S5 E17 En eaux troubles : une année entre tensions et espoirs cover
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S5 E17 En eaux troubles : une année entre tensions et espoirs

S5 E17 En eaux troubles : une année entre tensions et espoirs

31min |12/12/2025
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Description

Rétrospective pas complètement déprimée pour ce bilan de l'année !

Les élections de 2025 ont-elles changé la donne en Allemagne et en Europe ? Merz est-il un game changer ?

Un épisode enregistré en marge du Dialogue Pariser Platz du Centre Delors de Berlin intitulé cette année “Europe’s Moment – Franco-German action in the wake of an eroding global order”



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et allô à toutes et à tous, ici Berling. Quelle année ! 2025 a débuté dans le choc et l'effroi, avec une série d'attaques meurtrières qui ont évidemment influencé la campagne électorale. Dans un contexte de poussée des extrêmes, et au fil des mois, les populistes ont même continué à progresser, la faiblesse de la coalition de Friedrich Merz se rappelle à chaque réforme, à chaque loi qu'il faut négocier. Le chancelier voulait changer de ton par l'effort éclair, il apprend la réelle politique. Cette année, il a parfois réveillé des espoirs, relancé des dossiers, brisé des tabous. Mais l'économie allemande ne repart pas aussi vite qu'annoncé. Cela nourrit de nouveaux doutes sur la capacité d'action de l'Allemagne au sein d'une Europe que son ancien allié américain voit désormais comme agonisante. L'ordre mondial est en pleine érosion, la tectonique géopolitique ouvre des failles, la température monte, nous dansons sur un volcan. Bienvenue, installez-vous dans ce dernier épisode de l'année. Alors en décembre ici, les petits-enfants récitent C'est mon préféré parmi tous les chants et les comptines traditionnelles de Noël. J'aime vraiment bien ce court poème qui nous dit que si jamais on se retrouve avec cinq bougies allumées à la fin du mois, alors ça veut dire qu'on s'est endormi et qu'on a raté Noël.

  • Speaker #1

    Et si le cinquième l'éclat brûle, alors tu as froid Noël.

  • Speaker #0

    Mais y a-t-il eu d'autres ratés cette année ? Pour l'actualité allemande, vous pouvez compter sur moi, on va tout repasser en revue dans l'épisode, c'est l'heure de la rétrospective. Mais avec une question sous-jacente, est-ce que Friedrich Merz lui aussi a raté quelque chose ? Après huit mois au pouvoir, on peut tenter un premier bilan. Et pour rassembler le plus d'avis possible, j'ai participé il y a quelques jours au dialogue Pariser Platz, organisé par le Centre Delors ici à Berlin. Alors ça fait six ans que j'ai l'honneur d'être invitée. Pendant deux jours, on se retrouve entre 100 et 150 personnes, chercheurs, journalistes. personnalité de la politique et de la diplomatie pour échanger sur l'action de l'Allemagne et de la France en Europe. C'est un grand forum et on se dit les choses sans détour pour faire surgir des idées et des impulsions. Bref, l'endroit idéal pour tendre mon micro et je vous propose pour commencer d'écouter le petit entretien que j'ai eu avec Pascal Lamy, ancien commissaire européen et coordinateur des instituts Jacques Delors. J'ai commencé par lui demander si l'élection de Friedrich Merz avait changé la donne en Europe.

  • Speaker #2

    Pas encore totalement, compte tenu du fait que je crois que c'est un secret pour personne que la coalition qu'il dirige est un peu branlante, comme on dit en français. Mais en tout cas, ce qui est clair maintenant, c'est que nous avons un chancelier pro-intégration européenne, pour lequel c'est un sujet très important, au point même d'ailleurs qu'il est un peu critiqué pour s'occuper davantage d'Europe que d'Allemagne. Pour nous les autres, si je puis dire, ce n'est pas une nouvelle. Dans l'ensemble néanmoins, l'Europe est dans une situation encore plus difficile que ça n'était le cas l'année dernière, et notamment compte tenu de ce qui se passe en Ukraine. On est encore plus conscient que dans ce monde tel qu'il est en train de se brutaliser, l'Europe est affaiblie. On doit être lucide. Mais d'autre part, ça nous oblige à avoir des idées et peut-être à nous battre un peu plus que davantage pour... défendre et promouvoir ses idées.

  • Speaker #0

    Mais justement, est-ce que vous pensez que l'Allemagne est prête maintenant à être proactive, à arriver vraiment concrètement avec des idées ? En somme, est-ce que Merz sera un chancelier de vision ?

  • Speaker #2

    Je crois que l'homme Merz, je connais pour l'avoir fréquenté du temps où il était dans le business, ma réponse est oui. Est-ce que le système allemand a envie d'une vision et est-ce que il est capable d'en dessiner une ? J'en suis moins sûr. Et nous savons qu'une des caractéristiques du système allemand, c'est qu'il est rare que le chancelier arrive à imposer quelque chose à son gouvernement, à son administration, à sa coalition. Mais je pense que si la question est de savoir si Merz a envie d'une vision européenne, la réponse est oui.

  • Speaker #0

    Mais ce qui pourrait freiner l'ambition européenne de Friedrich Merz, c'est évidemment, vous l'avez dit tout à l'heure, la faiblesse de sa coalition. et aussi le fait que lui-même est impopulaire, il l'est encore plus. plus que ne l'était Olaf Scholz à ce moment du mandat. Et l'AFD termine l'année aussi haute que la CDU-CSU. Une AFD d'ailleurs qui multiplie les rencontres avec la galaxie MAGA, les réseaux de Donald Trump, sans parler de financements occultes venus de Chine ou de Russie. Comment composer avec cet ennemi de l'intérieur ?

  • Speaker #2

    Il y a quelque chose de commun entre la menace américaine et la menace russe, et des menaces intérieures de mouvements qui sont parfois plutôt plus proche des thèses américaines ou russes actuelles que des thèses européennes. Donc, oui. Ça fait partie du sujet et je crois qu'il y a une ligne de division idéologique en Europe aujourd'hui et qu'il faut être capable de se battre sur cette ligne pour, en quelque sorte, cesser de reculer, ce qui a malheureusement été le cas au cours des 10 ou 15 dernières années.

  • Speaker #0

    Tout de même, est-ce que vous avez un vœu pour 2026 ?

  • Speaker #2

    Le souhait, c'est que l'Europe trouve les moyens de remédier à ses faiblesses. Il faut les constater. Nous sommes faibles démocratiquement, faibles économiquement, faibles technologiquement, faibles stratégiquement dans le monde d'aujourd'hui. Le diagnostic est assez clair. Mon souhait, c'est qu'on arrive enfin à un plan, commençant par ci, ensuite par ça, ensuite par ça, pour sortir de cette situation difficile. Et de ce point de vue-là, je trouve que ça manque. Alors, il y a ce que peuvent faire des think tanks, qu'est-ce que peut faire ? Les activistes de l'intégration européenne, il y a aussi à mon avis, se devraient faire une commission européenne qui, de mon point de vue, a trop abandonné ce terrain de la prévision, de la vision, de ce qui doit être le dessin de l'avenir de l'Europe.

  • Speaker #0

    Voilà, quand je vous disais qu'on n'y allait pas par quatre chemins au dialogue Paris-Eurplatz, et d'ailleurs en parlant avec les uns ou les autres pendant ces deux jours, franchement c'était très difficile de ne pas le constater. Tout le monde était un peu déprimé, l'année ne nous a pas ménagé. C'était les montagnes russes, me raconte Sébastien, un participant au dialogue et qui s'occupe des relations franco-allemandes pour le land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie.

  • Speaker #3

    C'est vrai qu'on a commencé l'année avec déjà beaucoup de craintes. Entre temps, on avait l'espoir d'un renouvellement dans la politique allemande avec les élections, un nouveau chancelier. Et hélas, on voit maintenant que cette nouvelle coalition n'a pas vraiment réussi à... Être un game changer, d'accélérer, renouveler la politique et l'économie allemande, c'est vrai qu'on a un peu d'espoir pour l'économie, mais on n'est pas là encore. Par exemple, il y a tout un projet de modernisation de l'État en Allemagne, des grandes réformes qui s'annoncent. On n'est pas aussi loin qu'on l'avait prévu ou annoncé même, mais il y a le projet. Mais aussi dans le franco-allemand, il faut dire qu'il y a eu une nouvelle impulsion, un nouveau élan qui n'ont pas encore délivré leurs fruits, mais qui donne de l'espoir que dans l'année prochaine, on puisse avancer. Et donc, c'est vrai, on a peut-être quand même aussi un peu un problème de déception dans le sens qu'on s'attendait à plus. Et il y a énormément de facteurs dans la... L'économie et la politique portent des grandes incertitudes, ce qui fait qu'on reste inquiet, à vrai dire. On arrive à la fin de l'année peut-être même un peu plus inquiet qu'on l'avait commencé.

  • Speaker #0

    Alors, si vous le voulez bien, on va dérouler le fil de l'année. D'abord, les attentats de l'hiver qui ont donné le ton de la campagne électorale. On a un peu oublié ce sentiment très oppressant des premières semaines de 2025. Mac de Bourg, À Schaffenburg, il y a eu aussi une voiture bélier à Munich. Tout ça, ça s'est arrêté après les élections, ce qui alimente le discours de ceux qui pensent que la Russie est derrière ces attaques. Mais en tout cas, une ingérence directe très claire pendant la campagne électorale, incontestable, c'est celle d'Elon Musk au profit de l'AFD. Il est intervenu, par exemple, lors d'un meeting. Et d'une façon générale, les débuts de Donald Trump dans le bureau Oval, ça a vraiment joué un rôle dans les élections. Avec ce moment de bascule, le 23 février, Friedrich Merz, en direct à la télévision, quelques minutes après le résultat des élections.

  • Speaker #4

    Pour moi, il est absolument prioritaire d'améliorer l'Europe pour que nous atteignions l'indépendance des États-Unis.

  • Speaker #0

    Il faut dire qu'on est une semaine après le discours du vice-président américain G. Devens à la conférence pour la sécurité de Munich, où il a assommé les Européens avec des attaques directes sur notre système de valeurs démocratiques. Alors aujourd'hui, on sait que ça annonçait cette stratégie nationale de sécurité signée Donald Trump, qui nous est tombée dessus il y a quelques jours. Mais sur le moment, c'était la stupeur. Dans la salle se souvient Nicole Koenig, docteure en relations internationales et responsable des affaires politiques, justement à la conférence pour la sécurité de Munich.

  • Speaker #5

    Oui, je pense que ça a vraiment marqué l'Allemagne, qui de son orientation de politique étrangère a toujours été transatlantique, et surtout aussi le chancelier Merz. Pour lui de mentionner, peut-être on ne peut plus tellement compter sur les Américains, le jour de l'élection, ça c'était quelque chose d'assez surprenant. Et je pense que maintenant ce qu'on voit, c'est qu'on a vu des grands changements dans la politique de défense, de sécurité de l'Allemagne cette année. Au niveau diplomatique, oui on a vu du leadership allemand ensemble avec les amis français, avec les Polonais, avec les Britanniques. Mais la question c'est, est-ce que c'est assez ? Parce qu'on voit aussi en même temps que le leadership, tout ce qui est négociation par rapport à l'Ukraine est toujours avec les Américains. Et que souvent on a des propositions américaines et ensuite on a une coalition européenne avec les Allemands, avec les Français et autres, qui essayent un peu de changer les propositions, mais d'une manière très réactive. Mais ça, à mon avis, ce n'est pas une question du chancelier, c'est une question européenne par rapport au leadership américain.

  • Speaker #0

    En tout cas, Friedrich Merz réagit vite. Avant même d'avoir bouclé les négociations de coalition, il fait un virage à 180 degrés et brise le tabou du frein à la dette pour les dépenses de défense. Si votre mémoire n'est pas très claire sur ce moment, on peut qualifier d'historique, je pense. Vous pouvez réécouter l'épisode 8 du 14 mars dernier où je vous expliquais tout ça en détail. Huit mois plus tard, et ça c'était dans le dernier épisode, en novembre, on a une idée plus précise de la façon dont cette manne, ce trésor de guerre, va être dépensé. L'Allemagne investit massivement dans sa défense et c'est bon à prendre pour la sécurité européenne. Et là, tous les participants du dialogue étaient absolument d'accord sur ce point. Mais j'ai retenu pour vous l'avis de la chercheuse slovaque Vladislava Gubalova de l'Institut Globsec.

  • Speaker #6

    Comme je viens de l'Europe centrale et orientale, avec une perspective un peu extérieure, je dirais qu'il y a eu des signaux très positifs. Le signal principal, c'est le déblocage de sommes d'argent très importantes qui vont maintenant être déployées et utilisées. C'est un game changer. Les pays de l'Est de l'Europe et les pays baltes aussi ont été très proactifs et nous avions vraiment besoin. de nos grands partenaires. Nous voyons maintenant que ça bouge dans la bonne direction. Par exemple, en Bulgarie, il y a eu récemment la signature d'un grand contrat d'armement avec les Allemands, donc cela a des effets de synergie sur place. Mais maintenant, il faut voir vraiment comment cela va évoluer. Les actions concrètes nous diront si c'est un game changer.

  • Speaker #0

    J'en ai aussi profité pour lui demander ce qu'elle pensait du duo franco-allemand de 2025. Bien relancé ces derniers mois. avec notamment des annonces fortes au Conseil des ministres communs à Toulon fin août et aussi le sommet de la souveraineté numérique en novembre. L'avis de Vlatislava Goubalova m'intéressait particulièrement parce qu'il y a deux ans, exactement pendant le dialogue Paris-Eurplat, j'avais été très marquée par le témoignage d'un homme politique qui n'était ni allemand ni français et qui racontait que dans tous les pays européens où il se rendait, systématiquement on lui disait que le problème principal de l'Europe, c'était la mésentente entre Paris et Berlin.

  • Speaker #6

    C'est un problème quand ils ne travaillent pas ensemble et qu'ils ne s'entendent pas sur un grand but commun à atteindre. Donc oui, quand on constate des frictions, c'est un problème. Et aussi quand on voit qu'ils ignorent le reste des Européens. Mais je crois que là, il y a une bonne entente. Et le récit européen a changé. Ça ne peut pas être que la France et l'Allemagne, seulement ces deux-là. On a besoin des pays nordiques, des pays baltes, de tout le monde en fait. par la démonstration de notre cohésion, peser comme entité U.U. et utiliser des leviers plus ambitieux. Et c'est là où l'Allemagne peut jouer un plus grand rôle. Il faut passer à l'action. Nous parlons, mais maintenant au travail.

  • Speaker #0

    Toujours sur ces questions de défense, une réforme a beaucoup occupé la coalition, c'est celle du service militaire. Là encore, je vous renvoie à l'épisode précédent. Le vote définitif au Bundestag a eu lieu la semaine dernière, avec au même moment dans plus de 80 villes d'Allemagne, des appels à la grève et des manifestations de lycéens. Le retour de la conscription, alors pour l'instant encore sur la base du volontariat, mais ça pourrait changer, mobilise la jeunesse allemande. Si les deux tiers de la population dans son ensemble y sont favorables, les deux tiers des 18-25 ans s'y opposent, comme Gaetano qui est franco-germano-italien.

  • Speaker #7

    Je suis là, ce qui va être concerné par le nouveau service militaire. Donc, je serai l'année prochaine obligé de répondre au questionnaire. Je refuse de faire le service militaire parce que je sais que si j'y participe, l'Allemagne pourra m'obliger, s'il y a une guerre, de me forcer de participer dans la guerre. J'ai 17 ans, j'aimerais bien vivre ma vie. J'ai pas envie de vivre ce que mon grand-père a vécu, quoi. Parce que ce qu'il m'a raconté, c'était pas super. Et presque tous mes amis partagent mon opinion. Mes parents aussi, j'en ai parlé hier soir encore.

  • Speaker #0

    Alors je retiens deux choses de ce témoignage. C'est évidemment d'abord la peur de la guerre en soi. Et puis le fait qu'en réalité, elle est déjà rentrée dans le quotidien de cette génération. Elle s'est invitée à la table familiale, on vient de l'entendre. Et qu'ils décident ou non de faire leur service, c'est désormais un élément que les jeunes doivent prendre en compte quand ils font des plans d'avenir, quand ils organisent leurs années d'études ou de formation. Et ça pose évidemment la question de l'engagement tout court. Note la professeure Elsa Toulmets, chercheuse au centre Marc Bloch de Berlin et qui enseigne également à l'université européenne Viadrina, à la frontière entre l'Allemagne et la Pologne.

  • Speaker #8

    Ce que je perçois en étant beaucoup en lien avec les jeunes, avec les étudiants notamment, c'est qu'il n'y a pas forcément une volonté de s'engager dans ce qui est annoncé au niveau politique à très haut niveau. Et finalement, des stratégies plutôt de développement de soft. power, plus que de hard power, plus que d'engagement dans la Bundeswehr, au contraire des engagements dans des réseaux de soutien à la société civile, des engagements, de vrais engagements pour les questions des droits de l'homme, pour les questions de défense de la dignité aussi. C'est plutôt sur ces aspects-là que j'observe en étant à Berlin et à Francfort-Solodor notamment, aussi à Lille une prise de conscience de la part de la jeunesse qu'ils ont quelque chose à dire, mais il faut trouver les moyens de le faire. Comment les jeunes ... Ils peuvent développer leur capacité à avoir une voix qui soit entendue et apporter également une pierre au débat. Leur donner une voix, c'est déjà un premier accès à leurs droits.

  • Speaker #0

    C'est certainement un phénomène qu'il faudra suivre l'an prochain. Mais oui, 2025 d'ores et déjà a été marqué quand même par l'irruption de cette jeunesse dans le débat public, même si démographiquement et électoralement, c'est une classe d'âge qui pèse assez peu. Encore que c'est aux voix des jeunes qu'il faut attribuer sans doute la remontada du parti d'Illinké aux élections de février. à 11% dans les sondages et parfois, selon les instituts, il dépasse les verts. Le SPD est stable dans une fourchette très basse, 14-15%. La CDU-CSU aussi est à la peine, 25-26%, c'est moins qu'en février, tandis que l'AFD confirme son statut de premier parti dans pas mal d'études d'opinion à 26%. Mais ça, je le garde pour un prochain épisode. Surtout si les rapprochements de l'AFD avec les États-Unis de Trump se poursuivent et s'intensifient, il y aura matière à analyse. et à explications l'an prochain, c'est promis, mais à l'heure du bilan de 2025, je vous ai absolument consacré une partie de cet épisode à la situation économique de l'Allemagne. A priori, on va sortir de la récession, mais alors vraiment tout juste, les dernières projections parlent de 0,1% de croissance seulement. Il n'y a pas d'envolée du chômage parce que le pays, on le sait bien, manque structurellement de bras et de tête. Mais il y a quand même beaucoup de destruction d'emplois, notamment dans l'industrie électro-métallurgique, qui a perdu 105 000 salariés en un an. La désindustrialisation de l'Allemagne se fait vraiment sous nos yeux. Dernier exemple, Volkswagen. Malgré la promesse, il y a un an, de ne pas toucher aux usines allemandes, on vient d'apprendre que la production allait cesser dans la petite fabrique de Dresde, l'une des plus modernes du pays.

  • Speaker #9

    Reportage David Philippot.

  • Speaker #10

    Dans la grande manufacture tout en vert, la production se fait dans une ambiance ouettée, comme dans un sanatorium. Les ouvriers, en chasuble blanche, glissent sur le parquet de bois clair qui tourne lentement comme un grand manège.

  • Speaker #6

    Ça fait une différence si vous êtes debout toute la journée sur du béton, du carrelage, ou bien comme au sport, plutôt sur un sol souple. Sur la chaîne de production,

  • Speaker #0

    tout a été pensé pour le bien-être du dos et l'ergonomie au travail.

  • Speaker #10

    Inès, la guide, insiste. Depuis son ouverture en 2001, l'usine est le joyau de Volkswagen, posée comme un diamant en plein cœur de la ville baroque. Une manne touristique à 30 millions d'euros par an. Ici la fascination pour Das Auto. Ce vit comme une expérience physique, presque sensuelle. Pourtant, dans quelques jours, la production va s'arrêter. Après des années d'incertitude, les salariés ont appris au début du mois que le groupe allait débrancher leur fabrique. René Rostock, 52 ans, est représentant du personnel.

  • Speaker #11

    Ce qui s'est passé ici ces dernières années, c'est une énorme rupture du lien de confiance avec notre direction, notre patron. Et surtout avec Volkswagen, qui proclame toujours que la co-gestion est partie intégrante du succès.

  • Speaker #10

    Mais les modèles électriques montés ici ne se vendent pas trop cher. Le contexte international n'explique pas tout, selon Stéphane Elie du syndicat IG Metall.

  • Speaker #12

    C'était au siège de Wolfsburg que tout est décidé. Volkswagen a été porté pendant des années par le marché chinois et le marché nord-américain.

  • Speaker #10

    Les syndicats ont négocié que les 300 employés du site conservent salaire et activité pendant 5 ans, mais être payé pour actionner des machines prétextes, comme dans un musée, est une perspective qui rebute les ouvriers. Pour René Rostock, une question de dignité et de respect de leur travail.

  • Speaker #11

    À Dresde, après la réunification, on n'avait plus que 10% d'industrie. Avant, on avait des centaines de milliers de travailleurs très qualifiés, du savoir-faire, mais on les a laissés partir. Beaucoup de jeunes et beaucoup de familles ont quitté la région pour aller à l'ouest. Et maintenant, j'ai l'impression de revivre la même chose. C'est très dangereux. Franchement, l'Allemagne ne fera jamais la différence comme destination touristique. Alors il faut trouver des alternatives, produire quelque chose. On a donc besoin d'ouvriers. et encore d'ouvriers. L'avenir de ce site, quel qu'il soit, devra tourner autour de la voiture.

  • Speaker #10

    Stéphane Elie de IG Metall mesure aussi déjà les risques pour la cohésion économique et sociale de la région.

  • Speaker #12

    La Saxe a une tradition de construction automobile. Il y a beaucoup de sous-traitants. Les enjeux sont très grands. Les dégâts économiques des derniers mois sont déjà énormes.

  • Speaker #10

    Une partie de l'usine va être louée à l'université technique de Dresde qui va y installer un campus d'excellence en microélectronique et en science des matériaux. Volkswagen va soutenir cette recherche avec 50 millions d'euros sur 7 ans.

  • Speaker #0

    Et pour parler en détail du bilan économique de 2025, je vous propose un entretien enregistré avec la chercheuse Marie Karpata du comité d'études des relations franco-allemandes de l'IFRI. participante au dialogue par Iserplatz. C'était-elle déjà que j'avais interrogé sur les ambitions et sur le programme économique du candidat Friedrich Merz l'hiver dernier ? Quelle analyse fait-elle maintenant ?

  • Speaker #13

    Je pense que ce qui est intéressant, c'est de voir que Friedrich Merz est arrivé en disant « Nous, on va apporter une compétence économique, « Wirtschaftskompetenz, on a une légitimité économique. » Et puis, en fait, l'Allemagne fait face quand même à un contexte très compliqué avec effectivement la guerre en Ukraine qui a eu… Des conséquences sur le stand-up de Deutschland, sur la base industrielle allemande, avec la hausse des coûts énergétiques du fait du découplage par rapport à la Russie. Mais il y a évidemment aussi le retour de Trump à la Maison-Blanche avec les droits de douane, donc 15% de droits de douane sur les importations européennes. Il y a la Chine évidemment aussi avec les restrictions aux exportations et notamment sur les minerais critiques. mais aussi sur les semi-conducteurs qui mettent à mal l'industrie, et notamment l'industrie automobile en Allemagne. Donc tout ça, c'est très compliqué. Et je pense qu'il y a un contexte géopolitique qui devient de plus en plus prégnant. Et évidemment, les droits de douane, à la fois, on s'est dit, bon, 15%, c'est pas si grave, mais en même temps, 15%, évidemment, ça se... ressent, et notamment pour les petites et moyennes entreprises. Donc les grandes entreprises ont les épaules pour ça, par contre les petites et moyennes entreprises c'est plus compliqué.

  • Speaker #0

    Donc pas d'effet merde sur l'économie ?

  • Speaker #13

    Globalement je pense qu'il y a eu quand même un accueil plutôt chaleureux lors du Tractate of Russian Industry, donc il y a une espèce de nouvel élan, un nouveau dynamisme qui a été ressenti au niveau industriel, mais bon, avec toujours cette promesse. la volonté de voir qu'est-ce que ça donne ensuite concrètement, donc tangiblement. Alors il y a beaucoup de sommets de l'automobile évidemment, les industriels de l'automobile présentent leur doléance. Il y a aussi le Zofart Programme, un certain nombre de mesures qui ont été prises notamment pour réduire l'impôt sur les sociétés, mais aussi concernant les amortissements des entreprises quand elles achètent des facteurs de production. mais aussi concernant la flotte automobile des entreprises. Donc, il y a quand même des annonces qui ont été faites, qui laissaient présager plutôt un avenir plus serein que ce qu'on a connu précédemment. Mais maintenant, il va falloir livrer, il va falloir montrer des résultats.

  • Speaker #0

    Les syndicats sont très critiques sur toutes ces annonces. Ils disent qu'après l'automne des réformes, proclamées par Mertz, on va maintenant entrer dans un hiver des licenciements. Et d'ailleurs, ça a déjà commencé.

  • Speaker #13

    Oui, Bosch, par exemple, dans la sous-traitance automobile, c'est 13 000. suppressions d'emplois qui ont été annoncées. Cela fait suite à la suppression de 9000 emplois qui avaient été annoncés l'an dernier, dont la moitié en ont déjà eu lieu. Donc tout ça, c'est évidemment effrayant pour l'Allemagne. On sait que l'industrie automobile, c'est 800 000 emplois. C'est un ancrage territorial au Bas-de-Württemberg, en Bavière, en Bas-Saxe. C'est évidemment aussi très psychologique. Enfin, c'est une identité. C'est l'identité allemande qui est aussi axée sur... Sur cette industrie-là, il y a des synergies dans beaucoup d'autres secteurs, dans la chimie, la sidérurgie, les nouvelles technologies de l'information et de la communication. Donc tout ça, évidemment, ça inquiète.

  • Speaker #0

    Et c'est ce qui explique sans doute la position de l'Allemagne à Bruxelles et son offensive contre la fin du moteur thermique en 2035, car son industrie tout simplement n'est pas prête à ça. Berlin veut démanteler. Cette mesure emblématique du pacte vert, qui d'ailleurs peut-être a s'appuyer sur les voies de l'extrême droite au Parlement européen, on verra ça, c'est vraiment en train de se jouer là, ces jours-ci.

  • Speaker #13

    Oui, mais c'est un secteur qui est vraiment au cœur de l'économie allemande, donc ça, ça va être important de voir comment les choses vont se faire. Alors, il semblerait qu'il y ait une préférence européenne aussi qui aurait été négociée, donc ça, ça serait plutôt favorable à la France. Sur ce plan, avait aussi essayé de pousser les pions. Un autre sujet évidemment qui va être important, c'est les accords commerciaux. Donc là, il y a l'accord Union Européenne-Mercosur. On devrait savoir davantage le 20 décembre prochain. On sait que la France est plutôt contre, l'Allemagne évidemment est pour, mais aussi pour des raisons de sécurité économique, pour avoir davantage de débouchés, notamment pour l'industrie automobile d'ailleurs, mais aussi pour... pour avoir une autre source d'approvisionnement pour les minéraux critiques, justement. Donc, si jamais ces minéraux critiques ne sont plus livrés par la Chine, on aurait d'autres sources d'approvisionnement, des minéraux critiques qui sont importants pour l'industrie et pour la transition numérique et la transition verte, qui est donc un enjeu très important en Allemagne et en Europe en général.

  • Speaker #0

    Marie, parmi les décisions fortes de l'année, il faut revenir évidemment sur le choix spectaculaire de Merz. de mettre fin à la politique d'austérité allemande. Le vote du fonds d'investissement, l'assouplissement des règles d'endettement, avant même la signature du contrat de coalition.

  • Speaker #13

    Les 500 milliards d'euros pour moderniser les infrastructures en Allemagne et l'assouplissement du frein à l'endettement, alors ça c'était une rupture d'un tabou en Allemagne. C'était un tournant à 180 degrés aussi avec ce qu'avait proposé Frédéric Simat pendant la campagne électorale. Et donc ça a nécessité une révision de la constitution. Donc ça a été passé avec une majorité des deux tiers au Bundestag sortant, avec donc les Verts qui ne sont actuellement pas au gouvernement. Et donc ça effectivement c'est un programme, il faudra voir comment il se met en place. Donc maintenant il va falloir amener des résultats, apporter des résultats sur base de cet argent qui est déployé.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'on sait déjà où vont aller ces 500 milliards d'euros ?

  • Speaker #13

    Évidemment, ça va aller dans les infrastructures de transport, dans l'énergie. Il y a un certain nombre d'instituts économiques allemands qui avaient pointé du doigt les nécessités d'investir dans ces infrastructures. Et on estime évidemment que ça va avoir un effet multiplicateur aussi sur l'économie en général.

  • Speaker #0

    Pour l'instant, on ne voit pas du tout cet effet de levier, pas d'effet magique. Frédéric Schmerz non plus, on vient de le dire. On a l'impression en fait que le seul effet qui influence vraiment l'économie allemande, c'est Trump.

  • Speaker #13

    Oui, alors bon, évidemment, les 500 milliards d'euros, il faut le temps pour que ça se déploie. Il faut les capacités aussi humaines pour l'allocation de ces moyens en réalité. Donc tout ça, ça prend évidemment du temps. Alors effectivement, l'effet Trump est un effet très important parce qu'il y a beaucoup d'entreprises qui souhaitent finalement contourner. les droits de douane américains et qui, de ce fait, vont s'installer aux Etats-Unis. Elles voient dans l'industrie automobile qui est si importante pour l'Allemagne, réfléchissent à se réorienter stratégiquement, se positionner sur le marché américain pour échapper à ces droits de douane.

  • Speaker #0

    Alors, dans le reportage, on s'est penché sur l'exemple de Volkswagen. À l'automne, la marque a été contrainte de ralentir, voire de suspendre la production dans plusieurs de ses usines car il y avait des tensions sur la chaîne d'approvisionnement en semi-conducteur. Alors officiellement, cela n'a rien à voir avec l'affaire Nexperia et le bras de fer entre les Pays-Bas et la Chine. Mais la question se pose quand même, Marie, est-ce que l'économie allemande accélère son dérisking ? On en est où de ce découplage progressif avec la Chine ?

  • Speaker #13

    Alors pour la Chine, on a vu dans le contrat de coalition la volonté de mettre à jour la stratégie globale vis-à-vis de la Chine. Et donc là, il y a une commission. sur ce travail sur les dépendances par rapport à la Chine qui a été mis en place récemment. Donc on tente d'avoir quand même des solutions sur un certain nombre de dossiers critiques comme les minéraux critiques, comme les semi-conducteurs aussi. Et on entend de plus en plus du ministère de l'Économie, sous madame Catherine Reich, des critiques aussi par rapport aux industriels en disant « mais en fait vous n'avez pas appris vos leçons de la crise de la Covid-19 » . Donc vous n'avez pas... fait des chaînes d'approvisionnement qui prennent en compte la possibilité d'une rupture d'approvisionnement de Chine. Et donc là, c'est toujours la question, quel est le rôle de l'État ensuite ? Est-ce qu'il faut sauver ces entreprises ? Donc c'est ça un peu le débat en ce moment.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Marie-Crippata Dusserfa. Et c'est ainsi que s'achève cette rétrospective de l'année 2025 en Allemagne pour être tout à fait complète. Il aurait fallu que je vous parle aussi des grandes discussions très agitées des deux derniers mois autour de la réforme des retraites. Grosse, grosse crise interne dans la coalition avec un Friedrich Merz très à la peine pour tenir ses troupes. Et puis ça s'annonce sportif également sur la réforme de l'allocation citoyenne, le fameux Burger Geld. Je vous rappelle que la grande coalition au pouvoir, CDU, CSU, SPD, ne dispose que de 328 députés au Bundestag, c'est-à-dire qu'elle n'a une marge que de 12 sièges. Et on l'a vu dès le tout premier vote du chancelier le 6 mai dernier, qu'il suffit de quelques frondeurs pour faire tanguer. tout l'édifice. C'est la fin de cet épisode et la fin de cette saison 5. Le podcast avec un K revient en janvier avec des reportages, des analyses pour suivre l'actualité allemande en français. D'ici là, partagez, réécoutez, mettez des étoiles dans les applis. Je m'appelle Hélène Kohl avec un K et je vous dis à bientôt. Bisbald !

Description

Rétrospective pas complètement déprimée pour ce bilan de l'année !

Les élections de 2025 ont-elles changé la donne en Allemagne et en Europe ? Merz est-il un game changer ?

Un épisode enregistré en marge du Dialogue Pariser Platz du Centre Delors de Berlin intitulé cette année “Europe’s Moment – Franco-German action in the wake of an eroding global order”



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et allô à toutes et à tous, ici Berling. Quelle année ! 2025 a débuté dans le choc et l'effroi, avec une série d'attaques meurtrières qui ont évidemment influencé la campagne électorale. Dans un contexte de poussée des extrêmes, et au fil des mois, les populistes ont même continué à progresser, la faiblesse de la coalition de Friedrich Merz se rappelle à chaque réforme, à chaque loi qu'il faut négocier. Le chancelier voulait changer de ton par l'effort éclair, il apprend la réelle politique. Cette année, il a parfois réveillé des espoirs, relancé des dossiers, brisé des tabous. Mais l'économie allemande ne repart pas aussi vite qu'annoncé. Cela nourrit de nouveaux doutes sur la capacité d'action de l'Allemagne au sein d'une Europe que son ancien allié américain voit désormais comme agonisante. L'ordre mondial est en pleine érosion, la tectonique géopolitique ouvre des failles, la température monte, nous dansons sur un volcan. Bienvenue, installez-vous dans ce dernier épisode de l'année. Alors en décembre ici, les petits-enfants récitent C'est mon préféré parmi tous les chants et les comptines traditionnelles de Noël. J'aime vraiment bien ce court poème qui nous dit que si jamais on se retrouve avec cinq bougies allumées à la fin du mois, alors ça veut dire qu'on s'est endormi et qu'on a raté Noël.

  • Speaker #1

    Et si le cinquième l'éclat brûle, alors tu as froid Noël.

  • Speaker #0

    Mais y a-t-il eu d'autres ratés cette année ? Pour l'actualité allemande, vous pouvez compter sur moi, on va tout repasser en revue dans l'épisode, c'est l'heure de la rétrospective. Mais avec une question sous-jacente, est-ce que Friedrich Merz lui aussi a raté quelque chose ? Après huit mois au pouvoir, on peut tenter un premier bilan. Et pour rassembler le plus d'avis possible, j'ai participé il y a quelques jours au dialogue Pariser Platz, organisé par le Centre Delors ici à Berlin. Alors ça fait six ans que j'ai l'honneur d'être invitée. Pendant deux jours, on se retrouve entre 100 et 150 personnes, chercheurs, journalistes. personnalité de la politique et de la diplomatie pour échanger sur l'action de l'Allemagne et de la France en Europe. C'est un grand forum et on se dit les choses sans détour pour faire surgir des idées et des impulsions. Bref, l'endroit idéal pour tendre mon micro et je vous propose pour commencer d'écouter le petit entretien que j'ai eu avec Pascal Lamy, ancien commissaire européen et coordinateur des instituts Jacques Delors. J'ai commencé par lui demander si l'élection de Friedrich Merz avait changé la donne en Europe.

  • Speaker #2

    Pas encore totalement, compte tenu du fait que je crois que c'est un secret pour personne que la coalition qu'il dirige est un peu branlante, comme on dit en français. Mais en tout cas, ce qui est clair maintenant, c'est que nous avons un chancelier pro-intégration européenne, pour lequel c'est un sujet très important, au point même d'ailleurs qu'il est un peu critiqué pour s'occuper davantage d'Europe que d'Allemagne. Pour nous les autres, si je puis dire, ce n'est pas une nouvelle. Dans l'ensemble néanmoins, l'Europe est dans une situation encore plus difficile que ça n'était le cas l'année dernière, et notamment compte tenu de ce qui se passe en Ukraine. On est encore plus conscient que dans ce monde tel qu'il est en train de se brutaliser, l'Europe est affaiblie. On doit être lucide. Mais d'autre part, ça nous oblige à avoir des idées et peut-être à nous battre un peu plus que davantage pour... défendre et promouvoir ses idées.

  • Speaker #0

    Mais justement, est-ce que vous pensez que l'Allemagne est prête maintenant à être proactive, à arriver vraiment concrètement avec des idées ? En somme, est-ce que Merz sera un chancelier de vision ?

  • Speaker #2

    Je crois que l'homme Merz, je connais pour l'avoir fréquenté du temps où il était dans le business, ma réponse est oui. Est-ce que le système allemand a envie d'une vision et est-ce que il est capable d'en dessiner une ? J'en suis moins sûr. Et nous savons qu'une des caractéristiques du système allemand, c'est qu'il est rare que le chancelier arrive à imposer quelque chose à son gouvernement, à son administration, à sa coalition. Mais je pense que si la question est de savoir si Merz a envie d'une vision européenne, la réponse est oui.

  • Speaker #0

    Mais ce qui pourrait freiner l'ambition européenne de Friedrich Merz, c'est évidemment, vous l'avez dit tout à l'heure, la faiblesse de sa coalition. et aussi le fait que lui-même est impopulaire, il l'est encore plus. plus que ne l'était Olaf Scholz à ce moment du mandat. Et l'AFD termine l'année aussi haute que la CDU-CSU. Une AFD d'ailleurs qui multiplie les rencontres avec la galaxie MAGA, les réseaux de Donald Trump, sans parler de financements occultes venus de Chine ou de Russie. Comment composer avec cet ennemi de l'intérieur ?

  • Speaker #2

    Il y a quelque chose de commun entre la menace américaine et la menace russe, et des menaces intérieures de mouvements qui sont parfois plutôt plus proche des thèses américaines ou russes actuelles que des thèses européennes. Donc, oui. Ça fait partie du sujet et je crois qu'il y a une ligne de division idéologique en Europe aujourd'hui et qu'il faut être capable de se battre sur cette ligne pour, en quelque sorte, cesser de reculer, ce qui a malheureusement été le cas au cours des 10 ou 15 dernières années.

  • Speaker #0

    Tout de même, est-ce que vous avez un vœu pour 2026 ?

  • Speaker #2

    Le souhait, c'est que l'Europe trouve les moyens de remédier à ses faiblesses. Il faut les constater. Nous sommes faibles démocratiquement, faibles économiquement, faibles technologiquement, faibles stratégiquement dans le monde d'aujourd'hui. Le diagnostic est assez clair. Mon souhait, c'est qu'on arrive enfin à un plan, commençant par ci, ensuite par ça, ensuite par ça, pour sortir de cette situation difficile. Et de ce point de vue-là, je trouve que ça manque. Alors, il y a ce que peuvent faire des think tanks, qu'est-ce que peut faire ? Les activistes de l'intégration européenne, il y a aussi à mon avis, se devraient faire une commission européenne qui, de mon point de vue, a trop abandonné ce terrain de la prévision, de la vision, de ce qui doit être le dessin de l'avenir de l'Europe.

  • Speaker #0

    Voilà, quand je vous disais qu'on n'y allait pas par quatre chemins au dialogue Paris-Eurplatz, et d'ailleurs en parlant avec les uns ou les autres pendant ces deux jours, franchement c'était très difficile de ne pas le constater. Tout le monde était un peu déprimé, l'année ne nous a pas ménagé. C'était les montagnes russes, me raconte Sébastien, un participant au dialogue et qui s'occupe des relations franco-allemandes pour le land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie.

  • Speaker #3

    C'est vrai qu'on a commencé l'année avec déjà beaucoup de craintes. Entre temps, on avait l'espoir d'un renouvellement dans la politique allemande avec les élections, un nouveau chancelier. Et hélas, on voit maintenant que cette nouvelle coalition n'a pas vraiment réussi à... Être un game changer, d'accélérer, renouveler la politique et l'économie allemande, c'est vrai qu'on a un peu d'espoir pour l'économie, mais on n'est pas là encore. Par exemple, il y a tout un projet de modernisation de l'État en Allemagne, des grandes réformes qui s'annoncent. On n'est pas aussi loin qu'on l'avait prévu ou annoncé même, mais il y a le projet. Mais aussi dans le franco-allemand, il faut dire qu'il y a eu une nouvelle impulsion, un nouveau élan qui n'ont pas encore délivré leurs fruits, mais qui donne de l'espoir que dans l'année prochaine, on puisse avancer. Et donc, c'est vrai, on a peut-être quand même aussi un peu un problème de déception dans le sens qu'on s'attendait à plus. Et il y a énormément de facteurs dans la... L'économie et la politique portent des grandes incertitudes, ce qui fait qu'on reste inquiet, à vrai dire. On arrive à la fin de l'année peut-être même un peu plus inquiet qu'on l'avait commencé.

  • Speaker #0

    Alors, si vous le voulez bien, on va dérouler le fil de l'année. D'abord, les attentats de l'hiver qui ont donné le ton de la campagne électorale. On a un peu oublié ce sentiment très oppressant des premières semaines de 2025. Mac de Bourg, À Schaffenburg, il y a eu aussi une voiture bélier à Munich. Tout ça, ça s'est arrêté après les élections, ce qui alimente le discours de ceux qui pensent que la Russie est derrière ces attaques. Mais en tout cas, une ingérence directe très claire pendant la campagne électorale, incontestable, c'est celle d'Elon Musk au profit de l'AFD. Il est intervenu, par exemple, lors d'un meeting. Et d'une façon générale, les débuts de Donald Trump dans le bureau Oval, ça a vraiment joué un rôle dans les élections. Avec ce moment de bascule, le 23 février, Friedrich Merz, en direct à la télévision, quelques minutes après le résultat des élections.

  • Speaker #4

    Pour moi, il est absolument prioritaire d'améliorer l'Europe pour que nous atteignions l'indépendance des États-Unis.

  • Speaker #0

    Il faut dire qu'on est une semaine après le discours du vice-président américain G. Devens à la conférence pour la sécurité de Munich, où il a assommé les Européens avec des attaques directes sur notre système de valeurs démocratiques. Alors aujourd'hui, on sait que ça annonçait cette stratégie nationale de sécurité signée Donald Trump, qui nous est tombée dessus il y a quelques jours. Mais sur le moment, c'était la stupeur. Dans la salle se souvient Nicole Koenig, docteure en relations internationales et responsable des affaires politiques, justement à la conférence pour la sécurité de Munich.

  • Speaker #5

    Oui, je pense que ça a vraiment marqué l'Allemagne, qui de son orientation de politique étrangère a toujours été transatlantique, et surtout aussi le chancelier Merz. Pour lui de mentionner, peut-être on ne peut plus tellement compter sur les Américains, le jour de l'élection, ça c'était quelque chose d'assez surprenant. Et je pense que maintenant ce qu'on voit, c'est qu'on a vu des grands changements dans la politique de défense, de sécurité de l'Allemagne cette année. Au niveau diplomatique, oui on a vu du leadership allemand ensemble avec les amis français, avec les Polonais, avec les Britanniques. Mais la question c'est, est-ce que c'est assez ? Parce qu'on voit aussi en même temps que le leadership, tout ce qui est négociation par rapport à l'Ukraine est toujours avec les Américains. Et que souvent on a des propositions américaines et ensuite on a une coalition européenne avec les Allemands, avec les Français et autres, qui essayent un peu de changer les propositions, mais d'une manière très réactive. Mais ça, à mon avis, ce n'est pas une question du chancelier, c'est une question européenne par rapport au leadership américain.

  • Speaker #0

    En tout cas, Friedrich Merz réagit vite. Avant même d'avoir bouclé les négociations de coalition, il fait un virage à 180 degrés et brise le tabou du frein à la dette pour les dépenses de défense. Si votre mémoire n'est pas très claire sur ce moment, on peut qualifier d'historique, je pense. Vous pouvez réécouter l'épisode 8 du 14 mars dernier où je vous expliquais tout ça en détail. Huit mois plus tard, et ça c'était dans le dernier épisode, en novembre, on a une idée plus précise de la façon dont cette manne, ce trésor de guerre, va être dépensé. L'Allemagne investit massivement dans sa défense et c'est bon à prendre pour la sécurité européenne. Et là, tous les participants du dialogue étaient absolument d'accord sur ce point. Mais j'ai retenu pour vous l'avis de la chercheuse slovaque Vladislava Gubalova de l'Institut Globsec.

  • Speaker #6

    Comme je viens de l'Europe centrale et orientale, avec une perspective un peu extérieure, je dirais qu'il y a eu des signaux très positifs. Le signal principal, c'est le déblocage de sommes d'argent très importantes qui vont maintenant être déployées et utilisées. C'est un game changer. Les pays de l'Est de l'Europe et les pays baltes aussi ont été très proactifs et nous avions vraiment besoin. de nos grands partenaires. Nous voyons maintenant que ça bouge dans la bonne direction. Par exemple, en Bulgarie, il y a eu récemment la signature d'un grand contrat d'armement avec les Allemands, donc cela a des effets de synergie sur place. Mais maintenant, il faut voir vraiment comment cela va évoluer. Les actions concrètes nous diront si c'est un game changer.

  • Speaker #0

    J'en ai aussi profité pour lui demander ce qu'elle pensait du duo franco-allemand de 2025. Bien relancé ces derniers mois. avec notamment des annonces fortes au Conseil des ministres communs à Toulon fin août et aussi le sommet de la souveraineté numérique en novembre. L'avis de Vlatislava Goubalova m'intéressait particulièrement parce qu'il y a deux ans, exactement pendant le dialogue Paris-Eurplat, j'avais été très marquée par le témoignage d'un homme politique qui n'était ni allemand ni français et qui racontait que dans tous les pays européens où il se rendait, systématiquement on lui disait que le problème principal de l'Europe, c'était la mésentente entre Paris et Berlin.

  • Speaker #6

    C'est un problème quand ils ne travaillent pas ensemble et qu'ils ne s'entendent pas sur un grand but commun à atteindre. Donc oui, quand on constate des frictions, c'est un problème. Et aussi quand on voit qu'ils ignorent le reste des Européens. Mais je crois que là, il y a une bonne entente. Et le récit européen a changé. Ça ne peut pas être que la France et l'Allemagne, seulement ces deux-là. On a besoin des pays nordiques, des pays baltes, de tout le monde en fait. par la démonstration de notre cohésion, peser comme entité U.U. et utiliser des leviers plus ambitieux. Et c'est là où l'Allemagne peut jouer un plus grand rôle. Il faut passer à l'action. Nous parlons, mais maintenant au travail.

  • Speaker #0

    Toujours sur ces questions de défense, une réforme a beaucoup occupé la coalition, c'est celle du service militaire. Là encore, je vous renvoie à l'épisode précédent. Le vote définitif au Bundestag a eu lieu la semaine dernière, avec au même moment dans plus de 80 villes d'Allemagne, des appels à la grève et des manifestations de lycéens. Le retour de la conscription, alors pour l'instant encore sur la base du volontariat, mais ça pourrait changer, mobilise la jeunesse allemande. Si les deux tiers de la population dans son ensemble y sont favorables, les deux tiers des 18-25 ans s'y opposent, comme Gaetano qui est franco-germano-italien.

  • Speaker #7

    Je suis là, ce qui va être concerné par le nouveau service militaire. Donc, je serai l'année prochaine obligé de répondre au questionnaire. Je refuse de faire le service militaire parce que je sais que si j'y participe, l'Allemagne pourra m'obliger, s'il y a une guerre, de me forcer de participer dans la guerre. J'ai 17 ans, j'aimerais bien vivre ma vie. J'ai pas envie de vivre ce que mon grand-père a vécu, quoi. Parce que ce qu'il m'a raconté, c'était pas super. Et presque tous mes amis partagent mon opinion. Mes parents aussi, j'en ai parlé hier soir encore.

  • Speaker #0

    Alors je retiens deux choses de ce témoignage. C'est évidemment d'abord la peur de la guerre en soi. Et puis le fait qu'en réalité, elle est déjà rentrée dans le quotidien de cette génération. Elle s'est invitée à la table familiale, on vient de l'entendre. Et qu'ils décident ou non de faire leur service, c'est désormais un élément que les jeunes doivent prendre en compte quand ils font des plans d'avenir, quand ils organisent leurs années d'études ou de formation. Et ça pose évidemment la question de l'engagement tout court. Note la professeure Elsa Toulmets, chercheuse au centre Marc Bloch de Berlin et qui enseigne également à l'université européenne Viadrina, à la frontière entre l'Allemagne et la Pologne.

  • Speaker #8

    Ce que je perçois en étant beaucoup en lien avec les jeunes, avec les étudiants notamment, c'est qu'il n'y a pas forcément une volonté de s'engager dans ce qui est annoncé au niveau politique à très haut niveau. Et finalement, des stratégies plutôt de développement de soft. power, plus que de hard power, plus que d'engagement dans la Bundeswehr, au contraire des engagements dans des réseaux de soutien à la société civile, des engagements, de vrais engagements pour les questions des droits de l'homme, pour les questions de défense de la dignité aussi. C'est plutôt sur ces aspects-là que j'observe en étant à Berlin et à Francfort-Solodor notamment, aussi à Lille une prise de conscience de la part de la jeunesse qu'ils ont quelque chose à dire, mais il faut trouver les moyens de le faire. Comment les jeunes ... Ils peuvent développer leur capacité à avoir une voix qui soit entendue et apporter également une pierre au débat. Leur donner une voix, c'est déjà un premier accès à leurs droits.

  • Speaker #0

    C'est certainement un phénomène qu'il faudra suivre l'an prochain. Mais oui, 2025 d'ores et déjà a été marqué quand même par l'irruption de cette jeunesse dans le débat public, même si démographiquement et électoralement, c'est une classe d'âge qui pèse assez peu. Encore que c'est aux voix des jeunes qu'il faut attribuer sans doute la remontada du parti d'Illinké aux élections de février. à 11% dans les sondages et parfois, selon les instituts, il dépasse les verts. Le SPD est stable dans une fourchette très basse, 14-15%. La CDU-CSU aussi est à la peine, 25-26%, c'est moins qu'en février, tandis que l'AFD confirme son statut de premier parti dans pas mal d'études d'opinion à 26%. Mais ça, je le garde pour un prochain épisode. Surtout si les rapprochements de l'AFD avec les États-Unis de Trump se poursuivent et s'intensifient, il y aura matière à analyse. et à explications l'an prochain, c'est promis, mais à l'heure du bilan de 2025, je vous ai absolument consacré une partie de cet épisode à la situation économique de l'Allemagne. A priori, on va sortir de la récession, mais alors vraiment tout juste, les dernières projections parlent de 0,1% de croissance seulement. Il n'y a pas d'envolée du chômage parce que le pays, on le sait bien, manque structurellement de bras et de tête. Mais il y a quand même beaucoup de destruction d'emplois, notamment dans l'industrie électro-métallurgique, qui a perdu 105 000 salariés en un an. La désindustrialisation de l'Allemagne se fait vraiment sous nos yeux. Dernier exemple, Volkswagen. Malgré la promesse, il y a un an, de ne pas toucher aux usines allemandes, on vient d'apprendre que la production allait cesser dans la petite fabrique de Dresde, l'une des plus modernes du pays.

  • Speaker #9

    Reportage David Philippot.

  • Speaker #10

    Dans la grande manufacture tout en vert, la production se fait dans une ambiance ouettée, comme dans un sanatorium. Les ouvriers, en chasuble blanche, glissent sur le parquet de bois clair qui tourne lentement comme un grand manège.

  • Speaker #6

    Ça fait une différence si vous êtes debout toute la journée sur du béton, du carrelage, ou bien comme au sport, plutôt sur un sol souple. Sur la chaîne de production,

  • Speaker #0

    tout a été pensé pour le bien-être du dos et l'ergonomie au travail.

  • Speaker #10

    Inès, la guide, insiste. Depuis son ouverture en 2001, l'usine est le joyau de Volkswagen, posée comme un diamant en plein cœur de la ville baroque. Une manne touristique à 30 millions d'euros par an. Ici la fascination pour Das Auto. Ce vit comme une expérience physique, presque sensuelle. Pourtant, dans quelques jours, la production va s'arrêter. Après des années d'incertitude, les salariés ont appris au début du mois que le groupe allait débrancher leur fabrique. René Rostock, 52 ans, est représentant du personnel.

  • Speaker #11

    Ce qui s'est passé ici ces dernières années, c'est une énorme rupture du lien de confiance avec notre direction, notre patron. Et surtout avec Volkswagen, qui proclame toujours que la co-gestion est partie intégrante du succès.

  • Speaker #10

    Mais les modèles électriques montés ici ne se vendent pas trop cher. Le contexte international n'explique pas tout, selon Stéphane Elie du syndicat IG Metall.

  • Speaker #12

    C'était au siège de Wolfsburg que tout est décidé. Volkswagen a été porté pendant des années par le marché chinois et le marché nord-américain.

  • Speaker #10

    Les syndicats ont négocié que les 300 employés du site conservent salaire et activité pendant 5 ans, mais être payé pour actionner des machines prétextes, comme dans un musée, est une perspective qui rebute les ouvriers. Pour René Rostock, une question de dignité et de respect de leur travail.

  • Speaker #11

    À Dresde, après la réunification, on n'avait plus que 10% d'industrie. Avant, on avait des centaines de milliers de travailleurs très qualifiés, du savoir-faire, mais on les a laissés partir. Beaucoup de jeunes et beaucoup de familles ont quitté la région pour aller à l'ouest. Et maintenant, j'ai l'impression de revivre la même chose. C'est très dangereux. Franchement, l'Allemagne ne fera jamais la différence comme destination touristique. Alors il faut trouver des alternatives, produire quelque chose. On a donc besoin d'ouvriers. et encore d'ouvriers. L'avenir de ce site, quel qu'il soit, devra tourner autour de la voiture.

  • Speaker #10

    Stéphane Elie de IG Metall mesure aussi déjà les risques pour la cohésion économique et sociale de la région.

  • Speaker #12

    La Saxe a une tradition de construction automobile. Il y a beaucoup de sous-traitants. Les enjeux sont très grands. Les dégâts économiques des derniers mois sont déjà énormes.

  • Speaker #10

    Une partie de l'usine va être louée à l'université technique de Dresde qui va y installer un campus d'excellence en microélectronique et en science des matériaux. Volkswagen va soutenir cette recherche avec 50 millions d'euros sur 7 ans.

  • Speaker #0

    Et pour parler en détail du bilan économique de 2025, je vous propose un entretien enregistré avec la chercheuse Marie Karpata du comité d'études des relations franco-allemandes de l'IFRI. participante au dialogue par Iserplatz. C'était-elle déjà que j'avais interrogé sur les ambitions et sur le programme économique du candidat Friedrich Merz l'hiver dernier ? Quelle analyse fait-elle maintenant ?

  • Speaker #13

    Je pense que ce qui est intéressant, c'est de voir que Friedrich Merz est arrivé en disant « Nous, on va apporter une compétence économique, « Wirtschaftskompetenz, on a une légitimité économique. » Et puis, en fait, l'Allemagne fait face quand même à un contexte très compliqué avec effectivement la guerre en Ukraine qui a eu… Des conséquences sur le stand-up de Deutschland, sur la base industrielle allemande, avec la hausse des coûts énergétiques du fait du découplage par rapport à la Russie. Mais il y a évidemment aussi le retour de Trump à la Maison-Blanche avec les droits de douane, donc 15% de droits de douane sur les importations européennes. Il y a la Chine évidemment aussi avec les restrictions aux exportations et notamment sur les minerais critiques. mais aussi sur les semi-conducteurs qui mettent à mal l'industrie, et notamment l'industrie automobile en Allemagne. Donc tout ça, c'est très compliqué. Et je pense qu'il y a un contexte géopolitique qui devient de plus en plus prégnant. Et évidemment, les droits de douane, à la fois, on s'est dit, bon, 15%, c'est pas si grave, mais en même temps, 15%, évidemment, ça se... ressent, et notamment pour les petites et moyennes entreprises. Donc les grandes entreprises ont les épaules pour ça, par contre les petites et moyennes entreprises c'est plus compliqué.

  • Speaker #0

    Donc pas d'effet merde sur l'économie ?

  • Speaker #13

    Globalement je pense qu'il y a eu quand même un accueil plutôt chaleureux lors du Tractate of Russian Industry, donc il y a une espèce de nouvel élan, un nouveau dynamisme qui a été ressenti au niveau industriel, mais bon, avec toujours cette promesse. la volonté de voir qu'est-ce que ça donne ensuite concrètement, donc tangiblement. Alors il y a beaucoup de sommets de l'automobile évidemment, les industriels de l'automobile présentent leur doléance. Il y a aussi le Zofart Programme, un certain nombre de mesures qui ont été prises notamment pour réduire l'impôt sur les sociétés, mais aussi concernant les amortissements des entreprises quand elles achètent des facteurs de production. mais aussi concernant la flotte automobile des entreprises. Donc, il y a quand même des annonces qui ont été faites, qui laissaient présager plutôt un avenir plus serein que ce qu'on a connu précédemment. Mais maintenant, il va falloir livrer, il va falloir montrer des résultats.

  • Speaker #0

    Les syndicats sont très critiques sur toutes ces annonces. Ils disent qu'après l'automne des réformes, proclamées par Mertz, on va maintenant entrer dans un hiver des licenciements. Et d'ailleurs, ça a déjà commencé.

  • Speaker #13

    Oui, Bosch, par exemple, dans la sous-traitance automobile, c'est 13 000. suppressions d'emplois qui ont été annoncées. Cela fait suite à la suppression de 9000 emplois qui avaient été annoncés l'an dernier, dont la moitié en ont déjà eu lieu. Donc tout ça, c'est évidemment effrayant pour l'Allemagne. On sait que l'industrie automobile, c'est 800 000 emplois. C'est un ancrage territorial au Bas-de-Württemberg, en Bavière, en Bas-Saxe. C'est évidemment aussi très psychologique. Enfin, c'est une identité. C'est l'identité allemande qui est aussi axée sur... Sur cette industrie-là, il y a des synergies dans beaucoup d'autres secteurs, dans la chimie, la sidérurgie, les nouvelles technologies de l'information et de la communication. Donc tout ça, évidemment, ça inquiète.

  • Speaker #0

    Et c'est ce qui explique sans doute la position de l'Allemagne à Bruxelles et son offensive contre la fin du moteur thermique en 2035, car son industrie tout simplement n'est pas prête à ça. Berlin veut démanteler. Cette mesure emblématique du pacte vert, qui d'ailleurs peut-être a s'appuyer sur les voies de l'extrême droite au Parlement européen, on verra ça, c'est vraiment en train de se jouer là, ces jours-ci.

  • Speaker #13

    Oui, mais c'est un secteur qui est vraiment au cœur de l'économie allemande, donc ça, ça va être important de voir comment les choses vont se faire. Alors, il semblerait qu'il y ait une préférence européenne aussi qui aurait été négociée, donc ça, ça serait plutôt favorable à la France. Sur ce plan, avait aussi essayé de pousser les pions. Un autre sujet évidemment qui va être important, c'est les accords commerciaux. Donc là, il y a l'accord Union Européenne-Mercosur. On devrait savoir davantage le 20 décembre prochain. On sait que la France est plutôt contre, l'Allemagne évidemment est pour, mais aussi pour des raisons de sécurité économique, pour avoir davantage de débouchés, notamment pour l'industrie automobile d'ailleurs, mais aussi pour... pour avoir une autre source d'approvisionnement pour les minéraux critiques, justement. Donc, si jamais ces minéraux critiques ne sont plus livrés par la Chine, on aurait d'autres sources d'approvisionnement, des minéraux critiques qui sont importants pour l'industrie et pour la transition numérique et la transition verte, qui est donc un enjeu très important en Allemagne et en Europe en général.

  • Speaker #0

    Marie, parmi les décisions fortes de l'année, il faut revenir évidemment sur le choix spectaculaire de Merz. de mettre fin à la politique d'austérité allemande. Le vote du fonds d'investissement, l'assouplissement des règles d'endettement, avant même la signature du contrat de coalition.

  • Speaker #13

    Les 500 milliards d'euros pour moderniser les infrastructures en Allemagne et l'assouplissement du frein à l'endettement, alors ça c'était une rupture d'un tabou en Allemagne. C'était un tournant à 180 degrés aussi avec ce qu'avait proposé Frédéric Simat pendant la campagne électorale. Et donc ça a nécessité une révision de la constitution. Donc ça a été passé avec une majorité des deux tiers au Bundestag sortant, avec donc les Verts qui ne sont actuellement pas au gouvernement. Et donc ça effectivement c'est un programme, il faudra voir comment il se met en place. Donc maintenant il va falloir amener des résultats, apporter des résultats sur base de cet argent qui est déployé.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'on sait déjà où vont aller ces 500 milliards d'euros ?

  • Speaker #13

    Évidemment, ça va aller dans les infrastructures de transport, dans l'énergie. Il y a un certain nombre d'instituts économiques allemands qui avaient pointé du doigt les nécessités d'investir dans ces infrastructures. Et on estime évidemment que ça va avoir un effet multiplicateur aussi sur l'économie en général.

  • Speaker #0

    Pour l'instant, on ne voit pas du tout cet effet de levier, pas d'effet magique. Frédéric Schmerz non plus, on vient de le dire. On a l'impression en fait que le seul effet qui influence vraiment l'économie allemande, c'est Trump.

  • Speaker #13

    Oui, alors bon, évidemment, les 500 milliards d'euros, il faut le temps pour que ça se déploie. Il faut les capacités aussi humaines pour l'allocation de ces moyens en réalité. Donc tout ça, ça prend évidemment du temps. Alors effectivement, l'effet Trump est un effet très important parce qu'il y a beaucoup d'entreprises qui souhaitent finalement contourner. les droits de douane américains et qui, de ce fait, vont s'installer aux Etats-Unis. Elles voient dans l'industrie automobile qui est si importante pour l'Allemagne, réfléchissent à se réorienter stratégiquement, se positionner sur le marché américain pour échapper à ces droits de douane.

  • Speaker #0

    Alors, dans le reportage, on s'est penché sur l'exemple de Volkswagen. À l'automne, la marque a été contrainte de ralentir, voire de suspendre la production dans plusieurs de ses usines car il y avait des tensions sur la chaîne d'approvisionnement en semi-conducteur. Alors officiellement, cela n'a rien à voir avec l'affaire Nexperia et le bras de fer entre les Pays-Bas et la Chine. Mais la question se pose quand même, Marie, est-ce que l'économie allemande accélère son dérisking ? On en est où de ce découplage progressif avec la Chine ?

  • Speaker #13

    Alors pour la Chine, on a vu dans le contrat de coalition la volonté de mettre à jour la stratégie globale vis-à-vis de la Chine. Et donc là, il y a une commission. sur ce travail sur les dépendances par rapport à la Chine qui a été mis en place récemment. Donc on tente d'avoir quand même des solutions sur un certain nombre de dossiers critiques comme les minéraux critiques, comme les semi-conducteurs aussi. Et on entend de plus en plus du ministère de l'Économie, sous madame Catherine Reich, des critiques aussi par rapport aux industriels en disant « mais en fait vous n'avez pas appris vos leçons de la crise de la Covid-19 » . Donc vous n'avez pas... fait des chaînes d'approvisionnement qui prennent en compte la possibilité d'une rupture d'approvisionnement de Chine. Et donc là, c'est toujours la question, quel est le rôle de l'État ensuite ? Est-ce qu'il faut sauver ces entreprises ? Donc c'est ça un peu le débat en ce moment.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Marie-Crippata Dusserfa. Et c'est ainsi que s'achève cette rétrospective de l'année 2025 en Allemagne pour être tout à fait complète. Il aurait fallu que je vous parle aussi des grandes discussions très agitées des deux derniers mois autour de la réforme des retraites. Grosse, grosse crise interne dans la coalition avec un Friedrich Merz très à la peine pour tenir ses troupes. Et puis ça s'annonce sportif également sur la réforme de l'allocation citoyenne, le fameux Burger Geld. Je vous rappelle que la grande coalition au pouvoir, CDU, CSU, SPD, ne dispose que de 328 députés au Bundestag, c'est-à-dire qu'elle n'a une marge que de 12 sièges. Et on l'a vu dès le tout premier vote du chancelier le 6 mai dernier, qu'il suffit de quelques frondeurs pour faire tanguer. tout l'édifice. C'est la fin de cet épisode et la fin de cette saison 5. Le podcast avec un K revient en janvier avec des reportages, des analyses pour suivre l'actualité allemande en français. D'ici là, partagez, réécoutez, mettez des étoiles dans les applis. Je m'appelle Hélène Kohl avec un K et je vous dis à bientôt. Bisbald !

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Description

Rétrospective pas complètement déprimée pour ce bilan de l'année !

Les élections de 2025 ont-elles changé la donne en Allemagne et en Europe ? Merz est-il un game changer ?

Un épisode enregistré en marge du Dialogue Pariser Platz du Centre Delors de Berlin intitulé cette année “Europe’s Moment – Franco-German action in the wake of an eroding global order”



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et allô à toutes et à tous, ici Berling. Quelle année ! 2025 a débuté dans le choc et l'effroi, avec une série d'attaques meurtrières qui ont évidemment influencé la campagne électorale. Dans un contexte de poussée des extrêmes, et au fil des mois, les populistes ont même continué à progresser, la faiblesse de la coalition de Friedrich Merz se rappelle à chaque réforme, à chaque loi qu'il faut négocier. Le chancelier voulait changer de ton par l'effort éclair, il apprend la réelle politique. Cette année, il a parfois réveillé des espoirs, relancé des dossiers, brisé des tabous. Mais l'économie allemande ne repart pas aussi vite qu'annoncé. Cela nourrit de nouveaux doutes sur la capacité d'action de l'Allemagne au sein d'une Europe que son ancien allié américain voit désormais comme agonisante. L'ordre mondial est en pleine érosion, la tectonique géopolitique ouvre des failles, la température monte, nous dansons sur un volcan. Bienvenue, installez-vous dans ce dernier épisode de l'année. Alors en décembre ici, les petits-enfants récitent C'est mon préféré parmi tous les chants et les comptines traditionnelles de Noël. J'aime vraiment bien ce court poème qui nous dit que si jamais on se retrouve avec cinq bougies allumées à la fin du mois, alors ça veut dire qu'on s'est endormi et qu'on a raté Noël.

  • Speaker #1

    Et si le cinquième l'éclat brûle, alors tu as froid Noël.

  • Speaker #0

    Mais y a-t-il eu d'autres ratés cette année ? Pour l'actualité allemande, vous pouvez compter sur moi, on va tout repasser en revue dans l'épisode, c'est l'heure de la rétrospective. Mais avec une question sous-jacente, est-ce que Friedrich Merz lui aussi a raté quelque chose ? Après huit mois au pouvoir, on peut tenter un premier bilan. Et pour rassembler le plus d'avis possible, j'ai participé il y a quelques jours au dialogue Pariser Platz, organisé par le Centre Delors ici à Berlin. Alors ça fait six ans que j'ai l'honneur d'être invitée. Pendant deux jours, on se retrouve entre 100 et 150 personnes, chercheurs, journalistes. personnalité de la politique et de la diplomatie pour échanger sur l'action de l'Allemagne et de la France en Europe. C'est un grand forum et on se dit les choses sans détour pour faire surgir des idées et des impulsions. Bref, l'endroit idéal pour tendre mon micro et je vous propose pour commencer d'écouter le petit entretien que j'ai eu avec Pascal Lamy, ancien commissaire européen et coordinateur des instituts Jacques Delors. J'ai commencé par lui demander si l'élection de Friedrich Merz avait changé la donne en Europe.

  • Speaker #2

    Pas encore totalement, compte tenu du fait que je crois que c'est un secret pour personne que la coalition qu'il dirige est un peu branlante, comme on dit en français. Mais en tout cas, ce qui est clair maintenant, c'est que nous avons un chancelier pro-intégration européenne, pour lequel c'est un sujet très important, au point même d'ailleurs qu'il est un peu critiqué pour s'occuper davantage d'Europe que d'Allemagne. Pour nous les autres, si je puis dire, ce n'est pas une nouvelle. Dans l'ensemble néanmoins, l'Europe est dans une situation encore plus difficile que ça n'était le cas l'année dernière, et notamment compte tenu de ce qui se passe en Ukraine. On est encore plus conscient que dans ce monde tel qu'il est en train de se brutaliser, l'Europe est affaiblie. On doit être lucide. Mais d'autre part, ça nous oblige à avoir des idées et peut-être à nous battre un peu plus que davantage pour... défendre et promouvoir ses idées.

  • Speaker #0

    Mais justement, est-ce que vous pensez que l'Allemagne est prête maintenant à être proactive, à arriver vraiment concrètement avec des idées ? En somme, est-ce que Merz sera un chancelier de vision ?

  • Speaker #2

    Je crois que l'homme Merz, je connais pour l'avoir fréquenté du temps où il était dans le business, ma réponse est oui. Est-ce que le système allemand a envie d'une vision et est-ce que il est capable d'en dessiner une ? J'en suis moins sûr. Et nous savons qu'une des caractéristiques du système allemand, c'est qu'il est rare que le chancelier arrive à imposer quelque chose à son gouvernement, à son administration, à sa coalition. Mais je pense que si la question est de savoir si Merz a envie d'une vision européenne, la réponse est oui.

  • Speaker #0

    Mais ce qui pourrait freiner l'ambition européenne de Friedrich Merz, c'est évidemment, vous l'avez dit tout à l'heure, la faiblesse de sa coalition. et aussi le fait que lui-même est impopulaire, il l'est encore plus. plus que ne l'était Olaf Scholz à ce moment du mandat. Et l'AFD termine l'année aussi haute que la CDU-CSU. Une AFD d'ailleurs qui multiplie les rencontres avec la galaxie MAGA, les réseaux de Donald Trump, sans parler de financements occultes venus de Chine ou de Russie. Comment composer avec cet ennemi de l'intérieur ?

  • Speaker #2

    Il y a quelque chose de commun entre la menace américaine et la menace russe, et des menaces intérieures de mouvements qui sont parfois plutôt plus proche des thèses américaines ou russes actuelles que des thèses européennes. Donc, oui. Ça fait partie du sujet et je crois qu'il y a une ligne de division idéologique en Europe aujourd'hui et qu'il faut être capable de se battre sur cette ligne pour, en quelque sorte, cesser de reculer, ce qui a malheureusement été le cas au cours des 10 ou 15 dernières années.

  • Speaker #0

    Tout de même, est-ce que vous avez un vœu pour 2026 ?

  • Speaker #2

    Le souhait, c'est que l'Europe trouve les moyens de remédier à ses faiblesses. Il faut les constater. Nous sommes faibles démocratiquement, faibles économiquement, faibles technologiquement, faibles stratégiquement dans le monde d'aujourd'hui. Le diagnostic est assez clair. Mon souhait, c'est qu'on arrive enfin à un plan, commençant par ci, ensuite par ça, ensuite par ça, pour sortir de cette situation difficile. Et de ce point de vue-là, je trouve que ça manque. Alors, il y a ce que peuvent faire des think tanks, qu'est-ce que peut faire ? Les activistes de l'intégration européenne, il y a aussi à mon avis, se devraient faire une commission européenne qui, de mon point de vue, a trop abandonné ce terrain de la prévision, de la vision, de ce qui doit être le dessin de l'avenir de l'Europe.

  • Speaker #0

    Voilà, quand je vous disais qu'on n'y allait pas par quatre chemins au dialogue Paris-Eurplatz, et d'ailleurs en parlant avec les uns ou les autres pendant ces deux jours, franchement c'était très difficile de ne pas le constater. Tout le monde était un peu déprimé, l'année ne nous a pas ménagé. C'était les montagnes russes, me raconte Sébastien, un participant au dialogue et qui s'occupe des relations franco-allemandes pour le land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie.

  • Speaker #3

    C'est vrai qu'on a commencé l'année avec déjà beaucoup de craintes. Entre temps, on avait l'espoir d'un renouvellement dans la politique allemande avec les élections, un nouveau chancelier. Et hélas, on voit maintenant que cette nouvelle coalition n'a pas vraiment réussi à... Être un game changer, d'accélérer, renouveler la politique et l'économie allemande, c'est vrai qu'on a un peu d'espoir pour l'économie, mais on n'est pas là encore. Par exemple, il y a tout un projet de modernisation de l'État en Allemagne, des grandes réformes qui s'annoncent. On n'est pas aussi loin qu'on l'avait prévu ou annoncé même, mais il y a le projet. Mais aussi dans le franco-allemand, il faut dire qu'il y a eu une nouvelle impulsion, un nouveau élan qui n'ont pas encore délivré leurs fruits, mais qui donne de l'espoir que dans l'année prochaine, on puisse avancer. Et donc, c'est vrai, on a peut-être quand même aussi un peu un problème de déception dans le sens qu'on s'attendait à plus. Et il y a énormément de facteurs dans la... L'économie et la politique portent des grandes incertitudes, ce qui fait qu'on reste inquiet, à vrai dire. On arrive à la fin de l'année peut-être même un peu plus inquiet qu'on l'avait commencé.

  • Speaker #0

    Alors, si vous le voulez bien, on va dérouler le fil de l'année. D'abord, les attentats de l'hiver qui ont donné le ton de la campagne électorale. On a un peu oublié ce sentiment très oppressant des premières semaines de 2025. Mac de Bourg, À Schaffenburg, il y a eu aussi une voiture bélier à Munich. Tout ça, ça s'est arrêté après les élections, ce qui alimente le discours de ceux qui pensent que la Russie est derrière ces attaques. Mais en tout cas, une ingérence directe très claire pendant la campagne électorale, incontestable, c'est celle d'Elon Musk au profit de l'AFD. Il est intervenu, par exemple, lors d'un meeting. Et d'une façon générale, les débuts de Donald Trump dans le bureau Oval, ça a vraiment joué un rôle dans les élections. Avec ce moment de bascule, le 23 février, Friedrich Merz, en direct à la télévision, quelques minutes après le résultat des élections.

  • Speaker #4

    Pour moi, il est absolument prioritaire d'améliorer l'Europe pour que nous atteignions l'indépendance des États-Unis.

  • Speaker #0

    Il faut dire qu'on est une semaine après le discours du vice-président américain G. Devens à la conférence pour la sécurité de Munich, où il a assommé les Européens avec des attaques directes sur notre système de valeurs démocratiques. Alors aujourd'hui, on sait que ça annonçait cette stratégie nationale de sécurité signée Donald Trump, qui nous est tombée dessus il y a quelques jours. Mais sur le moment, c'était la stupeur. Dans la salle se souvient Nicole Koenig, docteure en relations internationales et responsable des affaires politiques, justement à la conférence pour la sécurité de Munich.

  • Speaker #5

    Oui, je pense que ça a vraiment marqué l'Allemagne, qui de son orientation de politique étrangère a toujours été transatlantique, et surtout aussi le chancelier Merz. Pour lui de mentionner, peut-être on ne peut plus tellement compter sur les Américains, le jour de l'élection, ça c'était quelque chose d'assez surprenant. Et je pense que maintenant ce qu'on voit, c'est qu'on a vu des grands changements dans la politique de défense, de sécurité de l'Allemagne cette année. Au niveau diplomatique, oui on a vu du leadership allemand ensemble avec les amis français, avec les Polonais, avec les Britanniques. Mais la question c'est, est-ce que c'est assez ? Parce qu'on voit aussi en même temps que le leadership, tout ce qui est négociation par rapport à l'Ukraine est toujours avec les Américains. Et que souvent on a des propositions américaines et ensuite on a une coalition européenne avec les Allemands, avec les Français et autres, qui essayent un peu de changer les propositions, mais d'une manière très réactive. Mais ça, à mon avis, ce n'est pas une question du chancelier, c'est une question européenne par rapport au leadership américain.

  • Speaker #0

    En tout cas, Friedrich Merz réagit vite. Avant même d'avoir bouclé les négociations de coalition, il fait un virage à 180 degrés et brise le tabou du frein à la dette pour les dépenses de défense. Si votre mémoire n'est pas très claire sur ce moment, on peut qualifier d'historique, je pense. Vous pouvez réécouter l'épisode 8 du 14 mars dernier où je vous expliquais tout ça en détail. Huit mois plus tard, et ça c'était dans le dernier épisode, en novembre, on a une idée plus précise de la façon dont cette manne, ce trésor de guerre, va être dépensé. L'Allemagne investit massivement dans sa défense et c'est bon à prendre pour la sécurité européenne. Et là, tous les participants du dialogue étaient absolument d'accord sur ce point. Mais j'ai retenu pour vous l'avis de la chercheuse slovaque Vladislava Gubalova de l'Institut Globsec.

  • Speaker #6

    Comme je viens de l'Europe centrale et orientale, avec une perspective un peu extérieure, je dirais qu'il y a eu des signaux très positifs. Le signal principal, c'est le déblocage de sommes d'argent très importantes qui vont maintenant être déployées et utilisées. C'est un game changer. Les pays de l'Est de l'Europe et les pays baltes aussi ont été très proactifs et nous avions vraiment besoin. de nos grands partenaires. Nous voyons maintenant que ça bouge dans la bonne direction. Par exemple, en Bulgarie, il y a eu récemment la signature d'un grand contrat d'armement avec les Allemands, donc cela a des effets de synergie sur place. Mais maintenant, il faut voir vraiment comment cela va évoluer. Les actions concrètes nous diront si c'est un game changer.

  • Speaker #0

    J'en ai aussi profité pour lui demander ce qu'elle pensait du duo franco-allemand de 2025. Bien relancé ces derniers mois. avec notamment des annonces fortes au Conseil des ministres communs à Toulon fin août et aussi le sommet de la souveraineté numérique en novembre. L'avis de Vlatislava Goubalova m'intéressait particulièrement parce qu'il y a deux ans, exactement pendant le dialogue Paris-Eurplat, j'avais été très marquée par le témoignage d'un homme politique qui n'était ni allemand ni français et qui racontait que dans tous les pays européens où il se rendait, systématiquement on lui disait que le problème principal de l'Europe, c'était la mésentente entre Paris et Berlin.

  • Speaker #6

    C'est un problème quand ils ne travaillent pas ensemble et qu'ils ne s'entendent pas sur un grand but commun à atteindre. Donc oui, quand on constate des frictions, c'est un problème. Et aussi quand on voit qu'ils ignorent le reste des Européens. Mais je crois que là, il y a une bonne entente. Et le récit européen a changé. Ça ne peut pas être que la France et l'Allemagne, seulement ces deux-là. On a besoin des pays nordiques, des pays baltes, de tout le monde en fait. par la démonstration de notre cohésion, peser comme entité U.U. et utiliser des leviers plus ambitieux. Et c'est là où l'Allemagne peut jouer un plus grand rôle. Il faut passer à l'action. Nous parlons, mais maintenant au travail.

  • Speaker #0

    Toujours sur ces questions de défense, une réforme a beaucoup occupé la coalition, c'est celle du service militaire. Là encore, je vous renvoie à l'épisode précédent. Le vote définitif au Bundestag a eu lieu la semaine dernière, avec au même moment dans plus de 80 villes d'Allemagne, des appels à la grève et des manifestations de lycéens. Le retour de la conscription, alors pour l'instant encore sur la base du volontariat, mais ça pourrait changer, mobilise la jeunesse allemande. Si les deux tiers de la population dans son ensemble y sont favorables, les deux tiers des 18-25 ans s'y opposent, comme Gaetano qui est franco-germano-italien.

  • Speaker #7

    Je suis là, ce qui va être concerné par le nouveau service militaire. Donc, je serai l'année prochaine obligé de répondre au questionnaire. Je refuse de faire le service militaire parce que je sais que si j'y participe, l'Allemagne pourra m'obliger, s'il y a une guerre, de me forcer de participer dans la guerre. J'ai 17 ans, j'aimerais bien vivre ma vie. J'ai pas envie de vivre ce que mon grand-père a vécu, quoi. Parce que ce qu'il m'a raconté, c'était pas super. Et presque tous mes amis partagent mon opinion. Mes parents aussi, j'en ai parlé hier soir encore.

  • Speaker #0

    Alors je retiens deux choses de ce témoignage. C'est évidemment d'abord la peur de la guerre en soi. Et puis le fait qu'en réalité, elle est déjà rentrée dans le quotidien de cette génération. Elle s'est invitée à la table familiale, on vient de l'entendre. Et qu'ils décident ou non de faire leur service, c'est désormais un élément que les jeunes doivent prendre en compte quand ils font des plans d'avenir, quand ils organisent leurs années d'études ou de formation. Et ça pose évidemment la question de l'engagement tout court. Note la professeure Elsa Toulmets, chercheuse au centre Marc Bloch de Berlin et qui enseigne également à l'université européenne Viadrina, à la frontière entre l'Allemagne et la Pologne.

  • Speaker #8

    Ce que je perçois en étant beaucoup en lien avec les jeunes, avec les étudiants notamment, c'est qu'il n'y a pas forcément une volonté de s'engager dans ce qui est annoncé au niveau politique à très haut niveau. Et finalement, des stratégies plutôt de développement de soft. power, plus que de hard power, plus que d'engagement dans la Bundeswehr, au contraire des engagements dans des réseaux de soutien à la société civile, des engagements, de vrais engagements pour les questions des droits de l'homme, pour les questions de défense de la dignité aussi. C'est plutôt sur ces aspects-là que j'observe en étant à Berlin et à Francfort-Solodor notamment, aussi à Lille une prise de conscience de la part de la jeunesse qu'ils ont quelque chose à dire, mais il faut trouver les moyens de le faire. Comment les jeunes ... Ils peuvent développer leur capacité à avoir une voix qui soit entendue et apporter également une pierre au débat. Leur donner une voix, c'est déjà un premier accès à leurs droits.

  • Speaker #0

    C'est certainement un phénomène qu'il faudra suivre l'an prochain. Mais oui, 2025 d'ores et déjà a été marqué quand même par l'irruption de cette jeunesse dans le débat public, même si démographiquement et électoralement, c'est une classe d'âge qui pèse assez peu. Encore que c'est aux voix des jeunes qu'il faut attribuer sans doute la remontada du parti d'Illinké aux élections de février. à 11% dans les sondages et parfois, selon les instituts, il dépasse les verts. Le SPD est stable dans une fourchette très basse, 14-15%. La CDU-CSU aussi est à la peine, 25-26%, c'est moins qu'en février, tandis que l'AFD confirme son statut de premier parti dans pas mal d'études d'opinion à 26%. Mais ça, je le garde pour un prochain épisode. Surtout si les rapprochements de l'AFD avec les États-Unis de Trump se poursuivent et s'intensifient, il y aura matière à analyse. et à explications l'an prochain, c'est promis, mais à l'heure du bilan de 2025, je vous ai absolument consacré une partie de cet épisode à la situation économique de l'Allemagne. A priori, on va sortir de la récession, mais alors vraiment tout juste, les dernières projections parlent de 0,1% de croissance seulement. Il n'y a pas d'envolée du chômage parce que le pays, on le sait bien, manque structurellement de bras et de tête. Mais il y a quand même beaucoup de destruction d'emplois, notamment dans l'industrie électro-métallurgique, qui a perdu 105 000 salariés en un an. La désindustrialisation de l'Allemagne se fait vraiment sous nos yeux. Dernier exemple, Volkswagen. Malgré la promesse, il y a un an, de ne pas toucher aux usines allemandes, on vient d'apprendre que la production allait cesser dans la petite fabrique de Dresde, l'une des plus modernes du pays.

  • Speaker #9

    Reportage David Philippot.

  • Speaker #10

    Dans la grande manufacture tout en vert, la production se fait dans une ambiance ouettée, comme dans un sanatorium. Les ouvriers, en chasuble blanche, glissent sur le parquet de bois clair qui tourne lentement comme un grand manège.

  • Speaker #6

    Ça fait une différence si vous êtes debout toute la journée sur du béton, du carrelage, ou bien comme au sport, plutôt sur un sol souple. Sur la chaîne de production,

  • Speaker #0

    tout a été pensé pour le bien-être du dos et l'ergonomie au travail.

  • Speaker #10

    Inès, la guide, insiste. Depuis son ouverture en 2001, l'usine est le joyau de Volkswagen, posée comme un diamant en plein cœur de la ville baroque. Une manne touristique à 30 millions d'euros par an. Ici la fascination pour Das Auto. Ce vit comme une expérience physique, presque sensuelle. Pourtant, dans quelques jours, la production va s'arrêter. Après des années d'incertitude, les salariés ont appris au début du mois que le groupe allait débrancher leur fabrique. René Rostock, 52 ans, est représentant du personnel.

  • Speaker #11

    Ce qui s'est passé ici ces dernières années, c'est une énorme rupture du lien de confiance avec notre direction, notre patron. Et surtout avec Volkswagen, qui proclame toujours que la co-gestion est partie intégrante du succès.

  • Speaker #10

    Mais les modèles électriques montés ici ne se vendent pas trop cher. Le contexte international n'explique pas tout, selon Stéphane Elie du syndicat IG Metall.

  • Speaker #12

    C'était au siège de Wolfsburg que tout est décidé. Volkswagen a été porté pendant des années par le marché chinois et le marché nord-américain.

  • Speaker #10

    Les syndicats ont négocié que les 300 employés du site conservent salaire et activité pendant 5 ans, mais être payé pour actionner des machines prétextes, comme dans un musée, est une perspective qui rebute les ouvriers. Pour René Rostock, une question de dignité et de respect de leur travail.

  • Speaker #11

    À Dresde, après la réunification, on n'avait plus que 10% d'industrie. Avant, on avait des centaines de milliers de travailleurs très qualifiés, du savoir-faire, mais on les a laissés partir. Beaucoup de jeunes et beaucoup de familles ont quitté la région pour aller à l'ouest. Et maintenant, j'ai l'impression de revivre la même chose. C'est très dangereux. Franchement, l'Allemagne ne fera jamais la différence comme destination touristique. Alors il faut trouver des alternatives, produire quelque chose. On a donc besoin d'ouvriers. et encore d'ouvriers. L'avenir de ce site, quel qu'il soit, devra tourner autour de la voiture.

  • Speaker #10

    Stéphane Elie de IG Metall mesure aussi déjà les risques pour la cohésion économique et sociale de la région.

  • Speaker #12

    La Saxe a une tradition de construction automobile. Il y a beaucoup de sous-traitants. Les enjeux sont très grands. Les dégâts économiques des derniers mois sont déjà énormes.

  • Speaker #10

    Une partie de l'usine va être louée à l'université technique de Dresde qui va y installer un campus d'excellence en microélectronique et en science des matériaux. Volkswagen va soutenir cette recherche avec 50 millions d'euros sur 7 ans.

  • Speaker #0

    Et pour parler en détail du bilan économique de 2025, je vous propose un entretien enregistré avec la chercheuse Marie Karpata du comité d'études des relations franco-allemandes de l'IFRI. participante au dialogue par Iserplatz. C'était-elle déjà que j'avais interrogé sur les ambitions et sur le programme économique du candidat Friedrich Merz l'hiver dernier ? Quelle analyse fait-elle maintenant ?

  • Speaker #13

    Je pense que ce qui est intéressant, c'est de voir que Friedrich Merz est arrivé en disant « Nous, on va apporter une compétence économique, « Wirtschaftskompetenz, on a une légitimité économique. » Et puis, en fait, l'Allemagne fait face quand même à un contexte très compliqué avec effectivement la guerre en Ukraine qui a eu… Des conséquences sur le stand-up de Deutschland, sur la base industrielle allemande, avec la hausse des coûts énergétiques du fait du découplage par rapport à la Russie. Mais il y a évidemment aussi le retour de Trump à la Maison-Blanche avec les droits de douane, donc 15% de droits de douane sur les importations européennes. Il y a la Chine évidemment aussi avec les restrictions aux exportations et notamment sur les minerais critiques. mais aussi sur les semi-conducteurs qui mettent à mal l'industrie, et notamment l'industrie automobile en Allemagne. Donc tout ça, c'est très compliqué. Et je pense qu'il y a un contexte géopolitique qui devient de plus en plus prégnant. Et évidemment, les droits de douane, à la fois, on s'est dit, bon, 15%, c'est pas si grave, mais en même temps, 15%, évidemment, ça se... ressent, et notamment pour les petites et moyennes entreprises. Donc les grandes entreprises ont les épaules pour ça, par contre les petites et moyennes entreprises c'est plus compliqué.

  • Speaker #0

    Donc pas d'effet merde sur l'économie ?

  • Speaker #13

    Globalement je pense qu'il y a eu quand même un accueil plutôt chaleureux lors du Tractate of Russian Industry, donc il y a une espèce de nouvel élan, un nouveau dynamisme qui a été ressenti au niveau industriel, mais bon, avec toujours cette promesse. la volonté de voir qu'est-ce que ça donne ensuite concrètement, donc tangiblement. Alors il y a beaucoup de sommets de l'automobile évidemment, les industriels de l'automobile présentent leur doléance. Il y a aussi le Zofart Programme, un certain nombre de mesures qui ont été prises notamment pour réduire l'impôt sur les sociétés, mais aussi concernant les amortissements des entreprises quand elles achètent des facteurs de production. mais aussi concernant la flotte automobile des entreprises. Donc, il y a quand même des annonces qui ont été faites, qui laissaient présager plutôt un avenir plus serein que ce qu'on a connu précédemment. Mais maintenant, il va falloir livrer, il va falloir montrer des résultats.

  • Speaker #0

    Les syndicats sont très critiques sur toutes ces annonces. Ils disent qu'après l'automne des réformes, proclamées par Mertz, on va maintenant entrer dans un hiver des licenciements. Et d'ailleurs, ça a déjà commencé.

  • Speaker #13

    Oui, Bosch, par exemple, dans la sous-traitance automobile, c'est 13 000. suppressions d'emplois qui ont été annoncées. Cela fait suite à la suppression de 9000 emplois qui avaient été annoncés l'an dernier, dont la moitié en ont déjà eu lieu. Donc tout ça, c'est évidemment effrayant pour l'Allemagne. On sait que l'industrie automobile, c'est 800 000 emplois. C'est un ancrage territorial au Bas-de-Württemberg, en Bavière, en Bas-Saxe. C'est évidemment aussi très psychologique. Enfin, c'est une identité. C'est l'identité allemande qui est aussi axée sur... Sur cette industrie-là, il y a des synergies dans beaucoup d'autres secteurs, dans la chimie, la sidérurgie, les nouvelles technologies de l'information et de la communication. Donc tout ça, évidemment, ça inquiète.

  • Speaker #0

    Et c'est ce qui explique sans doute la position de l'Allemagne à Bruxelles et son offensive contre la fin du moteur thermique en 2035, car son industrie tout simplement n'est pas prête à ça. Berlin veut démanteler. Cette mesure emblématique du pacte vert, qui d'ailleurs peut-être a s'appuyer sur les voies de l'extrême droite au Parlement européen, on verra ça, c'est vraiment en train de se jouer là, ces jours-ci.

  • Speaker #13

    Oui, mais c'est un secteur qui est vraiment au cœur de l'économie allemande, donc ça, ça va être important de voir comment les choses vont se faire. Alors, il semblerait qu'il y ait une préférence européenne aussi qui aurait été négociée, donc ça, ça serait plutôt favorable à la France. Sur ce plan, avait aussi essayé de pousser les pions. Un autre sujet évidemment qui va être important, c'est les accords commerciaux. Donc là, il y a l'accord Union Européenne-Mercosur. On devrait savoir davantage le 20 décembre prochain. On sait que la France est plutôt contre, l'Allemagne évidemment est pour, mais aussi pour des raisons de sécurité économique, pour avoir davantage de débouchés, notamment pour l'industrie automobile d'ailleurs, mais aussi pour... pour avoir une autre source d'approvisionnement pour les minéraux critiques, justement. Donc, si jamais ces minéraux critiques ne sont plus livrés par la Chine, on aurait d'autres sources d'approvisionnement, des minéraux critiques qui sont importants pour l'industrie et pour la transition numérique et la transition verte, qui est donc un enjeu très important en Allemagne et en Europe en général.

  • Speaker #0

    Marie, parmi les décisions fortes de l'année, il faut revenir évidemment sur le choix spectaculaire de Merz. de mettre fin à la politique d'austérité allemande. Le vote du fonds d'investissement, l'assouplissement des règles d'endettement, avant même la signature du contrat de coalition.

  • Speaker #13

    Les 500 milliards d'euros pour moderniser les infrastructures en Allemagne et l'assouplissement du frein à l'endettement, alors ça c'était une rupture d'un tabou en Allemagne. C'était un tournant à 180 degrés aussi avec ce qu'avait proposé Frédéric Simat pendant la campagne électorale. Et donc ça a nécessité une révision de la constitution. Donc ça a été passé avec une majorité des deux tiers au Bundestag sortant, avec donc les Verts qui ne sont actuellement pas au gouvernement. Et donc ça effectivement c'est un programme, il faudra voir comment il se met en place. Donc maintenant il va falloir amener des résultats, apporter des résultats sur base de cet argent qui est déployé.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'on sait déjà où vont aller ces 500 milliards d'euros ?

  • Speaker #13

    Évidemment, ça va aller dans les infrastructures de transport, dans l'énergie. Il y a un certain nombre d'instituts économiques allemands qui avaient pointé du doigt les nécessités d'investir dans ces infrastructures. Et on estime évidemment que ça va avoir un effet multiplicateur aussi sur l'économie en général.

  • Speaker #0

    Pour l'instant, on ne voit pas du tout cet effet de levier, pas d'effet magique. Frédéric Schmerz non plus, on vient de le dire. On a l'impression en fait que le seul effet qui influence vraiment l'économie allemande, c'est Trump.

  • Speaker #13

    Oui, alors bon, évidemment, les 500 milliards d'euros, il faut le temps pour que ça se déploie. Il faut les capacités aussi humaines pour l'allocation de ces moyens en réalité. Donc tout ça, ça prend évidemment du temps. Alors effectivement, l'effet Trump est un effet très important parce qu'il y a beaucoup d'entreprises qui souhaitent finalement contourner. les droits de douane américains et qui, de ce fait, vont s'installer aux Etats-Unis. Elles voient dans l'industrie automobile qui est si importante pour l'Allemagne, réfléchissent à se réorienter stratégiquement, se positionner sur le marché américain pour échapper à ces droits de douane.

  • Speaker #0

    Alors, dans le reportage, on s'est penché sur l'exemple de Volkswagen. À l'automne, la marque a été contrainte de ralentir, voire de suspendre la production dans plusieurs de ses usines car il y avait des tensions sur la chaîne d'approvisionnement en semi-conducteur. Alors officiellement, cela n'a rien à voir avec l'affaire Nexperia et le bras de fer entre les Pays-Bas et la Chine. Mais la question se pose quand même, Marie, est-ce que l'économie allemande accélère son dérisking ? On en est où de ce découplage progressif avec la Chine ?

  • Speaker #13

    Alors pour la Chine, on a vu dans le contrat de coalition la volonté de mettre à jour la stratégie globale vis-à-vis de la Chine. Et donc là, il y a une commission. sur ce travail sur les dépendances par rapport à la Chine qui a été mis en place récemment. Donc on tente d'avoir quand même des solutions sur un certain nombre de dossiers critiques comme les minéraux critiques, comme les semi-conducteurs aussi. Et on entend de plus en plus du ministère de l'Économie, sous madame Catherine Reich, des critiques aussi par rapport aux industriels en disant « mais en fait vous n'avez pas appris vos leçons de la crise de la Covid-19 » . Donc vous n'avez pas... fait des chaînes d'approvisionnement qui prennent en compte la possibilité d'une rupture d'approvisionnement de Chine. Et donc là, c'est toujours la question, quel est le rôle de l'État ensuite ? Est-ce qu'il faut sauver ces entreprises ? Donc c'est ça un peu le débat en ce moment.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Marie-Crippata Dusserfa. Et c'est ainsi que s'achève cette rétrospective de l'année 2025 en Allemagne pour être tout à fait complète. Il aurait fallu que je vous parle aussi des grandes discussions très agitées des deux derniers mois autour de la réforme des retraites. Grosse, grosse crise interne dans la coalition avec un Friedrich Merz très à la peine pour tenir ses troupes. Et puis ça s'annonce sportif également sur la réforme de l'allocation citoyenne, le fameux Burger Geld. Je vous rappelle que la grande coalition au pouvoir, CDU, CSU, SPD, ne dispose que de 328 députés au Bundestag, c'est-à-dire qu'elle n'a une marge que de 12 sièges. Et on l'a vu dès le tout premier vote du chancelier le 6 mai dernier, qu'il suffit de quelques frondeurs pour faire tanguer. tout l'édifice. C'est la fin de cet épisode et la fin de cette saison 5. Le podcast avec un K revient en janvier avec des reportages, des analyses pour suivre l'actualité allemande en français. D'ici là, partagez, réécoutez, mettez des étoiles dans les applis. Je m'appelle Hélène Kohl avec un K et je vous dis à bientôt. Bisbald !

Description

Rétrospective pas complètement déprimée pour ce bilan de l'année !

Les élections de 2025 ont-elles changé la donne en Allemagne et en Europe ? Merz est-il un game changer ?

Un épisode enregistré en marge du Dialogue Pariser Platz du Centre Delors de Berlin intitulé cette année “Europe’s Moment – Franco-German action in the wake of an eroding global order”



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et allô à toutes et à tous, ici Berling. Quelle année ! 2025 a débuté dans le choc et l'effroi, avec une série d'attaques meurtrières qui ont évidemment influencé la campagne électorale. Dans un contexte de poussée des extrêmes, et au fil des mois, les populistes ont même continué à progresser, la faiblesse de la coalition de Friedrich Merz se rappelle à chaque réforme, à chaque loi qu'il faut négocier. Le chancelier voulait changer de ton par l'effort éclair, il apprend la réelle politique. Cette année, il a parfois réveillé des espoirs, relancé des dossiers, brisé des tabous. Mais l'économie allemande ne repart pas aussi vite qu'annoncé. Cela nourrit de nouveaux doutes sur la capacité d'action de l'Allemagne au sein d'une Europe que son ancien allié américain voit désormais comme agonisante. L'ordre mondial est en pleine érosion, la tectonique géopolitique ouvre des failles, la température monte, nous dansons sur un volcan. Bienvenue, installez-vous dans ce dernier épisode de l'année. Alors en décembre ici, les petits-enfants récitent C'est mon préféré parmi tous les chants et les comptines traditionnelles de Noël. J'aime vraiment bien ce court poème qui nous dit que si jamais on se retrouve avec cinq bougies allumées à la fin du mois, alors ça veut dire qu'on s'est endormi et qu'on a raté Noël.

  • Speaker #1

    Et si le cinquième l'éclat brûle, alors tu as froid Noël.

  • Speaker #0

    Mais y a-t-il eu d'autres ratés cette année ? Pour l'actualité allemande, vous pouvez compter sur moi, on va tout repasser en revue dans l'épisode, c'est l'heure de la rétrospective. Mais avec une question sous-jacente, est-ce que Friedrich Merz lui aussi a raté quelque chose ? Après huit mois au pouvoir, on peut tenter un premier bilan. Et pour rassembler le plus d'avis possible, j'ai participé il y a quelques jours au dialogue Pariser Platz, organisé par le Centre Delors ici à Berlin. Alors ça fait six ans que j'ai l'honneur d'être invitée. Pendant deux jours, on se retrouve entre 100 et 150 personnes, chercheurs, journalistes. personnalité de la politique et de la diplomatie pour échanger sur l'action de l'Allemagne et de la France en Europe. C'est un grand forum et on se dit les choses sans détour pour faire surgir des idées et des impulsions. Bref, l'endroit idéal pour tendre mon micro et je vous propose pour commencer d'écouter le petit entretien que j'ai eu avec Pascal Lamy, ancien commissaire européen et coordinateur des instituts Jacques Delors. J'ai commencé par lui demander si l'élection de Friedrich Merz avait changé la donne en Europe.

  • Speaker #2

    Pas encore totalement, compte tenu du fait que je crois que c'est un secret pour personne que la coalition qu'il dirige est un peu branlante, comme on dit en français. Mais en tout cas, ce qui est clair maintenant, c'est que nous avons un chancelier pro-intégration européenne, pour lequel c'est un sujet très important, au point même d'ailleurs qu'il est un peu critiqué pour s'occuper davantage d'Europe que d'Allemagne. Pour nous les autres, si je puis dire, ce n'est pas une nouvelle. Dans l'ensemble néanmoins, l'Europe est dans une situation encore plus difficile que ça n'était le cas l'année dernière, et notamment compte tenu de ce qui se passe en Ukraine. On est encore plus conscient que dans ce monde tel qu'il est en train de se brutaliser, l'Europe est affaiblie. On doit être lucide. Mais d'autre part, ça nous oblige à avoir des idées et peut-être à nous battre un peu plus que davantage pour... défendre et promouvoir ses idées.

  • Speaker #0

    Mais justement, est-ce que vous pensez que l'Allemagne est prête maintenant à être proactive, à arriver vraiment concrètement avec des idées ? En somme, est-ce que Merz sera un chancelier de vision ?

  • Speaker #2

    Je crois que l'homme Merz, je connais pour l'avoir fréquenté du temps où il était dans le business, ma réponse est oui. Est-ce que le système allemand a envie d'une vision et est-ce que il est capable d'en dessiner une ? J'en suis moins sûr. Et nous savons qu'une des caractéristiques du système allemand, c'est qu'il est rare que le chancelier arrive à imposer quelque chose à son gouvernement, à son administration, à sa coalition. Mais je pense que si la question est de savoir si Merz a envie d'une vision européenne, la réponse est oui.

  • Speaker #0

    Mais ce qui pourrait freiner l'ambition européenne de Friedrich Merz, c'est évidemment, vous l'avez dit tout à l'heure, la faiblesse de sa coalition. et aussi le fait que lui-même est impopulaire, il l'est encore plus. plus que ne l'était Olaf Scholz à ce moment du mandat. Et l'AFD termine l'année aussi haute que la CDU-CSU. Une AFD d'ailleurs qui multiplie les rencontres avec la galaxie MAGA, les réseaux de Donald Trump, sans parler de financements occultes venus de Chine ou de Russie. Comment composer avec cet ennemi de l'intérieur ?

  • Speaker #2

    Il y a quelque chose de commun entre la menace américaine et la menace russe, et des menaces intérieures de mouvements qui sont parfois plutôt plus proche des thèses américaines ou russes actuelles que des thèses européennes. Donc, oui. Ça fait partie du sujet et je crois qu'il y a une ligne de division idéologique en Europe aujourd'hui et qu'il faut être capable de se battre sur cette ligne pour, en quelque sorte, cesser de reculer, ce qui a malheureusement été le cas au cours des 10 ou 15 dernières années.

  • Speaker #0

    Tout de même, est-ce que vous avez un vœu pour 2026 ?

  • Speaker #2

    Le souhait, c'est que l'Europe trouve les moyens de remédier à ses faiblesses. Il faut les constater. Nous sommes faibles démocratiquement, faibles économiquement, faibles technologiquement, faibles stratégiquement dans le monde d'aujourd'hui. Le diagnostic est assez clair. Mon souhait, c'est qu'on arrive enfin à un plan, commençant par ci, ensuite par ça, ensuite par ça, pour sortir de cette situation difficile. Et de ce point de vue-là, je trouve que ça manque. Alors, il y a ce que peuvent faire des think tanks, qu'est-ce que peut faire ? Les activistes de l'intégration européenne, il y a aussi à mon avis, se devraient faire une commission européenne qui, de mon point de vue, a trop abandonné ce terrain de la prévision, de la vision, de ce qui doit être le dessin de l'avenir de l'Europe.

  • Speaker #0

    Voilà, quand je vous disais qu'on n'y allait pas par quatre chemins au dialogue Paris-Eurplatz, et d'ailleurs en parlant avec les uns ou les autres pendant ces deux jours, franchement c'était très difficile de ne pas le constater. Tout le monde était un peu déprimé, l'année ne nous a pas ménagé. C'était les montagnes russes, me raconte Sébastien, un participant au dialogue et qui s'occupe des relations franco-allemandes pour le land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie.

  • Speaker #3

    C'est vrai qu'on a commencé l'année avec déjà beaucoup de craintes. Entre temps, on avait l'espoir d'un renouvellement dans la politique allemande avec les élections, un nouveau chancelier. Et hélas, on voit maintenant que cette nouvelle coalition n'a pas vraiment réussi à... Être un game changer, d'accélérer, renouveler la politique et l'économie allemande, c'est vrai qu'on a un peu d'espoir pour l'économie, mais on n'est pas là encore. Par exemple, il y a tout un projet de modernisation de l'État en Allemagne, des grandes réformes qui s'annoncent. On n'est pas aussi loin qu'on l'avait prévu ou annoncé même, mais il y a le projet. Mais aussi dans le franco-allemand, il faut dire qu'il y a eu une nouvelle impulsion, un nouveau élan qui n'ont pas encore délivré leurs fruits, mais qui donne de l'espoir que dans l'année prochaine, on puisse avancer. Et donc, c'est vrai, on a peut-être quand même aussi un peu un problème de déception dans le sens qu'on s'attendait à plus. Et il y a énormément de facteurs dans la... L'économie et la politique portent des grandes incertitudes, ce qui fait qu'on reste inquiet, à vrai dire. On arrive à la fin de l'année peut-être même un peu plus inquiet qu'on l'avait commencé.

  • Speaker #0

    Alors, si vous le voulez bien, on va dérouler le fil de l'année. D'abord, les attentats de l'hiver qui ont donné le ton de la campagne électorale. On a un peu oublié ce sentiment très oppressant des premières semaines de 2025. Mac de Bourg, À Schaffenburg, il y a eu aussi une voiture bélier à Munich. Tout ça, ça s'est arrêté après les élections, ce qui alimente le discours de ceux qui pensent que la Russie est derrière ces attaques. Mais en tout cas, une ingérence directe très claire pendant la campagne électorale, incontestable, c'est celle d'Elon Musk au profit de l'AFD. Il est intervenu, par exemple, lors d'un meeting. Et d'une façon générale, les débuts de Donald Trump dans le bureau Oval, ça a vraiment joué un rôle dans les élections. Avec ce moment de bascule, le 23 février, Friedrich Merz, en direct à la télévision, quelques minutes après le résultat des élections.

  • Speaker #4

    Pour moi, il est absolument prioritaire d'améliorer l'Europe pour que nous atteignions l'indépendance des États-Unis.

  • Speaker #0

    Il faut dire qu'on est une semaine après le discours du vice-président américain G. Devens à la conférence pour la sécurité de Munich, où il a assommé les Européens avec des attaques directes sur notre système de valeurs démocratiques. Alors aujourd'hui, on sait que ça annonçait cette stratégie nationale de sécurité signée Donald Trump, qui nous est tombée dessus il y a quelques jours. Mais sur le moment, c'était la stupeur. Dans la salle se souvient Nicole Koenig, docteure en relations internationales et responsable des affaires politiques, justement à la conférence pour la sécurité de Munich.

  • Speaker #5

    Oui, je pense que ça a vraiment marqué l'Allemagne, qui de son orientation de politique étrangère a toujours été transatlantique, et surtout aussi le chancelier Merz. Pour lui de mentionner, peut-être on ne peut plus tellement compter sur les Américains, le jour de l'élection, ça c'était quelque chose d'assez surprenant. Et je pense que maintenant ce qu'on voit, c'est qu'on a vu des grands changements dans la politique de défense, de sécurité de l'Allemagne cette année. Au niveau diplomatique, oui on a vu du leadership allemand ensemble avec les amis français, avec les Polonais, avec les Britanniques. Mais la question c'est, est-ce que c'est assez ? Parce qu'on voit aussi en même temps que le leadership, tout ce qui est négociation par rapport à l'Ukraine est toujours avec les Américains. Et que souvent on a des propositions américaines et ensuite on a une coalition européenne avec les Allemands, avec les Français et autres, qui essayent un peu de changer les propositions, mais d'une manière très réactive. Mais ça, à mon avis, ce n'est pas une question du chancelier, c'est une question européenne par rapport au leadership américain.

  • Speaker #0

    En tout cas, Friedrich Merz réagit vite. Avant même d'avoir bouclé les négociations de coalition, il fait un virage à 180 degrés et brise le tabou du frein à la dette pour les dépenses de défense. Si votre mémoire n'est pas très claire sur ce moment, on peut qualifier d'historique, je pense. Vous pouvez réécouter l'épisode 8 du 14 mars dernier où je vous expliquais tout ça en détail. Huit mois plus tard, et ça c'était dans le dernier épisode, en novembre, on a une idée plus précise de la façon dont cette manne, ce trésor de guerre, va être dépensé. L'Allemagne investit massivement dans sa défense et c'est bon à prendre pour la sécurité européenne. Et là, tous les participants du dialogue étaient absolument d'accord sur ce point. Mais j'ai retenu pour vous l'avis de la chercheuse slovaque Vladislava Gubalova de l'Institut Globsec.

  • Speaker #6

    Comme je viens de l'Europe centrale et orientale, avec une perspective un peu extérieure, je dirais qu'il y a eu des signaux très positifs. Le signal principal, c'est le déblocage de sommes d'argent très importantes qui vont maintenant être déployées et utilisées. C'est un game changer. Les pays de l'Est de l'Europe et les pays baltes aussi ont été très proactifs et nous avions vraiment besoin. de nos grands partenaires. Nous voyons maintenant que ça bouge dans la bonne direction. Par exemple, en Bulgarie, il y a eu récemment la signature d'un grand contrat d'armement avec les Allemands, donc cela a des effets de synergie sur place. Mais maintenant, il faut voir vraiment comment cela va évoluer. Les actions concrètes nous diront si c'est un game changer.

  • Speaker #0

    J'en ai aussi profité pour lui demander ce qu'elle pensait du duo franco-allemand de 2025. Bien relancé ces derniers mois. avec notamment des annonces fortes au Conseil des ministres communs à Toulon fin août et aussi le sommet de la souveraineté numérique en novembre. L'avis de Vlatislava Goubalova m'intéressait particulièrement parce qu'il y a deux ans, exactement pendant le dialogue Paris-Eurplat, j'avais été très marquée par le témoignage d'un homme politique qui n'était ni allemand ni français et qui racontait que dans tous les pays européens où il se rendait, systématiquement on lui disait que le problème principal de l'Europe, c'était la mésentente entre Paris et Berlin.

  • Speaker #6

    C'est un problème quand ils ne travaillent pas ensemble et qu'ils ne s'entendent pas sur un grand but commun à atteindre. Donc oui, quand on constate des frictions, c'est un problème. Et aussi quand on voit qu'ils ignorent le reste des Européens. Mais je crois que là, il y a une bonne entente. Et le récit européen a changé. Ça ne peut pas être que la France et l'Allemagne, seulement ces deux-là. On a besoin des pays nordiques, des pays baltes, de tout le monde en fait. par la démonstration de notre cohésion, peser comme entité U.U. et utiliser des leviers plus ambitieux. Et c'est là où l'Allemagne peut jouer un plus grand rôle. Il faut passer à l'action. Nous parlons, mais maintenant au travail.

  • Speaker #0

    Toujours sur ces questions de défense, une réforme a beaucoup occupé la coalition, c'est celle du service militaire. Là encore, je vous renvoie à l'épisode précédent. Le vote définitif au Bundestag a eu lieu la semaine dernière, avec au même moment dans plus de 80 villes d'Allemagne, des appels à la grève et des manifestations de lycéens. Le retour de la conscription, alors pour l'instant encore sur la base du volontariat, mais ça pourrait changer, mobilise la jeunesse allemande. Si les deux tiers de la population dans son ensemble y sont favorables, les deux tiers des 18-25 ans s'y opposent, comme Gaetano qui est franco-germano-italien.

  • Speaker #7

    Je suis là, ce qui va être concerné par le nouveau service militaire. Donc, je serai l'année prochaine obligé de répondre au questionnaire. Je refuse de faire le service militaire parce que je sais que si j'y participe, l'Allemagne pourra m'obliger, s'il y a une guerre, de me forcer de participer dans la guerre. J'ai 17 ans, j'aimerais bien vivre ma vie. J'ai pas envie de vivre ce que mon grand-père a vécu, quoi. Parce que ce qu'il m'a raconté, c'était pas super. Et presque tous mes amis partagent mon opinion. Mes parents aussi, j'en ai parlé hier soir encore.

  • Speaker #0

    Alors je retiens deux choses de ce témoignage. C'est évidemment d'abord la peur de la guerre en soi. Et puis le fait qu'en réalité, elle est déjà rentrée dans le quotidien de cette génération. Elle s'est invitée à la table familiale, on vient de l'entendre. Et qu'ils décident ou non de faire leur service, c'est désormais un élément que les jeunes doivent prendre en compte quand ils font des plans d'avenir, quand ils organisent leurs années d'études ou de formation. Et ça pose évidemment la question de l'engagement tout court. Note la professeure Elsa Toulmets, chercheuse au centre Marc Bloch de Berlin et qui enseigne également à l'université européenne Viadrina, à la frontière entre l'Allemagne et la Pologne.

  • Speaker #8

    Ce que je perçois en étant beaucoup en lien avec les jeunes, avec les étudiants notamment, c'est qu'il n'y a pas forcément une volonté de s'engager dans ce qui est annoncé au niveau politique à très haut niveau. Et finalement, des stratégies plutôt de développement de soft. power, plus que de hard power, plus que d'engagement dans la Bundeswehr, au contraire des engagements dans des réseaux de soutien à la société civile, des engagements, de vrais engagements pour les questions des droits de l'homme, pour les questions de défense de la dignité aussi. C'est plutôt sur ces aspects-là que j'observe en étant à Berlin et à Francfort-Solodor notamment, aussi à Lille une prise de conscience de la part de la jeunesse qu'ils ont quelque chose à dire, mais il faut trouver les moyens de le faire. Comment les jeunes ... Ils peuvent développer leur capacité à avoir une voix qui soit entendue et apporter également une pierre au débat. Leur donner une voix, c'est déjà un premier accès à leurs droits.

  • Speaker #0

    C'est certainement un phénomène qu'il faudra suivre l'an prochain. Mais oui, 2025 d'ores et déjà a été marqué quand même par l'irruption de cette jeunesse dans le débat public, même si démographiquement et électoralement, c'est une classe d'âge qui pèse assez peu. Encore que c'est aux voix des jeunes qu'il faut attribuer sans doute la remontada du parti d'Illinké aux élections de février. à 11% dans les sondages et parfois, selon les instituts, il dépasse les verts. Le SPD est stable dans une fourchette très basse, 14-15%. La CDU-CSU aussi est à la peine, 25-26%, c'est moins qu'en février, tandis que l'AFD confirme son statut de premier parti dans pas mal d'études d'opinion à 26%. Mais ça, je le garde pour un prochain épisode. Surtout si les rapprochements de l'AFD avec les États-Unis de Trump se poursuivent et s'intensifient, il y aura matière à analyse. et à explications l'an prochain, c'est promis, mais à l'heure du bilan de 2025, je vous ai absolument consacré une partie de cet épisode à la situation économique de l'Allemagne. A priori, on va sortir de la récession, mais alors vraiment tout juste, les dernières projections parlent de 0,1% de croissance seulement. Il n'y a pas d'envolée du chômage parce que le pays, on le sait bien, manque structurellement de bras et de tête. Mais il y a quand même beaucoup de destruction d'emplois, notamment dans l'industrie électro-métallurgique, qui a perdu 105 000 salariés en un an. La désindustrialisation de l'Allemagne se fait vraiment sous nos yeux. Dernier exemple, Volkswagen. Malgré la promesse, il y a un an, de ne pas toucher aux usines allemandes, on vient d'apprendre que la production allait cesser dans la petite fabrique de Dresde, l'une des plus modernes du pays.

  • Speaker #9

    Reportage David Philippot.

  • Speaker #10

    Dans la grande manufacture tout en vert, la production se fait dans une ambiance ouettée, comme dans un sanatorium. Les ouvriers, en chasuble blanche, glissent sur le parquet de bois clair qui tourne lentement comme un grand manège.

  • Speaker #6

    Ça fait une différence si vous êtes debout toute la journée sur du béton, du carrelage, ou bien comme au sport, plutôt sur un sol souple. Sur la chaîne de production,

  • Speaker #0

    tout a été pensé pour le bien-être du dos et l'ergonomie au travail.

  • Speaker #10

    Inès, la guide, insiste. Depuis son ouverture en 2001, l'usine est le joyau de Volkswagen, posée comme un diamant en plein cœur de la ville baroque. Une manne touristique à 30 millions d'euros par an. Ici la fascination pour Das Auto. Ce vit comme une expérience physique, presque sensuelle. Pourtant, dans quelques jours, la production va s'arrêter. Après des années d'incertitude, les salariés ont appris au début du mois que le groupe allait débrancher leur fabrique. René Rostock, 52 ans, est représentant du personnel.

  • Speaker #11

    Ce qui s'est passé ici ces dernières années, c'est une énorme rupture du lien de confiance avec notre direction, notre patron. Et surtout avec Volkswagen, qui proclame toujours que la co-gestion est partie intégrante du succès.

  • Speaker #10

    Mais les modèles électriques montés ici ne se vendent pas trop cher. Le contexte international n'explique pas tout, selon Stéphane Elie du syndicat IG Metall.

  • Speaker #12

    C'était au siège de Wolfsburg que tout est décidé. Volkswagen a été porté pendant des années par le marché chinois et le marché nord-américain.

  • Speaker #10

    Les syndicats ont négocié que les 300 employés du site conservent salaire et activité pendant 5 ans, mais être payé pour actionner des machines prétextes, comme dans un musée, est une perspective qui rebute les ouvriers. Pour René Rostock, une question de dignité et de respect de leur travail.

  • Speaker #11

    À Dresde, après la réunification, on n'avait plus que 10% d'industrie. Avant, on avait des centaines de milliers de travailleurs très qualifiés, du savoir-faire, mais on les a laissés partir. Beaucoup de jeunes et beaucoup de familles ont quitté la région pour aller à l'ouest. Et maintenant, j'ai l'impression de revivre la même chose. C'est très dangereux. Franchement, l'Allemagne ne fera jamais la différence comme destination touristique. Alors il faut trouver des alternatives, produire quelque chose. On a donc besoin d'ouvriers. et encore d'ouvriers. L'avenir de ce site, quel qu'il soit, devra tourner autour de la voiture.

  • Speaker #10

    Stéphane Elie de IG Metall mesure aussi déjà les risques pour la cohésion économique et sociale de la région.

  • Speaker #12

    La Saxe a une tradition de construction automobile. Il y a beaucoup de sous-traitants. Les enjeux sont très grands. Les dégâts économiques des derniers mois sont déjà énormes.

  • Speaker #10

    Une partie de l'usine va être louée à l'université technique de Dresde qui va y installer un campus d'excellence en microélectronique et en science des matériaux. Volkswagen va soutenir cette recherche avec 50 millions d'euros sur 7 ans.

  • Speaker #0

    Et pour parler en détail du bilan économique de 2025, je vous propose un entretien enregistré avec la chercheuse Marie Karpata du comité d'études des relations franco-allemandes de l'IFRI. participante au dialogue par Iserplatz. C'était-elle déjà que j'avais interrogé sur les ambitions et sur le programme économique du candidat Friedrich Merz l'hiver dernier ? Quelle analyse fait-elle maintenant ?

  • Speaker #13

    Je pense que ce qui est intéressant, c'est de voir que Friedrich Merz est arrivé en disant « Nous, on va apporter une compétence économique, « Wirtschaftskompetenz, on a une légitimité économique. » Et puis, en fait, l'Allemagne fait face quand même à un contexte très compliqué avec effectivement la guerre en Ukraine qui a eu… Des conséquences sur le stand-up de Deutschland, sur la base industrielle allemande, avec la hausse des coûts énergétiques du fait du découplage par rapport à la Russie. Mais il y a évidemment aussi le retour de Trump à la Maison-Blanche avec les droits de douane, donc 15% de droits de douane sur les importations européennes. Il y a la Chine évidemment aussi avec les restrictions aux exportations et notamment sur les minerais critiques. mais aussi sur les semi-conducteurs qui mettent à mal l'industrie, et notamment l'industrie automobile en Allemagne. Donc tout ça, c'est très compliqué. Et je pense qu'il y a un contexte géopolitique qui devient de plus en plus prégnant. Et évidemment, les droits de douane, à la fois, on s'est dit, bon, 15%, c'est pas si grave, mais en même temps, 15%, évidemment, ça se... ressent, et notamment pour les petites et moyennes entreprises. Donc les grandes entreprises ont les épaules pour ça, par contre les petites et moyennes entreprises c'est plus compliqué.

  • Speaker #0

    Donc pas d'effet merde sur l'économie ?

  • Speaker #13

    Globalement je pense qu'il y a eu quand même un accueil plutôt chaleureux lors du Tractate of Russian Industry, donc il y a une espèce de nouvel élan, un nouveau dynamisme qui a été ressenti au niveau industriel, mais bon, avec toujours cette promesse. la volonté de voir qu'est-ce que ça donne ensuite concrètement, donc tangiblement. Alors il y a beaucoup de sommets de l'automobile évidemment, les industriels de l'automobile présentent leur doléance. Il y a aussi le Zofart Programme, un certain nombre de mesures qui ont été prises notamment pour réduire l'impôt sur les sociétés, mais aussi concernant les amortissements des entreprises quand elles achètent des facteurs de production. mais aussi concernant la flotte automobile des entreprises. Donc, il y a quand même des annonces qui ont été faites, qui laissaient présager plutôt un avenir plus serein que ce qu'on a connu précédemment. Mais maintenant, il va falloir livrer, il va falloir montrer des résultats.

  • Speaker #0

    Les syndicats sont très critiques sur toutes ces annonces. Ils disent qu'après l'automne des réformes, proclamées par Mertz, on va maintenant entrer dans un hiver des licenciements. Et d'ailleurs, ça a déjà commencé.

  • Speaker #13

    Oui, Bosch, par exemple, dans la sous-traitance automobile, c'est 13 000. suppressions d'emplois qui ont été annoncées. Cela fait suite à la suppression de 9000 emplois qui avaient été annoncés l'an dernier, dont la moitié en ont déjà eu lieu. Donc tout ça, c'est évidemment effrayant pour l'Allemagne. On sait que l'industrie automobile, c'est 800 000 emplois. C'est un ancrage territorial au Bas-de-Württemberg, en Bavière, en Bas-Saxe. C'est évidemment aussi très psychologique. Enfin, c'est une identité. C'est l'identité allemande qui est aussi axée sur... Sur cette industrie-là, il y a des synergies dans beaucoup d'autres secteurs, dans la chimie, la sidérurgie, les nouvelles technologies de l'information et de la communication. Donc tout ça, évidemment, ça inquiète.

  • Speaker #0

    Et c'est ce qui explique sans doute la position de l'Allemagne à Bruxelles et son offensive contre la fin du moteur thermique en 2035, car son industrie tout simplement n'est pas prête à ça. Berlin veut démanteler. Cette mesure emblématique du pacte vert, qui d'ailleurs peut-être a s'appuyer sur les voies de l'extrême droite au Parlement européen, on verra ça, c'est vraiment en train de se jouer là, ces jours-ci.

  • Speaker #13

    Oui, mais c'est un secteur qui est vraiment au cœur de l'économie allemande, donc ça, ça va être important de voir comment les choses vont se faire. Alors, il semblerait qu'il y ait une préférence européenne aussi qui aurait été négociée, donc ça, ça serait plutôt favorable à la France. Sur ce plan, avait aussi essayé de pousser les pions. Un autre sujet évidemment qui va être important, c'est les accords commerciaux. Donc là, il y a l'accord Union Européenne-Mercosur. On devrait savoir davantage le 20 décembre prochain. On sait que la France est plutôt contre, l'Allemagne évidemment est pour, mais aussi pour des raisons de sécurité économique, pour avoir davantage de débouchés, notamment pour l'industrie automobile d'ailleurs, mais aussi pour... pour avoir une autre source d'approvisionnement pour les minéraux critiques, justement. Donc, si jamais ces minéraux critiques ne sont plus livrés par la Chine, on aurait d'autres sources d'approvisionnement, des minéraux critiques qui sont importants pour l'industrie et pour la transition numérique et la transition verte, qui est donc un enjeu très important en Allemagne et en Europe en général.

  • Speaker #0

    Marie, parmi les décisions fortes de l'année, il faut revenir évidemment sur le choix spectaculaire de Merz. de mettre fin à la politique d'austérité allemande. Le vote du fonds d'investissement, l'assouplissement des règles d'endettement, avant même la signature du contrat de coalition.

  • Speaker #13

    Les 500 milliards d'euros pour moderniser les infrastructures en Allemagne et l'assouplissement du frein à l'endettement, alors ça c'était une rupture d'un tabou en Allemagne. C'était un tournant à 180 degrés aussi avec ce qu'avait proposé Frédéric Simat pendant la campagne électorale. Et donc ça a nécessité une révision de la constitution. Donc ça a été passé avec une majorité des deux tiers au Bundestag sortant, avec donc les Verts qui ne sont actuellement pas au gouvernement. Et donc ça effectivement c'est un programme, il faudra voir comment il se met en place. Donc maintenant il va falloir amener des résultats, apporter des résultats sur base de cet argent qui est déployé.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'on sait déjà où vont aller ces 500 milliards d'euros ?

  • Speaker #13

    Évidemment, ça va aller dans les infrastructures de transport, dans l'énergie. Il y a un certain nombre d'instituts économiques allemands qui avaient pointé du doigt les nécessités d'investir dans ces infrastructures. Et on estime évidemment que ça va avoir un effet multiplicateur aussi sur l'économie en général.

  • Speaker #0

    Pour l'instant, on ne voit pas du tout cet effet de levier, pas d'effet magique. Frédéric Schmerz non plus, on vient de le dire. On a l'impression en fait que le seul effet qui influence vraiment l'économie allemande, c'est Trump.

  • Speaker #13

    Oui, alors bon, évidemment, les 500 milliards d'euros, il faut le temps pour que ça se déploie. Il faut les capacités aussi humaines pour l'allocation de ces moyens en réalité. Donc tout ça, ça prend évidemment du temps. Alors effectivement, l'effet Trump est un effet très important parce qu'il y a beaucoup d'entreprises qui souhaitent finalement contourner. les droits de douane américains et qui, de ce fait, vont s'installer aux Etats-Unis. Elles voient dans l'industrie automobile qui est si importante pour l'Allemagne, réfléchissent à se réorienter stratégiquement, se positionner sur le marché américain pour échapper à ces droits de douane.

  • Speaker #0

    Alors, dans le reportage, on s'est penché sur l'exemple de Volkswagen. À l'automne, la marque a été contrainte de ralentir, voire de suspendre la production dans plusieurs de ses usines car il y avait des tensions sur la chaîne d'approvisionnement en semi-conducteur. Alors officiellement, cela n'a rien à voir avec l'affaire Nexperia et le bras de fer entre les Pays-Bas et la Chine. Mais la question se pose quand même, Marie, est-ce que l'économie allemande accélère son dérisking ? On en est où de ce découplage progressif avec la Chine ?

  • Speaker #13

    Alors pour la Chine, on a vu dans le contrat de coalition la volonté de mettre à jour la stratégie globale vis-à-vis de la Chine. Et donc là, il y a une commission. sur ce travail sur les dépendances par rapport à la Chine qui a été mis en place récemment. Donc on tente d'avoir quand même des solutions sur un certain nombre de dossiers critiques comme les minéraux critiques, comme les semi-conducteurs aussi. Et on entend de plus en plus du ministère de l'Économie, sous madame Catherine Reich, des critiques aussi par rapport aux industriels en disant « mais en fait vous n'avez pas appris vos leçons de la crise de la Covid-19 » . Donc vous n'avez pas... fait des chaînes d'approvisionnement qui prennent en compte la possibilité d'une rupture d'approvisionnement de Chine. Et donc là, c'est toujours la question, quel est le rôle de l'État ensuite ? Est-ce qu'il faut sauver ces entreprises ? Donc c'est ça un peu le débat en ce moment.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Marie-Crippata Dusserfa. Et c'est ainsi que s'achève cette rétrospective de l'année 2025 en Allemagne pour être tout à fait complète. Il aurait fallu que je vous parle aussi des grandes discussions très agitées des deux derniers mois autour de la réforme des retraites. Grosse, grosse crise interne dans la coalition avec un Friedrich Merz très à la peine pour tenir ses troupes. Et puis ça s'annonce sportif également sur la réforme de l'allocation citoyenne, le fameux Burger Geld. Je vous rappelle que la grande coalition au pouvoir, CDU, CSU, SPD, ne dispose que de 328 députés au Bundestag, c'est-à-dire qu'elle n'a une marge que de 12 sièges. Et on l'a vu dès le tout premier vote du chancelier le 6 mai dernier, qu'il suffit de quelques frondeurs pour faire tanguer. tout l'édifice. C'est la fin de cet épisode et la fin de cette saison 5. Le podcast avec un K revient en janvier avec des reportages, des analyses pour suivre l'actualité allemande en français. D'ici là, partagez, réécoutez, mettez des étoiles dans les applis. Je m'appelle Hélène Kohl avec un K et je vous dis à bientôt. Bisbald !

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