Speaker #1J'ai toute la théorie mais je n'arrive pas à guérir. Il me semble avoir toutes les clés pourtant je n'arrive pas à ouvrir la porte. Alors, derrière cette question... souvent, il y a une idéalisation de la guérison. C'est-à-dire qu'on croit que notre vie ira mieux lorsque les crises de boulimie ou d'hyperphagie auront disparu. Or, c'est en gagnant en sécurité intérieure, en se consolidant intérieurement, que les crises vont avoir la possibilité de cesser d'exister. Les personnes qui souffrent de troubles du comportement alimentaire sont très souvent... cérébrales, c'est-à-dire qu'elles ont développé leur plan mental au détriment d'autres plans, au détriment des ressentis, au détriment de vivre dans son corps, au détriment de la faculté à ressentir ses émotions. Elles analysent, elles comprennent extrêmement bien les choses. Et comprendre, c'est une chose, c'est important, ça permet de poser des mots sur le processus que l'on vit, ça aide à accepter pleinement le processus que l'on vit à travers les troubles du comportement alimentaire. Mais ça n'est pas... comprendre qui permet de gagner en sécurité intérieure. La sécurité intérieure, elle ne peut croître qu'à travers le lien aux autres et à soi-même, qu'à travers le lien au monde et donc qu'en implémentant ce que l'on a appris intellectuellement dans son quotidien. Guérir, à travers toutes ces clés, ça demande aussi de faire le deuil d'une identité, le deuil de l'identité de la personne malade. Ça demande de faire le deuil aussi ni... de l'idée que le TCA, que le trouble alimentaire serait à l'origine de notre souffrance. Et parfois, quand ça fait 10 ans, 20 ans, 30 ans que l'on se raconte que le problème est le trouble du comportement alimentaire, c'est très difficile de faire le deuil de cette histoire. Guérir, ça demande aussi de faire le deuil de l'identité que l'on s'est faite de soi-même, ça demande de faire le deuil de ce que l'on croit être, ça demande de faire le deuil de l'attachement à la forme, et d'accepter que l'on est ni plus ni moins un humain. comme tout le monde, qui finira sous terre ou en cendre, comme tout le monde, qui finira son processus de vie hors du corps physique, puisque le dénominateur de tous les humains sur Terre, c'est qu'ils finiront par mourir, et que le corps finalement ne les définit pas. Et c'est très difficile, quand ça fait plusieurs années que l'on s'est uniquement identifié à la forme, à l'enveloppe, que l'on s'est sécurisé à travers cet hyper contrôle de la forme, de lâcher cela. Donc avoir toutes les clés mentalement, c'est une chose, les implémenter dans son quotidien et faire le choix radical de l'authenticité, c'en est une autre. Et ça demande du temps, ça demande parfois un accompagnement, en tout cas ça demande un lien aux autres. Et ça demande également de se regarder avec lucidité, avec curiosité, non pas pour se juger, mais pour utiliser les informations que l'on va pouvoir voir à travers l'observation de soi.