Speaker #0Bonjour, vous écoutez Les Belles Histoires, le podcast de l'EM Normandie. Je suis Anaïs Legris, diplômée de la promo 2020, et je vais vous raconter ce qui m'a amenée à devenir chargée de mission handicap et diversité chez Bouygues Télécom. Je dirais que ce qui m'a le plus marquée, c'est l'engagement associatif de l'école. Moi, j'ai été présidente de l'asso Zaza Soa qui intervient à Madagascar. Donc, ça a été un petit peu d'ailleurs l'élément déclencheur dans mon parcours qui m'a un peu orientée sur mon métier aujourd'hui. Et cette année-là, l'engagement dans l'association, toute la gestion de projet, toute l'animation qu'il y a eu tout au long de l'année, mais aussi la mission humanitaire sur place à Madagascar, ça, c'est quelque chose que je retiendrai toute ma vie. Ça reste quelque chose d'inné, de naturel, un attrait qu'on a ou qu'on n'a pas. Ça peut arriver au cours de la vie parce qu'il y a un électrochoc et on rencontre quelqu'un qui bouleverse. Moi, je pense que c'est juste mon éducation familiale en général qui fait que j'ai toujours eu ces attraits, l'attention à l'autre. Ça a beaucoup influencé mon parcours pro. Sur le coup, je ne pensais pas forcément. L'année de l'expérience, je me disais que je prends ce que je peux prendre et je vis cette année pour qu'elle soit riche. Mais je ne me disais pas que ça pouvait être peut-être un tremplin pour la suite. Et finalement, ça l'a été parce que quand il a fallu se questionner justement sur son orientation, la recherche du premier stage notamment, je me suis beaucoup basée de cette expérience parce que je me suis dit, c'est ça qui m'a plu. Finalement, quand je réfléchis à ce que j'aime faire, je me dis, si mon quotidien pouvait ressembler à l'expérience que j'avais eue dans l'asso Zaza Soa, je ferais ça peut-être toute ma vie. Et du coup, ça m'a énormément orientée parce que ça m'a aidée à identifier en fait ce que j'aimais faire, c'est-à-dire mon mode de travail, mais aussi le sens que je voulais y apporter. Donc vraiment la partie gestion de projet de l'association, il faut récolter des fonds, on met en place des actions, il y a beaucoup d'événementiel, beaucoup de communication aussi. Et en même temps, l'aspect, j'y trouve du sens. Je fais ça parce que j'ai une motivation à la fin qui est très claire, très identifiée et qui pour moi m'est... me permet de m'épanouir en fait dans mon quotidien. Dans ma recherche sur mon parcours pro, je me suis basée sur la mission humanitaire, mais au final, ce n'est pas ce que je fais aujourd'hui. Et ce n'est sûrement pas ce que je ferai demain non plus, parce que l'humanitaire, c'est très fort, c'est presque l'extrême de la RSE, je dirais. Et moi, je vais m'identifier, mais je voyais aussi les contraintes que ça pouvait avoir en termes de pression sociale. Les impacts sont quand même très forts derrière, donc il faut avoir quand même une gestion émotionnelle assez forte. Et du coup, en fait, je me suis quand même basée de ça, de qu'est-ce que je peux en tirer, sans aller directement vers ça. Et en me disant, je suis quand même dans une école de commerce, donc j'ai eu beaucoup de cours, beaucoup de projets autour des business models, du marketing. Et du coup, je cherchais justement à fusionner un peu ces deux pour me dire... En fait, j'aime les deux, donc comment est-ce que j'arrive à trouver quelque chose qui rassemble ces deux leviers, ces deux aspects ? Et du coup, c'est en faisant des recherches, tout simplement, c'est là où j'ai beaucoup appris de la RSE. Ce qu'on appelle la RSE, qui est un terme finalement très vaste, très général, qui inclut beaucoup de choses. C'est la responsabilité sociale et... économique et écologique d'une entreprise ou d'un organisme. Et c'est tous les engagements qu'il peut y avoir autour du social ou de l'environnemental. Je trouvais que justement, ça englobait beaucoup de ces aspects engagements, que ce soit associatif ou autre, social, environnemental, mais j'y suis sensible, mais moins d'un point de vue professionnel. Donc, je m'identifiais vraiment au volet social de la RSE et en voyant en plus que des entreprises menaient des actions sur la RSE. avait peut-être des référents ou des équipes dédiées sur la RSE. Et c'est comme ça que j'ai réussi à approcher le sujet en me disant il y a des fondations d'entreprise, c'est souvent inclus dans la RSE, je sens que je touche quelque chose Et j'avais besoin d'approfondir ça. Et c'est finalement en faisant mes recherches de stage que j'ai trouvé un jour une offre de stage très spécifique, j'ai envie de dire, sur la RSE, qui était justement sur la mission handicap et la diversité. Et là, je me suis dit, tiens, ça m'inspire. Je sens que ça touche quelque chose au fond de moi et ça m'inspire beaucoup. Peut-être que je dois creuser le sujet. Et c'est la rencontre avec la recruteuse, mais qui en fait, c'était une petite agence, donc qui était aussi la manager et la fondatrice de l'agence. Il y a eu tellement un bon feeling et je l'ai sentie tellement passionnée par son quotidien, ce qu'elle faisait, que je me suis dit, il faut que je tente. Mon premier stage de césure, c'était dans l'agence de communication qui s'appelle Goods to Know. C'est une agence qui a développé des outils de sensibilisation pour des clients, entreprises ou autres, pour les aider à développer leur politique diversité dans leur structure. C'est soit des prestations de conseils, soit c'est vraiment très.... Il y avait un prisme très orienté communication événementielle. comment est-ce qu'on aborde le sujet du handicap de manière ludique. C'était vraiment ça le point de départ. Et du coup, l'agence a développé beaucoup d'outils d'animation autour du sujet du handicap et de la diversité, donc l'égalité hommes-femmes. Et ils sont aujourd'hui très actifs sur d'autres sujets de la diversité, comme l'inclusion des personnes LGBT+, ou les origines, les générations. Et du coup, c'était vraiment accompagner des entreprises clientes dans le déploiement de solutions. Concrètement, c'était créer une newsletter autour du handicap ou de la diversité, créer des postes de communication interne ou externe, aller faire des animations terrain, donc tenir un stand dans une entreprise, aller appeler les collaborateurs qui passent pour leur dire : "Venez, est-ce que vous savez ce que c'est que le handicap ? Parlons-en" Enfin, essayer d'avoir vraiment une approche jeu pour parler de ce sujet qui peut être encore malheureusement très touchy dans les entreprises, mais dans la société en général. Ça a été pour moi une révélation, je me suis tout de suite sentie à ma place. alors que pourtant, je ne maîtrisais pas forcément le contenu. C'est là où j'ai appris beaucoup. C'est que finalement, j'avais cet engagement associatif humanitaire, mais je n'avais pas du tout une expertise diversité. Et pour moi, le handicap, c'était encore quelque chose de très vague, sur du handicap moteur, le fauteuil roulant. J'étais encore moi-même dans mes propres stéréotypes et préjugés. Et du coup, ça a été très formateur dans le sens où le terrain a fait que j'ai appris beaucoup. sur l'expertise contenue. Ce qui fait que j'ai été après beaucoup plus à l'aise dans la suite de mon parcours. Il y a beaucoup de pédagogie, c'est beaucoup de répétition dans les messages. C'est aussi accepter que des personnes ne comprennent pas. Il faut accepter que tout le monde ne peut pas être dans notre combat, de notre côté, et qu'il y a encore beaucoup de travail à faire. Ça, c'est vrai. Il y a eu beaucoup de chemin parcouru, je pense. Et c'est un combat de tous les jours. On peut quand même se féliciter que ça a beaucoup évolué aujourd'hui dans la société, même s'il reste beaucoup de chemin à faire. Et la suite, ça a été effectivement de poursuivre sur ces sujets, parce que ça, j'en étais convaincue, je ne pouvais pas m'arrêter là. J'avais envie d'en voir plus, d'aller plus loin. Mais cette fois-ci, en rejoignant une entreprise privée, pour justement avoir abordé ces sujets plutôt d'un point de vue interne et plus avoir ce regard, cet accompagnement externe. Donc, j'ai rejoint après pour mon deuxième stage de césure et j'ai poursuivi d'ailleurs pour mon année d'alternance chez Groupe Rocher, où là, j'ai intégré effectivement une équipe Mission Handicap et Diversité, où pendant du coup un an et demi, j'ai eu la chance de rejoindre aussi une équipe super qui m'a beaucoup aidée aussi à me développer et à vraiment avoir ce regard interne. Et là, ça a été aussi très formateur parce que chez Goods to Know, j'avais ce regard de oui, il faut que les entreprises mettent en place des choses Une fois arrivée dans l'entreprise, je me suis rendue compte qu'il y avait quand même d'autres contraintes à prendre en compte, que tout n'était pas si simple, surtout dans des grosses structures très organisées, avec beaucoup de hiérarchie. Les choses peuvent prendre du temps à se mettre en place. Et du coup, le regard a été extrêmement différent, mais finalement très complémentaire. Et c'est là où je trouve que ça a été une force dans mon parcours. Et c'est ce qui m'a aidée, une fois diplômée, à trouver mon premier poste. C'est que j'avais ces expériences qui restaient dans la même thématique, donc dans la même expertise, mais avec des missions finalement très variées qui permettaient vraiment de toucher le poste d'un point de vue très global sur tous les fronts. Autant d'un point de vue opérationnel sur comment j'accompagne les personnes en situation de handicap dans leur maintien dans l'emploi, et autant d'un point de vue très corpo sur comment est-ce qu'on communique à l'externe sur ces sujets de diversité pour montrer les engagements de l'entreprise. sans arriver dans du social washing, un terme similaire au greenwashing pour les sujets d'environnement ? Parce que ça, c'est vraiment le risque, surtout des grosses entreprises. Ou comment est-ce qu'on valorise ces sujets qui sont des sujets réels dans l'entreprise, mais qui peuvent vite paraître pour du social washing à l'externe ? Après mon expérience chez Rocher, je n'ai pas forcément eu l'opportunité de continuer dans l'entreprise. Donc, finalement, la diversité, dans une entreprise, on peut y rester très longtemps parce qu'il y a toujours quelque chose à faire. Rien n'est jamais acquis. C'est un travail du quotidien. Comme on disait, il y a beaucoup de pédagogie, donc il faut souvent répéter, refaire les mêmes discours parce qu'il y a aussi du turnover dans les entreprises. Des personnes qu'on a sensibilisées il y a un an, l'année d'après, elles ne sont peut-être plus là. Donc, il y a des nouvelles personnes qui les ont remplacées aussi. Donc, en fait, c'est un cycle où, effectivement, c'est du non-stop. Il y a toujours à faire et les sujets sont tellement évolutifs aussi qu'on peut très bien demain aborder un nouveau sujet de la diversité qu'on n'avait pas abordé aujourd'hui dans l'entreprise. Et c'est ce qui permet justement de faire grandir une politique diversité. Moi, c'est ce que je trouve particulièrement intéressant dans ce poste. c'est qu'on peut avoir de très longues carrières sans changer de poste finalement, même si on peut monter sur un poste managérial, on va dire, parce que le quotidien n'est jamais le même, les journées ne se ressemblent pas et les années non plus. Donc il peut y avoir des choses répétitives, parce qu'effectivement on a toujours les mêmes enjeux de sensibiliser, de recruter, de former, mais en même temps les thématiques vont être différentes ou les approches vont être différentes aussi. Il faut savoir en fait se renouveler. Ça, c'est peut-être un gros challenge de mon poste, c'est comment continuer à être créatif quand on aborde le sujet déjà depuis dix ans. Et donc, c'est ce qui s'est passé aussi quand j'ai rejoint Bouygues Télécom à la fin de mon alternance et de mon Master 2, où j'avais fait une spécialisation RH à l'EM Normandie. J'ai repris un poste qui a beaucoup d'historique, un poste qui a été créé en 2004. Donc bientôt 20 ans d'ancienneté sur la mission handicap et diversité. Donc le challenge, c'était vraiment comment je reprends ce poste en faisant des nouveautés, en renouvelant vraiment les sujets de diversité. Moi, je dirais qu'il ne faut pas se mettre de frein, finalement. Il faut peut-être croire en son intuition. Moi, mon intuition, elle a été basée sur la mission humanitaire parce que j'ai peut-être eu ce déclic grâce à cette expérience. Peut-être que tout le monde n'a pas le déclic aussi jeune, peut-être que le déclic viendra dans 10 ans, dans 20 ans. Mais je pense qu'il faut juste suivre son intuition et ce qu'on a envie de faire avant tout. Parce que le quotidien au travail, c'est une grosse partie de notre temps de la vie, c'est 5 jours sur 7 et c'est une grosse partie de la journée. Donc je pense qu'il faut vraiment trouver du sens à ce qu'on fait dans son quotidien. Pas forcément sur de l'associatif de la RSE, mais trouver son propre sens pour pouvoir trouver cette motivation au quotidien pour aller plus loin et pour réussir toujours à se challenger sur les années qui vont suivre. Merci d'avoir écouté mon parcours, j'espère qu'il vous a inspiré. A bientôt !