que tu interviens Beaucoup dans le milieu notamment de la techno. Oui,

  • Speaker #1

    le festif.

  • Speaker #2

    Oui, le milieu festif, avec les DJs aussi qui se sensibilisent.

  • Speaker #1

    Tout à fait. De plus en plus, maintenant dans les soirées, dans les free parties, dans les festivals, il y a des stands de réduction des risques, j'allais dire stands de RDR, mais ça c'est l'abus de langage. Souvent, je vais dans ces soirées, je vérifie un petit peu comment ça fonctionne, s'ils ont tout ce qu'il faut, les bouchons d'oreilles, puis tout ce qu'il faut pour justement... avoir moins de risques si on prend des substances, donc le sérum chi, les kits de roule-tapail,

  • Speaker #2

    etc. Oui, c'est important de savoir que ça existe aussi, parce que l'idée, c'est d'accompagner au mieux. On n'est pas en train de promouvoir quoi que ce soit, on entend dire juste, si tu devais consommer, il ne m'a pas voulu car de toute façon,

  • Speaker #1

    c'est non. Exactement, parce qu'on sait très bien que dans la prévention, on regarde sur les paquets de cigarets, depuis des années, c'est marqué « fumé, tue » , et ça ne marche pas non plus, ce n'est pas si simple. Ça se saurait si c'était si simple. Il faut déjà un temps pour se préparer, à se dire est-ce que je suis prêt à vouloir arrêter ou pas, etc. Et donc, en attendant, il vaut mieux le faire de façon safe.

  • Speaker #2

    Et donc, toi, tu accompagnes ces soirées-là. Il y a pas mal d'ados aussi qui viennent te voir,

  • Speaker #1

    j'imagine ? Alors, de jeunes adultes en soirée, pas d'ados. Par contre, j'ai des ados sur mon compte Instagram ou TikTok qui viennent me voir, effectivement, pour me demander des conseils.

  • Speaker #2

    Alors, je te connais depuis un petit moment maintenant. On est toutes les deux sur TikTok aussi, notamment. Ça m'amène à un truc très léger. Tu parles des soirées, mais c'est vrai que c'est important aussi, les fautes de dires. de façon un peu légère, hyper accessible, des choses qui relèvent de thématiques qui font peur. Oui, les addictions, ça peut faire peur. Oui,

  • Speaker #1

    c'est légitime. Je pense que quand tu disais une maman ou un papa retrouvent un paquet de cigarettes dans le tiroir de son fils ou de sa fille, forcément, on s'inquiète parce qu'on sait que c'est mauvais pour la santé. Et notre peur, elle prend le dessus et c'est là où, généralement, le dialogue ne passe pas. Et on n'a pas les mots justes, donc je suis là pour essayer de donner les mots justes et lancer un dialogue entre les parents et les ados.

  • Speaker #2

    Et c'est tout l'objet de cet épisode. Merci beaucoup d'être là. Je pense que c'est important d'entendre aussi le point de vue des ados, parce que tu disais que les parents savent que ce n'est pas bon pour la santé, etc. Mais souvent, les ados aussi.

  • Speaker #1

    Bien sûr.

  • Speaker #2

    Je voudrais te partager quelques extraits. Et si c'était OK, on brief après.

  • Speaker #1

    OK. Simple pour moi de ne pas fumer, parce que mon grand-père, il est mort de ça. qu'il avait une maladie cardiaque ? Alors, la peur, c'est un bon moyen d'arrêter, je dirais, sur du court terme. Sur du long terme, ça ne marche pas très bien. Tu vois, par exemple, alors là, on va mettre le cas de l'ado un peu à part, mais quelqu'un qui fait un infarctus, il va arrêter de chumer, tout le temps à l'hôpital, et puis il va retourner chez lui et il va peut-être rechumer. En fait, tu as peur sur le moment, ça marche bien. Et puis, si on n'entretient pas les choses avec des vraies motivations profondes... Ça ne marche pas sur du long terme. Un ado ? Oui, la santé, c'est trop long pour lui. Comment tu veux qu'il se projette ? Et je dirais que c'est normal. Heureusement, ça veut dire qu'il est plutôt sain. On lui dit, tu risques d'avoir un cancer du poumon quand tu vas avoir 65 ans, il a 15 ans. Ouais, alors peut-être que là,

  • Speaker #2

    dans sa famille,

  • Speaker #1

    c'était très prégnant et qu'il a baigné là-dedans. Il a peut-être vu ses parents souffrir et que ça l'a vraiment touché. Mais il y en a d'autres, ça ne va pas les toucher parce que la santé, ce n'est pas quelque chose qui... qui va vraiment motiver un adolescent.

  • Speaker #2

    C'est vrai que les adolescents, et c'est normal, ils sont très obnubilés par, on va dire, les relations sociales. Oui, il est aussi d'être inclus dans un groupe.

  • Speaker #1

    Mais dans la balance décisionnelle, le fait d'appartenir à un groupe, de faire comme tout le monde, ça pèse bien plus que je vais peut-être avoir un cancer du poumon. C'est pour ça que ce n'est pas un bon argument pour les ados. Après, lui, ça a marché, tant mieux. Et heureusement.

  • Speaker #2

    Oui, tant mieux pour lui. Et je trouve ça... Très direct. Il démarre comme ça, oui, cette phrase très direct, très cash, mais il a bien aussi assimilé. Ce qu'on voit finalement, c'est que les ados, ils savent que c'est pas bon pour la santé.

  • Speaker #1

    C'est ça, ils le savent tous. C'est écrit partout. On leur rabâche depuis qu'ils sont tout petits. Ça fait partie des arguments. Il faut quand même le garder. C'est important. Il faut être factuel. Moi, quand on me demande des éléments, je vais être factuel sur la santé. Mais après, je vais essayer de trouver d'autres éléments.

  • Speaker #2

    OK, on écoute la suite ? Ouais.

  • Speaker #1

    C'est très simple,

  • Speaker #2

    si on veut en acheter sur les réseaux par exemple, il y en a plein qui vendent et qui peuvent livrer facilement à n'importe qui.

  • Speaker #1

    C'est vrai que les ados ont changé un peu leur façon de consommer et notamment depuis le Covid. C'est-à-dire que maintenant, on envoie des messages sur Snap et on a les livreurs qui viennent directement. C'est dingue. Et que ça soit, alors là on parle de tabac, mais ça peut être le protoxyde d'azote notamment, il se fait livrer en bas de chez soi. Ou d'autres produits, les tasses, tout ça.

  • Speaker #2

    Les bonbonnes, par exemple, de proto. Tu peux expliquer que ces bonbonnes qu'on va utiliser, nous, pour faire de la chantilly, par exemple, cette chose, aujourd'hui, il y a vraiment des recommandations. On ne peut pas les acheter sur une laineur. C'est très strict parce qu'on sait qu'il y a un mésusage. Les jeunes, ils vont mettre un ballon et inspirer cette gaze pour avoir cet effet euphorisant.

  • Speaker #1

    Alors maintenant, en plus, ils n'utilisent plus les petites cartouches dans les trucs de chantilly. Non. Ils utilisent des grosses bonbonnes, on appelle ça des tanks. On dirait des bouteilles de plongée. Donc c'est énorme. Justement, ils mettent la bouteille entre leurs cuisses. Donc elle est là, ça monte jusque là. C'est des grosses bouteilles. Et donc ça, c'est livré effectivement par Snap.

  • Speaker #2

    Un jeune qui est sur Snap, il n'y a pas de contrôle parental.

  • Speaker #1

    Non, c'est très difficile. Je pense que c'est pour ça qu'il est important d'en parler avec son enfant. Il faut ouvrir le dialogue. Il ne faut pas qu'il ait peur d'en parler. Merci. peur, il n'en parlera pas. Un adolescent, il va tester des choses. Quoi qu'il arrive, il va tester soit la cigarette, soit l'alcool. Parce que c'est vrai qu'en France, on normalise un peu le fait de boire, mais l'alcool, c'est une drogue aussi. Quoi qu'il arrive, l'ado, il va tester. Donc, il faut en parler avant ce qu'on appelle, nous, renforcer les compétences psychosociales. Apprendre à savoir dire non, avoir une bonne estime de soi, être persuadé que... On n'a pas besoin de consommer pour faire partie d'un groupe parce qu'on a des qualités. Bien sûr qu'on a des défauts, mais on est une personne humaine. Et ça, ça se travaille justement. Et puis après, il faut que l'ado ait le courage, et je dirais, de se dire je peux aller en parler à mes parents sans que j'ai peur d'être punie. Il faut instaurer un climat de confiance. Et si ça ne suffit pas, moi je dis toujours, c'est important que... Moi, j'ai... Par exemple, avec mon fils, j'ai toujours dit, si tu ne veux pas me parler de certaines choses que je comprends parce que je suis ta maman, sache que tu peux en parler à telle ou telle personne. C'est des amis de confiance. Et ces amis, je leur ai dit, par contre, s'ils vous parlent, vous ne le répétez pas. Je n'ai pas à savoir. Je vous fais confiance. Je sais que vous allez gérer. Et voilà. Et ça permet d'avoir aussi d'autres adultes référents qui peuvent justement aider sans qu'ils vont dire à mes parents, etc.

  • Speaker #2

    C'est chouette de trouver ce genre de personnes. Après, si c'est très compliqué d'avoir quelqu'un... Des fois, on vient de déménager, par exemple, on n'a pas de proche autour, on est un peu isolé, par exemple, et c'est compliqué.

  • Speaker #1

    C'est pour ça que c'est important aussi des fois de se dire je laisse mon ado ou pré-ado avec le médecin. Je ne suis pas obligée d'être là à la consulte, je peux attendre dans la salle d'attente. Et je pense que c'est important d'avoir cette bulle où l'ado peut avoir des questions. Ça me fait penser aujourd'hui, j'ai eu un jeune dans mes DM Insta qui me disait Donc, il avait pris un tas, une extasie, et il allait voir sa copine et il me disait, mais du coup, si j'embrasse ma copine, est-ce que je vais la contaminer ? Et tu vois, donc, heureusement qu'on est là pour leur répondre en lui disant, ben non, tu ne vas pas la contaminer. Reste sur toi. Par contre, toi, fais attention à telle chose ou telle chose. Et c'est important qu'il y ait des professionnels de santé qui peuvent accueillir ces questions-là.

  • Speaker #2

    Et tu sais, moi qui fais beaucoup de prévention, ce que j'aime, c'est de proposer aux parents de voir les jeunes seuls, mais même sans motif. Tu vois, je trouve que, tu vois, il y a un moment, le gamin, il a un pédiatre, il le voit jusqu'à ses 10, 11, voilà, souvent c'est le début de la puberté. et bien dire tout simplement, ça y est, tu peux peut-être y aller seule, si tu veux, je viens, ou si je viens en cours de consulte, c'est ok. Mais en fait, finalement, le soignant, il va forcément toucher à des choses. Bien sûr, les questions de harcèlement, des fondements, pareil aux parents. La conso, forcément, souvent. Et c'est vrai aussi qu'il y a des parents qui ne sont pas en mesure. Tu vois, le premier exemple du jeune qui disait, nous, il y a eu un décès à la famille. Des fois, les parents, ils... Ils n'ont pas les armes pour parler, c'est trop d'émotion. Oui,

  • Speaker #1

    quand c'est tes parents qui sont dehors de quelque chose, c'est pour ça que peut-être d'ailleurs ça a résonné chez lui, parce qu'il a peut-être vu cet énorme chagrin, ça a pu aussi le bouleverser sur sa façon d'être. Et oui, je pense que les professionnels de santé, c'est important qu'ils aient cet espace de parole avec l'ado seul.

  • Speaker #2

    Et pour revenir à Snap, toi t'en penses quoi ?

  • Speaker #1

    C'est un réseau social comme un autre. Je pense qu'il y a ce mode de consommation qui est arrivé avec les dealers qui sont beaucoup là-dessus. Si ce n'est pas Snap, ça sera TikTok ou autre. Donc, il faut se dire qu'on ne peut pas échapper à ça, malheureusement. Mais c'est vrai que maintenant, on ne va plus dans la rue voir son dealer. C'est le dealer qui vient en bas de chez vous et qui vous livre. Et c'est pour ça que c'est important de parler de ces choses. Il ne faut pas que ce soit tabou. Tu sais, c'est comme la sexualité avec les enfants, ça a longtemps été très tabou, on n'en parlait pas. Et on a bien remarqué que c'est là où on avait des comportements à risque. Je pense que les consommations, il ne faut plus que ça soit tabou. Surtout qu'il faut se dire que souvent, les parents, eux aussi, ils ont expérimenté quand ils étaient jeunes, la cigarette, l'alcool, voire d'autres produits. Donc, ils peuvent parler de ça aussi.

  • Speaker #2

    Une personne qui a consommé ou qui a testé des choses, est-ce qu'elle doit finalement le cacher à son ado ou plutôt en parler selon toi ?

  • Speaker #1

    Alors moi, je suis partienne de jamais mentir à son ado. Et d'ailleurs, c'est ce que j'explique aux parents quand ils découvrent une puff dans le tiroir. C'est plutôt de demander mais pourquoi tu as ça ? À quoi ça te sert ? Qu'est-ce que ça t'apporte ? Est-ce que tu connais les dangers ? Déjà, ça va être poser des questions ouvertes, pas fermées, et qu'on laisse... parler la personne. Et donc, l'ado, il a le droit de savoir aussi que nous, on a fait ces choses-là. Et justement, on peut en témoigner. On a peut-être eu des histoires pas sympas qui nous arrivaient. On sait aussi pourquoi, avec l'âge, on s'est dit « Hum, en fait, c'était pas super » . Donc, on a notre expérience à apporter.

  • Speaker #2

    Et à notre expérience, elle peut concerner aussi les personnes, par exemple, fumeuses, addictes. C'est très bien aussi de dire à son enfant « J'ai tenté d'arrêter, mais j'ai repris » . Ça prouve bien que ce n'est pas qu'une question de volonté, ce n'est pas si simple. Non mais j'en témoigne.

  • Speaker #1

    Et ce qui est important, ce n'est pas parce que, par exemple, on a des parents chumeurs qui découvrent que leur ado chume, qu'ils doivent tolérer. En fait, ça peut être, je garde le cadre en leur disant, regarde nous, on galère, etc. Donc, je te présente, la maison est non fumeuse, mais tu peux fumer sur le balcon ou dehors. Mais la maison reste non fumeuse. Alors, il faut qu'ils le fassent. Parce que si je fume à la maison, mais voilà, ça, c'est ce que je dis à mes patients, on essaye de fumer en extérieur pour pas justement la fumée tertiaire qui se dépose sur, tu sais, tous les meubles. Et c'est ça qui peut être toxique aussi. Donc, l'ado, on lui interdit pas, mais on lui met un cadre. Et ça, c'est très important, parce que si on commence à ne pas mettre de cadre, c'est là où la dépendance comportementale, elle s'accentue. Tiens, je viens de finir de manger, je vais allumer ma cigarette et puis je vais me mettre devant le canapé. Ou dès le matin, je vais allumer ma cigarette. Un ado qui vient de se réveiller, il n'a pas envie d'aller dehors fumer sa cigarette. Donc, ça va ralentir quand même sa consommation de mettre un cadre.

  • Speaker #2

    Est-ce que juste tu peux nous rappeler les trois types de dépendance liées à la cigarette ?

  • Speaker #1

    Dépendance physique, donc ça c'est le besoin de nicotine. On sait que la nicotine, c'est une des substances les plus addictives. Dépendance comportementale, c'est les habitudes. Je viens de finir un repas, j'allume une cigarette. Je bois un café, j'allume une cigarette. Voilà, la pause cigarette. Et il y a la dépendance psychologique. Je suis énervée, je vais aller fumer une cigarette pour m'apaiser. Ou je suis stressée, j'angoisse de quelque chose, je vais aller fumer une cigarette pour me calmer. Ou au contraire, ça peut être aussi les émotions. C'est la fête, je m'amuse, je vais sublimer ce moment avec une cigarette. Donc, c'est important de comprendre ces trois dépendances. L'arrêt du tabac, ce n'est pas juste je colle un patch, sinon ça serait trop simple.

  • Speaker #2

    Donc ça, le patch, c'est pour la dépendance ?

  • Speaker #1

    C'est pour la dépendance physique. Donc ça, c'est important pour les gens qui ont une dépendance physique élevée. Mais il faut retravailler le comportement, la gestion des émotions, tout ça, c'est important. Dans la grande majorité, un ado qui va commencer à fumer, c'est pour faire comme les autres, c'est pour rentrer dans ce groupe, c'est plutôt le côté festif. Mais il peut y avoir aussi que l'ado, il a mémorisé, parce qu'il a vu ça dans les films ou ses parents, que quand il fumait une cigarette, quand il était stressé, ça l'est calmé. Un ado qui peut ne pas aller très bien, il va se dire, tiens, je vais commencer à fumer parce que je ne vivais pas bien dans ma vie. C'est pour ça que quand on découvre des cigarettes, on a tendance, par an, à vouloir dire « Mais qu'est-ce que tu fais ? C'est mauvais pour ta santé. Mais il y a peut-être un mal-être aussi, ou pas. » Donc, c'est pour ça qu'il faut laisser la porte ouverte, dire « Mais en fait, pourquoi tu as besoin de ça ? Qu'est-ce que ça t'apporte ? Qu'est-ce que tu aimes là-dedans ? Qu'est-ce que tu n'aimes pas ? » Et en fait, c'est le faire parler.

  • Speaker #2

    Oui, justement, ça fait écho à la suite des extraits.

  • Speaker #1

    Moi,

  • Speaker #3

    finalement, ni mes parents, ni le collège m'a... dit de ne pas fumer. Moi, je trouve ça juste très gênant.

  • Speaker #1

    Typiquement, dans ce témoignage, on voit qu'il n'y a pas eu de discussion. C'était le sujet tabou de la conso, alors que je pense qu'il faut en parler. C'est ce qu'on disait tout à l'heure, c'est important. Et là, elle dit, en plus, au collège, ils n'en ont pas parlé. Alors, normalement, en SVT, on voit un petit peu, donc elle a peut-être oublié. Normalement, il y a vie affective et sexualité, il y a les consommations drogue, cannabis, tabac. Mais c'est vrai qu'on fait de la prévention des fois qui ne marche pas très bien. dans les écoles où on y va et on leur dit c'est pas bien de fumer, c'est mauvais pour la santé. C'est pour ça que ça se trouve, elle a oublié parce que ça ne lui parle pas et que c'est plutôt important d'essayer de comprendre, de déjouer les mécaniques. Moi, j'aime bien jouer sur ça, de leur montrer comment l'industrie du tabac les manipule. Par exemple, sur la puff, on voit bien comment ça arrivait comme ça. C'est un vrai travail marketing derrière. Ils ont quand même payé des influenceurs. Ils ont fait en sorte de mettre des bons goûts, un packaging super joli. Donc en plus, si tu vois tes influenceurs la voir tout le temps à la main ou autre, ils ont été hyper bons sur le marketing. Donc moi, c'est plutôt ça. J'essaye de leur expliquer comment on les manipule sans qu'ils s'en rendent compte. Et justement, ils sont à un moment de leur vie où il faut qu'ils se rendent compte que c'est eux qui doivent prendre leurs décisions, c'est plus leurs parents. Mais ça doit être encore moins l'industrie du tabac ou autre.

  • Speaker #2

    Et puis, ce qui n'est pas simple, je trouve qu'à ces âges-là, les enfants, ils ont vraiment un degré de maturité qui est complètement différent. Et c'est vrai qu'à la décharge des systèmes d'éducation, qui n'est pas facile, moi, je le connais plus sur le côté sexo, mais en addicto, je pense que c'est pareil. Il y a des jeunes qui sont prêts à entendre ça très bien, peut-être parce qu'ils ont un grand frère, une grande soeur, ils en ont parlé déjà un peu à la maison,

  • Speaker #1

    et d'autres, mais... pas évident, elles sont complètement larguées,

  • Speaker #2

    entre guillemets, et peut-être tombées aussi, parce que c'est pas de leur âge, bien sûr, entre guillemets. Voilà,

  • Speaker #1

    c'est ce qui est pas simple aussi. C'est pour ça que je pense que c'est bien de faire appel à l'éducation nationale, parce qu'ils ont l'habitude de leur jeune. Ils savent dans la classe qu'il y a un peu comme ça ou autre. Donc moi, je suis ravie quand les profs de SVT parlent des consommations, ça me va très bien. Allez-y,

  • Speaker #2

    on continue. Il y en a qui commencent à fumer dès le plus jeune âge parce que les fréquentations fausses. Ils disent par exemple qu'il y a les puffs électroniques. Ils disent oui, tu peux essayer une fois, tu ne vas pas devenir addict.

  • Speaker #1

    Et après, ils commencent à tomber dedans.

  • Speaker #2

    Et moi, c'est ça qui me fait peur. Donc justement, est-ce qu'on peut arrêter si on n'a testé qu'une seule fois ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est tellement propre à chacun. L'addiction, c'est la rencontre entre une personne, donc dans sa globalité, sa génétique, comment elle se sent dans sa tête. son estime de soi, ses problèmes, etc. Donc, c'est la personne, c'est le produit en lui-même. Il y a des produits plus ou moins addictifs. Donc, la nicotine, c'est extrêmement addictif. Ça fait partie des produits les plus addictifs, avec l'héroïne, la cocaïne, etc. Et il y a l'environnement. Effectivement, dans l'environnement, si on a des copains consommateurs, en fait, on normalise. Ça fait quand même assez longtemps que maintenant, ils se battent pour dénormaliser le tabac. Et ça marche. On voit qu'il y a de moins en moins de jeunes fumeurs en France. Mais, effectivement, maintenant, c'est de nouveaux produits. Et donc, c'est pour ça, c'est la rencontre entre le produit, la personne et l'environnement. Donc, la personne, est-ce qu'elle va arrêter d'un seul coup ou pas ? Ça dépend, en fait. Je n'ai pas de réponse à ça. Il y a des personnes qui vont être très vite physiquement dépendantes à la nicotine. Et puis d'autres qui vont se dire, du coup, grâce à ça... J'arrive à rentrer dans ce groupe, etc. Puis plus on va le refaire, ce geste, plus ça va nous donner une contenance, et puis après une dépendance, etc.

  • Speaker #2

    Et moralité, donc, si notre enfant a testé, on va dire, juste une fois, c'est pas très grave, c'est pas très grave.

  • Speaker #1

    C'est pas très grave, mais ça veut pas dire que c'est sans risque. Justement, il faut en parler, c'est pas anodin. Voilà, c'est parce qu'il a essayé une fois que ça y est, c'est un drogué. C'est ça que... Voilà. Et encore, qu'est-ce qu'il y a derrière ce mot ? Je n'aime pas tellement, mais ne paniquons pas. Je pense qu'il ne faut pas avoir de la panique, mais il ne faut pas banaliser. Donc, c'est dire, OK, tu as pris ça, mais pourquoi ? Qu'est-ce que ça t'apporte ? Est-ce que tu connais les dangers ? Parce que, aussi, des fois, ils ne sont pas au courant, vraiment, des dangers. Notamment la PEUF, au départ, ils savaient... Déjà, souvent, ils ne savent même pas combien il y a de nicotine dedans. Moi, je leur dis, mais il y a de la nicotine. Ça dépend des fois, mais à combien ? Et là, des fois, ils me disent « Oh non, c'est 0,2 » . En fait, 0,2, c'est 20 mg. C'est ce qu'il y a de plus fort en France. Non. C'est ce que, moi, je vais conseiller à des patients qui fument un paquet par jour.

  • Speaker #2

    Et tu vois, la puff, maintenant, c'est interdit en France. Toutefois, comme tu disais tout à l'heure, il y a aussi un peu ce clivage entre les drogues licites et illicites. Oui. Et le fait que ce soit licite, l'alcool aussi, le tabac. et bien ça rend, je trouve, le truc un peu moins dangereux, entre guillemets.

  • Speaker #1

    Oui, en fait, quand c'est licite, du coup, on peut faire plus de campagnes, justement, de prévention. On peut agir au niveau politique plus facilement. Quand c'est illicite, normalement, c'est interdit, ça ne devrait pas exister.

  • Speaker #2

    Aux yeux des gens, on a l'impression que c'est un peu moins grave.

  • Speaker #1

    L'alcool et le tabac, c'est ce qui tue le plus de personnes actuellement dans le monde. Le tabac, c'est la première cause de mortalité évitable et l'alcool, la deuxième. Donc non, c'est pas rien. C'est surtout qu'un fumeur qui va commencer à fumer vers 12, 13, 14 ans, il a de grandes chances de devenir dépendant. Parce que plus on consomme jeune, parce que la maturité cérébrale n'est pas encore faite, plus on a de risques de devenir dépendant.

  • Speaker #2

    Ça, c'est une phrase qu'on peut dire au GM. Je pense qu'il peut tout à fait intégrer. Le fait que ces sept ne sont dépendants, j'ai l'impression qu'ils comprennent.

  • Speaker #1

    Et puis, ils n'aiment pas être dépendants de quelque chose. Ils veulent garder leur indépendance, justement, parce qu'ils en ont marre que les parents choisissent pour eux. Moi, je joue beaucoup là-dessus.

  • Speaker #2

    Et je trouve que les générations d'aujourd'hui, d'ailleurs, pour avoir lu sur le sujet, tu sais, il y a aussi beaucoup d'éco-anxiétés. Avec le Covid,

  • Speaker #1

    il y a eu vraiment...

  • Speaker #2

    Moi, j'ai beaucoup d'empathie pour les jeunes. Ce n'est pas forcément simple en ce moment, mais c'est des jeunes qui ont besoin de liberté. Oui, et plus apparemment que les générations d'avant, qui ont plus peut-être envie de voyager. Et je trouve ça chouette de jouer sur cette notion-là. Oui, de libérer les verres. Mais toi, tu es peut-être quelqu'un qui a envie d'être libre. Là, tu es cantonnée à ça, ça va toucher à ton portefeuille, à ta santé, plein de trucs en fait. C'est ça.

  • Speaker #1

    Et souvent, moi je vais arriver, parce qu'ils me disent, oui, mais je ne fume pas beaucoup, je fume deux, trois cigarettes. Et moi, je me dis, mais tous les fumeurs ont commencé comme toi. Au départ, on fume tous deux, trois cigarettes, puis après c'est trois, quatre, puis quatre, cinq, et voilà. Justement, vu qu'il y a quand même une dépendance physique, si on a des récepteurs, jusqu'à ce que notre cerveau se stabilise. En gros, la génétique était faite pour avoir un taux d'un paquet ou un demi-paquet. Ça dépend des personnes. En quotidien ?

  • Speaker #2

    En fait,

  • Speaker #3

    ils ont des problèmes en dehors de la famille. C'est-à-dire que les copains, ça ne va pas. Et du coup, la seule solution, c'est la cigarette, même s'il y a d'autres solutions. Les jeunes, ils disent que la cigarette, elle apporte... Bye ! Je sais pas, en fait, ils sont populaires. En fait, ils pensent qu'ils sont populaires. En fait, c'est de la mode. Oui, en fait, ils pensent qu'ils sont populaires, voilà. Mais ça apporte rien. En vrai, ils pensent rien d'autre de la cigarette. Pour eux, c'est que le style, peut-être le goût aussi, pour pas décevoir leurs copains, ou peut-être qu'ils se sentent rejetés s'ils fument pas. Mais sinon, ils pensent rien d'autre.

  • Speaker #1

    Bah, c'est exactement ce qu'on dirait. Il y a beaucoup de choses à dire. Déjà, effectivement, on sait très bien que dans les films qu'on regarde, les séries, on glamourise énormément la cigarette. Moi, il n'y a pas longtemps, j'ai regardé sur Netflix Georgia Dina, je crois que c'est ça. Et en fait, la maman, elle est trop cool. Elle fume des joints, elle boit de l'alcool. C'est la super copine et on a toujours envie d'avoir une maman comme ça. Donc là, on glamourise. extrêmement le tabac, l'alcool, le cannabis. Et donc, l'ado qui regarde ça, il dit « Ah, je suis très clébée » . Mais ce n'est pas la vraie vie, en fait. On le sait très bien. Sauf que quand on est ado, on est influençable. Donc, il y a ça, le fait de... On se dit « C'est cool » , donc on glamourise. Et puis après, effectivement, il y a l'esprit de groupe, comme elle disait, pour ne pas être rejetée, se sentir aimée, se sentir valorisée. Donc ça, c'est ce que je disais. tellement important de travailler sur l'estime de soi. Il faut renforcer, travailler les compétences psychosociales, mais dès le plus jeune âge, leur faire comprendre qu'ils ont tous des qualités. Bien sûr qu'on a des défauts, mais on a tous des qualités. Avoir de l'empathie les uns pour les autres. Si tout le monde avait plus d'empathie, je pense qu'on ne serait pas là. Tu ne fumes pas, tu ne fais pas partie du groupe.

  • Speaker #2

    Tu disais, peut-être dès le plus jeune âge, je pense que le boulot des parents, ça va être peut-être même de relever ce que l'enfant n'a pas vu. Je trouve que quand son enfant a un comportement chouette, mais quel qu'il soit, peut-être de bienveillance ou une petite pensée pour quelqu'un, ou ne serait-ce qu'un gagneur en autonomie et que finalement, vous, vous le relevez. Et bien, peut-être que c'est cool juste tout simplement de le dire et de rattacher de l'émotion à ça. Je sais que dans mes formations psy, on me dit beaucoup ça. Plutôt que de dire c'est super ce que tu as fait, c'est beau, c'est bien, dire quelque chose qui ressemblerait plutôt à ça, ça me touche en fait. c'est des valeurs que j'adore qui sont belles qui sont pas que tout le monde n'a pas et toi t'as réussi à faire ça et d'amener un peu de l'émotion ça valorise d'avoir quelqu'un

  • Speaker #1

    qu'on aime et qui nous met un peu plus en lumière. C'est tellement important. Je pense que c'est le propre de l'être humain de relever plutôt les défauts. Parce que tout ce qui est positif, on a l'impression qu'en fait, c'est normal. Et ce n'est pas forcément normal. C'est justement que c'est de bien nous montrer.

  • Speaker #2

    Et puis peut-être, tu vois, on parle d'addiction ou de tests, de jeunes qui testent. Peut-être qu'on peut aussi tout simplement poser la question à notre ado avant de se retrouver dans des îles. Le signe compliqué de Merci. Je suis tombée sur le paquet de club dans le bureau, dans le sac à dos. Déjà fouiller, c'est limite quand même. Donc je pense qu'il ne faut pas fouiller. Il faut peut-être tout simplement jouer sur la confiance et dire mais est-ce qu'on t'a déjà proposé ça ? C'est ça. Est-ce que ça t'est arrivé ? Ou si ça devait t'arriver, tu penses que tu réagirais comment ?

  • Speaker #1

    En fait, ce que tu dis, c'est exactement ça. Comme je disais, il faut poser des questions ouvertes. Il faut les faire parler. C'est pas juste... T'as déjà fumé ? Non, c'est en fait, est-ce que tu as déjà été confronté ? Est-ce que tu vois des amis autour de toi qui utilisent ces produits ? Qu'est-ce que ça leur apporte ? Qu'est-ce que tu en penses d'ailleurs ? C'est plutôt ça. C'est qu'est-ce que tu penses des personnes de ton âge qui consomment ? C'est tout ça.

  • Speaker #2

    Il faut leur poser des questions et puis avoir un regard critique parce que là, tu te penses, ce sera peut-être... Ils ont plein de connexions. Toutes les meufs leur trouvent tout. Moi, j'ai l'air coincée. C'est ça aussi la réalité. Les jeunes, des fois, ils se sentent en décalage, malheureusement. Et peut-être de rajouter un petit peu, tu sais, ça ne va peut-être pas durer. Finalement, peut-être aujourd'hui, il faut avoir du caractère. C'est grave d'avoir du caractère aussi. C'est attirant. Oui, tout à fait. Toucher à ça.

  • Speaker #1

    Il y a plein d'autres choses qui peuvent être attirantes.

  • Speaker #2

    Faire du sport,

  • Speaker #1

    il y a plein d'autres choses que les consommations.

  • Speaker #2

    Si on allait toutes les deux vers la minute chiffres, j'aimerais bien donner quelques chiffres aujourd'hui, si tu es d'accord. Pour planter le décor, il y a une enquête qui s'appelle En classe, qui date de 2022, sur 9500 élèves. C'est toi qui m'as communiqué d'ailleurs,

  • Speaker #1

    c'est fini. Merci beaucoup.

  • Speaker #2

    Alors, vers la sixième, 26,9% des élèves ont déjà testé l'alcool. avec une majorité de garçons. Donc, en fait, ça permet justement aussi de lever le voile.

  • Speaker #1

    Je pense que justement, comme on n'est pas assez auprès des parents sur ces chiffres, il faut se dire que sur une classe, donc au collège, un quart a déjà testé une fois de l'alcool. C'est dingue. Il faut en parler. Ouais. Alors, après, je mettrais une nuance. La première drogue initiée en famille, c'est l'alcool, justement.

  • Speaker #2

    J'ai fait une vidéo, on travaillait toutes les deux avec la ministre des Cars. et j'avais fait une vidéo sur l'alcool notamment dans les gâteaux c'est des trucs qui peuvent paraître mais totalement dérisoires mais en réalité c'est connu maintenant,

  • Speaker #1

    on sait il reste des phrases d'alcool et puis même on peut être tenté des fois quand l'ado devient un peu plus grand de dire ah bah tiens c'est l'anniversaire etc allez tu peux goûter dans mon verre non et puis je vois très bien c'est ce moment un peu festif après peut-être qu'on est

  • Speaker #2

    On subit aussi, nous, notre éducation, nos parents. Il y avait aussi ce truc, entre guillemets, t'es un homme ou t'es une femme. Je ne sais pas si je me trompe, mais il y a un peu ce truc-là. Ça nous fait plaisir, mais en réalité, on n'a vraiment pas besoin de gamin.

  • Speaker #1

    Et puis, c'est important aussi, là, de remettre la place de l'adulte. C'est de se dire que quand on fête un événement, il n'est pas obligé de boire de l'alcool.

  • Speaker #0

    On peut aussi prendre d'autres boissons. C'est aussi à nous, adultes, de montrer ça. Parce que l'air de rien, on inculque dès le plus jeune âge aux enfants que fête ou célébrer quelque chose égale alcool. Et d'ailleurs, tu vois, souvent, quand on annonce une bonne nouvelle, on dit « Ah bah champagne ! » Mais en fait, n'importe quoi ! En fait, c'est fête ! Tiens, on va fêter ça ensemble ! On va se retrouver, on va partager ce moment de joie. C'est ça, en fait, le but, c'est de partager un moment de joie. C'est pas forcément de boire de l'alcool ensemble. On est invité, il nous dit « Ah bah je te sers un verre » . Non. « Bah pourquoi ? T'es malade ? Qu'est-ce qui se passe ? » « Oulala, t'es fatigué ? » Non, juste…

  • Speaker #1

    Ou juste « t'es pas fun » .

  • Speaker #0

    Oui, t'es pas fun. Faut limite se justifier. Alors qu'on n'aurait pas à se justifier. mais t'as mis un tee-shirt blanc. Mais pourquoi blanc ? Pourquoi pas bleu ? T'es malade ? Ah, t'es pas fun. Le blanc, c'est trop neutre. Je pense qu'on se rend pas compte. avant d'avoir expérimenté ce dry january. Donc oui, moi j'invite tout le monde à faire cette expérience, justement.

  • Speaker #1

    Je vais te donner d'autres chiffres. Alors, un collégien sur cinq a déjà vapoté avec une même conso de tabac de cigarette électronique entre les filles et les garçons. Ça, c'est intéressant, ça permet de remondir sur la cigarette électronique qui est finalement aussi une drogue.

  • Speaker #0

    Dès qu'il y a de la nicotine, la nicotine c'est une substance psychoactive, c'est une drogue. Donc oui, c'est une drogue.

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, on préfère finalement... vapoter plutôt que mener des cigarettes. Toutefois, on n'a quand même pas d'études sur le long terme.

  • Speaker #0

    Alors, un fumeur qui passe à la cigarette électronique pour arrêter son tabac, oui, c'est moins dangereux. Alors, on n'a pas d'études sur du long terme, mais on a quand même maintenant à peu près 15-20 ans de recul et on voit bien que c'est bien moins dangereux. Par contre, un non-fumeur qui passe à la cigarette électronique, alors on ne sait pas. Avec quoi on compare ? Il va falloir attendre de toute façon. Donc, ce n'est pas anodin de consommer un produit pour quelqu'un qui n'avait jamais rien mis d'autre dans ses promesses. En fait, la cigarette électronique, il faut voir ça comme une réduction des risques du tabac. Mais si c'est un non-fumeur, il n'y avait pas de risque.

  • Speaker #1

    Donc, l'ado qui dirait à son parent, j'ai envie de tester la cigarette électronique pour me sentir mieux.

  • Speaker #0

    Alors déjà, pour se sentir mieux, moi, je dirais, qu'est-ce qui se cache derrière ? Pourquoi te sentir mieux ? Pourquoi tu as besoin de ça ? Explique-moi.

  • Speaker #1

    Il existe des consultations GEM consommateurs. Donc, je parlais de se sentir mieux, mais voilà, si on a besoin d'aide, aujourd'hui, il existe ce type de consultation avec... Donc, c'est les parents et les jeunes, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Alors, les jeunes peuvent y aller tout seuls. Les parents peuvent y aller tout seuls, parce que aussi, des fois, ils peuvent avoir des questions. Ils peuvent être reçus les deux ensemble. C'est vraiment... Il n'y a aucun souci là-dessus. C'est gratuit et c'est anonyme. Donc ça, c'est hyper important pour le jeune, parce que des fois, un jeune qui consomme du cannabis, il n'ose pas en parler à ses parents, mais il sent bien que ça y est hyper pied. Il peut y aller vraiment sans crainte. Donc ça, c'est important. C'est hyper médicalisé comme l'hôpital. Il y a des psychologues, des éducateurs. J'adore, je suis fan de ce dispositif. Puis les personnes qui travaillent dans ces consultations de jeunes consommateurs, ils vont avoir les mots. déjà ils vont essayer de voir si la part d'inquiétude du parent, elle est justifiée ou non. Et pareil, le parent pourra parler avec le ou la psychologue de ce qu'il ressent, parce que ce n'est pas anodin, effectivement, de voir que la personne qu'on aime le plus au nom de son enfant, il prend des choses mauvaises pour sa santé, alors qu'on en a passé des nuits à les surveiller malades, etc. Donc forcément, ça réveille en nous des inquiétudes. Et c'est pour ça que vraiment, les consultations aux jeunes consommateurs, c'est et pour le jeune et pour les parents. Ça, c'est important.

  • Speaker #1

    Et donc on a parlé d'alcool et de tabac, on a parlé de cannabis aussi. Ils voient aussi par contre les premières expérimentations d'autres drogues comme la cocaïne.

  • Speaker #0

    La consommation chez les collégiens a diminué.

  • Speaker #1

    1,4% des jeunes de 17 ans ont déjà testé la cocaïne. On passe à 10% au lieu de 18 ans. La cocaïne est consommée de plus en plus tôt.

  • Speaker #0

    C'est inquiétant parce qu'elle devient de plus en plus banale. On est inondé malheureusement de cocaïne.

  • Speaker #1

    Et dans tous les milieux.

  • Speaker #0

    Mais alors oui, c'est pas que... Parce qu'au départ, on a l'impression que c'était vraiment les milieux aisés. Mais non, parce que maintenant, c'est devenu hyper abordable. C'est tous les milieux. Et c'est problématique parce qu'il n'y a pas de traitement de substitution pour la cocaïne. Donc, c'est-à-dire que quand, à la clinique, on a des personnes qui viennent nous voir, on va donner quelques traitements pour calmer les symptômes de sevrage. S'il y a des angoisses, on va mettre des anxiolytiques, des choses comme ça. Donc, on fait du bricolage. Puis après, c'est juste des thérapies comportementales, la gestion des émotions. Et on sait que la cocaïne, ça a une grosse dépendance psychologique. Le craving, il est tellement fort. On a tellement envie d'en reprendre et d'en reprendre parce que, justement, ça nous donne une sensation de surpuissance. Ça booste notre égo, notre estime de soi. Il faut faire très attention à ça parce qu'en plus, on la banalise de plus en plus. Pareil, moi, je vois sur les réseaux sociaux, c'est tourné avec de la blague. La dernière fois, je voyais une pub pour un café à Paris où ça commence avec du sucre, il y a une carte bleue comme ça. Et puis après, il dit, mais nous, ici, on ne fait que du café. Et en fait, ça, c'est problématique. Parce qu'en fait, on normalise un geste, on normalise plein de choses, et on en fait quelque chose de drôle et visible. C'est exactement ce que faisaient les publicitaires du tabac et de l'alcool avant. Maintenant, ça se fait ça pour la cocaïne. Donc, par pitié, ne faites pas de blagues sur ça. Voilà, c'est tout sauf drôle, parce que quand on est dépendant à la cocaïne, ça amène vraiment à des histoires. Moi, j'ai des patients qui ont perdu Tout ce qu'ils avaient dans leur vie à cause de ça, leur logement, leur famille. Il y a des, sans parler aussi, des trous au niveau de la cloison nasale. C'est vraiment dur.

  • Speaker #1

    C'est très dangereux. Moi, j'ai des patients qui sont concernés et ça peut être terrible. Et justement, pour revenir à ce passage de l'adolescence, est-ce qu'il y a des signes que les parents doivent connaître où ils pourraient repérer qu'il y a une addiction, qu'il y a de la consommation ?

  • Speaker #0

    On sent que notre ado, il est... Le jeune adulte, il a des changements d'humeur. Ça, il faut regarder s'il a tendance à s'isoler, s'il délaisse ses activités qu'il aimait bien auparavant. Par exemple, s'il allait jouer au foot avant ou qu'il allait faire d'autres activités, et puis il ne le fait plus maintenant. Ça, il faut faire attention. Donc là, on doit être vigilant et on doit lui en parler.

  • Speaker #1

    Il y a des facteurs qui vont faire que les jeunes consomment plus ?

  • Speaker #0

    Alors, ben... Il y a l'environnement, c'est ce que la jeune nous disait. On sait très bien, par exemple, que certains milieux, il y a plus de consommation. Les soirées techno, on sait qu'il y a beaucoup de consommation. Donc, moi qui adore la musique techno, je pense qu'il ne faut pas non plus dire « Ah bah, ça y est, il va dans une soirée techno, il va se droguer » . Non, je pense qu'il faut par contre en parler et préparer la personne à ce qu'il risque de voir et de ne pas être tenté, savoir dire non, etc.

  • Speaker #1

    Et c'est apprendre l'affirmation de soi.

  • Speaker #0

    c'est s'affirmer, se dire que On n'a pas besoin de ce produit pour s'amuser. Et d'ailleurs, moi j'ai plein de personnes qui me disent sur Insta, moi ce que je veux, c'est pouvoir retourner en soirée techno comme je faisais avant. J'avais juste la musique et je dansais et j'étais bien. Et effectivement, quand j'ai commencé à prendre des produits, c'était merveilleux. Puis une fois que je suis dépendante, je me rends compte que ce n'est plus merveilleux du tout. Je ne peux plus m'en passer parce que ce n'est plus qu'en soirée techno, c'est toute la journée. Et justement, ils voudraient bien redevenir comme avant, pouvoir kiffer la musique sans substance.

  • Speaker #1

    Est-ce que Kétit, c'est OK pour un jeu vrai-faux ? Vas-y,

  • Speaker #0

    c'est bon.

  • Speaker #1

    Vrai-faux numéro 1, l'alcool est le moyen de socialiser les ados.

  • Speaker #0

    De socialiser entre ados ? Oui, c'est vrai. Malheureusement, ils ont l'illusion que grâce à ça, ils vont se faire des amis, puis ils perdent leur désinhibition. Donc ils vont oser, ceux qui n'ont pas une grande estime d'eux-mêmes, ils vont oser faire des choses. Ils vont oser accoster, ils vont oser justement aller aborder plus facilement les autres. Donc malheureusement, oui, mais il faut qu'on arrive à dénormaliser ça et de dire que non, on n'a pas besoin d'alcool. On peut être cool sans consommer l'alcool,

  • Speaker #1

    mais bien sûr. Bref, au numéro 2, fumer du cannabis, c'est moins dangereux que fumer des clopes.

  • Speaker #0

    Déjà, son cannabis, on le fume avec du tabac. Donc, euh... Il y a quelques puristes qui vont consommer. C'est tout aussi dangereux. De toute façon, peu importe ce qu'on fume, que ce soit du tabac, du cannabis, des herbes de Provence, du papier. J'ai 20 000 histoires comme ça. C'est toxique parce que c'est la combustion qui est mauvaise pour les poumons. Après, le cannabis, on peut faire de la réduction de l'air. Si on le vaporise, effectivement, ça sera moins nocif pour les poumons. Mais c'est tout aussi dangereux pour notre cerveau. On se rappelle que mettre une substance... psychoactif sur un cerveau qui n'a pas fini sa maturation, donc avant 25 ans, c'est problématique. Vrai ou faux,

  • Speaker #1

    les médicaments peuvent-ils être addictifs ?

  • Speaker #0

    Vrai, on a tous les eaux qui y a C qui peuvent être addictifs. On va avoir aussi même certains somnifères. Après, on ne peut plus s'en passer. C'est-à-dire qu'on ne va pas réussir à dormir sans notre somnifère. Donc non, les médicaments peuvent être addictifs.

  • Speaker #1

    Vrai ou faux, le soutien familial n'est pas essentiel pour le rétablissement d'une addiction ? Faux.

  • Speaker #0

    le soutien familial, le soutien amical, parce que des fois, il faut être entouré de personnes qui nous aiment et qui nous soutiennent dans cette épreuve. Faire un sevrage, et vraiment, je ne me mise pas que ce soit la cigarette. L'alcool, la cocaïne, c'est très dur. Ça n'a rien à voir avec la volonté. Si on avait la volonté, on ne gaspillerait pas autant d'argent dans la substance, on n'irait pas jusqu'à se faire des trous dans les narines. Donc, il faut bien sûr avoir la volonté. Ça va être un des éléments, mais ce n'est pas que. D'ailleurs, moi, je parle plus de motivation. Il faut avoir de la motivation. Puis après, il faut trouver le bon timing, le soutien, justement pour nous aider dans les moments difficiles. des fois avoir Une épaule sur laquelle se pencher, ça fait du bien.

  • Speaker #1

    Et la famille et puis les amis, ça part. Oui, la famille. C'est-à-dire là-dessus, en se disant tout simplement, soyons bienveillants, avec ce truc de, je sais que tu galères, donc j'ai fait l'effort de ne pas filmer. Oui. Quand toi, tu es en période d'arrêt, par exemple, ou je fais un décoctel indifférent, etc., je pense que c'est un peu du bon sens.

  • Speaker #0

    Oui, mais en fait, c'est ça, on en revient à l'empathie, de la bienveillance. Je pense que si on faisait plus attention à tous les uns les autres, se donner du courage, ça fait du bien, ça nous permet de mieux repartir. Moi, je sais que j'ai beaucoup de messages sur Instagram qui me disent « Ah, j'ai échoué, etc. » Je dis « Mais alors non, tu n'as pas échoué. » « Faut pas. » T'es là à me poser la question, à me le dire, ça veut bien dire que t'es toujours dans la démarche. Donc non, c'est juste que t'as encore besoin de plus d'aide, de plus de soutien. Donc c'est à ce moment-là qu'il faut, dans l'entourage, resserrer. Plutôt que de dire, tu vois, t'as pas de volonté. Mais non, ils ont la volonté, c'est hyper dur. Souvent, moi, je fais l'analogie avec la femme enceinte qui accouche. Il y a des femmes qui accouchent avec péridurale, d'autres sans péridurale. Et ça veut pas dire que celle qui accouche sans péridurale, elle est plus courageuse ou autre. C'est juste une question de tolérance à la douleur. Il y a des gens qui sont plus sensibles et d'autres non. Et il y a des gens qui vont galérer à se sevrer parce que ça leur fait mal, le sevrage, c'est vraiment violent. Et ils n'y arrivent pas, donc ils ont besoin d'être hyper encouragés par les médecins, voir s'il y a des molécules, la psychologue, etc. Et puis d'autres vont dire « Ah, moi j'ai réussi du jour au lendemain » . C'est super, tant mieux pour toi. Chaque individu a sa propre histoire. Et voilà, il ne faut pas minimiser que le sevrage, c'est tout sauf facile.

  • Speaker #1

    En tout cas, on doit donc en retire, on accompagne nos enfants.

  • Speaker #0

    On a des manies, on leur en parle, et beaucoup de bienveillance.

  • Speaker #1

    Je suis sûre que tu as éclairé vraiment plein de parents. Pour ce sujet si compliqué, on peut le dire. On peut retrouver où ton travail ? Tu peux nous le donner.

  • Speaker #0

    Alors, sur Instagram ou TikTok. Sur Instagram et TikTok, de toute façon, j'ai le même nom. C'est ketty, K-E-T-Y, D-L-S, point, à Dicto.

  • Speaker #1

    Il y a aussi ton livre.

  • Speaker #0

    Mon livre, j'arrête vraiment de filmer aux éditions Marabout. Donc, dans toutes les librairies, sur Internet. Voilà, on le trouve partout.

  • Speaker #1

    On va donc partager l'extrait de cet épisode aussi sur nos réseaux.

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr. Merci beaucoup. Merci.

  • Speaker #2

    Merci d'avoir écouté cet épisode. Si vous êtes arrivé jusque là, c'est peut-être qu'il vous a plu. Alors n'hésitez pas à vous abonner à ce podcast, à lui laisser un avis 5 étoiles et un commentaire pour qu'il voyage davantage. Retrouvez-moi sur le cœur net, posez vos questions, partagez votre expérience et échangez avec une communauté franchement bienveillante. Et si vous voulez du concret, du précis, du vraiment utile au quotidien, inscrivez-vous à ma newsletter santé dans les notes de cet épisode. Au programme ! des tips, des docs, des recommandations médicales et psy pour vous éclairer et surtout vous aider vraiment.

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