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Chapitre 14 : Un dîner glacial cover
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Les Aventures de Moustache Malloré

Chapitre 14 : Un dîner glacial

Chapitre 14 : Un dîner glacial

12min |30/08/2025|

4

Play
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Les Aventures de Moustache Malloré

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12min |30/08/2025|

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Description

Qu'est-ce qui se cache derrière un simple dîner familial ? Dans cet épisode des Les Aventures de Moustache Malloré, Mademoiselle M. nous entraîne dans une soirée pleine de surprises et d'émotions. Mamie Henriette, assise à l'extrémité de la table, semble froide et distante, tandis qu'Annie, sa fille, s'efforce de créer une ambiance chaleureuse en servant un délicieux poulet rôti. Mais derrière les sourires et les plats savoureux, des tensions palpables émergent, mettant en lumière les dynamiques familiales complexes. Ce podcast familial explore les non-dits et les souvenirs qui façonnent nos relations. Les enfants, Samuel et Caroline, d'abord sages, retrouvent rapidement leur naturel en dévorant leur plat avec enthousiasme, apportant une touche de légèreté à cette atmosphère chargée.


Les échanges entre les membres de la famille révèlent des vérités cachées, notamment le fait que Mamie ne cuisine plus depuis qu'elle vit seule. Annie, avec son désir de raviver les souvenirs de la cuisine de sa mère, tente de briser la glace, mais Henriette reste sur la défensive, créant ainsi un dialogue touchant et parfois comique. Cet épisode de Les Aventures de Moustache Malloré est un véritable voyage à travers les souvenirs d'enfance, les difficultés de communication entre générations et l'importance de la famille.


En écoutant ce podcast pour enfants, vous découvrirez comment l'humour et la tendresse peuvent se mêler pour aborder des thèmes universels tels que l'amitié, la famille et les défis de la vie quotidienne. Laissez-vous emporter par cette série audio captivante, où chaque épisode est une invitation à explorer les récits pour enfants qui font rire et réfléchir. Que vous soyez en voiture, à la maison ou en train de vous détendre, Les Aventures de Moustache Malloré est le podcast littéraire idéal pour toute la famille.


Ne manquez pas cette occasion d'écouter des histoires qui résonnent avec les expériences de chacun. Avec des personnages attachants comme Moustache, le chat espiègle, et des situations cocasses, cet épisode promet de captiver les jeunes auditeurs et leurs parents. Plongez dans l'univers de la littérature jeunesse et découvrez comment un simple repas peut révéler tant de choses sur notre histoire familiale. Rejoignez-nous pour ce moment d'écoute enrichissant et amusant qui ravira petits et grands !




Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les Aventures de Moustache Malloré. Tome 1 : L'Esprit de famille. Ce podcast a été écrit et mis en voix par Mademoiselle M. Avant de plonger dans l'histoire, j'aimerais qu'on s'imagine chacun dans une bulle de calme. Inspire profondément par le nez et imagine que tu gonfles une grande bulle tout autour de toi. Cette bulle est remplie de calme et de concentration. Imagine que cette bulle te protège de tous les bruits et de toutes les pensées qui pourraient te distraire ou perturber ta tranquillité. Tout ce qui est à l'extérieur de la bulle ne te dérange pas. Écouter des podcasts, c'est une super façon de se détendre et de faire une pause avec les écrans... tout en continuant à apprendre et à explorer de nouveaux territoires ! Je te souhaite donc une très bonne écoute. Chapitre 14 : Un dîner glacial Telle une invitée de marque, Mamie Henriette s’était assise en bout de table. Elle présidait le dîner. Ses épaules, gelées, étaient recouvertes d’un gilet de laine de l’épaisseur de la banquise. Elle avait le visage aussi glacé qu’un thermomètre de Sibérie. A sa gauche, Samuel et Caroline s’efforçaient de se tenir correctement, le dos bien droit, imitant du mieux possible une posture d’enfants bien élevés. Qu’ils avaient l’air empoté ! Cette petite comédie était distrayante... Attendre ainsi, sagement, d’être servis, cela leur ressemblait si peu. Et en silence, qui plus est ! D’ordinaire, les repas se déroulaient dans une ambiance joyeusement animée. Les enfants racontaient leur journée à tour de rôle, en se coupant régulièrement la parole. Les couverts s’échappaient à intervalles réguliers de leurs mains affamées, rebondissant de temps en temps sur le carrelage en provoquant ce bruit métallique, si caractéristique. En fin de journée, la fatigue les rendait toujours plus maladroits. Quand Annie déposa sur la table la volaille méticuleusement découpée, je vis cependant leurs narines frémir. L’odeur appétissante des herbes aromatiques acheva de les ranimer. Des senteurs de thym, de laurier et de romarin se mirent à flotter dans l’air, faisant immédiatement saliver l’assemblée. A moi aussi, la chair tendre du poulet me donnait l’eau à la bouche ! Sa peau luisante, dorée à point, avait été arrosée à la perfection durant la cuisson. Au fond de moi, j’espérais qu’ils m’en réserveraient une part pour plus tard... Annie attrapa une longue fourchette à deux dents, piqua dans le plat pour servir ses convives, puis composa des assiettes anglaises à l’attention de chacun. Tout y était : quelques pommes de terre grillées d’un côté, un morceau de viande cuit au four de l’autre, un filet d’assaisonnement pour les amateurs. Et de la salade, pour la couleur. - Bon appétit ! leur souhaita-t-elle de son plus grand sourire. Les enfants, répondant comme des bêtes sauvages au signal du départ, se ruèrent sur leur plat en avalant goulûment - presque sans les mâcher - les premières bouchées. Je me mis à rire aussitôt : leur naturel contrarié était revenu au galop ! Annie secoua la tête, impuissante, mais ne les freina pas pour autant. Elle semblait inquiète, une question lui brûlait les lèvres. - Alors Maman ? Comment trouves-tu ce plat ? - Mmmm. La cuisson est correcte, fut la seule réponse de sa mère. - Parfait… répondit aimablement Annie, un peu déçue. Pour l’agrémenter, poursuivit-elle d’un air qui se voulait naturel, il y a de la moutarde ou du sel de Guérande. Il doit aussi rester du gratin de légumes au réfrigérateur si tu préfères, au lieu des pommes de terre. Elle était à ses petits soins. Honnêtement, je ne comprenais pas pourquoi. D’autant qu’Henriette semblait mettre un point d’honneur à maintenir une distance vertigineuse entre elles : elle s’évertuait à garder les yeux fixés sur son assiette ! - Ça ira, répondit-elle laconiquement. Annie sembla hésiter, puis se lança : - Tu fais toujours... livrer tes repas... par la même entreprise ? Ohhh… Le sujet avait l’air sensible. Je vis Henriette se renfrogner légèrement, baissant encore davantage le front. Frank, visiblement très occupé avec sa cuisse de poulet, ne le remarqua pas. Il insista : - Comment s’appelle-t-elle déjà… ? Ah oui ! Cékikitok, s’exclama-t-il soudain, heureux de constater qu’il ne perdait pas encore tout à fait la mémoire. Ne te réjouis pas trop vite, pensai-je en fixant son crâne dégarni d’un œil amusé. Ta dégénérescence a déjà commencé : regarde un peu tes cheveux, mon vieux ! Contrairement à lui, j’étais dans la force de l’âge, moi : je n’avais jamais eu le poil aussi soyeux ! Henriette semblait un peu gênée. - Oui, c’est bien pratique ma foi…, reconnut-elle, le regard fuyant. Henriette ne cuisinait plus depuis qu’elle vivait seule, ses repas étaient préparés par une centrale qui les lui livrait une fois par jour. Je me fis aussitôt la remarque qu’elle ne devait probablement rien avoir mangé d’aussi savoureux depuis des semaines... Pourtant, elle s’entêtait à arborer un air détaché, goûtant du bout des lèvres, sans grand enthousiasme, ce qu’Annie lui avait servi avec parcimonie, conformément à son souhait. - Et cela ne vous manque pas ? demanda Franck courtoisement. Aussitôt, Annie le fusilla du regard. - Je veux dire, de ne pas cuisiner ! dit-il en se reprenant vivement. Sa femme fut soulagée. Décidément, ce nigaud n’en ratait pas une ! - Si vous en avez envie, vous pouvez vous y remettre, cette semaine ! Les enfants seraient ravis de vous aider. Ils adorent mettre la main à la patte, n’est-ce pas ? les interpela-t-il. Je vis que ces derniers commençaient à s’impatienter. Utiliser les couverts les ralentissait. Ils hochèrent poliment la tête, posant discrètement leurs fourchettes sur le rebord de l’assiette. - Nous verrons…, déclara Henriette d’un ton neutre. - Tu cuisinais si bien, à l’époque, l’encouragea Annie. - C’était dans une autre vie… Je n’ai plus le temps maintenant, dit-elle en redressant subrepticement les muscles de sa colonne vertébrale. Elle gagna cinq bons centimètres, et, ce faisant, la pièce perdit à peu près autant en degrés. Mamie Henriette regardait ses petits-enfants avec incrédulité : ils avaient dépouillé la carcasse du poulet et s’étaient mis de la sauce partout sur la figure… Même leurs mains étaient luisantes de gras ! Samuel, qui avait déjà englouti son assiette avec voracité, pelait ce qu’il restait de viande sur son os de poulet. Caroline, quant à elle, se forçait à terminer ses dernières pommes de terre, oubliant une fois sur deux de mâcher la bouche fermée. Mamie Henriette les dévisageait, consternée. Puis, sans un mot, cette dernière tapota proprement les coins de sa bouche avec sa serviette, avant de la replier lentement et de la poser, bien à plat, sur la table. La leçon était claire : les bonnes manières, elles, ne faisaient pas de bruit ! Annie, qui observait le manège de sa mère du coin de l’œil, comprit immédiatement le sous-entendu. - Sam ! Caroline ! Ça suffit ! Caroline et Sam levèrent la tête, surpris. - Essayez de manger convenablement, je vous prie. Et en silence ! Nous avons l’impression d’être assis à côté de deux camions-poubelles qui travaillent ! Ils échangèrent un regard avec leur père, il prit aussitôt leur défense : - Ne sois pas si sévère, ma chérie... Tu vois bien qu’ils se régalent ! Et puis il est tellement bon, ton poulet... Ce serait une folie de ne pas le rouziguer ! Mamie Henriette ne lui objecta rien de particulier, mais son visage avait pris la teinte du homard bouilli. Contrariée, elle saisit alors un os dans son assiette et le tendit gentiment à Rousquille. Immédiatement intéressée, le caniche se redressa et renifla délicatement l’objet. - Va le boulotter tranquillement dans la cuisine, déclara Henriette d’une voix ferme et autoritaire. Sous le regard fier de sa maîtresse, Rousquille s’empara précautionneusement de l’os puis trottina vers la cuisine. A la cour, une princesse n’aurait pas fait moins de manières. - Au fait, s’étonna Annie, ça me fait penser... Quelqu’un aurait-il vu Moustache ce soir ? Ce fut les derniers mots qui parvinrent à mes oreilles. Rousquille venait de me repérer à la fenêtre ! La seconde d’après, la pièce entière se mit entière se mit à basculer, et un énorme fracas retentit bruyamment dans toute la maison.

  • Speaker #1

    Merci.

Chapters

  • Un dîner glacial et les tensions familiales

    11:58

Description

Qu'est-ce qui se cache derrière un simple dîner familial ? Dans cet épisode des Les Aventures de Moustache Malloré, Mademoiselle M. nous entraîne dans une soirée pleine de surprises et d'émotions. Mamie Henriette, assise à l'extrémité de la table, semble froide et distante, tandis qu'Annie, sa fille, s'efforce de créer une ambiance chaleureuse en servant un délicieux poulet rôti. Mais derrière les sourires et les plats savoureux, des tensions palpables émergent, mettant en lumière les dynamiques familiales complexes. Ce podcast familial explore les non-dits et les souvenirs qui façonnent nos relations. Les enfants, Samuel et Caroline, d'abord sages, retrouvent rapidement leur naturel en dévorant leur plat avec enthousiasme, apportant une touche de légèreté à cette atmosphère chargée.


Les échanges entre les membres de la famille révèlent des vérités cachées, notamment le fait que Mamie ne cuisine plus depuis qu'elle vit seule. Annie, avec son désir de raviver les souvenirs de la cuisine de sa mère, tente de briser la glace, mais Henriette reste sur la défensive, créant ainsi un dialogue touchant et parfois comique. Cet épisode de Les Aventures de Moustache Malloré est un véritable voyage à travers les souvenirs d'enfance, les difficultés de communication entre générations et l'importance de la famille.


En écoutant ce podcast pour enfants, vous découvrirez comment l'humour et la tendresse peuvent se mêler pour aborder des thèmes universels tels que l'amitié, la famille et les défis de la vie quotidienne. Laissez-vous emporter par cette série audio captivante, où chaque épisode est une invitation à explorer les récits pour enfants qui font rire et réfléchir. Que vous soyez en voiture, à la maison ou en train de vous détendre, Les Aventures de Moustache Malloré est le podcast littéraire idéal pour toute la famille.


Ne manquez pas cette occasion d'écouter des histoires qui résonnent avec les expériences de chacun. Avec des personnages attachants comme Moustache, le chat espiègle, et des situations cocasses, cet épisode promet de captiver les jeunes auditeurs et leurs parents. Plongez dans l'univers de la littérature jeunesse et découvrez comment un simple repas peut révéler tant de choses sur notre histoire familiale. Rejoignez-nous pour ce moment d'écoute enrichissant et amusant qui ravira petits et grands !




Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les Aventures de Moustache Malloré. Tome 1 : L'Esprit de famille. Ce podcast a été écrit et mis en voix par Mademoiselle M. Avant de plonger dans l'histoire, j'aimerais qu'on s'imagine chacun dans une bulle de calme. Inspire profondément par le nez et imagine que tu gonfles une grande bulle tout autour de toi. Cette bulle est remplie de calme et de concentration. Imagine que cette bulle te protège de tous les bruits et de toutes les pensées qui pourraient te distraire ou perturber ta tranquillité. Tout ce qui est à l'extérieur de la bulle ne te dérange pas. Écouter des podcasts, c'est une super façon de se détendre et de faire une pause avec les écrans... tout en continuant à apprendre et à explorer de nouveaux territoires ! Je te souhaite donc une très bonne écoute. Chapitre 14 : Un dîner glacial Telle une invitée de marque, Mamie Henriette s’était assise en bout de table. Elle présidait le dîner. Ses épaules, gelées, étaient recouvertes d’un gilet de laine de l’épaisseur de la banquise. Elle avait le visage aussi glacé qu’un thermomètre de Sibérie. A sa gauche, Samuel et Caroline s’efforçaient de se tenir correctement, le dos bien droit, imitant du mieux possible une posture d’enfants bien élevés. Qu’ils avaient l’air empoté ! Cette petite comédie était distrayante... Attendre ainsi, sagement, d’être servis, cela leur ressemblait si peu. Et en silence, qui plus est ! D’ordinaire, les repas se déroulaient dans une ambiance joyeusement animée. Les enfants racontaient leur journée à tour de rôle, en se coupant régulièrement la parole. Les couverts s’échappaient à intervalles réguliers de leurs mains affamées, rebondissant de temps en temps sur le carrelage en provoquant ce bruit métallique, si caractéristique. En fin de journée, la fatigue les rendait toujours plus maladroits. Quand Annie déposa sur la table la volaille méticuleusement découpée, je vis cependant leurs narines frémir. L’odeur appétissante des herbes aromatiques acheva de les ranimer. Des senteurs de thym, de laurier et de romarin se mirent à flotter dans l’air, faisant immédiatement saliver l’assemblée. A moi aussi, la chair tendre du poulet me donnait l’eau à la bouche ! Sa peau luisante, dorée à point, avait été arrosée à la perfection durant la cuisson. Au fond de moi, j’espérais qu’ils m’en réserveraient une part pour plus tard... Annie attrapa une longue fourchette à deux dents, piqua dans le plat pour servir ses convives, puis composa des assiettes anglaises à l’attention de chacun. Tout y était : quelques pommes de terre grillées d’un côté, un morceau de viande cuit au four de l’autre, un filet d’assaisonnement pour les amateurs. Et de la salade, pour la couleur. - Bon appétit ! leur souhaita-t-elle de son plus grand sourire. Les enfants, répondant comme des bêtes sauvages au signal du départ, se ruèrent sur leur plat en avalant goulûment - presque sans les mâcher - les premières bouchées. Je me mis à rire aussitôt : leur naturel contrarié était revenu au galop ! Annie secoua la tête, impuissante, mais ne les freina pas pour autant. Elle semblait inquiète, une question lui brûlait les lèvres. - Alors Maman ? Comment trouves-tu ce plat ? - Mmmm. La cuisson est correcte, fut la seule réponse de sa mère. - Parfait… répondit aimablement Annie, un peu déçue. Pour l’agrémenter, poursuivit-elle d’un air qui se voulait naturel, il y a de la moutarde ou du sel de Guérande. Il doit aussi rester du gratin de légumes au réfrigérateur si tu préfères, au lieu des pommes de terre. Elle était à ses petits soins. Honnêtement, je ne comprenais pas pourquoi. D’autant qu’Henriette semblait mettre un point d’honneur à maintenir une distance vertigineuse entre elles : elle s’évertuait à garder les yeux fixés sur son assiette ! - Ça ira, répondit-elle laconiquement. Annie sembla hésiter, puis se lança : - Tu fais toujours... livrer tes repas... par la même entreprise ? Ohhh… Le sujet avait l’air sensible. Je vis Henriette se renfrogner légèrement, baissant encore davantage le front. Frank, visiblement très occupé avec sa cuisse de poulet, ne le remarqua pas. Il insista : - Comment s’appelle-t-elle déjà… ? Ah oui ! Cékikitok, s’exclama-t-il soudain, heureux de constater qu’il ne perdait pas encore tout à fait la mémoire. Ne te réjouis pas trop vite, pensai-je en fixant son crâne dégarni d’un œil amusé. Ta dégénérescence a déjà commencé : regarde un peu tes cheveux, mon vieux ! Contrairement à lui, j’étais dans la force de l’âge, moi : je n’avais jamais eu le poil aussi soyeux ! Henriette semblait un peu gênée. - Oui, c’est bien pratique ma foi…, reconnut-elle, le regard fuyant. Henriette ne cuisinait plus depuis qu’elle vivait seule, ses repas étaient préparés par une centrale qui les lui livrait une fois par jour. Je me fis aussitôt la remarque qu’elle ne devait probablement rien avoir mangé d’aussi savoureux depuis des semaines... Pourtant, elle s’entêtait à arborer un air détaché, goûtant du bout des lèvres, sans grand enthousiasme, ce qu’Annie lui avait servi avec parcimonie, conformément à son souhait. - Et cela ne vous manque pas ? demanda Franck courtoisement. Aussitôt, Annie le fusilla du regard. - Je veux dire, de ne pas cuisiner ! dit-il en se reprenant vivement. Sa femme fut soulagée. Décidément, ce nigaud n’en ratait pas une ! - Si vous en avez envie, vous pouvez vous y remettre, cette semaine ! Les enfants seraient ravis de vous aider. Ils adorent mettre la main à la patte, n’est-ce pas ? les interpela-t-il. Je vis que ces derniers commençaient à s’impatienter. Utiliser les couverts les ralentissait. Ils hochèrent poliment la tête, posant discrètement leurs fourchettes sur le rebord de l’assiette. - Nous verrons…, déclara Henriette d’un ton neutre. - Tu cuisinais si bien, à l’époque, l’encouragea Annie. - C’était dans une autre vie… Je n’ai plus le temps maintenant, dit-elle en redressant subrepticement les muscles de sa colonne vertébrale. Elle gagna cinq bons centimètres, et, ce faisant, la pièce perdit à peu près autant en degrés. Mamie Henriette regardait ses petits-enfants avec incrédulité : ils avaient dépouillé la carcasse du poulet et s’étaient mis de la sauce partout sur la figure… Même leurs mains étaient luisantes de gras ! Samuel, qui avait déjà englouti son assiette avec voracité, pelait ce qu’il restait de viande sur son os de poulet. Caroline, quant à elle, se forçait à terminer ses dernières pommes de terre, oubliant une fois sur deux de mâcher la bouche fermée. Mamie Henriette les dévisageait, consternée. Puis, sans un mot, cette dernière tapota proprement les coins de sa bouche avec sa serviette, avant de la replier lentement et de la poser, bien à plat, sur la table. La leçon était claire : les bonnes manières, elles, ne faisaient pas de bruit ! Annie, qui observait le manège de sa mère du coin de l’œil, comprit immédiatement le sous-entendu. - Sam ! Caroline ! Ça suffit ! Caroline et Sam levèrent la tête, surpris. - Essayez de manger convenablement, je vous prie. Et en silence ! Nous avons l’impression d’être assis à côté de deux camions-poubelles qui travaillent ! Ils échangèrent un regard avec leur père, il prit aussitôt leur défense : - Ne sois pas si sévère, ma chérie... Tu vois bien qu’ils se régalent ! Et puis il est tellement bon, ton poulet... Ce serait une folie de ne pas le rouziguer ! Mamie Henriette ne lui objecta rien de particulier, mais son visage avait pris la teinte du homard bouilli. Contrariée, elle saisit alors un os dans son assiette et le tendit gentiment à Rousquille. Immédiatement intéressée, le caniche se redressa et renifla délicatement l’objet. - Va le boulotter tranquillement dans la cuisine, déclara Henriette d’une voix ferme et autoritaire. Sous le regard fier de sa maîtresse, Rousquille s’empara précautionneusement de l’os puis trottina vers la cuisine. A la cour, une princesse n’aurait pas fait moins de manières. - Au fait, s’étonna Annie, ça me fait penser... Quelqu’un aurait-il vu Moustache ce soir ? Ce fut les derniers mots qui parvinrent à mes oreilles. Rousquille venait de me repérer à la fenêtre ! La seconde d’après, la pièce entière se mit entière se mit à basculer, et un énorme fracas retentit bruyamment dans toute la maison.

  • Speaker #1

    Merci.

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  • Un dîner glacial et les tensions familiales

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Qu'est-ce qui se cache derrière un simple dîner familial ? Dans cet épisode des Les Aventures de Moustache Malloré, Mademoiselle M. nous entraîne dans une soirée pleine de surprises et d'émotions. Mamie Henriette, assise à l'extrémité de la table, semble froide et distante, tandis qu'Annie, sa fille, s'efforce de créer une ambiance chaleureuse en servant un délicieux poulet rôti. Mais derrière les sourires et les plats savoureux, des tensions palpables émergent, mettant en lumière les dynamiques familiales complexes. Ce podcast familial explore les non-dits et les souvenirs qui façonnent nos relations. Les enfants, Samuel et Caroline, d'abord sages, retrouvent rapidement leur naturel en dévorant leur plat avec enthousiasme, apportant une touche de légèreté à cette atmosphère chargée.


Les échanges entre les membres de la famille révèlent des vérités cachées, notamment le fait que Mamie ne cuisine plus depuis qu'elle vit seule. Annie, avec son désir de raviver les souvenirs de la cuisine de sa mère, tente de briser la glace, mais Henriette reste sur la défensive, créant ainsi un dialogue touchant et parfois comique. Cet épisode de Les Aventures de Moustache Malloré est un véritable voyage à travers les souvenirs d'enfance, les difficultés de communication entre générations et l'importance de la famille.


En écoutant ce podcast pour enfants, vous découvrirez comment l'humour et la tendresse peuvent se mêler pour aborder des thèmes universels tels que l'amitié, la famille et les défis de la vie quotidienne. Laissez-vous emporter par cette série audio captivante, où chaque épisode est une invitation à explorer les récits pour enfants qui font rire et réfléchir. Que vous soyez en voiture, à la maison ou en train de vous détendre, Les Aventures de Moustache Malloré est le podcast littéraire idéal pour toute la famille.


Ne manquez pas cette occasion d'écouter des histoires qui résonnent avec les expériences de chacun. Avec des personnages attachants comme Moustache, le chat espiègle, et des situations cocasses, cet épisode promet de captiver les jeunes auditeurs et leurs parents. Plongez dans l'univers de la littérature jeunesse et découvrez comment un simple repas peut révéler tant de choses sur notre histoire familiale. Rejoignez-nous pour ce moment d'écoute enrichissant et amusant qui ravira petits et grands !




Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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  • Speaker #0

    Les Aventures de Moustache Malloré. Tome 1 : L'Esprit de famille. Ce podcast a été écrit et mis en voix par Mademoiselle M. Avant de plonger dans l'histoire, j'aimerais qu'on s'imagine chacun dans une bulle de calme. Inspire profondément par le nez et imagine que tu gonfles une grande bulle tout autour de toi. Cette bulle est remplie de calme et de concentration. Imagine que cette bulle te protège de tous les bruits et de toutes les pensées qui pourraient te distraire ou perturber ta tranquillité. Tout ce qui est à l'extérieur de la bulle ne te dérange pas. Écouter des podcasts, c'est une super façon de se détendre et de faire une pause avec les écrans... tout en continuant à apprendre et à explorer de nouveaux territoires ! Je te souhaite donc une très bonne écoute. Chapitre 14 : Un dîner glacial Telle une invitée de marque, Mamie Henriette s’était assise en bout de table. Elle présidait le dîner. Ses épaules, gelées, étaient recouvertes d’un gilet de laine de l’épaisseur de la banquise. Elle avait le visage aussi glacé qu’un thermomètre de Sibérie. A sa gauche, Samuel et Caroline s’efforçaient de se tenir correctement, le dos bien droit, imitant du mieux possible une posture d’enfants bien élevés. Qu’ils avaient l’air empoté ! Cette petite comédie était distrayante... Attendre ainsi, sagement, d’être servis, cela leur ressemblait si peu. Et en silence, qui plus est ! D’ordinaire, les repas se déroulaient dans une ambiance joyeusement animée. Les enfants racontaient leur journée à tour de rôle, en se coupant régulièrement la parole. Les couverts s’échappaient à intervalles réguliers de leurs mains affamées, rebondissant de temps en temps sur le carrelage en provoquant ce bruit métallique, si caractéristique. En fin de journée, la fatigue les rendait toujours plus maladroits. Quand Annie déposa sur la table la volaille méticuleusement découpée, je vis cependant leurs narines frémir. L’odeur appétissante des herbes aromatiques acheva de les ranimer. Des senteurs de thym, de laurier et de romarin se mirent à flotter dans l’air, faisant immédiatement saliver l’assemblée. A moi aussi, la chair tendre du poulet me donnait l’eau à la bouche ! Sa peau luisante, dorée à point, avait été arrosée à la perfection durant la cuisson. Au fond de moi, j’espérais qu’ils m’en réserveraient une part pour plus tard... Annie attrapa une longue fourchette à deux dents, piqua dans le plat pour servir ses convives, puis composa des assiettes anglaises à l’attention de chacun. Tout y était : quelques pommes de terre grillées d’un côté, un morceau de viande cuit au four de l’autre, un filet d’assaisonnement pour les amateurs. Et de la salade, pour la couleur. - Bon appétit ! leur souhaita-t-elle de son plus grand sourire. Les enfants, répondant comme des bêtes sauvages au signal du départ, se ruèrent sur leur plat en avalant goulûment - presque sans les mâcher - les premières bouchées. Je me mis à rire aussitôt : leur naturel contrarié était revenu au galop ! Annie secoua la tête, impuissante, mais ne les freina pas pour autant. Elle semblait inquiète, une question lui brûlait les lèvres. - Alors Maman ? Comment trouves-tu ce plat ? - Mmmm. La cuisson est correcte, fut la seule réponse de sa mère. - Parfait… répondit aimablement Annie, un peu déçue. Pour l’agrémenter, poursuivit-elle d’un air qui se voulait naturel, il y a de la moutarde ou du sel de Guérande. Il doit aussi rester du gratin de légumes au réfrigérateur si tu préfères, au lieu des pommes de terre. Elle était à ses petits soins. Honnêtement, je ne comprenais pas pourquoi. D’autant qu’Henriette semblait mettre un point d’honneur à maintenir une distance vertigineuse entre elles : elle s’évertuait à garder les yeux fixés sur son assiette ! - Ça ira, répondit-elle laconiquement. Annie sembla hésiter, puis se lança : - Tu fais toujours... livrer tes repas... par la même entreprise ? Ohhh… Le sujet avait l’air sensible. Je vis Henriette se renfrogner légèrement, baissant encore davantage le front. Frank, visiblement très occupé avec sa cuisse de poulet, ne le remarqua pas. Il insista : - Comment s’appelle-t-elle déjà… ? Ah oui ! Cékikitok, s’exclama-t-il soudain, heureux de constater qu’il ne perdait pas encore tout à fait la mémoire. Ne te réjouis pas trop vite, pensai-je en fixant son crâne dégarni d’un œil amusé. Ta dégénérescence a déjà commencé : regarde un peu tes cheveux, mon vieux ! Contrairement à lui, j’étais dans la force de l’âge, moi : je n’avais jamais eu le poil aussi soyeux ! Henriette semblait un peu gênée. - Oui, c’est bien pratique ma foi…, reconnut-elle, le regard fuyant. Henriette ne cuisinait plus depuis qu’elle vivait seule, ses repas étaient préparés par une centrale qui les lui livrait une fois par jour. Je me fis aussitôt la remarque qu’elle ne devait probablement rien avoir mangé d’aussi savoureux depuis des semaines... Pourtant, elle s’entêtait à arborer un air détaché, goûtant du bout des lèvres, sans grand enthousiasme, ce qu’Annie lui avait servi avec parcimonie, conformément à son souhait. - Et cela ne vous manque pas ? demanda Franck courtoisement. Aussitôt, Annie le fusilla du regard. - Je veux dire, de ne pas cuisiner ! dit-il en se reprenant vivement. Sa femme fut soulagée. Décidément, ce nigaud n’en ratait pas une ! - Si vous en avez envie, vous pouvez vous y remettre, cette semaine ! Les enfants seraient ravis de vous aider. Ils adorent mettre la main à la patte, n’est-ce pas ? les interpela-t-il. Je vis que ces derniers commençaient à s’impatienter. Utiliser les couverts les ralentissait. Ils hochèrent poliment la tête, posant discrètement leurs fourchettes sur le rebord de l’assiette. - Nous verrons…, déclara Henriette d’un ton neutre. - Tu cuisinais si bien, à l’époque, l’encouragea Annie. - C’était dans une autre vie… Je n’ai plus le temps maintenant, dit-elle en redressant subrepticement les muscles de sa colonne vertébrale. Elle gagna cinq bons centimètres, et, ce faisant, la pièce perdit à peu près autant en degrés. Mamie Henriette regardait ses petits-enfants avec incrédulité : ils avaient dépouillé la carcasse du poulet et s’étaient mis de la sauce partout sur la figure… Même leurs mains étaient luisantes de gras ! Samuel, qui avait déjà englouti son assiette avec voracité, pelait ce qu’il restait de viande sur son os de poulet. Caroline, quant à elle, se forçait à terminer ses dernières pommes de terre, oubliant une fois sur deux de mâcher la bouche fermée. Mamie Henriette les dévisageait, consternée. Puis, sans un mot, cette dernière tapota proprement les coins de sa bouche avec sa serviette, avant de la replier lentement et de la poser, bien à plat, sur la table. La leçon était claire : les bonnes manières, elles, ne faisaient pas de bruit ! Annie, qui observait le manège de sa mère du coin de l’œil, comprit immédiatement le sous-entendu. - Sam ! Caroline ! Ça suffit ! Caroline et Sam levèrent la tête, surpris. - Essayez de manger convenablement, je vous prie. Et en silence ! Nous avons l’impression d’être assis à côté de deux camions-poubelles qui travaillent ! Ils échangèrent un regard avec leur père, il prit aussitôt leur défense : - Ne sois pas si sévère, ma chérie... Tu vois bien qu’ils se régalent ! Et puis il est tellement bon, ton poulet... Ce serait une folie de ne pas le rouziguer ! Mamie Henriette ne lui objecta rien de particulier, mais son visage avait pris la teinte du homard bouilli. Contrariée, elle saisit alors un os dans son assiette et le tendit gentiment à Rousquille. Immédiatement intéressée, le caniche se redressa et renifla délicatement l’objet. - Va le boulotter tranquillement dans la cuisine, déclara Henriette d’une voix ferme et autoritaire. Sous le regard fier de sa maîtresse, Rousquille s’empara précautionneusement de l’os puis trottina vers la cuisine. A la cour, une princesse n’aurait pas fait moins de manières. - Au fait, s’étonna Annie, ça me fait penser... Quelqu’un aurait-il vu Moustache ce soir ? Ce fut les derniers mots qui parvinrent à mes oreilles. Rousquille venait de me repérer à la fenêtre ! La seconde d’après, la pièce entière se mit entière se mit à basculer, et un énorme fracas retentit bruyamment dans toute la maison.

  • Speaker #1

    Merci.

Chapters

  • Un dîner glacial et les tensions familiales

    11:58

Description

Qu'est-ce qui se cache derrière un simple dîner familial ? Dans cet épisode des Les Aventures de Moustache Malloré, Mademoiselle M. nous entraîne dans une soirée pleine de surprises et d'émotions. Mamie Henriette, assise à l'extrémité de la table, semble froide et distante, tandis qu'Annie, sa fille, s'efforce de créer une ambiance chaleureuse en servant un délicieux poulet rôti. Mais derrière les sourires et les plats savoureux, des tensions palpables émergent, mettant en lumière les dynamiques familiales complexes. Ce podcast familial explore les non-dits et les souvenirs qui façonnent nos relations. Les enfants, Samuel et Caroline, d'abord sages, retrouvent rapidement leur naturel en dévorant leur plat avec enthousiasme, apportant une touche de légèreté à cette atmosphère chargée.


Les échanges entre les membres de la famille révèlent des vérités cachées, notamment le fait que Mamie ne cuisine plus depuis qu'elle vit seule. Annie, avec son désir de raviver les souvenirs de la cuisine de sa mère, tente de briser la glace, mais Henriette reste sur la défensive, créant ainsi un dialogue touchant et parfois comique. Cet épisode de Les Aventures de Moustache Malloré est un véritable voyage à travers les souvenirs d'enfance, les difficultés de communication entre générations et l'importance de la famille.


En écoutant ce podcast pour enfants, vous découvrirez comment l'humour et la tendresse peuvent se mêler pour aborder des thèmes universels tels que l'amitié, la famille et les défis de la vie quotidienne. Laissez-vous emporter par cette série audio captivante, où chaque épisode est une invitation à explorer les récits pour enfants qui font rire et réfléchir. Que vous soyez en voiture, à la maison ou en train de vous détendre, Les Aventures de Moustache Malloré est le podcast littéraire idéal pour toute la famille.


Ne manquez pas cette occasion d'écouter des histoires qui résonnent avec les expériences de chacun. Avec des personnages attachants comme Moustache, le chat espiègle, et des situations cocasses, cet épisode promet de captiver les jeunes auditeurs et leurs parents. Plongez dans l'univers de la littérature jeunesse et découvrez comment un simple repas peut révéler tant de choses sur notre histoire familiale. Rejoignez-nous pour ce moment d'écoute enrichissant et amusant qui ravira petits et grands !




Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les Aventures de Moustache Malloré. Tome 1 : L'Esprit de famille. Ce podcast a été écrit et mis en voix par Mademoiselle M. Avant de plonger dans l'histoire, j'aimerais qu'on s'imagine chacun dans une bulle de calme. Inspire profondément par le nez et imagine que tu gonfles une grande bulle tout autour de toi. Cette bulle est remplie de calme et de concentration. Imagine que cette bulle te protège de tous les bruits et de toutes les pensées qui pourraient te distraire ou perturber ta tranquillité. Tout ce qui est à l'extérieur de la bulle ne te dérange pas. Écouter des podcasts, c'est une super façon de se détendre et de faire une pause avec les écrans... tout en continuant à apprendre et à explorer de nouveaux territoires ! Je te souhaite donc une très bonne écoute. Chapitre 14 : Un dîner glacial Telle une invitée de marque, Mamie Henriette s’était assise en bout de table. Elle présidait le dîner. Ses épaules, gelées, étaient recouvertes d’un gilet de laine de l’épaisseur de la banquise. Elle avait le visage aussi glacé qu’un thermomètre de Sibérie. A sa gauche, Samuel et Caroline s’efforçaient de se tenir correctement, le dos bien droit, imitant du mieux possible une posture d’enfants bien élevés. Qu’ils avaient l’air empoté ! Cette petite comédie était distrayante... Attendre ainsi, sagement, d’être servis, cela leur ressemblait si peu. Et en silence, qui plus est ! D’ordinaire, les repas se déroulaient dans une ambiance joyeusement animée. Les enfants racontaient leur journée à tour de rôle, en se coupant régulièrement la parole. Les couverts s’échappaient à intervalles réguliers de leurs mains affamées, rebondissant de temps en temps sur le carrelage en provoquant ce bruit métallique, si caractéristique. En fin de journée, la fatigue les rendait toujours plus maladroits. Quand Annie déposa sur la table la volaille méticuleusement découpée, je vis cependant leurs narines frémir. L’odeur appétissante des herbes aromatiques acheva de les ranimer. Des senteurs de thym, de laurier et de romarin se mirent à flotter dans l’air, faisant immédiatement saliver l’assemblée. A moi aussi, la chair tendre du poulet me donnait l’eau à la bouche ! Sa peau luisante, dorée à point, avait été arrosée à la perfection durant la cuisson. Au fond de moi, j’espérais qu’ils m’en réserveraient une part pour plus tard... Annie attrapa une longue fourchette à deux dents, piqua dans le plat pour servir ses convives, puis composa des assiettes anglaises à l’attention de chacun. Tout y était : quelques pommes de terre grillées d’un côté, un morceau de viande cuit au four de l’autre, un filet d’assaisonnement pour les amateurs. Et de la salade, pour la couleur. - Bon appétit ! leur souhaita-t-elle de son plus grand sourire. Les enfants, répondant comme des bêtes sauvages au signal du départ, se ruèrent sur leur plat en avalant goulûment - presque sans les mâcher - les premières bouchées. Je me mis à rire aussitôt : leur naturel contrarié était revenu au galop ! Annie secoua la tête, impuissante, mais ne les freina pas pour autant. Elle semblait inquiète, une question lui brûlait les lèvres. - Alors Maman ? Comment trouves-tu ce plat ? - Mmmm. La cuisson est correcte, fut la seule réponse de sa mère. - Parfait… répondit aimablement Annie, un peu déçue. Pour l’agrémenter, poursuivit-elle d’un air qui se voulait naturel, il y a de la moutarde ou du sel de Guérande. Il doit aussi rester du gratin de légumes au réfrigérateur si tu préfères, au lieu des pommes de terre. Elle était à ses petits soins. Honnêtement, je ne comprenais pas pourquoi. D’autant qu’Henriette semblait mettre un point d’honneur à maintenir une distance vertigineuse entre elles : elle s’évertuait à garder les yeux fixés sur son assiette ! - Ça ira, répondit-elle laconiquement. Annie sembla hésiter, puis se lança : - Tu fais toujours... livrer tes repas... par la même entreprise ? Ohhh… Le sujet avait l’air sensible. Je vis Henriette se renfrogner légèrement, baissant encore davantage le front. Frank, visiblement très occupé avec sa cuisse de poulet, ne le remarqua pas. Il insista : - Comment s’appelle-t-elle déjà… ? Ah oui ! Cékikitok, s’exclama-t-il soudain, heureux de constater qu’il ne perdait pas encore tout à fait la mémoire. Ne te réjouis pas trop vite, pensai-je en fixant son crâne dégarni d’un œil amusé. Ta dégénérescence a déjà commencé : regarde un peu tes cheveux, mon vieux ! Contrairement à lui, j’étais dans la force de l’âge, moi : je n’avais jamais eu le poil aussi soyeux ! Henriette semblait un peu gênée. - Oui, c’est bien pratique ma foi…, reconnut-elle, le regard fuyant. Henriette ne cuisinait plus depuis qu’elle vivait seule, ses repas étaient préparés par une centrale qui les lui livrait une fois par jour. Je me fis aussitôt la remarque qu’elle ne devait probablement rien avoir mangé d’aussi savoureux depuis des semaines... Pourtant, elle s’entêtait à arborer un air détaché, goûtant du bout des lèvres, sans grand enthousiasme, ce qu’Annie lui avait servi avec parcimonie, conformément à son souhait. - Et cela ne vous manque pas ? demanda Franck courtoisement. Aussitôt, Annie le fusilla du regard. - Je veux dire, de ne pas cuisiner ! dit-il en se reprenant vivement. Sa femme fut soulagée. Décidément, ce nigaud n’en ratait pas une ! - Si vous en avez envie, vous pouvez vous y remettre, cette semaine ! Les enfants seraient ravis de vous aider. Ils adorent mettre la main à la patte, n’est-ce pas ? les interpela-t-il. Je vis que ces derniers commençaient à s’impatienter. Utiliser les couverts les ralentissait. Ils hochèrent poliment la tête, posant discrètement leurs fourchettes sur le rebord de l’assiette. - Nous verrons…, déclara Henriette d’un ton neutre. - Tu cuisinais si bien, à l’époque, l’encouragea Annie. - C’était dans une autre vie… Je n’ai plus le temps maintenant, dit-elle en redressant subrepticement les muscles de sa colonne vertébrale. Elle gagna cinq bons centimètres, et, ce faisant, la pièce perdit à peu près autant en degrés. Mamie Henriette regardait ses petits-enfants avec incrédulité : ils avaient dépouillé la carcasse du poulet et s’étaient mis de la sauce partout sur la figure… Même leurs mains étaient luisantes de gras ! Samuel, qui avait déjà englouti son assiette avec voracité, pelait ce qu’il restait de viande sur son os de poulet. Caroline, quant à elle, se forçait à terminer ses dernières pommes de terre, oubliant une fois sur deux de mâcher la bouche fermée. Mamie Henriette les dévisageait, consternée. Puis, sans un mot, cette dernière tapota proprement les coins de sa bouche avec sa serviette, avant de la replier lentement et de la poser, bien à plat, sur la table. La leçon était claire : les bonnes manières, elles, ne faisaient pas de bruit ! Annie, qui observait le manège de sa mère du coin de l’œil, comprit immédiatement le sous-entendu. - Sam ! Caroline ! Ça suffit ! Caroline et Sam levèrent la tête, surpris. - Essayez de manger convenablement, je vous prie. Et en silence ! Nous avons l’impression d’être assis à côté de deux camions-poubelles qui travaillent ! Ils échangèrent un regard avec leur père, il prit aussitôt leur défense : - Ne sois pas si sévère, ma chérie... Tu vois bien qu’ils se régalent ! Et puis il est tellement bon, ton poulet... Ce serait une folie de ne pas le rouziguer ! Mamie Henriette ne lui objecta rien de particulier, mais son visage avait pris la teinte du homard bouilli. Contrariée, elle saisit alors un os dans son assiette et le tendit gentiment à Rousquille. Immédiatement intéressée, le caniche se redressa et renifla délicatement l’objet. - Va le boulotter tranquillement dans la cuisine, déclara Henriette d’une voix ferme et autoritaire. Sous le regard fier de sa maîtresse, Rousquille s’empara précautionneusement de l’os puis trottina vers la cuisine. A la cour, une princesse n’aurait pas fait moins de manières. - Au fait, s’étonna Annie, ça me fait penser... Quelqu’un aurait-il vu Moustache ce soir ? Ce fut les derniers mots qui parvinrent à mes oreilles. Rousquille venait de me repérer à la fenêtre ! La seconde d’après, la pièce entière se mit entière se mit à basculer, et un énorme fracas retentit bruyamment dans toute la maison.

  • Speaker #1

    Merci.

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  • Un dîner glacial et les tensions familiales

    11:58

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