Speaker #0Chers aéronautes, bonjour et bienvenue à bord de cette nouvelle aérochronique de One Bird. Installez-vous confortablement et envolons-nous ensemble pour une toute nouvelle et incroyable aventure des airs. Sarah Banbrisnack a dit, prenons un instant pour prendre... conscience qu'il n'y a que trois façons de modifier la trajectoire de notre vie pour le meilleur ou pour le pire. La crise, la chance et le choix. Il y a 77 ans de cela sonnait le clairon annonçant la fin de la seconde guerre mondiale. Avec lui se terminaient cinq ans de terreur et de souffrance. Nous pourrions ensemble nous souvenir de ce que cette guerre avait d'horrible en faisant le triste décompte de ce qu'elle aura coûté à toute une génération sacrifiée. Ou bien alors, et c'est ce que je vous propose aujourd'hui, nous pourrions nous souvenir de comment, dans l'horreur et l'enfer, des hommes que, tout opposés, ont fait le choix, dans le ciel d'Europe, de se donner une chance de changer la trajectoire de leur vie. Voici leur histoire. En 1986, sur l'aérodrome de Maxwell, en Alabama, la carlingue rutilante d'un bombardier B-17 brille sous le soleil écrasant de ce début d'été. Ainsi que le B devant le 17 l'indique, le Boeing B-17 est un bombardier. S'il avait été un avion de transport, la lettre aurait été C pour Cargo et F pour Fighter s'il avait été un chasseur. Avion puissant, il est équipé de quatre énormes hélices accrochées à des moteurs Wright turbo-compressés de neuf cylindres en étoile. développant chacun 1 200 chevaux. De bout en bout de ses presque 23 mètres de longueur, il est équipé de 11 mitrailleuses Browning de 12,7 mm, réparties de manière à pouvoir défendre cet impressionnant bombardier sans aucun angle mort. Cet arsenal défensif lui vaudra son surnom de « forteresse volante » . Dans ses soutes, une capacité de presque 3 tonnes de bombes. C'est un appareil dit « à train classique » . Cela veut dire qu'il dispose de deux gros trains sous les ailes et d'une roulette à la queue. Posé au sol comme il l'est aujourd'hui, il donne l'impression, ainsi le nez louvé vers le ciel, d'être prêt à repartir si le monde avait de nouveau besoin de lui. Mais en 1986, le monde est en paix. Sur cet aérodrome de Maxwell, à l'ombre des ailes de ce héros de métal, quelques hommes en uniforme sont assis devant une assemblée curieuse. Ce sont des vétérans. de la Seconde Guerre mondiale. Dans le public, une main se lève et une question est posée à un ancien pilote de B-17. La jeune personne, passionnée d'histoire et gourmande d'en apprendre plus de l'expérience de ses aviateurs, demande à Charlie Brown quel est son plus incroyable souvenir de ces années-là. Ce n'est pas la première fois que Charlie vient faire vivre le souvenir de sa vie devant un public admiratif. Mais ce jour-là, quelque chose va changer. Alors qu'il ouvre la bouche pour raconter les mêmes histoires que la voix d'avant, Charlie s'entend prononcer la date d'une journée que son inconscient avait, par la force autoritaire secret défense, totalement occultée. Devant des auditeurs fascinés, Charlie va raconter une histoire comme nulle autre. Une aventure qui commence à 8 000 mètres au-dessus de l'Allemagne nazie pour se terminer, mais il ne le sait pas encore, par une nouvelle aventure qui débutera en Floride. Tout ça grâce à l'intervention d'un ange gardien. les plus inattendus. À la suite de ce récit, Charlie se dit que les anges sont forcément immortels. Il ne l'a vu que dans le ciel, il ne lui a pas parlé. Il n'a même jamais pu distinguer clairement son visage. Mais une chose est certaine, toute sa vie, il la lui doit. Charlie, libéré de ce secret défense qui avait verrouillé ses souvenirs, se met en quête de son mystérieux gardien. Il fouille les archives militaires américaines, les archives militaires allemandes, interroge qui il peut. Mais rien. En désespoir de cause, il écrit à toutes les revues d'anciens combattants alliés et allemandes pour diffuser une annonce. Au cas où. Mais il s'en est passé des choses depuis ce 20 décembre 1943. En janvier 1990, un joli petit quartier de Vancouver se réveille sous la neige. Autour d'un petit déjeuner copieux, une femme et un homme se regardent tendrement en commentant la météo glaciale. Dans les sons feutrés de ces matinées d'hiver, le facteur glisse dans la boîte à lettres de la petite maison chaleureuse un courrier. Comme un enfant au matin de Noël, Franz enfile un chaud manteau et sort dans le froid pour aller chercher cette revue qu'il attend toujours avec la même impatience. Il s'agit du Jägerblatt, une revue à destination des anciens combattants de la Luftwaffe. C'est là le seul lien qui reste à Franz avec son ancienne vie et son pays natal. Même si trop de mauvais souvenirs subsistent, sa femme et sa nouvelle vie au Canada ne l'empêchent pas de rechercher dans le Jägerblatt des visages familiers, peut-être la preuve de vie de quelqu'un qui avait compté pour lui. Mais ce matin-là, dans chacun de ses pas laissés dans la neige, se dessine une nouvelle aventure pour ce vétéran fatigué. Dans la douce chaleur de son foyer, Franz lit les articles du Jägerblatt. Fait inattendu, il y a... Dans la revue, un gros article consacré à un pilote américain. Frank le survole. Au moment de tourner la page, une émotion le submerge. Il sait qui c'est. Oui, il a la réponse à la recherche de ce Charlie Brown. Il fonce alors dans son bureau, glisse une feuille entre le cylindre et le presse-papier de sa machine à écrire et commence à taper. La lettre est glissée dans une enveloppe à destination de la Floride. Cinq jours plus tard, la lettre est arrivée dans le sud des Etats-Unis. Immédiatement après l'avoir ouverte, la main dorée par le soleil qui la tenait un instant plus tôt compose un numéro sur un téléphone. Une fraction de seconde plus tard, au Canada, une main blanche sort d'un chaud manteau et décroche. Une voix dit « Franz Stiegler » . Franz répond avec un accent allemand encore très perceptible. La voix au téléphone ajoute France répond. « Et pourtant... » Charlie complète. « Et pourtant, c'est comme si c'était hier. » 20 décembre 1943. Dans le ciel de l'Europe est livrée une bataille abominable entre des hommes qui ne se voient jamais. Dans les baraquements des aérodromes anglais, se croisent des gamins de 20 ans qui débarquent pour prendre les commandes de bombardiers B-17 et des caisses d'effets personnels d'autres jeunes gens de 20 ans qui ne rentreront jamais chez eux. En 1943, la guerre fait rage et les pertes en aviateurs, et plus particulièrement en équipage de bombardiers, sont, en proportion des effectifs, les plus lourdes de toutes les armées engagées. À cette époque, il fallait survivre à 25 missions pour prétendre rentrer à la maison. Statistiquement, un équipage de B-17 avait une espérance de vie de 3 à 4 missions. Au-dessus de la mer du Nord, Un son sourd fait vibrer le ciel. Après avoir laissé derrière eux la sécurité relative de l'espace aérien britannique, une cinquantaine de B-17 fendent le ciel vers le territoire ennemi. Leur mission, la destruction des infrastructures militaires de la ville de Brême. Dans cette impressionnante formation, un B-17 du nom de Yehold Pub tient sa position. À son bord, neuf aviateurs sont sous les ordres d'un jeune homme de 21 ans à peine, le lieutenant Charlie Brown. C'est là la première mission de guerre de cet équipage. Chacun d'entre eux est aussi concentré que l'on peut l'être dans ces conditions. Croisant à plus de 8000 mètres d'altitude, l'immense formation trace de longs sillons blancs dans le ciel azur. Les membres d'équipage, enmitouflés dans leurs lourdes tenues de vol chauffantes en moutons retournés, sont tributaires du système de distribution d'oxygène embarqué. Les P-17, s'ils sont des avions solides et... à bien des égards très performants, ne sont ni pressurisés ni réellement chauffés. L'air est irrespirable à cette altitude et oblige l'équipage à porter un masque de subsistance handicapant, ainsi qu'un casque et des lunettes de protection. Leurs mouvements sont entravés par le fil qui relie leurs combinaisons chauffantes au système électrique de bord et leur champ de vision est minime. Les communications sont assurées par un intercom intégré au masque et à leur casque. Personne ne peut imaginer aujourd'hui le stress de ces hommes âgés de 17 à 25 ans, attendant, le cœur battant, d'entendre crier dans l'intercom le premier d'entre eux qui verra, dans un soleil éblouissant, plonger vers eux les avions de chasse allemands. Mais à l'approche de Brême, concentré sur la possibilité d'une attaque venue du ciel, l'équipage de Charlie est rudement surpris par une explosion d'une violence inouïe, juste devant le nez de Yeholipol. C'est la flaque, la défense. anti-aérienne allemande. Elle tire des obus explosifs depuis le sol. Immédiatement après le flash et le bruit assourdissant, la bulle de plexiglas à l'avant du B-17 explose, laissant entrer, avec une puissance incroyable, le vent glacial à l'intérieur de la Carla. Le Yeholt-Pub ralentit brusquement. Des morceaux d'obus et de plexiglas ont tout dévasté sur leur passage. Deux moteurs sont endommagés. Charlie se bat avec son copilote pour sortir de la formation en évitant les autres appareils. Dans l'intercom, des cris indiquent qu'il y a des blessés, peut-être pire même. Le B-17 souffre autant que son équipage. Il perd de la vitesse, il sera bientôt incontrôlable. Dans son intercom, Charlie demande à son bombardier d'ouvrir les trappes et de larguer la mortelle cargaison. Immédiatement après, l'avion est allégé, le B-17 retrouve un peu de manœuvrabilité. Le Yehold Pub s'éloigne de la formation et prend un cap qui doit les ramener vers l'Angleterre. Sonné mais concentré, l'équipage reste en alerte alors que les instruments de bord indiquent que les moteurs font ce qu'ils peuvent pour rester vivants. Soudain, dans l'intercom, résonne la voix du mitrailleur de queue. Il hurle. Immédiatement après, les deux mitrailleuses de Keuken ainsi que celle de la tourette dorsale entrent en action. Les Messerschmitts de la Luftwaffe fondent sur le B-17 en difficulté comme une troisième saut. Le Yield-Pub est touché de toutes parts alors que dans l'intercom, le mitrailleur de Kuhn vient de se taire à tout jamais. Partout dans le ventre du B-17, des obus de 20 mm détruisent tout sur leur passage. Les mitrailleurs tombent les uns après les autres. A chaque passage des chasseurs, le B-17 se fricke plus silencieusement. Le bruit des mitrailleuses est bientôt remplacé par celui du vent qui pénètre par les blessures toujours plus nombreuses de la carlingue. Déchiré. Pour les hommes encore valides à bord, le silence devient assourdissant. Le système d'intercom vient d'être pulvérisé. Impossible de communiquer. Le froid insoutenable vient geler les dernières mitrailleuses encore en état de fonctionner. Elles s'enrayent les unes après les autres. C'est à ce moment-là qu'un Messerschmitt salue et crie une dernière fois le dos du Bébisset. Le système de distribution d'oxygène explose. C'est la fin. Dans un dernier effort, Charlie Brown se bat, mais ses yeux gelés se ferment. Il n'arrive plus à respirer. Dans un ultime sursaut de vie, il jette un coup d'œil à son copilote. Ce dernier saigne. Il voudrait lui dire combien il est désolé. Il voudrait lui dire que... Il voudrait... Mais Charlie Brown s'endort, sous l'effet de l'hypoxie. Le courageux Betty Sett vient de perdre ses deux pilots. Sans personne pour le soutenir, à quoi bon lutter ? Déstabilisé par des régimes moteurs incohérents, le Yehold Pub décroche. S'affaissant sur son aile droite, il fonce vers le sol dans une spirale infernale. Observant cette chute mortelle, les pilotes allemands font demi-tour pour se concentrer sur le reste des bombardiers. Ce B-17C a eu son compte. Dans le cockpit du Yehold Pub, l'altimètre semble être le seul à encore manifester un semblant de vie. Il tourne. Il tourne vite, de plus en plus vite. 22 000 pieds, 18 000, 14 000, 12 000 pieds. C'est fini. À quelques kilomètres de là, sur une base aérienne allemande, un Messerschmitt Bf 109 s'immobilise. Dans sa tenue de cuir noir, le lieutenant Franz Stigler, 28 ans, saute de son cockpit. Quelques mécaniciens se pressent pour refaire le plein et changer les chargeurs de munitions. Franz s'éloigne un peu pour fumer une cigarette. Avec 27 victoires à son actif, Franz est à trois points de devenir un as et d'être décoré de la croix de chevalier. C'est un pilote respecté. À quelques mètres de sa machine, il surveille des opérations, pressé de reprendre les airs pour empêcher ses bombardiers américains de ravager les villes allemandes. Alors que les haut-parleurs de la base diffusent en temps réel la position des escadrilles alliées, un bruit sourd se fait entendre au-delà de la forêt. Tout à coup, un bombardier bêtissait au bruit. irrégulier et accompagné d'un panache de fumée noire, survole le terrain à passe altitude pour disparaître aussi rapidement qu'il est apparu. Seul chasseur en mesure de décoller immédiatement, Franz saute dans son sang neuf et s'envole à la poursuite de l'Américain. Quelques minutes plus tôt, à mesure que le Yehold Pub tombe, l'air devient de plus en plus respirable. Dans un râle puissant, Charlie se réveille comme on se réveille d'un cauchemar. Il arrache son masque devenu inutile et et se tourne vers son copilote, plaqué dans son siège par la force centrifuge. Il hurle à celui qu'on surnomme Pinky de se réveiller. Il a besoin de lui pour reprendre le contrôle du B-17. L'altimètre, quant à lui, continue de tourner et l'Allemagne virevoltante se rapproche dangereusement dans les pare-brises fissurées du cockpit. Charlie comprend que Pinky ne peut respirer dans son masque devenu inutile. Il lui arrache au prix d'un effort surhumain et secoue le pauvre officier blessé en espérant qu'il ne soit juste que blessé. Comme Charlie une minute plus tôt, Pinky se réveille en sursaut pour immédiatement plonger dans un autre cauchemar. Sans perdre plus de temps, il saisit avec force le yoke du B-17 alors que Charlie fait pareil. Mais l'altimètre continue de tourner. À cet instant, les deux pilotes ne savent pas que leur avion est privé de la moitié de son empennage, arraché par la chasse allemande. Charlie, au désespoir, sort tous les volets pour ralentir la machine. Le B-17 vibre, se contorsionne et hurle de douleur. Les deux pilotes tirent sur les manches de toute leur force et, contre toute attente, et il faut bien le dire de façon totalement miraculeuse, pour un avion dans tel état, les ailes mordent l'air. En passant sous les 2000 pieds, le B-17 semble vouloir de nouveau voler. Mais la gravité est encore trop forte. Charlie et Pinky voient avec horreur ce petit village grossir à toute vitesse. Le choc est inévitable, mais l'envie de vivre ne les quitte pas. A quelques mètres du sol, le bombardier retrouve sa manœuvrabilité. En arrachant les tuiles d'une maison et quelques cimes d'arbres malchanceux, le B-17 remonte et recommence à vivre. Retrouvant un semblant de calme, Pinky demande. « On est en Angleterre ? » Charlie répond. En Allemagne. Et on n'est pas sortis d'affaires. Et il a raison. À cet instant, luttant contre le destin, Charlie met le cap sur la Grande-Bretagne sans s'apercevoir qu'il vient de survoler une base allemande. Dans le cockpit de son Bf 109, Franz Stiegler, bien décidé à rattraper cet imprudent équipage américain, n'a pas à voler bien longtemps pour se placer dans les 6 heures du Yeholdp. Comme à l'entraînement, il aligne le pauvre bombardier dans son viseur et place son doigt sur la cachette de son canon de 20 millimètres. Mais quelque chose ne colle pas. Le mitrailleur de queue aurait déjà dû tirer. Franz retire son doigt de la gâchette. En prenant un peu d'altitude, il remarque que tous les canons du bombardier américain sont dirigés vers le sol. Cet avion a tout d'un avion fantôme. C'est anormal. En prenant une minute pour analyser la situation, Franz découvre un appareil sans empennage, à la carlingue et ventrille. Ce B-17... ne devrait pas pouvoir voler dans cet état. Plus proche qu'il ne l'a jamais été d'un bombardier américain, Franz n'essuie toujours aucun tir. Il décide alors de compter. En mettant un peu de gaz et en tirant doucement sur son manche, il passe lentement au-dessus de l'arrière du bombardier. Le sang sur ce qui reste du poste du mitrailleur de queue explique le silence des mitrailleuses. La tourelle dorsale est abîmée et vide. Entre la queue et la tourelle, une brèche béante laisse entrevoir Merci. l'intérieur de l'appareil. Ce que Franz y voit va le changer à jamais. Lui, dont le travail consiste à cette époque à abattre des avions, vient de croiser le regard de deux aviateurs bien trop jeunes autour du corps de l'un d'entre eux. Ils ont peur en voyant l'avion allemand, mais ne bougent pas. Ils sont résignés, tétanisés. Franz vient de voir en face le visage de la guerre. C'est à ce moment précis qu'une voix s'invite dans les souvenirs de Franz Stiegler. Cette voix, c'est celle de son instructeur, alors qu'il n'était que jeune pilote. Ce dernier lui avait déclaré comme un avertissement. « Si je te vois ou si j'apprends que tu as tiré sur un homme en parachute, je te descendrai moi-même. Pas toi selon les règles, si tu veux garder une part d'humanité. » Il ne fait aucun doute que ce bombardier n'est pas plus dangereux qu'un homme en parachute. Ces gamins ont fait leur travail comme Franz fait le sien. Ils ne sont pas différents de lui et s'accrochent. visiblement à la vie, comme tout être humain, saint d'esprit. Alors France prend une décision. Il faut les sortir de là. S'ils ne le font pas, ils seront perdus. Ils pourraient décrocher et prétendre ne jamais les avoir vus, mais sur ce cap, ils vont bientôt rencontrer la défense côtière allemande et seront détruits. D'autre part, avec un avion dans cet état, ils n'arriveront jamais en Angleterre. Un coup de gaz et le Bf 109 se positionne dans les 9 heures du cockpit. Franz voit clairement Charlie se battre avec son avion. Ce dernier ne l'a pas vu. Un autre coup de gaz et il passe devant. Dans le cockpit du B-17, Charlie voit passer devant lui un chasseur allemand. Privé de ses capacités défensives, il regarde Pinky effrayé. Il sait qu'ils sont perdus. Pinky, lui, est résigné. Mais contre toute attente, le BF-109 se place lentement dans leur neveu. Stupéfait, Charlie et Pinky regardent le pilote allemand leur faire de grands gestes. Ceci. n'a aucun sens. Les pilotes américains sont convaincus qu'ils se moquent d'eux. Dans son BF-109, Franz Fulmin écrit dans sa radio en montrant un cadre. En effet, la Suède est neutre. Le chemin pour la rejoindre est plus court et moins dangereux. Franz comprend rapidement que la radio de l'Américain est H.S. et commence à gesticuler en mots gréants. Dans le cockpit du bombardier blessé, les deux pilotes sont convaincus que le pilote allemand les insulte avant, c'est certain, de les abattre. Alors Charlie et Pinky décident de continuer tout droit et de s'en remettre au destin. À côté d'eux, sans bouger d'un mètre, Franz comprend le désarroi des jeunes Américains. Qu'aurait-il fait à leur place ? Il comprend aussi qu'ils n'auront pas le réflexe de penser à la Suède. Alors, que faire ? Cependant que chacun dans ce cockpit respectif... Réfléchi à la suite des événements, le B-17, incapable de prendre plus d'altitude, impose son rythme en se dirigeant tout droit vers la flaque allemande de cette mortelle barrière que l'on nomme le mur. de l'Atlantique. À présent convaincu que sans lui, les pauvres gamins sont condamnés, Franz prend une décision insensée pour un officier allemand en cette sombre époque. Il décide de les escorter jusque sur la mer du Nord. Il pense que les artilleurs allemands ne tireront pas sur un appareil accompagné d'un chasseur de la Luftwaffe. C'est un pari complètement délirant, mais il décide d'y croire. Dans le B-17, les deux pilotes osent attaquer le B-17. peine regardé le pilote allemand. Il remarque cependant qu'il a cessé de gesticuler et s'attende à tout moment à le voir décrocher pour les aligner et les descendre. Mais rien ne se passe. Le Bf 109 vole imperturbable dans le rêve. Les minutes passent comme des années à mesure que la côte approche. Les américains savent que le mur de l'Atlantique est infranchissable. Ils pensent que le Messerschmitt est peut-être à court de munitions et attend juste d'assister à leur fin sur cette côte nurtrigaine. À l'arrière, le mitrailleur connu sous le nom « Blacky » fait tout son possible pour dégivrer les mitrailleuses de sa tourelle, en espérant les remettre en route avant que cet avion ne les achève. Il ne s'aperçoit pas que sous le B-17, la côte vient de passer, sans un bruit, sans un tir. Dans le BF-109, Franz est soulagé. Son plan invraisemblable a fonctionné. En regardant vers le cockpit du B-17, Franz voit un troisième homme, visiblement apeuré. Passez la tête et regardez vers lui. Blacky, le mitrailleur de tourelle dorsale, se trouve entre Charlie et Pinky dans le cockpit du B-17. Il dit en regardant le pilote allemand. « C'est fou, il a l'air calme. » Charlie répond. « Il se fout de nous, oui. » Pinky rétorque. « Moi, j'ai la sensation qu'il veut juste nous escorter. » Charlie rebondit. « Il veut juste nous voir tomber dans la mer, si tu veux mon avis. » « Blacky, tes mitrailleuses sont en état ? » Blacky acquiesce. Alors débarrasse-nous de lui. Dans le 109, Franz voit la nouvelle tête disparaître du cockpit. Immédiatement après, une ombre se faufile dans la tourelle dorsale qui commence à bouger. Franz comprend. À quelques dizaines de milles des côtes du Troisième Reich, au-dessus de la mer du Nord, le B-17 ne craint plus les Allemands. Il est temps de le laisser à son destin. Charlie est surpris de voir le pilote allemand le saluer avec respect avant de décrocher et de mettre le cap sur l'Allemagne. Blacky, étonné, ne tire pas. aucun coup. Au bout du fil, dans une maison de Floride, un long silence se fait entendre. Charlie le brise. Alors, c'était toi ? Franz répond. Alors, vous avez réussi à rentrer ? Charlie dit. Je voudrais que tu viennes en Floride. Je voudrais te faire rencontrer ceux qui, sans toi, n'auraient jamais pu exister. Quelques semaines plus tard, Franz rencontrait les enfants et petits-enfants de Charlie Brown. Allait alors éclore une amitié comme nulle autre, née presque 50 ans plus tôt dans le sombre ciel d'Europe. Franz leur racontera comment il avait vécu dans la peur de se voir arrêté par la Gestapo pour cet acte de haute trahison. Comment cette aventure l'avait définitivement changé. Ils apprendront que Franz n'eut jamais les victoires nécessaires à l'obtention de sa croix de chevalier. Ils apprendront que leur vie n'avait été possible que parce que cet officier allemand avait décidé de saisir sa chance de faire le bon choix. Charlie, quant à lui, apprendra à Franz que l'état-major de l'US Air Force leur avait interdit de parler de cette aventure, de peur que des pilotes américains ne se mettent inutilement en danger en pensant que tous les pilotes allemands ne soient comme Franz. Franz apprendra aussi que, malgré cette première mission abominable, Charlie avait réussi à faire sans encombre 29 autres missions et ainsi avait participé à libérer son pays et le monde de la folie barbare des nazis. avant de pouvoir retrouver les siens en Amérique. Alors, Franz et Charlie entreprirent de faire le tour des États-Unis pour raconter leur incroyable histoire, pour faire se souvenir au monde que rien n'est tout blanc ou tout noir, que l'histoire s'écrit grâce aux décisions de ceux qui ont le courage de les prendre, que la chevalerie ne se résume pas à un morceau de métal épinglé à un uniforme et que le destin peut se montrer magnanime à l'endroit de ceux qui savent s'en montrer d'y. Charlie Brown et Franz Stigler, deux aviateurs que tout avait voulu opposer, se sont rencontrés dans le ciel d'Allemagne, un jour de décembre 1943. Cette aventure hors du commun les aura tellement liés l'un à l'autre que, quand Franz rendit les armes en 2008, Charlie n'eut pas la force de les porter pour deux, plus que quelques semaines. Si aujourd'hui nous avons choisi de vous raconter cette histoire, c'est qu'il nous semble important de savoir nous souvenir en ce 8 mai que bien des hommes avec un grand H ont donné leur vie pour que nous puissions voler sous les couleurs de la France. Que bien des hommes ont pris des risques insensés pour faire gagner la vie et l'amour sur la folie. et la haine. Que bien des hommes sont tombés du ciel pour que nous puissions voler en paix aujourd'hui. Une paix fragile qu'il nous appartient à tous de faire vivre par nos valeurs, nos rêves et nos choix. Nous sommes aéronautes depuis 1890, depuis que Clément Hadère, inventeur de génie et créateur de rêves de gosses, nous a offert 50 mètres à quelques centimètres du sol, ici, en France. Chaque jour, comme chaque nuit, avec passion et dévouement, les ailes françaises relient les peuples entre eux pour que la paix puisse se maintenir entre les gens qui, grâce à elles, apprennent à se connaître en se rencontrant. Tel est l'héritage que nous ont laissé tous les Charlies et tous les Frans.