- Speaker #0
Bonjour et bienvenue sur le podcast d'Hector, le podcast qui parle souffrance au travail sous toutes ses formes et sans tabou. Chaque semaine, nous invitons des personnes à échanger sur différents sujets liés à la souffrance dans le monde de l'entreprise. Aujourd'hui, on reçoit Perrine Boyon, sophrologue et fondatrice du compte Instagram Mon Burnout. Elle nous parle de son burnout et de comment identifier les signes et comment on s'en remet. Bonne écoute ! Bonjour Périne et bienvenue sur le podcast.
- Speaker #1
Bonjour.
- Speaker #0
Aujourd'hui, on va parler du burn-out. Est-ce que tu peux commencer par te présenter, s'il te plaît ?
- Speaker #1
Alors oui, moi je m'appelle Périne, je suis sophrologue et je suis spécialiste sur le sujet du burn-out. Il y a un an, j'ai lancé un compte Instagram qui s'appelle Mon Burn-out et dans lequel, en fait, je parle de ce sujet puisque c'est un sujet dont on ne parle pas beaucoup finalement. et que quand on utilise cette expression, on ne sait pas vraiment de quoi on parle aujourd'hui. Dès qu'on est fatigué, on peut entendre je suis fatigué, je suis au bord du burn-out tandis que le burn-out, c'est un vrai phénomène qui est hyper violent et hyper douloureux, qui peut être traumatisant et dont on met des mois, voire des années à se remettre. Dans la mesure où ça m'est arrivé en 2019, il me tient beaucoup. à coeur en fait aujourd'hui d'accompagner les personnes qui se retrouvent dans cette situation et aussi d'en parler donc sur le compte instagram en fait je publie des témoignages et je partage aussi un petit peu ma propre expérience super et est ce que tu peux s'il te plaît du coup nous raconter ton burn out comment ça s'est passé comment tu as compris que tu faisais un burn out oui je souris là les gens voient pas je souris mais parce qu'en fait Comme la plupart des personnes qui font un burn-out, je m'estimais quelque part à l'abri. Puisque la première chose que j'ai dit à ma médecin quand elle m'a dit vous êtes en train de faire un burn-out je lui ai dit mais non, je suis sophrologue Puisque j'ai fait une reconversion en 2013, j'ai fait deux ans de formation pour devenir sophrologue à ce moment-là. Donc j'avais déjà fait une reconversion de vie, j'avais déjà complètement changé et je me suis dirigée à ce moment-là vers ce métier qui avait beaucoup plus de sens. Et en fait, en 2018, j'ai commencé ma vie en tant qu'indépendante, j'ai commencé à travailler. Et puis les débuts, quand on est indépendante, ils sont un petit peu longs à développer, puisqu'il faut développer un petit peu son réseau. Mais comme dans n'importe quelle activité d'indépendance, je pense que quand on est artisan, c'est pareil. Il faut développer sa clientèle, développer son projet, trouver les personnes avec qui pratiquer, etc. Trouver les premiers amis d'amis, puis ensuite plus largement. Donc ça a pris du temps et en fait, en 2018, j'ai eu besoin de prendre un job alimentaire pour avoir un complément de revenu, puisque là, il y a eu un moment un petit peu de creux. Et voilà, donc en fait, j'ai pris un job alimentaire à mi-temps le matin. Enfin, c'était un petit peu plus qu'à mi-temps, ça devait être un 60% puisque je faisais 8h-14h en tant que caissière. Et puis l'après-midi, j'avais mon cabinet, mes consultations au cabinet. Et puis le soir, en fait, j'étais en phase de devenir formatrice à l'école de sophrologie qui m'a formée. Donc, j'avais des groupes de formation en co-animation et pareil, j'assistais aux formations le week-end. Et quand j'y repense aujourd'hui, je me dis mais mon Dieu, il n'y avait plus aucun espace dans mon emploi du temps. Et en fait, j'étais constamment en train de faire des choses. Puis, j'avais tout un tas de projets personnels aussi qui étaient sur le feu et qui me monopolisaient beaucoup. Et donc, j'ai fait 4-5 mois comme ça. Et puis, j'ai commencé à sentir que ça n'allait pas bien. C'est-à-dire que je me disais… Je suis fatiguée et je commence à ne plus dormir la nuit. C'est-à-dire que je n'arrivais pas à m'endormir le soir. Je m'endormais à 1h, 2h du matin, alors que d'ordinaire, je m'endormais plus à 23h, ou un peu moins que ça même. Et puis, je commençais à penser tout le temps au travail. Et puis au travail au sens large, puisque j'en avais plein des travails. J'avais 3, 4 boulots en même temps, puisque en même temps, je faisais la communication pour l'école de sophrologie dans laquelle je travaillais. Donc, en fait, j'avais tout un tas de sujets qui étaient constamment sur le feu. Et je commençais à être monopolisée mentalement là-dessus, jusqu'à tel point où j'avais des nuits qui duraient peut-être entre 3 et 4 heures maximum. C'est-à-dire que je m'endormais tard et je me réveillais très tôt. Donc, c'est là où ça devient complètement incompréhensible. Et qui dit insomnie et petite nuit, dit hypersensibilité, vulnérabilité. Il y a eu cette phase-là aussi de dire, tiens, je pleure tous les jours. Il y a tous les jours quelque chose qui me fait pleurer, ça ne va pas. Et puis, il y a eu aussi le fait qu'à un moment donné, j'ai commencé à ne plus arriver à respirer. C'est-à-dire que j'avais vraiment la sensation d'oppression constante sur la poitrine qui faisait que mon diaphragme était vraiment verrouillé et que mon corps était en train de suffoquer. Donc il y a eu tous ces symptômes-là et j'ai dû en oublier depuis parce qu'il y a eu aussi un phénomène qui fait que ça a été tellement violent cette période que j'ai oublié un certain nombre de choses. Et un jour, je n'ai plus pu. Et puis il y avait aussi une situation qui était un peu compliquée. qu'on pourrait assimiler à du harcèlement dans le travail alimentaire dans lequel je bossais. Donc, il y avait tout ça, tout ça, tout ça, tout ça. Et en fait, à un moment donné, je ne faisais que pleurer. Et puis, j'ai commencé à devoir annuler des séances de sophrologie. Et c'est là que je me suis dit, OK, en fait, ce n'est pas normal, puisque je ne suis pas censée arrêter ce que j'aime faire à cause d'un truc que je dois faire. Voilà, j'ai un job alimentaire. Bon, ben voilà, c'est matériel, c'est financier, c'est pratique, c'est basique. Mais ce n'est pas censé me pourrir la vie à tel point que je ne fasse plus ce que j'aime vraiment. Et en fait, à un moment donné, j'ai craqué totalement. C'est-à-dire que je suis allée faire mon petit boulot le matin avec ce patron qui me cassait les pieds et ses clients qui étaient lourds, etc. Parce que j'avais aussi un peu l'illusion que j'allais pouvoir être caissière en étant complètement détachée. Mais en fait, ce métier est hyper violent, mais tellement violent. Et en fait, il y a un jour où... J'ai pleuré toute la matinée derrière la caisse, et où les clients me disaient mais ça va madame ? et je disais oui, oui, oui, oui, je pleurais, je pleurais, je pleurais Les patrons sont partis se cacher, enfin bref, c'était l'enfer, et vraiment j'ai tenu jusqu'à l'heure où je devais partir, je ne sais même pas comment j'ai fait, et quand je suis sortie je me suis dit mais en fait, je n'y retournerai plus jamais Et c'est à partir de là que je suis allée chez ma médecin, je lui expliquais la situation en lui disant en fait, la... Je ne comprends pas ce qui m'arrive. Et donc, elle m'a arrêtée pour 15 jours. Mais elle a mis quand même burn-out. Et je lui ai dit, mais non, mais pourquoi burn-out ? Qu'est-ce que c'est, en fait, le burn-out ? Finalement, je ne savais même pas ce que c'était, en fait, à ce moment-là. Elle me dit, c'est très bien que vous soyez ce problème, mais par contre, là, vous êtes en train de craquer. Il faut vous arrêter, en fait. Ce n'est pas normal que vous souffriez comme ça. Et là, vous avez besoin de vous reposer. Et c'est à partir de là que tout a commencé. Parce qu'en fait, à partir du moment où elle m'a arrêtée, je me suis... effondré littéralement, c'est-à-dire que je me suis retrouvée où je n'arrivais plus à marcher, c'est mon compagnon qui a dû m'aider à revenir de la consultation médicale et où en fait j'ai passé des semaines à ne pas pouvoir me lever, à peine je pouvais me doucher. J'ai un trou noir un peu de cette période-là, parce que vraiment je ne pouvais rien faire. Je me rappelle que je crois que les seuls moments où je sortais de la position allongée, c'était pour faire des coloriages, en écoutant des livres audio, je me rappelle avoir écouté en boucle. pendant des mois, le pouvoir du moment présent décartolé. Et donc, il y a eu tout ça, il y a eu toute cette période. Donc, ça a duré, on va dire, six ou sept mois où j'ai vraiment rien pu faire et où je me disais, où j'étais dans l'enfer total de mon cerveau et de mon mental qui ne comprenait pas ce qui était en train de se passer et qui me jugeait, qui me disait Mais t'es qu'une merde, mais enfin, mais tu travailles pas. Puis en plus, avec... Le souci en tant qu'indépendante de ne pas avoir d'allocation chômage, et là je n'avais pas cotisé assez en tant que salarié pour pouvoir prétendre au chômage, il y avait toute une situation un petit peu comme ça. En fait le travail avait toujours été central dans ma vie jusqu'à présent. Donc si tu veux, le fait de ne pas travailler et en plus de ça d'être au crochet de mon compagnon, c'était l'enfer pour moi, c'était vraiment le pire de mes cauchemars. Même si heureusement qu'il a été là, puisque en fait... Sinon, je ne sais pas comment je m'en serais sortie. Il a été d'une présence et d'un soutien qui a été juste incroyable. Et petit à petit, je me suis remise. Et puis en fait, quand j'ai commencé à retrouver de l'énergie, je me suis remise à fond de balle un peu dans mes projets. Voilà, donc un peu comme en 40, 6 mois, 7 mois, peut-être 8 mois plus tard, je suis repartie à fond. L'école de sophrologie, les groupes de formation, blablabla, tout ça en même temps, j'ai repris, j'ai repris, j'ai repris, j'ai repris, j'ai repris. Et ça, ça a duré un an. Un an où j'ai fait un peu un déni de burn-out et où je ne me suis pas du tout occupée de moi, mais où je ne sais pas comment ça a été possible physiquement, mentalement, mais j'ai tenu. Et c'est au moment où j'ai quitté tous les autres projets qui n'étaient pas mon projet à moi en tant que sophrologue en libéral. Je me suis réappropriée un petit peu le temps qui m'était donné et où je me suis dit, tiens, mais en fait, c'était pas rien ce burn-out. Et puis finalement, je n'ai pas eu le temps d'y penser. Et c'est à ce moment-là qu'il m'est venu l'idée de monter ce compte Instagram sur le sujet du burn-out et où je me suis dit, tiens, en fait, je crois que j'ai envie de lire des témoignages de personnes qui ont fait un burn-out. Et ça, c'était il y a un an. Et aujourd'hui, les choses, elles ont beaucoup avancé pour moi, pour ce compte. Et aujourd'hui, je dirais que je continue d'avancer, je continue de me remettre. Il y a beaucoup de personnes qui disent que ça met des années. Aujourd'hui, je suis à trois ans et demi de mon burn-out, mais je suis toujours en train de recouvrir un petit peu la santé et les bases pour reconstruire ma vie. Mais c'est un chemin qui est extrêmement long et qui prend du temps.
- Speaker #0
Il y a tellement de choses. Hyper intéressante dans ton témoignage. Donc, du coup, tu nous expliquais qu'il y a eu une période où tu étais complètement à l'arrêt, que ton corps ne répondait plus et qu'après, ça a commencé à aller mieux. Est-ce que tu t'es faite accompagner ou c'est de toi-même ou c'est revenu tout seul ? Comment la phase de... Je ne sais pas si on peut parler de ça, une phase de rémission, mais en tout cas, une phase d'aller mieux est arrivée ?
- Speaker #1
Oui, c'est la phase de récupération, en fait. Ça, elle a été favorisée par le fait de ne rien faire. vraiment, et de se reposer. Après, une des choses qui m'a beaucoup aidée, c'est que moi, j'ai pu pratiquer énormément, donc pour moi-même, de moi-même envers moi-même, de faire des pratiques de sophrologie. Donc j'ai beaucoup pratiqué personnellement, et puis je me suis fait accompagner par mon formateur, qui a toujours été mon mentor en tant qu'élève sophrologue, puis ensuite formateur de formatrice, entre guillemets. Donc il m'a accompagnée, on en a énormément parlé, j'ai fait beaucoup de sophrologie à ce moment-là. Mais la vérité, c'est que ce qui m'a permis de récupérer, c'est de ne pas travailler.
- Speaker #0
Est-ce que tu peux nous parler un peu de la sophrologie et en quoi la sophrologie peut aider quand on fait un burn-out ?
- Speaker #1
En fait, la sophrologie, c'est une méthode qui est extrêmement bénéfique pour toutes les personnes qui sont en train de se remettre un burn-out, puisque c'est une méthode qui s'attache à faire le lien entre le corps et l'esprit. Et au moment où on est en train de récupérer, on a son esprit. qui est un cheval qui galope constamment, ou un hamster qui est en train de courir dans une roue. Et c'est extrêmement difficile de s'extraire de ce mouvement-là au niveau du mental. Et la sophrologie, c'est une méthode qui permet de se reconnecter au corps et d'apprendre à écouter son corps. Donc, dans toutes les séances de sophrologie, on va aller apprendre à sentir les sensations, à les reconnaître, à les nommer. et à générer un petit peu un point d'ancrage et de solidité pour faire qu'il puisse y avoir un équilibre entre le corps et l'esprit. Puisqu'en fait, s'il y a eu burn-out, c'est que déjà il y a eu surménage, mais qu'aussi il y a eu un lien qui s'est coupé entre le corps et l'esprit. C'est-à-dire que le corps était en train de manifester un certain nombre de choses en disant attention, là, je touche mes limites Attention, là, il y a quelque chose qui ne va pas bien. Donc, il y a des personnes qui vont me dire que les symptômes, ça a été des migraines, ça a été des vertiges, elles se sont fait des foulures, des fractures. Il y a eu des symptômes en lien avec l'anxiété. Il y a tout un tas de symptômes qui apparaissent. Sauf qu'à ce moment-là, nous, en tant que personnes qui sommes en train de faire un burn-out, on va rationaliser le symptôme en disant Oui, mais enfin, on verra plus tard quand même. Pour de très bonnes raisons. Par exemple, il fallait que je paye mon loyer. Donc en fait, je sentais tous ces symptômes, puisque en plus de ça, la sophrologie fait sentir déjà, percevoir et avoir conscience de tout ce qui se passe en soi. Donc j'étais bien consciente quelque part de ce qui se passait en moi, mais je me disais, oui mais là, il va falloir que je paye mon loyer. Donc en fait, je n'ai pas le choix, il faut que je travaille, que je continue ce job alimentaire. Donc la sophrologie, c'est vraiment un moment qui va déjà être un moment pour soi, et dans lequel on ne va pas chercher à comprendre pourquoi. On ne va pas se dire pourquoi j'en suis arrivée là, on va se dire comment je fais pour retrouver de l'énergie, comment je fais pour retrouver ma vitalité et comment je fais maintenant pour reconstruire ma vie en lien avec mes vraies valeurs à moi. Puisque si le burn-out arrive dans la vie, c'est aussi parce qu'à un moment donné, il y a une perte de sens et qu'il y a un conflit entre un esprit rationnel et une volonté quelque part, que moi je pourrais dire presque, désolé du mot, mais de l'âme, tu sais, et de... j'ai envie d'être quelque part, j'ai envie de faire quelque chose, j'aspire à être un endroit qui me parle, qui me plaît, qui a du sens pour moi, et qu'en fait, il y a un conflit entre les deux. Donc ensuite, il faut retrouver du sens. Mais ce sens, il passe d'abord par le lien avec le corps, et c'est ça que la sophrologie, elle fait.
- Speaker #0
Hyper intéressant. Ça va me permettre d'enchaîner sur... Tu viens d'en parler, mais peut-être qu'on peut entrer un peu plus dans le détail de ce que c'est que le burn-out, de façon peut-être un peu plus générale, je ne sais pas, un peu plus théorique aussi, sur... Qu'est-ce que c'est qu'un burn-out et comment en reconnaître les signes ?
- Speaker #1
Le burn-out, on dit que c'est le syndrome d'épuisement professionnel, de surmenage. C'est-à-dire qu'avant que ça arrive, le burn-out, il y a toute une phase de surcharge, de surmenage, dans laquelle la personne se retrouve... au bout du rouleau. C'est-à-dire qu'elle va penser H24 au travail. Elle va se réveiller la nuit en se disant j'ai pas fait ci, mon dossier, il est là, etc. Et ça peut être sur le sujet du travail, mais ça peut être sur le sujet aussi de la parentalité, puisqu'il y a aussi le burn-out parental qui existe. Il y a aussi le burn-out pour toutes les personnes qui sont accompagnantes de personnes qui sont malades, que ce soit des enfants ou des parents. Et puis, il y a aussi des étudiants qui font des burn-out. Donc, avant que le burn-out arrive, il y a une monopolisation de l'espace mental qui fait que la personne n'a plus aucun espace de respiration. Et au bout d'un moment, quand cet espace est surchargé, surchargé, surchargé, à un moment donné, il y a un effondrement. C'est-à-dire que vraiment, c'est l'image d'un immeuble qui s'effondre sur lui-même, qui fait que le corps s'arrête. Il y a des personnes, parfois très sportives, sportives, parfois avec des postes à très haute responsabilité, qui disent un jour, je n'ai pas réussi à me lever de mon lit, du jour au lendemain, alors qu'elle n'en avait pas conscience C'est le corps qui s'arrête. C'est pour ça que c'est un sujet qui est extrêmement sérieux et que moi, je combats vraiment l'expression burn-out dans la vie, parce qu'en fait, là, le burn-out, ça correspond à ce vrai phénomène-là qui dit que le corps dit stop à un moment donné. ça s'effondre. C'est un écroulement et ça s'effondre physiquement, mais aussi existentiellement parlant aussi. C'est-à-dire que le burn-out, c'est une crise existentielle qui vient remettre à plat l'ensemble des dimensions de sa vie et qui vient poser la question de en fait, qui suis-je ? Moi, c'est ça qui m'a beaucoup touchée dans mon propre burn-out. Parce que la question que je me posais, c'était qui suis-je quand je ne travaille pas ? Suis-je quelqu'un quand je ne travaille pas ? Suis-je quelqu'un quand je ne suis pas utile aux autres ? Suis-je quelqu'un quand je ne gagne pas d'argent ? Ai-je le droit de vivre quand je ne gagne pas d'argent ? Donc, le burn-out, c'est ce phénomène-là d'effondrement qui fait que le corps reprend le contrôle et c'est aussi une crise existentielle.
- Speaker #0
Tout à fait, et c'est important de... Je rejoins ce que tu disais en début d'épisode, où tu disais aujourd'hui, les gens sont fatigués et ils vont dire qu'il faut un burn-out. Et c'est vrai que quand tu parles des symptômes de penser tout le temps au boulot, ça peut nous arriver parce qu'on a un énorme projet, une période de stress au travail, mais ce n'est pas le burn-out. Le burn-out, c'est vraiment caractéristique de ce moment où le corps ne répond plus de soi.
- Speaker #1
Et il y a aussi le fait que, alors ce n'est pas pour dénigrer, Mais c'est pour dire que les personnes qui font un burn-out ne l'ont pas vu venir. À partir du moment où on pense qu'on va faire un burn-out, c'est qu'on est déjà un peu à l'abri du moment où le corps va s'écrouler. Alors ça ne veut pas dire que c'est moins grave. Et en fait, heureusement qu'un certain nombre de personnes, notamment avec toutes les informations qu'on peut faire sur les réseaux sociaux ou ailleurs, heureusement qu'il y a des personnes qui arrivent avant le drame, quelque part. Et ça ne veut pas dire que le surmenage... est moins grave que le burn-out. En fait, toute souffrance est légitime. Simplement, vraiment, toutes les personnes que j'accompagne ne pensaient pas que ça allait leur arriver un jour, ne le voyaient pas venir, parce que le propre d'une personne qui va faire un burn-out, on va en parler justement, c'est qu'elle est ultra engagée dans son travail, qu'elle est loyale, qu'elle est professionnelle, qu'elle se donne à 4000%, qu'elle s'occupe de ses projets ou de sa boîte. comme si c'était la sienne, qu'elle ne compte pas ses heures, qu'elle se dévouerait corps et âme parce que ça a du sens pour elle et parce qu'elle a besoin d'être reconnue. Il y a des traits de personnalité qui favorisent ensuite le burn-out, mais ça vient sans prévenir, sans pour autant que ce soit moins grave de le voir venir.
- Speaker #0
Oui, tout à fait. Je rebondis sur ce que tu disais par rapport au questionnement que ça peut entraîner sur sa vie, sur le sens de sa vie. Moi, ce que je trouvais hyper intéressant dans ton témoignage, c'est que tu as fait un burn-out lorsque tu étais notamment sophrologue et tu es toujours sophrologue après ton burn-out. Et ça, je trouve que c'est hyper intéressant et ça rassure d'entendre ça parce que souvent, on imagine le burn-out et après une reconversion parce que le burn-out nous a dégoûtés de notre travail. Mais en fait, ce n'est pas toujours le cas. Est-ce que tu le vois aussi dans les personnes que tu accompagnes ?
- Speaker #1
Oui, tout à fait. C'est-à-dire qu'il y a aussi un petit peu quelque chose qui est un peu dans l'air du temps. On le voit dans les vidéos YouTube, dans les témoignages. J'ai fait un burn-out et waouh, j'ai changé de vie, j'ai fait une reconversion, je suis devenue thérapeute énergéticienne ou alors j'élève des chats, etc. Donc il y a un peu ce genre de parcours qui brille, mais la vérité c'est que la plupart des personnes, six mois après leur arrêt, recommencent le travail en fait. Et en plus de ça, en tout cas ce qui s'est passé pour moi, c'est que c'est venu remettre en question la manière dont je travaillais. que c'était le rapport au travail, le rapport à l'argent, le rapport à la place dans ma vie. Malgré que je me sois posée la question, je me suis dit Ok, mais en fait, justement, j'ai déjà fait une reconversion. Donc, j'avais peur de me dire Mais je vais encore devoir tout recommencer. Je vais perdre la sophrologie. Alors que je pensais que c'était vraiment ça, mon truc. Je n'avais pas de doute là-dessus. Donc, j'ai eu très, très peur. Et puis, non, ça s'est confirmé. Simplement, c'est la manière, le rapport que j'ai à ça qui est complètement différent aujourd'hui. et qui fait que c'est un peu comme une reconversion interne quelque part, tu vois. Parce que si j'avais déjà changé de vie, je n'avais pas déjà changé de système de pensée. Donc, j'étais toujours un petit peu dans un rapport productiviste au travail. C'est-à-dire, il faut que je sois efficace, utile, il faut que je gagne plus, il faut que j'ai plus de séances, etc. Avec cette pression en fait constante sur moi là-dessus, qui est aussi un petit peu légitime quand on monte un petit peu son activité. On se met la pression parce qu'en fait, c'est compliqué de monter son activité. Donc, si tu veux, en fait, je n'avais pas changé de système de pensée. Avant, j'étais dans la communication à Paris. Puis ensuite, je suis arrivée dans la sophrologie à Nice. Et en fait, mon état d'esprit était le même. Et j'avais le même rapport à la sophrologie que ce que j'avais comme rapport à la communication. Donc, le burn-out n'amène pas nécessairement une reconversion. Et c'est vraiment le cas de 70 personnes que j'accompagne ou que je vois témoigner sur mon compte. C'est qu'ensuite... Il va s'agir de repenser la vie tout entière et le rapport au travail. Après, il y a un certain nombre de personnes qui se disent j'ai jamais aimé ce travail, j'ai envie de faire autre chose ou j'ai jamais aimé ce travail, j'ai envie de faire autre chose, mais là, ce n'est pas possible maintenant Parce qu'il y a aussi toutes les personnes qui ont un certain nombre d'obligations parentales en lien avec leur logement, leur famille, etc., et qui ne peuvent pas. Donc ces personnes, en fait, elles reprennent le travail en essayant d'avoir plus d'espace. C'est encore plus difficile de mettre de la distance, de favoriser aussi un certain nombre d'intérêts et de loisirs personnels pour équilibrer sa vie. Et donc c'est toute cette organisation-là, mais qui vient toucher toutes les dimensions de la vie, qui est à changer, en fait, après le burn-out. Et c'est ça qui est difficile, mais ça ne veut pas dire nécessairement que... Il faut à tout prix changer de voie et trouver un nouveau projet.
- Speaker #0
Pour en revenir aux causes du burn-out, est-ce que, selon toi, ça vient plus du salarié qui a du mal à poser ses limites ? Ou, slash et, ça vient des organisations ? Alors, bien évidemment, on va avoir le harcèlement, etc., qui en est une cause, mais plus globalement de l'organisation des entreprises et du manque d'implication des entreprises dans... la santé de leurs salariés ?
- Speaker #1
C'est un peu les deux. C'est-à-dire qu'il y a des paramètres personnels qui rentrent en jeu, avec justement les traits de personnalité dont je te parlais tout à l'heure, l'engagement, la loyauté, la responsabilité, et puis aussi la recherche de reconnaissance. On pourrait peut-être en citer d'autres. Mais il y a le fait de s'investir dans son entreprise comme si c'était la sienne. et la confusion que ça peut créer. Et puis, il y a aussi des entreprises qui abusent, qui sont mal organisées, qui surchargent les personnes, qui ne vont pas du tout se soucier, en fait, de comment elles se sentent, de si elles se sentent bien dans leur travail, dans leur hiérarchie, dans leur équipe, puisque, en fait, le but d'une entreprise, c'est de faire du profit. Ce n'est pas que les gens soient heureux, quelque part. Donc, en fait, c'est un peu les deux. Et après, pour chaque personne, il va y avoir vraiment... une rencontre là-dedans, c'est-à-dire que la personnalité de la personne qui va rencontrer l'organisation de l'entreprise et qui va faire qu'il va y avoir un crash à un endroit. Mais ce n'est pas l'un ou l'autre. On ne peut pas dire que c'est la personne qui est responsable de son burn-out, même si elle a une zone de responsabilité quelque part, ou en tout cas dans laquelle elle s'est engagée aussi. Mais il y a aussi quelque chose qui appartient aux entreprises avec un manque d'organisation, parfois des managers qui ne devraient pas en être. qui ne communiquent pas bien, qui harcèlent, qui maltraitent. Donc c'est vraiment les deux en même temps, je crois. Mais le truc principal quand même, c'est le fait de ne pas arriver à poser des limites. des limites déjà internes, de dire en fait, je ne vais pas répondre aux mails quand je suis chez moi, je ne vais pas répondre au téléphone, le week-end, je ne vais pas ouvrir mon ordinateur pour des boulots un peu salariés qui sont des boulots de bureau, par exemple. Mais il y a, en tout cas, quand on veut se remettre d'un burn-out, c'est ça qu'il faut apprendre à faire, c'est-à-dire à poser des limites. Mais ces limites, ça ne peut pas être l'entreprise qui nous les donne puisque l'entreprise, elle va toujours abuser puisqu'elle veut toujours tirer plus. des personnes qu'elle emploie, c'est son intérêt. Donc, pour se remettre d'un burn-out et pour reconstruire sa vie maintenant, il va falloir apprendre à poser des limites et à se faire passer en premier, en fait, dans sa vie, en disant, là, en fait, non, il est hors de question que je réponde à mes mails alors que je suis en famille, en fait. Je suis importante dans ma propre vie, il faut que je me donne de la place et de la valeur.
- Speaker #0
Du coup, quel conseil tu donnerais, tu viens un peu de le dire, mais à une personne qui n'est pas en burn-out, mais du coup... qui n'aimerait pas en faire ? Et quel conseil aussi à une personne qui est en burn-out et qui n'en voit pas la fin ?
- Speaker #1
Alors, je vais commencer par la personne qui est en burn-out et qui n'en voit pas la fin. C'est très long, extrêmement long, douloureux et pénible de se remettre d'un burn-out. C'est désespérant, même le temps que ça prend. Et c'est désespérant parce qu'en fait, on doit appréhender... quelque part la nouvelle personne qu'on est devenu à cause du burn-out, la nouvelle personne qui a bien moins d'énergie, bien moins de patates, bien moins de capacités et qui va vite se fatiguer, qui ne va pas tenir le cap. Donc, c'est extrêmement difficile. Et qu'est-ce que je dirais comme conseil ? Je dirais que c'est quelque chose que je répète beaucoup sur mon compte Instagram. C'est une phrase qui m'est venue à un moment donné et qui m'est tournée un boucle comme sur un mantra. C'est plus je me repose, plus je gagne du temps Ça paraît antinomique, mais c'est réel. C'est-à-dire que plus je lâche le fait qu'en fait, tous les jours de ma vie, je suis une flaque sur le canapé et je n'arrive pas à bouger, plus je vais faire ça, plus je vais récupérer. Parce qu'en fait, si le corps nous demande de faire ça, parce qu'en fait, d'une certaine manière, quand on n'a envie de rien, c'est que... on a envie de rien, rien le mot donc il faut rien faire, c'est faire du rien quelque part et c'est en faisant ça, rien en se reposant, en favorisant un peu la légèreté au moment présent de il faut pas que je pense au futur là maintenant parce que je ne peux pas puisque mon cerveau est embrumé d'angoisse du fait que je n'ai pas d'énergie parce que je dors toujours pas la nuit, parce que je me mets encore la pression, parce que je n'arrive pas à lâcher je suis en train de me dire mais est-ce que je vais pouvoir retravailler un jour Est-ce que je vais y arriver ? Est-ce que je vais retourner dans cette boîte ou je vais en trouver une autre ? On est constamment dans des angoisses à ce moment-là, donc il faut se retenir de penser au futur. C'est pour ça que moi, j'ai vachement écouté en boucle sur YouTube le pouvoir du moment présent en me répétant Ok, là, il faut que je focalise sur la journée que je suis en train de vivre. Et dans cette journée, est-ce que j'ai faim ? Est-ce que j'ai soif ? Est-ce que j'ai envie de me doucher ? est-ce que j'ai chaud, est-ce que j'ai froid, est-ce que j'ai envie d'appeler un ou une amie, des toutes petites choses essentielles qui restent au moment présent. Et c'est ça le job d'une personne qui est en train de se remettre d'un burn-out, c'est de rester focalisé là-dessus. Parce que moi, je pars du principe que quand on n'a pas d'énergie, quand on n'a pas de vitalité, on ne peut pas anticiper positivement les choses. On va se projeter avec des angoisses par rapport au futur. Donc, il faut revenir au présent, revenir à des choses simplissimes. ultra simple de j'ai envie de manger, j'ai envie de sortir de chez moi ou pas, ou j'ai envie de rien. Alors je ne fais rien et j'ai le droit. J'ai le droit de ne rien faire et c'est pas grave. Et ensuite, le conseil que je donnerai aux personnes qui n'ont pas fait de burn-out et qui ne veulent pas en faire, c'est valoriser toutes les autres dimensions qui n'appartiennent pas au travail dans votre vie. Faites-vous plaisir. Donnez de la valeur à vos loisirs, donnez de la valeur à ce qui est inutile, ce qui ne produit rien, ce qui ne sert à rien. Riez, dansez, sautez, amusez-vous et partez du principe que tout est important dans votre vie et que vous êtes important. Ce n'est pas le travail qui est important, c'est vous, c'est votre santé, c'est votre équilibre, parce que vous n'avez que cette vie-là pour vivre et que plus on va... beaucoup travailler, être dans le surmenage, plus on va perdre du temps de vie, parce que dans cette vie, nous sommes des mortels, et qu'à la fin, on ne peut plus revenir en arrière. Donc il faut profiter.
- Speaker #0
Ce sera le mot de la fin. Merci beaucoup, Périne. C'était super intéressant. On peut du coup te retrouver sur Instagram, sur le compte Mon Burnout, où il y a plein d'informations, plein de témoignages. C'est super. Et à bientôt. À bientôt, Pauline. Ciao, ciao. Merci d'avoir écouté ce podcast jusqu'au bout. On espère que cet épisode vous a plu. Si c'est le cas, on vous invite à nous suivre, laisser un avis et partager l'épisode autour de vous. Vous pouvez nous rejoindre sur Instagram. À tout. Hector-dubas podcast pour être les premiers à être informés des sorties de nos prochains épisodes et échanger avec nous. A la semaine prochaine !