Speaker #0Bonjour et bienvenue sur le podcast Le Yoga en Vous. Je suis Bérangère, professeure de yoga à Caen et en ligne chez Berry Yoga. Ici, je vous propose des réflexions et des conseils pratiques pour intégrer le yoga à votre vie quotidienne, mieux comprendre ses bienfaits et vous reconnecter à vous-même avec bienveillance. Bonne écoute ! Bienvenue dans le mini-yoga en vous, le format court du podcast le yoga en vous, où on va explorer ensemble une idée, un concept ou une pratique liée au yoga en quelques minutes seulement. Aujourd'hui on parle de Shavasana, c'est la posture finale que tu prends au moment de la relaxation. Tu es allongé, immobile, c'est une posture qui est parfois perçue comme la petite sieste de la fin du cours. Mais si tous les cours de yoga se terminent par cette posture, ce n'est pas un hasard. Pourquoi cette posture ? Pourquoi s'allonger sur le sol et pourquoi ne rien faire ? On va plonger dans la symbolique de Shavasana, son histoire et toute la richesse qu'elle renferme. Alors d'où vient Shavasana ? Ce mot vient du sanscrit Ausha qui veut dire cadavre et Asana qui veut dire la posture. Donc c'est une posture allongée, immobile, comme je le disais, elle peut paraître anodine mais son nom signifie littéralement la posture du cadavre. Et cette image n'est pas là par hasard. Selon l'historien du yoga James Malinson, une technique similaire est mentionnée pour la première fois au XIIIe siècle de notre ère. Il s'agit en fait de mimer un cadavre, pratiquer le laya yoga. C'est le yoga par la méthode de la dissolution. Cette méthode yogique vise, comme tout type de yoga à l'origine, à se libérer du cycle des renaissances et des souffrances que ce cycle implique. Un des traités de cette époque, je vais essayer de le dire, le Dattatreya Yoga Shastra dit « S'allonger sur le dos tel un cadavre est considéré comme une excellente dissolution. Si l'on pratique dans un endroit sans personne alentour, en étant relâché, on obtiendra le succès. » Un peu plus tard, dès le XIVe et XVe siècle, arrive le Hatha Yoga, ce qui est la voie de l'effort. Et à ce moment-là, les postures se développent. Donc sont désormais considérées comme asanas, tout type de posture et plus seulement les postures assises. Par exemple, comme dans les yoga sutras, la seule posture qui apparaît, c'est la posture assise. À partir du XIVe et du XVe siècle, d'autres postures se développent et de nombreuses techniques venues d'autres traditions sont alors récupérées et deviennent des postures de yoga. Et notamment la technique du cadavre, développée dans le laya yoga, en fait partie. Dans un célèbre traité du XVe siècle, le Hatha Yoga Pradipika, on décrit Shavasana comme la posture qui élimine la fatigue et repose l'esprit. Les Hatha Yogis cherchent à maintenir leur corps sain et fort, à en faire un corps de diamant, un véhicule vers la libération. Et donc une posture de régénération telle que Shavasana, peut les aider dans leur quête de libération. Attention tout de même, même si on sait peu de choses sur la façon dont les postures étaient pratiquées à cette époque, il y a environ 500 ans, il semble quand même peu probable que Shavasana soit à l'époque pratiquée en fin de séance pour reposer le corps après une série de postures comme on le fait aujourd'hui. Alors on va voir maintenant l'évolution de ce rituel. En fait c'est au début du XXe siècle avec le maître yogi indien Yogendra qui est considéré par certains historiens aujourd'hui comme le premier professeur moderne de Hatha Yoga. Donc c'est à cette époque que Shavasana devient un rituel moderne de fin de séance. En fait, dans le yoga moderne, on ne cherche plus forcément à se libérer du cycle des renaissances. Aujourd'hui, le but c'est souvent de mieux vivre au quotidien, de soulager le stress, d'habiter son corps différemment. La santé devient un but en soi, notamment via les postures et les respirations. Et depuis, Shavasana est devenu ce moment où on laisse le yoga infuser, se digérer, se stabiliser. On intègre en fait les bienfaits des postures précédentes. On va voir maintenant la symbolique de Shavasana. Dans le yoga, Shavasana symbolise le lâcher prise total. En fait, symboliquement, c'est le moment d'une petite mort, une petite mort de l'action, une petite mort des tensions, des pensées. Allongé en étant immobile, tu te laisses renaître plus présent, plus apaisé, plus connecté à toi-même. Et ce passage du faire à l'être, c'est un acte de confiance envers toi et ton corps. C'est une petite transformation intérieure, une renaissance douce, discrète mais puissante. Alors on va voir plus précisément ce qui se passe dans ton corps et ton mental. Pendant que ton corps se relâche, ton système nerveux ralentit, ton cœur et ton cerveau entrent en mode recharge et régénération, et ton corps intègre toutes les sensations, les bienfaits des postures, le mouvement. Et en fait, tu ne fais pas rien, tu observes, tu ressens, tu accueilles. Sans t'endormir, tu laisses ta conscience voyager dans ton corps. mais aussi au niveau de ta respiration, tu observes aussi les sons qui t'entourent, tu es dans l'écoute consciente très précise de la musique dans la salle par exemple aussi. La difficulté c'est de trouver une immobilité parfaite qui permet la relaxation profonde tout en gardant une conscience aiguë de tout ce qui se passe autour de toi. Si tes pensées te traversent l'esprit, il faut alors les laisser passer ... sans t'arrêter dessus et te concentrer de nouveau sur ta respiration, ton corps, la musique, etc. Donc c'est vraiment un temps d'intégration profonde. Tu ne bouges pas mais en toi tout se transforme. Alors que faire si tu as du mal avec Shavasana ? Déjà c'est normal d'être en inconfort dans cette posture. Tu peux avoir envie de bouger, tu peux avoir des pensées qui t'assaillent, tu peux être en proie à la fatigue. T'ennuyer, commencer à t'endormir. Donc tu t'agites, tu comptes les fissures du plafond, tu penses à ta liste de course et c'est totalement normal en fait. Ça prouve aussi que tu es vivant, vivante. Et c'est dans cette difficulté même que la posture révèle sa valeur. Elle te confronte à toi-même, sans artifice. L'invitation que je te propose c'est de te déposer, sans le support du sol, du tapis. Observe ce qui est là. Et laisse faire, laisse infuser. Il n'y a rien à réussir dans cette posture, juste à être là. Alors en conclusion, pourquoi ce rituel en fin de séance ? Parce que c'est le moment où tout s'intègre. Parce que c'est un espace de transformation silencieuse, de transition douce. Et parce que c'est un retour à toi dans la confiance. Donc la prochaine fois que tu t'allonges pour Shavasana, rappelle-toi, ce n'est pas juste une pause. C'est là précisément que le yoga continue en silence. Merci beaucoup d'avoir écouté cet épisode du mini-yoga en vous. S'il t'a parlé, s'il t'a plu, n'hésite pas à le partager, à laisser une note sur Apple Podcasts et Spotify, à laisser un commentaire, tu n'imagines pas à quel point ça m'aide pour faire connaître ce podcast. Donc vraiment, mille merci d'avance. Et je te retrouve très bientôt pour un nouvel éclairage sur le yoga. dans ta vraie vie. Merci, à bientôt.